POUVOIR D'ACHAT & REPARTITION (jeudi, 02 juin 2011)

La production générale ou le produit commun, c’est-à-dire les biens et services présents sur le marché (hors importations et sans tenir compte des exportations), se répartit entre les consommateurs en fonction de leur pouvoir d’achat, c’est-à-dire en fonction de l’étendue de leur droit d’accéder au marché.

Tous les systèmes imaginables correspondent à un des quatre cas de figure suivant :

1  Le système monétaire réel.

La monnaie qui permet seule d’accéder au marché (acheter et payer) se répartit inégalement. Les individus ont donc un pouvoir d’achat inégal, quelques-uns d’entre eux en ayant énormément, beaucoup peu et certains pas du tout. Comme le prix global de l’Offre (produit commun) est égal à la Demande (masse monétaire), le produit commun est partagé en proportion des revenus. La loi du plus riche n’est qu’une transposition de la loi du plus fort.

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Bien que le pouvoir d’achat des individus soient généralement inférieur à leurs besoins et leurs envies, il arrive que des produits, même appréciés, ne trouvent pas d’acheteurs, autrement dit qu’il y ait une surproduction sectorielle artificielle, accompagnée de chômage. Mais il arrive aussi que le système monétaire, artificiel et évanescent  par nature, soit déstabilisé, que la Demande s’effondre globalement et que la "surproduction" soit générale, d’où licenciements massifs, faillites en cascade, ce que l’on appelle « crise » alors même que la santé du système (équilibre Offre / Demande) ne signifie ni « plein emploi » ni « prospérité universelle » (voir ici). 

2. Les systèmes monétaires utopiques

Le système monétaire réel est contesté en raison de l’inégalité qu’il génère, tant en des droits qu’en biens. Deux options égalitaristes, imprégnés de préjugés monétaires, sont donc possibles :

a) Supprimer la monnaie et instaurer un système de rationnement a priori égalitaire, c’est-à-dire reproduire artificiellement les limites que la monnaie fixe naturellement et inégalement au droit d’accéder au marché. Ce système institutionnalise un expédient des temps de crise comme si le corps social était malade en permanence, ce qu'il est dès lors. 

b) Remplacer la monnaie qui circule par un système de crédits, c’est-à-dire par des unités octroyées par l’Etat à chaque citoyen, servant à acheter ou à payer une seule fois et ne changeant pas de mains (Cf. L’économie distributive). Faute de circulation monétaire, les prix des choses comme les revenus ou les salaires doivent être fixés par l’Etat. Ce système conserve la monnaie (unité et notion de valeur marchande) sans accepter toute la logique monétaire qui est sa raison d’être, ce qui est par définition contre-nature et voué à l’échec.

Rationnement et distribution de crédits sont nécessairement des systèmes étatiques, arbitraires et totalitaires. En admettant que le despotisme n’étouffe pas l’égalitarisme, que les citoyens soient toujours traités en égaux et que chacun d’eux ait droit à une part égale du produit commun, deux situations sont envisageables :

1) La somme des parts individuelles est inférieure au produit commun, ce qui crée une surproduction artificielle alors que la part attribuée arbitrairement à chaque citoyen n’est peut-être pas à la hauteur de ses besoins et envies et que la production elle-même est sans doute faible par manque de productivité.

2) La somme des parts individuelles est égale ou supérieure au produit commun, ce qui rend utile tout système de rationnement ou de crédits puisque la part réelle des citoyens serait la même s’ils pouvaient consommer sans restriction, la limite étant dans le volume du produit commun. Des parts aussi généreuses vont cependant à l’encontre de l’esprit tatillon de ces systèmes, tandis que l’absence de restrictions supposerait une autre philosophe politico-économique qui n’aurait pas non plus les mêmes inconvénients pour la production.

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Limiter artificiellement le pouvoir d’achat ou la part des citoyens sur le produit commun expose le système aux mauvais calculs, aux décisions désastreuses, alors que la tyrannie politique que cela implique engendre généralement une baisse de productivité, de sorte que les « citoyens » sont à la fois misérables, exploités, opprimés et mécontents. Or les préjugés monétaires sur lesquels reposent ces systèmes amènent à surmonter les difficultés par des solutions capitalistes ordinaires et, finalement, à revenir au système monétaire normal. 

3. La Cité ou l’état de droits

Dans une Société digne de ce nom, les Citoyens ont le devoir de participer à la vie de la Cité. En retour, ils ont le droit d’accéder librement au marché. C’est la Citoyenneté qui leur donne ce droit, contrairement aux autres systèmes dans lesquels ce droit dépend soit d’unités soit du bon vouloir de l’Etat. Les choses n’ont pas de prix. Les Citoyens jouissent donc d’un pouvoir d’achat indéfini, en théorie illimité et donc égal. Dans ces conditions, bien qu’ils exercent leur droit différemment, le produit commun se répartit en parts égales de par la loi des grands nombres. Même si les parts étaient différentes, ce ne serait que l’effet de la liberté individuelle.

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Ce cas de figure rappelle le cas précédent, à la différence que les Citoyens sont libres et égaux, que la Cité est une réelle démocratie, que le système économique est authentiquement libéral (ce n’est plus du capitalo-libéralisme) et que la production est à son maximum (plein emploi). A court terme, la Demande (somme des besoins et envies) excède l’Offre (produit commun), mais l’Offre est colossale et la différence porte sur du superflu.

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11:13 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |