RÉFLEXIONS SUR LE ROYALISME (mardi, 20 octobre 2015)

La royauté a eu ses vertus à une époque. Mais cette époque est révolue. Les royalistes actuels vivent dans le fantasme ; ils croient au prince charmant. Qui pourrait prétendre aujourd’hui au trône de France ? Qui aurait la légitimité pour s’y asseoir et s’y maintenir ? Et surtout, de quelle légitimité aurait-il besoin ? Personne n’accepterait la fable du droit divin à propos d’un roi restauré par la grâce du peuple. Car, que les royalistes aient un seul ou plusieurs candidats à proposer, il faudrait soit que le peuple tranche, soit qu’il le plébiscite. Ce ne serait donc pas en premier lieu un roi de droit divin, comme en rêvent les royalistes, mais une sorte de président à vie, que toute trahison envers le peuple délégitimerait, ce qui n’est pas du tout la conception que les royalistes se font de la royauté. Si l’on suppose maintenant un roi qui n’aurait, comme dans toutes les monarchies actuelles, qu’une fonction symbolique (symbole d’unité nationale), tandis que le véritable pouvoir demeurerait entre les mains d’élus, qu’y aurait-il de changé fondamentalement ? qu’apporterait de plus ce système ? Est-ce seulement le système désiré par les royalistes ? Et cette royauté s’accompagnerait-elle de l’instauration d’une noblesse, voire de la restauration de l’ancienne noblesse ? Qui accepterait pareille chose, qui ne serait que l’ajout d’une oligarchie à une autre ? Les royalistes qui, pour beaucoup, n’ont pas d’ascendances « nobles », tempêtent contre un système faussement démocratique dans lequel des élus confisquent la souveraineté ; ils ne risquent pas d’apprécier l’érection d’une classe dont les privilèges et les abus inévitables seraient justifiés par la naissance, c’est-à-dire par rien. 

Ainsi, les royalistes purs et durs, qui rêvent d’une royauté de droit divin et héréditaire, peuvent attendre ; et les royalistes modérés, qui conspuent la république parce qu’ils croient que les vices du système tiennent à son nom et aux hommes qui l’incarnent, en proposent un qui, au mieux, ne serait pas pire que celui qu’ils rejettent et qu’ils auraient tôt fait de détester.

Un système monétaire est par nature inégalitaire, donc oligarchique, et toute oligarchie est antidémocratique et antinationale, puisque on ne peut sérieusement être contre le peuple et pour la nation qu’il constitue. (Quand ils s’en parent, le nationalisme ou le patriotisme des oligarques n’est qu’une façade ; ils ne voient alors dans la nation, dans le pays, dans la patrie, dans le peuple, qu’un pré carré qu’ils défendent pour préserver ou assouvir leurs intérêts et non pour œuvrer dans l’intérêt commun.) Et le système monétaire génère et alterne entre deux oligarchies : l’oligarchie aristocratique (celle des soi-disant nobles) et l’oligarchie ploutocratique (celle des riches). La première tient son pouvoir de la force qui lui procure l’argent ; la deuxième tient sa force de l’argent qui lui procure le pouvoir. Quand une oligarchie n’écrase pas l’autre, elles cohabitent et s’entendent comme larrons en foire. Or, ce que la plupart des royalistes honnissent dans le système politique actuel, c’est son caractère à la fois oligarchique et ploutocratique qui se retrouverait dans celui qu’ils imaginent, parce que ce caractère dépend moins des hommes en place que de la nature profonde du système. Et ce système, quoi qu’on en dise, est de nature monétaire.

C’est donc se tromper de combat que de lutter pour un changement politique, quel qu’il soit (monarchique, démocratique, etc.), si l’on désire un véritablement changement, un changement en profondeur, un changement positif dans l’intérêt de tous. Les vertus de tout système politique sont illusoires dans un système monétaire aux vices intrinsèques. L’ennemi est et a toujours était Largent. Il doit être combattu au nom de l’Égalité et de la patrie. Il était invincible à l’ère agricole et artisanale qui a vu prospérer l’oligarchie aristocratique. Il était invincible encore à l’ère industrielle qui a vu prospérer l’oligarchie ploutocratique. Il est désormais vulnérable et condamné à mort à l’ère informatique qui verra triompher le peuple et la véritable démocratie.

11:49 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |