LE DILEMME DES GILETS JAUNES (mardi, 27 novembre 2018)
DES REPRÉSENTANTS OU PAS ?
Des représentants servent à négocier et légitiment de facto la partie adverse.
Dans le cas du mouvement des Gilets jaunes se pose un premier problème, celui de la désignation de représentants : ils sont trop hétéroclites pour en avoir qui soient représentatifs, et trop désorganisés pour être capables d’en désigner. Le deuxième problème est que leurs revendications sont actuellement trop confuses pour être entendues par le pouvoir qui, lui, a donc besoin d’interlocuteurs faisant office de catalyseurs. Le troisième problème est que des porte-parole, dont on ne sait comment ils pourraient être désignés, auraient pour mission de négocier (sur quelle base, dans quelles limites ?) avec un pouvoir auquel le mouvement ne reconnaît plus aucune légitimité et dont il souhaite, comme préalable à toute chose, la démission pure et simple.
Il s’ensuit que le principe des porte-parole est à proscrire, mais que le pouvoir cherchera à en imposer d’une manière ou d’une autre pour reprendre la main et nous la faire à l’envers. Si ce dernier arrive à ses fins, c’en est fait des nôtres.
Il s’ensuit également que, pour pouvoir se passer de porte-parole, tout en ayant des chances de succès, les Gilets jaunes doivent d’eux-mêmes renoncer aux réclamations tous azimuts et aux chimères et s’unir autour de revendications simples, claires et non négociables. Or il en est une qui contient toutes les autres et pérenniserait leur victoire ; une seule dont il ne faut démordre à aucun prix.
Puisqu’ils se posent en contre-pouvoir et en souverain, ils doivent obtenir que le peuple soit enfin le véritable contre-pouvoir légal et le souverain qu’il est déjà sensé être d’après la constitution. Ils n’obtiendront pas la démission du gouvernement (il faut de l'honneur pour démissionner), mais ils peuvent obtenir, en maintenant voire en accentuant la pression, qu’il capitule sur le principe du Référendum d’Initiative Citoyenne ou Populaire, dont les résultats auraient force de loi. Arracher une telle mesure serait une victoire non seulement par rapport au gouvernement actuel mais par rapport à tous les gouvernements futurs. Un système qui prétend défendre la démocratie aurait d’ailleurs du mal à éluder cette demande éminemment démocratique, sans passer pour tyrannique ; les médias auraient du mal à la ridiculiser sans se ridiculiser eux-mêmes.
Que tous les Gilets jaunes s’emparent de cette revendication, qu’ils en fassent partout leur unique objectif, qu’ils la martèlent de toutes leurs forces, qu'ils ne lâchent rien sur ce point, et, quoique sans leaders, sans représentants, sans organisation, leur victoire est aussi certaine que le coin finit par fendre la bûche.
Salus populi suprema lex est.
LES GILETS JAUNES
13:50 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |