POLITIQUE : sélection des candidats à l’élection présidentielle (vendredi, 19 août 2011)

Un lecteur a eu l’amabilité et la patience de commenter ou critiquer de nombreuses propositions de mon essai de programme présidentiel pour 2012. Comme chaque point mérite des développements et que le tout serait très long, je publie séparément ma réponse à chacun des objets, en rappelant la proposition en question et la position dudit lecteur.

18. Révision du mode de sélection des candidats à l’élection présidentielle

 

Brath-z :

Là encore, je suis très étonné : avez-vous donc si peu de défiance envers le système partisan que, loin d'en limiter l'ampleur et les ravages, vous lui accordiez plus encore de structures institutionnelles où il pourrait se développer et prospérer ? Je comprends votre intention, qui est de pouvoir permettre un accès plus aisé à la candidature à l'élection présidentielle à des mouvements de petite et moyenne ampleur. Mais vous ne saisissez pas, je crois, tous les effets pervers que provoquerait pareille mesure, en sus de la capitulation intellectuelle sans conditions que constitue l'institutionnalisation pure et simple du système partisan. Songez qu'avec pareille mesure, les candidatures « indépendantes » (c'est-à-dire « non issues de partis politiques », et non pas « issues de petits partis » comme aux États Unis d'Amérique) rendues très rares par la réforme de 1970 (passage de 100 à 500 signatures d'élus pour pouvoir se présenter) seraient désormais quasi impossibles !

Si je soutiens totalement l'idée d'impliquer les citoyens dans le processus de sélection des candidats à l'élection présidentielle, je reste plus que perplexe devant votre idée de sélectionner les soutiens apportés par une dotation financière. Cela s'apparente en principe sinon en fait à laisser aux plus privilégiés le choix des candidats à l'élection présidentielle. Bien sûr, je comprends l'esprit de la démarche : il s'agit d'impliquer les citoyens au processus de l'élection présidentielle (et de la campagne qui précède) plus étroitement qu'au travers d'un choix, d'abord celui d'un soutien à une candidature, ensuite celui d'un vote à une élection. Mais honnêtement, je ne pense pas qu'une telle mesure soit particulièrement efficace pour ce faire. Apporter un soutien public (au travers de la publication des noms des citoyens soutenant la candidature de tel ou tel) me semble largement suffisant pour ce qui est de l'implication personnelle.

Réponse :

« avez-vous donc si peu de défiance envers le système partisan que, loin d'en limiter l'ampleur et les ravages, vous lui accordiez plus encore de structures institutionnelles où il pourrait se développer et prospérer ? » Le mode de sélection des candidats n’est pas une institution. Les maires en sont une. Or ils n’ont aucune légitimité à être le tamis des candidats. Si les lesdits candidats n’ont pas à être cautionnés par quelque élu ou fonctionnaire que ce soit, leur candidature ne peut être légitimée que par les électeurs (les citoyens français). Par suite, il faut bien trouver un moyen pour que ces derniers valident sérieusement leur candidature sans pour autant multiplier à l’infini les candidats. Outre la reconduite automatique des candidats des partis déjà présents et en bonne position lors des dernières élections (procédure qui supprime les magouilles absurdes que nous connaissons aujourd’hui), il ne me paraît en rien excessif qu’un candidat à l’élection présidentielle soit soutenu par au moins 10.000 électeurs lui ayant versé au moins 50 € ou 300 F. Cette donation dont le montant minimum obligatoire n’a rien d’exorbitant et est la moindre des choses assure par ailleurs un trésor au candidat pour mener sa campagne sans avoir à magouiller. Le nombre requis de 10.000 partisans n’est pas élevé en soi, c’est là encore le minimum pour attester l’envergure du candidat, mais il est d’autant plus significatif que les partisans le soutiennent financièrement et ne se sont donc pas livrés à un acte fantaisiste : ils veulent vraiment que la personne en question soit candidate.

« l'institutionnalisation pure et simple du système partisan ». Je ne vois pas en quoi ce système serait plus « partisan » que celui en vigueur alors qu’il prête moins le flanc aux magouilles politicitennes.

« les candidatures « indépendantes » (c'est-à-dire « non issues de partis politiques », et non pas « issues de petits partis » comme aux États Unis d'Amérique) rendues très rares par la réforme de 1970 (passage de 100 à 500 signatures d'élus pour pouvoir se présenter) seraient désormais quasi impossibles ! » C’est ce système de 500 signatures de maires qui est abject, les maires n’ayant pas par nature pour fonction de sélectionner les candidats à l’élection présidentielle, étant de plus affiliés eux-mêmes à des partis ou étant dépendants, en tant qu’administrateurs, des subventions accordées par l’agglomération proche, la département, la région et l’Etat qui, dirigés par des élus ou des fonctionnaires non neutres, peuvent influencer leur choix sous peine de représailles financières. Des élus de quelque niveau que ce soit n’ont pas le même pouvoir sur les simples électeurs. Enfin, je ne vois pas en quoi mon système rend impossible la candidature d’individus hors parti dès lors qu’ils sont sérieux ou disposent d’un réel soutien populaire. Si à l’échelle de la France un individu ne reçoit pas le soutien d’au moins 10.000 électeurs, une broutille, c’est que, à tort ou à raison, il n’existe pas sur la scène politique.

« je reste plus que perplexe devant votre idée de sélectionner les soutiens apportés par une dotation financière. Cela s'apparente en principe sinon en fait à laisser aux plus privilégiés le choix des candidats à l'élection présidentielle. » Vous exagérez tout ! 50 € sont à la portée de n’importe qui. C’est bien peu, d’ailleurs, pour soutenir celui qui porte nos espoirs. Et, croyez-vous qu’aujourd’hui des militants ne soient pas sollicités financièrement ?

Entre parenthèse, je vous ferais remarquez que ce système en conçu dans le cadre du système monétaire, c’est-à-dire pour aujourd’hui, alors que le système que je prône, la Cité ou le Civisme, n’est pas monétaire. L’absence de soutien financier des partisans est alors compensée par une exigence plus importante du nombre de partisans.

« Apporter un soutien public (au travers de la publication des noms des citoyens soutenant la candidature de tel ou tel) me semble largement suffisant pour ce qui est de l'implication personnelle. » A mon tour de m’étonner d’une pareille proposition. Les actes des élus doivent être publics, mais le vote, lui, doit être secret. Or rendre public d’office le nom des partisans d’un candidat, c’est évidemment lever le secret de leur vote, donc les exposer aux pressions, donc attenter à la liberté des électeurs de soutenir qui il leur plait.

08:30 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |