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vendredi, 21 décembre 2018

COMPRENDRE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (vidéo)

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LES GRANDES LIGNES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état (5 mai 1789).

Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés.

Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit (21 juin 1791) mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars (17 juillet 1791).

Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit (1er octobre 1791). Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie.

C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.]

La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins.

Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée.

Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté (27-28 juillet 1794 - 9-10 thermidor an II), non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis.

Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.

ANALYSE

Qu’est-ce que la Révolution française ?

La profusion d’événements, souvent trompeurs, parfois tragiques, qui jalonnent la période que l’on appelle « la Révolution française de 1789 », permet de voir dans cette histoire tout et son contraire et d’en saisir d’autant moins le fond qu’elle est vue à travers le prisme des anachronismes, des fantasmes, des passions, des préjugés, du pathos, des intérêts inavoués ou mal compris, des accusations grossières, des interprétations absurdes, des récupérations honteuses, etc.

La trame de la Révolution est pourtant fort simple. Il s’agissait, ni plus ni moins, que du combat éternel des pauvres contre les riches, des exploités contre les exploiteurs, des tenants de la souveraineté du Peuple contre toute forme de tyrannie, de la démocratie contre l’oligarchie ploutocratique, de l’Égalité contre Largent en dernière analyse. Mais le système monétaire est, par définition, le royaume de Largent. Il est naturel que Largent règne. Que son règne soit contrarié ou contesté, le naturel revient toujours au galop. C’est exactement ce dont la Révolution a été le théâtre.

En 1789, les riches, qui pressaient depuis longtemps, pensent avoir gagné. Mais une opposition populaire, égalitaire, démocratique, patriotique, prend corps et se renforce jusqu’à être un moment la plus forte, en 1793. Les riches, les bourgeois sont alors dans leurs petits souliers. Mais les limites conceptuelles des révolutionnaires, liées aux impossibilités de leur temps, et les contradictions internes à leur mouvement, qui en résultaient, devaient les conduire à l’échec et provoquer fatalement le retour en force des riches, qui eut lieu en 1794 et marqua la fin de la Révolution, c’est-à-dire de la montée en puissance des aspirations populaires et du mouvement révolutionnaire. C’est l’échec des révolutionnaires, concrétisé par l’exécution de Robespierre, qui marque la fin de la Révolution et l’avènement du règne incontesté de Largent jusqu’à nos jours.

Hors de cette lecture, la Révolution française est incompréhensible et n’a même ni début ni fin. Si elle n’est pas caractérisée, comme je le dis, par la montée en puissance du mouvement populaire, démocratique, égalitaire et patriotique, jusqu’à son écrasement, alors quoi ? Elle serait un événement bourgeois ? Mais si la Révolution avait été « bourgeoise », on ne la distinguerait pas de la période qui suit, et à peine de celle qui précède. Sans la Révolution, la bourgeoisie serait arrivée au pouvoir (avec ou sans roi) ; elle y était dès 1789 et elle l’a retrouvé en 1794. Entre ces deux dates, il s’est passé quelque chose ; quelque chose qui a rompu le cours de l’Histoire, à un moment où la bourgeoisie avait le vent en poupe ; quelque chose qui, n’étant pas ordinaire, mérite que cette période précise soit appelée « Révolution ». Les révolutionnaires, ce n’était pas les bourgeois… C’était précisément ceux qui contestaient leur hégémonie. Dans cette histoire, les bourgeois, ceux qui prônaient le libre marché (c’est-à-dire la liberté de spéculer sur la misère publique), ceux qui sacralisaient la Propriété (c’est-à-dire le fruit de leurs magouilles), ceux qui voulaient tout juger à l’aune de l’argent (parce que c’est eux qui l’avaient), ces bourgeois, dis-je, étaient des contre-révolutionnaires. Ils existaient à l’époque de la Révolution, ils en étaient les contemporains, mais ils incarnaient tout le contraire.

En fait, il y avait deux contre-révolutions. La contre-révolution aristocratique, celle des nobles qui défendaient la monarchie parce que leurs privilèges en dépendaient, qui détestaient autant les bourgeois arrivistes que le peuple revendicatif ; et la contre-révolution bourgeoise, celle des riches qui avaient pris la place des nobles et méprisaient le peuple autant sinon plus que ces derniers. Mais les bourgeois étaient dans le sens de l’Histoire. Ils ne devinrent des contre-révolutionnaires que parce qu’ils eurent en face d’eux des révolutionnaires, des vrais, issus eux aussi de la bourgeoisie, mais qui voulaient sincèrement le bien du peuple, défendaient ses droits et étaient soutenus par lui. Au vrai, la contre-révolution aristocratique fut inexistante, sinon anecdotique ; les nobles émigrèrent d’eux-mêmes dès 1789. La Révolution mit essentiellement aux prises le peuple, donc, et les bourgeois. Dans un premier temps, les révolutionnaires s’opposèrent, en vain, à la destruction, par les bourgeois, de tout ce que l’ancien régime avait de protecteur pour le peuple ; dans un second temps, une fois au pouvoir, ils restaurèrent tant bien que mal ce qu’ils purent, tout en devant gérer le chaos dans lequel les bourgeois avaient plongé la France. Au final, les bourgeois tirèrent les marrons du feu. Ils annulèrent tout ce qu’avaient fait les révolutionnaires et jetèrent les bases du système qui est encore le notre aujourd’hui. Nous ne vivons pas sur l’héritage des révolutionnaires mais sur celui des contre-révolutionnaires bourgeois. La République a bien été proclamée, par nécessité, sous l’impulsion des révolutionnaires, en 1792 ; mais la République façonnée ensuite par les bourgeois n’a rien à voir. « République » n’est qu’un mot. Il faut regarder ce qu’il y a derrière et qui l’a mis.

Certains ne retiennent de la Révolution que les événements sanglants dont il est possible de rendre, à tort ou à raison, les révolutionnaires responsables. Bien sûr, quand c’est le leur qui coulait, c’était pour la bonne cause, cela ne compte pas ! Le sang du peuple qui défend ses droits ne vaut rien. C’est assez dire de quel côté penchent les gens qui jugent la Révolution selon de telles considérations. Quoique qu’il faille distinguer les faiseurs d’opinion de leurs dupes. Personne ne s’avance en se disant « ennemi du peuple » ! C’est toujours sous prétexte de défendre le peuple que l’on calomnie ses véritables amis, que l’on tourne contre eux ceux qui devraient les soutenir, et que l’on détourne ainsi les regards de ses buts inavouables. La méthode n’a pas changé. Regardez comment fonctionnent aujourd’hui les ennemis du peuple et imaginez la boue qui a été déversée sur les révolutionnaires depuis 200 ans. Il n’est donc pas étonnant que certains aient embrassé en théorie la cause de ceux qu’ils auraient combattu en réalité, comme ils le font aujourd’hui, confrontés aux mêmes problèmes.

Le véritable drame des révolutionnaires, c’est d’avoir échoué. Vae victis ! (Malheur aux vaincus.) Mais leur combat est toujours d’actualité, à quelques mises à jour près : pauvres contre riches, peuple contre « élites », démocrates contre ploutocrates, patriotes contre mondialistes, résistants contre collabos, et toujours, en dernière analyse, Égalité contre Largent. Notre drame, à nous, serait de ne pas comprendre les raisons fondamentales de l’échec des révolutionnaires (ce que des visions délirantes de la Révolution ne permettent pas de comprendre). Ils se battaient pour l’Égalité et la Patrie, contre Largent, mais ne se sont pas attaqués à lui en personne, pour ainsi dire ; ils s’opposaient à son absolutisme mais ne contestaient pas son existence même. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ne pouvaient pas le faire en leur temps. Aujourd’hui, nous en avons les moyens. Toute la question est : Saurons-nous être des révolutionnaires à la mode du XXIe siècle ? Saurons-nous réinventer la Révolution… et triompher, cette fois ?

 

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux

21 décembre 2018

vendredi, 25 mai 2018

LE BUREAU DE POLICE GÉNÉRALE (livre)

BPG - Couverture - présentation.jpgLe Bureau de la surveillance administrative et de la police générale, appelé communément « Bureau de police générale », créé à la suite du décret des 26-27 germinal an II (15-16 avril 1794) sur les mesures de police générale, et opérationnel dès le 1er floréal (20 avril 1794), était un organe interne au Comité de salut public, mais fut l’objet de critiques particulières comme instrument du soi-disant Triumvirat Robespierre, Saint-Just, Couthon. Il mérite donc une étude particulière pour savoir quelle fut au juste son activité et son bilan.

Dans leur travaux respectifs et complémentaires sur le Comité de salut public, Alphonse Aulard et Marc Bouloiseau ont déjà présenté la presque totalité des arrêtés du Bureau de police générale, mais sans jamais les distinguer de ceux du Comité. Il est vrai que, par leur forme, ces arrêtés se confondent avec ceux du Comité de salut public. Il existe pourtant un registre des arrêtés du Bureau de police générale (AF II* 221), indiquant qu’il y a malgré tout une distinction à faire.

Le présent ouvrage est le recueil des arrêtés du Bureau de police proprement dits, basé sur le registre officiel, corrigé et complété.

 

Cet ouvrage contient notamment :

- le décret des 26-27 germinal an II sur les mesures de police générale

- les exceptions arrêtées par le CSP

- un tableau des arrêtés du BPG en substance (et des arrêtés incertains)

- le recueil des arrêtés du BPG in extenso (nombreuses reproductions)

- un tableau des minutes et arrêtés ou copies signés

- un tableau des arrêtés signés

- les tableaux des arrêtés signés par chaque membre

- un tableau des objets des arrêtés

- un tableau des objets des arrêtés signés

- les tableaux des objets des arrêtés signés par chaque membre

- les comptes détaillés pour chaque thème (arrestations, transferts, libérations, etc.)

- un bilan simplifié sous forme de tableau

- Les index des agents du BPG, des autorités, des personnes mentionnées, des lieux et des thèmes

 

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660 pages

Disponible sur TheBookEdition

en version papier : 24 € (+ frais de port)

en version PDF : 8 €

09:46 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 28 septembre 2017

LE TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS (livre)

Tribunal révolutionnaire de Paris (couv recto verso - coupé).jpg

Depuis plus de 200 ans maintenant, le Tribunal révolutionnaire (de Paris), instrument de la « Terreur, » a été l’objet de nombreux travaux. La plupart ont porté exclusivement sur les condamnés à mort, voire seulement sur les plus célèbres, et les rares études plus générales, même sérieuses, ne sont pas fiables. En outre, aucune ne présente de chiffres (sinon faux) et encore moins de graphiques permettant de saisir d’un coup d’œil tant l’activité de ce tribunal que l’influence sur elle des événements.

C’est pour pallier à ce manque que Philippe Landeux a consulté les Archives Nationales où se trouvent tous les dossiers et a réalisé un travail exhaustif et définitif sur le sujet. Il en a profité pour accomplir un travail tout aussi précis sur les Commissions populaires, chargées, le 23 ventôse an II (13 mars 1794), de juger les détenus. Et pour que le présent ouvrage soit complet, il s’est penché, avec sa méticulosité ordinaire, sur le Tribunal du 17 août 1792 et les conspirations des prisons (juin-juillet 1794).

 

Cet ouvrage de 900 pages s'adresse à un public averti : historiens, étudiants, passionnés par la Révolution française. Il ne s'agit pas d'un récit, mais d'un condensé de données indispensables, et pourtant introuvables, pour étudier cette période de l'histoire.

 

Cet ouvrage contient :

  • Les discutions et décrets qui aboutirent à l'instauration du Tribunal du 17 août 1792
  • La liste et le nombre des personnes jugées par le Tribunal du 17 août 1792
  • Les discutions et décrets qui aboutirent à l'instauration du Tribunal révolutionnaire de Paris
  • Les listes chronologique et alphabétique des 5350 personnes jugées par le Tribunal révolutionnaire de Paris
  • Les tableaux des jugements au jour le jour
  • Le bilan chiffré
  • La liste des cartons concernant le Tribunal révolutionnaire de Paris (série W) et un aperçu de leur contenu
  • Les graphiques résumant l'activité du Tribunal révolutionnaire de Paris
  • Les décrets et arrêtés relatifs à l'instauration et à l'activité des Commissions populaires
  • Les listes de détenus connues établies par les Commissions populaires et ratifiées par les Comités
  • Les graphiques résumant l'activité (connue) des Commissions populaires
  • Les documents (arrêtés, listes de détenus, etc.) relatifs aux conspirations des prisons
  • Les relevés du nombre de détenus dans les prisons parisiennes
  • Les listes des conventionnels décédés, assassinés, exécutés, proscrits, rappelés et réhabilités

 

Cet ouvrage est imprimé sur commande par TheBookEdition et livré à domicile.  CLIQUEZ ICI

Je le propose également en version PDF GRATUIT.

 

APERÇU

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18:22 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 01 avril 2017

LA RÉVOLUTION ET SES LEÇONS

Nous nous heurtons aujourd’hui au même problème que les révolutionnaires, les vrais révolutionnaires (Robespierre, Marat, Saint-Just), en leur temps : la puissance des riches, l’hégémonie du capital (individualiste, inégalitaire, apatride, mondialiste), en un mot Largent. Et la plupart de nos contemporains sont aussi aveugles qu’ils l’étaient eux-mêmes sur la véritable nature de l’ennemi, à la différence qu’eux avaient des excuses que nous n’avons plus. La technologie moderne (production de masse, informatique, cartes à puce) permet en effet d’instaurer l’Égalité (bien comprise : l’égalité des citoyens en devoirs, dont celui de participer à la vie de la cité, et en droits, dont celui d’accéder librement au marché) et d’anéantir Largent, c’est-à-dire d’instaurer un mode d’échange fondé sur les Principes de l’ordre social et non plus sur la notion de valeur marchande, où le droit d’accéder au marché serait conféré par la citoyenneté, elle-même attestée grâce à une carte à puce, et non plus par des unités monétaires (incarnant les droits) gagnées on ne sait comment et se répartissant fatalement de manière inégalitaire (voir « Le Civisme »). Que l’on admette ou non la possibilité d’un pareil système, mon but n’est pas ici de l’exposer, de l’expliquer, mais de faire comprendre mon point de vue.

Je pars du postulat que, quoique cela demandera encore une « révolution » ou une « évolution révolutionnaire », il est possible aujourd’hui d’appliquer les Principes invoqués par les révolutionnaires, notamment celui d’Égalité, qui est la condition de la démocratie au vrai sens du terme, au sens de souveraineté du peuple (un système inégalitaire étant par définition oligarchique). Mais si ce à quoi les révolutionnaires aspiraient fondamentalement n’est réalisable qu’aujourd’hui, il s’ensuit :

1) que cela était hors de leur portée en leur temps,

2) que n’ayant pas la possibilité technique d’anéantir Largent et d’abolir la monnaie (au nom de l’Égalité et de la Patrie), cette idée ne leur effleurait pas même l’esprit,

3) que ne pouvant rayer Largent de l’équation, ils le conservaient sans en avoir conscience et sans voir les contradictions théoriques et pratiques avec les principes qu’ils professaient,

4) que, étant obligés de conserver la monnaie, par laquelle passe la plupart des droits, tout en aspirant à l’égalité en droits, ils ne pouvaient admettre que « la monnaie n’est autre chose que du droit » (quoique les mesures financières visant à réduire les inégalités monétaires en soient la démonstration), que sa seule existence est garante de l’inégalité, puisqu’elle ne peut se répartir également, et que l’Égalité est donc une vue de l’esprit dans un système monétaire,

5) qu’ils avaient de ce fait une conception de l’Égalité dénaturée par Largent,

6) qu’ils cherchaient moins à atteindre l’Égalité, aussi inaccessible qu’inconcevable pour eux, qu’à contenir ou contrer les effets inégalitaires de Largent, autrement dit qu’ils ne visaient pas l’Égalité mais seulement moins d’inégalités, moins de disparité entre les fortunes,

7) que ne pouvant ni remonter à la source de l’inégalité, ni la tarir, ils en voyaient la cause ailleurs (dans certains hommes, dans les lois, dans l’organisation politique, dans l’éducation, etc.), se lançaient sur tous les fronts qui étaient autant de leurres et multipliaient les mesures aussi légitimes en apparence que vouées à l’échec,

8) que, ne pouvant triompher de Largent, ils devaient fatalement en être les victimes.

 

Voilà ce que l’analyse permet de comprendre et ce que l’étude des faits permet de constater et de valider.

Le XVIIIe siècle vit monter en puissance la bourgeoisie, c’est-à-dire les riches ou, comme on disait aussi, « l’aristocratie de l’argent ». Cette montée en puissance s’accompagna d’une philosophie, celle des Lumières, prônant la souveraineté et la liberté des riches (des « propriétaires »), proclamant sans le dire Largent roi. La liberté absolue pour les riches d’exploiter les hommes et de spéculer sur les marchandises pour s’enrichir davantage fut érigée en doctrine que nous appellerions « libérale ». Ce courant avait vu le jour bien avant la Révolution ; il sembla s’imposer en 1789, sous la Constituante, mais rencontra une vive opposition et ne triompha incontestablement, et jusqu’à nos jours, qu’à partir de 1794, après l’exécution de Robespierre. Ainsi, ce qui caractérise la Révolution, ce n’est pas la mise en place de l’ordre bourgeois, c’est-à-dire l’avènement de Largent, mais au contraire la montée en puissance d’un mouvement opposé, d’un mouvement anti-bourgeois, « anti-libéral », plus exactement « anti-capitaliste », un mouvement en faveur du peuple, un mouvement démocratique et égalitaire. Ce mouvement fut incarné au plus haut point par Robespierre.

En 1788, le royaume est endetté dangereusement. Les Ordres privilégiés (Clergé, Noblesse) ont jusque-là refusé de payer. Louis XVI en est réduit à convoquer les États Généraux, c’est-à-dire à réunir des représentants des trois Ordres (Clergé, Noblesse, Tiers États), qui seuls peuvent créer de nouveaux impôts. La Révolution est amenée par un problème d’argent. Les bourgeois, qui avaient le vent en poupe, trouvent là l’occasion d’accélérer le processus qui doit faire tomber le pouvoir dans leurs mains. Tout se passe d’abord à merveille. La Constituante uniformise le royaume, abolit les privilèges des provinces, supprime les frontières intérieures, décrète la liberté du commerce (libéralisme), prive les pauvres du droit de cité, abolit les corporations, interdit les grèves et les pétitions, constitue une garde bourgeoise et adopte la loi martiale pour réprimer affamés et mécontents. Mais en son sein, un député s’oppose de toutes ses forces à cette politique : Robespierre. Lui veut la souveraineté du peuple (démocratie) et la justice sociale (moins d’inégalités). Il est seul ou presque et ne pèse donc rien à l’Assemblée. Mais il a derrière lui l’opinion publique. On l’appelle « l’Incorruptible ».

Une Assemblée législative succède à la Constituante. Que des bourgeois. Une faction domine : les Girondins. Ce sont les champions de la « propriété », les défenseurs inconditionnels du libéralisme (Largent). Ils veulent aussi la guerre à tout prix, tant pour détourner le peuple des souffrances qu’occasionne leur politique que pour remplir les caisses de l’État, toujours vides (malgré la confiscation des biens du clergé et la création des assignats). C’est au club des Jacobins, dont ils font alors partie, qu’ils trouvent dans Robespierre, qui n’est plus député, un détracteur acharné. La guerre, voulue aussi bien par les Girondins que par la Cour, est un piège ; elle donnera aux puissances étrangères l’occasion d’entrer en France et d’écraser les révolutionnaires. Il faut s’y préparer, mais pas la rechercher. Rien à faire. La guerre est déclarée, alors que la France n’est pas en état de la faire. Les armées désorganisées se débandent au premier contact. Les armées austro-prussiennes temporisent mais sont prêtes à envahir le territoire et à fondre sur Paris. C’est alors que tout ce que la France compte d’énergique se soulève et renverse la monarchie (10 août 1792), à la barbe de la Législative, elle-même contrainte de se dissoudre.

Pendant que les volontaires courent au devant de l’ennemi, la nouvelle Assemblée, appelée « Convention », élue au suffrage universel, se réunit (21 septembre 1792). Mais si Paris, au contact des événements, a élu des Jacobins (Robespierre, Marat, Danton), les départements ont renvoyé les Girondins qui, d’entrée, monopolisent toutes les places. Et les Girondins détestent Paris et ses élus qui leur ont fait échec. Au lieu de gagner une guerre qu’ils ont provoquée, ils persécutent Marat et Robespierre, ils calomnient Paris pour la faire haïr des départements, ils tergiversent pour sauver un roi aux dépens de la République… et, bien sûr, ils sont plus que jamais les champions des « propriétaires ». Au printemps 1793, les armées, un moment victorieuses, sont à nouveau en déroute, des départements sont en révolte ouverte, le peuple partout a faim : il faut agir. La 2 juin 1793, la commune de Paris, d’accord avec les Jacobins, fait cerner la Convention qui décrète d’arrestation les meneurs Girondins. Gardés à domicile, ceux-ci en profitent pour s’échapper et prêcher de vive voix la révolte dans les départements.

S’ouvre alors la deuxième période de la Convention, dominée cette fois par les Montagnards, dont les Jacobins sont le noyau dur, et Robespierre le leader. Mais dans quel état la France est-elle, après 4 ans d’agitation politique et un an et demie de guerre ? L’économie est en lambeaux. Toutes les frontières extérieures sont assiégées. Les deux tiers des départements sont en révolte, quoique le plus souvent de manière superficielle (des révoltes de notables, d’administrateurs, favorables aux Girondins). La « Vendée » tend les bras à l’Angleterre, à qui Toulon s’est livrée. Il ne s’agit pas d’administrer un pays en paix, mais de parer milles coups. Aux grands maux les grands remèdes. Il faut lever, armer, équiper et approvisionner 2 millions d’hommes. Tout cela coûte. Le moins cher sera le mieux. Il faut calmer la rapacité des fournisseurs, l’avidité des marchands (établissement du maximum des prix et de comités aux accaparements). Il faut déjouer les traîtres qui, d’indulgence en indulgence, ont conduit la France au bord du gouffre. Il faut tendre tous les ressorts pour sauver la République, qui se veut en faveur du peuple ou le sera quand les conditions le permettront. Pour l’heure, c’est la guerre, qui accapare toutes les ressources et toutes les pensées.

Mais la tension est source de divisions. Les hommes qui ont éjecté les Girondins n’avaient ni les mêmes raisons ni le même caractère ni le même projet. Les querelles de personnes se mêlent aux désaccords politiques. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. La « Terreur », pourtant nécessaire, ne va pas sans abus. Danton (soupçonné d’avoir été un agent anglais) invoque ces abus pour faire cesser la Terreur (en réalité pour sauver ses amis arrêtés pour corruption). Il veut signer une paix de compromis (au désavantage de la France) et instaurer un régime bourgeois. Il rallie sous sa bannière Girondins et royalistes. D’autres veulent au contraire que la Terreur soit portée à tous les excès. Ce sont Hébert et les Cordeliers, qui essayent d’entraîner à leur suite le peuple de Paris. Robespierre se garde de ces deux extrémités. Le Comité de salut public, dont il fait partie depuis le 27 juillet 1793, est sur la même ligne (quoique composé d’hommes de tendances différentes). Dans cette lutte à mort, le Comité frappe le premier. D’abord Hébert, ensuite Danton. Ce danger passé, ce sont les membres des comités eux-mêmes (comités de salut public et de sûreté générale) qui se divisent et qui surtout attaquent sournoisement Robespierre, qui parce qu’il s’est opposé à la déchristianisation, qui parce qu’il abhorre les représentants en mission sanguinaires, qui parce qu’il veut un régime social et démocratique, qui parce qu’il s’oppose à la guerre de conquête, qui parce qu’il le jalouse tout simplement. Mais Robespierre incarne la Révolution. Pour l’abattre, il faut d’abord le déconsidérer, le calomnier, le ridiculiser, le faire craindre, le faire haïr, l’affaiblir, le paralyser ; il faut mentir et le faire taire. Un complot se trame. Le 8 thermidor (26 juillet 1794), Robespierre, qui ne participe plus au comité depuis un mois, tente de le déjouer. Il expose à la Convention toutes les manœuvres dont il est l’objet et tout ce qui compromet selon lui la chose publique. Son discours est décrété d’impression, mais ses ennemis en font renvoyer l’examen aux comités qu’il vient de dénoncer ; ils gagnent la première manche. La journée du lendemain va être chaude. L’appui du Marais (la masse des députés du centre) sera décisif. Les fausses listes de proscription qui circulent, attribuées à Robespierre, n’ont pas eu l’effet escompté. On sait que Robespierre n’est pas un sanguinaire, lui qui a protégé les « 73 » députés girondins et a contre lui les furieux de la Terreur. Dans la nuit, les conspirateurs promettent aux uns d’arrêter la Terreur, dont ils sont eux-mêmes les auteurs, aux autres, de revenir sur les mesures sociales adoptées depuis un an (maximum, lois de ventôse, etc.). Marché conclu. Le 9 thermidor (27 juillet 1794), Robespierre (ainsi que Saint-Just, Couthon, Lebas et Robespierre jeune) est décrété d’arrestation par une meute en furie, sous des accusations diverses et contradictoires. L’insurrection improvisée de la Commune ne change rien. Robespierre n’y croit plus. Il est exécuté le lendemain.

Mais, en frappant Robespierre, sous des accusations délirantes, en faisant un crime de toute aspiration sociale et de toute fermeté (en faveur du peuple), ses ennemis (plus personnels que politiques) ont ouvert un boulevard à la réaction bourgeoise, qui balaye tout. Les suspects sont relâchés en masse. Le club des Jacobins est fermé au bout de 3 mois (12 novembre 1794). Les membres des comités de salut public et de sûreté général sont, pour la plupart, proscrits dans les mois qui suivent. Ceux qui redoutaient tant Robespierre en raison de leurs crimes ou de leur corruption ont retourné leur veste et sont des vedettes : Fouché, Fréron, Tallien, Barras, etc. (Carrier, Lebon et Fouquier-Tinville sont toutefois irrécupérables et paieront pour les autres.) Les Girondins détenus sont réintégrés (tandis que les ex-Montagnards sont envoyés petit à petit en prison). Le suffrage censitaire est rétabli, ainsi que la liberté du commerce (le libéralisme). Le maximum (qui du reste était une mesure provisoire) est supprimé. Les prix s’envolent. La guerre de rapine devient la norme (Napoléon s’en fera un devoir.). C’est le règne des fournisseurs, des spéculateurs, des apparatchiks, des anciens et nouveaux riches. Au printemps 1795, les Parisiens affamés se soulèvent, deux fois (12 germinal, 1er prairial), au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Ils sont réprimés. Les quartiers populaires sont désarmés. En octobre (4 vendémiaire), ce sont les royalistes, à qui les conventionnels ont volé l’élection, qui se soulèvent et sont réprimés à leur tour. L’ordre bourgeois est établi ; plus rien ne le menacera. Le roi n’est plus. Vive Largent !

 

J’ai brossé à grands traits l’histoire de la Révolution. J’aurais pu entrer dans mille détails qui n’apportent rien à la compréhension du mouvement de fond et brouillent au contraire la perception des choses ; qui, surtout, détournent l’attention des bonnes leçons à tirer.

Dans cette histoire, je vois Largent et sa marque du début à la fin, depuis les causes de la Révolution à la nature de ses fossoyeurs ; je vois une lutte permanente entre ceux qui veulent le faire roi, avec tout ce que cela implique économiquement, politiquement, idéologiquement, et les révolutionnaires qui veulent l’Égalité ou du moins défendent les notions qui lui sont consubstantielles : nation, peuple, patriotisme, démocratie (lois faites ou ratifiées par le peuple), solidarité nationale, droit des citoyens à être armés, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, non-ingérence (autant de combats qui furent ceux de Robespierre).

Mais je vois aussi des révolutionnaires qui n’opposent à Largent que des mesurettes  incapables de renverser la force des choses (impôts universels et progressifs, garantie d’un revenu, augmentation des salaires, gel des prix, etc.), qui coupent des têtes pour en voir repousser dix, qui s’épuisent, qui désespèrent et qui sont finalement vaincus. La puissance politique qu’ils parviennent miraculeusement à avoir ne leur sert qu’à contenir les riches, jusqu’à ce qu’ils soient anéantis au premier faux pas. Sans doute auraient-ils pu demeurer au pouvoir un peu plus longtemps s’ils avaient été aussi sanguinaires que le dit leur légende (écrite par qui ?) ; ils auraient alors prolongé leur existence, mais trahi tous leurs idéaux et péri quand même sous le poids de leurs contradictions.

J’en tire la leçon qu’il est dans la nature des choses que Largent et les riches, ses valets, dominent dans un système monétaire ; que, dans la mesure où il y aura toujours des riches dans un tel système (de par l’origine et le fonctionnement de la monnaie), il est vain de les comprimer si le but n’est pas d’anéantir Largent lui-même, car, comme on dit : « Chassez le naturel, il revient au galop ». On pourrait aussi citer cette phrase de Saint-Just, qui n’imaginait sans doute pas cette application : « Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. »

La Révolution fut un grain de sable dans la montée en puissance de la bourgeoise, dans la marche au trône de Largent. Sans la Révolution, Largent serait arrivé au pouvoir sans encombre ; il serait devenu roi au-dessus du roi et notre situation serait aujourd’hui exactement la même (comme dans les pays qui sont actuellement des monarchies), car elle ne découle pas de ce qu’ont fait ou simplement voulu faire les révolutionnaires il y a de cela 200 ans, mais de la force des choses insufflée par Largent. Accabler les révolutionnaires des maux qui nous désolent et qu’ils déploreraient eux-mêmes, c’est disculper Largent sans même prendre en compte son existence ; c’est faire à sa manière –– et il y a mille manières possibles –– la même erreur que les révolutionnaires ; c’est forger notre impuissance et préparer de nouveaux échecs. Mais, à l’heure où la patrie est plus que jamais en danger, nous n’avons pas le droit d’échouer.

Largent — qui porte en lui les principes matérialiste, inégalitaire, oligarchique, individualiste et mondialiste — doit être combattu et anéanti au nom de l’Égalité et de la Patrie. Sous ce rapport, les révolutionnaires ne s’étaient pas trompés d’étendard. Ceux qui ne rallient pas cet étendard sont de facto sous celui de Largent. Mais l’expérience démontre qu’il ne suffit pas d’aspirer à l’Égalité et d’être un patriote intelligent et énergique pour ne pas être dupe de Largent. Encore faut-il identifier ce dernier, savoir comment l’écraser et, surtout, en avoir les moyens. Or ces trois choses sont liées. Ce que ma théorie du « Civisme » permet de comprendre, c’est que, à leur époque, les révolutionnaires n’avaient pas les moyens de mettre en œuvre l’Égalité et ne pouvaient donc pas la concevoir correctement, étant obligés de conserver la monnaie tant sur le plan pratique qu’intellectuel ; de sorte que, ne pouvant renverser Largent, il n’était pas même utile pour eux de l’identifier formellement. Ils ont donc agi par intuition ; ils ont « bricolé ». Tout ce qu’ils voulaient était juste en soi mais pas dans l’absolu, et allait bien souvent à l’encontre de la nature du système monétaire. Par suite, le système a résisté ; les révolutionnaires ont insisté ; la machine s’est emballée ; tout a dégénéré. Mais tout jouait, au fond, contre les révolutionnaires. Et bientôt les tenants du système ont repris les rênes.

Tout système se maintient par la violence sous une forme ou une autre. Les révolutionnaires ont été violents. Mais le système qui permet aux uns d’affamer les autres, qui donne tout le pouvoir aux riches, qui couvre un traître et tire sur les mécontents, qui déclare des guerres pour détourner l’attention de ses turpitude, n’est-il pas violent ? Ne mérite-t-il pas d’être combattu ? Comment, sinon par la force, puisqu’il est sourd aux protestations pacifiques ? Les révolutionnaires n’usèrent, en somme, que du droit de légitime défense. Ne peuvent être invoqués contre eux que des sophismes du genre de ceux qui annihilent aujourd’hui la légitime défense, qui font que celui qui se défend avec succès est présenté comme un coupable, et le vrai coupable comme une victime. (Bien sûr, certains ont profité de cette période troublée pour commettre des crimes, mis sur le compte de la Révolution ou de la République. Mais je n’appelle pas « révolutionnaires » tous les contemporains de cette époque, et ceux que je désigne ainsi font l’objet de vagues anathèmes, jamais d’accusations précises.)

Les révolutionnaires devraient être révérés par tous ceux qui, aujourd’hui, savent la France au bord du gouffre et connaissent les traîtres et les idiots qui l’y ont mené ; ils sont dans la même position qu’eux, face aux mêmes ennemis et pour la même raison ; comme eux, ils ont des choix terribles à faire, ils doivent trancher dans le vif. S’ils suivent leur exemple, ils peuvent espérer sauver la patrie. S’ils minaudent, nous sommes morts. La patrie ou la mort ! Voilà où nous en sommes rendus. Nous pouvons nous laisser mourir pour n’encourir aucun reproche. Nous pouvons réagir à la hauteur des circonstances, et alors nous aurons, comme les révolutionnaires, des morts sur la conscience et du sang sur les mains ; alors nous devrons assumer devant l’Histoire ce que nous aurons fait et même ce qui se sera fait malgré nous ; alors nous montrerons la France sauvée à ceux qui, confis de moraline, nous poursuivront de leur haine pour avoir eu le cran et le bon sens qu’ils n’auront pas eu. 

Héritiers authentiques de la Révolution et tenants de la tradition contre-révolutionnaire (catholique et aristocratique) devraient oublier les querelles dépassées de leurs ancêtres, pour ne songer qu’aux combats qui les réunissent aujourd’hui et qui tous, en dernière analyse, leur sont imposés par Largent.

J’ai déjà montré que le combat pour l’Égalité et la Patrie ne peut être remporté qu’en anéantissant Largent, qu’en instaurant un système d’échange autre que monétaire. Mais les chantres de la contre-révolution ne tiennent-ils pas eux aussi en exécration les bourgeois, l’aristocratie de Largent ? Ne parlent-ils pas avec nostalgie de l’aspect social et protecteur de la monarchie, détruit par la bourgeoisie au nom de Largent ? N’abhorrent-ils pas le matérialisme, le mercantilisme, la course au profit, le capitalisme et la ploutocratie, conséquences de la monnaie, donc de Largent ? Ne dénoncent-ils pas, par exemple, l’immigration-invasion et la destruction de la famille, qui sont l’une et l’autre dans la logique de l’individualisme, inhérent à Largent, et de son revers le sans-frontiérisme (mondialisme, universalisme) ? On pourrait multiplier encore longtemps les exemples.

Notre monde tourne autour de Largent ; il est façonné par lui, jamais pour le meilleur, toujours pour le pire. Il est aisé d’apercevoir sa responsabilité dans les maux qui nous submergent, pour peu que l’on sorte la tête du guidon, que l’on prenne un peu de hauteur. Les « contre-révolutionnaires » doivent arrêter de ne voir que des questions morales dans les politiques destructrices qui ont manifestement Largent pour moteur et pour but. Ils doivent enfin décider s’ils veulent remplacer une oligarchie par une autre, sachant que toute oligarchie est fondée sur l’inégalité et l’oppression du peuple dont ils prétendent se soucier ; et s’ils veulent se contenter encore longtemps de postures face au système ou le vaincre pour de bon. S’ils sont conséquents avec eux-mêmes, s’ils veulent servir le peuple et renverser le système, c’est-à-dire terrasser Largent, il n’y a pas d’autre voie que celle de l’Égalité (bien comprise) et de la Patrie.

Les révolutionnaires empruntèrent d’instinct cette voie et, avec eux, tout le peuple français, à l’exception des nobles, du haut clergé et des bourgeois (les oligarques de l’époque), lesquels, à force de manigances pour défendre leurs intérêts, et de propagande pour couvrir leurs trahisons, ont brouillé les pistes et allumé le feu. Des gens ordinaires qui aspiraient tous grosso modo à la même chose se sont retrouvés, sur des malentendus, dans des camps opposés, à se livrer une guerre à mort. L’oligarchie voudrait encore que ces camps hérités du passé soient irréconciliables pour être à jamais manipulables. Raison de plus de les réconcilier. Et c’est en cela, aussi, qu’est utile une connaissance approfondie de la Révolution : pour désarmer les passions. Que chacun reconnaisse les limites et les contradictions de la ligne de sa famille politique, à l’origine des dissensions fratricides. Que les uns et les autres ne commettent plus leurs erreurs respectives qui toutes conduisent à l’échec. Qu’enfin le véritable ennemi soit démasqué, ou plutôt reconnu, car il règne depuis longtemps et aujourd’hui à visage découvert : Largent.

L'utopie.jpg

Il n’y a qu’une révolution : celle qui vise au bien du peuple, donc à l’Égalité (bien comprise). La contre-révolution, elle, est, consciemment ou non, le camp de l’inégalité et de Largent. C’est à la lumière de ces définitions qu’il faut apprécier les mouvements historiques et qualifier les mouvements politiques. Révolutionnaires et contre-révolutionnaires ne sont pas toujours ceux qui revendiquent l’un ou l’autre de ces qualificatifs. Nos ancêtres se sont déchirés en pure perte pour des chimères. Aujourd’hui, il doit être clair pour tous que la contre-révolution n’est pas seulement le parti des riches, des banques et de la finance mais plus largement celui du système monétaire et de Largent (donc du capitalisme, de l’inégalité, de l’individualisme et du mondialisme), et que celui de la Révolution est, à l’opposé, celui de l’Égalité (donc d’un système non-monétaire) et de la Patrie. S’interroger sur la façon ou les moyens de mettre en œuvre l’Égalité, c’est-à-dire d’anéantir Largent, est une chose ; mais tirer prétexte de cette difficulté (résolue par le Civisme) pour conserver le système monétaire, l’inégalité, le capitalisme et tout ce qui va avec, en est une autre. On n’est pas un révolutionnaire ou un opposant sérieux au système quand on n’en remet pas en cause la base et que, de fait, on tourne en rond à l’intérieur.

 

Pas de national sans social ;
Pas de social sans Égalité ;
Pas d’Égalité sous Largent.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux

1er avril 2017

Largent et la seule Révolution.jpg

08:32 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 26 mars 2017

TURREAU - PLAN ET CORRESPONDANCE (Révolution - Guerre de Vendée)

Pour apporter au débat sur la "guerre de Vendée", et surtout pour qu'il ne tourne pas à vide, j'ai extrait de mon ouvrage "La Guerre de l'Ouest, dite de Vendée" la partie concernant le général en chef Turreau, qui contient notamment sa correspondance avec le Comité de salut public et le ministre de la Guerre, ainsi, évidemment, que les lettres du Comité au général, qui ne sont qu'au nombre de... deux.

Je livre ces documents sans commentaires... Ils parlent d'eux-mêmes.

En espérant que ceux qui ont un avis sur la question prendront le temps de lire les documents qui devraient la fonder...

Pour ouvrir le fichier, cliquez sur le lien ci-dessous

TURREAU - PLAN ET CORRESPONDANCE

Guerre de l'Ouest - couv verso présentation.jpg

10:14 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 05 septembre 2016

ROBESPIERRE & L’ÉCONOMIE

Un ami m’a demandé mon avis sur un passage surprenant de la récente biographie de Robespierre de Cécile Obligi, « Robespierre, la probité révoltante », que je n’ai personnellement pas lu. Il y est question de ses positions en matière économique, qu’il a surtout exposées dans un discours du 2 décembre 1792 à propos des subsistances.

Voici tout d’abord le passage en question :

« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. […] On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. » (p. 95)  

Avant de donner mon opinion, et pour la comprendre, je dois d’abord préciser « d’où je parle ». Je suis l’auteur d’une théorie appelée « le Civisme » expliquant comment une Société peut et doit fonctionner sans monnaie, sans unité de valeur marchande. Cette théorie part du Principe que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits. Les Citoyens ont des droits, dont celui d’accéder librement au marché, parce qu’ils sont Citoyens ; et ils sont Citoyens, parce qu’ils participent à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation. Dans la Cité, c’est donc la Citoyenneté (qui se mérite en permanence) qui confère aux Citoyens, à tous les Citoyens, le droit d’accéder librement au marché, droit d’accès qui passe aujourd’hui par la monnaie, porteuse de limites et vectrice d’inégalités. Pour que les Citoyens puissent faire valoir leur Citoyenneté auprès des commerçants (et retirer du marcher ce qu’ils désirent), il suffit qu’ils soient dotés par la Cité d’un moyen de l’attester, par exemple, une carte à puce. Dès lors, il n’y a plus de monnaie, les choses n’ont plus de prix, plus de valeur marchande ; ce que le Civisme appelle « Largent », c’est-à-dire, au sens strict, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, est anéanti, supplanté par l’Égalité. Tels sont, selon moi, les Principes de l’ordre social et la façon de les appliquer.

Cette théorie suppose deux conditions : l’industrialisation, donc la capacité de produire en masse et de répondre à une Demande importante ; et l’informatisation, soit la capacité de faire facilement ce à quoi une administration même monstrueuse ne parviendrait pas. Sans ces deux conditions, réunies aujourd’hui, cette théorie de la Cité est inapplicable et, partant, impensable. Et c’est l’impossibilité, pour Robespierre, d’aller aussi loin, qui explique, à mon sens, ses limites et ses contradictions. Il voulait de toutes ses forces l’Égalité, mais dans le cadre d’un système monétaire qui ne la permet pas (ce dont il eut l’intuition : « Quand leur intérêt [celui des riches et du gouvernement] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » notes, juin 1793), un système qu’il ne pouvait ni contester ni analyser correctement, encore moins renverser, et auquel il fut donc obligé d’adapter sa pensée. Il visait un absolu, tout en validant, sans même y penser, la monnaie qui incarne l’exact opposé (matérialisme, individualisme, inégalité, oligarchie), et en faisant, sans s’en rendre compte, des concessions à Largent. Il refusait instinctivement la logique monétaire (capitaliste) sans pouvoir aller au bout de la logique sociale (d’où son adhésion à la théorie aussi fameuse que fumeuse du « droit naturel », qu’il compensait toutefois par un bon sens qui manque à beaucoup aujourd’hui). Il ne sacrifiait pas délibérément, comme beaucoup d’autres, les Principes à Largent, mais il les dénaturait inconsciemment à cause de lui. Ainsi, il parlait d’Égalité, mais cherchait surtout à limiter la casse et ne prônait, au final, que moins d’inégalités, via des impôts progressifs, des aides, un contrôle des prix, etc. Son mérite est d’avoir cédé le moins possible à Largent et soutenu les Principes au-delà du raisonnable dans le contexte qui était le sien, d’où le côté à la fois sublime et utopique de son discours. Il était au-dessus de son temps. Ceux qui tiennent encore le même discours que lui aujourd’hui sont en dessous du leur ; ceux qui l’accablent ne lui arrivent pas à la cheville.

A la lueur de ces explications, la position de Robespierre sur l’économie en général et les subsistances en particulier devient claire, et l’interprétation qu’en livre Cécile Obligi apparaît aussi creuse qu’erronée.

Tout d’abord, quelle était sa position ? Elle tient dans le paragraphe suivant (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :

« Quel est le premier objet de la société ? c’est de maintenir les droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là. [...] Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. Il n’y a que l’excédent qui soit une propriété individuelle, et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants. Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide. [Le négociant peut bien garder, dans ses magasins, les marchandises que le luxe et la vanité convoitent jusqu’à ce qu’il trouve le moment de les vendre au plus haut prix possible ; mais nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de bled, à côté de son semblable qui meurt de faim.] »

Il n’est pas inutile de signaler ici sa conception de la propriété, exposée dans les articles 6 à 9 de sa Déclaration des droits :

« La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. — Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. — Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. — Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. » (21 avril 1793)

Les trois articles suivants, 10 à 12, sont également intéressants pour notre sujet :

« La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. — Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire, sont une dette de celui qui possède le superflu. Il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. — Les citoyens, dont les revenus n’excèdent point ce qui est nécessaire à leur subsistance, sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques ; les autres doivent les supporter progressivement selon l’étendue de leur fortune. »

D’après lui, les vices des théories économiques, dites « libérales », reposaient sur deux erreurs (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :

« 1° Les auteurs de la théorie n’ont considéré les denrées les plus nécessaires à la vie que comme une marchandise ordinaire, et n’ont mis aucune différence entre le commerce du bled, par exemple, et celui de l’indigo ; ils ont plus disserté sur le commerce des grains que sur la subsistance du peuple ; et faute d’avoir fait entrer cette donnée dans leurs calculs, ils ont fait une fausse application des principes évidents en général ; c’est ce mélange de vrai et de faux qui a donné quelque chose de spécieux à un système erroné.

» 2° Ils l’ont bien moins encore adapté aux circonstances orageuses que les révolutions amènent ; et leur vague théorie fût-elle bonne dans les temps ordinaires, ne trouverait aucune application aux mesures instantanées que les moments de crise peuvent exiger de nous. Ils ont compté pour beaucoup les profits des négociants ou des propriétaires, et la vie des hommes à peu près pour rien. Eh pourquoi ! c’étaient des grands, les ministres, les riches qui écrivaient, qui gouvernaient ; si ç’eût été le peuple, il est probable que ce système aurait reçu quelques modifications ! » (Discours sur les subsistances)

Il reconnaissait le droit de propriété et se déclarait favorable à la liberté du commerce, plus exactement à la libre CIRCULATION des marchandises. Ce n’était pas un communiste, un collectiviste et ne le serait pas devenu (« L’égalité des biens est essentiellement impossible dans la société civile ; elle suppose nécessairement la communauté qui est encore plus visiblement chimérique parmi nous, comme s’il était un seul homme doué de quelque industrie dont l’intérêt personnel ne fût pas contrarié par ce projet extravagant. » 7 juin 1792). Mais il n’était pas non plus un « libéral », c’est-à-dire un partisan de la Propriété sacrée et de la liberté illimitée du commerce que les riches invoquaient pour ACCAPARER, pour spéculer et s’enrichir en affamant le peuple sans que l’État n’intervienne, sauf pour mâter les révoltes.

« Comment donc a-t-on pu prétendre que toute espèce de gêne, ou plutôt que toute règle sur la vente du bled était une atteinte à la propriété, et déguiser ce système barbare sous le nom spécieux de la liberté du commerce ? […] Que la circulation dans toute l’étendue de la république soit protégée ; mais que l’on prenne les précautions nécessaires pour que la circulation ait lieu. C’est précisément du défaut de circulation que je me plains. Car le fléau du peuple, la source de la disette, ce sont les obstacles mis à la circulation, sous le prétexte de la rendre illimitée. La subsistance publique circule-t-elle lorsque des spéculateurs avides la retiennent entassée dans leurs greniers ? Circule-t-elle lorsqu’elle est accumulée dans les mains d’un petit nombre de millionnaires qui l’enlèvent au commerce pour la rendre plus précieuse et plus rare ; qui calculent froidement combien de familles doivent périr avant que la denrée ait atteint le temps fixé par leur atroce avarice ? […] Je vous dénonce les assassins du peuple, et vous répondez : laissez les faire. Dans ce système, tout est contre la société ; tout est en faveur des marchands de grains. [...] Tel est le degré de perfection auquel cette théorie a été portée, qu’il est presque établi que les accapareurs sont impeccables ; que les monopoleurs sont les bienfaits de l’humanité ; que, dans les querelles qui s’élèvent entre eux et le peuple, c’est le peuple qui a toujours tort. » (Discours sur les subsistances)

Robespierre était donc pour la libre circulation des marchandises, au vrai sens du terme, et non à la façon de « libéraux » pour qui la « liberté » n’était qu’un attrape-nigaud. En conséquence, il proposait : 1) « de prendre les précautions nécessaires pour constater la quantité de grain qu’a produite chaque contrée, et celle que chaque propriétaire ou cultivateur a récoltée. » 2), de « forcer les marchands de grains à les vendre au marché, et à défendre tout transport des achats durant la nuit ».

On était en décembre 1792. Le peuple était agité par la pénurie alimentaire. Il réclamait la taxation des denrées de première nécessité et des mesures contre l’accaparement. Le 19 novembre, Roland, ministre de l’Intérieur, avait déclaré : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire ». Robespierre, lui, demandait des mesures pour obliger les producteurs à alimenter les marchés (chose pratiquée sous l’ancien régime), autrement dit des mesures contre l’accaparement. En 1793, il soutint la taxation.

 

Mon analyse est que Robespierre abordait la question des subsistances, de l’économie en général et, en fait, tous les sujets d’un point de vue politique. « Tout est politique. » Par « politique », je ne parle pas de politique politicienne, mais des Principes de l’ordre social qui doivent régir la cité (polis). Il posait le Principe, ou ce qu’il considérait comme tel, et en tirait les conséquences pratiques.   

« Qu’il [le peuple] juge entre nous et nos ennemis, qu’il juge entre l’humanité et ses oppresseurs. Tantôt ils feignent de croire que nous n’agitons que des questions abstraites, que de vains systèmes politiques ; comme si les premiers principes de la morale, et les plus chers intérêts des peuples n’étaient que des chimères absurdes et de frivoles sujets de dispute. » (Le Défenseur de la Constitution, n° 4, 7 juin 1792)

« Quel est le but de la constitution ? C’est le bonheur des hommes, et par conséquent la conservation de leurs droits, de leur sûreté, de leur liberté, de leur propriété ; il faut donc avant d’instituer un gouvernement, bien déterminer et la nature et l’étendue des droits, dont la conservation est l’objet du gouvernement ; proposer de commencer par le gouvernement, c’est ne rien proposer, ou proposer la conséquence avant le principe. [...] Remarquez bien, citoyens, que le seul moyen de faire bien et même de faire vite cette constitution, c’est d’en établir d’abord les bases ; car, s’il n’est pas de principes posés, comment voulez-vous qu’on s’accorde sur les conséquences ? » (Convention, 15 avril 1793)

Sa démarche était à l’évidence la meilleur qui soit. Tout le problème est que, pour les raisons que j’ai expliquées, les Principes de Robespierre étaient soit faux, quoique ceux d’un homme honnête et généreux, soit corrects, et dès lors contraires à la force des choses du système monétaire. Le système monétaire est un Monopoly grandeur nature. Largent y règne. Soit on l’accepte totalement, soit on en sort radicalement (Cf. le Civisme). Entre le deux, on ne peut que bricoler, c’est-à-dire recourir à des astuces pour s’opposer à Largent, jusqu’à ce qu’il reprenne le dessus. (Chassez le naturel, il revient au galop.) C’est ce que fit Robespierre qui ne pouvait pas faire autre chose en son temps. N’étant pas démagogue, il admettait que de larges pans de l’économie soient abandonnés à Largent, système monétaire oblige ! ; mais, en tant qu’humaniste, il voulait que les besoins vitaux des hommes, de ses semblables, de ses concitoyens, soient assurés, que certains produits échappent donc à son emprise. Noble pensée ! Vœu pieux ! Comme le dit Saint-Just : « Ce qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tomber ».

Robespierre a vu les erreurs des autres ; je vais indiquer les siennes. Il part du principe que la société a pour but de garantir le droit d’exister, c’est-à-dire de ne pas mourir de faim. Non ! Elle a pour but de garantir à tous ses citoyens la jouissance de tous les bienfaits dont elle est susceptible grâce à eux, grâce aux devoirs qu’ils remplissent envers elle. Le but de la société ainsi défini est bien plus large que le « droit à l’existence » ; il embrasse tout ; il est la logique sociale absolue. A côté, le « droit à l’existence » est ridicule ; il se veut social mais se place aussitôt sur le plan humain, comme pour en imposer ; il réduit le citoyen à un individu (logique monétaire), et ses droits à quelques besoins. On dirait la supplique d’un vaincu ! C’est en soi une capitulation face à Largent ! Une révolution sur de telles bases est perdue d’avance. Robespierre a d’ailleurs senti très vite que ses efforts seraient vains et qu’il laisserait sa vie dans l’aventure.

La deuxième erreur, la distinction entre les biens, découle de la première. Robespierre déclare que tout ce qui est indispensable pour conserver la vie est une propriété commune à la société entière et que seul l’excédent est une propriété individuelle abandonnée à l’industrie des commerçants. Or tous les fruits des devoirs des citoyens, donc tous les produits, font partie du produit commun et des bienfaits de la cité auxquels tous les citoyens ont droit, auxquels la citoyenneté donne à tous le droit d’accéder. Pourquoi établir une distinction entre les produits, dont les uns, généralement produits par des pauvres, ne seraient généralement accessibles qu’aux riches, sinon parce que l’on ne conçoit pas un ordre des choses autre que monétaire dans lequel il y a en effet des riches et des pauvres qui, par la monnaie, ont un inégal droit d’accès au marché ? Là encore, Robespierre se soumettait à Largent en croyant s’y opposer ; il pensait contrarier le système monétaire à la marge mais le validait globalement, inconsciemment… comme tout le monde.

Qu’en dit Cécile Obligi ? Reprenons point par point.

« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. »

Si ! la position de Robespierre est limpide : il était le « cul entre deux chaises ». D’un côté Largent, auquel il ne pouvait pas échapper ; de l’autre l’Égalité, qu’il ne pouvait atteindre et réclamait néanmoins a minima. Il ne pouvait rien proposer de mieux dans le cadre du système monétaire. Moins, il se serait rallié entièrement à Largent et aurait été un capitalo-libéral ; plus, il serait tombé dans des conceptions chimériques — séduisantes de prime abord, tyranniques et désastreuses au final — et se serait éloigné encore de l’Égalité, sous prétexte de s’en rapprocher. Et il avait conscience de ces deux écueils, contrairement à beaucoup qui sautent à pieds joints dans l’un ou l’autre et donnent malgré tout des leçons. Il serait d’ailleurs intéressant de connaître les idées économiques et politiques de Cécile Obligi.

« Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. »

Pas du tout ! Robespierre savait qu’une coercition générale est vaine, impossible sinon désastreuse, et que la règle du jeu normale, dans un système monétaire, est la course au profit. Il le déplorait, mais il ne cherchait pas à empêcher ce qui ne pouvait l’être. Cette résignation était loin de faire de lui un partisan du libéralisme, c’est-à-dire du capitalo-libéralisme en réalité, c’est-à-dire de Largent roi, comme l’étaient en effet la plupart de ses collègues. D’autant plus que, par une incohérence dictée par son humanisme, il voulait malgré tout forcer les choses pour assurer à ses semblables la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, compromise par ce système. Le cœur prenait alors, chez lui, le pas sur la raison. Et une fois son parti pris, une fois le juste établi à ses yeux, il le soutenait avec passion, fut-ce seul contre tous. Aucune trace de réticence dans les combats qu’il décidait d’engager après mûre réflexion. Le drame est qu’il ait voulu le bien commun dans un monde monétaire, intrinsèquement individualiste et inégalitaire, et à une époque où Largent, ne pouvant être anéanti, accédait même au trône. La résistance, aussi légitime qu’elle ait été, ne pouvait être que morale, symbolique, désespérée, incohérente, farouche parfois, et vouée à l’échec. Quoi qu’il en soit, il y avait entre le libéralisme de Robespierre et celui des « libéraux » autant de ressemblance qu’entre la nuit et le jour.

« Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. »

Robespierre ne voulait pas tout réglementer, mais il était pour un minimum de réglementation, afin de contrer les effets les plus cruels de Largent. (Modération qui suffisait aux « libéraux » pour ne pas le reconnaître comme un des leurs, preuve supplémentaire qu’il n’en était pas un.) Certes !, aucune digue ne peut contenir Largent qui, tel un fleuve en furie, renverse tous les obstacles dressés contre lui. Mais que les hommes cherchent à s’en protéger (ou à protéger leurs semblables), par des moyens nécessairement dérisoires, est légitime à défaut d’être efficace. Et un homme qui se dresse avec passion contre le torrent des injustices est bien plus courageux, bien plus généreux, bien plus admirable que ceux qui se laissent emporter par le courant ou ceux auxquels Largent tient lieu de raison. Car, s’il est dans l’ordre des choses que le système monétaire soit régi par les lois de Largent, si le capitalo-libéralisme est le régime économique le plus naturel sous Largent, se soumettre à Largent n’est pas pour autant un signe d’intelligence ; cela relève plus de l’égoïsme, de la lâcheté, de l’inhumanité et de l’inconséquence. Car c’est oublier que Largent a sa logique propre, qu’il ne sert que lui-même et qu’il pousse le monde à la ruine, ce dont personne ne profitera au final. Viendra un moment où les hommes auront à choisir entre eux et lui, et où ils ne pourront se sauver qu’en formant Société, en retrouvant le sens de l’Égalité. Les « capitalistes » ne seront alors d’aucun secours. Un Robespierre aura bien plus de choses à nous apprendre. S’il a prit trop tôt le parti des hommes et des Principes, c’est-à-dire en un temps où il ne pouvait rien pour eux face à Largent, s’il a fait ce qu’un homme devait néanmoins faire, il encourt bien sûr des critiques mais ne mérite aucune « accusation ». Qui sont donc, pour « accuser », les hommes au cœur de pierre ? Qui est le monstre : celui qui veut empêcher Largent (les riches) de dévorer ses concitoyens ou celui qui laisse faire, parce qu’il veut lui aussi sa livre de chair, et ne rougit pas de peindre le premier comme un criminel ? Les accusations en disent souvent plus sur les accusateurs ! Robespierre peut s’honorer de celle-là. Et il est bien maladroit de la part de Cécile Obligi de présenter comme une calomnie ce qui est la pure vérité. Robespierre n’avait pas de théorie figée ; il était pragmatique et modéré (il rejetait les excès en toute chose) ; mais il désirait bien que la loi et la puissance publique interviennent. S’il s’interrogeait sur la façon, il n’était pas contre le principe. Le reconnaître n’est pas l’accabler ; le nier n’est pas le défendre.

« On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. »

Oui, Robespierre était tiraillé, il ne savait pas sur quel pied danser. Mais ce n’est pas au « libéralisme économique » qu’il ne voulait pas renoncer : c’est au système monétaire qu’il ne pouvait pas échapper, de sorte qu’il jonglait avec les lois de Largent, d’un côté, et les Principes de l’ordre social, de l’autre. S’il avait fait abstraction des premières, il aurait été un insensé ; s’il avait méprisé les seconds, il aurait été un sophiste.

« Toute institution qui tend à augmenter l’inégalité des fortunes est mauvaise et contraire au bonheur social. Je sais bien qu’il est impossible d’établir une égalité parfaite dans les portions et que mille causes différentes doivent nécessairement la déranger plus ou moins, mais je dis que le but des lois doit être de la maintenir autant que la nature des choses le permet, et qu’elles violent tous les principes de la raison lorsqu’elles s’efforcent elles-mêmes de la troubler. L’égalité est la source de tous les biens : l’extrême inégalité est la source de tous les maux. » (Sur l’inégalité dans les successions, 5 avril 1792)

« Nous voulons l’égalité des droits parce que sans elle, il n’est ni liberté, ni bonheur social. Quant à la fortune, dès qu’une fois la société a rempli l’obligation d’assurer à ses membres le nécessaire et la subsistance, par le travail, ce ne sont pas les citoyens que l’opulence n’a pas déjà corrompus, ce ne sont pas les amis de la liberté qui la désirent. » (Le Défenseur de la Constitution, 7 juin 1792)

Comment qualifier Robespierre ? Ce n’était assurément pas un libéral, du moins à la façon des capitalo-libéraux. Ce n’était pas non plus un communiste avant l’heure, ni un précurseur du communisme, puisqu’il sentait les dangers du collectivisme. Il aspirait simplement à la démocratie véritable (des lois faites avec le concourt du peuple et approuvées par lui) et à ce que nous appelons « l’état providence » : c’était un patriote, un « socialiste » au sens historique du terme, et non un de ces adeptes de ce que le socialisme est devenu. Robespierre se serait-il reconnu dans le socialisme actuel ? Je ne crois pas. Je pense que ses principes et l’expérience l’auraient conduit au Civisme, soit à l’imaginer, soit à le rallier ; qu’il serait pour le moins resté sur une ligne sociale et nationale. Mais ce n’est toutefois pas par hasard si le socialisme a dérivé jusqu’à n’être plus qu’une caution du capitalisme. Nous avons vu, avec l’exemple de Robespierre, que le « socialisme » des origines s’opposait au capitalisme sans remettre en cause le système monétaire, la monnaie et Largent ; qu’il était donc lui-même intrinsèquement capitaliste. Il est vrai qu’il n’y avait pas alors moyen de faire autrement puisqu’il n’y avait pas la possibilité technique de dépasser la monnaie et d’anéantir Largent. Il fallait faire avec bon gré mal gré. Mais entre le social au rabais et Largent tout puissant, c’est toujours Largent qui l’emporte. Arriva donc un moment où le « parti socialiste », représentant officiel du socialisme, fut dans l’impasse et muta pour survivre. Il se convertit alors au capitalisme mais en mettant l’accent sur l’humain pour conserver une image de « gauche », c’est-à-dire en sacrifiant le citoyen à la logique individualiste typiquement capitaliste. C’est ainsi que, d’une ligne traditionnellement patriotique et sociale, le parti socialiste, et plus largement « la gauche », a basculé dans le sociétal et l’antinational (droits-de-l’hommisme, féminisme, jeunisme, modernisme, festivisme, sans-frontiérisme, antiracisme, immigrationnisme, multiculturalisme, européisme, etc.), apportant au mondialisme de droite le renfort d’un universalisme frelaté soi-disant de « gauche ». Elle a adopté avec avidité tout ce qui fait le malheur du peuple et le bonheur du patronat.

Toute la question est de savoir si Robespierre aurait lui aussi pris ce tournant. Jamais ! Les notions de nation, peuple, patrie, démocratie, République, égalité et liberté étaient trop intimement liées dans son esprit pour qu’il renonce à une seule sans voir qu’il les trahissait toutes, sans comprendre qu’il se reniait lui-même et devenait à son tour un ennemi du peuple. « Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom », avait-il lancé du haut de la tribune de la Convention, le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), dans son ultime discours. Renoncer à défendre le peuple et la France, rejoindre le parti de l’Étranger et du capital, Robespierre a dit et prouvé que la mort lui serait plus douce qu’une telle apostasie.

19:38 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 04 mars 2016

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11:09 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 27 février 2016

GÉNÉRAL TURREAU vs COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Tous les documents qui suivent, absolument authentiques, sont tirés de « guerres des Vendéens et des Chouans » de Jean-Julien Savary (qui contient toutes les lettres des généraux impliqués dans cette guerre, sorte d’équivalent du travail d’Alphonse Aulard sur les actes du Comité de salut public), disponibles sur Internet (lien plus bas). Ils sont, à mon sens, la réponse définitive à l’affirmation récurrente selon laquelle le général en chef Turreau n’aurait fait qu’exécuter un plan conçu ou approuvé par le Comité de salut public, lequel aurait même projeté d’exterminer toute la population de la région (aux pourtours fluctuants), baptisée « vendée militaire » (à cheval entre les départements de la Vendée, de la Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres).

Je livre ces documents à votre jugement, me permettant toutefois quelques commentaires par-ci par-là. J’apprécierais que ceux qui auront pris la peine de les lire me fassent part, dans les commentaires, de leurs propres conclusions.


13 janvier 1794. — Lettre du Comité de salut public (sans précision) au général en chef Turreau :

« Nous avons reçu ta dépêche du 11, datée d'Angers par laquelle tu nous proposes tes observations sur le retour que nous avions ordonné [le 4 janvier] de plusieurs bataillons de la Charente. — Le comité ne s'est déterminé à cette mesure, que par des considérations de la plus haute importance, et tu n'aurais pas dû te permettre de suspendre, au mépris de la loi, l'exécution de cet arrêté car ce sont les infractions de ce genre qui ont occasionné la plupart des revers qui ont affligé la république. Ton armée est considérable, TU N’AS PLUS QU’UN TRÈS PETIT NOYAU À COMBATTRE, et tu parais vouloir cantonner une partie de tes troupes. Il semblerait, d'après cela que les bataillons de la Charente, qui, au rapport des députés de ce département, sont dans le dénuement le plus absolu, sans armes, presque désorganisés, et qui font partie de la réquisition prescrite par la loi du 12 août, ne te sont pas absolument nécessaires et qu'il serait indispensable, pour en tirer parti, de les laisser aller chez eux quelque temps se vêtir et s'organiser. Cependant, sur tes observations, nous nous décidons à suspendre l'exécution de notre arrêté. Hâte-toi du moins d'exterminer le dernier des brigands. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 37)

Commentaire.

1) Cette lettre était la première lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef de l’armée de l’Ouest. — Turreau, envoyé de la Vendée à l’armée des Pyrénées-Occidentales pour y prendre le commandement en chef, avait été chassé de cette armée par les représentants en mission sur place. Le 4 novembre, à sa demande, le Ministre de la guerre l’avait retiré de cette armée, et, le 22, l’avait nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest, ce que le Comité de salut public n’avait fait que confirmer le 27.

2) Début janvier, le général Kléber, alors à Nantes et qui commandait la division du Nord, estimait les rebelles à environ 6.200 hommes, la plupart sur la rive gauche de la Sèvre, à la frontière entre la Vendée et la Loire-Inférieure (3.000 sous les ordres de Charette, 2.000 sous ceux de La Cathelinière). C’est sur eux qu’il aurait voulu que porte l’effort principal, et il envisageait une concentration des forces dans ce but. Ce plan correspondait à la tactique que le CSP avait toujours prônée : agir en masse contre les rebelles, les insurgés, les ennemis armés, finir cette guerre au plus vite pour pouvoir envoyer les troupes sur les frontières (voir plus bas au 30 janvier et au 13 février). Kléber avait soumis son plan au général en chef Turreau qui, le 7 janvier, l’avait rejeté. « Ce n’est pas là mon plan… », avait-il déclaré. (Savary, tome III, pp. 22 et 25.)

3) Sous la plume du CSP, le terme brigands ou rebelles désignait les insurgés au vrai sens du terme, les bandes armées qui existaient bel et bien et qui alors ne formaient plus qu’un « très petit noyau ». Ainsi, quand le Comité parle « d’exterminer les brigands » qui ne sont plus qu’un « très petit noyau », il est clair qu’il ne parle pas de la population de ces régions en général (environ 800.000 âmes à l’origine, selon Reynald Secher), mais bien des derniers insurgés.

17 janvier 1794. Le général en chef Turreau arrête ses ordres (voir à la fin, le commentaire 3 de la lettre du 23 juillet 1794).

19 janvier 1794. — Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« Vous êtes sans doute étonnés que l’Armée de l’Ouest soit encore en pleine activité contre les rebelles de la Vendée dont on vous a annoncé tant de fois l’entier anéantissement. Ils n’existeraient plus effectivement si l’exécution DU PLAN QUE J’AVAIS CONÇU n’eut été entravée et retardée par des ordres contraires. En voici l’analyse : vous jugerez vous-mêmes citoyens représentants que j’ai été dans l’impossibilité d’exécuter plutôt le plan que j’exécute aujourd’hui. — Les différents rapports qui m’ont été faits après la victoire du Mans de la force des rebelles placés sur la rive droite de la Loire m’avaient convaincu que la division détachée de l’Armée du Nord était inutile de ce côte-là et que je devais l’employer dans le sein de la Vendée où des rassemblements alors considérables sous les ordres de La Rochejaquelein, Stofflet, Charette etc. enfin du fameux d’Elbée, qui depuis est tombé en notre pouvoir [à Noirmoutier, Ndla] pouvaient recommencer une guerre sérieuse, balancer nos succès et compromettre peut-être encore longtemps la tranquillité de cette partie de la République. Je donnai ordre en conséquence à la division du Nord alors à Alençon de se porter à Angers lorsqu’un ordre contraire et postérieur au mien du général divisionnaire Marceau lui fit prendre la route de Rennes. Je la ramène à Nantes et la quitte momentanément pour l’expédition de Noirmoutier [où Turreau arriva après la bataille. Ndla]. A mon retour, je la trouve morcelée par l’ordre du représentant Carrier qui avait détaché environ trois mille hommes que je n’ai pu encore réunir. Cependant j’entre dans la Vendée et j’y commence l’opération QUE J’AVAIS PROJETÉE MÊME AVANT D’ÊTRE GÉNÉRAL EN CHEF. — Douze colonnes parties de différents points et embrassant seize lieues de pays marchant toujours à la même hauteur et ayant toutes les facilités pour se secourir mutuellement entrent dans la Vendée et poussent l’ennemi du coté de la mer. Haxo et Dutruy placés sur les côtes avec des forces suffisantes les poussent également sur moi ; de manière que si les ordres que j’ai donnés sont strictement exécutés, il me paraît impossible qu’ils ne soient pas entièrement cernés. Chaque chef de colonne a son instruction particulière ; tous ont l’ordre d’incendier les villages, métairies, forêts etc., mesure que j’ai cru indispensable et que vous-mêmes citoyens représentants vous avez indiquée dans votre arrêté du mois d’août (vieux style). J’ai excepté cependant de l’incendie général quelques villes ou bourgs dont l’existence est absolument nécessaire pour y placer des garnisons. Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) après quoi j’aurai au moins douze mille hommes de bonnes troupes dont on pourra disposer pour une autre armée ; le reste me suffira pour assurer la défense de la partie des côtes confiées à mon commandement et pour contenir le pays. […] » (Savary, tome III, p. 48)

Commentaires :

1) Turreau prétend appliquer l’arrêté du Comité décrété le 1er août 1793. Ainsi, son plan ne serait jamais que l’exécution des ordres de la Convention. Mais, en janvier 1794, la situation n’est plus celle de l’été 1793. Les rebelles ont été vaincus à Cholet et écrasés lors de la virée de Galerne. Les civils républicains qui avaient fui sont revenus et contrôlent de nouveau l’essentiel de ce que l’on appelle « la Vendée militaire », en particulier la partie Est. Or c’est précisément sur cette partie que Turreau va lancer ses colonnes dont les atrocités vont rallumer la guerre.

2) Cette lettre prouve non seulement que le plan des colonnes était bien celui de Turreau seul, mais encore qu’il l’avait imaginé, comme il le déclare, bien avant d’avoir le commandement de l’armée de l’Ouest. Il revendiquera la paternité du plan qu’il exécutait dans quasiment toutes ses lettres au Comité de salut public. Il suffit de les lire pour n’en pas douter. Un spécialiste de la guerre de l’Ouest ne peut ignorer ces documents et, par conséquent, soutenir, sans mentir, que le plan des colonnes infernales était celui du Comité. Certains sont cependant d’assez mauvaise foi pour le faire, et les dissimuler, cherchant ainsi à discréditer le Comité, Robespierre et la République… et, à cette fin, ils utilisent la lettre ou un extrait de la lettre du Comité (Carnot) au général Turreau du 6 février 1794 (voir plus bas).

24 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« J’ai commencé l’exécution du plan que J'AVAIS CONÇU de traverser la Vendée sur douze colonnes. [...] » (Savary, tome III, p. 74)

30 janvier 1794. — Rapport de Carnot au Comité de salut public sur « le système général des opérations militaires de la campagne prochaine ». Après avoir passé toutes les armées en revue, il indique, concernant les opérations à l’Ouest :

« […] Il reste à parler des opérations que doivent faire les armées de l’Ouest, des côtes de Brest et des côtes de Cherbourg, qu’on peut regarder comme n’en faisant qu’une. — Ces armées ont trois objets à remplir, 1° finir la guerre de la Vendée ; 2° garder les côtes ; 3° opérer la descente projetée sur les côtes d’Angleterre. — Il faut pour le premier de la cavalerie légère, quelques corps d’infanterie bien en masse et très-peu d’artillerie. [Le général Turreau avait annoncé qu’une promenade militaire de huit ou quinze jours au plus lui suffirait pour terminer la guerre de la Vendée ; de son côté, Rossignol annonçait la destruction prochaine des chouans. Ainsi ces guerres de l’Ouest inquiétaient peu le gouvernement. (Note de Savary.)] — Pour le second, de bonnes garnisons dans les ports et de bons corps-de-garde sur les côtes. — Pour le troisième, les mêmes dispositions que pour le second, avec une flotte nombreuse toujours prête. — Il est à remarquer, au sujet de cette descente [sur Jersey. Ndla] que lors même qu’elle ne pourrait pas s’exécuter cette année les seuls préparatifs tiendraient en échec toutes les forces navales anglaises pendant la campagne, et les empêcheraient de rien tenter de considérable ailleurs. Cet appareil forcerait les Anglais à tenir une armée considérable sur pied, ce qui met leur constitution dans un grand danger, ensuite leurs finances, et les empêche de porter des secours dans les Pays-Bas ; il est donc essentiel de pousser les préparatifs avec toute la vigueur possible, et de se tenir en mesure de profiter de la première occasion pour l’exécuter. — Au système qui vient d’être exposé, il faut joindre quelques règles générales qui ont été prises pour base dans tous les arrêtés du comité de salut public sur les opérations militaires. — Ces règles générales sont d’agir toujours en masse et offensivement ; d’entretenir une discipline sévère et non minutieuse dans les armées ; de tenir toujours les troupes en haleine sans les excéder ; de ne laisser dans les places que ce qui est absolument indispensable pour leur garde ; de faire de fréquentes mutations dans les garnisons et les résidences des états-majors et commandants temporaires pour rompre les trames qui ne manquent pas de se nouer par un trop long séjour dans le même lieu, et d’où procèdent les trahisons qui livrent les défenseurs à l’ennemi ; d’apporter la plus grande vigilance ; d’obliger les officiers-généraux à les visiter eux-mêmes très-fréquemment ; d’engager en toutes occasions le combat à la baïonnette et de poursuivre constamment l’ennemi jusqu’à sa destruction complète. — Il est évident que nous ne pouvons terminer la guerre [étrangère. Ndla] dans cette campagne sans de grandes batailles car, quand par des opérations partielles nous serions venus à bout de détruire la moitié de l’armée ennemie, il lui resterait encore les moyens de nous attaquer de nouveau l’année prochaine, et de prolonger ainsi l’état violent où nous sommes. Il faut donc une campagne des plus offensives, des plus vigoureuses et c’est ce qui a été recommandé, à tous les généraux et surtout à celui de l’armée du Nord, qui doit porter les coups les plus décisifs. » (Savary, tome III, p. 125)

Commentaire :

1) Le Comité (Carnot) dictait la conduite pour mener une guerre, en Vendée comme ailleurs… et ses mesures étaient parfaitement légitimes. A l’Ouest, le souci était de terminer la guerre au plus vite et de mettre les côtes en état de défense contre un coup des Anglais. Il n’est ni question de massacrer tous azimuts ni de réprimer ce genre d’atrocités, car le Comité (qui, le 27 juillet 1793, avait fait décréter la peine de mort pour les soldats pillards et violeurs) n’imaginait pas alors qu’elles puissent être commises, surtout dans les proportions qu’elles prirent sous le commandement de Turreau. Malgré les rumeurs, longtemps il ne sut qui croire sur ce sujet, craignant toujours d’être trompé par les uns ou les autres. Et Turreau n'était pas le dernier à le tromper ! Ses lettres (voir Savary) abordent les choses d'un point de vue strictement militaire, donnent à penser que ses troupes traquent (avec plus ou moins de succès) les rebelles au sens propre... mais jamais il ne signale les horreurs auxquelles elles se livrent. En le lisant, le Comité, qui n'approuve pas sa tactique, pense néanmoins qu'il conduit une guerre alors que nous savons qu'il massacrait tous azimuts.

31 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Croyez que si l’on retirait les forces qui me sont nécessaires pour exécuter le plan que J'AI CONÇU, cette guerre renaîtrait au printemps et le projet des chefs était bien d’employer l’hiver à se reposer. [...] Gardez-vous surtout, citoyens Représentants, de croire que je puisse chercher à prolonger le pouvoir dont vous m’avez investi. L’intérêt public est mon unique but et si tout autre que moi peut être plus utile au poste que j’occupe, je renoncerai sans peine à un grade que je n’ai point demandé et dont je n’ai jamais plus senti les désagréments qu’aujourd’hui. L’éloignement des Représentants en est une des principales causes. J’ai été contraint, dans une opération aussi importante, de tout prendre sur ma responsabilité ; je n’ai pas même eu l’avantage de recevoir votre approbation et je compromettrais la réussite de MON PROJET si j’attendais pour agir que je l’eusse obtenue... Cruelle alternative !... mais qu’importe J’AI FAIT CE QUE J’AI CRU DEVOIR FAIRE ; ma conscience n’a rien à se reprocher et je ne doute point que vous ne rendiez justice à la pureté de mes intentions. […] » (Savary, tome III, p. 111)

6 février 1794. — Lettre du Comité de salut public au général en chef Turreau, en réponse à la lettre ci-dessus :

« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité ont dû t’être transmises par le ministre de la Guerre. Nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. Nous te prescrivons SURTOUT de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes-en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soit entièrement consommée. ENCORE UNE FOIS, recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté (document suivant) propre à seconder tes vues. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 151 ; Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 141)

Commentaires :

1) Cette lettre était la deuxième et la dernière lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef. Quand il lui écrivit de nouveau (je n’ai pas cette lettre, mais peut-être ne lui écrivit-il pas directement, peut-être Turreau n'a-t-il reçu qu'une copie de l'arrêté dont il est question), ce fut pour lui apprendre sa suspension arrêtée le 13 mai et sa nouvelle affectation, près la garnison de Belle-Isle, arrêtée le 20 mai. Ce long silence est étrange, je me l’explique difficilement, mais une chose est sûre : le Comité n’avait pas approuvé la conduite de Turreau, il ne l’a jamais félicité, il a blâmé sa tactique publiquement (12 février) et confidentiellement (13 février), il est longtemps resté dubitatif à son sujet, puis il l’a suspendu. Comme marque enthousiaste d’approbation, on fait mieux !

2) A cette date, le plan de Turreau devait, d’après Turreau lui-même, avoir achevé la guerre (« Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) » Lettre du 19 janvier.), mais il n’avait fait que la rallumer partout, ce à quoi le Comité ne semblait pas s’attendre, puisqu’il prenait des mesures pour un pays « pacifié ».   

3) Le Comité écrivit à Turreau ce jour précis pour lui transmettre l’arrêté qu’il venait de prendre concernant le désarmement, qui était une des dispositions du plan de Turreau. Il s’agissait donc de le seconder sur ce point-là, d’où l’expression « propre à seconder tes vues ». D’où aussi le mot « surtout ».  « Nous te prescrivons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu… » ou « Encore une fois, recueille toutes les armes… » Ainsi, quoi que le Comité ait dit dans cette lettre, c’est sur ce point qu’il voulait que Turreau fixe son attention.   

4) « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. » — Cette phrase, par laquelle commence la lettre, nous apprend que le Comité écrivait peu à Turreau. Comme je l’ai dit, il ne lui écrivit que deux fois, le 13 janvier et ce jour, 6 février. Et le Comité dit qu’il n’a jamais approuvé formellement SES mesures, les mesures de Turreau. En fait, il ne les a jamais approuvées tout court, ni officiellement, ni autrement. Pas plus ici qu’ailleurs ! C’est ce dont se plaint précisément Turreau dans sa dernière lettre.

5) « Elles [tes mesures] lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. » — Le Comité qui n’a alors aucune idée de la situation sur le terrain et des effets de la tactique de Turreau, lui dit que ses mesures (sur le papier) lui PARAISSENT bonnes et pures. Il ne dit pas qu’elles le sont, mais qu’elles lui semblent… (Le terme « pures » est sans doute utilisé en réponse à Turreau qui, dans sa lettre précédente, du 31 janvier, avait protesté de la « pureté de mes intentions » (expression qu’il utilisera à nouveau le 14 février dans une lettre au ministre de la Guerre).) Et il le dit lui-même : il est « éloigné du théâtre des opérations », il ne sait pas ce qu’il se passe réellement, et comme il a été trompé maintes fois, ainsi que la Convention, il attend la réalisation des grands résultats annoncés pour se prononcer. En un mot, il attend de voir… Voilà ce que certains présentent comme une approbation des plans de Turreau ! Voilà la lettre par laquelle certains font même du Comité l’auteur des plans mis en œuvre par Turreau ! Et sans doute qu’à force de répéter que cette lettre le prouve, beaucoup, bien conditionnés, bien suggestionnés, ne croient pas ce qu’ils lisent mais lisent ce qu’ils croient.

6) « Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. » — Ici, je renvoie au commentaire 2 sur la lettre du 13 janvier. J’ajoute que cette expression, de circonstance (c’est la guerre, une guerre à mort), offre encore un moyen à certains d’user et d’abuser du procédé que je viens de signaler. Ils font mine de croire le terme « brigands » désigne, non pas les rebelles armés, mais « tout habitant », et, par conséquent, affirme que le Comité voulait exterminer toute la population… Mais la population de quelle région, de quelle zone exactement ? Jamais cela n’est précisé pour la simple raison que cela n’a jamais été l’idée, qu’aucun document n’en porte le début d’une trace. L’idée était d’écraser les rebelles où qu’ils soient et d’où qu’ils soient. C’était une guerre, une guerre civile, qui a donné lieu à des abus et à des atrocités que nul ne nie, mais ce n’était pas un « génocide », concept qui n’a aucun sens dans le cas présent, mais terme employé à dessein selon le fameux procédé de la « reductio ad hitlerum ».

7) Reynald Secher introduit cette lettre comme suit : « Le Comité de salut public aurait pu se rétracter et opter pour le plan du général Kléber [voir le 2e commentaire sur la lettre du 13 janvier.] qui avançait des mesures d’apaisement « pour se concilier les Vendéens, hommes bons et généreux ». Non seulement il ne le fait pas, mais il donne son aval à Turreau, le 6 février, par l’intermédiaire de Lazare Carnot, membre du Comité de salut public surnommé par le général Danican « le monstre », « le terreur des malheureux Français ». — Chacun jugera…. J'ajoute que c'est à Turreau et non au Comité que Kléber avait envoyé son plan et ses réflexions, conformément à la voie hiérarchique.

6 février 1794. Arrêté du Comité de salut public (Carnot).

« Le Comité de salut public délibérant sur la situation actuelle de la Vendée, arrête : 1° Il sera proposé à la Convention nationale de décréter [ce qu’elle fit le 10 février] que TOUS LES CITOYENS des pays qui ont participé à la révolte de la Vendée et qui ne font point partie des troupes soldées, seront tenus de déposer sous vingt-quatre heures leurs armes à feu, de quelque espèce qu’elles soient, entre les mains des agents nationaux, et ceux-ci entre celles de l’autorité militaire dans l’espace d’une décade. Les citoyens ou agents nationaux réfractaires à cette loi seront punis de mort par une Commission militaire. – 2° Chaque bataillon conservera une seule pièce de canon. On fera placer toutes les autres dans les places fortes. Il sera conservé seulement un quart au plus de l’artillerie légère et de celle de position ; un autre quart sera envoyé sur les derrières de l’armée dans les places fortes, et tout le reste sera envoyé sans délai à l’armée des Pyrénées occidentales. – 3° Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu’à leur entière destruction. Les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie. Les subsistances seront saisies partout et envoyées aux armées et dans les places fortes. Il en sera de même des bestiaux et des chevaux propres au service des troupes et de tout ce qui peut être utile à leur entretien. – 4° Il sera proposé à la Convention nationale de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel [?], par un autre représentant ; Prieur (de la Marne) sera chargé de le remplacer. Le rapport sur la conduite de Westermann sera fait dans le plus court délai. » (In extenso) (Aulard, tome X, p. 724)

Commentaires :

1) L’article 1er de cet arrêté, qui menaçait de mort quiconque (autre que les soldats) ne déposerait pas les armes dans les 24 heures, était-il une façon indirecte de proposer une « amnistie » à tous les citoyens qui avaient porté les armes, de quelque camp qu’ils soient ? Cela avait déjà été proposé le 19 mars 1793 et allait l’être encore le 2 décembre 1794.

2) L’envoi d’une partie de l’artillerie de l’armée de l’Ouest à l’armée des Pyrénées occidentales s’inscrit dans l’obsession du Comité d’employer ailleurs les ressources mobilisées en Vendée. Le 12 avril, il renvoyait à l’armée des Pyrénées occidentales le détachement de 10.000 hommes envoyés en novembre en Vendée. Le 31 mai, considérant la guerre comme à peu près terminée, il envisagea de retirer 25.000 hommes pour les envoyer sur le Rhin, soit un quart de l’effectif (près de la moitié de l’effectif actif), avant de réduire ce retrait à 15.000 hommes (2 juillet).

3) Une rumeur, démentie le 13 février par les représentants Turreau et Francastel (Aulard, XI, p. 126), accusait Westermann d’avoir distribué 30.000 fusils pris aux brigands.

4) Il y avait un monde entre ce que voulait le Comité et ce qui se faisait ou était possible sur le terrain. C’est néanmoins par ses arrêtés, que l’on peut et que l’on doit juger les intentions du Comité en général et de Carnot en particulier, Carnot qui fut le principal décisionnaire dans les affaires de Vendée et le principal interlocuteur des représentants en mission à l’Ouest.

5) Le même jour, Carrier, le bourreau de Nantes, dénoncé à Robespierre par l’agent du Comité Marc-Antoine Jullien, était donc rappelé. Alors je pose la question : Est-il possible que le Comité ait eu en horreur les crimes de Carrier et ait applaudi à ceux de Turreau ?

9 février 1794. Le général en chef Turreau répond à la dernière du CSP :

« [...] Le désarmement s’exécute, les subsistances abondent dans nos magasins ; et, sans la négligence des employés, les intentions du Comité de Salut Public eussent été bien mieux secondées. — J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. Rien ne pourra jamais altérer mon attachement à la cause sacrée que j’ai résolu de défendre jusqu’à la mort. [...] » (Savary, tome III, p. 167)

Commentaires :

1) Reynald Secher commente ainsi : « Turreau, comme il l’écrit, a douté et a eu peur. Il a cru pendant quelques jours que la Convention et le Comité de salut public avaient changé d’avis et donc de plan d’où sa joie manifeste lorsqu’il répond au Comité : « J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. » Turreau n’est pas, contrairement à ce qu’affirment les négationnistes, un élément autonome qui aurait agi de son seul fait, mais un exécutant zélé du Comité de salut public. » — Le le document cité est bien authentique, mais M. Secher n’en est pas moins un affabulateur qui croit en imposer en traitant ses détracteurs de négationnistes comme d’autres abusent de l’épithète « fasciste ». Ce n’est pas parce que Turreau prétend que la lettre du Comité était une approbation, qu’elle en était une. Je vous ai mis cette lettre sous les yeux… Le Comité ne donnait pas d’approbation (il ne l’avait pas fait avant et ne le fit pas davantage après) ; il annonçait rester dans l’expectative. En outre, il est très culotté de citer cette phrase de Turreau et d’en conclure qu’il n’était que l’exécutant du Comité, alors même que Turreau disait encore ici comme partout ailleurs « les mesures que J’AI prises ». Enfin, M. Secher se garde bien de signaler les deux documents suivants (ci-après).

2) Turreau était suffisant, arrogant, pathétique, menteur, barbare et incapable. Il minimisait ses échecs, transformait en victoires sur les rebelles d’abominables massacres de civils, rejetait ses torts sur ses subordonnés, calomniait et cassait les officiers qui le contrariaient, protestait enfin de ses bonnes intentions. Il fallut du temps au Comité pour en revenir. 200 ans plus tard, certains donneurs de leçons sont toujours ses dupes !

3) Un document qui pourrait apporter de l’eau au moulin de M. Secher. Le 14 février, Turreau écrivit au Ministre de la Guerre : « Et l’on disait qu’il n’y avait plus de brigands,…et depuis que je suis entré dans la Vendée, en voila plus de douze mille qui sont exterminés,... et je ne cesse de faire brûler partout et de tuer ces coquins,... et l’on dit que je cherche à prolonger cette guerre et qu’il n’y a que Marceau ou Westermann qui puisse la finir !..... — Je braverai la malveillance, citoyen ministre, quand j’aurai ta confiance et que je serai sûr de n’avoir pas démérité auprès de toi et du Comité de Salut Public. — Tu sais que, SANS AUTORISATION j’ai pris les mesures les plus rigoureuses pour terminer cette guerre affreuse. Le Comité de salut public a bien voulu depuis y donner sa sanction ; mais j’étais tranquille, je me reposais, qu’il me soit permis de le dire, sur la pureté de mes intentions. » (Savary, tome III, p. 199) — Turreau avouait donc lui-même, une fois de plus, que son plan était le sien, qu’il l’avait mis de lui-même à exécution. Quant à l’approbation du Comité….

Le 12 février, au nom du Comité, Barère déclare à la Convention :

« [Le Comité] se reposait surtout, pour les mesures de l’intérieur de la Vendée, sur l’esprit et les termes des décrets qui ordonnent de détruire et d’incendier les repaires des brigands et non pas les fermes et les demeures des bons citoyens. — Il espérait surtout que l’armée de l’Ouest, fidèle aux maximes et aux ordres du gouvernement national, ne disséminerait jamais ses forces, et s’occuperait bien plus de détruire le noyau des rebelles et les rassemblements des brigands qui pouvaient se former de nouveau, que de sacrifier les habitations isolées, les fermes utiles et les villages fidèles ou non dangereux. — Cependant, lorsque le comité, après quelques jours de silence [lettre du Comité à Turreau du 6 février, ci-dessus], a voulu vérifier les faits, et connaître quelle était la véritable exécution donnée à ses arrêtés, quel a été son étonnement de voir des forces morcelées dans la Vendée, des troupes républicaines disséminées sur les divers points de la Vendée [lettre du 11 février aux représentants Bourbotte et Turreau] ; des rassemblements de brigands se reformer, s’organiser et relever une tête insolente ; et la troupe royaliste, éparse et fugitive naguère sous les ordres de La Rochejacquelein, de Stofflet et de Charette, s’ameuter et se grossir de tous les mécontents que la barbare et exagérée exécution des décrets avait formés de nouveau dans un pays qu’il ne fallait plus que désarmer, garnisonner de cavalerie, repeupler d’habitants fidèles, et administrer avec le bras nerveux d’une administration militaire et révolutionnaire ! » (Archives Parlementaires, tome 84, p. 646)

Commentaires :

1) Le Comité qui n’avait pas approuvé le plan de Turreau le blâmait ici ouvertement. Il disait clairement que Turreau avait donné aux décrets un tour barbare et exagéré (qu’ils n’avaient donc pas), qu’il était allé bien au-delà de ce que la Convention et le Comité attendaient d’un général en chef de l’armée de l’Ouest. Encore ne savait-il pas tout des atrocités qui étaient alors perpétrées…

2) Pour une raison qui m’échappe, le Comité prit ce jour la décision de ne plus entretenir la Convention des affaires de la Vendée, comme si elles étaient réglées et que la guerre étrangère devait seule retenir l’attention. Il ne prit pas davantage la décision de suspendre immédiatement Turreau, sans doute parce que, informé par Turreau lui-même, ou plutôt désinformé par lui, il ne mesurait pas l’étendue du désastre en cours. Peut-être faut-il ajouter à cela que l’heure était à la lutte des factions et que (supposition) la destitution de Turreau aurait alors fait prêter au Comité le flanc aux hébertistes.

13 février 1794. Lettre du Comité de salut public au général de division Dembarrere :

« C’est par les mauvaises dispositions des généraux qui commandent les forces de la république dans la Vendée et dans les départements environnants que les débris de l’armée de Charette relèvent une tête insolente, et qui menace les villes de la Vendée et de Maine-et-Loire. Les brigands ont fait des attaques contre de petites colonnes ; on a trop disséminé nos troupes, on a trop divisé les cantonnements. Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes, encore même ils les divisaient en de plus petites parties. Le moyen de ne pas rehausser le courage des brigands avec de pareilles mesures !… — C’est sur toi, général, que le comité repose l’espérance que tu iras sur-le-champ, dès la lettre reçue, à Nantes te concerter avec le général en chef Turreau, voir l’état de toutes les forces, combiner un grand plan ferme et exécutable subitement. Il faut rassembler les forces, réunir les moyens, tuer les brigands au lieu de brûler des fermes, faire punir les fuyards et les lâches, et écraser totalement cette horrible Vendée. — La politique de nos ennemis du dehors et du dedans est d’éterniser la Vendée, d’occuper dans l’intérieur nos forces utiles, de faire diversion à nos travaux maritimes et de tourmenter l’opinion publique. Eh bien, c’est à toi que le comité confie le soin de combiner avec le général Turreau les moyens les plus assurés de tout exterminer dans cette race de brigands. Est-il possible que, lorsque nous battons les diverses troupes de l’Europe, nous nous voyons sans cesse tourmentés par des brigands et des rebelles sans moyens ? Lis, et pars sur-le-champ. La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. — Signé : Barère, Jean-Bon Saint-André, Collot-d’Herbois, Billaud-Varenne. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 194)

Commentaires :

1) « Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes… » « Il faut rassembler les forces, réunir les moyens… » On retrouve ici la critique du plan de Turreau qui avait divisé ses forces (ce qui, au passage, favorisait le système d’exactions) alors que le Comité voulait que l’armée opère en masse. Cette critique maintes fois réitérée prouve à elle seule que le plan mis à exécution par Turreau n’était pas celui du Comité qui jamais non plus ne l’approuva.

2) « écraser totalement cette horrible Vendée ». Il est facile de voir et surtout de transformer ce genre d’expression en proclamation génocidaire. Mais l’expression « Vendée » ne désigne ici ni le département de la Vendée ni ses habitants ; c’était le nom donné à l’insurrection au sud de la Loire et à ce type s’insurrection populaire contre-révolutionnaire. « Écraser la Vendée » signifiait « écraser l’insurrection, les insurgés, les rebelles, les brigands » au sud de la Loire, et non massacrer tout le monde indistinctement, comme le firent trop souvent, malheureusement, les colonnes infernales. (La chouannerie, au nord de la Loire, en Mayenne, était une autre Vendée, et c’est la naissance plus tardive des « Chouans » qui amena à utiliser le terme « Vendéens » pour désigner et distinguer les rebelles du sud de la Loire.)  

3) « tout exterminer dans cette race de brigands » Ici encore, cette expression vague est plus une marque exaspération contre « les brigands », qui déchirent le sein de la patrie et mobilisent des forces utiles ailleurs, que le révélateur d’un projet génocidaire.


4) « La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. » Le Comité voulait en finir le plus vite possible avec la Vendée, que la situation s’apaise le plus vite possible à l’Ouest, pour ne plus avoir à distraire (contre des Français) des moyens militaires précieux pour la défense des frontières. Pour terminer, la Vendée, le Comité ne voyait qu’un moyen : tendre toutes les forces contre les chefs, les enragés, les jusqu’au-boutistes, qui n’étaient qu’une poignée avant que Turreau ne lance ses opérations, et rendre ainsi possible de restaurer le calme et l’ordre. Mais une poignée d’individus suffit à créer un climat d’insécurité et à provoquer l’état d’urgence. Alors quand des atrocités jettent des milliers de citoyens dans l’insurrection, quand la vengeance répond à la barbarie, un cercle infernal s’ouvre et c’est la guerre civile… Le moyen d’y mettre un terme ?

13 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Vous recevrez sous peu, citoyens représentants, un journal de mes opérations depuis que j’ai pénétré dans la Vendée avec douze colonnes agissantes. Vous y verrez les raisons qui m’ont obligé de changer MON PLAN et de réduire le nombre de mes colonnes pour les rendre plus fortes, parce que l’ennemi devenait plus fort lui-même ; vous y verrez que, même en changeant mon plan primitif, la marche n’a pas été moins militaire et révolutionnaire ; vous y verrez, non pas des victoires éclatantes, mais des succès réels et quelques légers échecs. Je vous y dirai enfin toute la vérité, je ne n’en suis jamais écarté. [...] » (Savary, tome III, p. 191)

15 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Je suis toujours MON PLAN, qui est d’avoir deux colonnes agissantes, poursuivant l’ennemi sans relâche, et de forts postes d’observation qui le retiennent dans un cercle étroit. [...] » (Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 151, 19 février 1794 ; ne figure pas dans Savary.)

28 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :

« [...] On peut avoir une mauvaise idée de mes talents militaires ; sans doute, en servant la chose publique, je suis désespéré de la faiblesse de mes moyens ; mais il est affreux pour moi de voir suspecter mon zèle et mes opinions. Environné d’ennemis, de traîtres, d’envieux, d’intrigants, abandonné par les représentants du peuple, alors près de l’armée de l’Ouest, J’OSAI CONCEVOIR UN PROJET HARDI, J’OSAI PRENDRE SUR MOI des mesures révolutionnaires que l’intérêt public nécessitait. [...] » (Savary, tome III, p. 239)

22 mars 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :

« [...] Je n’en finirais pas, citoyen ministre, si je te faisais part de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, des entraves que l’on a mises de toutes parts à l’exécution de MON PLAN, du peu de subordination de la plupart des officiers généraux, accoutumés dans cette armée à délibérer sur les ordres et à agir isolément. J’espère que les représentants du peuple près cette armée m’en feront raison en en destituant quelques-uns, mais il m’en reste fort peu. [...] » (Savary, tome III, p. 307)

SUPPLÉMENT

Je n’ai pas présenté ici tous les documents qui démentent les intentions et le caractère génocidaires de cette guerre. S’il est vrai que certains massacres commis par les colonnes de Turreau peuvent, en braquant le projecteur sur eux, donner lieu à cette accusation, celle-ci ne tient plus dès lors que l’on prend de la hauteur, que l’on a une vue d’ensemble et que l’on connaît les arrêtés du Comité de salut public et des représentants en mission. Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agissait d’une guerre qui pouvait s’avérer extrêmement périlleuse pour la République, laquelle devait donc la gagner coûte que coûte et le plus vite possible… mais que, pour autant, les autorités républicaines n’ordonnèrent jamais un massacre général, d’une part parce qu’il n’y avait ni territoire ni population définis, que cela n’avait donc aucun sens, d’autre part parce les républicains ne sont pas les sanguinaires pour lesquels certains voudraient les faire passer … au contraire, elles essayèrent autant que possible d’éloigner du théâtre de la guerre les populations inoffensives, soit pour qu’elles ne soient pas victimes des rebelles, soit pour qu’elles ne leur viennent pas en aide ou leur servent de bouclier. Le 26 juillet 1793, le Comité de salut public avait ainsi arrêté l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards, sans omettre d’assurer leur subsistance et leur sûreté « avec tous les égards dus à l’humanité ». Cette mesure et les autres contenues dans cet arrêté ne concernaient pas un territoire donné ; il était sous-entendu qu’elles seraient exécutées par l’armée au fur et à mesure de son avance. Cet arrêté fut décrété le 1er août. Mais la victoire de Cholet le 16 et 17 octobre (qui fit croire un moment que cette guerre était finie), suivie par le passage de la Loire par le gros des rebelles, rendirent caduc les dispositions de ce décret. Les républicains locaux qui avaient d’eux-mêmes évacué revinrent. Mais les exactions des colonnes infernales rallumèrent la guerre et, cette fois, les représentants en mission (Garrau, Hentz et Francastel) ordonnèrent l’évacuation des habitants, le 20 février 1794. Le 19 mars, le Comité en prenait acte en ordonnant d’empêcher ces réfugiés d’approcher à moins de 20 lieues de Paris (tome XII, p. 53). Le 27 mars, le Comité arrêtait encore : « Lorsqu’il se fait par vos ordres, citoyens collègues, des émigrations de citoyens de la Vendée, vous devez dans votre sagesse aviser aux moyens de leur assurer, dans les départements où ils passent et où ils arrivent, des moyens de subsistance, et ces moyens, les extraire des départements d’où ils sortent. » (In extenso) (Aulard, tome XII, p. 226) On pourrait multiplier ainsi les documents attestant de manière directe ou indirecte la volonté du Comité de salut public de faire la part des choses, de distinguer les rebelles (les hommes armés) du reste de la population et de ménager autant que possible ce dernier. (Voir L'imposture du génocide vendéen.) Je ne citerai ici qu'un document :

23 juillet 1794. Le Comité de salut public (Carnot) aux représentants près l’armée de l’Ouest, Bo et Ingrand, à Niort :

« Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la Commission militaire séante à l’Île de la Montagne, par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs, fauteurs et instigateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous, au contraire, chers collègues, de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle, et que les scélérats qui ont déchiré les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. Mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours, et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». (Aulard, tome XV, p. 379 ; Archives nationales, carton AF II 269)

Commentaires

1) Les phrases importantes à retenir sont les suivantes : « Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, […] et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. […] nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. » — Il est question ici du sort des prisonniers. Quiconque sait lire et comprend le français, comprend que le Comité demande que les femmes, les enfants, les vieillards et les individus entraînés dans la révolte par la violence ne subissent pas le même sort, c’est-à-dire la mort, que les responsables de la rébellion et les irréductibles ; qu’ils ne soient pas exécutés mais traités de manière juste et humaine. Ceci confirme tout ce que j’ai dit plus haut. Et c’est bien ainsi que les représentants Ingrand et Bo comprirent eux aussi cette lettre, puisque, le 5 août, Ingrand, de Niort, répondit au Comité : « Comme votre lettre [du 23 juillet] prescrit de distinguer l’homme faible et trompé du véritable brigand, nous avons suivi votre vœu dans notre arrêté [du 30 juillet] » (Aulard, tome XV, p. 686) Limpide !

2) J’ai cité ce document parce que M. Secher le cite aussi à l’appui de sa thèse (« Vendée, du génocide au mémoricide », p. 125), en tronquant, comme par hasard, la dernière phrase des derniers mots « objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». Et il introduit cette lettre comme suit : « Lorsque le Comité de salut public, par l’intermédiaire de Carnot, soulève enfin le problème des femmes, des enfants et des vieillards, le 5 thermidor an II (23 juillet 1794), soit cinq jours avant la chute de Robespierre, leur sort [la mort] est confirmé ». (« La mort » n’est pas dans sa phrase, mais c’est ce que le lecteur comprend d’après la phrase précédente.) Après une telle introduction, le lecteur n’arrive plus à lire le texte qu’il a sous les yeux et ne se rend plus compte que la lettre du Comité dit tout autre chose. Je le sais, je m’y suis laissé prendre aussi. Mais, sachant que cette politique suggérée par M. Secher n’était pas celle du Comité, et ne m’expliquant pas ce revirement, j’ai relu cette lettre avec attention. Alors tout s’est éclairé : les intentions du Comité n’avaient pas varié ; les manipulations de M. Secher  non plus.

3) Enfin, pour faire le lien avec le sujet général, nous voyons que la politique du Comité de salut public n’était pas de massacrer à tour de bras, mais au contraire de cibler les véritables rebelles. Et le Comité pouvait croire que, bien que durs, et en effet dans l’esprit du décret du 1er août, les ordres de Turreau visaient aussi et seulement à ce but. Voici ces ordres, datés du 17 janvier (Saumur) :

« [La première partie fixe la zone d’opération de chacune des six colonnes qui seront subdivisées en deux.] On emploiera tous les moyens de découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de là baïonnette ; les villages métairies, bois, landes, genêts, et généralement tout ce qui peut être brûlé seront livrés aux flammes. — Pour faciliter cette opération, on fera précéder chaque colonne par 40 ou 50 pionniers ou travailleurs qui feront les abattis nécessaires dans les bois ou forêts, pour propager l’incendie. — Aucun village ou métairie ne pourra être brûlé qu’on n’en ait auparavant enlevé tous les grains battus ou en gerbes, et généralement tons les objets de subsistance ; et supposant que l’enlèvement de ces objets éprouvât quelque retard, et empêchât qu’on ne brûlât sur-le-champ les villages et métairies qu’on doit incendier, les colonnes les épargneront pour ne pas différer leur marche ; mais quelque chose qui arrive, les chefs de chaque colonne ne pourront se dispenser d’être rendus le 27 janvier au dernier lieu qui leur est indiqué. — Seront exceptés de l’incendie général les communes et bourgs ci-après indiqués : Clisson, Saint-Florent, Montaigu, La Chataigneraie, Sainte-Hermine, Machecoul, Chalonnes, Chantonnay, Saint-Vincent, Cholet, Bressuire, Argenton-le-Peuple, Fontenay-le-Peuple.» (Savary, tome III, p. 42)

Le 19 janvier, le général Cordellier (colonne n° 5) fit délivrer à chacun de ses chefs de corps l’instruction suivante : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l’ait préalablement ordonnée. — Tous les villages, métairies, bois, genets, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l’on aura distrait des lieux qui en sont susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l’aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l’incendie. — Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n’auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d’aller sur les derrières de l’armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l’incendie. Toute espèce d’armes leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l’endroit qui sera indiqué par le général. » (Savary, tome III, p. 56)

Les ordres de Turreau étaient nécessairement terribles, guerre oblige !, et il était normal qu’ils soient étendus, revêtant ainsi les généraux subalternes de pouvoirs immenses, car ces derniers allaient être livrés à eux-mêmes et devaient pouvoir faire face à toutes les situations. (C’est pour la même raison que les représentants en mission étaient revêtus de « pouvoirs illimités ».) Mais on voit, d’après leur répercussion par Cordellier, qu’ils ordonnaient de faire des distinctions dans la population, ce qui fut fait en effet, mais ni partout ni tout le temps. Autrement dit, ces ordres ne présumaient pas la manière dont ils seraient exécutés. Aussi, quand le Comité répondit à Turreau le 6 janvier qu’il attendait de voir ce qu’il allait faire réellement, il pouvait à bon droit croire que, quoique excessifs sur le papier, l’armée appliquerait ces ordres avec discernement, et même craindre qu’elle soit trop en deçà, tant il était habitué aux généraux qui brassaient du vent. Les mêmes ordres exécutés par d’autres généraux, sous un autre commandant en chef, auraient pu l’être de manière très différente, mieux ciblée et moins barbare, comme le souhaitait le Comité (rapport de Barère du 12 février, par exemple), comme le firent d’ailleurs certains généraux (car l’histoire n’a évidemment retenu que les pires). Enfin, disons une dernière fois que le Comité est resté longtemps (et peut-être même toujours) dans l’ignorance de ce qu’il se passait réellement sur le terrain. Nous en savons aujourd’hui plus que lui… On ne peut le juger d’après des informations qu’il n’avait pas, pour des intentions qu’il n’a jamais eues et des ordres qu’il n’a jamais donnés, contrairement aux affirmations de certains.

CONCLUSION :

En 1795, le général Turreau a affirmé qu’il n’avait été que l’instrument passif du Comité. Mais entre ce qu’il a déclaré à une époque où il était convenu que le Comité de salut public et Robespierre en particulier avaient été responsables de tout, et les lettres de Turreau au Comité de salut public, à l’époque des faits, dans lesquelles il revendique hautement la paternité des colonnes « infernales », que croire ? Pour ma part, la réponse est évidente.

Pour moi, la vraie question est la suivante : Pourquoi le Comité, qui n’approuvait pas la tactique de Turreau de diviser les forces, et en a blâmé les résultats sans même connaître l’étendue du drame en cours, ne l’a-t-il pas destitué plus tôt, ou fait condamner pour crimes contre l’humanité (je sais, la notion n’existait pas encore), comme le fut plus tard Carrier ? (Le cas Carrier, rappelé mais non inquiété, soulève la même question.) La réponse est sans doute dans le fait que la situation était alors dramatique et compliquée à tous les niveaux (économique, politique, social, etc.). Le Comité dirigeait la France, une France en guerre contre toute l’Europe, il n’avait pas que la Vendée sur les bras (dont il méconnaissait la réalité) et il était dans un jeu de bascule permanent où le moindre faux pas était la mort assurée.

Retrouvez tous ces documents et des milliers d’autres dans mon ouvrage : « La Guerre de l’Ouest dite de Vendée ».

22:33 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 12 novembre 2014

L'IMPOSTURE DU GENOCIDE VENDEEN (vidéo)

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La guerre dite de Vendée (1793-1795) fut un fratricide. Mais, malgré les horreurs inhérentes à toute guerre civile, jamais la Convention (incarnation de la République) ne perdit son sang froid et n'ordonna l'extermination de la population des régions de l'Ouest. Philippe Landeux — qui vient de sortir un imposant recueil de documents sur la Guerre de l’Ouest — présente une cinquantaine de documents qui démentent formellement toute intention génocidaire de sa part et prouvent, a contrario, que la thèse d'un génocide "vendéen" est une foutaise.

 

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Philippe Landeux

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Culture générale

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Retrouvez ICI les textes de L'imposture du génocide vendéen

 

RÉPONSE À MES DÉTRACTEURS

Je ne vais pas répondre en détail à toutes les inepties que je lis ici ou là de la part de gens qui parfois n’ont manifestement pas regardé la vidéo, qui croient tout savoir parce qu’ils ont gobé le baratin de Reynald Secher et qui exhibent toujours les mêmes documents sans même comprendre qu’ils ne prouvent rien en la matière ou qui, parfois même, prouvent le contraire. Le livre que je viens de sortir « La Guerre de l’Ouest dite de Vendée » contient peut-être un millier de documents, dont tous les arrêtés du Comité et tous les décrets de la Convention. Qui dit mieux ? Dans cette vidéo, je présente une cinquantaine de documents que, pour la plupart, vous ne trouverez évidemment pas chez Secher et qui permettent de relever toutes ses impostures. Ces documents sont de premier ordre (décrets, arrêtés) ; c’est sur des documents de cette nature, mais isolés, tronqués, interprétés, que la thèse du génocide s’appuie. Pourquoi écouter ce que Secher fait dire aux uns, et écarter les documents qui, sans interprétation, disent clairement autre chose ?

Je m’adresse aux gens qui ont des yeux et des oreilles qui ne leur servent pas seulement d’ornement.

Je dis qu’accuser la République révolutionnaire d’avoir ordonné un génocide sur une partie de la population française est particulièrement grave et orienté pour que le sujet soit traité sérieusement, en commençant par définir ce que l’on entend par génocide, ce que, dans le cas présent, je traduis personnellement comme l’extermination ou la volonté d’exterminer la population d’un territoire donné, c’est-à-dire tous les gens qui habitaient là dès avant le début du conflit.

Je dis que les chiffres mêmes de Reynald Secher (117.000 victimes sur une population de 815.000 habitants), qui sont sans doute contestables, mais que j’accepte car il est de toute façon impossible d’établir un bilan exact, disent que, malgré tous les moyens déployés, il n’y a pas eu concrètement de génocide, ce qui est inexplicable si l’on écarte ce qui suit.

Je dis que, puisqu’il n’y a pas eu concrètement de génocide, aussi affreux qu’ait été ce conflit, la République ne peut être accusée d’en avoir commis un que s’il est établi qu’elle a eu l’intention de le commettre.

Je dis que la République était incarnée par la Convention, le Comité de salut public et les représentants en mission pris en masse ou dont les actes ont été validés par la Convention ou le Comité.

Je dis que la République se serait bien passée de cette guerre mais qu’elle n’a pas eu le choix de la faire et qu’elle était en droit de réponde à la guerre par la guerre.

Je dis que l’on ne peut pas faire une guerre sans prendre de mesures militaires, sans ordonner des mouvements de troupes, sans indiquer les cibles, sans provoquer des destructions, et que, sous ce rapport, les mesures adoptées par la Convention et le Comité, visant à gagner la guerre le plus vite possible, à empêcher les exactions et à limiter autant que faire se pourrait les pertes humaines, étaient parfaitement légitimes.

Je dis que la Convention et le Comité, donc la République, ne sont comptables que de leurs intentions, responsables que des ordres qu’ils ont donnés, et pas de l’ensemble des faits qui leur échappaient en partie.

Je dis que des atrocités ne constituent pas en elles-mêmes un génocide.

Je dis qu’il n’y a pas de guerre sans atrocités, mais que ces atrocités commises sur le terrain, quoique sans ordre, voire réprouvées par la Convention, ne permettent pas de contester à la République le droit d’avoir répondu à la guerre par la guerre.

Je dis que tuer l’ennemi est le propre de la guerre ; qu’exterminer des ennemis déclarés et acharnés est le but de toute guerre à mort, comme dans le cas présent.

Je dis que la Convention ne pouvait adopter une politique autre que celle qui fut la sienne et j’attends toujours que ceux qui lui en font un crime nous disent ce qu’elle aurait du faire pour gagner la guerre sans tomber dans les excès.

Je dis que la Convention, le Comité et les représentants en mission (sauf exception) ont toujours fait la distinction entre les rebelles acharnés et le reste de la population (femmes, enfants, vieillard, individus entraînés de force dans la révolte) qu’ils ont soit ménagé soit fait évacuer.

Je dis que la thèse du génocide repose sur la négation de cette politique de distinction et d’évacuation et sur l’extension à toute la population du sens du terme « brigands » qui désignait uniquement les rebelles, procédés qui permettent de faire croire que toute mesure contre les rebelles était de nature génocidaire.

Je dis que c’est chercher à en imposer que présenter les ordres de détruire les forêts, les taillis, les moulins et les maisons des rebelles comme la volonté d’exterminer la population, quand, dans le même temps, les ordres étaient de faire évacuer cette population.

Je dis qu’il est malhonnête de parler de « déportation » à propos des « évacués » et des réfugiés car c’est laisser entendre qu’il s’agissait de les tuer plus loin, alors que le but était précisément qu’ils ne soient pas victimes de l’un ou l’autre camp ; c’est laisser entendre que les républicains étaient des nazis.

Je dis que la réductio ad hitlerum et les attaques ad hominem ne sont pas un gage de sérieux historique.

Je dis que cette distinction et ces évacuations massives sont incontestables (notamment circulaire du 7 mai, décret du 1er août 1793, arrêté des représentants en mission du 20 février 1794) et démentent à elles seules toute logique génocidaire.

Je dis que la vérité historique est dans le tout (d’où mon livre qui n’est pas une thèse mais un recueil de documents, exhaustif quant aux actes du Comité) et non dans des bribes de documents, même si je n’ai moi-même cité que des extraits dans le cadre de cette vidéo, faute de pouvoir faire autrement (c’est pourquoi je renvoie d’abord à mon blog qui contient in extenso les documents cités ou des extraits beaucoup plus longs, ensuite à mon livre).

Je dis que les documents que je mets en avant dans ma vidéo ne sont pas inédits (ils figurent depuis un siècle dans les Recueils d’Aulard ou les Archives Parlementaires, séries dans lesquelles figurent aussi, en version originale, la plupart des soi-disant inédits de M. Secher — j’en donne les références dans mon livre) mais n’ont jamais été produits par les tenants d’un génocide parce qu’ils contredisent leur thèse ; je n’invente pas des documents, je montre ceux que l’on a cachés à dessein ; je ne cherche pas à duper les gens, je les préviens qu’ils sont les dupes de prestidigitateurs.

Je dis que les documents brandis par les adeptes de la thèse du génocide sont soit hors sujet, de par leur nature, leur contenu ou leurs auteurs, soit tronqués, soit interprétés de manière scandaleuse, et ne font pas disparaître tous ceux qui, émanant des autorités incarnant la République, prouvent positivement le contraire.

Je dis, comme Reynald Secher, que les révolutionnaires écrivaient tout et que, par conséquent, si leur intention avait été d’exterminer la population en tant que telle de certaines régions de l’Ouest (quelle limite ?), nous devrions avoir des décrets et des arrêtés qui l’annoncent sans qu’un effort d’imagination et des torrents de mauvaise foi ne soient nécessaires pour la deviner.

Je dis que les documents qui pèsent le plus dans ce débat sont les décrets de la Convention (pas les discours qui les précèdent), les arrêtés du Comité de salut public et les arrêtés collectifs des représentants en mission.

Je dis qu’aucun document valable ne prouve la thèse du génocide, simplement que la Convention et la République ont fait la guerre aux rebelles appelés « brigands ».

Je dis que ceux qui s’appuient sur des documents valables pour prouver leur thèse minimisent ou passent sous silence les nuances et distinctions explicites ou implicites (entre rebelles et population) qu’ils contiennent.

Je dis que les actes d’individus isolés ne retombent pas sur le régime dont ils se réclament, que ces actes soient honorables ou méprisables, que ce régime soit la monarchie, la république ou autre.

Je dis que Carrier, qui opérait à Nantes et était particulièrement exalté, n’était pas à lui seul la République, que ses crimes furent dénoncés dès janvier-février 1794 par d’autres représentants et par l’agent du Comité et qu’il les paya de sa tête le 16 décembre suivant.

Je dis que la notion de génocide ne tient pas du simple fait qu’il n’y a pas de population distincte et déterminée.

Je dis que s’il n’y a pas de logique génocidaire, il est malhonnête de parler de génocide.

Je dis que la guerre civile dite de Vendée a été affreuse, que des horreurs ont été commises de part et d’autres, plus sans doute de la part des bleus, mais qu’elle ne peut être qualifiée de génocide.

Je dis que rejeter le terme orienté et perfide de « génocide » n’est pas nier les horreurs commises en « Vendée » que les représentants en mission furent les premiers à dénoncer.

Je dis que ceux qui persistent à utiliser ce terme le font pour des raisons idéologiques.

Je dis à ceux qui, sans l’avoir fait eux-mêmes, conseillent aux autres d’aller aux sources pour se faire une idée juste de ce conflit que c’est précisément ce que j’ai fait (j’en ai même fait un livre), que cette lecture m’a conduit à la position que je défends, et que c’est vouloir à toute force que la République ait ordonné un génocide que d’objecter à nouveau d’aller aux sources.

Je dis que ceux qui, en dépit de tout, postulent que la République a ordonné un génocide et s’en tiennent mordicus à cette affirmation sont mal placés pour accuser de posture idéologique ceux qui, documents à l’appui, démontrent la fausseté de leur discours.

Je dis à ceux qui mettent mon intégrité en doute que je ne suis ni franc-maçon, ni universitaire, ni gauchiste, ni communiste, ni subventionné, ni supporter du régime et du système actuel ; à ceux qui me reprochent d’admirer Robespierre, qui n’a rien à voir avec la Vendée, sinon de très loin, et dont j’ai publié l’intégralité des discours, qu’ils feraient mieux de le lire au lieu d’en parler ; je dis à tous ceux-là que les procédés dont ils usent envers moi rappellent beaucoup ceux dont les antifas usent envers eux.

Je dis que ceux qui critiquent ma vidéo (ou mon livre qu’ils n’ont pas lu) ne s’attachent pas au fond des choses, ne contestent pas les documents de premier ordre que je produits (dont des documents produits par Secher lui-même), ne les évoquent même pas, ne tiennent aucun compte des arguments que j’expose, des explications que je donne, ne prêtent aucune attention aux manipulations, omissions et mensonges que je révèle, que leurs réponses consistent simplement à ergoter, à ressasser et à faire diversion pour se complaire dans leurs convictions, et illustrent tout ce que je viens de dire.

Je dis que la thèse génocidaire, aussi foireuse soit-elle, et quoique non reconnue officiellement, est devenue la doxa dans une France qui a honte d’elle-même, qu’elle se répand partout (même sur les chaînes télé du service public) sans rencontrer d’obstacle, qu’il est plus facile d’y adhérer légèrement que de la contester sérieusement, et que cela seul devrait donner à réfléchir à ceux qui croient être dans l’opposition, la résistance, la dissidence parce qu’ils l’ont gobée et la régurgitent sans se rendre compte qu’ils participent à la réédition du coup des « heures les plus sombres de notre histoire ». (Je vous fais un dessin ?)

Je dis, enfin, paix aux âmes de tous ces Français morts il y a 200 ans ; honte à ceux qui, en jouant la pleurniche, déshonorent ceux dont ils prétendent défendre la mémoire, et qui, en accusant bruyamment la République d’hier d’un crime qu’elle n’a pas commis (même si des crimes ont en effet été commis), contribuent à rabaisser la France aujourd’hui.

jeudi, 16 octobre 2014

L'IMPOSTURE DU GENOCIDE VENDEEN

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La République révolutionnaire (1793-1794) a-t-elle oui ou non envisagé, décidé, organisé et mis en œuvre un génocide en Vendée ?

Un génocide, c’est l’extermination ou l’exécution de mesures tendant délibérément à exterminer une population pour ce qu’elle est, une population définissable par ses gênes ou ses croyances, identifiable par son physique ou ses traditions ou simplement par sa présence sur un territoire ; c'est tuer ou tout mettre en oeuvre pour tuer tous les individus appartenant à cette population.

Or, d'après Reynald Secher, auteur de la thèse d'un génocide vendéen, la guerre dite de Vendée fit 117.000 victimes pour une population de 825.000 habitants (Vendée militaire). Outre que le chiffre de 117.000 n'est pas un comptage mais un calcul (population qu'il y aurait du y avoir après le conflit moins la population réelle), outre que ce chiffre met dans le même sac les Blancs, les Bleus, les émigrés ou réfugiés non-rentrés, et qu'inversement il ne prend pas en compte les étrangers à la région morts dans ce conflit dans l'un ou l'autre camp, ce chiffre, aussi atroce que soit la réalité qu'il recouvre, est très loin de 825.000. La population de la région appelée "Vendée militaire" n'a pas été exterminée ; en dépit des massacres, des horreurs, des exactions, des crimes de guerre, etc., il n'y a pas eu concrètement de génocide.

La thèse d'un génocide ne tient donc que s'il est prouvé que la République d'alors en avait entrepris un. Pour le savoir, pour déceler cette volonté, il faut consulter les documents émanant des plus hautes autorités, à savoir les décrets de la Convention nationale (Assemblée des députés), les arrêtés du Comité de salut public et les lettres, proclamations et arrêtés des représentants en mission sur place. Telle est la nature des documents que je vais vous mettre sous les yeux pour que vous puissiez juger par vous-mêmes. Je me permettrai néanmoins de signaler en gras les passages qui devraient retenir l'attention. J'ajoute que la lecture de ces seuls passages est édifiante et suffit donc pour ceux qui n'ont pas le temps de tout lire.

Tous ces documents proviennent soit de la série des "Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance des représentants en mission" d'Alphonse Aulard (19 volumes, pour la période qui nous concerne), soit des suppléments de Marc Bouloiseau (3 volumes), soit de la série de Archives Parlementaires (62 volumes).

Enfin, je précise que, bien que la première guerre de Vendée s'acheva au début de l'année 1795 (17 février, traité de la Jaunaye avec les Vendéens de Charette, ratifié le 2 mai par Stofflet, 20 avril, traité de la Mabilais avec les Chouans), la plupart des documents qui vont suivre datent d'avant le 9 thermidor (27 juillet 1794), car le plus fort de la guerre eut lieu fin 1793 - début 1794, donc du vivant de Robespierre, et qu'une des principales raisons de cette controverse est précisément d'accabler ce dernier.

 

Le 4 mars 1793, l'insurrection débute à Cholet (Maine-et-Loire) avec une émeute contre le recrutement. Une levée de 300.000 hommes dans toute la France a été votée le 24 février par la Convention, car la France est en guerre depuis le 20 avril 1792. Cette guerre a été voulue par la Cour, pour la perdre, et par les Girondins, pour remplir les caisses. Quoi qu'il en soit, la guerre est là, il faut la faire et, à l'approche de la campagne de 1793, il faut reconstituer les effectifs, car les volontaires de 1792 ont pour beaucoup regagné leurs foyers.

20 mars 1793 LOI contre la rébellion au recrutement

Le 18 mars, la nouvelle de l’insurrection dans l’Ouest parvient à la Convention qui adopte les 19-20 mars une loi générale (pour toute la France), en 10 articles, contre la rébellion au recrutement.

Art. 1er Ceux qui sont ou seront prévenus d’avoir pris part aux révoltes ou émeutes contre-révolutionnaires qui ont éclaté ou éclateraient à l’époque du recrutement, dans les différents départements de la République, et ceux qui auraient pris ou qui prendraient la cocarde blanche, ou tout autre signe de rébellion, sont hors la loi. En conséquence, ils ne peuvent profiter des dispositions des lois concernant la procédure criminelle de l’institution des jurés.

Art. 6. — Les prêtres, les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs, les émigrés, les agents et domestiques de toutes ces personnes, les étrangers, ceux qui ont eu des emplois ou exercé des fonctions publiques dans l’ancien gouvernement ou depuis la Révolution, ceux qui auront provoqué ou maintenu quelques-uns des attroupements des révoltés, les chefs, les instigateurs, ceux qui auront des grades dans ces attroupements, et ceux qui seraient convaincus de meurtre, d’incendie ou de pillage, subiront la peine de mort.

Quant aux autres détenus, ils demeureront en état d’arrestation, et il ne sera statué à leur égard qu’après un décret de la Convention nationale, sur le compte qui lui en sera rendu.

Art. 9 (20 mars). — Les commandants de la force publique feront incessamment publier une proclamation portant injonction à tous les rebelles de se séparer et de mettre bas les armes.

Ceux qui auront obéi et seront rentrés dans le devoir, aux termes de la proclamation et dans le délai de 24 heures, ne pourront être inquiétés ni recherchés.

Ceux qui livreront les chefs ou auteurs et instigateurs des révoltes, dans quelque temps que ce soit, avant néanmoins l’entière dispersion des révoltés, ne pourront être poursuivis, ni les jugements rendus contre eux mis à exécution. [Amendement Lanjuinais]

Les personnes désignées dans la première partie de l’article 6 ne pourront profiter des dispositions du présent article, et elles subiront, dans tous les cas, la peine portée par la présente loi. [Amendement Saint-André]

[…]

La présente loi sera portée par des courriers extraordinaires dans tous les départements de la République. [Amendement Monmayou] (AP60-347 ; signalé en note par Aulard, III-336)

27 mars 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS contre les malveillants

De Fontenay-le-Peuple, Carra, commissaire dans les Deux-Sèvres et la Vendée, écrit au Comité de défense générale et joint à sa lettre la proclamation aux habitants de ces départements que lui et son collègue Auguis viennent d’arrêter.

Proclamation des commissaires de la Convention nationale
Dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée (extrait).

« […] Citoyens de la Vendée et des départements vendéens, nous sommes venus au milieu de vous pour vous demander, au nom de la patrie, des secours pour vous-mêmes, pour vos propres foyers, pour garantir vos propriétés, votre liberté. Quel spectacle affligeant s’est présenté à notre vue, lorsqu’au lieu de trouver des frères sur les côtes maritimes de la Vendée, nous y avons vu des hommes transformés en esclaves des traîtres émigrés, en brigands féroces, en ennemis de la patrie et de la vraie religion ! Nous venions vous annoncer que les recrutements sur vos côtes seraient destinés en très grande partie à la garde de ces mêmes côtes et de votre propre pays. Nous vous annonçons aujourd’hui que la Convention nationale, dans son auguste sagesse, a supprimé les droits de patentes et que bientôt elle s’occupera de modifier la contribution mobilière pour les habitants des campagnes. Si tant de bienfaits ne dessillent pas les yeux des hommes égarés, alors la nation développera dans ces contrées toute sa puissance et sa justice, et nous ne doutons nullement de nos succès, car la Providence sera toujours du côté des hommes libres. — […] Nous invitons en conséquence les bons citoyens des villes, des campagnes et de l’armée à nous dénoncer ceux qui se rendraient coupables de la manœuvre des fausses nouvelles, des fausses alarmes et des cris inconsidérés de Sauve qui peut, Nous sommes trahis, etc. — Fait à Fontenay-le-Peuple, le 27 mars 1793, an II (sic) de la République française. Les commissaires de la Convention nationale dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée, — Signé : Carra, Auguis. » (II-550)

16 avril 1793 ARRETE DU CSP

« Le Comité a arrêté qu’il sera proposé à la Convention nationale de décréter qu’il sera sursis dans les départements de l’Ouest au jugement et à l’exécution des coupables pris les armes à la main ou dans les attroupements des révoltés, jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli et que les révoltés soient soumis. » (III-281)

Je n’ai pas trouvé ce décret.

7 mai 1793 — CIRCULAIRE DE LA CONVENTION sur le rôle des représentants

Sur la proposition du Comité de salut public, la Convention adopte une circulaire, en trois partie, sur le rôle et les fonctions des représentants en mission. La deuxième partie concerne les représentants dans les départements de l'Ouest.

II. Des fonctions des représentants du peuple relatives aux armées des côtes maritimes, aux forces navales, aux ports et aux côtes.

Le premier devoir et le plus pressant des représentants du peuple députés près les armées des côtes de l’Océan est de concourir de tout leur pouvoir à éclairer des citoyens égarés, à dissiper des rebelles, à faire punir des brigands, des chefs de révoltés, et à rendre à la patrie des citoyens que la séduction, l’ignorance et les préjugés en ont séparés.

Les représentants du peuple autoriseront l’enlèvement et le dépôt dans des lieux de sûreté des femmes, des enfants, des bestiaux, des grains, des denrées, des meubles et des effets des révoltés pour les préserver des horreurs de la guerre, pour éteindre le feu de la guerre civile en lui ôtant tout aliment, si les généraux proposent cette mesure et la croient nécessaire. Mais ils recommanderont aux soldats de la patrie, qui se trouveront de cette expédition, le respect pour le malheur et l’infortune. Ils avertiront que toute violence, toute infidélité, serait un attentat flétrissant et digne du dernier supplice.

Ils feront publier des adresses et des proclamations pour justifier la sévérité des mesures que l’état de guerre commande, assurer l’inviolabilité des dépôts et annoncer à tous ceux qui se trouveront momentanément privés de leurs effets qu’ils leur seront rendus aussitôt qu’ils auront posé les armes et qu’ils seront rentrés dans le devoir.

Ils emploieront tous les moyens que leur influence et leur caractère mettront à leur disposition, pour assurer l’approvisionnement et les subsistances de l’armée et de tous les bataillons qui vont s’y rendre pour les rebelles.

Ils annonceront à l’armée sa destination, qui sera d’éclairer des hommes égarés, de leur en imposer par un grand développement de forces, de les conquérir à la liberté, de leur donner l’exemple de la fraternité et du respect du aux propriétés. Aucun citoyen ne doit avoir des pertes à déplorer ni de traces désastreuses à montrer sur le passage des défenseurs de la patrie. Il s’est commis de grandes fautes ; on est tombé dans de honteuses erreurs. La Convention nationale n’entendra plus le récit affligeant d’actions indignes des défenseurs de la patrie. [Cette dernière phrase explique sans doute pourquoi il est difficile de trouver dans la correspondance des représentants le récit détaillé des atrocités, qu’elles aient été commises par les républicains ou les rebelles.]

Les représentants du peuple porteront ensuite leur attention sur les plans qui leur seront adressés, et ils en surveilleront l’exécution.

A leur arrivée ils s’occuperont de l’incorporation des recrues ; ils observeront que l’armée de la Vendée sera composée de deux éléments, que les circonstances ne permettront pas de confondre.

Ils feront effectuer l’incorporation des recrues levées en exécution du décret du 24 février, mais ils maintiendront en bataillons séparés les citoyens qui ne se rendent à l’armée que pour terrasser le fanatisme et dissiper les rebelles, et ils permettront à ces bataillons de se retirer, lorsque la tranquillité publique sera entièrement rétablie.

L’armée des côtes de l’Océan deviendra alors une armée d’observation, chargée de veiller à la défense des côtes et de s’opposer à l’ennemi s’il tentait une descente. » —  Suivent des consignes relatives à la flotte et à la défense des côtes qui était une véritable obsession. (IV-23)

23 mai 1793 PROCLAMATION DE LA CONVENTION

Le 18 mai,

« Le Comité a adopté un projet d’adresse aux citoyens égarés des départements de l’Ouest. Le citoyen Barère s’est chargé de la présenter à la Convention nationale. » (IV-221)

Le 23 mai, la Convention adopte la proclamation suivante (extrait) :

La Convention nationale aux citoyens des départements troublés

« [...] Infortunés ! comme on vous trompe ! Les prêtres, qui se disent les seuls catholiques, sont payés par l’or de l’Angleterre protestante. Le prodigue-t-elle pour venger votre religion, qu’elle persécute et qu’elle méprise ? Non, c’est pour que la France se déchire de ses propres mains, que votre sang coule pour la cause de l’esclavage, ou le nôtre pour celle de la liberté, c’est toujours du sang français. Le gouvernement anglais, dont vous n’êtes que les instruments aveugles, toujours prêt à jouir et à profiter de vos défaites, insulte dans son cabinet à votre malheureuse crédulité. — Les complices, les exécuteurs de cette trame exécrable, sont-ils donc à vos yeux les dignes interprètes des volontés du ciel ? Dans les hommes qui ont vendu à des tyrans étrangers le sang de leurs frères, pouvez-vous reconnaître les ministres d’une loi de douceur et de charité ? Abjurez ces honteuses erreurs ; abandonnez au fer de la loi ce vil ramas d’esclaves insolents, de prêtres hypocrites, qui ont fait de vous les agents abusés de leur scélératesse vénale ; jurez avec nous de maintenir la République ; jurez de ne plus employer vos armes que pour la défendre ; de purifier par ce noble usage, ces armes que la rébellion, le crime, ont souillées : montrez-nous, par votre haine pour la royauté, dignes de reprendre le nom de Français ; alors vous ne trouverez plus que des frères dans la République entière, qui s’arme à regret pour vous punir ; qui, prête à vous écraser de toute sa puissance, pleurerait sur des succès achetés au prix de votre sang. » (AP65-354)

23 mai 1793 PROCLAMATION DES REPRESENTANTS A NANTES

De Nantes, Merlin et Sevestre, représentants à l’armée des Côtes de Brest, envoient au Comité le procès-verbal de leurs opérations et diverses pièces dont une « proclamation pour engager les citoyens à quitter les révoltés ». (Sup1-269)

Je n’ai pas le texte de cette proclamation, connue que par cette mention dans Bouloiseau. (Rien dans les AP.)

12 juin 1793 — LETTRE DES REPRESENTANTS pour évacuer la population

De La Rochelle, Mazade et Garnier, représentants à l’armée des Côtes de la Rochelle, écrivent au Comité de salut public (extrait) :

« Cette guerre n’est point une guerre ordinaire. C’est une guerre de chicane : il faut que la ruse et l’imagination dirigent l’intrépidité. Il faut à la fois tendre des pièges, cacher sa marche, tourner les difficultés mêmes du pays contre l’ennemi, avoir des espions sûrs à quelque prix que ce soit ; et, pour que nos succès soient fructueux, surtout il faut, à mesure que nous avancerons dans le pays insurgé, brûler les moulins, enlever les hommes, femmes et enfants, et les placer dans l’intérieur de la République. Car ce sont ces femmes, ces vieillards, ces enfants qui nous font le plus de mal, soit parce qu’ils alimentent eux-mêmes l’armée ennemie, soit parce que, sous prétexte de vendre leurs denrées, ils viennent jusqu’au milieu de nous connaître nos mouvements et nos forces. Et, nous devons vous le dire, vous ne réduirez ce pays qu’en déportant la génération actuelle dans d’autres points de la France, et en le repeuplant d’hommes nouveaux. […] — Signé : Mazade, Garnier. » – Lettre reçue le 20 juin. (IV-532)

22 juin 1793 LETTRE DES REPRESENTANTS

De Niort, Auguis, Lecointe-Puyraveau et Jard-Panvillier, représentants à l’armée des Côtes de la Rochelles, écrivent au Comité de salut public et demandent, notamment, que la Convention publie un décret distinguant entre les rebelles, les coupables et les simples égarés. – lettre reçue le 27 juin. (V-56) — Analyse dans Aulard.

6 juillet 1793 PROCLAMATION DES REPRESENTANTS

Les représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle,
aux habitants des campagnes. (In extenso)

« Bons habitants des campagnes, on vous trompe, on vous égare. — Écoutez la voix de vos frères, de vos amis. — Ne cherchez point à verser leur sang, c’est à regret qu’ils répandent le vôtre. — Expliquons-nous, avant de nous combattre. — Des nobles, des prêtres, au nom d’un Dieu de paix et de bonté, vous excitent au meurtre et au pillage. — Vous êtes Français, et ces monstres arment vos mains contre des Français. — Ouvrez donc les yeux, jugez leurs motifs et les nôtres. — Que veulent ceux qui vous dirigent et vous égarent ? — La royauté, l’esclavage, tous les anciens abus qui naguère pesaient sur vos têtes. — Les dîmes, les aides, la gabelle, les banalités, les chasses, la corvée. — Ils veulent vous attacher de nouveau à la terre comme le bœuf qui trace vos sillons. — Ils vous parlent de religion ! En avaient-ils, quand ils s’emparaient de vos propriétés, quand ils opprimaient vos familles, quand ils respectaient moins votre existence que celle des animaux qui dévastaient vos moissons. — Nous, au contraire, que voulons-nous ? — Que tous les hommes soient égaux, qu’ils soient aussi libres que l’air qu’ils respirent, que vos personnes, vos propriétés, vos opinions religieuses soient respectées. — Ne les croyez pas quand ils vous disent que nous voulons détruire votre religion, égorger vos femmes, vos enfants, ravager vos champs, incendier vos maisons... — Il n’en est rien, bons et crédules habitants des campagnes. — Ce vœu barbare n’entrera jamais dans l’âme de vos frères, de vos amis. — Nous vous le déclarons au nom de la patrie, nous ne pénétrerons au milieu de vous, que pour y ramener la paix et la tranquillité. — Hâtez-vous, de votre côté, de vous soumettre aux lois de la République, rangez-vous sous ses drapeaux. — Respectez la volonté souveraine du peuple qui ne l’a établie que pour son bonheur et le vôtre. — Nous tendrons, nous ouvrirons nos bras à tous les citoyens égarés qui reviendront à nous. Nous protégerons de toutes nos forces leurs familles, leurs biens, leurs personnes. — Mais en même temps, nous jurons une haine implacable, une guerre éternelle à tous les mauvais citoyens, qui, malgré les paroles de concorde et de fraternité que nous nous plaisons à leur porter, cherchent encore à tremper leurs mains dans le sang de leurs frères. » 

Fait en commission centrale, à Saumur, le 6 juillet 1793, l’an II de la République une et indivisible.

Signé : Richard ; Choudieu ; Bourbotte, Turreau. (AP68-676)

Le 12 juillet, Bourbotte et Tallien écrivent à la Convention :

Les rebelles ont renoncé à Nantes et évacué la rive droite de la Loire. « L’armée part en ce moment et marche sur eux ; Biron va se rendre à Niort pour diriger la division qui s’y trouve conformément au plan adopté [le 9, à Angers, d’après la lettre de Merlin et Cavaignac de la veille (Sup1-426)]. Nous nous empresserons de vous faire part des événements qui vont suivre ; nous espérons que les défenseurs de la République vengeront avec éclat les outrages multipliés que les brigands de la Vendée font depuis si longtemps à la liberté. — Nous n’oublierons rien pour ramener à la patrie ceux qui ne sont qu’égarés ; nous avons chargé l’avant-garde de l’armée de distribuer une nouvelle proclamation dont nous vous faisons passer des exemplaires, nous dénonçons au tribunal révolutionnaire les hommes qui formaient à Saumur le Comité d’administration des rebelles ; nous avons cru devoir ne traduire à ce tribunal que ceux qui ont signé des actes attentatoires à la souveraineté du peuple ; nous avons seulement imposé aux autres l’obligation de s’y présenter quand ils en seront requis. Nous vous faisons passer l’arrêté que nous avons pris sur cet objet ; nous vous envoyons également copie d’un autre arrêté portant l’établissement d’une commission militaire. Le maintien de la discipline parmi les troupes et la nécessité de réprimer l’audace des contre-révolutionnaires nous ont paru commander cette mesure. — Salut et fraternité, — Signé : Bourbotte, Tallien. » – Lettre lue à la Convention le 13 juillet (AP68-675), renvoyée au Comité de salut public. (Sup1-429)

26 juillet 1793 — ARRETE DU CSP sur les mesures à appliquer en "Vendée"

« D’après la lecture des dépêches des représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle et des administrateurs d’Indre-et-Loire, en date des 19, 20, 21 et 23 juillet, le Comité a arrêté les mesures suivantes pour être exécutées sur-le-champ par le conseil exécutif :

Il sera procédé à l’épurement de l’état-major de l’armée des Côtes de la Rochelle et des commissaires des guerres, pour y substituer des officiers généraux et des commissaires d’un patriotisme prononcé ;

Les généraux de l’armée des Côtes de la Rochelle tiendront la main à l’exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs, les fuyards, les traîtres et ceux qui jettent les armes et vendent leurs habits [loi du 28 mars] ;

L’organisation des compagnies des pionniers et des ouvriers sera accélérée. Ils seront choisis dans les communes les plus patriotes ;

Les généraux feront un choix pour former des corps de tirailleurs et de chasseurs intrépides ;

Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts ;

Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par les compagnies d’ouvriers pour être portées sur les derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis ;

Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l’intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté avec tous les égards dus à l’humanité ;

Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre pour préparer tous les approvisionnements d’armes et de munitions de guerre et de bouche de l’armée, qui, à une époque prochaine, fera un mouvement général sur les rebelles ;

Aussitôt que les approvisionnements seront faits, que l’armée sera réorganisée et qu’elle sera prête à marcher sur la Vendée, les représentants du peuple se concerteront avec les administrations des départements circonvoisins qui se sont maintenus dans les bons principes, pour faire sonner le tocsin dans toutes les municipalités environnantes et faire marcher sur les rebelles les citoyens depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de soixante ;

La loi qui expulse les femmes de l’armée sera rigoureusement exécutée ; les généraux en demeurent responsables ;

Les représentants du peuple et les généraux veilleront à ce que les voitures d’équipages à la suite des armées soient réduites au moindre nombre possible et ne soient employées qu’au transport des effets et matières strictement nécessaires ;

Les généraux n’emploieront désormais pour mots d’ordre que des expressions patriotiques et que les noms des anciens républicains ou des martyrs de la liberté, et dans aucun cas le nom d’aucune personne vivante ;

Le présent arrêté sera envoyé sur-le-champ au Conseil exécutif, au ministre de la guerre et aux représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle. »

Signé : Prieur de la Marne, B. Barère, Hérault (V-371, n° 1)

Le 1er août, Barère fit décréter cet arrêté auquel étaient ajoutés deux articles, au début et à la fin :

Art. 1er. « Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence [ayant capitulé avec les honneurs devant les Prussiens le 23 juillet. Ndla] soit transportée en poste dans la Vendée. Il sera mis à cet effet à la disposition du ministre de la guerre, 3 millions pour l’exécution de cette mesure. »

Art. 14. « Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République ; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu’ils auront souffertes. » (AP70-108)

27 juillet 1793 — DECRET contre les pillards et les violeurs

« La Convention adopte le projet de décret présenté par Jeanbon Saint-André avec l’article additionnel de Garnier (de Saintes).

« La Convention nationale, après avoir entendu son comité de Salut public, décrète :

Art. 1er. Tout individu qui dans les armées françaises sera convaincu d’avoir mis sous les caissons de l’artillerie des mèches artificielles, pour produire une explosion destinée à servir en même temps de signal aux ennemis et à répandre la terreur dans l’armée de la République, sera soumis à la peine de mort portée par la loi et fusillé à la tête de l’armée, d’après la déclaration d’un jury civil nommé à cet effet.

Art. 2. La même peine sera appliquée contre ceux qui se seront rendus coupables de viol ou de pillage sur les propriétés des citoyens.

Art. 3. Les conducteurs d’artillerie, de charrois, de vivres, d’hôpitaux ambulants, et autres qui, pouvant sauver leurs voitures et leurs chevaux, seront convaincus d’avoir abandonné ces mêmes voitures, leurs canons et caissons, et d’avoir coupé les traits de leurs chevaux pour fuir, ou de les avoir vendus ou livrés à l’ennemi, seront punis de la même peine. » (AP69-583)

Tous les crimes en question avaient été signalés par Bourbotte et Turreau dans leur lettre du 19 juillet lue la veille.

21 septembre 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS — contre les pillards

De Nantes, les représentants à l’armée des Côtes de Brest, Gillet, Ruelle et Philippeaux, signalent au Comité de salut public que l’incendie des repaires des brigands commençait à introduire dans l’armée l’amour du pillage, et le pillage amenait les défaites, parce qu’un soldat chargé de butin ne voulait ou ne pouvait pas se battre. Ils ont donc fait deux proclamations, dont une, le 21 septembre, que voici :

« Braves soldats ! Vous êtes armés pour faire respecter la Liberté, pour protéger les personnes et les propriétés ; les Brigands que vous combattez ont porté dans tous les lieux qu’ils ont envahi la dévastation et le pillage ; c’est à vous que la loi a confié l’honorable mission de punir leurs forfaits. Comment se peut-il donc faire qu’il se soit trouvé parmi vous des hommes assez lâches pour les imiter ? — Soldats ! Les repaires des rebelles doivent être détruits, incendiés. L’asile du crime ne doit pas souiller plus longtemps le sol de la Liberté ; mais toutes les maisons dans le pays révolté n’appartiennent pas aux rebelles ; des Citoyens qui sont restés fidèles à la république, qui sont aujourd’hui dans nos armées ou réfugiés dans nos villes avaient aussi des propriétés et la loi vous ordonne de les respecter. — Les propriétés des rebelles, leurs meubles, leurs bestiaux sont confisqués au profit de la nation. La Patrie les destine au soulagement des femmes et des enfants des braves guerriers qui sont morts en combattant pour la liberté et à l’indemnisation due aux patriotes pour les pertes que les Brigands leur ont fait éprouver [décret du 1er août]. Une commission est établie pour veiller à leur conservation. C’est à cette commission que vous devez déposer les effets que le sort des armes a mis dans vos mains ; celui qui se permettrait de les retenir ou de les vendre se rendrait coupable de vol public. — Soldats ! Telle est la règle de vos devoirs. Ceux-là doivent être rayés de la liste des guerriers qui abandonnent la poursuite de l’ennemi ou leur poste de bataille pour se livrer au pillage. Une punition éclatante sera le partage de ces indignes soldats qui compromettent par le vil appât du gain le salut et la gloire de leurs camarades. Une loi juste et sévère a prononcé la peine [la peine de mort, le 27 juillet], les représentants du peuple et les généraux la feront exécuter. »

Dans Vendée, du génocide au mémoricide (p. 58), Reynald Secher cite cette proclamation mais l’attribue au Comité de salut public. Les imprimés qui se trouvent aux Archives Nationales (AF II 268, dos. 2255) et accompagnent la lettre desdits représentants ne laissent aucun doute sur ses auteurs.

1er octobre 1793 DECRET ET PROCLAMATION pour finir la guerre avant le 20

« La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du Comité de salut public [fait par Barère], décrète :

Article 1er. Le département de la Loire-Inférieure demeure distrait de l’armée des Côtes de Brest et est réuni à celle des Côtes de la Rochelle, laquelle portera désormais le nom d’armée de l’Ouest.

Art. 2. La Convention nationale approuve la nomination du citoyen L’Échelle, général en chef, nommé par le Conseil exécutif pour commander cette armée.

Art. 3. La Convention nationale compte sur le courage de l’armée de l’Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d’ici au 20 octobre l’exécrable guerre de la Vendée. 

La reconnaissance nationale attend l’époque du 1er novembre prochain pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux, qui, dans cette campagne, auront exterminé les brigands de l’intérieur et chassé sans retour les hordes étrangères des tyrans de l’Europe. » (VII-166)

Proclamation de la Convention nationale à l’armée de l’Ouest :

« Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre. Le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir. La reconnaissance nationale attend, à cette époque, tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi sans retour la liberté et la République. » (VII-167, note 1)

23 octobre 1793 DECRET ET PROCLAMATION la Vendée est terminée

Les 16 et 17 octobre, les troupes de la République écrasent les rebelles à Cholet. Les représentants sur place écrivent au Comité et à la Convention que la guerre est terminée, qu'il ne reste que quelques fuyards aux trousses desquels ils sont.

Le 23 octobre, au nom du comité de Salut public, Barère annonce à la Convention « que la Vendée n’est plus », c’est à dire que la guerre de Vendée est finie. « La Convention a voulu, dit-il, que cette guerre fût terminée avant la fin d’octobre, et la guerre de la Vendée est terminée avant l’époque prescrite. »

Après la lecture de plusieurs lettres des représentants du peuple près l’armée de l’Ouest, et au milieu des acclamations des citoyens présents à cette séance :

« La Convention nationale décrète que les nouvelles de la destruction des brigands dans la Vendée seront envoyées à toutes les armées et aux départements par des courriers extraordinaires et insérées dans les « Bulletins » qui seront envoyés à toutes les communes et Sociétés populaires. » (AP77-450)

Proclamation aux armées

« Soldats républicains ! les lâches satellites de la tyrannie ont fui devant vous à votre approche. Ils ont abandonné Dunkerque et leur artillerie ; ils se sont hâtés d’échapper à leur ruine entière en mettant la Sambre entre eux et vos colonnes victorieuses. Le fédéralisme a été frappé dans Lyon. L’armée républicaine est entrée dans Bordeaux pour lui porter le dernier coup ; les Piémontais et les Espagnols sont chassés de notre territoire ; les défenseurs de la République viennent de détruire les rebelles de la Vendée ; ils ont exterminé leurs cohortes sacrilèges. Cette terre coupable a dévoré elle-même les monstres qu’elle a produits ; le reste va tomber sous la hache populaire. Partout où la tyrannie n’a point trouvé l’appui de la trahison, la victoire a suivi les drapeaux de la liberté, et le génie du peuple français triomphe. — Soldats républicains ! il reste encore au delà de la Sambre, il reste encore sur les bords du Rhin et de la Moselle, des esclaves féroces armés contre la sainte cause que nous défendons ; ils sont couverts du sang de vos femmes et de vos enfants ; ils le sont du sang des représentants de la nation. Ô douleur ! il en reste jusque dans nos cités, il en reste dans l’exécrable Toulon. Le moment est venu de punir tous leurs forfaits. L’heure fatale des tyrans sonne, et c’est par vos mains qu’ils doivent périr. — Soldats républicains ! les mânes de vos frères égorgés vous implorent, la gloire vous appelle, la patrie vous regarde, les représentants de la nation vous encouragent et vous guident. Marchez ; frappez ; que dans un mois le peuple français soit vengé, la liberté affermie, la République triomphante ; que les tyrans et les esclaves disparaissent de la terre, qu’il n’y reste plus que la justice, le bonheur et la vertu ! — Les membres du Comité de salut public, — Signé : Robespierre, Hérault, Carnot, Billaud-Varenne. » (VII-585, n° 9)

29 octobre 1793 — ARRETE DU CSP pour écraser les fuyards

 Après la victoire de Cholet, les 16 et 17 octobre, commence l’épisode appelé La Virée de Galerne (du 18 octobre, passage de la Loire par 30.000 rebelles à St Florent, au 23 décembre, écrasement à Savenay). La guerre n'est pas finie, contrairement à ce qu'ont cru les républicains. L'armée rebelle, qui traine à sa suite de nombreux "civils", sillonne les départements de Mayenne, d'Ille-et-Vilaine, de la Sarthe et de la Manche, infligeant défaite sur défaite aux républicains.

« Le Comité de salut public arrête :

1° que le ministre de la Guerre donnera des ordres au général de l’armée des Côtes de Cherbourg pour qu’il fasse passer à Fougères le plus de troupes qu’il sera possible, principalement celles qui sont dans le département de la Manche, sans cependant exposer les côtes ;

2° que ces forces, arrivées à cette destination, seront sous le commandement du général Rossignol, qui les réunira aux autres de son armée, pour attaquer vigoureusement les rebelles retirés dans les environs de Laval ;

3° que l’armée de l’Ouest les attaquera de son côté, étant conduite par le général Chalbos, qui en aura provisoirement le commandement, en l’absence du général L’Échelle, mais que, dans le cas où les différents corps seraient à portée de combiner leurs opérations, ce sera l’officier supérieur en grade qui prendra de suite le commandement en chef du tout ». – Écrit par Prieur.

Signé : Carnot, C.-A. Prieur, Robespierre, B. Barère, Billaud-Varenne (VIII-91, n° 5)

11 novembre 1793 — ARRETE DU CSP

Le Comité arrête le plan d’action pour anéantir les rebelles ayant passé la Loire.

« Le Comité de salut public arrête ce qui suit :

1° Toutes les forces dirigées contre les rebelles en deçà de la rive droite de la Loire seront réunies sous le commandement du général Rossignol ;

2° Ce général rassemblera ses forces, agira en masse, poursuivra les ennemis sans relâche et avec méthode ; il ne risquera point d’affaire générale avant le secours qui doit lui arriver, à moins que le succès ne soit presque certain ; il entretiendra la correspondance la  plus active avec le Comité de salut public ;

3° Le ministre de la guerre donnera les ordres les plus prompts pour renforcer l’armée dirigée contre les rebelles ; à cet effet, il y fera passer, sans aucun délai, 15,000 hommes de l’armée du Nord sous les ordres du général Duquesnoy ;

4° Le ministre de la guerre donnera en même temps les ordres nécessaires, tant au général Sépher qu’au commandant de l’armée de l’Ouest, ainsi qu’à ceux qui sont à la tête des rassemblements armés de l’Orne et de la Sarthe, pour qu’ils fassent marcher, à la demande du général Rossignol, toutes les forces qui sont à leur disposition ;

5° Le ministre de la guerre fera partir sur-le-champ un officier de confiance, qui se rendra à Alençon et de là à Laval et à Rennes, s’il est possible, et qui dépêchera lui-même des courriers de ces différents lieux pour instruire le ministre de la position des rebelles et de celle de nos armées ; cet officier continuera de même de donner des renseignements sur l’état des choses, en s’approchant de plus en plus des brigands, et ce jusqu’à ce qu’il lui soit donné l’ordre de revenir à Paris. » – Écrit par Prieur (de la Côte d’Or).

Signé : Billaud-Varenne, C.-A. Prieur, Carnot (VIII-335, n° 6)

Le 15 novembre, les rebelles échouèrent à prendre Granville et son port (pour tendre la main aux Anglais). Dès lors commença leur reflux vers la Loire, dans l'espoir de la retraverser. Mais ils furent repoussés à Angers, écrasés au Mans et achevés, pour ainsi dire, à Savenay, car il y eut de nombreux survivants qui se cachèrent en attendant de repasser la Loire ou d'alimenter la chouannerie.

22 décembre 1793 LETTRE DE GARNIER sur les enfants

D’Alençon, Garnier (de Saintes), représentant chargé de la levée en masse dans la Manche et l’Orne, signale au Comité que les habitants de Sablé et des environs, qu’il avait appelé à se lever le 15 décembre, ont trouvé et tué en fouillant les campagnes plus de 1.000 brigands, et fait 200 prisonniers : des femmes et des enfants.

« Les officiers municipaux me prévinrent qu’après les avoir harangués et avoir cherché à les régénérer à une nouvelle existence, ils avaient vu couler de leurs yeux les larmes du repentir, qu’elles avaient instamment demandé de vivre sous les lois de la République, et qu’on leur conservât l’existence et du travail. Ils ont placé les enfants chez de bons républicains, qui les prennent en remplacement de leurs enfants de la première réquisition, et leur inspireront les principes de l’amour de la liberté. Je pense que vous n’improuverez pas cette conduite ; car on peut sauver à la patrie bien des êtres qui, trop jeunes pour avoir une volonté à eux et ne pas oublier bientôt les fausses impressions que le fanatisme leur avait suggérées, peuvent devenir d’excellents patriotes sous l’œil des bons citoyens qui les élèveront. Quant aux femmes, je pense qu’on doit les juger, à moins qu’une loi de faveur ne les condamne à la réclusion. » – Lettre reçue le 3 janvier. (IX-588 ; Sécher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 124)

22 janvier 1794 — LETTRE DE LAIGNELOT sur les colonnes infernales

De Brest, Laignelot, représentant à Brest, écrit au Comité.

« Je viens d’écrire aux administrateurs du district de Challans, département Vengé, que j’appuierai auprès de vous une pétition qu’ils vous ont faite, et dont ils m’ont envoyé copie. Ils vous demandaient d’arrêter cet incendie, ces dévastations qui les désolent et qui font du plus beau pays de la République le désert le plus horrible. Citoyens collègues, oui, il fallait détruire ce qui pouvait servir de repaire aux brigands, et alors la propriété du patriote ne devait pas être plus respectée que celle du contre-révolutionnaire ; mais il ne fallait pas porter le fer, la flamme, la famine, le viol partout indistinctement ; il ne fallait pas consumer en pure perte ce qui pouvait servir à alimenter les armées républicaines. Voici le plan de ces hommes affreux qui, au nom de la patrie l’égorgent, et qui, combattant les brigands, font plus de ravages que les brigands mêmes. [...] Il faut, ont dit les ultra-révolutionnaires, brûler tous les grains de la Vendée, et la famine se fera sentir à Bordeaux, dans la Dordogne, dans nos armées du Midi, et les vaisseaux ne pourront plus sortir à temps du port de Rochefort ; la Rochelle manquera de vivres, de bestiaux, et la guerre civile se prolongera. J’ai traversé la Vendée, j’étais avec l’armée qui chassa Charette de Machecoul [Notez que ceux qui ont envoyé les détails de cette affaire n’y étaient pas et ont menti. (Note de l’original)], et qui le mit en fuite presque sans effort, et je suis surpris que ce chef de brigands ne soit pas pris, ou entièrement défait. La plupart de ceux qui commandent, ou restent dans l’inaction, ou se heurtent réciproquement. Nul ensemble, nul plan, ou plutôt il n’y en a qu’un, celui d’éterniser cette guerre. On n’a jamais vu Dutruy à la tête de son armée un jour de combat ; il s’enivre, caresse une femme aux Sables, tandis qu’on se bat à Bouin. J’ai passé huit jours dans la Vendée, je commençais à y faire quelque bien, et j’y ai gémi, et je m’y suis indigné de ce que j’ai vu : les troupes les plus indisciplinées, les plus rapaces ; les chefs les plus inexpérimentés, les plus avides, les plus désordonnés ; des administrations sans forces et menacées ; les patriotes confondus parmi les traîtres ; le deuil, l’épouvante, le désespoir. Et tout cela s’explique, lorsqu’un représentant du peuple [Carrier ?] ose dire publiquement qu’il ne faut point de pain où l’on ne doit plus laisser d’hommes. Adieu, mes chers collègues, je finis, car j’ai le cœur trop serré. » – Lettre reçue le 12 février. (X-383)

 6 février 1794 ARRETE DU CSP désarmement et rappel de Carrier

« Le Comité de salut public délibérant sur la situation actuelle de la Vendée, arrête :

1° Il sera proposé à la Convention nationale de décréter [ce qu’elle fit le 10 février] que tous les citoyens des pays qui ont participé à la révolte de la Vendée et qui ne font point partie des troupes soldées, seront tenus de déposer sous vingt-quatre heures leurs armes à feu, de quelque espèce qu’elles soient, entre les mains des agents nationaux, et ceux-ci entre celles de l’autorité militaire dans l’espace d’une décade. Les citoyens ou agents nationaux réfractaires à cette loi seront punis de mort par une Commission militaire. 

2° Chaque bataillon conservera une seule pièce de canon. On fera placer toutes les autres dans les places fortes. Il sera conservé seulement un quart au plus de l’artillerie légère et de celle de position ; un autre quart sera envoyé sur les derrières de l’armée dans les places fortes, et tout le reste sera envoyé sans délai à l’armée des Pyrénées occidentales. 

3° Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu’à leur entière destruction. Les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie. Les subsistances seront saisies partout et envoyées aux armées et dans les places fortes. Il en sera de même des bestiaux et des chevaux propres au service des troupes et de tout ce qui peut être utile à leur entretien.

4° Il sera proposé à la Convention nationale de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel, par un autre représentant ; Prieur (de la Marne) sera chargé de le remplacer. Le rapport sur la conduite de Westermann sera fait dans le plus court délai. » 

Signé : Carnot (X-724, n° 4)

Le même jour, le Comité (Carnot) écrit au général Turreau qui a mis sur pied, de son propre chef, le plan des colonnes dites infernales.

« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité ont dû t’être transmises par le ministre de la Guerre. Nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. Nous te prescrivons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes-en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soient entièrement consommée. Encore une fois, recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté arrêté du jour] propre à seconder tes vues. » (Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 141)

Il n'est pas inutile de rappeler ici les instructions que Turreau donna à ses troupes le 19 janvier. (Cette instruction, tirée de l’ouvrage de Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, renferme, d'après lui, des dispositions fort sages sur la discipline et la marche des troupes, mais l'extrait qu'il en donne ne contient que les ordres de destructions.)

« II sera commandé journellement et à tour de rôle un piquet de cinquante hommes pourvu de ses officiers et sous-officiers, lequel sera destiné à escorter les pionniers, et leur fera faire leur devoir. L’officier commandant ce piquet prendra tous les jours l’ordre du général avant le départ, et sera responsable envers lui de son exécution ; à cet effet il agira militairement avec ceux des pionniers qui feindraient de ne point exécuter ce qu’il leur commanderait, et les passera au fil de la baïonnette. — Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l’ait préalablement ordonnée. — Tous les villages, métairies, bois, genets, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l’on aura distrait des lieux qui en sont susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l’aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l’incendie. — Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n’auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d’aller sur les derrières de l’armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l’incendie. Toute espèce d’armes leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l’endroit qui sera indiqué par le général. »

10 février 1794 — ARRETE DU CSP mission Hentz et Garrau

« Le Comité de salut public arrête que les représentants du peuple Hentz et Garrau se rendront sans délai près du général en chef de l’armée de l’Ouest, pour concerter avec lui les moyens d’exterminer les derniers rassemblements de brigands qui viennent de se former. [Pas plus tard que la veille, 6.000 d’entre eux avaient occupé Cholet. Le même jour, le représentant Turreau signale un rassemblement de 3.000 à 4.000 brigands aux environs de Saumur. Ndla] A cet effet, ils prescriront au général de réunir la plus grande force disponible qu’il sera possible pour attaquer ces brigands, notamment le corps où se trouve Charette, La Rochejaquelein et les autres chefs les plus dangereux. Ces opérations militaires doivent s’exécuter nonobstant toute autre relative à l’incorporation, à l’embrigadement, de manière que, sous aucune raison, on ne s’oppose à la marche des troupes. En conséquence, si quelques mesures prises par le représentant du peuple chargé de l’embrigadement de l’armée de l’Ouest et des Côtes de Brest [Dubois-Crancé (note d’Aulard)] se trouvaient en contradiction avec l’objet qu’on se propose ici, les représentants Hentz et Garrau ou le général en chef Turreau lui notifieront le présent arrêté par une copie certifiée, et il sera tenu de concourir à ce qu’il exige. Les représentants Hentz et Garrau tiendront la main à l’exécution des derniers arrêtés du Comité de salut public. Ils se transporteront dans tous les lieux où ils croiront leur présence nécessaire. S’ils y rencontrent leurs collègues près l’armée de l’Ouest, ils se concerteront avec eux. Ils rendront le général de l’armée responsable de négligence ou du défaut d’activité des opérations, si, sous quinzaine, les brigands, tant en deçà qu’au delà de la Loire, ne sont pas totalement anéantis. Ils sont enfin investis de pouvoirs illimités pour ordonner toutes les mesures que le bien de la République leur paraîtra exiger dans cette partie de son territoire. » – Écrit par Prieur (de la Côte d’Or).

Signé : Jeanbon St-André, C.-A. Prieur (XI-38, n° 2)

Cet arrêté aurait pu être une réponse à la lettre de Laignelot du 22 janvier (voir plus haut) dans laquelle il dénonçait la volonté de certains de prolonger la guerre ; mais il répondait surtout aux attentes formulées par Jullien, l’agent du Comité, dans sa lettre à Robespierre du 4 février : « On dit que la Vendée n’est plus, et Charette, à quatre lieues de Nantes, tient en échec les bataillons de la République qu’on lui envoie les uns après les autres, comme dans le dessein de les sacrifier. [...] Il faut sans délai charger un général, sous sa responsabilité, d’exterminer à terme fixe le reste des rebelles : vous chargez bien un corps constitué d’exécuté un décret à terme fixe, et le rendez responsable de l’exécution ; faites-en de même pour les généraux ». (Mémoires de Levasseur (de la Sarthe), tome II, p. 201 ; Buchez & Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, tome XXXI, p. 317 ; citée en partie par Pierre Gascar dans L’ombre de Robespierre, p. 215) Les conseils de Jullien furent systématiquement suivis par le Comité. C'est lui qui, le 3 février, demanda expressément le rappel de Carrier, ce que le Comité fit le 6 février.

Le 12 février (24 pluviôse), la Convention décréta officiellement l’envoi de Hentz et Garrau près l’armée de l’Ouest « pour y prendre toutes les mesures de salut public qu’ils croiront nécessaires. Ils sont investis de pouvoirs illimités, de même que les autres représentants du peuple près les armées ». (XI-95)

12 février 1794 — RAPPORT DE BARERE condamnation des colonnes

Barère fait décréter l’envoi de Hentz et Garrau à l’armée de l’Ouest suite au rapport suivant, dans lequel il dénonce la conduite des colonnes de Turreau (extrait) :

« Granville, Angers, Le Mans, Chantonnay, la Loire même, furent les vastes tombeaux des rebelles. — Depuis, les triomphes de nos armes sur Bouin [le 6 décembre], Noirmoutier [le 3 janvier], et les restes infects de l’armée de Charette durent rassurer les esprits, et la République reprenait en même temps des forces sur les bords de la Méditerranée et du Rhin. — Les troupes nationales n’avaient plus qu’à évacuer les subsistances de la Vendée, en comprimer l’effroyable population née pour la révolte, en désarmer les habitants, et y former une administration militaire et révolutionnaire jusqu’à la paix. — Il fallait ensuite y porter de la cavalerie propre à exterminer les brigands, faire passer aux Pyrénées une partie de l’artillerie inutile ou plutôt dangereuse, et transporter sur les bords de l’Océan une grande partie de l’infanterie. — Ces diverses vues ont été remplies par le comité de salut public ; et il se reposait, pour leur exécution, sur la gloire que les généraux avaient obtenue en détruisant les rebelles, et encore plus sur la volonté constante de la Convention de faire obéir aux mesures du gouvernement national. Il se reposait surtout, pour les mesures de l’intérieur de la Vendée, sur l’esprit et les termes des décrets qui ordonnent de détruire et d’incendier les repaires des brigands et non pas les fermes et les demeures des bons citoyens. — Il espérait surtout que l’armée de l’Ouest, fidèle aux maximes et aux ordres du gouvernement national, ne disséminerait jamais ses forces, et s’occuperait bien plus de détruire le noyau des rebelles et les rassemblements des brigands qui pouvaient se former de nouveau, que de sacrifier les habitations isolées, les fermes utiles et les villages fidèles ou non dangereux. — Cependant, lorsque le comité, après quelques jours de silence, a voulu vérifier les faits, et connaître quelle était la véritable exécution donnée à ses arrêtés, quel a été son étonnement de voir des forces morcelées dans la Vendée, des troupes républicaines disséminées sur les divers points de la Vendée ; des rassemblements de brigands se reformer s’organiser et relever une tête insolente ; et la troupe royaliste, éparse et fugitive naguère sous les ordres de La Rochejacquelein, de Stofflet et de Charette, s’ameuter et se grossir de tous les mécontents que la barbare et exagérée exécution des décrets avait formés de nouveau dans un pays qu’il ne fallait plus que désarmer, garnisonner de cavalerie, repeupler d’habitants fidèles, et administrer avec le bras nerveux d’une administration militaire et révolutionnaire ! » (AP84-646)

Février - Mars - Avril — EVACUATIONS

Les lettres qui suivent sont importantes par la violence de leur contenu et le contraste qu’elles offrent avec l’arrêté pris par leurs propres auteurs. 

Le 19 février, de Nantes, Garrau, Hentz et Francastel, représentants à l’armée de l’Ouest, écrivent au Comité de salut public :

« Citoyens collègues, — Nous avons eu hier au soir, une première entrevue avec le général en chef de l’armée de l’Ouest [Turreau]. Cet homme paraît avoir du mérite et de la franchise ; il est sûr que tous les malveillants le décrient, et ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ils ne disent rien que de vague contre lui. — Le résultat de notre entretien avec lui sur la guerre de la Vendée est parfaitement conforme aux données qui nous parviennent de tous les militaires : c’est que les rebelles n’ont plus aucune consistance politique, qu’ils sont totalement dissous, mais qu’il reste encore beaucoup d’hommes qui se tiennent épars quand ils voient une force supérieure, et qui se rassemblent très facilement pour se jeter sur les parties faibles. — Le général en chef nous a promis de les détruire tous : mais il faut se faire une autre idée des rebelles que celle que l’on a eue jusqu’ici ; c’est que tous les habitants qui sont à présent dans la Vendée sont des rebelles très acharnés ; c’est que les femmes, les filles, les garçons au-dessus de douze ans sont les plus cruels ; ils exercent des cruautés inouïes sur nos volontaires : les uns sont coupés par morceaux et les autres brûlés, et ce sont des femmes qui commettent ces atrocités. — Il n’y a d’habitants dans la Vendée que ces féroces (sic) ; les uns prétendent qu’ils sont encore au nombre de quinze mille ; d’autres, au nombre de vingt-cinq mille en tout et épars dans les forêts, où ils ont amassé vivres, bestiaux et où ils se font des cabanes. — Sur ce pied-là, la guerre de la Vendée ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée, et encore sera-t-il à craindre que les scélérats des pays voisins, qui sont détestables pour l’esprit public, ne viennent se retirer dans ces bois qui sont indestructibles en plusieurs parties ; mais cela sera difficile, au moyen des précautions qui seront prises. — Le général et tous ceux qui connaissent l’état des choses ne voient donc de difficulté que dans celle de saisir les rebelles, qui ont des repaires assurés dans les forêts et qui ne se montrent que pour détruire ; il n’y a dans ce cas d’autre moyen que de les traquer dans chaque partie et de présenter sur chaque point une force supérieure à la leur totale. Tel est le plan du général. Il doit, dans deux ou trois jours, faire faire de telles fouilles qui les fera partir de leurs tanières. Il nous a expliqué les raisons de la division de son armée, qui a donné lieu aux petits revers que nous avons éprouvés ; il prétend que c’est à cette division que nous devons la destruction des rebelles qui ont été tués depuis ce temps-là ; mais nous lui avons répondu qu’il n’y avait qu’une manière de se disculper, c’est de détruire entièrement les rebelles avant quinze jours [arrêté du Comité du 10 février]. — Sur des ordres du ministre, il avait retenu la division du Nord et le général Duquesnoy ; mais il vient de nous promettre qu’avant quinze jours, il les renverra à leur destination à Cherbourg. Il y a déjà un germe de division entre le général en chef et le général Duquesnoy ; celui-ci se trouve d’un avis contraire aux autres généraux ; vous remarquerez que le général Duquesnoy fut déjà en discussion dans l’armée du Nord avec le général en chef ; on attribue cela à son chef d’état-major, que l’on dit n’être rien moins que patriote ; nous saurons empêché que cela n’ait des suites. — Garrau, l’un de nous, va accompagner le général en chef dans la chasse à donner aux brigands ; Hentz, qui ne peut courir à cheval, à cause de la faiblesse de sa santé, restera à Nantes avec Francastel, qui va mieux, et dont la présence est ici très utile, jusqu’à ce que quelqu’un vienne en cette ville. Alors ils iront en d’autres points où l’on peut aller en voiture, ce qui est impossible dans un désert où il n’y a ni chevaux, ni chemins praticables ; car tel est l’état de l’intérieur de la Vendée. — Hentz et Francastel se proposent de ne pas quitter, que tout ne soit terminé et organisé ; mais il faut envoyer une personne d’une santé robuste pour suivre les camps et marcher à la tête des colonnes. Supposez cependant que tout ne soit pas terminé avant le départ de Garrau ; car, si on peut joindre les rebelles, c’est fait d’eux ; les noyaux bien dissous, on fera dans ce pays des courses de cavalerie qui tuera tout ce qu’elle rencontrera ; il ne pourra y avoir de . . . . [grâce ?] que pour les réfugiés quand ils pourront rentrer. — La Vendée contient une quantité immense de vivres ; quand elle sera purgée, elle fournira de grandes ressources. — Nous vous le répétons ; la Vendée n’est pas dans le seul département qui porte ce nom ; elle est dans tout le pays qui environne ; mais son site, les repaires qu’elle présente seront toujours le rendez-vous des contre-révolutionnaires ; il y a péri plus de cent cinquante mille personnes, qui ne sont pas à coup sûr de la Vendée. — Nous vous recommanderons de nous faire réponse sur-le-champ à la lettre ci-jointe relativement à Cholet [Cette pièce manque. (note d’Aulard)] ; tout le monde s’accorde à demander la destruction de cette ville ; ne vous arrêtez pas aux lamentations des pleurards ; tous les modérés, tous les meneurs de Sociétés populaires de ces pays-ci disent qu’il ne faut pas détruire, parce que c’est le moyen de finir. — Salut et fraternité, — Signé : Garrau, Hentz, Francastel. » (XI-279)

Le lendemain, 20 février, Garrau, Hentz et Francastel, à Nantes, arrêtent que les habitants du département de la guerre [c’est-à-dire la Vendée] se retireront à 20 lieues au moins. 

Cet arrêté est connu notamment par l’arrêté du Comité de salut public du 29 ventôse (19 mars) suivant :

« Le Comité de salut public, voulant éviter l’affluence aux environs de Paris des réfugiés, qui, en vertu de l’arrêté des représentants du peuple Garrau, Hentz et Francastel, daté de Nantes, le 2 de ce mois [2 ventôse – 20 février], doivent s’éloigner à vingt lieues au moins du département de la guerre, arrête que le Conseil exécutif prendra sur-le-champ les mesures nécessaires pour que ces réfugiés ne puissent approcher de Paris à moins de vingt lieues, et qu’en conséquence il donnera des ordres aux corps administratifs et municipalités circonvoisines pour les faire refluer, et en empêcher les rassemblements. Le Conseil exécutif rendra compte dans deux jours des mesures qu’il aura prises pour l’exécution du présent arrêté. » – Écrit par Carnot.

Signé : Carnot, Robespierre (XII-53, n° 2)

Le 26 février, de Nantes, Hentz et Francastel écrivent au Comité de salut public :

« Citoyens collègues, — Nous voyons dans les journaux que le Comité de salut public s’occupe du gouvernement provisoire de la Vendée. Voici quelques réflexions qui pourraient servir à cette organisation. — On peut compter que les onze douzièmes de ce pays appartiennent à la République, et il deviendra par cette raison indispensable de déclarer ce pays appartenir à la République, sauf les indemnités à accorder à ceux qui se présenteront avec des titres. Ces indemnités consisteront en somme, avec laquelle ils pourront acheter des biens nationaux ailleurs que dans la Vendée, s’il est possible. — La race d’hommes qui habite la Vendée est mauvaise ; elle est composée ou de fanatiques, qui sont le peuple, ou de fédéralistes, qui sont les messieurs. Ce qui prouve que la race est mauvaise, c’est qu’il y a si peu de bons qu’ils n’ont pas contenu les rebelles ; c’est qu’ils n’ont pas même dénoncé dans le temps où on pouvait empêcher l’incendie. — D’autre part, si vous ne déclarez la Vendée confisquée à la République, sauf les indemnités, alors il va y avoir pillage ; ceux qui resteront s’empareront de tout, et la République sera lésée. — Il faut un grand exemple ; il faut apprendre aux malveillants que la vengeance nationale est sévère, et qu’un pays qui a coûté le sang de tant de milliers de patriotes ne doit plus servir d’asile à ceux qui se sont révoltés contre le gouvernement, ou qui ne s’y sont pas oppsés. — L’arrêté que nous venons de prendre relativement aux réfugiés va être disséminé, et tous ceux qui ne sont pas les forcenés incorrigibles, les faibles, les mitoyens en profiteront et se retireront dans l’intérieur. — Voulez-vous faire une déportation des habitants de ce pays ? La voilà exécutée d’avance ; il ne restera plus qu’à prendre des mesures pour faire un sort aux Vendéens dispersés dans la République, pour les indemniser même généreusement, de sorte que, tout à la fois, nous trouverons les moyens de purger plus facilement la Vendée en détruisant ce qui va rester, et de disperser dans la République des gens qu’il sera toujours dangereux de laisser ensemble. — Jamais les femmes de ce pays ne deviendront raisonnables ; c’est surtout elles qu’il faut expatrier. L’égoïsme, le fanatisme, la rage contre les patriotes sont au comble dans ce pays ; qu’ils tiennent un volontaire, ils le coupent en morceaux, ou le brûlent à un arbre. — Tous les renseignements qui nous arrivent nous apprennent que le projet était bien formé de renouveler une insurrection dans le Morbihan, qui devait se soulever et se répandre dans la Vendée ensuite, pour se joindre au noyau de Charette et ramasser ce qui se trouve encore d’habitants dans ce pays. — L’activité des généraux de brigade Avril et Cambray, qui sont à Savenay, département de la Loire-Inférieure, a empêché l’insurrection. Les Vendéens, nous l’espérons, demeureront seuls, et vous apprendrez incessamment la dissolution du noyau et la destruction du plus grand nombre. — Comptez bien qu’il n’y a rien de bon dans la Vendée. Sommes-nous victorieux ? Ils sont à nos genoux. Sommes-nous malheureux ? Ils sont rebelles. — Il faudra de toute nécessité transporter dans le pays le plus fertile de la République une peuplade de républicains, qui saura bien détruire ce qui reste des brigands mieux qu’une armée. [Même idée dans leur lettre du 26 mars, note 507.] — Cet ordre de choses serait préférable. Une fois établi, il vous dispenserait d’un gouvernement particulier ; il cultiverait un sol qui donne l’abondance, et qui, sans cela, va être longtemps désert et inculte. — Pesez ces observations ; prenez-en ce que vous croyez utile. — Signé : Hentz, Francastel. » – Lettre reçue le 22 mars. (XI-425)

Le même jour, de Nantes, Lequinio, représentant dans la Charente-Inférieure et la Charente, écrit au Comité de salut public :

« [...] Au lieu de poursuivre sans relâche les brigands, lorsqu’ils [les généraux républicains] ont eu des succès, ils se sont donnés du repos et ont laissé aux brigands le temps de se rallier, de se raffermir, et, ce qu’il y a de pis, de grossir leurs bandes d’une multitude d’hommes qu’ils sont allés prendre dans leurs villages, qu’ils ont forcés de marcher sous peine de mort et dont le nombre est accru à mesure que les pelotons se grossissaient. Divisés et poursuivis sans relâche, ils n’auraient pu contraindre personne ; raffermis par le repos, ils ont enveloppé des villages dans leurs groupes renaissants, et ceux-là même qui se sont rendus coupables en marchant, quoique par force, le sont devenus de plus en plus en forçant eux-mêmes les autres ; c’est à ne jamais finir si l’on suit la marche qu’on avait prise. » Les villes ne sont pas précisément le théâtre de la guerre, sauf exception, et des agents nationaux intelligents, énergiques et actifs, pris ailleurs, suffiraient à ranimer l’énergie qui fait partout défaut. « Quant à ce qui fait précisément le théâtre de la guerre, au point où les choses en sont réduites, je crois qu’il n’y a d’autre parti à prendre que de tout exterminer et de faire venir des colons des autres départements pour cultiver ce pays qui est peut-être le plus fertile de la République. Je crois que si par séduction, argent, violence ou autrement, on avait pu s’emparer des chefs, il serait possible de n’exterminer que les étrangers, car quoique l’on puisse croire, ce sont les hommes du pays même qui sont les moins dangereux ; ils seraient réduits à l’instant s’ils étaient [laissés] à eux-mêmes ; mais ce sont les prêtres, les nobles, les étrangers et les déserteurs mêlés au milieu d’eux qui rendent leur réduction impossible. Il faut donc nécessairement les égorger tous. C’est le parti que facilite l’arrêté que mes collègues Garrau, Hentz et Francastel viennent de prendre, en faisant retirer dans l’intérieur de la République tous les réfugiés de ce pays, réduits au désespoir, ainsi que le sont les habitants de ce pays, et pervertis par les scélérats étrangers qui sont au milieu d’eux et qu’il n’est pas possible d’en séparer. Il est impossible maintenant qu’on use envers eux des moyens que l’on pouvait employer autrefois de concert avec la poursuite des étrangers. Il faut donc se décider à tout massacrer, mais il faut pour cela ne dormir ni jour ni nuit [...] » – Lettre reçue le 5 mars. (Sup2-507)

Le 27 mars, le Comité de salut public (sans précision) écrit aux représentants dans le département de la Vendée :

« Lorsqu’il se fait par vos ordres, citoyens collègues, des émigrations de citoyens de la Vendée, vous devez dans votre sagesse aviser aux moyens de leur assurer, dans les départements où ils passent et où ils arrivent, des moyens de subsistances, et ces moyens, les extraire des départements d’où ils sortent. » (XII-226)

Le 24 avril, le Comité arrête :

« Le Comité de salut public arrête que les représentants du peuple à l’armée de l’Ouest prendront les précautions nécessaires pour que les citoyens qui, en exécution de leurs arrêtés, sortent du département de la Vendée et de ceux environnants, ne puissent se porter vers les points des côtes maritimes qui sont voisins de ces mêmes départements. » – Écrit par Collot-d’Herbois. Signé : Collot-d’Herbois, Couthon, B. Barère (XIII-27, n° 10)

Le 25 avril, le Comité de salut public (sans précision) écrivit à Hentz, Francastel, Turreau et Garrau, représentants dans les départements de l’Ouest :

« Il est une mesure importante, citoyens collègues, que le Comité de salut public vous invite à ajouter aux dispositions de vos arrêtés sur les réfugiés de la Vendée. Plusieurs se sont déjà retirés vers les côtes maritimes ; il pourrait en résulter de très grands dangers au moment où la perfidie anglaise doit venir s’y briser. Éloignez-en tout ce qui pourrait y porter la contagion et présenter à ces lâches insulaires un motif d’espérance ; prévenez tous moyens de correspondance entre eux et les rebelles, dont la plupart des réfugiés pourraient n’être que des agents secrets. Prenez sur-le-champ toutes les mesures pour faire refluer dans l’intérieur tous les individus qui se trouvent atteints par vos arrêtés. Nos côtes ne doivent recevoir que des républicains éprouvés ; leur approche doit être interdite à tout ce qui peut offrir un caractère équivoque et douteux. » (XIII-56)

1er mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS — Evacuation

De Nantes, Garrau, Hentz, représentants à l’armée de l’Ouest, Prieur (de la Marne), représentant dans le Morbihan et la Loire-Inférieure, et Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, écrivent au Comité (extrait) :

« […] Tous les rapports nous annoncent encore qu’il existe d’autres rassemblements de brigands [que celui de Charette, estimé à 4.000 ou 5.000 hommes dont moitié bien armés], et que les habitants du pays sont dans un état de guerre perpétuel avec les soldats de la République, qu’ils égorgent partout où ils peuvent les surprendre. — Les femmes et les enfants ne sont pas dans de meilleures dispositions ; ils servent les uns et les autres d’espions aux brigands, qu’ils avertissent de tous les mouvements de nos armées. Aussi pensons-nous que, pour terminer cette guerre désastreuse, et qui, sans de grandes mesures, pourrait se prolonger encore longtemps, il n’y a d’autre parti à prendre que de faire exécuter le décret du 1er août, qui veut que les repaires des brigands soient détruits, et que les femmes, les enfants, les vieillards et les subsistances soient portés sur les derrières des armées. — Salut et fraternité. — Signé : Garrau, Hentz, Prieur de la Marne, Francastel. » (XI-485)

6 mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS — Evacuation

De Cholet, Hentz, représentant à l’armée de l’Ouest, et Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, écrivent au Comité :

« Le désespoir des brigands augmente en raison de leur détresse, et cet état les rend par moment redoutables. L’obligation de n’avoir que des petites colonnes laisse des vides, et ils se portent avec fureur là où nous ne sommes pas, là où tout n’est pas détruit ; nous venons d’apprendre qu’ils commettent leurs horreurs, c’est-à-dire leurs massacres des patriotes dans le canton de Loroux et autour de Saint-Florent. L’opiniâtreté des habitants de ce pays est inconcevable ; malgré nos proclamations de se retirer, les facilités que nous donnons aux réfugiés, il en est beaucoup qui restent. Cependant, notre mesure a produit le plus grand effet et il vient d’évacuer plus de dix mille personnes de la Vendée. Cela désole les brigands, qui vont se trouver seuls, et qui voient bien qu’on les fera infailliblement périr. Tout Cholet a évacué hier ; il n’y reste personne, on n’a rien brûlé.  [...] » – Lettre reçue le 14 mars. (XI-577)

9 mars 1794 — LETTRE DE FRANCASTEL ET HENTZ

De Saumur, Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, et Hentz, représentant à l’armée de l’Ouest, écrivent au Comité de salut public.

« Citoyens nos collègues, — Nous profitons du premier moment de relâche pour vous instruire de ce que c’est que la Vendée actuelle, car elle change de face chaque jour ; mais soyez tranquilles sur les résultats : ils ne peuvent qu’être rassurants. Nos collègues Garrau et Prieur n’ont pas longtemps soutenu l’horrible spectacle de ce pays affreux, où l’on ne voit que des ruines et des morts, où règne le silence le plus lugubre. Ils sont revenus à Nantes. Nous leur avons laissé la place, en reprenant la leur, et nous venons de parcourir la Vendée depuis Nantes jusqu’à Saumur en passant par Mortagne, Tiffauges, Cholet, Coron, Vihiers, Doué. — Les dispositions militaires adoptées sont celles-ci : deux fortes colonnes aux ordres, l’une de Cordellier, l’autre d’Haxo sont vers le Bocage aux trousses de Charette, qui a le plus fort rassemblement. — Deux autres colonnes, que nous venons de faire organiser avec la garnison de Cholet et partie de celle de Doué, sont aux ordres, l’une de Grignon, l’autre du général en chef [Turreau]. La première poursuit Stofflet, qui a environ 1,500 brigands, réfugiés dans la forêt de Vezins, d’où ils se portent sur tout ce qu’ils peuvent rencontrer et forcent tout le monde à les suivre ; la dernière colonne va balayer quelques rassemblements qui se forment dans le canton du Louroux et vers Saint-Florent. Saumur est couvert par 600 hommes d’infanterie et 300 hommes de cavalerie, qui sont placés à Doué, pays de plaine très dégagé. — Nous avons évacué Cholet, comme vous savez [le 5 mars] ; nous n’y avons pas mis le feu, mais nous n’y avons rien laissé qui puisse servir à l’ennemi, et nous avons fait détruire les fours ; nous désirons que l’ennemi vienne s’y loger ; nous l’y travaillerons du bon genre, car ce poste est intenable. [Les rebelles de Stofflet incendièrent Cholet le 10 mars.] — Nous avons laissé bonne garnison à Mortagne et à Tiffauges, afin d’entretenir la communication avec Nantes par Mortagne, également bien gardé, pendant que les colonnes travaillent dans l’intérieur et sur les rassemblements. — Les rebelles n’ont d’autre but en ce moment que de surprendre des postes pour les égorger, s’emparer de leurs armes et de leurs munitions ; nous y avons remédié, et nous pensons que cela leur est impossible. Le seul embarras est de s’en saisir ; ils se portent avec fureur là où nos colonnes ne sont pas, et ils fuient comme des lièvres à la vue des mêmes colonnes et se retirent dans les bois, d’où ils s’éloignent rarement. — Les mesures que nous avons prises les chagrinent beaucoup. Comme nous avons fait évacuer de Cholet et de l’intérieur plus de six mille femmes et enfants qui étaient leurs espions, ils ne savent plus nos affaires, et ils sont désorientés à chaque point. En voici une preuve : avant-hier, à une demi-lieue de Vihiers, nous apercevons sur une hauteur, à portée et demie de canon de celle où nous étions, la troupe de Stofflet, composée d’environ quinze cents hommes, sortir d’un bois, descendre rapidement la côte, pour venir nous attaquer. Nous arrêtons aussitôt notre marche, nous nous développons en bataille, et surtout nous nous étendons sur la droite pour l’en envelopper. A l’instant, ils s’arrêtent ; nous tirons six coups de canon (c’étaient ceux de Cholet que nous emmenions sur les derrières) ; vous les eussiez vus se sauver dans le bois qu’ils venaient de quitter ; la cavalerie, mise à leur chasse, a tué quelques traîneurs. — Or cela nous prouve qu’ils ignorent nos mouvements et nos forces ; car, s’ils les eussent su, ils ne se seraient pas présentés à combattre six mille hommes de bonne troupe ; Grignon, comme vous pensez bien, est à leur suite. — Nous pouvons vous assurer que c’est la plus méprisable canaille ; elle va comme un troupeau de cochons. Il est vrai qu’elle prend facilement et promptement tous les mouvements, qu’elle attaque avec furie. Mais, si leur première fusillade n’a pas eu d’effet, ils sont perdus. Au reste, ils perdent peu de monde dans les combats, parce qu’ils se sauvent comme des lapins ; mais nous les tuons en détail, en faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays, et puis ils périront de misère ; plus de fours, plus de moulins, plus de villages ; on les chasse, il faudra qu’ils succombent. — Cholet nous faisait bien du mal ; outre les six mille femmes, qui espionnaient pour l’ennemi, on y perdait la garnison que nous avions là. Ces malveillants intimidaient les faibles et les lâches, ou amollissaient les autres, et nos meilleurs bataillons s’y perdaient, témoin ce qui s’est passé la veille de notre arrivée. C’est un événement que les malveillants dénaturent déjà pour faire croire à la résurrection de la Vendée, et que nous nous empressons de vous dire aujourd’hui, car ne croyez pas qu’on puisse vous écrire quand on parcourt ce pays où l’on se couche sur la dure et très souvent à l’air, où la vie n’est pas riante. — Le 12 ou le 13 du courant [ventôse – 2 ou 3 mars], le commandant à Cholet a su que le même Stofflet était à Vezins avec la même troupe dont nous venons de vous parler ; il a envoyé quinze cents hommes pour les envelopper et les prendre. Cette force a été divisée en deux colonnes pour cerner le village de Vezins. Une colonne a donné, et l’autre n’a pas voulu se battre ; cela a mis du désordre ; car elle s’est enfuie. L’autre colonne s’est repliée, et nous avons perdu environ cent hommes. Le commandant de Cholet a envoyé ce soir environ trois mille hommes pour attaquer le même Stofflet. Cette seconde tentative n’a pas été malheureuse, parce que nous n’avons rien perdu, mais elle a été sans succès, puisque nos soldats n’ont pas voulu marcher sur l’ennemi, et tout cela venait de ce que les habitants de Cholet mettaient la terreur dans nos armées en disant que nous ne connaissions pas le nombre de nos ennemis, qu’il y en a plus qu’il ne faut pour nous cerner, et que, quand nous serons pris, nous serons massacrés. Nous nous sommes assurés que c’est le motif pour lequel trois mille hommes de bonnes troupes n’ont pas voulu en combattre quinze cents de brigands, dont plusieurs ne sont pas armés. — Ne croyez donc pas aux prétendues déroutes que les malveillants répandent. Vous savez tout ; il n’y a eu aucune déroute, puisque à chaque occasion il y a eu retraite, puisque l’ennemi n’est pas venu à Cholet ; mais il est sûr que la garnison de Cholet était travaillée. Vous en avez la preuve deux fois depuis environ un mois ; elle a fléchi devant Stofflet, qui n’avait pas le quart de nos forces. — La bonne preuve que la Vendée ne sera jamais redoutable, c’est qu’elle ne contient plus d’habitants, qu’une quinzaine ou une vingtaine de mille habitants de l’ancienne population, qui devait être de plus de 160,000 habitants. — Nous sommes sûrs d’avoir fait évacuer tout ce qui n’est point criminel dans ce pays ; tous les jours on en tue, et, à la fin, leur destruction est inévitable, mais ce sont les plus scélérats et les plus cruels des hommes. — Il faut avoir bien du courage pour faire cette guerre, et notre armée est exposée aux plus cruelles épreuves ; les soldats sont sûrs d’éprouver les plus affreux tourments, s’ils tombent entre les mains des rebelles ; aussi la seule manière de les décourager, c’est de leur dire que nous n’avons pas de forces supérieures aux leurs, et nous sommes bien aises de l’affaire d’avant-hier, où ils ont vu qu’ils n’ont affaire qu’à une poignée de scélérats. — D’autre part on n’a pas de lit, on est toujours couché sur la dure, parce que nous ne traînons pas une seule voiture après nous, pas d’effets de campement. On n’a que du pain et très souvent la plus mauvaise eau. — La viande ne leur manque heureusement pas. Les courses continuelles qu’il faut faire sont bien fatigantes. C’est égal, le soldat ne se plaint qu’au moment où il souffre. Le temps est heureusement beau depuis trois jours. — Demain, nous nous remettons en marche avec l’armée, qui est sur le chemin de Saint-Florent, et Turreau, qui prend ici ce qu’il y trouve de troupes en état. — Le désarmement s’opère bien, et il produit beaucoup de fusils dont nous armons une foule de soldats qui étaient sans armes ; cela a augmenté nos ressources. — Il résulte de tout ce que nous venons de vous dire que, quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n’y restera point d’habitants, puisqu’on y aura tout détruit. Ainsi il est impossible que vous vous occupiez d’aucune loi sur son gouvernement. Il faudra déclarer tout le pays confisqué à la République, sauf l’indemnité aux réfugiés, et le nombre de ces réfugiés est très faible, relativement au reste qui est coupable, qui a péri et qui périra. Ces réfugiés ne valent rien ; ce sont des lâches en général. Il n’y a de réfugiés dignes d’intérêt que ceux qui se sont mis dans nos bataillons. Consultez là-dessus Bourbotte, Turreau, Carrier et ceux qui ont vu la Vendée sans prévention et sans intérêt particulier. — Le général Turreau est le meilleur de son armée, mais il est dur ; ce n’est pas Rossignol. Au reste il faut avoir bien du caractère et bien de la force pour résister dans le pays le plus affreux. Il faut faire tuer des scélérats que l’on rencontre espionnant dans les campagnes ou cachés dans les genêts. C’est une chose bien terrible que de faire la guerre dans un désert, que de marcher sur des cadavres, que de ne pas trouver un asile. Ne faites des reproches aux généraux qui sont dans la Vendée. A coup sûr ils ne s’amollissent pas. Au reste, ce qui encourage le soldat, c’est qu’il nous voit couchés près de lui, partageant ses privations et sa misère. Cela ne peut durer longtemps pour nous, mais il faut que quelqu’un le fasse. Nous ne nous plaignons pas. Il faut des représentants dans l’armée ; dites à ceux qui bavardent que cela est fort aisé. — Salut et fraternité, — Signé : Francastel, Hentz. » (XI-577)

18 mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS

De Nantes, Hentz, Garrau, Prieur (de la Marne), représentants à l’armée de l’Ouest écrivent au Comité de salut public :

« […] Tenez-vous bien en garde contre tous les rapports et les demandes qu’on vous fait par toutes les Sociétés populaires, toutes les autorités constituées des Sables, de Fontenay-le-Peuple, de Niort, Luçon, même de la Rochelle, etc. Tous ces gens-là entravent les mesures qui, malgré eux, finissent pour toujours la malheureuse guerre de la Vendée. Tantôt ils s’opposent à ce qu’on brûle les repaires des brigands, à ce qu’on leur ôte les moyens de subsister, en brûlant les moulins, en détruisant les fours et surtout en mettant sur les derrières, en faisant rentrer dans l’intérieur les femmes, les enfants, les vieillards, qui étaient tous les boulangers et les espions des brigands ; tantôt ils répandent la terreur dans le pays, en disséminant de fausses mauvaises nouvelles. Telle cette Société qui a écrit au ministre de la guerre… [...] » (XII-48)

20 mai 94 — LETTRE DE LAIGNELOT — Chouans et distinction

De Vitré, Laignelot, représentant dans la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, écrit au Comité de salut public :

« Citoyens collègues, — Les Chouans existent, mais bientôt ils ne seront plus. Nous avons chaque jour sur eux des avantages, et nous ne les laisserons pas respirer qu’ils ne soient absolument défaits. Quoi qu’on ait dit que ce n’était rien, que ce n’était qu’un ramas de malheureux qui, ne pouvant trouver asile en aucun lieu, faisaient le métier d’assassins, j’ai trouvé, moi, que c’étaient de parfaits organisateurs de guerre civile, et que celle-ci n’eût pas tardé à devenir autant et même plus dangereuse que celle de la Vendée. En effet, dans les cinq départements de la ci-devant Bretagne, dans presque toutes les communes, elle a des germes qui n’attendaient qu’un moment propice pour éclore, et Dieu sait quand on aurait pu parvenir à les étouffer. Les chefs le savent si bien qu’ils ont divisé leurs troupes par petits pelotons sur une étendue immense de terrain. Des Chouans font aujourd’hui en tel lieu une entreprise, et dans le même jour, à quinze, vingt lieues de là, d’autres Chouans paraissent et en tentent une pareille. Toutes les villes sont remplies de royalistes qui les protègent sourdement. Tous les riches sont de leur parti. Quoi qu’il en soit, citoyens collègues, n’ayez nulle inquiétude : nos affaires vont. Le général Moulin, le général Vachot et la plupart de ceux qu’ils ont employés sont dans mes principes. Les Chouans seront exterminés : j’entends les véritables chouans, et une immense population et des riches propriétés [seront] à la République. Il ne coulera que le sang impur, et le sang innocent sera respecté. Je ne m’épargnerai en rien ; je parcourrai les villes, les campagnes, et j’espère trouver ici, comme partout ailleurs, que l’homme est essentiellement bon, et que, pour le rendre méchant, il faut le tromper. — Adieu, citoyens collègues, salut et fraternité. — Signé : Laignelot. » (XIII-632)

Mai - juin 1794 — LES RECOLTES

Le 21 mai 1794, le Comité de salut public arrête les dispositions pour opérer les récoltes en Vendée.

« Le Comité de salut public, voulant établir l’ordre et la sûreté publique dans le département Vengé, arrête :

1° Il sera fait, dans chaque commune du département Vengé, un recensement exact de toutes les familles et de tous les individus qui y sont domiciliés.

2° Chaque chef de famille déclarera ses propriétés ou la consistance et l’étendue de son exploitation ; s’il est fermier ou locataire, le nombre de ses chevaux, bestiaux, équipages, charrues et charrettes, la quantité de grains et de boissons qui lui restent. Il remettra toutes ses armes à la disposition des agents de la République.

3° Il sera dressé en même temps un état en masse et aperçu de toutes les terres chargées de récolte, en distinguant les différentes espèces de grains et productions, et l’étendue ou quantité de terre chargée de chaque espèce.

4° On constatera, par la déclaration des cultivateurs les plus intelligents, s’il existe dans chaque commune ou canton un nombre suffisant d’individus pour faire la récolte, si dans les années précédentes il s’y rendait des ouvriers et journaliers des districts voisins, et dans quels lieux il s’en présentait au temps de la récolte.

5° On constatera s’il existe dans chaque commune ou canton les bâtiments nécessaires pour tous les usages indispensables, logements, fours, écuries, étables, granges, caves, greniers, soit pour l’exploitation, soit pour la conservation.

6° On désignera les lieux où le dépôt des récoltes doit se faire, dans ou hors les cantons, les moyens de transport suffisants ou à suppléer.

7° On déterminera s’il convient de faire transporter les récoltes en gerbes, ou s’il est plus utile de les conserver sur les lieux, de les faire battre et de faire transporter les grains dans les dépôts et magasins qui seront désignés.

8° Il sera pris, pour la conservation et la sûreté de toutes les récoltes des particuliers, les mêmes précautions que pour la sûreté et la conservation des récoltes appartenant à la nation.

9° Dans les lieux où il n’y aura pas sûreté suffisante et où les récoltes seraient exposées au pillage des brigands, les grains des particuliers seront transportés, soit en gerbes, soit battus, comme il aura été reconnu plus utile, après en avoir fait constater la quantité. Il ne sera laissé à la disposition du cultivateur que l’approvisionnement de deux mois, à raison du nombre d’individus composant sa famille ou employés à son exploitation.

10° Il sera délivré des graines pour l’ensemencement des terres et pour la consommation ultérieure de chaque famille. Il sera tenu un compte pour chaque famille de sa récolte.

14° L’exécution des dispositions ci-dessus sera confiée à un nombre suffisant de citoyens, qui seront nommés par le Comité de salut public sur la présentation de la Commission d’agriculture, et qui correspondront immédiatement avec cette Commission, à laquelle ils rendront compte de toutes leurs opérations.

16° La force armée appuiera et protégera les opérations des agents, qui s’exécuteront progressivement en avançant dans le pays. Elle dissipera et détruira tous les obstacles. Elle ne laissera dans la commune aucuns individus qui ne soient domiciliés et qui ne se fassent enregistrer.

17° La force armée parcourra en ordre et en force tout le pays, de manière que, dans tous les points où elle se portera, elle ne puisse éprouver aucune résistance, et que tout cède au nombre, à la force, à l’ordre, à la discipline et à la bonne tenue.

18° Les agents se réuniront dans une commune voisine et à portée des lieux par lesquels on devra commencer les opérations. Les commandants officiers généraux de l’armée, seront invités à s’y rendre. On rassemblera quelques administrateurs et autres citoyens connus par leur civisme, leur intelligence et leur probité, réunissant ces trois qualités au plus haut degré et n’ayant entretenu aucune liaison avec les ennemis de la Révolution. On arrêtera dans cette assemblée le plan et l’ordre des opérations des agents et de la marche des troupes.

19° Ce plan, qui ne sera qu’un itinéraire, sera dressé avec précision, et il en sera adressé une expédition au Comité.

20° Comme il est essentiel que toutes les opérations qui doivent précéder la récolte s’exécutent dans le plus court délai et qu’elles commencent en même temps sur plusieurs points, on règlera ces différents points par districts et par arrondissements ; on appuiera les opérations sur chaque point par une colonne de l’armée plus ou moins forte. La direction de chaque point et de chaque colonne sera telle que les colonnes puissent se soutenir et qu’elles ne puissent être coupées ; qu’elles aient leurs communications libres ; qu’en avançant des différents points, elles se rapprochent des lieux les plus exposés aux brigands, les détruisent et rendent le pays entièrement libre et sûr. »

Signé : Carnot, Collot-d’Herbois, R. Lindet (XIII-345, n° 3)

Instruction pour les agents :

« L’arrêté du Comité de salut public (du 2 prairial), dont il est remis une copie à chaque agent, doit leur servir de guide dans toutes leurs opérations et leurs démarches. Ils méditeront sur chacun des articles qui la composent, pour se pénétrer de l’étendue de leurs devoirs, les connaître parfaitement et les remplir avec cette exactitude rigoureuse qui caractérise le vrai républicain. Ils sentiront bientôt que la mission qui leur est confiée est une des plus importantes dans les circonstances actuelles. Il ne s’agit pas moins que de conserver à la France conséquemment à eux-mêmes, à leurs frères, une des plus belles récoltes qui aient jamais existé ; de la soustraire à la rapacité des brigands intérieurs, d’assurer l’existence de la population immense des départements qu’ils désolent, et de prouver ainsi à l’Europe entière que le peuple français toujours grand, toujours ferme, toujours énergique, ne laisse échapper aucune des mesures de salut public qui lui sont présentées par la sagesse et l’humanité. Les agents n’oublieront pas, sans doute, que la nature de leur mission leur impose un devoir qui doit être cher à leur cœur, celui de faire aimer, respecter la Révolution dans un pays si souvent trompé et dévasté par les contre-révolutionnaires ; c’est à eux de surveiller et de démasquer ceux qui pourraient se cacher encore sous des formes républicaines. C’est à eux à démontrer par leur conduite et leurs discours que le salut du peuple est dans l’affermissement de la Révolution ; que seul, il est l’objet de la sollicitude de la Convention nationale et du Comité de salut public, et que les principes de la liberté, de l’égalité auxquels nous devons déjà notre force et notre puissance, peuvent seuls nous rendre à la paix et au bonheur. Ils se conformeront avec la plus scrupuleuse exactitude au plan d’opération qui sera adopté dans l’Assemblée, indiqué par l’art. 18 de l’arrêté du Comité de salut public, et ils l’exécuteront, pour ce qui les concerne de concert avec les autorités constituées et la force militaire. Ils se réuniront au nombre de deux sur tous les points où ils agiront, et même en plus grand nombre, lorsque les circonstances l’exigeront afin de mettre plus d’ordre et de célérité dans les opérations. Ils mettront toute l’activité dont ils sont capables dans leur correspondance avec la Commission d’Agriculture et des Arts, à laquelle ils écriront deux fois par décade ; et, pour que cette correspondance l’éclaire plus utilement, ils conviendront ensemble avant de se séparer d’un mode uniforme de tableau pour la population, les récoltes, le lieu de leur dépôt et leur conservation. Lorsqu’ils auront des doutes, ils s’adresseront, pour les résoudre, à la Commission d’Agriculture et des Arts, si les circonstances permettent ce retard, sinon ils se décideront de concert avec les autorités constituées et instruiront la Commission de leurs décisions. Ils auront soin de communiquer leur marche à la Commission et lui indiquer les endroits où elle pourra leur adresser les réponses. Enfin, ils doivent s’appliquer en faisant preuve de fermeté, de justice et d’énergie, à démontrer qu’ils ne perdent jamais de vue les principes de l’humanité et toutes les vertus républicaines.» (Sup3-153, note)

Le 4 juin (16 prairial), le Comité (Billaud, Lindet et Barère) arrête les ordres de marches des colonnes devant assurer la protection des récoltes :

Ordres de marche

« Les agents présentés par la Commission d’agriculture et des arts, acceptés par le Comité de salut public, se réuniront à Fontenay-le-Peuple. Le commandant en chef ou un général de division, ou un officier général d’un autre grade désigné par le général en chef, se rendra pareillement à Fontenay avec plusieurs officiers de l’état-major pour concerter la marche et les opérations prescrites par l’arrêté du 2 prairial [21 mai]. Le général de l’armée fera rassembler à Fontenay un corps de troupes suffisant pour former trois colonnes dont l’une se portera sur la route de Fontenay à Nantes, une autre se rendra à Luçon et traversera le département de la Vendée par la Roche-sur-Yon. La 3e se rendra aux Sables d’Olonne et parcourra le territoire situé entre la mer et la route des Sables à Nantes ; la colonne intermédiaire, s’avançant du midi au nord, se tiendra toujours à portée d’appuyer la colonne de la droite ou celle de la gauche. La marche des trois colonnes sera constamment réglée autant qu’il sera possible en direction parallèle, afin que celle du milieu puisse se porter avec la même facilité vers les deux autres colonnes. Les trois colonnes ne marcheront qu’en ordre de bataille et seront dans un état continuel d’observation et de surveillance ; elles seront précédées d’avant-gardes d’éclaireurs. Elles observeront la discipline la plus exacte ; elles ne livreront aucun combat ; elles ne feront aucune attaque qu’autant qu’elles apercevront des hommes rassemblés en état d’hostilité ou de rébellion. Elles maintiendront l’ordre et la sûreté dans tous les lieux que les agents de la Commission parcourront. Elles traiteront comme rebelles ceux qui auront des armes, qui n’auront pas de domicile, qui ne seront pas réunis à leurs familles, qui ne se présenteront pas dans les assemblées des communes et ne s’y feront pas inscrire conformément à l’arrêté du 2 prairial ; on n’emploiera la force que dans le cas de nécessité. S’il existe des rassemblements à la frontière, on les dissipera en s’y portant avec une grande supériorité de forces, avec l’ensemble et un ordre constamment suivi. La 3e colonne s’avancera vers St-Jean-de-Monts, et s’il s’y trouve encore des hommes en état de rassemblement ou de révolte, elle fera ses dispositions pour détruire ces rassemblements en tournant ce lieu du côté de la mer, en se concertant avec les garnisons de Beauvoir, de La Garnache, et de Challans, et même avec la colonne intermédiaire qui, si elle n’est pas obligée d’appuyer sur sa droite, se rendra à Palluau et pourra concourir au succès d’expédition (sic) sur St-Jean-de-Monts. Tandis que les trois colonnes parcourront le département Vengé dans l’ordre qui vient d’être tracé, un cordon de troupes à poste fixé, et en état d’observation, interceptera tout passage et toute communication aux hommes suspects entre la Vendée et le département de Mayenne-et-Loire [Maine-et-Loire]. Les agents de la Commission feront publier dans le département Vengé une proclamation [voir ci-dessous au 21 juin] pour annoncer l’objet de leur mission, ordonner à tous les habitants de se retirer dans leurs communes et de se présenter au jour qui sera indiqué pour se faire inscrire sur la liste qui sera dressée de tous les habitants, et déclarer que ceux qui ne seront pas inscrits sur ces listes seront traités en rebelles. » (Sup3-193)

Le 21 juin, les agents de la Commission d’agriculture et des arts dans le département Vengé firent la proclamation suivante, qui fut abusivement interprétée comme une amnistie  :

Proclamation des Agents

« Quelques contrées de la France avaient levé l’étendard de la révolte à la voix des ennemis du peuple ; elles ont lutté un moment contre leur patrie ; mais le masque, qui couvrait les traîtres, a tombé. Ces hommes ont rougi d’avoir servi la cause des conspirateurs ; ils ont imploré la clémence nationale ; on n’a vu en eux que des citoyens égarés ; leur crime a été oublié, et ils ont trouvé, parmi leurs frères, sûreté et protection ; les grands coupables seuls ont été punis. Habitants de la Vendée, victimes malheureuses des prêtres et des nobles, la même grâce vous attend, si vous rentrez dans le devoir. La République ne composera jamais avec des brigands ; mais aussi elle sera constamment indulgente pour des hommes qui n’ont été que séduits ou entraînés par la violence. Nous savons qu’un très grand nombre ne respire (sic) que la paix et la tranquillité, qui les retiennent par la terreur, s’ils ne craignaient de trouver la mort parmi leurs frères. — Citoyens, les républicains ne frappent que le crime ; ils ne terrassent que la rébellion ; ils ne sont terribles qu’envers leurs ennemis. Ils sont fidèles à leurs amis et ils aiment le retour à la vertu. Loin d’eux toute espèce de ruse ; cette ressource ne peut être employée que par la faiblesse et l’hypocrisie, et, on le sait assez, quand la République menace, elle est toujours prête à frapper, comme, quand elle promet sûreté et protection, elle tient toujours parole. Ceux qui vous disent le contraire sont des calomniateurs. — Hommes égarés ou intimidés par certaines mesures que le gouvernement n’a point autorisées, la patrie vous ouvre ses bras ; rentrez dans vos foyers ; continuez à cultiver vos champs ; préparez-vous à moissonnez vos abondantes récoltes, et soyez sûrs que le gouvernement fermera les yeux sur le passé ; on ne pensera plus au mal que pour chercher le moyen de le guérir. — Le moment actuel est favorable pour montrer votre repentir et obtenir grâce. Nous sommes chargés de l’exécution d’arrêtés du Comité de salut public relatifs aux récoltes de la Vendée. Ils portent qu’on prendra le dénombrement des habitants, qu’ils se feront inscrire pour travailler aux moissons et qu’on leur laissera des vivres. On dressera un état des récoltes des particuliers, à qui on fera délivrer des subsistances au fur et à mesure qu’ils en auront besoin. On aura soin de leur fournir de quoi ensemencer leurs terres. — Rentrez donc avec sécurité dans vos foyers, remettez-nous vos armes, et nous vous donnons l’assurance la plus positive que vous ne serez point inquiétés. Si vous étiez sourds à notre voix, nous vous le déclarons, on ne verrait plus en vous que des ennemis irréconciliables, et on continuerait à vous faire une guerre à mort. — Les généraux et commandants de la force armée sont chargés de faire respecter les personnes et les propriétés ; ainsi les habitants de la Vendée n’auront à craindre aucun excès de la part du soldat ; mais aussi tout attroupement leur sera expressément interdit. S’ils contrevenaient au présent ordre, on emploierait la force pour les dissiper et les détruire. — Chaque habitant rentrera dans le devoir, se rendra dans sa commune. Il s’occupera là à cultiver paisiblement son champ, jusqu’au moment où les colonnes des armées républicaines s’avanceront dans le pays ; alors il sera ouvert un registre, sur lequel il se fera inscrire, et il sera employé aux travaux de la moisson, qui fait son espérance et celle de sa famille. Il sera instruit du jour on les agents arriveront dans sa commune, où il pourra les attendre avec confiance. — Les agents déclarent que tous ceux qui ne seront pas inscrits sur ces listes seront traités en rebelles. — Signé : Brafaut, Guillemot l’aîné, Rivière, Fery, Pilley, Fleuret, Coret, Millet, Hervieux, Rouval et Jacquemi. » (XIV-761, note 1)

2 juillet 1794 — ARRETE DU CSP

« Le Comité de salut public, délibérant sur la situation de l’armée de l’Ouest, arrête :

1° Les vingt-cinq mille hommes qui doivent être extrait de l’armée de l’Ouest pour se rendre à Châlons-sur-Marne seront réduits à quinze mille.

2° Les fusils des volontaires qui se rendent aux hôpitaux, ceux qui peuvent se trouver au dépôt ou disséminés, seront recueillis avec soin : les généraux sont chargés, sous leur responsabilité, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour la conservation des armes : toute négligence à cet égard sera regardée comme un crime, et les chefs en seront responsables.

3° Il ne sera remis d’armes à feu qu’aux anciens militaires. Ceux de la première réquisition seront employés à faire la moisson et exécuter les différents travaux pour lesquels ils seront requis par les généraux ou les représentants du peuple, ou bien envoyés à Brest ou à Rochefort pour servir dans la marine.

4° Les généraux retireront les troupes de leurs cantonnements, les feront camper et les tiendront dans une activité perpétuelle. Ils rendront compte chaque jour aux représentants du peuple près l’armée de l’Ouest de ce qu’ils auront fait pour l’extermination des brigands. Chaque jour d’inaction sera regardé comme un crime.

5° Ils seront responsables de l’indiscipline des troupes, ainsi que des actes d’inhumanité qui ne pourraient qu’aigrir le mal au lieu d’y mettre fin.

6° L’exécution des mesures prescrites par les arrêtés des 2 et 16 prairial [21 mai et 4 juin, ci-dessus] relatifs à la récolte du département Vengé s’étendra à tout le territoire où la récolte existe encore. Les arrêtés seront assujettis aux modifications qui seront jugées nécessaires par les représentants du peuple près l’armée de l’Ouest. »

Signé : Carnot (XIV-656, n° 18)

13 juillet 1794 — LETTRE DE BO — Distinction brigands / cultivateurs

De Nantes, Bo, représentant à Nantes, écrit au Comité de salut public :

« Citoyens collègues, — Il est affligeant, mais nécessaire de mettre sous vos yeux le tableau des assassinats que commettent chaque jour aux environs de Nantes les brigands des deux rives de la Loire. Depuis que je suis ici, je ne cesse d’en avertir les généraux, et leurs réponses sont qu’ils n’ont pas assez de forces pour les diviser sur tous les points, que la plupart de leurs soldats sont sans armes et qu’ils font tout ce qu’ils peuvent. Mais ce n’est pas assez : il faut protéger les patriotes, les paisibles cultivateurs, il faut exterminer les brigands. [...] » (XV-153)

23 juillet 1794 — LETTRE DU CSP — Ménager les faibles

Le Comité (Carnot) écrit aux représentants près l’armée de l’Ouest, à Niort :

« [Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la Commission militaire séante à l’Île de la Montagne, par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation [voir au 21 juin] faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. (A. N., AF II 269)] Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs, fauteurs et instigateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous, au contraire, chers collègues, de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle, et que les scélérats qui ont déchiré les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. Mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours, et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. »

Signé : Carnot. (XV-379)

Suite à la lettre de Garnier (de Saintes) du 22 décembre, signalée plus haut, Secher commente ainsi : « Aucune loi n’est prise dans ce sens et, en conséquence, ces femmes [prisonnière] partagent le sot commun des prisonniers, c’est-à-dire la mort. Lorsque le Comité, par l’intermédiaire de Carnot, soulève enfin le problème des femmes, des enfants et des vieillards, le 5 thermidor an II (23 juillet 1794), soit cinq jours avant la chute de Robespierre, leur sort est confirmé » (Vendée, du génocide au mémoricide, p. 125). Outre le fait que la présente lettre porte aussi sur « les individus entraînés par la violence », que Carnot n’était pas seulement intermédiaire du Comité mais le principal organisateur de la guerre, que Robespierre ne participait plus au Comité depuis le 1er juillet, mais il faut bien arriver à l’impliquer dans cette affaire pour le salir, outre que Secher omet la partie de la dernière phrase (ici en itallique), on voit bien qu’il fait dire à cette lettre exactement son contraire. Le Comité demande que les femmes, les enfants, les vieillards et les égarés soient ménagés, et non pas tués. C’est également ainsi qu’Ingrand, qui reçut cette lettre, la compris et l’interpréta dans sa lettre du 5 août (voir plus bas). 

28 JUILLET 1794 (10 thermidor an II) — EXECUTION DE ROBESPIERRE

29 juillet 1794 (11 thermidor) — LETTRE DE BO

De Nantes, Bo, représentant à Nantes, qui vient de participer aux récoltes, écrit au Comité de salut public : 

« Je n’ai encore aucun détail de la seconde expédition qui s’est faite, et qui dure peut-être encore, sur la rive droite de la Loire. Je sais que partout ces brigands fuient, qu’on a peine à les atteindre, qu’ils se rallient dans les forêts, et je ne crois pas qu’on voie la fin de cette guerre sans régénérer en entier ce malheureux pays. Il n’y a pas un enfant, une femme, un vieillard qui ne servent les brigands. Je suis trop ennemi du sang pour dire qu’on égorge ces gens-là ; mais si l’on ne tue pas tout ce qui est armé, et en même temps si l’on n’enlève pas le reste de tout âge et de tout sexe pour les disperser dans l’intérieur, on aura de la peine à voir la fin de cette guerre. Vous ne pouvez compter sur le retour de ces fanatiques et royalistes. Vous serez forcés de prendre les mêmes mesures pour la partie droite de la Loire, infectée de Chouans. Toutes ces communes où ils roulent sont gangrenées, les habitants font eux-mêmes les patriotes le jour, et ils sont les Chouans la nuit. Il faudrait leur laisser faire les récoltes et ordonner ensuite à tous ces habitants de se retirer dans l’intérieur sous peine d’être rebelles à la loi, ou de remettre eux-mêmes tous les Chouans et de répondre sur leur tête de la tranquillité du pays. Les observations que j’ai pu recueillir et les réflexions qu’elles m’ont fournies me font penser que la rigueur seule peut terminer la guerre de la Vendée. » (XV-507)

 30 juillet 1794 — ARRETE DES REPRESENTANTS

A Nantes, Bo et Ingrand arrêtent :

« Les représentants près l’armée de l’Ouest et dans les départements en dépendant, réunis à Nantes pour y délibérer sur les moyens propres à assurer l’exécution des arrêtés du Comité de salut public sur la guerre dite de la Vendée, considérant combien il importe de prévenir la fausse application des mesures du Comité de salut public, dont le but est de punir le crime et d’arrêter ses progrès destructeurs ; considérant que, si les révoltés des départements de l’Ouest ne sont pas également coupables, ils doivent cependant être traités tous avec cette sévérité révolutionnaire qu’accompagnent toujours la prudence et l’humanité, mais qui ne connaît d’indulgence que pour l’être faible, ignorant et trompé, dont la volonté n’a jamais pu participer à aucun délit national ; considérant que l’unité des mesures et la célérité de leur application en assurent invariablement le succès ; arrêtent : — 1 ° Tous les révoltés pris les armes à la main, ou en état de résistance ou attroupement, continueront, conformément aux arrêtés du Comité de salut public, d’être traités en rebelles et brigands. Ceux qui seraient arrêtés sans armes ou les auraient remises, mais seraient reconnus pour avoir pris une part active à la rébellion, et en avoir été les auteurs, fauteurs et instigateurs, seront jugés par la Commission militaire et révolutionnaire établie dans les départements de l’Ouest. — 2° Tous les autres habitants du pays révolté qui, n’étant point pris sous les armes, peuvent être jugés dignes de participer aux bienfaits de la liberté, seront d’abord conduits au quartier général de l’armée de l’Ouest, et employés provisoirement, et sous la surveillance des administrations et municipalités, aux travaux auxquels ils seront les plus propres, jusqu’à ce qu’il ait été statué définitivement sur leur destination, par le Comité de salut public ou les représentants du peuple près l’armée de l’Ouest. — 3° Les généraux et tous les agents employés à la destruction du brigandage et de la révolte seconderont de toutes leurs forces et de tous leurs moyens les mesures révolutionnaires ; ils ne perdront pas de vue que nous n’avons tous qu’un but, celui de terminer l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. — 4° Les généraux et commandants sont particulièrement responsables de la conduite de leurs subordonnés ; ils donneront les ordres les plus précis pour qu’on n’ait jamais à reprocher aux soldats de la République et aux défenseurs de la liberté le pillage, l’incendie, des actes de férocité ; ceux qui seraient assez dépravés et assez téméraires pour s’y livrer seront traduits devant les tribunaux militaires de l’armée de l’Ouest. — 5° Le Commandant provisoire de l’armée de l’Ouest est chargé de faire mettre à exécution le présent arrêté, et de le faire connaître à toutes les divisions de l’armée et de chaque détachement qui y est employé. — Les représentants du peuple, — Signé : Bo, Ingrand. Pour copie conforme, signé : Joseph Monneron, secrétaire. » (XV-686, note 3)

Le lendemain, de Nantes, Bo, représentant à Nantes, écrit trois lettres au Comité de salut public. Dans la plus importante, il transmet l’arrêté qu’il a pris avec Ingrand pour fixer d’une manière précise la conduite des généraux dans la désagréable guerre de la Vendée. « Je pense que cette mesure, que je vous avais fait connaître dans mes précédentes lettres, aura de grands avantages : celui de ne frapper de mort que les vrais coupables, et l’autre de détruire le germe de la guerre civile en éloignant tous les particuliers capables de la fomenter. » – Lettre reçue le 5 août. (Analyse dans Aulard) (XV-571)

5 août 1794 — LETTRE D'INGRAND

De Niort, Ingrand, représentant à l’armée de l’Ouest, écrit au Comité de salut public :

« Citoyens collègues, — D’après votre lettre du 5 du présent [thermidor – 23 juillet, voir plus haut], sur les réclamations de la Commission militaire et révolutionnaire établie à l’île de la Montagne, mon collègue Bo et moi avons pris l’arrêté ci-joint [le 30 juillet] et donné des ordres pour que les chefs des brigands détenus à Challans fussent conduits de suite à la Commission révolutionnaire. Comme votre lettre prescrit de distinguer l’homme faible et trompé du véritable brigand, nous avons suivi votre vœu dans notre arrêté ; mais il se présente une difficulté dans l’exécution des mesures dictées par l’humanité et la justice. — Que ferons-nous des femmes, enfants, vieillards et autres individus qui, n’étant point pris les armes à la main ni en état de rébellion, ont cependant continué à habiter le pays révolté ? — Il nous a paru qu’il y aurait du danger à les laisser dans les lieux que pourraient encore parcourir les brigands, car ils pourraient devenir leurs victimes ou les servir. — Les ferons-nous rendre dans les communes de leurs districts qui n’ont point été révoltées, et leurs permettrons-nous d’y rester sous la surveillance des municipalités, ou les ferons-nous évacuer dans d’autres départements ? Il est important que vous décidiez sur ces questions. Vos arrêtés des 2 et 16 prairial [21 mai et 4 juin] accordaient aux révoltés qui viendraient remettre leurs armes, et se faire inscrire sur les registres des agents de la Commission d’agriculture et arts, la permission d’habiter leur domicile ordinaire et de cultiver leurs terres. — Mais, outre qu’il ne s’est présenté que très peu de ces révoltés, c’est qu’ils sont encore dans l’impossibilité d’habiter leurs anciens domiciles, leurs maisons ayant été toutes brûlées. — D’ailleurs, il n’y a réellement aucune confiance à avoir dans ces êtres égarés et fanatisés à un point incroyable. — L’état de terreur et de désespoir où la plupart de ces malheureux se trouvent pourra cependant en ramener quelques-uns dans le devoir et sous les lois de la République. — Mais je vous le réitère, je ne crois pas qu’on puisse avoir confiance en eux, et il me paraît nécessaire de prendre les plus grandes précautions à leur égard. — Déterminez, je vous prie, définitivement le sort de ceux des révoltés qui viendront librement se mettre sous la protection du gouvernement. Car votre lettre du 5 semble défendre les mesures prescrites par vos arrêtés des 2 et 16 prairial. — Je me conformerai ponctuellement, ainsi que mon collègue, à ce que vous statuerez sur cet objet, comme sur tous ceux confiés à notre surveillance. — Salut et fraternité, — Signé : Ingrand. » – Lettre reçue le 12 août. (XV-686)

8 août 1794 LETTRE DE LAIGNELOT

De Laval, Laignelot, représentant dans la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, chargé de la lutte contre les Chouans, écrit au Comité de salut public (extrait) :

« […] Nous touchons au moment d’exterminer les brigands ; de toutes parts les hommes égarés rentrent, la troupe des scélérats-chefs diminue, et un effort général que nous faisons ces jours-ci, et que nous n’avons pu faire plus tôt à cause de la moisson, nous promet un succès assuré. Eh bien, des agitateurs de tribune s’étaient arrangés pour dénoncer dans plusieurs Sociétés populaires le général Vachot à l’instant où il va frapper plus fort, à l’instant où il a besoin de toute la confiance du peuple qui marche avec lui, et, sans mes soins, ces délations insignifiantes, sans fondement, dictées par la malveillance, qui n’a plus que ce moyen d’empêcher la fin d’une guerre désastreuse, pouvaient porter la plus funeste atteinte à la chose publique. Heureusement j’ai tout arrangé, et les coups que Vachot va porter seront si rapides que la calomnie n’aura pas le temps de l’atteindre. — Salut, cent fois salut à vous et à tous mes collègues, sauveurs de la République ! — Signé : Laignelot. » – Lettre reçue le 12 août. (XV-7659)

9 août 1794 — LETTRE D'INGRAND

De Niort, Ingrand, représentant à l’armée de l’Ouest, écrit au Comité de salut public (extrait) :

« Je crois que la durée de la guerre dite de la Vendée a été autant le résultat de la scélératesse et du fanatisme des révoltés que de la trahison et de l’ineptie des généraux qui y ont été employés. — Mais il est certain que, dans l’état où en sont les choses, nous n’obtiendrons jamais le résultat moral et physique que nous nous proposons, si nous n’avons une force majeure et imposante dans la Vendée. — L’homme de la Vendée, le brigand, est tellement dénaturé, les prêtres l’ont tellement dégradé et abruti que la raison et les principes ne sont plus rien pour lui ; il n’obéit qu’à la force ; encore plusieurs ne la redoutent pas même et vont gaiement à la mort. — Ceux même qui ne sont pas aussi aveugles que les autres ne seront maintenus dans le devoir que lorsqu’ils auront l’assurance que leurs chefs sont sans forces et entièrement détruits. » – Lettre reçue le 13 août. (XV-800)

16 août 1794 — ARRETE DU CSP

Le Comité (Carnot) fixe les nouveaux représentants près l’armée de l’Ouest (Laignelot, Guyardin et Dornier), remplace Moulin, général en chef, par Dumas, alors à l’armée des Alpes, suspend nombre d’officiers, arrête les mesures pour rompre toute communication entre les militaires et les habitants, exige la plus grande discipline des soldats, leur interdit le brigandage et les cruautés, invite les évacués à rentrer dans leurs foyers pour reprendre les travaux des champs, confirme la peine de mort pour les chefs des brigands mais promet le pardon aux égarés et aux citoyens entraînés de force dans la révolte. — Cet arrêté répondait, semble-t-il, à la lettre non datée de Bo, donnée par Aulard à la date du 1er août et à celle d’Ingrand du 9 août.

« [...] 7° Aucun général ne pourra avoir son quartier général dans une ville ; les représentants du peuple en interdiront le séjour à tous les militaires qui n’y seront pas de service strict. Ils défendront également les cantonnements dans les villages ; ils ne permettront pas que personne entre dans les camps ; ils feront fusiller quiconque en approcherait sous quelque prétexte que ce soit. Les vivandiers auront au loin des endroits désignés où l’on ira acheter leurs denrées. Tous ces achats seront faits avec beaucoup d’ordre, sous une police sévère et par un nombre de personnes sûres préposées à cet effet. En un mot, aucune précaution ne sera négligée pour couper toute intelligence, négociation, communication ou correspondance quelconque, non seulement avec les brigands, mais encore avec tous les habitants du pays, surtout les femmes.

8° Les représentants du peuple rendront les généraux, et ceux-ci les officiers particuliers, responsables de l’exécution rigoureuse de l’article précédent. Les représentants du peuple chasseront ignominieusement tous les officiers ou sous-officiers qui s’enivreraient, donneraient l’exemple de mauvaises mœurs ; ils feront punir suivant la rigueur des lois le brigandage des militaires et les actes de cruauté ; ils feront exercer les volontaires, organiser régulièrement les bataillons et maintenir la plus exacte discipline aux troupes de la République. [...]

12° Les citoyens qui ont été éloignés de leurs foyers par l’arrêté des représentants du peuple auront la faculté d’y rentrer et de se livrer aux travaux de la campagne.

13° Les représentants du peuple remettront la justice, le désintéressement à l’ordre du jour ; les mœurs, la voie de persuasion, la bonne foi seront mis en vigueur. Tous les chefs de brigands, tous ceux qui ont accepté des grades parmi eux seront punis de mort. Ceux qui n’auront été qu’égarés ou entraînés par la violence seront pardonnés. » (XVI-145, n° 7)

Le 8 septembre, les représentants Guyardin et Dornier rappelèrent les réfugiés des départements de l’Ouest.

15 octobre 1794 — LETTRE DE GARRAU sur sa mission en Vendée

D’Elisondo, Garrau, ex-représentant à l’armée de l’Ouest de février à avril 1794, présentement représentant à l’armée des Pyrénées occidentales, écrit au Comité de salut public (In extenso) :

« Mes chers collègues, — Les papiers publics, que je ne reçois ici que très tard, m’apprennent que Hentz et Francastel, qui étaient en mission dans la Vendée avec Prieur (de la Marne) et moi, sont accusés d’y avoir commis ou laissé commettre des horreurs, et que vous êtes chargés de faire un rapport à la Convention nationale sur leur conduite. — Je dois à la justice, à ma conscience, à la vérité de mettre sous vos yeux un tableau fidèle de ce qui s’est passé pendant ce temps et des mesures qu’eux et nous avons prises pour terminer une guerre aussi désastreuse. — C’était le 21 ou le 22 pluviôse [9 ou 10 février, en fait le 10] dernier que le Comité de salut public me proposa d’aller dans la Vendée en qualité de représentant du peuple. J’arrivais de l’armée des Pyrénées occidentales pour solliciter de lui quelque secours ; cette armée étant dans un état de dénuement effroyable, je crus d’abord devoir refuser cette proposition par plusieurs raisons : la principale était que je n’avais nulle connaissance de ce malheureux pays, ni de l’espèce de guerre qu’on y faisait ; on promit de me donner pour collaborateur un de nos collègues, qui avait déjà été en mission dans cette partie ; on m’assura que je n’y resterais que très peu de temps et qu’en attendant on pourvoirait aux besoins de l’armée des Pyrénées occidentales : j’acceptai. Le Comité nomma Hentz, que je ne connaissais pas. Hentz avait la confiance entière du Comité ; il venait de publier quelques réflexions sur la guerre de la Vendée, qui avaient été généralement applaudies et du Comité et de la Convention nationale. Carnot et particulièrement Prieur (de la Côte d’Or) me dirent beaucoup de bien de lui, de ses principes et de sa moralité. Nous partîmes. — Francastel, Turreau et Bourbotte étaient à Saumur. Nous eûmes un entretien avec ces deux premiers sur tout ce qui était relatif à l’objet de notre mission. Francastel nous suivit à Angers, de là à Nantes ; à cette époque, Carrier était reparti pour Paris et la fameuse expédition des douze colonnes du général en chef Turreau était faite. — Cette expédition, mal combinée et plus mal exécutée, paraissait avoir donné aux brigands une nouvelle vie. Dirigés en trois corps, l’un sous le commandement de Charette, l’autre sous celui de Stofflet, et le troisième sous La Catelinière (sic), ils occupaient le Bocage, les environs de Cholet et la forêt de Prince ; quelques pelotons séparés s’étaient jetés dans les bois et sur les grandes routes pour surprendre et attaquer nos convois et tomber sur les traîneurs de l’armée. — Cependant la Vendée ne présentait rien d’effrayant pour la liberté ; l’armée de l’Ouest était composée de quarante à cinquante mille combattants, à la vérité disséminés, mais qu’on pouvait rassembler en masse. Tous les brigands réunis ne formaient pas quinze mille hommes, dont un tiers seulement armé. — Mais ce qu’il y avait d’inquiétant et de malheureux, c’était que ces scélérats se portaient successivement dans les communes de l’intérieur du pays où il était resté des habitants et qu’ils y massacraient impitoyablement ceux qui ne voulaient pas embrasser leur cause ; ils avaient aussi beaucoup de leurs complices, hommes ou femmes, répandus çà et là, qui leur désignaient leurs victimes et se portaient à des actes de barbarie et de férocité dont l’idée seule fait frémir la nature. — Dans cet état de choses, il fallait prendre un parti : pour ne pas donner au hasard et voir tout par nous-mêmes, je me rendis à Montaigu [d’où il écrivit le 22 février. Ndla], où était la colonne de Cordellier ; Prieur (de la Marne), notre collègue, arrivé de Lorient, vint m’y joindre, et tous les deux nous marchâmes à la tète des troupes. — Nous ne revînmes à Nantes que lorsque la colonne de Duquesnoy, qui avait fait sa jonction avec celle de Cordellier, eut reçu l’ordre de se rendre à Rennes. — Il ne se passa rien de remarquable dans cette petite campagne, qui dura dix à douze jours, pendant lesquels nous ne cessâmes d’avoir la pluie, la grêle, la gelée sur le corps. — L’ennemi, qui était instruit par ses nombreux espions de tous nos mouvements et qui connaissait parfaitement tous les chemins jusqu’au plus petit sentier, eut l’art de nous éviter. Nous ne pûmes le joindre qu’une seule fois (c’était la bande de Charette), encore fut-il assez heureux de nous échapper, à la faveur de la nuit et en sacrifiant une soixantaine des siens. — Le lendemain de cette rencontre, je faisais payer bien cher la confiance que j’avais donnée à un de ces Vendéens prétendus convertis qui me servait de guide. Ce scélérat, au lieu de me conduire à Remouillé, où Prieur m’attendait, me mena dans une embuscade de trois à quatre cents brigands et se sauva au milieu d’eux ; je n’avais que dix ou douze cavaliers avec moi et le brave Moreau, commandant du 74e régiment ; notre sang-froid et la bonne contenance de notre petite escorte nous sauvèrent. — Je crois devoir rappeler aussi une autre anecdote qui m’est arrivée à cette même époque. — Le jour où la colonne de Duquesnoy se joignit à celle de Cordellier, nous fûmes bivouaquer dans les landes de Bouin : ces landes ont deux ou trois lieues d’étendue ; il était dix heures du soir, dans une nuit affreuse, lorsque nous y arrivâmes. L’obscurité et le mauvais temps firent que les bataillons se dispersèrent ; les uns et les autres erraient çà et là sans pouvoir se réunir ; n’ayant pas de bois pour allumer des feux, chacun prit poste où il se trouva. Je m’étais porté en avant avec un adjoint aux adjudants généraux ; le hasard me fit rencontrer un moulin qu’on avait brûlé ; j’y cherchais un abri, lorsque j’entendis courir à mes côtés ; je m’avance promptement vers l’endroit d’où partait ce bruit, j’aperçois une jeune enfant de neuf à dix ans qui fuyait à toutes jambes ; je l’appelle, je la rassure, elle vient ; je la prends sur mon cheval et l’emporte avec moi vers ma masure ruinée qu’on avait choisie pour quartier général. — J’ai gardé cette enfant pendant cinq jours ; elle m’a toujours suivi ; Prieur et moi en avons pris les plus grands soins et avons fini par la placer dans un des hôpitaux de Nantes. — Je ne cite ce trait que pour répondre aux calomnies de ceux qui ont l’atrocité d’attribuer aux représentants du peuple les cruautés auxquelles se sont portés, durant la guerre de la Vendée, quelques soldats ivres de vin et de pillage ou justement indignés de voir pour ainsi dire, au coin de chaque village, les cadavres de leurs frères mutilés, déchirés par lambeaux, et souvent brûlés vifs. — Prieur et moi avions donné l’ordre exprès aux généraux de respecter les femmes, les vieillards et les enfants et de les conduire sur les derrières de l’armée. Ce même ordre a été souvent répété en ma présence par Hentz et Francastel. J’affirme ce fait sur mon honneur. [Voir plus haut leur arrêté du 20 février] — De retour à Nantes, nous nous occupâmes des moyens de porter le plus promptement possible les derniers coups à un ennemi si terrible dans le principe, et qui commençait à relever la tète assez audacieusement pour donner au peuple de nouvelles inquiétudes et à la malveillance de nouveaux aliments de discorde et de troubles intérieurs. — Je proposai de faire une proclamation pour engager les brigands à livrer leurs chefs et à reprendre paisiblement leurs professions, arts ou métiers. Cette proposition fut vivement sentie de tous nos collègues. Mais on observa avec raison que nous ne pouvions pas, nous simples mandataires, déroger au décret qui met hors la loi tous ceux qui ont pris part à la révolte de la Vendée, et prononcer une amnistie aussi générale, surtout le système de réduire les brigands par la force étant celui que le Comité de salut public avait adopté et qu’on exécutait depuis plus de trois à quatre mois ; il fallait donc concilier nos sentiments avec nos pouvoirs et prendre un parti qui pût indirectement donner le même résultat. — Nous arrêtâmes en conséquence : — 1° D’inviter les citoyens paisibles de l’intérieur du pays insurgé à quitter momentanément leurs foyers pour sauver leur vie sans cesse menacée par les brigands et séparer l’ivraie du bon grain. — Cette mesure favorisait indirectement la sortie de ceux qui, après avoir pris les armes contre la patrie, avaient reconnu leur crime et voulaient l’expier par le repentir. — Il est même certain que plusieurs soldats de Charette, de Stofflet et de La Catelinière les abandonnèrent et profitèrent de cette voie pour se soustraire à la vengeance nationale en se confondant avec les bons citoyens. — 2° D’envoyer secrètement des émissaires vers les brigands pour les assurer de l’impunité, s’ils livraient leurs chefs et mettaient bas les armes. — Ce qui a été exécuté toutes les fois que l’occasion s’est présentée. — 3° De faire interner tous ceux qui se disaient réfugiés et qui se tenaient sur les limites du pays insurgé, mesure d’autant plus nécessaire que plusieurs scélérats, sous ce titre respectable, entretenaient des intelligences secrètes avec les chefs de brigands et leur faisaient passer des munitions de guerre et des armes. — On observera aussi que nous avons eu soin d’assurer les secours à toutes les personnes qui, eu vertu de nos arrêtés, ont quitté la Vendée et sont entrées dans l’intérieur. — 4° D’augmenter le nombre des chaloupes canonnières, afin de purger entièrement les rives de la Loire et d’en rendre libre la navigation, ce qui nous a donné la facilité de faire remonter de Nantes à Tours un convoi de plus de six à sept cents bâtiments chargés de sucre, de sel, de café et d’autres marchandises qui ont porté l’abondance dans les départements de l’intérieur et surtout à Paris [fait signalé dans leur lettre du 29 mars. Ndla]. — 5° D’éloigner de l’armée et de ses cantonnements une quantité prodigieuse de femmes qui l’infectaient et portaient dans l’esprit et le cœur du soldat le germe de tous les vices [Lettre du Comité du 18 février]. De faire sortir des villes tous les militaires, de quelque grade qu’ils fussent, que l’appât des plaisirs, souvent la crainte des combats y avaient attirés, et qui y croupissaient dans la débauche et dans l’oisiveté ; de rassembler toutes les forces capables d’agir, d’en former des masses et de les opposer dans cet état aux bandes éparses des brigands. — 6° D’établir une Commission centrale de subsistances, chargée exclusivement, pour le compte de la République, de l’extraction de toutes les denrées, bestiaux, marchandises et autres effets trouvés dans le pays insurgé. — Cette Commission (si elle a été fidèlement remplie) a dû empêcher le pillage et la déprédation de plus de douze millions d’objets précieux et de première nécessité, car les agents des fournisseurs des fourrages, les préposés aux vivres, les commissaires des guerres, les administrateurs des districts et des départements, les comités des subsistances des municipalités voisines, tous se jetaient sur la Vendée comme sur une proie commune qu’ils étaient en droit de partager. — 7° Enfin de faire exécuter, avec les égards et les ménagements que les circonstances exigeaient, le décret de la Convention nationale du . . . . . qui met les brigands hors la loi, ordonne le brûlement de leurs repaires et le transport sur le derrière de l’armée des femmes, vieillards et enfants [arrêté du 26 juillet 1793, décrété le 1er août,]. — Telles sont, mes chers collègues, les mesures que nous avons prises vous pouvez lire nos arrêtés, ils sont dans vos mains. — Travestir en crimes ces mesures que le salut public nous a dictées et en former un acte d’accusation, particulièrement contre Hentz et Francastel, c’est une injustice atroce et une insouciance des plus grandes. S’ils sont coupables. Prieur et moi le sommes : pourquoi nous séparer ? Je ne pousse pas plus loin cette réflexion douloureuse. . . . . Poursuivons. — Ces résolutions prises, Hentz et Francastel se rendirent à Angers et, de là, dans l’intérieur du pays insurgé, et ensuite vers Luçon, Fontenay, etc. Prieur et moi restâmes à Nantes pour y remonter l’esprit public, réorganiser les autorités constituées, assurer l’exécution de nos arrêtés et surveiller le Morbihan et la rive droite de la Loire. — Je ne dirai point ici ce que nous avons fait, lui et moi, pour étouffer les mouvements séditieux qui se manifestèrent le même jour (le 19 mars, v. s.) dans plusieurs districts de ce département et depuis Angers jusqu’à Nantes [Voir la lettre du 18 mars]. C’est à notre correspondance de ce temps-là avec le Comité de salut public qu’il faut avoir recours ; on y verra que, de concert avec Dubois-Crancé, qui vint nous joindre à Nantes, nous avons sauvé cette partie de la République des horreurs d’une guerre civile qui aurait été plus terrible encore que celle de la Vendée. — Je ne parlerai pas non plus des moyens sages, mais vigoureux que nous avons employés pour rendre impuissantes les manœuvres scélérates des ambitieux et des intrigants, pour mettre un frein aux déclamations de ces hommes qui, le bonnet rouge sur la tête, prêchaient des principes destructeurs de tout gouvernement, insultaient à la morale publique et foulaient aux pieds les lois sacrées de la nature ; pour arracher le masque hypocrite de ces prétendus philosophes qui fermaient les églises, brûlaient les saints de bois et volaient les vases d’argent ; pour donner enfin à l’esprit public sa véritable direction, le préserver du poison lent du modérantisme et des excès de la démagogie [Voir les lettres du 18 mars et 21 avril] ; le Comité de salut public peut consulter encore sur ce point notre correspondance et nos arrêtés. — Au reste, si je suis inculpé directement, je saurai me défendre, prouver mon innocence et imposer silence à la calomnie. — Mais, dit-on, il s’est commis des atrocités dans la Vendée ; on y a tué, massacré des femmes et des enfants. . . . ., et ce reproche, on paraît le diriger contre Hentz et Francastel. — C’est une injustice . . . . . . . Si des atrocités de cette espèce ont été commises, ce ne peut être que lorsque Turreau fit son expédition des douze colonnes ; or, à cette époque, Hentz ni moi n’étions pas arrivés dans la Vendée. — Hentz et Francastel ont (dit-on) ordonné à Turreau de brûler trente villages. Cette inculpation est encore fausse. En voici la preuve : Turreau ayant ordonné de brûler un village près de Fontenay, la Société patriotique de cette commune m’envoya une députation pour m’en instruire ; je fis partir de suite un courrier extraordinaire pour Turreau avec ordre de suspendre : Hentz et Francastel m’avaient prévenu et lui en avaient témoigné leur mécontentement d’une manière très ferme. — Au reste, je n’ai été dans la Vendée qu’en passant, et le plus beau jour de ma vie a été celui où j’en suis parti. — Carnot, à qui j’écrivais confidentiellement, peut rendre justice à mes sentiments. — Salut et fraternité, — Signé : Garrau. — P.-S. — Je pars dans l’instant à Pampelune. » (XVII-447)

1er décembre 1794 — LETTRE DES DEPUTES DE L'OUEST

Le 1er décembre 1794,  9 députés des départements de l’Ouest écrivent au Comité de salut public une lettre qui, le lendemain, provoquera la proclamation par la Convention d'une amnistie pour « Toutes les personnes connues dans les arrondissements des armées de l’Ouest, des Côtes de l’Ouest et des Côtes de Cherbourg sous le nom de rebelles de la Vendée et des Chouans, qui déposeront leurs armes dans le mois qui suivra le jour de la publication du présent décret ». On lit dans cette lettre le passage suivant, qui dit tout : 

« [...] Nous ne connaissons que deux partis à prendre pour finir la guerre de la Vendée : l’un est d’exterminer jusqu’au dernier habitant de ces contrées ; mais, pour éteindre une population de 200,000 individus qui reste encore, il faut sacrifier au moins 80,000 républicains. Le moyen n’est pas proposable, et la Convention ne l’a jamais voulu. — L’autre est d’écouter la voix de l’humanité, d’user d’indulgence, de conquérir ces départements par la persuasion plutôt que par les armes. [...] »

Signé : P.-M. Delaunay (Maine-et-Loire), Menuau (Deux-Sèvres), Lofficial (Deux-Sèvres), Gaudin (Vendée), Jard Panvillier (Deux-Sèvres), Morisson (Vendée), Talot (Maine-et-Loire), Girard (Vendée) et Dandenac aîné (Maine-et-Loire). (XVIII-452).

Guerre de l'Ouest - couv verso présentation.jpg

22:14 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 08 octobre 2014

LE TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE DE PARIS (listes, chiffres, graphiques)

Tribunal révolutionnaire de Paris (couv recto - coupé).jpgDans le cadre de mon travail sur Robespierre, le Comité de salut public et la Terreur, j'ai épluché les archives du Tribunal révolutionnaire de Paris (série W) pendant plusieurs années et établi la liste exacte des 5350 personnes qui comparurent et des sentences qui furent rendues à leur encontre. Ne sachant encore sous quelle forme publier ce travail inédit qui peut intéresser les chercheurs, je le présente ici, gratuitement. Je compte sur l'honnêteté de ceux qui s'en serviront pour citer leur source. Mes fichiers personnels sont plus complets et je me tiens à la disposition de toute personne désireuse de plus d'informations sur tel ou tel dossier (prénoms, états, côtes d'archives, etc.).

Vous trouverez ci-dessous :

1) La liste par ordre chronologique des exécutés, libérés et autres sentences.

2) Des tableaux des chiffres, jour par jour, mois par mois

3) Des représentations graphiques de la Terreur à Paris

 

VERDICTS AU JOUR LE JOUR
DU TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
28 mars 1793 – 31 mai 1795 (12 prairial an III)

Le nom initial du Tribunal révolutionnaire était tribunal criminel extraordinaire. Il avait été adopté le 9 mars 1793 sous la pression de la Montagne et à la suite d'une longue discussion (on ne peut pas dire qu'il fut la création de tel ou tel députés). Le Tribunal fut installé le 28 mars suivant. Le 29 octobre 1793 (8 brumaire an II), la Convention décréta que le tribunal criminel extraordinaire porterait dorénavant le nom de tribunal révolutionnaire (Archives parlementaires, tome LXXVIII, p. 28).

MISE EN PAGE ET SIGNIFICATION

Date — du jugement ou de l’exécution

Exécuté(s) (nombre) : Guillotiné(s) ce jour. Une indication est donnée pour connaître le jour de la condamnation à mort qui, jusqu’au début de février 1794 (pluviôse an II), était souvent prononcée la veille (le jour d’hier, selon la formule des procès verbaux d’exécution de mort). Ne figurent pas, et pour cause, les rares guillotinés condamnés à mort par le tribunal criminel de Paris, généralement pour fabrication ou distribution de faux assignats.

Libéré(s) (nombre) : Acquitté(s) ou bénéficiaire(s) d’un non-lieu et libéré(s).

Autre(s) (nombre) : Acquitté(s) de crime contre-révolutionnaire mais condamné(s) à la déportation, aux fers, à la prison (pour une durée déterminée), à la détention jusqu’à la paix, comme suspect(s) ou renvoyé(s) vers d’autres tribunaux.

Info(s) : Informations diverses.

SIGNALISATION UTILISÉE

*              condamné(e) la veille
**      condamné(e) plusieurs jours ou mois avant (la date de la condamnation est alors précisée)
(p)         domicilié(e) dans la ville ou le département de Paris (ceci n’est précisé que pour les personnes exécutées)
(f)             femme
(dét)      condamné(e) ou maintenu(e) en détention (généralement jusqu’à la paix comme suspect)
(dép)     condamné(e) à la déportation (qui n’avait jamais lieu et revenait à de la détention)
(x.f)          condamné(e) à X ans de fers
(x.p)         condamné(e) à X ans de prison ou de détention
(x.g)         condamné(e) à X ans de gène
(renv)       renvoyé(e) devant une autre juridiction
(mds)       envoyé(e) dans une maison de santé
(mdc)       envoyé(e) en maison de correction
(ban)        condamné(e) au bannissement
(ajourn)    ajournement de l’affaire

J'indique l’âge des jeunes de 18 ans et moins (69, de 18 à 13 ans, dont 25 furent exécutés, à savoir 13 de 18 ans, 10 de 17 ans et 2 de 16 ans) et des adultes lorsque cette information permet d’éviter les confusions. J'indique également les thèmes principaux des « fournées » lorsqu’il est possible d’en dégager, toutes les personnes exécutées n’étant pas nécessairement concernées. Par contre, sauf exception, je ne signale pas les personnages importants ou connus (députés, ex-députés, généraux ou autres) qui furent exécutés, ceux-ci étant souvent trop nombreux, un tel choix ne pouvant d’ailleurs être qu’arbitraire.


6 avril 1793

Exécuté (1) : L. Guyot, dit Desmaulans

9 avril 1793

Libérés (3) : A. Briançon – E. Esperoux – C. Gallet

Autres (2) : J.-F Dronchat (renv) – P. Le Rouget (renv)

Info : Jean-François Dronchat et Pierre Le Rouget, prêtres, furent renvoyés ce jour devant le Directoire du département de Paris. Mais le Tribunal criminel révolutionnaire statua à nouveau à leur sujet le 19 mai 1793 et les libéra. (W268.3)

11 avril 1793

Exécuté (1) : N. Luttier* (p)

Libéré (1) : A. E. Malet

15 avril 1793

Exécuté (1) : L. P. Rouxel de Blanchelande, père

17 avril 1793

Libérés (3) : M. Dessaubaz – E. E. Prieur – T. P. Petit

19 avril 1793

Exécuté (1) : J. C. Clerc* (f) (p)

20 avril 1793

Exécuté (1) : A. H. Vaujours* (p)

21 avril 1793

Exécutés (2) : A. J. Clinchamp Saint-André* – G. Du Guiny*, dit Belair

22 avril 1793

Autre (1) : P. D. Sonnet (renv)

23 avril 1793

Libérés (4) : N. Decourtive – P. Decourtive, son frère cadet – L. F. A. Dharambure – N. Leiné

24 avril 1793

Libéré (1) : J.-P. Marat

25 avril 1793

Libéré (1) : J. Dande

28 avril 1793

Exécutés (2) : F. Bouché* – D. C. Mangot* (p)

30 avril 1793

Libéré (1) : J. J. P. Dèsparbès

2 mai 1793

Exécuté (1) : A. Juzeau*

3 mai 1793

Info : Madelaine Françoise Joséphine Kolly, née Robec, condamnée à mort ce jour avec les trois exécutés du lendemain, dont son mari, se prétendit enceinte et fut exécutée le 5 novembre 1793. (W269.23)

4 mai 1793

Exécutés (3) : F. A. R. Beauvoir* (p) – P. P. Kolly* (p) – J. N. Bréard* (p)

10 mai 1793

Exécutés (2) : L. A. Beaulieu*, dit Mazu (p) – J. F. V. de Reviers de Mauny*

Libérés (7) : P. J. Bouché – M. Bouvet – C. B. Guy – R. J. La Nouë – J.-B. Le Norman – F. Martin – J. H. T. Morel

15 mai 1793

Libérés (4) : M.-J. Brunot – C. Delion – M. Jounau – R. Tanquerel

16 mai 1793

Libéré (1) : F. Miranda

Info : Acquitté à l’unanimité ce jour, le général Miranda fut de nouveau arrêté le 5 juillet suivant par ordre du Comité de salut public, arrestation confirmée le 11 juillet par la Convention. Libéré par décret le 15 janvier 1795 (26 nivôse an III), la Convention le décréta de nouveau d’arrestation le 22 octobre 1795 (30 vendémiaire an IV).

17 mai 1793

Info : Ce jour fut condamné à mort le maréchal de camp Miaczynski. Mais il écrivit le lendemain à la Convention pour demander un sursis de trois jours, le temps d’écrire un mémoire sur des révélations que lui aurait faites Dumouriez. La Convention lui envoya deux commissaires, Rouzet et Drouet, pour recevoir ses déclarations. De retour à la Convention, Rouzet demanda à conférer avec le Comité de salut public et qu’il soit sursis à l’exécution jusqu’au rapport du Comité. Sur le rapport de Cambon, toujours le 18 mai, la Convention renvoya Rouzet et Drouet auprès de Miaczynski pour prendre d’autres renseignements. La Convention, satisfaite, leva le sursis le 21 mai. (Archives Parlementaires, LXV, p. 159) Miaczynski fut exécuté le lendemain, 22 mai. (W271.31)

Sénart, agent du gouvernement, a rapporté dans ses Mémoire : « Si, lors du jugement de Danton et de Lacroix, on ne dévoila pas leur complicité dans deux fabriques de faux assignats, c’est que le comité de sûreté générale voulait préserver quelques-uns de leurs complices. Ce délit, si vil et si bas, fut dénoncé par Miaczinski avant sa mort ; il écrivit à la Convention qu’il avait de grands secrets à révéler ; des commissaires furent envoyés, et Miaczinski déclara ces fabriques de faux assignats, et des faits de trahison contre quelques autres. On rapporta à la Convention que Miaczinski était ivre de punch, qu’il n’avait pas l’usage de ses sens, mais Miaczinski, irrité de la légèreté de la visite des commissaires, écrivit, et sa lettre fait la base de ces renseignements ; il en résulte que Lacroix et Danton avaient élevé et soutenu deux fabriques de faux assignats, sous la direction du nommé la Pallière, leur confident, et l’intime de Lacroix, lequel la Pallière a été en arrestation, et sortit après le 9 thermidor, par l’intrigue de Bourdon (de l’Oise). L’une de ces fabriques était à Liège, dans la ville même ; l’autre au château d’Aix-la-Chapelle. » (Buchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, tome 32, p. 392)

19 mai 1793

Libérés (2) : J.-F. Dronchat – P. Le Rouget

Info : Jean-François Dronchat et Pierre Le Rouget, prêtres, avaient été renvoyés le 9 avril devant le Directoire du département de Paris. Mais le Tribunal criminel révolutionnaire statua à nouveau à leur sujet ce jour et les libéra. (W268.3)

20 mai 1793

Libérés (3) : F. Cuny – C. Loignon – A. Martin

21 mai 1793

Libéré (1) : J. Thuring

22 mai 1793

Exécuté (1) : J. Miaczynski** (p) (condamné le 17 mai.)

23 mai 1793

Exécuté (1) : P. de Vaux* (p)

25 mai 1793

Libérés (4) : P. Jéricot – A. C. Lacloye, née La Place (f) – A. Taupin – J.-F. Wagon

27 mai 1793

Libérés (2) : F. P. Bosredont – A. Toupiolle

28 mai 1793

Libéré (1) : H. Stengel

30 mai 1793

Libérés (1) : J. Maydieu

Autres (2) : P. Delahuproye (dép) – N. P. Le Muet de Mauroy (dép)

1er juin 1793

Libéré (1) : C. F. Laurens jeune

2 juin 1793

Libéré (3) : J. H. S. Michel – L. Penne – A. M. A. B. Verdier Dubarrat

3 juin 1793

Autre (1) : F. Dubuisson (renv)

Info : Ce jour, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil autorisa Pierre Augustin Charles Tassin Montcourt à sortir de sa maison d’arrêt pour se retirer à l’hôtel de Grande Bretagne, rue Jacob, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut condamné à mort le 12 juillet et exécuté le 13, jour où il est compté. (W277.80)

4 juin 1793

Libéré (1) : L. Labbé

5 juin 1793

Info : Un dossier au nom de Jacques François Descombiers est vide. La page de garde du dossier indique simplement qu’il avait été jugé le 5 juin 1793 comme prévenu de propos inciviques dans la Convention nationale. (W275.60)

8 juin 1793

Libérés (3) : J. F. Bernot-Charant – C. Moindrot – J.-B. Poissier

Info : Jacques François Bernot-Charant, 53 ans, demeurant ordinairement à Bourges, mis en liberté provisoire ce jour, fut définitivement rendu à la liberté le 3 novembre 1794 (13 brum. III). Il n’est compté qu’ici. (W479.344)

9 Juin 1793

Libérés (4) : J. Emeria – J. Marolles, fils – L. Marolles, père – T. A. Provost

Info : Ce jour, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil autorise également Pierre Etienne Gombault à sortir de la Concierge pour se retirer dans une autre maison de la ville, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition. Inculpé dans l’affaire d’Orléans, il fut acquitté le 12 juillet, jour où il est compté. (W277.80)

10 juin 1793

Libérés (2) : P. Foissy – D. Le Cœur

11 juin 1793

Exécuté (1) : L. Beguiné (p)

15 juin 1793

Libéré (1) : J. Boutet de Franqueville

18 juin 1793

CONSPIRATION DE LAROUERIE (Bretagne)

Exécutés (12) : A. F. de la Fonchais, née Desilles (f) – J.-B. G. Fontevieux (p) – N. B. Grout de La Motte – M. J. de La Motte (de La) Guyomarais, née Micault (f) – J. G. F. de Lamotte (de La) Guyomarais – F. V. Locquet de Grandville – T. (de) Moëlien (f) – G. M. Delaunay – M. J. A. Picot de Limoëlan – L. A. Pontavice (p) – E. V. A. Thébault de La Chauvinais – G. J. J. Vincent

Libérés (13) : M. T. d’Allerac, née Desilles (f) – T. Briot, père – J. G. Briot, fils – J. David – J. J. M. Desilles, veuve Virel (f) – A. de Lamotte Laguyomarais – C. de Lamotte de La Guyomarais (16 ans) (signait Delamotte) – F. J. C. de La Vigne Dampierre – P. Le Petit – M.  Micault-Mainville – J. B. Morel – C. A. Taburel – L. N. Thomazeau (exécuté le 20 juin 94)

Autres (2) : J. M. Le Masson (dép) – F. Perrin (dép) (exécutés le 26 juin 94)

20 juin 1793

Libérés (4) : J. A. Cochois – P. Durier – C. Lamort – J. Toutin

21 juin 1793

Libéré (1) : L. J. Billau

24 juin 1793

Autre (1) : J.-B. Secher (dép)

25 juin 1793

Libéré (1) : J.-B. Lagrange

26 juin 1793

Libérés (2) : J. Laporte – E. Plisson

Autre (1) : M. Girot (mds)

1er juillet 1793

Libérés (2) : P. Begon – P. Millet

3 juillet 1793

Libérés (2) : F. J. d’Alsace d’Henin Liétard – J. J. Delamare

4 juillet 1793

Libéré (1) : J. J. Cavin, dit Pommesargues

6 juillet 1793

Libérés (2) : P. Collery – A. M. H. Saint-Chamans (liberté provisoire)

Info : La liberté provisoire accordée ce jour à Saint-Chamans, 62 ans, fut rendue définitive le 13 août suivant. Le document porte en entête la date du 13 juillet, mais il est écrit à la fin « 13 juillet août ». (W276.76) Il fut de nouveau arrêté en ventôse an II et il figure sur la liste des détenus à envoyer au Tribunal révolutionnaire, signée par les Comités le 21 juillet 1794 (3 thermidor an II). Il fut libéré en brumaire an III.

7 juillet 1793

Libérés (2) : F. J.-B. Gattier – J. M. Scholler

12 juillet 1793

Libérés (4) : P. E. Gombault-Guinebaud – G. Grenon – C. Johanneton – L. Thomain

Info : Le 9 juin précédent, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil avait autorisé Pierre Etienne Gombault à sortir de la Concierge pour se retirer dans une autre maison de la ville, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut acquitté ce jour. (W277.80)

13 juillet 1793

ATTENTAT D’ORLEANS* (Loiret)

Exécutés (9) : J. Brou de La Salle* – J. H. A. Buissot* – F. B. Couet* – J. H. Gellet Duvivier* – J. N. Jacquet* – C. P. Monneville* – J.-B. Poussot* – J.-B. Quesnel* – P. A. C. Tassin Moncourt*

Info : Pierre Augustin Charles Tassin Montcourt avait été autorisé, le 3 juin précédent, à sortir de sa maison d’arrêt pour se retirer à l’hôtel de Grande Bretagne, rue Jacob, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut condamné à mort le 12 juillet et exécuté le lendemain. (W277 80)

15 juillet 1793

Libéré (1) : N. Le Coy (liberté provisoire)

Info : Le dossier W277.81, au nom de Lecoy, ne contient qu’une pièce d’une phrase : « J’ai les pièces Lecoy ce 21 floréal l’an deux [10 mai 1794] de la Répque [Signé] Lelievre ». En fait, son dossier est tout entier dans le carton W363, dossier 793, fin de la 1ère partie et début de la 2ème. Ce dossier est celui, entre autres, de Fougeret, ci-devant receveur des finances, dont Nicolas Le Coy était l’agent. Fougeret fut condamné à mort et exécuté le 12 mai 1794.

16 juillet 1793

Info : Marie Anne Colas Dozonville, née Poisson, mise en liberté provisoire ce jour, en attente de son jugement, fut condamnée au bannissement, ainsi que son mari, le 26 octobre suivant (W286.138). N’étant ni acquittée ni libérée à proprement parlé elle n’est pas comptée ici. 

17 juillet 1793

Exécutée (1) : C. Corday (f)

20 juillet 1793

Autre (2) : F. A. Legros (8 ans fers) – F. Wattelin (4 mois dét)

21 juillet 1793

Exécuté (1) : L. C. Malherbe* (p)

22 juillet 1793

Libéré (1) : N. Baÿe

23 juillet 1793

Exécuté (1) : J. Mazelier

Libérés (4) : J. A. d’Arnaud, née Daubigni (f) – G. C. Danse – J. J. E. Guyonnais – J. H. Solminiac

Autre (1) : F. T. Baculard d’Arnaud (2mois.p)

Info : Le Moniteur du 27 juillet 1793 indique : N. Darnaud Baculard, accusé dans la même affaire (que Mazelière), a été condamné à deux mois de détention, qui compteront du jour de son arrestation, il n’a plus que quelques jours à rester en prison ; sa femme est acquittée. (W277.89)

24 juillet 1793

Libéré (1) : L. F. Le Boucher de Vallefleur

25 juillet 1793

Exécuté (1) : F. C. Cocquereau-Boisbernier

26 juillet 1793

Libérés (9) : G. A. Desplien (ou Deplan) des Augiers – F. Dolive – P. Drovet – R. Duval – L. Fontange – J. N. Hamard – P. C. de Lacroix – A. Martin – J. Rice (ou Ris)

27 juillet 1793

Autre (1) : P. Malher (dép)

29 juillet 1793

Libérés (19) : A. F. Antoine (f) – M. T. F. Binan (f) – J. Bruni – P. Caille – A. J. M. Catry (ou Katry) – J.-B. Cerioux – A. J. Clémenceau – F. Dufay – M. A. Fresle (f) – L. Gravier – M. A. d’Henriaque (f) – H. L. Larocque – M. Lavoignac (f) – N. Lepezant – A. Léger – J. C. Lenoir, née Bazin (f) – J.-B. L. Sambuey – P. J. Thuillier (exécuté le 24 avr. 94) – F. Tranchefeu

30 juillet 1793

Libérés (1) : J. Lerouge

1er août 1793

Exécuté (1) : P. M. Colinet (de) Lasalle

2 août 1793

Info : Un dossier au nom de Vaugirard ou Vaugerard est vide. On lit sur la page de garde : « Remis les pièces à l’acc. pul le 2 août 1793 ». (W278.94)

3 août 1793

Exécuté (1) : J.-B. C. Tourtier*

Autre (1) : A. Bayard, se disant V. A. X. Des Broglie (6 ans fers + dép)

5 août 1793

Autre (1) : L. Sirouet (2.dét)

6 août 1793

Autre (1) : M.-F. Carle (f) (mds)

Info : Le Tribunal ordonne ce jour le transfert de la Conciergerie dans une maison de santé de la fille Carle, prénommée Marie-Françoise. (W278.103) Sur le rapport des officiers de santé attachés au Tribunal, d’après lequel la fille Carle était plutôt atteinte d’une folie d’imagination que d’une folie réelle, le Tribunal la fit transférer à la Salpêtrière le 23 novembre suivant. (W297b.274)

7 août 1793

Libéré (1) : P. V. Sarcé

Autre (1) : P. J. E. M. E. Mogniat Lécluse (mds)

8 août 1793

Exécuté (1) : A. Jonas* (p)

Libérés (8) : P. J. Boucher – J. H. Cusacque – L. Grimoüard – M.-J. Paulet, née Guenois (f) – P. A. Quelnault – P. D. Robert, père – C. Rougane (exécuté le 17 mai 1794) – J. P. Testar

9 août 1793

Libérés (7) : P. E. Bazin – P. Courselle – J. A. H. Du Val – J.-F. M. Katry – P. Le Gallic – R. G. Montevis – J.-B. Paulet 

Info : Jean-Baptiste Paulet était le mari de Marie Jeanne Guenois, libérée la veille. (W279.110)

12 août 1793

Libéré (1) : J.-M. Godefroy

13 août 1793

Libérés (4) : P. Brugière – J.-C. Le Blanc de Beaulieu – L. Le Maire – P. N. Mahieu

Info : La liberté provisoire accordée le 6 juillet à Antoine Marie Hyppolite Saint-Chamans fut rendue définitive ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W276.76)

14 août 1793

Exécuté (1) : C. J. Lescuyer

16 août 1793

Libérés (9) : J.-M. V. d. P. Bascher – H. T. Beschet – A. L. Crenier – J.-B. N. C. Desnouis – J. A. Gillet – J. Montaigne – F. Richard – A. Romingot – J. Vavasseur

Autres (2) : F. A. Bascher (renv + dép) – J. Deschauffour-Longchamp (renv + dép)

18 août 1793

Libéré (2) : F. M. Couteret (ou Coutret) – J. J. Lantrin (ou Lauterin)

21 août 1793

Libérés (3) : P. Brun, dit Pierrille – B. Cavey – J. D. Lafa

25 août 1793

Libéré (1) : C. H. J. F. M. Caire

28 août 1793

Exécuté (1) : A. P. Custine*

Libéré (1) : C.-F. Sandoz

1er septembre 1793

Libéré (1) : H. Jullien

3 septembre 1793

Libérés (3) : M.-A. N. Giraudot, née Piot (f) – C. Guillebaud – F.-J. Lothringer

Autre (1) : P.-F. Courtin (dép)

5 septembre 1793

DECRET : Division du Tribunal révolutionnaire en quatre sections.

Libérés (13) : C. F. Delamarre – J.-F. Duval, dit Cadet – R. Flèche (f ) – H. Godet – L. J. Langlois – F. C. Le Breton – J.-B. Lecable – P. Le Cointre – J.-B. Le Comte – J. C. Petit – L. C. Tanery – J.-B. Tesson – M. E. Vrard, née Lefaux (f)

Info : Catherine Louise Honoré Drieux, née Ruffin, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Mensonge constaté le 7 septembre. Exécutée le 8 septembre 1793. (W285.131, 2e partie)

6 septembre 1793

CONSPIRATION DE ROUEN* (Seine-Inf.)

Exécutés (8) : G. M. Aumont* – F. Bottais* – P. Delalonde* – J. Eudeline* – J.-B. Henry*, dit La Chambre – J. Leclerc* – J. F. Maubert* (18 ans) – A. Mérimé*

7 septembre 1793

Exécuté (1) : J. C. Tonduty Labalmondière (p)

Libérés (4) : L. J. Bayard de la Vingtrie – J. Jude (f) – H. M. Leclerc – J.-B. Valincourt

Info : Le jugement de Jacques Constant Tonduty est du 7 sept., mais la signification du jugement au concierge et le procès verbal d’exécution de mort indiquent que le jugement est du jour d’hier, 6. (W285.132)

8 septembre 1793

Exécutée (1) : C. L. H. Drieux**, née Ruffin (f) (condamnée le 5 sept.)

Libéré (1) : J. A. Cruau

9 septembre 1793

Autre (1) : L. L. J. Montagnac (dép)

10 septembre 1793

Libérés (2) : A. Faveaux – J. Lescuyer

11 septembre 1793

Exécuté (1) : J.-C. Bain

12 septembre 1793

Autre (1) : J. Thomas (dép)

13 septembre 1793

Exécuté (1) : C. F. Berger

14 septembre 1793

Libérés (2) : J. Blondel – F. N. Mouchet

15 septembre 1793

Libéré (1) : C. Marchand

16 septembre 1793

Libéré (1) : L. Chapeau

17 septembre 1793

DECRET : Adoption de la loi des suspects.

19 septembre 1793

Exécuté (1) : L. Levesque

Libéré (1) : L. J. Roblatre

20 septembre 1793

Libéré (1) : D. M. Degouy

21 septembre 1793

Libérés (4) : L. J. C. Bougon – F. B. Guérard (ou Grard) – G. T. Lévêque – J.-B. M. Libois

Info : L’ordonnance d’acquit de Guérard, Libois et Lévêque, et le jugement condamnant à mort Soyer, exécuté le lendemain, se trouvent dans le carton W285, dossier 131, car ils étaient impliqués dans l’affaire de Rouen jugée le 5 septembre précédent.

22 septembre 1793

Exécuté (1) : A. Soyer*

23 septembre 1793

Exécuté (1) : A. Masson

24 septembre 1793

Exécutée (1) : L. A. C. Ricard, veuve Lefebure (f)

26 septembre 1793

Exécuté (1) : L. F. C. Le Carbonnier*

Autres (2) : J. M. L’Hermina (dét) – C. G. L’Hermina, sa femme, née Bérard (f) (dép)

27 septembre 1793

Autres (2) : F. Bourquenoud, dit Fribourg (dép) – L. F. Toutain (dép)

28 septembre 1793

Libéré (1) : J. B. Prélat

30 septembre 1793

Autre (1) : M.-F. A. Rohaut, née Regnier (f) (dép)

2 octobre 1793

LES EMBAUCHEURS*

Exécutés (5) : P. H. Bridoux* – F. Gillot* – J.-B. Goubet* – J.-B. Leroy* – M. Menion*

3 octobre 1793

Exécuté (1) : P. Lenglé-Schoëbecque*

4 octobre 1793

Libérés (6) : F. Broigne (ou Broingne) – F. J. Delrue – F. Leuwers – F. Mackereel (ou Mackrel) – P. Sautrain (ou Sautrin) – P. Taffin

5 octobre 1793

Exécuté (1) : P. P. M. Lebrun*

Libéré (1) : J.-B. C. Odienne

6 octobre 1793

Exécuté (3) : J. Belangé* (ou Bellangé) – P. Belangé* (ou Bellangé) – J. C. Rutant*

7 octobre 1793 (16e jour du 1er mois an II)

Exécutés (2) : A. J. Gorsas (p) – J.-B. F. Guichard*

Libérés (4) : J.-F. Avenel – A. Boulland (ou Bouland) – P. Méel – J.-B. Tellier

Autres (5) : J. M. Bellamy (6.g) – P. Catel (6.g) – J. Langlois (6.g) – N. Petit (6.g) – A. Simon (6.g)

Info : La liberté provisoire sous cautionnement accordée ce jour à Pierre Méel, fut rendue définitive le 17 brumaire an III (7 novembre 1794). Il n’est compté qu’ici. (W482.363)

8 octobre 1793 (17e jour du 1er mois an II)

Exécuté (1) : H. Dupin

Autres (2) : J. Audeny (dét) – J. A. P. Verdier (dét)

9 octobre 1793 (18e jour du 1er mois an II)

Autre (1) : J.-B. Montozon (8 ans fers)

10 octobre 1793 (19e jour du 1er mois an II)

Autres (4) : N. Besnières (6 ans fers) – C. H. Deraray (18 ans) (dép) – F. Gabet (f) (6.p) – M. Girer (f) (6.p)

12 octobre 1793 (21e jour du 1er mois an II)

Exécuté (1) : J.-J. Barbot* (p)

13 octobre 1793 (22e jour du 1er mois an II)

Exécuté (1) : N. F. Bartelemy*

16 octobre 1793 (25e jour du 1er mois an II)

LA REINE

Exécutée (1) : M.-A. d’Autriche, veuve Capet (f) (p)

Libéré (1) : L. A. Vitel (ou Vitet ou Viter)

17 octobre 1793 (26e jour du 1er mois an II)

Autre (1) : A. F. Maingot (8jours.p) (libéré le 28 oct.)

18 octobre 1793 (27e jour du 1er mois an II)

Exécutés (3) : P. G. Lallemand* (p) – J.-B. Niclot* – J. Pechelin*

Libérés (2) : P. J. Beaucamp – J.-B. J. Demaÿ

Autres (6) : P. F. J. Benoist (dét) – J.-B. J. Blauwart (dét) – A. Carpentier (dét) – F. X. J. Planckaert (dét) – A. J. Rousé (dét) – C. B. Salon (dét)

Info : Tous les acquittés du jour étaient des habitants d’Armentières (Nord). Ceux maintenus en détention adressèrent au Tribunal une requête pour être rapprochés des leurs familles et en obtenir des secours, ce à quoi le Tribunal consentit le 18 brumaire (8 novembre) en les faisant transférer de la Conciergerie à la maison d’arrêt de Doullens (Somme). (W291.184)

19 octobre 1793 (28e jour du 1er mois an II)

LILLE ET ARMENTIERE (Nord)

Exécutés (4) : P. F. J. Clarisse* – A. F. J. Delettre* – P. G. Joire* – P. F. Malingié*

Autre (1) : P. N Perrin (12 ans fers)

20 octobre 1793 (29e jour du 1er mois an II)

Autres (2) : M. Bultais, née Levasseur (f) (dét) – D. C. G. Mouzard (dét)

21 octobre 1793 (30e jour du 1er mois an II)

Autres (5) : L. Beaudoux (dét) – J. Geoffroy (dét) – J. J. R. Guyot (dét) – L. Renaud (dét) – L. A. Rousseau (dét)

22 octobre 1793 (1er jour du 2ème mois an II)

Libéré (1) : C. Durolle, dit Pascal

23 octobre 1793 (2e jour du 2ème mois an II)

Exécutés (3) : J.-B. Brulé – P. H. Pastourel – L. A. Pernon* (p)

25 octobre 1793 (4 brumaire an II)

Exécutés (2) : P. C. Janson* (ou Jeanson) (p) – R. Martin*

26 octobre 1793 (5 brumaire an II)

Libérés (2) : J.-C. T. Asselin – J.-J. C. Renard

Info : Mis en liberté provisoire ce jour, Jean-Charles Thomas Asselin et Jean-Jacques Constant Renard furent rendus définitivement à la liberté le 13 novembre 1794 (23 brumaire an III). (W292.200, W485.391)

Autres (3) : J. A. F. Dozonville, dit Dumesnil (ban) – M. A. C. Dozonville, sa femme, née Poisson (f) (ban) – M. M. O. Marquais, née Dagoumer (f) (dét)

Info : Marie-Anne ou Marianne Colas Poisson, femme Dozonville, condamnée ce jour au bannissement, avait été mise en liberté provisoire le 16 juillet. (W286.138)

27 octobre 1793 (6 brumaire an II)

Exécuté (1) : L. A. Laroche-Fontenilles

28 octobre 1793 (7 brumaire an II)

Libéré (1) : A. F. Maingot

Info : Le 17 octobre, le Tribunal avait décidé de maintenir en détention durant 8 jours Antoine François Maingot, accusé d’avoir trempé son mouchoir dans le sang de Louis XVI, le temps de prendre sur lui des renseignements. Il fut remis en liberté ce jour. (W291.183)

29 octobre 1793 (8 brumaire an II)

Libérés (1) : D. Faucheur

Autre (2) : A. J. G. Lamellière (16 ans) (mds) – M. F. Roger (f) (6.p)

30 octobre 1793 (9 brumaire an II)

Exécuté (1) : J. J. Saunier*

Autres (2) : J. G. J. F. Lahoussaye (dét) – G. L. F. Mochon de la Rogeardière (dét)

Info : Charles Eléonor Dufriche-Valazé, député de l’Orne à la Convention, condamné à mort ce jour avec les Girondins, se suicide. (W292b.204)

31 octobre 1793 (10 brumaire an II)

LES GIRONDINS*

Exécutés (20) : C. L. Antiboul* (p) – J. Boilleau* (p) – J.-B. Boyer-Fonfrède* (p) – J.-P. Brissot*, dit de Warville (p) – C. A. Brulard Sillery* (p) – J. L. Carra* (p) – G. Du Chastel* (p) – J.-F. Ducos* (p) – J. Duprat* (p) – C. Fauchet* (p) – J.-F. M. Gardien* (p) – A. Gensonné* (p) – J. Lacaze* (p) – M. D. A. Lasource* (p) – C. R. Lauze-Deperret* (p) – P. Lehardi* (p) – B. Lesterpt-Beauvais* (p) – P. Minvielle* (p) – P. V. Vergniaud* (p) – L. F. S. Viger* (p)

1er novembre 1793 (11 brumaire an II)

Exécuté (1) : N. Le Roy

Libérés (1) : L. C. Guérin

2 novembre 1793 (12 brumaire an II)

Exécutés (4) : A. Deschamps* (p) – J. S. Lacombe-Puygnérand – G. A. Lemoine – G. Wormeselle

Libéré (1) : C. Fransise (liberté provisoire)

Autres (2) : H. André (4 ans fers) – H. Chrétiennot (4 ans fers)

3 novembre 1793 (13 brumaire an II)

Exécutée (1) : M. O. Degouges* (f) (p)

4 novembre 1793 (14 brumaire an II)

Exécutés (2) : M. M. Coutelet (f) (p) – A. Lux (p)

Libéré (1) : J. M. Pellier

5 novembre 1793 (15 brumaire an II)

Exécutés (2) : M. F. J. Kolly**, née Robec (f) (condamnée le 3 mai) – J.-L. Lepage (p)

Libérés (3) : M. Bocquenet (liberté provisoire) – J. Bocquenet, sa femme, née Mauroy (f) (liberté provisoire) – A. Prévoteaux

Autre (1) : J. A. Couture (dét)

Info : Les Bocquenet furent définitivement rendus à la liberté le 17 décembre 1793 (W293.218 et W302 334).

6 novembre 1793 (16 brumaire an II)

Exécutés (5) : A. Brousse, dit Languedoc (p) – A. P. Coustard (p) – L. P. J. Egalité, ci-devant d’Orléans (p) – P. Gondier* (p) – J. N. Laroque*

Libérés (2) : C. Bernard – J.-B. Perney

7 novembre 1793 (17 brumaire an II)

Libérés (5) : P. Dubosc (liberté provisoire) – C. A. Gosset – C.-F. Poncelet (liberté provisoire) – E. Tiron (liberté provisoire) – J. Vingtain (liberté provisoire)
Autre (1) : C. Montaut-Huart (dép)

Info : Les personnes mises ce jour en liberté provisoire furent définitivement rendues à la liberté le 17 décembre. (W302.334)

8 novembre 1793 (18 brumaire an II)

PONT-DE-CÉ (Maine-et-Loire)*

Exécutés (8) : J. Cailleau*– T. Hery* – S. F. Lamarche – F. Ollivier* – J. Quelin* – R. Rideau* – M. J. Roland, née Phlipon (f) (p) – J. Theniac*

Libérés (2) : J.-B. Cotton – J. H. Laplume

Info : Jean Quelin, ainsi qu’il signe, est noté Clin ou Clin. De même, Jean Theniac, ainsi qu’il signe, est partout noté Tesnier. (W294.228)

9 novembre 1793 (19 brumaire an II)

Libérés (4) : P. Courtot – A. L. Drapeau – A. F. Flavigny – J.-P. Gavelot

11 novembre 1793 (21 brumaire an II)

Exécutés (3) : S. Bailly* (p) – F. Kalb (p) – N. J. Roy (ou N. Jeanroy) (p)

12 novembre 1793 (22 brumaire an II)

Exécuté (1) : L. H. Duchesne (p)

Libérés (3) : A. Dethorre – F. Dethorre, sa femme, née Duchesne (f) – J. Regnier

13 novembre 1793 (23 brumaire an II)

Exécutés (3) : M. Chasle*, veuve Fontaine de Mervé (f) – L. Dodet (p) – B. Poirier

14 novembre 1793 (24 brumaire an II)

Libérés (2) : J.-B. Despilly – L. Gerome (ou Jerome)

15 novembre 1793 (25 brumaire an II)

Exécutés (5) : G. J.-B. Brunet* (p) – G. Cussy (p) – P. Gilbert de Voisins (p) – P. L. Manuel* (p) – A. M. Romé (p)

16 novembre 1793 (26 brumaire an II)

Exécuté (1) : J. N. Houchard*

Libérés (3) : J. M. Boullet – A. F. M. Lauzanne – A. Millin-Grandmaison (f)

Info : Lauzanne et Millin, acquittés ce jour, avaient été accusés par Doucheret, Cartereau Desormeaux et Goisset d’avoir tenu début octobre des propos tendant à l’avilissement de la représentation nationale et au rétablissement de la royauté. Convaincus de faux témoignage, Doucheret et Goisset furent condamnés à 20 ans de fers, et Cartereau Desormeaux, à mort, le 24 novembre suivant (4 frimaire an II). (W296.252, W297a.269)

17 novembre 1793 (27 brumaire an II)

Libérés (5) : C. Aimand – R. F. E. Delaunay, née Fanet (f) – C. M. N. Laass – M. D. Le Prertre (ou Le Prutre), veuve Pernon (f) – A. M. A. Lorimier (f)

Autres (2) : F. N. Michelot (dét) – E. R. de Taintot (dét)

18 novembre 1793 (28 brumaire an II)

Exécutés (2) : C. Duparc* (p) – F.Saint-Prix* (p)

19 novembre 1793 (29 brumaire an II)

Libérés (8) : N. M. J. Beugneau – C.-F. Dangé (exécuté le 17 juin 94) – P. Fontaine – N. Lebœuf – S. Lebon, veuve Dutilleul (f) – J.-F. Lepitre – C. A. F. Moille – J.-B. Vincent (exécuté le 29 juillet 1794)

Autre (1) : J.-B. Michonis (dét) (exécuté le 17 juin 94)

Info : Le dossier 261, carton W296, concernant toutes les personnes jugées ce jour a disparu des Archives. Mais leur jugement figure dans la compilation imprimée des jugements du Tribunal révolutionnaire, carton W536, dossier d1.

22 novembre 1793 (2 frimaire an II)

Exécutés (2) : G. N. F. Boisguyon* (p) – J.-M. Girey-Dupré* (p)

Libéré (1) : F. Bezanger

23 novembre 1793 (3 frimaire an II)

TONNERRE

Libérés (19) : C. B. Barry – J. Barry (son père ?) – S. Bertin, père – D. S. Bertin, fils – N. A. Cartron – E. Chanot – A. Cremer – A. A. Descourtives – E. J. Descourtives (son frère aîné ?) – M. F. J. Filet – D. Gelio – J. Godin – J. N. Grosfils – E. Hardy – J.-B. Hardy (frère aîné ?) – L. Hély – N. H. Jacquillat – C. I. Jourey – D. Vincent

Info : Le Tribunal ordonne ce jour le transfert à la Salpêtrière de la fille Carle (W297b.274), déjà envoyée dans une maison de santé, jusqu’à nouvel ordre du tribunal, le 6 août 1793 (W278.103). Elle n’est donc pas comptée ici.

24 novembre 1793 (4 frimaire an II)

Exécutés (2) : C. A. Cappon* (p) – C. C. F. de Laverdy* (p)

Libéré (1) : J.-B. Bernard

Autres (2) : C. V. Doucheret (20 ans fers) – G. A. Goisset (20 ans fers)

Info : Doucheret et Goisset, condamnés ce jour à 20 ans de fers, avaient été arrêtés suite à de faux témoignages dans l’affaire Lauzanne et Millin, acquittés le 16 novembre (26 brumaire). Cartereau Desormeaux, arrêté comme eux pour la même raison, fut condamné à mort ce jour et exécuté le lendemain. (W296.252, W297a.269)

25 novembre 1793 (5 frimaire an II)

Exécutés (2) : J. N. Cartereau Desormeaux* (p) – J. E. Marchand

Libérés (14) : G. Bizot – G. Houdard – J.-L. Houdard – M. Houdard (f) – R. Houdard (f) – F. Hubert (liberté surveillée) – A. J. d’Hugonneau (liberté surveillée) – A. G. Lespriest (ou Lespriert ou L’Esprit) – N. Marchal – M.-J. Micheaux (f) – N. Poinselet – M.-F. Poinselet, sa femme, née Cochard (f) – A. Pucet, née Pottet (f) – D. Roquet

Autres (2) : C. Q. Michaux (dét prov) – J. Pucet (dét prov)

Info : Ce jour, le Tribunal maintint en état d’arrestation les citoyens Michaux et Pucet, habitants de Laverdy, le temps de prendre sur eux des renseignements. (W297b.273) Il les rendit à la liberté le 4 janvier suivant. (W307.382)

26 novembre 1793 (6 frimaire an II)

Libérés (8) : G. Aubert – F. Audrain – C. Dèdiot – M. J. De Lacroix, fille (f) – M. G. Hubert, née Lombard (f) – J. Lair – J.-C. Le Loup – N. Vestier

Autre (1) : J. D. Molandre (dét)

27 novembre 1793 (7 frimaire an II)

Exécuté (1) : A. N. Collier La Marlière* (p)

Libérés (2) : J.-J. Dieufÿ (liberté surveillée) – A. C. Notaire, née Cameron (f)

29 novembre 1793 (9 frimaire an II)

HAZEBROUK* (Nord)

Exécutés (5) : A. P. J. M. Barnave* – B. Degrendel* – M. L. M. F. Duport-Dutertre* (p) – P. Vervisch* – M. T. Vervisch*, sa soeur (f)

Libérés (3) : M. L. F. A. Clerc – F. A. Laussel – E. Laussel, sa femme, née Paumier (f)

30 novembre 1793 (10 frimaire an II)

Exécutés (9) : L. Aubert de Fligny* – J.-B. C. Cagnyé* – J.-P. Lebas – A. Leuilliot* – A. P. Limanton*, dit Chasset – G. A. P. Quatresolz de la Hante*, père – L. M. C. Quatresolz de Marolles*, sa femme, née Barentin (f) – C. N. Quatresolz de Marolles* – J. A. Rebours*

1er décembre 1793 (11 frimaire an II)

Libérés (2) : J. Cretin – F. N. Guedon

2 décembre 1793 (12 frimaire an II)

Exécutés (3) : P. N. A. Aubry* – S. Mauduit* (p) – J. Vincenot* (p)

3 décembre 1793 (13 frimaire an II)

Exécutés (2) : G. J. Flamant* (p) – B. Soudre* (p)

Info : Ne sont pas comptés ici Simon Bée, grenadier au 25e régiment, et L’Huillier, grenadier au 67e régiment du Languedoc, arrêtés tous les deux à Clermont (Oise) pour propos inciviques, renvoyés ce jour à leurs corps respectifs (W300.301), mais restés en détention et libérés sur non-lieu le 6 décembre 94 (W490.449).

4 décembre 1793 (14 frimaire an II)

Exécutés (2) : A. P. L. Dufresne* (p) – E. P. Gorneau* (p)

Libérés (3) : T. Canival (liberté surveillée) – J.-B. Cava – G. Hausman

5 décembre 1793 (15 frimaire an II)

Exécutés (3) : A. G. S. Kersaint* – J.-P. Rabaut-Saint-Etienne (p) – J. A. A. Rassay

Libérés (8) : A. P. G. Desplasses – M.-F. C. Duliège (f) – N. A. M. Froidure (exécuté le 17 juin 94) – F. Gailhac La Gardie – D. Grivelet – L. R. Marlot – F. N. Osselin, frère – A. P. Soulès (exécuté le 17 juin 94)

Autre (1) : C. N. Osselin (dép) (exécuté le 26 juin 94)

Info : Charlotte Félicité de Charry, née Luppé, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Exécutée le 31 mars 94. (W300.298)

6 décembre 1793 (16 frimaire an II)

Libéré (1) : A. Dargeavel

8 décembre 1793 (18 frimaire an II)

Exécutés (5) : J. Dubarry*, née Vaubernier (f) – J.-B. Noël (p) – A. A. Vandenyver*, fils (p) – E. J.-B. Vandenyver*, fils ainé (p) – J.-B. Vandenyver*, père (p)

Info : Etienne Clavière, ex-ministre des contributions publiques, condamné à mort ce jour, se poignarda dans sa chambre le soir même. (W300.308bis)

9 décembre 1793 (19 frimaire an II)

Libérés (9) : S. Cotton – C. Courtye (f) – J. Delorme – L. J. Felman-Loth – J.-L. Guesnier (liberté surveillée) – N. R. Masson – D. Meresse-Coulon – J. N. M. Peterinck Maison – J.-B. J. Plancq

Autres (3) : C. Mathieu (dét) (libéré le 26 oct. 1794) – M. S. Saint-Savin, née Dupin (f) (dét) – L. C. Saint-Savin, son fils (dét)

10 décembre 1793 (20 frimaire an II)

FOURNISSEURS INFIDELES*

Exécutés (6) : M. J. Bouchet* (p) – A. Bourrillon* (p) – C. A. Pinard* (p) – A. Poujol* (p) – P. Rigaud* (p) – J.-J. Salès*, dit Dessale (p)

11 décembre 1793 (21 frimaire an II)

Libéré (1) : A. J. G. Butteux, dit Destournelle

12 décembre 1793 (22 frimaire an II)

Exécutés (4) : L. B. M. Escourre* (p) – C. Halbourg (f) (p) – M. G. Vernin Daigrepont, veuve Frémont (f) – M. Vernin Daigrepont, sa sœur (f)

Libérés (2) : J. Barrois – J. N. Dupont

Autre (1) : H. Senliss (dép) (exécuté le 26 juin 94)

Info : Claire Servin, veuve Loriot, condamnée à mort ce jour avec Catherine Halbourg, se déclara enceinte et fut libérée après le 9 thermidor. (W301.310)

13 décembre 1793 (23 frimaire an II)

Libérés (2) : J. Loutre – A. Tatin (liberté surveillée)

14 décembre 1793 (24 frimaire an II)

Exécutés (3) : F. X. Buniau – M. L. F. Du Chatelet* (p) – P. J. C. Porcher (p)

Libérés (3) : A. Lachaut, père – A. C. Lachaut, fils – M. E. Touroude, veuve La Broue (ou La Proue) Mézières (f)

16 décembre 1793 (26 frimaire an II)

COMPLICES DE MONTMORENCY*

Exécutés (4) : J. Bloüet* (p) – J. M. Collenel-Fontet – J. Husson de Chancourt* (p) – J. Serpaud* (p)

Libérés (2) : J.-F. Barré – F. Ourtiller

Autres (2) : J.-L. Valagnosc (12 ans fers) – J.-J. C. Vison (dép)

Info : Jean-Louis Valagnosc, coaccusé dans le procès de Fouquier-Tinville, fut acquitté le 6 mai 1795 (17 floréal an III), mais gardé en détention. Voir la note à cette date.

17 décembre 1793 (27 frimaire an II)

FOURNISSEURS INFIDELES*

Exécutés (5) : A. Demachü* (p) – J J.-B. Giblin* (p) – B. M. Lé Meunnié* (p) – N. R. Lesure* –. L. Tonnelier* (p)

Libérés (3) : J. D. Langlois, fils – P. D. Langlois, père – M.-E. Sulan, veuve Langlois (f)

Info : Ne sont pas comptés M. Bocquenet et sa femme, mis en liberté provisoire le 5 novembre et rendus définitivement à la liberté ce jour. (W302.334)

Info : Ne sont pas non plus comptés les citoyens Dubosc, Poncelet, Tiron et Vingtain, libérés provisoirement le 7 novembre (7e jour de la 2e décade de brumaire), rendus définitivement à la liberté ce jour.  (W302.334)

18 décembre 1793 (28 frimaire an II)

Exécutés (3) : J.-M. Lecomte – J.-B. Peyre – L. H. Varlet* (p)

19 décembre 1793 (29 frimaire an II)

Exécutés (3) : I. T. Couvey – L. G. C. Fayel (p) – A. C. Tarragon

Autre (1) : F. A. Oudaille (dép) 

21 décembre 1793 (1er nivôse an II)

Libérés (4) : R. Chevrier – R. Desnous – M. Le Clere (ou Le Clerc) – J.-B. Ropiquet

Autres (5) : R. Bouyet (f) (dét) – M. Cailleton (f) (dét) – M. Colas (f) (dét) – M.-S. Marcault (f) (dét) – M. Queré (f) (dét)

22 décembre 1793 (2 nivôse an II)

ORLEANS* (Loiret)

Exécutés (4) : M. Besnard* – J. Dervillé* – J.-B. Hortier, dit Bourguignon (p) – M. A. Poullin* (f)

Libérés (3) : L. M. David, fils – N. M. David, père – J. P. Segoillot

Autre (1) : F. De Lorme (dét)

23 décembre 1793 (3 nivôse an II)

Info : Ce jour, Louis Dancourt-Desmaretz, directeur de l’équipage des charrois de l’armée des Alpes, fut condamné à mort pour avoir fait un versement infidèle dans la caisse générale de ladite armée des sommes destinées au service des charrois, duquel il était résulté une fériation (sic) de plusieurs jours dans le payement des employés à ce service. (W305.364) Il fut exécuté le 27 décembre.

24 décembre 1793 (4 nivôse an II)

Exécutés (4) : M. C. G. Adam*, veuve Gravant (f) (p) – J. G. Delafosse* (p) – J. E. V. Labondie* (p) – D. Morin*

Libérés (3) : J. Dupont – J. Schan – L. Valade

25 décembre 1793 (5 nivôse an II)

Exécutés (6) : J.-M. Allard – M. Bourg* – B. Hourte* – M. Kourtz* – C. A. Prevost-Lacroix – E. Teyssier* (p)

26 décembre 1793 (6 nivôse an II)

Exécutés (3) : N. Gomot* (p) – A. M. Laroque-Tremaria – H. V. Laroque-Tremaria, son frère cadet

Libéré (1) : B. C. Gautier

27 décembre 1793 (7 nivôse an II)

Exécutés (3) : F. D. Barrois* (p) – A. A. Clément* (p) – L. Dancourt-Desmaretz** (p) (condamné le 23 décembre)

28 décembre 1793 (8 nivôse an II)

Exécutés (2) : F. Dietricht – P. H. M. Lebrun-Tondu* (p)

Libérés (3) : C. T. Beauvais – E. Gervais – E. F. A. F. Gervais, son frère aîné

Autre (1) : J. A. Cruau (dét)

30 décembre 1793 (10 nivôse an II)

Libéré (1) : Vermand (gendarme)

31 décembre 1793 (11 nivôse an II)

Exécutés (3) : C. M. Barré – A. L. Biron* (p) – P. F. R. Folzer

1er janvier 1794 (12 nivôse an II)

Libérés (4) : L. C. Bézodis (liberté surveillée) – P. Labussière – L. M. Le Roy, née Goulet (f) – M.-F. Mort (f)

Autres (2) : J. A. H. Hanneton (12 ans fers) – P. Sorel (12 ans fers)

2 janvier 1794 (13 nivôse an II)

Exécutés (8) : C. A. F. Bonnefoy* – A. L. Champagne (p) – R. Daber (f) – F. J.-L. Du Tremblay* (p) – H. C. L. Faverolles* (p) – A. Jolivet* dite Crecy, ex-femme Barreau (f) (p) – M. M. Narret, née Chrétien (f) – P. J. Vancleemputte* (p)

Libérés (14) : F. Bachier – J.-L. Charlemagne, dit Bailly – C. Charpentier – J. Chevrier – C. L. Collard – J.-L. Debannes – C. Gatinois– G. Goulard, née Bouillet (f) – J.-B. F. Guillaume – C. Husson – J.-P. Husson – P. Laubriat – M. Mazon – M.-A. Mazon, sa femme, née Roussel (f)

3 janvier 1794 (14 nivôse an II)

Libéré (1) : F. Collos (ou Callos) (liberté surveillée)

4 janvier 1794 (15 nivôse an II)

Exécutés (3) : L. P. F. Custine*, fils (p) – P. J. D. C. Ladevèse* – N. Luckner

Libérés (2) : C. Q. Michaux – J. Pucet

Autre (1) : B. Beauchant (2.p)

Info : Le 25 novembre, le Tribunal avait maintenu en état d’arrestation les citoyens Michaux et Pucet, habitants de Laverdy, le temps de prendre sur eux des renseignements. (W297b.273)

5 janvier 1794 (16 nivôse an II)

Exécuté (2) : C. L. C. Dugay-Marange* (p) – J.-B. Herard

Libérés (7) : J. Bonnifait – C. J. A. Chabod – X. Frossard – J. d’Hédouville – A. T. Mathieu – M. L. Milcent, dit Milcent Créole (exécuté le 26 mai 1794) – J. E. F. Monter

Info : Le jugement condamnant Dugay-Marange à mort est du 15 nivôse an II (W306.381), alors que le procès verbal d’exécution de mort et la signification du jugement au concierge datent la condamnation et l’exécution du treize nivôse (W524). Il y a nécessairement une erreur. Les procès-verbaux d’exécution et les significations des jugements au concierge étaient enregistrés plusieurs jours après l’exécution. Or les exécutions du 13 nivôse furent enregistrées le 15, celles du 15, le 17, et celle d’Herard, du 16, le 19. L’exécution de Dugay-Marange fut elle aussi enregistrée le 19, d’où il suit qu’il fut exécuté comme Herard le 16 nivôse, non le 13, ce que confirme d’ailleurs les mémoires de Sanson.

6 janvier 1794 (17 nivôse an II)

Libéré (1) : N. Auger (liberté surveillée)

7 janvier 1794 (18 nivôse an II)

Exécutés (4) : C. Capisuchi de Bollogne* – J.-B. Capisuchi de Bollogne* (p) – N. V. Capisuchi de Bollogne*, dit Duplan (p) – C. A. Imbert (p)

Libéré (1) : M.-M. Ferrière, veuve Desrousses (f)

Autres (4) : C. Coignet (dét) – C. Heudebert (dét) – F. Le Jeune (2.p) – F. A. Ozanne (2.p) (exécuté le 17 juin 1794)

8 janvier 1794 (19 nivôse an II)

Exécutés (4) : C. Bedtinger*, née La Violette (f) – M. A. Feuchere, née Leroy (f) (p) – J. Giroüard (p) – J. Maudrillon* (p)

Libérés (3) : C. Courvoisier, née Simonin (f) (liberté surveillée) – H. Dulac, née Janson (f) (liberté surveillée) – E. Saint-Léger

Autres (3) : E. Bataille (dét. à domicile) – A. F. A. P. La Brosse (dét) – J. C. Le Coq, née Godefroy (f) (dét. à domicile)

10 janvier 1794 (21 nivôse an II)

Autre (1) : J.-B. Bart (dét)

11 janvier 1794 (22 nivôse an II)

Exécutés (2) : A. A. Lamourette – E. Manoël* (p)

12 janvier 1794 (23 nivôse an II)

Exécuté (1) : J. J. Durand

13 janvier 1794 (24 nivôse an II)

Exécutés (3) : B. A. d’Abzac – J. Decourchant (p) – V. Dougados

Libéré (1) : L. A. Martin

14 janvier 1794 (25 nivôse an II)

Libérés (9) : C. Aubert – F. S. Gromand – N. Jeandel – H. Le Roux – J. Maréchal – N. F. A. Papigny – N. T. Papigny – R. Poirot – J.-B. Salle

Info : Tous les acquittés du jour, accusés de complot tendant à troubler l’Etat lors de la descente des cloches, étaient des personnalités de Mirecourt (Vosges), sauf Le Roux, demeurant à Saint-Manche. Ils étaient renvoyés dans leur commune pour y résider sous la surveillance des autorités jusqu’à acquittement de leurs dettes. (W310.410)

15 janvier 1794 (26 nivôse an II)

Libérés (6) : J. L. Delormel – P. J. Dudon – J. J. Félix – J. P. Gerey – M. C. Lemesle – D. Serrie (ou Serrier)

16 janvier 1794 (27 nivôse an II)

Exécutés (10) : J.-B. Basset (18 ans) (p) – J. M. Coëtnemporen – A. L. H. Deverneuil – P. Ducournau* – T. J. Duplessis-Grénédan – C. Fournier, née Urgon (f) (p) – C. Hollier* – G. Lemille (p) – E. Lemille, sa femme, née Lavigne (f) (p) – J.-P. Teillard*

Libérés (3) : M. Cujas – C. M. Le Bourg – J. Thomas

Autres (14) : E. Armilhon (dét) – B. A. Bonneville (dét) – P. Boudin (dét) – P. J. Couvert (dét) – P. Diverneresse (dét) – P. H. Du Caunoit (dét) – F. A. Duclos (dét) – J. Fournier (14 ans) (20 ans mdc) – J. Lanoix (dét) – J.-B. Lefèvre (dét) – C. Mathieu, née Coutant (f) (dét) – J. Pescho, dit Colas (dét) – P. Polisse (dét) – E. Thiessard (dét)

Info : Jean Fournier, 14 ans, convaincu d’avoir participé en vendémiaire à une conjuration tendant à égorger les membres de la Convention, des autorités constituées et à enlever de la Conciergerie la femme Capet, fut condamné, en raison de son jeune âge, à 20 ans de détention en maison de correction, et, au préalable, à 6 heures d’exposition place de la Révolution. (W311.413)

17 janvier 1794 (28 nivôse an II)

Exécutés (2) : J. L. Bonneuil*, dit Naton (p) – J. Vissec de La Tude

18 janvier 1794 (29 nivôse an II)

Libérés (7) : N. L. Gouin – L. Hémond – J. S. Jeannequin – C. G. Laurey – E. S. Lavigne – A. Morel – N. Robinet

Autre (1) : G. Codrington (dét)

20 janvier 1794 (1er pluviôse an II)

Libérés (10) : D. Arsan – M.-L. Auget, veuve Bouvard de Fourqueux (f) – J.-M. Chailly – C. Colombe, veuve Mauger fils (f) – E. Cunin – A. Domergue du Rozet – M. J-B. Febvé – M. La Plaigné – E. A. Raguet – C. Reboucher

Autres (2) : M.-M. V. Bigot, veuve Auget Chambry (f) (dét) – fille Poirson-Bussy (f) (dét)

Info : Toutes les personnes libérées ce jour, excepté la veuve Fourqueux, étaient les amis de Marat-Mauger, lui-même mort à la Conciergerie. (W312.423)

21 janvier 1794 (2 pluviôse an II)

LES MARINS DE TOULON (Var)

Exécutés (8) : G. Blanchard – E. Fichet – A. Gardinet – M. Jacquelin – J.-M. L’Ecluze (p) – M. E. Quatremère (p) – J. C. Thibault* – I. Vanson (ou Vanzon)

22 janvier 1794 (3 pluviôse an II)

Exécuté (1) : M.-A. Bernard

Libérés (3) : C. Leroux – J.-F. A. Ribis – M.-A. Vallée, veuve Maréchal (f)

23 janvier 1794 (4 pluviôse an II)

Exécuté (1) : T. L. Lefèvre*

Libérés (6) : M. C. Arnaud, dite Dallegray (f) – L. Bernard – F. Bocage – A. Chevalier – A. Narquet, dit Maurice – A. S. Parisse, dite Bernard (f)

Autre (1) : P. Reyts (dép)

24 janvier 1794 (5 pluviôse an II)

Exécutés (3) : L. Migot – V. M. Rimbaud* – N. Rouard-Besnard

Libérés (4) : P. Carette – L. Larché – J. Launoy (ou Lounoy) – J.-B. Touzet

Info : Le procès-verbal d’exécution de mort de Laurent Migot, ex-comte, colonel au 4ème régiment de dragons, a disparu, mais il fut bien condamné à mort (W314.442) et exécuté le même jour d’après les mémoires de Sanson.

25 janvier 1794 (6 pluviôse an II)
Autre (1) : C. A. Decharme, fils naturel de Sillery (8 ans fers)

26 janvier 1794 (7 pluviôse an II)

Exécutés (2) : S. Mondot* – J. F. Quantin*

Libérés (10) : J. G. Baticle – C. Besnier – M. C. F. Buisson (18 ans) (f) – A. Eral (ou Héral) – C. Eudeline – P. P. Gillot – L. Godin – J. Goullet – F. Guillot – A. Ledoux

Autres (2) : J. Chané (dét) – J.-P. Colombe (dét)

27 janvier 1794 (8 pluviôse an II)

Exécutés (2) : P. Durand* – J.-B. Moheau*

Libéré (1) : J.-P. Vienot

Autre (1) : E. A. Benoist (dép)

28 janvier 1794 (9 pluviôse an II)

Exécutés (2) : J.-L. Josset de Saint-Laurent* (p) – C. Rossy*

29 janvier 1794 (10 pluviôse an II)

Exécuté (1) : L. H. F. Marcé* (p)

31 janvier 1794 (12 pluviôse an II)

Exécutés (4) : A. J. Charras*, née Roettiers La Chauvinnerie (p) – C. D. J. Gothereau de Billens*, née d’Esthac-Bellecour (f) (p) – J.-B. Lambert – J.-B. E. Roëttiers* (p)

Libérés (11) : M. Blo, née Geoffroy (f) – J.-C. Broüllie – M.-L. C. Desprez, née Vaugernié (f) – J.-P. Gillet – A. M. Le Clerc – B. Lefevre – G. Le Roux, née Lemoine (f) – J. Michelin – J. P. Montalban – B. Q. Vaugernié – P. Verset

Autre (1) : Le Roy Pavas (ou Pavace) (renv)

Info : Mélanie Grélé (ou Greslée), née Renauld, malade, n’ayant pu comparaître ce jour dans l’affaire de Coulommiers, fut mise en liberté le 3 juin 1794. (W317.462)

1er février 1794 (13 pluviôse an II)

COULOMMIERS* (Seine-et-Marne)

Exécutés (9) : J. Babin* – C. Blancheton*, née Noirette (f) – C. J.-L. Igonnet* – M. Letombe*, née Foifranquet (f) – G. Martin* – E. F. Maulnoir* (ou Maulnois) – P. Merlin* – E. T. Ogier de Baulay* – F. J. T. Prevost*

Libérés (3) : J.-B. L. Leveaux, dit Beauchamp – J.-B. Ponsard – C. J. H. Pottin

Autres (3) : L. Genty (dét) – N. Saint-Martin (dét) – J. N. Toustain (dét)

Info : Jean Nicolas Toustain, condamné à être détenu comme suspect dans son département (Calvados), y fut conduit, s’évada de la prison de Bernay et fut de nouveau arrêté à Paris fin germinal. Le 12 prairial an II (31 mai 1794), le Tribunal ordonna simplement que les pièces le concernant soient renvoyées au tribunal qui doit en connaître et que Toustain y soit conduit de brigade en brigade. (W377.858)

2 février 1794 (14 pluviôse an II)

Libérés (3) : C. J. Callé – P. J. Després – P. Gueneteau

3 février 1794 (15 pluviôse an II)

TROYES* (Aube)

Exécutés (6) : C. N. Duclos Du Fresnoy* (p) – E. A. Gillet* – B. J.-B. Millard* – C. J. Ogier – L. N. Paillot* – N. Parent*

Libérés (2) : J. A. Borain – J. Decolonge

Autre (1) : P. Pinon du Coudray (dép)

4 février 1794 (16 pluviôse an II)

Autres (2) : E. J. Caillault (dét) – P. Horliac (renv)

Info : Pierre Horliac, canonnier de la section Bonne-Nouvelle, coupable d’avoir chanté un air royaliste, était renvoyé en prison, le jugement étant laissé au commandant de la Garde Nationale. Il était acquitté de fait et promis à la liberté. (W319.479)

5 février 1794 (17 pluviôse an II)

Exécutés (3) : M. G. Chapt, veuve Paysac (f) – J.-B. L. Courtonnelle* – N. R. Monjourdain* (p)

6 février 1794 (18 pluviôse an II)

Exécutés (5) : E. P. de Gand, femme Lauraguais (f) (p) – H. F. Michel*, veuve Marbeuf (f) – J. J. Payen* (p) – P. J. Petit – P.-L. Pierre (p)

Autre (1) : L. Quelen (dét)

7 février 1794 (19 pluviôse an II)

Exécutés (2) : C. F. Courtot – N. Pasquin* (p)

Autres (2) : A. M. A. V. Bigeard Saint-Maurice, née Ville-Franche Carignan (f) (dét) – C. V. A. Troussebois, née Bigeard Saint-Maurice (f) (dét)

8 février 1794 (20 pluviôse an II)

Exécutés (3) : J. C. M. Baillard Chervil* (p) – L. M. Luzy*, née Baillard Descombaux, sa sœur (f) – J.-J. Troussebois Baillard* (p)

9 février 1794 (21 pluviôse an II)

Libérés (11) : P. H. Bertrand – J. Boyer – F. J. Dumas – B. Gigot – P. Journet – L. Manceaux – J.-F. Maréchal – S. Paillet – L. Sayet – J.-L. Thiriart – J.-C. Verneau

Autres (11) : G. Barjac (renv) – J. L. C. Biochaye (f) (dép) – M. E. E. Carvoisin (f) (dép) – T. J. H. Chenet (f) (dép) – V. Crevel (f) (dép) – A. Donon (f) (dép) – A. M. Fouber (f) (dép) – M.-T. Gouffé (f) (mds) – P. Langlaise (renv) – M. L. P. Lesnier (f) (dép) – A. F. Vitasse (f) (dép)

10 février 1794 (22 pluviôse an II)

Exécutés (3) : A. H. Boucherin, veuve Thibaud de Waxheim (f) – F. A. Chapuis (p) – P. Rouhier*

Libéré (6) : L. H. Emery – J.-P. V. Feral – J.-F. Gautier – G. Jacquemin – P. Roustain – A. F. Roustain, sa femme, née Baltazard (f)

11 février 1794 (23 pluviôse an II)

Libérés (6) : A. L. Decrest Saint-Germain – F. Delgusse (f) – V. Gaudin (f) – R. Laborderie (f) – A. A. D. Robilliard – P. Sourdillat

Autre (1) : Rauzet (renv)

12 février 1794 (24 pluviôse an II)

Exécuté (1) : C. V. Millin-Labrosse* (p)

Libérés (2) : M. C. A. Amaury – J. Lathelise

13 février 1794 (25 pluviôse an II)

Exécuté (1) : J. P. I. Gueau de Reverseaux*

Libérés (3) : P. Laurent – L. Leveilly – F. H. Mullot

Autres (3) : L. D. Auriot (dét) – G. M. Auriot, sa femme, née Goman (f) (dét) – L. A. Des Français (dét)

Info : Chaudot, notaire à Paris, condamné à mort ce jour, ne fut exécuté que le 17 février. (W324.515, W)

14 février 1794 (26 pluviôse an II)

ARGENT ET TRAHISON*

Exécutés (8) : P. J. Aubert* – J. J. Beaune* (p) – F. R. Brichard* (p) – A. B. Dorse, père – J.-B. Dorse, fils – A. Metivier* (p) – J.-B. Viette* (p) – J. H. Wiedenfeld (p)

Libérés (3) : B. Delmas – A. D. Fondary (liberté surveillée) – P. Longueville

15 février 1794 (27 pluviôse an II)

Exécuté (1) : P. G. Planchut, dit La Cassaigne

Libérés (4) : P. Brasseur – J. T. Hervé – M. J. Martin – F. Péchon

16 février 1794 (28 pluviôse an II)

Libérés (9) : A.-M. Bardelle (f) – M. Belgoder, née Legrand-Beauvillier (f) – M. Blin – C.-F. V. Ronez – P. Rouveau – C. Saulnier – J. Tabourot – M.-T. Tabourot, sa femme, née Champs (f) – F. Varanne

Info : L’acquittement d’Anne-Marie Bardel (ou Bardelle) est signalé dans la marge de l’ordonnace d’acquit de Mélanie Belgoder. (W326.528)

17 février 1794 (29 pluviôse an II)

Exécutés (2) : V. Chaudot** (p) (condamné le 13 fév.) – A. A. Desherbiers de Létanduere* (p)

Autres (3) : J. L. Picard, frère aîné (6 ans fers) – L. P. Picard, frère (6 ans fers) (exécuté le 26 juin 94) – N. Picard, frère cadet (6 ans fers)

19 février 1794 (1er ventôse an II)

Exécuté (1) : F. Gossenay

20 février 1794 (2 ventôse an II)

FOURNISSEURS INFIDELES

Exécutés (4) : A. Choiseau (p) – R. F. Fourcault de Pavant (p) – J.-B. Lunyt – A. J. Prissette

Libérés (3) : F. A. Delormet – P. Philippe – J. Postel

21 février 1794 (3 ventôse an II)

PRESLE (Seine-et-Oise)

Exécutés (4) : C. Mortet (p) – G. Tiphaine, père – J.-G. Tiphaine, fils aîné – L. G. Tiphaine, fils cadet

Libéré (1) : F. Commelard

22 février 1794 (4 ventôse an II)

Exécutés (5) : J. Capotte-Feuillide – C. Mangin (p) – N. Mangin, son frère aîné (p) – N. Martin – L. D. A. Predicant (p)

23 février 1794 (5 ventôse an II)

Exécutés (2) : J. Canel (p) – J.-J. Dortoman

Libérés (13) : L. Accault – L. Bernier – A. Boucheron – B. Duclos – J.-B. Gellé – J. Giraud – J.-J. Leroux – A. Maillet – N. Rigollet – J. E. Salmon – R. Simon – J.-B. Teinturier, père – P. Teinturier, fils

25 février 1794 (7 ventôse an II)

SARRELIBRE (Moselle)

Exécutés (17) : E. Barberon (f) – M.-J. Barberon (f) – B. Bimbenet Laroche – A. Dusable – C. Gerl – J. S. Hautz – G. C. Henrÿ – J. Hombourger – E. C. Marivetz – E. T. Maussion* (p) – J. M. Nelis – D. Philippe – J. M. Ploquin – J.-P. Scharff – G. Schmit – B. Schmitt, veuve Galhau (f) – M. B. Souty, ex-femme Dreyr

Libérés (6) : N. Boulay (ou Boullay) – L. H. Doussain – J.-F. Foucques – P. Moncelet – A. Mourlot (f) – L. Postel

Autres (2) : J. F. Didier (renv) (exécuté le 9 juillet) – P. Mazeyrie (dét)


27 février 1794 (9 ventôse an II)

Exécutés (5) : P. E. Ferrand – E. N. F. La Ruelle (p) – C. Moreau – P. Penon – J. Penon, sa femme, née Grimoux (ou Gremoux) (f)

Autre (1) : N. Flobert (dép)

1er mars 1794 (11 ventôse an II)

Exécutés (2) : N. Deschamps (p) – L. Veyrent, dit Suel

2 mars 1794 (12 ventôse an II)

MAUPERTUIS, LA-FERTE-GAUCHER, TOUQUIN (Seine-et-Marne) ET AUTRES

Exécutés (14) : L. Billiours (ou Billou ou Billours) – R. J. Enjubault – J.-L. Laroque – J. Laval – N. Le Court – P. Mazure – P. Michenon, père – P. Montagne – J.-B. Poupart-Beaubourg (p) – P.-L. Proffil – L. Prunelle – J. E. Raby – N. A. Remy – P. J. Sourdille

Libérés (13) : P. F. Cadine – L. Doncart, dit Vincent Macon – P. Dorgé – J.-F. Dubois – C. E. Gomy – M. Lécuyer – J.-L. Lombard, père – J.-L. Lombard, fils – J.-P. Michenon – C. Nivert – L. Pinson – A. Ras – D. Thomé

Autres (4) : J.-B. Bavelier (renv) – H. Caillet (renv) – M. F. Le Brasse (renv) – H. Martin (renv)

Info : L’affaire concernant Caillet, Bavelier et Martin (et Le Brasse), gendarmes près les tribunaux de Paris, fut renvoyée au ministre de la guerre. (W332.565) Ils furent néanmoins libérés le 26 avril suivant par le Tribunal révolutionnaire. (W353.729)

3 mars 1794 (13 ventôse an II)

Exécutés (3) : F. E. J. Champfleurÿ, dit Chevalier de Varennes – J. F. Froullé (p) – T. Levigneur (p)

Libéré (1) : E. R. Perchereau

Autre (1) : A. J. Osmont (dét)

4 mars 1794 (14 ventôse an II)

Exécutés (6) : L. Bruxelles (p) – A. N. Guillemeau de Saint-Souplet, père – A. C. Guillemeau de Saint-Souplet, fils aîné – A. M. Guillemeau de Saint-Souplet, 2ème fils – A. Merruau Dufrenoy (p) – P. Saint-Lambert (p)

Libérés (2) : N. J. Tremblay – J. M. Tremblay, sa femme, née Erard (f)

5 mars 1794 (15 ventôse an II)

Exécutés (1) : L. Robin

Libérés (9) : A. P. Cretot – T. Filliot – L. M. Lachave – P. Lefevre – A. Martainville (17 ans) – J. N. Mauborgne – J.-B. Maudet – A. M. E. F. Millin – S. Regnault

6 mars 1794 (16 ventôse an II)

GENERAUX

Exécutés (4) : N. Chancel – J.-B. Davaine – J. O’Moran – N. Reverdot

Libérés (6) : P. Conversat – J.-B. De Laherche – A. Hanappier – F. H. Lenfumey – C. Melecot – P. Mercier

Autres (2) : J.-B. P. Fajard (dép) – C. Vivier (renv)

7 mars 1794 (17 ventôse an II)

Exécutés (4) : C. Comparet (p) – J. M. Du Chemin (p) – G. Grassin – M. L. F. Grassin, sa femme, née des Camps (f)

Libérés (5) : G. Arnoux – J. Barnerat – J. Feiche, née Barré (f) – G. Rey, née Onmie (f) – F. Vichy

8 mars 1794 (18 ventôse an II)

Libérés (2) : P. F. Boncer – C. N. Frézard

9 mars 1794 (19 ventôse an II)

Exécutés (3) : L. Desacres*, dit L’aigle (p) – A. A. R. La Rochefoucault*, veuve Duretal (f) (p) – C. E. Vaudreu

11 mars 1794 (21 ventôse an II)

Libérés (9) : S. Beauve – M. G. J. Boucher La Rupelle (f) – M. M. S. Chapron, veuve Dasse (f) – M. C. Fournier (f) – N. L. Freret d’Héricourt – E. Freret, sa femme, née Gonnet (f) – J.-B. P. Lenfant – J.-L. Marchault – J.-F. Tailleur

12 mars 1794 (22 ventôse an II)

Exécutés (3) : M. Blanchet (p) – A. P. Cauchois (p) – S. A. Le Clerc Glatigny (f)

Libérée (1) : M. Tavernié, veuve Thorigny (f)

Info : Le procès-verbal d’exécution de mort d’Alexis Pierre Cauchois, architecte à Paris, a disparu, mais il fut bien condamné à mort (W336.592) et exécuté le même jour d’après les mémoires de Sanson.

13 mars 1794 (23 ventôse an II)

Exécuté (1) : C. P. Verrier

14 mars 1794 (24 ventôse an II)

Exécuté (1) : A. Davanne

Libérés (4) : B. F. J. Le Preux – J. B. Le Preux, son oncle – C. F. Le Preux, son fils (cousin du premier) – N. Wilmet

15 mars 1794 (25 ventôse an II)

CLAMECY (Nièvre)

Exécutés (17) : A. Beaudevant (p) – J. F. Boucheron – B. Chevannes Maugery – J. A. Daubin – B. Duverne – L. N. Faulquier – C. Feugneur – M. F. H. Fournier, veuve Chabannes (f) – H. Labussière – J. B. A. Lardemelle – J. Portepain – C. Regnauld, dit Bellecise (p) – N. Ronat – J. N. Sanglé Dumoulos, dit Longchamp (p) – L. E. Tenaille Champton – J. B. M. Tenaille Lemaux – E. J. Touyon

Libérés (2) : P.-F. Bogne – J. Bretagne

16 mars 1794 (26 ventôse an II)

Exécutés (2) : P. J. Godail Cieurac – P. Musquinet, dit La Pagne

Libéré (1) : J. Destruet

17 mars 1794 (27 ventôse an II)

Exécutés (7) : G. F. Barbier, père – L. A. G. Barbier, fils – J.-B. Boissat – C. Delalain – M. J. F. Lavechain (f) – P. Quetineau* – P. P. Saint-Paul* (p)

Libérés (3) : J. Aubry – V. Bouquin – J. Girardin

Info : Les accusés du jour, Jacques Aubry, Michel Dumont, Vincent Bouquin et Jacques Girardin, prévenus d’avoir renversé l’arbre de la liberté de Samoy (Seine-et-Marne), reconnus coupables mais ayant agi sans intentions contre-révolutionnaires, furent acquittés. Cependant, Dumont n’apparaît pas sur l’ordonnance d’acquit. (W338.607)

18 mars 1794 (28 ventôse an II)

Exécutés (7) : J. Babaud Laforderie – N. Dieudonné – J. Duruey (p) – J.-B. Goursaud Merlie – M. A. Jasmes (f) – M.-A. Jourdain Berteaux (f) (p) – F. Texier, née Périgord (f)

Info : Louise Sylvie Blamont, née Chamborant Villevert, condamnée à mort, se déclare enceinte. Libérée après le 9 thermidor. (W338.609) Elle écrivit au Comité de sûreté générale, depuis l’hospice national, le 17 termidor an II. Elle réclama également des sommes d’argent et d’argenterie trouvées chez Henriot, réclamation renvoyée, par Courtois et Perrin, au Comité des finances, le 29 messidor an III (F7 4638).

19 mars 1794 (29 ventôse an II)

Exécuté (4) : J. Arnould, dit la Tempête – C. Jouve – C. L. Masuyer (p) – J.-B. Levalois, dit Valois

Autres (3) : G. Latelise (dét) – C.-F. Leblond (dép) – L. Ritouret-Castel (dép)

Info : Grégoire Latelise, 25 ans, cloutier, carabinier caporal dans le 3e bataillon des chasseurs francs, renvoyé ce jour en détention jusqu’à plus ample informé, fut acquitté le 4 juillet suivant (W339.614).

23 mars 1794 (3 germinal an II)

Exécutés (2) : J. N. Moulin, ci-devant Le Roy – A. F. Poitou

24 mars 1794 (4 germinal an II)

LES HEBERTISTES (CORDELIERS)

Exécutés (18) : J.-B. Ancard (p) – J. A. F. Armand (p) – J. C. Bourgeois (p) – J.-B. Clootz, dit Anacharsis (p) – A. Descomble (p) – F. Desfieux (p) – P. U. Dubuisson (p) – F. P. Ducroquet (p) – J. R. Hébert, dit Père Duchesne (p) – J. C. Kock (p) – M. Laumur (p) – A. H. Leclerc (p) – A. Mazuel (p) – A. F. Momoro (p) – J. Pereira (p) – P. J. Proly (p) – C. P. Ronsin (p) – F. N. Vincent (p)

Libéré (1) : J.-B. Laboureau

Info : Marie Anne Catherine Latreille, veuve Quetineau (exécuté le 17 mars), condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte, mais fit une fausse-couche et fut exécutée le 11 mai. (W339.617, W345.676)

25 mars 1794 (5 germinal an II)

Exécutés (3) : P. Rougane Bellebat – J. Rougane Desbarodines – J. Rougane de Vichy

Libéré (1) : F. J. M. Cordier

26 mars 1794 (6 germinal an II)

Exécutés (5) : J.-L. Gouttes – D. Joizel – C. A. La Cour de Balleroy, aîné – F. A. La Cour de Balleroy, son frère (p) –E. Thirÿ (p)

Libéré (1) : J. N. Beurdouche

Autre (1) : C. Minmant (f) (dét)

Info : Etienne Thirÿ fut exécuté ce jour pour s’être fait passer pour un commissaire de la Convention. Sa compagne Catherine Minmant fut acquittée mais gardée en détention comme suspecte. (W340.622)

27 mars 1794 (7 germinal an II)

Exécutés (3) : M. C. Chamborant (f) (p) – H. Moreau – C. M. Villemain, née Lambertye (f) (p)

Libérés (11) : B. R. Bourdet – D. Clément – H. Crique – M. Crique, sa femme, née Callot (f) – A. Davignon – N. Froment – J. Froment, sa femme, née Wathie (f) – J.-P. Maffioli – M.-J. Maffioli, sa femme, née Froment (f) – M. C. Pernet (f) – F. L. Thomassin (14 ans)

Autres (3) : J. Monet (6 ans fers) – P. J. Pavy (6 ans fers) – N. Thomas (6 ans fers)

Info : Le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil déclara ce jour qu’il n’y avait pas lieu à accusation contre Louis-Alexis Laurent (31 ans, directeur des messageries à Nancy, accusé du vol de 200.992 livres dont il se disait lui-même victime), Thomassin, Clément, la fille Pernet, les Maffioli, les Froment et les Crique, et ordonna expressément la libération de toutes ces personnes, à l’exception de Laurent (W536.d5, W343.653). Ce dernier n’apparaît pas ici puisqu’il n’était en fait l’objet d’aucune décision. Il fut néanmoins acquitté et libéré un mois plus tard, le 26 avril (7 floréal) (W537.d2, W353.732).

28 mars 1794 (8 germinal an II)

Exécutés (2) : J. Pernet – J.-B. Peusselet

Libéré (1) : C.-A. Devillars (16 ans)

29 mars 1794 (9 germinal an II)

Exécutés (6) : J. N. Adam (p) – J.-B. Collignon – J.-B. Courtin (p) – J. V. M. Harelle – J. A. Meffre (p) – F. Poiré (p)

Libérés (3) : J.-L. Laury – J.-B. Marquot – P. Pottier

Autre (1) : J.-P. Pellerin, dit Chantereine (dét)

Info : Le dossier Jean Louis Laury (noté Lorry), 24 ans, cultivateur, et Jean-Baptiste Marquot (noté Marcot), 34 ans, cordonnier, tous deux habitants de Trancault (Aube), ne contient que le jugement de la Chambre du Conseil du 9 germinal ordonnant leur mise en liberté (W341.637). Leurs interrogatoires se trouvent dans le dossier de Pernet, exécuté la veille (W341.633).

31 mars 1794 (11 germinal an II)

Exécutés (7) : J. C. C. Barbotan – C. F. de Charry**, née Luppé (f) (p) (condamnée à mort le 5 déc.) – P. B. S. Gaillard (p) – J.-F. Hollez (p) – L. F. Lavergne-Champlorier – V. Lavergne, sa femme, née Resnier (f) (p) – J. Nègre

Libéré (1) : P. R. Perdereau (15 ans)

1er avril 1794 (12 germinal an II)

Exécutés (4) : A. Brochet, dit Saint-Prest – L. S. Colivet (p) – C. V. F. Salaberry – E. Schneider

Libéré (1) : H. G. B. Bouvenot

2 avril 1794 (13 germinal an II)

Libéré (1) : P. Montazel

Info : Pierre Montazel (non Montazet) fut bien acquitté ce jour. Mais la dernière pièce de son dossier est un jugement de la Chambre du Conseil du 24 brumaire an III (14 novembre 1794) commençant par ces mots : « Vu la requête présentée par Pierre Montazet, acquitté par jugement du 22 Thermidor der [9 août], par laquelle il réclame la remise des différentes pièces [...] » (W342.647)

3 avril 1794 (14 germinal an II)

Exécuté (1) : J. Masquet* (p)

5 avril 1794 (16 germinal an II)

LES DANTONISTES (Indulgents)

Exécutés (15) : C. Basire (p) – F. Chabot (p) – G. J. Danton (p) – J. F. Delacroix, dit Lacroix (p) – J. N. Delaunay d’Angers (p) – B. C. Desmoulins (p) – J. F. Diederichsen (p) – P. F. Fabre-d’Églantine (p) – E. Frey, frère (p) – S. G. J. Freÿ, frère (p) – A. M. Guzman (p) – M. J. Hérault de Séchelles (p) – P. N. Philippeaux (p) – M. R. Sahuguet d’Espagnac (p) – F. J. Westermann (p)

Libéré (1) : L. M. Lullier

6 avril 1794 (17 germinal an II)

Exécutés (3) : P. Baron, dit Channoir (ou Channois) – L. Hanappier Desormes – P. Reigné (p)

Libéré (1) : A. Boirot

Autre (1) : F. T. Fouquerel (dét)

7 avril 1794 (18 germinal an II)

MONTARGIS (Loiret)

Exécutés (10) : F. J. Bizot – J. F. Jullien – E. T. Lacorée, veuve Pericard (f) (p) – F. P. Lamotte de Senonnes (p) – S. Lamotte de Senonnes, sa femme, née Droüillard (f) (p) – C. L. Lavilette – J. J. Mouzin – M. J. H. Pelec Varennes – B. Perruchot – A. L. C. Saint-Germain d’Apchon (p)

Libérés (2) : J.-L. Faure – S. Gouard

8 avril 1794 (19 germinal an II)

Exécutés (7) : J. Agron de Mascilly, veuve Decheüilly (f) (p) – A. Bonfant, née Boiry (f) – J.-P. Danquechin Dorval (p) – G. Gamptel (p) – J. L. Gaudron – P. S. Lardin (p) – L. A. Lardin, sa femme, née Danquechin (f) (p)

Libéré (1) : M. Thierry

Info : Guillaume Gamptel avait été mis en accusation avec les frères Mangin, condamnés et exécutés le 22 février 1794, mais aucune décision ne semble avoir été prise alors à son sujet. (W328.540, W344.664)

9 avril 1794 (20 germinal an II)

Libéré (1) : J.-B. Longpré

12 avril 1794 (23 germinal an II)

Exécuté (1) : C. Souchon, dit Chanvon

Libérés (2) : P.-L. Borssat (ou Borfat) – H. Gosset

Info : Claude Souchon, dit Chanvon (non Chaurond ou Chausson), 66 ans, général de brigade à l’armée des Pyrénées-Orientales, condamné à mort ce jour (W344.672) fut aussitôt exécuté comme en atteste le procès-verbal d’exécution de mort (W526). Sanson écrit à son propos : « Nous avons conduit et exécuté ce jour Claude Souchon dit Chausson, ex-général de brigade à l’armée des Pyrénées-Orientales ; il était condamné pour avoir, après sa destitution, cherché à s’emparer d’un corps de quatre mille hommes et du parc d’artillerie, pour marcher avec eux sur Bordeaux et se joindre aux fédéralistes. C’était un homme très brave, il est mort avec un grand courage et en criant : “Vive la République !” (p. 187) Sanson déclare également avoir exécuté, le lendemain, 21 personnes, soit 19 + 2. Guittard qui n’a rien noté le 12 avril, indique aussi que 21 personnes furent exécutées le 13, soit 18 + 3 (p. 336). Tout ceci contredit Edmond Biré qui, dans Journal d’un bourgeois de Paris pendant la Terreur, affirme, en s’appuyant sur l’ouvrage de Wallon (t. III, p. 214, note 2), que Souchon fut bien condamné ce jour mais exécuté le lendemain (Perrin, 1911, p. 63).

13 avril 1794 (24 germinal an II)

COMPLICES DES HEBERTISTES

Exécutés (21) : M. M.-A. Baras – J.-M. Beysser – L. G. A. Brossard – M. S. Brumeaux, dit Lacroix (p) – J.-B. E. Bucher de l’Épinois (p) – P. G. A. Chaumette (p) – A. Dillon (p) – A. P. L. Duplessis-Laridon, veuve Desmoulins (f) (p) – A. Duret – J.-B. Gobel (p) – M. M. F. Goupil, veuve Hébert (f) (p) – J.-J. Lacombe (p) – J.-F. Lambert (p) – J.-M. Lapaluë – G. N. Lasalle (p) – J. M. F. Lebrasse (p) – J. I. Nourry Grammont, père (p) – A. Nourry Grammont, fils (p) – E. Ragondet – E. Rameau (p) – P. Simon (p)

Libérés (7) : R. A. Barbe – J.-F. Bereytter – C. Chardin – L. B. Chenaux – C. Dumas – J. Montin-Lambin – P. A. Prangey

14 avril 1794 (25 germinal an II)

Exécutés (4) : P. Bossu – F. C. Gattey (p) – J. A. Labarberie de Refluveille (p) – H. Morisset

Libérés (5) : D. A. Benard – A. Hébert – T. J. Massot, dit Grandmaison – F. N. Thomassin – P. Vayron

15 avril 1794 (26 germinal an II)

ANGERS ET MAINE-ET-LOIRE

Exécutés (9) : L. E. Brevet Beaujour – A. Conrandin (ou Couraudin) de Lanoue – C. M. Dalençon – M. C. Gattey (f) (p) – J.-B. La Revellière – M.-J. Lescale (f) – B. L. Morel de Dieusie – G. Rogé – J.-F. A. Tessié, dit Duclozeau

Libérés (4) : P. Despujolz – F. R. Ficatier – J.-B. J. Maillocheau – N. Morin

Infos : Marie-Jeanne Lescale n’est pas mentionnée en conclusion du procès, mais elle fut bien condamnée à mort et exécutée ce jour. Sa sœur, Victoire, femme de Rogé (exécuté ce jour), condamnée à mort elle aussi, se déclara enceinte, accoucha et fut exécutée le 11 mai 1794. (W347.683)

16 avril 1794 (27 germinal an II)

Exécutés (6) : F. C. Cassegrain – J. Huet (p) – P. Lapeyre (p) – P. Laville (p) – H. L. J. Pelletier, dit Chambure – N. Sullerot

Libérés (2) : P. Barrot – G. Chaveroche, dit Lasfontanellas

Autre (1) : J. J. Marino (dét)

Info : Jacques Jean Marino, 56 ans, inspecteur des maisons garnies des sections Poissonnière, Bonne-Nouvelle et Bonconseil, acquitté ce jour de l’accusation d’atteinte à la sûreté et à la dignité de la représentation nationale pour avoir, le 28 ventôse (18 mars), arrêté et malmené le représentant du peuple Pons de Verdun, mais ayant néanmoins été envoyé en détention jusqu’à la paix comme suspect (W347.687), ne doit pas être confondu avec Jacques Jean-Baptiste Marino, administrateur de police, exécuté le 17 juin suivant (29 prairial, fournée des chemises rouges) (W389.904).

DECRET : Loi du 27 germinal qui supprime les Tribunaux révolutionnaires à l'exception de celui de Paris.

17 avril 1794 (28 germinal an II)

ARGENT ET TRAHISON

Exécutés (8) : C. Accault, dit Thibault (p) – J. Baudot – J.-P. Chalot – J. Decou (ou Decous) – P. L. Henrÿ (p) – H. Mermin (p) – J. L. Potonne (ou Pautone) (p) – H. Simille (p)

Libéré (1) : L. Maillot

18 avril 1794 (29 germinal an II)

Exécutés (19) : M. C. Debonnaire, ex-femme Le Pelletier (fille de la veuve Debonnaire) (f) (p) – A. M. Destat-Bellecour (p) – J. M. Destat-Bellecour, sa femme, née Nogué, veuve Rolin d’Ivry (f) (p) – A. G. Geneste (p) – M. A. Gonnel, veuve Verville (f) (p) – L. G. Gougenot (p) – P. Hariague de Guibeville (p) – M. C. E. Hariague, veuve Debonnaire (f) (p) – J. J. Laborde – M. Lalaurencie Charras (f) (p) – B. Leprovost (p) – F. Magnÿ – A. M. de Merle, ex-femme Duchilleau (f) (p) – D. F. R. Mesnard de Chouzy, père (p) – J. D. R. Mesnard de Chouzy, fils (p) – F. M. Paymal (p) – J. Robin (p) – R. Rollat, fils (p) – S. Rollat, père (p)

Libérés (7) : E. Boulard – F. Carteret – S. Dieny, née Camelin (f) (liberté surveillée) – J. Dupont – E. Leseurre – G. P. N. Maze – N. Renard

Autres (2) : J.-F. De Neeff (renv) – G. De Neeff, son frère cadet (renv)

Info : Brice Leprovost (pas Prévôt ou Prévost), chapelier à Paris, fut condamné à mort ce jour. (W348.701) Mais la signification au concierge de sa condamnation et le procès verbal de son exécution ont disparu. Sanson ne le mentionne pas dans ses mémoires ; il n’indique d’ailleurs rien au 29 germinal et prétend que 17 personnes condamnées hier (toutes sauf Leprovost et Magnÿ) furent exécutées le 30 germinal au matin. Guittard, pour sa part, dresse la même liste que nous et n’indique rien de particulier à propos de « Prévot », ce qui signifie qu’il a été exécuté comme les autres (p. 341).

20 avril 1794 (1er floréal an II)

EX-CONSEILLERS AUX PARLEMENTS DE TOULOUSE, DIJON ET PARIS

Exécutés (31) : J.-J. Balsa de Firmy – T. Berlier – J.-B. G. Bochart de Saron (p) – P. D. Bourrée Corberon (p) – L. J. N. F Camus de la Gibourgère (p) – P. J. M. Cucsac – A. G. F. Degourgue – F. M. Duport (p) – C. J.-P. Dupuis de Marcé (p) – A. L. J. Espiard-Dalleray – L. L. Fagnier de Mardeüil (p) – H. L. Fredy de Coubertin (p) – P. J. B. Guenichot – P. Guillemin – A. L. H. Hocquart (p) – C. J. Jullien – A. J. Lafont – A. L. F. P. Le Fèvre-Dormesson (p) – M. E. Lenoir (p) – L. Le Peletier Rosambo (p) – E. F. M. Molé de Champlatreux (p) – J. F. Montegut – N. A. F. Nort (p) – J.-B. L. Oursin de Bures (p) – E. Pasquier (p) – J. J. H. Rigaud – B. G. Rolland – J.-F. M. Rouhette (p) – N. Saint-Blin (p) – H. G. Sallier (p) – U. E. Segla

21 avril 1794 (2 floréal an II)

Exécutés (6) : A. Beaugrand – A. G. Bellepaume (p) – M. M. G. V. Boullenc, née Lemesle (f) – F. P. Decaux – J.-F. J. Descamps – P. Lafargue (p)

Libéré (1) : A. De Valois

22 avril 1794 (3 floréal an II)

Exécutés (13) : M. V. Boucher Rochechouart, veuve Ponteville (f) (p) – J.-B. A. Châteaubriand – A. Châteaubriand, sa femme, née Lepeletier-Rozambo (f) – J. Duval d’Eprémesnil – B. Gramont, née de Choiseul (f) (p) –F. Hell – C. G. Lamoignon-Malesherbes – I. R. G. Le Chapelier – A. M. T. Lepeletier-Rozambo, née Lamoignon-Malesherbes (f) – P. Mousset – P. Parmentier – D. A. Rochechouart, veuve du Chatelet (f) (p) – J. G. Thouret (p)

Libérés (2) : P. A. J. Bontemps – F. Perret

Info : Rosalie Chodkiewicz, princesse Lubomirski, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Exécutée le 30 juin 1794. (W351.173)

Info : La signification au concierge du jugement et le procès-verbal d’exécution de mort de Le Chapelier, ex-constituant, condamné à mort ce jour, se trouve dans le carton microfilmé W351 (dossier 713), au lieu d’être avec les autres procès-verbaux dans le carton W527.

23 avril 1794 (4 floréal an II)

Exécutés (8) : A. Barthelemÿ – L. B. Calmer (p) – J. Chemin (p) – M. L. Coutelet, veuve Neuveglise (f) (p) – M. Farizol, née Horion (f) (p) – F. Gallay (p) – F. A. Reclesne – L. Roux (p)

Libérés (5) : M. B. Beaumé – N. G. Denis – J. A. Niessingh – L. M. Pagnest (liberté sous surveillance) – F. E. Thorin

Autre (1) : E. Gillerond (dét)

24 avril 1794 (5 floréal an II)

COMPLICES DES PRUSSIENS A VERDUN (Meuse)

Exécutés (38) : J.-B. Barthe – J. E. Bertheaux (f) – T. Bestel, née Pierson (f) – F. Bonin – F. Chotain – J.-M. Colloz – M. Croute (f) – H. F. Croyé – J. N. D’aubermesnil – G. E. Dauphin, veuve Brigaud (f) – G. Deprez – F. Fortin – J. Gossin – A. Grand Febvre Tabouillot (f) – H. B. Grimoard – G. Henry, fille (f) – S. Henry, sa sœur (f) – C. Herbillon – F. Herbillon, veuve Masson (f) – M. Joulin – C. E. La Corbière – M. A. Lagirourière, fille (f) – M.-F. Lalance, née Henry (f) – N. Lameles – B. Leclerc – G. Lefebvre – N. Milly – A. J. Niÿon – J.-F. Noël – J.-B. Pelegrin – J.-B. P. Perin – J. Petit – J. Pommeray – M. Schweyer – P. Thuilleul (ou Thuilleur) – A. Vatrin (f) – Hélène Vatrin (f) – Henriette Vatrin (f)

Libérés (3) : A. Costrejean – A. Fintzel – J.-B. Philippe

Autres (3) : J. L. Gelis, dit Pellissier (dét) – B. Henry (18 ans) (f) (20.p) – C. Tabouillon (17 ans) (f) (20.p)

25 avril 1794 (6 floréal an II)

Exécutés (6) : E. A. J. Anisson-Duperon (p) – F. Gouron (p) – J.-C. Jacquet (p) – J.-N. Lallement – J.-B. Lebault – L. C. N. E. L’Escoffier

Libérés (2) : L. C. Gouffé-Beauregard – J. Héraud

Autres (3) : J.-M. Daudé (6 ans fers) – R. Deconlois (f) (6.p) – M. Delage (f) (6.p)

26 avril 1794 (7 floréal an II)

TRAITRES DU MONT-BLANC (Savoie)

Exécutés (7) : A. A. V. Bellecise, née Baillard Troussebois (f) (p) – J.-B. Bosonet – J. P. Curton – J. J. Duc – F. A. Mangin (p) – C.-F. Pralon – G. Trinquelague

Libérés (9) : J. A. Aufroy – J.-B. Bavelier – J.-B. Bourgeois – H. Caillet – J.-B. Debonne – J.-F. Gerard – L. A. Laurent – H. Martin – J.-B. Vingtergnier

Autre (1) : S. Bouré (dét)

Info : L’affaire concernant Caillet, Bavelier et Martin (et Le Brasse), gendarmes près les tribunaux de Paris, libérés ce jour (W353.729), avait pourtant été renvoyée au ministre de la guerre le 2 mars précédent (W332 565).

Info : Jean-Baptiste Debonne, 36 ans, serrurier à Vaugirard, acquitté et libéré ce jour (W353.724), fut de nouveau arrêté le 18 juin (30 prairial) et de nouveau acquitté le 17 juillet suivant (W421.956).

Info : Au sujet de Louis Alexis Laurent, directeur des messageries de Nancy, acquitté ce jour, voir la note du 27 mars précédent.

27 avril 1794 (8 floréal an II)

Exécutés (4) : P. Guegnot (ou Guenot) – J.-P. Lambert – C. T. Leclerc – F. G. Savoye

Libérés (21) : P. F. Ansot – J. Avrillon – C. Blewart – P. Bonny – F. Bordel – M. Cazot – J. A. Chevalier – A. Choulaire – J.-L. Chrétien – A. Cotel – A. Dauson – J.-J. Feuillet – J. S. Hannot, fils – A. S. Hannot, père – J. N. G. Larue – M. J. Maguerre – F. Maréchal – J. Mazet – N. Rodier – P. Sensier – P. Vier

Autres (5) : P. F. Bissot (6.g) – P. Bonnie (6.g) – C.-F. Dufresne (ou Duframe) (6.g) – P. C. Duverger (6.g) – J.-B. Roche (6.g)

Infos : Le dossier W354.735 ne donne d’une des affaires jugées le 8 floréal que la liste des pièces. Il résulte qu’étaient acquittés Larue, Vier, Maguerre, Hanot, Cazot et 19 autres, soit 24 personnes, qui ne furent pas toutes libérées. On trouve ce jugement imprimé dans le carton W537.d2. Les deux personnes de plus que nous avons ici, Cotel et Sensier, étaient étrangères à cette affaire.

28 avril 1794 (9 floréal an II)

Exécutés (35) : D. F. Angran d’Alleray (p) – A. L. F. E. de Béthune Charost (p) – M. M.-L. Bragelongne, veuve Paris-Montbrun (f) (p) – M. N. Bragelongne (f) (p) – J.-L. Bravards Deissat Duprat – J. Chopinet, dit Chevalier (p) – N. F. O. Despallières (p) – P. L. Deveyle – C. H. d’Estaing (p) – L. A. Fargeon, veuve Bussy (f) – F.-J. Feydeau (p) – J.-M. A. Gabet – J. F. Ginot (p) – T. Gouffé (p) – C. Grangier-Laferrière – C. H. Humbert – C. M. A. Jardin (p) – P. J. Jean – J. J. Jocaille – C. L. Lamoignon, veuve d’Estourmel (f) (p) – J.-F. Latour-Dupin (p) – P. A. G. V. Latour-Dupin-Gouvernet (p) – C. Le Melletier – P. Martin – C. P. C. P. Mergot Montergon (p) – G. L. Neufville Villeroy (p) – J. N. Nicolas – A. C. F. Nicolay (p) – F. J. Pichard du Page – A. B. Ropiquet (p) – M. L. V. Sourches, veuve de Vallière (f) (p) – A. J. Terray – M. N. Terray, sa femme, née Perreney de Grosbois (f) – L. Thiroux Crosne (p) – M. Tourret (f)

Libérés (3) : V. Pierdhouy – C. F. H. Sallé – M. Steinmetz

30 avril 1794 (11 floréal an II)

Libérés (21) : J. R. Bazin – H. Bourgois – M. Boyer – F. Delélée – Deserre (ou Deferre) – A. Deserre (ou Deferre), sa femme (?) (f) – Dupuis – F. Goyet – R. Guesdon-Dubourg – J. A. Jourdain, dit Marat – L. Lefaucheux – F. Madelaine – J. G. Montrichard – P. A. H. Potier – E. Riboux (ou Ribout) – P. Riboux (ou Ribout), son frère cadet – L. F. Sallet – J. M. Sauvage (f) – P. Turbat

Info : Le dossier de Jean Gabriel Montrichard est vide (W355.735). Il avait été arrêté le 5 germinal suite à l’acquittement de François Joseph Marie Cordier, et c’est dans le dossier de ce dernier que se trouvent les pièces le concernant (W339.619).

Autre (1) : L. Massion (dét) – G. Pyron (dét) – A. Raudot (dét)

Info : Louis Massion, ex-commissaire de la commune de Nantes pour les grains et inspecteur des vivres de l’armée de l’Ouest, acquitté ce jour des accusations de fraudes et infidélités, fut néanmoins maintenu en détention jusqu’à nouvel ordre et transféré des Carmes à la Conciergerie par décision du Tribunal le 3 mai (14 floréal) (W356.742).

1er mai 1794 (12 floréal an II)

BESANCON (Doubs)

Exécutés (14) : C. A. Bernard – L. J. I. Chalmeton – C. L. Deligny – J. Glutron – P. Landois – A. H. Langlois de Pommeuse (p) – A. S. Langlois de Pommeuse, sa femme, née Chuppin (f) (p) – A. L. Langlois de Rezy (p) – F.-J. Mouthon – G. Nogaret – J. A. Poulet – J. Rabault – G. Seurre, dit Joinville (p) – E. Vigné

Libérés (6) : J.-B. Charon – J.-B. E. Cordellier – A. Cornesse (f) – J. Guy, dit Duamine – L. F. Sauveur-Chapelle – G. Vilcot

2 mai 1794 (13 floréal an II)

Exécutés (3) : D. Carbille (p) – P. Diacon (p) – L. Petra

Libérés (2) : F. J. Petit – E. Petit, sa femme, née Leleu (f)

3 mai 1794 (14 floréal an II)

BATAILLON DES FILLES ST-THOMAS

Exécutés (14) : P. E. Angibault (p) – T. S. Berard (p) – C. J.-B. Deschamps Tresfontaines (p) – L. G. Dhangest (p) – F. H. Laurent (p) – J. L. Maulgué – F. Parizot (p) – P. J. Perrée – S. Picquet (p) – D. Repoux Chevagny – E. J. A. Rougemon (p) – L. D. Tassin, frère (p) – G. Tassin, dit L’Etang, frère (p) – J.-P. Wenmaring (p)

Libérés (4) : L. G. Blandin (17 ans) – J.-B. N. Epery – G. L. Mouchelet – F. Salneuve

4 mai 1794 (15 floréal an II)

Exécutés (13) : T. J. Boissard – J. F. Boys (p) – C. A. C. Choiseul-Labaume (p) – J. F. Durand – A. Dutailly – F. Lacroix (p) – J. L. Lebègue de Oyseville – G. Lebienfait de Wiesval (p) – M.-A. Levis (p) – C. J. Martin (p) – M. P. T. Mauviel – C. P. Moniotte – A. J. Saintenoy (18 ans) (p)

Libérés (3) : T. Bluet – A. F. J. Freville – P. Pinson

Autre (1) : M. A. Meurine, née Dupressoir (f) (dét)

5 mai 1794 (16 floréal an II)

Exécutés (9) : J. Duchene (p) – L. M. C. J. T. Duverne (f) – F. M. Ennouf (ou Eunouf ou Enouf) (f) (p) – J.-J. Labussierre – J. Lichy, née Derüille (f) – F. Loissillier (f) (p) – J. Sauvage (p) – M.-F. Valory, veuve Mazin (f) – M. M. Virolle (f) (p)

Libérés (14) : J.-P. Bertin – P. A. Charmantier – P. F. X. Charrin – B. Coupé – A. Germain – M. Gremy, fils – C. Martin – F. Moru – J. Mothiron – J. N. Nouvillon (ou Nouvellon) – F. Pothier – R. M. Reverand – J.-B. C. Soleil – J. Solet

Autre (1) : J. Jarny (f) (mds)

Info : Jeanne Jarny, cuisinière à Paris, acquittée, fut en fait envoyée à l’hospice attaché au Tribunal révolutionnaire pour être soignée comme folle. Elle fut libérée, guérie, le 19 août 1794 (2 fructidor an II). (W359.759)

6 mai 1794 (17 floréal an II)

CONSPIRATIONS DE LA MOSELLE ET DE LA PRISON DE DIJON

Exécutés (24) : F. Bille – M. Boler – J. L. Briand – C. Chaussier – F. Collin – A. N. Courtois – J.-B. N. Flosse – J. Galleton – E. Guelaud – J.-C. Géant – J.-B. Genot – A. Jaucourt – C. Joudrier – D. Lamugière – C. J. Le Jolivet – C. A. Montheraud, née Damoiseau (f) – J. J.-L. Pierron – H. J. Poulet – J.-B. Sallez – M. Séquer – J. Testard – J.-C. Thibault – J.-B. Thierry – M. Wagner

7 mai 1794 (18 floréal an II)

DROME ET NIEVRE

Exécutés (10) : R. F. L. Chevandier – V. Ferrier – J. J. Fity – J.-F. Guillaumot – J. H. Guintrand – F. Pascal – F. Petitjean – J.-F. Rameau – J.-L. Rameau – J. Sulpice

Libérés (4) : F. P. Foing, veuve Guillaumot (f) – A. Gency – N. Louault – J.-F. Magnier

Info : Antoine Gency, 33 ans, tonnelier, demeurant section du Finistère, membre du Conseil général de la Commune de Paris, acquitté ce jour de l’accusation portant qu’il avait, à Passy et depuis le mois de ventôse dernier, « tenu des propos et pratiqué des manœuvres tendant à avilir les autorités constituées et provoqué la dissolution de la représentation nationale en introduisant des instruments dans les maisons d’arrêt ou de charité, en abusant de la qualité de magistrat du peuple et du signe caractéristique de cette magistrature pour vexer les citoyens et commettre des prévarications en calomniant la justice nationale, et enfin en insultant à la dignité de la représentation nationale » (W360.767), fut condamné à mort comme hors la loi et exécuté avec Robespierre le 28 juillet (W434 975). Gency avait été arrêté le 1er germinal (21 mars) par ordre du Conseil général de la Commune, incarcéré aux Carmes et interrogé le 11 germinal (31 mars). Son dossier contient plusieurs dénonciations portant notamment que, le 30 pluviôse (18 février), à 10 h du matin, il n’avait pas attendu son tour pour avoir un pot au feu, était passé devant 150 personnes qui attendaient devant le boucher Lecoq et avait arboré son écharpe pour couper court aux invectives, que, le 29 ventôse (19 mars), à la société populaire de la section du Finistère, il avait dénoncé Rühl, alors président de la Convention, comme quoi il n’aurait point été à la hauteur de la Révolution, que le 30 ventôse (20 mars), dans une taverne, il avait traité Bourdon de l’Oise de scélérat pour avoir fait rendre un décret d’accusation contre Héron, décret rapporté sur l’intervention de Robespierre qui a « abaissé Bourdon comme dans la fange », avait applaudi à la prochaine épuration de la Commune par les Comités de salut public et de sûreté générale, et avait tenu des propos « indécents » contre les surveillantes et officières de la Salpétrière, et que, enfin, abusant du signe de la magistrature, il était entré indûment dans différentes maisons d’arrêt, notamment à la Salpétrière et aux Anglaises, rue de Lourserie, et y avait commis des indécences.

8 mai 1794 (19 floréal an II)

LES FERMIERS GENERAUX

Exécutés (28) : L. B. Bagneux (p) – J.-B. Boullongne (p) – J. J. Brac de La Perrière – G. Couturier (p) – C. Cugnot Lépinay (p) – C. Delaage (p) – E. M. Delahay (p) – N. Deville (ou Devisle) (p) – J.-F. Didelot (p) – L.-P. Duvaucel (p) – D. H. Fabus – A. L. Lavoisier (p) – L. M. Le Bas Courmont (p) – J.-L. Loiseau de Berenger (p) – J. G. Maubert Neuilly – F. M. Ménage de Pressigny (p) – G. G. Montcloux (p) – N. J. Papillon Dautroche (p) – A. F. Parcel, dit Saint-Cristau (p) – A. P. P. Parseval – J. Paulse (p) – C. R. Perseval Frileuse (p) – L. A. Prevost Darlincourt (p) – F. Puissant (p) – C.-F. Rougeot (p) – A. V. Saint-Amand (p) – J. F. H. Saleur de Grizieu (p) – F. J. Vente (p)

Info : Delahantes, [Delaage] Bellefaye [fils] et Sanlot, ex-adjoints de fermiers généraux, figurant parmi les accusés, furent mis hors des débats par un décret du jour. (W362.785, Archives parlementaires, tome XC, p. 151).

Info : Les procès-verbaux d’exécution de Delaage père, Cugnot Lépinay et Didelot ont disparu. Mais ils furent bien condamnés à mort et exécutés ce jour (W362.785). Les procès-verbaux d’exécution individuels de cette fournée portent d’ailleurs en entête « Affaire des 28 fermiers généraux », ce qui ne ferait pas le compte sans eux (W527).

Libérés (19) : F. Baudelot, veuve Mannetrois (f) – M. Boudot, née Gallet (f) – L. Bouffechoux – L. H. Brun – J. Dubouchet – P. Duval – Ferret – C. Forest – P. Gosset – F. Lapierre – F. Monmessin – A. M. Moreau, née Lebrun (f) – J. Nivelle – J.-M. Noël – L. Pages – T. Pelletier – J. Richard, née Bourdois (f) – C. Sipart, née Chevalier (f) – F. Siret

Autre (1) : Blien P. J. (ajourn 08 mai 94)

Info : La décision concernant Pierre Joseph Blien, 13 ans, éventailliste à Paris, fut ajournée ce jour à 6 mois (W362.778bis). Le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil le rendit à la liberté le 9 novembre suivant (19 brumaire an III). (W483.375)

10 mai 1794 (21 floréal an II)

MADAME ELIZABTEH

Exécutés (24) : C. L. A. Bessin Dambaye, ex-femme Crussol d’Amboise (f) (p) – D. Buard (f) (p) – E. P. M. H. Capet, dite Madame Elizabeth, sœur de Louis XVI (f) (p) – C. Cressy Champmilon – J.-B. Dubois – A. Duwaes, veuve Delaigle (f) – G. Folloppe (p) – T. Hall – A. N. Lamoignon, veuve Senozan (f) (p) – L. B. Leneuf-Sourdeval – L. P. M. Letellier Bullier (p) – L. C. Lhermitte Chambertrand – J.-B. Lhoste (p) – A. F. Loménie – A. M. C. Loménie, ex-femme Canizy (f) (p) – C. Loménie – L. M. A. Loménie de Brienne – M. Loménie – A. J. M. Megret-d’Etigny – A. J. F. Megret de Sérilly – A. H. C. Montmorin (p) – M. A. C. Rosset de Cercy (f) – E. J. Rosset de Fleury, née Lhermite (f) – F. G. Taneffe, veuve Montmorin (f)

Libérés (2) : J. Frelons – C. E. Harouard

Autre (1) : A. Preau (8 ans fers)

Info : A. M. L. Megret Sérilly, née Thomas de Dommangeville, condamnée à mort ce jour, comme son mari, se déclara enceinte (W538.d2). Elle fut libérée après le 9 thermidor. Le 17 thermidor (4 août), depuis l’hospice national, elle écrivit au Comité de sûreté générale pour qu’il examine les pièces la concernant et la rende à l’estime de ses concitoyens (F7 476618). Elle fut citée comme témoin au procès de Fouquier-Tinville.

11 mai 1794 (22 floréal an II)

Exécutés (9) : A. C. Aubert (f) (p) – A. Desmarais (f) (p) – A. L. Desmonceaux (p) – G. B. Goyon (f) (p) – M. A. C. La Treille**, veuve Quetineau (f) (p) (condamnée le 24 mars) – L. F. P. Le Cointre (p) – M. M. Péricard, veuve Langlois de Ressy (f) (p) – V. Rogé**, née Lescale (f) (condamnée le 15 avr.) – J. Saint-Germain de Villeplate

Libérés (4) : J.-B. Bechereau – C. Foutrier – F. Gourdet – Plançon, dit Siebot

Autre (1) : L. Auger (dét)

12 mai 1794 (23 floréal an II)

HAUTE-MARNE

Exécutés (8) : N. F. Bocquenet – J. Fougeret (p) – J.-B. B. Lambert – H. Lastic – P. Raclet – A. Thomassin – A. C. F. Thomassin, sa femme, née Mandat (f) – J. D. Voillerault

Libérés (4) : G. Bouchard – A. Hugard – N. Schemel – M. With (f)

Info : Augustin Hugard, 31 ans, ex-libraire à Strasbourg, acquitté et libéré ce jour dans une affaire de vol d’argenterie d’un émigré (W363.793), fut de nouveau arrêté pour avoir détourné de jeunes gens de la réquisition moyennant finances, de nouveau traduit au Tribunal révolutionnaire et de nouveau acquitté et libéré le 2 novembre suivant (4 vendémiaire an III) (W477.337).

13 mai 1794 (24 floréal an II)

Exécutés (7) : G. Joüen – A. J. Lanloup – A. Loûhêr – E. Maugee (ou Mauger) – J. A. G. Rollet Davau – A. F. Rollet d’Avaux, sa femme, née de Villaines (f) – J.-B. Ubelesky

Info : La femme de Rollet Davau, ainsi qu’il signait, signait, elle, Villaines d’Avaux (W364.796).

Libérés (15) : P. Brissett – L. F. B. Dupuis – F. Fardé – J. Gaujean – T. Guillot – J.-L. Lenoir – M.-C. Lenoir, sa femme, née Gauthier (f) – M.-A. Lenoir, leur fille (f) – A. Menard – A. J. Moussier – L. Perrin – F. Peton – P. Quentin – M.-J. Quentin, sa femme, née Aly (f) – P. Tousey

Autres (4) : P. F. Coquet (dét) – J. Durand (dét) – C. E. Lefort (dét) – P. N. Prevot (renv)

Info : Sur Charles Emmanuel Lefort, détenu à Bicêtre et renvoyé ce jour en détention, voir la note du 1er juin suivant (W364.798).

14 mai 1794 (25 floréal an II)

Exécutés (9) : J.-C. Doûet (p) – M. C. Doûet, sa femme, née Bataille-Frances (f) (p) – L. Mercier (p) – F. D. Mory d’Elvange – L. R. F. Mory, dit d’Elvange – B. Paintau, se disant Gournay – C. A. Prevost Darlincourt (p) – P. A. Sagny – P. J. Yel

Libérés (8) : L. A. Caterneau, dit Castelnault – P. G. Delaage – P. V. Destor – G. Hubert – F. Lefort – J.-B. Louves – F. Pitoy – P. Rousseau

15 mai 1794 (26 floréal an II)

ARLES (Bouches-du-Rhône) ET BITCHE (Moselle)

Exécutés (8) : F. Bertrand – M. Blass – P. A. J. Chiavari – A. B. Fassin – A. Fennard – P. Henry – D. Knœpffler – E. Meynier

Libérés (5) : J. Brigaud – J. L. Dupont – C. Jongleur, dite Foulon (f) – M. B. Pardonnier, veuve Quibel (f) – R. Vieux-Bled, veuve Nasse (f)

16 mai 1794 (27 floréal an II)

Exécutés (9) : J.-B. Aubisse (p) – C. Bezard (p) – J.-B. Buret – J.-P. Gravier – A. L. Lartigue (p) – T. Moreau – P.-L. Roussellet – F. Toulon – J.-B. Toulon

Libérés (3) : O. Lefebvre – A. M. Morand – P. Pillet

Info : Ne pas confondre Philibert Pillet, 44 ans, ex-bénédictin, depuis curé constitutionnel de Pougues, district de Nevers, et enfin aubergiste, aquitté et libéré ce jour (W366.817) avec son parfait homonyme Philibert Pillet, 43 ans, curé constitutionnel de Cours, district de Villefranche, libéré le 23 pluviôse an III (11 févrer 1795) (W495.505)

Autres (2) : E. M. M. P. Fréteau (dét) – A. E. Le Chanteur, veuve Brochant (f) (dét. chez elle)

17 mai 1794 (28 floréal an II)

Exécutés (11) : T. Deligny – B. Dera – R. G. Du Saunier – J. F. S. Isnard – A. Labatut (p) – F. Ledet (p) – F. Leroy – L. Millanges – F. Perrillar – G. J. J. N. Romé (p) – C. Rougane (p)

Info : Claude Rougane, ex-curé à Clermont-Ferrand, avait été jugé et libéré par le Tribunal criminel extraordinaire de Paris le 8 août 1793 (W279.107, W366.818).

18 mai 1794 (29 floréal an II)

Exécutés (11) : J.-B. F. Blanquer – P. P. C. Bourrée Corberon – L. C. Cezeron (p) – D. J. Clerc (ou Clere) – C.-F. Colliez – J. H. Dippre – A. Mathieu (p) – L. Pacot (p) – J. Porta (p) – A. Sabatery – P. A. Teissère

Libérés (5) : G. Bardet-Fromenteau – B. Pomel – L. Quenêt – J.-F. Seclet – J. Serre

20 mai 1794 (1er prairial an II)

Exécutés (16) : M. Barbey (p) – J.-M. Boyer Brun (p) – A. Bresillon – J. N. Burgère – J.-B. Constant Labarte – J. F. Descombies – C. G. Doyen (p) – J. Filsac – J. Houssé, dit Laviolette (p) – M. P. Lesclapart, née Henneveux (f) (p) – M. C. Lucas de Blaire (f) (p) – M.-T. Rolland, née Clerex (f) – C. G. Sesseval, veuve Dutiller (f) – F. A. Suremain – J. A. Tessier, dit Marguerite – M. Webert (p)

21 mai 1794 (2 prairial an II)

Exécutés (8) : C. Brunel (p) – G. Delignon – D. Lafilard (p) – P. F. Nicolas (p) – A. E. Ragot (f) – C. Simard – F. Tournacos (p) – L. F. Vassal (p)

Libérés (12) : P. Annereau – J.-L. Benoit – J.-C. Berger – C. Berger, sa femme, née Chatenet (f) – A. H. Boizot – C. Camus – L. Gaston – E. J. Jardin – C. Le Clerc – E. I. Mégret – J. R. Meunier – A. Roger

Autre (1) : J. G. Saiffert (dét) 

22 mai 1794 (3 prairial an II)

Exécutés (12) : L. P. Bourgeois (p) – L. Carré (p) – J. Coursin (p) – M. N. Gaidon (p) – J. Jarroufflet – J. Juery (p) – J.-B. Keintischer (p) – C. A. Leflot – P. G. Namys de Saint-Aubain (p) – P. Paul (p) – F. Royer – C. Vasseur (p)

Libéré (1) : J. Virot

Autre (1) : G. Chouillac (6 ans fers)

Info : Signalons pour l’anecdote que Félix Royer, 28 ans, jardinier, chasseur dans la légion des Alpes, signait Félix 1er Roy de France et même plus que Roy ci-devant Félix Royer. (W370 833)

23 mai 1794 (4 prairial an II)

Exécutés (14) : N. Aubry (p) – J. A. Barrême, cadet – J. H. Barrême, aîné – L. J. A. Barrême, puiné – A. M. Bart (p) – J. Canolle, père – A. Costard, née Paville (f) (p) – P. L. Didier (p) – A. Dorly (p) – A. Ferry, veuve Dupré (f) (p) – G. J. Fortin (p) – J.-B. Lanou (p) – J.-F. Le Marcant (p) – A. Provencher (p)

Libérés (3) : N. Avril – J. Canolle, fils – C. Gorget

Autres (2) : P.-F. Boullay (dét) – D. Dupuis (dét)

24 mai 1794 (5 prairial an II)

Exécutés (6) : J.-B. M. T. Domangeville – J.-B. Durand (p) – J.-B. Gautier (p) – J. A. Pascal (p) – F. Paulin (p) – S. Tisserand (p)

Libérés (9) : N. J. Bertin Ringuet – G. Juery – N. Michel – F.-J. Mont – E. Peyen – L. A. Pitou – J. N. Ricaud – C. A. Sagault – L. J. Viette

Autre (1) : J. G. Welter (dét)

25 mai 1794 (6 prairial an II)

Exécutés (9) : J.-B. C. Birague-Lisledon – J. J-B. Cuvyer (p) – M.-A. Hébert, née Demaux (f) (p) – F. Joly – L. C. J. Lancrÿ de Pronleroy (p) – P. Mauclaire (p) – C. Perrard (f) (p) – P. Prudhomme (p) – F. Prudhomme, sa femme, née Lambert (f) (p)

Libérés (2) : D. H. Clette – A. Tachet

Autres (2) : P. J. Digard de Palcy (dét) – C. Seguy (mds)

26 mai 1794 (7 prairial an II)

Exécutés (2) : J.-B. M. Hanonnet – C. L. M. Milcent, dit Milcent Créole (p)

Libérés (5) : M. A. R. Decaisne – J. Hennon, dit Dubois – J. Paulnier – E. Presta – L. Tourbier, dit Caron

Info : Claude Louis Michel Milcent, 54 ans, né et domicilié à Saint-Domingue avant la Révolution, membre de l’Assemblée provinciale du Cap en 1790, rédacteur du journal le Créole patriote, avait bénéficié d’un non-lieu suivi de mise en liberté le 5 janvier 1794 (W307.393).

27 mai 1794 (8 prairial an II)

17e DE CAVALERIE

Exécutés (23) : J. Arnauld – J.-B. Avenel – N. J. Beaugard – A. Binet – C. Bonnot – J.-F. Bugnotet – J. Donadieu – J. J. L. Furet-Prébaron – E. Hery – E. Houry (p) – M. J. Jourdan, dit Coupe-tête – E. Jourd’heuil – A. L. M. Jude (p) – C. Juy – E. Le Candre – C. P. M. G. Levis (de) Mirepoix (p) – J. Mollet – F. Poisson – P. C. M. Prisye – P. F. Pruneau – E. P. Verillot – C. Vigneron, née Mathieu (f) – S. Vigneron, sa fille (f)

Libérés (4) : J. Chaumedru – P. Delaunay, dit Bacoile – N. Delaunay, son fils (?) – J. Merle

Info : La libération de Jean Merle, enfant de 8 ans, détenu pour avoir brisé des scellés maison d’Arcourt, est signalée dans le carton W384 (dossier 892) concernant Pirlot, gardien de ladite maison, condamné à 2 ans de détention le 23 prairial (11 juin 1794).

28 mai 1794 (9 prairial an II)

MONTFORT-LE-BRUTUS (Seine-et-Oise) ET ROZAY (Seine-et-Marne)

Exécutés (14) : F. Baillot (p) – F. Chevalier (f) – E. Duhamel – S. Dumazet (p) – P. F. Fenaux – G. Féron – C. Léger – N. Letellier – M. Olivier – J. Petit – A. Rageot – M. A. Rageot, sa femme, née Féron (f) – F. Simon – C. J. Vuillemin

Libérés (7) : J. Aubry – H. Bigre – F. Brillant – M.-A. Duclos, née Gons (f) – G. Foulon – J. D. Hermann – A. Maltaverne (ou Mataverne) (f)

Autres (2) : J.-B. Gauthier (dét) – C. F. Gauthier, sa femme, née Faivre Picon (f) (dét)

29 mai 1794 (10 prairial an II)

Info : Le dossier d’Alexandre Gaucher, 61 ans, orfèvre à Paris, indique qu’il fut mis en liberté ce jour par arrêté du Comité de salut public, ce qui est exact (Bouloiseau, Supplément 3, p. 185). N’ayant pas été acquitté par le Tribunal révolutionnaire, il ne peut être compté ici. (W375.848bis)

30 mai 1794 (11 prairial an II)

Exécutés (13) : L. C. Begu – N. M. Compin – A. F. C. Dauphin de Leyval – L. J. Ferruyau – J. A. Guibora – J. Joussineau (de la) Tourdonnet – N. Lacodre de Montpansin – C. Lacroix – P. J. Le Cocq – L. J. Mauret – P. Morillon Du Bellay – C. M. Nantiat (f) – J. Put

Autres (3) : G. Dubut (dét) – J. Gillet, dit Michaut (dét) – C. Mechine (f) (dét)

31 mai 1794 (12 prairial an II)

Exécutés (13) : J.-B. P. Baufre (p) – J. H. Caron – A. Chantemerl – L. Duvivier (p) – T. C. Herÿ – S. Hugault – P. Huguet (p) – T. F. La Morre (f) – E. M. Marguerie – J. Pierson (p) – J. Pont – P. Saint-Saulieu (p) – C. F. M. Simonet

Libérés (6) : C. Bernard – M. Leclerc (f) – P. Manscier – J. Meuvy – J. Michel – P. C. Seulfort

Autres (3) : C. J. Jacquemin (dét) – C. Miél (dét) – D. Verheyden (dét)

Info : Jean Nicolas Toustain, condamné le 1er février 1794 à la détention comme suspect, évadé depuis, repris à Paris, n’est pas compté ici, le Tribunal ayant simplement renvoyé ce jour les pièces le concernant au tribunal qui doit en connaître (sic). (W318.466, W377.858)

1er juin 1794 (13 prairial an II)

Exécutés (13) : J. Auger (p) – T. A. Bellet (p) – E. Berthier – L. Boismarié (p) – L. M. Brill (p) – A. Brillon de Saint-Cyr (p) – F. M. Chauvreau (p) – L. J. Germain (p) – J. Levasseur – A. C. Lherbette (p) – J. A. Megard (p) – J. R. Millin du Perreux (p) – J. Serrigny

Libérés (19) : S. Blanchard – A. Chapon – C. Chapon, dit Colin – P. Chavanon, dit Lapape – G. Dealle – M. Joly – J. Jomain – C. Lacroix – A. Leblond, née Ouaille (f) – J. Melleton – E. Molinet (17 ans) – C. Perrin, cadet – P.-F. Pertinant – B. Plasse – D. Siniau – B. Tacher – J. Thion – B. Vacogne – J.-M. Vesassier

Autres (3) : J. Duval (dét) – C. E. Lefort (dét) – F. Lionnois (dét)

Info : Le 13 mai précédent (24 floréal), Charles Emmanuel Lefort, 22 ans, imprimeur à Paris, détenu à Bicêtre depuis le 11 mars 1791 pour avoir donné un coup de monture de sabre à un officier suisse, traduit au Tribunal révolutionnaire pour avoir dit qu’il avait été en prison pendant qu’il y avait un roy et qu’on le détiendrait jusqu’à ce qu’il y en ait un, avait été renvoyé en détention par le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil, ses propos ayant été imputés au désespoir (W364.798). Ce jour, le Tribunal révolutionnaire l’acquitta de l’accusation de conspiration et le renvoya à Bicêtre (W377.860).

2 juin 1794 (14 prairial an II)

Exécutés (12) : J.-B. Barré (p) – L. A. F. Bongars Dapremont – M. A. J. Bourdet (p) – B. L. Cassaignes (p) – A. J. S. Daniaud – J.-B. Dupain (p) – B. Ferey – L. Harmant – J.-F. C. Lecocq – J.-P. Mendouse (p) – V. Pasquet Saint-Projet, née Marentin (f) – P. Perrin

Libérés (9) : J. Brulard – T. M. Galois – J. Gautier – M. A. L. Lacroix – J.-B. D. Mary – J.-B. N. Mousson, dit Blondin – J. Pueche – P. Ravier – J. Robin

Autre (1) : A. Meunié (dét)

Info : Marguerite Louise Charlotte More, née Gueniot, dite Quingery, condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte. Libérée après le 9 thermidor. (W378.863)

3 juin 1794 (15 prairial an II)

SEDAN (Ardennes)

Exécutés (32) : L. J. Bechet – P. S. E. Béchet – E. N. J. Chayaux-Caillon – A. Cordelois – P. Dalché – J. J. Deflandre – S. J. Delattre – L. G. Desrousseaux – L. Edet (64 ans) – L. Edet le jeune (46 ans) – C. Fossois – P. C. Fournier – P. Gibou-Vermon – L. F. Gigou Saint-Simon – A. Grosselin – A. Guidet – E. Hennuy – J. C. N. Le Chanteur – C. Lefranc (p) – F. P. Legardeur, aîné – J.-B. D. Legardeur, le jeune – J.-L. Le Noir Peyre – J.-B. Ludet – P. Martin – H. Mesmers – M. Noël, dit Laurent – J.-B. Petitfils – N. Raulin Hussin – A. C. Rousseau – Y. G. J. Saint-Pierre – H. Servais – N. Varroquier

Libérés (5) : J. Bal – M. Grélé (ou Greslée), née Renauld (f) –  J. Michot – E. Soulier – P.-F. Wiart

Info : Mélanie Renauld, femme Grélé (ou Greslée), était malade le 31 janvier lors du procès des habitants de Coulommiers. Ce jour, le Tribunal, considérant qu’il n’y avait pas lieu de la traduire en jugement, prononça sa mise en liberté. (W317.462)  

Info : Pierre Verrier, 41 ans, juge du district de Sedan, apparaît dans la liste des accusés mis en jugement, mais pas parmi les condamnés. Il ne fut pas non plus acquitté. Son nom figure également, mais rayé, dans la liste précédant la question aux jurés. (W379.870)

4 juin 1794 (16 prairial an II)

Exécutés (16) : J. Clément – F. Dauphin Goursac – J. Dauphin Goursac (f) – J. Dauphin Lapeyre – J.-F. Dufouleur (p) – M.-L. Dufour (f) – J. Gonin, ex-femme Pasquier Larevenchère (f) – A. L. Le Duc Bieville, fils (p) – E. M. Le Duc Bieville, père (p) – N. T. Le Tenneur – G. P. Lorenzo (p) – J.-J. Maynard (p) – A. Moreuil (p) – B. Saint Mihiel – J.-F. Thirial – T. Thomas, veuve Goursac, mère (f)

Libérés (2) : C. J. Dufour – M. A. Julien, née Arnoux (f)

5 juin 1794 (17 prairial an II)

Exécutés (6) : J. Daigue (p) – E. M. Guiller, dit Nonac, née Guiller (f) (p) – P. Mazeray (p) – J. A. Meyrand – M. M. Perrier, veuve Fontenay (f) (p) – L. H. Villeneuve Trans (p)

Libérés (9) : A. Achin – C. Achin, sa femme, née Dujore (f) – E. Bouserot (f) – A. T. Guiller, dit Nonac – J. N. F. Le Bon – A. F. Le Bon, sa femme, née Guiller (f) – N. Mahüet – F. Meutry, née Defoux (f) – E. R. Roger Le Sot

Autres (9) : F. Cuperly (dét) – L. Dangé, dit Blois (dét) – M. Doucet, née Dardan (f) (dét) – J.-B. J. Hample (ou Ample) (dét) – J. Hanneze (dét) – F. La Brosse (dét) – M. Laroche, née Perrau (f) (dét) – J. Le Baut, dit Botton (dét) – M.-A. Marchandon (f) (dét)

6 juin 1794 (18 prairial an II)

Exécutés (20) : J. Aboulin – A. Callewaert – G. J. Cousin (p) – J. Dauphin Chadebaud – T. Delainy (ou Delainey) (17 ans) (p) – E. F. Forceville (f) – J. Forret – J. Fournier – A. Jacquemont, veuve Padet (f) (p) – F. J. E. T. Lavalette (p) – C. F. Mercier Daubéville – J. Mordock (p) – W. Newton (p) – P. Roden (p) – J. Rolland – T. Roussat – P. Soubry (p) – J. Vandierendonch (p) – N. Vial (p) – D. E. Vial, sa femme, née Marchais (f) (p)

Libérés (3) : I. Bastin – E. Beviere (ou Beviers) – J. Messager

Info : Victoire Leclerc, veuve Baty, condamnée à mort pour propos contre-révolutionnaires, se déclara enceinte. Elle fut libérée après le 9 thermidor. (W381.877) Elle écrivit au Comité de sûreté générale le 17 thermidor, depuis l’hospice national, pour réclamer sa liberté, l’innoncence n’ayant plus rien à craindre après l’heureuse révolution qui venait de s’opérer. (F7 4554 9)

7 juin 1794 (19 prairial an II)

ARDENNES

Exécutés (21) : P.-L. Bachellier – J.-B. Blay – N. P. Boucher – J.-B. A. Bourgeois – J. Chanzy – E. Deshayes – H. Dessault – P. N. Domont (p) – C. François, dit Cadet – C. J.-B. Gerard – M. C. G. Gerard – J. S. Gromaire – J. S. Larget (p) – H. Le Cinque (p) – P. Lecointre (18 ans) – L. Le Coq (p) – J. Legrand – J.-J. Lemaire – P. Namur – A. Rayer – G. Thesut

Libérés (6) : L. Barbot – J. N. R. Durand – M. M. Fleuri (f) – P. Le Blanc – L. Liard – F. Nexõn, dit Le Noir

9 juin 1794 (21 prairial an II)

Exécutés (23) : J.-B. F. Auvray (p) – P.-L. Beaufils – F. G. Cormaux – L. P. Croisy – E. Depons (f) – L. Depons – R. Depons, fils – R. M. Depons (f) – N. M.-A. M. P. Despinay – G. Dubreuil (p) – A. M. Garnier – P. R. M. Gonaux-Devaux – A. Guerbois (p) – J. A. Herbault – J. G. Le Boullanger – L. J. Lepelletier (de) Labidoudrie – J. Pelletier (p) – C. Perroy – C. Rougane de Prinsat – M. L. Stabenrath, frère – R. M. M. L. Stabenrath, frère – P.-L. Vallée – A. J. Veytard, dit Fontbouillant

Libérés (2) : V. Desgoutières (f) – C. J. Joly

Autres (4) : F. Bourke (16 ans) (dét jusqu’à 20 ans) – J. T. Marquais (dét) – N. Millet (16 ans) (mds) – M. Moulinier (f) (dét)

Infos : François Bourke, 16 ans, matelot à Lorient, fut condamné à la détention jusqu’à l’âge de 20 ans. (W382.886)

Info : Nicolas Millet, 16 ans aussi, collégien à Paris, fut envoyé en maison de santé pour avoir crié Vive le roi. Il fut libéré, guéri, le 7 septembre suivant (21 fructidor). (W382.888)

10 juin 1794 (22 prairial an II)

COSNE (Nièvre)

Exécutés (13) : C. Blot – P.-F. Cacadier – G. Chaumorot – C. Courieult – E. E. Delafaye – P. M. Gallerand – P. E. Goy – P. A. A. Hardy – P. Leclerc – A. E. Maignan de Chaumoran – C. Periot – A. Pijrent – J. Rochet

Libérés (3) : C. Gauthier – J. Ravot – G. B. Rouger

DECRET : Loi du 22 prairial sur les procédures du Tribunal révolution (simplifiées) et recomposition de son personnel. 

11 juin 1794 (23 prairial an II)

PAMIERS (Ariège)

Exécutés (22) : J. N. Castel, aîné – E. H. B. Chapus Dubost, père – J. D. Chapus Dubost, sa femme, née Teyras (f) – C. G. Chapus Dubost, dit Champcourt, fils aîné – C. M. Chapus Dubost, fils cadet – D. Courtin (p) – F. Darmaing, dit Dangery, aîné – J.-P. Darmaing, son frère – G. Guerin Lucas – B. J. R. Hebert (p) – N. Janin (p) – L. Lamendin – J. Larue, aîné (signe Larrue) – J.-P. Larue, cadet (signe Larûe) – J. Monsirbent, aîné – J.-P. Monsirbent, son frère – J.-P. Palmade Fraxine – P. J. Perrin – J. J. Rigal – L. Rigal, dit Moignier – P. Robert (p) – S. C. Rouillon

Libéré (1) : E. J. Fegey

Autres (3) : E. Coriac (2.p) – J.-L. Lepinay (2.p) – L. F. Pirlot (2.p)

12 juin 1794 (24 prairial an II)

Exécutés (17) : B. Bardy (p) – C. Baron – J.-P. Beaudonnet – F. D. Boüillard – P. Chabault – E. H. Cousin – J.-B. Curtel (p) – J.-B. Geoffroy – P. A. A. Husson (p) – J. Igniard – H. de Lamarre – M.-J. Langlois (f ) – J.-B. Marlot (ou Marnot ou Marinault) (p) – A. Moreaux – C. Noël – J. H. Richard (p) – L. Tupaux

Libérés (7) : E. Belliard – P. Chanteloup – J. G. Chatelbrand – J.-B. Georgeot – J. Pelard – L. Philippe – F. Thevenot

Autre (1) : J.-L. Braudau (dét)

13 juin 1794 (25 prairial an II)

Exécutés (23) : J.-P. Bance – L. G. A. Bance, fils – P. Bizet – P. J. Bogars – J.-B. Borez (p) – M. Borez, frère cadet (?) (p) – J.-F. Droinet (p) – A. L. Du Castelier – P. A. Feret – L. P. Gorry de Chaux d’Escure (p) – J.-B. Guesnier (p) – J. Harmasson (f) (p) – J.-B. Lorcet – P.-L. Magnant – J. Mollard – J. Moreau – A. F. Morin (p) – F. J. Perenay, se disant Boudoux – J. R. Ruinet – C. Sauvage – J. Siblot (p) – N. L. Thouars (p) – J. L. Trude

Libérés (6) : J. Bataille – B. Brunet – J. Chéron, née Rochon (f) – J. N. Derlange – B. Janisson, née Revel (f) – M. Lamoureux, née Leger (f)

Info : Il existe, pour ce jour, une signification au concierge du jugement qui condamne à mort un certain Ferdinand, et un procès-verbal d’exécution pour un Ferdinand (W528). Mais il semblerait que, par ce nom, soit en fait désigné Ferdinand Perenay, condamné et exécuté ce jour, pour lequel il existe aussi un procès-verbal d’exécution dans le dossier W385.895. Il s’agit sans doute d’un doublon et nous n’avons pas compté ce Ferdinand. La même erreur est reproduite le 17 juillet (29 messidor an II), à propos de Ferdinand Morel qui, lui aussi, n’est mentionné sur le procès-verbal d’exécution que par son prénom Ferdinand. (W421.956)

14 juin 1794 (26 prairial an II)

EX-CONSEILLERS DES PARLEMENTS DE TOULOUSE ET PARIS

Exécutés (38) : J.-J. d’Aguin – E. Aubereau – F. Bacquelot – F. Baudevin (p) – C. A. Billioud – C. M. Blanc – P. J.-B. Bonhomme Dupin – S. J. E. L. J. F. Buisson Daussone – J. H. Cassaigne – J.-P. Cazes – J.-J. L. Combette – H. B. B. Deliot – B. M. Dortet de Ribonet – M. M. A. P. Dubourg de Richemonteix – I. J. Fourmestraux de Briffeuille (p) – E. M. M. P. Fréteau de Saint-Just (p) – J.-L. R. Gaillard de Frouzins – M. Godepain (f) (p) – T. L. Guerin Lorillard – C. Hours (p) – J. G. P. La Broue – R. Lacaze, dit Nonot – J.-F. Larroquan – J.-B. A. Lerebours (p) – F.-J. Marquier de Fajac – J.-J. M.-J. Martin d’Ayguesvives – A. Miégeville – F. Molinery Murols – R. A. P. Montégut – I. Poulhariez – L. I. Poulhariez de la Réole, fils – J. Prevost – P. M. E. Réversat de Celès de Marsac – F. Rochefort – H. B. C. Sapte du Puget – J.-F. M. Savy de Gardeil – P. M. Senaux – J.-B. M. P. Tyton de Villotran (p)

Libérés (5) : C. F. Charbonnier – P. J. Christophe – S. Diot – M. G. Maujean (f) – N. Pitoy

15 juin 1794 (27 prairial an II)

Exécutés (18) : P.-L. Bertrand (p) – G. Bourdeaux (p) – J.-C. Brellon (p) – H. Coutant (p) – P. Deglane, dit La Fleur – C. H. Gamache – D. E. M. Gamache (p) – M. Lacroix (f) (p) – P. J. Laplanche (p) – J. E. Laporte d’Hiboust (p) – C. A. G. La Trémoille (p) – J. A. Lebrasseur (p) – L. G. Leveillard (p) – F. L’homme (p) – M. Mantienne (p) – M. J. C. Mantienne, sa femme, née Langlet (f) (p) – N. V. Mayeux (p) – H. Senechal

Libérés (13) : J.-B. Bouvier – F. C. Charpentier – N. Fribolin – P. A. J. Frixon – E. Henri – S. Humbert – F. Hutin – J.-B. Lamy – C. Lathene – J. Morel – J. Renaut – J.-B. Sonnet – F. Torchepot

16 juin 1794 (28 prairial an II)

BICETRE (1)

Exécutés (42) : J. G. Ardillot (p) – P. Balin (18 ans) (p) – N. Bellegeville – A. Bernard (p) – P. Berson, dit Sans-Souci – E. Berton – P.-L. C. Bonne (17 ans) (p) – C. Bourquien (p) – E. Bridier (p) – J.-B. Bussière – M. Chatelier (p) – P. Chevalier (p) – J. H. Curton (18 ans) (p) – F.-X. Delattre – J.-F. Delvaux (p) – P. Dumont – F. Dupont (p) – S. Fillioux – J. P. Grand, dit Lyonnais (p) – M. Guyard – L. C. Horion – N. Janniot (p) – J. Ladry (p) – L. Laforge – J. Lamarche (p) – L. Legrand, dit Larose – J. N. Leroi, dit Sans-Gêne (p) – F.-N. Lucas (p) – P.-J. Massé, dit Brin-d’Amour (p) – B. L. Mauclère (p) – E. Minet (f) – C.-P. Neveux (17 ans) (p) – G. Offroy (p) – F. Paulet (p) – N. Poirier (p) – E. Prévot (p) – C. Quitré (p) – L. C. Richet (p) – A. Saler (p) – L. Teissier – G. Tournier, dit l’Auvergnat (p) – J. Valentin (p)

Autres (4) : Barré (renv) – N. Billon (renv) – P. F. Emé, père (renv) – P. F. Emé, fils (renv)

Info : Les acquittés du jour, ayant fait usage de faux pour essayer de soustraire Emé fils à la réquisition, furent renvoyés devant le tribunal criminel de Paris. Barré, qui n’était pas mis en jugement, leur fut adjoint et envoyé lui aussi devant ledit tribunal. Son nom n’apparaît qu’en fin de l’ordonnance d’acquit. (W388.902)

17 juin 1794 (29 prairial an II)

LES CHEMISES ROUGES
(complices de Batz)

Exécutés (54+7) : H. Admiral (p) – M. Babin de Grandmaison, née Burette (f) (p) – P. C. E. Baussancourt – J.-L. Biret-Tissot (p) – M. N. Bouchard (18 ans) (f) (p) – A. Bouillié – G. J.-B. Briel (p) – J. H. Burlandeux (p) – F. Cardinal (p) – L. Comte (p) – B. Constant (p) – J. V. Cortey (p) – C.-F. Dangé (p) – J. F. L. Davasse de Sainte-Amarand, dite Saint-Amaranthe, née Desmiers d’Archiac (f) – L. Davasse de Sainte-Amarand (17 ans) – J.-F. Deshayes – J.-L. M. Devaux (p) – F. A. Duval d’Eprémesnil, née Santuaré (f) – N. J. Egrée (p) – N. A. M. Froidure (p) – J.-C. C. Fustier – R. A. Giraud – C. S. Grivois, née Vinvent (f) (p) – J. A. de Rohan-Rochefort, dit Guethenoc – C. F. R. Hardaz d’Hauteville (p) – E. Jardin (p) – T. Jauge (p) – L. Karadec (p) – F. La Fosse (p) – M. La Martinière, née Chevailler (f) (p) – P. Laval-Montmorency (p) – A. M. L. Lemoine-Crécy, née Parmentier (f) (p) – J. G. Lescuyer (p) – P. Loillier – A. Lolière – C. Maret – J. J.-B. Marino (p) – T. Marsan (p) – H. Mesnil-Simon – J.-B. Michonis (p) – F. A. Ozanne (p) – C. Paindavoine (p) – F. Paumier (p) – C. A. A. Pons (p) – J.-B. Portebœuf (p) – L. Pottier de Lille (p) – P. Puisser – A. C. Renault (f) (p) – A. Renault, son père (p) – A. J. Renault, son frère (p) – E. J. Renault, sa tante (f) (p) – M. M. H. Rossay de Fleury (p) – P. B. Roucel (p) – L. M. F. Saint-Mauris (p) – A. Saintanac (p) – C. R. E. Sartine, née Davasse de Sainte-Amarand (f) (p) – C. M. A. Sartine (p) – A. P. Soulès (p) – A. Viart (p) – F. C. Virot-Sombreuil – S. Virot-Sombreuil, son fils

Libérés (2) : F. Balloteau – P. Balloteau, son frère aîné

Info : Parmi les exécutés du jour figurent trois ex-administrateurs de police de Paris qui, arrêtés pour différentes affaires, avaient déjà fait l’objet de décisions du Tribunal révolutionnaire. Dangé et Michonis, jugés le 19 novembre, avaient été, le premier, libéré, le second, gardé en détention (W536, d1). (L’original de ce jugement a disparu.) Ozanne avait été condamné à deux ans de prison le 7 janvier (W308.398). Le quatrième ex-administrateur de police exécuté ce jour, Jacques Jean-Baptiste Marino, 37 ans (W384.904), ne doit pas être confondu avec Jacques Jean Marino, 56 ans, inspecteur des maisons garnies des sections Poissonnière, Bonne-Nouvelle et Bonconseil, acquitté le 27 germinal (16 avril) précédent (W347 687).

19 juin 1794 (1er messidor an II)

Exécutés (18) : P. Auzoux – J. A. Brasseur (p) – G. Claivet (p) – T. B. Colard (p) – J.-P. Dufrancastel – P. J. Fabre – J.-F. Lameulle (p) – P. Lévêque-Dumoulin (p) – J. Lirzin (p) – A. P. Loransot – G. N. Petremond – A. Petremond, sa femme, née David (f) – J. C. L. Ripert, dit Montclair (p) – J.-B. de Saint-Jean (p) – P. J. F. Savarre (p) – J. J. E. Sérane – B. Vacquier – L. Volland (p)

Libérés (8) : J.-B. Brière – J.-F. Drevaux – A. Friron – L. Frossard – F. N. B. Grandin – A. Guérin Précourt – M. Messier – A. Quintz

20 juin 1794 (2 messidor an II)

PORT-MALO (Ille-et-Vilaine)

Exécutés (38) : P. A. Bassablons, née Guillaudens (f) – C. P. E. Bonnissant – J.-F. Bougourd – M. Chapelain (f) – F. J.-M. Chenu de Villauder – H. P. Deganneau – L. M. J. Dousset (p) – P. Foucard – J.-J. J. Fournier de Varennes – P.-F. Fraval – F. M. Gardin – L. J. Gouyou de Beaufort – J. J. Gravier (p) – F. Grout de Grassinois, née Wilhe (f) – M. R. Guyot, veuve Geslin (f) – M.-F. Guyot (f) – R. Lamare (p) – M.-J. Lebreton, veuve Lecarmant (f) – A. L. P. Le Doux (p) – C. L. Le Prince – J.-F. Leroy de Presnel – A. Lys, née Fournier (f) – J.-B. Magon de Coetizac – A. H. Magon de Coetizac, sa femme, née Gardin (f) – N. Magon de Villeruchet – L. Mainard – J. Parfait – N. B. M. Perruchon – F. Poncelet – J. Quesnel, née Lefol (f) – J.-M. Sainte-Sebert (f) – H. A. J. J. de Saint Meleuc – M. P. Saint-Pern, née Ollivier (f) –M. Souchon, née Cressande (f) – F. Thibault (p) – L. Thomazeau – C. F. Trigouet, veuve Lesège-Landrecost (f) – P. V. Varin

Libérés (2) : M. Dufossé – A. Goguey

Info : Il n’y a pas de procès-verbal d’exécution de mort pour Chapelain, Sainte-Sébert et Thomazeau. Leurs noms figurent néanmoins sur la signification au concierge du jugement qui les condamne à mort (W529).

21 juin 1794 (3 messidor an II)

CAUSSADE (Lot)

Exécutés (25) : A. A. Bastie – J.-C. Belgenque – A. E. de Birague-Lamotte – J. Borie – R. Borie – M. Calmette – Jacques Cassaigne – Jean Cassaigne – J. R. Chantier – J.-P. Clavière – J. Delpèche Saint-Ton – R. Delpèche Saint-Ton – J. Forien – F. Foussegrive – B. Genèbre – D. Lacroix – A. Leautenois – L. A. Magnier (p) – P. Moulet – J.-F. Picholier – N. M. Pierre (f) (p) – J. Riette – J. Savit-Labat – A. Tursan d’Espagnet – J. A. Vilmay

Libérés (4) : R. J. Argot – A. D’hun, père – A. D’hun, fils – P. Le Roy

22 juin 1794 (4 messidor an II)

Exécutés (15) : J. Blanc – F. Boucher, dit La Caille – J.-B. Calemard – R. Carra – P. Cramoiseau – F. R. Cucu d’Hérouville (p) – N. Dubois – J.-P. Dupuis – P. A. Gavaudant (p) – N. Henry – J.-B. Hervieux – F. Josselin – P. A. Lhuillier (p) – J. A. Tricot (p) – T. T. Vannier

Libérés (4) : P. Boutot – P. Daignant Montaigu – F. Girard – J.-B. Poret

23 juin 1794 (5 messidor an II)

Exécutés (19) : R. Adhémar – M. M. Boulet (f) – J. Braud – J. Buquet – J.-B. Champeix – A. Charton (p) – M.-J. Corrié (f) (p) – N. Dorléans – P. A. Doyen – J.-B. Duleus – J. L. Estore, dit Fignerol (p) – M. Jobart, dite sœur Dorothée (f) – C. C. Lorimier de Chamilly (p) – J. L’oth – J. Meyvière (p) – F. Millon de Montherlant – L. Montégut, née Dumay (f) – J.-B. Retourné – P. Richard

Info : Martin Alleaume apparaît dans le jugement de ce jour, mais c’est un François Alleaume qui, d’après le verdict, fut condamné à mort. En fait, François Alleaume ne fut pas exécuté. Il fut libéré le 30 fructidor an II (16 septembre 1794) par ordre du Comité de sûreté générale (F7 4554). Quant à Martin Alleaume, il fut jugé, condamné et exécuté le 7 messidor an II (25 juin 1794). (W396.918)

Libérés (13) : Boissé – Cassot – L. Charlot – G. Desjardins – A. Dupuis – Huard – F. Landrisson – C. R. Mainguet – Marquis – Meunier – L. M. Potet – J.-B. Regnier – Vernet

Info : Boissé, Cassot, Huard, Marquis, Meunier et Vernet, tous membres du Comité de surveillance de Bourgueil (Indre-et-Loire), furent acquittés, mais le Tribunal soumit leur libération à la confirmation des Comités de salut public et de sûreté générale, qui la confirmèrent, au dos du jugement de la chambre du Conseil, le 7 messidor (25 juin). Cette confirmation est signée : Couthon, Billaud Varenne, Carnot, Le Bas, B Barère, Vadier, Amar, Louis (du Bas-Rhin), Dubarran (W394.915bis). Aucun recueil des actes du Comité de salut public ne signale cet arrêté.

24 juin 1794 (6 messidor an II)

Exécutés (25) : T. André – J. Balincourt (p) – E. L. A. Bernard – A. E. Bernard, sa femme, née Leconte (f) – J. Chedotal, née Huet (f) – L. Colas (p) – J. Crouillère – M. Crouillère, sa femme, née Sallier (f) – R. Crouillère, leur fils – J. Després – J. Du Haumont – J. Duthuy – J.-B. C. Guéroult – C. Houzet – J.-B. Huimy – M. R. La Belinaye (p) – A. Le Tellier – C. Marquette – J. Mouton – V. Notter – C. Perron – C. Perrot (p) – J. Texier – M. Toupin – J. Tournemine

Libérés (2) : L. Chaumont – J. T. Thiebault

25 juin 1794 (7 messidor an II)

LES FEMMES DE CHALLANS ET PALLUAU (Vendée)

Exécutés (44) : A. d’Adouville (p) – M. Alleaume (17 ans) – A. Allut – M. Baréteau, veuve Hillairiteau (f) – M. Baréteau, dite Bretomaille, veuve Préaud (f) – J. Boissard (18 ans) (f) – M. M. Boisso, veuve Sapin (f) – C. Bonnin, veuve Picard (f) – V. Champfort, née Picard (f) – E. Dona (p) – J.-P. Duforis (p) – L. Dupont – A. Fevret – L. Fleury, veuve Tardy (f) – A. Gréaude (f) – M. Guillotte, veuve Boizard (f) – G. M. Hocquart de Couberon – M. E. P. Hocquart de Couberon, sa femme, née Martinet (f) – M. B. Joly (f) (p) – M. Joly (f) – N. F. Jouvenet (p) – C. A. Larivière – J. Lebret (ou Le Bret) – J. Lefèvre (p) – A. Liénard (17 ans) (f) – J. Manneville – G. Martin – A. L. Martinet – L. Molin (p) – A. Morisset, veuve Joly (f) – C. Morisson (f) – C. Oliveau – E. Paisac (p) – A. Paisac, sa femme, née Albisson (f) (p) – J. Picard (f) – J. Rafin, veuve Regnard (f) – S. Ravecheau, née Roland (f) – J. Rigal – C. Robert – M.-F. Roch (f) (p) – M.-A. Salomon (f) – M. Sapin, veuve Duplessis (f) – L. Sibert, veuve Liénard (f) – M. Thibaut, veuve Lheriteau (f)

Info : Le procès-verbal d’exécution de mort de cette fournée se trouve dans le carton W396, dossier 918.

Info : Martin Alleaume, 17 ans, fut jugé, condamné à mort et exécuté ce jour, 7 messidor. Il apparaît cependant dans le jugement du 5 messidor au terme duquel un François Alleaume fut condamné à mort. Le nom de François Alleaume n’apparaît que dans le verdict, sans doute par erreur des greffiers. Il ne fut pas exécuté. (W396.918)

Libérés (6) : J. Gignat – G. Gilles, née Le Laurin (f) – M. Lansarre, née Le Selle (f) – C. Reynard (18 ans) (f) – J. Rougelot – M. Sapin (f) (14 ans)

Info : Les Comités de salut public et de sûreté générale confirmèrent ce jour la libération de Boissé, Cassot, Huard, Marquis, Meunier et Vernet, acquittés le 5 messidor (voir à cette date où ils sont comptés).

26 juin 1794 (8 messidor an II)

BICETRE (2)

Exécutés (48) : C. Adet (p) – J.-B. Allain (p) – L. Amand (p) – G. Asselinot (p) – S. Bail – M. L. Baron (p) – L. Beaudot (p) – M. F. Beaufort (p) – L. C. M. Billon (p) – J. Blot (p) – L. J. A. Bosquet (p) – L. Carbonnier, dit Baaf – C. Cottel (p) – J. Darcon, dit Darcu – A. Darthus – M. Desaulnets (p) – C. A. Descharmes-Sillery (p) – C. L. Durut (p) – P. Francot (p) – R. J. Guillot – M. C. Guy (p) – H. Hot (17 ans) (p) – F. Hussée (p) – F. Jacquinet, dit Monte au Ciel – L. C. R. Lapointe (p) – J. Larché – J. M. Le Masson – L. F. Lendroit – L. Lops (p) – J.-B. Maillet-Conte (p) – L. V. Marquier – J. F. Mestriot (p) – A. Mignard – N. Morel (p) – A. Mouret – C. N. Osselin (p) – F. Perrin – L. P. Picard (p) – N. Pichon – F. Renateau, dit Rataniau (p) – B. Rossier (p) – J. N. Sacher-Endasse (p) – H. Senliss (p) – L. Sozotte (p) – L. W. Spics (p) – L. M. Trouvé – A. Vatton (p) – F. Viellepeau

Libérés (4) : J. Billaux – B. Boudier – N. Denin – A. Mery (ou Mezy)

Info : Cinq personnes exécutées ce jour (W397.920) avaient déjà été condamnées par le Tribunal révolu-tionnaire, dont quatre à la déportation (alors inapplicable), savoir : Le Mas-son et Perrin le 18 juin 1793 (W273 59), Osselin le 5 décembre (W300 298) et Senliss le 12 décembre (W301 319). Picard, pour sa part, avait été condamné à 6 ans de fers le 17  février 1794 (W326.531).

27 juin 1794 (9 messidor an II)

Exécutés (31) : A. Boufflers, veuve du duc de Biron (f) (p) – C. L. V. Broglie (p) – J. Chaperon –  J. Charton –M. C. Chaperon, sa sœur (f) – P. Cocheux – P. N. Duportal (f) – J. H. Genestel de Saint-Didier – M. L. Genestel de Saint-Didier, sa femme, née Besse (f) – J.-B. Guérin – M. J. E. Guignard de Saint-Priest (p) – N. L. Hourdé – A. C. Laguiche de Sevignan (p) – C. G. Lambert (p) – M. Leman (p) – R. Liégeard de Ligny (p) – S. N. H. Linguet – P. Lochet – L. Mathis – P. Noailles de Mouchy (p) – A. C. L. de Noailles-Mouchy, sa femme, née Arpajon (f) – A. M. Normand (f) – F. L. Pistoye – J.-F. G. Polastron (p) – F. P. Roye, veuve du maréchal de Biron (f) – P. Save – J.-B. Sommereux-Préfontaine – E. F. Vannod – J.-B. Vannod de Montperaux – T. E. Vannod de Montperaux, sa femme, née Dumont (f) – J. Vaucaret de Guitenay (p)

Libérés (6) : F. Billard – P. Blanchet – M. E. F. Coupé, dite Le Blanc (f) – J. Ducluseaux, dit Ganache – A. Fallet, née Vidalin (f) – M. Grugé (f)

29 juin 1794 (11 messidor an II)

RAMBOUILLET (Seine-et-Oise) ET TOULOUSE (Haute-Garonne)

Exécutés (19) : S. F. Brou – N. V. M. Corteuil – B. Dariot – M. Derret – J. Douziech – C. A. Dupuy de Lajaroux – E. Hocmelle – N. Huard – F. Lallier – G. Loubet – Y. Nottaire (p) – C. A. T. Nottaire, sa femme, née Baron (f) (p) – G. Piedona – P. J. Prégaux (p) – P. Rodier – J.-B. Ruffat – T. Sevenne – G. Trioullier – J.-F. Vaurs (p)

Libérés (4) : J. Boire, dit Briard – J.-B. Boutterin – F. Leclerc – L. Rabeux

Autre (1) : J.-L. Grenier (renv)

Info : Catherine Doublot, 20 ans, brodeuse à Nancy, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte mais fut exécutée deux jours plus tard, le 13 messidor (1er juillet) (W399.295, 2e partie). Son nom figure sur les procès-verbaux d’excution de mort des 11 (ibid) et 13 messidor (W530).

30 juin 1794 (12 messidor an II)

MONT-BLANC (Savoie)

Exécutés (25) : C. Balleydier (f) – J. Bellegon – A. Biolley – M. Brassod – A. Buisson – T. Charle – J. Clerc – M. A. Ferraud (f) – G. G. de Lagondie – J. Lalanne (p) – R. Lubomirski, née Chodkiewicz** (f) (p) (condamnée le 22 avr. 1794) – J.-B. Manson – J.-L. Mérot – M. C. Patissier, veuve Duvernay (f) – A. M. T. Pelsère, veuve Feuquières (f) – N. Pichard – M. A. J. Pichard, sa femme, née Le Breton (f) – P. Rochaix, dit Rochon – E. Soldet – M. Taillepied – N. Taillepied, son fils (?) – F. A. Toulan – G. N. A. Vannier (p) – G. Vechembre – R. F. S. Vuibert

Libérés (6) : P. Caillet – F. Dubois – E. N. Houllier – V. Laguepierre – J.-P. Merillon – J.-B. F. Rocourt

1er juillet 1794 (13 messidor an II)

Exécutés (15) : P. Allaire – N. P. Andrecy – P. G. Bernard – C. Doublot** (f) (p) (condamnée le 29 juin) – J. Guth – N. Hurel – C. Jobin – C. S. Morin – F. Noé – R. Quinet – C. Rabourdin – C. L. Rabourdin – N. Richoux – J. V. Rouvière – H. Waleuze (p)

Info : Catherine Doublot condamnée à mort le 11 messidor (29 juin), s’était prétendue enceinte. Ce jour, 13 messidor, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil, ayant vu le rapport des officiers de santé, ordonna l’exécution dans le jour dudit jugement (W399.295, 2e partie). Son nom figure sur les procès-verbaux d’exécution de mort des 11 (ibid) et 13 messidor (W530).

Libérés (12) : F. P. Balleroy – M. T. M. Balleroy – U. Bény, dit Lallemand – P. J. Blondel – L. Hatton – G. Hebert – F. A. Leroux – A. Lhuillier – J. Moissette – M. T. Mouillé (ou Mouillet) (f) – C. Thibaut – P. Valentin

Autre (1) : Larocque N. F. dét 1er juil. 94

Info : Nicolas Frédéric Larocque fut renvoyé en détention le temps de prendre sur son compte d’autres renseignements (W401.929). Le Comité de sûreté générale (Amar, Du-barran, Voulland, Elie Lacoste, M Bayle et Louis Du Bas Rhin) le fit mettre en liberté le 5 thermidor (23 juillet) (F7 4766).

2 juillet 1794 (14 messidor an II)

ARMEE DES PYRENEES-ORIENTALES ET WISSEMBOURG (Bas-Rhin)

Exécutés (30) : J. Apert – P. J. Aubron – P. Bartholdi – M. Blottefiere, veuve Dusauzay (f) (p) – J.-B. M. Brincourt – J. Caisso (p) – P. C. J. Caron – X. Chaillet de Verges – M. Claudel – L. J. T. Cretet – L. J. Damour – E. Daoust – L. P. F. Delattre – T. Dezengremelle – P. Dumay – J.-B. Fouquet – C. Hébert – J. G. Heydenriech – P. Hobrich – L. Labbaye – J. R. Le Monnier – M. B. Logny, née Du Sauzay (f) (p) – J. Marteau – G. Musculus – A. F. L. Piet de Beaurepaire – G. Quesnel – J. H. Robert de l’Epinay – J.-B. H. I. Senocq – F. Vaudé – L. Volcart (ou Volkard)

Libérés (3) : M. A. A. Bégat, née Colombeau (f) – P. Jolier – C. Lacour

Info : Le procès-verbal d’exécution de la fournée Daoust comporte une erreur. Il porte en entête : « Affaire Daoust et 20 autres ». Or il ne présente que 20 noms. Magdeleine Bernardine Du Saussay a été esca-motée. On lit « Marie Blottefierre Vve Dusaussoÿ, madeleine Desemgre-melle », ce qui désigne manifestement Margueritte Blottefiere (veuve Du-saussay), Magdeleine Du Sausay (femme Logny et fille de la veuve), et Toussaint Dezengremelle. (W403.931)

3 juillet 1794 (15 messidor an II)

Exécutés (19) : L. F. de Belhade – J. D. Boisgelin – J.-J. Cadoc – P. C. Cuper – L. Desprez – F. M. Doyen – F. Dufaux – J.-B. Friant – M. J.-P. Giraud de Varennes – G. Gouaud, dit Barre – N. A. Labrousse (p) – E. Lecusson – P. Lefebvre – F. Marmande de Tourville – L. Menou (p) – P. Millard – J. F. Poirier (p) – A. T. Raffé, veuve Coquet (f) – J. H. A. Tournier

Libérés (16) : N. Alline – A. Despaleines, dit Saint-Clair – J. Gascoin – A. Guené – S. Heuriquet – A. Jarret – J. Lebreton – J. Mestron – N. Pénard (ou Pinard) – J.-P. Sauvé – J. Sevin – J.-F. Velu – M. B. Velu, sa femme, née Poisa (f) – M. Velu, fille (f) – J. A. Velu, fille (f) – M. V. Velu, fille (18 ans) (f)

4 juillet 1794 (16 messidor an II)

ETAIN (Meuse)

Exécutés (27) : A. Airault – J.-P. Bajon (p) – J.-B. Beguinet – P. F. Beguinet, son frère cadet – N. Bertrand – J.-L. Billon, dit Barbet – A. J. Blanc – M. Boutequoy, père – A. Boutequoy, fils – M.-J. Boutequoy, fille (f) – J. Chauvin – N. Daubit – C. L. Delorme – B. Deressat Dulacq – P. J.-B. Despréaux – J. Fleury – A. Ganot – J. Genot – D. Herbillon (p) – P. Jacquet – H. Lamotte – M. E. Maulmont, ex-femme Raynaud de la Sourdière (f) – N. F. Perrier – J.-B. C. Ragon – J. B. A. M. de Saint-Ouen – M.-A. Saint-Ouen, sa femme, née de La Marre (f) – A. Thiério

Libérés (5) : J. Albert – M. T. Berly, née Trincaille (f) – N. Galizot – G. Latelise – C. F. Talmet

Info : Grégoire Latelise, acquitté ce jour, avait été jugé le 19 mars (29 vent. II) et renvoyé en détention jusqu’à plus ample informé. (W339 614)

5 juillet 1794 (17 messidor an II)

POITIERS (Vienne)

Exécutés (28) : C. G. Appel-Voisin de La Roche-du-Maine – G. J. Baudus – G. Besse – L. F. Cachard – J.-B. Caix – J. R. H. Chasteignier – F. Chauveau – J. Clergeau – H. C. Colmont de Vaugrenand – A. Colmont de Vaugrenand, sa femme, née Jacquet La Colonge (f) – C. Conneau-Desfontaines – L. E. Gauvain – G. Gauvain, sa femme, née Amiet (f) – M. Giac – J.-F. Gillequint – J.-J. R. Lasalle – A. H. Laubespin – P. Launay (18 ans) – C. Lefol – J. Lenain – J.-F. de Mirville – T. J. C. Normand (p) – A. Sabourain – L. P. Savarry (p) – C. H. Tabart-Mazière – P. L. R. Thierry (p) – P. Vigerie (p) – N. H. Warmé de Janville

Libérés (10) : J. Chabaud – L. Chabaud – J. Chapon – J. Falgoux – F. Gautier – C. P. M. Gillet (18 ans) – F. Guittar – A. Mazerat – F. Méry (f) – F. Trembay

Info : La libération de Falgoux, Mazerat, Gautier, Guittar et des Chabaud, respectivement, maire, agent national et officiers municipaux de Picherande (Puy-de-Dôme), fut soumise à la ratification des Comités de salut public et de sûreté générale qui l’approuvèrent le jour même. (W408 939) Aucun recueil des actes du Comité de salut public ne signale cet arrêté.

6 juillet 1794 (18 messidor an II)

PARLEMENT DE TOULOUSE (2)

Exécutés (31) : J. Bardy – F. Barrès – A. T. de Belloc – C. Blanquet de Rouville – P.-L. Carbon – P. Carbonel – J.-B. Carlier, dit Montmorency – F. Combettes de Labourelie – P. Cuenot – A. J.-C. L. Daspe – H. A. B. B. Dausagnel de Lasbordes – N. François, dit Salpêtrier – M. J. Guillermin – P. Guiringaud – J. A. V. Jugonoux – F. Lacroix (p) – M. J. La Mothe – M. B. F. Lassus-Nestier – G. F. J. C. Lespinasse, fils – P. A. Lespinasse, père – F. Martin – J.-P. Mourluis – J.-F. de Perès – J.-F. Perotte de Valhausy – D. A. Perrey – J.-F. Peyrot – G. Pohl – C. J. A. Rey de Saint-Géry – J.-J. Serard – R. F. A. E. Tournier – J.-P. Trinquecoste

Info : Il n’y a ni dossier ni procès-verbal d’exécution au nom de Jean-François de Perès. Mais on trouve dans le carton W408, dossier 939, plusieurs pièces le concernant, dont cette lettre : « Paris le 22 messidor de l’an second de la république une et indivisible. –– Citoyens représentants, jean françois peresse ex conseiller au cy devant parlement de Toulouse n’avait pas été compris dans l’acte d’accusation comme indiqué pour avoir protesté contre la protestation même : mais dans le cours des débats il a été reconnu et constaté que cette protestation avait été faitte tar-divement et d’ailleurs que ce peresse s’était montré dans tous les temps l’Ennemy de la revolution ; En conséquence on l’a fait monter et il a été jugé à mort et exécuté comme les autres le dix huit messidor [...] A. q. Fouquier » Une autre pièce indique qu’il existe un jugement en blanc daté du 18 prairial (signé par Harny, Bravet, Dumas et Gilbert) tandis que le procès verbal (non en règle, étant signé par Dumas seul) et l’acte d’accusation sont datés du 18 mes-sidor.

Libérés (9) : A. Belot (17 ans) (f) – M. Belot (f) – M.-J. Belot (f) – P. Belot (f) – C. Demolis – S. Gourjon – F. Masié, veuve Belot (f) – J. Noël – B. Pignon

Info : Françoise Masié, veuve Belot (laboureur mort avant le jugement), 63 ans, vivant à Julien (Côte-d’Or), était la mère des 4 filles Belot acquittées avec elle ce jour. (W407.938)

7 juillet 1794 (19 messidor an II)

CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (1)

Exécutés (67) : F. Aigloz, dit l’Anglais – C. A. M. d’Alsace de Boussu de Chimay (p) – F. H. d’Anneville-Chiffrevart – F. L. H. Basset de la Marelle (18 ans) (p) – L. Basset de la Marelle, son père (p) – P. Bertrand – L. B. de Boisgelin (p) – M. C. S. Boisgelin, sa femme, née Boufflers (f) (p) – M.-A. Bordier (p) – E. M. Boucher-Duclos (p) – A. Bourrée de Corberon – P. Boyer (p) – F. Bridier, veuve Loreu (f) – C. Brochet de Saint-Prest – F. de Chataignier (p) – G. Chrétien (p) – A. Coutouly (p) – J. A. A. de Damas (p) – F. C. de Desouches (p) – C. D. Deyeux (p) – C. A. Dugrail de La Villette (p) – G. J. Dupleix de Bacquencourt (p) – F. G. de Fénelon (p) – C. M. de Fontigny (p) – J. Foucaud – T. F. C. Giverville de Saint-Maclou (p) – M. de Goussainville – M. de Goussainville, son fils – C. Goust, dit Longpré (p) – A. F. d’Hautefort (p) – J.-M. d’Hautefort, sa femme (f) (p) – N. Henrion – A. J.-B. A. Julien (p) – L. A. M. de La Baume (p) – P. Laligant-Morillon (p) – J. N. Lallemand – L. M. F. de La Roche-Coussot (p) – J. A. de La Roche-Lambert – R. C. F. La Tour-Du-Pin Chambly – A. Lautour (p) – A. Lemoine-Crécy (p) – J. P. T. de Lézardière – S. J. de Lézardière, son frère cadet – G. C. Lurienne – D. Maurin (p) – R. de Mique (p) – S. de Mique, son fils (p) – A. C. M. de Nicolay, père (p) – N. Northy (p) – D. A. F. Odanger – D. P. J. Papillon de la Ferté (p) – A. P. Perrot (p) – A. N. Perrot, son frère (p) – A. J.-B. Perrot, son neveu (p) – L. J. P. Potier de Gesvres – L. Pourra (p) – S. Rabaliaty (p) – M.-A. F. M. Randon de La Tour – D. J.-B. de Regnac – H. de Rossy – F. C. Royer (p) – H. J. de Royer (p) – J.-B. A. Salignac de Fénelon (p) – C. L. Sauvage – J. A. Serville, veuve Boispréau (f) (p) – C. Verdière d’Hem (p) – E. T. Ysabeau de Monval (p)

Libérés (5) : F. Blondeau – F. Picard, dit Lacreuse – S. Picard, son frère aîné – J. Poste – J.-B. Sarrazin

Info : Les femmes Burke, née Launay, et Charbonnier, née Quetier, condamnées à mort ce jour, se prétendirent enceintes. Elles furent renvoyées à l’échafaud le 23 messidor (11 juillet) (W409.940). Leurs noms figurent sur le procès-verbal d’exécution de mort du 23 messidor, mais aussi, par erreur, sur celui du 19 messidor (W530).

9 juillet 1794 (21 messidor an II)

CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (2)

Exécutés (60) : A. Baron – M. Basset de la Marelle, née Bordeau (f) (p) – F. Bellœil – H. F. Béranger, née Lévis (f) (p) – C. J.-B. V. Borne d’Altier (p) – G. H. V. Borne d’Altier, son fils (p) – M. J. Brichet (p) – M.-A. L. Bruck (f) – J. C. Carbonniers, son frère (p) – G. A. Carbonniers, son frère (p) – G. L. Chambon d’Arbouville – F. F. S. Chambon-d’Arbouville, sa femme, née Fretteau (f) – A. D. Charbonnier de Sainte-Croix (p) – S. F. Cœur Dasier (p) – F. R. Damiens (p) – H. L. Delaporte (p) – C. Deldecoq (p) – J.-F. Didier (p) – N. Droüin – J.-B. Duhaut – J. B. Duplain (p) – M. J.-B. Duval de Beaumontel (p) – J.-C. Faguet (ou Saguet) – J. Frankart (p) – C. Fransans, née Basset (f) (p) – M. A. F. C. J. Frasans, veuve Devillard (f) (p) – L. Frémont (p) – R. F. de Frérette (p) – J.-C. Geoffroy d’Assy (p) – J.-B. Gonin – G. Guérin – F. Guillemin (p) – A. Huard (p) – J. Judde (p) – A. Lagrive (p) – G. Lardin – L. P. Larivière – M. G. du Luc, née d’Artois de Lévis (f) (p) – S. J. Masse (p) – B. Mathias (p) – H. Mauvoirin – A. J. Mélin (p) – G. A. Michel, veuve Lévis (f) (p) – F. Milner (p) – A. Montigny (p) – P.-L. Moreau (p) – P. Moricaud (p) – A. M. L. de Nicolay, fils (p) – G. Nolin (p) – F. P. de Nonant (p) – F. M. d’Ornano – J. L. Radix (p) – F. X. Rivery – L. C. de Sainte-Marie (17 ans) (p) – J.-P. Seret (p) – C. H. Tardieu de Maleyssie, ex-femme Bois-Bérenger (f) (p) – A. C. Tardieu de Maleyssie (p) – E. M. Tardieu de Maleyssie, sa femme, née Paignon (f) (p) – C. F. Tardieu de Maleyssie, sa fille (p) – C. Voillemier (18 ans)

Info : Cette fournée fut l’objet de deux procès-verbaux d’exécution de mort. Le plus important, portant sur 48 personnes, se trouve dans le carton W410, dossier 943. La liste est si longue qu’elle se poursuit au verso de la feuille. Le second, portant donc sur 12 personnes, se trouve, avec les autres procès-verbaux, dans le carton W530.

Info : Jean François Didier, 64 ou 65 ans, né à Grenoble, ex-chanoine, ex-avocat, demeurant à Paris, exécuté ce jour dans le cadre de la conspiration du Luxembourg (W410.943), avait été renvoyé devant le Département le 25 février précédent (W331.551).

Libéré (1) : J.-L. Yvon

Autres (2) : J. Jobert (dét) – A. F. Sainte-Marie (14 ans) (20 ans mdc)

Info : Auguste François Sainte-Marie, 14 ans, ne fut pas acquitté de l’accusation. Une phrase illisible de Coffinhal avant la réponse des jurés aux questions attire l’attention sur son cas (W410.943). Le Moniteur du 25 messidor indique que, « convaincu de s’être aussi rendu sciemment l’ennemi du peuple, attendu son jeune âge, [il] a été condamné à vingt ans de détention dans une maison de correction. » Le journal de Guittard le confirme (p. 403).

10 juillet 1794 (22 messidor an II)

CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (3)

Exécutés (44) : J. G. Adam, dit Le Marin (p) – L. J. d’Ailly (p) – J.-B. F. Attiret (p) – P. Bardou – J. M. Benière (p) – J. R. A. Bourneau-Fleury (p) – A. J. R. Caradeuc de la Chalotais – A. Cart-Balthazar (p) – L. R. Champagné (p) – J.-J. Chopplet (p) – L. F. Cornette de Laminière (p) – J.-B. Dorival – F. L. Durand-Dubignon (p) – G. F. A. de Durfort (p) – L. Duvernay (p) – A. I. Faron-Bossut – J. Fougerat – J. Fréret – M. R. de Gondrecourt (p) – C. N. Gousault (p) – F. C. Guerpel (p) – G. G. F. Lalau (p) – C. Lebret – G. L. M. Leclerc de Buffon (p) – J.-B. Lemaire (p) – J.-B. Louvatière (p) – P. C. Machet-Velye (p) – J. C. M. Marivaux (p) – F. E. Mesnil (p) – L. C. Morin (p) – J.-J. J. Mousnier (p) – A. Paris (p) – P. G. Pariseau (p) – F. P. Pérignon (p) – N. R. Pernot (p) – G. Queuedeville – F. G. P. de Rochemore (p) – M. F. Roussiale – V. C. F. de Roux-Puivert (p) – C. A. de Selle – J. Sinateau-Verdure (p) – J. Thomeret (p) – A. Tournon (p) – A. C. Vattier (p)

Libérés (3) : N. Bernardin – J.-B. Chevalier – P. Not

Autres (8) : L. Baraguay-d’Hilliers (dét) – L. E. J. Ferry (dét) – J. J. Hery (ou Eyriès) (dét) – J.-B. G. Larchevêque-Thibaud (dét) – J. Martin (dét) – J. Molard (dét) – J.-C. Nazon (dét) – M. Scomp, père (dét)

11 juillet 1794 (23 messidor an II)

Exécutés (8) : L. Ancelin de Lagarde – M. F. Burke**, née Launay (f) (p) (condamnée le 7 juil. 1794) – G. Charbonnier**, née Quetier (f) (p) (condamnée le 7 juil. 1794) – J.-J. L. Gleise – E. Gohier – P. M. S. L. A. de Lille-Dumolard – J. Royère, dit Bésiers – J. Villelongue

Libérés (17) : C. Bertrand – L. F. Bertrand, son fils (?) – S. Blanchard – P. Chimardet – J.-P. Chrétien – A. Clartan – P. F. J. Geusse (ou Gence) – L. Gillet – A. P. Grignon – J. M. Guintrand – F. Guyard – J. Leger – J. Martin – C. Peyre (ou Deyre) – J.-P. Rapally – L. Sauvé – J.-M. Vocassin

Info : Les femmes Burke et Quetier, condamnées à mort le 19 messidor, s’étaient prétendues enceintes et furent renvoyées à l’échafaud ce jour. Leurs noms figurent par erreur sur le procès-verbal d’exécution du 19 messidor (7 juillet). Elles font l’objet d’un procès-verbal d’exécution particulier, le 23 messidor (W530).

12 juillet 1794 (24 messidor an II)

FEDERALISTES DU JURA

Exécutés (28) : T. P. Beaudry (p) – C. X. Bourrelier de Mentry – C. I. J. Clermont – P. Fielval (p) – P. C. Gauthier – J.-F. Grand – M.-A. de Grimaldi, née Bourret (f) (p) – F. M. Guiraud – C. E. Guyon – F. Imbert – F. T. Lacroix – G. M. Lecomte (p) – F. P. Lefebvre (p) – C. E. F. H. Macdonal (p) – A. Machet – R. Marcandier (p) – M.-A. Marcandier, sa femme, née Coirnot (f) (p) – E. L. Montarly – J. G. Montarly, sa femme, née Rose (f) – R. Pietrequin, veuve Trestoudas (f) – J.-F. Rapin-Thoyras – J.-B. Robelin – D. Ruffet – C. Sorlin – L. Suzan (p) – C.-F. Vaillant – B. Vignault (p) – J.-B. Viviand

Libérés (12) : A. F. Billot – P. Blanchard – P. Bouvenot – I. Boyau, née Paris (f) – J.-F. Chaftin – J.-B. Delpierre – M. Douville (f) – C. F. Jeanson – G. L. Kilg – A. Renaud – C. Rivon – L. Thomey

13 juillet 1794 (25 messidor an II)

Exécutés (38) : J. F. J. Benant – M. Bidault, veuve Tricard (f) – C. H. Boismaigre – B. Bragot – L. J. S. Bricogne – C. A. Clément – B. Coudert – J. E. B. Cousin (p) – J. Delpy, dit Gondelle – J.-N. Deluche de Lacroze – A. H. Faudoas – E. Faudoas, sa fille (18 ans) (f) – C. M. Faudoas, veuve Beaurepaire (f) – N. Frédéricq – M.-A. Gamory, née Lasuderie (f) – M. Grandjean – J.-M. J. Laguedec – M. Lambert – J. J. Laville – C. F. A. Lebarbier – J.-B. Leguain (18 ans) (p) – J.-F. Lentaigne – J. Lentaigne, son frère cadet – H. A. Mecquenein Dartaize – N. Maumont – R. J. Nicolas – J.-C. Pelchet – F. Périer, veuve Saint-Hilaire (f) – P. Reynaud – J. E. Rose – J.-P. Rosée, dit Larosée – V. de Rossignat – A. B. L. J. Rousseau – J. A. de Saint-Priest, ex-femme Dassier des Brosses (f) – O. Souchet-d’Alvinart – L. A. B. Suzanne – J. J. Thune – C. Vanhof

Libérés (9) : P. Couberet – C. Durieu – J. Ferminet – J. Giraud, dit Sanspied – J. Lieutaud – L. Menard – Jean Mourette, dit Le Danseur – Joseph Mourette, son frère cadet (?) – J. Petit

15 juillet 1794 (27 messidor an II)

DONZY (Nièvre)

Exécutés (30) : J. C. S. Aubigny, ex-femme Le Maillot du Pont (f) – J. Berniaud – M. E. Binet (f) – A. D. Bourbonne – M. C. Bourbonne, sa femme, née Legris (f) – C. T. Bourdelois, veuve d’Aubigny (f) (p) – M.-C. Brunelle, née Tarin (f) – J. Chabran – J. Chadouteau, née Fougère (f) – F. L. Desreaulx – J.-B. Faiseau – N. A. Fariot, dit Martin (p) – A. F. Fortin – A. E. Frappier – J. N. Gross – A. F. Huet d’Ambrun (p) – C. G. Lachapelle (p) – J. Lambriquet – J.-P. Laurent – E. A. Legris – P.-J. Lion (p) – F. D. Millet – C. Parat – F. Paris – J. Rapin, née Fardy (f) – N. Renyé (p) – J. Rollat – Y. L. Rollat – J.-B. Salneuve – L. R. Vauquois (p)

Libérés (15) : J.-P. Anglade – J. Contamin – A. Foullioux – C. L. M. Hu – F. Lacaux – M. Lafond – J. Laguzet – A. Limoges – A. Menn – P. Merlot – J.-C. Moulin – L. F. Nortier – F. C. Pecantin, père – V. Pieny – C. Thirion

16 juillet 1794 (28 messidor an II)

CAMP DE JALÈS ET MONESTROL (Haute-Loire)

Exécutés (31) : L. Adnet – S. Audigier – M. Bisseriet, dit l’Eveillé – J. Bouchet – J. Brebion-Lahaye – M.-R. Chamborant, veuve Duplessis (f) – E. C. Darlot – C. Duplessis de Lamerlière (f) – A. Dutreuil – V. Exbrayat, dit Lablache – C. Gaboriau – J. Gellé – A. C. Geoffroy – L. L’abbé – E. Levasseur – C. Louyau – J. J. Maraval – J. Morel – V. Ollier – D. Paillet – N. Papas – P. Périn – P. Pinet – P. Poirier – M. Poirier, sa femme, née Loradour (f) – A. Queyron – M. A. Seuilhac – J. Sigot de Lestang – J.-P. Souchet-Dupré – J. A. Terme – J. L. Vergêse

Libérés (13) : Louiggi Bobba – Ludovice Bobba, son frère cadet – L. Combe – C. Content – C. Garnier, née Levrat (f) – T. Giroux – P. Jacquenier (18 ans) – M. Millières – D. Parmentier – J. Pascal – F. Rochon (f) – C. Saugue – J.-B. Vigna (18 ans)
Info : Le procès-verbal d’exécution des condamnés dans la plus grosse affaire du jour a disparu. Il n’est pas dans le dossier (W417.953) et on ne trouve, dans le carton W530, que le procès-verbal d’exécution de Pierre Pinet et 12 autres. Mais Guittard qui donne la même liste de condamnés à mort ne signale pas de cas particulier, ce qui a priori suppose qu’ils furent bien tous exécutés (p. 413).

17 juillet 1794 (29 messidor an II)

LES CARMELITES DE COMPIEGNE

Exécutés (40) : J.-L. Audibert-Roubaud (p) – L. Blaiseau, née Riquet (f) (p) – C. Borel – M. C. C. Brard (f) – M.-A. F. Brideau (f) – J.-B. Brolliart – I. A. L. Calmer (p) – P.-F. Chasseloup – R. Crétien de la Neuville (f) – M.-F. G. Croissy (f) – J. A. Delamel-Bournet – M. Dufour (f) – F. Edelmann – L. Edelmann – M.-A. Hanisset (f) – L. Hellot – M. Hubert – T. Keppler – J. Labrousse de Broffand – P. Lejeune, dit Ramonet – M.-M. C. Lidoine (f) – P. Mesnard, veuve Dabret (f) – L. Mesnard-Dubois – M. G. Meunier (f) – P.-F. Monet – F. Morel – C. L. Mulot de la Menardière – M.-A. Pelras (f) – A. Petit – M.-A. Piedcourt (f) – P. Prunaire – A. Roussel (f) – A. C. Soiron (f) – T. Soiron (f) – C. H. Tellier – A. M.-M. Thouret (f) – M.-G. Trezel (f) – E. J. Verolot (f) – J. Yung – L. J. Yvon (p)

Libérés (11) : J. Bergerat – J.-B. Debonne – J.-B. F. Dupont – J. Fournier, dit Carré – E. Gauthier – J. Gautron, dit Bailly – J.-B. Legal – S. L. Legault – A. Massuel, dit Bellot – J. C. Michelot, père – A. U. Thierry Devienne (16 ans) (f)

Info : Jean-Baptiste Debonne, 36 ans, fermier à Vaugirard, avait été acquitté et libéré le 26 avril précédent (W353.724). De nouveau arrêté le 18 juin (30 prairial) pour des propos alarmants sur les subsistances tenus la veille à la société populaire de Vaugirard, il fut de nouveau acquitté ce jour (W421.956).

19 juillet 1794 (1er thermidor an II)

QUIMPER, RENNES ET PORT-MALO

Exécutés (28) : A. M. Alénot – L. Aubry – J.-B. Blandin – G. R. Conen de Saint-Luc – F.-M. Conen de Saint-Luc, sa femme, née Du Bot (f) – V. Conen de Saint-Luc, fille (f) – T. F. J. Cornulier (p) – J. Coureur (p) – P. Deshuissards – C. Gardy – H. G. Gaucher – J.-B. Gremont – P. Guy – Floride Laroque (f) – Françoise Laroque, sa sœur cadette (f) – C. A. Legris (p) – J.-B. Magon de La Balue (81 ans) (p) – L. Magon de La Belinaye (80 ans) – E. C. A. Magon de La Lande, fils (49 ans) – F. Marey (f) – A. Oudet – M. F. A. J. Plaisant, née Olivier (f) – M.-F. Puzel, veuve Varin (f) – P. Ratiéville – F. M.-J. Saint-Pern, mère, née Magon (f) (p) – J.-B. M. B. Saint-Pern, fils (17 ans) (p) – P. Sionnot-Duchesne – G. E. Vancapelle
Libérés (6) : Arnould – F. P. Herbin – C. Lambert – J. Legendre – J. Moreau – M. Ruelle, veuve Benoît (f)

Info : Amélie Laurence Marie Céleste Cornulier, née Saint-Pern, 21 ans, condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte. (W423.958) Elle fut libérée après le 9 thermidor.

Info : Charles Adrien Legris, ex-inten-dant du ci-devant duc d'Avray (émigré), exécuté ce jour, était greffier au Tribunal révolutionnaire. (W423.958)

20 juillet 1794 (2 thermidor an II)

BESANÇON (Doubs) ET MONTAUT (Ariège)

Exécutés (14) : M. Beauchet (f) – A. Cazès – B. Dardigna – C. A. Dez (f) – L. A. Duteil, née Berbis (f) – F. Lallemand – J.-F. Lurion – B. Pinard – J.-P. M. Rouxel de Blanchelande, fils – P. Tessère – J. A. Tissot – J.-M. Voizart – J.-B. Vuillemin – C. Zolla (f)

Libérés (29) : P. Bajot – A. Baucheron – D. Bourdon-Chérot – E. Debarry – J. J.-B. Dehan – J.-J. Dormoy – C. F. Dumont – A. Dupuis – H. Forgeot – J. A. E. Garnier – T. Guay (f) – C. Guyon – B. Hadot – L. Lefèvre, dit l’Américain – L. T. Meunier – G. Mongin – C. A. Monnot – J. T. Morel, née Beauvin (f) – J.-B. Mozère – A. Pequereau – A. N. M. A. Rambourg, fils (17 ans) – J. Ridez (ou Rider) – L. J. Rondeau, fils – A. Rousselin – F. N. Thomas – F. J. Tisserand – A. Vareschon – C. I. Vilmain (15 ans) – J. B. Voinet (f)

Info : La plupart des acquittés du jour étaient originaires soit du département du Doubs soit de la ville de Troyes (Aube), ces derniers, généralement membres du Comité central révolu-tionnaire de Troyes, étant coaccusés de Rousselin, commissaire du Conseil exécutif envoyé dans cette ville. (W424.959, W426.960)

21 juillet 1794 (3 thermidor an II)

COUTANCES (Manche)

Exécutés (28) : F. Blandin – P. A. Boudier – J.-B. H. D. Costel d’Autresol – J.-J. G. Couillard – L. L. Cussy – M. L. L. Cussy, son oncle – A. J. N. Delamare, dit Piémont – J. F. L. Demonts – L. J. A. Drême (p) – G. J. A. Gebistroff (p) – J.-J. N Guichard – J.-F. Guichard-Mauditry – J. C. Guichard-Mauditry, sa femme, née Bérouville (f) – M.-C. L. E. Hébert, ex-femme Cadot (f) – J. N. Juhel – H. Leforestier – F. R. Lepijon – C. Lescandey – P. Mauduit – J.-B. Mézières (p) – C. Ostalier (p) – C. Platré, dit Bellecour (p) – P. Potigny-Lancey – J.-B. C. Renou (p) – P. Saint-Romain – P.-F. C. Sorin – C.-A. Tanquery d’Hyenville – R. Voile, née Launay (f)

Libérés (12) : J. Boullissière – L. Champenois – C. J. Chapeleur – R. Fillon – J. Grojean – F. X. Lambla – P.-M. Leconte – L. Massonneau – D. Michel – J. Moissette – F. Namon – M. Probst

Autres (4) : J.-F. Gobilllet (dét) – C. A. Hue Caligny (dét) – J. P. F. Kalop (dét) – T. H. Piennes (dét)

Info : Parmi les acquittés, quatre furent envoyés en détention pour 24 heures. Mais ils ne furent libérés que le 18 août (1er fruc. II). (W427.962)

22 juillet 1794 (4 thermidor an II)

CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (4) ET NEVERS OU NIEVRE

Exécutés (46) : A. L. H. Aguesseau, veuve d’Ayen (f) (p) – J. d’Apremont-Linden (p) – J.-P. Bergère des Barres – S. C. Boutin (p) – C. Boyau, veuve Amiral (f) – J. Caillaux, dit Dussard (p) – C. P. Canuzet – C. L. Chambrun d’Uxeloup – P. Chambrun d’Uxeloup, son fils aîné – C. F. C. Cossé-Brissac, veuve du maréchal de Noailles (f) (p) – J.-S. L. Dubois – M. Dubuisson (p) – F. Duval (p) – J.-B. P. Esrat – C. de Flers – A. Gauthier – P.-F. Gossin – J. J. Haly – I. L. Juvenot de Traisnel, veuve de La Chatre (f) (p) – L. C. E. Lafont des Essarts – J. J. A. La Roche-Lambert (p) – E. de La Roche-Lupy – L. de La Roche-Lupy, sa femme, née de Gascoing (f) – J. Laxalde – C. E. D. L’Empereur-Bissy – M. E. L’Empereur, son frère (?) – P. B. Marion de Lamolle – M. A. Martainville, veuve Duvaugarnier (f) (p) – J. Meynard-Mellet (17 ans) (p) – P. C. Mouchy (p) – A. J. B. A. P. L. C. D. Noailles (f) (p) – J. Palotot (p) – A. C. Pra-Comptat – C. A. Pricy-Limoux – A. H. Remigny – P. Revèche – J.-P. Robillard – J. Roger (p) – A. M. N. Samillard (p) – N. Samillard, son père (p) – S. T. Séguier, veuve Rémigny (f) – J. B. Sosthènes de Laborde – C. M. de Talaru (p) – M. R. L. E. Thoreau, veuve Saint-Juirre (f) (p) – F. Tréchaut – F. Vuilasse (p)

Libérés (7) : A. Amiral, fils – C. Amiral, père – E. Depierre – L. Gaudry – J.-L. Gautherot – N. Gustine – J. F. Poyard (f)

Info : Augustin Marie Nicolas Samillard, fils, n’apparaît pas dans le dossier (W428.963), mais son nom figure bien sur le procès-verbal d’exécution de mort du 4 thermidor (W530).

23 juillet 1794 (5 thermidor an II)

CONSPIRATION DES CARMES

Exécutés (54) : F. C. A. d’Autichamp (p) – A. Beauharnais – C. L. A. Beauvoir (p) – L. E. Bonneval (p) – A. J. Boucher-d’Argis – A. F. Bourgeois (p) – L. Brisson (p) – M. A. Bruges (p) – F. U. Burke (17 ans) – J. J. Caillol (p) – L. de Carcadot (p) – A. H. H. Caumont (p) – C. F. Chambly (p) – L. Champcenetz (p) – J. B. Chevier (p) – J. Coupery de Maisonneuve (p) – J. Darchy (p) – C. L. F. Delaulne (p) – J.-B. Delorme (p) – G. A. J.-F. de Dessalle-Champagnier (p) – N. M. G. Devillers (p) – J.-B. Didiot – J. H. Doutremont (p) – E. F. Gallet de Santerre (p) – L. H. M. de Gouy d’Arsy – J.-B. Guillebert – C. Harrop (p) – F. L. E. Humbert – J. H. L. Joly de Bévi (p) – J.-P. M. A. Latyl (p) – L. F. Leroy de Grammont – C. Lesage (p) – A. J.-B. Malette (p) – J. Malone (p) – A. Marsillac (p) – J. Michelet (p) – C. Miél – J. R. Mignard (p) – B. Millot, dit Benoist – F. Moreau (p) – P. O’Brenan – N. Parent (p) – J. J. Pestels – H. du Pujet (p) – N. X. de Querhoënt (p) – L. A. C. de Rohan-Montbazon (p) – F. Salm-Kyrbourg (p) – J.-J. Saunhac (p) – J. D. G. Soulavier (p) – J. C. de Soyecourt (p) – J.-B. Vallet – M. Verdier (p) – T. Ward (p) – L. C. Waroquier (p)

Info : Cyprien Miél, 30 ans, ex-coutelier et garçon boursier avant la Révolution, demeurant tantôt à Paris tantôt sans domicile, exécuté ce jour dans le cadre de la conspiration des Carmes (W429.965), avait été gardé en détention par le Tribunal révolu-tionnaire le 31 mai précédent (W377 853).

Libérés (12) : J.-F. Boulogne – P. Guillot – J.-L Le Blanc, fils – L. P. Le Blanc, père – L. Lemeré – E. Martinot – M. Meunier (18 ans) (f) – M. M. F. Quesnel, née Hebert (f) – P. Renaudin – C. Saintain – J. Stourne – M. A. Valentin, née Ledue (ou Leduc) (f)
Autres (3) : P. Chassaigne (dét) – J.-P. Gonfreville (dét) – J. Jourdan, dit Bellepointe (dét)

Info : Marie-Anne Malicornet, con-damnée à mort, se déclara enceinte et fut libérée après le 9 thermidor. (W430.966)

24 juillet 1794 (6 thermidor an II)

CONSPIRATION DE ST-LAZARE (1)

Exécutés (32) : C. M. Allain (p) – P. M. V. Beauvillier de Saint-Aignan – A. P. A. de Bérulle – A. R. Boquet, veuve Filleul (f) (p) – E. Chalgrin, née Vernet (f) (p) – P. L. Champigny – C. A. Charleval (p) – A. F. Chéron (p) – P. C. Copin de Villepreux (p) – J. A. Daubarède (p) – L. Desisnard (p) – M. H. L. Desvieux, née de Flavigny (f) (p) – J. Digieux (p) – A. J. Dublaizel (p) – P. Ducontent (p) – A. L. J. de Flavigny – J.-F. Gauthier (p) – F. Gigot de Boisbernier (p) – C. F. G. Graindorge (p) – C. Gravier de Vergennes (p) – J. Gravier de Vergennes, son père (p) – M. R. Hallée, veuve Boquet (f) (p) – L. M. Hollande (p) – J. H. de Laboulbène de Montesquiou (p) – M.-L. Laval-Montmorency (f) (p) – P. Longroy – M. A. T. Longroy, sa femme, née Letellier (f) – M.-T. Longroy, sa fille (f) – F. C. L. F. de Maillé (16 ans) (p) – F. R. A. de Maillé (p) – L. Scelle (p) – F. Thibault de Lagarde

Info : Françoise Camille Beauvillier de Saint-Aignan, née Béranger, condam-née à mort, se déclara enceinte. (W431 968) Libérée après le 9 thermidor. Il existe dans les cartons du Comité de sûreté générale une pièce la concer-nant, mais il s’agit d’une lettre de son mari, écrite de St Lazare le 5 prairial an II, par laquelle celui-ci réclamait sa mise en liberté ainsi que celle de sa femme enceinte (F7 4592, placq. 3).

Info : Elisabeth Perette Dubois de Courval, veuve de Joly de Fleury, Elisabeth Pigrais, ex-femme Meursin, et Catherine Louise Sylvine Soye-court, veuve de Hinnisdal de Fumale, condamnées à mort ce jour, se préten-dirent enceintes, mais furent exécutées le lendemain, 25 juillet (W431.968).

25 juillet 1794 (7 thermidor an II)

CONSPIRATION DE ST-LAZARE (2)

Exécutés (40) : J.-F. Antié, dit Léonard – M. M. C. d’Artigues, veuve Marron (f) – L. J.-C. Ascy (p) – F. R. B. de Bessuejouls-Roquelaure (p) – H. J. de Bourdeille – F. Buquet – A. M. Chénier (p) – J. F. M. Coattrelle (p) – C. A. Créqui de Montmorency (p) – C. de Dolcy (p) – E. P. Dubois de Courval*, veuve de Joly de Fleury (f) (p) – C. H. L. Gastel (p) – L. V. Goezman (p) – J.-L. Guibert – P. Hébert (p) – C. C. H. d’Houdelot (ou Houdetot) (p) – E. F. de Labrousse-Belleville – J.-B. Malvagne – L. E. G. Mathy-Simon, veuve Mayet (f) – T. Megnier (p) – G. de Montalembert (p) – J.-M. Paume, veuve de Gauthier Saint-Priest (f) (p) – E. Pigrais*, ex-femme Meursin (f) (p) – Jean Raoul (p) – Joseph Raoul (p) – J. F. Ringueney de la Toulinière – J. A. Roucher (p) – C.-F. Rougeos de Montcrif (p) – J. A. Rouilhac – J. Saugeon – L. Sello (p) – L. Sers (p) – J.-B. Sévin – C. L. S. Soyecourt*, veuve de Hinnisdal de Fumale (f) (p) – F. Trenk (p) – E. F. Varenes – J. Vérine (16 ans) – P. G. Vinfray – J. N. Voyant – M. Voyenau

Libérés (6) : J. Fleuriot – C. Langlois – S. Lorget – P. Martin – J. Roudy (13 ans) – L. Valas, dit Bourole

Autre (1) : F. Auphant (dét)

Info : François Auphant, 60 ans, ex-prêtre, demeurant à Paris, acquitté, devait rester 24 heures en détention mais ne fut finalement libéré que le 23 août suivant (6 fructidor). (W431.969)

26 juillet 1794 (8 thermidor an II)

CONSPIRATION DE ST-LAZARE (3)

Exécutés (49) : C. Auger (p) – J. Bausset (p) – P. Blanchard – A. J. Boucher (p) – C. A. Brognard (p) – P. Broquet (p) – A. J.-M. Bruny (p) – J. Buis – E. D. de Cambon, née de Riquet (f) (p) – P. R. Cavin (p) – J. C. H. de Clermont-Tonnerre (p) – A. Coessin de Laboraye (p) – A. E. F. G. de Crussol d’Amboise (p) – A. F. Decaix – L. G. Dervilly (p) – C. F. M. Dorival (p) – M. F. Duplessis-Chatillon, veuve de Narbonnet-Pelet (f) (p) – C. J.-L. de Fossé – M. de Fossé, sa femme, née Scheffer (f) – J.-B. Fournier – J. Frécault-Lanty (p) – G. Grammont, veuve d’Ossun (f) (p) – G. M. Guichard, veuve Viguier (f) (p) – J. Guillemeteau (p) – L. M. A. d’Husson (p) – L. Janthial – M. P. Jozeau (p) – R. F. Laboulaye (f) – J.-F. Laurent (p) – M.-C. Lepelletier, veuve de Chimay (f) – M.-A. Leroy (f) – J. S. Loizerolles (p) – F. Lopriac-Donge, veuve de Querhoënt (f) – P.-F. Mahé (p) – C. J. F. de Manneville, veuve de Colbert-Maulévrier (f) (p) – J. Martin, dit Henry – J. V. de Micaut (p) – J.-F. Moineau – A. T. Nonant-Pierrecourt, veuve de Narbonne-Pelet (f) (p) – J.-B. H. Postel-Desminières – N. A. Renard du Coudray (p) – M. Ribeyrex – C. F. S. de Saint-Simon (p) – M.-C. Senneterre, veuve d’Armentières (f) – H. C. de Thiart (p) – C. L. de Trudaine – C. M. de Trudaine, son frère cadet – C. P. de Vigny (p) – A. D. B. Viotte (p)

Autres (2) : A. D. J.-B. F. Duclos (dét) – M. P. L. Prenpain (dét)

Info : Marie Alexandre Renée de Butler, née de Jassaud, Thérèse Françoise de Grimaldi-Monaco, née de Stainville, Louise Cécile Quévrin et Madeleine Hentiette Sabine de Talleyrand-Périgord, née de Viriville, se pré-tendirent enceintes et furent envoyées à l’échafaud le lendemain, 9 thermidor (W432.971).

Info : Il existe deux procès-verbaux d’exécution pour cette journée : Moineau et 27 autres, Dusson et 21 autres, soit 50 personnes (W530). N’apparaît sur aucun de ces procès-verbaux le nom de Charlotte Jacqueline Françoise Manneville, veuve Colbert-Maulévrier, condamnée à mort ce jour avec Moineau et les autres (W433.972). Or le procès-verbal Moineau porte bien sur 28 personnes, mais indique deux fois Adélaïde Marie Nonant Pierrecourt veuve Raymond Narbonne Pelet. Il manque donc une personne : la veuve Colbert-Maulévrier. En outre, le procès-verbal Dusson ne porte que sur 21 personnes, pas 22. Le total de la journée est donc de 49, pas 50.

27 juillet 1794 (9 thermidor an II)

Exécutés (49) : S. Alarose-Labrenne – G. J. Arfelière (p) – M. F. Aubertin (p) – J.-L. M. Aucane (p) – G. S. Barthou de Montbas (p) – J.-B. Béchon d’Arquin (p) – P. C. Bernard – A. J. de Brillon (p) – P. de Brillon-Bussé (p) – A. G. Brumeau de Beauregard – M. A. R. de Butler*, née de Jassaud (f) (p) – C. M. Charpentier, dit Cadet – J. Cluny (p) – C. P. Coqueau (p) – F. D. M. Courlet de Boulot (p) – P. Durand Puy de Vérine (p) – M.-M. Durand Puy de Vérine, sa femme, née Barcos (f) (p) – L. N. Duval (p) – P.-L. Foicier (p) – J. Gillet (p) – T. C. Girard (p) – T. F. de Grimaldi-Monaco*, née de Stainville (f) (p) – E. N. Guérin – J. Guyot de Rijoux – J.-C. Larcher Latouraille (p) – G. E. Lavoisien (p) – L. A. Legay – L. F. Lejeune (p) – J. A. Lhuillier – G. Loison (p) – A. Loison, sa femme, née Maurice (f) (p) – P. Marche – L. Merry (p) – J. F. Monghelchotte (p) – L. C. M. de Montcrif (p) – P. L. de Montcrif, son père (p) – J. B. Perrel (p) – L. C. Quévrin* (f) (p) – F. N. L. Rouvière de Bois-Barbeau – J. de Saint-Hilaire (p) – G. F. de Sallé – F. A. Séguin (p) – J. Serres de Saint-Roman (p) – F. Sommesson (p) – M. H. S. de Talleyrand-Périgord*, née de Viriville (f) (p) – P. Turin, veuve d’Aulier (f) (p) – J. G. Vallot (p) – R. Vauquelin de Vrigny (p) – J. Watrin (p)

Libérés (2) : J. L. Aviat-Turot – T. C. Coriolis, ex-femme Blanchard (f)

Info : Les noms de Brillon-Bussé et de la femme Durand sont rayés dans les questions aux jurés. Le premier est néanmoins compris dans le jugement. Les deux furent exécutés le 9 thermidor comme l’atteste le procès-verbal d’exécution de mort de ce jour (W530).

Info : Il existe deux procès-verbaux pour les exécutions de ce jour : Lhuillier et 23 autres, Aucanne et 20 autres, soit 45 personnes (W530). Les 4 personnes en plus sont les femmes Butler, née de Jassaud, Grimaldi-Monaco, née de Stainville, Quévrin et Talleyrand-Périgord, née de Viriville, qui s’étaient prétendues enceintes la veille et qui furent envoyées à l’échafaud et exécutées ce jour (W432.971). Il n’y a pas de procès-verbal d’exécution à leur nom.

28 juillet 1794 (10 thermidor an II)

ROBESPIERRISTES (1)

Exécutés (22) : J. C. Bernard (p) – C. J. M. Bougon (p) – C. Cochefer (p) – G. Couthon (p) – J.-B. M. Dhazard (p) – R. F. Dumas (p) – J. E. Forestier (p) – A. Gency (p) – A. N. Gobeau (p) – N. Guérin (p) – F. Hanriot (p) – D. E. Laurent (p) – J.-B. Lavalette (p) – J.-B. E. Lescot-Fleuriot (p) – C.-F. Payan, l’aîné (p) – J.-M. Quenet (p) – M. M. I. Robespierre, l’aîné (p) – A. B. J. Robespierre, le jeune (p) – L. A. Saint-Just (p) – A. Simon (p) – N. J. Vivier (p) – J. L. F. Warmé (p)

Info: Il n’y a pour ce jour et cette fameuse fournée qu’un procès-verbal d’exécution de mort, intitulé Dumas, Fleuriot, ex-maire, et 20 autres (W530, ci-dessous). Ces autres ne sont pas précisés, mais ce sont tous les condamnés du jour, au nombre de 22 (W434.975).

Info : Antoine Gency, 33 ans, tonnelier, membre du Conseil général de la Commune de Paris, exécuté ce jour, avait été acquitté et libéré le 7 mai précédent (W360.767). Voir la note de ce jour.

 

PVE 10 therm Dumas Fleuriot.jpg

 29 juillet 1794 (11 thermidor an II)

ROBESPIERRISTES (2)
LA COMMUNE DE PARIS

Exécutés (69) : J. Alavoine (p) – B. Arnaud (p) – S. Baudouin, dit Boulanger (p) – J.-J. Beaurieux (p) – J.-B. Bergot (p) – J.-P. Bernard (p) – C. Besnard (p) – C. Bigaut (p) – J. N. Blin (p) – J.-B. Cauchois (p) – J. Cazenave (p) – J.-B. Charigny (p) – J.-P. Charlemagne (p) – F. L. Chatelain (p) – J. P. Coru (p) – J. L. Cresson (p) – R. T. Daubancourt (p) – P. N. Delacour (p) – C. A. Deltroit (p) – C. H. Desboisseau (p) – M. L. Desvieux (p) – P. F. Devaux (p) – L. F. Dorigny (p) – P. Dumetz (p) – D. J. Dumontier (p) – J.-P. Eudes (p) – J. L. Faro (p) – M. Gamaury (p) – J.-L. Gibert (p) – J.-C. Girardin (p) – P. Girod (p) – R. Grenard (p) – P. Henry (p) – P. Hœner (p) – P. S. J. Jault (p) – A. Jemptel (p) – N. Jérome (p) – A. G. Jobert (p) – C. Jonquoy (p) – P. L. Lamiral (p) – J. N. Langlois (p) – M. F. Langlois (p) – J. Lasnier (p) – E. M. Lauvain (p) – J.-B. E. Legendre (p) – P. J. Legrand (p) – J.-C. P. Lesire (p) – P. A. Louvet (p) – J.-J. Lubin (p) – J. N. Lumière (p) – A. Marcel (p) – L. J. Mercier (p) – M. M. A. Mercier (p) – D. Mettot (p) – J. Mœne (p) – J. Morel (p) – F. A. Paffe (p) – J. Paquotte (p) – P. L. Paris (p) – F. Pelletier (p) – J. Ravel (p) – P. Rémy (p) – P. Sijas (p) – E. A. Souard (p) – J.-B. C. Talbot (p) – P. Tanchon (p) – J. G. F. Vaucanu (p) – J.-B. Vincent (p) – M. Witchericht (p)

Info : Cette fournée, la plus importante de toutes, est aussi la plus problématique. Il y eut ce jour deux « jugements » portant chacun sur 35 personnes (W434.976 et W434.977), soit 70 personnes. Il y a également deux procès-verbaux d’exécution de mort, correspondant à chacun de ces jugements : Bernard et 34 autres, Legrand et 35 autres, soit 71 personnes (W530). Mais ne figurent sur le procès-verbal Legrand que 35 personnes, au lieu des 36 annoncées. Il y eut donc bien 70 personnes exécutées officiellement, en réalité 69, puisque Guittard signale que Lelièvre, oublié, fut exécuté le lendemain. Par ailleurs,  des listes d’époque ou d’historiens font apparaître un, deux ou trois noms de plus, à savoir : Nicolas Naudin, 35 ans, menuisier, demeurant section du Temple, membre de la Commune (Le Moniteur, Guittard, Buchez et Roux, P. Sainte Claire Deville, G. Walter), J.-M. Tembay ou Tambay (Le Moniteur, XXI, p. 560 ; Buchez et Roux, XXXIV, p. 105 ; G. Walter, p. 315) ou Tonabay (Guittard, p. 440), soi-disant administrateur de police, et Benoît Blaise Pitet, 38 ans, demeurant section du Muséum (Campardon, Rabourdin). Notons tout de suite qu’aucune de ces personnes ne figure dans les dossiers du Tribunal révolutionnaire ni sur les jugements imprimés ni sur les affiches (W540) ni sur aucun des procès-verbaux d’exécution (W530), et qu’elles ne figurent donc pas dans notre liste.
Gérard Walter qui oublie Jérôme note au sujet de Naudin : « Naudin, présent à la séance du 9, fut arrêté à la Maison commune. Talbot, parti peu de temps avant la fin de la séance, put regagner son domicile. Il fut arrêté dans la matinée du 10. L’un et l’autre allèrent à l’échafaud le 11. » (La conjuration du Neuf Thermidor, Editions Gallimard, 1974, p. 280, note 1) En fait, Walter base son affirmation sur la liste du Moniteur qu’il reproduit telle quelle. Paul Sainte Claire Deville note de son côté au sujet de Naudin : « Exécuté le 11. Son nom a été omis sur le jugement, mais il a été coché sur la liste de la salle de l’Egalité, et il figure sur le procès-verbal d’exé-cution. » (La commune de l’an II, Plon, 1946, p. 374) Les procès-verbaux d’exécution attestent pourtant le contraire. De leur côté, Emile Campardon et Monique Rabourdin, pour lesquels Tembay et Naudin sont inconnus, comptent tous deux Pitet, tambour, section du Muséum. Son nom apparaît bien dans les listes des individus mis en jugement, mais non en tant que personne mise elle-même en jugement. Il faisait partie des personnes convoquées pour attester l’identité d’un des prévenus. Pour sa part, il attesta, ainsi que Jean Cradue ou Fradue, 18 ans, tambour de la section du Muséum, celle de Jean-Pierre Bernard (W434.976, W540).

 PVE 11 therm Besnard et 34 autres (numéroté).jpg

PVE 11 therm Legrand et 35 autres (numéroté).jpg

(Les numéros devant les noms ont été rajoutés par moi.)

 30 juillet 1794 (12 thermidor an II)

ROBESPIERRISTES (3)

Exécutés (13) : J.-J. Arthur (p) – F. R. Camus (p) – P. Cietty (p) – A. Friry (p) – P. E. Gillet-Marie (p) – J.-B. Grillet (p) – J. E. Lahure (p) – J.-F. Lechenard (p) – C. N. Leleu (p) – N. Lelièvre (p) – L. Nicolas (p) – P. F. Queniard (p) – C.-F. Teurlot (p)

Info : Dans son journal, Guittard note ce jour : « Le Lièvre [condamné la veille] était oublié ; il est du nombre des rebelles et a été condamné à mort aussi. » Il a donc été exécuté le 12 thermidor, quoiqu’il figure bien sur le procès-vebal d’exécution de mort du 11 thermidor. Mais, les procès-verbaux étant semble-t-il rédigés à l’avance, il arrive qu’il y ait des erreurs (voir la note du 7 juillet 1794). Du reste, le procès-verbal du 12 thermidor a disparu.

1er août 1794 (14 thermidor an II)

DECRET : Fouquier-Tinville, accusateur public près le Tribunal révolutionnaire est décrété d’arrestation. La loi du 22 prairial est abolie. Le Tribunal révolutionnaire est réorganisé et son personnel renouvelé. (Procès-verbal de la Convention nationale) Il le sera de nouveau le 2 janvier 1795 (13 nivôse an III).

5 août 1794 (18 thermidor an II)

Exécuté (1) : P. A. Coffinhal (p)

14 août 1794 (27 thermidor an II)

Libéré (1) : L. Railet

15 août 1794 (28 thermidor an II)

Libéré (1) : F. Roussel

17 août 1794 (30 thermidor an II)

Libéré (1) : J. Hamel

18 août 1794 (1er fructidor an II)

Exécutés (2) : A. Lavaud – J. Saumont, dit Labran

Libérés (6) : J.-F. Gobilllet – C. A. Hue Caligny – J. P. F. Kalop – F. Perron – T. H. Piennes – C. Saumont, née Maury (f)

Info : Hue Caligny, Gobillet, Kalop et Piennes, acquittés le 21 juillet 1794 (3 therm. II), renvoyés en détention pour seulement 24 heures, ne furent finalement mis en liberté que ce jour. (W427.962)

19 août 1794 (2 fructidor an II)

Libérés (20) : F. Blanc – M. Broutin, veuve Souville (f) – P. Canut – C. Denis – J. H. Fischer (16 ans) – A. Fremont Froleur – C. Fremont, sa femme, née Poulain (f) – L. Gilbert – P. Guichard – J.-B. Leclerc – G. Lefevre – J. Lefevre, son frère – J.-B. Lemaire – L. Le Suisse – J. Marniesse – M. Menard – M. Meslin (ou Melin) – M. A. Rianne – C. Thiron – J. A. F. Vandermarc

20 août 1794 (3 fructidor an II)

Libérés (15) : G. Bastard – J.-B. Benazet – J.-J. C. Bresson – B. Cabanon – M. A. Cadet (f) – J. B. G. Chovory – L. Dicquemare – N. Dupré – A. Faure, dit Chevalier – J. A. Gindroz – T. Gormand – P. Lacombe – J. Lanchere – M. Lanchere, sa femme, née Very (f) – A. Pezet Corval

21 août 1794 (4 fructidor an II)

Libérés (5) : R. Boudot – J. Bouroux – G. Lasjunier – C. Marguery – J. H. Valant

Autre (1) : J. Novion (dét)

22 août 1794 (5 fructidor an II)

Exécutés (2) : F. Deschamps (p) – J.-B. M. Gonard

Libérés (15) : P. A. Faure – J. Fleury – A. Gauthier, fils – C. F. Gauthier, père – J. C. Gauthier, sa femme, née Henry (f) – J. Hauzo – C. Huet – J. A. R. Lalondrelle – F. Lanchere, fils aîné – F. Lefebure – L. Nouard, veuve Bocquillon (f) – F. Sinseit – M. A. E. Sinseit, sa femme, née Barbet (f) – J. Wolski – J. L. Yvrié

23 août 1794 (6 fructidor an II)

Exécuté (1) : P. T. Baillemont (p)

Libérés (5) : F. Auphant – P. J. Du Val – A. G. F. Lallemand Lecoq – Menou, dit La Fleur – J. Morin

Info : François Auphant, acquitté le 7 thermidor, ne devait rester que 24 heures en détention mais fut libéré ce jour. (W431.969)

24 août 1794 (7 fructidor an II)

Libérés (2) : U. Guittière – J. Negrié

25 août 1794 (8 fructidor an II)

Libérés (4) : F. Flory – M. Le Blanc, veuve Soyer (f) – M. L. Poule (ou Poulot), née Marprince (f) – G. Poule (ou Poulot), sa fille (f)

27 août 1794 (10 fructidor an II)

Libérés (5) : J. Boze – Doucet – G. A. Goureau – M. J. Lebel (f) – J.-L. Loy

28 août 1794 (11 fructidor an II)

Exécuté (1) : J. Servin

Libérés (2) : C. Miquet – J. Morin

29 août 1794 (12 fructidor an II)

Libérés (9) : L. Billoret – J.-F. E. Canaple – A. M. Delair – F. Douilly – A. Dubor – J. Le Sieux – V. M. G. L’Hullier – C. L. M. Meraud – C. Petit

30 août 1794 (13 fructidor an II)

Libérés (4) : A. Lepercheux – F. Lepercheux, sa femme, née Barberie (f) – G. R. Momet – P. Pourtalès

31 août 1794 (14 fructidor an II)

Libérés (4) : F. Bucon – P. J. Degoiste – J. Rogé – J.-F. Trotyanne

1er septembre 1794 (15 fructidor an II)

Exécuté (1) : J. J. Lemonnier (p)

Libérés (44) : J. N. Ardon – J. A. Aubert – S. Chevalier – A. F. Chevazu, fils – A. Chicot – P. M. Compère – G. Constant – J. L. Dehureau – L. Delaterre – C. A. Deremy – F. M. Dijon – L. F. Docaigne – J.-B. F. Dornière – J. Emiot – P. Gobelet – L. Goust – J.-B. Guerin – J. C. Heymen, dit L’Allemand – J. E. Jallot – J.-B. Jourmet – P. P. Leroux –L. P. T. Mansiaux, dit Chevalier – J.-F. Martigny – F. N. Martin – N. M. Masson – J.-M. Nicaud, dit Duguy – A. Nicolas, l’aîné – T. Oger – P. F. Perriac – J.-J. Philidor – E. V. Pilnar (ou Pillas) – R. V. Poiret – J. G. Poix – J. Ponsard – J.-F. Poulain – J.-B. Queudan – F. Regnault – J. Richard – H. Samson – P. C. Samson – P. A. S. Tricadeau – A. J. Tugot – E. Turot – M. F. Varoque

Autre (1) : J. N. Pasquier (dét)

Info : Exceptés Aubert, Nicaud (W441.51) et Dornière (W443.71), tous les acquittés du jour étaient des sectionnaires parisiens (membres de Comités de surveillance, de bien-faisance ou civils ou de la garde nationale) accusés, comme Lemonnier, seul condamné du jour, d’avoir pris part à la rebellion de la Commune le 9 thermidor. La section de l’Indivisibilité est la plus représentée, avec 10 personnes. Viennent ensuite les sections du Faubourg-du-Nord et des Sans-Culottes, avec 5 chacunes ; puis celle de l’Observatoire, avec 3 ; puis celles de Bondy, des Gravilliers, du Finistère, de Chalier, de Mutius-Scævola, de la Réunion et des Arcis, avec 2 chacunes ; et enfin celles des Droits-de-l’Homme, de la Maison-Commune (section de Lemonnier), du Nord et Le Pelletier, avec 1 chacunes. (W444.72)

Info : Les noms d’Aubert et Nicaud ne figurent sur aucun dossier. L’ordonnance d’acquit les concernant se trouve dans le dossier de Marie Le Blanc, veuve Soyer, libérée le 8 fructidor an II (25 août). (W441.51)

2 septembre 1794 (16 fructidor an II)

Libérés (2) : P. J. P. Agober Labarre – M. F. R. Avril, veuve Devarieux (f)

3 septembre 1794 (17 fructidor an II)

Exécuté (1) : J. Paumier

Libérés (8) : J. Bottier – C. Crevel – E. Crevel, sa femme, née Touroux (ou Touroude) (f) – J.-B. R. Crochereau – J. Desaigues – E. Duflos, veuve Devé (f) – M. S. N. Funeroz, née Inkruz (f) – F. D. Lemaître

4 septembre 1794 (18 fructidor an II)

Exécuté (1) : J.-B. Bouvret

Libéré (1) : J. Curé

5 septembre 1794 (19 fructidor an II)

Exécuté (1) : J. Lombard

Libérés (5) : J.-B. M. V. Bourdon – F. E. Bourgeois Gueudreville – L. A. Chedeville – J.-B. La Pierre – C. J. Parant

7 septembre 1794 (21 fructidor an II)

Libérés (2) : D. Grincourt – P. Viala

Autres (3) : A. Beaugard (renv) – J. Berillon (dét) – H. Bourguignon (f) (dét)

Infos : N’apparaît pas ici Nicolas Millet, envoyé en maison de santé le 9 juin précédent pour avoir crié Vive le roi et libéré, guéri, ce jour. (W382 888)

8 septembre 1794 (22 fructidor an II)

Exécuté (1) : N. Desfies

Libérés (17) : J. Breslé – F. J. Burger – A. Chatlin – J. Dourb – M. Hartmann – J. D. Heyl – M. Hũgel – J. Kofflent – M. Kofflent (18 ans) – F. Meyër (17 ans) – A. Müller (ou Mïller) – J. Müller (ou Mïller) – J. G. Müller (ou Mïller) – M. Müller (ou Mïller) – J. Schott – S. Smitt – C. Uble

9 septembre 1794 (23 fructidor an II)

Exécuté (1) : T. Menegaud

Libérés (3) : L. M. Bataille – P. Peyrand – E. L. Planty

10 septembre 1794 (24 fructidor an II)

Libérés (3) : M. Breté (f) – L. Hervé – J.-B. Moret

11 septembre 1794 (25 fructidor an II)

Autre (1) : C. Joblet (dét)

12 septembre 1794 (26 fructidor an II)

Exécuté (1) : N. Sannies (p)

13 septembre 1794 (27 fructidor an II)

Libérés (2) : F. Lamarre – J. B. Montané

14 septembre 1794 (28 fructidor an II)

LES NANTAIS

Exécuté (1) : L. Godineau, dit Flambart

Info : Louis Godineau, dit Flambart, 53 ans, journalier à Traversonne (Vienne), semble avoir eu un frère, Jean, de 42 ans, journalier comme lui. Le jugement est bien au nom de Louis Godineau (W449.107).

Libérés (98) : J. Alloneau – T. Arnous – N. Aubry – R. J. Ballan – M. P. C. Bascher – P. F. Belle – J.-F. Berenger, dit Mersix – F. Billard – P. Biré – J. Bodin des Plantes – R. A. Bourot – F. Briand – J. Brière – J. Bruneau, dit Lasouchais – G. Cassart – J. Castellan – T. Charboneau – P. D. Chardot – L. Chaurand – J. M. H. Chauvet – F. Chere – J. Clanchy – E. Claude, née Aubry (f) – J. A. Crespin – A. Crignon – J.-P. Defrondat – A. Delaunay – T. Desbouchand – J.-B. P. M. Devay – J. M. Dorvo – R. C. Dreux, père – C. J. Dreux, fils – D. Dubra – J.-B. Duchesne – J.-F. Duparc – F. Y. Durocher – A. A. Espivent – R. Estourbillon – C. A. Fauvel – A. Fleuriot – F. M. Forget – P. Fournier – A. Garnier – J. Gazet – T. Gestin – P. C. Hamon, dit La Thebaudière – A. Hernault – F. Hervé – N. Huguet – J. Issautier – L. Jaillan – H. James – P. F. Lamé Fleury – P. Laporte – H. N. Latoison – P. A. M. Latour – P. Lecomte – J.-B. Lemasne – J. Leroux – J. C. Mabille – P. C. Malmusse – B. Margerin – P. J. Marie – R. Martel – J. Martin, dit Duradier – P. J. Maublanc – P. Mercier – S. Monty – J.-B. B. Oufroy Breville – B. M. Pantin, dit Laguerre – A. Pecot – J. M. Pelerin – F. M. Perichou Kerverseau – P. A. Perotin – F. A. L. Phelippes, dit Tronjolly – J. Pichelin, père – J-M. Pichelin, fils – E. Pillot – S. A. A. Pineau, dit Dupavillon – F. A. Poirier – A. C. Poton – F. A. Pouchet – L. C. Poydras – F. Pussin – F. M. J. Renaud – J.-B. F. Reteau – J. H. Sauquet – P. J. M. Sottin, aîné, dit Lacondière – J.-M. Sottin, son frère – P. Speckmann – B. Süe – A. L. Taillebois – J.-B. Thebaud – C. F. M. Thomas – S. L. L. Tiger – P. Vallot – F. R. M. Varsavaux – G. M. T. Villenave

Info : Le procès des Nantais qui amena le procès de Carrier, déboucha ce jour sur 94 acquittements (W449.105). Pillot, Aubry et la femme Claude, de Colombey (Meurthe), furent acquittés dans le cadre d’une autre affaire (W448.104), ainsi que Pierre François Belle, de Mâcon (W449.106). Godineau, le seul exécuté du jour, était lui aussi étranger à l’affaire de Nantes (W449.107).

Info : Pierre François Belle fut bien acquitté le 28 fructidor an II, non le vingt-neuf comme cela est écrit en toutes lettres à la fin de l’ordonnance d’acquit. (W449.106) 

15 septembre 1794 (29 fructidor an II)

Libérés (4) : C. Blin – P. Durand Pellot – J. Loup – F. L. Noirot (ou Noiraut)

16 septembre 1794 (30 fructidor an II)

Libéré (1) : C. Destourbet

17 septembre 1794 (1er jour sans-culottide an II)

Exécuté (1) : J. J. Bousquet (p)

Autre (1) : J.-B. Allais (18 ans) (dét)

18 septembre 1794 (2e jour sans-culottide an II)

Libérés (4) : P. Boch – M. Carpentier – F. Cotta – J. A. Martin

Autres (2) : J.-F. Fontaine Lavitonnière (dét) – P. François (dét)

19 septembre 1794 (3e jour sans-culottide an II)

Exécutés (3) : J. Blat – J. Lavergne – P. Rigoulet

Libérés (5) : M. E. Bertin, née Pasquillon (f) – J. Duhamel – F. Grafe – C. L. Jannin – J. E. Morcourt

Autres (2) : C. Degre (dét) – E. Pluvinet du Colombier (dép)

20 septembre 1794 (4e jour sans-culottide an II)

Libérés (6) : A. Azan – L. G. Châtenay de Lenty – N. Genieyes – M. Genieyes, sa femme, née Saller (f) – M. A. Lacan, née Rey (f) – G. Preboustau

Autre (1) : J. Anglade (dét)

22 septembre 1794 (1er vendémiaire an III)

Libérés (5) : G. T. Anger – T. Anger, son père – E. Bourgeot – C. G. E. Bournisien – J. J. Goude

23 septembre 1794 (2 vendémiaire an III)

Libérés (3) : C. A. Legendre – F. Malegue – N. B. Nocart

Autres (3) : M. C. H. Campet Saujeon, veuve Boufflers (f) (dét) – J. A. V. Delestenne (dét) – A. C. Puchot Desalleurs, ex-femme Boufflers (f) (dét)

24 septembre 1794 (3 vendémiaire an III)

Exécuté (1) : J. E. Etienne (p)

Libérés (4) : A. Georget – J.-F. Lagasse – B. L. J. Roland – M. A. R. Roland, sa femme, née Maréchal (f)

25 septembre 1794 (4 vendémiaire an III)

Exécutés (4) : J. M. Dorzat – A. Guignard – P. Leforestier (p) – P. Leprince

Libérés (20) : P. Auvray – J.-B. Carpentier – C. G. Chevassu – N. Cirier – M. David, dit Ferata – J. Douzelot – A. François – P. J. Frier – B. Gallerand – E. Gandinot – P. Grain – P. Lalleman – M. A. Michel, née Seuil (f) – B. H. Negre – N. S. Porché – J. Revel – C. Richard – J. Rosier – E. L. Viret – B. Vives

26 septembre 1794 (5 vendémiaire an III)

Libérés (6) : J. E. Barré – P. F. Bichon Latour – J.-B. Coulon – L. X. Dentremeuze – J. I. Foissey – R. F. Piquot

Autres (2) : A. M. Cassenac (dét) – M. A. C. Cassenac, sa femme, née Breton (f) (dét)

27 septembre 1794 (6 vendémiaire an III)

Libérés (3) : J. Bougenot – A. Jaquesson – M. P. Taboulay (f)

Autres (2) : G. Paris (4 ans fers) – J.-B. Perret-Maisonneuve (dét)

28 septembre 1794 (7 vendémiaire an III)

Libérés (2) : Labarre, née Desnos, mère (f) – P. Petit

29 septembre 1794 (8 vendémiaire an III)

Exécutés (2) : J. M.     Toullone, veuve Cordellier (f) – C. J. Vuilhem

Libérés (12) : F. Augagneur – P. Ducarre – A. B. Durand – J . A. Lavachere – P. Lombard – F. M. Loth – F. M. Mamessier – J. Marcescheau – F. Mathey – C. Papillon – P. F. Silvestre – E. Vatrin, née Pognon (f)

30 septembre 1794 (9 vendémiaire an III)

Libérés (38) : C. Aiemon, née Annesse (f) – M. Bazinet – M. F. Bergeot, née Rochard (f) – P. Bernard – J.-B. Bobé – F. A. Boilleau – F. C. Bonney, née Rochard (f) – L. Bony – N. J. Bouchier – Bougeot – E. Brunvarlet, veuve Colin (f) – L. J. Calot – E. Charlot – M. Charbot, née Remy (f) – L. Chepy – J.-B. Cousin – M. Cuny Lomballe, née François (f) – C. Debeux, née Colin (f) – H. Destivaux – N. Fromy – J.-F. Gautier – E. Gérard, née Genon (f) – L. Godet – J. Gougiet (f) – N. Grenet – E. Hocmel – P. Jacquet – P. Leclanché – J.-P. Lefevre – L. A. Léo – C. Lombard – E. P. Marche, dit Barjouville – A. Masson (f) – J.-F. Mellot – J.-B. Noailles – M. F. Perignon, née Gérard (f) – H. Pognon – N. Renaudin

Autres (4) : F. Fancheux, née Henriquez (f) (dét) – V. Fancheux, sa fille (f) (dét) – C. Larbouilliad (dét) – A. P. Noël (dép)

Info : Le dossier de Bougeot est vide. Est simplement marqué sur la page de garde : « 9 vendémiaire an III, liberté ». (W457.168)

Info : Ce jour fut jugée l’affaire de Dun (Meuse). Des 35 personnes impliquées, 2 furent condamnées à mort et exécutées le lendemain, 33 furent acquittées et libérées, sauf la mère Fancheux et sa fille, maintenues en détention en raison de parents émigrés (W458.176). Etaient acquittés dans le cadre d’autres affaires Boilleau (W458.173), Bougeot (W457 168), Calot (W458.174), Charlot (W458.171), Leclanché (W457.170), Lombard (W457.167) et Marche (W458.172). 

1er octobre 1794 (10 vendémiaire an III)

Exécutés (2) : P. Aublin* – C. Jacquet*, née Renaud (f)

2 octobre 1794 (11 vendémiaire an III)

Libérés (2) : E. P. Hachin Courbeville – F. Lacombe
Autre (1) : E. P. Lamolere (dét)

3 octobre 1794 (12 vendémiaire an III)

Exécuté (1) : J. Raux

Libérés (10) : J. F. Durand – M. T. Durand, sa femme, née Fabert (f) – P. H. Gérard – M. E. Gérard, sa femme, née Vaultran (f) – F. Goly – I. Gond – J.-B. Guillar, dit Lacroix – C. Laposse – M. M. Marchand (f) – F. Remache

4 octobre 1794 (13 vendémiaire an III)

Libérés (10) : J.-B. Barré – N. Berthelemy – J.-B. G. Colle – A. M. Cordier, née Pantelage (f) – J.-B. Douce – M. C. Godard, veuve Thibault (f) – C. Godbillot – L. Henry – P. Lefevre – R. Marandel

Autre (1) : D. Sabatier (dét)

5 octobre 1794 (14 vendémiaire an III)

Exécuté (1) : P. Davesne* (p)

Libérés (4) : P. J. Grimeissen – M. E. Grimeissen, sa femme, née Rœderer (f) – J. Reveillé – J. J. V. Vernier

Info : Le non-lieu de Jean Joseph Valentin Vernier, commissaire des guerres de la 17e division, arrêté au bureau des malades à Paris, est daté à la fois du 14 vendémiaire en entête, et du quinze, en fin de document. (W460.189)

6 octobre 1794 (15 vendémiaire an III)

Libérés (3) : M. A. Bertier, née Galant (f) – J. Gardet – J. A. Marin

Info : N’est pas noté ici Jean Joseph Valentin Vernier, compté la veille. Voir la note.

7 octobre 1794 (16 vendémiaire an III)

Libérés (5) : F. Bazin – J.-M. Dussange – J. Goussé (ou Gousset) – L. Merignac – J. F. Rey

8 octobre 1794 (17 vendémiaire an III)

Exécutés (7) : J. Billiard – P. Boureau – P. A. Chabrignac, dit Condé – F. Drouin – A. Guerrier – H. F. Guillon du Plessis – E. P. Renard
Libérés (10) : F. Bonneville – E. Calouard – P. T. Charpantier – C. E. Fontanges (f) – L. R. Garreau – M. A. Girault – J.-B. Guespey – L. Guillon – U. Metay – L. G. Vaubecourt

Autre (1) : J. Moreau St Martin (dét)

9 octobre 1794 (18 vendémiaire an III)

Libérés (17) : P. A. F. Bérulle – A. L. N. Bérulle, veuve Latourdupin (f) – F. M. Blondeau, veuve Rolland (f) – L. J.-B. Boucher – P. Bouis – S. Brioland, née Caillet (f) – I. Burrer (17 ans) – L. H. V. Callardeau – P. Carmantrand, dit Court d’argent – J.-B. Chauveau – A. C. Duquesnoy – L. Poussain – A. Rateau – M.-A. Thiebaud (f) – J. D. Trevey – L. A. Trouche – J. Vouron

Autre (1) : P. A. Dulac (dét)

10 octobre 1794 (19 vendémiaire an III)

Libérés (16) : P. Attas, dit La Pointe – L. L. F. Brancas Lauraguais – E. J. F. Chieusses, dit Vilpey – F. Cordies (f) – A. Court – E. Court, son frère – P. Crochet (f) – J. N. Depinois – N. R. Gauffe – J. Gavet – J. R. Lecauf, dit Banoville – R. M. L. Loubers – A. C. F. Maillar, veuve Harcourt (f) – J.-B. Planson – J. P. Poisson – C. A. Sivard Beaulieu

Autres (10) : A. A. Beaudreville (dét) – B. J. S. Berthou, née Lahaye (f) (dét) – M. A. J. Camprond, veuve d’Anneville (f) (dét) – J. Dursus (dét) – L. T. S. A. La Cour (dét) – J. V. Lamare, née Béatrix (f) (dét) – M. S. F. Lamperiere, veuve Poirier (f) (dét) – J. F. Mesnildot, née Jallot (f) (dét) – M. C. T. Simon, veuve Lamare (f) (dét) – J.-F. Vauquelin (dét)

12 octobre 1794 (21 vendémiaire an III)

Exécuté (1) : F. A. Marguet (p)

Libérés (3) : L. C. Bergevin – F. P. Chafar – C. Lafond Savines

13 octobre 1794 (22 vendémiaire an III)

Libérés (10) : M. Chasaud, née Chiland (f) – P. Chiland, dit La Rigaudie – L. Colas – J. Frappet – P. Gratan – F. Guibert – C. S. H. Hennet – E. Lapetite – J.-B. Le Courtois – B. Vauréable

Autres (4) : Bernard, aîné (renv) – M. Bernard, son frère (renv) – P. Combes, père (renv) – P. P. De Caix (renv)

14 octobre 1794 (23 vendémiaire an III)

Libérés (7) : M. Barbuot, veuve Ganay (f) – A. L. Dubois de Coëbourg (ou Dubouays de Coiusbou) – P. M. Hayer du Perron – M. Morillot, veuve Marey (f) – F. A. Pichard Caillere – H. Robin – L. J. P. N. Savary Calail

Autres (2) : G. Bardon Duméage (dét) – E. Lahossois (dét)

15 octobre 1794 (24 vendémiaire an III)

Exécuté (1) : F. Beaufils

Libérés (16) : E. J. A. S. Aubery, l’aîné – J.-B. B. Bonnefou – L. Brée – L. Clément – C. Dosle – L. Gonel (18 ans) – Hourdé – E. Jouaneau – Pierre Labauge, père – Pierre Labauge, fils (16 ans) – M. P. Malfilatre – E. N. Ogoumare – C. A. Olivier – E. Roger, veuve Secbach (f) – G. Serda – B. Touron

16 octobre 1794 (25 vendémiaire an III)

Libérés (11) : P. Barthès, dit Labiche – B. Fauconnier Bernaville, née Percy (f) – L. Henry – P. H. H. Le Forestier – F. C. A. Leherissier, née Hué (f) – J.-F. R. Le Roy, dit Campgrain – J. B. Levasseur, dit Dhiéville – M. V. Lottin, née Fertel (f) – F. B. C. Mauconvenant – M. L. C. Mauconvenant, sa femme, née Le Filastre (f) – M. Richarme

Autres (4) : M. T. Du Trésor, née Crèvecœur (f) (dét) – J. Jean, dit Sans Peur (dét) – R. C. Lagonnivieve (dét) – J. Lagonnivieve, née Regnouf (f) (dét)

17 octobre 1794 (26 vendémiaire an III)

Libérés (2) : P. Odocourter – J.-B. Vernier, fils

Autres (2) : M. Castelan (dét) – J.-L. Trotobas (dét)

18 octobre 1794 (27 vendémiaire an III)

Libérés (10) : R. Chauchy – P. F. Cordier – M. Dubois (f) – N. F. Dunoyer – A. Faverot, veuve L’Etoublon (f) – J. Herblot – J. J. L’Etoublon – G. Mercier – J. Ruffray – F. Thoynel

Autres (3) : G. A. Delort (dét) – A. J. Dutrousset Dobsonville (f) (dét) – J. E. Le Dain (dét)

19 octobre 1794 (28 vendémiaire an III)

Libérés (9) : P. Alexis – J. P. F. Audiffret – E. F. Bouley – F. M. J. Delaville – B. Dufour – J. Lacoste – G. F. O. La Rousselière – M. A. Pilot (f) – M. P. Rousseau

Autre (1) : J. Charrier (dét)

20 octobre 1794 (29 vendémiaire an III)

Libérés (7) : D. M. Altaroche – F. Boisson – A. Corcoral, aîné – A. A. Corcoral, le jeune – J.-F. Mialhe – A. Tabart – J. A. Vial

Autres (2) : J. M. Avice (dét) – L. Reguex (renv)

21 octobre 1794 (30 vendémiaire an III)

Libérés (20) : A. Alaric – J. Albier – L. d’Aubech – J. Braconnat – A. Chaumont – J. Froment – L. Grossaint – A. Lacoste – M. Lafagerdie, veuve d’Arluc (f) – F. Lagarde – M. A. Lajunie, veuve Brossard (f) – P. J. Lelardeux – P. Mauduit – F. Melon jeune – J. J. Meynard, dit Fourtou – G. Polonière – L. Saint-Priest du Chambon – J.-P. Sartelon – F. Saugeyron – J. J. Soustré

Info : Des 20 personnes libérées ce jour, 16 d’entre elles avaient déjà été acquittées par un tribunal compétent. Elles étaient originaires de Tulle (Corrèze), sauf Alaric qui était d’Aurillac (W473.293). Les 4 autres personnes libérées étaient Grossaint (W472.291), Lelardeux (W472.292), Mauduit et Polonière (W472.290).

22 octobre 1794 (1er brumaire an III)

Libérée (1) : B. de Wenter (f)

23 octobre 1794 (2 brumaire an III)

Libérés (5) : J.-B. Delaitre (ou Deletre) – L. Douceur – P. J. Leborgne – J. L. Lemaire – A. J. Lhuillier

24 octobre 1794 (3 brumaire an III)

Libérés (4) : A. Brodhay, fille (f) – J. Fleury – L. Philippe, fils (17 ans) – C. P. M. Radix de Sainte-Foy

Autres (5) : J.-J. Brodhay, père (6mois.p) – J. Broquet (6mois.p) – D. Maguin (6mois.p) – A. Philippe, père (6mois.p) – C. J. Verdat (6mois.p)

Info : Excepté Radix de Sainte-Foy, toutes les personnes acquittées ce jour étaient prévenues d’avoir fait passer des valeurs d’or et d’argent à l’étranger, trafic organisé par Brodhay. Les 5 personnes reconnues coupables, sans intentions contre-révolutionnaires, furent condamnées à 6 mois de détention et à une amende du quart de la valeur des biens saisis et envoyés. (W473 299)

25 octobre 1794 (4 brumaire an III)

Libérés (8) : J. Baratte – J. F. B. Chabot (f) – J. H. Gauthier (f) – M. U. Grelier (f) – J.-B. Laperche – P. Pilliot – P. P. Pottofeux – J. Rubaud

Autre (1) : P. L. J.-B. Pusel (dét)

26 octobre 1794 (5 brumaire an III)

Libérés (11) : G. F. Bolé (f) – P. Brâley – J.-L. Charlet – P. Deforges (18 ans) – N. Demain – S. Goyard – C. Le Blanc – M. A. Le Blanc, sa femme, née Doucet (f) – C. Mathieu – J.-B. Toussaint – N. Toussaint, son frère (?)

Info : Claude Mathieu, 29 ans, bourrelier à Montagne-sur-Aisne, ci-devant Sainte-Menehould, libéré ce jour par délibération du Tribunal assemblée en la Chambre du Conseil (W474.308), avait été acquitté mais gardé en détention comme suspect le 9 décembre 1793 (W301.318).

27 octobre 1794 (6 brumaire an III)

Libérés (7) : E. F. Brochand – J. A. M. Brochand, sa femme, née Allais (f) – P. Chevalier, dit Bresse – E. J. S. Foulon Decotier – J. Pernel – J. Pion – J-B. D. V. Rochambeau

28 octobre 1794 (7 brumaire an III)

Libérée (1) : E. Aubonnet, née Seuré (f)

29 octobre 1794 (8 brumaire an III)

Libérés (3) : F. Boquet – J.-B. Sirey – J. J. Urvoy, née Guerin (f)

30 octobre 1794 (9 brumaire an III)

Exécutés (3) : P. Montel de Lambertie* – P. Moulin* – P. E. Pipaud*
Libérés (11) : F. I. Anstelt – F. Butenschoen – M. F. Chevallier (f) – E. P. Clavel – J. H. Godin – J. S. Herr – J. D. Hess – J. Koller – J.-J. Nestlin – L. Schram – F. Voigte

31 octobre 1794 (10 brumaire an III)

Libérés (6) : J. G. Fouinat, dit Brecy (14 ans) – A. Largues – J. J. Lespinasse Bournarel – C. F. P. Mouchet – J.-B. Rabanide – F. Surdour

Autres (2) : A. Combret, dit Marsillac (dét) – L. Dufraisse, dit Devianne (dét)

1er novembre 1794 (11 brumaire an III)

Exécuté (1) : F. Bidan
Libérés (6) : J. Alba – J. L. Cras – J. Duguet – J. Goupillier – F. Laurant – J. Royer (ou Royere)

Autres (3) : R. Mercier (dét) – Antoine Michaux, père (dét) – Antoine Michaux, fils (dét)

2 novembre 1794 (12 brumaire an III)

Libérés (51) : A. André – J.-P. Aujulas – J. Autayon (26 ans) – M. Autayon, née Thibet (f) (48 ans) – J. Autezon – A. Boisset – F. Boissin Laroche – L. J. Bonnaure (42 ans) – P. Bonnaure (35 ans) – J. Brahie – M. Chrestof (ou Christol), née Sivolfiere (f) – J. J. N. Desbouller (30 ans) – M. Desbouller (31 ans) – J. F. S. Deslebres – M. Divol (f) – B. Ducros – L. Duffes – Jacques Dumas (60 ans) – Jean Dumas (21 ans) – Jean Dumas (40 ans) – Jean Dumas (57 ans) – Joseph Dumas (25 ans) – Joseph Dumas (68 ans) – Louis Dumas (49 ans) – Thomas Dumas (35 ans) – J. Gros – A. Hugard – André Jullian (33 ans) – Jacques Jullian (49 ans) – Jean Jullian (51 ans) – Joseph Jullian (43 ans) – L. R. F. S. La Sommaiserie – P. Malignon – B. Mathieu (22 ans) – J. Mathieu (51 ans) – J. Nadal – J. Pagés (65 ans) – P. Pagés (30 ans) – Antoine Pascal (38 ans) – Pierre Alban Pascal (25 ans) – Rose Pascal (f) (22 ans) – A. Perre (26 ans) – J. Perre (18 ans) – G. F. Ranque – P. Roumestant – J. Thoulouze (25 ans) – P. Thoulouze (22 ans) – E. Venissa (25 ans) – J. Venissa (55 ans) – M. Venissa, née Thibon (f) (53 ans) – L. With

Info : Toutes ces personnes, sauf 4, demeurant à Creuzière supérieure (Ardèche) ou dans le district, étaient prévenues de complicité dans l’assassinat de Malignon, agent national de la commune de Cruzières-Saint-André (Ardèche) qui avait fait arrêter puis libérer des déserteurs. Elles furent libérées par non-lieu (W478.338). Les 12 jeunes en âge de la réquisition (Jean Autezon, Pierre Bonnaure, Jean Jacques Nicolas Desbouller, Barthe-lémy Ducros, Thomas Dumas, André Jullian, Baptiste Mathieu, Pierre Alban Pascal, Antoine et Jean Perre, Jean Thoulouze et Etienne Venissa) furent en outre enjoints de rejoindre leurs corps. N’étaient pas concernés par cette affaire La Sommaiserie, Ranque, Hugard et With, ces trois derniers, acquittés, étant contraints de restituer à qui de droit des sommes perçues par eux auprès de volontaires. (W477.337)

Info : Augustin Hugard, 31 ans, ex-libraire à Strasbourg, acquitté ce jour dans une affaire de détournement de jeunes de la réquisition à prix d’argent (W477.337), avait déjà été acquitté et libéré dans le cadre d’une autre affaire, le 12 mai (2 floréal) précédent (W363.793).

3 novembre 1794 (13 brumaire an III)

Libérés (9) : J. G. Boisset – J.-B. L. Deveze – A. L. R. Dubourg, ex-femme Le Muet Thurigny (f) – A. Fleurisson – M. Gravier, veuve Fleurisson (f) – C. F. Maucler, veuve Doyen (f) – G. Rampillon – L. R. Ranconnet Noyau – J. Trousselot, née Loudinot (f)

Autre (1) : N. Bergasse (dét)

Info : Jacques François Bernot-Charant, mis en liberté provisoire le 8 juin 1793, fut définitivement rendu à la liberté ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W479.344)

4 novembre 1794 (14 brumaire an III)

Libérés (10) : J.-C. Boutay – M. Boutay, sa femme, née Pierrot (f) – J. Chambon, née Laroche (f) – F. L. Commerell – J.-F. Euvrard – F. G. Gambs – C. A. Grosdidier – C. L. E. Linange, veuve Lowenstein (f) – P. Philippe – B. Tort, dit Lasonde

5 novembre 1794 (15 brumaire an III)

Libérés (6) : P. Herluison – G. Magnin – C. F. Mesny, dit Daniel – A. Munier – J. D. Papegay (f) – P. Seigné

Autre (1) : N. Million (dét)

6 novembre 1794 (16 brumaire an III)

Exécuté (1) : B. Arcelot

Libérés (3) : A. Lamotte – M. C. Marchand (f) – J.-B. Thibaut

7 novembre 1794 (17 brumaire an III)

Libérés (2) : G. Auproux – J. Wencker

Autre (1) : M. Méry, née Mouxi (f) (renv)

Info : La liberté provisoire accordée le 7 octobre 1793 à Pierre Méel fut rendue définitive ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W482 363)

8 novembre 1794 (18 brumaire an III)

Libérés (10) : G. Calliot – G. Carra – P. R. Frignet, dit Moutant – A. Huet – F. C. Kellermann – J. Le Noan – L. Leteur – F. R. Pean – P. Reculet – F. N. Souché, dit Bremodiere

9 novembre 1794 (19 brumaire an III)

Libérés (3) : P. J. Blien (13 ans) – J. Planche – J. F. Pretot (ou Pretat)

Info : La décision concernant Pierre Joseph Blien, 13 ans, éventailliste à Paris, avait été ajournée à 6 mois le 8 mai 1794 (W362.778bis). Le Tribunal révolutionnaire assemblé en la Cham-bre du Conseil le rendit à la liberté ce jour. (W483.375)

11 novembre 1794 (21 brumaire an III)

Libérés (3) : J. Berthomé – F. Boer – G. Poullet

12 novembre 1794 (22 brumaire an III)

Libérés (11) : J.-B. Beausire – P. G. Dufrene – G. Maire, née Ecarnot (ou Carnot) (f) – G. Malroc, père – P. Malroc, fils – C. A. Minary – J. Pouget – P. Rigolage (f) – J. C. Rouvairoller – J. G. T. Simorre – P. Voyzin
Autre (1) : N. C. Chambaud (dét)

13 novembre 1794 (23 brumaire an III)

Libérés (5) : A. Bourgeois – A. Briard – J.-F. Chamois – M. E. Dasson, née Preaudeau (f) – J. Moreau St Martial

Info : Mis en liberté provisoire le 26 octobre 1793, Jean-Charles Thomas Asselin et Jean-Jacques Constant Renard furent rendus définitivement à la liberté ce jour. Etant déjà libres, ils ne sont pas comptés ici. (W292.200, W485.391)

14 novembre 1794 (24 brumaire an III)

Libérés (5) : P. Bracelet – E. Cart – C. B. Decaisne, fils – P. Decaisne, père – E. Reslu

15 novembre 1794 (25 brumaire an III)

Libérés (2) : C. Mugeherc, veuve Vigerale (f) – L. F. Savarin

Autre (1) : J. A. Levet (dét)

16 novembre 1794 (26 brumaire an III)

Libérés (9) : G. Bernot – P. Degreve – C. Degreve, sa femme, née Kiefer (f) – M. Delaporte – F. M. Le Vanier – C. Pajot – J.-J. Rayna – M. Reffatin – J.-J. L. M. Villa

17 novembre 1794 (27 brumaire an III)

Libérés (2) : P. Benoit (f) – J. Dezanneau

Autres (2) : J.-B. Luzy (dét) – H. Luzy, sa femme, née Baillard des Combaux (f) (dét)

18 novembre 1794 (28 brumaire an III)

Libérés (36) : J.-L. Ansel – M. L. Anselin (f) – M. Aubry, veuve Ansel (f) – J. Bender – C. J. Bergau – M. M. Bourse (f) – P. Darmenson – M. A. Darmenson, sa femme, née Corbeau (f) – J.-C. P. Dessirier – D. Dhuart – M. Dhuart, sa femme, née Cabouilly (f) – C. A. H. Duvalk – M. J. Fasquelle (f) – M. Goulet, veuve Aubry (f) – A. Henck – G. Klarmann – P. J. Lanchy, père – M. F. Lanchy, sa femme, née Petitquenot (f) – H. Lanchy, fils – J. A. Lanchy, fille (f) – J. F. Lanchy, fille (f) – L. Marçais – N. Omont – E. Omont, sa femme, née Sandrey (f) – L. Pelisson (f) – C. M. Pelletier – M. F. Pelletier, sa femme, née Leverve (f) – M. C. Receveur (f) – J. Rethaller – M. A. B. Rethaller, sa femme, née Dassonville (f) – M. Rethaller, frère – R. J. Rethaller, sa femme, née Hellebois (f) – J. Scherer – A. Vanderline (f) – A. Versen – F. A. Welke

Autre (1) : P. L. Bureau, dit Charmoy (dét)

19 novembre 1794 (29 brumaire an III)

Libérés (9) : P. J. Baudot – J. F. Boillon – J. N. Boillon, sœur (f) – M. G. Boillon (f) – J.-F. Colligny – J.-F. Gosse – J. E. Lobereau – M. J. C. Malmusse – J. N. G. Pierrot

Autre (1) : J. D. V. Gosse (dét)

21 novembre 1794 (1er frimaire an III)

Libéré (7) : E. Battant (ou Battaut) – L. B. Dhilliers – D. M. Jullien – M. Lemaître – A. Sarrazin – P. Sarrazin, son frère – A. Vauchelet

22 novembre 1794 (2 frimaire an III)

Libérés (7) : F. M. Dubreil, veuve Dubreil (f) – M. Ferron Sigonnière (f) – M. C. Locquet – F. Logerot Beaumont (f) – H. Logerot Montortout, sa sœur (f) – L. Noirjean – D. Toigat

Autre (1) : P. A. Vaussy (3mois.p)

Info : Pierre Anne Vaussy, 24 ans, cuisinier, caporal fourrier au 1er bataillon de Jemmapes, arrêté à Blois, s’était fait passer pour un représentant du peuple afin d’extorquer des con-tributions aux citoyens. Acquitté de crime contre-révolutionnaire, il était néanmoins condamné à payer 15 livres d’amendes et à 3 mois de détention. (W488.423)

23 novembre 1794 (3 frimaire an III)

Libérés (3) : J. Portanier – S. Schmith – F. Viala (f)

24 novembre 1794 (4 frimaire an III)

Libérés (2) : J. André – P. D’Ervillé

25 novembre 1794 (5 frimaire an III)

Libérés (6) : C. J. Castarede – N. Colbert – P. Duval – L. A. Fasquelle – J. P. Joblet – F. Sentis

27 novembre 1794 (7 frimaire an III)

Libéré (1) : J. Lanty

28 novembre 1794 (8 frimaire an III)

Libéré (1) : M. L. R. Rançon (f)

Info : Marie Louise Restitue Rançon, marchande en gros de cocardes et boutons à Paris, n’était pas à pro-prement parler libérée. Acquittée de crime contre-révolutionnaire, elle était condamnée à passer 4 jours en prison et à payer une amende de 5 livres. Autant dire rien. (W490.436)

29 novembre 1794 (9 frimaire an III)

Libérés (4) : J.-B. J. Barré – C. J. Gamache (f) – J. G. Leblond – G. Queyssat

1er décembre 1794 (11 frimaire an III)

Libérés (2) : B. George – J. A. F. Daudier

2 décembre 1794 (12 frimaire an III)

Libéré (1) : B. Poux

3 décembre 1794 (13 frimaire an III)

Libérés (4) : M. F. Carle-Mogelly (f) – A. J. Parez – C. Parez, sa femme, née Laporte (f) – J. V. Tons

5 décembre 1794 (15 frimaire an III)

Libérés (2) : J.-B. Chaustier – C. Coudray

Autre (1) : C. F. Barral, veuve Fontanges (f) (dét)

Info : Le dossier de la veuve Fontanges ne contient que l’inventaire des pièces, celles-ci ayant été remises au Comité de sûreté générale le 8 nivôse an III. (W490.447)

6 décembre 1794 (16 frimaire an III)

Libérés (4) : S. Bée – P. F. Buchet – S. Dumoulin d’Escoutancerie (f) – J. L’Huillier

Info : Simon Bée, grenadier au 25e régiment, et Joseph L’Huillier, grenadier au 67e régiment du Languedoc, arrêtés tous les deux à Clermont (Oise) pour propos inciviques, avaient été renvoyés à leurs corps respectifs le 3 décembre 1793 sur décision du Tribunal (W300.301). Mais ils étaient restés en prison et ne furent libérés par non-lieu que ce jour, après 14 mois de détention  (W490.449).

7 décembre 1794 (17 frimaire an III)

Libéré (1) : F. Foucher Monceau

Info : Les principales pièces du dossier de François Foucher Monceau, procès-verbal d’audience, questions aux jurés et ordonnance d’acquit, manquent. Son acquittement est signalé sur la couverture du dossier. (W491.452)

8 décembre 1794 (18 frimaire an III)

Libérés (8) : L. A. André – L. Biscarrat – F. U. Brion, veuve Dume (f) – L. J. Dauvillers – F. Lansard – F. Menil – J. Pelegrin – A. Philipon

Autre (1) : C. V. F. Du Bois, née d’Arthaud (f) (dét)

9 décembre 1794 (19 frimaire an III)

Libérés (4) : L. T. Baron – F. G. T. Baron, sa fille (f) – C. M. Cacqueray – L. H. Landron

11 décembre 1794 (21 frimaire an III)

Libérés (5) : J. Arbouys, dit Grand Cadet – E. Bargès – C. T. Béon – A. M. Hue, dit Mousseron – P. Obilet

12 décembre 1794 (22 frimaire an III)

Libérés (8) : J. Bouquet – C. G. V. J.-B. B. Duwicquet – R. V. Duwicquet, sa sœur (f) – M. H. Germain (f) – T. Jourdan – L. Pinet – J. Rousseau – M. P. B. Rousseau, son fils

Autre (1) : P. Lascous (dét)

13 décembre 1794 (23 frimaire an III)

Libérés (2) : T. J. Lefevre – J.-F. René

15 décembre 1794 (25 frimaire an III)

Libéré (1) : J.-M. Lagarde Saignes

16 décembre 1794 ( frimaire an III)

CARRIER ET SES COMPLICES À NANTES

Exécutés (3) : J.-B. Carrier (p) – M. Moreau, dit Grandmaison – J. Pinard

Libérés (30) : J. M. Bachelier (ou Bachellier) – A. N. Bolognie – J. Boulay – J. Boussy – J. Chartier – P. Chaux – F. Coron – N. Crépin – P. Ducout – J.-F. Durassier – C. Forget – P. Foucault – P. Gallon – J. Gauthier – J.-J. Goulin – P. Guillet – J. d’Héron – J.-B. Joly – C. F. Lefebvre – J. Lévêque – P. Macé – J.-B. Mainguet – L. Naud – R. Naud – J. O’Solivan – J. Perrochaux – Y. Proust – C. Richard – P. Robin – J. Vic

17 décembre 1794 (27 frimaire an III)

Libérés (9) : M. Chavanne, veuve Mondion (f) – L. Ferré – L. F. Ferrieres Fauxbœuf – P. Gracet – J. Guillot, dit Larchevêque – N. F. Le Roy – J. Meallet Paulveriès, dit Des Courges – A. Meuguio – J. M. Pannet

18 décembre 1794 (28 frimaire an III)

Libérés (3) : J. A. Bourgeois – F. Giraud – P. I. Rousset

DECRET : Toutes les procédures commencées par le Tribunal révolutionnaire sont suspendues en attendant son renouvellement. (Procès-verbal de la Convention nationale)

2 janvier 1795 (13 nivôse an III)

DECRET : Le personnel du Tribunal révolutionnaire est renouvelé. (Procès-verbal de la Convention nationale) Il l’avait déjà été le 1er août 1794 (14 thermidor an II).

24 janvier 1795 (5 pluviôse an III)

DECRET : « Aucun individu dénoncé ne pourra être renvoyé au tribunal révolutionnaire sans un rapport préalable du comité de sûreté générale. » (Procès-verbal de la Convention nationale)

30 janvier 1795 (11 pluviôse an III)

Libéré (1) : A. Rouquette

1er février 1795 (13 pluviôse an III)

Libéré (1) : J.-B. C. Vaubertrand

Autres (3) : J. Blum (renv) – A. Gœppers (renv) – J. Kuhn (renv)

3 février 1795 (15 pluviôse an III)

Autres (13) : A. Autonat, veuve Richou (f) (renv) – G. Bernard, née Charasse (f) (renv) – J. Chalambert (renv) – M. Chalambert, sa femme, née Richou (f) (renv) – A. Gimbert (renv) – C. Gimbert, sa femme, née Bonnefoi (f) (renv) – P. Gruau, dit Hangevin (renv) – M. Gruau, sa femme, née Richou (f) (renv) – P. Marchand (ou Pierre ?) (renv) – M. Patures (renv) – A. Richou (renv) – E. Richou (renv) – Vergne (renv)

Info : Toutes ces personnes, prévenues de vol de deniers publics les 26 nivôse et 16 pluviôse an II, étaien renvoyées devant le directeur du juré de Riom (W495.493). Notons qu’il y a peut-être une erreur de nom. Le document ne permet pas de savoir si Pierre Marchand était forain ou si cette personne s’appelait Pierre, marchand forain.

4 février 1795 (16 pluviôse an III)

Libérés (1) : J.-B. S. Demangeot

Autres (2) : J. Lauriere (dét) – P. Prévérault (dét)

5 février 1795 (17 pluviôse an III)

Libéré (1) : A. F. Charpentiers

6 février 1795 (18 pluviôse an III)

Libéré (1) : B. Bailleul
Autres (2) : J.-P. Mouly (renv) – F. Verdier (renv)

7 février 1795 (19 pluviôse an III)

Libérés (2) : F. Dubois, aîné, dit Jacques Clouet – J.-F. Dubois, cadet, dit Jean Lefevre (18 ans)

9 février 1795 (21 pluviôse an III)

Libéré (1) : A. Veuillet

Autres (2) : A. Marjolain (renv) – F. Ollivier (renv)

11 février 1795 (23 pluviôse an III)

Libéré (1) : P. Pillet

Autres (2) : D. P. Cabaret (renv) – N. Deschamps (renv)

Info : Ne pas confondre Philibert Pillet, 43 ans, ci-devant curé constitutionnel de la paroisse de Cours, district de Villefrance (Rhône-et-Loire), accusé d’avoir tenu des propos contre-révolutionnaires et de fanatisme, rendu ce jour à la liberté par jugement du Tribunal révolutionnaire assemblé en la Chambre du Conseil (W495.505) avec son parfait homonyme acquitté l’année précédente, le 16 mai 1794 (27 floréal an II) (W366.817).

14 février 1795 (26 pluviôse an III)

Libéré (1) : A. Frédéric

15 février 1795 (27 pluviôse an III)

Libérés (3) : J. A. Aubert (17 ans) – J.-M. Campana – F. N. J. Py (17 ans)

16 février 1795 (28 pluviôse an III)

Libérés (2) : B. Flamand – F. Humblé

Autre (1) : F. Cleradin (renv)

17 février 1795 (29 pluviôse an III)

Libérés (3) : F. Guilbert – M. Lacoste, dit Lagelie – F. Vergnasco

20 février 1795 (2 ventôse an III)

Libéré (1) : J. V. Delacroix

22 février 1795 (4 ventôse an III)

Exécutée (1) : M.-T. Jacquet*, née Marchal (f)

Libérés (2) : J.-B. Cazin – J. Rivierre

Info : Le Tribunal révolutionnaire assemblé en la Chambre du Conseil fit mettre ce jour Jean Rivierre en liberté (W496.521). Chose unique et étrange, le Tribunal rendit exactement le même jugement le 22 floréal suivant (11 mai) (499.551). Voir la note à ce jour.

23 février 1795 (5 ventôse an III)

Libérés (2) : T. Buraud (18 ans) – A. Pascal Neveu

Autres (2) : C. Cavaillé, née Bonnet (f) (dét) – B. Raynal (dét)

24 février 1795 (6 ventôse an III)

Autre (1) : A. L. B. Magnie (renv)

1er mars 1795 (11 ventôse an III)

Libéré (1) : C. N. Bordeaux

2 mars 1795 (12 ventôse an III)

Libéré (1) : J. S. Robillard

4 mars 1795 (14 ventôse an III)

Libérés (2) : G. Derissart – F. Tourret

9 mars 1795 (19 ventôse an III)

Libéré (1) : C. Perrin

12 mars 1795 (22 ventôse an III)

Autre (1) : T. W. Bardon (dét)

13 mars 1795 (23 ventôse an III)

Autres (2) : V. Pierry (renv) – P. Toy (renv)

14 mars 1795 (24 ventôse an III)

Autres (2) : J. Franck (renv) – N. Plessis (renv)

16 mars 1795 (26 ventôse an III)

Libérée (1) : M. Conversa, dite Sophie (f)

21 mars 1795 (1er germinal an III)

Libéré (1) : A. Lacroix

23 mars 1795 (3 germinal an III)

Autre (1) : A. A. Bonet (renv)

25 mars 1795 (5 germinal an III)

Libéré (1) : T. Mottier

26 mars 1795 (6 germinal an III)

Libéré (1) : S. Dufresse

1er avril 1795 (12 germinal an III)

Autres (2) : J. Corbeau, dit Beauvais (renv) – F. Reiker (renv)

5 avril 1795 (16 germinal an III)

Autre (1) : L’Angrade (renv)

7 avril 1795 (18 germinal an III)

Libéré (1) : H. Hadouin

Autre (1) : M. Forel (renv)

13 avril 1795 (24 germinal an III)

Autres (3) : C. Beaulieu (renv) – J.-F. Laplanche (renv) – G. Rouchaud (renv)

Info : Claude Beaulieu, cultivateur, Jean-François Laplanche, expert géomètre, et Gilbert Rouchaud, officier de santé, tous trois deumerant à Gannat (Allier), prévenus d’avoir coupé un arbre de la liberté à Gannat et d’avoir attaché une cocarde blanche à un autre, furent renvoyés au tribunal criminel de l’Allier. (W498.541)

25 avril 1795 (6 floréal an III)

Autres (5) : F. Deslandes (renv) – P. Dumenne (renv) – J. Guécho (renv) – Jolivet (renv) – A. Kmorvan (renv)

27 avril 1795 (8 floréal an III)

Autres (2) : N. Brescha (dét) – P. Philip (renv)

28 avril 1795 (9 floréal an III)

Autres (2) : J. Ekmillner (dét) – F. Saitz (dét)

Info : Johnn Ekmillner, ainsi qu’il signe, est noté Jean Neckmir. (W498 545)

1er mai 1795 (12 floréal an III)

Libéré (1) : C. Hébert

Autre (1) : A. Férat (renv)

2 mai 1795 (13 floréal an III)

Libéré (1) : A. Vigouroux (ou Vigoureux)

6 mai 1795 (17 floréal an III)

Libérés (7) : J.-B. T. Beausire – F. M. Delaporte – G. Deliège – G. Ganney – J. Guiard – C. Harny – A. M. Maire

Autres (8) : J. E. Brochet (dét) – P. N. Chrétien (dét) – M. Duplay (dét) – J.-B. Lohier (dét) – M. C. Naulin (dét) – B. Treÿ (dét) – F. Trinchard (dét) – J. L. Valagnosc (dét)

Info : Jean-Louis Valagnosc, alors agé de 28 ans, ex-peintre en bâtiment à Paris, avait été condamné le 16 décembre 1793 à 6 heures d’expo-sition sur la place de la Révolution et à 12 ans de fers pour avoir abusé de la qualité de membre du comité révolutionnaire de la section des Termes de Julien (W302.332). En attendant son transfert, il avait été incarcéré à Bicêtre. Il avait alors dénoncé au Comité de la section Chalier le projet de ses compagnons de chaîne de s’évader en route. Sa première lettre étant restée sans réponse, il avait de nouveau écrit le 2 prairial an II (21 mai) une lettre qui, cette fois, avait été transmise au Comité de salut public (vue par Robespierre et Barère) qui la transmit le 19 prairial (7 juin) à la Commission des administrations civiles, police et tribunaux qui la transmit à son tour, le 23 prairial (11 juin), à l’administration de police et à la Commission de la marine et des colonies. Le 25 prairial (13 juin), le Comité de salut public avait déféré 15 détenus de Bicêtre au Tribunal révolutionnaire et, les 28  prairial et 8 messidor (16 et 26 juin), 73 personnes (37 + 36) avaient été exécutées sous prétexte de conspiration à Bicêtre. Acquitté ce jour dans le procès des ex-membres du Tribunal révolutionnaire où il figurait comme délateur, Valagnosc fut cependant renvoyé en prison, sans toutefois que sa peine de 12 ans de fers soit confirmée (W499 550).

7 mai 1795 (18 floréal an III)

FOUQUIER-TINVILLE

Exécutés (16) : P. G. Benoist* (p) – P. J. Boÿaval* (p) – C. L. Chatelet* (p) – F. Dupaumié* (p) – E. Foucault* (p) – A. Q. Fouquier-Tinville* (p) – F. P. Garnier-Launay* (p) – P. F. Girard* (p) – A. M. J. Herman* (p) – M. E. J. Lanne* (p) – P. N. L. Le Roy*, dit Dix-Août (p) – J.-L. Prieur* (p) – L. Renaudin* (p) – G. T. Scellier* (p) – J. Verney* (p) – J. Vilate* (p)

Info : Dernière lettre de Fouquier-Tinville, destinataire inconnu : « Je n’ay rien à me reprocher, je me suis toujours conformé aux loix ; je n’ay jamais été créature de Robespierre ny de Saint Just ; au contraire j’ay été sur le point d’être arrêté quatre fois, je meurs pour ma patrie et sans reproche : je suis satisfait ; plus tard on reconnaîttra mon innocence. A. q. Fouquier » (W499.550)

11 mai 1795 (22 floréal an III)

Libéré (1) : J. Rivierre

Info : Ce jour, le Tribunal révolu-tionnaire assemblé en la Chambre du Conseil déclare qu’il n’y a pas lieu à accusation contre Jean Rivierre, de St-Clar (Gers), « prévenu d’avoir em-ployé des manœuvres perfides et contre-révolutionnaires [c’est-à-dire des propos tenus en 1792] pour détourner les habitans des campagnes de la soummission aux loix nouvel-les », et ordonne qu’il soit à l’instant mis en liberté (499.551). Le dossier ne contient qu’une pièce : le jugement de la Chambre du Conseil du 22 floréal an III. Le 22 février (4 ventôse an III) précédent, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil avait déjà prononcé un non-lieu en sa faveur et sa mise en liberté. Il était alors accusé d’avoir tenu en 1792 des propos « tendant à détourner les habitants des campagnes de la soummission aux lois nouvelles, à avilir les autorités constituées et même l’Assemblée légis-lative » (W496.521). Les jugements du 4 ventôse et du 22 floréal ne se complètent pas. Le premier n’est pas une mise en liberté provisoire, le second une mise en liberté définitive. Rivierre n’était pas non plus jugé pour une affaire dans laquelle il aurait été impliqué après sa première libération, puisqu’il s’agit manifestement de la même affaire. Sauf la date, ces jugements sont donc identiques, ce qui est unique et inexplicable.

17 mai 1795 (28 floréal an III)

Autres (3) : F. Le Batteux (renv) – Mary (renv) – F. Perdreau (renv)

31 mai 1795 (12 prairial an III)

SUPPRESSION DU TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE

DECRET : « Le tribunal criminel extra-ordinaire, créé par la loi du 13 mars 1793, est supprimé. » (art. 1) Les affai-res relevant du Tribunal révolutionnaire sont renvoyées aux tribunaux criminels qui les instruiront d’après la loi du 16 septembre 1791. « Les accusés traduits par un décret du corps législatif pour fait de conspiration ou attentat à la sûreté public, seront jugés par le tribunal auquel ils auront été renvoyés, dans la forme déterminée par la loi du 8 nivôse. Les jugements seront exécutés sans recours ni appel. » (art. 4) (Procès-verbaux de la Convention)

 

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Bilan chiffré (définitif).jpg

* Ma liste alphabétique des personnes jugées par le Tribunal révolutionnaire de Paris, ou sur le cas desquelles le Tribunal a statué, porte sur 5350 personnes (numérotation automatique, donc exacte). Le total ci-dessus (5398) ne peut évidemment pas correspondre, car certaines personnes n'apparaissent pas (notamment les condamnés qui se suicidèrent et les femmes condamnées à mort s'étant déclarées enceintes et ayant été libérées après le 9 thermidor) tandis que d'autres apparaissent deux fois. (Ce nombre est également inférieur au nombre de décisions ou jugements rendus par le Tribunal, car certaines personnes ont fait l'objet de plusieurs décisions mais n'apparaissent qu'une fois dans mes tableaux, comme celles ayant été libérées définitivement après avoir été mises en liberté provisoire.)
> 2 hommes qui se suicidèrent le jour de leur condamnation :


 

TERREUR - Graphique des chiffres (complet).jpg

Le nombre de détenus politiques est tiré des Archives Parlementaires, dans lesquelles on trouve les rapports quasi quotidiens que le Comité de sûreté générale faisait à la Convention sur l'état des prisons politiques parisiennes.

TERREUR - Les fournées.jpg

 Pour des personnes jugées révolutionnairement en province, voir le site : http://les.guillotines.free.fr/

21:47 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (11) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 13 mai 2014

LA REVOLUTION (vidéo)

Philippe Landeux - Salon du Livre - 23 mars 2014

Entretien avec l'Agence Info Libre sur Robespierre et la Révolution

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Cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo.

samedi, 11 janvier 2014

ROBESPIERRE, L'AME DE LA REVOLUTION (livre)

Robespierre - l'Âme de la Révolution - présentation couv recto.jpgrobespierrepeinture - Anonyme - vers 1790.jpgMaximilien Robespierre fut l’âme de la Révolution populaire et démocratique. Sa pensée est encore révolutionnaire à bien des égards et son exemple pourrait s’avérer fort utile par les temps qui courent. Les patriotes d’aujourd’hui seraient bien avisés de s’inspirer des patriotes d’antan qui eurent le courage de sauver la patrie à quelque prix que ce soit. Il est facile de jeter la pierre à ceux qui ont fait leur devoir. Mais ceux qui blâment leurs aînés sauront-ils, comme eux, préserver leurs droits, leur vie, leur peuple, leur pays ? Connaissent-ils d’ailleurs leur véritable histoire ?

« Réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République, et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux. » (Babeuf) Le peuple français ne s’y trompait pas. Ses ennemis non plus ! et pour dompter le peuple, ils ont tué ses plus généreux défenseurs, Robespierre au premier chef. Ils ont fait plus : pour faire prévaloir leurs systèmes sans avoir à les justifier, ils ont façonné un épouvantail pour que le peuple renonce de lui-même à sa propre cause et maudisse machinalement ses champions ; ils ont fait de la Révolution un crime et de Robespierre un monstre.

Mais qui était vraiment Robespierre ? Que voulait-il ? Qu’a-t-il fait au juste ? Qu’en reste-il ? C’est tout l’objet de ce livre qui est plus une étude (notamment des points controversés) qu’une biographie. Ce que chaque Français devrait savoir à son sujet est là.

Robespierre, l’Âme de la Révolution (Nation & Démocratie) est la version corrigée et augmentée de mon Robespierre, la Terreur des traîtres à la Nation (2012), titre choc mais impropre. Cette étude introduit ou complète mon Robespierre parle aux Français, intégrale de ses discours, sorti entre-temps.

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Cliquez ICI ou sur l'image pour commander le livre

308 pages

16 €

                        SOMMAIRE

Robespierre, l'Âme de la Révolution (p. 3 à 92)

La démocratie selon Robespierre (p. 93 à 142)

Robespierre & la Vendée (p. 143 à 194)

Témoignages posthumes de contemporains (p. 195 à 206)

Annexes (p. 207 à 296)

samedi, 29 juin 2013

ROBESPIERRE parle aux FRANCAIS - bande audio

Bande audio de l'entretien vidéo du 30 mai 2013 avec le Cercle des Volontaires. Il s'agit d'un montage, ce qui explique que l'on passe parfois du coq à l'âne.

CDV.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image

00h 00mn 25s — Présentation de « Robespierre parle aux Français »
00h 05mn 28s — Ma légitimité pour parler de Robespierre
00h 12mn 30s — Contre le système représentatif / la démocratie
00h 17mn 07s — (coupure)
00h 19mn 40s — Les grandes périodes de la Révolution
00h 22mn 30s — Les positions de Robespierre sous les 3 Assemblées
00h 32mn 00s — Les contre-révolutions aristocratique et bourgeoise (les Lumières)
00h 36mn 15s — Robespierre au Comité de salut public
00h 37mn 15s — Les raisons du 9 thermidor
00h 40mn 40s — Robespierre et la Terreur
00h 42mn 25s — Robespierre, l’abolition de la peine de mort et la Terreur
00h 45mn 25s — La vertu selon Robespierre
00h 46mn 38s — Robespierre populaire
00h 49mn 18s — Une révolution sans révolution / La Révolution et Largent
00h 51mn 10s — Robespierre et l’esclavage
00h 52mn 50s — Robespierre et la Vendée / républicains et royalistes
00h 59mn 15s — Robespierre et la déchristianisation (l’Être suprême)
01h 01mn 35s — Robespierre et la loi du 22 prairial an II (la Grande Terreur)
01h 10mn 25s — La Révolution et Largent

Autant de sujets en une heure, traités spontannément, nous ne les avons évidemment que survolés. Mes deux ouvrages "Robespierre, la terreur des traîtres à la nation" et "Robespierre parle aux Français" fournissent infiniment plus de détails.

vendredi, 07 juin 2013

ROBESPIERRE PARLE AUX FRANCAIS (livre)

Pour la première fois, l'intégralité des discours de Robespierre, et bien plus encore.

Présentation : Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est exactement ce qu’ont fait les ennemis de Robespierre, figure de proue de la Révolution, apôtre de la Démocratie et champion de l’Egalité. Ils ont cru qu’en déversant sur sa mémoire les pires calomnies ils étoufferaient son souvenir, ses idées et feraient perdre au Peuple le fruit de ses leçons, de ses conseils et de son sacrifice, qui sont autant d’anathèmes contre eux. Ils ont réussi jusqu’à présent. Presque. Ils n’ont pu entièrement étouffer sa voix. Ils n’ont pu détruire ses discours. Ils n’ont pu rayer ce géant de l’Histoire. Tout a traversé le temps. Du fond de son tombeau, Robespierre exhorte encore les Français à relever la tête, à exiger la Justice, à défendre la Patrie. Si le peuple a oublié que, fut un temps, il n’écoutait et ne suivait que lui, à juste titre, il suffit de souffler sur les braises pour que ses mots et son exemple enflamment à nouveau le cœur des braves gens et rallument l’ardeur révolutionnaire.

Au-delà de son intérêt historique, le présent ouvrage est avant tout un livre de philosophie politique. En 860 pages de texte (900 pages en tout), il restitue l’intégralité des discours de Robespierre et l’essentiel de sa pensée.  Il contient 30 grands discours et rapports, 6 petits discours, 3 discours non prononcés, 11 articles, 6 adresses, 82 interventions plus ou moins complètes (sans compter celles non référencées) et 12 documents divers.

couverture - Robespierre parle aux Français - présentation2.jpg

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lundi, 03 septembre 2012

L'IMPOSTURE DES LUMIERES (présentation pour RL)

« Cet air de liberté au-delà des frontières,
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige,
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige,
Elle répond toujours du nom de Robespierre,
Ma France. »

Jean Ferrat, Ma France


A FORCE D’ETRE EBLOUI PAR LES LUMIERES
ON DEVIENT AVEUGLE

 Présentation de L’IMPOSTURE DES LUMIERES

pour et publiée par Riposte Laïque

Je savais depuis longtemps que les Encyclopédistes et autres philosophes tels Voltaire que l’on appelle « les Lumières » n’étaient pas la tasse de thé de Robespierre, rousseautiste comme tous les vrais révolutionnaires (Marat, Saint-Just, Couthon, etc.). « La plus puissante et la plus illustre [secte], déclara-t-il dans son discours du 18 floréal an II (7 mai 1794), était celle qui fut connue sous le nom d'encyclopédistes. Elle renfermait quelques hommes estimables et un plus grand nombre de charlatans ambitieux. Plusieurs de ces chefs étaient devenus des personnages considérables dans l'Etat : quiconque ignorerait son influence et sa politique, n'aurait pas une idée complète de la préface de notre Révolution. Cette secte, en matière politique, resta toujours au-dessous des droits du peuple : en matière de morale, elle alla beaucoup au-delà de la destruction des préjugés religieux. » Mais c’est la conférence donnée en juin dernier par Marion Sigaut, historienne, sur l’anti-humanisme des Lumières qui a attiré mon attention sur le sujet et m’a donné les éléments pour comprendre cette hostilité.

Les Lumières dont l’oligarchie nous rebat les oreilles depuis deux siècles ne sont pas les humanistes que l’on croit ; leur idéal ne fut pas celui de la Révolution, du moins celui des révolutionnaires. C’est donc une maladresse, pour ne pas dire une forfaiture, que d’associer les Lumières et la Révolution, comme d’appeler « philosophes des Lumières » tous les philosophes de cette époque, et « révolutionnaires » tous les acteurs de la Révolution. Outre que ces amalgames empêchent de rien comprendre à cette époque, ils flattent les uns sans raison et relègue les autres, plus méritants, dans l’oubli.

J’ai donc écrit un texte sur le sujet, à la fois résumé et commentaire de ladite conférence. Etant très documenté (de nombreux textes en notes), il est trop long pour être publié ici. En voici néanmoins le lien :

http://philippelandeux.hautetfort.com/archive/2012/08/20/l-imposture-des-lumieres.html

Les textes cités font apparaître que les Lumières désiraient jouir tout de suite et le plus possible, sans entrave pour eux et à quelque prix que ce soit pour les autres, pour les pauvres en particulier. S’ils chahutaient les « grands », ils méprisaient le peuple destiné, selon eux, à les servir. Ils dénonçaient à l’occasion de réels abus, mais proposaient, à leur avantage, des solutions pire encore. Ces hommes n’ont jamais mérité du peuple et de l’humanité ! Les droits du citoyen, le bien public, la souveraineté du peuple, la paix sociale, l’indépendance nationale, la justice, l’Egalité, la Liberté, la vertu, la patrie, la postérité… des mots sous leur plume ! des foutaises dans leur esprit !

Ainsi n’ont-ils jamais réclamer l’abolition de l’esclavage, mais seulement la fin de la traite devenue non-rentable. C’est d’ailleurs par l’esclavage (dans une cage de fer et sous les coups) qu’ils voulaient remplacer la peine de mort, et c’est encore à l’esclavage, dans les colonies, qu’ils vouaient les mendiants et les orphelins des hôpitaux. Ils envisageaient aussi de confier les orphelins à des paysans qui leur refuseraient toute tendresse et les soumettraient à leur place au tirage de la milice. Le peuple n’était pas « digne d’être instruit » ! Pour éviter qu’il ne tombe dans la débauche, il fallait supprimer les fêtes de village et inciter voire forcer les paysans à travailler gratos le dimanche après-midi. Ne devait évidemment avoir le droit de cité que les propriétaires. Enfin, en matière économique, suppression de la police des subsistances, suppression des corporations, « laissez faire, laissez passer », autrement dit, liberté pour les riches d’acheter, d’accaparer, de spéculer, d’affamer le peuple et de le réprimer en cas de révolte. L’aristocratie des riches, voilà ce que prônaient les Lumières ! voilà quelle fut, sous la Révolution, la ligne des Constituants et des Girondins après eux !

La Constituante (les Lumières appliquées) [voir en bas de page les repères historiques sur la Révolution] avait fait semblant d’abolir les privilèges en les décrétant rachetables (nuit du 4 août 1789), divisé les citoyens en deux classes (actifs et passifs), instauré le suffrage censitaire, exclu les pauvres de la garde soi-disant nationale, adopté la loi martiale, maintenu la peine de mort (Robespierre fut le premier à en réclamer en vain l’abolition), perpétué l’esclavage, dépossédé l’Eglise au profit des bourgeois, restauré un roi parjure, brisé les corporations, interdit les associations d’ouvriers, interdit les pétitions, instauré ce que nous appelons aujourd’hui l’ultra-libéralisme ; bref, elle avait systématiquement favorisé riches et puissants. Les Girondins, quant à eux, défenseurs de la haute bourgeoisie, s’illustrèrent en jetant la France dans une guerre contre toute l’Europe au nom de la Liberté (en réalité pour renflouer les caisses publiques et garnir les coffres privés), et en la précipitant dans la guerre civile. L’Histoire qualifie tous ces braves gens de « modérés » !

C’est Robespierre qui, à la Constituante, avait défendu, souvent seul, les droits de la nation, du peuple, des ouvriers, des pauvres, de la presse, des soldats du rang, du bas clergé, des juifs (23 décembre 1789), des Noirs, etc.. Ce sont les Montagnards (Jacobins) qui supprimèrent la distinction entre citoyens passifs et actifs, abolirent réellement les droits féodaux (17 juillet 1793), armèrent le peuple, assurèrent le pain, gelèrent le prix des denrées et produits de première nécessité, firent la guerre aux sangsues publiques, projetèrent l’institution de l’école gratuite et obligatoire, envisagèrent un système de sécurité sociale, abolirent l’esclavage (4 février 1794), etc., sans parler du fait que c’est eux qui surent mobiliser les forces de la nation pour sauver la patrie que les Girondins orgueilleux et inconséquents avaient mise en danger. C’est la déclaration des droits de 1793, inspirée de celle de Robespierre, plus audacieuse, notamment sur la question de la propriété (garantie par la société et bornée comme tout droit), qui respire l’humanisme. Quoique suspendue aussitôt en raison des circonstances, c’est la Constitution de 1793 (24 juin), pas celle de 1791, que le peuple fit sienne et réclama jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ce ne sont pas les Girondins, mais les Jacobins qui, à défaut d’être imités, inspirèrent le peuple dans les grands moments de conquêtes sociales et de résistance nationale (1814, 1871, 1940). Ce ne sont pas les Jacobins, les révolutionnaires, les Rousseau, mais les Girondins, les Constituants, les Encyclopédistes, les Voltaire, en un mot les Lumières qui ouvrirent la voie de l’élitisme crapuleux, du cynisme politique, de l’universalisme utilitaire, de la tartufferie droits-de-l’hommiste, de l’ingérence propre sur elle, du colonialisme, de la guerre impérialiste (de rapine), de l’immigrationnisme (néo-esclavagisme), de l’anti-populisme (euphémisme pour anti-populaire, anti-patriotique, anti-démocratique), de l’européisme, du mondialisme, etc.

Ainsi, quand on parle des Lumières et de la Révolution comme d’un idéal, sans trop connaître ces sujets, à quelle ligne idéologique pense-t-on réellement : à celle des Lumières ou à celle des révolutionnaires ? Qui était réellement humaniste, progressiste et démocrate ? Les révolutionnaires bien sûr, et en premier lieu Robespierre qui formula pour la garde nationale la devise qui est devenue et est encore celle de la « République ». 

Ce n’est donc pas rejeter l’idéal des révolutionnaires, considérés à tort comme celui des Lumières, que de démystifier les philosophes dits « des Lumières » eux-mêmes et rétablir la vérité au sujet des uns et des autres ; ce n’est jamais que rendre à César ce qui est à César ; c’est le devoir de tout honnête homme. A qui profite d’ailleurs la confusion qui soit interdit de creuser le cas des Lumières —et il ne faut pas creuser longtemps pour découvrir la supercherie — soit empêche de connaître les révolutionnaires dont le discours est encore révolutionnaire à bien des égards ? A qui, si ce n’est aux oligarques qui, à tort ou à raison, se réclament des Lumières pour en imposer au peuple ? Peut-on combattre un système en adoptant ses mythes et sa novlangue ?

C’est pourtant dans ce piège que sont tombés, dernièrement, Jean Pavée et Cyrano. « Que cache le réquisitoire contre Voltaire, si ce n’est la volonté de déconsidérer les Lumières, la République et la France ? » (Jean Pavée, 13 août 2012) « Nous aimons trop la France des Lumières, la Liberté, la vie, le rire, l’amour, l’humour, le vin, la spécificité de nos belles régions, la bonne chair, l’esprit gaulois, pour les abandonner sans combattre à l’islam des ténèbres, sa charia, son obscurantisme, son totalitarisme, son cléricalisme, son racisme, son sexisme, son antisémitisme, son homophobie, sa culture de la mort, ses voiles, son halal, son ramadan obligatoire, son jihad et ses casernes-mosquées. Nous aimons trop la liberté et la France des Lumières pour les abandonner à l’islam des ténèbres. » (Cyrano, 20 août 2012) Ces craintes seraient compréhensibles, ces arguments seraient recevables si les Lumières avaient été les patriotes et les démocrates supposés. Or ce n’est pas le cas. L’idéal invoqué ici n’est pas celui des Lumières à proprement parler.

Pourquoi les Français devraient-ils se sentir agressés quand est renversée une idole qui n’a jamais eu que du mépris pour le peuple ? Pourquoi des démocrates devraient-ils intervenir pour sauver la réputation des zélateurs de l’aristocratie des riches ? Pourquoi des patriotes mêleraient-ils leur cause à celle de « philosophes » qui n’ont jamais regardé les hommes et les nations que comme leurs jouets et leurs faire-valoir ? Il ne faut certes pas créer un vide, mais il faut arrêter de prendre des vessies pour des lanternes. Le peuple français a eu dans son histoire assez d’hommes et de femmes exemplaires pour l’inspirer dans tous les combats sans qu’il ait besoin de s’accrocher aux héros factices que ses ennemis lui fourguent à dessein. La résistance nationale a moins besoin d’un Voltaire que d’un Vercingétorix, d’un Charles Martel, d’une Jeanne d’Arc, d’un Robespierre, d’un Saint-Just, d’un Gambetta, d’un De Gaulle, d’un Jean Moulin, etc.. Dans la circonstance, le bon mot de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire » est sans doute moins utile que cette maxime de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté » ou encore que cet article de la constitution de 1793, adopté le 18 juin (ironie de l’Histoire !) : « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire ».

Non ! ce n’est pas nous désarmer que de lâcher l’épée en carton que nos ennemis nous ont collée dans les mains. Que les oligarques et les traîtres à la patrie gardent leurs Lumières ; le peuple français est résolu à se sauver lui-même et redevient révolutionnaire.

Philippe Landeux
21 août 2012

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REVOLUTION : REPERES HISTORIQUES

1789

5 mai – Réunion des Etats généraux à Versailles. Robespierre est député du Tiers Etat d'Arras.
15, 16, 17 juin – Les députés du Tiers Etat se déclarent Assemblée Nationale.
27 juin – Louis XVI accepte la réunion des députés des trois Ordres (Noblesse, Clergé, Tiers Etats).
9 juillet – L’Assemblée Nationale proclame que son objet est la rédaction d’une constitution.

1791

21 juin – Fuite du roi. Repris, il est rétabli sur le trône.
17 juillet – Massacre des Parisiens (demandant la déchéance du roi) au Champ de Mars par la garde bourgeoise dite nationale.
30 septembre – Fin de la session de l’Assemblée constituante
1er octobre – Ouverture de la session de l’Assemblée législative. Robespierre n’est plus député. L’Assemblée est dominée par les Girondins.

1792

20 avril – La France déclare la guerre à l’Empereur d’Autriche.
10 août – Parisiens et fédérés des départements (marseillais et bretons) prennent d’assaut les Tuileries et renversent la monarchie.
21 septembre – Réunion de la nouvelle Assemblée dite Convention. La monarchie est abolie en France. Robespierre est député (élu de Paris). L’Assemblée est dominée par les Girondins, élus en province.
22 septembre – Proclamation de la République.

1793

11 mars – Massacre de Machecoul et début de l’insurrection en Vendée.
2 juin – Les Girondins sont chassés de la Convention, désormais dominée par les Montagnards (Jacobins).
27 juillet – Robespierre est appelé au Comité de salut public.

1794

27 juillet (9 thermidor an II) – Robespierre est décrété d’arrestation. Libéré par la Commune, il est repris et exécuté le lendemain. La bourgeoisie triomphe. La Révolution (au vrai sens du terme) est terminée.

lundi, 26 mars 2012

LA DEMOCRATIE SELON ROBESPIERRE (redif)

Instaurer l’Egalité et la démocratie, du moins en favoriser l’instauration, fut l’objectif suprême de Robespierre, celui qui guida toute sa politique tout au long de sa carrière.

Pour ce qui est de l’Egalité, ses idées n’étaient pas très originales : il ne concevait guère mieux qu’une réduction des inégalités financières, via des impôts progressifs, des exemptions, des indemnités, des aides, des taxes, etc., bref il prônait ce que nous connaissons et appelons aujourd’hui l’Etat providence. Ce n’était pas une révolution même si c’était très avancé pour l’époque et quoique personne n’ait proposé mieux depuis.  

En revanche, en ce qui concerne la démocratie, Robespierre en a posé les principes absolus et, loin d’avoir été dépassée, sa pensée est encore révolutionnaire. Pour ceux qui croient que le système qu’ils ont sous les yeux est une démocratie, comme pour ceux qui croient que la dégénérescence actuelle est une conséquence de la Révolution en général et de Robespierre en particulier, rien ne peut mieux éclairer les premiers et détromper les seconds que la connaissance exacte de ses positions.

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13:16 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 04 mai 2011

ROBESPIERRE Histoire (version développée)

« Robespierre, ce nom qui fait ta gloire, ce nom qui porte l’effroi dans l’âme des tyrans, sera le mot d’ordre qui nous ralliera pour les combattre. »

Les Jacobins de Caen à Robespierre (alors simple citoyen), 7 mars 1792

robespierre,histoireRobespierre fut un grand homme, un grand Français, le député le plus populaire et le plus grand révolutionnaire. En tant que tel, il fut l’objet d’attaques incessantes. Sa mémoire même fut souillée de calomnies. Même les raccourcis que l’histoire oblige parfois à faire transforment son portait du tout au tout. Ainsi, son nom est aussi célèbre que son histoire réelle et son œuvre sont méconnues du grand public.   

Il est pourtant primordial de connaître la véritable histoire et les idées de cet homme qui incarna la Révolution et inspira des générations de patriotes. Les Français ignorent tout ce qu’ils lui doivent ; la République elle-même a oublié qu’elle lui doit jusqu’à sa devise. Bien qu’il ait vécu et ait été exécuté il y a plus de deux cents ans, beaucoup de ses idées sont encore révolutionnaires, plus révolutionnaires que celles des révolutionnaires autoproclamés, et la vie de cet homme que l’on appelait l’Incorruptible reste un exemple.   

Je me flatte d’être robespierriste. Et si l’on me demande pourquoi, ou pourquoi je tiens tant à défendre sa mémoire et à rappeler son souvenir dans toute son authenticité, qu’il me suffise de citer ce mot de Babeuf :  

« Le robespierrisme est dans toute la République, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans tout le peuple. La raison en est simple, c’est que le robespierrisme est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques : donc en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »  

Il est impossible d’exposer ici la richesse de la pensée de Robespierre. Pour la connaître, il faut lire ses discours ou, au moins, de bonnes biographies (Jean Massin, Ernest Hamel) ou de bonnes histoires de la Révolution (Albert Mathiez, Albert Soboul, Georges Lefebvre). Mais pour se plonger ainsi dans l’étude, encore faut-il en sentir l’intérêt et ne plus avoir de lui l’image fausse et négative qui est généralement colportée.

Peindre Robespierre sous son véritable jour et anéantir les fausses idées reçues à son sujet pour donner envie de le lire est donc le but que je me propose. J'ai réalisé deux exposés dont le présent est la version développée. (version courte ici)


ROBESPIERRE Maximilien Marie Isidore (de) :  

Né le 6 mai 1758 à Arras, exécuté à Paris le 28 juillet 1794 (10 thermidor an II). Avocat, homme politique français, surnommé l’Incorruptible, universellement reconnu comme tel, figure emblématique de la Révolution française et du jacobinisme.
 

AVANT la Révolution

Sa mère mourut alors qu’il n’avait que six ans. Son père, avocat au barreau d’Arras, abandonna le foyer peu après. Elève studieux, il obtint des autorités ecclésiastiques une bourse pour le collège Louis le Grand, à Paris, où il fut sans doute l’élève le plus brillant puisque c’est à lui que revint l’honneur de faire au nom du collège le compliment à Louis XVI au retour de son sacre (le 11 juillet 1775). 

Reçu avocat au parlement de Paris le 2 août 1781, il retourna à Arras où il fut admis au barreau de la ville le 8 novembre. Il avait encore de la famille sur place, grands-parents, oncles, tantes, et notamment sa sœur, Charlotte, et son jeune frère, Jean-Bon Augustin, appelé Augustin, surnommé Bonbon et plus tard Robespierre jeune, qu’il envoya étudier à Paris grâce à une bourse que son brillant parcours lui avait permis de décrocher pour lui. Son frère lui fut fidèle jusque dans la mort. 

Il apparut de suite comme un avocat et un esprit brillants (cf. lettre de M. Ansart). Grand admirateur de Jean-Jacques Rousseau, il se fit le défenseur des faibles, des pauvres, des lumières. L’affaire la plus célèbre qu’il eut à plaider fut celle du paratonnerre de St-Omer, en mai 1783, qui, grâce à la publication de sa plaidoirie (procédé auquel il recourut régulièrement par la suite), eut un retentissement national. Dans son argumentaire, il invoquait entre autres les travaux d’un certain Marat, le futur Ami du Peuple. Une autre affaire retint l’attention, en 1786, celle de François Deteuf, maître cordier à Marchiennes, accusé de vol par un moine de l'abbaye de Saint-Sauveur d'Anchin qui se vengeait ainsi de sa sœur, Clémentine Deteuf, laquelle avait refusé ses avances. En défendant Deteuf, Robespierre n’attaquait pas la religion mais les vices d’une institution qui avait couvert les turpitudes du moine. 

En mars 1782, il s’était vu attribuer un siège vacant de juge à la Salle épiscopale. La même année, il entrait dans la Société des Rosati, des jeunes gens réunis par l'amitié, le goût des vers, des roses et du vin, réunissant tout le gratin d’Arras. Il y croisa Lazarre Carnot, son futur collègue et ennemi au Comité de salut public. Il y rencontra également Joseph Fouché, oratorien, cheville ouvrière du complot du 9 thermidor. Le 15 novembre 1783, il fut admis à l’académie d’Arras dont il fut élu président à l’unanimité le 4 février 1786. En 1784, il remporta le deuxième prix du concours de l’académie de Metz, sur « l'origine de l'opinion qui étend sur tous les individus d'une même famille une partie de la honte attachée aux peines infamantes que subit un coupable ».   

Quoique le tableau soit brossé à grands traits, il ressort que Robespierre, avant la Révolution, avait tout pour lui : talent, culture, réussite et reconnaissance sociale. Voir en lui un personnage aigri et envieux relève de l’absurde. L’affirmation selon laquelle Robespierre aurait été franc-maçon relève elle aussi du fantasme.

Le 8 août 1788, le royaume étant au bord de la banqueroute, le roi convoqua les Etats Généraux, c’est-à-dire l’assemblée censée représenter le corps social à travers les trois ordres d’alors : la Noblesse, le Clergé et le Tiers Etat. Cette assemblée était seule autorisée à voter la levée de nouveaux impôts et c’est à cette seule fin qu’elle avait été convoquée. Pourtant, dans le même temps, chaque partie du peuple était appelée à rédiger ses doléances et le Tiers Etats comptait bien profiter de l’occasion pour les faire valoir.

Comme tant d’autres, Robespierre s’empara de la plume. En janvier, il publia anonymement un « Appel à la nation artésienne sur la nécessité de réformer les États d’Artois », brochure dans laquelle il dénonçait la composition illégale des Etats d’Artois permanents, le mode de composition desdits Etats pour les Etats généraux (d’après lesquelles le véritable Tiers ne devait avoir que 10 voix sur 150) et tous les abus qui en découlaient. Cette brochure fut rééditée en avril, preuve de son succès. Son leitmotiv tenait dans cette phrase : « Rendez-lui [au Peuple] la liberté de choisir lui-même ses Représentans, l’Ordre renaît et les abus disparaissent. »

En mars suivant, il publia une adresse au peuple artésien dans laquelle il lui indiquait comment choisir ses représentants :

« Défiez-vous du patriotisme de fraîche date, de ceux qui vont partout prônant leur dévouement intéressé, et des hypocrites qui vous méprisaient hier et qui vous flattent aujourd’hui pour vous trahir demain. Interrogez la conduite passée des candidats : elle doit être le garant de leur conduite future. Pour servir dignement son pays, il faut être pur de tout reproche. »

Fin mars, la corporation des savetiers, la plus pauvre et la plus nombreuse de la ville, chargea Robespierre de rédiger ses doléances. Le 26 avril, il fut élu député du Tiers Etats d’Artois (5e sur 8). Robespierre était lancé dans la carrière politique qui fut toute sa vie.

C’est au début de la Constituante — probablement après le 14 juillet 1789, et non immédiatement après son élection — que Robespierre rédigea pour lui-même une dédicace aux mânes de Jean-Jacques Rousseau dans laquelle il traça la conduite qui fut en effet la sienne et qui, à ce titre, mérite d’être citée : 

« La conscience d’avoir voulu le bien de ses semblables est le salaire de l’homme vertueux ; vient ensuite la reconnaissance des peuples qui environnent sa mémoire des honneurs que lui ont déniés ses contemporains. Comme toi je voudrais acheter ces biens au prix d’une vie laborieuse, aux prix même d’un trépas prématuré. Appelé à jouer un rôle au milieu des plus grands événements qui aient jamais agité le monde, assistant à l’agonie du despotisme et au réveil de la véritable souveraineté, près de voir éclater des orages amoncelés de toutes parts, et dont nulle intelligence humaine ne peut deviner tous les résultats, je me dois à moi-même, je devrai bientôt à mes concitoyens compte de mes pensées et de mes actes ».

 

Etats Généraux / Assemblée constituante

Robespierre était lancé dans la carrière politique. Ses principes étaient simples : unité nationale, souveraineté du peuple, égalité des citoyens en droits. Il n’en démordit jamais. Il devint ainsi le champion de la démocratie et de l’Egalité. Il en fut le martyr. Le 24 septembre 1791, le journal L’Ami du Roi lui rendit hommage en croyant le brocarder : « M. Robespierre, qui a toujours l’air de croire que ces discussions sont sérieuses [l’Assemblée retirait aux hommes libres de couleur les droits qu’elle leur avait accordés quatre mois plus tôt], monte à la tribune, armé d’un mortel discours. Ses raisons, on le devine. Unité, égalité, ces deux mots disent tout. »

Les Etats Généraux s’ouvrirent le 5 mai 1789, à Versailles. Robespierre qui, le lendemain, fêta ses 31 ans, était alors un inconnu au milieu de cette foule de 1139 députés. Il prit la parole pour la première fois le 18 mai. Il intervint des centaines de fois, que ce soit aux Etats Généraux ou à l’Assemblée constituante qui les remplaça officiellement le 27 juin 1789, et toujours pour défendre le peuple et les principes. En quelques mois, sa ténacité et sa rigueur le rendirent célèbre et populaire. Il n’était pas seulement un des députés siégeant du côté gauche, il fut très vite considéré comme le plus à gauche, à tel point qu’il était souvent isolé et devait soutenir ses idées seul contre tous. (Ainsi, le 3 mai 1790, Loustalot écrivit dans Les Révolutions de Paris : « Nous avons peu de ces hommes qui, cherchant plutôt à remplir leur devoir qu’à obtenir des applaudissements, se tiennent, comme M. de Robespierre, près des principes, et qui, bravant le reproche d’être trop chaleureux, réclament sans cesse les droits sacrés du peuple, lors même qu’ils prévoient qu’ils vont être sacrifiés. [...]  Il vient de donner une nouvelle preuve de ce genre d’héroïsme en défendant seul la maintenue des districts de Paris. ») Si, dans ces conditions, il ne pouvait guère influencer les décisions de l’Assemblée à l’esprit bourgeois et aristocratique, en revanche son prestige atteignit des sommets inimaginables. Ce fut sa gloire et son malheur. Car il eut toujours plus de prestige que de pouvoir réel. Son ascendant sur les masses permit à ses détracteurs de le présenter comme un dictateur et de l’abattre en tant que tel alors qu’il n’eut jamais d’autre arme que le verbe au service de la raison.

Il est impossible de rappeler ici toutes les idées qu’il défendit, tous les discours qu’il prononça ou publia. Signalons néanmoins les plus importants.

Fin septembre 1789, il s’éleva contre le droit de veto accordé au roi. La discussion ayant été fermée avant qu’il ait pu prononcer son discours, il le publia :

« Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous. Il dit que la nation n’est rien, et qu’un seul homme est tout. S’il ajoute que ce droit appartient à celui qui est revêtu du Pouvoir exécutif, il dit que l’homme établi par la Nation, pour faire exécuter les volontés de la Nation, a le droit de contrarier et d’enchaîner les volontés de la Nation. »

Le 22 octobre 1789, il s’éleva contre la distinction faite entre citoyens dits actifs (payant « une imposition directe de la valeur locale de trois journées de travail ») et citoyens dits passifs qui privait ces derniers de nombreux droits, dont celui de cité et celui de faire partie de la garde nationale. Il prônait, lui, le suffrage universel (pour les hommes, l’idée même de l’accorder aux femmes étant à l’époque inconcevable). Il ne fit pas de grands discours à ce sujet à cette époque. La moindre allusion soulevait un tollé général. En revanche, il en publia un et en donna lecture au club des Cordeliers en avril 1791. Rappelant les articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen adoptée par l’Assemblée l’année précédente et montrant la contradiction entre ses articles et la notion de suffrage censitaire, il poursuivait :

« Mais quel est donc après tout ce rare mérite de payer un Marc d’argent ou telle autre imposition à laquelle vous attachez de si hautes prérogatives ? Si vous portez au trésor public une contribution plus considérable que la mienne, n’est-ce pas par la raison que la société vous a procuré de plus grands avantages pécuniaires ? et, si nous voulons presser cette idée, quelle est la source de cette extrême inégalité des fortunes qui rassemble toutes les richesses en un petit nombre de mains ? Ne sont-ce pas les mauvaises lois, les mauvais gouvernements, enfin tous les vices des sociétés corrompues ? Or, pourquoi faut-il que ceux qui sont les victimes de ces abus, soient en plus punis de leur malheur, par la perte de la dignité de citoyen ! »

Fin décembre 1790, il publia un grand discours sur l’organisation des gardes nationales, dénonçant une fois de plus la distinction des citoyens entre passifs et actifs et les incohérences de l’Assemblée mais entrant aussi dans le détail de leur organisation selon les principes.

« La plus inévitable de toutes les loix, la seule qui soit toujours sûre d’être obéie, c’est la loi de la force. L’homme armé est le maître de celui qui ne l’est pas ; un grand corps armé, toujours subsistant au milieu d’un peuple qui ne l’est pas, est nécessairement l’arbitre de sa destinée ; celui qui commande à un corps, qui le fait mouvoir à son gré, pourra bientôt tout asservir. […] S’il est vrai que cette institution soit un remède contre le pouvoir exorbitant qu’une armée toujours sur pied donne à celui qui en dispose, il s’ensuit qu’elles ne doivent point être constituées comme les troupes de ligne ; qu’elles ne doivent point être aux ordres du prince ; qu’il faut bannir de leur organisation tout ce qui pourrait les soumettre à son influence ; puisqu’alors, loin de diminuer les dangers de sa puissance, cette institution les augmenterait, et qu’au lieu de créer des soldats à la liberté et au peuple, elle ne ferait que donner de nouveaux auxiliaires à l’ambition du prince. »

C’est à la fin de ce discours qu’il formula la devise que les gardes nationales devaient selon lui arborer sur leurs drapeaux : Liberté, Egalité, Fraternité.

Peu de gens savent que Robespierre fut le premier à réclamer l’abolition de la peine de mort (30 mai 1791). Quant à ceux qui ont vu dans ses positions ultérieures une contradiction, ils ont confondu Badinter et Robespierre. Ce n’est pas par humanité ou par sensiblerie que ce dernier l’avait réclamée, mais au nom des principes, au nom du droit à la légitime défense que les individus ont face à leurs agresseurs mais que la société n’a pas face à des auteurs de crimes ou délits de droit commun qui ne la menacent pas.

« Hors de la société civile, qu’un ennemi acharné vienne attaquer mes jours, ou que, repoussé vingt fois, il revienne encore ravager le champ que mes mains ont cultivé, puisque je ne puis opposer que mes forces individuelles aux siennes, il faut que je périsse ou que je le tue ; et la loi de la défense naturelle me justifie et m’approuve. Mais dans la société, quand la force de tous est armée contre un seul, quel principe de justice peut l’autoriser à lui donner la mort ? »

La France était alors en paix. Mais quand la France fut en guerre et la République, menacée, quand la société eut à se défendre, le même principe l’autorisait à tuer et justifiait l’exécution des contre-révolutionnaires. C’est ce qu’il explicita le 2 décembre 1792, lors du procès du roi :

« J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’assemblée que vous nommez encore constituante ; et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison lui ont paru des hérésies morales et politiques. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de les réclamer en faveur de tant de malheureux dont les délits sont moins les leurs que ceux du gouvernement, par quelle fatalité vous en souvenez-vous seulement pour plaider la cause du plus grand de tous les criminels ? Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer. Oui, la peine de mort, en général, est un crime, et par cette raison seule que, d’après les principes indestructibles de la nature, elle ne peut être justifiée que dans les cas où elle est nécessaire à la sûreté des individus ou du corps social. Or, jamais la sûreté publique ne la provoque contre les délits ordinaires, parce que la société peut toujours les prévenir par d’autres moyens, et mettre le coupable dans l’impuissance de lui nuire. »

Robespierre eut maintes fois l’occasion de démontrer qu’il n’était ni sectaire ni fanatique, qu’il ne se souciait que du bien commun, qu’il n’était attaché qu’aux principes et à la vérité et méprisait autant les démagogues que ce que nous appelons aujourd’hui le politiquement correct. Le 13 juillet 1791, il en donna un exemple en donnant aux Jacobins une leçon de république.

« On m’a accusé, au sein de l’assemblée, d’être républicain, on m’a fait trop d’honneur, je ne le suis pas. Si on m’eût accusé d’être monarchiste, on m’eut déshonoré, je ne le suis pas non plus. J’observerai d’abord que pour beaucoup d’individus les mots de république et de monarchie sont entièrement vides de sens. Le mot république ne signifie aucune forme particulière de gouvernement, il appartient à tout gouvernement d’hommes libres, qui ont une patrie. Or, on peut être libre avec un monarque comme avec un sénat. Qu’est-ce que la constitution française actuelle, c’est une république avec un monarque. Elle n’est donc point monarchie ni république, elle est l’un et l’autre. »

Un an plus tard, il précisa encore sa pensée :

« Est-ce dans les mots de république ou de monarchie que réside la solution du grand problème social ? Sont-ce les définitions inventées par les diplomates pour classer les diverses formes de gouvernement qui font le bonheur et le malheur des nations, ou la combinaison des lois et des institutions qui en constituent la véritable nature ? Toutes les constitutions politiques sont faites pour le peuple ; toutes celles où il est compté pour rien, ne sont que des attentats contre l’humanité ! Eh ! que m’importe que de prétendus patriotes me présentent la perspective prochaine d’ensanglanter la France, pour nous défaire de la royauté, si ce n’est pas la souveraineté nationale et l’égalité civile et politique qu’ils veulent établir sur ses débris ? Que m’importe qu’on s’élève contre les fautes de la cour, si loin de les réprimer, on ne cesse de les tolérer et de les encourager, pour en profiter ? Que m’importe que l’on reconnaisse, avec tout le monde, les vices de la constitution qui concernent l’étendue du pouvoir royal, si on anéantit le droit de pétition ; si on attente à la liberté individuelle, à celle même des opinions ; si on laisse déployer contre le peuple alarmé une barbarie qui contraste avec l’éternelle impunité des grands conspirateurs ;  si on ne cesse de poursuivre et de calomnier tous ceux qui, dans tous les tems, on défendu la cause de la nation contre les entreprises de la cour et de tous les partis ? » (17 mai 1792)

A défaut d’avoir influencé l’ouvrage constitutionnel de l’Assemblée, Robespierre parvint à faire prévaloir son opinion sur des sujets annexes. Ce n’est pas parce qu’il était idiot ou ridicule qu’il n’était pas écouté, mais parce que ses principes contrariaient les intérêts des privilégiés. Et ce n’est pas non plus parce que les privilégiés étaient d’accord avec lui qu’il leur arriva de soutenir ses propositions, mais parce qu’ils n’avaient alors rien à perdre ou poursuivaient un autre but que lui. C’est ainsi qu’il obtint, en mai 1791, que les constituants, afin de ne pas prêter le flanc à la corruption, ne soient pas rééligibles (l’Assemblée limita cependant la portée de ce décret à la législature suivante). Dans le même esprit, et afin que le peuple, à défaut de faire les lois lui-même, ait au moins la consolation de renouveler souvent ses mandataires, il avait demandé en vain que le mandat de député soit limité à un an.

La Législative

Quand l’Assemblée nationale constituante acheva sa session, le 30 septembre 1791, la popularité de Robespierre était prodigieuse. Les Parisiens lui firent un triomphe. Il était rendu à la vie civile. Mais il avait trop fréquenté les hommes pour penser que son rôle était terminé. Tout commençait. Il lui restait la tribune des Jacobins que sa popularité et son intransigeance avait sauvés du désastre d’une scission et renforcés au mois de juillet précédent. (La fuite du roi en juin 1791, puis son rétablissement par l’Assemblée, avait provoqué un mouvement en faveur de sa déchéance qui suscita des divisions au sein des Jacobins que tous les leaders, excepté une poignée, quittèrent pour fonder un autre club, les Feuillants.)

Il connaissait mieux que quiconque les hérésies de la constitution de 1791. En renvoyant dans leurs foyers les députés sortants, il espérait que les députés nouveaux, éclairés par deux ans et demie de révolution, perfectionneraient l’ouvrage. Telle était sa conception du régime parlementaire. Il ne tarda pas à déchanter et à prendre ses responsabilités.

La nouvelle assemblée, dite législative, n’était plus composée que de bourgeois qui subirent rapidement l’ascendant d’un petit groupe d’entre eux, pour beaucoup originaires de Bordeaux, d’où leur nom de Girondins. (Nombre de Girondins, dont le plus fameux, Brissot, étaient inscrits aux Jacobins.) Représentant l’aristocratie de l’argent, les Girondins poussèrent l’Assemblée dans l’ultra-libéralisme. Leur devise était pour ainsi dire : Propriété, Liberté. Leur philosophie du libre échange se traduisait en pratique par la liberté d’accaparer, d’exploiter et d’affamer. N’y tenant plus, Robespierre lança son propre journal en mai 1792, intitulé Le défenseur de la Constitution. Il expliquait sa position, en apparence paradoxale, de manière suivante :

« C’est la constitution que je veux défendre, la constitution telle qu’elle est. On m’a demandé pourquoi je me déclarais le défenseur d’un ouvrage dont j’ai souvent développé les défauts : je réponds que, membre de l’Assemblée constituante, je me suis opposé, de tout mon pouvoir, à tous les décrets que l’opinion publique proscrit aujourd’hui : mais depuis le moment où l’acte constitutionnel fut terminé et cimenté par l’adhésion générale, je me suis toujours borné à en réclamer l’exécution fidèle, non pas à la manière de cette secte politique que l’on nomme modérée, qui n’en invoque la lettre et les vices que pour en tuer les principes et l’esprit ; non pas à la manière de la cour et des ambitieux qui, violant éternellement toutes les lois favorables à la liberté, exécutent avec un zèle hypocrite et une fidélité meurtrière toutes celles dont ils peuvent abuser, pour opprimer le patriotisme ; mais comme un ami de la patrie et de l’humanité, convaincu que le salut public nous ordonne de nous réfugier à l’abri de la constitution, pour repousser les attaques et l’ambition du despotisme. » 

Chose plus surprenante, les Girondins avaient la passion de la guerre. A peine en poste, ils présentèrent les nobles émigrés réunis à Coblentz (Allemagne) comme un danger majeur et n’eurent de cesse d’engager la France dans une croisade pour la liberté. Leur but était double : détourner l’attention de leur politique intérieure et renflouer les finances publiques toujours mal en point avec du butin. Ils présentèrent également la guerre comme le moyen de démasquer le roi s’il trahissait. La suite leur donna raison mais prouva aussi que cet argument n’étaient pour eux qu’un prétexte.

Robespierre s’opposa de toutes ses forces à cette entreprise guerrière. Il prononça trois grands discours contre la guerre, les 18 décembre 1791, 2 et 11 janvier 1792. Selon lui, la guerre était inutile, les véritables ennemis de la Révolution étant à l’intérieur ; elle serait désastreuse, l’armée française étant désorganisée (en raison de l’émigration des officiers nobles et des conflits entre eux et la troupe), mal armée et les défenses de la France étant en ruine ; elle était dangereuse, car elle servait les desseins de la Cour qui en aurait la direction alors même qu’elle comptait sur les puissances étrangères pour étouffer la Révolution ; elle ruinerait la France ; elle dresserait contre la France les peuples étrangers (d’où son mot fameux : « Personne n’aime les missionnaires armés. ») ; elle exposerait au césarisme en cas de conflit prolongé. Ses arguments étaient sans réplique. Battus aux Jacobins dont ils faisaient alors partie, les Girondins travaillèrent l’Assemblée et les provinces. Le 20 avril 1792, Louis XVI, au nom de l’Assemblée nationale, déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche, une guerre inutile (les monarchies européennes, occupées à se déchirer entre elles, n’avaient pas l’intention de faire la guerre au pays le plus peuplé et le plus puissant d’Europe) qui allait durer plus de vingt ans. 

La guerre ayant été déclarée bien malgré lui, Robespierre ne songea plus qu’aux moyens de la gagner.

« Messieurs, puisque la guerre est décrétée, je suis aussi d’avis de conquérir le Brabant, les Pays Bas, Liège, la Flandre, etc. La seule chose qui doive nous occuper désormais, ce sont les moyens d’exécuter cette utile entreprise ; c’est-à-dire, dans ce moment il faut faire, comme je l’ai proposé plusieurs fois, non pas la guerre de la cour et des intrigans dont la cour se sert, et qui à leur tour se servent de la cour, mais la guerre du peuple ; il faut que le peuple français se lève désormais et s’arme tout entier, soit pour combattre au-dehors, soit pour veiller le despotisme au-dedans. [...] Qu’on ne vienne pas nous dire : la guerre est déclarée, il ne faut pas décourager nos généraux ; il faut avoir confiance dans les autorités constituées. Non : c’est maintenant sur-tout qu’il faut surveiller le pouvoir exécutif et les autorités constituées. A cette condition, je ne crains pas non plus le pouvoir exécutif, ni les intrigues des traîtres de l’intérieur ; mais pour remplir cette condition, il faut croire à ces intrigues. [...] Ce n’est pas le roi ; le roi est un homme qui veut l’autorité absolue ; c’est un homme qui par lui-même est incapable de concevoir ce projet ; le roi est un homme qui, s’il avait été entouré d’hommes capables de lui faire entendre ses intérêts, aurait courbé sa tête sous la constitution. [...] »

Comme prévu, les premières rencontres avec l’ennemi tournèrent à la déroute. Le 27 mai, l’Assemblée décréta la déportation des prêtres réfractaires (à la constitution civile du clergé) qui prêchaient la contre-révolution. Le 8 juin, à l’appel du ministre de la guerre, girondin, elle décréta l’établissement sous les murs de Paris d’un camp de 20.000 fédérés, c’est-à-dire de gardes nationaux tirés des départements. Craignant que les fédérés ne soient choisis parmi les contre-révolutionnaires, Robespierre dénonça cette mesure aux Jacobins (il changea d’avis quand il vit que les fédérés étaient des patriotes). Le 11 juin, le roi apposa son veto sur ces deux décrets et, le lendemain, renvoya les ministres girondins qui n’avaient plus d’utilité à ses yeux puisque la guerre était déclarée. Le 20 juin, malgré les efforts de Robespierre pour s’y opposer, les Girondins soulevèrent les quartiers populaires de Paris pour que le roi reprenne des ministres parmi eux. Le peuple envahit les Tuileries où résidait le roi. Louis XVI fut humilié mais ne céda rien. Apprenant cela, La Fayette qui commandait une armée (en toute illégalité) tomba le masque. Il accourut illégalement à Paris dans l’espoir de soulever la garde nationale pour écraser les Jacobins, mais elle ne répondit pas à son appel et il s’en retourna tout piteux. Brissot et Robespierre étaient enfin d’accord sur quelque chose : La Fayette était un traître (les patriotes le considéraient ainsi de longue date) ; l’Assemblée devait le décréter d’accusation. Mais tandis que les Girondins ne savaient plus à quel Saint se vouer, Robespierre qui, dès le 10 février, avait rejeté les mesures partielles ne vit plus de salut que dans une insurrection qui renverserait la monarchie.

Aux déclarations illusoires de l’Assemblée qui décréta la patrie en danger le 11 juillet, aux mesures dilatoires des Girondins qui, autoproclamés républicains en 1791, ne cessaient de ménager le roi en 1792 pour régner en sous-ordre et menaçaient alors les républicains « du glaive de la loi », Robespierre allait droit au but et comptait sur les fédérés pour l’atteindre. « Vous n’êtes point venus pour donner un vain spectacle à la capitale et à la France… Votre mission est de sauver l’état. » (Aux Jacobins, le 11 juillet) Tandis que l’Assemblée et les Girondins s’évertuaient à les envoyer aux frontières, lui n’avait de cesse de les retenir à Paris (16 juillet). C’est lui qui rédigea les pétitions indignées contre le roi et les faiblesses de l’Assemblée que les fédérés présentèrent en leur nom. C’est à son appel que les sections parisiennes abolirent la distinction entre citoyens actifs et passifs pour que tous les citoyens puissent intégrer la garde nationale. C’est chez lui que les premières réunions en vue d’une insurrection unissant fédérés et Parisiens se tinrent. C’est lui que Pétion, son ancien collègue, alors maire de Paris, vint trouver dans l’espoir d’arrêter l’insurrection. Mais les dés étaient jetés. L’Assemblée n’ayant pas satisfait à l’ultimatum des sections parisiennes de déchoir Louis XVI, les sections appuyées par les fédérés se mirent en branle dans la nuit du 9 au 10 août. Dans la nuit, la commune de Paris fut remplacée par une commune insurrectionnelle, dont fit partie Robespierre et qui fut le véritable pouvoir révolutionnaire pendant deux mois, d’où la haine des Girondins à son endroit. Au matin, le palais des Tuileries fut pris d’assaut, ses défenseurs (gardes suisses et royalistes) n’ayant pas voulu mettre bas les armes et ayant tirés sur la foule qui avançait pour fraterniser. Sous la pression, l’Assemblée suspendit le roi qui s’était réfugié auprès d’elle et se désavoua en convoquant pour le mois de septembre une convention nationale.

A noter que, contrairement aux souhaits exprimés par Robespierre, le 1er août, d’« une convention nationale, dont les membres seront élus directement par les assemblées primaires, et ne pourront être choisis parmi ceux de l’assemblée constituante ni de la première législature », les Girondins se gardèrent bien d’adopter cette disposition. Alors que Robespierre se fermait une nouvelle fois la porte de l’Assemblée, démontrant qu’il avait bien fait adopter le décret sur l’inéligibilité des constituants par principe, les Girondins démontraient, eux, leur soif de pouvoir. Les ayant combattus en tant que simple citoyen, ayant mesuré l’étendue de leur ineptie, et s’étant en outre persuadé de l’importance de son propre rôle, Robespierre brigua de nouveau la législature. Le 5 septembre 1792, il fut le premier député élu de Paris.

La Convention girondine

Le 21 septembre, au lendemain de la victoire de Valmy, la Convention nationale ouvrait sa session. La monarchie fut aussitôt abolie en France. Le lendemain, en adoptant la proposition de Billaud-Varenne, député de Paris, de dater tous les documents de l’an I de la République, celle-ci fut indirectement proclamée. Mais l’unanimité des premiers jours n’était qu’illusoire. Les députés de Paris savaient que les Girondins avaient fait tous leurs efforts pour sauver la monarchie et accabler les révolutionnaires, et ils avaient de plus contre eux la plupart des députés de province que la propagande de ces derniers, maîtres de tous les rouages de l’Etat, avaient trompés sur leur compte. Le temps et l’expérience allaient finir par ouvrir les yeux de la majorité sur l’inconséquence, la petitesse, l’irascibilité et, au final, la dangerosité des Girondins.

Dès le 25 septembre, les Girondins ouvrirent les hostilités contre les députés de Paris, notamment Robespierre, Danton et Marat, et suscitèrent la défiance envers Paris en proposant pour la Convention une garde composée d’hommes tirés de tous les départements afin « que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d’influence, comme chacun des autres départements ». La Convention rejeta ce projet, mais les Girondins appelèrent quand même officieusement des provinciaux à venir à Paris, lesquels, une fois sur place et mieux informés sur leur compte, se retournèrent contre eux. Le 29 octobre, Louvet attaqua vivement Robespierre en exposant un astucieux roman, synthèse de toutes les calomnies girondines, préparé depuis longtemps dans le salon de Mme Roland, égérie des Girondins. En conclusion, il demandait le bannissement de Robespierre et la mise en accusation de Marat. Le 5 novembre, du haut de la tribune de la Convention, Robespierre lui répondit en défendant non seulement sa personne, mais surtout Paris, la Commune et la révolution du 10 août, et en appelant finalement à la concorde.

« J’ai vu à cette barre tels citoyens qui ne sont pas des Clodius, mais qui, quelque temps avant la révolution du 10 août, avaient eu la prudence de se réfugier à Rouen, dénoncer emphatiquement la conduite du conseil de la commune de Paris. Des arrestations illégales ? Est-ce donc le code criminel à la main qu’il faut apprécier les précautions salutaires qu’exige le salut public, dans les temps de crise amenés par l’impuissance même des lois ? Que ne nous reprochez-vous aussi d’avoir brisé illégalement les plumes mercenaires, dont le métier était de propager l’imposture et de blasphémer contre la liberté ? Que n’instituez-vous une commission pour recueillir les plaintes des écrivains aristocratiques et royalistes ? Que ne nous reprochez-vous d’avoir consigné tous les conspirateurs aux portes de cette grande cité ? Que ne nous reprochez-vous d’avoir désarmé les citoyens suspects ? d’avoir écarté de nos assemblées, où nous délibérions sur le salut public, les ennemis reconnus de la Révolution ? Que ne faites-vous le procès à la fois, et à la municipalité, et à l’assemblée électorale, et aux sections de Paris, et aux assemblées primaires même des cantons, et à tous ceux qui nous ont imités ? Car toutes ces choses-là étaient illégales, aussi illégales que la révolution, que la chute du trône et de la Bastille, aussi illégale que la liberté elle-même ? Mais que dis-je ? Ce que je présentais comme une hypothèse absurde n’est qu’une réalité très certaine. On nous a accusés, en effet, de tout cela, et de bien d’autres choses encore. [...] Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? »

Ce discours fit une telle sensation que la Convention en vota l’impression à la quasi unanimité et ferma la bouche à Barbaroux et à Louvet qui voulurent répondre.

Les Girondins devaient subir une autre défaite dans l’affaire du roi que leurs personnalités avaient jusque-là permis de différer. Ils s’essayèrent jusqu’au bout à de nouvelles manœuvres dilatoires qui les discréditèrent un peu plus et gonflèrent encore les rangs des Montagnards (nom donné aux députés les plus radicaux dont Robespierre était un des principaux leaders). Après avoir argué de l’inviolabilité du roi, demandé le jugement par le peuple, puis l’appel au peuple du jugement de la Convention, ils votèrent la mort mais réclamèrent le sursis de l’exécution. La Convention finit par voter la mort sans sursis ni appel. Louis XVI fut exécuté le 21 janvier 1793. Dans cette affaire, Robespierre s’était déclaré pour l’exécution du roi sans jugement, considérant qu’il avait été jugé par l’insurrection du 10 août, que la Convention ne pouvait ni déjuger le peuple ni supposer le roi innocent.

« Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, il peut être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé : mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ? » (3 décembre 1792)

Pendant ce temps, le peuple était inquiet pour sa subsistance et réclamait la taxation des denrées. Mais tout ce dont étaient capables les Girondins était de lui répondre : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire » (Roland, 19 novembre). C’était là le paradoxe insurmontable des Girondins qui voulaient faire la guerre à l’Europe tout en méprisant les guerriers de la France. La victoire dans ces conditions était impossible et c’est pour l’avoir compris que les députés tout aussi bourgeois qu’eux mais plus réalistes se tournèrent de plus en plus vers la Montagne.

Comme les Girondins ne désarmaient pas contre les Montagnards (arrestation de Marat, le 13 avril) et Paris, comme ils avaient le don de soutenir les traîtres (La Fayette, Dumouriez) et d’exaspérer le peuple, comme ils étaient à l’évidence aussi incapables qu’arrogants, une nouvelle journée devint nécessaire. Le 3 avril, Robespierre appela les sections à s’armer. Le 2 juin 1793, la Commune de Paris fit cerner la Convention par la garde nationale (composée de civils) jusqu’à ce qu’elle décrète d’arrestation les principaux Girondins, soit 22, sans compter les ministres Clavière et Lebrun. Il ne s’agissait alors que de les mettre hors d’état de nuire. Ils devaient être simplement gardés à domicile. Mais la moitié d’entre eux profita de cette clémence pour s’enfuir et soulever les départements. (C’est de Caen, où nombre d’entre eux s’étaient retrouvés, qu’arriva Charlotte Corday pour assassiner Marat, le 13 juillet.) La guerre civile qu’ils préparaient depuis deux ans devenait réalité. Elle avait même déjà commencé en Vendée où, début mars, la levée de 300.000 hommes avait été l’étincelle. Elle venait aussi d’éclater à Lyon (29 mai).

 

La Convention montagnarde / L'an II

Aussitôt maîtres de la Convention, les Montagnards hâtèrent la rédaction d’une constitution. Les maîtres mots : souveraineté du peuple, égalité des citoyens, solidarité nationale. « Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres. (art. 27 de la Déclaration) » « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. (art. 121 de la constitution) »  Voilà pour le ton ! Le résultat fut la constitution la plus démocratique, la plus patriotique, la plus libre, la plus humaniste, la plus virile que la France ait connue et que, malheureusement, les circonstances ne permirent jamais d’appliquer. Les députés devaient être élus au suffrage universel et les lois, soumises à l’approbation du corps électoral (articles 56 à 60). La constitution elle-même devait être ratifiée par le peuple qui n’était pas souverain seulement en théorie, mais en pratique.

En préambule de cette constitution figurait une nouvelle déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui était grosso modo celle que Robespierre avait proposée aux Jacobins le 21 avril et que ces derniers avaient aussitôt adoptée à l’unanimité. Nombre d’articles étaient repris tels quels. Ainsi les articles 28 et 29 qui devinrent les articles 34 et 35 :

« Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé. — Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Beaucoup n’avaient subit qu’une légère modification. Ainsi l’article 10 qui devint l’article 21 :

« Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux [La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, dans le texte original], soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »

Mais la déclaration de Robespierre était plus sociale, plus démocratique et plus patriotique (internationaliste) encore que sa copie.

« Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l’autorité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse. (art. 19) Le peuple a le droit de connaître toutes les opérations de ses mandataires ; ils doivent lui rendre un compte fidèle de leur gestion, et subir son jugement avec respect. (art. 34) Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état. (art. 35) Celui qui opprime une seule nation se déclare l’ennemi de toutes. (art. 36) »

Chose plus significative encore, les bourgeois de la Convention n’avaient pas retenu ses articles sur la propriété qu’il définissait comme suit :

« La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. (art. 6) Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. (art. 7) Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. (art. 8) Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. (art. 9) »

La déclaration officielle disait simplement : « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. (art. 16) ». La propriété n’était donc pas reconnue comme un bienfait social mais comme une conquête individuelle. Elle n’avait plus pour borne les droits d’autrui. Les propriétaires pouvaient jouir sans entrave aux dépens de leurs concitoyens.

Il est à noter que c’est Robespierre qui, le 15 avril, avait décidé la Convention à faire précéder la constitution d’une déclaration au lieu de se précipiter, comme le voulait le Girondin Buzot, sur l’organisation du gouvernement. Le discours qu’il fit alors est caractéristique de sa tournure d’esprit, c’est-à-dire du bon sens qui lui ralliait les opinions :

« J’avoue que je ne conçois pas bien cette proposition ; qu’est-ce que l’organisation du gouvernement d’un peuple ? Ce n’est autre chose, si je ne me trompe, que les loix fondamentales qui forment sa constitution, qui constituent son gouvernement. Quelle est la base de la constitution et du gouvernement ? Ce sont, sans contredit, les droits des hommes. Quel est le but du gouvernement ? Quel est le but de la constitution ? C’est le bonheur des hommes, et par conséquent la conservation de leurs droits, de leur sûreté, de leur liberté, de leur propriété ; il faut donc avant d’instituer un gouvernement, bien déterminer et la nature et l’étendue des droits, dont la conservation est l’objet du gouvernement ; proposer de commencer par le gouvernement, c’est ne rien proposer, ou proposer la conséquence avant le principe. [...] Remarquez bien, citoyens, que le seul moyen de faire bien et même de faire vite cette constitution, c’est d’en établir d’abord les bases ; car, s’il n’est pas de principes posés, comment voulez-vous qu’on s’accorde sur les conséquences ? alors les discussions ne roulent que sur des détails et comme chacun part de bases et de principes opposés, qu’il modifie et qu’il appelle à son gré, parce qu’elles ne sont pas discutées dans l’opinion générale, il en résulte que la quantité des opinions est infinie, que les débats deviennent aussi interminables que tumultueux. Il faut donc pour procéder définitivement à une constitution, que chacun marche sur le même point : reconnaître les principes. »

Au sujet de la constitution, il est nécessaire de signaler le discours que Robespierre prononça à ce sujet le 10 mai 1793. Dans la mesure où Robespierre était l’âme des Jacobins, ses conceptions en la matière ne sont ni plus ni moins que le jacobinisme à l’état pur. Il est impossible de restituer ici l’ensemble de ses vues, mais il est utile de citer un passage qui tord le cou à la légende selon laquelle le jacobinisme serait par nature synonyme de centralisation :

« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner : laissez aux individus, laissez aux familles le droit de faire ce qui ne nuit point à autrui ; laissez aux communes le pouvoir de régler elles-mêmes leurs propres affaires en tout ce qui ne tient pas essentiellement à l’administration générale de la République ; en un mot, rendez à la liberté individuelle tout ce qui n’appartient pas naturellement à l’autorité publique, et vous aurez laissé d’autant moins de prise à l’ambition et à l’arbitraire. »

La centralisation que finit par connaître la Révolution doit moins à l’idéologie qu’aux circonstances et au processus engagé dans ce sens par la monarchie durant les siècles précédents.

Avec l’élimination des Girondins, le premier chapitre de la Convention était tourné. S’ouvrait la grande période révolutionnaire dite de l’an II, celles des défis et des titans, celle de la République assiégée et de la guerre civile, particulièrement terrible en Vendée, celle de la levée en masse, du maximum, de la déchristianisation, de la lutte des factions, de la Terreur, de la Convention montagnarde, de la prééminence du Comité de salut public, des ambitions sociales (suppression sans indemnité des droits féodaux, institution de l’école gratuite et obligatoire, adoption d’un embryon de sécurité sociale, abolition de l’esclavage), période qui s’achève le 10 thermidor, avec la mort de Robespierre et le retour en force de la bourgeoisie.

C’est cette période, durant laquelle Robespierre fut en première ligne, qui permit, en altérant les faits, d’étayer sa légende noire. Sept considérations à garder à l’esprit permettent cependant de révéler l’inanité de certaines controverses et de démasquer les impostures les plus manifestes et la mauvaise foi de ses détracteurs.

1) En l’an II, la République est déjà assiégée par toute l’Europe, tandis que la France est déchirée à l’intérieur par la guerre civile. Cette situation extrême eut fatalement des conséquences terribles et on peut même dire qu’elle conditionna toute la politique d’alors. Comment négliger un fait pareil ? Comment, en outre, oublier que Robespierre s’opposa de toutes ses forces à la déclaration de guerre et que les origines de la guerre civile remontaient aux politiques aristo-bourgeoise de la Constituante et bourgeoise, guerrière et anti-parisienne de la Gironde, politiques auxquelles Robespierre s’était également opposé ? En admettant qu’il fut un piètre pompier, du moins n’était-il pas le pyromane. Il est donc quelque peu hypocrite de lui jeter la pierre sans jamais songer à lapider les vrais responsables des problèmes dans lesquels les Montagnards durent se démener.

2) Les républicains qui venaient de renverser la monarchie avait en horreur le pouvoir personnel. La fonction présidentielle ne fut instituée que par De Gaulle, malgré les avanies de la gauche. A l’époque de la Révolution, une pareille fonction était inconcevable. Robespierre qui fut bien l’âme du Grand Comité au fort de la tempête n’eut donc jamais le pouvoir absolu et discrétionnaire que la légende lui prête. Les décisions importantes du Comité étaient prises collectivement. Ses collègues n’étaient d’ailleurs pas des marionnettes. C’étaient tous des hommes à poigne. Ils avaient autant de pouvoir que lui. Ils étaient libres d’en user. Ils le suivirent tant qu’ils furent d’accord avec lui ; ils l’écartèrent et finirent par le tuer quand ils se divisèrent. Robespierre n’avait la haute main ni sur l’armée, ni sur la police, ni sur le Trésor, pas même sur le Comité. S’il fut un dictateur, quel genre de dictateur était-il donc ? Le Comité de salut public lui-même n’avaient pas tous les pouvoirs pour la simple raison qu’il n’était pas le seul Comité et qu’il était, comme tous les comités, responsable devant la Convention qui pouvait s’opposer à ses décisions voire le casser, même si, pendant un an, elle reconduisit ses membres tous les mois. 

3) Il n’y avait pas de partis politiques (au sens moderne du terme) à cette époque. Chacun se faisait gloire d’être libre de ses opinions (1). Les Jacobins et les clubs en général étaient avant tout des lieux de discussion. Ils réunissaient des individus opposés à certaines choses mais sans doctrine quant au reste, d’où leurs divisions internes. Ils étaient organisés pour fonctionner mais leurs membres étaient égaux, il n’y avait pas de hiérarchie entre eux. Tous pouvaient s’exprimer, et de la foule des orateurs émergeaient des leaders d’opinion qui n’étaient suivis et soutenus que dans la mesure où ils étaient convaincants. Il en était de même à la Convention et dans les Comités. Des tendances, des groupes se distinguaient mais les députés n’en étaient pas prisonniers et votaient, sur chaque sujet, selon leurs convictions. Nul ne pouvait être certain d’être toujours approuvé. Chaque débat était un combat pour rallier la majorité. Robespierre qui fut souvent suivi par la Convention, qui parvint même, en quelques occasions, à la retourner complètement par la seule force de ses arguments, ne fut pas toujours écouté, pas même par les Montagnards. Sa position n’était donc en rien celle d’un dictateur qui a le pouvoir et l’exerce sans consulter personne. Sa politique comme celle du Comité était moins l’expression de ses désirs qu’une adaptation aux besoins et aux pressions du moment.

4) La Révolution se déroula au XVIIIe siècle, à une époque où les moyens de circulation et de communication étaient encore rudimentaires. L’action sur le terrain, loin de Paris, dépendait essentiellement des hommes sur place. Le pouvoir ne pouvait donc agir qu’en dépêchant des hommes (agents divers, généraux, représentants en mission) qui, une fois livrés à eux-mêmes, étaient libres de faire et firent souvent ce qu’ils voulaient. En comparant leurs actes avec leurs ordres formels (ou l’esprit de ces ordres), il apparaît que les abus et les excès ne furent jamais ordonnés par la Convention ou le Comité, encore moins par Robespierre. Ils sont davantage imputables à des individus qu’à la Révolution. Il est vrai que cette limite technologique aurait moins pesé si le pouvoir avait été plus stable, plus structuré, plus strict et plus efficace, comme sous un Louis XIV ou un Napoléon. Mais c’est encore la preuve que le Comité de salut public n’avait pas un tel pouvoir, et que Robespierre en particulier, même en supposant qu’il ait été le maître du Comité, n’était pas plus un dictateur qu’il n’avait les moyens, ni la volonté d’ailleurs, d’en être un.

5) Les nations sont toujours en conflit, même en temps de paix apparente. La guerre secrète ne cesse jamais et est bien sûr plus intense en temps de guerre. Un aspect peu étudié de la Révolution, et surtout peu signalé, est l’influence des services secrets étrangers sur les événements durant cette période. Personne ne peut croire qu’ils cessèrent toute activité. Il est au contraire dans la logique des choses qu’ils en déployèrent une extraordinaire pour faire échec aux révolutionnaires et à la Révolution. Leurs efforts consistèrent fatalement à diviser, affaiblir, appauvrir, ruiner, désarmer, calomnier,  discréditer, déshonorer, désinformer, désorganiser, troubler, apitoyer, assassiner, soudoyer, exciter, exagérer, minorer, décourager, etc.. Le propre des agents secrets actifs est soit d’agir dans l’ombre soit de s’agiter au grand jour. On ne peut que deviner leur présence en constatant les effets de leur action ou, au mieux, les prendre pour des traîtres, des tarés, des crapules ou des idiots ordinaires. En l’occurrence, toutes les difficultés de la Révolution, tous les crimes et les excès commis en son nom ne furent pas l’œuvre des services secrets étrangers ou de gens manipulés ou financés par eux, mais c’est cependant à bon droit que les révolutionnaires, et Robespierre en particulier, accusèrent l’Etranger ou du moins soupçonnèrent-ils sa main derrière chaque action ou opinion intrinsèquement contre-révolutionnaire, car, à défaut d’être responsable de tous, tous faisaient son jeu. Le « complot de l’Etranger » qu’ils invoquèrent souvent n’avait peut-être pas l’unité qu’ils imaginaient ; les manœuvres étrangères n’en étaient pas moins réelles et redoutables. Si l’accusation de connivence avec l’Etranger fut rarement prouvée (chose toujours difficile à faire), elle fut souvent justifiée d’un point de vue dialectique et importait d’ailleurs moins que les faits reprochés. Bref, s’il est impossible de mesurer l’impact (concret et psychologique) de l’activité des services étrangers sur la Révolution, elle existât fatalement et fût assurément négative pour l’image de la Révolution et des révolutionnaires auxquels il est donc injuste d’attribuer certains faits et de reprocher certaines erreurs.

6) Robespierre était un homme sensible, réfléchi, honnête et ferme, mais modéré. Le peindre comme un être sanguinaire rend incompréhensible ses positions et oblige à expliquer les faits de manière invraisemblable voire à les dénaturer pour corroborer la légende. La meilleure preuve n’est-elle pas que le 9 thermidor fut l’œuvre des hommes de sang et de rapines ? Tous les hommes violents et corrompus le haïssaient. Tous les opprimés se tournaient vers lui. Il avait dit, aux Girondins, le 5 novembre 1792 : « Vous saurez un jour quel prix vous devez attacher à la modération de l’ennemi que vous vouliez perdre. » Or c’est bien lui qui sauva d’une mort certaine les « 73 » députés qui protestèrent contre l’expulsion des Girondins. Des dizaines de faits attestent sa modération dans tous les domaines. Mais Robespierre n’était pas seul. Il avait des collègues, des ennemis ; il y avait la Convention, des factions ; il y avait aussi le peuple. S’il fut un personnage central de la Révolution, tout ce qui se fit en l’an II, en particulier les excès (à ne pas confondre avec les rigueurs nécessaires), ne peut honnêtement lui être imputé.

7) Tous les protagonistes de la période révolutionnaire, incarnant chacun des systèmes différents voire opposés, dans tous les cas inconciliables, se livraient une guère à mort. Les chefs en particulier ne devaient attendre aucune pitié de la part de leurs adversaires. Il y eut quelques violences avant 1792 (du peuple sur les nobles ou des bourgeois sur le peuple). Mais c’est une fois de plus la guerre voulue par la Cour et les Girondins qui, dès 1792, bien avant 1793, déchaîna les passions et plongea la Révolution dans un cycle infernal. Les victimes ne méritent pas plus de larmes que leurs vainqueurs ne méritent d’invectives. C’était la guerre. Vaincre ou mourir était la règle du jeu. Tous la connaissaient ; tous l’appliquèrent bon gré malgré quand ils eurent la force pour eux. Ce mot de Hérault de Séchelles qui ne passait pas précisément pour un sauvage et qui paya même de sa tête le fait d’avoir été soupçonné de livrer à l’ennemi les secrets du Comité illustre bien cet état d’esprit : « Il faut sans rémission évacuer, renfermer tout individu suspect. La liberté ne compose pas. Nous pourrons être humains quand nous serons assurés d’être vainqueurs. » (Lettre à Carrier, représentant dans la Seine-Inférieure, 29 septembre 1793) 

Deux mois après l’expulsion des Girondins de la Convention, Robespierre fut élu membre du Comité de salut public (27 juillet). Etant donné son passé et son renom, il devint aussitôt l’incarnation du Comité aux yeux du grand public et des étrangers. Il lui apporta son énergie, sa détermination, son prestige. Son objectif : à l’extérieur, la paix dans la victoire ; à l’intérieur, paix civile et justice sociale. Mais, pour avoir la paix, il fallait frapper juste, fort et vite, non se coucher (comme Danton) ; il fallait stabiliser le pouvoir pour qu’il puisse agir avec la vigueur requise, donc asseoir l’autorité du Comité, défendre son existence, son action et ses membres ; il fallait éviter de multiplier les ennemis de la République, la faire aimer du peuple, la mettre dans tous les domaines en état de vaincre, étouffer les voix divergentes et écraser les ennemis irréductibles.

La victoire n’était pas seulement au bout du fusil ; elle était un tout. Robespierre s’intéressait donc à tout, comme le montrent les notes dans ses carnets, quoiqu’il s’occupa essentiellement de politique générale. Nous ne pouvons ici rapporter ni même évoquer toutes les affaires dans lesquelles il intervînt. Nous ne retiendrons que les six plus importants sujets, objets de polémiques : la déchristianisation, la Terreur, l’idéal de la Révolution, les factions, l’Etre suprême et la loi du 22 prairial.

La déchristianisation.

L’assassinat de Marat avait fait de lui un martyr et donné lieu à des processions populaires en sa mémoire, mouvement que l’on appela culte des martyrs. Les révolutionnaires avaient leur trinité : Le Pelletier de Saint-Fargeau (ami de Robespierre, assassiné à Paris le 20 janvier), Chalier (maire de Lyon, exécuté) et Marat. Ce « culte » païen, combiné au dépouillement des églises à des fins militaires ou financières, ouvrit la porte au culte « religieux » de la Raison. Initié, le 26 septembre, dans la Nièvre par Fouché qui était athée, ce nouveau culte se répandit commune une traînée de poudre, d’abord à Paris, grâce à Chaumette, procureur syndic de la Commune, puis dans tout le pays par le biais des représentants en mission. Mais, contrairement à Fouché et Chaumette, ceux que l’on appelle les déchristianisateurs n’étaient pas athées, pas même les plus virulents. Généralement, rousseauistes, ils étaient déistes pour la plupart. Ils croyaient en Dieu, sous quelque nom que ce soit, mais rejetaient les dogmes du catholicisme et l’emprise de l’Eglise. L’implication du clergé dans la contre-révolution décupla leur hostilité envers lui et ils résolurent de le balayer. Pour la plupart des adeptes, le culte de la Raison n’était donc que leur affirmation de la croyance en Dieu, en un Etre suprême, laquelle se passait de prêtres.

Ce mouvement eut un énorme succès auprès des Sans-culottes (ouvriers, petits patrons) et des bourgeois, notamment dans les villes. Les prêtres, les évêques abdiquaient en masse, qui volontairement, qui sous la contrainte, qui dans un but contre-révolutionnaires. Les scènes d’abdication se succédaient dans les clubs et à la Convention. Les églises étaient fermées d’autorité. C’est dans cette ambiance que, le 5 octobre, la Convention adopta le principe du calendrier républicain qui, remplaçant les semaines par des décades, supprimait au passage les dimanches. Robespierre était hostile à l’adoption de ce calendrier comme il était viscéralement hostile au culte de la Raison. Il se trompait quand il pensait que les adeptes de ce culte étaient athées, l’athéisme étant pour lui synonyme d’immoralité bourgeoise et aristocratique, mais il avait raison quand il craignait que, mal interprété comme il l’avait fait lui-même, ce culte ne soit du pain béni pour la propagande contre-révolutionnaire des autres pays européens, tous chrétiens, et ne dresse également les Français attachés au culte catholique contre la Révolution. En somme, il considérait ce mouvement comme contre-révolutionnaire et ses promoteurs comme des agents de l’Etranger.

Ses craintes, partagées par tous ses collègues du Comité, n’étaient que trop justifiées. Des centaines de mouvements quasi insurrectionnels agitèrent la France (cf. les lettres des représentants en mission). Le 21 novembre, alors que le flot semblait irrésistible, il jeta tout son prestige dans la balance. Ce fut un coup de tonnerre. Sa rhétorique imparable atterra ses détracteurs. Le discours qu’il prononça aux Jacobins à cette occasion, sous les applaudissements, contient tout ce qu’il dit par la suite sur le même sujet, mais surtout tout ce qui fonde la laïcité aujourd’hui, d’où l’importance de le citer longuement.

« Je ne vois plus qu’un seul moyen de réveiller parmi nous le fanatisme, c’est d’affecter de croire à sa puissance. Le fanatisme est un animal féroce et capricieux ; il fuyait devant la raison : poursuivez-le avec de grands cris, il retournera sur ses pas. […] Que des citoyens, animés par un zèle pur, viennent déposer sur l’autel de la patrie, les monumens inutiles et pompeux de la superstition pour les faire servir à son triomphe, la patrie et la raison sourient à ces offrandes. Que d’autres renoncent à telles ou telles cérémonies et adoptent sur toutes ces choses l’opinion qui leur paraît la plus conforme à la vérité, la raison et la philosophie peuvent applaudir à leur conduite. Mais de quel droit l’aristocratie et l’hypocrisie viendraient-elles ici mêler leur influence à celle du civisme et de la vertu ? De quel droit des hommes inconnus jusqu’ici dans la carrière de la Révolution, viendraient-ils chercher, au milieu de tous ces événemens, les moyens d’usurper une fausse popularité, d’entraîner les patriotes même à de fausses mesures, et de jeter parmi nous le trouble et la discorde ? De quel droit viendraient-ils troubler la liberté des cultes, au nom de la liberté, et attaquer le fanatisme par un fanatisme nouveau ? De quel droit feraient-ils dégénérer les hommages solennels rendus à la vérité pure, en des farces éternelles et ridicules ? Pourquoi permettrait-on de se jouer ainsi de la dignité du peuple, et d’attacher les grelots de la folie au sceptre même de la philosophie.
« On a supposé qu’en accueillant des offrandes civiques, la Convention avait proscrit le culte catholique. Non, la Convention n’a point fait cette démarche téméraire. La Convention ne la fera jamais. Son intention est de maintenir la liberté des cultes qu’elle a proclamée et de réprimer en même-temps tous ceux qui en abuseraient pour troubler l’ordre public ; elle ne permettra pas qu’on persécute les ministres paisibles du culte, et elle les punira avec sévérité toutes les fois qu’ils oseront se prévaloir de leurs fonctions pour tromper les citoyens et pour armer les préjugés ou le royalisme contre la République. On a dénoncé des prêtres pour avoir dit la messe ! ils la diront plus longtemps si on les empêche de la dire. Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit la messe.
« Il est des hommes qui veulent aller plus loin ; qui, sous le prétexte de détruire la superstition, veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même. Tout philosophe, tout individu, peut adopter là-dessus l’opinion qui lui plaira. Quiconque voudrait lui en faire un crime est un insensé ; mais l’homme public, mais le législateur, serait cent fois plus insensé, qui adopterait un pareil système. La Convention nationale l’abhorre. La Convention n’est point un faiseur de livres, un auteur de systêmes métaphysiques ; c’est un corps politique et populaire, chargé de faire respecter, non seulement les droits, mais le caractère du peuple français. Ce n’est point en vain qu’elle a proclamé la Déclaration des droits de l’homme en présence de l’Être suprême.
« On dira peut-être que je suis un esprit étroit, un homme à préjugés ; que sais-je, un fanatique. J’ai déjà dit que je ne parlais ni comme un individu, ni comme un philosophe systématique, mais comme un représentant du peuple. L’athéisme est aristocratique ; l’idée d’un grand être qui veille sur l’innocence opprimée, et qui punit le crime triomphant, est toute populaire. Le peuple, les malheureux m’applaudissent ; si je trouvais des censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les coupables. J’ai été, dès le collège, un assez mauvais catholique ; je n’ai jamais été ni un ami froid, ni un défenseur infidèle de l’humanité. Je n’en suis que plus attaché aux idées morales et politiques que je viens de vous exposer. Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer.
« Je parle dans une tribune où l’impudent Guadet osa me faire une crime d’avoir prononcé le mot de Providence [26 mars 1792]. Et dans quel tems ? Lorsque le cœur ulcéré de tous les crimes dont nous étions les témoins et les victimes ; lorsque, versant des larmes amères et impuissantes sur la misère du peuple éternellement trahi, éternellement opprimé, je cherchais à m’élever au-dessus de la tourbe impure des conspirateurs dont j’étais environné en invoquant contre eux la vengeance céleste, à défaut de la foudre populaire. Ce sentiment est gravé dans tous les cœurs sensibles et purs ; il anima dans tous les temps les plus magnanimes défenseurs de la liberté. Aussi long-temps qu’il existera des tyrans, il sera une consolation douce au cœur des opprimés ; et si jamais la tyrannie pouvait renaître parmi nous, quelle est l’âme énergique et vertueuse qui n’appellerait point en secret, de son triomphe sacrilège, à cette éternelle justice qui semble avoir écrit dans tous les cœurs l’arrêt de mort de tous les tyrans. Il me semble du moins que le dernier martyr de la liberté exhalerait son âme avec un sentiment plus doux en se reposant sur cette idée consolatrice. Ce sentiment est celui de l’Europe et de l’univers ; c’est celui du peuple français. Ce peuple n’est attaché ni aux prêtres, ni à la superstition, ni aux cérémonies religieuses ; il ne l’est qu’au culte en lui-même, c’est-à-dire à l’idée d’une puissance incompréhensible, l’effroi du crime et le soutien de la vertu, à qui il se plaît à rendre des hommages qui sont autant d’anathèmes contre l’injustice et contre le crime triomphant. […]
« Ne voyez-vous pas le piège que nous tendent les ennemis de la République et les lâches émissaires des tyrans étrangers ? En présentant comme l’opinion générale, les travers de quelques individus et leur propre extravagance, ils voudraient nous rendre odieux à tous les peuples pour affermir les trônes chancelans des scélérats qui les oppriment. Quel est le tems qu’ils ont choisi pour ces machinations ? Celui où leurs armées combinées ont été vaincues ou repoussées par le génie républicain, celui où ils veulent étouffer les murmures des peuples fatigués ou indignés de leur tyrannie ; celui où ils pressent les nations neutres et alliées de la France de se déclarer contre nous. Les lâches ne veulent que réaliser toutes les calomnies grossières dont l’Europe entière reconnaissait l’impudence, et repousser de vous par les préjugés ou par les opinions religieuses, ceux que la morale et l’intérêt commun attiraient vers la cause sublime et sainte que nous défendons. Je le répète ; nous n’avons plus d’autre fanatisme à craindre que celui des hommes immoraux soudoyés par les cours étrangères pour éveiller le fanatisme et pour donner à notre Révolution le vernis de l’immoralité qui est le caractère de nos lâches et féroces ennemis. »

Le 5 décembre, au nom du Comité de salut public, Robespierre proposa à la Convention, qui l’adopta, une réponse au manifeste des rois ligués contre la République. En préambule, il revenait sur la machiavélisme de la déchristianisation et introduisait un nouveau thème, celui des factions, rivales et contraires en apparence, mais tendant de fait au même but : la ruine de la République. 

« Toujours attentifs à renouer les fils de leurs trames funestes, à mesures qu’ils sont rompus par la main du patriotisme ; toujours habiles à tourner les armes de la liberté contre la liberté même, les émissaires des ennemis de la France travaillent aujourd’hui à renverser la République par républicanisme, et à rallumer la guerre civile par philosophie. Avec ce grand système de subversion et d’hypocrisie, coïncide merveilleusement un plan perfide de diffamation contre la Convention nationale et contre la nation elle-même. Tandis que la perfidie ou l’imprudence, tantôt énervait l’énergie des mesures révolutionnaires commandée par le salut de la patrie, tantôt les laissait sans exécution, tantôt les exagérait avec malice, ou les appliquait à contre-sens ; tandis qu’au milieu de ces embarras, les agens des puissances étrangères mettant en œuvre tous les mobiles, détournaient notre attention des véritables dangers et des besoins pressans de la République, pour la tourner toute entière vers les idées religieuses ; tandis qu’à une révolution politique ils cherchaient à substituer une révolution nouvelle, pour donner le change à la raison publique et à l’énergie du patriotisme ; tandis que les mêmes hommes attaquaient ouvertement tous les cultes, et encourageaient secrètement le fanatisme ; tandis qu’au même instant ils faisaient retentir la France entière de leurs déclamations insensées, et osaient abuser du nom de la Convention nationale pour justifier les extravagances réfléchies de l’aristocratie déguisée sous le manteau de la folie : les ennemis de la France marchandaient de nouveaux ports, vos généraux, vos armées ; rassuraient le fédéralisme épouvanté, intriguaient chez tous les peuples étrangers pour multiplier vos ennemis. Ils armaient contre vous les prêtres de toutes les nations ; ils opposaient l’empire des opinions religieuses à l’ascendant naturel de vos principes moraux et politiques ; et les manifestes de tous les gouvernemens nous dénonçaient à l’Univers comme un peuple de fous et d’athées. C’est à la Convention nationale d’intervenir entre le fanatisme qu’on réveille et le patriotisme qu’on veut égarer, et de rallier tous les citoyens aux principes de la liberté, de la raison et de la justice. Les législateurs qui aiment la patrie, et qui ont le courage de la sauver, ne doivent pas ressembler à des roseaux sans cesse agités par le souffle des factions étrangères. »

Le 8 décembre (18 frimaire), la Convention confirmait son décret sur la liberté des cultes. La déchristianisation violente était terminée, du moins à Paris.

La Terreur.

Eté 1793. La République faisait front de tous côtés. Au nord, les Anglais. Au nord-est, les Prussiens et les Autrichiens. A l’est, les Piémontais. Au sud-ouest, les Espagnols. A l’intérieur, les Vendéens ravageaient l’Ouest, les Toulonnais accueillaient les anglo-espagnols, les Marseillais menaçaient de faire de même, les Lyonnais défiaient la République. La trahison était partout à craindre. Partout des réticences, l’égoïsme et la corruption à comprimer. A Paris, les prix avaient augmenté, le peuple avait faim. Et avec cela, plus d’hommes que jamais sous les drapeaux (décret de levée en masse, le 23 août), autant de bras en moins dans les champs et les ateliers pour répondre aux besoins ordinaires et extraordinaires de la France.

Au matin du 5 septembre, la Convention adopta la réorganisation du tribunal révolutionnaire selon le projet de Merlin (de Douai), membre du Comité de législation. Son activité allait croître. Le même jour, à midi, les ouvriers parisiens qui, la veille, s’étaient rassemblés à la Commune, envahirent la Convention, brandissant des pancartes : « Guerre aux tyrans, guerre aux aristocrates, guerre aux accapareurs ». Robespierre présidait (un nouveau président était élu toutes les deux semaines) et laissa rapidement sa place à Thuriot. A la demande de Danton, une indemnité est votée pour que les sans-culottes puissent assister à la séance de leur section. La demande de Basire, appuyée par Léonard Bourdon et Billaud-Varenne (élu le lendemain au Comité de salut public), de définir le terme gens suspects et d’épurer les comités révolutionnaires est votée. Sur un rapport de Barère, fait au nom du Comité de salut public, la formation d’une armée révolutionnaire fut décrétée. Jeanbon Saint-André, lui aussi membre du Comité de salut public, réclama et obtint la possibilité d’effectuer des visites domiciliaires la nuit. Sans qu’elle ait été décrétée, la Terreur était désormais à l’ordre du jour. Robespierre n’y était pour rien. Tout au plus était-il d’accord avec les mesures adoptées (le 25 août, il avait parlé aux Jacobins de la nécessité de réorganiser le Tribunal révolutionnaire).

Les propositions décrétées furent convertis en décret les jours suivants. Le 9 septembre, la Convention votait l’organisation de l’armée révolutionnaire, suspendait la permanence des Sections (deux séances par semaine), et l’indemnisation des sectionnaires pauvres. Le 11, elle décrétait le maximum des prix. Le 17, elle votait la loi des suspects présentée par Merlin (de Douai). La définition des suspects était on ne peut plus large. Le 10 octobre, la Convention, sur le rapport de Saint-Just, membre du Comité de salut public, fait à la demande de la Convention elle-même (le 4 octobre), décréta que le gouvernement serait révolutionnaire jusqu’à la paix. Le 4 décembre (14 frimaire an II), l’organisation du gouvernement révolutionnaire était votée sur un rapport de Billaud-Varenne. (Notons qu’il fallut des mois pour le mettre en place partout, pour établir partout des autorités ayant la confiance du Comité, cœur du dispositif, et que, de ce fait, il ne fonctionna pleinement guère plus de quelques mois avant le 9 thermidor.) Toutes ces étapes montrent que les révolutionnaires agirent de manière empirique, pour répondre aux exigences des circonstances, et non par idéologie ni par plaisir.

Ce n’est que le 25 décembre (5 nivôse an II), trois mois après que la Terreur ait été instaurée de fait (une éternité en ce temps-là), que Robespierre la théorisa. Il n’en n’était pas l’instigateur. Il ne fut que la voix d’un régime légitime et humaniste aux abois. Son rapport sur les principes du gouvernement révolutionnaire fut acclamé, sanctionné par la Convention. Il suffit de le lire pour comprendre pourquoi.

« La théorie du gouvernement révolutionnaire est aussi neuve que la révolution qui l'a amené. Il ne faut pas la chercher dans les livres des écrivains politiques, qui n'ont point prévu cette révolution, ni dans les lois des tyrans, qui, contens d'abuser de leur puissance, s'occupent peu d'en rechercher la légitimité ; aussi ce mot n'est-il pour l'aristocratie qu'un sujet de terreur ou un texte de calomnie ; pour les tyrans, qu'un scandale, pour bien des gens, qu'une énigme ; il faut l'expliquer à tous pour rallier au moins les bons citoyens aux principes de l'intérêt public.
« La fonction du gouvernement est de diriger les forces morales et physiques de la nation vers le but de son institution.
« Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République ; celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder.
« La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible.
« Le gouvernement révolutionnaire a besoin d'une activité extraordinaire, précisément parce qu'il est en guerre. Il est soumis à des règles moins uniformes et moins rigoureuses, parce que les circonstances où il se trouve sont orageuses et mobiles, et surtout parce qu'il est forcé de déployer sans cesse des ressources nouvelles et rapides, pour des dangers nouveaux et pressans.
« Le gouvernement constitutionnel s'occupe principalement de la liberté civile : et le gouvernement révolutionnaire, de la liberté publique. Sous le régime constitutionnel, il suffit presque de protéger les individus contre les abus de la puissance publique : sous le régime révolutionnaire, la puissance publique elle-même est obligée de se défendre contre toutes les factions qui l'attaquent.
« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort.
« Ces notions suffisent pour expliquer l’origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques sont des sophistes stupides ou pervers qui cherchent à confondre les contraires : ils veulent soumettre au même régime la paix et la guerre, la santé et la maladie, ou plutôt ils ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. S'ils invoquent l'exécution littérale des adages constitutionnels, ce n'est que pour les violer impunément. Ce sont de lâches assassins qui, pour égorger sans péril la République au berceau, s'efforcent de la garrotter avec des maximes vagues dont ils savent bien se dégager eux-mêmes.
« Le vaisseau constitutionnel n'a point été construit pour rester toujours dans le chantier ; mais fallait-il le lancer à la mer au fort de la tempête, et sous l'influence de vents contraires ? C'est ce que voulaient les tyrans et les esclaves qui s'étaient opposés à sa construction ; mais le peuple français vous a ordonné d'attendre le retour au calme. Ses voeux unanimes, couvrant tout-à-coup les clameurs de l'aristocratie et du fédéralisme, vous ont commandé de le délivrer d'abord de tous ses ennemis.
« Il doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès ; le modérantisme, qui est à la modération, ce que l’impuissance est à la chasteté, et l’excès qui ressemble à l’énergie, comme l’hydropisie à la santé. [...] S’il fallait choisir entre un excès de ferveur patriotique et le néant de l’incivisme, ou le marasme du modérantisme, il n’y aurait pas à balancer. Un corps vigoureux, tourmenté par une surabondance de sève, laisse plus de ressource qu’un cadavre. [...] Si donc on regardait comme criminels tous ceux qui, dans le mouvement révolutionnaire, auraient dépassé la ligne exacte tracée par la prudence, on envelopperait dans une proscription commune, avec les mauvais citoyens, tous les amis naturels de la liberté, vos propres amis et tous les appuis de la république.
« En indiquant les devoirs du gouvernement révolutionnaire, nous avons marqué ses écueils. Plus son pouvoir est grand, plus son action est libre et rapide, plus il doit être dirigé par la bonne foi. Le jour où il tombera dans des mains impures ou perfides, la liberté sera perdue ; son nom deviendra le prétexte et l’excuse de la contre-révolution même ; son énergie sera celle d’un poison violent. [...] »

On chercherait en vain dans ce discours, comme dans les autres, une trace de folie. Tout est logique, justifié, raisonnable, à la hauteur des circonstances. L’homme qui fit ce rapport n’était pas altéré de sang. Moins d’une semaine plus tôt, le 20 décembre, c’est sur sa proposition et dans ses propres termes que la Convention avait décrété la création d’une commission chargée de rechercher et de faire libérer les patriotes arrêtés à tort : souci de justice sans tomber dans l’excès du modérantisme ou de l’indulgence. Mais le 24 décembre, Camille Desmoulins, son ami d’enfance et instrument de Danton, appela, dans son journal Le vieux Cordelier, à la création d’un comité de clémence. En dénaturant la proposition de Robespierre, en cherchant à substituer l’angélisme à la justice (révolutionnaire), Camille Desmoulins suscita la réaction de Billaud-Varenne qui, le 26, fit rapporter le décret, non sans que Robespierre le défendisse à nouveau, en vain cette fois. Cet épisode dit tout.

Robespierre affina encore sa théorie le 5 février (17 pluviôse an II). La violence — la violence d’Etat — est nécessaire quand l’Etat est en péril. Cette violence était du reste préférable à la violence populaire, telle qu’elle avait pu se déchaîner en septembre 1792. Mais, comme toute chose, elle recelait des pièges et des dangers à éviter autant que faire se pourrait.  

« Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier, qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressans besoins de la patrie.
« On a dit que la terreur était le ressort du gouvernement despotique. Le vôtre ressemble-t-il donc au despotisme ? Oui, comme le glaive qui brille dans les mains des héros de la liberté, ressemble à celui dont les satellites de la tyrannie sont armés. Que le despote gouverne par la terreur ses sujets abrutis ; il a raison, comme despote : domptez par la terreur les ennemis de la liberté ; et vous aurez raison comme fondateurs de la République. Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. La force n’est-elle faite que pour protéger le crime ? [...]
« Jusqu’à quand la fureur des despotes sera-t-elle appelée justice, et la justice du peuple, barbarie ou rébellion ? Comme on est tendre pour les oppresseurs, et inexorables pour les opprimés ! Rien de plus naturel : quiconque ne hait point le crime, ne peut aimer la vertu. [...] Punir les oppresseurs de l’humanité, c’est clémence ; leur pardonner, c’est barbarie. [...] La rigueur des tyrans n’a pour principe que la rigueur : celle du gouvernement républicain part de la bienfaisance. Aussi, malheur à celui qui oserait diriger vers le peuple la terreur qui ne doit approcher que de ses ennemis ! Malheur à celui qui, confondant les erreurs inévitables du civisme avec les erreurs calculées de la perfidie, ou avec les attentats des conspirateurs, abandonne l’intrigant dangereux, pour poursuivre le citoyen paisible ! Périsse le scélérat qui ose abuser du nom sacré de la liberté, ou des armes redoutables qu’elle lui a confiées, pour porter le deuil ou la mort dans le cœur des patriotes ! Cet abus a existé, on ne peut en douter. Il a été exagéré, sans doute, par l’aristocratie : mais existât-il dans toute la république qu’un seul homme vertueux persécuté par les ennemis de la liberté, le devoir du gouvernement serait de la rechercher avec inquiétude, et de le venger avec éclat. [...] »

Pour Robespierre, il ne s’agissait pas là que de rhétorique. Telle fut bien la position qu’il adopta, qu’il essaya de faire prévaloir et qui fit de tous les extrémistes de la Terreur et de tous les pourris ses ennemis personnels. C’est eux, Fouché en tête, qui eurent sa peau.

L’idéal de la Révolution

Ce fameux rapport du 17 pluviôse sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention dans l’administration intérieure de la République ne concernait pas seulement la Terreur, la République en guerre, il indiquait aussi l’idéal que la Révolution se proposait d’atteindre.

« Il faut prendre de loin ses précautions pour remettre les destinées de la liberté dans les mains de la vérité qui est éternelle, plus que dans celle des hommes qui passent, de manière que si le gouvernement oublie les intérêts du peuple, ou qu’il retombe entre les mains des hommes corrompus, selon le cours naturel des choses, la lumière des principes reconnus éclaire ses trahisons, et que toute faction nouvelle trouve la mort dans la seule pensée du crime.
« Heureux le peuple qui peut arriver à ce point ! car, quelques nouveaux outrages qu’on lui prépare, quelles ressources ne présente pas un ordre des choses où la raison publique est la garantie de la liberté !
« Quel est le but où nous tendons ? la jouissance paisible de la liberté et de l’égalité ; le règne de cette justice éternelle, dont les lois ont été gravées, non sur le marbre ou sur la pierre, mais dans les cœurs de tous les hommes, même dans celui de l’esclave qui les oublie, et du tyran qui les nie.
« Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable, c’est-à-dire, toutes les vertus et tous les miracles de la République, à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie.
« Nous voulons, en un mot, remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l’humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime et de la tyrannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé, devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés, l’ornement de l’univers, et qu’en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir briller au moins l’aurore de la félicité universelle… Voilà notre ambition, voilà notre but.
« Quelle nature de gouvernement peut réaliser ces prodiges ? Le seul gouvernement démocratique ou républicain : ces deux mots sont synonymes, malgré les abus du langage vulgaire ; car l’aristocratie n’est pas plus la république que la monarchie. La démocratie n’est pas un état où le peuple, continuellement assemblé, règle par lui-même toutes les affaires publiques, encore moins celui où cent mille fractions du peuple, par des mesures isolées, précipitées et contradictoires, décideraient du sort de la société entière : un tel gouvernement n’a jamais existé, et il ne pourrait exister que pour ramener le peuple au despotisme.
« La démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut faire lui-même.
« C’est donc dans les principes du gouvernement démocratique que vous devez chercher les règles de votre conduite politique.
« Mais, pour fonder et pour consolider parmi nous la démocratie, pour arriver au règne paisible des lois constitutionnelles, il faut terminer la guerre de la liberté contre la tyrannie, et traverser heureusement les orages de la Révolution : tel est le but du système révolutionnaire que vous avez régularisé. Vous devez donc encore régler votre conduite sur les circonstances orageuses où se trouve la République ; et le plan de votre administration doit être le résultat de l’esprit du gouvernement révolutionnaire, combiné avec les principes généraux de la démocratie. »

C’est finalement cet idéal, formulé par Robespierre, et, de manière générale, l’esprit égalitaire et démocratique de l’an II, dont Robespierre était là encore le champion, que tous les peuples et la postérité ont retenu comme étant l’idéal et l’esprit de la grande Révolution française, plus encore que les déclarations aristo-bourgeoises de 1789. C’est aussi la devise formulée par Robespierre que la République française fit sienne jusqu’à nos jours. Il n’y a pas de hasard.

L’an II fut sur tous les plans le moment fort de la Révolution, et Robespierre, le personnage le plus illustre du moment. Et ce n’est pas en raison du sang versé sous la Terreur que les bourgeois — qui en firent couler des torrents en d’autres temps — s’efforcèrent, par la suite, de noircir cette époque et Robespierre pour mettre en valeur 1789 et La Fayette mais parce que les idées qui furent alors développées étaient et sont encore une condamnation de leurs sophismes, de leur mesquinerie, de leur mépris pour le peuple, de leur lâcheté à l’heure du danger. Les idées d’un Robespierre sont encore révolutionnaires aujourd’hui à bien des égards, donc subversives et à étouffer pour ceux qui veulent que le peuple demeure nul. Pour étouffer ses idées, pour que personne ne s’y intéresse, il fallait salir, rendre exécrable ou faire oublier l’homme qui, deux jours avant d’être exécuté, déclarait encore du haut de la tribune de la Convention :

« Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l'amour de l'égalité et de la patrie, la liberté n'est qu'un vain nom. Peuple, toi que l'on craint, que l'on flatte et que l'on méprise ; toi, souverain reconnu qu'on traite toujours en esclave, souviens-toi que partout où la justice ne règne pas, ce sont les passions des magistrats, et que le peuple a changé de chaînes et non de destinées.
« Souviens-toi qu'il existe dans ton sein une ligue de fripons qui lutte contre la vertu publique, qui a plus d'influence que toi-même sur tes propres affaires, et que, loin de sacrifier cette poignée de fripons à ton bonheur, tes ennemis veulent te sacrifier à cette poignée de fripons, auteurs de tous nos maux, et seuls obstacles à la prospérité publique.
« Sache que tout homme qui s'élèvera pour défendre la cause et la morale publique sera accablé d'avanies et proscrit par les fripons ; sache que tout ami de la liberté sera toujours placé entre un devoir et une calomnie ; que ceux qui ne pourront être accusés d'avoir trahi seront accusés d'ambition ; que l'influence de la probité et des principes sera comparée à la force de la tyrannie et à la violence des factions ; que ta confiance et ton estime seront des titres de proscription pour tous tes amis ; que les cris du patriotisme opprimé seront appelés des cris de sédition, et que, n'osant t'attaquer toi-même en masse, on te proscrira en détail dans la personne de tous les bons citoyens, jusqu'à ce que les ambitieux aient organisé leur tyrannie. Tel est l'empire des tyrans armés contre nous : telle est l'influence de leur ligue avec tous les hommes corrompus, toujours portés à les servir.
« Ainsi donc, les scélérats nous imposent la loi de trahir le peuple, à peine d'être appelés dictateurs. Souscrirons-nous à cette loi ? Non : défendons le peuple, au risque d'en être estimés ; qu'ils courent à l'échafaud par la route du crime, et nous par celle de la vertu. »

Le lendemain, les brigands triomphaient. Robespierre, son frère, ses amis, ses partisans étaient conduits à l’échafaud. C’en était fait de la Révolution. L’aristocratie de Largent s’installait définitivement au pouvoir.

Les factions

Même d’accord sur un but, les hommes peuvent diverger sur la question des moyens. Ils divergent d’autant plus sur la question des moyens qu’ils ne sont d’accord qu’en apparence sur le but. Il était donc dans la nature des choses que, face au Comité de salut public, se dressent des hommes sincères ou hypocrites voulant faire plus que lui, d’autres voulant faire moins, tous pensant ou prétendant vouloir la Révolution et le bien de la République. Robespierre appela les premiers, ultra-révolutionnaires, les seconds, citra-révoltionnaires. L’Histoire connaît les premiers sous le nom de Cordeliers ou d’Hébertistes, les seconds, sous celui d’Indulgents ou de Dantonistes.

Au vrai, le premier courant ultra-révolutionnaire, antérieur à l’hébertisme, fut celui des Enragés, incarnés par Jacques Roux, un prêtre constitutionnel (celui-là même qui accompagna Louis XVI à l’échafaud), les jeunes Varlet, le harangueur de rue, et Leclerc d’Oze, lié aux Républicaines révolutionnaires. Le terme faction est trop fort les concernant ; ils n’avaient aucun lien entre eux. Contrairement à une idée reçue, leur idéal ne différait en rien de celui de Robespierre (cf. la déclaration des droits de Varlet), ils n’étaient pas plus avancés que lui. Ils étaient seulement plus impatients, plus turbulents, moins prudents, moins tacticiens, moins politiques ; en un mot, c’étaient des gauchistes. Plus proches du peuple que Robespierre de par leur origine et leur situation, ils étaient obsédés par la questions des subsistances et réclamaient à cor et à cris la punition des accapareurs et l’instauration du maximum. Ils n’avaient pas tort sur le fond, mais leur agitation incessante, depuis le début de 1793, avait d’abord gêné les Montagnards dans leur duel avec les Girondins, puis leur acharnement à critiquer la Constitution, la Convention et le Comité, à saper l’unité, obligea les Jacobins à les neutraliser. Des intimidations de la part des Jacobins et de la Convention suffirent pour que Leclerc et Varlet se fassent oublier. Jacques Roux, arrêté une première fois par sa section le 22 août (libéré le 27), une seconde fois par les Jacobins le 5 septembre, se poignarda le 12 janvier 1794 au milieu du tribunal de police correctionnelle qui venait de renvoyer son affaire au Tribunal révolutionnaire, pensant qu’il serait acquitté comme Marat (le 24 avril 1793). Ayant survécut à ses blessures, il se poignarda de nouveau, avec succès, un mois plus tard.

Robespierre intervint dans cette affaire, mais il ne fut au fond qu’un parmi les Jacobins qui tous, Marat en tête, réprouvaient les Enragés. Cependant, ces derniers avaient beau être impolitiques et insupportables, ils étaient honnêtes, sincères, désintéressés. Ceci explique sans doute pourquoi les révolutionnaires se contentèrent de les paralyser (comme ils voulaient d’ailleurs le faire initialement avec les Girondins). Mais c’est une tout autre espèce d’hommes qui leur succéda, des hommes plus éminents, plus ambitieux et plus dangereux, des hommes dont le plus connu fut Hébert, substitut du procureur syndic de la Commune et rédacteur du journal Le Père Duchesne, très apprécié des Sans-culottes.

Hébert qui n’avait pas été le moins farouche contre les Girondins et les Enragés ne semblait respirer que pour l’outrance. Ayant repris à son compte le programme des Enragés, plutôt axé sur les questions économiques, il y ajouta des mesures politiques radicales qu’il prônait tant dans son journal qu’aux Jacobins : proscription des nobles, des prêtres, Terreur et déchristianisation tous azimuts. Ce faisant, il attaquait le Comité de salut et ses membres qui, plus responsables, confrontés à la réalité des problèmes et à la difficulté de trouver des hommes compétents (parmi les bourgeois, les ex-prêtres et même les ex-nobles), ne voulaient ni ne pouvaient se permettre de tomber dans l’excès. Hébert marchait avec Chaumette, de la Commune, et était soutenu par Bouchotte, le ministre de la guerre qui diffusait son journal auprès des armées,  par les chefs de l’armée révolutionnaire et, sur la fin, par les Cordeliers.

Mais une autre faction faisait pendant à celle-là, incarnée par Danton, homme plus que trouble, député de Paris, grand tribun, fondateur du club des Cordeliers, jacobin, partisan de tous les compromis et de la paix à tout prix. Il est avéré aujourd’hui qu’il avait été payé par la Cour, via Mirabeau, pour compromettre le mouvement révolutionnaire, et par l’Espagne, via Ocariz, pour sauver Louis XVI. En autres actes de corruption, il fut formellement accusé par le maréchal de camp Miaczynski d’avoir organisé avec Lacroix, à Liège et à Aix-la-Chapelle, deux fabriques de faux assignats, information que Miaczynski, condamné à mort le 17 mai, confia à des commissaires de la Convention le 18 mai avant d’être exécuté le 22. Danton couvrait ses manœuvres et ses échecs par de grandes déclarations. De fait, il soutint la création de toutes les institutions révolutionnaires et même l’instauration de la Terreur. Mais ses collègues n’étaient pas dupes. Certains se défiaient de son caractère, voire soupçonnaient ses trahisons ; d’autres, au contraire, partageaient ses vues et formaient avec lui la faction des Indulgents.

Ces deux factions rivales — aux contours mal définis, certains hommes pouvant même être classés dans les deux à la fois, suivant le sujet — attaquaient le Comité pour des raisons opposées et se dénonçaient mutuellement. Le Comité pouvait donc s’appuyer tantôt sur l’une pour contrer l’autre, tantôt sur l’autre pour contrer la première. Mais les attaques dont il était en permanence l’objet contrariaient son action et menaçaient jusqu’à son existence. En outre, elles divisaient les révolutionnaires à un moment où l’union était plus que jamais nécessaire. C’est d’abord à la raison et à la réconciliation qu’en appela Robespierre, en son nom et au nom du Comité, en présentant les dangers de telles attitudes. Sa première intervention, le 25 septembre, faisait suite à une attaque de la droite, motivée par les difficultés militaires : 

« On nous accuse de ne rien faire, mais a-t-on donc réfléchi à notre position ? Onze armées à diriger, le poids de l’Europe entière à porter, partout des traîtres à démasquer, des émissaires soudoyés par l’or des puissances étrangères à déjouer, des administrateurs infidèles à surveiller, à poursuivre, partout à aplanir des obstacles et des entraves à l’exécution des plus sages mesures ; tous les tyrans à combattre, tous les conspirateurs à intimider, eux qui se trouvent presque tous dans une caste puissante autrefois par ses richesses et encore par ses intrigues : telles sont nos fonctions. Croyez-vous que, sans unité d’action, sans le secret dans les opérations, sans la certitude de trouver un appui dans la Convention, le gouvernement puisse triompher de tant d’obstacles et de tant d’ennemis ? Non, il n’y a que la plus extrême ignorance ou la plus profonde perversité qui puissent prétendre que dans de pareilles circonstances, on ne soit pas un ennemi de la patrie, alors qu’on se fait un jeu cruel d’avilir ceux qui tiennent le timon des affaires, d’entraver leurs opérations, de calomnier leur conduite. »

Dans cette discussion, Billaud, Barère, Prieur (de la Marne) et Jeanbon Saint-André, tous membres du Comité, étaient aussi intervenus, mais c’est lui, Robespierre, qui obtint que la Convention unanime accorde toute sa confiance au Comité. Un mot fort applaudi de Basire illustre tout le prestige dont il jouissait : « Où en serions-nous donc si Robespierre avait besoin de se justifier devant la Montagne ? »

Le Comité ayant obtenu la confiance sans équivoque de la Convention, les factions ne purent plus l’attaquer frontalement et furent réduites à se déchirer entre elles, notamment aux Jacobins. Leur querelle s’intensifia fin novembre avec le retour de Danton, le 18 novembre. Objets d’attaques en raison de son comportement louche, il s’était retiré à Arcis-sur-Aube le 12 octobre. L’arrestation de son ami Chabot l’avait décidé à quitter sa retraite et à plaider désormais ouvertement l’indulgence (avec comme arrière pensée de renverser les Comités, de conclure une paix de compromis, de réviser la Constitution et de mâter les Sans-culottes, dixit Garat), à la grande fureur des hébertistes. Il entama sa campagne aux Jacobins, le 22 novembre, en s’opposant comme Robespierre, par tactique, à la déchristianisation mais aussi à la Terreur, en demandant « l’économie du sang des hommes ». (A cette époque, la Terreur ne représentait presque rien. Il n’y avait eu à Paris que 152 exécutions depuis l’instauration du Tribunal révolutionnaire en avril, pour 252 acquittements et 69 condamnations à des peines diverses.)

Dès le 5 décembre, par sa réponse au manifeste des rois ligués contre la République, Robespierre mit en garde les uns et les autres (voir plus haut) qui tous avaient trempé dans la déchristianisation qui semblait alors le principal moyen de la contre-révoltion. En disant que ce mouvement était une manœuvre de l’étranger, mais en n’accusant personne, il permettait aux naïfs de se reprendre. Mais les hypocrites ou les irresponsables étaient prévenus.

Le 25 décembre, la situation avait changé. Le 15 décembre avait paru le n° 3 du Vieux Cordelier de Camille Desmoulins qui appelait à la clémence. Le 17, les Indulgents avaient réussi à faire décréter d’arrestation Vincent et Ronsin. Le 19, était découverte l’implication de Fabre d’Eglantine, ami de Danton, qui avait dénoncé Chabot, dans la falsification d’un décret, elle-même rattachée à un vaste complot. Le 20, des femmes de Lyon étaient venues pleurer à la Convention. Robespierre lui-même avait obtenu la formation d’une commission de justice. Le 21, Fabre qui n’avait pas encore été arrêté obtenait l’arrestation de Mazuel, lieutenant de Ronsin. L’indulgence avait le vent en poupe. Mais les Sections grondaient et les ultra-révolutionnaires furent regonflés par Collot-d’Herbois, membre du Comité de salut public, de retour de Lyon. Le 23, aux Jacobins, alors que les accusations fusaient, Robespierre appela à l’union. « Soyez-en persuadés, la tactique de nos ennemis, et elle est sûre, c’est de nous diviser, on veut que luttant corps à corps, nous nous déchirions de nos propres mains. » Le 24, paraissait le n° 4 du Vieux Cordelier qui appelait à la fin de la Terreur. C’est donc dans ce contexte tendu que, le 25 décembre, Robespierre fit son rapport sur les Principes du gouvernement révolutionnaire (voir plus haut) dans lequel il parla pour la première fois de faction à propos des uns et des autres. Sa position était sans ambiguïté : « S’il fallait choisir entre un excès de ferveur patriotique et le néant de l’incivisme, ou le marasme du modérantisme, il n’y aurait pas à balancer. Un corps vigoureux, tourmenté par une surabondance de sève, laisse plus de ressource qu’un cadavre. » Position théorique en vérité.

Robespierre avait été assez proche de Danton depuis le début de la Révolution et était plus proche encore de Desmoulins qui était un ami d’enfance ; il avait été le témoin à son mariage et était même le parrain de son fils. Ces considérations le portèrent à les ménager autant qu’il put, jusqu’à ce qu’il devint impossible de les défendre. Le 10 janvier, il lâchait Desmoulins tout en faisant rapporter la décision des Jacobins de l’exclure de leur sein.

« Tous les hommes de bonne foi doivent s’apercevoir que je ne défends pas Camille Desmoulins, mais que je m’oppose seulement à sa radiation isolée parce que je sais que l’intérêt public n’est pas qu’un individu se venge d’un autre, qu’une coterie triomphe d’une autre. Il faut que tous les intrigans sans exception soient dévoilés et mis à leur place. Je termine en demandant que la Société, regardant son arrêté comme non avenu, s’occupe de discuter l’intrigue générale en ne prenant pas des intrigans isolés pour l’objet de sa discussion, ou que l’on mette à l’ordre du jour les crimes du gouvernement britannique. »

Le 7 janvier, Robespierre avait proposé aux Jacobins de cesser leurs disputes et de s’intéresser au gouvernement anglais. Cette idée n’était pas stupide. Les Jacobins en sentirent l’utilité et une douzaine au moins de discours furent en effet prononcés par la suite sur ce sujet. C’est alors que Robespierre tomba malade une première fois. Lorsqu’il revint, quinze jours plus tard, le 5 février (17 pluviôse), il fit son rapport sur les principes de morale politique, dans lequel il fustigeait les factions qui, pour être moins actives, n’avaient pas disparu pour autant :

« Les ennemis intérieurs du peuple français se sont divisés en deux factions, comme en deux corps d’armée. Elles marchent sous des bannières de différentes couleurs et par des routes diverses : mais elles marchent au même but ; ce but est la désorganisation du gouvernement populaire, la ruine de la Convention, c’est-à-dire, le triomphe de la tyrannie. L’une de ces deux factions nous pousse à la faiblesse, l’autre aux excès. L’une veut changer la liberté en bacchante, l’autre en prostituée. [...]
« Le faux révolutionnaire est peut-être plus souvent encore en-deçà qu’au-delà de la Révolution : il est modéré, il est fou de patriotisme, selon les circonstances. On arrête dans les comités prussiens, anglais, autrichiens, moscovites même, ce qu’il pensera le lendemain. Il s’oppose aux mesures énergiques, et les exagère quand il n’a pu les empêcher : sévère pour l’innocence, mais indulgent pour le crime : accusant même les coupables qui ne sont point assez riches pour acheter son silence, ni assez importans pour mériter son zèle ; mais se gardant bien de jamais se compromettre au point de défendre la vertu calomniée : découvrant quelquefois des complots découverts, arrachant le masque à des traîtres démasqués et même décapités ; mais prônant les traîtres vivans et encore accrédités : toujours empressé à caresser l’opinion du moment, et non moins attentif à ne jamais l’éclairer, et sur-tout à ne jamais la heurter : toujours prêt à adopter les mesures hardies, pourvu qu’elles aient beaucoup d’inconvéniens : calomniant celles qui ne présentent que des avantages, ou bien y ajoutant tous les amendemens qui peuvent les rendre nuisibles : disant la vérité avec économie, et tout autant qu’il faut pour acquérir le droit de mentir impunément : distillant le bien goutte-à-goutte, et versant le mal par torrens : plein de feu pour les grandes résolutions qui ne signifient rien ; plus qu’indifférent pour celles qui peuvent honorer la cause du peuple et sauver la patrie : donnant beaucoup aux formes du patriotisme ; très-attaché, comme les dévots dont il se déclare l’ennemi, aux pratiques extérieures, il aimerait mieux user cent bonnets rouges que de faire une bonne action. [...]
« Si tous les coeurs ne sont pas changés, combien de visages sont masqués ! combien de traîtres ne se mêlent de nos affaires que pour les ruiner ! Voulez-vous les mettre à l’épreuve, demandez-leur, au lieu de serment et de déclaration, des services réels ?Faut-il agir ? Ils pérorent. Faut-il délibérer ? Ils veulent commencer par agir. Les temps sont-ils paisibles ? Ils s’opposeront à tout changement utile. Sont-ils orageux ? Ils parleront de tout réformer, pour bouleverser tout. Voulez-vous contenir les séditieux ? Ils vous rappellent la clémence de César. Voulez-vous arracher les patriotes à la persécution ? Ils vous proposent pour modèle la fermeté de Brutus ; ils découvrent qu’un tel a été noble, lorsqu’il sert la république ; ils ne s’en souviennent plus dès qu’il la trahit. La paix est-elle utile ? Ils vous étalent les palmes de la victoire. La guerre est-elle nécessaire ? Ils vantent les douceurs de la paix. Faut-il défendre le territoire ? Ils veulent aller châtier les tyrans au-delà des monts et des mers. Faut-il reprendre nos forteresse ? Ils veulent prendre d’assaut les églises et escalader le ciel. Ils oublient les Autrichiens pour faire la guerre aux dévotes. Faut-il appuyer notre cause de la fidélité de nos alliés ? Ils déclameront contre tous les gouvernemens du monde, et vous proposeront de mettre en état d’accusation le grand Mogol lui-même. Le peuple va-t-il au Capitole rendre grâce de ses victoires ? ils entonnent des chants lugubres sur nos revers passés. S’agit-il d’en remporter de nouvelles ? Ils sèment, au milieu de nous, les haines, les divisions, les persécutions et le découragement. Faut-il réaliser la souveraineté du peuple et concentrer sa force par un gouvernement ferme et respecté ? Ils trouvent que les principes du gouvernement blessent la souveraineté du peuple. Faut-il réclamer les droits du peuple opprimé par le gouvernement ? Ils ne parlent que du respect pour les lois, et de l’obéissance due aux autorités constituées.
« Ils ont trouvé un expédient admirable pour seconder les efforts du gouvernement républicain : c’est de le désorganiser, de le dégrader complètement, de faire la guerre aux patriotes qui ont concouru à nos succès. Cherchez-vous les moyens d’approvisionner vos armées ? vous occupez-vous d’arracher à l’avarice et à la peur les subsistances qu’elles resserrent ? Ils gémissent patriotiquement sur la misère publique et annoncent la famine. Le désir de prévenir le mal est toujours pour eux un motif de l’augmenter. dans le Nord, on a tué les poules, et on nous a privé des œufs, sous le prétexte que les poules mangent du grain. Dans le Midi il a été question de détruire les mûriers et les orangers, sous le prétexte que la soie est un objet de luxe, et les oranges une superfluité. Vous ne pourriez jamais imaginer certains excès commis par des contre-révolutionnaires hypocrites, pour flétrir la cause de la Révolution. »

Six jours plus tard, Robespierre tombait de nouveau malade pour un mois, du 13 février au 12 mars. C’est dans cet intervalle que la crise atteignit son paroxysme. Le danger le plus pressant vint finalement des ultras, des Cordeliers, sous l’impulsion de Vincent, Ronsin (libérés le 2 février), Momoro, Hébert, Carrier (le bourreau de Nantes, dénoncé par Jullien de Paris et rappelé sur l’avis de Robespierre) qui profitèrent de l’absence de Robespierre pour l’insulter et s’agiter sous prétexte des subsistances. Le 4 mars, ils appelèrent à l’insurrection. Mais ils avaient commis l’erreur classique de prendre Robespierre pour le maître. Le Comité pouvait fonctionner sans lui et tous ses membres firent bloc. Collot-d’Herbois notamment leur fit face. La menace d’une insurrection se précisait (quoique les Sections ne suivaient manifestement pas le mouvement).

Le 13 mars, suite au rapport de Saint-Just sur les factions de l’étranger, la Convention chargea l’accusateur public d’arrêter et de poursuivre « ceux qui seront convaincus d’avoir, de quelque manière que ce soit, favorisé dans la République le plan de corruption des citoyens, de subversion des pouvoirs et de l’esprit public ; d’avoir excité des inquiétudes à dessein d’empêcher l’arrivage des denrées à Paris ; d’avoir donné asile aux émigrés ; ceux qui auront tenté d’ouvrir les prisons ; ceux qui auront introduit des armes dans Paris dans le dessein d’assassiner le peuple et la liberté ; ceux qui auront tenté d’ébranler ou d’altérer la forme du gouvernement républicain. »

Les Cordeliers étaient visés aussi bien que les Indulgents. Le soir même, sur ordre de Fouquier-Tinville, l’accusateur public, les meneurs Cordeliers furent arrêtés. Dans les jours qui suivirent, Robespierre insista pour que la portée politique de cette affaire soit mise en relief (ce que n’avait pas fait Vadier dans son rapport et qui en voulut à mort à Robespierre de cette critique qu’il rappela comme un crime le 9 thermidor) mais s’opposa, aux Jacobins, à ce que les arrestations se multiplient. (Il couvrit ainsi Pache, le maire de Paris, Hanriot, commandant de la garde nationale, Boulanger, général de l’armée révolutionnaire, mais il s’opposa aussi à l’arrestation en masse des signataires des pétitions contre-révolutionnaires dites des 8.000 et des 20.000.) Après trois jour de procès, les Cordeliers furent exécutés, le 24 mars (4 germinal an II).

Mais si le Comité était résolu à en finir avec certains excès et le danger de gauche, tout en satisfaisant les revendications populaires légitimes, il n’entendait pas être débordé par sa droite. Le 18 mars, les députés compromis dans l’affaire de la Compagnie des Indes (vaste complot visant à discréditer la Convention), Fabre, Chabot, Basire, Delaunay, tous dantonistes, étaient décrétés d’accusation. Le 20, les Indulgents passaient à l’offensive à leur tour et obtenaient l’arrestation de Héron, agent du Comité de sûreté générale. Mais Robespierre intervint et fit rapporter le décret. Le 21 mars, jour de l’ouverture du procès des Cordeliers, était enfin publié le tableau du maximum. Le 27, l’armée révolutionnaire était licenciée. Le 29, La Convention décrétait la suppression des commissaires aux accaparements institués par les Sections pour veiller à l’application du maximum. Le lendemain, harcelé depuis des jours par ses collègues des deux Comités qui auraient fini par se passer de son avis, Robespierre consentit à l’arrestation des Indulgents, Danton et Desmoulins compris. Il avait d’ailleurs rencontré Danton la veille et s’était convaincu qu’il n’y avait rien à espérer. Les Indulgents furent donc arrêtés dans la nuit du 30 au 31 mars sur ordre des Comités de salut public et de sûreté générale. Cet ordre d’arrestation est celui qui revêt le plus grand nombre de signatures (18), preuve de l’unanimité des membres des Comités sur cette affaire.

Une fois de plus, le Comité n’avait frappé que les chefs. Or, contrairement aux Cordeliers, les meneurs Indulgents étaient pour la plupart députés et avaient encore des amis à la Convention qui, poussée par Legendre, s’agita en apprenant leur arrestation. Robespierre et Barère intervinrent et ramenèrent le calme. Le procès des Indulgents, dont Fabre était le principal accusé, quoique l’histoire en ait fait le procès de Danton, s’ouvrit le 2 avril. Le 5 avril (16 germinal an II), ils étaient exécutés. Seuls Camille Desmoulins et Philippeaux furent réhabilités par la Convention thermidorienne (le 11 vendémiaire an III), preuve qu’ils furent frappés par la Convention unanime, qui considérait Danton et ses amis comme des pourris.

Les factions étaient abattues (une troisième « fournée » eut lieu le 24 germinal an II, réunissant les personnages secondaires des deux factions, Chaumette, Lucille Desmoulins, la veuve d’Hébert, etc.), mais tous les factieux n’étaient pas morts, tandis que les caractères conduisant aux idées factieuses, démagogiques, extrémistes et défaitistes, sont impérissables. L’opposition n’étaient donc mâtée que pour un temps.

Il ressort que Robespierre participa à la nécessaire lutte contre les factions mais ne fut pas le seul acteur. Cette lutte n’avait rien de personnel. Les factions sapaient l’autorité de la Convention, attaquaient à tord et à travers les Comités, divisaient les révolutionnaires et menaçaient consciemment ou non la République. Beaucoup le comprirent et les combattirent. Leur écrasement ne fut en rien une victoire de Robespierre qui, non seulement, n’en retira pas une once de pouvoir en plus, mais, dut bientôt renoncer à exercer le peu qu’il avait, étant en bute à l’hostilité de ses collègues (le Comité n’étant plus menacé de l’extérieur, ses membres se désunirent jusqu’à s’entretuer). 

L’Etre suprême

Robespierre reconnaissait n’avoir jamais été un bon catholique (21 novembre 1793). Mais, à l’instar de la plupart de ses contemporains et des hommes de tous les temps, il croyait en Dieu, en une puissance supérieure, en un créateur, en ce que l’on appelait alors l’Etre suprême. Il pensait également que les hommes ont une âme immortelle. Pour autant, il était loin d’être un bigot. Il ne raisonnait jamais en religieux, toujours en politique ; il ne s’appuyait pas sur des présupposés métaphysiques ou des vérités révélées, mais sur la nature humaine et les rapports sociaux.

En fait, il n’évoqua ses convictions personnelles qu’une seule fois, le 26 mars 1792, aux Jacobins, lorsque le girondin Guadet lui reprocha d’avoir répété le mot Providence. « J’avoue, dit ce denier, que, ne voyant aucun sens à cette idée, je n’aurais jamais cru qu’un homme qui a travaillé avec tant de courage pendant trois ans pour tirer le peuple de l’esclavage du despotisme pût concourir à le remettre ensuite sous l’esclavage de la superstition. » Cette attaque était une manœuvre politique pour déstabiliser celui qui contrariait les Girondins depuis des mois. Mais ce coup bas provoqua une telle indignation dans l’assistance que la presse girondine n’osa le rapporter. Robespierre en effet ne s’était pas laissé démonter et avait épanché son cœur.

« Quand j’aurai terminé ma courte réponse, je suis sûr que M. Guadet se rendra lui-même à mon opinion. J’en atteste son patriotisme et sa gloire qui ne peuvent être fondés que sur les principes que je viens de proposer ; mais l’objection qu’il ma faite, tient trop à mon honneur, à mes sentiments et aux principes reconnus par tous les peuples du monde, et par les assemblées de tous les peuples et de tous les tems, pour que je ne croye pas mon honneur engagé à les soutenir de toutes mes forces.
« La première objection porte sur ce que j’aurais commis la faute d’induire les citoyens dans la superstition après avoir combattu le despotisme. La superstition, il est vrai, est un des appuis du despotisme, mais ce n’est point induire les citoyens dans la superstition que de prononcer le nom de la divinité, j’abhorre autant que personne toutes ces sectes impies qui ses sont répandues dans l’univers pour favoriser l’ambition, le fanatisme et toutes les passions, en se couvrant du pouvoir secret de l’éternel qui a créé la nature et l’humanité, mais je suis bien loin de la confondre avec ces imbéciles dont le despotisme s’est armé. Je soutiens, moi, ces éternels principes sur lesquels s’étaie la faiblesse humaine pour s’élancer à la vertu. Ce n’est point un vain langage dans ma bouche, pas plus que dans celle de tous les hommes illustres qui n’en avaient pas moins de morale pour croire à l’existence de dieu.
« Oui, invoquer le nom de la providence et émettre une idée de l’être éternel qui influe essentiellement sur les destins des nations, qui me paraît à moi veiller d’une manière toute particulière sur la révolution française, n’est point une idée trop hasardée, mais un sentiment de mon cœur, un sentiment qui m’est nécessaire ; comment ne me serait-il pas nécessaire à moi qui, livré dans l’assemblée constituante à toutes les passions, à toutes les viles intrigues, et environné de tant d’ennemis nombreux, me suis soutenu. Seul avec mon âme, comment aurais-je pu soutenir des travaux qui sont au-dessus de la force humaine, si je n’avais point élevé mon âme. Sans trop approfondir cette idée encourageante, ce sentiment divin m’a bien dédommagé de tous les avantages offerts à ceux qui voulaient trahir le peuple. [...]
« On a dit encore que j’avais fait une injure aux sociétés populaires. Ah ! certes, messieurs, je vous en atteste tous, s’il est un reproche auquel je sois inaccessible, c’est celui qui me prête des injures au peuple, et cette injure consiste en ce que j’ai cité aux sociétés, la providence et la divinité. Certes je l’avoue, le peuple français est bien pour quelque chose dans la révolution. J’avoue que tous ceux qui étaient au-dessus du peuple auraient volontiers renoncé pour cet avantage à toute idée de la divinité, mais est-ce faire injure au peuple, aux sociétés affiliées que de leur donner l’idée d’une divinité, qui, suivant mon sentiment, nous sert si heureusement. Oui, j’en demande pardon à tous ceux qui sont plus éclairés que moi, quand j’ai vu tant d’ennemis créés contre le peuple, tant d’hommes perfides employés pour renverser l’ouvrage du peuple, quand j’ai vu que le peuple lui-même ne pouvait agir, et qu’il était obligé de s’abandonner à des hommes perfides ; alors plus que jamais j’ai cru à la providence et je n’ai jamais pu insulter, ni le peuple, ni les sociétés populaires, en parlant comme je l’ai fait, des mesures qu’il faut prendre pour la guerre ou pour la paix ; ni dans le retour que j’ai fait sur ce qui s’est passé. »

Robespierre exprimait là le sentiment général. Seuls des hypocrites et des athées fanatiques pouvaient et peuvent encore voir un angle d’attaque dans ce sujet qu’il n’abordait d’ailleurs jamais. Oubliaient-ils que toute l’Europe était chrétienne, que, à la demande de l’abbé de la Borde, la Constituante avait proclamé les droits de l’homme et du citoyen « en présence et sous les auspices de l’Etre suprême » (26 août 1789) ? Robespierre n’y était pour rien. Peut-être peut-on, avec beaucoup d’imagination, accuser Robespierre d’avoir contraint la Convention montagnarde à faire de même pour sa Déclaration du 24 juin 1793. Mais dira-t-on que la Convention thermidorienne, composée à quelque chose près des mêmes hommes que précédemment, tremblait encore au souvenir de Robespierre quand elle proclama, elle aussi en présence de l’Etre suprême, sa déclaration des devoirs et des droits de l’homme et du citoyen (22 août 1795) ? Et était-ce par fantaisie que Napoléon rétablit l’Eglise ? Non ! les Français dans leur immense majorité et quelle que fut leur classe n’étaient pas athées et n’avaient pas besoin que Robespierre leur inculque la croyance en un Etre suprême. Ils furent au contraire heureux de trouver un Robespierre pour les défendre quand, en l’an II, une infime minorité les brima pour leurs convictions religieuses.

C’est d’ailleurs le mouvement déchristianisateur qui explique pourquoi la Convention fut progressivement amenée à proclamer, par la bouche de Robespierre, l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme.

La déchristianisation symbolisée par la fermeture des églises et le culte de la Raison ne fut pas un mouvement athée comme Robespierre le pensait et comme les contre-révolutionnaires le prétendirent. Mais la violence dans les faits et l’ambiguïté dans les termes suscitèrent la stupeur, l’incompréhension et le rejet, d’où le décret du 18 frimaire (8 décembre) sur la liberté des cultes pour y mettre officiellement un coup d’arrêt. C’est alors que l’importance d’un autre paramètre apparut : le changement de calendrier.

La déchristianisation avait désorganisé l’ancien culte sans rien lui substituer. Le jour de fête était désormais le décadi, mais rien, ni thème ni budget, n’avait été prévu. Partout les révolutionnaires organisaient des fêtes selon leur inspiration, mais le défaut d’unité au niveau national se faisait cruellement sentir. Dès le mois de décembre, le malaise était signalait. Les demandes pressant le Comité d’organiser les fêtes décadaires ne cessèrent dès lors d’affluer.

Ainsi, le 24 février, dans une lettre particulièrement significative, le représentant Paganel, alors à Villefranche, signala au Comité la rivalité des dimanches et des décadis. « Une mesure générale [pour abattre les obstacles au développement de la raison] doit à la fois les attaquer dans toute la République. C’est à vous de la proposer, et à la Convention de l’établir. Le peuple respecte et choisit toutes institutions qui viennent d’elle. [...] Il faut qu’un jour marqué par le plaisir et par des sensations extraordinaires lui [le peuple] fasse oublier plusieurs jours de peine et de travail, et que le retour prévu de ce jour l’empêche de craindre les nouvelles peines qui le précèdent. Le dimanche est triste par lui-même et sous le rapport religieux, mais il donne lieu à des rassemblements, à des entretiens, à quelques danses. Les regards sont accoutumés ces jour-là à une sorte de spectacle. L’ennuyeux sermon est suivi de chants et de cérémonies précieuses au peuple, bien que tristes, tandis qu’on ne mettra rien à la place. [...] Hâtez-vous donc, citoyens mes collègues, de procurer aux citoyens des campagnes une sorte de fête décadienne, qui les rassemble et leur fasse trouver, à la place de cérémonies lugubres, les amusements et les instructions qui conviennent à des hommes libres. »

En fait, le Comité d’instruction publique s’était saisi du dossier dès le mois de janvier. Les 2 et 10 janvier, sur la proposition de Mathieu (de l’Oise), il avait adopté le principe qu’« il y aura[it] des fêtes révolutionnaires qui perpétueront les événements les plus remarquables de la Révolution. » Le 27 février (9 ventôse), ledit Comité avait arrêté que le projet de fêtes nationales et décadaires présenté par Mathieu serait imprimé et distribué aux membres de la Convention. L’article 5 de ce projet qui en comptait 37 stipulait : « Ces fêtes, instituées sous les auspices de l’Être-suprême, auront pour objet de réunir tous les citoyens, de leur retracer les droits et les devoirs de l’homme en société, de leur faire chérir la nature et toutes les vertus sociales. » Le 11 germinal (31 mars), le Comité autorisa Mathieu à se concerter avec le Comité de salut public au sujet de ce plan. Le 6 avril (17 germinal), Couthon annonça à la Convention, à sa grande satisfaction, que le Comité de salut public présenterait d’ici peu « un projet de fête décadaire dédié à l’Eternel, dont les Hébertistes n’ont pas ôté au peuple l’idée consolante ». La simple annonce de ce projet de décret suscita partout l’enthousiasme. Le 6 mai, de Quillan (Aude), Chaudron-Roussau écrivit au Comité : « Le décret de la Convention sur la croyance d’un Etre suprême y a produit [à Carcassonne] un très bon effet. Les hébertistes avaient ici quelques disciples. L’un d’eux a été professeur des maximes d’athéisme. A l’avant-dernière décade, mes coopérateurs et moi l’avons accablé en lui répliquant, et il n’est point d’acte de bienfaisance qui eût excité dans le peuple autant de reconnaissance que cette réfutation publique d’une doctrine d’athée et l’assurance que nous n’avons pas manqué d’y joindre, que nos principes sur la croyance d’un Dieu étaient ceux de la Convention et du Comité de salut public. » Des fêtes expressément dédiées à l’Etre suprême avaient déjà eu lieu dans de nombreuses villes, sans parler des célébrations ordinaires dans les temples de la Raison qui n’étaient pas autre chose. Ainsi, Lejeune signala au Comité que, le 6 avril, à Dôle, il avait inauguré, au milieu de quatre à cinq mille citoyens en liesse, « le temple consacré à l’éternelle vérité, c’est-à-dire à l’Etre suprême ».

C’est après toutes ces péripéties et dans ce contexte que, le 18 floréal (7 mai), Robespierre fit à la Convention son fameux rapport sur les idées religieuses et morales, au terme duquel il proposait de reconnaître à la face du monde l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme et d’adopter un plan de fêtes décadaires qui reprenait en le simplifiant celui de Mathieu.

« Ne consultez que le bien de la patrie et les intérêts de l’humanité. Toute institution, toute doctrine qui console et qui élève les âmes, doit être accueillie ; rejettez toutes celles qui tendent à les dégrader et à les corrompre. Ranimez, exaltez tous les sentimens généreux et toutes les grandes idées morales qu’on a voulu éteindre ; rapprochez par le charme de l’amitié et par le lien de la vertu les hommes qu’on a voulu diviser. Qui donc t’a donné la mission d’annoncer au peuple que la Divinité n’existe pas, ô toi qui te passionnes pour cette aride doctrine, et qui ne te passionnas jamais pour la patrie ? Quel avantage trouves-tu à persuader l’homme qu’une force aveugle préside à ses destinées, et frappe au hasard le crime et la vertu ; que son âme n’est qu’un souffle léger qui s’éteint aux portes du tombeau ? [...] Je ne conçois pas du moins comment la nature aurait pu suggérer à l’homme des fictions plus utiles que toutes les réalités ; et si l’existence de Dieu, si l’immortalité de l’âme, n’étaient que des songes, elles seraient encore la plus belle de toutes les conceptions de l’esprit humain.
« Je n’ai pas besoin d’observer qu’il ne s’agit pas ici de faire le procès à aucune opinion philosophique en particulier, ni de contester que tel philosophe peut être vertueux, quelles que soient ses opinions, et même en dépit d’elles, par la force d’un naturel heureux ou d’une raison supérieure. Il s’agit de considérer seulement l’athéisme comme national, et lié à un système de conspiration contre la République. Eh ! que vous importe à vous, législateurs, les hypothèses diverses par lesquelles certains philosophes expliquent les phénomènes de la nature ? Vous pouvez abandonner tous ces objets à leurs disputes éternelles : ce n’est ni comme métaphysiciens, ni comme théologiens, que vous devez les envisager. Aux yeux du législateur, tout ce qui est utile au monde et bon dans la pratique, est la vérité.
« [...] Il résulte du même principe qu’on ne doit jamais attaquer un culte établi qu’avec prudence et avec une certaine délicatesse, de peur qu’un changement subit et violent ne paraisse une atteinte portée à la morale, et une dispense de la probité même. Au reste, celui qui peut remplacer la Divinité dans le système de la vie sociale est à mes yeux un prodige de génie ; celui qui, sans l’avoir remplacée, ne songe qu’à la bannir de l’esprit des hommes, me paraît un prodige de stupidité ou de perversité. [...] »
« Cette secte [les encyclopédistes], en matière politique, resta toujours au-dessous des droits du peuple : en matière de morale, elle alla beaucoup au-delà de la destruction des préjugés religieux. Ses coryphées déclamaient quelquefois contre le despotisme, et ils étaient pensionnés par les despotes ; ils faisaient tantôt des livres contre la Cour, et tantôt des dédicaces aux rois, des discours pour les courtisans, et des madrigaux pour les courtisanes ; ils étaient fiers dans leurs écrits, et rampans dans les anti-chambres. Cette secte propagea avec beaucoup de zèle l’opinion du matérialisme qui prévalut parmi les grands et parmi les beaux esprits. [...] Ils ont combattu la Révolution, dès le moment qu’ils ont craint qu’elle n’élevât le peuple au-dessus de toutes les vanités particulières [...] Tel artisan s’est montré habile dans la connaissance des droits de l’homme, quand tel faiseur de livres, presque républicain en 1788, défendait stupidement la cause des rois en 1793. [...]
« Fanatiques, n’espérez rien de nous. Rappeler les hommes au culte pur de l’Être suprême, c’est porter un coup mortel au fanatisme. Toutes les fictions disparaissent devant la Vérité et toutes les folies tombent devant la Raison. Sans contrainte, sans persécution, toutes les sectes doivent se confondre d’elles-mêmes dans la religion universelle de la Nature. [...]
« Prêtres ambitieux, n’attendez donc pas que nous travaillions à rétablir votre empire ; une telle entreprise serait même au-dessus de notre puissance. Vous vous êtes tués vous-mêmes, et on ne revient pas plus à la vie morale qu’à l’existence physique. Et, d’ailleurs, qu’y a-t-il entre les prêtres et Dieu ? Les prêtres sont à la morale ce que les charlatans sont à la médecine. Combien le Dieu de la nature est différent du Dieu des prêtres ! Il ne connaît rien de si ressemblant à l’athéisme que les religions qu’ils ont faites. A force de défigurer l’Être suprême, ils l’ont anéanti autant qu’il était en eux ; ils en ont fait tantôt un globe de feu, tantôt un bœuf, tantôt un arbre, tantôt un homme, tantôt un roi. Les prêtres ont créé Dieu à leur image : ils l’ont fait jaloux, capricieux, avide, cruel, implacable. Ils l’ont traité comme jadis les maires du palais traitèrent les descendants de Clovis, pour régner sous son nom et se mettre à sa place. Ils l’ont relégué dans le ciel comme dans un palais, et ne l’ont appelé sur la terre que pour demander à leur profit des dîmes, des richesses, des honneurs, des plaisirs et de la puissance. Le véritable prêtre de l’Être suprême, c’est la Nature ; son temple, l’univers ; son culte, la vertu ; ses fêtes, la joie d’un grand peuple rassemblé sous ses yeux pour resserrer les doux nœuds de la fraternité universelle, et pour lui présenter l’hommage des cœurs sensibles et purs. Prêtres, par quel titre avez-vous prouvé votre mission? Avez-vous été plus justes, plus modestes, plus amis de la vérité que les autres hommes ? Avez-vous chéri l’égalité, défendu les droits des peuples, abhorré le despotisme et abattu la tyrannie ? [...]
« Le patriote n'est autre chose qu'un homme probe et magnanime dans toute la force de ce terme. C'est peu d'anéantir les rois, il faut faire respecter à tous les peuples le caractère du peuple français. C'est en vain que nous porterions au bout de l'univers la renommée de nos armes, si toutes les passions déchirent impunément le sein de la patrie. Défions-nous de l'ivresse même des succès. Soyons terribles dans les revers, modestes dans nos triomphes, et fixons au milieu de nous la paix et le bonheur par la sagesse et par la morale. Voilà le véritable but de nos travaux ; voilà la tâche la plus héroïque et la plus difficile. Nous croyons concourir à ce but, en vous proposant le décret suivant.
Art. I. Le peuple français reconnaît l’existence de l’Etre suprême, et l’immortalité de l’âme.
II. Il reconnaît que le culte digne de l’Etre suprême est la pratique des devoirs de l’homme.
III. Il met au premier rang de ces devoir de détester la mauvaise foi et la tyrannie, de punir les tyrans et les traîtres, de secourir les malheureux, de respecter les faibles, de défendre les opprimés, de faire aux autre tout le bien qu’on peut, et de n’être injuste envers personne.
VI. La République française célèbrera tous les ans les fêtes du 14 juillet 1789, du 10 août 1792, du 21 janvier 1793, du 31 mai 1793.
VII. Elle célèbrera, aux jours des décadis, les fêtes dont l’énumération suit : A l’Etre suprême et à la Nature. Au Genre humain. Au Peuple français. Aux Bienfaiteurs de l’humanité. Aux Martyrs de la liberté. A la Liberté et à l’Egalité. A la République. A la Liberté du Monde. A l’amour de la Patrie. A la haine des Tyrans et des Traîtres. A la Vérité. A la Justice. A la Pudeur. A la Gloire et à l’Immortalité. A l’Amitié. A la Frugalité. Au Courage. A la Bonne foi. A l’Héroïsme. Au Désintéressement. Au Stoïcisme. A l’Amour. A la Foi conjugale. A l’Amour paternel. A la Tendresse maternelle. A la Piété filiale. A l’Enfance. A la Jeunesse. A l’Age viril. A la Vieillesse. Au Malheur. A l’Agriculture. A l’Industrie. A nos Ayeux. A la Postérité. Au Bonheur.
XI. La liberté des cultes est maintenue conformément au décret du 18 frimaire.
XII. Tout rassemblement aristocratique et contraire à l’ordre public sera réprimé.
XIII. En cas de troubles, dont un culte quelconque serait l’occasion ou le motif, ceux qui les exciteraient par des prédications fanatiques, ou par des insinuations contre-révolutionnaires ; ceux qui les provoqueraient par des violences injustes et gratuites seront également punis selon la rigueur des lois.
XV. Il sera célébré le 20 prairial prochain [8 juin] une fête nationale en l’honneur de l’Etre suprême. »

Accueilli avec enthousiasme par la Convention et la France entière, ce discours fut rapporté par de nombreux journaux, imprimé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et traduit dans toutes les langues. La Convention croula sous les félicitations. C’était bien elle qui était félicitée, plus encore que Robespierre qui n’avait été que son organe. Celle-ci, néanmoins, le porta à sa présidence le 4 juin, afin qu’il préside la première des fêtes qu’il avait si brillamment concouru à faire instaurer.

On le voit, toutes les fêtes décadaires étaient placées sous les auspices de l’Etre suprême, mais une seule, la première, Lui était spécialement dédiée. Cet ordre ne tenait pas du hasard. Les révolutionnaires sentaient la nécessité de rassurer le peuple sur leurs intentions en matière religieuse et de couper court à la propagande contre-révolutionnaire les présentant comme des athées, et la Révolution, comme l’Antéchrist. En pratique, les fêtes majestueuses et populaires qui eurent lieu partout en France le 20 prairial ressemblèrent en tous points aux fêtes de la Raison tant sur le plan du cérémonial que des discours. Ce ne furent rien moins que de grandes « messes » patriotiques, comme l’avait été, à Paris, la fête de la fédération du 14 juillet 1790 — que nous célébrons officiellement aujourd’hui.

En fait, il n’y eut jamais à proprement parler de « culte de l’Etre suprême », expression qui sous-entend une sorte de fanatisme religieux et permet à certains de présenter Robespierre comme le pontife de ce culte, quand ils ne lui prêtent pas la volonté plus absurde encore d’avoir voulu faire de ce culte la dernière étape avant l’instauration d’un culte de la personnalité, de la sienne en l’occurrence. Il ne devait y avoir dans l’année qu’une fête en l’honneur de l’Etre suprême. Cette fête, comme toutes les autres, devait être organisée et dirigée par des membres des autorités constituées locales, donc selon leurs talents et leur sensibilité. Il n’y avait ni texte sacré ni liturgie ni clergé. Le décret du 18 floréal n’instaurait donc pas une nouvelle religion, encore moins un « culte » fanatique, mais plutôt une forme de laïcité.

Quant à Robespierre, il fournit lui-même la preuve de son peu de fanatisme lorsque, le  15 mai (26 floréal), aux Jacobins, il répondit au jeune Marc-Antoine Jullien, dit Jullien de Paris, qui, suite au décret du 18 floréal, proposait de chasser de la République tous les athées :

« Il est des vérités qu’il faut présenter avec ménagement, telle cette vérité professée par Rousseau, qu’il faut bannir de la République tous ceux qui ne croient pas à la divinité. Ce principe cité dans l’adresse ne doit pas être adopté, ce serait inspiré trop de frayeur à une grande multitude d’imbéciles ou d’hommes corrompus. Je ne suis pas d’avis qu’on les poursuive tous, mais seulement ceux qui conspirent contre la liberté. Je crois qu’il faut laisser cette vérité dans les écrits de Rousseau, et ne pas la mettre en pratique. »

Certains ont prétendu que Robespierre fut à l’apogée de son pouvoir le 20 prairial. En réalité, il n’eut pas le lendemain de la fête plus de pouvoir qu’il n’en avait la veille ou les mois précédents. De la popularité, oui, mais pas de pouvoir concret. En fait, c’est à ce moment-là que les membres du Comité donnèrent libre cours à leurs divergences politiques (notamment sur la conduite de la guerre, sur l’application des lois de ventôse et de la Terreur) et à leurs animosités personnelles et que Robespierre perdit toute influence sur eux. En outre, dès le 15 juin (27 prairial), le Comité de sûreté générale, par l’entremise de Vadier, athée indécrottable, s’acharna à le tourner en ridicule avec l’insignifiante affaire Catherine Théot, avant de s’attacher à le rendre odieux en répandant de fausses rumeurs. (Buonarroti, un intime de Robespierre, qui retrouva Vadier en Belgique après la restauration, dit de lui : « Haïr les Nobles et se moquer de la religion, voilà toute la politique de Vadier. ») Le 1er juillet, Robespierre avait tellement de pouvoir que, dégoûté par les petites et criminelles manœuvres, il cessait de participer au Comité et ne parut même plus à la Convention avant le 8 thermidor (26 juillet). Dans l’intervalle, on ne le vit que cinq fois aux Jacobins (les 1er, 11, 14, 16 et 24 juillet). C’est à eux qu’il confia son désarroi le 1er juillet et leur indiqua qu’elle allait être sa conduite.

Le 8 thermidor, après près de quatre semaines d’absence, il se présentait à la Convention armé d’un discours mémorable. L’impression en fut décrétée. Mais ses ennemis (Vadier, Cambon, Panis, Amar) qu’il venait de dénoncer à demi mots se jetèrent dans la bataille et firent rapporter le décret, sous prétexte de soumettre son discours à l’examen des Comités. Robespierre avait perdu la première manche  et ne devait pas remporter la revanche. Le lendemain, parmi les accusations contradictoires (Billaud-Varenne lui reprocha d’avoir protégé Danton, et Garnier (de l’Aube), d’être étouffé par son sang.) dont l’accablèrent ses ennemis pour l’empêcher de parler, Vadier rappela l’affaire Catherine Théot et l’attitude de Robespierre qui avait imposé en toute illégalité à Fouquier-Tinville de l’enterrer. Personne cependant ne critiqua le décret du 18 floréal. Billaud-Varenne déclara même : « Il a accusé le gouvernement d’avoir fait disparaître tous les monuments consacrés à l’Etre suprême ; eh bien ! apprenez que c’est par Couthon… ». Quelle qu’ait été cette affaire, cette déclaration indique que le gouvernement adhérait pleinement au décret du 18 floréal. Jamais d’ailleurs la Convention ne l’abrogea.

Et, s’il fallait encore une preuve que Robespierre n’imposa pas l’Etre suprême à la Convention et à la France, mais exprima alors le sentiment général, il suffirait de citer cette lettre de Lambert, représentant dans la Côte-d’Or et la Haute-Marne, qui, le 8 août (21 thermidor), de Dijon, écrivit à la Convention : « Le supplice de Robespierre et de ses complices doit faire absoudre l’Etre suprême dans l’esprit de tous ceux qui jusqu’alors avaient douté de son existence. »

La loi du 22 prairial an II

La loi du 22 prairial (10 juin 1794) sur la réorganisation du Tribunal révolutionnaire que Robespierre demanda à Couthon de rédiger et de présenter à la Convention et qu’il soutint est pour beaucoup d’historiens un mystère et pour tous ses détracteurs son plus grand crime. Elle ouvrit, dit-on, la période de la Grande Terreur. Il est pourtant facile de comprendre la raison d’être de cette loi et les effets que Robespierre pouvait légitimement en attendre, quoi qu’il fut déçu par son application. Il est tout aussi facile de montrer que les polémiques ne sont soutenables que par des omissions coupables et des apparences trompeuses.

Cette loi avait pour but d’accélérer les procédures du Tribunal révolutionnaire. Elle prévoyait, outre la nomination, l’augmentation du nombre des juges et des jurés, la division du Tribunal en plusieurs sections (articles 1, 2 et 3), et, sauf cas particuliers (art. 14 et 15), la suppression tant de l’interrogatoire préalable des accusés (art. 12) que de la comparution de témoins (art. 13). Tout devait se faire en public. Le jugement, la mort ou l’acquittement (art. 7), reposait entièrement sur la conscience des jurés patriotes (art. 8 et 16). Les défenseurs étaient de fait supprimés (art. 16). Les motifs passibles du Tribunal révolutionnaire étaient précisés (art. 5 et 6), de sorte que ne puissent y être déférés des prévenus passibles des tribunaux ordinaires (art. 20). Enfin, ne pouvaient déférer des prévenus au Tribunal que la Convention, les Comités de salut public et de sûreté générale, les représentants en mission et l’accusateur public (art. 10 et 11).

Il est évident que cette loi faisait partie d’un ensemble. La considérer isolément oblige à dénaturer le caractère et les intentions de ses promoteurs pour l’expliquer, du moins pour expliquer les interprétations fantaisiste des dispositions de la loi elle-même. En vérité, la loi du 22 prairial ne fut pas l’œuvre du seul Robespierre qui aurait perdu les pédales ; elle ne fut pas imaginée dans la panique, après les tentatives d’assassinat dont il avait été l’objet (la dernière, le 23 mai, celle de Cécile Renault, semble du reste avoir été une affaire montée de toute pièce par le Comité de sûreté générale) ; elle n’allongeait pas la liste des crimes passibles du Tribunal révolutionnaire ; elle n’avait pas non plus pour but d’atteindre quelques députés terroristes ou corrompus ; elle n’ouvrit pas la période de la Grande Terreur qui n’est d’ailleurs qu’une illusion d’optique ; elle ne plongea pas la France dans l’horreur absolu ; les abus qui eurent cependant lieu par la suite ne furent pas des conséquences de cette loi mais des conséquences de sa violation et du non respect d’autres dispositions. La loi du 22 prairial était intimement liée aux lois et décrets des 8, 13 et 23 ventôse et du 27 germinal et, de manière générale, à l’état d’esprit des révolutionnaires.

Pour ne pas tomber dans les explications simplistes et mensongères et éviter les affirmations aussi fausses que gratuites, dont l’objet est généralement d’accabler Robespierre, et pour prouver ce qui vient d’être dit, il faut donc connaître la genèse de cette loi et l’histoire avant et après son adoption.

Dès le 29 octobre 1793, à l’occasion du procès des Girondins, Audouin, au nom des Jacobins, avait demandé à la Convention « 1° de débarrasser le tribunal révolutionnaire des formes qui étouffent la conscience et empêchent la conviction ; 2° d’ajouter une loi qui donne aux jurés la faculté de déclarer qu’ils sont assez instruits ». Osselin avait aussitôt transformé en motion une partie de la pétition et la Convention avait décrété que les débats au Tribunal cesseraient dès que les jurés seraient en état de prononcer. Lorsque la rédaction du décret définitif fut présentée, Robespierre intervint sur la question du délai :

« La rédaction qui vous est proposée, dit-il, ne vous conduit pas au but que vous voulez atteindre ; votre but est d’empêcher qu’on ne rende interminables les procès des conspirateurs. Vous voulez qu’une prompte justice soit rendue au peuple, tout en faisant jouir les accusés de l’établissement bienfaisant des jurés. La rédaction d’Osselin est trop vague, elle laisse les choses dans l’état où elles sont. En voici une qui concilie les intérêts des accusés avec le salut de la patrie. Je propose de décréter qu’après trois jours de débats, le président du tribunal demandera aux jurés si leur conscience est assez éclairée ; s’ils répondent négativement, l’instruction du procès sera continuée jusqu’à ce qu’ils déclarent qu’ils sont en état de prononcer ».

Appuyée par Barère, cette proposition complémentaire avait été aussitôt adoptée.

Le 27 novembre suivant (7 frimaire), les représentants à Commune-Affranchie (Lyon), dont Collot-d’Herbois, avaient arrêté la création de la Commission révolutionnaire, en « considérant que l’exercice de la justice n’a besoin d’autre forme que l’expression de la volonté du peuple ; que cette volonté énergiquement manifestée doit être la conscience des juges [...] ».

Le 9 février (21 pluviôse), le Comité (Robespierre, Billaud-Varenne, Jeanbon St-André et C.-A. Prieur) avait noté, dans un arrêté à propos de l’habitude prise par les jurés de motiver leur opinion : « Cette manière nouvelle d’influencer les opinions, incompatible avec la célérité et la pureté des jugements, peut substituer insensiblement le pouvoir de la parole ou de l’intrigue à celui de la raison et à la voix de la conscience, rappelle que les jurés doivent se contenter de donner leur déclaration purement et simplement, conformément aux principes et à la loi, sans se livrer à aucune discussion. »

Les 26 février (8 ventôse) et 3 mars 1794 (13 ventôse), avec les lois de ventôse adoptées sur le rapport de Saint-Just, les biens des condamnés devaient être distribués aux indigents, aux sans-culottes, « selon le tableau que le Comité de sûreté générale lui en aura présenté et qui sera rendu public », de sorte qu’ils profitent de la Révolution et y soient plus que jamais attachés. Il fallait donc juger rapidement les suspects et éventuellement les condamner. La Convention avait donc voté dans la foulée, 13 mars (23 ventôse), la création de six Commissions populaires qui, établies à Paris, seraient chargées de juger les détenus. En conséquence, la Convention vota, le 16 avril (27 germinal), les mesures de police générale présentées par Saint-Just, d’après lesquelles tous les prévenus de conspiration devaient être transférés à Paris. C’était suspendre de fait tous les tribunaux révolutionnaires de province et donner un travail énorme à celui de Paris. Le 22 avril (3 floréal), le Comité de salut public (Collot-d’Herbois, Billaud-Varenne) arrêta : « Le décret du 27 germinal [16 avril] disposant que tous les prévenus de conspiration seront traduits, de tous les points de la République, au Tribunal révolutionnaire à Paris, et que des Commissions populaires seront établies pour le 15 floréal [4 mai], les opérations des Commissions révolutionnaires [de province] sont provisoirement suspendues. » On ne saurait dire plus clairement. (Pour être tout à fait exact, quelques tribunaux révolutionnaires furent maintenus ou rétablis en mai : celui d’Arras, jusqu’au 10 juillet, de Bordeaux, de Nîmes, de l’armée de la Moselle et, à l’Ouest, celui de Noirmoutier, de Laval-Vitré-Rennes et de l’armée de l’Ouest. La Commission d’Orange qui n’existait pas alors fut elle aussi établie en mai, le 10.)

Le 20 avril (1er floréal), la Convention, sur un rapport de Billaud-Varenne, décréta que les ennemis de la République seraient punis sans pitié. Le 8 mai (19 floréal), sur le rapport fait par Couthon au nom des Comités de salut public et de législation réunis, la Convention décréta encore que, en exécution de l’article premier de la loi du 27 germinal, tous les crimes contre-révolutionnaires, définis par les lois antérieures, seraient du ressort du Tribunal révolutionnaire de Paris, où qu’ils aient été commis dans la République.

Le 13 mai (24 floréal), conformément au décret du 23 ventôse (13 mars), les Comités de salut public et de sûreté générale réunis (Voulland, Billaud-Varenne, Robespierre, B. Barère, C.-A. Prieur, Couthon, Amar, Elie Lacoste, Louis (du Bas-Rhin), Dubarran, Jagot, Carnot et Vadier) arrêtèrent la création de la première Commission populaire chargée de juger les détenus, de trier d’un côté les patriotes incarcérés à libérer, d’un autre les suspects à déporter ou à envoyer au Tribunal. « Les membres de la Commission [...] ne perdront jamais de vue le salut de la patrie, qui leur est confié et qui doit être la règle suprême de leurs décisions. Ils vivront dans cet isolement salutaire qui concilie aux juges le respect et la confiance publique et qui est le plus sûr garant de l’intégrité des jugements. Ils repousseront toutes sollicitations et fuiront toutes les relations particulières qui peuvent influencer les consciences et affaiblir l’énergie des défenseurs de la liberté (Ecrit par Billaud-Varenne.) ». Une seconde Commission fut établie le lendemain. Chaque Commission populaire était composée de cinq membres. Trinchard, membre de la première Commission, et Laporte le jeune, membre de la seconde, étaient jurés au Tribunal révolutionnaire. Subleyras et Laviron, membres de la seconde Commission, furent nommés jurés le 22 prairial. Le 24 mai (5 prairial), le Comité (sans précision) arrêta que « le traitement des membres composant les deux Commissions populaires établies à Paris, sera le même que celui des juges du Tribunal révolutionnaire, et que les dépenses s’ordonnanceront de la même manière que pour ce tribunal ». 

Par ailleurs, le Comité institua une Commission révolutionnaire à Orange le 10 mai (20 floréal). Avignon, Arles, Tarascon, Marseille, en un mot la Provence avait été le théâtre d’insurrections et de complots. Il était impossible de transférer à Paris les neuf à dix mille personnes qui attendaient leur jugement ni de faire déplacer le triple de témoins. Comme le tribunal révolutionnaire de Marseille n’existait plus en vertu de la loi du 27 germinal, le représentant Maignet avait réclamé l’établissement d’une Commission pour le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. L’arrêté autorisant cette Commission était écrit par Robespierre et signée par Collot-d’Herbois, Robespierre, Barère, Billaud-Varenne, Couthon. Le 18 mai (29 floréal), le Comité (Carnot, Billaud et Couthon) rédigea une instruction pour cette Commission. « La preuve requise pour la condamnation sont tous les renseignements de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent convaincre un homme raisonnable et ami de la liberté. La règle des jugements est la conscience des juges éclairés par l’amour de la justice et de la patrie. Leur but est le salut public et la ruine des ennemis de la patrie. Les membres de la commission auront sans cesse les yeux fixés sur ce grand intérêt ; ils lui sacrifieront toutes les considérations particulières. Ils vivront dans cet isolement salutaire, qui est le plus sûr garant de l’intégrité des juges et qui, par cela même, leur concilie la confiance et le respect. Ils repousseront toutes sollicitations dangereuses. » Cette instruction était manifestement inspirée par le fonctionnement des Commissions populaires et inspira à son tour les articles 8 et 16 du décret du 22 prairial. (Sur 591 prévenus, environ 300 furent condamnés à mort, une centaine, à de la réclusion ou à des amendes, et près de 200 furent acquittés.)

Le 22 mai (3 prairial), le Comité (Robespierre) donna aux Commissions populaires séantes au Muséum tous les moyens pour enquêter.

« Elles feront paraître devant elles les prévenus, lorsqu’elles le jugeront nécessaire. Elles pourront appeler des citoyens pour en prendre des renseignements, soit sur les faits, soit sur les individus. Cette faculté s’étendra jusqu’aux fonctionnaires publics, notamment les membres des Comités révolutionnaires ou de surveillance, et ce, de toutes les parties de la République, sauf à user de cette faculté avec la plus grande réserve. Les papiers que l’on saura exister dans tel endroit, et même dans les Comités de la Convention, pourront être demandés. Lorsque les Commissions découvriront dans l’examen d’une affaire de nouveaux coupables, elles auront le droit de lancer un mandat d’arrêt, en prévenant le Comité de salut public dans les vingt-quatre heures après l’arrestation. Elles auront le droit de mandat d’amener contre les citoyens non fonctionnaires publics qui, étant appelés pour donner des renseignements, ne se rendraient pas. »

Les Commissions commencèrent à produire des listes de personnes  à libérer, déporter ou envoyer au Tribunal à partir du 7 juin (19 prairial). (En tout, elles dressèrent 124 listes : 97 de personnes à envoyer au Tribunal révolutionnaire,  15 de personnes à déporter et au moins 4, mais probablement 12, de personnes à libérer. Toutes les pièces relatives aux listes de libération ont disparu ou ont été détruites. Seuls subsistent deux messages des Commissions aux Comités qui en mentionnent 4 (3 + 1).)

Trois jour plus tard (un hasard ?), le 22 prairial (10 juin), Couthon présenta à la Convention la fameuse loi qui n’était finalement que la synthèse de dispositions antérieures. Comme quelques députés firent des objections, Robespierre intervint pour qu’elle soit discutée article par article, ce qui fut fait. Ruamps qui le premier s’était élevé contre cette loi et avait prétendu qu’il se brûlerait la cervelle si elle était adoptée n’en fit rien et avoua même, le 6 germinal an III, qu’à cette époque il conspirait déjà contre Robespierre. Les conspirateurs cherchaient alors à l’obliger à se défendre d’intentions qu’il n’avait pas pour que la Convention, à force d’entendre les mêmes accusations infondées, finisse par douter de lui et craindre pour elle-même. Il reste toujours quelque chose de la calomnie. Ainsi, le lendemain, en l’absence des membres du Comité, Bourdon (de l’Oise), appuyé par Bernard (de Saintes), réclama un décret additionnel pour assurer les députés qu’ils ne pourraient être poursuivis que par la Convention, comme si le Comité avait voulu changer les choses en la matière. Merlin (de Douai) intervint et la Convention, « considérant que le droit exclusif de la représentation nationale de décréter ses membres d’accusation et de les faire mettre au jugement est un droit indéniable », décréta qu’il n’y avait pas lieu à délibérer.

Mais, le lendemain, les membres du Comité protestèrent contre le considérant lui-même. Couthon estimant qu’il injuriait le Comité réclama son retrait, sous les applaudissements. Bourdon (de l’Oise) balbutia de plates excuses. Robespierre intervint. « Ce n’est pas par des rétractations éternelles et peut-être concertées ; ce n’est pas par des discours qui, sous les apparences de l’accord et du patriotisme, concourent toujours au système si souvent interrompu et si souvent repris de diviser la représentation nationale, que l’on peut justifier ces démarches. Ce qu’à dit Couthon est resté dans toute sa force, et il est bien démontré qu’il n’y avait pas lieu aux plaintes qui ont été faites. » Appuyé par Billaud-Varenne et Barère, le considérant fut rapporté. C’était la dernière « victoire » de Robespierre et sa dernière intervention à la Convention avant le 8 thermidor.

La loi du 22 prairial était désormais en vigueur. Pour autant, les listes des Commissions populaires ne furent pas transmises au Comité, pour approbation, ni au Tribunal révolutionnaire, pour application des sentences. Les quatre autres Commissions prévues n’étaient toujours pas établies. Les lois de ventôse en faveur des pauvres rencontraient une sourde obstruction tant au sein du Comité de salut public que du Comité de sûreté générale qui devait dresser le tableau des indigents. C’était là le fond de la querelle entre Robespierre et les membres des Comités.

A cela s’ajoutaient néanmoins les différends politiques, les rivalités de personnes et les questions d’autorité. Carnot, Lindet et Prieur (de la Côte d’Or) aspiraient à une politique bourgeoise. Carnot était en outre favorable à la guerre de conquête, tandis que Robespierre désirait mettre fin à la guerre une fois le territoire national libéré et la République à l’abri. Carnot s’était également heurté à Saint-Just et au frère de Robespierre sur des questions stratégiques. (Ce dernier avait proposé pour l’armée d’Italie un plan conçu par Bonaparte, que celui-ci appliqua avec succès en 1796 et que Carnot rejeta alors.) Moins claires sont les raisons de la rupture de Collot-d’Herbois (le compère de Fouché à Lyon) et de Billaud-Varenne avec Robespierre, et encore moins celles du louvoyant Barère (dont Robespierre admirait la puissance de travail mais n’appréciait pas les « carmagnoles », ses rapports pompeux sur les victoires françaises). Les membres éminents du Comité de sûreté générale, eux, ne supportaient plus l’ascendant du Comité de salut public et celui de Robespierre en particulier ; ils avaient en travers l’Etre suprême et ils n’acceptaient pas la création du Bureau de police générale au sein du Comité de salut public. (Ce Bureau, vu par le Comité de sûreté générale comme un concurrent, avait été créé par décret le 26 germinal pour surveiller les personnes publiques. Il fut d’abord dirigé par Saint-Just, puis, en son absence, par Robespierre ou Couthon. Ses arrêtés, environ 460 — concernant des arrestations, des transferts, des destitutions, des nominations, etc. —, devaient cependant recevoir l’aval du Comité et, de fait, tous les membres accordèrent des signatures. Seules six personnes arrêtées sur ses ordres furent exécutées.)

Pendant ce temps, le Tribunal révolutionnaire tournait à plein régime. Avec la loi du 27 germinal qui supprimait les tribunaux de province, le nombre d’exécutions avait logiquement triplé à Paris, par rapport aux décades précédentes ; mais il avait encore doublé depuis le 22 prairial. La simplification des procédures n’expliquait pas tout. Les prévenus étaient désormais envoyés par dizaines au Tribunal révolutionnaire et les « fournées » qui avaient été exceptionnelles avant étaient maintenant l’ordinaire. Cette pratique odieuse n’était pas prescrite par la loi du 22 prairial, mais l’opinion publique habilement manipulée ne pouvait que lui en attribuer la cause et, partant, en accuser Robespierre. Le summum fut atteint avec la fournée dite « des chemises rouges », le 17 juin (29 prairial). Le Comité de sûreté générale et Fouquier-Tinville étaient derrière la manœuvre.

Contre le premier, Robespierre ne pouvait rien dans l’immédiat. En revanche, il essaya de faire destituer Fouquier. Le 26 juin (8 messidor), Herman, robespierriste, ex-président du Tribunal révolutionnaire, commissaire des administrations civiles, police et tribunaux, adressa ce mot à Desvieux, président du tribunal du 3ème arrondissement : « Je te crois bon patriote et éclairé ; je m’adresse à toi pour que, dans ta conscience républicaine, tu m’indiques un citoïen propre à remplir les fonctions d’accusateur public, que le Comité de Salut public m’a chargé de rechercher. Prompte réponse. Salut et fraternité. » Robespierre n’obtint pas satisfaction. Le 29 juin, il se heurta violemment à ses collègues du Comité qui le traitèrent de dictateur. A partir du 1er juillet, il ne parut plus au Comité. Il exposa les raisons de son retrait le soir même aux Jacobins :

« Quand le crime conspire dans l’ombre la ruine de la liberté, est-il pour des hommes libres, des moyens plus forts que la vérité et la publicité ? Irons-nous, comme les conspirateurs, concerter dans des repaires obscurs, les moyens de nous défendre contre leurs efforts perfides ? Irons-nous répandre l’or et semer la corruption ? En un mot, nous servirons-nous contre nos ennemis des mêmes armes qu’ils emploient pour nous combattre ? Non. Les armes de la liberté et de la tyrannie sont aussi différentes, que la liberté et la tyrannie sont opposées. Contre les scélératesses des tyrans et de leurs amis, il ne nous reste d’autre ressource que la vérité, et le tribunal de l’opinion publique, et d’autre appui que les gens de bien. »

L’absence de celui que la France et l’Europe voyaient, à tort, comme le chef de la Révolution et de la République finit par s’ébruiter et par inquiéter. D’autant plus que Robespierre dénonçait aux Jacobins ses ennemis, leurs manœuvres, leurs calomnies et les excès de la Terreur. Les membres des Comités sentirent la nécessité de se réconcilier avec lui. Pour gage de leur sincérité, ils ratifièrent enfin les listes dressées par les Commissions populaires. La première, cumulant 36 listes portant sur 150 détenus à envoyer au Tribunal révolutionnaire, fut ratifiée le 20 juillet (2 thermidor). Ils la lui firent porter chez lui. Il la signa à son tour. Ils en ratifièrent deux autres le lendemain. Une cumulait 66 petites listes et portait sur 313 détenus à envoyer au Tribunal révolutionnaire ; l’autre cumulait 14 listes portant sur 47 détenus à déporter. Le 22 juillet (4 thermidor), les Comités arrêtèrent la création des quatre dernières Commissions populaires. Le lendemain, Robespierre assistait à la séance des Comités. Mais il ne crut pas en leur bonne foi. Deux jours plus tard, il portait ses plaintes à la Convention et, deux jours après, sa tête à l’échafaud.


Ainsi, la loi du 22 prairial an II ne fut pas un caprice ou un délire de Robespierre. Elle n’avait pas été conçue à la hâte ; elle faisait partie d’un tout. De ce fait, il est possible que Couthon et Robespierre l’aient rédigée et présentée à la Convention sans en informer leurs collègues du Comité de salut public, mais rien dans cette loi n’était nouveau ni dans la forme ni dans l’esprit, rien ne pouvait les choquer eux qui, tous, un mois plus tôt, avaient cautionné l’établissement de la Commission d’Orange qui en était le modèle. En outre, les Commissions populaires dont l’établissement avait été décrété dans le cadre des lois de ventôse, qui devaient mâcher le travail du Tribunal révolutionnaire et qui commençaient à fonctionner permettaient d’accélérer les procédures dudit Tribunal. Quant au Comité de sûreté générale, si ses membres furent vexés de ne pas avoir été prévenus de la présentation de cette loi, ce n’est certes pas son contenu qui pouvait les émouvoir.

Deux documents prouvent jusqu’à l’évidence ces affirmations. Le 13 juillet, de Tulle, Roux-Fazillac, représentant dans la Corrèze et le Puy-de-Dôme, consulta le Comité pour savoir s’il devait envoyer au Tribunal révolutionnaire des accusés prévenus de complicité d’émigration, de conduite incivique ou de propos contre-révolutionnaires. « La marche du tribunal [local] se trouve barrée par le décret du 22 prairial, qui veut que les ennemis du peuple soient jugés par le Tribunal révolutionnaire et qui prohibe aux autorités constituées d’y envoyer ceux qui peuvent être dans cette classe, sans avoir obtenu l’autorisation des Comités de salut public et de sûreté générale. Je vous ai déjà demandé, citoyens collègues, si les commissions populaires, décrétées par la Convention, seraient mises en activité, et si le décret du 22 prairial y suppléait. » Le 23 juillet, le Comité (sans autre précision) lui répondit : « Les lois du 19 floréal [8 mai] et 22 prairial déterminent si précisément les crimes dont la connaissance est exclusivement attribuée au Tribunal révolutionnaire, qu’il n’est pas possible d’élever un doute sur ce point. C’est à lui qu’il appartient, suivant l’article 10 de cette dernière loi, d’y traduire ceux dont le crime est désigné comme attentatoire à la liberté du peuple et à la marche de la Révolution. Quant aux autorités constituées, l’article 11 exige qu’elles en préviennent les Comités de salut public et de sûreté générale, et qu’elles obtiennent leur autorisation. Nous nous reposons d’ailleurs sur ta sagacité et ton amour pour la chose publique. Jusqu’à ce que les Commissions populaires soient en pleine activité dans toute la République, il n’y a pas d’autre marche à suivre que celle qui est prescrite par les lois des 27 germinal [16 avril, sur les mesures de police générale], 19 floréal [8 mai, précision sur la loi du 27 germinal] et 22 prairial. »

Les détracteurs de Robespierre qui ne s’embarrassent guère de la logique, des faits et de preuves ont prétendu que cette loi élargissait à l’infini les crimes passibles du Tribunal révolutionnaire ce qui, selon eux, serait la cause de l’augmentation considérable des exécutions. Autrement dit, la loi du 22 prairial était plus vague que la loi précédemment en vigueur. Or la loi en vigueur était toujours celle du 17 septembre 1793 qui définissait ainsi les suspects :

« Sont réputés gens suspects : 1° ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme, et ennemis de la liberté ; 2° ceux qui ne pourront pas justifier, de la manière prescrite par la loi du 21 mars, de leurs moyens d’exister et de l’acquit de leurs devoirs civiques ; 3° ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; 4° les fonctionnaires publics suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou par ses commissaires et non réintégrés, notamment ceux qui ont été ou doivent être destitués en vertu de la loi du 14 août dernier ; 5° ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœur, et agents d’émigrés qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution ; 6° ceux qui ont émigré dans l’intervalle du 1er juillet 1789 à la publication de la loi du 8 avril 1792, quoiqu’ils soient rentrés en France dans le délai fixé par cette loi, ou précédemment. »

La loi du 22 prairial définissait les suspects dans l’article 6 :

« Sont réputés ennemis du peuple ceux qui auront provoqué le rétablissement de la royauté, ou cherché à avilir ou à dissoudre la Convention nationale et le gouvernement révolutionnaire et républicain dont elle est le centre ; Ceux qui auront trahi la République dans le commandement des places et des armées, ou dans toute autre fonction militaire, entretenu des intelligences avec les ennemis de la République, travaillé à faire manquer les approvisionnements ou le service des armées ; Ceux qui auront cherché à empêcher les approvisionnements de Paris, ou à causer la disette dans la République ; Ceux qui auront secondé les projets des ennemis de la France, soit en favorisant la retraite et l’impunité des conspirateurs et de l’aristocratie, soit en persécutant et calomniant le patriotisme, soit en corrompant les mandataires du peuple, soit en abusant des principes de la révolution, des lois ou des mesures du gouvernement, par des applications fausses et perfides ; Ceux qui auront trompé le peuple ou les représentants du peuple, pour les induire à des démarches contraires aux intérêts de la liberté ; Ceux qui auront cherché à inspirer le découragement pour favoriser les entreprises des tyrans ligués contre la République ; Ceux qui auront répandu de fausses nouvelles pour diviser ou pour troubler le peuple ; Ceux qui auront cherché à égarer l’opinion et à empêcher l’instruction du peuple, à dépraver les mœurs et à corrompre la conscience publique, et altérer l’énergie et la pureté des principes révolutionnaires et républicains, ou en arrêter les progrès, soit par des écrits contre-révolutionnaires ou insidieux, soit par toute autre machination ; Les fournisseurs de mauvaise foi qui compromettent le salut de la République ; Ceux qui, étant chargés de fonctions publiques, en abusent pour servir les ennemis de la révolution, pour vexer les patriotes, pour opprimer le peuple ; Enfin, tous ceux qui sont désignés dans les lois précédentes relatives à la punition des conspirateurs et contre-révolutionnaires, et qui, par quelques moyens que ce soit et de quelques dehors qu’ils se couvrent, auront attenté à la liberté, à l’unité, à la sûreté de la République, ou travaillé à en empêcher l’affermissement. »

La longueur de cette définition atteste à elle seule la plus grande précision de la loi du 22 prairial an II comparée à celle du 17 septembre 1793. La liste des crimes passibles du Tribunal révolutionnaire, dictée par l’expérience, se voulait aussi exhaustive que possible. Elle était moins concise pour qu’il y ait moins d’abus. Qu’il y ait eu des abus ne signifie pas que la loi les ait provoqués et que Robespierre en ait été responsable, d’autant plus que nous savons qu’ils furent le fait de ses ennemis.

Les admirateurs de Robespierre, en revanche, ont prétendu que la loi du 22 prairial, dans l’esprit des robespierristes, ne devait servir qu’à atteindre une poignée de députés terroristes ou corrompus. Ils citent à l’appui la déclaration que fit Couthon aux Jacobins, le 6 thermidor : « la vertu et l’énergie de la Convention nationale peuvent écraser à volonté les cinq ou six petites figures humaines dont les mains sont pleines des richesses de la République et dégoûtantes du sang des innocents qu’ils ont immolés ». Cette déclaration ne prouve pas leur assertion, tandis que la connaissance de la Révolution montre qu’une loi pour saisir quelque députés était inutile (des députés avaient déjà été arrêtés et exécutés). Du reste, la loi avait à l’évidence une portée générale ; elle n’était pas faite pour viser cinq ou six personnes. En somme, cette thèse suppose que les robespierristes avaient mal calculé leur coup et furent inconséquents dans cette affaire, ce qui est à la fois insultant pour eux et tout aussi loin de la vérité que les thèses de leurs détracteurs. 

On a reproché à cette loi, donc à Robespierre, de violer toutes les règles de la justice en supprimant les interrogatoires préalables, les témoins et les défenseurs. Mais, outre qu’il ne s’agissait pas là de justice ordinaire mais de justice révolutionnaire, que supprimait réellement cette loi comparé au fonctionnement antérieur du Tribunal ? Seulement des illusions entraînant des lourdeurs. Les interrogatoires préalables étaient inconsistants. Les témoins, quand il y en avait ne prouvaient rien. Quant aux défenseurs, il était de notoriété publique qu’ils escroquaient leurs clients. D’où l’article 16 : « La loi donne pour défenseurs aux patriotes calomniés, des jurés patriotes ; elle n’en accorde point aux conspirateurs. » Tous les révolutionnaires étaient depuis longtemps dans cet état d’esprit. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les détenus devaient être jugés par les Commissions populaires qui, elles, avaient reçu de Robespierre lui-même les moyens d’enquêter, d’interroger prévenus et témoins.

Les détracteurs de Robespierre s’acharnent à prétendre que la loi du 22 prairial ouvrit le règne de la Grande Terreur et s’indignent de l’explosion du nombre des exécutions. Ils feignent d’oublier que la loi du 27 germinal avait supprimé les tribunaux révolutionnaires de province et que, de ce fait, la plupart des exécutions avaient lieu depuis à Paris, de sorte que la Terreur à Paris doit être rapportée à la France. Ainsi le nombre d’exécutions augmenta à Paris, non avec la loi du 22 prairial, mais dès la fin germinal (même s’il est vrai qu’il augmenta encore après le 22 prairial), parce qu’elles avaient quasiment cessé partout ailleurs. Au niveau national, le nombre d’exécutions ne se maintint pas, il chuta en raison de la difficulté d’envoyer à Paris tous les suspects. Ainsi, loin d’inaugurer une Grande Terreur, les lois des 27 germinal et 22 prairial an II mirent quasiment fin à la Terreur. Si le but des révolutionnaires, et de Robespierre en particulier, avait été de plonger la France dans la Terreur et les abus, ils auraient couvert la France de tribunaux. Ils firent l’inverse. Il y avait des tribunaux partout ; ils n’en laissèrent subsister qu’un, à Paris. Que peut en déduire le bon sens sur leurs intentions ? Auraient-ils procédé autrement s’ils avaient voulu réduire la Terreur, la contrôler et se donner les moyens de l’arrêter le moment venu ? 

Si l’on veut néanmoins parler de Grande Terreur à Paris, l’honnêteté commande d’en dater le début au 27 germinal, et non au 22 prairial (On sait pourquoi seule cette deuxième date retient l’attention de certains.) et de signaler qu’environ 60 % des condamnés étaient des provinciaux, ce qui permet de relativiser la terreur qu’éprouvèrent les Parisiens.

On ne saurait cependant parler de la Terreur à Paris sans avancer de chiffres. La représentation du nombre des exécutions sous forme de graphique permet de distinguer 5 phases.

1) d’avril 1793 (le Tribunal révolutionnaire avait été institué le 10 mars 1793, mais les premières exécutions eurent lieu en avril) au 20 octobre = 20 décades.

  • 93 exécutions (dont 74 provinciaux, soit 79,5 %), soit 4,65 / décade
  • 210 libérations
  • 50 peines autres que la mort

2) du 21 octobre 1793 au 20 février 1794 (2 ventôse an II) = 12 décades

  • 271 exécutions (dont 134 provinciaux, soit 49,4 %), soit 22,58 / décade
  • 299 libérations
  • 99 peines autres que la mort

3) du 21 février au 10 avril (21 germinal an II) = 5 décades

  • 198 exécutions (dont 115 provinciaux, soit 58 %), soit 39,6 / décade
  • 105 libérations
  • 18 peines autres que la mort

Total des trois premières périodes, d’avril 1793 au 10 avril 1794 = 37 décades :

  • 562 exécutions (dont 323 provinciaux, soit 57,47 %), soit 15,2 / décade
  • 614 libérations
  • 167 peines autres que la mort

4) du 11 avril (22 germinal) au 10 juin (22 prairial an II) = 6 décades

  • 713 exécutions (dont 432 provinciaux, soit 60,6 %), soit 118,8 / décade
  • 296 libérations
  • 62 peines autres que la mort

5) du 11 juin au 29 juillet (9 thermidor an II) = 5 décades

  • 1364 exécutions (dont 809 provinciaux, soit 59,3 %), soit 272,8 / décade
  • 308 libérations
  • 29 peines autres que la mort

Total pour la Terreur à Paris, d’avril 1793 au 9 thermidor an II

  • 2639 exécutions (dont 1564 provinciaux, soit 1075 Parisiens sur 600.000)
  • 1218 libérations
  • 258 autres peines que la mort

 

Ces chiffres, rigoureusement exacts, tirés des archives du Tribunal révolutionnaire, confirment que si Grande Terreur il y eut à Paris, elle commença avec la loi du 27 germinal, puisqu’il y eut dans les six décades qui suivirent plus d’exécutions que durant les 37 qui précédèrent. Ils montrent en outre que, contrairement aux impressions que laissent les récits des anciens suspects, les Parisiens n’eurent finalement pas grand chose à craindre de la Terreur qui fit moins de 0,2 % de victimes parmi eux, que cette période fut loin d’être pour eux la plus terrible de l’histoire. En 1871, par exemple, les Versaillais en fusillèrent sans jugement autour de 20.000 en une semaine. A l’échelle de la France, les historiens estiment à environ à 17.000 le nombre d’exécutions, et à 40.000 le nombre de victimes de la Terreur en comptant les exécutions sommaires et les décès en prison, soit 0,15 % d’une population qui comptait 26 millions d’âmes, ou encore l’équivalent d’une bataille napoléonienne. (N’entrent pas dans ces chiffres les morts de la guerre à l’Ouest.)

Les concerts d’indignation ont donc quelque chose d’exagéré et de partial. Malgré des abus certains, les révolutionnaires ne furent pas des sanguinaires. La République aux abois ne pouvaient pas être sauvée sans verser de sang, mais les chiffres montrent qu’ils n’en versèrent pas tant que cela. Même le Tribunal révolutionnaire de Paris, présenté comme un tribunal de sang, acquitta près d’un tiers des prévenus. Les acquittements furent moins nombreux après le 27 germinal et surtout après le 22 prairial, mais il y en eut quand même plus de 600. La proportion des condamnations fut logiquement plus élevée durant cette période puisque furent déférées au Tribunal et souvent envoyées de loin les personnes les plus notoirement contre-révolutionnaires.

Ceci explique sans doute pourquoi Robespierre ne s’éleva pas contre les exécutions, en définitive peu nombreuses, mais contre les arrestations abusives, c’est-à-dire la manière aveugle et criminelle de certains d’exercer la Terreur.

« Est-ce nous qui avons plongé dans les cachots les patriotes, et porté la terreur dans toutes les conditions ? Ce sont les monstres que nous avons accusés. Est-ce nous qui, oubliant les crimes de l’aristocratie et protégeant les traîtres, avons déclaré la guerre aux citoyens paisibles, érigé en crimes ou des préjugés incurables ou des choses indifférentes, pour trouver partout des coupables et rendre la révolution redoutable au peuple même ? Ce sont les monstres que nous avons accusés. Est-ce nous qui, recherchant des opinions anciennes, fruit de l’obsession des traîtres, avons promené le glaive sur la plus grande partie de la Convention nationale, et qui demandions dans les sociétés populaires la tête de six cents représentants du peuple ? Ce sont les monstres que nous avons accusés. » (8 thermidor)

Enfin, l’idée que la loi du 22 prairial instaura la Grande Terreur fait dire à certains que les députés tremblaient, comme s’ils avaient désormais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Bouloiseau écrit à ce propos : « Tant de sièges vides hantaient les députés qui se demandaient quand viendrait leur tour ! ». Cette phrase semble vouloir dire que beaucoup de députés avaient été exécutés et que le restant craignait que Robespierre ne les élimine aussi grâce à la loi de prairial. Ceci n’a tout bonnement aucun sens.

Tout d’abord, Robespierre n’était pas plus maître des verdicts du Tribunal révolutionnaire qu’il n’était libre d’y envoyer qui il voulait. Il ne put même pas y traduire ses ennemis déclarés qui, pour la plupart, étaient des ordures notoires. (Après le 9 thermidor, Vadier déclara que « le comité de sûreté générale avait tout fait en faveur de Tallien, Fouché et autres, pour détourner l’effet des dénonciations portées contre eux, par la raison qu’ils étaient poursuivis par Robespierre. ») Il appartenait d’ailleurs toujours à la Convention d’y traduire ses membres.

Ensuite, que représentaient les places vides ? Aucun député ne fut arrêté durant la « Grande Terreur ». Osselin fut bien exécuté le 26 juin 1794 (et ce fut le seul député dans ce cas), mais il avait été arrêté en novembre 1793. Furent également exécutés les 19 et 25 juin, mais à Bordeaux, les Girondins fugitifs Guadet, Salle et Barbaroux (Buzot et Pétion s’étant suicidés). Manquaient donc les Girondins exécutés ou hors la loi, ceux incarcérés que Robespierre avait seul défendus, les Indulgents (qui, à l’exception de Desmoulins et Philippeaux, ne furent pas réhabilités par la Convention thermidorienne), quelques fripons condamnés par la Convention, et surtout les représentants en mission (plus d’une soixantaine) ou en congé ou décédés naturellement ou morts au combat ou assassinés. Excepté les amis de Danton, rares étaient donc les députés qui pouvaient voir dans les places vides des raisons de craindre pour eux-mêmes !

Quelques députés furent cependant effrayés à cette époque, non par cette loi, mais par les insinuations des ennemis de Robespierre et les fausses listes de proscription mises en circulation par Fouché. Encore ces manœuvres eurent-elles moins d’effet que prévu, puisque les comploteurs qui avaient si mauvaise réputation durent encore négocier dans la nuit du 8 au 9 thermidor le soutien de la Plaine pour la journée du lendemain, preuve que la Plaine participa moins au 9 thermidor par crainte que par intérêt politique. Pourquoi d’ailleurs, avec ou sans la loi du 22 prairial, les députés de la Plaine auraient-ils redouté Robespierre, lui qui professait un respect sans borne pour la Convention et avait pour ennemis personnels tous ceux qui la déshonoraient ? La loi du 22 prairial ne faisait qu’accélérer les procédures du Tribunal révolutionnaire ; l’important, pour un député, était donc de ne pas être décrété d’arrestation, ce qui ne pouvait se faire sans l’aval de la Convention. Or, de ce point de vue, la Plaine avait bien plus à craindre des ennemis de Robespierre qui avaient pour eux le nombre que de Robespierre lui-même qui n’avait que son prestige à opposer et qui était le plus en danger. Révolutionnaire éminent, il ne pouvait être atteint qu’après un long travail de sape auquel ses ennemis s’employèrent sans relâche durant des mois.

Finalement, Robespierre et ses amis furent les seuls députés exécutés selon la loi du 22 prairial qui fut abrogée le 14 thermidor an II (1er août) sur l’intervention de Lecointre (de Versailles).

La fin d’un « tyran »

« Le 9 thermidor, lasse de la dictature de Robespierre, de ses excès et de la Terreur, la Convention décrète Robespierre d’arrestation. » Telle est généralement la façon dont l’événement est présenté et expliqué dans le même temps. Robespierre fut arrêté et exécuté, logique, parce que c’était un tyran. L’affaire est entendue. Mais, comme dit un jour Cambacérès à Napoléon, « cela a été un procès jugé, mais non plaidé ». En effet, à y regarder de plus près, cette présentation n’est ni un résumé ni un raccourci mais une falsification des faits, un mensonge éhonté.

Cette explication suppose la pureté des intentions de la Convention, puisqu’elle renversa une tyrannie. Mais qui furent réellement les acteurs de l’événement ? qui étaient les ennemis de Robespierre ?

Au premier rang, Fouché, le futur ministre de la police de Napoléon, le suppôt de tous les régimes. Robespierre ne lui pardonnait pas les mitraillades de Lyon et l’oppression des patriotes lyonnais. Vadier, Amar, Jagot, Dubarran, les hommes du Comité de sûreté général, prêts à envoyer n’importe qui au Tribunal révolutionnaire pourvu que cela leur permette de nuire à Robespierre. Carnot, l’homme de la guerre de conquête, quand Robespierre voulait la paix dès que possible. Il était considéré par les Robespierristes comme leur plus grand ennemi. Tallien, outrancier et vénal de notoriété publique. Les compères de Marseille, Fréron, le futur leader de la Jeunesse dorée, méprisé de tous, et Barras, futur homme clé du régime le plus pourri que la France ait connu, à savoir le Directoire. Bernard (de Saintes), l’escroc, l’ennemi de Robespierre jeune qui distinguait l’erreur du crime et avait libéré ceux qu’il avait arrêtés dans le Jura. André Dumont, le tartuffe, futur proscripteur de ses collègues. Bourdon (de l’Oise), à propos du quel Robespierre avait écrit qu’il « s’est couvert de crimes en Vendée, où il s’est donné le plaisir, dans ses orgies avec le traître Tunck, de tuer des volontaires de sa main. Il joint la perfidie à la fureur… Cet homme se promène avec l’air d’un assassin qui médite un crime. Il semble poursuivi par l’image de l’échafaud et des Furies. » Les amis de Danton, aussi pourris que lui : Legendre, Guffroy, Courtois, Garnier (de l’Aube) qui tous persécuteront les Jacobins et les anciens membres des Comités. D’autres pourris tels que le ci-devant Rovère, coupable de concussion efferéne dans le Midi. Voilà quels étaient les ennemis personnels de Robespierre ; c’était la lie de la Convention.

Quant à la masse des députés de la Convention, la Plaine ou le Marais, c’est selon, elle était composée de bourgeois qui n’avaient soutenus la Montagne qu’en raison des circonstances, pour faire face au péril. Elle ne partageait pas l’idéal social, démocratique et égalitaire des Jacobins et de Robespierre dans lequel elle avait cependant trouvé un protecteur face à tous les furieux de caractère ou de posture. Elle était fondamentalement girondine, capitalo-libérale et accessoirement républicaine. Le Directoire lui convint, et l’Empire plus encore. Pour l’heure, elle était prise entre Robespierre et les Jacobins d’un côté, les terroristes et les pourris de l’autre. Arbitre de la situation, elle avait le choix entre soutenir les premiers et leur politique sociale contre les seconds qu’elle craignait et détestait, ou soutenir les seconds contre les premiers qui ne la menaçaient pas physiquement mais avec lesquels elle était fondamentalement, politiquement et économiquement en désaccord. En définitive, elle préféra s’entendre avec les pourris qu’écouter l’Incorruptible. Elle savait que ce dernier était l’âme de la Révolution et sentit qu’en l’éliminant elle n’aurait plus grand chose à craindre des excités.

Ces derniers, en présentant Robespierre comme un tyran, en lui reprochant leurs propres excès, en associant robespierrisme et terrorisme, firent de toute mesure de rigueur (de la part des révolutionnaires) et de toute revendication sociale un crime ; ils fournirent eux-mêmes à tous les contre-révolutionnaires le prétexte de dénoncer la Révolution et l’occasion de sortir impunément de l’ombre ; bref, ils provoquèrent une réaction inattendue qui balaya les plus sincères d’entre eux, les autres ayant aussitôt retourné leur veste. Ainsi, pour assouvir leurs intérêts particuliers ou leurs rancunes, ils compromirent l’intérêt général. Robespierre avait depuis longtemps signalé le danger de s’écarter de sa ligne. Ce n’est pas par vanité qu’il considérait ses ennemis personnels comme ceux de la Révolution. La suite lui donna raison, et nombre de ceux qui s’étaient acharnés à sa perte le reconnurent et exprimèrent des remords. Rien ne saurait être plus révélateur que ce mot de Cambon, chargé des finances, que Robespierre avait attaqué personnellement le 8 thermidor : « Nous avons tué la République au 9 thermidor, en croyant ne tuer que Robespierre ! Je servis à mon insu les passions de quelques scélérats. Que n’ai-je péri, ce jour-là, avec eux ! la liberté vivrait encore ! »

« Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. » Telle fut exactement la tactique utilisée par les Thermidoriens pour éliminer Robespierre et étouffer son souvenir. Il fut accusé de tout, chargé de tous les crimes, calomnié comme rarement quelqu’un l’a été. Mais le temps a passé et les passions devraient se calmer. Il n’est plus possible aujourd’hui de soutenir que Robespierre fut un dictateur, que la Terreur fut son œuvre, qu’il fut responsable de tous les excès et qu’il tyrannisa la Convention.

Ce qu’il avait dit des Montagnards, face aux Girondins, le 28 octobre 1792, était encore vrai le concernant le 8 thermidor an II : « Ils nous accusent de marcher à la dictature, nous, qui n'avons ni armée, ni trésor, ni places, ni parti ; nous, qui sommes intraitables comme la vérité, inflexibles, uniformes, j'ai presque dit insupportables, comme les principes ». C’est cette rigueur morale, cette impossibilité de l’attaquer honnêtement, cette capacité intrinsèque à froisser les amours propres qui lui attira sans doute les plus profondes haines. Il avait fait de la vérité son arme ; il ne laissait à ses adversaires que le mensonge pour l’atteindre. De fait, tout ce qu’il dénonçait était vrai ; toutes les vilenies dont il fut accusé étaient fausses. Ainsi, tout dans son discours du 8 thermidor, qu’il appela lui-même son testament de mort, est rigoureusement exact, qu’il s’agisse de ses positions ou des manœuvres de ses ennemis. Rien n’a jamais été démenti, malgré les diversions. Il suffit donc de lire ce discours pour savoir qui il était, ce qu’il voulait, à quoi il était confronté, qui étaient ses ennemis, ce qu’ils firent, et de juger entre lui et eux.

« Ils m'appellent tyran… Si je l'étais, ils ramperaient à mes pieds, je les gorgerais d'or, je leur assurerais le droit de commettre tous les crimes, et ils seraient reconnaissants. Si je l'étais, les rois que nous avons vaincus, loin de me dénoncer (quel tendre intérêt ils prennent à notre liberté !) me prêteraient leur coupable appui ; je transigerais avec eux. Dans leur détresse, qu'attendent-ils, si ce n'est le secours d'une faction protégée par eux, qui leur vende la gloire et la liberté de notre pays ? On arrive à la tyrannie par le secours des fripons ; où courent ceux qui les combattent ? Au tombeau et à l'immortalité. Quel est le tyran qui me protège ? Quelle est la faction à qui j'appartiens ? C'est vous-mêmes. Quelle est cette faction qui, depuis le commencement de la révolution, a terrassé les factions, a fait disparaître tant de traîtres accrédités ? C'est vous, c'est le peuple, ce sont les principes. Voilà la faction à laquelle je suis voué, et contre laquelle tous les crimes sont ligués. [...] Qui osera jamais servir la patrie, quand je suis obligé encore ici de répondre à de telles calomnies ? Ils citent comme la preuve d'un dessein ambitieux les effets les plus naturels du civisme et de la liberté ; l'influence morale des anciens athlètes de la révolution est aujourd'hui assimilée par eux à la tyrannie. Vous êtes, vous-mêmes, les plus lâches de tous les tyrans, vous qui calomniez la puissance de la vérité ! Que prétendez-vous, vous qui voulez que la vérité soit sans force dans la bouche des représentants du peuple français ? La vérité, sans doute, a sa puissance ; elle a sa colère, son despotisme ; elle a des accents touchants, terribles, qui retentissent avec force dans les cœurs purs, comme dans les consciences coupables, et qu'il n'est pas plus donné au mensonge d'imiter qu'à Salmonée d'imiter les foudres du ciel ; mais accusez-en la nature, accusez-en le peuple qui le sent et qui l'aime. »
 « Comment pourrais-je ou raconter ou deviner toutes les espèces d’impostures qui ont été clandestinement insinuées, soit dans la Convention nationale, soit ailleurs, pour me rendre odieux ou redoutable ? Je me bornerai à dire que, depuis plus de six semaines, la nature et la force de la calomnie, l’impuissance de faire le bien et d’arrêter le mal, m’a forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du Comité de salut public, et je jure qu’en cela même je n’ai consulté que ma raison et ma patrie. Je préfère ma qualité de représentant du peuple à celle de membre du Comité du salut public, et je mets ma qualité d’homme et de citoyen français avant tout. [...] »
« On s'est attaché particulièrement à prouver que le tribunal révolutionnaire était un tribunal de sang, créé par moi seul et que je maîtrisais absolument pour faire égorger tous les gens de bien, et même tous les fripons ; car on voulait me susciter des ennemis de tous les genres. Ce cri retentissait dans toutes les prisons ; ce plan de proscription était exécuté à la fois dans tous les départements par les émissaires de la tyrannie. Ce n'est pas tout ; on a proposé dans ces derniers temps des projets de finance qui m'ont paru calculés pour désoler les citoyens peu fortunés et pour multiplier les mécontents. J'avais souvent appelé inutilement l'attention du Comité de salut public sur cet objet. Eh bien ! croirait-on qu'on a répandu le bruit qu'ils étaient encore mon ouvrage, et que, pour l'accréditer, on a imaginé de dire qu'il existait au Comité de salut public une commission des finances, et que j'en étais le président ? Mais comme on voulait me perdre, surtout dans l'opinion de la Convention nationale, on prétendit que moi seul avais osé croire qu'elle pouvait renfermer dans son sein quelques hommes indignes d'elle. On dit à chaque député revenu d'une mission dans les départements que moi seul avais provoqué son rappel ; je fus accusé par des hommes très officieux et très insinuants de tout le bien et de tout le mal qui avait été fait. On rapportait fidèlement à mes collègues, et tout ce que j'avais dit, et surtout ce que je n'avais pas dit. On écartait avec soin le soupçon qu'on eût contribué à un acte qui pût déplaire à quelqu'un ; j'avais tout fait, tout exigé, tout commandé ; car il ne faut pas oublier mon titre de dictateur. Quand on eut formé cet orage de haines, de vengeances, de terreurs, d'amours-propres irrités, on crut qu'il était temps d'éclater. Ceux qui croyaient avoir des raisons de me redouter se flattaient hautement que ma perte certaine allait assurer leur salut et leur triomphe ; tandis que les papiers anglais et allemands annonçaient mon arrestation, des colporteurs de journaux la criaient à Paris. Mes collègues devant qui je parle, savent le reste beaucoup mieux que moi ; ils connaissent toutes les tentatives qu'on a faites auprès d'eux pour préparer le succès d'un roman qui paraissait une nouvelle édition de celui de Louvet. Plusieurs pourraient rendre compte des visites imprévues qui leur ont été rendues pour les disposer à me proscrire. Enfin, on assure que l'on était prévenu généralement dans la Convention nationale qu'un acte d'accusation allait être porté contre moi ; on a sondé les esprits à ce sujet, et tout prouve que la probité de la Convention nationale a forcé les calomniateurs à abandonner ou du moins à ajourner leur crime. »
« Tous les fripons m'outragent ; les actions les plus indifférentes, les plus légitimes de la part des autres, sont des crimes pour moi. Un homme est calomnié dès qu'il me connaît. On pardonne à d'autres leurs forfaits ; on me fait un crime de mon zèle. [...] Je ne sais pas respecter les fripons : j'adopte bien moins encore cette maxime royale, qu'il est utile de les employer ; les armes de la liberté ne doivent être touchées que par des mains pures. Epurons la surveillance nationale, au lieu d'en pallier les vices. La vérité n'est un écueil que pour les gouvernements corrompus ; elle est l'appui du nôtre. »
« On veut détruire le gouvernement révolutionnaire, pour immoler la patrie aux scélérats qui la déchirent, et on marche à ce but odieux par deux routes différentes. Ici on calomnie ouvertement les institutions révolutionnaires, là on cherche à les rendre odieuses par des excès ; on tourmente les hommes nuls ou paisibles ; on plonge chaque jour les patriotes dans les cachots, et on favorise l'aristocratie de tout son pouvoir ; c'est là ce qu'on appelle indulgence, humanité. Est-ce là le gouvernement révolutionnaire que nous avons institué et défendu ? Non, ce gouvernement est la marche rapide et sûre de la justice, c'est la foudre lancée par la main de la liberté contre le crime ; ce n'est pas le despotisme des fripons et de l'aristocratie ; ce n'est pas l'indépendance du crime, de toutes les lois divines et humaines. Sans le gouvernement révolutionnaire, la République ne peut s'affermir, et les factions l'étoufferont dans son berceau ; mais s'il tombe en des mains perfides, il devient lui-même l'instrument de la contre-révolution. »
« Si l'on proposait ici de prononcer une amnistie en faveur des députés perfides, et de mettre les crimes de tout représentant sous la sauvegarde d'un décret, la rougeur couvrirait le front de chacun de nous : mais laisser sur la tête des représentants fidèles le devoir de dénoncer les crimes, et cependant, d'un autre côté, les livrer à la rage d'une ligue insolente, s'ils osent le remplir, n'est-ce pas un désordre encore plus révoltant ? C'est plus que protéger le crime, c'est lui immoler la vertu. »

Dans ce discours magnifique, Robespierre dévoilait tous les scandales, toutes les manœuvres de ses ennemis ; il rappelait ses positions modérées que, du reste, nul n’ignorait. Il mettait les révolutionnaires en garde à la fois contre le danger pour la Révolution de ne pas mettre eux-mêmes un terme aux excès et contre celui de le laisser seul les dénoncer. Il ne fut pas entendu. Passions, peurs et intérêts se mêlèrent pour l’immoler et, avec lui, la Révolution.

Rares sont les historiens qui ont relevé et senti l’importance d’une phrase qu’il avait écrite en juin ou juillet 1793  (après l'adoption de la constitution) dans son carnet et qu’il ratura aussitôt : « Quand leur intérêt [celui des riches] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » Robespierre avait énoncé là une vérité qui lui apparut comme une impasse et qu'il raya comme pour la chasser de son esprit et ne pas se décourager lui-même. Inconsciemment, accidentellement, il avait mis le doigt sur le problème fondamental de la Révolution. Riches, pauvres : ces notions n’ont de sens que dans un système monétaire. Dans ce système, tout gravite autour de Largent, tout est façonné par lui. Qui ne court pas après est rattrapé par lui. Dans ce système, l’inégalité en fortune, et, partant, en droits, est une fatalité ; il y aura toujours des riches et des pauvres sous Largent. Jamais les « citoyens » ne seront donc égaux en droits dans un tel système, jamais les intérêts des individus composant la « société » ne seront confondus. Constat indéniable et inacceptable pour Robespierre, le champion de l’Egalité. Robespierre savait néanmoins que son rêve, dans ce monde-là, dans ce système-là, mais il n’en concevait pas d’autre, était une chimère ; il savait au fond de lui, même sans se l’avouer, que la Révolution était vouée à l’échec, qu’elle tournerait fatalement au profit des riches, au profit de l’aristocratie de Largent. L’Histoire l’a confirmé. Mais cette réflexion demeure la leçon essentielle de ce grand révolutionnaire pour les révolutionnaires futurs : l’Egalité, la Révolution sont une vue de l’esprit sous Largent (3). C’est donc Largent lui-même qu’il faut abattre, sous peine de tourner en rond. Robespierre qui était d’une logique implacable n’était pas parvenu à cette conclusion et, y serait-il parvenu, qu’il n’aurait rien pu faire. Mais ceci est une autre histoire.

Plongé dans l’action, Robespierre avait fait tout ce qui était au pouvoir d’un homme de bien, d’un homme honnête, raisonnable et généreux. Il n’était pas dans sa nature de baisser les bras. Il relevait les défis. Il finit néanmoins par désespérer. Les difficultés sans cesse renouvelées, des ennemis toujours plus nombreux, il sentait qu’au-delà des hommes une force mystérieuse s’opposait à la Révolution et l’emporterait. Sa confiance n’était plus que de façade. Alors, à disparaître, autant le faire avec panache. Tel était le sens de son discours du 8 thermidor.

Le 9 thermidor, il se débattit comme un diable à la Convention, par instinct de conservation.  Mais la foi n’y était plus. L’insurrection spontanée de la Commune à l’annonce de son arrestation le surpris mais ne le ranima pas. Libéré, disposant des moyens d’écraser ses ennemis, il n’en fit rien. Il suivit ses partisans qui s’étaient levés, prêts à donner leur vie pour lui et pour la cause, mais la cause était perdue. Une victoire ce jour-là n’aurait rien changé. Il temporisa, tergiversa et se tua. Presque. Il avait la mâchoire fracassée quand il fut repris.

Le 10 thermidor, il fut exécuté avec 21 de ses partisans et amis. Les deux jours suivants, 82 municipaux, administrateurs de police, cadres de la garde nationale et Robespierristes divers furent exécutés. La Commune était anéantie. La Révolution, au sens social du terme (mais en a-t-elle un autre ?), était terminée.



Philippe Landeux

Janvier 2011

 robespierre,histoire

TEMOIGNAGES POSTHUMES DE CONTEMPORAINS

De son vivant, Robespierre reçut d’innombrables lettres qui attestent son patriotisme, son humanité, sa sagesse, sa douceur, sa générosité et sa popularité. Il est cependant facile de les présenter pour de la flagornerie même lorsqu’elles sont totalement désintéressées. Les témoignages en sa faveur en un temps où il était impératif d’exécrer sa mémoire sont déjà plus difficiles à contester, et carrément impossible lorsqu’ils émanent d’hommes qui concoururent à sa perte et qui démentent les légendes qu’ils fabriquèrent eux-mêmes.

Barras qui, dans la nuit du 9  au 10 thermidor, commandait les troupes de la Convention, laissa des mémoires dans lesquelles il rétablit la vérité sur Robespierre et donc sur ses ennemis :

« Robespierre se prononça contre les pillards, contre les fournisseurs, contre les échafauds. Il voulut arrêter ces exécutions, il s’opposa à l’arrestation de plusieurs députés, de grand nombre de citoyens recommandables, il fit hommage à la divinité, il parla clémence, il périt pour le retour aux principes de justice. » Il écrit ailleurs : « Toujours prompt à voler au secours des vainqueurs et à se déchaîner contre les vaincus, Barère, au nom des Comités, présenta un rapport aussi cruel que mensonger contre Robespierre ; il se déchaîna avec fureur contre ceux qui ne pouvaient plus se défendre : il eût même l’impudence d’accuser Robespierre d’avoir voulu rétablir le fils de Louis XVI sur le trône, et d’avoir, pour son propre compte, projeter d’épouser Madame, fille de ce monarque (aujourd’hui Mme la duchesse d’Angoulême). » Il déclara en outre à Alexandre Dumas qui le rapporta dans ses mémoires : « Je n’ai que deux regrets, je devrais dire deux remords, et ce seront les seuls qui seront assis à mon chevet le jour où je mourrai : j’ai le double remords d’avoir renversé Robespierre et élevé Bonaparte par le 13 vendémiaire. » 

Barère avoua en 1832 :

« Depuis j’ai réfléchi sur cet homme ; j’ai vu que son idée dominante était l’établissement du gouvernement républicain, qu’il poursuivait en effet des hommes dont l’opposition entravait les rouages de ce gouvernement. Plût au ciel qu’il se trouvât actuellement dans la chambre des députés quelqu’un qui signalât ceux qui conspirent contre la liberté ! Nous étions alors sur un champ de bataille ; nous n’avons pas compris cet homme. [...] N’oubliez pas Robespierre ! C’était un homme pur, intègre, un vrai républicain. Ce qui l’a perdu, c’est sa vanité, son irascible susceptibilité, et son injuste défiance envers ses collègues... Ce fut un grand malheur ! »

Billaud-Varenne, membre du Comité de salut public, un des principaux adversaires de Robespierre le 9 thermidor, fut lui-même attaqué peu après et prépara un mémoire pour sa défense, dans lequel il rendit malgré lui hommage à Robespierre :  

« Sous quels rapports eût-il pu paraître coupable ? S'il n'eût pas manifesté l'intention de frapper, de dissoudre, d'exterminer la représentation nationale, si l'on n'eût pas eu à lui reprocher jusqu'à sa popularité même... popularité si énorme qu'elle eût suffi pour le rendre suspect et trop dangereux dans un État libre, en un mot s'il ne se fût point créé une puissance monstrueuse tout aussi indépendante du comité de Salut public que de la Convention nationale elle-même, Robespierre ne se serait pas montré sous les traits odieux de la tyrannie, et tout ami de la liberté lui eût conservé son estime. » « Nous demandera-t-on, comme on l'a déjà fait, pourquoi nous avons laissé prendre tant d'empire à Robespierre ? Oublie-t-on que dès l'Assemblée constituante, il jouissait déjà d'une immense popularité et qu'il obtint le titre d'Incorruptible ? Oublie-t-on, que pendant l'Assemblée législative sa popularité ne fit que s'accroître...? Oublie-t-on que, dans la Convention nationale, Robespierre se trouva bientôt le seul qui, fixant sur sa personne tous les regards, acquittant de confiance qu'elle le rendit prépondérant, de sorte que lorsqu'il est arrivé au comité de Salut public, il était déjà l'être le plus important de la France ? Si l'on me demandait comment il avait réussi à prendre tant d'ascendant sur l'opinion publique, je répondrais que c'est en affichant les vertus les plus austères, le dévouement le plus absolu, les principes les plus purs. » 

Banni de France et établi à Haïti, il se confia au docteur Chervin qui écrivit à son sujet : « La conversation de Billaud était riche de souvenirs nets et précis ; ses idées étaient originales, souvent bizarres, et quelques fois grandes et justes. Ses sentiments et ses opinions politiques n’avaient fléchi ni sur les hommes ni sur les choses, si ce n’est sur quelques points seulement. Par exemple, il avait changé d’opinion sur le 9 thermidor, qu’il appelait sa déplorable faute à lui, et il ajoutait : “Nous nous sommes bien trompés ce jour-là ! Nous avons recommencé, après cette journée, tous les chapîtres de la réaction anglaise ; on nous a infligé, comme on l’a fait à la mort de Cromwel, un système qui, sous l’apparence de la modération, nous a désignés comme des types de monstres, comme des loups à figure humaine, bons tout au plus à égorger. Ce système nous a conduits, à travers d’affreuses et implacables vengeances, des palinodies plus lâches encore, à la disette, la banqueroute, la vile banqueroute et les évènements du 1er prairial, à des torrents de sang patriote et pur !
« “Oui, c’est au 14 germinal, date de la condamnation de Danton, et au 9 thermidor, que les patriotes on fait les deux fautes qui ont tout perdu. Nos divisions ont brisé ces jours-là l’unité du système révolutionnaire ; vous avez vu aussitôt l’influence revenir à des misérables, écartés pour vol, enfin à tous les fripons, les briseurs (des scellés), les oligarques, les royalistes. Les amis de Tallien ne s’endormirent pas : ils avaient vendu notre cause, et nous firent dénoncer par Lecointre, qu’ils proscrivirent ensuite avec nous, par Saladin et Goupilleau, qui avaient été nos séides, et qui offrirent nos têtes aux royalistes et à l’Europe. Nous étions pour les royalistes de lâches stupides, bien que nos actes fussent là ; bien que tout rayonnant de l’éclat terrible de notre dictature et de nos batailles. Ainsi nous, pauvres jacobins, nous qui avions châtié l’orgueil des rois, nous ne fûmes vaincus que par nos fautes et nos frères ; alors, nous fûmes jetés par eux aux flots de la mer en fureur, triste concession de l’ambition, de la cupidité et surtout de la peur.
« “Je le répète : la Révolution puritaine a été perdue le 9 thermidor ; depuis, combien de fois j’ai déploré d’y avoir agi de colère ! Pourquoi ne laisse-t-on pas ces intempestives passions et toutes les vulgaires inquiétudes aux portes du pouvoir ? J’ai vu la réaction qui fit naître le 9 thermidor, c’était affreux ; la calomnie venait de partout. Cela dégoûte bien des révolutions. Nous, au moins, nous nous défendîmes avec dignité. Duhem leur tenait tête tous les jours. Les amis qui les secondaient étaient Lejeune, Fayau, Chasles, Goujon, Ruhl, etc., etc. Mais quelle tâche ! et puis nous avons disparu ! Mais l’ébauche révolutionnaire étaient sortie de nos mains et elle resta comme pierre tumulaire de l’ancien régime et plus forte que tous les partis réunis !
« Hélas ! disait-il souvent, j’y ai trempé trop directement et avec une haine affreuse. Le malheur des révolutions, c’est qu’il faut agir trop vite; vous n’avez pas le temps d’examiner; vous n’agissez qu’en pleine et brûlante fièvre, sous l’effroi de ne pas agir; sous l’effroi, je m’entends, de voir avorter vos idées. Danton et ses amis étaient d’habiles gens, des patriotes invincibles à la tribune ou dans l’action publique, et nous les avons massacrés ! Ils n’avaient pas, comme nous, excepté le brave Westermann, le Murat de la République, les mains pures de trafics et de rapines; ils aimaient trop le luxe, mais ils avaient le cœur noble et révolutionnaire ; vous saurez leurs services un jour, quand on fera l’histoire sincère de notre époque. Celle de M. Lacretelle n’est qu’une œuvre sans faits, une œuvre fardée de rhéteur. Je reste avec la conviction intime qu’il n’y avait pas de 18 brumaire possible, si Danton, Robespierre et Camille fussent restés unis aux pieds de la tribune. » 

Vadier retouva Baudot en exil. Ce dernier rapporta que « le seul acte qu’il [Vadier] se reprochait, était d’avoir pris un citoyen [Robespierre] pour un tyran. »

Sous le Directoire, Reubell confia à Carnot : « Je n'ai jamais eu qu'un reproche à faire à Robespierre, c'est d'avoir été trop doux. »

Choudieu qui, en l’an II, avait passé la plupart de son temps aux armées et qui y était encore le 9 thermidor écrivit dans ses mémoires :

« Robespierre est celui de tous les montagnards qui a été le plus exposé à des accusations de tout genre. Ses ennemis l’ont présenté comme un ambitieux sans talent. Il suffit de lire ses différents discours pour se convaincre combien il était supérieur à tous ceux qui l’accusèrent et qui n’ont pu le vaincre qu’en l’assassinant. Je n’aimais pas Robespierre parce qu’il n’était pas aimable, mais ce n’est pas une raison pour être injuste envers lui et pour me joindre à ses ennemis lorsqu’il n’est plus. Quant à son ambition, elle ne m’a paru jamais bien démontrée et je n’ai pu voir en lui pendant toute sa carrière politique qu’un républicain, trop austère peut-être, mais qui voulait sincèrement le triomphe de la liberté. [...] On aurait tort de croire que les hommes de cette coalition étaient dirigés par des vues d’humanité. Deux mobiles puissants les excitaient : la crainte d’expier eux-mêmes leurs forfaits sur l’échafaud et le désir de venger leurs amis. Et la preuve de ce que j’avance ici se voit dans leur conduite ultérieure. Après le 9 thermidor, ils continuèrent en effet le système de proscription auquel ils n’avaient jamais cessé de prendre part... » 

Levasseur (de la Sarthe) qui, le 19 mars 1794, avait été dépêché par Robespierre dans la Seine-et-Oise pour réprimer les abus sans pour autant faire preuve de faiblesse, écrivit dans ses mémoires :

« [...] Les deux premières pièces [Lettres de Cadillot et de Jullien fils] que je viens de citer démontrent, je pense, jusqu’à la dernière évidence, qu’à Robespierre et à la partie du Comité de Salut public et de la Montagne qui votait avec lui ne doivent pas être attribuées les fureurs de quelques proconsuls qui ont souillé les fastes glorieux de la République. La dernière prouve aussi qu’au milieu d’une anarchie nécessaire les hommes de tête et de cœur songeaient à jeter les fondements d’un régime heureux et tranquille, mais assis sur l’égalité la plus complète, sur la liberté la plus absolue. “Pour fonder la république, il faut la faire aimer”, disait souvent Saint-Just. Il ne voulait donc ni l’avilir, ni l’ensanglanter. [...] Certains actes ont été cependant l’ouvrage de Robespierre et de ses adhérents. Tous étaient inflexibles, quand ils croyaient voir compromis le salut de la cause sainte. Aucun ne reculait devant les conséquences de ses principes, quelque déplorables qu’ils pussent être transitoirement et quelques actes douloureux qu’ils pussent entraîner. Ainsi ils ont frappé les chefs de la Gironde, les députés constituants qui rêvaient de la Constitution de 1791, et les fougueux compagnons d’Hébert et les amis corrompus de Danton. Mais de ces vengeances légales dont la nécessité leur semblait démontrée, aux sanglants holocaustes qui effrayèrent la France, il y a une distance immense ; il y a toute la distance d’un jugement qui frappe le crime, à l’assassinat qui déchire l’innocence au milieu de sa famille. La différence qui existait entre Robespierre, Saint-Just et un Carrier, un Collot, un Le Bon était celle qui sépare le magistrat juste, mais inflexible, d’un bourreau teint du sang qu’on l’a payé pour répandre.
    « Robespierre et la Montagne excitaient, dit-on, aux excès. D’où vient qu’ils se sont séparés des vils et stupides démagogues de la Commune ? Robespierre et la Montagne brûlaient de répandre le sang. D’où vient qu’ils ont sévi contre un Vincent, un Ronsin et tant d’autres monstres sanguinaires ? D’où vient qu’à la tête des ennemis qui les ont renversés se sont placés les Collot-d’Herbois, les Billaud-Varenne, les Carrier, tous les hommes de meurtre, tous les tigres à face humaine de cette triste et glorieuse époque ? [...] »


Le docteur Souberbielle, juré au tribunal révolutionnaire, à la fois ami de Danton et intime de Robespierre :

« Pendant le procès de Danton, avec lequel j’étais très lié, je n’osai le regarder. J’étais décidé à le condamner, car j’avais la preuve certaine qu’il méditait le renversement de la République. Au contraire, j’aurais donné ma vie pour sauver Robespierre, que j’aimais comme un frère. Personne ne savait mieux que moi combien son dévouement à la République était sincère, désintéressé, absolu. Il a été le bouc émissaire de la Révolution ; mais il valait mieux qu’eux tous. »

Napoléon Bonaparte, Mémorail de Sainte-Hélène :

« Robespierre, disait Napoléon en présence de Gourgaud et de Mme de Montholon, a été culbuté parce qu'il voulait devenir modérateur et arrêter la Révolution. Cambacérès m'a raconté que, la veille de sa mort, il avait prononcé un magnifique discours qui n'avait jamais été imprimé. Billaud et d'autres terroristes, voyant qu'il faiblissait et qu'il ferait infailliblement tomber leurs têtes, se liguèrent contre lui et excitèrent les honnêtes gens soi-disant, à renverser le "tyran", mais en réalité pour prendre sa place et faire régner la terreur de plus belle. Le peuple de Paris, en jetant Robespierre à bas, croyait détruire la tyrannie, tandis que ce n'était que pour la faire refleurir plus que jamais. Mais, une fois Robespierre par terre, l'explosion fut telle que, quelque tentative qu'ils aient faite, les terroristes ne purent jamais reprendre le dessus. ». « Robespierre était incorruptible et incapable de voter ou de causer la mort de quelqu'un par inimitié personnelle ou par désir de s'enrichir. C'était un enthousiaste, mais il croyait agir selon la justice, et il ne laissa pas un sou à sa mort. Il avait plus de pitié et de conception qu'on ne pensait, et après avoir renversé les factions effrénées qu'il avait eu à combattre, son intention était de revenir à l'ordre et à la modération. On lui imputa tous les crimes commis par Hébert, Collot d'Herbois et autres. C'étaient des hommes plus affreux et plus sanguinaires que lui, qui le firent périr ; ils ont tout rejeté sur lui ». Selon Las Cases, Napoléon le pensait « le vrai bouc émissaire de la révolution, immolé dès qu'il avait voulu entreprendre de l'arrêter dans sa course (...). Ils [terroristes et thermidoriens] ont tout jeté sur Robespierre ; mais celui-ci leur répondait, avant de périr, qu'il était étranger aux dernières exécutions ; que, depuis six semaines, il n'avait pas paru aux comités. Napoléon confessait qu'à l'armée de Nice, il avait vu de longues lettres de lui à son frère, blâmant les horreurs des commissaires conventionnels qui perdaient, disait-il, la révolution par leur tyrannie et leurs atrocités, etc., etc. »

Nodier qui avait traversé la Révolution écrivit en 1829 dans la Revue de Paris : 

« La nouvelle du 9 thermidor, parvenue dans les départements de l’Est, développa un vague sentiment d’inquiétude parmi les républicains exaltés, qui ne comprenaient pas le secret de ces événements, et qui craignaient de voir tomber ce grand œuvre de la Révolution avec la renommée prestigieuse de son héros, car derrière cette réputation d’incorruptible vertu qu’un fanatisme incroyable lui avait faite, il ne restait plus un seul élément de popularité universelle auquel les doctrines flottante de l’époque pussent se rattacher. Hélas ! se disait-on à mi-voix, qu’allons-nous devenir ? Nos malheurs ne sont pas finis puisqu’il nous reste encore des amis et des parents et que MM. Robespierre sont morts ! Et cette crainte n’était pas sans motif, car le parti de Robespierre venait d’être immolé par le parti de la Terreur. »

Détenu sous la Terreur, le royaliste Beaulieu écrivit un essai sur les causes et les effets de la Révolution. Le volume publié en 1808 commence par ces pages :

« On a vu dans le cours de cet ouvrage, que ceux qui firent la révolution du 9 thermidor, étaient fort loin d’être à l’abri des reproches dont ils chargeaient la mémoire de Robespierre. Ce n’était point immédiatement celui qu’on venait d’immoler, mais Collot-d’Herbois qui avait porté le ravage dans la ville de Lyon ; ce n’était point immédiatement Robespierre, mais M. Barrère qui avait faire rendre les épouvantables décrets qui devaient métamorphoser en ruines nos plus belles, nos plus opulentes cités ; et MM. Barrère et Collot-d’Herbois se joignirent à ceux qui ont écrasé Robespierre ; ils le proclamèrent tyran. Ce ne fut point Robespierre qui imagina de faire de la France une nation de sauvages, sans religion et sans foi ; on a vu qu’au contraire il prit le parti des prêtres, qu’une secte d’athées, suivant l’expression de Clootz, voulait septembriser, d’un bout de la France à l’autre.
Une chose qui a été sue de tout le monde, c’est que, six semaines avant la révolution du 9 thermidor, Robespierre ne paraissait plus aux comités ; et c’est à cette époque que les arrestations furent plus multipliées, et les exécutions plus épouvantables. On dira que le génie de cet homme affreux continuait d’y dominer par la présence de deux personnages qui lui étaient restés fidèles, MM. Couthon et Saint-Just. Mais comment pouvait-il se faire que des hommes qui faisaient trembler l’Europe entière, fussent forcés par la terreur d’un absent, les propos d’un paralytique, et d’un polisson aussi près de l’enfance que de l’âge viril, à rester les ministres d’un système d’horreurs dont l’imagination ne peut se faire une idée ?
Quoi qu’il en soit, il reste pour constant que les plus grandes violences depuis le commencement de l'année 1794, ont été provoquées par ceux-là mêmes qui ont écrasé Robespierre. Uniquement occupés, dans nos prisons, à rechercher dans les discours qu'on prononçait, soit aux Jacobins soit à la Convention, quels étaient les hommes qui nous laissaient quelque espoir, nous y voyions que tout ce qu'on disait était désolant, mais que Robespierre paraissait encore le moins outré.
Après l’exécution de Chaumette et autres, M. Tallien proposa de donner une nouvelle activité aux mesures contre les suspects. [Erreur. Référence à la séance du 21 mars, ou celle du 14 mars, qui, dans tous les cas, eut lieu avant l’exécution de Chaumette, le 13 avril, et même avant cette d’Hébert, le 24 mars.] Robespierre l’interrompit, et lui déclara que ce n’était point les suspects qu’il fallait craindre, qu’il y avait des hommes autrement dangereux ; et le persécuteur des suspects garda le silence. Les recueils du temps sont remplis de preuves de ce que j’avance ici : je ne les rapporterai pas, pour ne pas trop charger cet ouvrage ; il est facile de les consulter.
Aussi, si après le 9 thermidor l’opinion ne se fût pas prononcé d’une manière irrésistible, si quelques députés repentans de leurs fautes, ou moins coupables que leurs collègues, ne se fussent pas déterminés à faire cesser la tyrannie qui nous accablait, il est certain qu’on eût continué le système de destruction dont on a voulu supposer que Robespierre était l’unique directeur, ou au moins qu’on l’eût essayé.
A peine ce malheureux, à qui l’on a voulu faire jouer le rôle du bouc d’Israël, est-il immolé, que les déclamations contre tous ceux qui n’appartiennent pas à la secte des Jacobins, recommencent avec une nouvelle fureur. M. Barrère tonne contre les prétendus contre-révolutionnaires avec la même violence qu’auparavant, et leur déclare qu’il ne faut pas qu’ils s’imaginent que la victoire remportée contre Robespierre sera leur triomphe ; et les malheureux attendent encore la mort dans leurs tristes retraites. »

Babeuf, le futur organisateur de la conspiration dite des égaux, qui était incarcéré au moment du 9 thermidor, écrivit à Joseph Bodsonl e 28 février 1796 (9 ventôse An IV) :

« Mon opinion n’a jamais changé sur les principes, mais elle a changé sur quelques hommes. Je confesse aujourd’hui de bonne foi, que je m’en veux d’avoir vu autrefois en noir et le gouvernement révolutionnaire, et Robespierre, et Saint-Just, etc. Je crois que ces hommes valaient mieux à eux seuls que tous les révolutionnaires ensemble, et que leur gouvernement dictatorial était diablement bien imaginé. Tout ce qui s’est passé depuis que ni les hommes ni le gouvernement ne sont plus, justifie assez bien l’assertion. Je ne suis pas du tout d’accord avec toi qu’ils ont commis de grands crimes et bien fait périr des républicains. Pas tant, je crois : c’est la réaction thermidorienne qui en a fait périr beaucoup.
Je n’entre pas dans l’examen si Hébert et Chaumette étaient innocents. Quand cela serait, je justifie encore Robespierre. Ce dernier pouvait avoir à bon droit l’orgueil d’être le seul capable de conduire à son vrai but le char de la Révolution.
Des brouillons, des hommes à demi-moyens, selon lui, et peut-être aussi selon la réalité ; de tels hommes, dis-je, avides de gloire et remplis de présomption, tels qu’un Chaumette, peuvent avoir été aperçus par notre Robespierre avec la volonté de lui disputer la direction du char. Alors celui qui avait l’initiative, celui qui avait le sentiment de sa capacité exclusive, a dû voir que tous ces ridicules rivaux, même avec de bonnes intentions, entraveraient, gâteraient tout. Je suppose qu’il eût dit : “Jetons sous l’éteignoir ces farfadets importuns et leurs bonnes intentions”, mon opinion est qu’il fit bien.
Le salut de 25 millions d’hommes ne doit point être balancé contre le ménagement envers quelques individus équivoques. Un Régénérateur doit voir en grand. Il doit faucher tout ce qui le gêne, tout ce qui obstrue son passage, tout ce qui peut nuire à sa prompte arrivée au terme qu’il s’est prescrit. Fripons, ou imbéciles, ou présomptueux et ambitieux de gloire, c’est égal, tant pis pour eux ! Pourquoi s'y trouvent-ils ? Robespierre savait tout cela, et c’est en partie ce qui me le fait admirer. C’est ce qui me fait voir en lui le génie où résidaient de véritables idées régénératrices. Il est vrai que ces idées-là pouvaient entraîner toi et moi. Qu’est-ce que cela faisait si le bonheur commun fut venu au bout ?
Je ne sais, mon ami, si avec ces explications-là il peut encore être permis aux hommes de bonne foi comme toi de rester hébertistes.
L’hébertisme est une affection étroite dans cette classe d’hommes. Elle ne leur fait voir que le souvenir de quelques individus, et le point essentiel des grandes destinées de la République leur échappe.
Je ne crois pas encore avec toi impolitique, ni superflu, d’évoquer la cendre et les principes de Robespierre et de Saint-Just pour étayer notre doctrine. D’abord nous ne faisons que rendre hommage à une grande vérité sans laquelle nous serions trop au-dessous d’une équitable modestie. Cette vérité-là est que nous ne sommes que les seconds Gacques de la Révolution française.
N’est-il pas encore utile de démontrer que nous n’innovons rien, que nous ne faisons que succéder à de premiers généreux défenseurs du peuple qui, avant nous, avaient marqué le même but de justice et de bonheur auquel le peuple doit atteindre ? et en second lieu, réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République, & avec eux le peuple, qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux.
Ils sont nuls et impuissants, pour ainsi dire morts, ces patriotes énergiques, ces disciples de celui qu’on peut dire qui fonda chez nous la liberté. Ils sont, dis-je, nuls et impuissants depuis que la mémoire de ce fondateur est couverte d’une injuste diffamation. Rendez-lui son premier lustre légitime, tous les disciples se relèvent et bientôt ils triomphent. Le robespierrisme atterre de nouveau toutes les factions ; le robespierrisme ne ressemble à aucune d’elles, il n’est point factice ni limité. Le robespierrisme est dans toute la République, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans tout le peuple. La raison en est simple, c’est que le robespierrisme est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques : donc en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »

 

NOTES

(1) Dans ses Mémoires et Notes, Choudieu déclare : « M. l’abbé Georgel, qui présente rarement les choses sous leur véritable jour, dit, tome II, page 490 de son  “Histoire”, que les députés qui faisaient partie des Jacobins étaient obligés par les statuts de faire serment de porter à l’Assemblée nationale toutes les motions adoptées par la Société. J’ai fait partie de la société des Jacobins et je puis affirmer que je n’y ai jamais prêté aucun serment et qu’aucun de mes collègues n’eût voulu contracter une semblable obligation. Comment peut-on avancer de pareilles absurdités ? Les principes des sociétés populaires et leur raison d’être ont toujours été d’assurer les libertés publiques, et celle des opinions étant la première de toutes, comment peut-on supposer qu’on ait pu imposé de pareilles conditions à des hommes qui ont donné tant de preuves d’indépendance ? » (p. 463)

(2) Cet article fut adopté le 18 juin 1793. Un député Girondin interpella les Montagnards : « Vous flattez-vous d’être toujours victorieux ? Avez-vous fait un traité avec la victoire  ? » Basire lui répondit : « Nous en avons fait un avec la mort ! », et les Montagnards de se soulever en signe d’approbation. Robespierre intervint alors et la Convention adopta l’article. Il déclara : « Je n’aurais jamais cru qu’un représentant du peuple Français osât professer ici une maxime d’esclavage et de lâcheté. Je n’aurais jamais cru qu’il osât contester la vertu républicaine du peuple qu’il représente. Où a-t-il vu, cet homme, que nous fussions inférieurs aux Romains ? Où a-t-il vu, cet homme, que la Constitution que nous allons terminer fût au-dessous de ce Sénat despotique, qui ne connut jamais la Déclaration des Droits de l’Homme ? Où a-t-il vu que ce peuple qui verse son sang pour la liberté universelle, fût au-dessous des Romains, qui furent, non pas les héros de la liberté, mais les oppresseurs de tous les peuples ? Mais il n’y a rien à répondre à un tel homme. Nous décrèterons un article que nous sommes dignes de soutenir, en dépit de lui et de ses pareils. Qu’ils sachent, tous ceux qui ne savent pas deviner l’énergie d’un peuple libre, qu’ils sachent que cet article est l’expression de sa volonté. Un peuple qui traite sur son territoire avec les ennemis, est un peuple déjà vaincu, et qui a renoncé à son indépendance. Jamais le peuple français ne sera couvert de tant de honte qu’un homme qui, sous le despotisme, après avoir paru faire quelques pas vers l’avenir, rétrograde aujourd’hui. Que la liberté règne en France, cela est facile à concevoir : mais qu’il sache, cet homme, que non-seulement nous décrèterons l’article auquel il s’oppose, mais encore que nous le soutiendrons. » Un siècle et demi plus tard, le même jour, alors que la France était de nouveau envahie, le général De Gaulle affirma à son tour ce principe. Peut-être ignorait-il qu’il allait être à la Résistance ce que Robespierre avait été à la Révolution et qu’il ne faisait que marcher dans les traces de ce dernier. Dans des contextes différents, ces deux géants de l’histoire de France se ressemblent comme deux gouttes d’eau tant par leurs caractères, leurs idées, que par leur vision de la France. Tous deux étaient au-dessus des partis. Leurs noms furent en leur temps le cri de ralliement de tous les patriotes. Le gaullisme n’est jamais que du robespierrisme.

(3) Saint-Just en était inconsciemment arrivé à cette conclusion dans son rapport du 8 ventôse (26 février 1794) : « La force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avons point pensé. L’opulence est dans les mains d’un assez grand nombre d’ennemis de la Révolution ; les besoins mettent le peuple qui travaille dans la dépendance de ses ennemis. Concevez-vous qu’un empire puisse exister, si les rapports civils aboutissent à ceux qui sont contraires à la forme du gouvernement ? Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. » Tant que les révolutionnaires ne sauront ni ce qu’est exactement Largent ni comment l’abattre et élever à sa place l’Egalité, ils ne feront que des révolutions à moitié, vouées à l’échec.

12:52 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : robespierre, histoire |  Facebook | |  Imprimer |