LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ (vidéo 12) (mercredi, 20 mai 2015)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité

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« La volonté du Peuple clairement exprimée
fonde seule la légitimité des pouvoirs exercés
et des décisions prises en son nom. »

Manifeste des Patriciens, art. 115


LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ

Douzième et dernière vidéo, sur le système politique de la Cité, qui termine le cycle de mes vidéos consacrées aux aspects philosophiques et pratiques essentiels du Civisme. La première portait sur les conditions de la démocratie ; la dernière portera sur la façon de la mettre en œuvre. La boucle est bouclée. Mais il n’est possible de mettre en œuvre la démocratie dans la Cité que parce que la Cité réunira toutes les conditions requises. Adopter aujourd’hui tout ou partie du système politique dont il va être question serait inévitablement un fiasco ; ce serait un peu comme essayer de transformer une Deux chevaux en remplaçant certaines pièces par celles d’une Ferrari. Imaginez ce que cela peut donner ! Pas grand chose ! Comme je l’ai dit dans la vidéo précédente, la démocratie, c’est la cerise sur le gâteau ; elle couronne un tout, et c’est tout ou rien. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je rappellerai donc les conditions de la démocratie.

Il y a deux conditions. La première : des Citoyens réellement égaux, égaux en devoirs et en droits. C’est la Carte civique qui, en conférant à tous les Citoyens le droit d’accéder librement au marché, du fait même qu’ils soient Citoyens, garantira entre eux l’égalité en droits, qui justifiera à son tour leur égalité en devoirs, même si ce devrait être le contraire. Mais le problème a toujours été davantage celui des droits que des devoirs, à cause de la monnaie qui incarne les droits et les répartit inégalement entre les individus qui, généralement, remplissent leurs « devoirs » et sont donc exploités pour la plupart. Dans la Cité, plus de monnaie, plus d’inégalité ; tous les Citoyens sont égaux sur le plan économique et ont donc potentiellement le même poids politique, pour la même raison que les riches ont plus de poids politique dans le système monétaire.

La deuxième condition : un corps politique sain, c’est-à-dire constitué de patriotes, le droit de cité ne devant logiquement appartenir qu’aux Citoyens ayant à cœur de défendre la Cité et ses intérêts. Aussi la Cité distingue-t-elle la Citoyenneté, à laquelle sont attachés les droits économiques et sociaux, de la Nationalité, à laquelle sont attachés les droits politiques. Pour pouvoir prétendre à la Nationalité, les Citoyens doivent d’abord satisfaire des critères identitaires qui indiquent qu’ils sont français, si on prend le cas de la France, mais le principe vaut pour tous les pays ; pour l’acquérir et la conserver, ils doivent ensuite remplir des devoirs particuliers qui prouvent leur attachement et leur fidélité envers la Cité.

J’ai dit que tous les Citoyens auraient potentiellement le même poids politique et, en même temps, que seuls les Citoyens nationaux jouiraient des droits politiques. Mais il n’y a pas de contradiction. Les Citoyens ordinaires ne jouissent pas des droits politiques parce qu’ils ont dédaigné la Nationalité et refusé, en connaissance de cause, de remplir les devoirs qui la confèrent ; il n’y a aucune injustice, aucune inégalité ; ils se sont exclus eux-mêmes du corps politique dont il ne tenait qu’à eux de faire partie ; c’est leur choix, leur liberté ; ils doivent en assumer les conséquences. Ils ont suscité la défiance ; ils sont condamnés au silence. Du reste, la Citoyenneté seule est plus que suffisante au quotidien ; elle dépasse déjà nos rêves le plus fous, elle offre tout ce que les combats politiques ont en vain essayé d’obtenir.

Ainsi la Cité est un système dans lequel il n’y a pas de monnaie, pas de riches, pas de pauvres, dans lequel tous les Citoyens, qui constituent la Cité au sens large, sont égaux en droits économiques et sociaux, mais dans lequel seuls les Citoyens nationaux, qui sont assurément patriotes, jouissent du droit de cité et constituent la nation, le corps politique, le peuple souverain.

Je peux, maintenant que les bases sont posées, présenter le système politique proprement dit.

De même qu’un corps a besoin d’une tête, le corps social a besoin d’un chef. Sans chef, il n’y a pas de groupe, pas d’ensemble, pas d’unité ; seulement une cohue d’individus, tiraillée par toutes les volontés particulières et menacée d’explosion à tout instant. Un groupe n’existe que s’il s’incarne dans un chef, un chef dans lequel il se reconnaît et qui offre un visage au monde extérieur. On peut disserter sur les modalités de son érection, sur la nature de sa fonction, sur l’étendue de son pouvoir, le fait est qu’il en faut un… et la seule chose qui compte, au final, c’est qu’il soit légitime. La légitimité du chef concerne deux aspects : 1) la façon dont il a accédé à cette fonction, 2) la façon dont il l’exerce. Un chef n’est légitime que s’il est accepté comme tel par le groupe, quelle que soit la façon dont il l’est devenu (circonstances, hérédité, élections, nomination, sélection, etc.) ; il ne le reste, légitime, que s’il exerce ses fonctions dans l’intérêt et selon la volonté du peuple, sans quoi il tourne nécessairement contre le peuple les pouvoirs qu’il a reçus pour le servir, suscite donc l’hostilité et ne se maintient, d’une manière ou d’une autre, que par la force qui lui ôte toute légitimité. Un chef légitime est un serviteur du peuple. Les traîtres et les tyrans perdent toute légitimité. Mieux vaut un usurpateur qui parvient à se faire aimer qu’un chef légal qui en vient à se faire détester.

Ces considérations portent le Civisme à proposer que la Cité soit dotée d’un Président élu au suffrage universel pour un mandat de dix ans, non-renouvelable, avec une consultation nationale à mi-mandat pour savoir s’il peut continuer ou s’il doit se retirer piteusement, auquel cas des élections présidentielles sont provoquées, auxquelles il ne peut plus désormais prendre part. Le Président est le chef de l’exécutif ; il a pour fonction de gouverner selon les lois, quitte à en proposer pour mener à bien la politique qu’il a promise. Il forme à sa guise le gouvernement dont il est le chef. Il est également le chef des armées.

Le pouvoir législatif, lui, est confié à un Parlement ou Chambre des députés. La moitié des députés est élue par les départements, au suffrage universel majoritaire, l’autre moitié est pourvue par les partis politiques en proportion du nombre de voix obtenu par eux au niveau national lors de ce même suffrage. C’est donc un système mixte qui permet à toutes les tendances d’être représentées tout en permettant à des majorités de se former. Mais j’entends déjà les objections ! « Comment ? Des élections ! Élire nos maîtres ! » Je n’ai pas fini ! Laissez-moi le temps de développer !

La Démocratie, la vraie, est le système politique dans lequel les lois sont l’ouvrage du Peuple. Mais il est bien évident que, lorsque les Citoyens (nationaux) sont trop nombreux pour s’assembler et légiférer pour adopter directement les lois eux-mêmes, une forme de délégation s’impose ; ils doivent confier le travail législatif à une portion d’entre eux. La supercherie du système soi-disant représentatif, c’est de s’arrêter à ce stade de la réflexion, c’est de confier auxdits délégués le soin non seulement de préparer les lois mais encore de les adopter eux-mêmes et de les imposer au peuple, comme si leur volonté se confondait avec celle du peuple qui les a délégués, comme si leurs lois étaient l’expression de la volontaire populaire. La logique veut et l’expérience n’a que trop attesté que des délégués ainsi affranchis du peuple ne représentent individuellement et collectivement qu’eux-mêmes, qu’ils finissent par mettre leurs intérêts particuliers au-dessus de l’intérêt général. Dans ce cas, oui !, les élus sont des maîtres, et les élections, des « pièges à cons ». Et cela est plus vrai encore dans un système intrinsèquement inégalitaire comme l’est le système monétaire ! Mais je n’ai pas dit que le processus législatif s’arrêtait à cette étape qui n’est que la première.

Pour que les lois soient l’ouvrage du peuple, il n’est pas nécessaire que le peuple les forme lui-même, ce qu’il ne peut pas faire ; il suffit que l’ouvrage de ses délégués soit approuvé par ratification populaire, avec possibilité, pour le peuple, de le rejeter. Le peuple ne peut pas légiférer, mais il peut être consulté, il doit être consulté pour que des projets de lois, s’ils obtiennent son assentiment, deviennent véritablement des lois. En clair, tout projet de loi imaginé par le Parlement devrait être soumis à référendum. Mais ceci présente une nouvelle difficulté. Le peuple ne peut pas être consulté tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, même si cela est possible techniquement grâce à Internet ! Les lois doivent être réfléchies et les Citoyens n’ont ni le temps ni forcément l’envie d’y réfléchir, du moins aussi fréquemment. Les lois importantes, qui touchent aux questions fondamentales et aux domaines essentiels, qui engagent l’avenir de la Cité (comme les traités internationaux), doivent être soumises à référendum. Mais les autres ? Comment faire pour que les lois soient l’ouvrage du peuple sans que celui-ci soit consulté ?

Le Civisme propose une solution. Puisque le peuple ne peut pas être consulté dans son entier toutes les cinq minutes, il suffit de pouvoir en consulter une portion représentative ; il faut donc instituer une assemblée composée d’un nombre important de Citoyens (nationaux) tirés au sort (puisqu’ils ne peuvent être élus comme les députés) et chargés, pour une durée ni trop courte ni trop longue (par exemple un an), de représenter en corps la Nation. Mais cette représentation reste approximative. Aussi, pour être sûr que la Nation partage les positions de cette assemblée, ses décisions ne doivent pas être prises à la majorité simple mais, par exemple, à la majorité des deux tiers. Si les deux tiers de ces Citoyens sont d’un avis, il est plus que probable que cet avis aurait recueilli au moins la majorité auprès du peuple consulté dans son entier. Le Civisme appelle cette assemblée « le Tribunal de l’Opinion Publique » ou « T.O.P. », et ses membres, « les Censeurs ».

La première fonction du T.O.P. est de ratifier les lois ou de les rejeter par défaut. Entendons bien : le T.O.P. doit se prononcer positivement, donc à la majorité des deux tiers, pour que les projets qui lui sont soumis deviennent lois. Les projets qui n’obtiennent pas la majorité des deux tiers sont rejetés ou renvoyés à qui de droit. Le T.O.P. peut aussi, de la même manière et de sa propre initiative, abolir des lois en vigueur. La même procédure s’applique aux lois envisagées par le Gouvernement, qui n’est donc plus tributaire du Parlement. En revanche, et c’est une autre de ses fonctions, si le T.O.P. n’a pas à approuver la politique du Gouvernement, il peut s’y opposer. Autrement dit, il ne s’agit plus dans ce cas de voter « pour » telle ou telle mesure, mais de voter « contre », ce qui n’est pas du tout la même chose. Cela permet au Gouvernement d’agir à sa guise jusqu’au moment où sa politique suscite une désapprobation massive et sans équivoque.

Le T.O.P. qui représente le peuple comme aucune autre institution peut avoir, de par sa nature, bien des fonctions qu’il est impossible de toutes énumérer ici. C’est lui, par exemple, qui fait office de conseil constitutionnel, puisqu’il n’y a de constitutionnelle que la volonté du peuple. C’est lui qui nomme, pour une durée indéterminée, le Ministre de la Justice, afin que celui-ci ne soit pas assujetti au Gouvernement et que son indépendance soit aussi complète que possible. Il peut provoquer des référendums quand il n’a pas su trancher une question qui lui paraît importante. (Le Président a aussi cette faculté, de même que les Citoyens par le biais de pétitions.) Il reçoit toutes les plaintes des Citoyens (au sens large) et peut saisir les tribunaux. Il est au-dessus de toutes les hiérarchies ;  il n’y a au-dessus de lui que la constitution et le peuple qui peut seul la modifier. Il peut seul mobiliser la Garde nationale (vidéo 11), qui est, du reste, quasi autonome. Il doit approuver les opérations militaires à l’étranger et peut les suspendre. Bref, il est le peuple dans tout ce qui se fait au nom du peuple.

Dans la Cité, les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont bel et bien séparés, ils ne sont plus confondus sous prétexte de se contrebalancer, mais tous sont, comme il se doit, soumis au peuple, soit directement soit virtuellement via le T.O.P. Voilà pour le système politique au niveau national. Les mêmes principes prévalent au niveau local, quoique appliqués de manière différente.

Les communes élisent leur maire, lequel s’entoure d’adjoints et constitue avec eux, pour cinq ans, la municipalité. Les électeurs, eux, constituent autant de Municipes qu’il y a de bureaux de vote dans la commune. Les Municipes sont le contre-pouvoir au niveau communal, départemental et régional, sans oublier que les Citoyens peuvent toujours, individuellement ou en corps, recourir au T.O.P. face aux pouvoirs locaux. Chaque Municipe dispose d’un local dans lequel les électeurs peuvent se réunir à volonté pour discuter des affaires publiques, de même qu’ils organisent leurs séances comme bon leur semble. Les Municipes ne peuvent pas s’opposer directement à la Municipalité, car les votes internes, à la majorité, ne sont pas nécessairement représentatifs, en raison des absences, mais ils peuvent, en ralliant un certain nombre de Municipes à leur idée, provoquer des référendums pour s’opposer à des projets municipaux. Ils peuvent de la même manière, mais à condition de rallier un nombre plus important de Municipes au niveau du département ou de la région, s’opposer à des projets départementaux ou régionaux. Les départements sont gérés par l’assemblée des maires, et les régions, par des maires délégués par chaque département. La Cité dégraisse le mammouth !

Voilà dans les grandes lignes, le système politique de la Cité. Il est, me semble-t-il, aussi démocratique qu’un système politique peut l’être sans tomber dans la démagogie. Il obéit à un principe : ce qui se fait au nom du peuple ne peut se faire sans le peuple ; mais il ne faut pas que, sous ce prétexte, tout soit bloqué et que rien ne se fasse. Le peuple doit être souverain et sur le papier et dans la pratique ; il doit avoir assez de pouvoir légal pour imposer sa voix, s’opposer aux abus et déjouer les trahisons, mais pas suffisamment pour pouvoir abuser de sa propre puissance et étouffer les institutions quand elles remplissent correctement leurs fonctions. C’est cela le véritable équilibre.


Pour conclure cette série de vidéos, j’attire votre attention sur deux points.

Le premier, c’est que ces vidéos sont évidemment moins complètes, moins profondes, que mes livres. J’ai laissé de côté beaucoup de détails et même des sujets importants comme, par exemple, l’accès au sol et à l’habitat ou encore les Commissions dont il a été question dans la vidéo 9 sur les entreprises. J’invite ceux qui ont été interpellés par ces vidéos et qui désirent en savoir plus à lire mes livres ou mon livre « Tout sur le Civisme » qui réunit en un seul tous mes ouvrages sur le sujet, à savoir le « Réquisitoire contre Largent », « Le Civisme ou Théorie de la Cité », « Le Civisme illustré » et « Principes universels de l’ordre social ou Bases de la Société à usage universel ». Ils ne sont pas édités proprement dit ; ils sont imprimés sur commande par TheBookEdition, qui permet également de se les procurer, pour moins cher, en version PDF. Vous les trouverez soit en passant par mon blog « philippelandeux », soit, tout simplement, en tapant les titres dans google.

Le deuxième point, c’est que la théorie du Civisme réside entièrement dans le  concept d’une Carte civique (vidéo 7), qui lui-même découle du Principe selon lequel « Un Citoyen a des droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’il est Citoyen ». Tout part de cette idée. Ma théorie de la Cité n’est que l’exposé des conséquences inéluctables de ce Principe et des mesures logiques et indispensables pour que l’édifice tienne debout. Quiconque réfléchit en partant de ce Principe devrait arriver grosso modo aux mêmes conclusions. Mais certains voudraient sans doute aller encore plus loin, imaginer l’organisation de la Cité dans le moindre détail. Je ne vais pas jusque-là et je m’y refuse. C’est à la fois impossible, inutile et ridicule : impossible parce que nous n’avons pas toutes les données ; inutile, parce que nous pouvons imaginer tout ce que nous voulons, les Citoyens feront en leur temps ce qu’ils voudront ; ridicule, parce que c’est précisément impossible et inutile. Une théorie aussi tatillonne passerait d’ailleurs pour le fruit d’un esprit tyrannique. Rien de mieux, donc, pour la discréditer. En fait, pareille exigence a pour but de trouver ou plutôt d’invoquer de soi-disant failles pour justifier de renoncer à tout et rester dans le système monétaire, pour être lâche devant l’inconnu en sauvant la face à ses propres yeux ; c’est le prétexte de ceux qui, au fond, se disent : Périssent les Principes plutôt que Largent ! Je dis, moi, périsse Largent plutôt qu’un Principe !

Le message est délivré, à l’oral comme à l’écrit. Tout est accompli.

 Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !

12:01 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |