Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 22 novembre 2010

ROBESPIERRE et LES CITOYENS DU MONDE

12 décembre 1793. Les Jacobins s'épurent. C'est au tour d'Anacharsis Cloots, autoproclamé Orateur du Genre humain, qui fut tantôt Girondin et qui est maintenant plus Montagnard que les Montagnards. Inculpé, il se defend. Mais Robespierre qui est fort bien renseigné sur son compte, intervient ensuite et le démasque sans pitié.

« J’accuse Cloots d’avoir augmenté le nombre des partisans du fédéralisme [girondisme]. Ses opinions extravagantes, son obstination à parler d’une République universelle, à inspirer la rage des conquêtes, pouvaient produire le même effet que les déclamations et les écrits séditieux de Brissot et de Lanjuinais. Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen Français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. Eh ! s’il eût été bon Français, eût-il voulu que nous tentassions la conquête de l’Univers ?… Eût-il voulu que nous fissions un département français du Monomotapa ? Eût-il voulu que nous déclarassions la guerre à toute la terre et à tous les élémens ?

« Il est une troisième crise dont M. Cloots pourra se vanter, mais ce ne sera que devant des imbecilles ou des fripons... Je veux parler du mouvement contre le culte, mouvement qui, mûri par le temps et la raison, eût pu devenir excellent, mais dont la violence pouvait entraîner les plus grands malheurs, et qu’on doit attribuer aux calculs de l’aristocratie... [...] Tu prévoyais les suites funestes que peuvent avoir de semblables démarches ; par cela même, elles n’en plaisaient que davantage à nos ennemis. Cloots croyait sans doute que les vrais amis du peuple avaient pris le change et étaient dupes de ces mascarades. Il vint se targuer au Comité de ce bel exploit... " Mais, lui dis-je, vous nous avez dit dernièrement qu’il fallait entrer dans les Pays-Bas, leur rendre l’indépendance, et traiter les habitans comme des frères... Pourquoi donc cherchez-vous à nous aliéner les Belges en heurtant des préjugés auxquels vous les savez fortement attachés ?

« Citoyens, regarderez-vous comme patriote un étranger qui veut être plus démocrate que les Français et qu’on voit tantôt au Marais, tantôt au-dessus de la Montagne ? car jamais Cloots ne fut à la Montagne ; il fut toujours au-dessous ou au-dessus. Jamais il ne fut le défenseur du peuple français mais celui du genre humain. [...] »

ŒUVRES COMPLÈTES DE ROBESPIERRE, Tome X, p. 248

 

Toute ressemblance entre Cloots et les Begag, Bouteldja, Diallo et consorts est évidemment involontaire.

17:28 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 9.1. PAROLES D'HOMMES | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

Commentaires

Monsieur Landeux,

Je vous découvre par la bande, grâce à ce papier sur Cloots qui est d'une grande limpidité. Rien à y redire.
Du coup, je m'en suis allée faire un tour sur votre site à la date d'aujourd'hui et j'y trouve votre texte de 2006 et les échanges qui l'ont suivi à l'époque.
Rien à redire non plus. Sauf... votre haro sur « les étrangers » qui, n'étant pas de votre patrie, seraient à traiter comme de vulgaire Cloots, en indésirables voire en ennemis.

Peut-être oubliez-vous ce que Robespierre a dit (en défense des juifs, des protestants, des acteurs et du bourreau que l'on voulait exclure) : « Traitez-les en citoyens et ils se conduiront comme tels ». croyez-vous qu'il ne le redirait pas aujourd'hui en défense de ceux que vous estimez responsables de vos maux ?

La différence que vous faites entre les citoyens français et les-étrangers-qui-ne-sont-pas-d'ici appelle quelques réflexions, que je vous livre en vrac.

La Révolution libertarienne (pas vraiment la République) a fait preuve d'une grande naïveté ou en tout cas d'un manque de discernement ultra-léger en permettant à des étrangers comme Cloots et, si je ne m'abuse, Paine, entre autres, de représenter le peuple français, qui ne les connaissait pas, en les faisant élire par lui (c. à d. par la partie de ce peuple qui avait le droit de vote). Permettez cette appréciation gauchote : entourloupe de classe.

Quand Le Bas, en mission sur le Rhin avec Saint-Just, recommandait par lettre de surtout se défier des étrangers et de ne pas succomber à leurs simagrées, il parlait des Cloots et consorts, pas des réfugiés, immigrés ou autres victimes d'ailleurs, mais des intrigants sans loi ni patrie, ancêtres de nos supranationaux.

Je sais qu'il est difficile, dans les mouvements migratoires d'aujourd'hui, de trier le bon grain de l'ivraie, c. à d. les malheureux que nos politiques colonialo-prédatrices ont privés de leurs richesses nationales et de leurs souverainetés respectives, d'avec les mafias diverses – albanaises, croates, khazares et tutte quante – qui se posent en victimes pour mieux nous passer le lacet au cou et ne font qu'ajouter leurs méfaits à ceux de nos parasites nationaux.

Si Robespierre et les jacobins de sa trempe n'avaient pas été vaincus, jamais la globalisation qui met aujourd'hui en péril la terre entière y compris l'espèce à laquelle nous appartenons ne serait advenue, jamais nous ne nous serions retrouvés dans une situation où la moitié de la terre, chassée de chez elle, va déferler sur l'autre moitié, pour s'en faire très mal recevoir comme si c'était sa faute.

Vous parlez de Patrie, et vous avez raison d'en défendre la notion. Cependant... périsse la Patrie plutôt qu'un principe. Que je me permets de vous rappeler : « Les malheureux sont les puissances de la terre. Ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. » Que ces gouvernements soient le leur ou celui sous la coupe duquel ils sont tombés au hasard de leurs pérégrinations.

Ce n'est pas de préconiser la démission imbécile devant les particularismes les plus dangereux – pseudo-religieux, régionaux ou autres - qui fait que la gauche n'est pas de gauche, c'est d'avoir vendu son pays à des factions de l'étranger, se rendant ainsi coupable de haute trahison, et ce, depuis 1939 jusqu'à ce jour sans en sauter un seul. Ce qui est vrai de la France est vrai aussi de la plupart des pays d'Europe, aux deux notables exceptions de la Grèce et de l'Irlande, qui sont en train d'en payer pour la Xième fois le prix.

Autrement dit, la gauche est morte place de la Concorde le 10 Thermidor An II. La « gauche » d'aujourd'hui n'est donc pas de gauche, elle le prétend seulement ou se le fait croire. Idem pour l' « extrême gauche », qui n'en est pas davantage. Il ne saurait y avoir de gauche sans principes.

Mais comme la République, ils sont indivisibles. Par « pincipes », j'entends ceux énoncés par Robespierre le 21 avril 1793 sous le titre « Droits et devoirs de l'homme et du citoyen ». Hélas, les quatre plus importants (35, 36, 37, 38) n'ont jamais été votés par personne, à notre grande honte et pour notre grand malheur.

Bref, une politique digne de ce nom – rigoureuse - ne peut pas se contenter de recourir au blâme de quelque bouc émissaire que ce soit pour résoudre les problèmes d'une société qui se respecte. Choisir le chemin le plus court et le plus facile n'est pas digne d'elle. La voie ouverte par Robespierre et les siens est, au contraire, longue et ardue. C'est aussi la seule qui ne soit pas un cul de sac. En d'autres termes, nous n'avons pas le choix.

Je déplore autant que vous les revendications communautaires, dont certaines se croient religieuses. Je déplore par exemple que des femmes, pour affirmer le respect qu'elles ont d'elles-mêmes, choisissent de se laisser manipuler en arborant un signe distinctif d'esclavage, même si je comprends ce qui les y pousse. La même chose est arrivée dans les premiers siècles de notre ère, quand les chrétiens ont pris le pouvoir à Rome en poussant à désobéir les femmes et les enfants, pour contraindre le pouvoir à légiférer sur des queues de cerises et à perdre ainsi toute légitimité.

Mais si l'Histoire se répète à ce point, à qui la faute ? Qui les a « traités en citoyens » ?
Pour que ceux qui (que vous le vouliez ou non) sont aujourd'hui une partie du peuple de France « se conduisent comme tels », il eût fallu que la République leur donne des exemples qu'il vaille la peine de suivre; qu'elle leur offre des perspectives d'avenir pour lesquelles il vaille la peine de se battre. C'est malheureusement ce qu'elle n'a pas fait. Elle ne l'a pas fait non plus à l'égard de ses propres enfants.

Je n'ai pas de recette pour nous sortir de la gadoue, en France ou ailleurs, mais énoncer les principes justes et tenter de s'y tenir me paraît un début obligatoire. C'est pourquoi le recours à la facilité (la faute aux étrangers, la faute aux immigrés, etc...) me désole : voie de garage.

Catherine

http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be/
http://www.robespierreoulamort.com/


P.S. : C'est vrai que Robespierre n'était pas collectiviste. C'est Babeuf qui l'était, et ce n'est pas parce qu'il a, lui aussi, porté sa tête sur l'échafaud pour les humiliés et les offensés qu'il avait raison (la mort n'est pas une excuse). C'est Philippe Buonarroti qui a commis l'erreur funeste de croire qu'ils étaient compatibles. Paix à ses cendres.

Le plus proche de Robespierre, à ce point de vue comme à d'autres, est le Dr. Guevara, qui a donné sa vie non pour sa propre patrie mais pour plusieurs autres, et qui a eu raison.

Écrit par : Catherine | mercredi, 24 novembre 2010

Merci Catherine pour cette critique de qualité.
Je vous avoue cependant que je ne vois pas à quelle phrase vous faites allusion pour m’imputer l’idée que je serais par nature hostile aux « les étrangers qui, n'étant pas de votre patrie, seraient à traiter comme de vulgaire Cloots, en indésirables voire en ennemis. » Je pense que vous avez mal lu le passage en question ou que vous avez sorti la phrase de son contexte, car je ne suis pas hostile a priori aux étrangers. Au contraire, comme Saint-Just qui voulait faire aimer la Révolution, je veux faire aimer la France et rien ne m’émeut plus qu’un étranger qui vibre pour la France.
Vous plagiez la citation de Robespierre sur les colonies en disant périsse la patrie plutôt qu’un principe. Jamais Robespierre n’aurait pu dire une chose pareille, lui qui, le 8 thermidor, déclarait encore : « Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom. » Pour lui, le respect des principes et l’amour de la patrie allaient de pair, et sacrifier la patrie aux principes auraient été un non sens.
Vous citez ensuite St-Just : « Les malheureux sont les puissances de la terre. Ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. » Il ne faut pas oublier que les révolutionnaires, quand ils parlaient d’hommes, les concevaient dans le cadre social en tant que citoyens. Les « malheureux » de St-Just étaient les pauvres, mais les pauvres français. L’immigration n’existait pas alors comme elle existe aujourd’hui. Il y eut toujours des individus vagabonds, mais pas de phénomène massif et sans fin tels que nous le connaissons. Je suis certain que, sur ce sujet, les opinions de Robespierre ne diffèreraient guère des miennes qui sont plus mesurées que vous semblez le croire.
Vous dites : « une politique digne de ce nom – rigoureuse – ne peut pas se contenter de recourir au blâme de quelque bouc émissaire que ce soit pour résoudre les problèmes d'une société qui se respecte. Choisir le chemin le plus court et le plus facile n'est pas digne d'elle. » Je sais que le sujet des immigrés est sensible. Mais je parle franc. Je dis les choses sans tourner autour du pot. Et tant pis pour ceux qui comprennent de travers, qui n’entendent que ce qu’ils veulent entendre. Je ne fais pas dans le misérabilisme qui est une insulte à la fois pour les intéressés et pour les Français.
Je ne fais pas non plus des immigrés des boucs émissaires. Je dis qu’ils sont de fait au cœur d’un problème créé par nos élites. Ils sont à la fois victimes et acteurs de ce problème et une réaction s’impose contre eux, même si nos élites sont à mes yeux les grands coupables... ce que l’on n’oubliera pas !
Pour ce qui est de m’opinion sur cette question, en voici les grandes lignes :

« La ligne Soral ― à savoir, unir Français et immigrés par le patriotisme ― était la mienne dans les années 1990. Mais jamais les politiques ne firent un pas dans ce sens, tandis que les bobo-gauchos poussaient et poussent encore en sens inverse. La France a loupé le coche. Ce qui n’arriva pas dans les années 1990 est non seulement impossible dans les années 2010 mais est même devenu inutile.
« Pour ce qui est de l’impossibilité, Alain Soral est bien placé pour mesurer l’opposition qu’il rencontre, pour savoir que tous ses efforts sont dérisoires et vains et que même ses succès ne changeront rien au cours des choses. Les gouvernements successifs ont brisé tous les instruments de l’assimilation et ont fait croire aux immigrés, en particulier aux Arabo-africains, qu’ils pouvaient être Français sans s’assimiler, que vouloir qu’ils s’assimilent sentait le colonialisme, qu’être Français était une insulte. Les intéressés ont tellement été ménagés qu’ils n’accepteraient pas d’être soumis à la loi commune. Par peur d’une révolte de leur part, et pour ne pas être exposés aux insultes classiques pourtant éculées de Bobo-le-collabo (racistes, xénophobes, fascistes, etc.), les gouvernements leur cèdent toujours davantage au mépris des lois, de l’opinion des Français et des conséquences dramatiques à brève échéance.
« Pour ce qui est de l’inutilité, cela tient au fait que, en l’espace d’une décennie, le nombre d’immigrés a explosé au point de changer la donne : le problème n’est plus tant le comportement des immigrés ou un défaut d’assimilation que leur présence massive, laquelle altère l’identité de la France (historiquement peuplée de Blancs chrétiens) et, si elle continue de s’accroître — ce à quoi rien ne s’oppose aujourd’hui —, menace l’existence même du Peuple Français. Même si, soudain, ils étaient tous paisibles, assimilés, patriotes, le problème de fond subsisterait, les Français les rejetteraient tôt ou tard en tant que colons, envahisseurs, destructeurs de leur mode de vie et de leur Peuple. » (Extrait de l’article Alain Soral : bonnes analyses, mauvaises solutions)

Vous pourrez vous faire une idée exacte de mes idées à ce sujet en lisant ledit article, ou « La Goutte d’Or qui fait déborder le vase » ou encore « Avis aux immigrés ».

En fait, vous tenez sur ce sujet le discours des années 1980-1990. Comme je le dis, ce discours était acceptable à cette époque, mais il est complètement à côté de la plaque aujourd’hui. L’immigration aurait été contrôlée, maîtrisée, l’assimilation aurait été imposée aux immigrés nous n’en serions pas où nous en sommes… mais nous y sommes et les immigrés sont un danger et un fléau pour la France, à tous les niveaux. Ils n’ont pas forcé la porte, nos élites leur ont ouvert. Le fait est que les Français se les coltinent et que cela ne peut plus durer. Tant que l’on ne l’admet pas, tant que l’on continue à dire que tout va bien, que les immigrés ne sont pour rien dans notre malaise, que l’immigration, c’est merveilleux, on ne fait rien, la situation empire et le réveil sera d’autant plus brutal, pour le malheur de tous.



« Qui les a « traités en citoyens » ? Pour que ceux qui (que vous le vouliez ou non) sont aujourd'hui une partie du peuple de France « se conduisent comme tels », il eût fallu que la République leur donne des exemples qu'il vaille la peine de suivre; qu'elle leur offre des perspectives d'avenir pour lesquelles il vaille la peine de se battre. C'est malheureusement ce qu'elle n'a pas fait. Elle ne l'a pas fait non plus à l'égard de ses propres enfants. » Je déplore comme vous que la France, ou plutôt les gouvernements français, n’ait pas fait ce qu’elle devait quand elle le devait, mais on ne peut pas changer le passé. Ce n’est pas parce que les élites françaises capitulèrent en 40 que les Français devaient accepter les « Boches ». On est dans le même genre de situation et, paradoxalement, les bobo-gauchos qui renvoient sans cesses leurs détracteurs « aux heures les plus sombres de notre histoire » ont raison sur ce point, sauf qu’ils ne réalisent pas que, dans ce scénario, ils tiennent le rôle des collabos.

« Je n'ai pas de recette pour nous sortir de la gadoue, en France ou ailleurs, mais énoncer les principes justes et tenter de s'y tenir me paraît un début obligatoire. »
Pour ce qui est de la recette, je vous renvoie à nouveau à l’article « La Goutte d’Or qui fait déborder le vase ».
Pour ce qui est des principes, celui qui convient aujourd’hui est celui qu’affectionnaient les révolutionnaires : Salus populi suprema lex esto. Le salut du Peuple est la loi suprême. La situation est si grave pour qui se projette un peu dans l’avenir que plus rien d’autre ne compte.
Ceci étant, vous avez sans doute vu que, quoique préoccupé par la situation immédiate, je m’intéresse à la question de la Société en général. J’ai donc fait ce que vous préconisez : énoncer les Principes, que vous pourrez trouver ici : http://philippelandeux.hautetfort.com/1-principes-de-l-ordre-social/

Écrit par : Philippe Landeux | mercredi, 24 novembre 2010

Les commentaires sont fermés.