L'ECHELLE POLITIQUE : finie la novlangue (mercredi, 16 novembre 2011)

Echelle politique (1793 & aujourd'hui).jpg

Les expressions « de droite » et « de gauche » viennent de la Révolution française. Elles ont des significations politiques profondes, et même une signification précise en ce qui concerne la Gauche. Pourtant, elles ont toujours paru assez vagues et semblent avoir perdu aujourd’hui toute pertinence. Il faut donc en finir avec les impressions plus ou moins fausses qui ouvrent la porte aux malentendus désastreux et aux impostures scandaleuses.

Sous la Révolution, l’expression « le côté gauche de l’Assemblée » désignait les députés qui, à l’instar de Robespierre, défendaient la souveraineté du peuple (la démocratie), l’égalité des citoyens en droits (et en devoirs), l’intérêt général et l’indépendance nationale. La Gauche était le « parti » révolutionnaire, le cœur de la Révolution dont le but suprême était et est par essence l’Egalité. Autrement dit, la Gauche fut, dès l’origine, et demeure le parti de l’Egalité. Mais, attention ! pas de n’importe quelle Egalité ! L’égalité des citoyens en devoirs et en droits ; une égalité embrassant la Sécurité et la Liberté ; une égalité réservée aux membres de la cité (1) ; une égalité impliquant la reconnaissance d’un peuple, d’une nation, donc d’une identité, donc d’un territoire et l’obligation de les défendre au péril de sa vie contre tout ennemi de l’extérieur ou de l’intérieur ; une égalité allant de pair avec le patriotisme. La Révolution s’est faite au cri de « Vive la nation ! ». Les révolutionnaires s’appelaient eux-mêmes « les patriotes ». Ils regardaient tous les citoyens comme des soldats ayant le droit d’être armés, aussi bien pour défendre leurs personnes que pour répondre à l’appel de « la patrie en danger ». Pour autant, ils étaient à la fois pacifiques — c’est-à-dire hostiles à la guerre offensive (cf. les discours de Robespierre contre la guerre voulue par la Cour et les Girondins) et à l’ingérence en pays étranger (cf. articles 118 à 121 de la constitution de 1793 (2)) — et irréductibles en cas d’invasion. Plongés malgré eux dans une situation en apparence désespérée, jamais ils n’envisagèrent de capituler comme en 1870 ou 1940.

La Révolution en général et les Jacobins (robespierristes) en particulier ont fixé pour toujours les principes et les valeurs, en un mot les marqueurs, de Gauche : Egalité, nation, démocratie, patriotisme, paix ou victoire. D’autres peuvent encore s’ajouter à ceux-là pour affiner le tableau, mais ces traits suffisent autant à reconnaître les vrais hommes et partis de Gauche qu’à démasquer tartuffes et imposteurs. Notons bien que tous ces traits sont consubstantiels et qu’être de Gauche implique de les posséder tous et non quelques-uns seulement. Le plus important critère est cependant l’Egalité qui est le plus difficile à satisfaire.

Paradoxalement, il n’y eut jamais de Gauche authentique et intégrale, que ce soit sous la Révolution ou depuis. La raison en est simple : il ne peut pas y avoir d’Egalité, ni d’égalité d’aucune sorte, sous Largent. L’Egalité et Largent (c’est-à-dire la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, croyance qui naît du troc et engendre la monnaie) sont fondamentalement incompatibles. Le système monétaire qui repose sur Largent est par nature inégalitaire. Il y a et il y aura toujours quelques riches et beaucoup de pauvres dans un système monétaire. (Cela tient à la nature et aux principes de fonctionnement de la monnaie plus qu’à sa manipulation par les hommes qui peuvent tout au plus aggraver les déséquilibres. cf. Le Civisme) Or, à moins d’être de mauvaise foi ou complètement stupide, force est de constater qu’un riche et un pauvre ne sont pas égaux en droits, et ne sont pas même égaux devant la loi (cf. La Fontaine). Etant de fait supérieurs en droits, les riches dominent économiquement d’abord, politiquement ensuite ; s’ils ne gouvernent pas eux-mêmes, ils placent des marionnettes (par la force armée ou la manipulation médiatique). Dans ces conditions, la démocratie au plein sens du terme est généralement impossible et dans tous les cas inutile puisqu’elle n’apporte pas l’Egalité ; c’est au mieux une illusion, au pire une mascarade. Il n’y a pas non plus de Société ou de nation digne de ce nom dans un système monétaire, individualiste par nature. Par suite, il n’y a pas de citoyens, du moins la citoyenneté est-elle est un mot vague sinon creux, tout comme la nationalité.

Sans être allé aussi loin, Robespierre, leader incontesté de la Gauche d’alors, avait pressenti la cause de la contraction insurmontable entre ses aspirations égalitaires et démocratiques et le système monétaire. « Quand [l’intérêt des riches] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » (juin 1793) Il n’avait pas seulement noté cette phrase ; il l’avait aussitôt rayée, comme effrayé par la vérité sur laquelle il venait de mettre le doigt. Il est en effet on ne peut plus clair que le « jamais » sous-entend à la fois que les intérêts des riches et des pauvres sont opposés par nature et qu’il y aura toujours des riches et des pauvres… dans un système monétaire, faut-il préciser. Robespierre n’apporta pas cette précision car il ne pouvait pas concevoir, à son époque, un mode d’échange autre que monétaire (cf. le Civisme). Il savait cependant que la simple suppression de la monnaie conduirait à un système égalitariste, étatique et tyrannique contraire à l’Egalité et à la Liberté. Ses principes le préservèrent donc d’adopter une solution aussi naïve que funeste mais ne lui présentèrent pas d’alternative. Il était coincé comme le furent après lui et jusqu’à nos jours tous les hommes de Gauche qui ne cédèrent pas aux sirènes du communisme et du fascisme.
 
Le système est toujours monétaire. Dans ces conditions, aucun parti politique ne peut prétendre être authentiquement et intégralement de Gauche et nous verrons même que ceux qui ont confisqué ce label en sont souvent les moins dignes. Dans la mesure où aucun parti ne reconnaît dans Largent l’ennemi à abattre, aucun ne propose d’instaurer réellement l’Egalité, même si les plus démagogues ont en permanence ce mot à la bouche ; tous cautionnent bon gré malgré Largent et l’inégalité, tous sont donc inégalitaires et capitalistes, même ceux qui se présentent comme les pourfendeurs du capitalisme ; tous sont ipso facto de Droite.  

La Gauche authentique et intégrale fait siennes tous les Principes de l’ordre social, adopte toutes les attitudes qui concourent à instaurer ou à préserver la Société et bannit toutes celles qui empêchent sa construction ou menacent son existence. De même qu’il n’y a qu’une Egalité, il n’y a qu’une forme de Société — même si l’abus de langage permet d’appeler « sociétés » des systèmes qui relèvent davantage de la concentration d’individus que de l’association — et qu’une Gauche.

Etre de Gauche au plein sens du terme, c’est vouloir une Société digne de ce nom, conforme aux Principes universels de l’association ; c’est le summum en politique qui est l’art d’organiser et de régir la cité, la polis ; c’est achever la quête suprême de l’Homme qui est un être sociable.

Etre de Gauche, c’est avoir pour boussole l’intérêt commun (national ou général) ; c’est être l’ennemi des idéologies, des fanatismes, des classes ; c’est être au-dessus des partis et des factions ; c’est faire passer le général avant le particulier, les Principes avant la sensibilité personnelle, le patriotisme avant l’humanisme, le juste avant le bien, le devoir avant la fantaisie, la réalité avant le désir, la raison avant la passion, la Cité avant l’humanité, les Citoyens avant les étrangers (« faire passer avant » n’exclut pas ce qui suit, mais établit un ordre de priorité).

Sur l’échelle des tendances politiques, la Gauche est le dernier et le plus haut échelon. Il n’y a rien au-dessus d’elle. Tous les autres, en dessous, veulent moins que l’Egalité et correspondent à des tendances de Droite. L’expression « extrême gauche » qui laisse entendre qu’il y aurait plus à gauche que la Gauche, plus égalitaire que l’Egalité, est un non-sens. Plus que l’Egalité est nécessairement une forme d’inégalité. Cela débouche tantôt sur une dictature qui étouffe les libertés par la force brute, tantôt sur l’assistanat et la xénofolie qui abolissent les devoirs, piétinent la patrie, détruisent la nation, bafouent la démocratie et dissolvent la société, à grand renfort de censure morale. Loin d’être en tête de classement, de tels projets, aux antipodes du but à atteindre, figurent en bas de tableau ; loin d’être de « gauche », ils sont de droite et même d’« extrême droite ».

On note que, pour une meilleure compréhension des choses, les tendances politiques devraient être ordonnancée verticalement, de haut en bas. Mais les termes malheureux de « Gauche » et « Droite » consacrés par l’histoire renvoient à un ordonnancement horizontal et placent donc au même niveau toutes les tendances politiques qui ne sont plus distinguées que selon des critères insipides et divisées artificiellement en deux branches. D’une part, ces critères n’établissent aucune hiérarchie par rapport aux Principes de l’ordre social, comme si une Société était ce que chacun veut qu’elle soit, d’autre part, ils imposent le recours à des connotations grotesques et frauduleuses. Ainsi, il y aurait d’un côté le cœur, de l’autre la raison, d’un côté l’humanité, de l’autre Largent, d’un côté les vertus, de l’autre les vices, d’un côté les bons, les généreux, les sensibles, de l’autre les méchants, les mesquins, les cruels, d’un côté les défenseurs du peuple, des pauvres, des opprimés, des exploités, des ouvriers, de l’autre les privilégiés, les riches, les oppresseurs, les exploiteurs, les patrons, d’un côté les patriotes et les résistants, de l’autre les nationalistes et les collabos, d’un côté les républicains, de l’autre les royalistes, d’un côté la révolution, de l’autre la tradition, etc. En y regardant de près, les choses sont loin d’être aussi simplistes. Les courants dits « de gauche » ont généralement leur équivalent à droite, du point de vue de la réalité de leur projet social, la différence résidant essentiellement dans leurs références historiques, leur rhétorique, leur présentation, autrement dit leur habillage. Or le fond et les faits importent plus que la forme et les fadaises. En quoi une dictature dite « de gauche » est-elle plus honorable qu’une dite « de droite » ? En quoi un mouvement populaire est-il plus à droite qu’un mouvement populaire qualifié ou se disant de gauche ? Une fois de plus, Robespierre avait dit juste : « Est-ce dans les mots de république ou de monarchie que réside la solution du grand problème social ? » (17 mai 1792)

Quoi qu’il en soit, les termes « Gauche » et « Droite » sont trop ancrés dans la tradition française pour être abandonnés. Par ailleurs, ils ont l’avantage de ne rien exprimer par eux-mêmes, ce qui évite le piège signaler à l’instant, à savoir focaliser sur un aspect et attribuer abusivement à une tendance un épithète qui siérait également à d’autres, qui ne serait donc pas exclusif et qui, au final, ne voudrait rien dire. (Exemple, aux USA, les républicains et les démocrates, dont le sens s'est d'ailleurs inversé depuis le XIXe.) Les seuls noms que seule la Gauche — la vraie Gauche s’entend — pourrait judicieusement, légitimement et exclusivement adopter seraient le parti de l’Egalité ou les Egaux ou les Egalitaires. Mais même la Gauche peut se diviser sur des points particuliers et ainsi donner lieu à plusieurs mouvances d’accord sur les fondamentaux et méritant toutes ces noms. C’est d’ailleurs ce qu’il adviendra quand l’Egalité sera — puisque le but n’est pas d’en rêver, mais de l’instaurer. A ce moment-là, quand l’Egalité sera inaltérable comme l’est aujourd’hui l’inégalité, tous les partis politiques seront de gauche de fait, comme ils sont actuellement de droite. Alors les notions de « droite » et de « gauche » sembleront une fois de plus dépassées, quoiqu’elles seront encore pertinentes si l’on se souvient que la Gauche authentique et intégrale ne se résume pas à l'Egalité, pas plus que les différentes mouvances de Droite ne sont séparées que par la question de l’inégalité. Aujourd’hui comme demain, c’est d’après un ensemble de critères que leur orientation globale sera déterminée et leur classement établi. La Gauche sera toujours le parti de l’Egalité, de la nation, du patriotisme, de la démocratie et de la paix ou de la victoire ; seront toujours à Droite les mouvances politiques qui divergent sur tout ou partie de ces points.

Comme expliqué plus haut, il ne peut y avoir de pensée ou de parti authentiquement et intégralement de Gauche dans un système monétaire, sous Largent, quand l’inégalité est systémique — du moins n’y en a-t-il pas présentement. C’est pourtant dans ce contexte qu’est née la notion de « gauche ». Cela implique que la Gauche, dans ces conditions, soit la mouvance la moins à Droite, celle qui tend le plus vers la Gauche absolue, celle qui respecte les Principes autant que faire se peut.

Gauche absolue

Egalité
Patriotisme
Nation
Démocratie
Paix ou victoire

Ces critères de base ont déjà été indiqués. Ils sont rappelés pour servir de référence. Aucun parti ne les a jamais tous satisfaits, que ce soit en théorie ou en pratique. Il n’y a donc jamais eu, pour le moment, de Gauche authentique et intégrale. C’est là la seule certitude du présent classement. Pour être tout à fait exact, la doctrine qui répond à tous ces critères existe aujourd’hui, elle a pour nom le Civisme, mais elle est encore trop marginale pour être mentionnée.

Gauche capitaliste ou Droite patriotique

- Inégalité par défaut
Patriotisme
Nation
- « Démocratie »
Paix ou victoire

Le summum en politique, dans un contexte monétaire et inégalitaire, consiste à être admettre le Principe d’Egalité tout en se résignant à l’inégalité. On ne peut donc pas dire que ce qu’il convient d’appeler la « Gauche capitaliste » ou la « Droite patriotique » soit foncièrement inégalitaire, car elle ne l’est que par défaut, comme le prouve son patriotisme ardant, égalitaire par nature. En toute logique, elle est attachée à la nation, à l’identité nationale, à la souveraineté nationale, à la souveraineté populaire, aux référendums, à la démocratie. Un bémol cependant sur ce dernier point, puisque, comme il a été dit, même authentique du point de vue des Principes, une démocratie est une illusion dans un système monétaire dans la mesure où elle n’empêche pas qu’il y ait des pauvres et des riches, lesquels ont et exercent le réel pouvoir d’une manière ou d’une autre.

La « Gauche capitaliste » ou la « Droite patriotique » est également fidèle à la politique étrangère de la Gauche absolue. Le patriotisme n’est pas belliqueux (autrement il n’est qu’un prétexte). Il consiste à aimer son peuple, à faire de lui un objet de fierté, et à respecter les autres peuples ou à n’avoir pour eux qu’indifférence. Un patriote aspire au bonheur de sa patrie et ne demande qu’à vivre en paix. Il n’expose pas son peuple aux malheurs de la guerre par fantaisie ou pour satisfaire d’obscurs intérêts, et les lui épargne autant que possible. Il ne se laisse pas berner par les prometteurs de guerres de conquête, coloniales ou impérialistes qui les vendent toujours aux naïfs comme des croisades pour la liberté ou la démocratie, contre la barbarie ou le terrorisme. Il sait cependant que la paix se préserve en préparant la guerre. Il n’est donc pas anti-militariste ; il est pacifique, pas pacifiste. Ainsi, il s’oppose aux projets guerriers qui ne présentent aucune nécessité pour son peuple (il peut donc être pour la guerre offensive quand la passivité arme l’ennemi, comme en 1938) et soutient la guerre de toutes ses forces dès lors qu’elle est déclarée, que son pays est menacé d’invasion ou carrément envahi. Lui qui est contre la guerre tant qu’elle est évitable fait sienne la devise « La victoire ou la mort !» une fois qu’elle est engagée, du moins lorsqu’elle se livre sur aux frontières ou sur son territoire. On reconnaît là l’attitude des volontaires de l’an II, des communards, des résistants, des Robespierre, des Jaurès, des Clemenceau, des de Gaulle, etc.

L’attitude du patriote est similaire face aux conflits internes. Il désire l’harmonie sociale, défend tout ce qui la favorise, dénonce tout ce qui la trouble. Il ne se laisse pas abuser par les sophismes qui conduisent à la guerre civile ; il sacrifie au contraire jusqu’à sa réputation pour la prévenir. Il est prêt à tout pour éviter le pire. Si le pire advient quand même malgré lui, son but est de le conjurer le plus vite possible par un mélange de fermeté et de bienveillance. Même alors il ne pousse pas plus la violence nécessaire jusqu’à la cruauté que la tolérance jusqu’à la bêtise criminelle. Bref, en tout temps, il fait ce qu’il peut jusqu’au moment de faire ce qu’il doit.

Sous la Révolution, cette mouvance était représentée par les Jacobins robespierristes (la précision est nécessaire sans quoi le terme « jacobins » est vague au point d’être insignifiant). Elle est actuellement incarnée par le Front National de Marine Le Pen. Le Front National est en effet le seul parti qui, souvent seul contre tous, affiche la fierté d’être français, défend l’identité française et les intérêts du peuple français, prône la préférence nationale (en vigueur dans tous les pays et même en France dans la fonction publique), réclame des référendums, veut rétablir la souveraineté nationale (politique et financière), exhorte à sortir de l’Euro et à s’affranchir de l’Europe, brandit la nation contre l’immigration-invasion, résiste à l’ordre mondial, respecte les peuples étrangers, dénonce les guerres d’ingérence, croit en à la grandeur de la France, bref, le seul parti qui soit en tout point fidèle à l’esprit de la constitution de 1793 et qui, jusqu’à ce qu’un parti réellement révolutionnaire voit le jour, mérite d’être dit « de gauche ». Et la gaucherie qui n’a de gauche que le label a la culot de le qualifier d’« extrême droite » ! Elle a bien raison de ne pas se reconnaître en lui : elle ne lui arrive pas à la cheville. Il n’y a rien de commun entre les patriotes bravant les insultes et les renégats drapés de gauchitude.

Le Front National pourrait avoir deux équivalents, un dit « de gauche », le MRC (Mouvement Républicain et Citoyen) de Jean-Pierre Chevènement, l’autre dit « de droite », DLR (Debout La République) de Nicolas Dupont-Aignan, mais le ralliement systématique de ces partis, le premier au PS, le second à l’UMP, oblige à douter de leur sincérité. Quand les actes contredisent les discours, quand les alliances semblent contre-nature, sans doute l’observateur se trompe-t-il ou a-t-il été trompé sur la véritable nature de son sujet.

Droite nationale

- Inégalité
- Individualisme
Nation
- Démocrature
- Guerre de conquête, paix à tout prix

A ce niveau, il ne reste déjà plus qu’un critère commun avec la Gauche, celui de l’attachement à la nation. Cernée par de nouvelles considérations, cette référence a beau demeurer, le mot même de « nation » ne peut plus avoir la même signification. Cet attachement semble plus être instinctif que logique. Il donne lieu à des discours et des postures patriotiques de la part d’hommes qui ne comprennent rien au patriotisme, puisqu’ils sont fondamentalement inégalitaires et individualistes, c’est-à-dire tout le contraire de vrais patriotes.

L’inégalité en droits n’est plus seulement acceptée comme une fatalité du système monétaire : elle est justifiée par les différences naturelles entre les individus, comme si l’état de Société devait reproduire l’état de Nature, comme si la Citoyenneté n’ajoutait rien à l’Homme. En fait, cette philosophie exprime inconsciemment la soumission à Largent ; elle fait sienne ses lois et cautionne ses conséquences. Or sa toute première conséquence est l’individualisme, car la notion de valeur marchande, née du troc, suppose l’échange entre individus et dépouille l’échange comme les acteurs économiques de toute dimension sociale. Par suite, l’individualisme amène à prôner la liberté individuelle présentée comme la Liberté, soi-disant opposée à l’Egalité, et c’est au nom de la Liberté, pour ne pas dire de Largent, qu’est prôné le libéralisme, c’est-à-dire le capitalo-libéralisme (le libéralisme faussé par Largent) ou la loi du plus riche. Cette philosophie est tellement anti-sociale qu’elle est obligée de sauver les apparences en brandissant l’égalité devant la loi et la démocratie comme des lots de consolation.

Car cette égalité et cette démocratie sont des farces, des caricatures, des pièges à cons. Nous avons vu que riches et pauvres ne sont pas égaux devant la loi. D’ailleurs, par qui les lois sont-elles faites ? Par les riches, pour les riches, non par le peuple, pour le peuple. Pour ce faire, ils dénaturent le sens du mot démocratie en instituant la soi-disant « démocratie représentative », c’est-à-dire un système qui leur permet d’être élus ou de faire élire qui bon leur semble, de proclamer « représentants du peuple » les représentants de leur caste, d’agir à leur guise sous prétexte qu’ils sont élus (alors que l’élection légitime uniquement l’occupation des sièges, non les actes) et, dès lors, de confisquer la souveraineté nationale. Une dictature oligarchique sous des airs démocratiques est une démocrature.

A ce sujet, il n’est pas inutile de citer Jean-Jacques Rousseau  : « Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. » (Du Contrat Social, Livre III, Chap. 15, Des députés ou représentants) A sa suite, Robespierre déclara : « Il n'y a qu'un seul tribun du peuple que je puisse avouer, c’est le peuple lui-même : c'est à chaque section de la République française que je renvoie la puissance tribunitienne ; et il est facile de l'organiser d'une manière également éloignée des tempêtes de la démocratie absolue et de la perfide tranquillité du despotisme représentatif. » (Discours sur la Constitution au donner à la France, 10 mai 1793)

Le positionnement de la Droite nationale sur la question de la paix et de la guerre est plus difficile à définir, en raison de ses contradictions. Il est néanmoins possible de dégager une ligne générale, bien que les individus en situation la démentent souvent. Leur attachement à la nation peut en effet les amener à se joindre aux patriotes, comme un individualisme viscéral peut les rapprocher des mondialistes (voir plus bas). Mais la ligne particulière de la Droite nationale est dictée par un nationalisme dénaturé par l’individualisme. La nation n’est plus qu’un prétexte pour entreprendre des conquêtes afin d’enrichir quelques individus et un moyen pour les réaliser. Si l’aventure tourne au désastre, ce nationalisme en peau de lapin réclame la paix à tout au prix, quoi qu’il en coûte à la patrie et aux générations futures, les souffrances de la nation n’étant une fois de plus que le prétexte pour ménager des intérêts particuliers inavouables. Quand la Gauche capitaliste ou Droite patriotique s’oppose aux guerres mais les soutient une fois qu’elles sont déclarées et que la patrie est en danger, la Droite nationale, elle, les provoque mais ne les fait pas et capitule dès qu’il faut résister. Il ne faut pas perdre de vue que l’individualisme est lié à Largent et que les politiques individualistes sont prônées par les riches qui ont les moyens de manipuler le peuple et de lui vendre leurs salades. 

En résumé, les individus de Droite nationale aiment d’instinct leur pays mais servent avant tout leurs intérêts, même à ses dépens.

Sous la Révolution, cette tendance fut incarnée par Danton et les Indulgents. Elle est incarnée aujourd’hui par ce que l’on appelle « l’aile droite » de l’UMP (droite mondialiste) ou la « droite populaire ». Ses accents patriotiques sont des attrape-nigauds puisqu’elle conspue les patriotes dits « d’extrême droite » avec lesquels elle semble avoir des points communs et se rallie toujours in fine à la droite mondialiste qu’elle prétend dénoncer. S’il existait une aile droite du PS, une gaucherie patriotique (Ségolène Royal, Chevènement), ce serait sans doute ici qu’il faudrait l’indiquer.

Remarquons que, dans le jargon actuel, les références à la nation et à la démocratie, qui sont intrinsèquement de Gauche, sont considérées comme de droite, de sorte que, selon le classement horizontal actuel des partis politiques, des mouvances patriotiques ou nationalistes alternent avec des mondialistes. Ainsi, en parcourant le champ politique d’un bout à l’autre, des partis n’ont parfois rien de commun avec leurs voisins « géographiques », tandis que la plupart ont dans leur soi-disant opposé un alter ego. Ceci montre bien que cette classification n’obéit pas à une logique de critères progressifs, qu’elle est anarchique, incohérente et impropre. S’y accrocher expose donc les analystes politiques, notamment, à des incompréhensions. Quand, par exemple, ils s’étonnent que le FN ne s’allie à personne, pas même à l’UMP ou l’aile droite de l’UMP, ils tombent dans le piège de leurs propres mensonges. Le FN n’est pas, en tout cas n’est plus, l’extrême droite, mais la gauche, le seul parti de gauche au sens historique. Il n’a rien de commun avec les mondialistes que sont la quasi totalité des autres formations politiques, qu’elles soient dites « de droite » ou « de gauche » ; il ne peut donc s’allier à personne.

Droite mondialiste

- Inégalité
- Individualisme
- Euro-mondialisme
- Démocrature
- Pacifisme, ingérence, guerre impérialiste, paix à tout prix, collaboration

Le dernier marqueur de gauche était illusoire concernant la Droite nationale ; la Droite mondialiste n’en a plus aucun dans ses présupposés. Par ailleurs, les raisonnements qui conduisent cette dernière aux considérations en apparence communes avec la Droite nationale sont parfois différents et par nature plus nombreux. C’est normal : plus une conception « sociale » s’éloigne des Principes de l’ordre social, c’est-à-dire de ce que doit être une Société, donc de la Gauche absolue, plus elle est arbitraire, plus elle a de ressorts, plus elle présente de facettes politiques, plus les raisons pour lesquelles des individus adhèrent à l’une ou l’autre sont nombreuses et complexes, plus il est difficile d’établir et de restituer toutes les logiques farfelues qui les fondent.  Par suite, l’extrême Droite, le pied de l’échelle politique, est le summum du n’importe quoi et de l’imbroglio, tant du point de vue des projets que de celui des prétextes.

Le secret des différences entre les Droites nationale et mondialiste réside précisément dans ce qui les distingue : le mondialisme. Pourquoi est-on, comment devient-on mondialiste ? De nombreuses pistes débouchent sans doute sur le mondialisme, mais les voies royales sont, à n’en pas douter, une fois de plus, la soumission à Largent (voie vile, dite de droite) et la dévotion à l’humanité (voie noble, dite de gauche), deux formes d’aliénation.

Nous n’allons pas redire ce qui a été dit, pour la Droite nationale, sur les conséquences de Largent, à savoir comment il génère l’individualisme. Tout est encore valable ici. La différence, c’est que l’individualisme n’est plus balancé par un sentiment national, aussi fragile soit-il. Les adeptes du veau d’or, qu’ils soient riches ou pauvres, sont des individualistes forcenés : il n’y a qu’eux et leurs intérêts, à satisfaire coûte que coûte, et les autres, tous les autres, qui n’existent pas à moins qu’ils rapportent. La nation est trop étroite pour assouvir pleinement qui son avidité, qui son plaisir, qui sa soif de puissance. Tous les hommes sont des clients potentiels ou un moyen de profit. Le monde est leur terrain de jeu. Ils veulent être partout chez eux sans avoir de devoirs nulle part. Ils ne repoussent pas les frontières aux limites de la planète, afin que l’humanité forme une seule et même communauté ; ils les abolissent afin qu’il n’y ait plus de communautés, plus de règles (autres que celles de Largent), plus d’entraves à leur immoralité. 

L’autre chemin menant au mondialisme, la dévotion à l’humanité, est l’humanisme dépourvu de tout sentiment national. Le patriotisme fait alors place, non à l’universalisme, mais à l’individualisme honteux. L’idée de départ est que tous les hommes sont frères, qu’il n’y a aucune différence entre eux, qu’il faut surtout ne pas en faire et nier celles qui existent. Or en niant l’existence du peuple auquel on appartient, au nom d’une communauté universelle n’ayant aucune réalité, l’individu se retrouve seul avec ses abstractions, affranchi de toute communauté, si bien que l’humanisme n’est souvent qu’un prétexte pour les individualistes honteux. Par ailleurs, même s’il était vrai que tous les hommes soient en quelque sorte cousins, la parenté éloignée ne change rien au fait que des groupes sont observables (races, ethnies), que d’autres sont même constitués (sociétés, associations diverses) et que les droits, puisque c’est de cela qu’il s’agit au final, ne dépendent pas de l’appartenance à l’espèce humaine, c’est-à-dire de ce que l’on est, mais des relations établies avec certains hommes, autrement dit de ce que l’on fait.

Un droit n’existe que s’il est reconnu et garanti. Il suppose l’existence d’une société, c’est-à-dire d’un groupe d’individus unis au moins tacitement par un contrat social, ayant les uns envers les autres des devoirs. C’est en tant que citoyen qu’un homme a des droits. Une société peut néanmoins reconnaître des droits à des individus qui ne sont pas citoyens, mais ce ne sont pas alors les droits du citoyen. Il n’y a d’Egalité qu’en société, entre citoyens. Hors de la société et de la citoyenneté, droits et Egalité sont des mots vides de sens, des vues de l’esprit. Pire ! Soutenir une conception délirante de l’Egalité condamne l’Egalité qui doit être. L’idée de droits naturels et universels suppose, en effet, qu’ils n’ont pas besoin d’être mérités, ce qui induit le rejet des notions de devoir, de société, de nation, de peuple, de propriété, de pays, de frontière, c’est-à-dire de tout ce qui sert de cadre à l’Egalité et lui donne une consistance (3), comme si les droits pouvaient exister sans que rien ni personne ne les génère ou les défende.

C’est ici que Largent intervient, car il ne peut manquer d’intervenir dans un système monétaire, même si l’on n’a pas conscience de son intervention. Cette conception délirante de l’Egalité est en fait une conséquence de Largent qui rend l’Egalité impossible. Puisqu’ils ne peuvent instaurer l’Egalité au niveau de la nation et que, n’ayant jamais connu la véritable Egalité, ils ignorent en quoi elle consiste, certains hommes se dissimulent leur impuissance et leur ignorance par une fuite en avant. Ils ne savent ni pourquoi les « citoyens » sont inégaux ni ce que sont un Citoyen et l’Egalité… Qu’à cela ne tienne ! Ils se font « citoyens du monde » et décrètent que tous les hommes sont leurs égaux, surtout les Autres. Ayant rejeté la patrie et renié leur patrie, toute leur sollicitude va aux Autres, aux étrangers, aux immigrés et, bientôt, ils n’ont plus que haine pour les leurs, d’autant plus que ces derniers rechignent à être mis à contribution pour soutenir leurs lubies et digèrent mal le renversement des priorités, des valeurs et des mots que tout cela implique.

Se soumettre aux lois de Largent est aussi funeste qu’ériger l’Humanité en dogme. Ces deux attitudes sont les deux faces de la Droite mondialiste. Elles conduisent à des positions similaires quoique pour des motifs différents. Elles ne s’opposent que pour amuser la galerie. En réalité, elles se rejoignent en tout, s’empruntent mutuellement des arguments et finissent par se confondre.

Mondialistes de droite comme « de gauche » sont individualistes et apatrides. Tous trahissent leur patrie, les uns par égoïsme pur, les autres par générosité frisant la bêtise. Tous sont immigrationnistes. Les premiers encouragent l’immigration afin d’exploiter les immigrés, quoiqu’il en coûte à la nation. Le profit de quelques-uns justifie tout. Les seconds sont favorables à l’immigration car ils ont besoin à la fois d’hommes à plaindre, en l’occurrence les immigrés, et d’hommes à insulter, en l’occurrence leur propre peuple. Leurs apparentes bonnes intentions justifient tout. Les raisons profondes des uns et des autres sont si sordides, leurs discours, si mensongers, leurs politiques, si désastreuses (au plan national et international), qu’ils doivent donner le change et étouffer les critiques en s’autoproclamant défenseurs de nobles causes (liberté de circulation, droits de l’homme, paix, démocratie, progrès social), en prenant des airs supérieurs (compétence économique, antiracisme, antifascisme,  etc.) et en martelant de grands mots creux (diversité, multiculturalisme, vivre ensemble, stigmatisation, nauséabond).

L’indifférence envers la nation et la volonté de la détruire débouchent également sur l’européisme qui n’est lui-même qu’une étape vers le mondialisme ou la « gouvernance mondiale », c’est-à-dire une dictature planétaire. (La plupart des partisans de l’Europe institutionnelle sont dupes des Européistes éclairés.) Car les mondialistes procèdent par étape pour saper peu à peu le bon sens et mettre tout le monde devant le fait accompli, en prétendant qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. En la matière, ils ont prétendu que les pays d’Europe seraient plus forts s’ils étaient unis et uniformisés. Au lieu de se renforcer individuellement, de se protéger, d’avoir confiance en eux-mêmes, ils se sont déchargés sur d’autres de leurs devoirs (toujours le syndrome de la fuite en avant) et ont promis un miracle qui ne pouvait pas se produire. Une union ne peut être forte quand elle postule que se protéger est réactionnaire, que la force est l’apanage du fascisme, que les forts doivent s’excuser et s’effacer devant les faibles, que les « autres » sont meilleurs et ont tous les droits, que les lois de Largent sont sacrées, etc.. A l’arrivée, comme il fallait s’y attendre, l’Union Européenne est un machin faible et difforme. Elle ne combine pas les forces ; elle additionne les faiblesses de pays qu’elle désarme en détail. Elle ne protège pas les produits locaux de la concurrence étrangère ; elle n’empêche pas les délocalisations des entreprises ; elle n’enraye pas l’immigration. Mieux ! Elle interdit aux pays de s’opposer à leurs niveaux à tous ces fléaux. L’Europe est une passoire dans tous les domaines ; elle prend eau de toutes parts. Elle expose ses peuples à l’invasion et les livre pieds et poings liés au marché, aux spéculateurs, aux banques, aux USA et à la Chine. Quant à l’uniformisation dite « harmonisation des législations », elle est mise en œuvre par des instances supranationales qui, par définition, dépouillent les nations de leur souveraineté. L’Europe vendue au nom de la fraternité des peuples n’a aucun respect pour les peuples ; elle s’impose à eux ; elle les nie ; elle les aseptise ; elle les ruine ; elles les vend. L’Europe vendue au nom de la démocratie et de la paix exècre les référendums et soutient toutes les guerres d’ingérence. Au final, les mondialistes « de gauche » ont pour les peuples le même mépris que ceux de droite et leur vendent les mêmes salades (4).

Ni les uns ni les autres ne sont des démocrates. On ne peut pas l’être quand on est un ennemi des peuples en général et du « sien » en particulier. On ne peut pas consulter et faire confiance au peuple quand on le trahit, à moins d’y être obligé et de ne tenir aucun compte de son avis s’il ne convient pas. Le caractère intrinsèquement antidémocratique des euro-mondialistes a été démontré à l’occasion des référendums français (ils sont passés outre), irlandais (ils ont fait revoter), suisse (ils ont abreuvé les Suisses d’insultes), grec (ils l’ont fait annulé sitôt qu’il a été annoncé). En fait, le mondialisme dans un monde divers et monétaire est par essence dictatorial (= Extrême Droite : voir section suivante). Mais, dans sa phase de construction, donc de destruction des nations, il a besoin de la caution des peuples qui seule lui confère une légitimité ; il a besoin que les peuples, encore trop forts, forgent eux-mêmes leurs chaînes. Il conserve donc les formes déjà illusoires de la pseudo démocratie représentative, s’assure des suffrages par le matraquage médiatique et passe en force en dernière instance. De toute façon, les peuples n’élisent pas plus les véritables décideurs qu’ils ne peuvent empêcher les décisions prises de suivre leur cours. C’est une démocrature sous un vernis de démocratie si fin qu’il est totalement insignifiant ; on pourrait appeler cela une « dicrature ».

Enfin, sur la question de la guerre, les mondialistes « de gauche », portés par l’amour des autres et la haine des leurs, soutiennent tantôt la colonisation des sauvages (pour leur apporter la civilisation) tantôt la collaboration avec l’envahisseur (la guerre, c’est mal ; les ennemis sont des hommes, des frères ; la France ne vaut pas la peine d’être défendue). Les mondialistes de droite, eux, dirigés par l’appât du gain, soutiennent tantôt la conquête (aubaine pour les profiteurs de guerre) tantôt la capitulation (la guerre chez soi, c’est mauvais pour les affaires). Les uns et les autres ont donc, une fois de plus, la même attitude et des mobiles différents. Mais, à force de marcher sur le même chemin et dans la même direction, ils deviennent compagnons de (dé)route. Aujourd’hui, tous soutiennent les guerres d’ingérence soi-disant entreprises pour apporter la démocratie aux musulmans (néo-colonialisme) et organisent l’invasion pacifique (pour combien de temps encore ?) de l’Occident, qui pour briser les nations et affaiblir les travailleurs locaux, qui pour pouvoir collaborer avec les immigrés transformés en ennemis à force d’être considérés comme « autres ».

Une dernière remarque sur la Droite mondialiste, individualiste et apatride : elle est représentée par des partis qui font tout sauf de la politique. En effet, on ne peut pas dire que travailler à la destruction de la nation, de la cité, de la polis soit faire de la politique. Il y a une différence entre diverger sur la façon d’organiser la société et chercher à l’anéantir par tous les moyens. Ici, il ne s’agit plus d’opinions, lesquelles doivent être libres, mais de haute trahison, laquelle est punie de mort dans tout état qui se respecte.

Sous la Révolution, la tendance mondialiste de droite fut représentée par les Girondins, défenseurs de la haute bourgeoisie, qui voulaient municipaliser le monde et lancèrent la croisade pour la Liberté afin de remplir le Trésor et rehausser l’assignat. Le mondialisme « de gauche », lui, fut essentiellement incarné par un homme, Anacharsis Clootz, autoproclamé Orateur du genre humain, héraut de la République universelle. Robespierre le dénonça en ces termes : « Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen Français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. Eh ! s’il eût été bon Français, eût-il voulu que nous tentassions la conquête de l’Univers ?… Eût-il voulu que nous fissions un département français du Monomotapa ? Eût-il voulu que nous déclarassions la guerre à toute la terre et à tous les élémens ? » (12 décembre 1793) Clootz n’était pas français, mais allemand. Sous la Révolution, les étrangers poussèrent souvent à la guerre, ce qui les fit regarder d’un mauvais œil par les révolutionnaires.

Cette remarque amène à souligner que la collusion presque systématique entre mondialistes et immigrés résulte d’une converge d’intérêts immédiats malgré des conceptions de leurs intérêts respectifs diamétralement opposées. Quand les premiers ouvrent la porte, les seconds s’y engouffrent naturellement et naïvement. Les premiers trahissent les leurs et la nation, au nom des autres et des immigrés, parce qu’ils sont individualistes et soi-disant universalistes ; les immigrés leur emboîtent le pas parce qu’ils sont, eux, communautaristes. Ces derniers ne trahissent pas la nation : ils servent leurs congénères, voire leur nation d’origine (5). Mais cette attitude produit l’effet inverse à celui désiré. En adoptant la ligne des traîtres, ils passent eux-mêmes pour tels ; en exigeant le respect au lieu de le mériter, en ajoutant l’arrogance à l’intrusion, en jouant l’antiracisme d’un côté, la solidarité raciale de l’autre, en amalgamant et stigmatisant eux-mêmes les immigrés (qui souvent tombent dans le piège), ils suscitent à leur encontre une défiance légitime et une exaspération croissante.

Aujourd’hui, la Droite mondialiste est sans conteste incarnée par l’UMP, à droite, les valets Largent,  et le PS, à « gauche », les chantres de l’Humanité (6). Le MODEM, dit le centre, est fatalement du même tonneau, en plus indécis. Tous sont immigrationnistes et capitalo-libéraux (voir plus bas), donc mondialistes, donc individualistes, donc apatrides, donc anti-nationaux, donc anti-peuple, donc européistes, donc anti-démocrates (ou démocrates de façade). Ce sont tous des bourgeois, des profiteurs, des pervers, des couilles molles, des comédiens, des capitulards, des défaitistes ou des va-t-en-guerre, c’est selon.

Les Verts, universalistes hystériques au nom de la planète, sont la charnière entre la Droite mondialiste et l’Extrême droite.

A suivre....

 

NOTES

(1) Les accents universalistes de la Révolution n’étouffèrent jamais le bon sens des révolutionnaires. Ils parlaient de « droits naturels », mais ne confondaient pas les hommes en général avec les citoyens, de sorte qu’ils ne reconnaissaient pas aux étrangers les droits du citoyen. L’Egalité ne concernait, de fait, que les citoyens.

(2) Constitution de 1793.  Des rapports de la République française avec les nations étrangères, article 118 à 121 : « Le Peuple français est l'ami et l'allié naturel des peuples libres. — Il ne s'immisce point dans le gouvernement des autres nations ; il ne souffre pas que les autres nations s'immiscent dans le sien. — Il donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. - Il le refuse aux tyrans. — Il ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. »

(3) L’individualisme au masque humaniste anéantit l’Egalité (du moins l’espoir de l’instaurer) en la privant de cadre sous prétexte d’élargir son champ, un peu comme on démoule un Flamby. Il est donc cocasse que le leader actuel de la mouvance politique à laquelle ce caractère donne lieu ait précisément ce surnom, Flamby.

(4) Dernière salade en date : le droit de vote des étrangers, insulte au bon sens et renversement de tous les Principes. Cette mesure en apparence pro-immigrés dénote en réalité un manque total de respect envers eux. En les dispensant de tout effort d’intégration, en leur donnant tout en échange de rien, en les encourageant à demeurer ce qu'ils sont, elle fera d’eux d’éternels étrangers. Pire ! En validant des revendications et des attitudes scandaleuses, elle les transforme en ennemis. Ceux qui soutiennent cette disposition viendront ensuite accuser les Français de racisme, de xénophobie, de stigmatisation à l’encontre des immigrés qu’ils auront eux-mêmes discrédités. Ce sont les mêmes qui ont rejeté la politique d'assimilation et conspué le concept d'identité nationale, qui déclarent qu'être français ne veut rien dire et accordent la nationalité française au premier venu, et qui insultent les Français qui, en toute logique, ne voient dans les immigrés nés en France ou naturalisés que des Français de papier.

(5) Ex-ministre délégué à la promotion de l’Egalité des chances sous Sarkozy, chercheur au CNRS (université Rennes-II), Azouz Begag se signale régulièrement par des propos qui, venant d'un Français « de souche », seraient de la pure trahison. « Le meilleur moyen de servir les intérêts de l’Algérie est de former et soutenir une nouvelle génération d’hommes politiques issus de l’immigration algérienne en France, afin de les propulser à l’Assemblée nationale où ils pourront voter des lois favorables à l’Algérie ! » (El-Khabar, 31 octobre 2010) Deux semaines plus tard, dans le Monde, il eut le front de blâmer le gouvernement de ne pas faire place aux hommes issus de l'immigration en déplorant que la «diversité» en politique ne s’incarne qu’au travers de femmes d’origine immigrée qui « ont une meilleure image que les hommes ».

(6) Les socialistes qui invoquent régulièrement Jean Jaurès rejettent Robespierre à l’instar des contre-révolutionnaires. Ce faisant, ils renient leur héritage, ils révèlent leur trahison. Car, depuis la Révolution, la Gauche et les hommes qui s’en réclament à tort ou à raison se sont toujours reconnus dans Robespierre. Dans son Histoire socialiste de la Révolution, Jean Jaurès déclara : « Ici, sous ce soleil de juin 93 qui échauffe vôtre âpre bataille, je suis avec Robespierre, et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux Jacobins. » (Tome VI, Le Gouvernement révolutionnaire, Messidor, 1986, p. 193, 194) C’est sans ambiguïté. Il est tout aussi clair que les « socialistes » actuels ont viré de bord sans changer de nom. Alors de quel bord sont-ils ? Ils ont épousé la cause de la Droite mondialiste dont ils sont un des deux visages.

09:17 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer |