PENSEE DU JOUR : le droit de vote des étrangers (samedi, 08 octobre 2011)
Dès lors qu’un principe est violé, il n’existe plus.
Ne peuvent jouir des droits politiques que les individus attachés à la Nation et revêtus, de ce fait, de la Nationalité. (Ceci implique d’établir un mode d’acquisition de la Nationalité attestant effectivement l’attachement à la Nation et, par suite, de distinguer les notions de Citoyenneté et de Nationalité, comme seul le fait le Civisme.)
Demander le droit de vote pour les étrangers aux municipales sous prétexte de discrimination amènerait fatalement à violer le principe sous le même prétexte pour exiger qu’ils aient aussi le droit de voter aux élections nationales et d’intégrer les institutions. C’est donc un engrenage dans lequel il ne faut pas mettre un doigt.
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Il n’y a pas plus de devoirs sans droits que de droits sans devoirs. Un droit est la conséquence d’un devoir. Il n’est pas généré par n’importe quel devoir, mais par un devoir qui, de par sa nature, le génère. Autrement dit, les droits sont de la même nature ou sur le même plan que les devoirs qui les engendrent.
Un Citoyen ne génère qu’indirectement ses droits. Les devoirs qu’il remplit garantissent des droits à d’autres, mais, comme ces autres ont envers lui les mêmes devoirs, ils lui assurent les mêmes droits. Il remplit donc bien les devoirs qui génèrent les droits dont il jouit, mais ses droits ne sont qu’une conséquence indirecte des devoirs qu’il a remplis.
Exemple : La sécurité d’un Citoyen en tant que droit découle du fait que les Citoyens se protègent mutuellement et non du fait qu’un Citoyen se défend. Quand un Citoyen doit se défendre par lui-même, il est plongé malgré lui dans l’état de Nature : sa sécurité ne dépend pas de la Société et n’est pas, dans l’instant, une question de droit mais de force.
En l’occurrence, les devoirs économiques et sociaux génèrent les droits économiques et sociaux qui sont l’apanage de la Citoyenneté. Le fait de participer à la vie de la Cité donne le droit d’accéder aux bienfaits de la Cité qui sont le fruit de la participation des Citoyens. Les droits politiques qui sont l’apanage de la Nationalité découlent, eux, du moins devraient-ils découler, de l’accomplissement de devoirs particuliers envers la Nation qui justifient que leurs détenteurs en jouissent.
Ces derniers sont les dépositaires de l’intérêt national. La moindre des choses est qu’ils l’aient à cœur, qu’ils soient viscéralement attachés à la Nation, ce dont lesdits devoirs sont censés témoigner. Cet attachement est douteux de la part d’étrangers, d’immigrés plus exactement. Cela l’est d’autant plus quand la Nationalité est un choix qu’ils se refusent à faire. Il ont certes le droit de ne pas vouloir être français, il est honnête qu’ils ne prétendent pas l’être quand ils n’en ont pas le sentiment, ils sont respectables dans l’identité qui est la leur, mais cela ne leur confère aucun titre à gouverner en terre étrangère de leur point de vue et il serait insensé de leur confier les clés de la Nation, même celles de portes dérobées.
Quant aux natifs qui réclament pour eux le droit de cité, cela en dit long sur leur ignorance des principes, leur défaut de patriotisme, leur niaiserie, leur démagogie et leur dangerosité. Ils voient les étrangers comme leurs égaux ! Hé bien ! qu’ils soient, comme eux privés, de tout droit politique.
Toute association ou organisation qui prône le droit de vote des étrangers ou quelque autre droit politique devrait être dissoute ; tout Français devrait être déchu de la Nationalité et banni à perpétuité en cas de récidive ; tout immigré devrait être expulsé sur-le-champ et à jamais.
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Pour être plus terre-à-terre, le vote des étrangers est justifié, soi-disant, par le fait qu’ils travaillent, qu’ils cotisent, qu’ils payent des impôts, qu'ils vivent sous nos lois, qu'ils sont installés depuis longtemps et qu'ils sont concernés par la vie locale. Or ce droit ne serait pas accordé seulement aux travailleurs et aux contribuables : il serait aussi octroyé aux chômeurs et aux allocataires d’aides publiques dont on se demande au nom de quoi ils ont encore le droit de résider en France ; il serait aussi accordé à ceux qui violent les lois (les défenseurs du droit de vote des étrangers ne sont-ils pas les défenseurs des immigrés illégaux ?) et, de manière générale, à des gens qui, n’ayant aucun sentiment pour la France, peuvent la quitter à tout moment.
Mais, reprenons en détail ces arguments détinés à enfumer le gogo.
« Ils travaillent. » Même quand cela serait vrai pour tous, le travail génère des droits sur le produit commun, pas des droits politiques. Mais il est faux de dire « ils travaillent » car tous ne travaillent pas puisque l’essentiel de l’immigration s’effectue aujourd’hui au titre du regroupement familial. Les partisans du droit de vote des étrangers devraient le savoir, eux qui sont aussi partisans du regroupement familial au nom de l’humanité (pas au nom de la famille, concept pétainiste et réactionnaire !). Par ailleurs, qu’un immigré travaille est la moindre des choses puisque rien d’autre ne justifie sa présence. On ne peut donc lier les droits politiques qui sont le privilège des Français au fait de travailler, sans quoi tout immigré devient automatiquement français, ce qui est manifestement absurde. Si un pareil lien était établi, et il l’est presque aujourd’hui, il ne faudrait pas s’étonner que les Français authentiques s’opposent à une immigration qui menace de les engloutir.
« Ils cotisent. Ils payent des impôts. » Même quand cela serait vrai pour tous, cotisations et impôts (qui n’ont d’ailleurs de sens que dans un système monétaire) leur assurent la jouissance de prestations sociales et l’usage d’infrastructures publiques. C’est un donnant-donnant qui ne porte pas témoignage de leur à attachement sentimental à la France et ne garantit pas que, s’ils avaient le droit de cité, ils seraient guidés par l’intérêt national. Leur état persistant d’étranger prouve au contraire que leur présence est une question d’intérêt particulier et que leur cœur bat toujours pour un autre pays. Il est, du reste, étonnant qu’une revendication portée par des gens autoproclamés « de gauche » soit appuyée par des arguments historiquement de droite. En effet, le suffrage censitaire établi par les aristo-bourgeois de droite sous la Révolution excluait du droit de cité les pauvres qui ne payaient pas trois journées de salaire d’impôt par an. Accorder le droit de vote aux immigrés sous prétexte qu’ils payent des impôts relève de la même logique, quoiqu’en plus hypocrite puisqu’il n’est pas question de le refuser à ceux qui n’en payent pas. Cet argument parfaitement bidon n’est que l’expression d’une xénofolie pathologique, à moins qu’il n’émane d’immigrés malhonnêtes. Les droits politiques ne sont pas une question d’argent.
« Ils vivent sous nos lois. » Un immigré peut-il faire autrement ? N’est-ce pas pour vivre sous les lois d’un autre pays qu’il quitte le sien ? Un immigré n’est pas un esclave ; il vient de lui-même, en connaissance de cause et dans son intérêt tel qu’il le conçoit. Par définition, les immigrés apprécient les lois du pays dans lequel ils s’installent et qui ont été adoptées sans leur concours. Si elles ne leur plaisent pas, ils peuvent aller vivre ailleurs. S’ils restent, ils doivent les accepter, donc accepter que d’autres les fassent à leur place. Les choses étaient ainsi avant qu’ils arrivent, il n’y a aucune raison qu’elles changent parce qu’ils sont là. D’ailleurs, dans quel sens pourraient-ils les faire changer, si ce n’est à leur profit, aux profit des immigrés et de leur pays d’origine ? Car, n’oublions pas que nous parlons d’immigrés qui, pour une raison ou une autre, ne veulent pas être français et n'useraient donc pas de leur droit de cité dans l’intérêt de la France. Ce n’est parce qu’ils ne renoncent à rien que la Nation qui les accueille doit renoncer à son âme pour leur bon plaisir !
Il s’ensuit que poser le pied en France ne confère pas les droits qui appartiennent aux seuls Français, sans quoi ces derniers ne seraient plus maîtres chez eux et la Nationalité serait vide de sens. De plus, le fait que des individus immigrés demeurent étrangers implique qu’ils vivent sous les lois d’un pays qu’ils ne reconnaissent pas comme le leur, auquel ils ne sont pas attachés et qu’ils peuvent retourner d’où ils viennent ou partir ailleurs à tout moment. Il se pourrait donc, s’ils avaient le droit de cité, qu’ils contribuent à faire adopter des lois sans jamais les supporter. Tout est immoral dans cette revendication, qui est d’ailleurs moins celle des immigrés que de leurs prétendus amis.
« Ils sont là depuis longtemps. Ils sont concernés par la vie locale. » Raison de plus, devrait-on dire, de leur refuser le droit de cité. Ils ont eu le temps de devenir français, ils ne le sont toujours pas et sans doute ne le seront-ils jamais. La règle, pour avoir le droit de cité en France, est d’être Français. Cette règle frappée du sceau du bon sens est connue ; elle est la même dans tous les pays du monde, y compris leurs pays d’origine. Ils savent que leurs prétentions sont infondées et scandaleuses. Ils savent aussi ce qu’ils ont à faire pour jouir des droits en question. S’ils ne le font pas, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils n’auront pas le beurre et l’argent du beurre. La France ne se laissera pas avoir à l’usure par des sophismes. Et qu’est-ce que la France, sinon la somme de ses communes ? Qui règnerait en France si ses communes passaient une à une aux mains de l’étranger sous la pression d’une immigration massive et continue encouragée par les partisans du droit de vote pour les étrangers ?
On aura remarqué que les problèmes créés par certains sont toujours pour eux le prétexte d’en créer de nouveaux. Ici, ils instrumentalisent les immigrés. Ils les font venir, ils les exploitent, ils les délaissent, ils les stigmatisent, ils les renvoient à leurs origines, ils les communautarisent, ils en font des ennemis et des envahisseurs et, pour finir, ils veulent leur donner les clés de la maison parce qu’ils sont là, parce qu’ils sont nombreux. Mais, a-t-on oublié que les Français n’ont jamais été consultés sur la question de l’immigration, qu’ils ont été trahis par les capitalistes et la gaucherie main dans la main à chaque étape ? Ils n’ont pas à accepter le fait accompli sans leur consentement. Ils n’ont pas à reconnaître de droits à des individus qu’ils n’ont non seulement pas invité (il n’y a de droits que dans le cadre d’un contrat social ; un mariage forcé est nul et non avenu) mais qui, en plus, se comportent comme en pays conquis. Ils n’ont pas à laisser détruire leur Nation parce que Bobo le collabo se prend tantôt pour un « citoyen du monde » tantôt pour un « citoyen européen », imité en cela par Gaucho le prolo, éternel idiot utile.
09:19 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : vote, immigrés | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Bien que je ne souscrive pas à votre théorie selon laquelle tout droit est engendré par des devoirs, je me permets de signaler à votre attention un texte sur le sujet que j'ai rédigé il y a quelques temps :
"Revoilà le droit de vote des étrangers !
Republication de ma note du 21 janvier 2010.
Déjà présent en 1981 parmi les 110 propositions du candidat élu François Mitterand, le droit de vote des étrangers aux élections locales en France est depuis repris à intervalles (électoraux) réguliers par la gauche. Ne voulant pas sacrifier à la tradition, voilà que Martine Aubry l'a remit en avant, suscitant bien des commentaires... tous dans le même sens. Les caciques du PS ont acquiessé, Jean-Luc Mélenchon a affirmé son soutien à cette proposition, l'extrême-gauche evidemment milite pour ce faire, le président Sarkozy et le ministre Besson se sont tous deux prononcés à titre personnels favorablement à cette proposition.
On peut donc penser que le vote des étrangers (comprendre par-là "non citoyens de la République Française" et pas quelque autre fantasmagorie) en France serait une mesure de gauche sociale qui aurait conquis à force d'un travail pédagogique de longue haleine certaines pointures de la droite. En vérité, le droit de vote des étrangers en France est une mesure qui correspond à vision de la France très... réactionnaire. Celle d'une France qui ne serait plus qu'un agglomérat de territoires accordant des droits à des habitants, quand la France est, notamment par la grâce de la gauche sociale depuis plus d'un siècle, une nation au sein de laquelle vit un corps de citoyens, liés par des valeurs entre eux, qui dispose de droits et de devoirs dont l'ensemble est partie prenante de l'identité nationale française.
Le droit de vote est irrémédiablement lié à la condition de citoyen. En adoptant le droit de vote aux élections locales des citoyens de l'Union Européenne, la France a surtout montré sa bonne volonté politique dans le processus de construction de l'Europe politique.
De plus, il y a un autre point qui me gène avec cette proposition, c'est la distinction établie entre vote national et vote local. Le droit de vote est un principe constitutif de notre régime (la cinquième République) et n'est par conséquent pas modulable. Instaurer un vote officiellement "local" reviendrait à établir une nouvelle forme de citoyenneté, fondée sur le lieu d'habitation plus que sur l'appartenance à une communauté de citoyens. La République étant indivisible, cela risque de poser problème.
Les deux problèmes sus-mentionnés mettent en plus en lumière la tendance actuelle au morcellement administratif de la France. En en faisant un aréopage de territoires, une fédération lache de régions ou de communes, tout en l'intégrant dans une Union Européenne anti-démocratique, la classe politique nationale risque d'entâmer sa souveraineté, et de façon irrémédiable. Alors certes, il peut paraître généreux de permettre à des individus vivant sur un territoire de voter pour s'insérer plus pleinement dans une "communauté villageoise" où ils trouvent leur place, mais c'est avant tout un jeu dangereux qui dénote d'une conception de la France qui en fait un territoire plus qu'un pays, un espace géographique plus qu'une nation.
Sans oublier de mentionner, comme l'a très bien fait remaruqer Eric Zemmour, que l'argument selon lequel les étrangers devraient avoir le droit de vote parce qu'ils payent des impôts peut être vu comme une résurgence très malvenue du droit de vote censitaire, dans lequel on n'a pas des citoyens mais des électeurs, qui accèdent à ce statut par leurs conditions matérielles. Il n'y qu'un mot à ajouter pour passer de "ceux qui payent des impôts devraient avoir le droit de vote" à "seuls ceux qui payent des impôts devraient avoir le droit de vote".
Bref, je suis contre le droit de vote des étrangers aux élections locales, avant tout parce que c'est là la porte ouverte à bien des dérives et qu'il faut bien à un moment où un autre marquer la limite à ne pas franchir. Or, l'atteinte d'un des éléments constitutif de la condition de citoyen me semble être cette limite.
Il ne faut pas oublier qu'on est électeur parce qu'on est citoyen."
Écrit par : Brath-z | dimanche, 09 octobre 2011
Bonjour. Le retour ?
Je suis bien évidemment d’accord avec l’esprit de votre texte. Vos arguments pratiques sont intéressants et complètent les miens. Mais vous ne traitez pas le sujet à la lumière des Principes. Vous n’expliquez pas ce qui justifie le droit de vote comme les autres droits politiques.
Vous commettez ensuite l’erreur de lier ce droit à la citoyenneté, qui est aujourd’hui un concept vide de sens, alors qu’il est conféré par la nationalité. C’est le fait d’être français, d’avoir la nationalité française, qui donne le droit de vote. C’est parce que la citoyenneté est vide de sens qu’elle est confondue avec la nationalité. Mais qui n’a pas la nationalité française n’est pas considéré comme citoyen de France, même s’il y vit et n’est pas autre chose. Grâce à cette confusion des concepts, vous pouvez dire « qu'on est électeur parce qu'on est citoyen » alors qu’il est plus exact de dire « qu'on est électeur en France parce qu'on est Français ».
Mais ne pas faire cette distinction a un intérêt. Comme la nationalité qui confère des droits s’obtient par hasard et n’implique aucun devoir, la citoyenneté qui est confondue avec elle n’en implique pas davantage. Faire la distinction entre les deux obligerait à se demander comment elles s’obtiennent l’une et l’autre. Il serait intenable, au bout d’un moment, de parler toujours de droits sans jamais parler de devoirs. Il faudrait bien appliquer aux droits liés à la citoyenneté le principe d’Egalité appliqué à ceux liés à la nationalité (il n’y a aujourd’hui, en théorie, d’égalité qu’en regard des droits politiques). Il faudrait bien reconnaître que la citoyenneté implique, d’un côté, le devoir de participer à la vie de la cité, de l’autre, le droit de profiter des bienfaits de la cité et, donc d’accéder au marché. Or, c’est là que ça coince dans un système monétaire. Dans ce système, le droit d’accéder au marché passe par la monnaie que les individus obtiennent, en théorie, en travaillant. De par le fonctionnement de la monnaie, ce droit est fatalement inégal entre les individus, il est incarné et détenu par les unités monétaires, autrement dit il est indépendant de la citoyenneté, et la cité n’a sur lui aucun contrôle (au mieux constate-t-elle les dégâts). Respecter les Principes condamnerait Largent. Aussi, préfère-t-on violer les Principes et s’accommoder d’aberrations que contester Largent. Voilà pourquoi les notions de nationalité et de citoyenneté sont aujourd’hui confondue sans que cela n’étonne personne !
Voilà aussi comment vous pouvez dire, sans vous rendre compte de l’énormité, que des (les ?) droits ne sont pas engendré par des devoirs. Pour les raisons exposées plus haut, nous ne parlons jamais de devoirs. Il n’empêche que tout droit, pour exister en tant que tel, doit nécessairement être généré, reconnu, garantit ou seulement respecté, ce qui induit des devoirs actifs ou passifs pour quelqu’un d’autre et éventuellement pour soi-même. D’ailleurs, il ne faut jamais oublier que les droits sont un ensemble et que les perdre en tout ou partie quand on abuse d’un seul, autrement dit qu’on on manque à un de ses devoirs. S’il est parfois difficile d’établir la liaison entre chaque devoir et chaque droit, il devient évident, quand on considère que les droits sont indistinctement liés à un ensemble de devoirs, que tout droit est lié à des devoirs. Prenez n’importe quel droit, même et surtout un de ceux que vous appelez « naturels » : vous verrez qu’il n’est pas spontané, qu’il doit être généré ou du moins garanti et qu’il ne peut être conservé que sous certaines conditions.
Ceci étant, je rebondis à nouveau sur votre dernière phrase : « On est électeur parce qu’on est citoyen ». Autrement dit, « on a le droit de cité parce qu’on est citoyen ». J’élargis le sujet : « on a des droits parce qu’on est citoyen ». Vous qui parlez de droits naturels, manger, se loger, se vêtir, sont-ils de droits ? Or suffit-il d’être citoyen pour avoir le droit de manger, de se loger et de se vêtir dans un système monétaire, ou faut-il, condition nécessaire et suffisante, avoir de la monnaie pour cela ? Qui a des droits dans ce système : les citoyens ou la monnaie ? En fait, comme je l’ai dit, la citoyenneté n’a aucun sens dans ce système. Je dis, moi, qu’un citoyen — individu qui participe à la vie de la cité, selon ce qu’elle considère comme une participation — a le droit d’accéder au marché parce qu’il est citoyen. J’applique au domaine économique ce que vous avez fait à juste titre mais en vain au domaine politique. Il n’y a pas d’Egalité politique dans l’inégalité économique, si ce n’est de manière illusoire
Écrit par : Philippe Landeux | dimanche, 09 octobre 2011
Ce texte n'était pas une réponse complète à votre note mais une note publiée sur mon blog il y a pas mal de temps déjà, et qui rejoint votre raisonnement. Néanmoins, je maintiens que je ne souscris pas à votre conception "affirmativiste" de la citoyenneté, ni par conséquent à votre idée selon laquelle tout droit a pour contrepartie des devoirs (état de droit) ou bien (plus exactement chez vous) que tout droit procède de devoirs (heu... "état de devoir" ?).
Dans ma conception du monde (et qui correspond à l'aboutissement de plusieurs siècles de réflexions et de tentatives, notamment en Europe occidentale), les devoirs sont des contreparties aux droits (même si dans les faits il n'y a aucune différence avec votre conception des droits comme procédant des devoirs, la distinction est importante) et il existe des droits naturels (liberté, existence, propriété, sûreté, ainsi que toutes leurs conséquences logiques), qui, eux, sont sans contrepartie.
Écrit par : Brath-z | dimanche, 09 octobre 2011
J'avais bien compris que ce commentaire été un article que vous aviez écrit par ailleurs.
Mais, pour revenir à la question des droits naturels, je vous ferai d'abord remarquer que, pour une conception correspondant "à l'aboutissement de plusieurs siècles de réflexion et de tentatives", force est de constater qu'elle ne mène à rien puisque l'inégalité règne toujours et que Largent triomphe. Vous me faites penser aux communistes qui, au nom de leurs bonnes intentions, ne veulent pas admettre que quelque chose coince à la base de leur raisonnement et que, par conséquent, ils sont voués à aller dans le mur.
Vous dites que les devoirs sont une contrepartie des droits (c'était le discours des révolutionnaires et de Robespierre, notamment) alors que je soutiens que les droits sont la conséquence des devoirs. Ne mettriez-vous pas la charrue avant les boeufs ? Pour se couvrir d'une peau d'ours, il faut d'abord tuer un ours ! Pour manger, il faut d'abord chasser, etc. Je ne comprends pas comment vous arrivez à inverser les choses.
Mais vous me facilitez les choses puisque vous énumérez les droits naturels, à savoir, selon vous ou d'autres : liberté, existence, propriété, sûreté.
Le premier, la liberté, est trop vague pour que je le commente. Il aurait fallu que vous exposiez quelques-unes de ces fameuses "conséquences logiques".
Le second, l'existence. Qu'entendez-vous par existence ? On n'existe pas sans rien faire. Le droit d'exister ne signifie rien par lui-même. L'existence sous-entend des droits qui doivent être soutenus par les activités (les devoirs) qui les assurent. Pour exister, la première des choses, c'est manger, ce qui renvoie à ce que j'ai dit précédemment. Sorti de là, le "droit à l'existence" est aussi absurde que le "droit de respirer", celui de "regarder en l'air" ou "d'aimer le foot", autant de choses qui n'ont pas besoin d'être reconnues par la société, qui ne sont en rien des "droits", n'impliquent aucun devoirs et que vous pouvez appelez "droits naturels" par fantaisie et abus de langage.
Le quatrième, la sûreté, je dis "sécurité", est plus intéressant. Vous dites qu'il est, comme les autres, sans contrepartie. La sécurité est spontanée ; elle tombe donc du ciel ! N'est-ce pas parce qu'il n'y a ni droit ni sécurité dans l'état de Nature que des individus se constituent en société et assurent leur sécurité en se défendant mutuellement. C'est parce qu'ils se protègent les uns les autres qu'ils sont, de ce fait, en sécurité autant que possible. La sécurité ne va pas de soi, elle doit être générée ; il faut prévenir le danger et au besoin le repousser. Si ce ne sont pas là des devoirs et des contrepartie, qu'est-ce donc ?
Le troisième, la propriété. Vaste sujet. Une fois de plus, il n'y a pas de propriété sans société pour la reconnaitre et la garantir. Seul sur une ile déserte, on dispose de tout, mais on ne "possède" rien. Le problème se complique quand les individus ne sont plus seuls mais ne forment pas une société. On ne dispose pas de tout et il faut défendre ce que l'on prétend posséder. Se pose ensuite la question de la nature des biens en question. Soit on les trouve tout fait, soit on les fabrique. Dans le premier cas, on peut les trouver par hasard quoiqu'il faille généralement les chercher. Sans entrer dans la question de savoir si ce sont ou non des propriétés en terme de droit, le fait est qu'en disposer résulte généralement d'une obligation : les chercher, les attraper, les transporter, etc. Cette obligation est d'autant plus évidente quand il faut les fabriquer. A ce stade, il y a déjà une contrepartie antérieure à la jouissance. Il n'y a donc même pas besoin d'ajouter le facteur social pour invalider votre affirmation.
Écrit par : Philippe Landeux | dimanche, 09 octobre 2011
J'ai oublié une chose dans mes commentaire, une que j'ai cependant rappelé dans ma pensée du jour : "Un Citoyen ne génère qu’indirectement ses droits. Les devoirs qu’il remplit garantissent des droits à d’autres, mais, comme ces autres ont envers lui les mêmes devoirs, ils lui assurent les mêmes droits. Il remplit donc bien les devoirs qui génèrent les droits dont il jouit, mais ses droits ne sont qu’une conséquence indirecte des devoirs qu’il a remplit." Autrement dit, les droits des uns sont des devoirs pour les autres. Voilà pourquoi il semble que certains droits ne découlent pas de devoirs personnels : c'est parce qu'ils sont, comme tous, soit générés soit reconnus et respectés par d'autres. Ils n'existent que parce que les autres s'imposent le devoir de les respecter, s'interdisent d'y attenter.
Il n'y a pas de lien direct entre les devoirs que l'on remplit et les droits dont on jouit. C'est la réciprocité des devoirs entre citoyens qui garantit leur égalité en droits. Quand vous dites que certains droits sont sans contrepartie, et bien qu'il me semble avoir montré que cela est déjà faux d'un point de vue personnel, vous oubliez que la notion même de droit suppose une reconnaissance et une garantie, lesquelles sont une contrepartie pour quelqu'un, quelqu'un d'autre, mais quelqu'un quand même. Vous oubliez que cette reconnaissance et cette garantie ne sont pas inconditionnelles. Celui qui jouit des droits en question a au moins le devoir de respecter ou de ne pas attenter aux droits de ceux qui lui reconnaissent et lui garantissent activement ou passivement les siens, sous peine d'être traité en ennemi et déchu des droits en question.
Vous ne vous rendez pas compte que votre démarche est individualiste, que vous avez une conception individualiste des droits qui, par définition, ont une dimension sociale. Il ne faut pourtant pas être sorcier pour comprendre que l'individualisme en la matière conduit à l'inégalité et que cette démarche est elle-même inspirée par l'inégalité ambiante, c'est-à-dire par l'individualisme imposé par la monnaie.
Enfin, vous avez l'air de croire et de craindre que la logique que je suis anéantit les droits auxquels vous attachez de l'importance. En réalité, il n'en est rien de manière générale. Je conteste seulement leur caractère "naturel", terme maladroit et dangereux. Raisonner en terme de "droits naturels" rend incapable de concevoir et d'établir l'Egalité. Quand je dis que cela empêche de concevoir l'Egalité, je ne veux pas dire que cela empêche de s'en réclamer mais que la conception qui en résulte est incohérente et individualiste, d'où l'impossibilité de l'instaurer, car un système incohérent en théorie est voué à l'échec en pratique.
Écrit par : Philippe Landeux | lundi, 10 octobre 2011
On verra bien ce que le nouveau gouvernement va décider mais ce sujet est épineux et prête à controverse
Écrit par : droit français | mardi, 10 juillet 2012