IDENTITE NATIONALE : tenue étrangère (vendredi, 12 août 2011)
Un lecteur a eu l’amabilité et la patience de commenter ou critiquer de nombreuses propositions de mon essai de programme présidentiel pour 2012. Comme chaque point mérite des développements et que le tout serait très long, je publie séparément ma réponse à chacun des objets, en rappelant la proposition en question et la position dudit lecteur.
10. Interdiction, pour des Français, d’être accoutrés en étrangers (sauf périodes de fêtes) sous peine de dénaturalisation immédiate, sur simple procès verbal.
Brath-z :
Je suis pour ma part totalement opposé à toute loi somptuaire. Si dans certaines circonstances il faut légiférer pour éviter des troubles civils, l'état ne doit jamais avoir l'initiative en la matière, mais maintenir le statu quo le plus longtemps possible. Aussi, sanctionner les tenues qui contreviennent à la loi (indécentes, dissimulatrices, dangereuses pour soi ou pour autrui, notamment) me semble largement suffisant. Et puis qu'est-ce qu'un « accoutrement étranger » ? Va-t-on interdire aux prêtres de porter robe sous prétexte que le pantalon est la norme masculine depuis Charlemagne (ce qui d'ailleurs avait provoqué bien des remous à l'époque) ?
Réponse :
Vous n’avez pas saisi le sens de cette proposition.
Comme indiqué dans le point n° 9 (Rétablissement de la politique d’assimilation, en particulier l’obligation de donner aux enfants nés en France un prénom français ou francisé et d’en porter un pour pouvoir prétendre à la nationalité française.) Je suis partisan de l’assimilation, laquelle concerne essentiellement les prénoms, le langage parlé, le vêtement et la religion (être discret en la matière). Vous qui, par la suite, parlez sans cesse des traditions françaises, en voilà une fondamentale qui remonte au déluge. En outre, comme je l’ai déjà dit, j’en ai assez que l’on nous fasse prendre des vessies pour des lanternes, que l’on nous présente comme « françaises » des choses ou des personnes qui, manifestement, n’ont sont pas. Il ne suffit pas d’être en France pour être français. Pour les choses, être français relève de leur origine culturelle ou de celle de leurs concepteurs. Pour les hommes, être français est un état d’esprit. Ces hommes peuvent être des immigrés naturalisés ou sur le point de l’être ou des Français de naissance.
Cette proposition concerne en premier lieu les Français qui, dans les conditions actuelles d’acquisition de la nationalité, le sont malgré eux, par hasard ou par opportunisme. Or, je considère qu’être réellement français implique d’aimer la France et de lui être dévoué. Pour attester cet amour et ce dévouement, je préconise, plus loin (point 15), l’instauration de critères pour prétendre à la nationalité et de devoirs pour l’obtenir et la conserver. Je rejette donc le droit du sol, le droit du sang et tous les moyens insignifiants et aberrants d’acquérir la nationalité. Toute personne, quelle que soit son origine, doit faire le choix d’être français et se montrer digne de l’être. Maintenant, la loi ne peut être rétroactive ; elle ne peut soumettre à ces conditions d’acquisition ceux qui sont déjà revêtus de la nationalité. En revanche, elle s’applique à eux en ce qui concerne la conservation.
La nationalité est une question fondamentale : c’est elle qui confère les droits politiques. Or quel droit ont de participer à la formation des lois françaises et à la gestion des intérêts sacrés de la France les personnes, françaises sur le papier, mais dont la France est le cadet des soucis ou dont la patrie est autre ? Aucun. Je ne les blâme d’ailleurs pas de ne pas se sentir françaises, je constate simplement l’absurdité de confier du pouvoir politique à des indifférents ou, au pire, à des ennemis. Le mode d’acquisition de la nationalité que je préconise a pour but de prévenir cet abus, et la disposition en question (une parmi d’autres), d’en corriger certains. Car, je ne sais pas pour vous, mais il ne fait aucun doute pour moi que des Français qui s’accoutrent en étrangers, qui s’habillent selon des traditions d’ailleurs, ne sont guère français dans leur tête et doivent donc être déchus de la nationalité française. L’habillement est révélateur de l’état d’esprit et il y a fort à parier que de tels individus sont soit des immigrés nostalgiques soit des citoyens du monde autoproclamés. Au sujet de ces derniers, permettez que je cite Robespierre : « Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. »
Remarquez la différence entre prescrire une tenue et en proscrire certaines. Cette disposition n’indique pas comment les Français doivent se vêtir ; elle exclut cependant que les Français, qui sont l’image de la France, s’habillent dans des tenues typiquement étrangères. Si maintenant, vous me demandez ce qu’est une « tenue typiquement étrangère », ce n’est pas une tenue originale, mais une tenue connotée.
Remarquez ensuite que je parle de dénaturalisation des intéressés et non de bannissement ou autres peines. Vous vous étonnez plus loin de la distinction que je fais entre citoyenneté et nationalité. Mais c’est précisément parce que je distingue ces deux concepts qu’ils ont chacun un sens précis et qu’il est possible de mettre fin aux abus que leur confusion entraîne.
Remarquez enfin que cette disposition porte sur les Français et non sur les immigrés ou les étrangers. Néanmoins, comme je préconise l’assimilation, il serait exclu que les immigrés continuent de s’accoutrer en France comme s’ils étaient toujours dans leur pays. Ne pas confondre d’ailleurs immigrés et étrangers. Un immigré est un citoyen d’origine étrangère, installé en France (depuis moins de dix ans, point 16), destiné à se fondre dans la population française voire à devenir Français. Un étranger est simplement un touriste, un travailleur de passage ou un réfugié politique temporaire. La présence en France des uns et des autres n’ayant pas les mêmes raisons, la même durée, les mêmes conséquences, ils n’ont pas le même statut et ne sont donc pas soumis aux mêmes obligations. Reste le cas des Français déchus qui persistent à s’accoutrer en étrangers. Cela ne présente absolument pas le même risque d’auto-exclusion et de communautarisation que celui d’immigrés qui feraient de même. S’ils veulent être ridicules, grand bien leur fasse !
08:08 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Un petit point de vocabulaire avant toute chose : un immigré, qu'il soit ou non naturalisé, est comptabilisé comme "immigré" par l'INED. Ainsi, les "étrangers" des statistiques de l'INED sont un sous-ensemble des immigrés (en fait, c'est un peu plus compliqué que cela, puisque les étrangers nés en France sont des étrangers sans être des immigrés...). Un immigré non naturalisé français cesse d'être comptabilisé comme tel quand il sort du territoire. Un immigré naturalisé français continue d'être comptabilisé comme un immigré même s'il sort du territoire français.
Ainsi, il y a en France environ 5 millions d'immigrés, dont un peu moins de 2.5 millions de naturalisés. Avec le demi-million d'étrangers nés en France, le nombre d'étrangers est d'environ 3 millions.
Précisons encore que c'est d'Europe que provient le plus grand nombre d'immigrés en France (près de 2 millions, une augmentation substantielle depuis dix ans), devant le Maghreb (un peu plus de 1.5 millions, chiffre étonnamment stable depuis une dizaine d'années) et l'Afrique sub-saharienne (un bon demi-million). Évidemment, l'immigration illégale (qui compte, selon mes sources, de 80 000 à 2 000 000 d'individus) fausse cette répartition. En tenant compte des évaluations les plus hautes tant pour l'immigration illégale que l'immigration légale (évaluation au dernier recensement, en "oubliant" que 60% des immigrés légaux non naturalisés partent en moyenne au bout de deux ans passés sur le territoire), on arrive à un maximum de 8 000 000 d'immigrés en France, plus probablement autour de 6.5 à 7 millions. C'est certes très important (trop, de mon point de vue), mais aurait pu être bien géré si on s'en était donné la peine au lieu de capituler sans conditions devant le "droit à la différence" et autres fadaises gauchistes amérique-uniennes.
Pour revenir plus directement au sujet, ma réticence face à cette mesure tient à ma défiance de toute loi somptuaire, comme précisé, ainsi qu'à ma perplexité devant le concept "d'accoutrements étrangers". J'aurais pu donner en exemple le blue jean et le T-shirt qui, comme leurs noms l'indiquent, sont tout sauf français. Vous me dites qu'un "accoutrement étranger", "ce n’est pas une tenue originale, mais une tenue connotée". Et là je vous pose la question : qui, comment, et selon quels critères peut déterminer que telle tenue est connotée et telle ne l'est pas ? Et à quelle notion se rapporterait cette connotation susmentionnée ?
Pour ce qui est de la distinction "nationalité"/"citoyenneté", elle se conçoit aisément... si on est Allemand, Anglais (et pas Britannique), Bantou etc. Mais en France, la nationalité se réduit à une disposition légale traduisant en faits et procédures la citoyenneté. "Nationalité" est synonyme de "citoyenneté" dans les domaines où ce terme à un sens, c'est-à-dire les domaines administratifs. En quelque sorte, dans le domaine administratif, le terme "nationalité" à tendance à se substituer à celui de citoyenneté.
Cela doit probablement venir de la philosophie de notre droit, qui suppose tout individu comme bon jusqu'à ce ses actes démontrent le contraire (et encore ces actes mauvais ne sont-ils pas sans rémission). Ainsi, un national est supposé citoyen, c'est-à-dire "bon" citoyen, jusqu'à ce que ses actes démontrent le contraire. Or, le seul acte démontrant qu'on n'est pas réellement un citoyen est la trahison. Libre à vous ensuite d'étendre le champ de définition de ladite trahison.
Écrit par : Brath-z | samedi, 13 août 2011
Je crois que vos chiffres sur l'immigration sont très en dessous de la vérité. Il suffit de se promener dans n'importe quelle ville France (les villes concentrent l'essentiel de la population française) pour en être persuadé. Les chiffres ridicules que vous donnez (on les entend depuis vingt ans) ne peuvent pas expliquer les soudaines prétentions de l'islam, l'explosion du halal, etc. Dix ans d'immigration, c'est déjà plus de 5 millions d'immigrés... alors cinquante !
Pour en venir à la question des tenues, j'ai parfois l'impression que vous faites semblant de ne pas comprendre. Il est évident que certaines tenues sont typiquement et manifestement étrangères et que ce sont ces tenues qui seraient concernées par la loi. Mais vous prenez toujours des exemples absurdes. jamais le fait de porter un jean ou un T-shirt n'a fait se demander si son porteur était français. En diriez-vous autant d'une Djellaba, d'une burqua, d'un boubou, d'une tunique de moine tibétain et que sais-je encore. Vous comprenez le mot "typique". Une tenue typiquement étrangère, typique d'un pays, est portée notoirement et exclusivement par les gens de ce pays et tout laisse penser qu'une personne ainsi accoutrer à l'étranger en est originaire. Dans tous les cas, une personne ainsi vêtue en France ne donne pas à penser qu'elle est française. Il y a une différence entre porter un attribut vestimentaire étranger et être habillé en étranger.
Je reviens dans d'autres commentaires sur la distinction entre citoyenneté et nationalité.
Écrit par : Philippe Landeux | samedi, 13 août 2011
Un petit passage rapide histoire de vous répondre sur ce point.
Non, les chiffres que j'avance ne sont pas "ridicules", encore moins "les mêmes depuis 20 ans". Il y a 20 ans, de mémoire, le premier pays d'origine d'immigration en France n'était certainement pas le Royaume-Uni, comme aujourd'hui, mais l'Algérie. Et il y a 20 ans, l'immigration en provenance d'Europe de l'est était marginale, et 80% provenait d'ex-Yougoslavie, et plus spécifiquement de Serbie et de Croatie.
Et vous ne semblez pas réaliser la teneur des chiffres. J'estime personnellement entre 6.5 et 7 millions le nombre d'immigrés en France (dont presque 2.5 millions de naturalisés), chiffre auquel il faut rajouter un bon demi-million d'étrangers nés sur le sol français (donc étrangers vivant en France mais non immigrés). Cela fait tout de même plus de 10% de la population française (car oui, les étrangers sont compris dans les recensements). Sachant que dans certaines régions de l'ouest (Bretagne, Normandie, Aquitaine) ou du centre (Limousin, Creuse, Lozère, etc.) l'immigration est un phénomène marginal voire anecdotique, cela signifie que la proportion est d'autant plus importante ailleurs. En fait, l'immigration se concentre essentiellement dans les grands pôles démographiques : Île-de-France, Nord, Rhône, Provence. Dans ces zones-là, elle peut représenter parfois (cas exceptionnel de Saint-Denis, par exemple) jusqu'à 30% de la population. C'est beaucoup. C'est trop.
Mais ce n'est absolument pas le cas dans la France entière, ce qui explique par exemple que l'immigration n'a jamais dépassé, s'il faut en croire les enquêtes quantitatives comme qualitatives sur les attentes des Français, le troisième domaine de préoccupation, alors que dans des villes où l'immigration est importante, elle est largement en première place.
Pour ce qui est de l'islam, etc. vous oubliez trois choses :
1) cela fait depuis la fin des années 1970 que les premières revendications "identitaires" musulmanes se manifestent... sauf que les médias ne s'en sont préoccupés qu'à partir de "l'affaire du voile islamique" à Creil en... 1989 tout de même ! un phénomène tout sauf récent, donc
2) cela ne fait qu'une grosse décennie que les revendications communautaires se sont répandues dans les usages politiques et associatifs français, et ce dans toutes les "communautés" autoproclamées (communautarismes religieux, sexuels, culturels, géographiques, linguistiques, etc.), et il n'est pas a priori absurde que les communautaristes musulmans suivent le mouvement
3) il y a plus de musulmans français nés en France que d'immigrés (naturalisés ou non) musulmans : si vous relisez la définition que j'ai donné ci-dessus, vous vous rendrez compte que les "jeunes issus de l'immigration" (comme disent les médias) ne sont pas comptabilisés comme immigrés (et n'ont d'ailleurs aucune vocation à l'être)
Sinon je comprends parfaitement ce que vous voulez dire, sauf que je trouve absurde la notion de "tenue manifestement étrangère"... un type qui se balade en sweat-shirt et blue-jean (des vêtements pas vraiment typiquement français, ainsi que leurs noms l'indiquent) me semble tout autant attifé en "étranger" qu'un autre se baladant en djellabah... et je serai bien en peine de vous dire quels sont les éléments qui peuvent permettre de déterminer quels seraient a priori les tenues "franco-compatibles".
Écrit par : Brath-z | dimanche, 09 octobre 2011
Vous prenez le problème à l'envers : je ne cherche pas à définir ce qu'est une tenue française, mais j'observe que certaines tenues sont manifestement étrangère car elles relèvent notoirement d'une culture étrangère. En clair, une tenue qui se rapporte visiblement à un pays étranger est étrangère.
Quant aux descendants d'immigrés que vous ne comptabilisez pas, c'est une aberration dans le cas des extra-européens car vos yeux, eux, les comptent. C'est un peu comme si vous disiez que les Pieds Noirs étaient Arabes parce qu'ils étaient nés, et ce depuis des générations, en Algérie. Les Algériens, eux, ne s'y sont pas trompés.
C'est bien là le drame de l'immigration. Elle concerne des hommes (immigrés et autochtones) qui ne se réduisent pas à des chiffres. On ne peut pas les manipuler comme on veut. On ne peut pas négliger leur ressenti. Aussi faut-il en tenir compte et ne pas faire n'importe quoi comme nous le faisons depuis 40 ans.
Écrit par : Philippe Landeux | dimanche, 09 octobre 2011
Vous parliez des immigrés, je vous citais les chiffres réels de l'immigration. Si vous voulez parler des descendants d'immigrés, des travaux ont été faits, et l'INED collecte des données très précises sur le sujet (je rappelle que les "français dits de souche" ont également une définition précise : les citoyens français nés français en France de parents et de grands-parents tous citoyens français nés français en France).
Les chiffres (très précis) sur la "deuxième génération" (nés en France avec au moins l'un des parents immigrés, l'origine de la mère étant retenue dans le cas d'enfants nés de deux immigrés originaires de deux pays différents) sont les suivants :
- il y a un peu plus de six millions d' "immigrés de deuxième génération", dont :
- environ 3 900 000 descendent d'immigrés d'origine européenne
- environ 1 400 000 descendent d'immigrés d'origine maghrébine
- environ 300 000 descendent d'immigrés d'origine d'Afrique sub-saharienne
Notons que la dynamique sur ce groupe est à une inversion des ratios entre les "deuxième génération" d'origine européenne et les "deuxième génération" d'origine maghrébine.
Si l'on reprenait les critères de la IIIème République, cette "deuxième génération" serait intégralement comptée comme "immigrés", ce qui porterait le nombre total d'immigrés aux environs de 11 ou 12 millions de personnes.
Ces chiffres sont alarmants.
Que l'on cesse de prétendre chez ceux qui veulent réduire l'immigration (comme vous, ou du reste comme moi) que les chiffres sont trafiqués, ils ne le sont pas. Seulement, ils ne sont jamais communiqués. 5 millions d'immigrés légaux en France, entre 80 000 et 2 000 000 (vraisemblablement autour 1,2 millions, si l'on en croit les dernières données du ministère de l'intérieur) d'immigrés illégaux, plus de 6 000 000 de "deuxième génération". Tels sont les chiffres OFFICIELS. Ils sont très parlants, et sont un argument supplémentaire pour faire cesser la pression migratoire. Un outil dont nombre de gens se privent en croyant utile de les discréditer alors qu'ils sont au contraire extrêmement fiables (bien plus que chez n'importe lequel de nos voisins européens, par exemple), du fait d'une grande expertise en la matière (la France recense les immigrés depuis les années 1880, et a donc des données sur déjà quatre générations... l'Allemagne ne s'y est mise que dans les années 1960, aussi l'essentiel de ses données reposent-elles sur des travaux de sociologues et non pas sur des données démographiques).
Et sinon, tout le problème est à la détermination de ce qu'est une "tenue notoirement étrangère". Vous semblez oublier que la France est un pays vaste dans lequel on retrouve des traditions culturelles (linguistiques, architecturales, culinaires... et également vestimentaires) extrêmement variées et empruntant énormément aux cultures étrangères voisines.
Écrit par : Brath-z | dimanche, 09 octobre 2011