MÉLENCHON ET ROBESPIERRE (mercredi, 30 mars 2016)

Robespierre était un homme du XVIIIe siècle. Aussi révolutionnaire qu’ait été sa pensée, elle avait les limites de son temps. L’adopter aujourd’hui, sans rien y changer, serait avoir deux siècles de retard. Mais alors, la question se pose : que serait devenu le robespierrisme, quelles seraient les positions de Robespierre face aux problèmes actuels ? Au vrai, il est impossible de le savoir avec certitude. Et ce pour deux raisons : 1) Ses idées auraient sans doute évolué sur certains points (lesquels et dans quel sens ?) ; 2) Certains problèmes sont apparus depuis sur lesquels il ne s’est donc jamais exprimé. Ceci étant, Robespierre était un homme de principes et il n’aurait pas changé du tout au tout. Il était et serait encore le champion de l’Égalité (ou de moins d’inégalités), de la Liberté, de la nation, de la souveraineté du peuple et de la non-ingérence ; il était et serait encore le pourfendeur des tartuffes, des traîtres et des tyrans sous quelque masque qu’ils se couvrent.

Et parmi ces tartuffes figure assurément Mélenchon. La principale raison qui me fait dire cela est que Mélenchon est un immigrationniste sous prétexte d’universalisme, donc un idiot utile du capitalisme et de l’euro-mondialisme dont il prétend être l’adversaire. Quoi qu’il dise par ailleurs, ce seul point ruine tout. On n’est pas, comme l’était Robespierre, le champion du peuple et du progrès social quand on cautionne la destruction du peuple et de la société par l’immigration.

L’immigration

A Nadine Morano qui rappelle que la France est un pays de race blanche, Mélenchon répond que ceci est une « énormité », que la « La France est une nation universaliste ». Oui, la France n’est pas une nation racialiste ; elle est contractuelle. N’importe qui, quelles que soient ses origines, peut devenir français sous certaines conditions. Ceci n’enlève rien au fait que les Français sont en premier lieu des Européens, des blancs, que la présence de gens de couleur en France est très récente et due à l’immigration extra-européenne imposée d’abord par le patronat et justifiée et encouragée ensuite par l’antiracisme. Jamais Robespierre n’aurait nié des telles évidences. Jamais Robespierre n’aurait, comme Mélenchon, cautionné la fabrique à Français de papier (pour lui, Mélenchon, être français, c’est avoir une carte d’identité française, donc sans conditions).

Il est vrai que, dans son discours de mars 1791 contre le marc d’argent (exigé pour être électeur), Robespierre déclarait : « Tous les hommes nés et domiciliés en France sont membres de la société politique qu’on appelle la nation française, c’est-à-dire citoyens français ». Cette conception était commune à tous les révolutionnaires. Mais ces hommes du XVIIIe siècle raisonnaient d’après la France qu’ils avaient sous les yeux, dans laquelle la plupart des hommes naissaient, vivaient, travaillaient et mourraient quasiment à l’endroit qui les avait vus naître. L’immigration était infinitésimale et les immigrés ne recevaient aucune aide, ils pourvoyaient eux-mêmes à leurs besoins, soit par leur travail, soit par leur fortune personnelle. De manière générale, ils ne posaient pas de problèmes et ne constituaient pas un sujet de débat. Jamais Robespierre n’aurait imaginé l’immigration qui, sous sa forme actuelle, est une véritable invasion ; jamais il n’aurait considéré de la même manière un phénomène marginal et une déferlante continue. Pour cet adepte de Rousseau, l’immigration massive et imposée serait évidemment une violation, et par ses promoteurs et par ses acteurs, du Contrat social d’après lequel la société est une association libre et volontaire entre citoyens et implique entre eux un consentement mutuel. Les Français ne sont en rien associés aux immigrés quand l’immigration est organisée non seulement sans leur avis mais contre leur gré (d’où l’institutionnalisation de l’antiracisme pour les matraquer, les culpabiliser et les faire taire à défaut d’accepter). Et que dire de l’immigration clandestine dont le premier acte consiste à bafouer la souveraineté nationale, en pénétrant illégalement sur le territoire ? Robespierre, le légaliste, aurait sans doute fait montre de compréhension vis-à-vis des immigrés, il aurait sans doute conseillé de les éconduire avec humanité, mais il n’aurait eu aucune indulgence pour les immigrationnistes qui instrumentalisent les immigrés, tantôt pour le profit, tantôt pour se prévaloir de leur humanité.

« L’humanité consiste surtout à aimer la patrie et à faire le bien des hommes, et non à sacrifier l’intérêt de la société entière à celui d’un particulier. » (23 août 1790) Celui qui a théorisé la Terreur pour sauver la patrie en danger et écraser « le parti de l’Étranger » n’aurait sans doute pas était de ceux qui mettent aujourd’hui la patrie en danger au nom de l’Étranger. Il n’était pas de ceux qui se pâment devant les étrangers, pour qui être étranger, donc immigré, est en soit une qualité et une vertu révolutionnaire. On peut en juger d’après son discours du 12 décembre 1793, aux Jacobins, au terme duquel il obtint l’expulsion d’Anacharsis Clootz, autoproclamé Orateur du genre humain :

« Pouvons-nous regarder comme patriote un baron allemand ? Pouvons-nous regarder comme sans-culotte un homme qui a plus de cent mille livres de rente ? Pouvons-nous croire républicain l’homme qui ne vit qu’avec les banquiers, les contre-révolutionnaires ennemis de la France ? non, Citoyens, mettons-nous en garde contre les étrangers qui veulent paraître plus patriotes que les Français eux-mêmes. […] Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. […] Citoyens, regarderez-vous comme patriote un étranger qui veut être plus démocrate que les Français et qu’on voit tantôt au Marais, tantôt au-dessus de la Montagne ? car jamais Cloots ne fut à la Montagne ; il fut toujours au-dessous ou au-dessus. Jamais il ne fut le défenseur du peuple français mais celui du genre humain. »

Et Marc-Antoine Jullien, l’agent du Comité en mission à Bordeaux, ne disait pas autre chose : « Bordeaux est un foyer de négociantisme et d'égoisme. Là où il y avait beaucoup de gros commerçans, il y avait beaucoup de fripons, et la liberté n'y pouvait guère établir son empire dont la vertu est la base ; là où il y avait beaucoup de riches, le pauvre était pressuré par eux, et l'égalité ne pouvait de long-tems être connue ; là où n'était que la soif de l'or, on ne pouvait guère affermir dans les cœurs l'amour de la patrie. Le mot, humain, absorbait tout, et les différens intérêts privés étouffaient l'intérêt public. » (Lettre à Saint-Just, 11 juin 1794/)

Le slogan du parti de Mélenchon, le Front soi-disant de Gauche, n’est-il pas « L’Humain d’abord ! » ? Ce slogan aurait été pour Robespierre celui d’un traître au peuple français, au moins d’un tartuffe. Que les principes (sociaux) soient universels est une chose ; que l’universalisme serve à nier la patrie et à détruire la société elle-même (au profit de qui ? de quoi ?) en est une autre. Robespierre n’avait pas ce travers. C’est sur son rapport du 25 décembre 1793 sur les principes du gouvernement révolutionnaire que la Convention chassa de son sein tous les députés d’origine étrangère et qu’elle exclut, le lendemain, tous les étrangers des fonctions publiques. Robespierre ne reconnaissait pas aux étrangers de droits politiques. Mélenchon est favorable au droit de vote des étrangers…

Mélenchon ne peut pas « survivre quand il n’y a que des blonds ». Il déclare que « la France n’a pas d’avenir sans les Arabes ». Saint-Just, lui, écrivait à Robespierre : « Ne croyons pas les charlatans cosmopolites, et ne nous fions qu’à nous-mêmes » (14 décembre 1793).

Dieu et la religion

Faut-il également rappeler à Mélenchon, le « bouffeur de curés », que Robespierre fut toujours le défenseur des prêtres (surtout du bas clergé) au temps de la puissance de l’Église, quand lui tire sur l’ambulance ? que, pour stopper la déchristianisation et les persécutions religieuses, il fit confirmer la liberté de culte (6 décembre 1793) ? que Robespierre, loin d’être athée, avait proclamé qu’il croyait en Dieu, à la face des Girondins qui lui en faisaient le reproche (26 mars 1792), et fit décréter que « le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalité de l’âme » (18 floréal an II - 7 mai 1794) ? qu’il fit, le soir même, rejeter l’idée, inspirée par Rousseau, que les athées soient bannis de la République ? qu’il s’opposa jusqu’à son dernier souffle à Cambon et à son idée fixe de supprimer les fonds affectés au culte catholique (8 thermidor) ? Robespierre n’était pas franc-maçon et ne serait pas devenu un laïcard !

Trois interventions sont remarquables sur ce sujet : sa réponse à Guadet, le 26 mars 1792, son discours du 18 floréal et un discours du 21 novembre 1793 dont voici quelques extraits :

« On a supposé qu’en accueillant des offrandes civiques, la Convention avait proscrit le culte catholique. Non, la Convention n’a point fait cette démarche téméraire. La Convention ne la fera jamais. Son intention est de maintenir la liberté des cultes qu’elle a proclamée et de réprimer en même temps tous ceux qui en abuseraient pour troubler l’ordre public ; elle ne permettra pas qu’on persécute les ministres paisibles du culte, et elle les punira avec sévérité toutes les fois qu’ils oseront se prévaloir de leurs fonctions pour tromper les citoyens et pour armer les préjugés ou le royalisme contre la République. […] Il est des hommes […] qui, sous le prétexte de détruire la superstition, veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même. Tout philosophe, tout individu, peut adopter là-dessus l’opinion qui lui plaira. Quiconque voudrait lui en faire un crime est un insensé ; mais l’homme public, mais le législateur, serait cent fois plus insensé, qui adopterait un pareil système. La Convention nationale l’abhorre. La Convention n’est point un faiseur de livres, un auteur de systèmes métaphysiques ; c’est un corps politique et populaire, chargé de faire respecter, non seulement les droits, mais le caractère du peuple français. Ce n’est point en vain qu’elle a proclamé la Déclaration des droits de l’homme en présence de l’Être suprême. On dira peut-être que je suis un esprit étroit, un homme à préjugés ; que sais-je, un fanatique. J’ai déjà dit que je ne parlais ni comme un individu, ni comme un philosophe systématique, mais comme un représentant du peuple. L’athéisme est aristocratique ; l’idée d’un grand être qui veille sur l’innocence opprimée, et qui punit le crime triomphant, est toute populaire. Le peuple, les malheureux m’applaudissent ; si je trouvais des censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les coupables. J’ai été, dès le collège, un assez mauvais catholique ; je n’ai jamais été ni un ami froid, ni un défenseur infidèle de l’humanité. Je n’en suis que plus attaché aux idées morales et politiques que je viens de vous exposer. Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » (21 novembre 1793)

De même que certains qui se réclament du Christ le crucifieraient de nouveau s’il se présentait, Mélenchon se réclame de Robespierre, alors qu’il abreuverait d’insultes quiconque tiendrait, comme lui, le discours suivant :

« Invoquer le nom de la providence et émettre une idée de l’être éternel qui influe essentiellement sur les destins des nations, qui me paraît à moi veiller d’une manière toute particulière sur la révolution française, n’est point une idée trop hasardée, mais un sentiment de mon cœur, un sentiment qui m’est nécessaire. » (26 mars 1792)

Mais Mélenchon qui ne cesse de dénoncer les religieux, en particulier catholiques, ne voit aucun problème avec le voile islamique… Qu’une tradition étrangère et rétrograde, introduite en France par des immigrés dont la présence est imposée de force au peuple français qui, de surcroît, réprouve notoirement cette coutume, cela ne lui pose aucun problème ! Il ne voit pas en quoi cette coutume est une provocation et un trouble à l’ordre public ! Il ne voit pas en quoi ce prosélytisme politico-religieux est contraire aux valeurs de la République ! Il ne voit pas en quoi cette licence, qui procède du communautarisme ou l’engendre par la force des choses, est contraire à la tradition française (et universelle en réalité) d’assimilation ! Il ne le voit pas, parce que « sous le voile, l’immigré ». L’immigré sacré ! Mélenchon réserve ses foudres pour les Français qui ne consentent pas, comme Robespierre en son temps, à l’invasion et à la destruction de leur pays. Quoi que fassent les immigrés, Mélenchon et ses pareils, qui cautionnent leur venue et leur présence, en tirent le prétexte pour accabler les patriotes et exposer encore plus le pays à l’invasion et au chaos. Mais Robespierre lui répond : « S’il fallait choisir entre un excès de ferveur patriotique et le néant de l’incivisme, ou le marasme du modérantisme, il n’y aurait pas à balancer. Un corps vigoureux, tourmenté par une surabondance de sève, laisse plus de ressource qu’un cadavre. » (25 décembre 1793)  

Des citoyens armés

La raison d’être de la société est d’assurer au mieux la sécurité de ses membres contre tous périls extérieurs ou intérieurs. Elle doit donc mettre en œuvre des moyens à cette fin, mais quand ces moyens sont insuffisants ou défaillants, quand un citoyen qui devait être protégé est exposé à un danger, il a le droit de se défendre par tous les moyens à sa disposition. S’il échoue, la société doit le venger ; s’il réussit, elle doit le féliciter. C’est ce que proclamait Robespierre lui-même dans sa Déclaration des droits :

« Quand la garantie sociale manque à un citoyen, il rentre dans le droit naturel de défendre lui-même tous ses droits. » (21 avril 1793).

Robespierre allait même encore plus loin :

« Être armé pour sa défense personnelle est le droit de tout homme ; être armé pour défendre la liberté et l’existence de la commune patrie est le droit de tout citoyen. Ce droit est aussi sacré que celui de la défense naturelle et individuelle dont il est la conséquence, puisque l’intérêt et l’existence de la société sont composés des intérêts et des existences individuelles de ses membres. Dépouiller une portion quelconque des Citoyens du droit de s’armer pour la patrie et investir exclusivement l’autre, c’est donc violer à la fois et cette sainte égalité qui fait la base du pacte social, et les lois les plus irréfragables et les plus sacrées de la nature. » (décembre 1790)

Ainsi, Robespierre était favorable sinon au port du moins à la détention d’armes ; il aurait voulu en outre que tous les citoyens s’investissent dans la garde nationale qui n’est autre chose « que la nation armée pour défendre, au besoin, ses droits, sa liberté et sa sûreté. » (Ibid) « L’homme armé est le maître de celui qui ne l’est pas ; un grand corps armé, toujours subsistant au milieu d’un peuple qui ne l’est pas est nécessairement l’arbitre de sa destinée ; celui qui commande à ce corps, qui le fait mouvoir à son gré, pourra bientôt tout asservir. » (Ibid)

Les bourgeois ont bien compris qu’une garde nationale est pour eux un contre-pouvoir, qu’ils doivent soient en réserver l’accès à des bourgeois, soit en disposer (via son organisation), soit dissoudre une pareille institution. Le droit d’être armé et la formation d’une garde véritablement nationale et indépendante sont des idées toutes populaires. Robespierre les a défendues. Les gauchistes d’aujourd’hui sont contre. Même se défendre avec succès à main nue est devenu un crime à leurs yeux. Malgré l’insécurité qui pèse de plus en plus sur les personnes et le pays, du fait de l’immigration, Mélenchon taxerait à coup sûr de fasciste quiconque inviterait les Français à s’armer et proposerait de créer une garde nationale.

Les Lumières

Mélenchon se revendique aussi des Lumières, c’est-à-dire des Encyclopédistes et de Voltaire, champions de l’ordre bourgeois et de l’argent roi, alors que Robespierre, qui était rousseauiste, c’est-à-dire tout le contraire, les a fustigées dans son discours du 18 floréal (7 mai 1794) :

« Dès longtemps les observateurs éclairés pouvaient apercevoir quelques symptômes de la Révolution actuelle. Tous les événements importants y tendaient ; les causes mêmes des particuliers susceptibles de quelque éclat s’attachaient à une intrigue politique. Les hommes de lettres renommés, en vertu de leur influence sur l’opinion, commençaient à en obtenir quelqu’une dans les affaires. Les plus ambitieux avaient formé dès lors une espèce de coalition qui augmentait leur importance ; ils semblaient s’être partagés en deux sectes, dont l’une défendait bêtement le clergé et le despotisme. La plus puissante et la plus illustre était celle qui fut connue sous le nom d’encyclopédistes. Elle renfermait quelques hommes estimables et un plus grand nombre de charlatans ambitieux. Plusieurs de ces chefs étaient devenus des personnages considérables dans l’État. Quiconque ignorerait son influence et sa politique, n’aurait pas une idée complète de la préface de notre Révolution. Cette secte, en matière politique, resta toujours au-dessous des droits du peuple : en matière de morale, elle alla beaucoup au-delà de la destruction des préjugés religieux. Ses coryphées déclamaient quelquefois contre le despotisme, et ils étaient pensionnés par les despotes ; ils faisaient tantôt des livres contre la Cour, et tantôt des dédicaces aux rois, des discours pour les courtisans, et des madrigaux pour les courtisanes ; ils étaient fiers dans leurs écrits, et rampants dans les anti-chambres. Cette secte propagea avec beaucoup de zèle l’opinion du matérialisme qui prévalut parmi les grands et parmi les beaux esprits. On lui doit en grande partie cette espèce de philosophie pratique qui, réduisant l’égoïsme en système, regarde la société humaine comme une guerre de ruse, le succès comme la règle du juste et de l’injuste, la probité comme une affaire de goût ou de bienséance, le monde comme le patrimoine des fripons adroits. J’ai dit que ses coryphées étaient ambitieux ; les agitations qui annonçaient un grand changement dans l’ordre politique des choses, avaient pu étendre leurs vues. On a remarqué que plusieurs d’entre eux avaient des liaisons intimes avec la maison d’Orléans, et la constitution anglaise était, suivant eux, le chef-d’œuvre de la politique et le maximum du bonheur social.

» Parmi ceux qui, au temps dont je parle, se signalèrent dans la carrière des lettres et de la philosophie, un homme [Rousseau. Ndla], par l’élévation de son âme et par la grandeur de son caractère, se montra digne du ministère de précepteur du genre humain. Il attaqua la tyrannie avec franchise ; il parla avec enthousiasme de la divinité ; son éloquence mâle et probe peignit en traits de flamme les charmes de la vertu ; elle défendit ses dogmes consolateurs que la raison donne pour appui au cœur humain. La pureté de sa doctrine, puisée dans la nature et dans la haine profonde du vice, autant que son mépris invincible pour les sophistes intrigants qui usurpaient le nom de philosophes, lui attira la haine et la persécution de ses rivaux et de ses faux amis. Ah ! s’il avait été témoin de cette révolution dont il fut le précurseur, et qui l’a porté au Panthéon, qui peut douter que son âme généreuse eût embrassé avec transport la cause de la justice et de l’égalité ! Mais qu’ont fait pour elle ses lâches adversaires ? Ils ont combattu la Révolution, dès le moment qu’ils ont craint qu’elle n’élevât le peuple au-dessus de toutes les vanités particulières ; les uns ont employé leur esprit à frelater les principes républicains et à corrompre l’opinion publique ; ils se sont prostitués aux factions, et surtout au parti d’Orléans ; les autres se sont renfermés dans une lâche neutralité. Les hommes de lettre en général se sont déshonorés dans cette Révolution ; et à la honte éternelle de l’esprit, la raison du peuple en a fait seule tous les frais. »

Le capitalo-libéralisme

Les Lumières, c’était aussi les physiocrates, c’est-à-dire les partisans de ce que nous appelons aujourd’hui l’ultra-libéralisme, que Mélenchon sert en dernière analyse, et qui, sous la Révolution, furent incarnés par la plupart des constituants (ligne Le Chapelier) et, ensuite, par les Girondins que Robespierre n’eut de cesse de combattre. A cette époque, le blé et les subsistances étaient un enjeu majeur. C’est à leur sujet que les physiocrates prônaient la libre circulation, c’est-à-dire la liberté de spéculer, donc d’affamer le peuple. Leur slogan fallacieux : « Laissez-faire, laissez-passer ». Le peuple était donc affamé, mais la ligne de toutes les Assemblées, hormis la période 1793-1794, marquée par Robespierre, peut être résumée par ce mot de Rolland, ministre de l’Intérieur : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire » (19 novembre 1792). Au siècle suivant, Guizot disait plus clairement : « Enrichissez-vous ! » La libre circulation des subsistances, des marchandises, des capitaux, puis des travailleurs, puis des hommes a toujours été prônée par les capitalistes dans l’intérêt du capital. Les immigrationnistes qui ne voient que l’aspect humain (tout en déshumanisant les hommes qui n’ont a leur yeux aucune caractéristique propre, qui sont interchangeables à l’instar d’objets) sont soit des escrocs soit des idiots ! J’ai montré que Robespierre ne serait sans doute pas tombé dans le piège de l’immigrationnisme, lui qui ne s’était déjà pas laissé séduire par les sirènes de l’ultra-libéralisme. Dans un premier temps, il dénonça l’hypocrisie de la doctrine de la libre circulation qui, au nom de la Propriété, était précisément le prétexte pour retenir et accaparer les grains afin de faire montrer les prix. Il distinguait les subsistances, essentielles à la survie et sur lesquelles la société doit avoir un droit de regard, des marchandises en général qui peuvent être abandonnées au marché. Il proposait deux mesures : « prendre les précautions nécessaires pour constater la quantité de grain qu’a produite chaque contrée, et celle que chaque propriétaire ou cultivateur a récoltée. […] forcer les marchands de grains à les vendre au marché, et à défendre tout transport des achats durant la nuit. » (2 décembre 1792) Il ne s’est plus exprimé par la suite sur le sujet, mais quand, par la force des choses, des mesures furent prises contre l’accaparement et, peu après, pour la taxation (maximum des prix), il ne s’y opposa pas ; il était favorable aux premières et, à titre provisoire seulement, aux secondes. Quoi qu’il en soit, Robespierre n’était donc pas un émule des Lumières, et il est probable que Mélenchon applaudit Robespierre en la matière… Mais alors comment Mélenchon peut-il se revendiquer des Lumières ?

Le communisme

Robespierre n’avait pas de système économique à proposer, et les communistes croient qu’il aurait fini par combler ce vide en se ralliant au leur. Mais il n’était pas, ne pouvait pas être et ne serait sans doute pas devenu communiste, au sens de collectiviste. Je ne sais ce qu’il en est exactement de Mélenchon dans ce domaine, mais si besoin est, voici ce que Robespierre écrivait dans son journal Le Défenseur de la Constitution en juin 1792 :

« Qu’il [le peuple] juge entre nous et nos ennemis, qu’il juge entre l’humanité et ses oppresseurs. Tantôt ils feignent de croire que nous n’agitons que des questions abstraites, que de vains systèmes politiques ; comme si les premiers principes de la morale, et les plus chers intérêts des peuples n’étaient que des chimères absurdes et de frivoles sujets de dispute ; tantôt ils veulent persuader que la liberté est le bouleversement de la société entière ; ne les a-t-on pas vus, dès le commencement de cette révolution, chercher à effrayer tous les riches, par l’idée d’une loi agraire, absurde épouvantail, présenté à des hommes stupides par des hommes pervers ? Plus l’expérience a démenti cette extravagante imposture, plus ils se sont obstinés à la reproduire, comme si les défenseurs de la liberté étaient des insensés capables de concevoir un projet également dangereux, injuste et impraticable ; comme s’ils ignoraient que l’égalité des biens est essentiellement impossible dans la société civile ; qu’elle suppose nécessairement la communauté qui est encore plus visiblement chimérique parmi nous, comme s’il était un seul homme doué de quelque industrie dont l’intérêt personnel ne fût pas contrarié par ce projet extravagant. Nous voulons l’égalité des droits parce que sans elle, il n’est ni liberté, ni bonheur social. » (7 juin 1792)

On ne peut affirmer que ce qui suit exprimait la pensée de Robespierre, c’est néanmoins probable. Pour lui, l’Égalité n’excluait pas la Liberté, même celle d’entreprendre ; elle n’excluait que la possibilité d’abuser, d’exploiter et d’affamer en son nom. Il n’était sans doute pas plus favorable que ses collègues du Comité de salut public aux régies, c’est-à-dire à ce que nous appellerions les entreprises nationalisées. Voici deux arrêtés aussi explicites que pertinents :

Le Comité (Carnot et C.-A. Prieur) écrit aux représentants à l’armée de l’Ouest qui ont remplacé le directeur de la fonderie d’Indret par un citoyen dont le civisme leur est connu. Il approuve cette mesure. « Nous vous observons cependant qu’on ne peut considérer ce mode que comme provisoire. Les régies en général ne conviennent point aux intérêts de la République : 1° parce que les régisseurs n’y apportent pas la même économie que des propriétaires ; 2° parce que l’expérience prouve que les perfectionnements dans les procédés s’y introduisent beaucoup plus tard, ou même ne s’y introduisent pas ; 3° parce que de pareils établissements sont entre les mains d’un ambitieux un moyen de puissance, qui peut être très dangereux pour la liberté de la nation. » (9 novembre 1793)

Le Comité (C.-A. Prieur), « considérant combien les régies nationales sont onéreuses aux intérêts de la République par le défaut d’économie, et combien elles sont défavorables au service, parce qu’elles ne livrent jamais à époques fixes ; considérant que les administrateurs des régies nationales s’occupent plus de leurs propres commodités et de l’embellissement des établissements que de l’activité des travaux et de la réalité des produits ; considérant que, dans les régies, les procédés nouveaux ne s’introduisent jamais, et que la perfection du travail ne fait aucun progrès ; considérant enfin que les régies nationales mettent à la disposition d’agents la nomination aux places, ce qui leur donne une puissance dangereuse dans un Etat démocratique », arrête de rendre à l’entreprise (c’est-à-dire aux soins de particuliers) les régies (fonderies) d’Albi et de Saint-Juéry. (14 avril 1794)

Largent, la limite de Robespierre, de la Révolution et de la Gauche

Je livre ici une analyse personnelle. Robespierre sentait d’instinct que le collectivisme tuerait la Liberté au nom de l’Égalité et déboucherait sur une tyrannie. Ses principes, qui sont ni plus ni moins que ceux de l’ordre social, condamnent donc le communisme. Mais, bien qu’il l’ait pressenti, il ignorait que Largent était la limite à ses idées qu’il réduisait au final à des vœux pieux. Pour aller plus loin, pour prôner autre chose que « moins d’inégalités », il aurait du remettre en cause Largent et donc proposer un système non-monétaire, fondé sur l’Égalité (en devoirs et en droits, dont le droit des citoyens d’accéder librement au marché du fait d’être citoyens) et le patriotisme. Mais les possibilités techniques (industrie, informatique) de mettre en œuvre un pareil système n’existaient pas au XVIIIe siècle et n’existent même que depuis peu. Robespierre était donc coincé et voué à l’échec. Largent devait gagner et c’est bien lui qui gagna. Son grand mérite fut cependant de n’avoir pas cédé à la démagogie et aux illusions, d’avoir porté les principes aussi haut que possible, de les avoir dénaturé le moins possible… permettant ainsi à d’autres d’en faire leur profit et de poursuivre son œuvre.

Dans son grand rapport, fait au nom du Comité de salut public, sur les principes de morale politique (17 pluviose - 5 février 1794), Robespierre a exposé ses conceptions et l’idéal de la Révolution française.

« Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté et de l’égalité ; le règne de cette justice éternelle, dont les lois ont été gravées, non sur le marbre ou sur la pierre, mais dans les cœurs de tous les hommes, même dans celui de l’esclave qui les oublie, et du tyran qui les nie.

» Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable, c’est-à-dire, toutes les vertus et tous les miracles de la République, à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie.

» Nous voulons, en un mot, remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l’humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime et de la tyrannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé, devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés, l’ornement de l’univers, et qu’en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir briller au moins l’aurore de la félicité universelle… Voilà notre ambition, voilà notre but. » (5 février 1794)

Au-delà de la beauté de ce discours et de ses nobles intentions, on voit qu’il n’y a rien de concret, que Robespierre n’a pas de programme économique. Je veux dire que Robespierre ne proposait pas un système en adéquation avec ses principes. Il aspirait à l’Égalité et à la démocratie dans un système monétaire par nature inégalitaire et ploutocratique, pour le moins oligarchique, ce dont il avait conscience quelque part. (« Quand leur intérêt [l’intérêt des riches et du gouvernement] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » Note de juin-juillet 1793) Ne remettant pas en cause le système monétaire, il était donc contraint de dénaturer ses propres principes pour les adapter à lui. Il était vaincu d’avance. (Peut-être le sentait-il et était-ce là la cause profonde de son pessimisme.) Ceux qui ne voient pas que Robespierre transigeait sans le savoir et en vain avec Largent, transigent comme lui, capitulent eux aussi devant Largent ; ils n’ont décemment aucun reproche à faire à Robespierre ni aucune leçon à donner ; ils ne peuvent pas faire mieux que lui, et beaucoup ont fait pire. Car si Robespierre ne savait pas comment renverser Largent et lui fit des concessions, au moins ne concéda-t-il rien sur les principes et ne céda-t-il pas à la tentation de proposer des systèmes contre-nature, contre la nature du système monétaire et la nature humaine, des systèmes égalitaristes, liberticides, catastrophiques et in fine tyranniques. Être lucide sur son impuissance (face à Largent) fut moins une faiblesse que sa grandeur.

COMPLÉMENT

Largent, toutefois, n’empêche pas un certain nombre de progrès sociaux, jusqu’à un certain point. Mais une fois ce point atteint, tout nouveau progrès se heurte aux lois de Largent et impose, pour avancer, de le renverser. Quiconque ne va pas jusque-là n’a dès lors que trois options : 1) se rallier purement et simplement à Largent, c’est-à-dire se convertir au capitalo-libéralisme, 2) faire comme si de rien n’était et prôner, face à la régression, le même genre de mesures sociales limitées et vaines que par le passé, 3) déserter le champ social et se faire néanmoins passer pour un progressiste en détruisant tout par ailleurs au nom d’un soi-disant progrès (déclaré, non-démontré et surtout contredit) et en ne servant en dernière analyse que les intérêts du capitalisme. Les socialistes et la « gauche » en général, qui ne méritent plus désormais le nom de gauche, au mieux celui de « gaucherie », ont choisi cette dernière option.

Comme on l’a vu plus haut, ils ont abandonné les travailleurs autochtones au profit des immigrés. De là leur renoncement à la France au nom de la République (et de « l’Europe »), leur baratin sur l’immigration « chance pour la France », sur le droit à la différence, sur l’antiracisme, sur la société multiculturelle, sur le métissage, etc. ; de là, aussi, leur baratin sur la parité, le mariage homosexuel, la théorie du genre (la négation des sexes sous prétexte d’Égalité), autant de thèmes que Robespierre n’a évidemment jamais traités et que Mélenchon qui se prétend robespierriste fait siens. Mais ses principes laissent assez voir qu’il les aurait tenus pour des aberrations, pour le moins.

La théorie du genre

Robespierre ne négligeait pas l’influence de la société sur les individus, mais il était clair, pour lui, que le genre humain est partagé entre les hommes et les femmes, que les hommes ne sont pas des femmes, ni les femmes des hommes, que la nature a créé cette distinction que la société ne saurait nier. Il n’aurait pas été de ceux qui prétendent que le caractère des hommes et celui des femmes n’est que le fruit d’un conditionnement social et qu’un même traitement en ferait des êtres pour ainsi dire neutres. Loin d’ailleurs de favoriser un traitement uniforme et aberrant, il était partisan d’un traitement distinct.

« Quelle est la forme d’habillement complet des enfants de l’un et l’autre sexe, le plus commode et le plus économique ? Il sera présenté deux modèles, l’un pour l’habillement des garçons, l’autre pour celui des filles. » (Plan d’éducation de Michel Le Peletier, lu par Robespierre le 13 juillet 1793)

Sur la Parité dans les élections

Impossible de savoir ce que Robespierre aurait pensé du droit de vote pour les femmes, mais il aurait assurément considéré comme contraire à tous les principes l’exigence de la parité homme-femme dans les élections, non qu’il soit injuste que des femmes puissent se présenter, mais parce qu’il est notoire qu’il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes en politique et que, par conséquent, réserver autant de places pour les unes que pour les autres est une distinction fondée sur le sexe en faveur des femmes et une injustice vis-à-vis des hommes de talents écartés de la course sans raison valable. Sans parler des difficultés artificielles créées aux partis comptant peu de femmes dans leurs rangs. Pour Robespierre, les citoyens prétendant à des fonctions publiques ne pouvaient être distingués que par leurs talents et leurs vertus.

« Tous les citoyens sont admissibles à toutes les fonctions publiques, sans aucune autre distinction que celle des vertus et des talents, sans aucun autre titre que la confiance du peuple. » (Art. 21 de sa Déclaration, lue au Jacobins le 21 avril 1793 et adoptée par eux à l’unanimité.)

Sur le mariage homosexuel

Pour Robespierre, la loi ne devait imposer (ou autoriser) que ce qui est utile à la société (citations ci-dessous). Outre que l’idée de mariages entre personnes de même sexe ne lui serait jamais venue à l’esprit, lui qui avait pourtant soutenu le droit des prêtres de se marier (31 mai et 22 juin 1790), il est vraisemblable qu’il l’aurait même trouvée contre-nature, non que l’homosexualité n’existe pas, mais elle n’est pas dans l’ordre naturel des choses, puisqu’elle est naturellement stérile. Le mariage, pour Robespierre, ne se concevait qu’entre un homme et une femme comme une institution sociale servant non seulement à consacrer l’union entre eux mais aussi à assurer un cadre aux enfants éventuels qui sont l’avenir de la société. Or les mariages homosexuels ne produisent pas d’enfants, ils n’ont aucune utilité pour la société. Pire ! en plaçant les couples homosexuels sur un pied d’égalité avec les couples hétérosexuels, la société pour qui la loi doit être la même pour tous, reconnaît aux premiers, à l’instar des seconds, le droit d’adopter des enfants, alors que, dans leur cas, c’est la nature elle-même qui leur a refusé la possibilité d’en avoir. S’ils n’en ont pas, ce n’est point ici un accident, mais la norme. Autrement dit, la société devrait violer les principes de la nature elle-même pour satisfaire, sans aucun intérêt pour elle, aux caprices de quelques individus. (« L’humanité consiste surtout à aimer la patrie et à faire le bien des hommes, et non à sacrifier l’intérêt de la société entière à celui d’un particulier. » 23 août 1790) Jamais Robespierre n’aurait soutenu une pareille hérésie ; nul doute qu’il l’aurait au contraire combattu de toutes ses forces. Mais Mélenchon est pour !

« Toutes les fonctions publiques sont d’institution sociale : elles ont pour but l’ordre et le bonheur de la Société ; il s’ensuit qu’il ne peut exister dans la société aucune fonction qui ne soit utile. » (31 mai 1790)

« L’utilité générale, dites-vous ! Mais est-il rien d’utile que ce qui est juste et honnête ? Et cette maxime éternelle ne s’applique-t-elle pas surtout à l’organisation sociale ? Et si le but de la société est le bonheur de tous, la conservation des droits de l’homme, que faut-il penser de ceux qui veulent l’établir sur la puissance de quelques individus, et sur l’avilissement et la nullité du reste du genre humain ? Quels sont donc ces sublimes politiques qui applaudissent eux-mêmes à leur propre génie, lorsque, à force de laborieuses subtilités, ils sont enfin parvenus à substituer leurs vaines fantaisies aux principes immuables que l’éternel législateur a lui-même gravés dans le cœur de tous les hommes ? » (discours contre le marc d’argent, mars 1791)

« La loi ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société ; elle ne peut ordonner que ce qui lui est utile. » (Déclaration, art. 17, 21 avril 1793)

« En fait de politique, rien n’est utile que ce qui est juste et honnête » (16 mai 1791)

« Dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique ; ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire. » (5 février 1794)

CONCLUSION

En adoptant ces positions, qui toutes, en dernière analyse, visent à détruire les derniers îlots de résistance naturelle au capitalisme et à accélérer la marchandisation du monde, Mélenchon qui sur certains sujets se tient bien, se fait le complice du capitalisme. Il n’est pas de ceux qui veulent ouvertement détruire la nation au nom de Largent (libre concurrence), mais de ceux qui la détruisent en premier lieu au nom de l’humanité (droits de l’homme).

« Les ennemis intérieurs du peuple français se sont divisés en deux factions, comme en deux corps d’armée. Elles marchent sous des bannières de différentes couleurs et par des routes diverses : mais elles marchent au même but. » (5 février 1794 – 17 pluviôse an II)

Mélenchon n’a finalement d’ennemi que le Front National (actuel), c’est-à-dire les patriotes français qui n’acceptent pas l’invasion et la destruction de leur pays, c’est-à-dire ceux qui, aussi bien sur le plan social que sur le plan politique, sont les plus proches des idées de Robespierre.

10:24 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |