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mercredi, 02 novembre 2011

PENSEE DU JOUR : le mieux est l'ennemi du bien

Largent condamne les hommes aux jongleries et aux tripotages. Même la gestion la plus honnête est scandaleuse et fait des légions de mécontents. Remplacer les escrocs sans foi ni loi par des jongleurs habiles, voilà la panacée que proposent de fait ceux qui, face à la "crise", se contentent de dénoncer qui les gouvernements, qui les banques, qui l'euro, qui la loi de 1973 !

La belle affaire ! Le but de la Révolution n'est pas de changer les têtes et de sauver Largent mais d'instaurer l'Egalité.

vendredi, 28 octobre 2011

LE PETIT DERNIER : Le CIVISME illustré

Couverture.jpgLa Matrice est une prison pour l’esprit. C’est donc une croyance inconsciente qui fixe une tournure d’esprit et impose une conception du monde. Rien ne correspond mieux à ces caractéristiques que Largent, c’est-à-dire la croyance selon laquelle la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. La Matrice, c’est Largent.

Dans son « Réquisitoire contre Largent ou théorie de l’Egalité », Philippe Landeux a arraché le masque du tyran. Dans « Le Civisme ou théorie de la Cité », il explique concrètement comment sortir de la Matrice, comment organiser une Société sans monnaie.

Ces deux livres sont complémentaires. Le premier démonte la logique d’aujourd’hui ; le second met en oeuvre une logique nouvelle. Dans les deux cas, le lecteur tombe à chaque pas sur un concept révolutionnaire.

Le présent ouvrage est un essai de vulgarisation du Civisme. Il traite des principaux concepts, schémas à l’appui. Tous les documents qu’il contient ont été publiés sur ce blog, mais ils sont ici présentés dans un ordre permettant au lecteur d’entrer progressivement dans la logique du Civisme.

Détails :

100 pages de textes et documents

10 € + frais de port

Civisme illustré - Bandeau pub.jpg

dimanche, 02 octobre 2011

REQUISITOIRE CONTRE LARGENT : le livre enfin dispo

réquisitoire,contre,largent,livre,commander,landeuxTout au long des pages de ce blog j'aborde la question de Largent, c'est-à-dire le coeur de notre système et, en même temps, le fondement de l'inégalité. Mais un blog n'est pas un livre.

Le Réquisitoire contre Largent ou théorie de l'Egalité, comme son nom l'indique, est le procès de Largent, appuyé sur une conception révolutionnaire de l'Egalité. L'accusateur public expose les faits et répond à toutes les questions que les jurés se posent, lesquels réalisent qu'ils ignoraient tout de ce que sont véritablement Largent et l'Egalité.

Cet ouvrage (de 169 pages de texte) présente, sous forme théorique, les bases de la Cité et constitue le premier volet de la théorie du Civisme. Il règle la question de Largent, ce qui permet, par la suite, de se consacrer exclusivement à l'organisation concrète de la Cité, laquelle repose sur l'Egalité. Mais on ne peut pas courir avant de savoir marcher. Avant de vouloir construire la Cité, il faut être persuadé de la nécessité de détruire le système présent, ou plutôt d'y renoncer consciemment, car il court tout seul à sa ruine.

Rares sont les personnes à avoir lu ce livre, n'étant pas édité. Mais toutes rejoignent le comité de lecture d'une maison d'édition qui, en raison de problèmes internes, a du cesser ses activités :

« Nous avons tous subi le choc de la grandeur et de la force de l'idée révolutionnaire qui est à la base de votre travail, il y a effectivement là un noyau d'idées suffisamment nettement articulées pour se rendre capables de faire événement dans la théorie de l'économie politique, et destiné potentiellement à entrer dans l'histoire, et à ce titre, il nous est impossible de ne pas envisager une publication de cette idée sous une forme ou une autre. […] Oui, nous sommes très très intéressés par votre démarche, et convaincus qu'il faut vous publier d'une façon ou d'une autre. Trop d’analyses excellentes, novatrices et urgentes sont dites au cours de votre réquisitoire pour passer à côté. »

réquisitoire,contre,largent,livre,commander,landeuxJ'ai longtemps espéré trouver un éditeur. Mais les grosses maisons d'éditions sont aux mains des grands financiers, et les petites n'ont pas les finances quand bien même elles auraient le courage. J'ai donc du attendre, pour publier, qu'une solution se présente. La crise qui menace m'a encouragé à chercher cette solution et un hasard m'a mis sur sa piste.

Je ne sais pas si l'édition en ligne a évolué de manière générale, mais TheBookEdition propose le service que de nombreux auteurs attendaient. Elle s'occupe de tout (impression et expédition) sans qu'il leur en coûte rien, comme il se doit ; elle se paye sur les ventes.

Maintenant, je reste propriétaire de tous les droits d'exploitation et je cherche toujours un éditeur qui en a.

Détails :

169 pages de texte

14 € + frais de port

réquisitoire,contre,largent,livre,commander,landeux

 

J'ai souvent cité un passage de la réponse du comité de lecture de la maison d'édition qui était disposée à publier le Réquisitoire. Il m'apparaît qu'il pourrait être utile et instructif de la divulger en entier, tout en préservant l'anonymat des intéressés, et de présenter également ma réponse. 

 

18 février 2008

Cher Philippe Landeux,

Notre comité de lecture s'est réuni ce matin pour faire un point sur votre manuscrit. Il en ressort que nous nous trouvons dans une situation très délicate. En effet, nous avons tous subi le choc de la grandeur et de la force de l'idée révolutionnaire qui est à la base de votre travail, il y a effectivement là un noyau d'idées suffisamment nettement articulées pour se rendre capables de faire événement dans la théorie de l'économie politique, et destiné potentiellement à entrer dans l'histoire, et à ce titre, il nous est impossible de ne pas envisager une publication de cette idée sous une forme ou une autre.

Maintenant, en tant qu'éditeurs, deux ordres de réserves nous plongent dans l'embarras et la perplexité.

La première continue à être la non visibilité de notre planning éditorial au delà de fin 2008, essentiellement au niveau financier (c'est dire l'ironie tragique de la situation !!). Nous avons si peu droit à l'erreur que nous nous devons, avant toute autre considération, d'être particulièrement vigilants pour assurer notre survie d'éditeur indépendant.

En fait, il nous serait plus douloureux de vous faire maintenant la promesse de vous publier à coup sûr courant 2009, et d'être finalement incapable de le faire le moment venu (alors qu'un contrat entre nous serait signé), que de rester, par prudence, dans cette position ambiguë, inconfortable et frustrante  pour nous comme pour vous.

Oui, nous sommes très très intéressés par votre démarche, et convaincus qu'il faut vous publier d'une façon ou d'une autre. Trop d’analyses excellentes, novatrices et urgentes sont dites au cours de votre réquisitoire pour passer à côté. Mais nous n'aurons pas l'assurance de pouvoir le mettre en oeuvre à coup sûr avant la fin 2008... Voilà notre dilemme... Et il est douloureux autant que pour vous, bien que d'une autre manière, forcément.

Aussi, rien que pour cette raison, nous comprendrions très bien que lassés d'attendre que notre situation s'éclaircisse, vous vous tourniez vers d'autres portes éditoriales. Nous en serions très déçus et frustrés, mais la lucidité vitale nous contraint à ne pas pouvoir vous proposer mieux que d'attendre la fin de l'année pour vous donner enfin une réponse ferme et définitive, et de laisser la vie chercher son cours comme elle le veut.

Mais notre embarras et notre perplexité ne s'arrêtent pas seulement à cet aspect matériel de la chose. Le contenu de votre réquisitoire tel qu'il est suscite aussi un certain nombre de réserves qui nous empêchent encore d'être complètement acquis à l'idée que la meilleure stratégie soit de publier votre réquisitoire tel qu'il est. Elles sont au nombre de 5 et je vais tenter de vous les exposer le plus simplement possible, car elles sont d’un enjeu très profond et très délicat sur tous les plans entre nous. Mais nous ne pouvons faire autrement que d’être francs et directs quitte à blesser quelque peu votre amour-propre comme vous n’avez pas hésité à être aussi direct avec moi dans certains de vos mails.

1) Vous êtes résolument convaincu qu'il n'est pas nécessaire, dans ce premier volet de prise de contact avec l'ensemble de votre démarche que constitue ce réquisitoire, d'exposer quel est exactement ce nouveau moyen d'échange susceptible d'abolir radicalement non seulement la monnaie, mais la racine de l'inégalité sociale que vous appelez "Largent", autrement dit "la croyance que la notion de valeur (marchande) est nécessaire pour échanger". Vous n'avez cessé de nous en expliquer la raison et je l'ai expliquée à chacun des membres de notre comité de lecture : l'exposition de la solution pratique, c'est-à-dire la carte civique, n'est et ne saura jamais être autre chose pour vous que la "cerise sur la gâteau" de toute votre démarche. L'essentiel étant avant tout autre chose d'établir d'une façon irrécusable le principe théorique de l'équivalence absolue entre "Largent" et l'inégalité sociale (c'est la raison d'être de ce réquisitoire). Cependant, dans nos lectures respectives, nous avons été unanimes, et cela sans nous concerter, à ressentir non seulement une frustration à ne pas être informé de cette solution, mais une incohérence dans le cadre même d'une démonstration de la nocivité absolue de Largent.

En effet, puisque vous avez fait en sorte que votre lecteur s'identifie à faire partie des jurés, je dois vous dire que sans l'exposition de cette clé, aucun d'entre nous n'a le sentiment qu'il détient le pouvoir effectif de condamner Largent. On peut bien sûr le condamner théoriquement et moralement autant qu'on voudra, mais tant que nous ne saurons pas qu'il est cette fois en notre pouvoir technologique, pour la première fois dans l'histoire, peut-être, d'abolir définitivement le règne de Largent, la nature de notre condamnation n'entrera pas vraiment dans le seul tribunal qui puisse avoir la force d'un événement historique : le tribunal du droit politique ou citoyen.

Cette évidence est pour nous d'autant plus grande que vous n'avez cessé tout au long de votre réquisitoire de nous faire miroiter en même temps que vous détenez déjà la connaissance effective de cette clé. (p 63, 64, 96, 98, 99, 107, 111, 115,117,119, 120, 138, 142, 147). Au contraire de votre conviction stratégique, nous éprouvons comme une évidence que la connaissance de cette clé de la carte civique n'est rien moins que le nerf de la guerre qui doit fonder le caractère, cad la force juridique de ce tribunal citoyen. Car c'est une chose d'être intellectuellement convaincu de la nocivité de largent après avoir lu votre réquisitoire tel qu’il est actuellement, c'en est une tout autre de savoir que nous avons peut-être les moyens de commencer à faire de cette belle évidence inutile une idée-force capable de révolutionner effectivement, cad techniquement le monde;  car ce n'est qu'à partir de cette révélation du caractère technique de la solution que nous pourrons être définitivement convaincus qu'il ne s'agit pas d'une utopie de plus, à jamais inefficace, mais que le changement d'organisation sociale ne relève plus désormais que d'une réelle volonté politique de chaque citoyen.

Il en découle qu’il faudrait à nos yeux impérativement introduire l’exposition de cette clé dès ce réquisitoire, et bien davantage que du bout des lèvres : en répondant à la première vague des questions incontournables que le dévoilement de cette clé suscitera immanquablement dans l’entendement de chaque lecteur de bonne volonté, autrement dit en commençant, réponse après réponse, à FAIRE VOIR TECHNIQUEMENT qu’il y a bel et bien moyen, selon vous, et si on veut bien s’y pencher tous ensemble attentivement, de résoudre finalement la plupart des immenses problèmes d’organisation pratique que susciterait l’usage généralisé à une nation (ou plus, je vais y revenir)  de cette carte civique. La victoire de l’avocat à charge doit donc pour nous se payer à cette première condition supplémentaire qui impliquerait une augmentation de son nombre de pages, et une remise en question de votre idée du tryptique, à notre avis impubliable en tant que tel.

2) Compte tenu de l’importance de l’enjeu, nous nous étonnons que vous n’abordiez pas une seule fois la question ultra épineuse mais élémentaire de la propriété des moyens de production, notamment industriels dans une société égalitaire. Que le principe de la propriété privée ne soit non seulement pas incompatible mais qu’il soit même indispensable à la bonne marche d’une société délivrée de Largent dans la sphère privée de chaque citoyen, c’est une chose, peut-être encore discutable, mais qu’il nous est permis d’envisager à titre d’hypothèse de travail incontournable, à mettre positivement au ban d’essai à l’intérieur de la vision radicalement bouleversée dans laquelle vous invitez votre lecteur à pénétrer. Mais  l’inégalité sociale implique tellement la question de la propriété privée des moyens de production économique structurels qu’il nous semble impossible d’en faire une si totale impasse dans votre réquisitoire. Car si ce n’est pas l’Etat, qui d’autre qu’une nouvelle caste de puissants non par Largent, mais par la propriété privée des moyens de production, en jouirait d’une façon inégale, comme tout instrument de pouvoir socioéconomique décisif ? Bien sûr, vos notes en bas de page de votre article laisse entendre que c’est l’Etat qui imposerait des quotas de vente aux patrons. Mais juridiquement, et principiellement parlant, la question reste entière de savoir au nom de quoi la propriété des moyens de la production devrait rester privée. (cela ne veut pas dire que nous soyons pour autant attaché à une économie centralisée par l’Etat, au contraire, l’une des trouvailles fortes de votre dispositif consiste à nos yeux à donner un essor sans précédent au principe d’un libéralisme délivré des torts du capitalisme, et de réconcilier ce faisant des siècles d’opposition entre “droite” et “gauche”. Mais nous nous devons de poser cette question, car comme vous le savez, c’est bien là qu’est le nerf de l’analyse de l’aliénation chez Marx, et si fausse et périmée que soit son analyse dans votre optique, la question du fondement juridique, cad politique, de la propriété privée des moyens de production dans une société égalitaire mérite éclaircissement dès le départ.

3) ce qui nous conduit naturellement à ce qui nous apparaît comme une des grandes carences de votre travail, pour le peu que nous en connaissons à ce jour : Pourquoi, dans votre stratégie polémique, ne jamais situer directement et clairement votre théorie de l’égalité par rapport à la doctrine marxiste ? Alors que nombre de fondements de vos analyses sont des radicalisations extrêmes du Capital ? Marx a fait le réquisitoire du Capital au nom de l’instauration de l’égalité civique, d’une société sans classes, d’un homme nouveau, au nom, comme vous, d’un primat d’une conception déterministe de la vie humaine, où prime le milieu sur l’homme, et par conséquent où il est décisif, et même exclusif d’attendre un changement du monde à partir d’un changement du milieu techno-socio-économique de sa vie individuel et collectif, et nombre de vos critiques de Largent au sens de la monnaie ne sont que des variantes de ce que Marx appelait déjà le fétichisme de la marchandise, (largement repris par Debord (société du spectacle) et Baudrillard (concept de simulacre)).

Cette omission totale de votre part est-elle volontaire ? Et si oui, pourquoi ? Nous nous permettons de vous poser directement cette question, car là aussi, il nous semble qu’en éludant une confrontation directe avec Marx dès le réquisitoire, vous amoindrissez considérablement la portée théorique de votre idée centrale. Et il ne s’agit pas là d’une opinion subjective de notre part. Et il ne s’agit pas là d’une incitation de notre part à ce que vous donniez dans la prétention narcissique de vous présenter comme le nouveau supplanteur historique de Marx, ce dont vous vous contrefoutrez royalement (si je puis dire) et avec raison. Non, c’est d’un point de vue historique et purement théorique que nous nous plaçons. Dans tous les domaines théoriques, les révolutions conceptuelles impliquent à chaque fois et nécessairement des meurtres symboliques inévitables avec les instances passées qui dominent l’état du débat en cours. C’est une loi qui est sans exception. Or, le spectre de Marx règne encore fortement dans l’intelligentsia des penseurs de l’égalité sociale aujourd’hui, au delà même des frontières de l’Europe, assurément, il règne encore partout dans le monde, Derrida et Deleuze faisaient retour à Marx dans les dernières années de leurs vies.

Et je dirai que, eu égard à la gravité de la situation, toute la tradition des penseurs révolutionnaires contemporains issus de la révolution française sont coincés par l’ombre de Marx. Nous estimons donc qu’une entrée en scène à hauteur de l’histoire de votre idée révolutionnaire ne peut faire l’économie (si je puis dire) d’une confrontation explicite avec Marx, qui montrerait, même succintement dans votre réquisitoire, et ce dès l’introduction, ainsi que dans certaines analyses ultérieures sur l’aliénation sociale produite, ce que vous devez honnêtement à l’héritage de Marx, et la part de génie révolutionnaire qui vous revient au plan théorique. Avec votre noyau d’idées tel qu’il est déjà, vous avez la possibilité de faire une critique philosophique décisive de Marx, c’est-à-dire une critique “interne” : en prenant Marx sur son terrain, en étant plus marxien (je ne dis pas marxiste) que Marx lui-même, c’est-à-dire en démontrant que ce que Marx a prétendu faire (instaurer les bases socioéconomiques d’une société égalitaire), il ne l’a pas fait, et que votre théorie est mieux placée pour accomplir son propre espoir. Bref montrer, en quelques paragraphes, (car il ne s’agit pas de réécrire un traité !), que vous n’avez dépassé Marx qu’en l’intégrant, cad en montrant où résidait son erreur foncière, sa confusion fatale : croire qu’une critique du Capital suffisait à fonder la Cité, alors que cette forme de fétichisation inaperçue par Marx du Capital était encore une stratégie de l’ignorance où nous tient Largent pour nous empêcher de remonter jusqu’à lui en tant que tel comme cause première de l’injustice (de votre point de vue). Et qu’au fond, ce n’est pas la religion, mais Largent qui est l’opium véritable de notre enfer monétaire. Bref, au vu de ce nous avons lu dans le réquisitoire tel qu’il est, il nous semble qu’il y a déjà beaucoup d’éléments susceptibles, moyennant quelques reprises polémiques avec certains éléments de la vulgate marxiste (notamment la fétichisation de la marchandise qui a masqué et qui masque... le vrai fétiche qu’est Largent lui-même (dans votre optique), de commencer à renverser avec force l’idole d’une idée révolutionnaire qui a fait son temps et qui doit maintenant mourir, (encore une fois non par gloriole personnelle, artificiellement, mais parce que la discipline de l’économie politique dans laquelle vous vous inscrivez l’exige historiquement si vous voulez donner toutes les chances à votre idée d’entrer dans le débat contemporain. Faute de quoi vous manqueriez votre entrée en scène, en restant si je puis dire en périphérie du débat, comme un franc tireur inspiré mais contraint à rester en 2ème zone, car incapable de prouver par lui-même que la force même de son idée lui donne les moyens d’en découdre aisément avec l’instance d’une idée révolutionnaire aujourd’hui mensongère et périmée. Et vous devriez laisser à d’autres le soin d’introniser plus tard votre idée dans le champ des recherches contemporaines, alors qu’à notre sens, un peu de travail sur votre réquisitoire (si vous ne connaissez pas encore bien Marx) vous mettrait rapidement en position de le faire vous-même – (encore une fois, il s’agirait de commencer à porter les premiers coups fatals... Ce serait suffisant, pas d’un traité d’érudition...).

4)  il est une question si incontournable pour le bon sens que vous invoquez dans ce réquisitoire que vous n’avez pas d’ailleurs hésité à la poser par la bouche de Monsieur Neurone :  la dernière. Or, encore une fois vous espérez emporter l’assentiment de vos lecteurs en éludant une réponse que vous avez pourtant déjà. Mais vous faites pire : non seulement vous ne répondez pas clairement cad techniquement à la question que vous mettez dans la bouche d’un juré (cf p 133 : Mais, “nous n’avons pas à expliquer ici comment une Cité ayant anéanti Largent en son sein pourrait continuer à changer avec les autres pays”.)  - et les raisons ultérieures que vous évoquez ne suffisent pas à le faire oublier - , mais une page plus loin, vous faites comme si vous aviez suffisamment répondu à une question que vous n’avez pas vraiment traité (cf p134 : “Non seulement nous avons vu qu’un pays développé pourrait le faire, puisque etc...”, Non, nous n’avons encore rien vu de cette possibilité. Et il est vraiment cavalier de le faire croire.

5) ce qui nous amène à la dernière réserve : la scénographie générale de votre réquisitoire a un grand avantage : elle rend votre démonstration vivante et vibrante d’actualité. Mais outre les faiblesses du contenu de votre démonstration évoquée plus haut, qui empêchent encore fortement les lecteurs que nous sommes d’accorder un crédit décisif à votre thèse, il y a une incohérence tactique qui a trait au ton même avec lequel vous vous adressez à maintes reprises aux jurés de ce tribunal citoyen improvisé  : comment voulez-vous convaincre qui que ce soit en le traitant si ouvertement et outrancièrement d’imbécile ?  En lui disant régulièrement que les questions qu’il pose sont soit ridicules, déraisonnables, ou en lui faisant régulièrement un procès d’intention ? (en le traitant de complice, de lâche, en étalant aussi fièrement votre mépris d’autodidacte à l’égard des savants, des diplômés, en reprochant à un questionneur de n’avoir pas suffisamment précisé sa question alors que vous ne lui en avez pas laissé une seconde les moyens (cf p 94 : “Vous oubliez de préciser etc...  ) Croyez-vous donc qu’avec un ton de suffisance aussi grossier, un manque de tact psychologique aussi élémentaire,  et des actes ponctuels d’une aussi mauvaise foi, vous ayez une  quelconque chance d’emporter un vrai assentiment sur un sujet et dans une situation aussi grave ? Pourquoi les questions de vos interlocuteurs se transforment-elles à ce point au fil de vos réponses en un vulgaire bêtisier de l’ignorance humaine ? On a jamais vu un avocat humilier un parterre de jurés et obtenir gain de cause. Du coup, la dimension comique de la mise en scène vire rapidement au ratage. C’est pourquoi nous vous demandons de bien méditer si le nom même de vos jurés, censés représenter chacun d’entre nous, est la solution la plus adaptée au but même que vous recherchez.

5bis) l’analyse des torts de la monnaie au moment où il s’agit de conclure fait aussi du tort à la qualité lyrique de ce moment terminal. Il s’agit de rassembler l’ensemble des points que vous avez marqués, pas de réembarquer votre lecteur dans une analyse. Ne pourrait-on pas découvrir ces analyses avant le moment de conclusion ?

Voici donc explicitement formulé tout ce qui fait notre embarras d’éditeur, et nous voudrions que vous compreniez bien que c’est parce que votre travail nous tient à vraiment à coeur que nous nous devons d’être aussi exigeants et directs avec vous eu égard à son enjeu.  Dans quelle mesure serez-vous prêt à tenir compte de toutes nos remarques et de notre situation, voilà la question que nous nous posons à présent. Mais il était incontournable de vous donner à voir à quelles conditions nous serions prêts à donner notre meilleur pour servir la publication de votre sublime travail.

En espérant que vous comprendrez nos raisons, et en vous remerciant quoiqu’il en soit de l’avenir, pour l’extraordinaire audace et ténacité de votre démarche,
Nous vous saluons tous très cordialement,

L.
Pour le comité de lecture des éditions ...

P.S. personnel cette fois :  savez-vous que l’abolition de toute forme de monnaie était une des mesures  préconisée par celle qui s’est faire appelée la “Mère”, la fondatrice d’Auroville, cette “ville de l’Aurore”, située à 5 kilomètres de Pondicherry, en Inde du Sud ? Que l’expérience a été tenté durant les toutes premières années de sa création, à partir de 1968, mais que la monnaie a été finalement réindroduite faute de solution depuis ?... (cf les textes : Mère parle d’Auroville).

Cela dit, si attentifs à votre juste critique des idéalistes de tous poils qui n’ont rien su changer au système d’organisation sociale depuis des millénaires, nous ne sommes pas convaincus, en tant que philosophes nous-mêmes, que le changement du système de l’échange seul suffirait à changer la société. Nous nous demandons s’il est encore temps de poser le problème à partir d’une telle dualité, comme Marx l’avait fait, lors même qu’il est devenu de plus en plus impossible d’un point de vue philosophique de dissocier l’humanité même de l’homme de son milieu technique associé  : l’homme EST son milieu technique. Voilà ce que démontre avec une force inégalée jusqu’alors tous les travaux de Bernard Stiegler aujourd’hui. Nous avons plutôt le sentiment que c’est le changement simultané et dialectique de l’homme en son intériorité inconnue et de son milieu technique qui générera progressivement cette victoire sur Largent. Car il est vrai qu’il faut déjà historiquement que, comme vous le dites si bien, “Largent soit mûr”, techniquement mûr (par l’informatique notamment) pour entrevoir sa fin possible. Mais cela n’est pour nous qu’une des conditions nécessaires à sa possible et nécessaire abolition. Et c’est certainement là, au delà de notre position d’éditeur cette fois, que réside depuis le début notre désaccord personnel de fond avec vous je crois. Contrairement au déterminisme social que vous invoquez à la suite de Marx pour refuser la primauté d’un nécessaire changement de la conscience humaine “avant” le changement de son milieu technique (alors que nous sommes toujours déjà dans un “pendant”, dans une simultanéité interactive des deux jusqu’à l’indivisible), nous avons une vision de ce qui fait le mécanisme de Largent qui implique une philosophie différente du rationalisme cartésien qui semble vous habiter (autorité du seul bon sens de la raison). C’est aussi, selon nous, (mais notre exigence d’éditeur serait déjà comblée si vous teniez compte de toutes nos remarques ci-dessus), ce qui fait la limite de votre démonstration : le refus de voir dans cette “croyance” qu’est Largent autre chose qu’une idée fausse que le milieu socio-technique aurait introduit de l’extérieur dans notre esprit “vierge” pour innocenter d’avance l’homme d’un quelconque pêché originel. Personnellement je ne suis ni chrétien, ni bouddhiste, ni freudien, mais il me semble que “Largent”, cette racine invisible de l’enfer monétaire” a beaucoup a voir avec l’inconscient, en tous cas une certaine zone de l’inconscient : le subconscient. Et qu’à mon sens, vous faites philosophiquement trop rapidement l’impasse sur tout ce qui s’est déjà dit de pertinent en psychanalyse sur l’étroitesse extrême des rapports entre l’énergie-argent et l’énergie de la libido. Et si le déracinement de Largent relève d’une conquête d’une certaine zone de l’inconscient, le problème pourrait alors être moins unilatéralement simple que ce que votre approche laisse entendre, bien que votre thèse représente, sur son propre plan d’analyse, une avancée théorique décisive selon nous dans la résolution du problème de l’injustice sociale.

Cher monsieur L.,

Une fois de plus, je suis impressionné par le soin que vous prenez à me répondre. Et je vous rassure tout de suite, votre maison d’édition est la plus ouverte et compréhensive que je connaisse grâce à vous. Vous m’avez trouvé, je ferai tout mon possible pour ne pas vous perdre.

Pour vous répondre, je commencerai par des remarques générales. Je ne sais pas quel est exactement votre problème, si vous n’avez pas les fonds pour publier le Réquisitoire ou si vous n’en avez pas assez pour le publier en plus d’autres ouvrages. Mais, d’après ce que vous m’avez dit, vous confirmez que tous ceux qui l’ont lu ont été impressionné. Vous le dites, et j’en ai la conviction, cet ouvrage est destiné à marquer d’un sceau indélébile une page de l’histoire non seulement de la pensée, mais de l’Humanité. Il y aura avant et après le Réquisitoire, le temps de l’inconscience face à Largent et celui de l’accusation. Mais le plus fort, c’est que le Réquisitoire n’est (c’est ainsi que je le conçois) qu’une bombe à neutrons. La théorie du Civisme, qui va suivre et qu’il ne me reste plus qu’à conclure, sera une bombe atomique. Or c’est précisément parce que la théorie du Civisme sera d’une puissance sans égale que j’ai écrit le Réquisitoire, plus philosophique et donc moins violent pour les esprits. Du reste, et c’est une autre de mes raisons, je pense qu’il est de l’intérêt de l’éditeur de publier deux livres plutôt qu’un, surtout que ces deux livres feront chacun un bruit que l’on ne peut sans doute pas encore imaginer. Si j’en juge par la longueur de votre réponse, le Réquisitoire suscite et déchaînera assurément le débat. C’est précisément son but. Car son but, n’est pas, ne peut pas et ne doit pas être (à mon sens) de répondre à toutes les questions qu’il amène, aussi légitimes soient-elles. J’ai été obligé d’opposé l’Egalité à Largent, mais il est impossible d’opposer la Carte civique à la monnaie sans entrer dans une foule de détails, alors hors de propos. En un mot, le Réquisitoire est censé ouvrir l’appétit, non apaiser la faim.

Je n’ai pas la prétention de vous apprendre votre travail, mais peut-on dire, d’après les réactions de vos collègues, que le Réquisitoire, avec ses qualités et ses défauts, fera parler de lui et de moi ? En bien ou en mal, peu importe. Et pensez-vous que ceux qui l’auront lu seront impatients de lire la suite ? Si oui, je ne vois pas où est le problème pour vous. Votre mission est de le diffuser et d’en tirer profit ; je me charge de mes détracteurs, et, croyez-moi, ils ne seront pas à la fête.

J’en viens maintenant à vos remarques. Je vous dirai tout d’abord que je suis bien entendu prêt à apporter toutes les modifications utiles que vous souhaiterez, tant qu’elles me paraîtront conformes à mes idées. Je crains cependant que vous n’exigiez de moi que je corrige des points qui suscitent de votre part des reproches souvent fondés sur des désaccords (mais doit-on être d’accord sur tout ?), des malentendus, des incompréhensions (soit de mes idées, soit de ma stratégie), des anticipations erronées, etc. Examinons donc vos remarques.

1) La première concerne le fait que je n’expose pas la solution que j’annonce. Vous dites que cela suscite une « frustration » chez le lecteur. C’est fait exprès. Vous dites encore qu’il s’agit-là d’une « incohérence dans le cadre même d'une démonstration de la nocivité absolue de Largent. » Vous ajoutez que, dans ces conditions, « aucun d'entre nous n'a le sentiment qu'il détient le pouvoir effectif de condamner Largent. » Mais le Réquisitoire, seul, n’a pas la prétention de convaincre tout un chacun qu’il faut condamner Largent. Comme je vous l’ai dit, le but est uniquement de susciter la réflexion, d’inspirer le doute, de déchirer un tabou. Le Réquisitoire est un livre. Il n’y a pas de tribunal jugeant réellement Largent. Aucun livre ne le terrassera. Mais des livres peuvent amener les hommes à prendre conscience qu’il est leur ennemi. Dans cette optique, le Réquisitoire est un premier pas. Je suis du reste le premier à savoir et à dire que, tant que les hommes ne sauront pas par quoi remplacer la monnaie, ils n’oseront pas y toucher. Mais le Réquisitoire est le prélude à la théorie du Civisme. Ces deux ouvrages sont complémentaires mais ne doivent pas être confondus. Ce n’est qu’après la lecture de la théorie du Civisme que tout ce qui paraît flou dans le Réquisitoire apparaîtra soudain clair comme de l’eau de roche. J’insiste : le flou et les manques ne sont qu’une impression. Le Réquisitoire est bien plus complet que vous ne croyez ; tout est déjà dedans. Pour prendre une image : tout est écrit, il ne reste au lecteur qu’à savoir lire, et ce n’est pas le rôle de cet ouvrage de lui apprendre.

Une chose m’étonne cependant et me convainc en même temps : je vous ai déjà exposé la solution de la Carte civique qui traduit dans les faits le Principe selon lequel des individus qui participent à la vie de la Cité sont Citoyens et doivent, en tant que tels, pouvoir accéder au marché. Vous savez donc que des Principes aux solutions il n’y a qu’un pas. Car, enfin, il n’est pas difficile, a priori, d’après le Principe posé, de concevoir la Carte civique. Or il en est de même pour tous les Principes. Mais les demandes d’explication m’inclinent à penser qu’il n’est pas si évident que je le crois de passer des Principes aux solutions concrètes. La question est donc de savoir si je dois céder ici aux demandes d’explication qui, ne pouvant aller qu’en se multipliant, me feront sortir de mon propos d’ordre philosophique, ou renvoyer, comme je le fais, le lecteur à l’ouvrage suivant et qui, cette fois, laissera de côté le côté philosophique pour se consacrer essentiellement aux aspects pratiques de l’Egalité. En un mot, un auteur doit-il suivre les lecteurs ou doit-il amener les lecteurs à le suivre ?

« On peut bien sûr le condamner théoriquement et moralement autant qu'on voudra » — Ne serait-ce pas un résultat déjà extraordinaire ? Si les hommes condamnent Largent dans leur esprit, combien de temps croyez-vous qu’il survivra dans les faits ? Ne soyez donc pas impatient ! On ne terrassera pas Largent en deux jours.

« ce n'est qu'à partir de cette révélation du caractère technique de la solution que nous pourrons être définitivement convaincus qu'il ne s'agit pas d'une utopie de plus, à jamais inefficace, mais que le changement d'organisation sociale ne relève plus désormais que d'une réelle volonté politique de chaque citoyen. » — Certes, mais vous savez que cette théorie existe, je vous en ai déjà livré la clé et je serai bientôt en mesure de vous la présenter tout entière.

« Il en découle qu’il faudrait à nos yeux impérativement introduire l’exposition de cette clé dès ce réquisitoire, et bien davantage que du bout des lèvres ». — En clair, vous voudriez que je transforme le Réquisitoire en théorie du Civisme. Cela n’a pas de sens puisque cette théorie que vous voudriez que j’écrive est déjà écrite. Je vous la présenterai d’ici peu. La vraie question est donc de savoir si le Réquisitoire est en soi révolutionnaire et vous intéresse ou non. Qu’il ne réponde pas à toutes vos attentes est une chose ; qu’il ne puisse être publié en l’état en est une autre. Vu le désert d’idées dans lequel nous errons, il ne peut qu’attirer l’attention même s’il n’emporte pas les adhésions. Son titre seul sonne comme le tocsin.

« La victoire de l’avocat à charge doit donc pour nous se payer à cette première condition supplémentaire qui impliquerait une augmentation de son nombre de pages, et une remise en question de votre idée du tryptique, à notre avis impubliable en tant que tel. » — Contrairement à ce que vous semblez croire, le Réquisitoire n’est pas un livre ordinaire. On le ferme quand on l’a lu, mais on ne peut oublier ce qu’on a lu. D’ailleurs, les jurés ne se prononcent pas. Le procès n’est pas clos à la fin du Réquisitoire. La question de la culpabilité de Largent reste en fait en suspens. Un lecteur peut bien se précipiter et se prononcer pour la vie, mais la question reste ouverte. Si ces premiers arguments n’ont pas emporté sa conviction, ils n’en ont pas moins instauré le doute dans son esprit. Le jour où il aura d’autres éléments, il ne balancera plus.

Quant à la trilogie, à vrai dire, j’ai laissé de côté, pour le moment, ma théorie de la Propriété (dans laquelle je traite la question des moyens de production).

2) Votre seconde remarque concerne les moyens de production. Vous voudriez que j’explique à qui ils appartiendront afin que j’oppose une vision des choses à celle de Marx. Vous aurez pourtant remarqué que je ne cherche pas et que j’évite même d’ouvrir des polémiques avec d’autres auteurs. J’expose ma vision des choses sans me laisser perturber, sans entrer dans des débats parasites. Le Civisme (sous sa forme philosophique dans le Réquisitoire) n’est pas une réaction au capitalisme encore moins au marxisme. S’opposer, c’est entrer dans la logique de l’autre. Ce n’est pas ainsi que je suis parvenu aux idées dont vous constatez la nouveauté et la radicalité. Je suis parti d’une réflexion sur l’argent (parce que j’en était prisonnier comme tout le monde) et tout a basculé quand j’ai compris que des Citoyens avaient des Droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’ils sont Citoyens. Ma démarche a dès lors consisté à tirer et à exposer les conséquences philosophiques et pratiques de ce Principe. Contrairement au Réquisitoire contre Largent, qui est un ouvrage tactique, il n’est fait quasiment aucune référence à Largent dans la théorie du Civisme.

Cette remarque montre deux choses : 1) que vous êtes encore trop conditionné par vos lectures, les idées actuelle ou, de manière plus large, par notre contexte, 2) que, de ce fait, vous n’arrivez pas toujours à entrer dans la logique de la Cité, même quand les choses sont évidentes ou dites clairement. Ainsi, si je ne parle pas de la propriété des moyens de production dans la Cité, c’est qu’elle n’a aucune importance. Seule la Citoyenneté confèrera des Droits dans la Cité et tous les Citoyens pourront potentiellement accéder aux moyens de production. On ne peut donc pas craindre que les propriétés confèrent de la puissance à certains, comme c’est le cas aujourd’hui. En outre, Travailler sera un Devoir envers la Cité qui seule permettra que l’on Travaille, et donc que l’on accède à des moyens de production (sol, machines, etc.). Les moyens de production n’appartiendront pas à des Citoyens à titre privé, mais aux entreprises, et seront remis sur le marché en cas de faillite. De plus, du point de vue de la Cité, une entreprise sera l’ensemble de ses employés. D’où ce passage du Réquisitoire : « Les employés d’une entreprise seraient collectivement responsables de ses résultats aux yeux de la Cité. (note 47 : Des Travailleurs indépendants auraient des résultats à atteindre et seraient personnellement contrôlés par la Cité. Mais le Travail personnel de Citoyens regroupés dans une entreprise serait incontrôlable par la Cité. Celle-ci ne pourrait contrôler que les résultats de l’entreprise dans son ensemble, chaque employé en étant un représentant.) » Je peux donc, si vous y tenez, et si vous m’indiquez où, rajouter un mot sur les moyens de production, mais vous voyez qu’en raisonnant deux minutes sur le sujet on en arrive à se demander pourquoi on s’est posé cette question futile.

« vos notes en bas de page de votre article laisse entendre que c’est l’Etat qui imposerait des quotas de vente aux patrons. » — Cette remarque me donne l’occasion de signaler une confusion que vous faites régulièrement entre la Cité et l’Etat. La Cité n’est pas l’Etat. C’est, au départ, l’ensemble des Citoyens. Mais le terme « Cité » peut aussi désigner l’Etat (cad le Gouvernement et/ou les instances dirigeantes nationales), ou les institutions qui dans certains cas « représentent » la Cité d’un point de vue individuel, ou encore un Citoyen. En l’occurrence, dans le passage que vous évoquez, la Cité ne sera pas l’Etat, mais des institutions économiques qui n’existent pas aujourd’hui et qu’il serait trop long de vous présenter ici.

3) « Pourquoi, dans votre stratégie polémique, ne jamais situer directement et clairement votre théorie de l’égalité par rapport à la doctrine marxiste, alors que nombre de fondements de vos analyses sont des radicalisations extrêmes du Capital ? » — J’ai déjà répondu en partie à cette question. Je vous ai donné ma raison fondamentale. Une autre raison est que je connais mal Marx. Il ne m’a pas inspiré et je ne peux pas le critiquer. J’avoue d’ailleurs être heureux de ne pas l’avoir lu. Il m’aurait sans doute égaré. Mais, quand bien même je le lirais maintenant (et que c’est dur à lire !), je ne me livrerai pas davantage à une critique, tant il y aurait de choses à dire. Du reste, je ne vois pas bien l’intérêt d’une telle critique. Elle alourdirait mon discours sans rien n’apporter à ceux qui ne l’ont pas lu. Et ceux qui l’ont lu n’ont pas besoin de moi pour voir d’emblée tout ce qui nous sépare. Je suis du reste persuadé qu’une fois le Réquisitoire publié, d’autres auteurs se chargeront de comparer nos théories et le feront mieux que moi.

« Nous estimons donc qu’une entrée en scène à hauteur de l’histoire de votre idée révolutionnaire ne peut faire l’économie (si je puis dire) d’une confrontation explicite avec Marx » — Je pense à une autre solution : pourquoi quelqu’un (vous ?) n’écrirait-il pas une préface ou une introduction au Réquisitoire qui, sans en trahir l’esprit, aborderait les points que vous soulevez et les réponses que je fais, un texte qui montrerait les pièges dans lequel un lecteur tombe par précipitation et le mettrait donc en garde, un texte qui signalerait que le Réquisitoire est seulement un début et qu’il y aura bien une suite encore plus époustouflante ?

« Et je dirai que, eu égard à la gravité de la situation, toute la tradition des penseurs révolutionnaires contemporains issus de la révolution française sont coincés par l’ombre de Marx. » — Vous voyez ! Vous ne pouvez pas d’un côté déplorer que les penseurs « révolutionnaires » soient coincés par Marx, d’un autre me reprocher de ne pas l’évoquer, alors que c’est précisément parce que je ne l’ai pas lu et ne me suis pas fait coincer par lui que je ne l’évoque pas.

« ce que vous devez honnêtement à l’héritage de Marx » « vous n’avez dépassé Marx qu’en l’intégrant » Je vous avoue que je ne crois pas lui devoir quelque chose. Je ne sais même pas ce qu’il prônait. Si je dois quelque chose à quelqu’un, ce n’est donc pas à Marx, mais à Marat, à Saint-Just et surtout à Robespierre (le vrai, pas celui de la légende). C’est lui qui m’a appris à raisonner, à poser des Principes avant tout autres considérations. C’est à la Révolution française que je dois tout ou presque. C’est à elle, plus exactement à un texte de Barnave, que Marx doit peut-être lui aussi le concept de déterminisme historique.

4)  Sur la question des échanges internationaux (je viens de terminer le chapitre consacré à ce sujet dans la théorie du Civisme), je vous assure, une fois de plus, que le Principe posé répond amplement à la question. Il est dit : « 1) Il n’y a aucune raison pour qu’un corps social purgé de Largent ne puisse pas évoluer aussi bien dans un monde monétaire qu’un individu, ayant un corps physique, plongé dans une « Société » monétaire ; 2) Les pays étant interdépendants, une Cité aurait autant besoin d’échanger avec les autres pays qu’eux avec elle. La question ne se poserait donc pas seulement du point de vue de la Cité, mais également du point de vue des pays monétaires. Autrement dit, l’intérêt de trouver une solution serait partagé par tous et, dès lors, une solution serait trouvée à coup sûr. » Vous me dites que cela ou rien, c’est pareil. Il vous faut une explication technique. Mais, si je vous disais que la Cité pourra exporter et constituer ainsi un budget qui lui permettra de payer ses importations, comme le fait un individu qui vend ses productions ou son travail pour gagner de l’argent et pouvoir se payer ensuite ce qu’il peut, qu’aurais-je dis de plus ? cela suffirait-il à vous éclairer ? Maintenant, si vous voulez plus de détails (qui va garder l’argent, etc.), ils sont dans la théorie du Civisme et n’ont rien à faire, à mon sens, dans le Réquisitoire.

5) Votre avant dernière remarque concerne le ton de l’accusateur public et le nom des jurés. Ce point est sans doute celui que je pourrais corriger le plus facilement. Je dois cependant vous dire qu’il y a un malentendu. Il est logique que le lecteur se prenne a priori pour un des jurés qui posent les questions qu’il aurait posées, et qu’il se sente donc malmené. Mais, dans mon esprit, le lecteur est un spectateur ou doit vouloir prendre la place de l’accusateur (ce que chacun fera quand il connaîtra la théorie du Civisme). Tout est fait pour qu’il ne se reconnaisse pas dans les jurés (d’où leurs noms improbables) ou du moins pour qu’il prenne du recul par rapport aux questions qu’ils posent et dont l’accusateur admet la légitimité tout en en démontrant la bêtise, le ridicule et, en dernière analyse, l’influence de Largent. Le lecteur n’est pas impliqué dans le procès, même s’il est implicitement appelé à se prononcer lui aussi. Voilà comment je vois les choses. Je comprends cependant qu’un capitaliste se sente agressé et mis à nu par le discours de l’accusateur public, mais n’est-ce pas le but ? Et puis, au-delà de l’impression du moment, il serait peut-être bon de savoir quel regard jette sur Largent les ex-lecteurs du Réquisitoire. S’opère-t-il en eux l’effet que je recherche ou sont-ils définitivement bloqués et acquis à Largent ? C’est de la réponse à cette question que devrait dépendre les modifications que vous suggérez.

Maintenant, si vous tenez absolument à ce que je modifie des passages et que je change les noms, il faudrait que vous me signaliez les premiers et que vous m’inspiriez pour les seconds.

6) 5bis) Enfin, ma conclusion. Vous avez raison, j’entreprends en quelque sorte une nouvelle analyse, je rassemble non pas les diverses réponses faites aux jurés mais tout ce qu’il y a à savoir sur Largent pour pouvoir le condamner moralement. Il y a des choses que je ne pouvais pas dire en introduction et d’autres que je n’ai pu glisser dans les réponses aux jurés. Or ils posent les questions qui viennent naturellement à l’esprit de tout un chacun et qui sont généralement inspirées ou font suite à ce que l’accusateur vient de dire. Il est dès lors difficile d’ajouter d’autres questions ou d’insérer de nouvelles idées dans les réponses. Cela dit, en survolant la conclusion, je ne vois pas bien à quelles analyses inédites vous faites allusion. Là encore, il faudrait que vous me conseilliez. Il serait d’ailleurs peut-être bon que je rencontre enfin quelqu’un en chair et en os.

Voilà, je ne sais pas si j’ai répondu à vos attentes. Je peux faire encore des efforts sur certains points. Il faudrait voir cela ensemble. A vous de voir néanmoins si vous n’en exigez pas trop de moi, notamment parce que vous savez que le Réquisitoire n’est qu’une mise en bouche. Car, imaginez que je n’ai pas de solution concrète, comme la plupart des auteurs, dont Marx lui-même ; cela enlèverait-il pour autant à l’intérêt philosophique du Réquisitoire ? Enfin, je vous rappelle une idée qui suffirait à satisfaire plusieurs de vos remarques, celle d’une introduction ou d’une préface.

Très cordialement,

Philippe Landeux

P.-S. : Je me suis justement intéressé à Auroville il y a peu de temps. Ce n’est pas franchement un succès, c’est même un échec, et l’idée de départ n’avait du reste rien à voir avec la Cité. Comme je l’explique, la monnaie ne peut être supprimée que si elle est remplacée par un moyen d’échange reposant sur les Principes de l’ordre social et qui plus est sur une grande échelle (au moins à un niveau national) et à une époque maîtrisant l’informatique et la production de masse.

Vous revenez enfin sur la fameuse question de savoir si l’Homme doit changer « en son intériorité inconnue » avant ou en même temps que son contexte. Je vous avoue que je ne comprends pas ce que cela veut dire, ce que cela implique, ni comment cela pourrait se faire. Vous dites : l’Homme doit changer. D’accord, mais qui, quoi, comment, dans quel sens ? et quel résultat pratique cela aurait-il en théorie ? et à qui revient-il de dire ce qu’il doit changer en lui pour qu’enfin il ait le droit de s’en prendre à Largent ? Et s’il avait l’opportunité d’anéantir Largent avant que soit intervenu ce fameux changement, devrait-il la saisir selon vous ?

« il me semble que “Largent”, cette racine invisible de l’enfer monétaire” a beaucoup a voir avec l’inconscient » Voulez-vous dire par-là qu’il répond à un besoin inconscient. Je crois moi que c’est parce qu’il est là (en tant que monnaie) qu’il devient un moyen de satisfaire lesdits besoins, dont certains sont d’ailleurs suscité par Largent ou le système monétaire lui-même. C’est un peu comme les grosses voitures. Certains ont inconsciemment besoin d’une grosse voiture, mais ce n’est pas pour satisfaire leur besoin inconscient (et naturel, cad ancré depuis toujours en l’Homme) que de grosses voitures existent aujourd’hui, mais parce qu’on sait les fabriquer. Je crois aussi que ce genre d’argument est le fait de gens qui, faute de savoir comment combattre Largent, l’ont intégré et justifié. Il est d’ailleurs facile de faire passer Largent pour un besoin inconscient, puisque c’est une croyance. Cela dit, je lirais volontiers des ouvrages sur le sujet si vous m’en indiquez.

« ce qui fait la limite de votre démonstration : le refus de voir dans cette “croyance” qu’est Largent autre chose qu’une idée fausse que le milieu socio-technique aurait introduit de l’extérieur dans notre esprit “vierge” pour innocenter d’avance l’homme d’un quelconque pêché originel. » J’ai dit ça, moi ? Je dis que Largent, cette croyance, est né du troc. Je n’ai jamais parlé, sous un non ou un autre, d’un quelconque pêché originel ! Largent n’a pas de but, même s’il a des effets. [L’erreur est justement de croire que, parce qu’il a des effets, son existence à un but. Non ! Il existe bien pour une raison (l’impossibilité d’échanger autrement que par troc à un certain moment de l’évolution humaine), mais il n’a pas de but, c’est-à-dire qu’il ne répond pas à un besoin psychologique.]

22 février 2008

Cher Monsieur L.,

Excusez-moi de vous écrire avant d’avoir reçu une réponse de votre part, mais, comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai cessé de lire et relire votre courrier et le mien, que je voudrais compléter.  

Sur la propriété privée des moyens de production, voici trois autres passages du Réquisitoire :

 « autant les Principes de l’ordre social contestent aux Citoyens la Propriété de leur production qui résulte de l’accomplissement d’un Devoir envers la Cité, autant être propriétaire de sa production est d’une nécessité absolue dans un système d’échange par troc, puisque les individus doivent posséder ce qu’ils échangent. » (p. 23) Faut-il ajouter que la propriété de ce que l’on produit va de pair avec la propriété des moyens de produire, que l’une n’a pas de sens sans l’autre, et vice versa, que la propriété privée des moyens de production n’a donc pas de sens si les Citoyens ne sont pas propriétaires de leur propre production ?

 « Précisons enfin que l’Egalité ne proscrit pas la Propriété et que, quoique tous les Citoyens aient le même Droit d’accéder aux biens présents sur le marché, ces biens deviennent les propriétés privées de ceux qui ont exercé leur Droit et les ont retirés du marché. La reconnaissance du Droit (particulier) de posséder des biens [Note : Le Droit de propriété ne porte pas sur tout et n’importe quoi. Découlant de l’exercice du Droit d’accès, qui lui-même résulte du Devoir de participer à la vie de la Cité, il ne peut porter que sur les fruits collectifs du Devoir en question, autrement dit sur des produits.] est essentielle, car c’est principalement au travers de ce Droit que les Citoyens jouissent en pratique du Droit (fondamental) de profiter des bienfaits de la Cité. » (p. 64) La note condamne la propriété des ressources naturelles (non produits) mais aussi la notion de propriété intellectuelle (immatérielle, donc impossible à posséder) à laquelle je substitue, dans ma théorie de la Propriété, le concept de paternité. Mais ce passage rappelle également que les Citoyens sont égaux dans le Droit d’accéder au marché, donc aux moyens de production destinés par nature à un usage collectif. Quel est dès lors l’intérêt, pour un Citoyen, de posséder à titre privé de tels biens que n’importe qui ou n’importe quel employé peut se procurer ? Celui qui les acquiert ne fait, pour ainsi dire, que rendre service aux autres. Il serait théoriquement possible de posséder à titre privé les moyens de production, mais cela n’aurait aucun sens. Du reste, il existera des catégories de biens auxquels les Citoyens ne pourront accéder à titre privé, mais seulement par le biais de leur entreprise qui en sera donc propriétaire.

 « Les chefs d’entreprises seraient toujours chefs, mais ils ne seraient plus seuls responsables, puisque pour la Cité l’entreprise ne serait plus incarnée par eux seuls, mais par tous les employés, eux compris. » (p. 77) En clair, l’entreprise serait l’ensemble des Citoyens. Les moyens de production appartiendraient donc à tous les employés, ou du moins à l’entreprise en tant que personne morale, mais non à une personne privée.

Comme je vous l’avais dit, on trouve tout dans le Réquisitoire. Je ne sais pas s’il est pertinent d’être toujours explicite, comme vous me le demandez, ou si, au contraire, il est bon d’être parfois subtil, quitte à être critiqué, auquel cas, celui qui prête le flanc n’est pas celui qu’on croit.

Si vous le permettez, j’aimerais vous citer quelques passages de l’art de la guerre de Sun Tzu : « Ainsi ceux qui s’entendent à provoquer un mouvement de l’ennemi y réussissent en créant une situation à laquelle celui-ci doit se plier ; ils l’attirent par l’appât d’une prise assurée et, tout en lui faisant miroiter une apparence de profit, ils l’attendent en force. » « Ceux qui sont experts dans l’art militaire font venir l’ennemi sur le champ de bataille et ne s’y laissent pas emmené par lui. Celui qui est capable de faire venir l’ennemi de son plein gré y parvient en lui offrant quelque avantage. »

C’est, je crois, la tactique que j’ai adoptée naturellement. Comme vous l’avez remarqué, mes idées sont puissantes, mais mon Réquisitoire semble présenter des faiblesses (et il en a de réelles sur la forme, mais qu’importe ?). D’autres tomberont dans ce piège. Ils péroreront. Je laisserai faire. Ils s’énerveront de plus belle. Ils mordront dans le vide à se casser les dents. Ce faisant, ils me feront la meilleure publicité. Et, quand la théorie du Civisme paraîtra, ils seront anéantis. La lutte ne sera pas terminée pour autant, mais j’aurai l’avantage et ils seront en position de défense, alors même qu’ils n’auront rien à défendre, car que pourront-ils bien défendre sans se discréditer eux-mêmes ? Le capitalisme, l’inégalité ? 

Il est donc important que l’attaque ait lieu en deux temps, d’où mon hostilité à l’idée que vous avez naguère évoquée d’un ouvrage rassemblant le Réquisitoire et la théorie du Civisme, et plus encore à celle de ne faire paraître que cette dernière.

Une dernière raison pour laquelle je n’ai pas parlé ouvertement de la propriété privée des moyens de production, à laquelle Marx ou en tout cas les communistes opposaient la propriété d’Etat, c’est que je ne voulais pas entrer dans ce débat soulever par les communistes et être confondu avec eux. Car, à force de se défendre de ressembler à quelqu’un, les autres croient que vous vous en défendez parce que précisément vous lui ressemblez. On peut aussi dire qu’à force de faire référence à quelqu’un, c’est vous qui faites de lui une référence et les autres croient que c’est secrètement votre idole.

Sur Marx :

Je vous ai déjà donné des raisons de mon silence à son sujet. J’en ai apporté une nouvelle ci-dessus. Dans la même lignée, je vous dirais que la meilleure façon d’enterrer Marx est de l’ignorer. J’ai bien entendu ce que vous avez dit, vous voulez que je fasse avec lui ce que la Carte civique fera avec la monnaie, l’anéantissement par le remplacement. Mais je ne suis pas aussi sûr que vous de la place que Marx occupe actuellement. Vous êtes les premiers à me parler de lui. Prendre l’initiative d’en parler pour désamorcer les critiques que pourraient faire quelques intellectuels au risque d’entrer dans une polémique qui n’intéressera pas la plupart des lecteurs ne me semble pas a priori judicieux, car ce ne serait peut-être pas sans effets pervers. Inversement, je vois mal qui pourrait invoquer Marx (avec tout ce que son nom évoque, à tort ou à raison) contre moi et se discréditer lui-même.

Dans votre message, vous me disiez qu’il ne s’agissait pas de le pourfendre par narcissisme ou gloriole. Mais pourra-t-on s’empêcher de m’imputer de telles arrières pensées ? Alors que, si je ne parle pas de lui, il sera quand même pourfendu et on ne pourra pas me reprocher d’avoir frappé un homme à terre.

Quand, dans ma réponse, j’ai cité mes références, j’ai oublié Rousseau. Je ne vous surprendrai pas en vous disant que le Contrat social est l’ouvrage qui m’a le plus inspiré, comme il fut la principale source d’inspiration des grands révolutionnaires français. Or, dans ce livre qui a marqué l’histoire, Rousseau expose ses conceptions sans tenir compte, sans critiquer ce que d’autres (Hobbes, par exemple) avaient dit avant lui. Il n’en est pas moins le plus connu des philosophes du XVIIIe. J’en arrive donc encore à me demander si pour supplanter Marx je dois impérativement, comme vous me le conseillez, le tuer moi-même en m’en prenant ouvertement à lui.

Je n’ai d’ailleurs pas compris si parler de lui était pour vous un conseil ou une condition. Voici, en attendant une précision, des solutions auxquelles j’ai pensé. La première, je vous l’ai déjà exposée, serait celle d’une préface dans laquelle l’auteur ferait lui-même des comparaisons, de sorte que Marx serait bien évoqué, mais pas par moi. La seconde serait que vous qui connaissez sans doute mieux Marx que moi me proposiez une question qu’un juré pourrait poser, laquelle présenterait en quelques mots clés, sans même citer Marx, ses idées centrales. Ce clin d’œil satisferait à la fois ceux qui le connaissent et ceux qui n’en ont rien à faire.

Très cordialement,

Philippe Landeux

lundi, 22 août 2011

PRINCIPES UNIVERSELS DE L'ORDRE SOCIAL / QU'EST-CE QUE LARGENT ?

Principes universels - couv recto.jpgIl est temps de remettre un peu d’ordre dans les idées, en commençant par les idées élémentaires : Qu’est-ce qu’une Société ? Qu’est-ce qu’un Citoyen ? Qu’est-ce qu’un droit ? Un devoir ? Quels sont les Principes fondamentaux de l’ordre social ? Qu’est-ce qu’une loi ?

Un législateur qui ne maîtriserait pas ces notions serait un charlatan tyrannique : non content de déblatérer en permanence, il condamnerait les autres à le suivre dans son délire et à être les instruments de leur perte. Quelque sujet de société que l’on traite, force est de reconnaître que ces notions sont aussi incontournables que les chiffres, les lettres, les notes ou les couleurs pour calculer, écrire, faire de la musique ou peindre, et que quiconque expose en la matière des conclusions qui supposent leur ignorance ou leur négation, conclusions qui sont donc fondées sur des sophismes et non sur les Principes, est un prodige de bêtise ou d’hypocrisie, dans tous les cas un fléau social.

Ce petit livre d'une cinquantaine de pages reprend les textes écrits pour et publiés sur ce blog. 

Détails :

54 pages de texte

8,50 € +  frais de port

 Principes - Bandeau pub.jpg

samedi, 02 juillet 2011

LE VRAI LIBERALISME

REDIF

Une philosophie économique vantée et surtout adoptée par une société doit être profitable d’un point de vue général et particulier et intégrer le fait que les acteurs économiques (producteurs et consommateurs) sont des citoyens, sous peine de bafouer leur citoyenneté, violer leurs droits, anéantir l’Egalité et finalement ériger un système antisocial. Or nous savons que la négation de la citoyenneté dans le système monétaire est moins une démarche volontaire des hommes qu’une conséquence inéluctable de Largent. Le vrai libéralisme — par opposition au capitalo-libéralisme, c’est-à-dire au libéralisme faussé par Largent — doit donc être pensé dans le cadre d’une société et d’un système non-monétaire dans lequel les individus tiennent tous leurs droits de la citoyenneté, laquelle se mérite par l’accomplissement de devoirs envers la cité.

C’est parce qu’ils sont citoyens, parce qu’ils ont participé à la vie de la cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, que les citoyens ont le droit de profiter de ses bienfaits et d’accéder au marché. (Les biens qu’ils retirent du marché sont évidemment leurs propriétés.) Ce droit d’accès, conféré directement par la citoyenneté,  est égal pour tous et en théorie illimité, ou indéfini. Dans ces conditions, la Demande, la somme des désirs individuels, est optimale et en théorie infinie ; elle ne peut jamais être entièrement satisfaite. L’Offre de biens, de services et d’emplois est donc stimulée au possible, et comme les individus ont besoin de travailler pour être citoyens (qui ne l’est pas n’a aucun droit), tous travaillent et pourtant de nombreux emplois restent à pourvoir. La production est à son maximum et tend vers la qualité qui seule guide désormais le choix des consommateurs.

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Les citoyens sont bien sûr libres de choisir leur emploi, dans la mesure de leurs talents et des places. En revanche, en contrepartie des droits que le fait de travailler et d’être citoyens leur assure, la cité leur fixe des résultats minimums à atteindre, des résultats en terme de « vente » ou nombre de clients (non en terme de production) afin de s’assurer de la réalité et de l’utilité de leur activité. A vrai dire, ce ne sont pas les individus qui ont des résultats à atteindre, mais les entreprises. Le principe ne semble s’appliquer aux individus que dans le cas des entrepreneurs indépendants. Tout citoyen a d’ailleurs la possibilité de créer son entreprise ; il lui suffit d’avoir un projet pour que la cité lui permette de réunir les moyens nécessaires (ce qui est différent de les lui fournir). A l’entreprise, ensuite, de gérer son activité (embauche, licenciement, organisation, innovation, stratégie, etc.) et d’atteindre au moins les résultats escomptés sous peine de sanctions voire de liquidation. Ce système permet à la cité d’explorer toutes les pistes, de déjouer les escrocs, d’abréger les expériences malheureuses, de couper les branches mortes, d’inciter les entreprises à s’adapter, mais aussi, à l’occasion, de soutenir les activités déclinantes qui lui tiennent à cœur.

Les citoyens ayant la liberté d’entreprendre, il va de soi qu’il n’y a pas de monopole, que les entreprises sont en concurrence, qu’elles doivent donc donner le meilleur d’elles-mêmes soit par orgueil soit par prudence. Cette concurrence n’oblige pas les entreprises à bâcler le travail, à exploiter leurs employés, à rogner sur les mesures de  sécurité : elle est positive pour les consommateurs auxquels sont présentés des biens et services de qualité en abondance, positive pour la cité dont l’appareil productif fonctionne sans qu’elle ait besoin d’intervenir, et sans dommage pour les employés qui travaillent dans les meilleures conditions (l’entreprise n’ayant aucune raison de lésiner) et dont les droits sont à l’abri de la citoyenneté.

Enfin, les entreprises peuvent viser soit le marché intérieur soit le marché extérieur. Lorsqu’elles exportent vers des pays monétaires, ce n’est pas pour faire du profit, elles n’en ont pas besoin, mais toujours pour satisfaire les exigences de la cité en nombre de clients. Elles vendent néanmoins leurs produits et remettent à la cité l’essentiel de leurs recettes. Ainsi, la cité qui, en interne, fonctionne sans monnaie, dispose d’un trésor pour importer des produits étrangers (lesquels sont donc accessibles gratuitement pour les citoyens) et régler les frais de voyage de ses citoyens. (Il y a d’autres façons pour elle de procéder aux échanges internationaux ou de se procurer de la monnaie.) La cité n’est pas coupée du monde ! Elle est même une puissance mondiale ! Aucun pays monétaire ne peut rivaliser avec elle sur aucun plan ! Elle connaît le plein emploi, rien ne peut déstabiliser son économie, ses entreprises sont à la pointe du progrès, ses produits sont de la plus haute qualité et les moins chers du marché, ses citoyens sont les plus égaux, les plus libres, les plus prospères et, de ce fait, les moins frustrés et les moins matérialistes de l’histoire de l’Humanité, son prestige est sans pareil.

Pour revenir aux exportations, il n’y a pas de dogme en la matière : la cité peut les autoriser sans restriction, fixer des quotas, les interdire ; elle peut obliger une entreprise à exporter tout ou partie de sa production (pour renflouer ses finances) voire à la donner à des destinataires étrangers ; elle peut exercer un droit de préemption pour troquer cette production avec un autre état, comme cela se pratique déjà ; c’est selon la nature des produits et ses intérêts du moment. Quoi qu’elle décide, les entreprises, les employés, en un mot ses citoyens n’y perdent rien. Ils travaillent pour elle en premier lieu : ils font ce qu’ils veulent tant qu’elle se tait ; ils obéissent quand elle  parle ; ils jouissent de leurs droits individuels dans tous les cas, ce qui est bien la finalité de toute société pour les individus.

Ce système respecte tous les principes de l’ordre social : il est égalitaire et libéral, mais c’est du libéralisme sans capitalisme. Il met un terme aux faux débats qui déchirent la droite et la pseudo gauche.

L’Homme ou Largent. Il n’y a plus à se demander qui doit être au centre du système. Largent — auquel l’Homme est fatalement soumis quoiqu’il se prenne pour le maître — n’est plus : l’Homme (les citoyens) reste seul dans la place. Il n’est pas seulement le centre des considérations, il est tout : l’origine, le moyen et le but de la cité.

Inégalité sociale ou égalité naturelle. Il n’y a plus à se demander si les hommes sont égaux ou si l’inégalité est justifiée, si une certaine inégalité est nécessaire voire inévitable : les hommes sont et demeurent naturellement différents ; les citoyens doivent être égaux en droits, et le sont dans la cité puisque la citoyenneté confère les mêmes à tous.

Salaire minimum ou négocié. Il n’y a plus rien à négocier de ce point de vue entre l’employé et l’entreprise, et le minimum est le maximum pour tous. Il n’y a qu’un salaire : la citoyenneté et tous les droits qui vont avec (dont celui d’accéder au marché).

Solidarité ou individualisme. Il n’y a plus à balancer entre une fausse solidarité qui perpétue l’exploitation et engendre des parasites et l’individualisme dont les excès ou les limites appellent la solidarité. Les citoyens, ayant rempli leurs devoirs, jouissent de leurs droits : ils ont tout ce dont ils ont besoin. Les parasites n’ont droit à rien, sinon au mépris public : ils n’ont plus qu’à plier bagage ou retrousser leurs manches.

Retraite par répartition ou capitalisation. Il n’y a plus de cotisations à verser sa vie durant à l’Etat ou à un organisme privé pour ensuite percevoir une pension de misère. Les droits dépendent de la citoyenneté, et un retraité est un citoyen qui a rempli ses obligations économiques envers de la cité et peut arrêter de travailler s’il le souhaite, sans rien perdre de ses droits.

Nationalisation ou privatisation. Il n’y a plus d’entreprises publiques ou privées : toutes sont à la fois publiques dans leur mission et privées dans leur gestion. Il n’y a ni planque ni galère. Les employés ne sont ni des fonctionnaires ni des esclaves ; ce sont des citoyens qui garantissent leur emploi et leurs droits en remplissant, au sein de leur entreprise et sous son autorité, leurs devoirs envers la cité.

Syndicat ou patronat. Il n’y a aucune différence aux yeux de la cité entre le patron, l’entrepreneur, le directeur et les employés : tous sont l’entreprise, tous sont citoyens, tous sont solidaires pour le meilleur et pour le pire. Ils ne se battent pas entre eux ; ils travaillent ensembles. Grèves et syndicats n’ont plus de raison d’être quand les entreprises n’ont plus les moyens d’exploiter les travailleurs et ont au contraire intérêt à les choyer (pour les retenir, plein emploi oblige).

Travail ou capital. Il n’y a plus à favoriser l’un aux dépens de l’autre et de la Liberté, que ce soit au nom de Largent qui n’est plus ou de l’Egalité qui, en posant le problème en termes monétaires, ne saurait être. Les choses ne sont plus mues par « le capital », et pour cause, mais par la volonté des hommes. Les droits des citoyens ne dépendent ni de ce qu’ils possèdent ni d’une quelconque représentation de la propriété, mais de la citoyenneté. Le travail n’est qu’une forme de participation à la vie de la cité, et toutes les activités qui profitent à la cité de quelque manière que ce soit sont reconnues et assurent la citoyenneté aux individus qui s’y livrent.

Propriété des moyens de production privée ou collective. Il n’y a plus à se demander à qui appartiennent les moyens de production que la cité permet aux entreprises de se procurer pour qu’elles servent ses intérêts : ils sont à la cité, comme la production elle-même. Les entreprises qui en sont dépositaires n’en sont propriétaires qu’en apparence, mais une apparence que chacun doit prendre au sérieux : attenter à ces biens revient à attenter au bien public. Seuls peuvent être des propriétés privées les biens que la cité permet aux citoyens de retirer du marché à titre individuel et pour leur usage personnel. Dans tout autre cas, la propriété privée, individuelle, est soit impossible soit aberrante. Ne peuvent accéder au marché que des personnes physiques (les citoyens) et les personnes morales (entreprises, associations, etc.). Un citoyen qui acquiert un bien indivisible pour lui seul (que lui seul utilise, même au profit de plusieurs) ou pour un usage collectif en est propriétaire aux yeux de la cité tant qu’il ne transmet pas son titre à un autre. Lorsqu’il acquiert un lot de biens pour un usage collectif, c’est-à-dire lorsqu’il n’a fait que dispenser les réels destinataires d’acquérir chacun de leur côté le bien qu’ils utilisent personnellement, il en est propriétaire en théorie mais il a renoncé ou transmis sa propriété en pratique : le fait prend le pas sur le droit : ce lot de biens n’est pas une propriété collective mais une somme de propriétés individuelles. Par contre, tous les biens « acquis » par une personne morale, par un groupe de citoyens reconnu par la cité, sont la propriété de la cité : ce n’est pas leur propriété qui est collective, mais au mieux leur usage.

La terre au paysan ou au propriétaire. Il n’y a plus qu’un propriétaire du sol : la cité. Elle ne le cède jamais. Elle en confie des portions aux entreprises pour qu’elles puissent travailler dans l’intérêt général, et aux particuliers pour satisfaire leurs désirs légitimes tant qu’elle n’y voit pas d’inconvénients. Ces portions retournent au domaine public (quitte à être ré-attribuées dans la foulée) dès lors que les intéressés manquent à leur devoir, renoncent à leur activité, sont frappés d’indignité ou décèdent, ou, tout simplement, dès que des intérêts supérieurs l’exigent.

Libre échange, taxation, protectionnisme. Il n’y a plus de « libre échange » qui, tant sur le plan national qu’international, n’a jamais signifié que « liberté d’exploiter, de spéculer et d’affamer ». Les producteurs ont le devoir de mettre leur production sur le marché, à portée des consommateurs libres et égaux. Quoiqu’il n’y ait plus de troc direct ou indirect entre les uns et les autres, vu qu’il n’y a plus d’argent, même un capitaliste doit admettre qu’il en résulte une forme d’échange que l’on pourrait qualifier de « libre consommation ». Cette forme d’échange vaut mieux, sans doute, que celle qui légitime l’accaparement et se rit du malheur public.
Il n’y a évidemment plus de taxes, pas même sur les produits étrangers qui, du simple fait d’être payants pour la cité, sont déjà stigmatisés. Du reste, la taxation n’a jamais été qu’une gêne pour le commerce et un surcoût pour les consommateurs.
Enfin, il n’est pas à exclure que la cité se protège si besoin est — c’est même sa raison d’être —, mais, en l’occurrence, sa meilleure protection sur le plan économique, c’est la qualité supérieure de ses produits et la liberté de ses citoyens. En fait, ce sont surtout les pays monétaires qui doivent se protéger contre une puissance dont les produits sont de qualité pour un prix nul ou dérisoire.

Ecologie ou économie. Il n’y a plus de contradiction entre l’un et l’autre : l’environnement n’est plus sacrifié sur l’autel de Largent. La cité, les collectivités, les entreprises, les citoyens n’ont d’autre limite à leurs pouvoirs que leur volonté. Dès lors qu’ils se préoccupent de l’environnement (La protection de l’environnement tient à deux choses : produire propre, traiter efficacement les déchets.), ils légifèrent et agissent en conséquence. Les bonnes décisions ne sont pas écartées pour préserver des profits ; nul ne rechigne à les appliquer par souci d’économie.

Avoir ou Etre. Il n’y a plus d’obsession de l’Avoir pour des citoyens qui ont accès à tout, même s’ils n’ont envie de rien. Les biens sont toujours nécessaires, mais il n’y a ni mérite ni orgueil à posséder ce qui est à la portée de chacun ; parader et accumuler attirent au contraire les risées. Comblés sur le plan matériel, les citoyens ont, par la force des choses, des préoccupations plus élevées. Eux qui peuvent tout avoir sont aussi modérés et réfléchis que des capitalistes sont matérialistes et excessifs à la première occasion. — Au fond, ce débat renvoie au tout premier : Largent ou l’Homme. La boucle est bouclée.

D’après ses postulats et ses effets, cette conception politico-économique est indubitablement de gauche ; c’est même la seule réellement de gauche. Elle réconcilie les concepts d’Egalité, de Liberté, de propriété, de concurrence, de hiérarchie, d’intérêt général et d'intérêt particulier que Largent dénature et dresse les uns contre les autres. Toute autre ligne est fatalement capitaliste, inégalitaire et liberticide, du moins anti-libérale ou pseudo libérale, en un mot, de droite.

Un sûr garant que cette conception est bien de gauche, au sens historique, est qu'elle accepte la définition que Robespierre donna de la propriété dans sa Déclaration des droits : « La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. (art. 6) Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. (art. 7) Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. (art. 8) »

Cette définition qui ignore Largent est d’autant plus extraordinaire qu’elle émane d’un homme qui ne le remit jamais en cause intellectuellement et qui, d’ailleurs, n’aurait pu lui échapper techniquement. Elle est donc incomplète : elle omet notamment d’indiquer comment un bien devient une propriété légitime dans l’absolu ; elle est absurde ou du moins inapplicable dans un contexte monétaire : la monnaie confère seule la propriété et fausse tout ; mais elle est juste du point de vue des principes de l’ordre social. Robespierre n’a pas plus résolu les contradictions du système monétaire qu’il n’est tombé dans ses pièges ; il les a dépassées pour fixer le but atteindre. Il a reconnu la nécessité et le droit pour les individus de posséder des biens, mais il a fait remarquer, dans le même temps, que la possession n’existe qu’à l’abri de la société, que cette dernière, qui incarne l’ensemble des citoyens, ne peut user de sa force pour assurer aux uns des droits préjudiciables aux droits des autres et donc qu’elle n’a pas à regarder comme la propriété des particuliers les biens qui présentent ce risque par nature ou qui, entre certaines mains, sont devenus un fléau. Un citoyen ne peut posséder que les biens sur lesquels la cité, gardienne de l’intérêt général, lui reconnaît ce droit, et tant qu’elle le lui reconnaît, d’où l’expression « portion de bien qui lui est garantie par la loi ».  Cette définition condamnait autant le capitalo-libéralisme que le communisme ; elle était sociale et libérale ; elle est toujours révolutionnaire.

Philippe Landeux

Voir aussi : Robespierre et le libre échange

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lundi, 20 juin 2011

PENSEE DU JOUR : mondialiste

Entre un "citoyen du monde" et un mondialiste, la seule différence est que le premier se croit de gauche.

dimanche, 12 juin 2011

AVIS AUX IMMIGRES (2)

CONDITIONS NON-NEGOCIABLES
POUR QUE LES FRANÇAIS ACCEPTENT LES IMMIGRES

Pour une fois, je ferai simple et direct. Après avoir vu les vidéos d’Omar Djellil dont l’honnêteté m’a beaucoup ému, je voudrais lui adresser, ainsi qu’à tous les immigrés et « Français » issus de l’immigration » extra-européenne qui se veulent français, un message on ne peut plus clair.

http://www.dailymotion.com/video/xifotn_omar-djellil-revient-sur-sa-rencontre-avec-stephane-durbec_news#from=embed&start=1

Les Français « de souche » sont prêts à vous accepter, mais à leurs conditions. Ces conditions ne sont pas négociables. Elles portent sur les points qui, précisément, les empêchent de vous appréhender en tant que Français. Si vous voulez être reconnus comme Français à part entière, c’est sur ces points précis qu’ils vous faut faire un effort. Car c’est à vous de faire l’effort pour prouver votre bonne foi aux Français qui sont chez eux, chez qui vous êtes sans qu’ils aient été consultés, qui font déjà un effort en acceptant votre présence et qui n’ont pas à  vous céder davantage. Pour être français, vous devez être perçus comme tels par les Français « de souche » ; vous devez conquérir leur cœur, leur esprit et parler à leurs yeux. Or vous ne pouvez le faire en campant sur les positions qui, manifestement, vous desservent. Vous ne pouvez pas exiger que les Français acceptent les différences qui vous signalent comme des étrangers, car, s’ils le faisaient pour vous faire plaisir, ils vous tromperaient encore sur leurs sentiments réels à votre égard et rien ne serait changé. Vous devez donc accepter de renoncer à ce qui les empêche de voir en vous des Français. Si vous êtes français, cela ne vous coûtera rien et vous recevrez au centuple ; si vous tergiversez, c’est que, quoi que vous en pensiez, vous n’êtes pas français et vous représentez un danger ; et si vous vous sentez en effet étrangers, clarifiez la situation car rien n’est plus exaspérant que l'hypocrisie.

Ainsi, pour être pleinement français non seulement sur le papier mais encore dans l’esprit des Français, vous devez :

1. Prendre personnellement et donner à vos enfants un prénom français ou francisé.

2. Proscrire les attributs vestimentaires typiquement étrangers (voile, djellabas, boubous, etc.)

3. Parler systématiquement français.

4. Renoncer à toute nationalité autre que française.

5. Etre discrets en matière religieuse, prônez la francisation de votre culte et accepter que la religion catholique bénéficie de quelques exceptions.

6. Militer contre l’immigration.

Ces conditions étant non-négociables, elles devraient se passer d’explications.

Remarquez cependant qu’un prénom est universellement une marque d’appartenance à la communauté dont il véhicule la culture ; il en est de même des tenues vestimentaires et de la langue usuelle. Vous qui n’avez pas un physique couleur locale, qui ne pouvez être perçus de prime abord comme des Français, vous devez absolument signifier votre francité par tous les moyens à votre disposition au lieu de lancer des signaux contraires. Il s’agit tout simplement, pour vous, d’être des Français comme les autres sur le plan des us et coutumes. Vous ne pouvez pas être comme les autres sans être réellement comme eux dans tout ce qui dépend de vous.

Ensuite, est-il besoin de faire remarquer qu’il est par nature impossible d’être Français à part entière en ayant deux nationalités, en étant partagé entre deux nations ? Nul ne peut lire dans le secret de vos cœurs. Convenez que cette double allégeance officielle peut à bon droit susciter une légitime défiance à votre égard, une défiance qu’il vous est facile de désarmer en faisant un choix clair, un choix qu’un Français digne de ce nom ou un étranger qui se respecte ne peut hésiter à faire.

Pour ce qui est de la religion, la France est un pays laïque et vous pouvez pratiquer dans la discrétion celle que vous voulez. Mais la France est aussi un pays historiquement catholique. Sa culture, son patrimoine, son identité sont fatalement marqués par cette histoire. Un Français, quelles que soient ses croyances personnelles, doit en prendre acte, faire sienne cette identité et lutter pour la préserver. On ne peut être français sans être attaché à l’identité française telle qu’elle est. La mépriser en raison d’origines personnelles étrangères fait de vous des étrangers et même des ennemis de la France authentique.

Enfin, l’immigration tous azimuts tourne à l’invasion. Comment appeler autrement ce phénomène ? Les Français, dans leur grande majorité, n’en peuvent plus et se disposent à réagir. Vous en êtes d’ailleurs les premières victimes. Ce n’est pas pour vos beaux yeux que les immigrationnistes (patrons et gauchistes) vous ont ouvert les portes, mais pour vous exploiter. C’est à vous que les nouvelles et incessantes vagues d’immigrés font du tort en premier sur tous les plans. Votre positionnement dans cette affaire est déterminant : ou vous êtes français et pensez comme les Français qu’il est de votre intérêt de stopper d’urgence l’immigration, ou vous êtes toujours des immigrés dans vos têtes et êtes solidaires d’immigrés qui vous nuisent, qui vous discréditent, qui détruisent, malgré eux, lambeau par lambeau, le pays que vos parents ont rejoint et qui est censé être le votre. Autrement dit, ou la France est votre patrie et vous la défendez comme tout Français, ou vous êtes des envahisseurs et, une fois de plus, des ennemis de la France.

Votre situation actuelle est le fait de vos faux amis, c’est-à-dire de nos ennemis communs, des traîtres à la France. Fermez l’oreille à leurs flatteries criminelles ; suivez ces conseils de la franchise. Les choix qu’il vous appartient de faire et que les Français attendent que vous fassiez sont simples. Votre avenir en France est entre vos mains. Mais, sachez que le temps presse ; nous sommes au bord du gouffre.

 

Philippe Landeux

Voir : AVIS AUX IMMIGRES (1)

03:45 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : immigration, avis, assimilation, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 30 mai 2011

PENSEE DU JOUR : citoyen du monde

Citoyen du monde, homme de nulle part, fléau partout.

lundi, 16 mai 2011

PENSEE DU JOUR : double nationalité

Deux nationalités, c’est une honte pour un patriote, et une faiblesse pour un traître.

lundi, 09 mai 2011

PENSEE DU JOUR : réalité

« Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. »

Charles de Gaulle

dimanche, 08 mai 2011

NATION ET PATRIOTISME des concepts de gauche

Le peuple de Paris prit la Bastille au cri de « Vive la nation ! ». Les volontaires de 1792 arrêtèrent les Prussiens au cri de « Vive la nation ! ». La nation était un concept révolutionnaire, un concept de gauche. Il ne s’agissait plus des antiques nations, essentiellement charnelles, soudées par le sang, mais d’une communauté nationale, essentiellement morale, désormais soudée par la loi. Appartenait à la nation celui, d’où qu’il soit, qui faisait sien son identité, son projet et ses valeurs. Le caractère charnel de la nation n’avait pas disparu, puisqu’elle était de fait l’héritière d’un peuple et d’une histoire, mais le critère ethnique n’était plus la première condition d’appartenance. A vrai dire, ce critère pouvait être négligé car l’immigration était alors un phénomène marginal et l’immigration extra-européenne, un phénomène inexistant.

Dans l’esprit des révolutionnaires, « nation » était synonyme de « patrie ». Pourtant le terme « nationalisme » leur était inconnu ; ils ne parlaient que de patriotisme. Quand Robespierre déclara : « Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l'amour de l'égalité et de la patrie, la liberté n'est qu'un vain nom » (8 thermidor), il définit indirectement le patriotisme, ou l’amour de la patrie, comme une aspiration à la justice, à l’Egalité et à la Liberté. Tout se tient. Un patriote conséquent considère ses compatriotes, ses concitoyens, ses frères d’armes comme ses égaux, non comme des marchepieds ou de la chair à canon. Le patriotisme bien compris est intrinsèquement égalitaire, donc de gauche. Les partisans de l’inégalité, les séides de l’oppression et de l’exploitation de leur propre peuple qui se disent patriotes sont des ignorants ou des hypocrites, dans tous les cas des calamités publiques.

Robespierre allait même encore plus loin : « Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état. (art. 35 de sa Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) Celui qui opprime une seule nation se déclare l’ennemi de toutes. (art. 36) Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l’homme, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et comme des brigands rebelles. (art. 37) ». Le patriote Robespierre était donc internationaliste. Patriotisme et internationalisme sont les deux faces d’une même pièce.

Une autre figure majeure de la gauche française tint le même discours. « Ce qui est certain, c’est que la volonté irréductible de l’Internationale est qu’aucune patrie n’ait à souffrir dans son autonomie. Arracher les patries aux maquignons de la patrie, aux castes du militarisme et aux bandes de la finance, permettre à toutes les nations le développement indéfini de la démocratie et de la paix, ce n’est pas seulement servir l’internationale et le prolétariat universel, par qui l’humanité à peine ébauchée se réalisera, c’est servir la patrie elle-même. Internationale et patrie sont désormais liées. C’est dans l’internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c’est dans les nations indépendantes que l’internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles. On pourrait presque dire : un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène. » Jean Jaurès, L’armée nouvelle, 1911.

Par quel prodige la mémoire de Jean Jaurès peut-elle être invoquée à longueur de temps par des gens qui présentent la nation, la patrie et le patriotisme comme des concepts réactionnaires, « nauséabonds », et fascisants ? Peut-on être de gauche sans être patriote, en n’ayant que mépris pour son pays, son peuple et ses concitoyens, en étant un traître à la patrie ?

La nation est le maximum de l’abstraction, et le patriotisme, le summum de l’humanisme. En deçà, il n’y a que des individus ayant au mieux le sentiment d’appartenir à une communauté plus étroite que la communauté nationale (clan, tribu, confrérie, corporation, chapelle, race, ville, région, classe), sectarisme plus ou moins légitime (relevant dans certains cas du patriotisme), souvent contre-productif et toujours dangereux pour la nation (1). A l’inverse, au-delà des nations historiques, tout « groupe » humain réunit des hommes n’ayant rien de commun, si ce n’est le fait d’être hommes, et n’est qu’une construction purement intellectuelle et parfaitement démagogique. Professer un sentiment exclusif d’appartenance à un tel « groupe », un « groupe » sans consistance et sans exigence, ne coûte rien, n’engage à rien, ne mène à rien si ce n’est à renier les communautés réelles, donc à se dégager moralement et concrètement de toute obligation envers quiconque. Le patriotisme à ce niveau-là est vide de sens ; ce n’est que la rhétorique pompeuse d’un individualisme honteux.

Un patriote est internationaliste : il aime sa patrie et respecte les autres peuples ; il est juste (dans la cité) et bon (à l’extérieur). Cet internationalisme raisonnable n’a rien à voir avec l’internationalisme bobo-gauchiste, l’ultra-internationalisme, qui s’investit exclusivement pour les autres et oublie de cultiver son propre jardin, qui admire tout ce qui porte la marque de l’étranger et dénigre tout ce qui provient du terroir, qui reconnaît à tous les peuples le droit d’appliquer les principes légitimes (indépendance, décolonisation, démocratie, protectionnisme, fierté, préférence nationale, etc.) qu’il vomit chez lui, qui s’entiche des immigrés (les seuls étrangers réellement à sa portée) et fait tout pour qu’ils s’aliènent les nationaux. L’ultra-internationaliste marche sur la tête. Il voit tout à l’envers et fait toujours le contraire de ce qu’il faudrait faire, sans jamais comprendre pourquoi les résultats qu’il obtient sont toujours à l’opposé de ceux qu’il se propose. Il anticipe néanmoins ses échecs en calomniant ses détracteurs pour leur clouer le bec et leur faire porter le chapeau. Aussi excelle-t-il dans l’insulte. En fait, il ne comprend rien aux peuples en général et au sien en particulier, car, au fond, c’est un individualiste. Finalement, il n’est ni juste (pour son peuple) ni bon (pour les autres, si ce n’est en paroles). Il n’est pas de gauche.

Reste la question du nationalisme. Ce pourrait être un synonyme de patriotisme. La nation désigne avant tout la communauté quand la patrie désigne avant tout le territoire qu’elle occupe, mais communauté et territoire étant liés, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Pourtant il est convenu de considérer le nationalisme comme moins ouvert que le patriotisme, c’est-à-dire essentiellement dirigé contre les autres, d’où la célèbre phrase de Romain Gary : « le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres. » Cependant, à bien y réfléchir, la haine ou la simple indifférence vis-à-vis des étrangers n’est du nationalisme que si elle est le pendant d’un réel amour des siens, d’un amour ayant, vis-à-vis de la cité, toutes les caractéristiques du patriotisme. En quoi l’oppression et l’exploitation de ses compatriotes serait-il du nationalisme ? En quoi l’ennemi de sa nation est-il un nationaliste ? Un nationaliste digne de ce nom est tout aussi égalitaire qu’un patriote. Sans quoi, le nationalisme n’est qu’un prétexte invoqué par des individualistes et des tyrans trouvant dans la xénophobie leur raison d’être, comme d’autres dissimulent leur individualisme sous un discours universaliste. Ayant souvent servi de prétexte (notamment aux va-t-en-guerre) et comportant en effet un côté sombre, le nationalisme a mauvaise presse (le fait que les journalistes soient pour la plupart des gauchistes n’arrange évidemment rien). Néanmoins, le nationalisme bien compris est lui aussi intrinsèquement de gauche. Le bord politique d’un projet ne se définit pas par rapport à sa position vis-à-vis des étrangers mais en fonction du soin qu’il prend des citoyens et de la façon dont il gère la cité. Vouloir le bien-être, la justice, l’Egalité pour ses concitoyens, ne vouloir que cela, le vouloir même aux dépens des étrangers, c’est être de gauche. Le nationalisme est juste (pour son peuple) à défaut d’être bon (humaniste).

Philippe Landeux


NOTE :

(1) Un individu se définit selon de multiples critères et il est naturel qu’il se sente appartenir à tous les groupes (clan, tribu, confrérie, corporation, chapelle, race, ville, région, classe) auxquels il appartient effectivement. Cela peut à l’occasion susciter des cas de conscience mais n’empêche pas d’être patriote en définitive. Le problème survient lorsqu’un individu se définit exclusivement par rapport à un de ces groupes, ne voit de patrie qu’en lui et se dresse en son nom contre la nation et ses autres composantes, contre ses concitoyens. Que cette conception soit innée ou motivée, qu’elle soit inspirée par l’amour de la partie ou une haine légitime du tout, elle est négative pour la nation et pas nécessairement positive pour le groupe. Si elle se concrétise (généralement au prix d’une guerre civile), elle aboutit à la sécession dans le meilleur des cas, à la dictature du groupe dans le pire. Du point de vue du groupe, la sécession peut être une bonne chose pour ses membres si elle leur apporte enfin respect et prospérité ; la dictature peut aussi être un mieux pour eux par rapport à leur position antérieure, mais n’est souvent qu’une vue de l’esprit et une amère déception (cf. la dictature du prolétariat). Il est donc impossible d’apprécier le communautarisme dans l’absolu, sa légitimité et sa dangerosité, puisque tout dépend de la nature de la communauté en question, de son histoire, de sa situation et de son projet.

19:52 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nation, patriotisme, gauche, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 05 mai 2011

PENSEE DU JOUR : les nouveaux Perses

La France n'a pas plus à redouter la Chine que les Grecs ne redoutaient les Perses, si elle retrouve confiance en elle et aspire de nouveau à la grandeur.

mercredi, 04 mai 2011

GAUCHE / DROITE : LA VALSE DES ETIQUETTES

FRONT NATIONAL : LA GAUCHE RÉINCARNÉE


Il n’y a plus de gauche aujourd’hui dans le paysage politique. Elle ne pourrait exister qu’en conscience, en ayant conscience que Largent est l’ennemi de l’Egalité et en étant porteuse d’un projet cohérent de « société égalitaire » (pléonasme). Cependant, bien qu’aucun parti ne puisse être réellement de gauche, puisque aucun ne peut ou ne veut instaurer l’Egalité, le bon sens n’a pas entièrement disparu et des idées de gauche demeurent. Ces idées — contrat social, devoirs, droits, Sécurité, Liberté, démocratie, nation, pays, frontière, peuple, identité, fierté, patriotisme, ordre, exigence, souveraineté du peuple, indépendance nationale — sont secondaires par rapport à l’Egalité, mais elles en découlent et participeraient à l’édification d’une société digne de ce nom si le pilier principal était en place. Pour l’heure, écrasées par le poids de l’édifice, donc quelque peu déformées (je ne parle pas ici de leur emploi fictif), elles sont les seuls marqueurs de gauche.

Or, force est de constater que non seulement les partis dits « de gauche » ne sont plus sur ces positions mais  leur donnent au contraire l’assaut au nom des immigrés, de l’antiracisme, du multiculturalisme, du métissage, de l’humanisme dévoyé et de l’universalisme dénaturé. Ces positions ne sont pas non plus celles de la droite ouvertement capitalo-libérale, du moins de la droite mondialiste. Car il existe encore une droite capitalo-libérale nationale, concevant le capitalo-libéralisme dans le cadre de la nation. Bien que cette position soit philosophiquement intenable, capitalo-libéralisme et patriotisme étant inconciliables, l’un étant intrinsèquement inégalitaire, l’autre, égalitaire, il n’en demeure pas moins que le patriotisme fait partie du logiciel de gauche, de la gauche historique s’entend. La droite capitalo-libérale nationale est donc déjà plus à gauche que les partis dit « de gauche » et les « citoyens du monde autoproclamés » qui ont chaussé les bottes de la droite capitalo-libérale mondialiste et immigrationniste.

En fait, la plupart des idées et des aspirations authentiquement de gauche qui remontent à la Révolution (d’où viennent également les notions de droite et de gauche) sont aujourd’hui portées par la droite nationale anti-capitalo-libérale, qualifiée d’extrême droite par la gaucherie. Le Front National est objectivement le seul parti de gauche en France à l’heure actuelle, du moins le parti le plus à gauche d’après ses fondamentaux. Qui d’autre arbore le drapeau tricolore, chante la Marseillaise à pleins poumons, qui d’autre est fier d’être français au lieu d’en être honteux ? qui parle de patrie, de nation comme au temps de la Révolution ? qui défend le peuple français au lieu d’en nier l’existence et d’essayer de le dissoudre ? qui réclame des référendums au lieu de craindre le peuple ? qui appelle à sortir de l’Europe au lieu de se bercer d’illusions à son sujet ? qui s’émeut de la décomposition générale de la France au lieu de jouer les autruches ? qui fustige l’insécurité et le laxisme politico-juridique au lieu de nier que la sécurité soit le premier des droits du citoyen ? qui sonne l’alarme contre l’immigration-invasion au lieu de s’en faire le complice ? Etc. Etc. Il n’y a aucune différence fondamentale entre ce discours et celui des révolutionnaires de 1792-1793 qui criaient « Vive la nation ! », décrétaient « la patrie en danger » et vouaient les traîtres à l’échafaud.

Les Français que la propagande intensive gauchiste n’a pas lobotomisés ou effrayés ne s’y trompent pas. Même ceux qui hésitent à accorder leur voix au Front National partagent l’essentiel de son discours. La gaucherie est trop embourbée dans son idéologie et trop hystérique pour se désavouer en adaptant son discours à des fins politiciennes, autrement dit en promettant sans rien tenir comme ose le faire la droite mondialiste. Elle en est donc réduite à dénoncer, en vain, « une droitisation » de l’opinion. Mais, chose bien connue en France, c’est la poule qui chante qui a fait l’œuf. En réalité, c’est la gauche qui s’est droitisée pour devenir la gaucherie immigrationniste et apatride (1), poussant les Français de gauche n’en pouvant plus à rallier en masse la droite nationale qui, par un processus inverse, s’est, pour ainsi dire, jacobinisée (2). La vieille garde frontiste, réellement d’extrême droite, se reconnaît d’ailleurs de moins en moins dans ce Front National dans lequel les Français, eux, se retrouvent de plus en plus.

Les idées de gauche n’ont donc pas disparu, mais les étiquettes sont restées sur des partis dont le contenu, lui, a tourné avec le temps et par la force des choses. C’est là toute l’ambiguïté de la situation : le décalage entre la nature des contenus et les noms obsolètes des contenants. Cette confusion profite encore à la gaucherie, faussement sociale et anti-nationale, qui continue de s’arroger le label « de gauche » et berne ainsi une partie du peuple français qui, lui, est fondamentalement et nécessairement de gauche. Ce faisant, le Front National ne pouvant se revendiquer « de gauche » puisque cette étiquette est déjà prise et a été galvaudée continue de se dire « de droite », ce qui a un effet repoussoir, et cautionne ainsi l’imposture et les mensonges de la gaucherie au lieu de les dénoncer. Du reste, il n’est pas certain que le Front National, en raison de son histoire et des préjugés, ait conscience d’être désormais le parti politique le plus à gauche.

Maintenant, s’il est dommage, d’un point de vue intellectuel, que les mots aient perdu leur sens et souhaitable, d’un point de vue stratégique, qu’ils le retrouvent, l’important est que les Français sachent consciemment ou d’instinct où est leur devoir quand le salut de la France et leur avenir sont en jeu.

Philippe Landeux

 

Extrait d'un texte à paraître : Droite, Gauche - Hier, aujourd'hui et demain

 

NOTES :

(1) L’immigrationnisme est une monstruosité de droite, du grand patronat, la cause est entendue. Mais comment la « gauche » a-t-elle pu s’y convertir et commettre ainsi une double hérésie, d’un côté en singeant les patrons, de l’autre en abandonnant le peuple français ?
Pour le comprendre, il faut se souvenir que la vraie gauche est progressiste, que l’Egalité est son ambition suprême, que Largent l’empêche de l’atteindre et que, pourtant, aucun parti de gauche n’a jamais désigné Largent comme l’ennemi et proposé les moyens à la fois de l’abattre et d’instaurer l’Egalité. Aucun parti de gauche n’a donc jamais été réellement anti-capitaliste ; aucun n’est même réellement libéral puisqu’il ne peut exister, sous le capitalisme, que du capitalo-libéralisme. Néanmoins, le système monétaire n’empêche pas quelques progrès dans certains domaines. Il a donc été possible d’être de gauche sans être fondamentalement égalitaire tant que des progrès furent possibles. Mais il arrive un moment où tous les progrès possibles sous Largent sont réalisés, tout nouveau progrès impliquant de s’attaquer à Largent lui-même et à ses lois. C’est ce qui se produisit au tournant des années 1980. La gauche, inconsciemment capitaliste, ne put franchir le cap et fut dès lors condamnée à reculer, à stagner ou à sombrer dans la démagogie.
Pour sauver la face et les places des éléphants, elle qui n’avait jamais été de gauche que de manière illusoire mit un point d’honneur à paraître encore progressiste. Ne pouvant plus rien faire pour les Français et étant vouée à perdre leur confiance, elle s’en détourna et porta son attention sur les immigrés qui, à la fois exploités en France et originaires de pays moins développés, pouvaient seuls voir en elle la promesse d’un progrès. Les immigrés devinrent pour elle le nouvel opprimé à défendre, le futur électeur à engranger, sa planche de salut. Plus il y en avait, mieux c’était pour elle. Mais pour pouvoir favoriser l’immigration (à l’instar du grand patronat), elle dut persuader les Français qui n’avaient rien à y gagner, bien au contraire, que l’immigrationnisme est un devoir moral, un combat « de gauche », le summum de l’humanisme et de la générosité. Et elle y parvint. Elle réussit à convaincre nombre de Français que se soucier de leurs intérêts est égoïste, qu’être patriote est réactionnaire, fasciste, raciste, nauséabond et que, pour être des hommes bons et respectables, ils devaient se battre exclusivement pour l’autre, ne songer qu’aux immigrés, s’effacer devant eux et s’auto-anéantir. Elle renversa ainsi toutes les idées, se coupa de la réalité et perdit toute raison et toute mesure, tout sens des priorités et des proportions.

La passion soudaine de la gaucherie pour l’écologie répond au même besoin que précédemment : amener les Français à se passionner pour des objets étrangers, à s’investir tout entiers dans des causes auxquelles ils n’ont aucun intérêt, à ne plus se battre pour eux-mêmes, à se désintéresser de leur propre cause, à dépérir sans réagir, à s’autodétruire, à trahir leur peuple et leur pays, à cautionner un chaos social d’un nouveau genre et à croire que c’est en cela que consiste « être de gauche ». L’écologisme — à ne pas confondre avec un réel souci de l’écologie — est apparu après l’immigrationnisme qui, lui, rapporte des électeurs d’origine étrangère sonnants et trébuchants. Avec lui, la gaucherie a touché le jack pot.  L’intérêt de l’écologisme est plus subtil ; c’est de contribuer à lobotomiser davantage les Français pour leur faire avaler les salades immigrationnistes et euro-mondialistes. C’est la cerise sur le gâteau. Bien sûr, dans les deux cas, ces idéologies se sont forgées ou ont été introduites progressivement. Elles ont d’abord semblé raisonnables avant de verser de plus en plus dans l’outrance.

L’européisme a la même fonction et le même intérêt que l’écologisme à la différence qu’il n’a, lui, aucun objet, qu’il est une pure abstraction. C’est la perfection du génie infernal ! L’Europe vendue aux peuples est une belle idée avec laquelle l’Europe réelle n’a aucun rapport. Elle ruine, elle étouffe, elle détruit, elle nie les nations, elle n’apporte rien, elle ne protège de rien, elle est anti-démocratique et ultra-capitaliste : elle ne sert que de monture aux chevaliers de l’ordre mondial et de Largent. Voilà ce que la gaucherie (ouvertement main dans la main avec la droite capitalo-libérale mondialiste) a osé présenter, une fois de plus, une fois de trop, comme un projet « de gauche » ! Heureusement, il semble que la supercherie soit éventée et que le rideau soit prêt d’être tiré.

(2) Symbole on ne peut plus clair de la jacobinisation du FN, Marine Le Pen ose  citer Robespierre dans son discours du 1er mai : "Nous, défenseurs des libertés de pensée et d’opinion sans lesquelles la démocratie n’est qu’un vain mot, nous obligeons au débat et ça gêne. Robespierre l’avait théorisé en son temps : « L’homme de génie qui révèle de grandes vérités à ses semblables est celui qui a devancé l’opinion de son siècle. La nouveauté hardie de ses conceptions effarouche toujours leurs faiblesses et leur ignorance. Toujours les préjugés se ligueront avec l’envie pour le peindre sous des traits odieux ou ridicules »." Extrait du discours sur la liberté de la presse prononcé par Robespierre le 11 mai 1791 à la Société des amis de la Constitution (les Jacobins) et utilisé en partie devant l'Assemblée constituante le 22 août 1791.

12:52 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 8. GAUCHERIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : droite, gauche, gaucherie, front, national, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 02 mai 2011

PENSEE DU JOUR : gauchistes

Il y a deux sortes de gauchistes : ceux qui idéalisent une réalité qu’ils se gardent bien de côtoyer, en général les bobos, et ceux qui la côtoie mais ne voient qu’à travers leur idéologie, en général les cocos.

20:30 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gauchistes, bobos, cocos, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 26 avril 2011

PENSEE DU JOUR : la corde

Un capitaliste vendrait à son bourreau la corde pour le pendre ; un gauchiste la lui rembourserait.

ETRE FRANCAIS : 3 conditions fondamentales

1) Etre Français, c’est non seulement se sentir Français, peu importe le lieu de naissance personnel et l’origine des parents, mais encore passer pour tel aux yeux des Français.

Ce qui implique de :

- Parler français,
- Connaître au moins les grandes lignes de l’histoire de France et de faire sienne cette histoire,
- Admettre deux vérités : 1) la population de la France métropolitaine, depuis l’origine et jusqu’au milieu du XXe siècle, était européenne, donc blanche (Celtes, Gaulois, Romains, Francs, Germains, Vikings, immigrés ou réfugiés européens), et doit le rester majoritairement, 2) le Peuple français est marqué par une longue tradition chrétienne,
- Partager les valeurs humanistes de la France sans pour autant être naïf,
- Adhérer aux principes de démocratie et de laïcité,
- Considérer la femme comme égale en droits de l’homme,
- Vibrer en entendant la Marseillaise et en voyant un drapeau français,
- Se soucier des intérêts de la France d’un point de vue français,
- S’adapter, en tant qu’immigré, et non s’imposer,
- Ne pas importer et tolérer des us et coutumes étrangers à plus forte raison contraires à la loi,
- Ne pas insulter la France et les Français de quelque manière que ce soit et être outré par de tels propos.

Ce qui exclut de :

- Parler autre chose que le français avec d’autres Français ou supposés tels,
- S’appeler, de conserver ou de donner à ses enfants des prénoms manifestement étrangers à la culture française,
- S’habiller quotidiennement selon des modes culturelles ou religieuses typiquement étrangères,
- Mettre sans cesse en avant des origines personnelles étrangères,
- Considérer les problèmes internes ou externes d’un point de vue étranger ou autre que français.

2) Etre Français, c’est considérer le Peuple Français comme sa seule patrie en tant que citoyen, l’Humanité étant la patrie virtuelle de tout homme.

Ce qui implique de :

- Considérer la France comme sa maison, les Français comme sa famille, et agir en conséquence,
- Savoir distinguer, reconnaître honnêtement, ce qui est français de ce qui ne l’est pas,
- Considérer que, comme tout Peuple, le Peuple français est souverain chez lui,
- Etre dégagé de toute allégeance envers quelque puissance étrangère que ce soit,
- Servir la France,
- Etre prêt à défendre la France au besoin au péril de sa vie,
- Vouloir une France forte, grande et juste.

Ce qui exclut de :

- Avoir ou conserver une double nationalité,
- Se prétendre exclusivement européen ou citoyen du monde,
- Ne pas savoir faire ou nier la distinction entre être Français et être étranger.
- Insulter, dénigrer la France et les Français.

3) Etre Français, c’est faire honneur à la France en toutes circonstances, sur place comme à l’étranger.

Ce qui implique de :

- Etre fier d’être Français (ce qui n’a rien à voir avec la politique du gouvernement),
- Aimer la France et tout faire pour la faire aimer des gens respectables,
- Etre courtois envers les étrangers en France,
- Avoir un comportement irréprochable à l’étranger,
- Vouloir préserver et embellir le patrimoine français, local et national,
- Défendre, même seul contre tous, l’honneur et l’indépendance de la France,
- Etre terrible dans le combat, humain dans la victoire, debout dans la défaite.

Ce qui exclut de :

- Etre souillé de crimes,
- Se comporter comme un porc (du genre cracher ou taguer partout),
- Etre défaitiste.

 

Reprenons point par point, en commençant par les principaux.

« Etre Français, c’est non seulement se sentir Français, peu importe le lieu de naissance et l’origine des parents, mais encore passer pour tel aux yeux des Français. » Si l’on n’admet pas la logique de cette première condition — valable pour toute nation, sauf ajustements —, alors il faut raisonner par l’absurde. Remarquons tout d’abord qu’il est question ici d’être Français d’un point de vue officieux, d’après le sentiment des Français, et non d’un point de vue légal ou selon les dires de l’intéressé. Etre Français consiste donc, pour commencer, par se sentir Français. Cela pourrait-il consister à se sentir Espagnol ? Etre Espagnol pourrait-il consister à se sentir Français ? Non. Cela implique ensuite d’être considéré comme Français par les Français, donc de ne pas être perçu par eux comme un étranger. Cette perception repose sur des indices de diverses natures (attitudes, propos, accoutrements, croyances, etc.) qui heurtent la conception que les Français ont d’eux-mêmes et les empêchent viscéralement de voir l’intéressé comme un des leurs, ce que celui-ci ressent. Il ne suffit pas qu’un Français veuille être Espagnol et croit faire tout ce qu’il faut pour l’être pour que les Espagnols le considèrent comme tel si tel n’est pas leur sentiment. Dans ces conditions, un Français saura que quelque chose le sépare des Espagnols et qu’il n’en est pas un, même s’il l’est sur le papier.

Ce premier point était au départ complété par la mention « et des étrangers » (« passer pour tel aux yeux des Français et des étrangers »). Mais cet ajout n’était pas opportun et a été supprimé. Il est vrai que lorsqu’un individu passe pour un étranger à une nation auprès d’étrangers d’une autre nation, il y a de fortes chances pour que les nationaux dont il se dit le compatriote le considèrent également comme un étranger vis-à-vis d’eux. Si des Allemands voient un Français dans un individu, il est rare que les Espagnols le prennent pour un des leurs. Mais il se peut que des étrangers, moins sensibles que les nationaux, soient dupes ou que, considérant à tort un ex-compatriote comme un renégat, ils lui donnent du Français par mépris, ce dont les Français, eux, ne doivent pas être dupes. Il s’ensuit que le ressenti des étrangers compte moins que celui des nationaux, voire pas du tout, d’où l’inutilité de le mentionner.

« Etre Français, c’est considérer le Peuple Français comme sa seule patrie en tant que citoyen, l’Humanité étant la patrie virtuelle de tout homme. » Avant de considérer que le Peuple Français est sa seule patrie, la patrie à laquelle il appartient, il est nécessaire de reconnaître que l’Humanité est composée de divers Peuples, de diverses patries.

Tous les hommes font partie de l’Humanité, mais cela ne signifie pas que l’Humanité soit leur seule patrie. En fait, l’Humanité, en tant que patrie, est aujourd’hui un concept sans portée pratique. Ce concept n’aura éventuellement de sens que lorsque l’Homme aura essaimé dans l’Espace ou sera confronté à une civilisation extra-terrestre. Même alors l’Humanité ne sera pas uniforme. La Terre sera une fédération de Peuples, de nations ayant chacune des particularités héritées de leur histoire et conformes à leur développement. A moins bien sûr que le gouvernement mondial ne tiennent aucun compte de ces différences millénaires et impose en tout des normes universelles qui, du reste, n’élimineront pas les continents, les races et les climats (A un moindre niveau, l’Union Européenne suit déjà cette pente.). Le risque majeur d’un gouvernement mondial est cependant qu’il reconnaisse ces différences et, du coup, ne gouverne que dans l’intérêt ou selon les vues des nations (ou pire des entreprises ou des personnes) les plus riches, les plus puissantes. Le beau rêve de la patrie universelle est un piège. Le paradoxe de ceux qui nient les patries au nom de l’Humanité, des différences individuelles et de l’Egalité est que le monde qu’ils promettent serait soit plongé dans l’individualisme absolu, livré à la loi du plus fort, donc sans Egalité, soit écrasé par l’uniformité, donc sans respect des différences individuelles et collectives. En somme, ils veulent des choses qui conduisent à un résultat contraire à leurs aspirations.

Il y a bien sûr une certaine uniformité au niveau des nations, mais ce sont elles qui, de par leurs différences, font la diversité de l’Humanité. Faire sauter les barrières qui séparent les hommes en nations reviendrait en quelque sorte à jeter dans un même seau le contenu d’une multitude de pots de peinture. Le résultat prévisible est une couleur unie et infâme dans laquelle il est impossible de reconnaître les couleurs initiales... à moins que, de par leur densité, les couleurs se reforment après mélange, comme de l’huile dans de l’eau. Heureusement ! faire sauter ces barrières est une vue de l’esprit, d’un esprit occidental devrait-on préciser. Car ces « barrières », ces délimitations ne sont pas seulement administratives ; elles ne sont pas purement artificielles ; elles sont avant tout dans la nature des choses. Ce ne sont pas les nations qui font les races, les ethnies, les identités nationales, les cultures, mais l’inverse. Les races, les ethnies, les cultures précèdent la constitution des nations (modernes), même si une nation ne se réduit pas à cela. Rien ne peut effacer les points communs qui réunissent certains hommes et les distinguent des autres ; rien ne peut ôter aux hommes le sentiment d’être plus proches de certains que d’autres ; rien ne peut faire que des groupes humains n’existent pas ; rien ne empêcher que l’Humanité soit morcelée en Peuples, nations, patries, état, pays, villes, villages, tribus.

Les patries existent donc, qu’on l’admette ou qu’on le nie. Peu importe pour le moment de savoir ce qu’est la patrie France ; l’important est que des hommes considèrent le Peuple Français comme leur patrie.

Reste à savoir pourquoi être Français implique de considérer le Peuple Français comme sa seule patrie.

Tout d’abord, il est question d’être Français, pas d’être rien ou Espagnol ou Polonais. Celui qui ne considère pas le Peuple Français comme sa patrie, parce que l’idée de patrie lui fait horreur ou parce qu’il porte dans son cœur un autre Peuple n’est pas Français. Qu’il ne pense pas ou ne veuille pas l’être, personne ne l’y force et il ne l’est pas. Mais celui qui ne considère pas le Peuple Français comme sa seule patrie, qui pense en avoir plusieurs, ne l’est pas d’avantage. Quelle que soit la raison pour laquelle son cœur est partagé, il ne se sent pas Français à part entière et les Français perçoivent fatalement son côté étranger qui les empêche de voir en lui un des leurs, ne lui en déplaise. Etre Français, c’est ne pas être autre chose en tout ou partie. On l’est tout entier ou on ne l’est pas (aux yeux des Français et de la France). C’est un peu comme si un joueur, sous prétexte d’aimer les deux équipes, jouait pour et contre les deux équipes en même temps ; personne ne lui passerait la balle. 

Ceci nous amène à la seconde raison qui est qu’un Français a des devoirs envers le Peuple Français et des droits en France. Ces devoirs, liés à la Nationalité, sont censés témoigner de l’attachement sentimental à la France. Les droits qu’ils justifient sont censés être exercés dans l’intérêt exclusif du Peuple Français. Un individu en tout ou partie étranger ne mérite pas plus de jouir de ces droits, puisqu’on ne sait au profit de qui il les exercerait, qu’il ne mérite d’être autorisé à remplir ces devoirs, si tant est qu’il le veuille. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il le puisse. Car toute Nationalité implique des devoirs et il n’est pas possible qu’un individu les remplissent dans deux pays en même temps. Il peut certes les remplir dans celui où il réside, ce qui est une trahison envers l’autre, ou s’absenter le temps de les remplir dans l’autre — si toutefois ils sont peu contraignants —, ce qui est une trahison envers le premier voire les deux. Ainsi, même si l’obstacle technique peut être éludé, l’obstacle moral demeure insurmontable. Une nation ne peut pas faire confiance en quelqu’un qui, au lieu de s’abandonner à elle, ne sait pas sur quel pied danser.

D’où la troisième est dernière raison. Dans la Cité, les notions de Citoyenneté et de Nationalité sont distinctes. Les droits fondamentaux, nécessaires au quotidien, sont liés à la Citoyenneté. Ceux liés à la Nationalité sont objectivement superflus et réservés, comme il a été dit, aux Citoyens qui se sentent particulièrement attachés à la Cité qui est pour eux leur patrie. Un Citoyen n’a pas impérativement besoin de la Nationalité, laquelle n’est pas imposée par la Cité (que ce soit en vertu du droit du sol ou du droit du sang) mais laissée aux choix des individus afin que, par ce choix et ce qu’il implique, ceux-ci indiquent pour quel Peuple bat leur cœur, à quelle patrie va leur allégeance. Les Citoyens peuvent donc choisir de refuser la Nationalité. En revanche, la Cité ne peut pas accepter qu’ils optent pour plusieurs Nationalités, ce qui revient à ne pas choisir, à ne pas prendre parti résolument pour elle.

« Etre Français, c’est faire honneur à la France en toutes circonstances, sur place comme à l’étranger. » Un individu peut penser de lui ce qu’il veut. Mais la Nationalité, par définition, dépasse l’individu. Elle signifie qu’il appartient corps et âme à un Peuple dont il est un représentant. Un individu peut donc penser qu’il appartient à un Peuple mais il ne peut lui appartenir officiellement sans son consentement. Etre Français est donc être admis dans l’équipe France par le Peuple Français. L’admission et l’appartenance à cette équipe impliquent d’être un bon élément et de lui faire honneur, du moins de ne pas la déshonorer, sous peine d’en être chassé, car ce que chacun fait peut rejaillir d’une manière ou d’une autre sur tous. Ce principe vaut pour tout groupe ; la nation ne fait pas exception. Que l’on soit Français de cœur et de papier ou qu’on le soit simplement en esprit, faute de reconnaissance, ce sentiment porte à faire aimer la France et le Peuple Français, à donner le meilleur de soi-même, à être exemplaire pour donner du Français la meilleure image. Quiconque se dit Français sans être animé de telles intentions est un imposteur.  

C’est par des propos ou des actes que l’on honore ou déshonore un groupe. Or l’honneur d’un groupe tient à la fois à la bonne opinion qu’il a de lui-même et à sa réputation auprès des étrangers. Il est donc deux manières d’honorer une nation : en respectant ses lois, en faisant quelque chose d’intrinsèquement bien ou de profondément agréable à la nation qui n’aura pas lieu de rougir voire se félicitera de posséder un tel individu, ou alors en étant correct et serviable envers les touristes ou en faisant quelque chose de profondément agréable aux étrangers qui donnera à ces derniers une bonne opinion des nationaux et les prédisposera favorablement à l’égard la nation. (Il va de soi que cette chose profondément agréable aux étrangers ne doit pas être contraire aux intérêts de la nation.) Il est donc également deux manières de déshonorer une nation : en étant parjure, en commettant une atrocité, en violant les droits sacrés d’individus, en trahissant les intérêts et la confiance de la nation ou en manquant de respect envers les touristes et, de manière générale, en suscitant le mépris des étrangers. Ceci étant, les actes en question, et à plus forte raison les propos, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, ne peuvent toujours être légalement constatés, donc loués ou sanctionnés par la nation. Il faut donc que la nation indique clairement les comportements qu’elle réprouve et ceux qu’elle attend de tout Français, afin qu’ils entrent dans les mœurs ou en soient bannis, de sorte que la pression de la morale publique suffise dans la plupart des cas à les rendre naturels ou à les proscrire.

Venons-en maintenant à ce qu’impliquent et à ce qu’excluent ces grands principes dans le cas particulier de la France.

Etre et se sentir Français implique de « parler français ». Bien que cela paraisse difficile, on peut peut-être se sentir Français sans parler cette langue ou en la maîtrisant mal. En revanche, on ne peut être perçu comme tel si on ne la parle pas, qui plus est correctement. Dans la même logique, ceci exclut de « parler autre chose que le français avec d’autres Français ou supposés tels ». Si des Français ne parlent pas Français entre eux, qui, dans le monde, parle Français ? Les Français qui connaissent l’anglais le parlent-ils entre eux ? Non. Pourquoi ? Parce qu’ils sont Français. Eh bien ! ceux qui parlent autre chose ne le sont ni de cœur ni d’esprit. Il va sans dire que cette réflexion concerne les immigrés, leurs descendants et les enfants issus de mariages mixtes. Eux seuls peuvent être tiraillés entre deux cultures. Eux seuls peuvent faire le choix d’adopter et de pratiquer la langue de la nation au sein de laquelle ils vivent s’ils veulent en faire partie pleinement. La nation n’est d’ailleurs pour rien s’ils sont confrontés à ce choix ; la responsabilité leur incombe ou en revient à leurs parents. Quoi qu’il en soit, des immigrés qui perpétuent et parlent entre eux une langue étrangère ne peuvent pas passer pour autre chose que des étrangers. Même s’ils ne la pratiquent qu’en privé — ce qui serait acceptable mais paraît difficile à faire —, ce n’est pas sans risque pour leurs enfants qui vont souvent tomber dans une crise d’identité et peut-être la transmettre à leur tour.

Etre Français implique de « connaître au moins les grandes lignes de l’histoire de France et de faire sienne cette histoire ». Une nation est unie par son passé et n’a d’avenir que dans l’union. Ainsi, une nation qui oublie son passé, dont les membres ne sont plus que des individus égoïstes et mous du bulbe, est condamnée à être dissoute ou à se raffermir violemment. Dans les deux cas, des jours sombres la guettent. Il y a donc deux bonnes raisons pour qu’une des conditions d’accès à la nationalité française soit de connaître dans les grandes lignes l’histoire de France : la première, c’est que tous les Français doivent participer à l’unité nationale et, par conséquent, être porteurs de ce qui fait cette unité ; la seconde, c’est qu’un Français aime la France et veut lui épargner des jours sombres.

L’histoire de France ou du Peuple Français est l’histoire de tous les Français, et vice versa. Chacun d’eux doit la faire sienne. Il est cependant évident que cette histoire commune n’est pas celle de chaque individu, de chaque famille. Ceci est d’autant plus évident concernant les immigrés récents et leurs descendants. Il doit donc être clair, pour ces derniers, que lorsque l’on dit, par exemple, nos ancêtres les Gaulois, « nos » ne renvoie pas à un nous individuel, c’est-à-dire à une somme d’individus, mais à un nous collectif, aux Français pris en masse, au Peuple Français. « Ancêtres » ne fait donc pas référence aux ancêtres de chaque Français, mais aux prédécesseurs des Français actuels, aux hommes qui ont vécu avant eux sur le même sol, qui l’ont arrosé de leur sueur et de leur sang, qui y reposent et où les occupants présents et futurs de la France reposeront aussi. Quant au terme « Gaulois », il est réductif, mais il symbolise tous les Peuples qui ont devancé le Peuple Français en terre de France et qui sont, de fait, le passé de chaque Français. Un Français, qu’il soit de vielle souche ou de jeune greffe, doit donc faire sien ce passé qui est, pour ainsi dire, le tronc commun. Il n’est pas déplacé que la Constitution le rappelle, car, ce faisant, elle trace à l’école son devoir et étouffe dans l’œuf les revendications communautaires. Ceci n’interdit pas pour autant aux écoles de donner aux élèves un aperçu de l’histoire d’autres Peuples, afin d’enrichir leur culture générale, mais non pour satisfaire la curiosité de certains au sujet de leurs origines personnelles. Il est du reste parfaitement légitime, quoique potentiellement dangereux, qu’une personne d’origine étrangère veuillent connaître l’histoire du Peuple dont elle descend réellement bien qu’elle ne fasse pas partie, mais elle n’a pas besoin de l’école pour cela, elle peut très bien s’instruire par elle-même et elle en apprendra probablement davantage de cette façon.

Par suite, être Français implique « d’admettre deux vérités : 1) la population de la France métropolitaine, depuis l’origine et jusqu’au milieu du XXe siècle, était européenne, donc blanche (Celtes, Gaulois, Romains, Francs, Germains, Vikings, immigrés européens) et doit le rester majoritairement, 2) le Peuple français est marqué par une longue tradition chrétienne. » Ces vérités n’offensent personne. Par contre, les nier serait une offense à la vérité. Or aucune politique raisonnable ne peut être fondée sur un mensonge ou un oubli de la vérité. Croire que reconnaître que les Français sont essentiellement blancs est un affront aux immigrés de couleur ou extra-européens (le nier étant en revanche en affront au sens commun et aux Français) est non seulement une absurdité mais encore une gaucherie. Les mêmes qui font à tort de ce sujet un tabou ne dénoncent-ils pas avec raison, quoique avec excès, la colonisation par les pays européens ? Or, qui peut soutenir que, dans les colonies, « Européens » n’était pas synonyme de « Blancs » et qu’il n’existait pas un contraste physique entre eux, très minoritaires, et les populations locales ? Les Blancs ne seraient-ils blancs qu’à l’étranger ? Les hommes, d’où qu’ils soient, seraient-ils incolores parce qu’ils viennent en Europe ? Pourquoi, alors, parler de minorités visibles s’il n’y a rien à voir ? (Dans Vers la libération nationale, ouvrage contre l’impérialisme européen écrit en 1947 mais  paru en 1962, le Dr. Kwame Nkrumah, d’origine africaine, comme son nom l’indique, note, page 16 : « Une colonie de peuplement est celle dont le milieu géographique et racial n’est pas très différent de celui de la « Métropole », tandis qu’une colonie d’exploitation comprend des hommes d’affaires, des consortiums, des cartels, des trusts, des administrateurs, des soldats et des missionnaires, tous plongés dans un milieu et dans des conditions tout-à-fait différents de ceux de leur pays d’origine. » Il reconnaissait donc les différences raciales et, partant, l’existence de races. Les Européens étaient racialement différents des colonisés. Pourquoi nier, aujourd’hui, la différence raciale entre les Européens et les immigrés provenant de ces ex-colonies ? Ce qui était vrai depuis toujours et jusqu’au XXe siècle est toujours vrai au XXIe ; ce qui était vrai dans un sens est vrai dans l’autre.)

Ce constat implique d’admettre que les Peuples européens, Français compris, étant blancs à l’origine, doivent s’assurer, en gérant l’immigration extra-européennne (et en tenant compte de la fécondité), que leur population reste majoritairement blanche. Sans même parler de problèmes culturels, il est évident que, lorsque la population d’un pays est remplacée par une population d’une autre couleur ou simplement d’une autre origine, il ne s’agit plus ni du même Peuple ni du même pays. Qu’un pays de Blancs soit essentiellement peuplé de Noirs ou de Jaunes ou qu’un pays de Noirs ou de Rouges soit essentiellement peuplé de Blancs, peu importe que le changement se nomme invasion, conquête, colonisation ou immigration, le résultat est le même, le pays change de face. Il se peut que le Peuple d’origine ne soit pas assez fort pour repousser une invasion, auquel cas il disparaît sous la masse, même s’il résiste. Mais lorsque le Peuple d’origine est fort, une invasion n’est pas une fatalité ; elle doit tout à sa faiblesse morale, en un mot à sa stupidité. Un Peuple qui n’ose pas être maître chez lui aura bientôt un autre pour maître. Ceci n’induit pas qu’il faille repousser toute immigration mais seulement qu’il faut la maîtriser et la gérer suivant l’origine des immigrés non seulement dans l’intérêt du Peuple autochtone mais aussi dans celui des immigrés. Car les capacité d’intégration d’un Peuple dépendent à la fois de ses caractéristiques propres et de celles des immigrés, liées à leurs origines. Certains immigrés peuvent s’assimiler facilement, passer inaperçus et être rapidement acceptés, tandis que d’autres ont par nature plus de difficultés à se fondre dans la masse, difficultés qui ne peuvent pas s’atténuer avec le temps si le nombre de ces immigrés, lui, augmente sans cesse. Ainsi, l’arrivée en France d’immigrés européens, comme cela a eu lieu au début du XXe siècle, ne peut honnêtement être comparée à l’arrivée d’immigrés extra-européens, comme cela dure depuis les années 1960. Les problèmes d’intégration de ces derniers et de leurs descendants, le rejet dont ils sont l’objet, ont avant tout des causes politiques, une absence totale de gestion, de prévision, une obsession de l’économique, un oubli de l’humain, le mépris du Peuple Français. C’est un fait : les immigrés, selon leurs origines et le pays d’accueil, rencontrent des difficultés spécifiques qui doivent être prises en compte dans la gestion de l’immigration. En la matière, le politiquement correct — du genre nous sommes tous des êtres humains —,  la langue de bois — comme refuser de parler de l’immigration dans le débat sur l’identité nationale tout en affirmant que la France est diverse, sous-entendu en raison de la présence d’immigrés —, et le double langage — comme crier un jour vive les différences ! et, le lendemain, tout est pareil !, nier les races et faire l’apologie du métissage, condamner la colonisation mais applaudir à l’immigration, nier la culture et l’identité françaises, traiter de xénophobes ceux qui veulent les préserver, mais s’extasier par ailleurs devant les cultures du monde et voir comme des héros ceux qui les défendent, bref juger les choses selon des principes opposés selon qu’elles concernent des étrangers ou les Français et les Européens en général — sont désastreux. Le législateur et ceux qui prétendent inspirer les lois doivent arrêter de prendre leurs inclinations pour des sentiments universellement partagés, leurs désirs pour la réalité, la bêtise pour de l’audace intellectuelle et la lâcheté pour de la politique. Limiter l’immigration extra-européenne n’est pas une attitude raciste, haineuse à l’égard des intéressés, mais une question de bon sens, puisque l’expérience et les lois aussi multipliées qu’inutiles attestent que le Peuple Français, dont les capacités d’intégration sont limitées comme toute chose, a de plus en plus de mal à la digérer.

La nécessité de reconnaître, en tant que Français, la longue tradition chrétienne du Peuple français découle de la même logique. C’est une vérité. Les églises qui s’élèvent dans chaque ville et village de France en attestent. Il ne s’agit pas pour autant d’exiger que tous les Français soient chrétiens ni d’imposer aux immigrés de se convertir au christianisme. Il s’agit simplement d’une part de reconnaître que, quoique la France soit un état laïque, elle ne peut ni ne doit rayer mille cinq cents ans de son histoire qui ont marqué sa culture et façonné son patrimoine, d’autre part de signifier aux immigrés d’autres confessions qu’il y a des bornes à ne pas dépasser s’il veulent être acceptés voire devenir Français. La laïcité consiste en la séparation de l’Eglise (et de tout culte) et de l’Etat, en la relégation des croyances et des pratiques religieuses ou spirituelles dans la sphère privée, en la prise en charge des cultes par les fidèles. Elle est faite pour assurer l’unité nationale, pour que nul ne trouble l’ordre public sous prétexte de religion et pour que chacun puisse vivre sa foi en paix. La présence séculaire d’églises et de croix un peu partout n’oblige personne à croire et ne heurte personne, tant il est naturel d’en voir en France. En revanche, vouloir les abattre, au nom de la laïcité, susciterait une vive réaction tant de la part des croyants que des athées attachés aux traditions et au patrimoine. La laïcité ne serait alors que le prétexte invoqué par des fanatiques d’un nouveau genre, athées ou religieux, pour étaler sinon imposer à terme leurs propres croyances. Il en est de même pour certaines fêtes locales ou nationales d’origines religieuses, en particulier Noël (qui est en réalité une fête païenne d’origine celte). En clair, la laïcité n’exclut pas que la loi d’une nation considérée jadis comme la fille aînée de l’Eglise fasse quelques exceptions bénignes pour la religion dont se réclament, par conviction ou tradition, la plupart des Français. Ces exceptions imposées par l’histoire doivent être défendues par les Français et admises par les immigrés afin que la laïcité ne devienne pas, entre les mains de ces derniers, un moyen légal de contester les traditions du pays dans lequel ils (ou leurs parents) ont choisi de venir ou d’exiger en faveur de leur religion le même genre d’exceptions. D’autant plus que les problèmes ainsi suscités concernent moins la laïcité que l’« intégration ». Les Français ne doivent pas être dupes des immigrés, notamment des Islamisntes, qui traitent tout d’un point de vue religieux, même ce qui n’a finalement rien à voir avec la religion. La croyance est intérieure et tout ce qui, dans une religion étrangère, participe du décor et étiquette les croyants comme des étrangers (arrogants) aux yeux des autochtones doit être abandonné par les intéressés ou proscrit par la loi. Placer les débats sur le voile, les minarets, les prénoms, la langue et toute ce qui concerne les immigrés sur le terrain de la laïcité, c’est tomber dans le piège tendu par les Islamistes et les communautaristes. Tous ces problèmes ne concernent ni la religion ni la liberté ni la laïcité, mais l’assimilation des immigrés et l’intérêt national du seul point de vue qui compte en France, celui des Français. Le but ultime de ce discours républicain est que les immigrés, comprenant où ils sont, ne provoquent pas le ressentiment des Français par maladresse — en admettant qu’il ne s’agisse que de cela —, se confondent avec eux et soient acceptés par eux de bon gré. Ce n’est pas en jetant sans cesse la pierre aux Français et en noyant systématiquement le poisson que l’on parviendra à ce résultat.

Ces explications anticipent le point suivant : Etre Français implique d’« adhérer aux principes de démocratie et de laïcité ». La France actuelle n’est pas une véritable démocratie, car la démocratie ne se résume pas au droit de voter de temps en temps pour de soi-disant représentants. On peut même dire que, dans ces conditions, voter est un leurre. Dans une véritable démocratie, le Peuple est réellement souverain ; rien ne se fait en son nom sans qu’il se soit exprimé sur le sujet ; les lois qui ne sont pas son ouvrage direct doivent néanmoins être approuvées par lui, elles sont littéralement l’expression de la volonté du Peuple ; les élus sont à son service et en son pouvoir et non l’inverse ; de véritables contre-pouvoirs populaires existent ; c’est au pied de la lettre le gouvernement du Peuple, par le Peuple, pour le Peuple. Maintenant, si le Peuple Français n’est pas encore parvenu à la démocratie, il est néanmoins en marche sur la bonne voie. Les grands principes (Egalité, souveraineté du Peuple) sont foulés au pied, ils n’en sont pas moins reconnus et nul n’oserait les contester. Même les royalistes n’imaginent plus une monarchie féodale. En revanche, la France — après plus d’un siècle d’efforts, depuis 1789 jusqu’à 1905 — est bel et bien parvenue à la laïcité. Les Français sont partisans de la démocratie et de la laïcité. Or l’une et l’autre sont mises à mal par des immigrés, précisément par les Islamistes. Pour eux, la volonté du Peuple Français n’est rien, la loi coranique est tout. Si une telle logique ne débouche pas forcément sur une théocratie, elle oblige au moins à confondre le religieux et le politique. Et c’est au nom d’une religion étrangère, importée par des immigrés, que la démocratie et la laïcité, si difficiles à établir, sont attaquées en France, la première implicitement, la seconde ouvertement ! Comment les Français n’en seraient-ils pas outrés ? Comment les partisans de doctrines si contraires à la sensibilité française seraient-ils Français ?

Si l’on ajoute que les Français, aujourd’hui, considèrent « la femme comme égale en droits de l’homme » n’y a-t-il pas redondance ? Cela ne revient-il pas à jeter une fois de plus l’anathème sur les tenants du voile islamique, de la burqa, des mariages forcés, de la polygamie, de l’excision, en un mot sur des immigrés ? Toutes ces pratiques étrangères sont contraires aux mœurs et aux lois françaises. Qui peut dire sans rougir que leurs adeptes sont Français ou dignes de l’être ? On ne peut pas condamner ces pratiques sans dénoncer en même temps ceux qui les prônent. S’arrêter en chemin sous prétexte qu’il va être question d’immigrés et qu’il faut éviter les amalgames revient à faire de l’immigration un tabou et des immigrés un tout indivisible. Vouloir séparer le bon grain de l’ivraie est la seule politique raisonnable à l’égard des immigrés, et elle s’appuie sur l’affirmation de la France, de son identité, de son histoire, de ses valeurs, de ses traditions, de ses lois, afin que ceux qui les adoptent soient considérés avec raison comme Français, que ceux qui les respectent soient reconnus comme des étrangers honorables et que ceux qui les bafouent soient punis ou chassés. Ne pas faire d’amalgame suppose de faire honnêtement la part des choses, ce qui nécessite des références, françaises en l’occurrence, et exclut de prétendre toutes choses égales. Humanisme n’est pas synonyme d’aveuglement, d’angélisme, de laxisme ; il rime avec patriotisme. Un Français doit partager les valeurs humanistes de la France sans pour autant être naïf. Quelles que soient ses origines, il n’importe pas et ne tolère pas des us et coutumes étrangers à plus forte raison contraires à la loi. S’il est d’origine étrangère, il s’adapte au lieu de chercher à s’imposer ; il prévient les critiques au lieu de les susciter.

Un Français vibre « en entendant la Marseillaise et en voyant un drapeau français ». En y regardant bien, ceux qui ne vibrent pas ne se sentent pas Français ou ne le sont pas, qu’ils se disent européens, citoyens du monde ou qu’ils aient une autre nationalité — ce qui est la seule raison valable. Même s’ils sont Français sur le papier, même s’ils protestent qu’ils le sont dès lors que ce titre leur est contesté, leurs discours sur l’hymne national et le drapeau, sur le patriotisme, sur l’identité française, sur la France et les Français les trahit. C’est du reste leur droit de ne pas se sentir Français, de croire qu’ils ne sont que des individus ou que leur patrie est autre que la France. Mais au nom de quoi participeraient-ils à un débat sur l’identité française ? C’est aux Français de cœur de dire ce qu’il sont et ce qui les dérange, non à des Français de papier, à des étrangers réels ou virtuels, de leur dire ce qu’ils doivent être et ce qu’ils doivent tolérer. Le risque est grand que ces derniers, au lieu de s’exclure eux-mêmes du débat à défaut d’être honnêtes, donnent du Français une définition si large qu’elle s’appliquerait aussi à eux. Que vaudrait alors une pareille définition ? Rien.

On comprend que des individus qui se moquent de la France et de ses symboles mais prétendent qu’ils sont Français comme le premier venu ne sont pas Français dans l’âme et ne se soucient guère de défendre les intérêts de la France d’un point de vue Français, comme il est du devoir de tout Français digne de ce nom. Mettre sans cesse les intérêts des étrangers à la place des intérêts Français est une drôle de conception des intérêts de la France. C’est ainsi, par exemple, que, sous prétexte que les immigrés ont des raisons de quitter leur pays, certains prétendent que la France n’a pas le droit de maîtriser l’immigration, qu’elle est obligée de tous les accueillir, de les prendre en charge et de les supporter éternellement quoi qu’ils fassent, bref que les Français n’ont pas leur mot à dire à leur sujet. C’est simple, selon eux, la France n’a aucun droit vis-à-vis des étrangers, elle n’a que des devoirs et ceux-ci ont tous les droits ; elle doit avoir honte, ils peuvent être fiers ; les Français (les Blancs) ont toujours tort, les étrangers toujours raison ; ils sont bêtes, eux sont biens. Peut-on défendre les intérêts de la France, peut-on seulement être Français en ayant une pareille philosophie ?  Il n’y a bien que ceux qui la partagent qui peuvent le croire et le soutenir.

Etre Français, se sentir Français, implique « de ne pas insulter la France et les Français de quelque manière que ce soit et être outré par de tels propos ». Cela devrait se passer d’explication. Les insultes envers la France et les Français sont perçues par les Français dignes de ce nom comme des offenses personnelles et ne peuvent être proférées par des Français. Précisons cependant, pour les durs de la feuille et les idiots de service, que l’interdiction d’insulter n’a pas pour corollaire l’obligation de flatter. Etre correct n’est pas être servile. Interdire d’insulter la France et les Français n’interdit pas de penser d’eux ce que l’on veut, de les critiquer avec raison, de se moquer d’eux gentiment. Ce sujet est néanmoins sensible car autant certains mots sont des insultes en eux-mêmes autant d’autres ont une connotation différente selon qui les prononce. Seuls les Noirs peuvent dire certaines choses sur les Noirs. Les mêmes mots dans la bouche d’un Blanc peuvent faire de lui un raciste. De même, certains mots, certaines phrases dans la bouche d’un étranger ou d’un Français de fraîche date, qui seraient anodins ou considérés comme de l’autodérision dans la bouche d’un Français, peuvent être perçus comme une insulte par les Français incontestables. Il est donc impossible de dresser une liste de mots, d’expressions ou de phrases interdits puisque l’insulte peut prendre des formes infinies et que tout dépend de qui les prononce, dans quel contexte et à propos de qui. Disons simplement que, en France, les Français sont seuls jugent en la matière et que tout ce qu’ils perçoivent comme une insulte envers eux et leur pays en est une.

Etre Français, se sentir Français, exclut de « parler autre chose que le français avec d’autres Français ou supposés tels », de « s’appeler, de conserver ou de donner à ses enfants des prénoms manifestement étrangers à la culture française », de « s’habiller quotidiennement selon des modes culturelles ou religieuses typiquement étrangères ». Chacun de ces points tombe sous le sens. Tous sont des indicateurs de la communauté à laquelle un individu appartient. On peut donc discuter en vain de leur pertinence en détail mais force est d’admettre qu’une personne qui ferait tout ce qui est proscrit ici n’aurait rien d’un Français et que, si tous les habitants de France faisaient de même, il ne resterait rien de la France au bout de deux générations. Imaginons que tous les habitants d’un pays parlent entre eux allemand, portent des noms allemands et s’habillent en Allemands : quel pays serait-ce sinon l’Allemagne ? Mais serait-ce toujours l’Allemagne si ses habitants ne parlaient plus que turc, portaient des noms turcs, s’habillaient en Turcs et ne juraient plus que par la Turquie ? Non ! Ce n’est pas la géographie qui fait un pays mais sa population, laquelle s’identifie par des us et coutumes propres dont les principaux sont la langue, les noms et les vêtements. Les individus qui n’en adoptent aucun sont purement et simplement des étrangers ; ceux qui n’en adoptent qu’une partie suscitent le doute et peuvent à bon droit être considérés comme tels ; seuls ceux qui renoncent à tous les us et coutumes étrangers (ostentatoires) peuvent prétendre être Français sans conteste. Remarquons d’ailleurs que ce n’est pas stigmatiser les Français d’origine étrangère que de signaler leurs maladresses pour qu’ils les reconnaissent et y remédient puisqu’en les commettant et en s’entêtant à les commettre ils se stigmatisent eux-mêmes. Renverser les rôles pour faire passer les Français pour des xénophobes et les immigrés non entièrement assimilés pour des oies blanches est non seulement de la mauvaise foi mais encore un mauvais service à rendre à la France et aux immigrés. Et quand des immigrés ou des descendants d’immigrés recourent à ce procédé gauchiste, au lieu de comprendre le point de vue français et leur intérêt, ils se discréditent définitivement. Car ils font alors deux choses que se sentir Français exclut, à savoir « mettre sans cesse en avant des origines personnelles étrangères » et « considérer les problèmes internes ou externes d’un point de vue étranger ou autre que français ». En l’occurrence, ils mettent dans la balance leur vécu, leurs origines, leur amour propre et faussent les débats qui concernent les étrangers et les immigrés dont ils se sentent solidaires. Mais pourquoi sont-ils solidaires des étrangers, pourquoi se sentent-ils visés par un débat concernant directement ou indirectement ces derniers s’ils sont Français ? Pourquoi pensent-ils que les Français leur reprocheront quelque chose s’ils n’ont rien à se reprocher ? Pourquoi ont-ils peur des amalgames s’ils n’ont rien de commun avec des étrangers ? Les Français droits dans leurs botes, quelles que soient leurs origines, n’ont pas ce genre de dilemmes. En prenant le parti des étrangers, en affichant des craintes que seuls des étrangers peuvent éprouver, en  défendant des intérêts qui ne sont pas ceux de la France, en tenant des discours insupportables pour des Français, c’est eux qui, une fois de plus, tracent une ligne de démarcation et se stigmatisent.

Ainsi, dans le débat sur l’identité nationale qui est évidemment soulevé par l’immigration massive extra-européenne de ces quarante dernières années tous les Français sont globalement d’accord sur ce qu’est être Français et surtout sur ce qui est étranger à la France. Seuls les gauchistes et des descendants d’immigrés ergotent. Les premiers se voient en citoyens du monde et croient que la France n’est rien ou, pire, qu’elle est diverse ; les seconds qui se disent Français sont attachés à une culture étrangère et cherchent à faire croire que celle-ci peut faire partie de la culture française. Les uns et les autres, chacun à leur façon, les premiers par bêtise congénitale, les seconds par intérêt personnel, nient les spécificités françaises. Les seconds, en particulier, refusent certaines adaptations et, du coup, soutiennent que la France doit de fait s’adapter à eux, que les Français doivent les accepter tels quels. Quand Libération interrogent des « Français issus de l’immigration » sur le sujet, ils s’appellent Ali, Hassan, Fouziya, Taoufik, Douadi (N° 8885, vendredi 4 décembre 2009, p. 8). Comptons sur eux et Libération pour définir et sauvegarder l’identité française ! Certes, un prénom n’est pas tout, mais c’est à lui seul 90 % d’une identité, en raison de son impact sur la psychologie de l’intéressé et de sa perception par les autres. Un prénom est comme un écusson sur une épaule ; il indique à quelle communauté un individu appartient puisque la première chose que fait une communauté est de donner à ses nouveaux membres un nom conforme à sa culture. N’est-ce pas précisément ce que font les Musulmans sans se soucier du pays dans lequel ils se trouvent ? Malheureusement pour eux, ces pays ont aussi leur culture et l’appartenance à la communauté nationale passe par le port de prénoms conformes à la culture nationale. Il en est de même pour les vêtements. Prétendre, comme le fait Libération, qu’il suffit pour les Musulmans de « se couler dans les principes de la laïcité républicaine » (ibid, p. 2), autrement dit qu’il leur suffit d’adhérer à des principes universels qui, par définition, ne caractérisent pas la francité, même s’ils en font partie, est une plaisanterie. L’expérience a déjà prouvé que cela ne suffit pas. Par ailleurs, si l’on pourrait se réjouir que Libé reconnaisse que « la négation bien-pensante des difficultés ne sert à rien » (ibid), on déchante vite quand on lit (même colonne) que « La seule stratégie consiste à rechercher avec les minorités religieuses ou culturelles une indenté commune » (comme si l’identité commune des Français était inconnue, négociable et modifiable pour complaire à des adeptes d’us et coutumes étrangers ; comme si l’identité nationale était une question d’arrangement entre les politiciens et les minorités étrangères et non une question à trancher directement par les seuls Français !) et que « Les efforts [pour définir l’identité française] seront partagés » (comme si les Français, qui sont chez eux, devaient faire des efforts, c’est-à-dire renoncer en partie à ce qu’ils sont, pour que des immigrés, qui n’ont rien à exiger, en aient moins à faire, c’est-à-dire pour que leurs us et coutumes étrangers soient déclarés français). Quelle façon élégante de dire que les Français doivent baisser leur froc ! Car, c’est à n’en pas douter la philosophie de ce journal qui, quatre jours plus tôt, le 30 novembre, titrait à propos du référendum en Suisse interdisant les minarets : « Le vote de la honte ». Si les Européens, de tradition chrétienne, n’ont pas le droit d’interdire les minarets chez eux, symbole on ne peut plus ostentatoire et provoquant, symbole non pas d’une religion mais d’une hégémonie étrangère, quel droit ont-ils, d’après ce journal, de limiter les prétentions étrangères en général et islamiques en particulier ? Les minarets ne sont pas indispensables à la pratique de l’Islam qui, elle, est autorisée. Pourquoi serait-ce honteux de les interdire et de contrarier les Musulmans sur ce point ? Et si cette interdiction est honteuse, quelle interdiction concernant l’Islam (voile, burqa, mariages forcés, polygamie) ne le sera pas ? Inversement, toute obligation pour les immigrés de se conformer aux lois et à certains us et coutumes français ne sera-t-elle pas elle aussi qualifiée de honteuse par ce journal qui, fort heureusement, a abjuré la bien-pensance ? En clair, s’il est interdit d’interdire quoi que ce soit aux Musulmans et aux immigrés (pas même l’immigration clandestine et la présence illégale) ou de les obliger à quoi que ce soit, mais obligatoire pour les Français de ménager leur sensibilité et leurs intérêts aux dépens des leurs, donc de leur céder sur tout, où est le compromis ? La vérité est que, malgré les gesticulations politiciennes et la démagogie gauchiste, il n’y a pas de compromis possible sur ce qui, aux yeux des Français et du monde, est français ou étranger en France. Ce qui est typiquement Français ne deviendra pas autre chose, et ce qui est historiquement étranger ne deviendra pas Français même si les médias martèlent le contraire, même si les intéressés et leurs pseudo amis jouent les vierges effarouchées.

Un Français considère le Peuple Français comme sa seule patrie (en tant que Citoyen). Ceci implique qu’il considère « la France comme sa maison, les Français comme sa famille » et qu’il agisse en conséquence. Une nation s’appréhende et se gère de la même façon qu’un foyer. Ce qui est bon ou mauvais, raisonnable ou insensé, légitime ou injuste au niveau d’un foyer l’est tout autant à l’échelle de la nation — comme à celle d’un parti, d’une association, d’une commune, d’une région. Ceux qui n’appliquent pas les mêmes principes envers l’un et l’autre manquent de bon sens dans un cas. Or les hommes ont généralement du bon sens pour ce qui touche à leurs affaires : ils espèrent pour eux le meilleur : sécurité, liberté, ordre, confort, propreté ; ils sont prêts à défendre leur domicile et leurs enfants ; ils ne tolèrent pas que l’on s’invite chez eux et que des invités enfreignent leurs consignes, moins encore qu’ils prennent racine et vivent à leurs crochets ; ils savent ce qui leur appartient ; ils sont économes ou supportent bon gré mal gré les conséquences de leurs excès ; ils font avec ce qu’ils ont et ne sont pas généreux à leurs dépens. Etrangement, certains prônent pour la nation des politiques qui sont l’exact contre-pied de cette conduite et de ces objectifs, comme si elle était une abstraction au lieu d’être leur propriété et pouvait se gérer en dépit du bon sens, sans que cela prête jamais à conséquence, comme s’ils étaient étrangers à cette nation et ne partageaient pas ses intérêts. Alors la question se pose : sont-ils idiots ? sont-ils des traîtres qui s’ignorent ? sont-ils les agents de puissances étrangères ? sont-ils des étrangers ? Il n’est pas exclu que des Français soient idiots ou n’aient pas les yeux en face des trous à l’occasion. Il se peut également que, face à une situation complexe, des intérêts légitimes multiples et des solutions diverses, tous les Français ne placent pas la priorité au même endroit, si bien qu’ils en arrivent parfois à se combattre. Mais des patriotes français, quelles que puissent être les divergences entre eux, voient le Peuple Français comme leur patrie, leur famille, reconnaissent les traits qui le caractérisent, désirent tous préserver son identité, son patrimoine, ses traditions, ses symboles, son existence, s’accordent sur les règles de base que doivent suivre des immigrés pour en faire partie. C’est bien pourquoi le débat sur l’identité nationale dépasse le clivage droite / gauche. Si les réticences sont néanmoins plus fortes à gauche, c’est surtout parce que, de ce côté, le patriotisme y est depuis longtemps dénigré et que beaucoup sont tombés dans le gauchisme soit par calcul politique soit par conviction personnelle. Pourtant, tous les éléments du patriotisme sont à l’origine de gauche et hérités de la Révolution : l’idée de nation, la République, la devise, le drapeau tricolore, la Marseillaise, la souveraineté du Peuple, la démocratie populaire, le suffrage universel, l’égalité en droits, la primauté du politique sur le religieux (laïcité), l’unité de la langue… n’y manque que l’égalité en droits hommes / femmes. Même le concept droite / gauche vient lui aussi de la Révolution. Il est donc pour le moins cocasse de constater que la droite (du moins la droite nationale) qui médit souvent de la Révolution défend avec passion tout ce que la France en a hérité, et pour le moins dramatique de voir que la gauche qui la revendique est souvent indifférente voire hostile au patriotisme qu’elle a façonné. Fort heureusement, il existe des républicains de gauche. Mais les républicains, les patriotes français, se reconnaissent de moins en moins dans les partis politiques dits de gauche qui versent systématiquement dans la démagogie, portés en cela par un universalisme insipide et leur refus d’objectivité quant à l’immigration extra-européenne.

Au nom de l’universalisme, les gauchistes ne se connaissent de famille que le genre humain. Alors que l’œuvre est inachevée en France, ils veulent mettre la Terre en chantier. L’unité se fera un jour ; elle pour l’heure une chimère. (Déjà en son temps, Robespierre avait dénoncé les démagogues de cette espèce : « Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen Français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. Eh ! s’il eût été bon Français, eût-il voulu que nous tentassions la conquête de l’Univers ? » Aux Jacobins, 12 décembre 1793) Ils reprochent aux curés de détourner les hommes des actions qui peuvent les sauver ici-bas au nom de leur salut dans l’au-delà, mais font la même chose en conspuant les patriotes qui soutiennent que chaque nation a le droit de penser à elle en premier lieu et de faire ce qu’elle croit être son intérêt, au nom de l’espèce humaine qui, qu’ils le veuillent ou non, est constituée de Peuples et divisée en nations qui n’ont que faire de leurs lubies. En somme, ils prétendent appartenir à une famille qui n’a aucune réalité mais à laquelle ils accordent toute leur attention et n’ont aucune considération pour la famille (ou sous-famille, composante de la famille universelle) à laquelle ils appartiennent concrètement et qui seule voit en eux ses enfants.

Leur refus d’objectivité quant à l’immigration extra-européenne procède du même raisonnement auquel s’ajoute l’irresponsabilité. Au nom de l’universalisme, ils ont négligé le fait que des immigrés extra-européens allaient fatalement rencontrer des difficultés d’intégration particulières en raison de la différence de leur couleur de peau et du fossé entre leur culture et celle de la France. Ils n’ont donc rien prévu pour forcer leur assimilation, croyant qu’elle s’accomplirait naturellement comme ce fut le cas pour les immigrés européens. Mieux, ils ont brisé les instruments intégrateurs (école, service militaire), suspendu les lois et coutumes assimilatrices (respect de l’autorité, prénoms, vêtement, patriotisme) et abreuvé d’insultes les partisans de l’assimilation (patriotes = xénophobes, racistes, populistes, fascistes). Dans le même temps, ils favorisaient l’immigration massive (regroupement familial, logement, soins, allocations, travail au noir, défense et régularisation de sans papiers), ils fermaient les yeux sur la pratique de coutumes étrangères contraires à la loi (polygamie, excision, mariages forcés), ils se pâmaient devant la diversité qu’apportaient les immigrés, ils décrétaient Français tout immigré qui posait le pied en France. Ce qui devait arriver arrive. Les Français, tolérants par nature, supportent de moins en moins que des immigrés ou leurs descendants de plus en plus nombreux ne fassent pas tout ce qu’ils doivent pour se fondre dans la masse et cherchent au contraire à s’en dissocier en toute occasion. Les faits sont là : ces immigrés ne forment pas une famille avec les Français, que ce soit parce qu’ils ne le veulent pas ou parce que trop de choses chez eux empêchent les Français de voir les choses autrement. Mais comment les gauchistes peuvent-ils, eux, ne pas voir cette fracture ? Parce qu’ils considèrent que les hommes forment une grande famille et que, si les pauvres immigrés sont rejetés par les Français, ce n’est pas que la politique qu’ils prônent s’est avérée catastrophique, c’est que ces derniers sont racistes ? Il est évidemment plus facile pour eux d’inculper les Français que d’admettre leurs torts. S’il ne s’agissait là que de mauvaise foi, s’ils reconnaissaient leurs torts sans oser les avouer publiquement, leur attitude serait compréhensible quoique criminelle, puisqu’ils sacrifieraient la France à leur amour propre. Mais lorsqu’ils sont de bonne foi, comme c’est généralement le cas, ils confirment leur ineptie et leur détermination à s’entêter jusqu’au bout, jusqu’à ce que la tragédie éclate et que leur crime soit consommé. (Rappelons-nous de Munich !) Dans les deux cas, qu’ils soient des traîtres par action ou par bêtise, qu’ils se disent Français ou refusent cette épithète, seuls les faits importent. Or ils n’agissent pas comme si la France était leur maison et le Peuple Français, leur famille. Ils ouvrent la première aux quatre vents et ne semblent avoir d’autre passion que sa ruine ; ils parlent du second comme s’ils  ne le connaissaient pas, comme s’ils n’en faisaient pas partie, comme s’ils ignoraient les problèmes qui le tourmentent, comme si leur but était de le rabaisser (la repentance perpétuelle, c’est eux), de le dissoudre, bref de l’anéantir, tout cela pour complaire à des immigrés dont ils se déclarent solidaires et auxquels ils prodiguent les pires conseils qui soient.

Nous avons déjà donné beaucoup d’éléments expliquant pourquoi considérer le Peuple Français comme sa seule patrie implique de « savoir distinguer, reconnaître honnêtement, ce qui est français de ce qui ne l’est pas » ou, inversement, exclut de « ne pas savoir faire ou nier la distinction entre être Français et être étranger ». Tout individu appartenant à une communauté est familiarisé avec ses spécificités et reconnaît à mille signes ce qui en fait partie — qu’il s’agisse d’autres individus ou de coutumes — et ce qui lui est étranger. L’appartenance à une communauté nationale, qui regroupe des individus provenant d’horizons très divers, repose cependant sur peu de choses, mais des choses essentielles à l’unité nationale et, partant, non négociables. Ce n’est donc pas quelque chose de subtil, de vague, d’incertain. Les critères sont clairs : le prénom de l’intéressé, la tenue vestimentaire quotidienne, la langue parlée ordinairement, l’amour du pays (qui se perçoit dans les discours et les actes), le respect de ses traditions, la connaissance au moins de l’hymne national, la fierté du drapeau. Une nation ne se résume pas à cela. (Appartenir à une communauté nationale suppose en outre de le vouloir.) Mais ces critères suffisent pour savoir instantanément de quelle nationalité est ou n’est pas un individu. Chacun d’eux est disqualifiant. Cependant, le mode actuel d’acquisition de la nationalité, fondé sur la naissance ou des subtilités administratives, permet à des individus qui ne satisfont pas tout ou partie de ces critères de l’acquérir, d’être Français sur le papier, alors qu’ils ne sont pas perçus comme tels par les Français entiers. Cette imposture est d’autant plus mal acceptée qu’elle en suscite une autre de la part des bien-pensants qui interdisent de parler des immigrés non-naturalisés en tant qu’étrangers sous prétexte qu’ils seraient généralement Français, comme s’il suffisait de poser le pied en France pour le devenir. Cette confusion est insupportable pour les Français et préjudiciable pour les immigrés eux-mêmes, surtout pour les immigrés dits visibles. Ces derniers se classent en trois catégories : ceux qui sont parfaitement assimilés et naturalisés à bon droit, ceux qui veulent être Français et le sont sur le papier, mais ne sont pas encouragés à faire tout ce qu’ils devraient pour l’être effectivement aux yeux des Français, et ceux qui n’aspirent pas à l’être, qui peuvent donc se comporter légitimement en étrangers (avec obligation néanmoins de respecter la loi), ce dont ils ne se privent pas, mais qui, ce faisant, discréditent tous leurs congénères aux yeux des Français qui, après tous les discours qu’ils ont subis, ne peuvent plus faire la différence entre les uns et les autres. C’est ainsi qu’est poussé à l’exaspération et à la légitime défense un Peuple réputé pour son ouverture et sa tolérance. Tout serait si simple si les choses étaient claires, si on appelait un chat un chat au lieu d’essayer de faire prendre aux Français, et aux immigrés par la même occasion, des vessies pour des lanternes, si les premiers n’étaient pas abreuvés de mensonges, et les seconds, bercés d’illusions. Les Français n’ont rien contre les étrangers ; ils les respectent en tant que tels et sont prêts à adopter ceux qui le méritent. Mais c’est tout l’un ou tout l’autre. Il n’y a pas de milieu. Ils n’acceptent pas que certains soient dits ou se disent autant Français qu’eux alors qu’ils les perçoivent à juste titre comme des étrangers. (Quand un ministre déclare que, pour être Français, les immigrés ne doivent renoncer à rien de ce qui fait leur identité d’origine, comment s’étonner que les Français voient en eux des étrangers ? Que sont-ils d’autre ?) D’après les critères posés, quiconque véhicule des us et coutumes étrangers, parle dans une langue étrangère, insulte la France, oppose à ses traditions des traditions étrangères dérangeantes, s’enflamme pour un pays étranger, ignore voire siffle l’hymne national, crache sur le drapeau ou le brûle, brandit des drapeaux étrangers, quiconque fait une ou plusieurs de ces choses ne peut pas être perçu de prime abord comme un Français et ne sera jamais vraiment considéré comme tel. Car, de deux choses l’une : soit ces comportements sont propres à des étrangers, soit ils constituent les critères pour être Français et peuvent donc se substituer au fait de porter un prénom français, de parler français, de ne pas s’habiller comme un étranger, d’aimer la France, etc. Un Français qui se respecte ne peut balancer. Ceci implique qu’il sache faire la différence entre ce qui est français et ce qui est étranger, ce qui en soit ne présente aucune difficulté. Quand des us et coutumes existent notoirement depuis toujours à l’étranger, entrent en France avec les immigrés et sont perpétués par leurs descendants, seule la mauvaise foi peut tergiverser sur leur nature étrangère. Cette mauvaise foi — quand il ne s’agit pas de stupidité à l’état pur ou d’une comédie destinée à détourner l’attention d’un but non avouable — trouve sa source dans la crainte de stigmatiser les intéressés. Mais c’est un mauvais calcul, puisque c’est le fait de ne pas y renoncer qui les stigmatise et qui leur sera tôt ou tard reproché, ouvertement ou insidieusement. Les responsables de cette situation (antiracistes, gauchistes, bien-pensants, immigrés) hurleront alors à la discrimination, à la xénophobie, au racisme, et feront un mauvais procès aux Français pour s’absoudre de leur propre culpabilité et persévérer dans leurs mauvais conseils.

Remarquons du reste que les critères susmentionnés n’ont rien d’exorbitant ni de discriminatoire. Ces exigences élémentaires sont même très favorables aux immigrés. Elles n’exigent pas qu’ils aient des connaissances pointues que seuls des natifs ou des individus instruits peuvent avoir. Elles n’ont d’autre but que d’assurer la nation des bonnes dispositions à son égard de ceux qui veulent l’intégrer, en s’assimilant, pour que les Français puissent reconnaître la sincérité de leurs désirs et acceptent de leur plein gré de les accueillir en tant que compatriotes. Toute autre conception de l’intégration est vouée à l’échec, car elle occulte le fait que les uns sont chez eux et que les autres sont des intrus qui imposent leur présence aux premiers et n’ont rien à exiger. Ce n’est donc pas la sensibilité des immigrés qu’une nation doit ménager, mais celle des nationaux. Ce sont les immigrés qui, pour s’intégrer, doivent faire les efforts attendus par les nationaux. On dira que les Français sont juges et parties dans cette affaire. Mais serait-ce aux immigrés à dicter leurs conditions ? Même un compromis est hors de question, car les concessions qui seraient arrachées aux Français (par qui ? au nom de quoi ?) constitueraient toujours des points de désaccord et des motifs de rejet des immigrés. Mieux, ces détails mobiliseraient toute l’attention, deviendraient des points de ralliement et ne feraient qu’accentuer les divergences, comme une réduction de diamètre augmente la pression. (Par exemple, il n’y a jamais eu autant de voiles en France que depuis l’adoption d’une loi qui, au lieu d’en interdire le port sur tout le territoire, l’a seulement interdit à l’école.) Les demi-mesures et les plans décousus ne satisfont personne. La loi doit affirmer la francité de manière claire et globale pour que ceux qui veulent être Français sachent quoi faire et le fassent et que ceux qui s’y refusent en tout ou partie se trahissent et n’aient pas les moyens de chicaner. Nous avons d’ailleurs vu que la France n’exige rien d’extraordinaire ; elle attend ce que toute nation attend logiquement de ses membres. Beaucoup d’immigrés satisfont sans peine ses conditions, excepté, parfois, la première : un prénom français. La France ne doit pas pour autant céder sur ce point. S’il est le dernier obstacle à l’assimilation parfaite de certains, c’est en le franchissant avec éclat qu’ils montreront qu’ils méritent d’être considérés comme Français à part entière, alors qu’un refus obstiné sur un sujet aussi symbolique ruine tous leurs efforts. Il serait d’autant plus mal venu de leur part de réclamer que les Français fassent des efforts de compréhension à leur endroit qu’il s’agirait surtout pour eux de renoncer au bon sens. Un prénom est le premier indice de la nationalité ou de l’origine de quelqu’un. Les Français ont des prénoms français ; les étrangers, des prénoms étrangers. Dès lors, comment considérer un immigré et surtout un descendant d’immigré (né en France) ayant un prénom étranger et refusant d’en changer ? S’il dit se sentir Français, les Français, eux, ont raison de le supposer étranger ou de douter de sa sincérité. Inversement, qui douterait de l’attachement au Peuple français d’un immigré portant ou choisissant d’adopter un prénom français ? Personne. De manière générale, s’assimiler, ne pas faire de vagues, faire taire les doutes par des actes éloquents au lieu de discuter, tels sont les seuls vrais bons conseils à donner aux immigrés.

Etre Français et considérer le Peuple Français comme sa patrie implique encore de « considérer que, comme tout Peuple, le Peuple français est souverain chez lui ». Les Peuples ont le droit de se gouverner eux-mêmes, comme ils l’entendent ; tel était le credo des Peuples colonisés luttant pour leur indépendance. Ils avaient raison. Ce principe est juste. Il est valable pour eux. Il est valable pour le Peuple Français. Cela signifie que les étrangers (touristes ou travailleurs) n’ont pas à faire la loi en France, que les immigrés (qui ne sont pas a priori des conquérants) n’ont pas à poser à imposer leurs us et coutumes — surtout lorsqu’ils sont manifestement dérangeants —, mais que les uns et les autres doivent se plier aux lois françaises et satisfaire les attentes du Peuple Français. Mais il y a aujourd’hui deux problèmes : 1) La France n’est pas une vraie démocratie, de sorte que les lois ne sont pas l’expression de la volonté du Peuple, 2) la nationalité française s’acquiert par droit du sol, de sorte que les descendants d’immigrés nés en France sont officiellement Français et font partie du Peuple. Ainsi, même si le principe posé était respecté son application serait encore faussée. L’expérience montre en effet que les soi-disant représentants du Peuple ne représentent qu’eux-mêmes. Ils confisquent la souveraineté nationale. Les lois sont l’expression de leurs opinions, de leurs intérêts, de leur lâcheté, mais pas celle de la volonté, du désir et des angoisses du Peuple qui n’est jamais consulté. Même sur les grands sujets de société qui le concernent au premier chef, il est tenu à l’écart. Les dossiers sont confiés à des commissions bidons pour qu’elles donnent un avis consensuel qui tiendra lieu de verdict officiel. Les décisions ainsi prises ont force de loi mais n’ont aucune légitimité. Si elles sont incomplètes, elles permettent aux immigrés d’être irréprochables d’un point de vue légal et d’abuser par ailleurs des libertés que la loi a eu la faiblesse de leur laisser et qui provoquent le courroux des Français. Ce courroux est d’autant plus intense que la loi qui devrait être leur œuvre leur interdit de protester. (L’affaire est jugée. Mais par qui ? Pas par le Peuple. Le jugement est nul.) Quant aux décisions avec lesquelles le Peuple est en total désaccord, les immigrés ont beau les respecter scrupuleusement, ils n’en sont pas moins hors la loi à ses yeux. De sorte que la loi écrite, ainsi élaborée, n’est qu’un couvercle posé sur une marmite ; elle empêche le Peuple de faire prévaloir sa volonté qui seule fonde la loi et exaspère d’autant plus celui-ci contre les immigrés que ceux-ci, se prévalant de lois nulles aux yeux des principes, ignorant ou pouvant prétendre qu’ils ignorent l’opinion du Peuple, en profitent pour le narguer de plus belle. Sous prétexte d’apaiser les tensions, ce système illusoire ne fait que les alimenter. Jusqu’au jour les antagonismes seront si violents, où la pression sera si forte que ce couvercle artificiel volera en éclats et que le Peuple français cherchera à recouvrir ses droits longtemps bafoués par un déchaînement de fureur.   

Etre Français et considérer le Peuple Français comme sa patrie implique naturellement d’« être dégagé de toute allégeance envers quelque puissance étrangère que ce soit ». Toute allégeance, légale ou morale, envers une puissance étrangère à la France, quelle soit politique ou religieuse, place continuellement ou potentiellement un « Français » en porte-à-faux, les buts et les intérêts de cette puissance ne pouvant être identiques à ceux de la France. Quiconque est ou se met dans une position pouvant l’amener à devoir choisir entre la France et une autre puissance et à prendre parti pour cette dernière contre la première, donc à commettre un acte de trahison ne peut être Français d’un point de vue moral, encore moins d’un point de vue légal. Si les intéressés ne savent peut-être pas quel parti ils prendront le cas échéant, la France ne le sait pas non plus et ne doit pas prendre de risque avec eux ; elle doit les tenir pour suspects. Tel est par exemple le cas des individus qui, aujourd’hui, disposent d’une double nationalité et qui, à ce titre, peuvent voter (ne serait-ce que pour les élections présidentielles) ou effectuer leur service militaire dans un pays étranger. Comment un pays ne se méfierait-il pas d’un individu qui, au lieu de le servir, a choisi d’en servir un autre et pourrait bien porter un jour les armes contre lui ? Comment un pays pourrait-il n’établir aucune différence entre des ennemis potentiels et des fidèles serviteurs ?

Ceci anticipe les deux points suivants selon lesquels être Français et considérer le Peuple Français comme sa patrie implique de « servir la France » et d’« être prêt à défendre la France au besoin au péril de sa vie ». Il va de soi que servir la France ne consiste pas seulement à vivre ou même à travailler en France, ce qui serait à la portée de n’importe qui et ne prouverait rien. Le service en question doit profiter directement à la France, comme l’exercice de fonctions publiques, et même si l’intéressé n’en tire, lui, aucun profit, comme ce peut être le cas lors d’un service national, militaire ou autre. Ce dernier est d’ailleurs une des rares formes de service permettant à tous les Citoyens de prouver concrètement à leur pays leur dévouement et de se lier les uns aux autres par cette commune expérience. Il n’y a pas de communauté sans tradition. Aucune tradition n’est plus forte, plus symbolique, plus utile pour souder une communauté nationale qu’un service national obligatoire. Sa suppression en France en 1995 fut le triomphe de l’individualisme et la porte ouverte au communautarisme (patriotisme ou nationalisme ayant pour objet une sous-communauté), un coup bas contre le patriotisme (le sens civique) et la nation. Ce fut peut-être une nécessité sur le plan militaire ; ce fut assurément une catastrophe sur le plan social. D’un côté, beaucoup de Français n’ayant rien donné à la France perdirent toute pudeur, succombèrent à la folie des grandeurs et ne se virent plus que comme européens ou citoyens du monde ; d’un autre, les immigrés, n’étant pas considérés comme Français faute d’assimilation et ne pouvant se payer ce luxe, perdirent une chance de plus de s’assimiler et se replièrent sur eux-mêmes.

Il est cependant un autre moyen de servir son pays : en œuvrant pour son prestige, sa gloire, sa grandeur, son honneur. Les possibilités sont infinies. Cette façon de servir son pays renvoie à ce que nous avons dit plus haut et à ce que nous développerons plus bas sur le fait qu’être Français implique de faire honneur à la France. Remarquons néanmoins que les services de ce genre n’ont rien d’officiel et que, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont rien d’éclatant, aussi nobles ou héroïques soient-ils. N’écoutant que son patriotisme, faisant parfois d’une pierre deux coups, tout Français peut, selon ses capacités et les circonstances, faire certaines choses en ayant à l’esprit qu’il sert la France. Il ne s’agit plus ici d’être Français d’un point de vue légal mais d’un point de vue moral, ce qui est à la fois plus louable et moins vérifiable. Ainsi, tout en faisant son métier, Gustave Eiffel était incontestablement animé par des sentiments patriotiques quand il construisit pour la France le plus haut monument du monde d’alors. Les centaines de milliers de Français qui entrèrent dans la Résistance ou aidèrent modestement les résistants au péril de leur vie et qui parfois la perdirent en effet, torturés, déportés, fusillés, servirent tout autant leur pays. Mais ces exemples montrent que, quoique disposés à le faire, il est plus difficile au commun des mortels de servir leur pays en temps de paix.

Maintenant, il va encore de soi qu’un individu qui ne désire servir la France d’aucune manière, qui la dénigre, la ruine ou la pourrit, qui n’est pas disposé à faire pour elle le moindre sacrifice, qui ne l’aime donc pas, n’a rien d’un Français, même s’il l’est sur le papier, ce qui est alors une usurpation de nationalité. Un vrai Français, un Français de cœur et d’esprit est prêt à « défendre la France au besoin au péril de sa vie », et la France est en droit d’exiger de ses enfants, pour les reconnaître, qu’ils prêtent ce serment. Il est vrai, cependant, que le patriotisme est souvent un prétexte et l’anti-patriotisme, une posture. Combien ont invoqué le patriotisme pour se faire valoir et pousser la nation à agir dans le sens de leurs intérêts, mais ont fui le combat à l’approche du danger, voire collaboré avec l’ennemi triomphant ? Attitude classique des bourgeois. Inversement, combien ont pesté contre l’Etat, insulté la patrie au nom de l’internationalisme, mais furent les premiers à courir sus à l’ennemi et à sauver l’honneur de la France ? Attitude classique des gens du peuple. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Il pourrait donc sembler inutile d’instituer un serment qui, au fond, ne prouve rien. Mais il ne faut pas oublier que la Cité est une véritable démocratie, que l’Egalité y règne, qu’il n’y a plus de bourgeois, de gens du peuple, qu’il n’y a plus que des Citoyens. Il n’y a plus cet antagonisme de classes qui aveugle et fait dire aux uns et aux autres le contraire de ce qu’ils ont dans le cœur. L’Etat, la patrie, le drapeau sont des biens communs. Tous les Citoyens peuvent jurer de les défendre sans craindre les manipulations d’une minorité. En revanche, gare aux parjures et aux prévaricateurs !

Enfin, considérer la France comme sa patrie implique de « vouloir une France forte, grande et juste ». Un vrai patriote regarde ses compatriotes comme ses frères, ses égaux, non comme des marchepieds ou de la chair à canon. Les patriotes sont donc les champions de l’Egalité sans laquelle la Justice est un vain mot, l’Egalité ne concernant évidemment que les citoyens et ne portant que sur les devoirs et les droits. Inversement, sans patriotisme, la lutte pour l’Egalité est perdue d’avance, car l’Egalité est elle-même dénaturée : n’étant plus circonscrite aux seuls citoyens mais étendue à tous les hommes, les droits ne peuvent plus êtres liés à la citoyenneté, donc à des devoirs, ce qui montre déjà le côté boiteux de sa conception, et la distribution de droits qu’elle occasionne s’accompagne de la destruction de la cité qui seule peut en reconnaître et en garantir, ce qui montre la naïveté, l’irresponsabilité voire la perfidie des promoteurs d’un édifice sans fondement. C’est encore sur cette question de l’Egalité que se révèle le fossé entre patriotisme et nationalisme malgré des signes extérieurs communs et leur synergie dans certaines circonstances. Le patriotisme qui est l’amour des siens porte à l’Egalité, tandis que le nationalisme motivé par la haine des étrangers s’accommode plus facilement de l’inégalité entre « citoyens » quand il ne la prône pas. Du moins les nationalistes préservent-ils quelque chose de la nation quand les droits-de-l’hommistes et autres citoyens du monde la détruisent de fond en comble. Du reste, la différence entre patriotisme et nationalisme sera encore plus mince dans la Cité où l’Egalité règnera en dépit des hommes et qui sera donc aussi juste que possible.

Ensuite, l’association politique ayant pour but d’assurer à ses membres la plus grande sécurité possible, laquelle est fonction de la force de l’association, il est dans la logique des choses qu’un Français aspire à une France forte, c’est-à-dire un pays où règne la loi et l’ordre, un pays dont l’armée et la cohésion nationale en imposent à ses ennemis potentiels, un pays capable de se défendre, de soutenir ses alliés et de compter sur la scène internationale, un pays fort et rayonnant dans tous les domaines : éducation, instruction, culture, architecture, philosophie, arts, science, recherche, médecine, industrie, économie, technologies de pointe, espace, autant de domaines dans lesquels l’Egalité confèrera à la Cité des avantages certains de par le patriotisme et le dynamisme qu’elle implique. Qui aime sa patrie la veut fleurissante, puissante, exemplaire et respectée. Sans patriotisme, un pays sombre dans l’indifférence pour le bien public, dans le dénigrement de soi, l’autosatisfaction injustifiée, les sophismes et la médiocrité. Seul le patriotisme peut pousser aux entreprises d’envergure et les soutenir. Car être patriote, ce n’est pas seulement être fier d’être né quelque part et d’appartenir à une nation par hasard, c’est tout faire pour que cette fierté soit fondée, donc espérer que sa nation poursuive des buts nobles et agir soi-même avec l’intention de lui faire honneur. En somme, le patriotisme se nourrit moins de passé ou de présent que d’avenir. Il doit moins à la réalité qu’aux espérances. Il puise moins dans ce que l’on est que dans ce que l’on fait. Ainsi, les patriotes français, attachés à la devise de la France, Liberté Egalité Fraternité, n’ont pas la naïveté de croire qu’elle traduit la réalité. Elle est pour eux un idéal à atteindre. Ils ne sont pas fiers de ce qui est mais de ce qu’ils veulent.

Vouloir une France forte pourrait cependant accréditer l’idée que le patriotisme pousse par nature à la guerre. C’est une fois de plus le confondre avec le nationalisme. L’amour des siens n’est pas la haine des autres. Les patriotes ne sont pas des va-t-en-guerre. Ils désirent que leur pays soit en état de défense (Cf. De Gaulle), condition de la protection des leurs, mais ne prônent pas la guerre préventive ou offensive. S’il advient néanmoins que leur pays soit plongé malgré eux dans la guerre, alors ils y consacrent toute leur énergie. Autant ils essayent d’épargner la guerre à leur pays (Cf. Robespierre, Jaurès), autant ils se battent jusqu’à la victoire ou la mort (Cf. les Jacobins, la Commune de Paris de 1871, les Résistants). Capitulation, collaboration, compromis, défaitisme sont des mots qu’ils ne connaissent pas. Ce sont les patriotes qui toujours sauvent l’honneur, et le patriotisme est dans le Peuple.

Enfin, un pays fort et juste atteint de fait la grandeur. La grandeur d’un pays n’est pas dans l’ampleur de son territoire mais dans la hauteur de ses vues et la chaleur de son souffle. Elle suppose des ambitions patriotiques et humanistes qui exigent des moyens. Elle implique que le Peuple ait foi en lui-même et croit en sa destinée, une destinée qui ne consiste pas à écraser le monde, mais à l’inspirer. Elle est tout le contraire de l’égoïsme national ; elle aspire à la fraternité universelle (ce que d’aucuns confondent aujourd’hui avec la naïveté absolue). Qui peut aimer son pays sans désirer tout cela pour lui ? Comment un Français pourrait-il ne pas vouloir que la justice (l’Egalité et la Liberté) règne en France, que la France soit au summum de ses forces ? Et comment la France pourrait-elle être une puissance sans compter dans le monde ? comment pourrait-elle être juste chez elle sans l’être envers les autres pays ? Etre Français, être fier d’être Français, vouloir une France juste, une France forte, une France grande, c’est la même chose.

Pour finir, dans la mesure où « Etre Français, c’est faire honneur à la France en toutes circonstances, sur place comme à l’étranger », ceci implique, pour commencer, d’être fier d’être Français. Nul ne peut chercher à honorer en permanence une patrie à laquelle il n’est pas fier d’appartenir. Etre fier n’est pas être chauvin. Le chauvinisme est arrogant, partial, stupide, opportuniste, oublieux, en un mot, vulgaire ; il dessert la cause qu’il invoque. D’ailleurs, il ne la sert pas ; elle n’est pour lui qu’un prétexte. La fierté, au contraire, est constante, prévenante, soignée, passionnée, ombrageuse, respectueuse, en un mot, exemplaire ; elle est inspirée par la cause dont elle se veut le digne instrument et qu’elle espère faire partager, ou du moins respecter. Etre fier d’être Français ne consiste donc pas à se gargariser de cette nationalité et à faire n’importe quoi mais à se comporter avec dignité au nom de la France, par amour pour elle et pour la faire aimer. Etre fier d’être Français sous-entend donc « aimer la France et tout faire pour la faire aimer des gens respectables », « être courtois envers les étrangers en France », « avoir un comportement irréprochable à l’étranger », « vouloir préserver et embellir le patrimoine français, local et national » et « défendre, même seul contre tous, l’honneur et l’indépendance de la France ». Il n’est sans doute pas nécessaire d’expliquer en détail pourquoi chacun de ces comportements fait honneur à la France et est par conséquent inhérent au fait d’être Français de cœur et d’esprit. Il suffit, du reste, de formuler les attitudes contraires pour réaliser qu’elles sont intolérables, tant elles sont nuisibles aux intérêts et à l’image de la France, et qu’il serait impossible de les prescrire à un Français.

Faire honneur à la France implique enfin d’« être terrible dans le combat, humain dans la victoire, debout dans la défaite ». Dès lors que la France lutte pour sa défense, pour défendre son sol, ses enfants, sa dignité voire son existence, la victoire est impérative et toutes les énergies doivent être tournées vers elle. C’est « la victoire ou la mort » au pied de la lettre. Il n’y a plus alors de place pour la pitié : pas de pitié pour les traîtres, pas de pitié pour les lâches et, bien sûr, pas de pitié pour l’ennemi. Etre inflexible, terrible, ne garantit pas toujours la victoire (Bien des Peuples décidés ont été vaincus.), mais être irrésolu et libéral dans ces conditions conduit inévitablement à la défaite. Le temps du combat n’est pas celui de la candeur. L’ennemi ne peut être ménagé qu’une fois vaincu partiellement ou globalement, qu’une fois les batailles ou la guerre remportées. Il est du reste dans l’idéal français d’être humain dans la victoire, comme en témoigne ce passage de la Marseillaise : « Français en guerriers magnanimes, portez ou retenez vos coups, épargnez ces tristes victimes à regret s’armant contre nous » « Guerre aux châteaux, paix aux chaumières » ou encore ce slogan de la guerre 1914-1918 sur une carte postale montrant un soldat français donner à boire à un Allemand blessé et, à côté, un Allemand achever à la baïonnette un Français : « Générosité française / Barbarie allemande ». La guerre est cruelle et ceci n’est peut-être qu’un vœux pieux. Mais que vaut-il mieux ? Exalter l’humanité, appeler au respect des vaincus ou prôner l’amoralité et normaliser les crimes de guerre ?

Il en est de même en ce qui concerne le fait d’être debout dans la défaite. Telle est ou devrait être l’attitude des Français dignes de ce nom, conscients qu’ils incarnent la France, qu’ils défendent son honneur et sont le bras de sa liberté. Le défaitisme est humain, mais un homme qui se résigne à la défaite de la France, à son humiliation, à son asservissement, n’est pas Français. Une grande défaite peut plonger dans un grand abattement, mais un Français doit se reprendre et lutter pour la France par les moyens dont il dispose jusqu’à son dernier souffle de vie, comme le dit Le chant du départ : « La République nous appelle, sachons vaincre ou sachons périr, un Français doit vivre pour elle, pour elle un Français doit mourir ». Plus facile à dire qu’à faire, pourrait-on dire. C’est pourtant avec cette mentalité que les volontaires de 1792 ont couru sus aux austro-prussiens, que les Parisiens ont refusé la capitulation en 1871, que les Poilus ont tenu les tranchées en 1914-1918, que la France combattante et les Résistants ont défié les Nazis en 1940-1945. La victoire appartient généralement à ceux qui y croient le plus et ne s’avouent jamais vaincus. Ceux qui ne croient pas en la victoire sont vaincus avant même d’avoir combattu. Ils n’y croient pas parce qu’ils n’ont pas foi en leur Peuple, parce qu’ils pensent que tout le monde est aussi lâche qu’eux, parce qu’ils placent leurs intérêts personnels au-dessus de l’honneur de la patrie ou plutôt parce qu’ils n’ont ni honneur ni patrie. Mais un Français, mais un patriote, que peut-il faire si ce n’est rester debout et donner jusqu’à la dernière goutte de son sang, si besoin est, pour que vive la France ? et tant qu’il restera un Français de cette trempe, la France sera immortelle. Une fois de plus, cette attitude sublime ne peut être universelle. Mais comment l’inspirer sans la proposer pour modèle ? Que proposer d’autre qui ne soit une trahison envers la France ?

En résumé, être Français ne consiste pas simplement à être né quelque part en France, cela n’a même que très peu à voir avec la naissance et les ascendances. On ne naît pas Français ; on le devient. Théoriquement, n’importe qui peut devenir Français s’il fait siennes l’histoire, la culture et les valeurs françaises (d’où les conditions pour prétendre à la Nationalité), s’il voit la France, le Peuple Français, comme sa seule et unique patrie en tant que Citoyen et s’il leur fait effectivement honneur, avec toutes les conséquences que ces trois points impliquent. Inversement, quiconque ne satisfait pas ces trois points n’est pas Français ou, s’il l’est d’un point de vue administratif, ne l’est que par l’ineptie des lois d’après lesquelles être Français ne veut rien dire et peut s’appliquer à n’importe qui si le hasard le favorise.

Dans l’absolu, être Français est donc avant tout une question morale ; c’est un état d’esprit que certains ont naturellement, de par le contexte dans lequel ils ont grandi, que d’autres peuvent adopter s’ils le désirent. Cependant, en pratique, il est des limites à cette abstraction.
La France a une histoire, le Peuple Français a des traits caractéristiques et la Nation française, quoique étant un concept politique, doit en tenir compte. Autrement dit, on ne peut négliger la nature profonde de la France et du Peuple Français que jusqu’à un certain point.

La France est un pays européen et le Peuple Français fut jusqu’au XXe siècle une population exclusivement blanche. Qu’être Français ne signifie pas être blanc est une chose ; que la Nation française, à force d’intégrer des individus d’origines extra-européennes (donc également de culture non-européenne), ne soit plus une population majoritairement blanche en est une autre. Cela ne bouleverse pas seulement l’identité française du seul point de vue français, c’est-à-dire la perception que les Français de bonne foi ont d’eux-mêmes ; cela bouleverse aussi la perception que le monde a de la France et du Peuple Français. Le nom même de « France » vient des Francs qui étaient blancs, comme les Celtes et les Gaulois. S’il advenait que, sous la pression migratoire, la population française ne soit plus majoritairement blanche et qu’une autre race devienne majoritaire, le nom de France perdrait sa raison d’être et un autre plus en rapport avec la nature ou la culture de la nouvelle population dominante lui serait probablement substitué, officieusement puis officiellement, comme cela s’est toujours fait, comme cela se fait déjà pour certains quartiers (ex : Chinatown, Little-Italie, Londonistan). Un changement aussi radical, aussi symbolique et aussi funeste pour la France et le ci-devant Peuple Français aurait malheureusement le mérite de révéler à tous les sophistes et à tous les naïfs où conduisent l’immigrationnisme et les reculades en matière d’identité nationale pour complaire aux immigrés présents ou futurs.

Une nation qui accepte des immigrés doit les gérer afin qu’ils s’assimilent le plus rapidement possible et que l’immigration ne soit pas un fléau à long terme. Elle doit donc, dans son intérêt et le leur, en limiter le nombre selon leurs origines, leur fermer ses frontières au besoin, mettre en œuvre une politique draconienne d’assimilation (modèle républicain) et ne tolérer de leur part aucune atteinte à son identité, car, dans ce domaine, les faits comptent moins que les symboles. Tous les immigrés, hommes et femmes, doivent en outre être en état de travailler et travailler effectivement, afin d’être un plus pour la nation, non une charge injustifiable aux yeux des nationaux. C’est à ces seules conditions (nombre limité, travail et indépendance économique, volonté d’assimilation) que les immigrés peuvent se fondre dans la masse, être acceptés et devenir partie intégrante de la nation. Qu’une seule de ces conditions ne soit pas remplie, et l’immigration est un désastre tant pour les immigrés que pour la nation, quelle qu’elle soit.

Si l’immigration est massive et continue, la nation finit par manquer de logements et d’emploi — avec tous les problèmes annexes que cela suscite — et, même si tous les immigrés sont logés et travaillent, leur besoin de s’assimiler diminue, et, même s’ils s’assimilent de gré ou sous la contrainte de la loi, c’est à bon droit que les nationaux se sentent envahis, sentiment d’autant plus intense que les immigrés sont d’un autre type, donc voyants.

Si trop d’immigrés ne travaillent pas et ne sont donc pas indépendants économiquement, ils sont de fait une charge (logement, aides sociales, chômage, soins) pour une collectivité qui ne leur doit rien, à laquelle ils sont et resteront étrangers. C’est à bon droit que les nationaux les considèrent comme des parasites.

Si les immigrés ne s’assimilent pas, soit que la loi ne les y contraint pas soit qu’ils s’y refusent, ils sont perçus par les nationaux comme des étrangers, qui plus est des étrangers hostiles à la nation qui les a accueillis, ce qui n’est pas de nature à leur attirer la sympathie. Qu’ils se regroupent d’eux-mêmes ou qu’ils soient repoussés par les nationaux, ils sont de fait coupés de la communauté nationale.

Enfin, quand aucune des conditions requises n’est remplie, toutes ces conséquences sont accentuées et se cumulent, portant les nationaux au comble de l’exaspération tant contre les immigrés que contre l’Etat, véritable responsable de cette situation. L’immigration et les problèmes liés aux immigrés ne sont en effet que le symptôme d’une législation défaillante. Tout Etat peut maîtriser l’immigration et encadrer les immigrés s’il le veut. Il n’est débordé que s’il se laisse déborder, si, au nom de scrupules fondés sur des sophismes, il renonce aux moyens adéquats, donc légitimes, pour faire respecter par les étrangers son espace et ses lois, en un mot la souveraineté nationale dont il est l’instrument. Car des étrangers ne viennent légalement que s’il les y autorise et ne demeurent illégalement que s’il n’est pas terrible envers eux et leurs complices (passeurs, hébergeurs, employeurs, exploiteurs) ; des immigrés n’arrivent en masse que s’il le permet, s’il ne voit dans les hommes que des êtres humains, c’est-à-dire des unités sans caractéristiques propres, sans origine, sans passé, sans culture, sans désir, sans volonté, sans impact, interchangeables ou du moins modelables à volonté, s’il ne voit donc aucune différence entre les citoyens et les étrangers à la venue desquels rien ne s’oppose et s’il ne voit dans l’immigration qu’un acte individuel même lorsqu’il est confronté à un mouvement collectif ; ils ne chôment que s’il ne fait pas du travail une condition de leur séjour ; ils ne dépareillent que s’il ne leur impose pas d’être assimilés pour venir ou de s’assimiler une fois sur place et s’il les encourage par action ou omission dans cette attitude. 

On voit que l’assimilation, particulièrement liée à la question de l’identité nationale, française en l’occurrence, n’est qu’un des problèmes posés par l’immigration. Cependant, tout est lié. Adopter une politique efficace d’assimilation oblige à la fois à considérer l’immigration comme un problème et à cerner la francité et, plus encore, la non-francité. Assimilation, immigration, identité nationale sont les revers d’une même médaille : chacune de ces questions renvoie aux autres. On parle de tout ou on ne parle de rien. Le « débat » sur l’identité nationale a ainsi été lancé faute de pouvoir débattre directement d’immigration, thème considéré comme raciste. D’ailleurs, ceux qui décrètent ce débat honteux sont aussi ceux qui font de l’immigration un tabou et nient la gravité de la situation dans laquelle quarante ans d’inconséquence ont plongé la France.

Il aurait sans doute était plus clair de lancer un débat sur l’immigration et l’assimilation, mais, d’un autre côté, comment débattre de ces sujets de manière constructive sans avoir défini au préalable les bases de la francité ? Cependant, dans un contexte de forte présence immigrée, le risque est que la définition de la francité soit moins objective que politiquement correcte, que la volonté de ménager les immigrés, la crainte d’encourir l’accusation de racisme et le besoin d’occulter les errements passés l’emportent sur la vérité et le bon sens. Comme nous venons de l’expliquer, même si être Français est avant tout un état d’esprit, être perçu comme un Français, pour un immigré, peut aussi dépendre de ce qu’il est (sa race) et de ce que font ses congénères.

Il est certain que des immigrés qui ne font pas les efforts nécessaires pour se fondre dans la masse et qui s’affichent ostensiblement comme des étrangers ne seront jamais considérés comme des Français et seront rejetés, surtout s’ils n’assument pas ce qu’ils s’évertuent à être. Mais des immigrés, en particulier extra-européens, parfaitement assimilés individuellement peuvent être rejetés ou se sentir rejetés pour des raisons qui les dépassent, contre lesquelles ils ne peuvent rien. De par leurs origines raciales, ils sont liés — tant aux yeux des Français qu’à leurs propres yeux — aux immigrés de mêmes origines qu’eux. Quand ce ne sont pas les Français qui font l’amalgame, ce sont eux qui, souvent, le font en défendant inconditionnellement leurs congénères au lieu d’adopter un point de vue français ou impartial. Ainsi, un immigré assimilé, accepté par les Français qui le connaissent, sera souvent rejeté par les Français qui ne le connaissent pas si beaucoup de ses congénères ne font pas d’efforts d’assimilation. Maintenant, en supposant que tous les immigrés de même origine s’assimilent, ils peuvent encore être collectivement rejetés si leur nombre — en raison d’une immigration massive ou de leur taux de fécondité élevé — croît au point de donner aux Français l’impression que leur pays est envahi, que leur Peuple est en passe d’être submergé par une autre population. Il va de soi que cette impression sera d’autant plus forte et le rejet des Français d’autant plus radical que les immigrés en question ne s’assimilent pas.

Il est donc de la première importance que l’Etat admette l’évidence que le Peuple Français est historiquement blanc afin qu’il maintienne l’immigration extra-européenne dans des limites raisonnables, sous peine de placer ces immigrés et leurs descendants en éternel porte-à-faux vis-à-vis des Français. Un Etat est malvenu de s’ériger en pourfendeur du « racisme » quand son incurie en matière d’immigration est la cause essentielle du rejet des immigrés dont le nombre atteint des proportions alarmantes pour les autochtones. Dans ce cas, comme le dit le proverbe français, c’est la poule qui chante qui a fait l’œuf. Le rôle de l’Etat n’est pas de provoquer des difficultés, mais de les prévenir, surtout lorsqu’elles sont prévisibles.

Il importe tout autant que la loi impose aux immigrés de s’assimiler et que l’assimilation soit une condition de la naturalisation, afin que les Français ne se défient plus des immigrés, sachent que tous méritent d’être naturalisés, même ceux qui ne le désirent pas, et que quiconque a l’air d’un étranger est en effet un touriste. L’assimilation doit être générale ou le discrédit collectif des immigrés est fatal. Il n’y a rien que de légitime à ce qu’une nation exige des individus qui, de leur plein gré et en connaissance de cause, viennent vivre en son sein qu’ils s’alignent sur les nationaux, tandis qu’il n’y a aucune raison qu’elle leur accorde la liberté non seulement de se distinguer d’eux comme par mépris, mais encore de jeter la suspicion sur leurs congénères pleins de bonne volonté. Ces libertés sont des sophismes. Une nation ne doit rien aux étrangers, à ses ennemis ; elle n’a de considération à avoir qu’envers ses membres et ses amis.

Mais en quoi consiste exactement l’assimilation ? Au vrai, elle se réduit à peu de choses : 1) parler français, et ce quel que soit l’interlocuteur, 2) ne pas se vêtir de manière typiquement étrangère, 3) porter et donner à ses enfants un prénom français, 4) ne pas afficher sa religion (moins pour une question de laïcité que d’assimilation). Telles sont les règles élémentaires qu’un immigré doit respecter pour ne pas être perçu inévitablement comme un étranger et pouvoir devenir Français. Ces règles ne concernent que des aspects extérieurs ou immédiatement perceptibles suscitant une interprétation instantanée. Elles sont du domaine de l’apparence. L’habit ne fait pas le moine, dira-t-on ! Sans doute, mais l’apparence est une forme de communication ; c’est sur elle que se fonde l’opinion de tous ceux avec qui les rapports n’iront pas plus loin qu’un regard ; elle est en somme la première et, dans la plupart des cas, la dernière impression que l’on donne de soi... autant qu’elle soit bonne.

Ces règles pourraient néanmoins sembler insuffisantes à qui assujetti, avec raison, la francité à l’adhésion à des valeurs politiques, sociales, morales. Mais assimilation ne signifie pas naturalisation. Le but de l’assimilation (son but ne pouvant être atteint que si elle est générale) est que les immigrés, naturalisés ou non, se fondent autant que possible dans la masse, dans le décor, afin que les nationaux n’aient aucun motif d’hostilité à leur endroit et acceptent ou soient indifférents à leur présence. Ceci étant, des immigrés suivant à la lettre les règles ci-dessus sont de facto emportés par l’état d’esprit français. Quand sur des points aussi essentiels que le langage, l’accoutrement, les prénoms et la religion on pense et on se comporte en Français, c’est que l’on accepte et intègre ce qu’est la France (son histoire, sa culture, ses traditions, ses valeurs).

Mais, être Français est un tout : c’est une question à la fois d’apparence, de culture, de valeurs et de sentiment. Tous ces aspects, plus ou moins reliés entre eux, sont à la fois nécessaires et insignifiants par eux-mêmes par rapport à la francité.

L’apparence concerne l’origine ethnique et la tenue vestimentaire. Individuellement, l’origine ethnique quelle qu’elle soit n’est pas un obstacle pour être Français. Elle n’en devient un éventuellement que d’un point de vue collectif, en cas d’immigration massive (d’où la nécessité de gérer les des flux migratiores pour prévenir ce genre de dilemme). Les Français sont historiquement Blancs. On peut néanmoins être Français sans être Blanc, mais une France sans Blancs ou dans laquelle les Blancs seraient minoritaires serait-elle encore la France ? Inversement, tous les Blancs ne sont pas Français. La couleur de peau n’est donc pas un critère absolu de la francité, bien que toute couleur autre que blanc suscite immédiatement un doute. De même la tenue vestimentaire française n’a plus rien de typiquement français ; elle est commune à tous les Occidentaux. Une tenue occidentale n’est donc pas un critère absolu de la francité, tandis que le port d’une tenue traditionnelle non-européenne est a priori le fait d’étrangers.

La culture concerne la langue, l’habillement, l’Histoire, les histoires, l’humour, la cuisine, les sons, les chansons, les films, la littérature, l’architecture, les paysages, les traditions locales et nationales, etc. Elle touche à tant de domaines, englobe tant des choses, qu’aucun Français ne la possède ni ne l’apprécie en totalité et que tous, même les plus ignares, en sont imprégnés en partie. Mais des étrangers peuvent aussi l’apprécier et être connaisseurs, ce qui pour autant ne fait pas d’eux des Français. Une connaissance approfondie de la culture française n’est donc pas un critère absolu de francité, bien qu’une ignorance totale doive assurément disqualifier un candidat à la naturalisation.

Les valeurs concernent les idées politiques et sociétales : démocratie, souveraineté du Peuple, Egalité, égalité en droits hommes / femmes, laïcité, liberté individuelle, protection de l’enfance, etc. Tous les Français ne mettent pas la même chose derrière ces mots, mais aucun ne rejette (du moins ouvertement) les idées générales qu’ils véhiculent, qui font pour ainsi dire partie de la culture française et qui, là encore, sont partagées par tous les Occidentaux. Partager ces valeurs n’est donc pas typiquement français, n’est pas un critère absolu de la francité, même si dans un monde raisonnable leur rejet, donc la violation inévitable de certaines lois, devrait être un obstacle à la naturalisation et à l’immigration voire un motif de dénaturalisation et de bannissement.

Sur les deux derniers points, culture et valeurs, on voit que la francité est plus difficile à définir en elle-même que par défaut. La vie est constituée d’une variété infinie de choses. Certaines sont françaises sans discussion, beaucoup sont inqualifiables, si bien que, dans tous les cas, il est moins judicieux de se demander « est-ce français ? » que « est-ce typiquement étranger ? ». En cas de réponse positive, une autre question s’impose : « sa présence est-elle indifférente, tolérable ou inacceptable en France ? ».

Enfin, le sentiment concerne bien sûr l’appartenance à la nation française. Se sentir Français semble être la conséquence logique des prédispositions précédentes. Pourtant, cela ne va pas de soi. Combien d’individus ayant en tout point l’air de Français, étant d’ailleurs Français officiellement, déclarent-ils qu’ils ne se sentent pas Français mais tantôt Européens tantôt Citoyens du monde tantôt Bretons, Basques, Corses ou Alsaciens ? Combien d’autres soutiennent-ils qu’ils sont Français alors que leurs mœurs ou leurs idées prouvent qu’ils n’en ont pas l’état d’esprit, à tel point que les Français ne voient pas en eux leurs pareils ? La question du sentiment contient et complète les trois autres points. Une apparence, une culture et des valeurs françaises sont toujours nécessaires mais parfois insuffisantes pour se sentir Français. Le sentiment d’être Français, à ne pas confondre avec le fait d’être Français aujourd’hui d’un point de vue administratif, est une sorte de volonté dont l’authenticité est attestée par des indices sans équivoque. Sans ce sentiment, sans cette volonté, être Français ne veut rien dire. Ceux qui, même nés en France, ne veulent pas être Français ne devraient pas l’être, et ceux qui veulent l’être devraient en être dignes en satisfaisant les critères de l’apparence, de la culture et des valeurs.

Quand dans le débat sur l’identité nationale, certains, à la question « Qu’est-ce qu’être Français ? », répondent : « C’est avoir des papiers français », ils ont raison dans l’absolu, mais ils ont tord en regard du mode actuel d’acquisition de la nationalité : par hasard et par force, par alliance ou par calcul. Une nationalité n’a de sens que si elle est à la fois un choix et une attestation. Une nationalité qui, comme aujourd’hui, ne se choisit pas librement (quiconque né en France est Français d’office) et n’atteste pas une connaissance de la nation et un dévouement sans borne pour elle, qui confère des droits mais aucun devoir, qui ne permet pas de distinguer les défenseurs de la nation des étrangers, des ennemis et des profiteurs parce qu’elle les englobe tous, ne signifie rien. Que peut-il sortir de bon de pareille confusion ? Pourquoi d’ailleurs une telle confusion qui ne profite à personne ? Pourquoi surtout créer une confusion dont seuls les auteurs sont dupes ? Distribuer la nationalité et baisser les critères de la francité pour complaire aux immigrés est illusoire et en définitive criminel. Tout le monde sait ce qu’est être Français, et des Français au rabais ne seront jamais perçus comme des Français à part entière. Un débat sur l’identité nationale intéresse moins les Français que les immigrés ; il a moins pour but de définir la francité que de rappeler que certaines choses sont étrangères en France et stigmatisent les immigrés ; il n’aura donc d’utilité publique que s’il en sort un rappel des règles de base de l’assimilation : parler français en toutes circonstances, renoncer aux vêtements typiquement étrangers, porter et donner à ses enfants un prénom français, pratiquer discrètement sa religion et la franciser autant que possible.

Philippe Landeux

19:49 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : français, patriotisme, france, francité, landeux, assimilation |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 22 avril 2011

LES COUILLES EN BANDOULIERE

La commission environnement du parlement européen a adopté hier, 19 avril 2011, contre toute attente un amendement imposant l’étiquetage aux viandes abattues rituellement. (Source : Fdesouche.com)

L’abattage sans étourdissement est illégal en France et en Europe. Une étiquette « Viande provenant d’animaux abattus sans étourdissement » revient ni plus ni moins à légaliser une pratique illégale. Le courage n’est pas d’autoriser à bafouer les lois, mais de les faire respecter et de punir ceux qui les enfreignent. D’autant plus que les enfreindre sous des prétextes religieux va aussi à l’encontre de la laïcité, puisque cela sous-entend que les préceptes religieux sont au-dessus de la loi commune et que les croyants n'ont pas à s'y soumettre. La discrimination et la stigmatisation dont on nous rebat les oreilles  ne consistent pas à soumettre tout le monde à la loi commune, mais à faire des exceptions pour ceux qu'elle concerne au premier chef. Si les lois ne s'appliquent pas à ces derniers, si elles leur offrent elles-mêmes la possibilité de s'y soustraire, à quoi servent-elles ? à qui sont-elles destinées ? C'est comme si elles interdisaient le viol, sauf pour les violeurs.

Philippe Landeux

 

P.-S. : Ceci étant, aucune loi n'est actuellement légitime puisque aucune n'a jamais été ratifiée par le peuple, les commissions européennes ayant moins de légitimité encore à en promulguer que les parlements nationaux.

04:00 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : abattage, halal, casher, illégal, discrimination, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 21 avril 2011

L'ITALIE SE REVEILLE

Une fois n'est pas coutume, je signale ici, en page d'accueil, une vidéo qui ne m'a pas seulement ému mais qui m'a fait pleurer à chaudes larmes, des larmes de fierté pour le peuple italien, et je dirais presque de jalousie en tant que Français.

La scène se passe le 12 mars 2011 à l'Opéra de Rome, lors d'une représentation de Nabucco, de Verdi. Quand vint le choeur des  esclaves, symbole de la quête de liberté, le public plongea dans une telle ferveur patriotique, que le spectacle fut interrompu. Le chef d'orchestre, la gorge serrée, fit un petit discours sur la belle Italie en passe d'être perdue. L'air fut rejoué, artistes et public au bord des larmes, unis dans un même coeur. 


VIVA ITALIA !

VIVE LA FRANCE !

 

http://marie.roca.over-blog.com/article-reveil-du-patriot...

Version longue :

http://www.youtube.com/watch?v=the9_fs1Za0&feature=pl...

08:41 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nabucco, italie, patriotisme, opéra, landeux |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 15 avril 2011

IMMIGRATIONNISME, ECOLOGISME, EUROPEISME

IDEOLOGIES DE GAUCHE ?

L’immigrationnisme est une monstruosité de droite, du grand patronat, la cause est entendue. Mais comment la « gauche » a-t-elle pu s’y convertir et commettre ainsi une double hérésie, d’un côté en singeant les patrons, de l’autre en abandonnant le peuple français ?

Pour le comprendre, il faut se souvenir que la vraie gauche est progressiste, que l’Egalité est son ambition suprême, que Largent l’empêche de l’atteindre et que, pourtant, aucun parti de gauche n’a jamais désigné Largent comme l’ennemi et proposé les moyens à la fois de l’abattre et d’instaurer l’Egalité. Aucun parti de gauche n’a donc jamais été réellement anti-capitaliste ; aucun n’est même réellement libéral puisqu’il ne peut exister, sous le capitalisme, que du capitalo-libéralisme. Néanmoins, le système monétaire n’empêche pas quelques progrès dans certains domaines. Il a donc été possible d’être de gauche sans être fondamentalement égalitaire tant que des progrès furent possibles. Mais il arrive un moment où tous les progrès possibles sous Largent sont réalisés, tout nouveau progrès impliquant de s’attaquer à Largent lui-même et à ses lois. C’est ce qui se produisit au tournant des années 1980. La gauche, inconsciemment capitaliste, ne put franchir le cap et fut dès lors condamnée à reculer, à stagner ou à donner l’impression d’avancer en sombrant dans la démagogie.

Pour sauver la face et les places des éléphants, elle qui n’avait jamais été de gauche que de manière illusoire mit un point d’honneur à paraître encore progressiste. Ne pouvant plus rien faire pour les Français et étant vouée à perdre leur confiance, elle s’en détourna et porta son attention sur les immigrés qui, à la fois exploités en France et originaires de pays moins développés, pouvaient seuls voir en elle la promesse d’un progrès. Les immigrés devinrent pour elle le nouvel opprimé à défendre, le futur électeur à engranger, sa planche de salut. Plus il y en avait, mieux c’était pour elle. Mais pour pouvoir favoriser l’immigration (à l’instar du grand patronat), elle dut persuader les Français qui n’avaient rien à y gagner, bien au contraire, que l’immigrationnisme est un devoir moral, un combat « de gauche », le summum de l’humanisme et de la générosité. Et elle y parvint. Elle réussit à convaincre nombre de Français que se soucier de leurs intérêts est égoïste, qu’être patriote est réactionnaire, fasciste, raciste, nauséabond et que, pour être des hommes bons et respectables, ils devaient se battre exclusivement pour l’autre, ne songer qu’aux immigrés, s’effacer devant eux et s’auto-anéantir. Elle renversa ainsi toutes les idées, se coupa de la réalité et perdit toute raison et toute mesure, tout sens des priorités et des proportions.

La passion soudaine de ce que j'appelle désormais « la gaucherie » pour l’écologie répond au même besoin que précédemment : amener les Français à se passionner pour des objets étrangers, à s’investir tout entiers dans des causes auxquelles ils n’ont aucun intérêt, à ne plus se battre pour eux-mêmes, à se désintéresser de leur propre cause, à dépérir sans réagir, à s’autodétruire, à trahir leur peuple et leur pays, à cautionner un chaos social d’un nouveau genre et à croire que c’est en cela que consiste « être de gauche ». L’écologisme — à ne pas confondre avec un réel souci de l’écologie — est apparu après l’immigrationnisme qui, lui, rapporte des électeurs d’origine étrangère sonnants et trébuchants. Avec lui, la gaucherie a touché le jack pot.  L’intérêt de l’écologisme est plus subtil ; c’est de contribuer à lobotomiser davantage les Français pour leur faire avaler les salades immigrationnistes et euro-mondialistes. C’est la cerise sur le gâteau. Bien sûr, dans les deux cas, ces idéologies se sont forgées ou ont été introduites progressivement. Elles ont d’abord semblé raisonnables avant de verser de plus en plus dans l’outrance.

L’européisme a la même fonction et le même intérêt que l’écologisme à la différence qu’il n’a, lui, aucun objet, qu’il est une pure abstraction. C’est la perfection du génie infernal ! L’Europe vendue aux peuples est une belle idée avec laquelle l’Europe réelle n’a aucun rapport. Elle ruine, elle étouffe, elle détruit, elle nie les nations, elle n’apporte rien, elle ne protège de rien, elle est anti-démocratique et ultra-capitaliste : elle ne sert que de monture aux chevaliers de l’ordre mondial et de Largent. Voilà ce que la gaucherie (ouvertement main dans la main avec la droite capitalo-libérale mondialiste) a osé présenter, une fois de plus, une fois de trop, comme un projet « de gauche » ! Heureusement, il semble que la supercherie soit éventée et que le rideau soit prêt d’être tiré.

 

Philippe Landeux


Extrait d'un texte à paraître : Droite, Gauche - Hier, aujourd'hui et demain

jeudi, 14 avril 2011

PENSEE DU JOUR : FN

La France survivrait au Front National ; elle ne survivra pas à l'immigration.