DE LA LEGITIME DEFENSE (vendredi, 08 avril 2011)

Hommage à René Galinier

 

Les individus se constituent en Société pour augmenter leurs chances de survie, donc leur sécurité, ce qui implique qu’ils aient les uns envers les autres un devoir de non-agression et d’assistance mutuelle. L’ennemi d'un seul est l’ennemi de tous. En revanche, cela n’interdit pas à chacun de défendre ses droits (en particulier ses biens et sa personne) par ses propres moyens quand il ne peut compter que sur lui-même. La Société est faite pour décupler la force des citoyens, non pour affaiblir par des lois iniques les individus plus qu’ils ne le seraient dans l’état de Nature où il n’y a pas de lois, où chacun se défend comme il peut.

Un agresseur rompt le pacte social (si tant est qu’il soit citoyen) : il est dans l’état de Nature vis-à-vis de sa victime qu’il plonge dans le même état vis-à-vis de lui, et ce tant que cette dernière ne peut compter sur le secours de la Société. Il a violé et anéanti toutes les lois : sa victime n’en a aucune à respecter envers lui. A chacun dès lors d’user des moyens dont il dispose pour repousser l’autre ou en venir à bout. Que le premier soit vainqueur ou vaincu (et vivant), il se retrouve face à la Société qu’il a trahie et dont il a agressé, voire tué, un membre. C’est assez dire qu’il sera poursuivi. Mais, s’il a péri, tant pis pour lui : son sort tragique n’intéresse pas la Société. Quant à sa victime qui l’a maîtrisé, repoussé ou même tué, la Société ne peut non seulement rien lui reprocher mais doit au contraire le féliciter d’avoir su défendre les droits qu’elle lui reconnaissait et de lui avoir conservé un citoyen qu’elle devait protéger.

Telles sont l’origine et les conséquences du Principe de légitime défense. La seule chose que la Société puisse et doive faire lorsqu’il est invoqué pour justifier une défense victorieuse est de vérifier les faits pour s’assurer que celui qui l’invoque défendait bel et bien ses droits qui étaient ou qu’il pouvait croire menacés et n’a pas au contraire provoqué l’agression dont il se dit victime ou attenté le premier aux droits de l’autre. (Durant cette enquête, l’intéressé doit être présumé innocent, laissé en liberté et protégé au besoin. Il sera toujours temps de mettre la main sur lui s’il s’avère être un assassin machiavélique. Il serait par contre odieux de traiter un innocent en coupable.) La loi doit se confondre avec le Principe et n’a pas à entrer dans d’autres considérations sous peine d’anéantir le Principe même.

Telle est en effet la conséquence désastreuse du concept de défense proportionnelle que seule une sensiblerie mal placée, une suffisance de bureaucrate et l’ignorance ou le mépris des Principes de l’ordre social ont pu faire concevoir. Car de quoi s’agit-il ? En apparence, d’autoriser les citoyens à se défendre dans certaines conditions, en fait, de leur interdire de se défendre puisque lesdites conditions ne sont jamais réunies. Au fond, ce concept qui en impose par sa formule ne repose que sur des sophismes.

Le premier d’entre eux est de considérer que la façon dont un citoyen se défend détermine s’il était ou non en état de légitime défense, alors que c’est la situation même dans laquelle il se trouvait au moment où il a été agressé dans sa personne ou seulement dans ses biens, qu’il se soit ensuite défendu ou non, qui le détermine.

Le deuxième est d’ignorer ou de négliger le fait qu’un citoyen agressé n’est plus dans l’état de Société mais dans l’état de Nature, avec tout ce que cela implique et que nous avons déjà exposé.

Le troisième est d’assimiler une agression à un duel sportif, puisque astreindre un citoyen agressé à n’employer pour sa défense que des moyens proportionnels à ceux de son agresseur revient à lui demander (et à ne demander d’ailleurs qu'à lui) de faire preuve de fair-play. Mais que vient donc faire le fair-play unilatéral dans cette affaire ? Au nom de quoi une victime devrait-elle laisser à son agresseur des chances de parvenir à ses fins ? Au nom de quoi une Société devrait-elle ménager des chances à ceux qui la bafoue aux dépens des citoyens qu’elle doit protéger ?

Le quatrième, qui rejoint le précédent, est d’avancer qu’il serait injuste qu’un citoyen se défende avec plus de puissance que son agresseur alors que la notion de juste n’existe pas dans l’état de Nature (dans lequel le citoyen se trouve par la faute de l’agresseur) et ne peut donc être invoquée contre lui par la Société après coup.

Le cinquième est de sous-entendre qu’un citoyen agressé et pris au dépourvu a le choix des moyens qu’il peut employer à sa défense, et que son agresseur lui laisse le temps de réfléchir, ce qui est manifestement ridicule.  

Le sixième est de prétendre qu’il peut exister une quelconque proportion de moyens entre une attaque surprise et une défense improvisée, alors que celui qui attaque, quels que soient ses moyens, a toujours sur celui qui se défend l’avantage incomparable de l’initiative, de sorte que ce dernier a rarement le dessus même s’il est théoriquement plus fort ou mieux armé. Autrement dit, la puissance réelle d’un même moyen varie selon qui l’utilise, quand et comment. Le concept de défense proportionnelle n’a donc aucun sens entre deux individus ; il en a encore moins, si cela est possible, entre groupes d’individus.

Le septième est de dénier aux citoyens agressés par des individus en apparence désarmés et non violents (par exemple des cambrioleurs) le droit de recourir contre eux à la violence, réponse qui, quelle que soit sa forme, sera jugée disproportionnée et qui est pourtant la seule qui puisse mettre un terme à l’agression en faveur du citoyen. La loi confère donc tous les droits à ce genre d’agresseurs et n’autorisent les citoyens qu’à les regarder faire, à se faire piétiner ou à s’enfuir. — Le paisible René Galinier était dans ce cas face à ses cambrioleuses. Il a entendu du bruit. Il a saisi son fusil. Il les a surprises. Il a tiré. Il a eu raison. Qu’aurait-il du faire d’autre ? S’excuser du dérangement, leur ouvrir la porte et les remercier de leur visite ?   

Le huitième est de considérer que la Société doit protéger tous ses citoyens, agresseurs compris, et doit donc empêcher les citoyens de les tuer en se défendant. Or des agresseurs ne sont plus citoyens — si tant est qu’ils l’aient été, ce qui n’est pas le cas des étrangers — puisqu’ils se sont mis eux-mêmes hors la loi. Leur mort, alors qu’ils attentaient aux droits de citoyens, ne devrait donc pas l’affliger outre mesure. D’autant plus que toute la protection qu’elle leur accorde, elle la retire à ses citoyens qu’elle protége déjà mal. En définitive, le sort des citoyens la préoccupe moins que celui des agresseurs, puisqu’il est pour ainsi dire normal que les premiers soient tués, mais immoral de tuer les seconds. — Dans le cas de René Galinier, ses agresseuses (un cambriolage est en soi vécu comme un viol) n’étaient même pas françaises. Or la moindre des choses, quand on est étranger et toléré, est de se conduire honnêtement. Mais qu’est-ce que l’honnêteté pour des Roms qui, à l’instar des gitans, ne travaillent pas, qui vivent de mendicité, d’assistanat, de vol, de coups de main et de trafics. Ceci n’est pas un cliché ; c’est leur mode de vie, un mode de vie qu’ils ont choisi et qu’ils revendiquent. Ces gens-là sont littéralement des parasites et des nuisibles. Il n’y a que Bobo-le-collabo pour l’ignorer, pour gober toutes leurs balivernes (Ils partent de Roumanie parce qu’ils ne trouvent pas de travail… comme s’ils en cherchaient  en France !) et s’émouvoir pour eux (Ha ! ils s’y entendent les "gites" pour faire pleurer le gogo !). En revanche, Bobo-le-collabo cherche des poux dans la tête du Français de 73 ans réveillé chez lui durant sa sieste par des cambrioleurs et qui, au lieu de dérouiller, une fois n’est pas coutume, les a plombés. Papy serait mort ou blessé, son sort ne l’intéresserait pas. Mais papy a réagi et a eu le dessus : il en fait un danger public, il accable un peu plus un Français qui ne demandait rien à personne, au nom de délinquants professionnels, étrangers qui plus est. Le monde à l’envers !

Le neuvième concerne les Sociétés ayant à juste titre aboli la peine de mort, mais pour de mauvaises raisons, par sensiblerie plus que par principe, et qui, s’interdisant de tuer des détenus, dénient aussi aux citoyens le droit de tuer éventuellement leurs agresseurs. Mais une Société n’est pas du tout dans la même situation face à un détenu qu’un citoyen face à un agresseur ! Elle ne risque rien ; il risque ses droits et peut-être sa vie, car les agresseurs, eux, s’autorisent à tuer.

Le dixième est que la loi, d’après ce concept, suppose, chose absurde, qu’un citoyen connaît les intentions de son agresseur, que celles-ci sont toujours bienveillantes, et qu’il n’a donc au fond rien à craindre, puisqu’elle lui interdit d’user de tous les moyens possibles pour défendre ses droits et éventuellement sa vie.

Le onzième consiste à négliger le fait qu’un agresseur qui rencontre de la résistance peut aussi bien s’enfuir (et peut-être se livrer à des représailles) que réagir avec une violence extrême en recourant à des moyens qu’il avait jusqu’alors dissimulés, de sorte qu’un citoyen qui se défend proportionnellement seulement est plus en danger que s’il ne se défendait pas.   

Le douzième est de dire que les droits ne valent pas la mort d’un homme. Mais si les droits, quels qu’ils soient, ne sont pas sacrés aux yeux de la loi, pourquoi cette dernière les consacre-t-elle ? Du reste, comme nous l’avons déjà montré, un citoyen agressé a bien plus de risques d’être tué ou blessé que son agresseur. A qui profite donc une fois de plus ce sophisme ?

Le treizième est de déclarer que les citoyens ne doivent pas se faire justice eux-mêmes ni chercher à se venger, alors que se défendre, même au prix de la vie de son agresseur, n’est en rien un acte de justice ni une vengeance. Quand bien même, comment peut-on sérieusement reprocher à un citoyen d’avoir enfreint un principe face à un individu les ayant tous violés ? Comment peut-on honnêtement blâmer davantage celui qui réagit que celui qui l’a poussé à réagir ?

Le quatorzième est d’invoquer des actes de violence (imaginaires) commis hors du cadre de la légitime défense (tel que définie ici) pour prétendre que le droit inconditionnel de se défendre serait la porte ouverte aux abus.

Le quinzième est de taire le fait qu’astreindre les citoyens à observer des lois dans les moments où ils ont besoin de se défendre face à des voyous, des délinquants et des criminels qui n’en respectent aucune revient à les ligoter et décuple fatalement l’audace de ces derniers auxquels la porte est ouverte pour commettre aux dépens des citoyens et à moindre risque tous les abus possibles.

Le seizième est de dire qu’un citoyen qui parvient à retourner la situation n’est plus en état de légitime défense vis-à-vis de son agresseur et n’a donc plus le droit de le toucher. Or l’état de légitime défense dure autant que l’état de Nature dans lequel son agresseur l’a plongé, lequel état ne cesse d’exister que lorsque le citoyen peut enfin se reposer sur des concitoyens (il ne suffit donc pas que des citoyens soient présents, il faut aussi qu’ils interviennent et soient capables de conjurer tout danger). La Société ne peut blâmer ses citoyens d’avoir profité d’un moment d’inattention de leurs agresseurs ou d’un retournement de situation peut-être passager en leur faveur pour les tuer ou les blesser alors que c’est précisément dans ces instants qu’ils peuvent en triompher et que la légitime défense n’est pas un vain mot. Car, enfin ! ne reconnaître aux citoyens le droit de se défendre que dans les moments de surprise et d’impuissance n’aurait pas de sens ! La légitime défense implique nécessairement le droit d’être offensif si la situation le permet. Les agresseurs doivent donc savoir que, dès lors qu’ils contraignent un citoyen à réagir, ils l’absolvent aux yeux de la Société de tout ce qu’il peut faire contre eux dans sa rage, une rage qu’ils ont déclenchée, et qu’ils risquent donc jusqu’à leur vie. Encore une fois, il n’y a pas de lois dans l’état de Nature si ce n’est celle du plus fort, et tant pis pour les agresseurs qui présument de leurs forces et sous-estiment celles de leurs victimes.

Le dernier et le plus insupportable des sophismes est de déclarer que la Justice fait généralement preuve d’indulgence envers les citoyens agressés ayant blessé ou tué leur(s) agresseur(s), donc ayant forcément employé contre eux des moyens disproportionnés. Mais pourquoi fait-elle preuve d’indulgence sinon parce qu’elle reconnaît qu’ils étaient malgré tout dans leur droit ? Dès lors, pourquoi ne pas les laisser tout simplement en paix au lieu de faire seulement preuve d’indulgence envers eux comme s’ils étaient coupables de quelque chose à l’instar de leurs agresseurs, transformés du coup en victimes ? Serait-ce pour épargner à la Société de reconnaître son erreur d’avoir adopté le « principe » scabreux et scandaleux de défense proportionnelle ?

Conséquence de tous ces sophismes, la Société, au lieu d’encourager ses citoyens à triompher par tous les moyens de ceux qui attentent à leurs droits et violent les lois, ménage à ces derniers, on ne sait pourquoi, des chances supplémentaires de consommer leurs forfaits. Mieux ! de par le concept de défense proportionnelle, les lois confèrent à ceux sur lesquels elles n’ont aucune emprise le droit implicite de fixer le cadre légal duquel les citoyens, eux, ne doivent pas sortir pour les repousser. Mais, comme il est impossible que les moyens de défense d’un citoyen soient proportionnels à ceux de son agresseur (les mêmes lois interdisent d’ailleurs aux citoyens d’être armés, ce qui évidemment n’empêche pas les malfaiteurs de l’être), qu’ils sont donc toujours disproportionnés, le plus souvent en sa défaveur, un citoyen agressé est toujours victime, que ce soit de son agresseur, s’il a été incapable de le repousser, ou de la loi, si par miracle il l’a terrassé mais dans des conditions ou par des moyens jugés illégitimes voire illégaux. Par définition, un citoyen qui a triomphé de ses agresseurs disposait d’une force supérieure à la leur et n’aurait été en danger, en état de légitime défense selon les critères actuels, que s’il n’en avait pas usé. En clair, seules les victimes absentes (cambriolage), blessées et mortes ont incontestablement le droit de se défendre, droit qu’elle ne peuvent évidemment pas exercer. Ne reste donc aux citoyens qui pourraient l’exercer avec succès qu’à prier pour ne pas être agressés, à se laisser faire ou à fuir s’ils le sont. Ainsi, au lieu d’en faire des hommes, cette « Société » en fait des lâches. (Il va sans dire que, lorsque les citoyens n’ont pas le droit de se défendre, ils se risquent encore moins à défendre autrui, comme c’est pourtant leur devoir.) Au lieu d’en imposer aux délinquants et aux criminels qui ne sont plus rien pour elle, elle ouvre la porte à tous les abus aux dépens de ses propres citoyens.

Rappelons donc que la Société (ensemble d’individus unissant leurs forces pour survivre) n’est pas faite pour empêcher les citoyens de se défendre mais pour accroître de toute sa puissance la protection que leurs forces personnelles peuvent déjà leur assurer. Comme la Société ne peut être partout, via la police notamment, elle doit reconnaître à ses citoyens, dans les cas de force majeure, la liberté inaliénable qu’ils ont dans l’état de Nature de se défendre eux-mêmes par tous les moyens en leur pouvoir contre ceux qui attentent à leurs droits.

NOUS SOMMES TOUS RENE GALINIER

 

Philippe Landeux

Publié par Riposte Laïque

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20:51 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : défense, légitime, proportionnelle, galinier, landeux |  Facebook | |  Imprimer |