LA CITÉ ET LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX (vidéo 10) (dimanche, 10 mai 2015)
Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
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« Il n’y a aucune raison pour qu’un corps
social purgé de Largent ne puisse pas évoluer
aussi bien dans un monde monétaire qu’un
individu, ayant un corps physique, plongé dans
une « Société » monétaire. »
Réquisitoire contre Largent, p. 150
LA CITÉ ET LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX
Dixième vidéo de cette série consacrée aux points clés de ma théorie du Civisme. Pour ceux qui auraient loupé les précédents épisodes, je rappelle que le Civisme vise à instaurer un système social appelé « Cité », fondé sur le principe de l’égalité des Citoyens en devoirs et en droits, en devoirs notamment de participer à la vie de la Cité, et en droits, notamment d’accéder au marché. Dans ce système, c’est la Citoyenneté, attestée par une « Carte civique », qui confère le droit d’accéder librement au marché, lequel droit passe aujourd’hui par la monnaie. Dans ce système, il n’y a pas de monnaie ; le mode d’échange ne repose plus sur ce que le Civisme appelle « Largent », c’est-à-dire la « croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ». Pour autant, la Cité n’est pas une réaction à Largent ; elle respecte seulement les préceptes de l’Égalité. Au final, cela semble revenir au même (Largent disparaît), mais lutter contre Largent et lutter pour l’Égalité sont des démarches radicalement différentes qui ne se confondent pas nécessairement. Lutter pour l’Égalité bien comprise revient à lutter de facto contre Largent ; mais l’inverse n’est pas vrai ; c’est d’autant moins vrai que seule une bonne compréhension de ce qu’est l’Égalité permet de comprendre ce qu’est Largent. En fait, qui ne lutte pas en premier lieu pour l’Égalité (et toutes les notions qui lui sont consubstantielles) ne fait que contester certains aspects de la monnaie ; il n’est donc pas totalement affranchi de la logique monétaire et ne maîtrise pas davantage la logique sociale. Or, un des problèmes, en apparence insurmontable, qui paralyse le plus l’esprit et interdit de concevoir un système non-monétaire, c’est celui des échanges internationaux.
Il est évident qu’aucune « Société » moderne ne peut vivre en totale autarcie ; même les plus riches en matières premières ont besoin d’apports extérieurs sous une forme ou une autre. « Mais comment une Société qui aurait aboli la monnaie pourrait-elle continuer à commercer avec le reste du monde et assouvir ainsi certains de ses besoins ? Elle ne pourrait pas. Conclusion : on ne peut pas renoncer à la monnaie. » Tel est le raisonnement de la plupart des gens qui se posent la question. Parce qu’ils ne voient pas de solution, ils s’empressent de se soumettre à Largent. Mais n’est-ce pas plutôt parce qu’ils n’ont ni le désir ni le courage de défier Largent qu’ils ne trouvent pas la solution ? Comment pourraient-ils, du reste, la trouver en posant aussi mal le problème ? Remarquons que d’autres raisonnent aussi mal, mais en sens inverse ! Ils supposent qu’une société non-monétaire ne pourrait échanger avec des pays monétaires et prônent, du coup, l’abolition de la monnaie dans tous les pays simultanément… une révolution au niveau mondial ! Mais des rêveurs de ce genre ne feront jamais des révolutionnaires. Déjà, ils n’auront jamais ni les moyens ni la force de faire une révolution à ce niveau. Ensuite, les conditions de la révolution sont rarement réunies dans un pays et elles ne le seront jamais dans tous en même temps. Surtout les conditions de cette révolution-là ! Par ailleurs, cette version gauchiste du mondialisme est l’expression d’un individualisme typique du capitalisme ; elle est le fait de capitalistes qui s’ignorent. Enfin, cette chimère provient et conduit à la fois au sans-frontiérisme et au droits-de-l’hommisme, donc à la destruction des pays, des nations, des peuples, autrement dit des sociétés, hors desquelles il n’y a ni devoirs ni droits, ni Égalité possible. Bref, vouloir la révolution partout est un prétexte ou du moins le meilleur moyen de ne jamais la faire quelque part, à commencer par chez soi qui est le seul endroit où l’on puisse éventuellement agir.
Quel est le donc problème ? Une Société, qui a fait la révolution et fonctionne sans monnaie, a toujours besoin de se procurer des choses auprès de pays qui, eux, sont encore monétaires. Hé bien ! en quoi la situation d’une Société plongée dans un monde monétaire est-elle différente de celle d’un individu dans cette situation ? Une Société est un corps social ; un individu a un corps physique. Les Citoyens sont au premier ce que les cellules et les organes sont au second. Ces deux corps fonctionnent sans monnaie. Comment un individu fait-il ? Comment faisons-nous, puisque nous sommes tous dans cette situation ? Tout d’abord, nous pouvons produire quelque chose et l’échanger, c’est-à-dire faire du troc. Le troc est le mode d’échange primitif et naturel entre deux entités, que ces entités soient des individus ou des collectivités. Mais nous pouvons aussi travailler pour avoir de la monnaie et, avec cette monnaie, nous acheter notamment à manger. Nous n’ingérons pas d’argent ; notre corps fonctionne sans monnaie en interne, il n’en crée pas et pourtant nous en utilisons dans la mesure où nous n’avons pas le choix. Pour la Cité, ce sera exactement la même chose, le même principe. Elle aura renoncé à la monnaie, en interne, mais y aura recours, si nécessaire, dans ses relations avec les autres pays, ce qui ne fera pas pour autant d’elle un système monétaire, ce qui ne compromettra en rien l’Égalité entre ses Citoyens.
La monnaie sert à acheter. C’est en pensant à cela que beaucoup se disent que la Cité ne pourra pas acheter et sera donc coupée du monde. Mais c’est oublier que les acheteurs ne créent pas la monnaie qu’ils utilisent ; ils doivent la gagner d’une manière ou d’une autre. Comment la Cité fera-t-elle ? Comment une Société connaissant le plein emploi, produisant en quantité des produits de qualité (voir les dernières vidéos), pourra-t-elle se procurer un budget pour régler ses importations ? Mais tout simplement en exportant, en vendant ses produits. C’est ici que les choses se compliquent.
Jusqu’ici, j’ai parlé de « Cité », mais il va de soi que la Cité n’existe et n’agit qu’à travers les parties qui la composent et qui forment un tout. Quand je dis : « La Cité produit », ce sont évidemment ses entreprises qui produisent. Quand je dis : « La Cité exporte », ce sont évidemment les entreprises qui exportent, qui vendent leurs produits à l’étranger. Mais alors, en quoi la Cité est-elle concernée ; en quoi les exportations lui rapportent-elles ? Il faut bien comprendre que « Cité » n’est pas le mot creux tel que celui de « société » utilisé aujourd’hui. La Cité est véritablement un être collectif. Tout, dans la Cité, ne respire que par et pour la Cité. C’est la Cité qui garantit les droits de chacun ; c’est envers elle que chacun a des devoirs, dont l’accomplissement permet à la Cité de garantir lesdits droits. Quand une entreprise produit, elle sert à la fois ses intérêts et l’intérêt général : l’intérêt de ses employés, qui est d’être Citoyens ; son intérêt à elle, qui est d’exister et d’éviter les sanctions (vidéo précédente) ; et l’intérêt de l’ensemble des Citoyens, c’est-à-dire de la Cité, qui est de jouir de ses produits ou de ses services. Quand elle exporte, même chose, à la différence près que la Cité profite de tout ou partie de sa production sous forme de monnaie, car c’est elle qui récolte le fruit financier des exportations. Mais alors, quel intérêt pour les entreprises d’exporter ?, pourrait-on se demander quand on n’a toujours pas compris comment fonctionne la Cité.
Dans la Cité, les entreprises n’ont pas besoin de l’argent que rapportent leurs exportations ; elles ne payent rien, ni leurs employés, ni les machines, ni les matières premières, et elles ne sont évidemment pas soumises à des taxes ou des impôts. Tout ce qui provient de l’étranger et a un prix est payé par la Cité avec le produit global des exportations. Les entreprises ne verront donc aucun inconvénient à ce que le revenu de leurs ventes soit capté pour l’essentiel par la Cité (car elles pourront néanmoins disposer de quelques fonds propres pour des questions de facilité et de rapidité dans leurs opérations à l’étranger). En revanche, la possibilité d’exporter accroîtra la Demande potentielle pour leurs produits, ce qui augmentera leurs possibilités de remplir leurs conventions, c’est-à-dire d’atteindre leurs résultats conventionnels (vidéo précédente), car les achats étrangers compteront tout autant que les « ventes » dans la Cité. En somme, peu leur importera que leurs clients soient Citoyens ou étrangers pourvu qu’elles en aient et que la Cité soit satisfaite. — Remarquons que les produits de la Cité seront les moins chers sur le marché international ; qu’ils pourraient même être gratuits dans beaucoup de cas si les vendre pour obtenir de la monnaie n’était une nécessité nationale ; qu’ils défieront donc toute concurrence, ce qui, à la fois, consolidera et plaidera pour le modèle économique de la Cité qui ne tardera pas à faire des émules.
Bien sûr, tout ceci sera réglementé par des lois et fera l’objet de décisions politiques. La Cité, ici en tant qu’État, pourra, au gré de ses besoins, notamment financiers, inciter les entreprises à exporter, voire exiger que telle entreprise consacre tout ou partie de sa production aux exportations ou à des échanges internationaux ; elle pourra aussi limiter voire interdire les exportations ; lois et décisions n’affecteront en rien les entreprises et leurs employés.
Une institution dont il faut enfin dire un mot : le Trésor public, le porte-monnaie national. C’est dans ses caisses que seront versés tous les revenus des exportations. Il sera évidemment sous le contrôle de l’État et, plus largement, de la Cité. C’est lui qui établira les comptes de la Cité et fera des recommandations en tous genres pour équilibrer le budget. C’est lui aussi qui règlera les factures des entreprises… et des particuliers qui pourront, sous certaines conditions (qui dépendront de la loi), acheter directement des produits à l’étranger. Mais, le plus souvent, tous se procureront les produits étrangers via des centrales d’achat, plus faciles à gérer. Bref, la Cité mettra en place une administration qui aura en charge ces affaires, une machine pesante mais une paille comparé à la somme de toutes celles qui auront disparu
Reste la question de la circulation des personnes. Comment les Citoyens, qui n’auront pas d’argent personnellement, feront-ils pour voyager à l’étranger, que ce soit pour leur plaisir ou pour leur travail ? Une première réponse pourrait être que leurs frais seront à la charge de la Cité. Mais ce serait oublier que la question se posera aussi, dans l’autre sens, pour les touristes et travailleurs étrangers qui viendront dans la Cité ? La Cité ne restaurera pas la monnaie pour eux ; elle devra donc les doter, à leur arrivée, de Cartes temporaires pour qu’ils aient accès, librement ou dans certaines limites, à tout ce dont ils pourront avoir besoin ou envie. Il va néanmoins de soi que certaines choses seront pour eux inaccessibles, car il ne s’agira pas de leur permettre de faire leurs courses aux frais de la Cité, ce qui constituerait par ailleurs un manque à gagner pour leurs pays d’origine et un motif de discorde avec eux, alors même que la circulation des personnes reposera sur des conventions entre pays, comme c’est d’ailleurs souvent le cas déjà aujourd’hui. C’est précisément la raison pour laquelle on ne peut guère développer ce sujet, faute de pouvoir anticiper les conventions qui seront imaginées et adoptées. On peut toutefois affirmer que des solutions seront trouvées, que le renoncement à la monnaie par la Cité n’empêchera en rien ses Citoyens de voyager et les étrangers d’y venir.
Mais j’ai un peu digressé. Le problème sera que les Citoyens à l’étranger coûteront à la Cité tandis que les étrangers dans la Cité, eux, ne payeront rien durant leur séjour, ce qui, en l’état, ne serait pas équitable. On pourrait imaginer que les étrangers payent à la Cité une sorte de forfait. Mais à quel moment ? sur quelle base ? Le Civisme propose une solution simple, à sa façon.
Considérant que la Cité autorisera à ses Citoyens à l’étranger ce qu’elle autorisera aux étrangers chez elle ; considérant que, placés dans les mêmes conditions, Citoyens à l’étranger et étrangers dans la Cité consommeront en moyenne la même chose et coûteront donc en moyenne la même chose ; considérant que chaque pays saura exactement combien de ressortissants étrangers auront résidé annuellement sur son territoire et combien de jours ; la Cité pourra calculer combien l’ensemble de ses Citoyens aura dépensé dans l’année dans tel pays, donc, en divisant ce chiffre par la somme de jours qu’ils y auront passé, combien aura coûté en moyenne un Citoyen par jour. En multipliant le chiffre obtenu par le nombre de jours passés par les étrangers de tel pays dans la Cité, on obtiendra le coût global de ces derniers. (Chaque pays disposera évidemment des mêmes données pour faire le calcul.) Il apparaîtra alors qu’un pays à accueilli plus d’étrangers que l’autre, que les uns ont coûté légèrement plus que les autres, qu’un pays doit donc à l’autre la différence, juste la différence. Tout dépendra ensuite des modes de paiement utilisés par les Citoyens à l’étranger. Mais ceci relève du détail. Retenons qu’il existera des solutions dont une solution on ne peut plus simple et facile à mettre en œuvre à l’heure de l’informatique : deux grandes additions, une division, une multiplication, une soustraction. Remarquons par ailleurs qu’elle sera également on ne peut plus juste, que les pays dont la monnaie est faible ne seront plus défavorisés, car il n’y aura pas de question de change, les coûts étant établis dans leur monnaie.
Pour clore ce chapitre, on pourrait aussi imaginer que la Cité, quoique fonctionnant sans monnaie en interne, émette une monnaie, dans une quantité fixe, pour payer ses importations, sachant qu’elle permettrait seule, aux pays étrangers ou aux entreprises étrangères, d’acheter certains de ses produits ou d’obtenir de manière générale des tarifs préférentiels. Cette monnaie serait en quelque sorte gagée sur le produit de la Cité. Elle aurait non seulement de la valeur, puisqu’elle permettrait bien de payer des choses, mais ce serait même une valeur sûre, puisque l’économie de la Cité sera on ne peut plus performante et à l’abri de toute tempête financière. Au final, cette monnaie, cette devise serait particulièrement recherchée, ce qui ferait d’elle une des plus puissantes du monde, sinon la plus puissante, ce qui ne serait pas le moindre des paradoxes. Mais, je vous l’ai déjà dit, plus rien ne sera impossible à ceux qui auront osé défier Largent !
Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !
Vive la Révolution !
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité
07:36 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |