LARGENT, LA MONNAIE ET LE MOYEN D’ECHANGE (jeudi, 24 novembre 2011)

Extrait de la conférence du 22 septembre 2011.


Il faut distinguer trois notions : celle de monnaie, celle de moyen d’échange et Largent. Ceux qui ne font pas cette distinction, ceux qui en omettent ne serait-ce qu’une seule ne feront jamais de révolution. Ils ne peuvent pas penser Largent, ils n’ont aucun recul par rapport au système, ils sont, pour ainsi dire, coincés dans la matrice capitaliste.

Pour faire simple, disons que :

 Vous noterez que cette définition n’indique pas sa nature, sa forme, son origine, la façon de se le procurer, ses modalités d’utilisation, son mode de fonctionnement, etc. Ce n’est pas celle de la monnaie bien que ce soit elle, la monnaie, qui inaugure ce concept. Le piège est évidemment de donner du moyen d’échange la définition de la monnaie et, dès lors, de ne pouvoir en concevoir d’autre qu’elle.

 Contrairement à ce qu’imagine instantanément un esprit capitaliste, ces concepts ne sont pas indivisibles. Ils sont effectivement liés dans le système monétaire, mais ils ne sont pas confondus par nature.

 Que se passe-t-il si l’on ne fait pas ces distinctions, ce qui est lié au fait que l’on maîtrise mal les concepts de monnaie et de moyen d’échange et pas du tout celui de Largent ? 2 1 - SM - Sortir du système monétaire.jpg

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La Belle Verte - Une planète sans monnaie où une poignée de va-nu-pieds
résolvent tout par l'opération du Saint Esprit tel le bon sauvage de Rousseau.

On voit donc que l’ignorance de ce qu’est Largent conduit à lier moyen d’échange et monnaie, qu’il s’agisse de conserver le premier ou de supprimer la seconde, et, ce faisant, à perpétuer la nature fondamentale du système en recourant à des solutions qui sont alors contre-nature. Pour être plus clair, le système monétaire s’articule autour de trois concepts : le moyen d’échange, la monnaie et Largent (à la base). Il y a donc, en théorie, trois angles d’attaque possibles. Mais il n’y en a plus que deux si on néglige Largent. Dans ces conditions, il n’y a que deux stratégies envisageables, à défaut d’être judicieuses, pour changer le système : 1) conserver le moyen d’échange moyennant une modification de la monnaie — puisqu’il n’est pas question de renoncer à la notion de valeur, 2) supprimer la monnaie et tout moyen d’échange par la même occasion, puisque conserver un moyen d’échange serait la première stratégie, et adopter un mode d’échange direct basé sur la notion de valeur, puisque la notion de valeur n’a pas été identifiée comme la véritable base du système monétaire. Ces deux stratégies, opposées en apparence, ont donc en commun, outre le fait d’être aussi absurdes et inapplicables l’une que l’autre, de lier le sort du moyen d’échange et de la monnaie et, dans la mesure où aucune n’éradique Largent, de promouvoir des systèmes objectivement ou potentiellement monétaires. Moralité : ne pas s’attaquer à Largent condamne à l’impuissance ou à l’échec ou, comme dirait le poète, à pisser dans un violon.

Telle est la conséquence de la « croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger » qui par définition, empêche d’envisager un mode ou un moyen d’échange ne reposant pas sur la notion de valeur. En revanche, les conclusions que cette étude oblige à tirer sont, d’une part, que le système monétaire doit être attaqué par Largent pour atteindre la monnaie et proscrire tout mode d’échange reposant sur la notion de valeur, et éviter ainsi de commettre l’erreur fatale de la première stratégie, à savoir modifier simplement le fonctionnement de la monnaie ; d’autre part, qu’il ne faut pas rejeter le principe de moyen d’échange, qu’il faut au contraire en adopter un fondé sur une autre logique et capable de l’inculquer, sous peine de tomber dans le piège de la deuxième stratégie, à savoir créer un vide dans lequel Largent serait comme un poisson dans l’eau.

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17:52 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |