QU'EST-CE QUE L'ÉGALITÉ (vidéo 5) (samedi, 04 avril 2015)
Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.
« L’ÉGALITÉ est fondamentalement nécessaire,
techniquement possible et historiquement imminente. »
« Qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise,
défend Largent en dernière analyse. »
L’ÉGALITÉ
Dans les vidéos précédentes, j’ai traité les thèmes de la démocratie, de Largent de la monnaie et de l’anachronisme du système monétaire. Le Civisme, ma théorie, constituait l’arrière-plan de mes réflexions, pour faire ressortir des choses qui, sans objet de comparaison, semblent naturelles et passent inaperçues. À partir de cette cinquième vidéo, et dans les cinq ou six qui vont suivre, on entre dans le vif du sujet ; les thèmes seront propres au Civisme et l’ensemble exposera l’essentiel du projet de la Cité. Et pour commencer, une question centrale, un thème majeur, autant d’actualité que dénaturé : l’Égalité.
Qu’est-ce que l’Égalité ?
L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social ; donc le but de la Révolution, qui est d’asseoir la Société sur ses Principes. Il n’y a qu’une seule Égalité possible, concevable et souhaitable, c’est l’égalité sociale, c’est l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits. Bien sûr, les hommes sont différents naturellement ; mais la Société n’est pas l’état de Nature, qui n’est pas un état de droits, mais celui du chacun pour soi, de la force et de l’insécurité généralisée. C’est précisément pour fuir l’état de Nature, dans lequel jouent ces différences, que les hommes se constituent en Société, aux yeux de laquelle ils sont tous Citoyens et égaux. Invoquer les différences naturelles entre individus pour justifier des inégalités sociales, l’inégalité en droits entre Citoyens, car tel est bien le but, c’est rappeler des évidences pour fourguer des sophismes, c’est passer du coq à l’âne, c’est confondre les notions et les contextes, c’est à la fois nier le fait social et vouloir, pour certains, les avantages de la société ; et j’ajoute que c’est aussi et surtout exonérer le rôle de Largent dans les inégalités que l’on observe dans le système monétaire, que c’est donc au final un prétexte inconscient pour se soumettre à Largent et à ses lois au lieu de les identifier et de les combattre. Les différences naturelles ne concernent les citoyens qu’en tant qu’individus ; les droits, eux, ne concernent les individus qu’en tant que citoyens et n’existent que dans l’Égalité. Pourquoi ?
Parce que les droits ne tombent pas du ciel. Ils n’existent que s’ils sont non seulement reconnus mais garantis par la Société. Or la Société n’est autre chose que l’ensemble des Citoyens. Autrement dit, un Citoyen n’a de droits que parce que ses Concitoyens les lui garantissent, parce qu’il contribue lui-même à garantir les leurs. En fait, un Citoyen ne génère pas ses propres droits. Ce sont les devoirs que les autres remplissent envers lui qui lui assurent les droits générés par ces devoirs ; et les autres n’ont de devoirs envers lui que s’il remplit les mêmes devoirs envers eux. Il n’y a pas de devoirs sans réciprocité ; et des Citoyens ayant les mêmes devoirs les uns envers les autres se garantissent mutuellement les mêmes droits.
Exemple : Les Citoyens se protègent mutuellement et assurent à chacun d’entre eux, autant qu’il est en leur pouvoir, la Sécurité que la Société reconnaît comme un droit. Le droit à la Sécurité ne consiste donc pas à se défendre soi-même (même si cela ne peut être interdit, comme le font les lois actuelles, avec le principe débile de défense proportionnée) mais à être défendu par ses Concitoyens. Même devoir pour tous ; même droit pour tous. L’inégalité en droits aussi bien qu’en devoirs est un non-sens ; il n’y a ni devoirs ni droits dans l’inégalité ; partant, il n’y a de devoirs, de droits, de Citoyens, de Société, que dans l’Égalité.
On peut distinguer deux sortes de « balance de l’Égalité » : d’un point de vue individuel, d’un point de vue collectif.
Comme je l’ai dit, un Citoyen ne génère pas ses propres droits. En remplissant ses devoirs, c’est aux autres qu’il garantit des droits. Ce faisant, les autres agissent de même envers lui, de sorte qu’il jouit bien des droits dont il s’est par ailleurs acquitté des devoirs correspondants, ce qui donne l’illusion que ses droits sont le fruit de ses devoirs. Mais la vérité oblige à dire que les droits d’un Citoyen ne sont que le fait indirect de ses devoirs. Il est cependant pratique de passer outre cette subtilité et de considérer que les droits d’un Citoyen découlent directement des devoirs qu’il a remplis. En ce qui le concerne, la balance est donc équilibrée si un plateau contient ses droits, l’autre, les devoirs correspondants. Un déséquilibre indiquerait qu’il est soit opprimé (plus de devoirs que de droits) soit oppresseur (plus de droits que de devoirs).
Au niveau collectif, ne peuvent prétendre être égaux entre eux, et ne le sont, que les individus qui ont rempli les mêmes devoirs et jouissent de ce fait des mêmes droits. La balance est équilibrée si l’on met d’un côté tous leurs devoirs, de l’autre, tous leurs droits. — Elle l’est toujours, du reste, lorsque sont aussi pris en compte des individus ayant rempli moins de devoirs et jouissant justement de moins de droits que les autres. Ceci est possible dans deux cas de figure. Dans les deux cas, ces derniers individus sont égaux entre eux. Mais sont-ils égaux aux autres ? Tout dépend de la raison de cette différence et de la nature des devoirs et des droits qui les séparent.
Il se peut qu’un groupe d’individus, égaux entre eux, ne remplisse pas les mêmes devoirs que les individus d’un autre groupe et ne jouisse donc pas des mêmes droits. Si l’on place les devoirs et les droits de tout ce petit monde dans la balance, elle est équilibrée. C’est le cas, par exemple, de Citoyens appartenant à des Sociétés différentes : ils sont (du moins devraient-ils être) égaux en tant que Concitoyens, dans le cadre de leurs Sociétés respectives, mais, ne remplissant pas les devoirs des Citoyens d’une autre Société, ils ne jouissent pas, logiquement, des mêmes droits. On pourrait donc dire qu’il y a inégalité si une telle comparaison n’était absurde en elle-même. L’Égalité est un rapport, et il n’y a aucun rapport entre des Citoyens de Sociétés différentes.
Il se peut aussi qu’au sein même d’une Société des Citoyens remplissent moins de devoirs que d’autres ou, plus exactement, qu’ils ne remplissent pas certains devoirs et ne jouissent donc pas des mêmes droits. Pourtant, tous sont égaux, car les devoirs qu’ils ne remplissent pas et les droits dont ils ne jouissent pas n’entrent pas dans la balance, qui serait de toute façon équilibrée s’ils y entraient. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Les premiers ne peuvent invoquer comme une inégalité, c’est-à-dire une injustice, le fait de ne pas jouir des droits que seuls les autres ont mérité par leurs devoirs ; ils sont encore moins fondés à réclamer lesdits droits s’ils refusent de remplir les devoirs en question. Car, pour que cette situation soit juste, pour que les droits en litige ne soient pas l’objet d’une privation, il faut que chacun ait la possibilité, s’il le veut, de remplir les devoirs qui les génèrent. — Nous verrons ce cas dans la vidéo sur la Citoyenneté et la Nationalité, qui, dans la Cité, sont deux statuts différents. Je précise néanmoins tout de suite, qu’il n’y a pas de Citoyenneté à la carte, comme certains de mes propos auraient pu le laisser entendre. On est Citoyen quand on remplit tous les devoirs du Citoyen, qui sont donc les mêmes pour tous les Citoyens. On ne choisit pas les devoirs que l’on veut remplir en fonction de droits dont on veut jouir, car, comme je l’ai expliqué précédemment, en réalité, on ne génère pas ses propres droits, c’est le fait d’être Citoyen, donc de remplir tous les devoirs du Citoyen, qui les garantit. Les Citoyens sont nécessairement égaux en devoirs et en droits, du moins dans les devoirs et les droits attachés à la Citoyenneté.
Ce qui m’amène à un autre sujet, un sujet très important, essentiel en ce qui concerne l’Égalité, un concept qui, à ma connaissance, est absolument inédit.
On a l’habitude, comme je l’ai fait moi-même jusqu’ici, de parler d’Égalité de manière générale ; au mieux égalité en droits, égalité en devoirs. Mais on oublie, sans doute parce qu’on l’ignore, qu’il existe des devoirs et des droits de différentes natures ou de différents niveaux, et que l’Égalité ne les concerne pas à tous. La précision est donc nécessaire pour éviter les contresens et ne pas faire de l’Égalité un principe absurde.
Les devoirs comme les droits se divisent ou subdivisent en trois catégories ; fondamentaux, indirects et particuliers. Les devoirs et les droits particuliers sont une sous-catégorie des devoirs et des droits indirects qui sont eux-mêmes une sous-catégorie des devoirs et des droits fondamentaux.
Devoirs et Droits fondamentaux sont les principes généraux qui découlent de l’acte d’association politique (c’est-à-dire le fait de se constituer en Société par instinct de conservation) et qu’un Contrat social devrait rappeler. Allons droit au but : les Devoirs fondamentaux du Citoyen sont, selon moi : de défendre la Cité et ses Concitoyens, d’être solidaire de ses Concitoyens, de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), de respecter et faire respecter les lois de la Cité ; ses Droits fondamentaux sont : la Sécurité et la Liberté, que l’on peut traduire par la formule « profiter de tous les bienfaits de la Cité ». On voit que tous ces termes sont finalement assez vagues, et c’est le but. Ce sont les devoirs et les droits indirects qui, ayant, eux, une portée pratique, précisent tous les sens qu’ils recouvrent ou qu’ils peuvent prendre. Mais, ceux-ci étant encore vagues, sont précisés à leur tour par que les devoirs et droits particuliers.
Par exemple, le devoir fondamental de participer à la vie de la Cité englobe toutes les façons reconnues (par la Cité) de participer, qui, elles, sont autant des devoirs indirects ; mais ces différentes façons sont elles-mêmes des généralités, des catégories qui comprennent une infinité de manières de s’acquitter du devoir indirect qu’elles constituent, manières qui sont autant de devoirs particuliers. Ainsi, en s’acquittant des devoirs particuliers qui incombent à sa tâche, un Citoyen remplit aussi un devoir indirect et s’acquitte par-là même de son Devoir fondamental. On comprend donc que, dans le cas des devoirs, l’Égalité ne concerne que les Devoirs fondamentaux puisqu’il est dans la nature des choses que les Citoyens, pour s’en acquitter, remplissent des devoirs indirects et particuliers différents. Appliquer l’Égalité aux devoirs indirects n’aurait aucun sens ; ce serait exiger que tous les Citoyens, pour être égaux, fassent la même chose (laquelle ?), alors que la force de la Cité tient à leur complémentarité, donc à la diversité de leurs goûts, de leurs caractères, de leurs talents, etc.
Même chose, à peu près, pour les droits. Par exemple, le Droit fondamental de profiter des bienfaits de la Cité comprend le droit indirect d’accéder au marché (comprenons qu’accéder au marché est un droit du Citoyen, qu’il est conféré par la Citoyenneté, donc illimité et égal pour tous les Citoyens) et d’en retirer des biens qui deviennent des propriétés, la propriété relevant donc des droits particuliers — et non des droits fondamentaux comme le proclament les Déclarations bourgeoises. Mais, dans ce cas, l’Égalité doit concerner autant le Droit fondamental que les droits indirects qui en découlent, sans quoi elle est vide de sens. L’Égalité doit être réelle, elle doit concerner les droits ayant une portée pratique, ou n’est qu’un mot creux. Pour être réellement égaux en Droits, les Citoyens doivent jouir des mêmes droits indirects. En revanche, l’Égalité ne peut s’appliquer aux droits particuliers puisqu’ils dépendent de la façon dont les Citoyens exercent leurs droits indirects. Si tous les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché, ils n’en retirent pas tous la même chose ; les biens de chacun sont sacrés, en tant que propriétés, mais ils n’ont ni ne veulent les mêmes.
Retenons donc 1°) que l’Égalité ne concerne que les Devoirs fondamentaux et s’applique non seulement aux Droits fondamentaux mais surtout aux droits indirects ; 2°) qu’appliquer le Principe d’Égalité indistinctement, c’est, d’un côté, dénaturer le concept et le rendre aussi odieux que tyrannique, d’un autre, justifier son rejet et prôner de fait l’inégalité qui est par nature un état d’oppression. — Remarquons, au passage, que les droits du Citoyen ne dépendent pas des fonctions dans la Cité, c’est-à-dire des devoirs indirects que les Citoyens remplissent et des droits particuliers dont ils jouissent pour pouvoir les remplir ; l’Égalité n’exclut pas l’organisation et la hiérarchie ; elle n’est ni anarchie ni nivellement, ni oppression ni privilège.
Longtemps une bataille idéologique a fait rage entre les tenants de l’Égalité et ceux de la Liberté (et de la propriété). Tous partageaient la même ignorance et sont tombés dans le même piège. L’Égalité et la Liberté ne peuvent être ni opposées ni séparées ni comparées, car elles n’appartiennent pas au même plan. L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social ; la Liberté est un Droit fondamental, elle découle de l’Égalité, elle consiste, pour un Citoyen, à jouir des mêmes droits indirects que ses Concitoyens (car c’est dans ces conditions que les droits de chacun sont aussi étendus que possible). Il n’y a pas de Liberté hors de l’Égalité ; et il n’y a pas d’Égalité sans Liberté. Concevoir l’une sans l’autre, c’est dénaturer l’une et l’autre ; et ce sont bien des conceptions dénaturées qu’en avaient les uns et les autres.
Les premiers, ne comprenant pas que l’Égalité, au vrai sens du terme, est impossible dans un système monétaire, qu’ils ne songeaient pas à remettre en cause, appliquaient dès lors le Principe à tout et n’importe quoi, sauf aux droits (notamment celui d’accéder au marché) ; ils confondaient Égalité et uniformité, ils transformaient bon gré mal gré l’Égalité en égalitarisme ; au mieux aspiraient-ils à moins d’inégalités en matière de pouvoir d’achat et multipliaient-ils, en vain, les mesures salariales et fiscales ; leurs démarches, légitimes à l’origine, dans la mesure où elles visaient à conjurer des injustices criantes, étaient doublement contre-nature : elles allaient contre la nature des choses et contre la nature du système monétaire, et soutenir tant d’incohérences exigeait donc un régime politique fort, une forme de dictature voire de totalitarisme.
Les seconds, feignant d’ignorer que la Liberté n’existe que pour les riches dans un système monétaire, dont ils profitaient sans doute, faisaient les philosophes pour masquer leur égoïsme. Ils transformaient les Principes en sophismes. Ils étaient cependant plus cohérents que les premiers ; s’ils validaient l’inégalité et les injustices inhérentes à Largent, qui sont contre-nature du point de vue de la Société, ils allaient toutefois dans le sens du système monétaire et de ses abus mais n’y ajoutaient pas le déni du réel, du moins tel qu’il est dans le système monétaire. Leur système étant pour ainsi dire dans l’ordre des choses, ils n’avaient guère besoin de la force pour le maintenir (sauf cas extrême) et ces exploiteurs, ces oppresseurs s’offraient même le luxe de passer pour magnanimes.
Ainsi, les premiers dénaturaient l’Égalité et sacrifiaient la Liberté parce qu’ils contestaient Largent sans le savoir ; les seconds dénaturaient la Liberté et sacrifiaient l’Égalité, parce qu’ils défendaient Largent sans l’avouer. En fin de compte, qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise, défend Largent en dernière analyse.
Dans un système monétaire, Largent est roi : soit les hommes font avec, soit ils essayent de le contrer, jusqu’à ce que le naturel revienne au galop, c’est-à-dire que Largent reprenne ses droits ; autrement dit, le système oscille entre le capitalo-libéralisme (régime actuel) et une forme de capitalisme d’État (monarchie, communisme, fascisme, État providence). Soit les hommes se soumettent à la tyrannie de Largent, soit ils essayent d’y échapper en se faisant tyrans eux-mêmes, la masse, elle, étant esclave dans tous les cas. C’est une fatalité dans le système monétaire, mais ce n’est pas une fatalité en soi. Il suffit, pour la conjurer, d’arrêter de se payer de mots, de regarder les choses en face, de reconnaître Largent comme l’ennemi de la Société, et de l’anéantir au nom de la patrie et de l’Égalité. De véritables révolutionnaires ne peuvent avoir qu’une seule devise :
Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !
Vive la Révolution !
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité
11:35 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |