LE CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ (vidéo 6) (lundi, 13 avril 2015)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?

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« Un Contrat Social définit les Devoirs et les Droits fondamentaux du Citoyen ;
de fait, il pose l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits
comme le Principe fondamental de l’ordre social. »


LE CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ

Dans la vidéo précédente, j’ai expliqué pourquoi l’Égalité (des Citoyens en Devoirs et en Droits) est le Principe fondamental de l’ordre social. Dans cette vidéo, je vais présenter le Contrat social, tel que le propose ma théorie du Civisme. Mais, tout d’abord,

Qu’est-ce que le Contrat social ?

Le Contrat social, concept inventé ou du moins popularisé par Jean-Jacques Rousseau, est l’engagement que les individus sont supposés avoir pris les uns envers les autres pour constituer une Société et sortir ainsi de l’état de Nature ou du chacun pour soi. Il est certain que jamais un tel engagement ne fut conçu et pris formellement. L’Homme est un être sociable qui n’a jamais vécu seul, qui a toujours vécu en groupe, au moins en famille, sans se demander ce que cela impliquait. L’idée d’un Contrat social est toute théorique ; c’est une construction intellectuelle. Mais cette démarche intellectuelle, qui consiste à déduire de l’état de non-société ce que devrait être, par comparaison, celui de Société, permet en effet de comprendre ce que devraient être des rapports sociaux harmonieux. Car il est tout aussi certain que, puisque les hommes ne vivent pas en solitaires, ils ont des rapports permanents entre eux et que ces rapports ne peuvent être les mêmes que ceux d’un état dans lequel ils n’en ont aucun, dans lequel, du moins, leurs rapports sont par définition d’une autre nature. L’état de Société, qui est en théorie celui dans lequel les hommes vivent, est nécessairement le contraire de l’état de Nature, qu’ils fuient manifestement.

Je ne vais pas exposer ici le raisonnement de Rousseau, qui n’a d’ailleurs pas proposé de Contrat social, et dont le raisonnement, malgré quelques bonnes réflexions, était biaisé par Largent, c’est-à-dire par le fait de n’avoir jamais pris en considération les effets funestes de Largent sur la Société et d’avoir ainsi attribué à des causes naturelles, ou autres que Largent, les aberrations « sociales » qu’il constatait ou qui lui échappaient, d’où ses conceptions dénaturées de l’Égalité et de la propriété notamment. Je n’entre pas plus avant dans ce débat (je vous renvoie à mes vidéos sur Largent, la monnaie et l’Égalité) et je vous livre mon propre raisonnement dans les grandes lignes.

L’état de Nature, dans lequel les individus n’ont aucun lien entre eux, est le règne du plus fort (qui ne l’est jamais que temporairement), du danger tous azimuts, de l’insécurité généralisée et du non-droit. C’est pour ne pas vivre dans une telle précarité que les hommes, par instinct de conservation, se constituent en Société, autrement dit pour être autant que possible en sécurité et accroître leur longévité. Ces avantages sociaux n’existent que si ces individus cessent de s’agresser et supposent donc que, dorénavant, ils se protègent mutuellement, ils soient solidaires les uns des autres, ils repoussent ensemble les dangers extérieurs, ils s’entraident au lieu de s’entredéchirer. Chacun a donc désormais le devoir de défendre, dans toute la mesure de ses moyens, ses Concitoyens, individuellement et collectivement. En remplissant ce devoir, il garantit aux autres la Sécurité en tant que droit, droit dont il jouit lui-même du fait que les autres remplissent le même devoir envers lui. Dès le premier stade de la Société apparaît donc le Principe d’Égalité, égalité des Citoyens en devoirs et en droits, la nécessaire réciprocité en devoirs (ou égalité en devoirs) générant fatalement l’égalité en droits.

Il est important de remarquer que la Sécurité et le devoir de se protéger mutuellement impliquent une association volontaire des Citoyens. D’une part, forcer des individus à faire partie de la Société (ou Cité), ou les contraindre à demeurer en son sein, serait les priver de la Sécurité qu’ils sont censés trouver ; c’est la Société qui serait alors pour eux un danger ; d’autre part, quelle protection espérer de la part d’individus aux yeux desquels on est soi-même un ennemi. Le temps du danger serait pour eux celui de se venger ou de s’affranchir. Mais une association volontaire implique aussi que les membres de l’association soient libres d’accueillir en leur sein ou d’en rejeter qui bon leur semble, sans quoi, c’est à eux que la présence d’individus indésirables (à tort ou à raison) serait imposée, c’est leur Sécurité qui serait menacée par la Société, c’est contre eux que serait tournée la force collective, c’est-à-dire leurs propres forces, ce qui serait une aberration, une oppression, une violation du Contrat social, une trahison de la part des autorités établies pour représenter la Société, c’est-à-dire eux, et défendre leurs intérêts.

Remarquons également — et c’est une remarque très importante — que la notion de droit est indissociable de celle de Société, de Cité, de peuple, de nation, de patrie, de pays. Les droits ne sont pas une inventions ; ils découlent d’un rapport. Ils ne sont pas innés ou naturels ; ils doivent être générés et garantis. Peu importe qu’ils soient reconnus ou non s’ils sont garantis ; la belle affaire qu’ils soient proclamés s’ils demeurent lettre morte. Les gens qui conçoivent les droits sans devoirs et sans nation, le droit-de-l’hommisme sans patriotisme, qui font de la politique sans Principes, sont les pires ennemis du Droit, de la Société et de l’Humanité.     

Je passe maintenant sur des détails pour en arriver au point capital, c’est le cas de le dire. La protection contre les dangers extérieurs n’est pas tout ; et plus la Société est puissante, moins l’occasion de la défendre est fréquente. Ainsi, bien que défendre ses Concitoyens et la Cité, au sens guerrier du terme, soit le premier devoir du Citoyen (à ne jamais oublier !), il n’est pas le plus important, dans le sens où il ne répond pas aux besoins ordinaires, courants, permanents, pressants, quotidiens de la Cité. L’étendue de ces besoins est fonction des capacités de la Société et de l’époque ; il en va de même de l’étendue des devoirs, qui permettent d’y répondre collectivement, et par conséquent des droits, qui permettent de les satisfaire individuellement. Disons, au final, qu’il est nécessaire, aux yeux la Cité, que les Citoyens accomplissent un certain nombre de tâches, afin de répondre à tous les besoins et de couvrir les besoins de tous. Traduisons : les Citoyens ont, de manière générale, le devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation) et ont le droit de profiter de tous ses bienfaits, du fait même d’être Citoyens.

Nous retrouverons bien sûr tout ceci dans le Contrat social qui ne fait qu’énoncer, sous formes de clauses, les conséquences directes de l’acte d’association politique, c’est-à-dire de l’engagement supposé que prennent des individus les uns envers les autres pour assurer, en premier lieu, leur survie.

Une dernière réflexion. Qu’un Contrat social en bonne et due forme n’ait jamais existé ne veut pas dire qu’un tel Contrat ne puisse être proposé et ne doive pas être adopté s’il fait consensus. Il y a des contrats dans tous les domaines, sauf dans le plus vital. Un contrat sert à fixer des règles et à garantir des droits, et il y aurait des contrats pour tout et n’importe quoi, engageant des « citoyens », définissant des droits secondaires voire imaginaires, et il n’y en aurait pas pour rappeler les Principes de l’ordre social, définir la Société, indiquer les conditions de la Citoyenneté, reconnaître et garantir les droits fondamentaux des Citoyens ! On aurait toujours le mot « social » à la bouche, et on ne se demanderait jamais ce qu’est une Société ou, plus exactement, ce qu’elle doit être ! En vérité, on proclame aujourd’hui des droits, comme s’il en pleuvait, parce que l’état de droit n’est plus. Arrêtons donc de mettre la charrue avant les bœufs ! Il est temps de penser la Société au lieu d’élargir ses plaies ; il est temps de faire preuve de courage et de bon sens au lieu de céder à la facilité et à la démagogie.

Voici le Contrat social que propose le Civisme. C’est un texte court, en 7 articles, que je commenterai si nécessaire au fur et à mesure.

PROJET DE
CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ FRANCE

Considérant qu’il n’y a de Droits qu’en Société, et de Société que dans l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits ; considérant qu’un Contrat Social unique pour tous les Citoyens est la condition primordiale de l’Égalité ; considérant enfin qu’un Contrat Social tacite est le plus court chemin vers la négation de ce Contrat, vers l’oubli des Principes de l’ordre social et l’anéantissement de l’Égalité ;

Les Citoyens français reconnaissent et fondent leur association qui constitue la Cité France ou la République française sur les Principes suivants :

Article Premier — L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social et de la Cité qui est l’ensemble des Citoyens.

Je renvoie, ici, à la vidéo précédente sur l’Égalité dans laquelle j’explique qu’il existe des devoirs et des droits de différents niveaux et que l’Égalité, par nature, ne concerne que certains d’entre eux, à savoir les Devoir fondamentaux, et les Droits fondamentaux et indirects. Je vous renvoie également, concernant les droits politiques, à la vidéo que je ferai prochainement sur la distinction entre Citoyenneté et Nationalité, entre Citoyens de France et Citoyens français, entre Cité au sens large et Cité au sens strict.

Art. 2 — Intégrer la Cité repose sur un consentement mutuel entre le Citoyen et elle et implique entre eux un dévouement réciproque. Tous les hommes sont égaux en Devoirs devant la Cité ; seuls les Citoyens, ayant par définition rempli leurs Devoirs, sont égaux en Droits dans la Cité.

Art. 3 — La Cité ne peut admettre en son sein que des individus qui, sans en faire encore partie, ne lui manquent pas de respect et respectent déjà les Droits qu’elle reconnaît aux hommes en général et à ses Citoyens en particulier. Tout individu, pour devenir Citoyen, et tout Citoyen, pour le demeurer, a en outre les Devoirs de se soumettre aux lois de la Cité, de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, d’être solidaire de ses Concitoyens et de défendre la Cité.

Une fois que le Contrat social est adopté, les individus le contractent de fait dès lors qu’ils participent à la vie de la Cité et jouissent des droits qu’elle reconnaît et garantit à ses Citoyens. Ils sont Citoyens. Pas besoin d’autre formalité. En disant « individus », j’entends « les individus appelés par nature à devenir Citoyens », à savoir les enfants des Citoyens qui vivent déjà au sein de la Cité.

Par ailleurs, sur la question de la loi, évoquée dans cet article, je renvoie à la première vidéo sur la démocratie, dans laquelle j’explique que l’Égalité garantit la Démocratie aussi sûrement que l’inégalité induit une forme d’oligarchie, que ce n’est donc pas par hasard si le système monétaire, inégalitaire par nature, est oligarchique (pouvoir de quelques-uns) et ploutocratique (pouvoir des riches).

Le prochain article se subdivise en trois parties.

Art. 4a — Tous les Citoyens remplissant les mêmes Devoirs envers la Cité, la Cité a, elle, les Devoirs de faire profiter chacun d’eux de tous ses bienfaits (fruits de leur participation), de garantir autant que possible la sécurité de leur personne et de leurs biens, d’assurer leur liberté physique et morale, en un mot de répondre de son mieux à leurs aspirations légitimes.

Art. 4b — Le Droit de profiter des bienfaits de la Cité implique, pour tout Citoyen, le Droit d’accéder au marché du fait même d’être Citoyen. Les biens retirés du marché par l’exercice de ce Droit deviennent les propriétés privées légitimes des Citoyens. Ce Droit d’accès, conféré par la Citoyenneté, théoriquement illimité et donc égal pour tous les Citoyens, est naturellement borné par les envies du Citoyen, par l’exercice de ce même Droit par les autres Citoyens, par la nature des choses et au besoin par la loi.

Cet article est le cœur du Civisme, la clé de coûte de la Cité. Si le droit d’accéder au marché est conféré par la Citoyenneté, il ne l’est pas par la monnaie, la monnaie n’a aucune raison d’être, il n’y a pas de monnaie. Et c’est parce qu’il n’y a pas de monnaie pour imposer ses règles et fausser tous les Principes, que l’on peut concevoir et poser correctement les Principes de l’ordre social et, du coup, comprendre la nature et le rôle antisocial de Largent. Tout découle de cet article inédit dans l’histoire de l’Humanité. Vous ne trouverez rien d’approchant nulle part.

Art. 4c — La protection que la Cité doit à ses Citoyens ne saurait être pour eux une interdiction de contribuer à leur défense voire de se défendre eux-mêmes — par tous les moyens en leur pouvoir et quelles qu’en soient les conséquences — lorsqu’ils sont dans leur Droit et seuls face à un agresseur.  

La Société est faite pour ajouter aux forces des Citoyens, non à les en priver ou à leur interdire d’en user lorsqu’ils ne peuvent compter que sur elles. Toutes les entraves mises aujourd’hui au droit des Citoyens de se défendre sont des crimes ; le principe de défense proportionnelle est un sophisme. Qui use de la force sort de l’état de Société et plonge avec sa victime dans l’état de Nature où chacun se défend comme il peut, et tant pis si l’agresseur, qui a généralement l’avantage, tombe sur plus fort, plus rusé, plus vicieux, mieux armé que lui. Les lois n’ont pas retenu son bras ; elles n’ont pas à retenir celui de sa victime, et la Société qui n’était pas aux côtés de son Citoyen agressé n’a pas son mot à dire après coup. Les Citoyens n’attendent pas d’elle qu’elle leur fasse la morale, encore moins qu’elle les persécute, mais qu’elle remplisse son devoir, qu’elle les protège, qu’elle les soutienne ou qu’elle les venge. Je n’en dis pas plus ; je vous renvoie à ce sujet à mon article « De la légitime défense ».

Art. 5 — La Cité doit aussi protection et secours, dans la mesure de ses capacités, à tous ceux qui, vivant en son sein, ne sont plus ou pas encore aptes à remplir les Devoirs du Citoyen.

Les individus en question ne sont donc plus ou pas encore Citoyens, ils ne peuvent donc jouir des droits du Citoyen. Mais, du fait que la Cité se sent des obligations morales envers eux, elle leur reconnaît et leur garantit quand même des droits à leur mesure, des droits qui n’ont donc rien de « naturel », n’en déplaise à certains. Sans entrer dans les nuances, disons que ceci concerne les enfants, les handicapés, les blessés graves et les réfugiés politiques. Les retraités, les vieux, eux, sont toujours Citoyens. 

Art. 6 — Tout Citoyen qui manque à ses Devoirs attente par action ou omission aux Droits de tous les Citoyens et est passible de sanctions pouvant aller jusqu’à la perte de la Citoyenneté.

La Citoyenneté confère des droits. C’est un statut qui se mérite et qui peut se perdre. A chacun de s’en montrer digne. A chacun de prendre ses responsabilités et d’assumer ses actes.

Art. 7 — Toute atteinte aux Droits d’un seul Citoyen, comme tout appel à anéantir le présent Contrat Social, commande la levée de tous les Citoyens contre l’oppresseur.

Attenter aux droits d’un Citoyen, c’est l’opprimer, c’est opprimer un membre de la Cité envers lequel tous les Citoyens ont le devoir d’être solidaires. Qui se frotte à un Citoyen les défie tous. Leur devise pourrait être : « Un pour tous, tous pour un », voire « Touche pas à mon pote ! » si le mot « pote » n’était pas insignifiant. Quant à appeler à déchirer le présent Contrat social qui établit l’Égalité entre les Citoyens, c’est vouloir instaurer l’inégalité et opprimer le corps social. Dans les deux cas, le coupable est donc un ennemi.

 

Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique 
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

01:04 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |