vendredi, 21 décembre 2018
COMPRENDRE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (vidéo)
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LES GRANDES LIGNES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état (5 mai 1789).
Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés.
Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit (21 juin 1791) mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars (17 juillet 1791).
Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit (1er octobre 1791). Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie.
C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.]
La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins.
Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée.
Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté (27-28 juillet 1794 - 9-10 thermidor an II), non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis.
Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.
ANALYSE
Qu’est-ce que la Révolution française ?
La profusion d’événements, souvent trompeurs, parfois tragiques, qui jalonnent la période que l’on appelle « la Révolution française de 1789 », permet de voir dans cette histoire tout et son contraire et d’en saisir d’autant moins le fond qu’elle est vue à travers le prisme des anachronismes, des fantasmes, des passions, des préjugés, du pathos, des intérêts inavoués ou mal compris, des accusations grossières, des interprétations absurdes, des récupérations honteuses, etc.
La trame de la Révolution est pourtant fort simple. Il s’agissait, ni plus ni moins, que du combat éternel des pauvres contre les riches, des exploités contre les exploiteurs, des tenants de la souveraineté du Peuple contre toute forme de tyrannie, de la démocratie contre l’oligarchie ploutocratique, de l’Égalité contre Largent en dernière analyse. Mais le système monétaire est, par définition, le royaume de Largent. Il est naturel que Largent règne. Que son règne soit contrarié ou contesté, le naturel revient toujours au galop. C’est exactement ce dont la Révolution a été le théâtre.
En 1789, les riches, qui pressaient depuis longtemps, pensent avoir gagné. Mais une opposition populaire, égalitaire, démocratique, patriotique, prend corps et se renforce jusqu’à être un moment la plus forte, en 1793. Les riches, les bourgeois sont alors dans leurs petits souliers. Mais les limites conceptuelles des révolutionnaires, liées aux impossibilités de leur temps, et les contradictions internes à leur mouvement, qui en résultaient, devaient les conduire à l’échec et provoquer fatalement le retour en force des riches, qui eut lieu en 1794 et marqua la fin de la Révolution, c’est-à-dire de la montée en puissance des aspirations populaires et du mouvement révolutionnaire. C’est l’échec des révolutionnaires, concrétisé par l’exécution de Robespierre, qui marque la fin de la Révolution et l’avènement du règne incontesté de Largent jusqu’à nos jours.
Hors de cette lecture, la Révolution française est incompréhensible et n’a même ni début ni fin. Si elle n’est pas caractérisée, comme je le dis, par la montée en puissance du mouvement populaire, démocratique, égalitaire et patriotique, jusqu’à son écrasement, alors quoi ? Elle serait un événement bourgeois ? Mais si la Révolution avait été « bourgeoise », on ne la distinguerait pas de la période qui suit, et à peine de celle qui précède. Sans la Révolution, la bourgeoisie serait arrivée au pouvoir (avec ou sans roi) ; elle y était dès 1789 et elle l’a retrouvé en 1794. Entre ces deux dates, il s’est passé quelque chose ; quelque chose qui a rompu le cours de l’Histoire, à un moment où la bourgeoisie avait le vent en poupe ; quelque chose qui, n’étant pas ordinaire, mérite que cette période précise soit appelée « Révolution ». Les révolutionnaires, ce n’était pas les bourgeois… C’était précisément ceux qui contestaient leur hégémonie. Dans cette histoire, les bourgeois, ceux qui prônaient le libre marché (c’est-à-dire la liberté de spéculer sur la misère publique), ceux qui sacralisaient la Propriété (c’est-à-dire le fruit de leurs magouilles), ceux qui voulaient tout juger à l’aune de l’argent (parce que c’est eux qui l’avaient), ces bourgeois, dis-je, étaient des contre-révolutionnaires. Ils existaient à l’époque de la Révolution, ils en étaient les contemporains, mais ils incarnaient tout le contraire.
En fait, il y avait deux contre-révolutions. La contre-révolution aristocratique, celle des nobles qui défendaient la monarchie parce que leurs privilèges en dépendaient, qui détestaient autant les bourgeois arrivistes que le peuple revendicatif ; et la contre-révolution bourgeoise, celle des riches qui avaient pris la place des nobles et méprisaient le peuple autant sinon plus que ces derniers. Mais les bourgeois étaient dans le sens de l’Histoire. Ils ne devinrent des contre-révolutionnaires que parce qu’ils eurent en face d’eux des révolutionnaires, des vrais, issus eux aussi de la bourgeoisie, mais qui voulaient sincèrement le bien du peuple, défendaient ses droits et étaient soutenus par lui. Au vrai, la contre-révolution aristocratique fut inexistante, sinon anecdotique ; les nobles émigrèrent d’eux-mêmes dès 1789. La Révolution mit essentiellement aux prises le peuple, donc, et les bourgeois. Dans un premier temps, les révolutionnaires s’opposèrent, en vain, à la destruction, par les bourgeois, de tout ce que l’ancien régime avait de protecteur pour le peuple ; dans un second temps, une fois au pouvoir, ils restaurèrent tant bien que mal ce qu’ils purent, tout en devant gérer le chaos dans lequel les bourgeois avaient plongé la France. Au final, les bourgeois tirèrent les marrons du feu. Ils annulèrent tout ce qu’avaient fait les révolutionnaires et jetèrent les bases du système qui est encore le notre aujourd’hui. Nous ne vivons pas sur l’héritage des révolutionnaires mais sur celui des contre-révolutionnaires bourgeois. La République a bien été proclamée, par nécessité, sous l’impulsion des révolutionnaires, en 1792 ; mais la République façonnée ensuite par les bourgeois n’a rien à voir. « République » n’est qu’un mot. Il faut regarder ce qu’il y a derrière et qui l’a mis.
Certains ne retiennent de la Révolution que les événements sanglants dont il est possible de rendre, à tort ou à raison, les révolutionnaires responsables. Bien sûr, quand c’est le leur qui coulait, c’était pour la bonne cause, cela ne compte pas ! Le sang du peuple qui défend ses droits ne vaut rien. C’est assez dire de quel côté penchent les gens qui jugent la Révolution selon de telles considérations. Quoique qu’il faille distinguer les faiseurs d’opinion de leurs dupes. Personne ne s’avance en se disant « ennemi du peuple » ! C’est toujours sous prétexte de défendre le peuple que l’on calomnie ses véritables amis, que l’on tourne contre eux ceux qui devraient les soutenir, et que l’on détourne ainsi les regards de ses buts inavouables. La méthode n’a pas changé. Regardez comment fonctionnent aujourd’hui les ennemis du peuple et imaginez la boue qui a été déversée sur les révolutionnaires depuis 200 ans. Il n’est donc pas étonnant que certains aient embrassé en théorie la cause de ceux qu’ils auraient combattu en réalité, comme ils le font aujourd’hui, confrontés aux mêmes problèmes.
Le véritable drame des révolutionnaires, c’est d’avoir échoué. Vae victis ! (Malheur aux vaincus.) Mais leur combat est toujours d’actualité, à quelques mises à jour près : pauvres contre riches, peuple contre « élites », démocrates contre ploutocrates, patriotes contre mondialistes, résistants contre collabos, et toujours, en dernière analyse, Égalité contre Largent. Notre drame, à nous, serait de ne pas comprendre les raisons fondamentales de l’échec des révolutionnaires (ce que des visions délirantes de la Révolution ne permettent pas de comprendre). Ils se battaient pour l’Égalité et la Patrie, contre Largent, mais ne se sont pas attaqués à lui en personne, pour ainsi dire ; ils s’opposaient à son absolutisme mais ne contestaient pas son existence même. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ne pouvaient pas le faire en leur temps. Aujourd’hui, nous en avons les moyens. Toute la question est : Saurons-nous être des révolutionnaires à la mode du XXIe siècle ? Saurons-nous réinventer la Révolution… et triompher, cette fois ?
Vive la Révolution !
Vive la France !
Philippe Landeux
21 décembre 2018
09:02 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
vendredi, 25 mai 2018
LE BUREAU DE POLICE GÉNÉRALE (livre)
Le Bureau de la surveillance administrative et de la police générale, appelé communément « Bureau de police générale », créé à la suite du décret des 26-27 germinal an II (15-16 avril 1794) sur les mesures de police générale, et opérationnel dès le 1er floréal (20 avril 1794), était un organe interne au Comité de salut public, mais fut l’objet de critiques particulières comme instrument du soi-disant Triumvirat Robespierre, Saint-Just, Couthon. Il mérite donc une étude particulière pour savoir quelle fut au juste son activité et son bilan.
Dans leur travaux respectifs et complémentaires sur le Comité de salut public, Alphonse Aulard et Marc Bouloiseau ont déjà présenté la presque totalité des arrêtés du Bureau de police générale, mais sans jamais les distinguer de ceux du Comité. Il est vrai que, par leur forme, ces arrêtés se confondent avec ceux du Comité de salut public. Il existe pourtant un registre des arrêtés du Bureau de police générale (AF II* 221), indiquant qu’il y a malgré tout une distinction à faire.
Le présent ouvrage est le recueil des arrêtés du Bureau de police proprement dits, basé sur le registre officiel, corrigé et complété.
Cet ouvrage contient notamment :
- le décret des 26-27 germinal an II sur les mesures de police générale
- les exceptions arrêtées par le CSP
- un tableau des arrêtés du BPG en substance (et des arrêtés incertains)
- le recueil des arrêtés du BPG in extenso (nombreuses reproductions)
- un tableau des minutes et arrêtés ou copies signés
- un tableau des arrêtés signés
- les tableaux des arrêtés signés par chaque membre
- un tableau des objets des arrêtés
- un tableau des objets des arrêtés signés
- les tableaux des objets des arrêtés signés par chaque membre
- les comptes détaillés pour chaque thème (arrestations, transferts, libérations, etc.)
- un bilan simplifié sous forme de tableau
- Les index des agents du BPG, des autorités, des personnes mentionnées, des lieux et des thèmes
660 pages
Disponible sur TheBookEdition
en version papier : 24 € (+ frais de port)
en version PDF : 8 €
09:46 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
jeudi, 28 septembre 2017
LE TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS (livre)
Depuis plus de 200 ans maintenant, le Tribunal révolutionnaire (de Paris), instrument de la « Terreur, » a été l’objet de nombreux travaux. La plupart ont porté exclusivement sur les condamnés à mort, voire seulement sur les plus célèbres, et les rares études plus générales, même sérieuses, ne sont pas fiables. En outre, aucune ne présente de chiffres (sinon faux) et encore moins de graphiques permettant de saisir d’un coup d’œil tant l’activité de ce tribunal que l’influence sur elle des événements.
C’est pour pallier à ce manque que Philippe Landeux a consulté les Archives Nationales où se trouvent tous les dossiers et a réalisé un travail exhaustif et définitif sur le sujet. Il en a profité pour accomplir un travail tout aussi précis sur les Commissions populaires, chargées, le 23 ventôse an II (13 mars 1794), de juger les détenus. Et pour que le présent ouvrage soit complet, il s’est penché, avec sa méticulosité ordinaire, sur le Tribunal du 17 août 1792 et les conspirations des prisons (juin-juillet 1794).
Cet ouvrage de 900 pages s'adresse à un public averti : historiens, étudiants, passionnés par la Révolution française. Il ne s'agit pas d'un récit, mais d'un condensé de données indispensables, et pourtant introuvables, pour étudier cette période de l'histoire.
Cet ouvrage contient :
- Les discutions et décrets qui aboutirent à l'instauration du Tribunal du 17 août 1792
- La liste et le nombre des personnes jugées par le Tribunal du 17 août 1792
- Les discutions et décrets qui aboutirent à l'instauration du Tribunal révolutionnaire de Paris
- Les listes chronologique et alphabétique des 5350 personnes jugées par le Tribunal révolutionnaire de Paris
- Les tableaux des jugements au jour le jour
- Le bilan chiffré
- La liste des cartons concernant le Tribunal révolutionnaire de Paris (série W) et un aperçu de leur contenu
- Les graphiques résumant l'activité du Tribunal révolutionnaire de Paris
- Les décrets et arrêtés relatifs à l'instauration et à l'activité des Commissions populaires
- Les listes de détenus connues établies par les Commissions populaires et ratifiées par les Comités
- Les graphiques résumant l'activité (connue) des Commissions populaires
- Les documents (arrêtés, listes de détenus, etc.) relatifs aux conspirations des prisons
- Les relevés du nombre de détenus dans les prisons parisiennes
- Les listes des conventionnels décédés, assassinés, exécutés, proscrits, rappelés et réhabilités
Cet ouvrage est imprimé sur commande par TheBookEdition et livré à domicile. CLIQUEZ ICI
Je le propose également en version PDF GRATUIT.
APERÇU
18:22 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | | Imprimer |
samedi, 01 avril 2017
LA RÉVOLUTION ET SES LEÇONS
Nous nous heurtons aujourd’hui au même problème que les révolutionnaires, les vrais révolutionnaires (Robespierre, Marat, Saint-Just), en leur temps : la puissance des riches, l’hégémonie du capital (individualiste, inégalitaire, apatride, mondialiste), en un mot Largent. Et la plupart de nos contemporains sont aussi aveugles qu’ils l’étaient eux-mêmes sur la véritable nature de l’ennemi, à la différence qu’eux avaient des excuses que nous n’avons plus. La technologie moderne (production de masse, informatique, cartes à puce) permet en effet d’instaurer l’Égalité (bien comprise : l’égalité des citoyens en devoirs, dont celui de participer à la vie de la cité, et en droits, dont celui d’accéder librement au marché) et d’anéantir Largent, c’est-à-dire d’instaurer un mode d’échange fondé sur les Principes de l’ordre social et non plus sur la notion de valeur marchande, où le droit d’accéder au marché serait conféré par la citoyenneté, elle-même attestée grâce à une carte à puce, et non plus par des unités monétaires (incarnant les droits) gagnées on ne sait comment et se répartissant fatalement de manière inégalitaire (voir « Le Civisme »). Que l’on admette ou non la possibilité d’un pareil système, mon but n’est pas ici de l’exposer, de l’expliquer, mais de faire comprendre mon point de vue.
Je pars du postulat que, quoique cela demandera encore une « révolution » ou une « évolution révolutionnaire », il est possible aujourd’hui d’appliquer les Principes invoqués par les révolutionnaires, notamment celui d’Égalité, qui est la condition de la démocratie au vrai sens du terme, au sens de souveraineté du peuple (un système inégalitaire étant par définition oligarchique). Mais si ce à quoi les révolutionnaires aspiraient fondamentalement n’est réalisable qu’aujourd’hui, il s’ensuit :
1) que cela était hors de leur portée en leur temps,
2) que n’ayant pas la possibilité technique d’anéantir Largent et d’abolir la monnaie (au nom de l’Égalité et de la Patrie), cette idée ne leur effleurait pas même l’esprit,
3) que ne pouvant rayer Largent de l’équation, ils le conservaient sans en avoir conscience et sans voir les contradictions théoriques et pratiques avec les principes qu’ils professaient,
4) que, étant obligés de conserver la monnaie, par laquelle passe la plupart des droits, tout en aspirant à l’égalité en droits, ils ne pouvaient admettre que « la monnaie n’est autre chose que du droit » (quoique les mesures financières visant à réduire les inégalités monétaires en soient la démonstration), que sa seule existence est garante de l’inégalité, puisqu’elle ne peut se répartir également, et que l’Égalité est donc une vue de l’esprit dans un système monétaire,
5) qu’ils avaient de ce fait une conception de l’Égalité dénaturée par Largent,
6) qu’ils cherchaient moins à atteindre l’Égalité, aussi inaccessible qu’inconcevable pour eux, qu’à contenir ou contrer les effets inégalitaires de Largent, autrement dit qu’ils ne visaient pas l’Égalité mais seulement moins d’inégalités, moins de disparité entre les fortunes,
7) que ne pouvant ni remonter à la source de l’inégalité, ni la tarir, ils en voyaient la cause ailleurs (dans certains hommes, dans les lois, dans l’organisation politique, dans l’éducation, etc.), se lançaient sur tous les fronts qui étaient autant de leurres et multipliaient les mesures aussi légitimes en apparence que vouées à l’échec,
8) que, ne pouvant triompher de Largent, ils devaient fatalement en être les victimes.
Voilà ce que l’analyse permet de comprendre et ce que l’étude des faits permet de constater et de valider.
Le XVIIIe siècle vit monter en puissance la bourgeoisie, c’est-à-dire les riches ou, comme on disait aussi, « l’aristocratie de l’argent ». Cette montée en puissance s’accompagna d’une philosophie, celle des Lumières, prônant la souveraineté et la liberté des riches (des « propriétaires »), proclamant sans le dire Largent roi. La liberté absolue pour les riches d’exploiter les hommes et de spéculer sur les marchandises pour s’enrichir davantage fut érigée en doctrine que nous appellerions « libérale ». Ce courant avait vu le jour bien avant la Révolution ; il sembla s’imposer en 1789, sous la Constituante, mais rencontra une vive opposition et ne triompha incontestablement, et jusqu’à nos jours, qu’à partir de 1794, après l’exécution de Robespierre. Ainsi, ce qui caractérise la Révolution, ce n’est pas la mise en place de l’ordre bourgeois, c’est-à-dire l’avènement de Largent, mais au contraire la montée en puissance d’un mouvement opposé, d’un mouvement anti-bourgeois, « anti-libéral », plus exactement « anti-capitaliste », un mouvement en faveur du peuple, un mouvement démocratique et égalitaire. Ce mouvement fut incarné au plus haut point par Robespierre.
En 1788, le royaume est endetté dangereusement. Les Ordres privilégiés (Clergé, Noblesse) ont jusque-là refusé de payer. Louis XVI en est réduit à convoquer les États Généraux, c’est-à-dire à réunir des représentants des trois Ordres (Clergé, Noblesse, Tiers États), qui seuls peuvent créer de nouveaux impôts. La Révolution est amenée par un problème d’argent. Les bourgeois, qui avaient le vent en poupe, trouvent là l’occasion d’accélérer le processus qui doit faire tomber le pouvoir dans leurs mains. Tout se passe d’abord à merveille. La Constituante uniformise le royaume, abolit les privilèges des provinces, supprime les frontières intérieures, décrète la liberté du commerce (libéralisme), prive les pauvres du droit de cité, abolit les corporations, interdit les grèves et les pétitions, constitue une garde bourgeoise et adopte la loi martiale pour réprimer affamés et mécontents. Mais en son sein, un député s’oppose de toutes ses forces à cette politique : Robespierre. Lui veut la souveraineté du peuple (démocratie) et la justice sociale (moins d’inégalités). Il est seul ou presque et ne pèse donc rien à l’Assemblée. Mais il a derrière lui l’opinion publique. On l’appelle « l’Incorruptible ».
Une Assemblée législative succède à la Constituante. Que des bourgeois. Une faction domine : les Girondins. Ce sont les champions de la « propriété », les défenseurs inconditionnels du libéralisme (Largent). Ils veulent aussi la guerre à tout prix, tant pour détourner le peuple des souffrances qu’occasionne leur politique que pour remplir les caisses de l’État, toujours vides (malgré la confiscation des biens du clergé et la création des assignats). C’est au club des Jacobins, dont ils font alors partie, qu’ils trouvent dans Robespierre, qui n’est plus député, un détracteur acharné. La guerre, voulue aussi bien par les Girondins que par la Cour, est un piège ; elle donnera aux puissances étrangères l’occasion d’entrer en France et d’écraser les révolutionnaires. Il faut s’y préparer, mais pas la rechercher. Rien à faire. La guerre est déclarée, alors que la France n’est pas en état de la faire. Les armées désorganisées se débandent au premier contact. Les armées austro-prussiennes temporisent mais sont prêtes à envahir le territoire et à fondre sur Paris. C’est alors que tout ce que la France compte d’énergique se soulève et renverse la monarchie (10 août 1792), à la barbe de la Législative, elle-même contrainte de se dissoudre.
Pendant que les volontaires courent au devant de l’ennemi, la nouvelle Assemblée, appelée « Convention », élue au suffrage universel, se réunit (21 septembre 1792). Mais si Paris, au contact des événements, a élu des Jacobins (Robespierre, Marat, Danton), les départements ont renvoyé les Girondins qui, d’entrée, monopolisent toutes les places. Et les Girondins détestent Paris et ses élus qui leur ont fait échec. Au lieu de gagner une guerre qu’ils ont provoquée, ils persécutent Marat et Robespierre, ils calomnient Paris pour la faire haïr des départements, ils tergiversent pour sauver un roi aux dépens de la République… et, bien sûr, ils sont plus que jamais les champions des « propriétaires ». Au printemps 1793, les armées, un moment victorieuses, sont à nouveau en déroute, des départements sont en révolte ouverte, le peuple partout a faim : il faut agir. La 2 juin 1793, la commune de Paris, d’accord avec les Jacobins, fait cerner la Convention qui décrète d’arrestation les meneurs Girondins. Gardés à domicile, ceux-ci en profitent pour s’échapper et prêcher de vive voix la révolte dans les départements.
S’ouvre alors la deuxième période de la Convention, dominée cette fois par les Montagnards, dont les Jacobins sont le noyau dur, et Robespierre le leader. Mais dans quel état la France est-elle, après 4 ans d’agitation politique et un an et demie de guerre ? L’économie est en lambeaux. Toutes les frontières extérieures sont assiégées. Les deux tiers des départements sont en révolte, quoique le plus souvent de manière superficielle (des révoltes de notables, d’administrateurs, favorables aux Girondins). La « Vendée » tend les bras à l’Angleterre, à qui Toulon s’est livrée. Il ne s’agit pas d’administrer un pays en paix, mais de parer milles coups. Aux grands maux les grands remèdes. Il faut lever, armer, équiper et approvisionner 2 millions d’hommes. Tout cela coûte. Le moins cher sera le mieux. Il faut calmer la rapacité des fournisseurs, l’avidité des marchands (établissement du maximum des prix et de comités aux accaparements). Il faut déjouer les traîtres qui, d’indulgence en indulgence, ont conduit la France au bord du gouffre. Il faut tendre tous les ressorts pour sauver la République, qui se veut en faveur du peuple ou le sera quand les conditions le permettront. Pour l’heure, c’est la guerre, qui accapare toutes les ressources et toutes les pensées.
Mais la tension est source de divisions. Les hommes qui ont éjecté les Girondins n’avaient ni les mêmes raisons ni le même caractère ni le même projet. Les querelles de personnes se mêlent aux désaccords politiques. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. La « Terreur », pourtant nécessaire, ne va pas sans abus. Danton (soupçonné d’avoir été un agent anglais) invoque ces abus pour faire cesser la Terreur (en réalité pour sauver ses amis arrêtés pour corruption). Il veut signer une paix de compromis (au désavantage de la France) et instaurer un régime bourgeois. Il rallie sous sa bannière Girondins et royalistes. D’autres veulent au contraire que la Terreur soit portée à tous les excès. Ce sont Hébert et les Cordeliers, qui essayent d’entraîner à leur suite le peuple de Paris. Robespierre se garde de ces deux extrémités. Le Comité de salut public, dont il fait partie depuis le 27 juillet 1793, est sur la même ligne (quoique composé d’hommes de tendances différentes). Dans cette lutte à mort, le Comité frappe le premier. D’abord Hébert, ensuite Danton. Ce danger passé, ce sont les membres des comités eux-mêmes (comités de salut public et de sûreté générale) qui se divisent et qui surtout attaquent sournoisement Robespierre, qui parce qu’il s’est opposé à la déchristianisation, qui parce qu’il abhorre les représentants en mission sanguinaires, qui parce qu’il veut un régime social et démocratique, qui parce qu’il s’oppose à la guerre de conquête, qui parce qu’il le jalouse tout simplement. Mais Robespierre incarne la Révolution. Pour l’abattre, il faut d’abord le déconsidérer, le calomnier, le ridiculiser, le faire craindre, le faire haïr, l’affaiblir, le paralyser ; il faut mentir et le faire taire. Un complot se trame. Le 8 thermidor (26 juillet 1794), Robespierre, qui ne participe plus au comité depuis un mois, tente de le déjouer. Il expose à la Convention toutes les manœuvres dont il est l’objet et tout ce qui compromet selon lui la chose publique. Son discours est décrété d’impression, mais ses ennemis en font renvoyer l’examen aux comités qu’il vient de dénoncer ; ils gagnent la première manche. La journée du lendemain va être chaude. L’appui du Marais (la masse des députés du centre) sera décisif. Les fausses listes de proscription qui circulent, attribuées à Robespierre, n’ont pas eu l’effet escompté. On sait que Robespierre n’est pas un sanguinaire, lui qui a protégé les « 73 » députés girondins et a contre lui les furieux de la Terreur. Dans la nuit, les conspirateurs promettent aux uns d’arrêter la Terreur, dont ils sont eux-mêmes les auteurs, aux autres, de revenir sur les mesures sociales adoptées depuis un an (maximum, lois de ventôse, etc.). Marché conclu. Le 9 thermidor (27 juillet 1794), Robespierre (ainsi que Saint-Just, Couthon, Lebas et Robespierre jeune) est décrété d’arrestation par une meute en furie, sous des accusations diverses et contradictoires. L’insurrection improvisée de la Commune ne change rien. Robespierre n’y croit plus. Il est exécuté le lendemain.
Mais, en frappant Robespierre, sous des accusations délirantes, en faisant un crime de toute aspiration sociale et de toute fermeté (en faveur du peuple), ses ennemis (plus personnels que politiques) ont ouvert un boulevard à la réaction bourgeoise, qui balaye tout. Les suspects sont relâchés en masse. Le club des Jacobins est fermé au bout de 3 mois (12 novembre 1794). Les membres des comités de salut public et de sûreté général sont, pour la plupart, proscrits dans les mois qui suivent. Ceux qui redoutaient tant Robespierre en raison de leurs crimes ou de leur corruption ont retourné leur veste et sont des vedettes : Fouché, Fréron, Tallien, Barras, etc. (Carrier, Lebon et Fouquier-Tinville sont toutefois irrécupérables et paieront pour les autres.) Les Girondins détenus sont réintégrés (tandis que les ex-Montagnards sont envoyés petit à petit en prison). Le suffrage censitaire est rétabli, ainsi que la liberté du commerce (le libéralisme). Le maximum (qui du reste était une mesure provisoire) est supprimé. Les prix s’envolent. La guerre de rapine devient la norme (Napoléon s’en fera un devoir.). C’est le règne des fournisseurs, des spéculateurs, des apparatchiks, des anciens et nouveaux riches. Au printemps 1795, les Parisiens affamés se soulèvent, deux fois (12 germinal, 1er prairial), au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Ils sont réprimés. Les quartiers populaires sont désarmés. En octobre (4 vendémiaire), ce sont les royalistes, à qui les conventionnels ont volé l’élection, qui se soulèvent et sont réprimés à leur tour. L’ordre bourgeois est établi ; plus rien ne le menacera. Le roi n’est plus. Vive Largent !
J’ai brossé à grands traits l’histoire de la Révolution. J’aurais pu entrer dans mille détails qui n’apportent rien à la compréhension du mouvement de fond et brouillent au contraire la perception des choses ; qui, surtout, détournent l’attention des bonnes leçons à tirer.
Dans cette histoire, je vois Largent et sa marque du début à la fin, depuis les causes de la Révolution à la nature de ses fossoyeurs ; je vois une lutte permanente entre ceux qui veulent le faire roi, avec tout ce que cela implique économiquement, politiquement, idéologiquement, et les révolutionnaires qui veulent l’Égalité ou du moins défendent les notions qui lui sont consubstantielles : nation, peuple, patriotisme, démocratie (lois faites ou ratifiées par le peuple), solidarité nationale, droit des citoyens à être armés, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, non-ingérence (autant de combats qui furent ceux de Robespierre).
Mais je vois aussi des révolutionnaires qui n’opposent à Largent que des mesurettes incapables de renverser la force des choses (impôts universels et progressifs, garantie d’un revenu, augmentation des salaires, gel des prix, etc.), qui coupent des têtes pour en voir repousser dix, qui s’épuisent, qui désespèrent et qui sont finalement vaincus. La puissance politique qu’ils parviennent miraculeusement à avoir ne leur sert qu’à contenir les riches, jusqu’à ce qu’ils soient anéantis au premier faux pas. Sans doute auraient-ils pu demeurer au pouvoir un peu plus longtemps s’ils avaient été aussi sanguinaires que le dit leur légende (écrite par qui ?) ; ils auraient alors prolongé leur existence, mais trahi tous leurs idéaux et péri quand même sous le poids de leurs contradictions.
J’en tire la leçon qu’il est dans la nature des choses que Largent et les riches, ses valets, dominent dans un système monétaire ; que, dans la mesure où il y aura toujours des riches dans un tel système (de par l’origine et le fonctionnement de la monnaie), il est vain de les comprimer si le but n’est pas d’anéantir Largent lui-même, car, comme on dit : « Chassez le naturel, il revient au galop ». On pourrait aussi citer cette phrase de Saint-Just, qui n’imaginait sans doute pas cette application : « Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. »
La Révolution fut un grain de sable dans la montée en puissance de la bourgeoise, dans la marche au trône de Largent. Sans la Révolution, Largent serait arrivé au pouvoir sans encombre ; il serait devenu roi au-dessus du roi et notre situation serait aujourd’hui exactement la même (comme dans les pays qui sont actuellement des monarchies), car elle ne découle pas de ce qu’ont fait ou simplement voulu faire les révolutionnaires il y a de cela 200 ans, mais de la force des choses insufflée par Largent. Accabler les révolutionnaires des maux qui nous désolent et qu’ils déploreraient eux-mêmes, c’est disculper Largent sans même prendre en compte son existence ; c’est faire à sa manière –– et il y a mille manières possibles –– la même erreur que les révolutionnaires ; c’est forger notre impuissance et préparer de nouveaux échecs. Mais, à l’heure où la patrie est plus que jamais en danger, nous n’avons pas le droit d’échouer.
Largent — qui porte en lui les principes matérialiste, inégalitaire, oligarchique, individualiste et mondialiste — doit être combattu et anéanti au nom de l’Égalité et de la Patrie. Sous ce rapport, les révolutionnaires ne s’étaient pas trompés d’étendard. Ceux qui ne rallient pas cet étendard sont de facto sous celui de Largent. Mais l’expérience démontre qu’il ne suffit pas d’aspirer à l’Égalité et d’être un patriote intelligent et énergique pour ne pas être dupe de Largent. Encore faut-il identifier ce dernier, savoir comment l’écraser et, surtout, en avoir les moyens. Or ces trois choses sont liées. Ce que ma théorie du « Civisme » permet de comprendre, c’est que, à leur époque, les révolutionnaires n’avaient pas les moyens de mettre en œuvre l’Égalité et ne pouvaient donc pas la concevoir correctement, étant obligés de conserver la monnaie tant sur le plan pratique qu’intellectuel ; de sorte que, ne pouvant renverser Largent, il n’était pas même utile pour eux de l’identifier formellement. Ils ont donc agi par intuition ; ils ont « bricolé ». Tout ce qu’ils voulaient était juste en soi mais pas dans l’absolu, et allait bien souvent à l’encontre de la nature du système monétaire. Par suite, le système a résisté ; les révolutionnaires ont insisté ; la machine s’est emballée ; tout a dégénéré. Mais tout jouait, au fond, contre les révolutionnaires. Et bientôt les tenants du système ont repris les rênes.
Tout système se maintient par la violence sous une forme ou une autre. Les révolutionnaires ont été violents. Mais le système qui permet aux uns d’affamer les autres, qui donne tout le pouvoir aux riches, qui couvre un traître et tire sur les mécontents, qui déclare des guerres pour détourner l’attention de ses turpitude, n’est-il pas violent ? Ne mérite-t-il pas d’être combattu ? Comment, sinon par la force, puisqu’il est sourd aux protestations pacifiques ? Les révolutionnaires n’usèrent, en somme, que du droit de légitime défense. Ne peuvent être invoqués contre eux que des sophismes du genre de ceux qui annihilent aujourd’hui la légitime défense, qui font que celui qui se défend avec succès est présenté comme un coupable, et le vrai coupable comme une victime. (Bien sûr, certains ont profité de cette période troublée pour commettre des crimes, mis sur le compte de la Révolution ou de la République. Mais je n’appelle pas « révolutionnaires » tous les contemporains de cette époque, et ceux que je désigne ainsi font l’objet de vagues anathèmes, jamais d’accusations précises.)
Les révolutionnaires devraient être révérés par tous ceux qui, aujourd’hui, savent la France au bord du gouffre et connaissent les traîtres et les idiots qui l’y ont mené ; ils sont dans la même position qu’eux, face aux mêmes ennemis et pour la même raison ; comme eux, ils ont des choix terribles à faire, ils doivent trancher dans le vif. S’ils suivent leur exemple, ils peuvent espérer sauver la patrie. S’ils minaudent, nous sommes morts. La patrie ou la mort ! Voilà où nous en sommes rendus. Nous pouvons nous laisser mourir pour n’encourir aucun reproche. Nous pouvons réagir à la hauteur des circonstances, et alors nous aurons, comme les révolutionnaires, des morts sur la conscience et du sang sur les mains ; alors nous devrons assumer devant l’Histoire ce que nous aurons fait et même ce qui se sera fait malgré nous ; alors nous montrerons la France sauvée à ceux qui, confis de moraline, nous poursuivront de leur haine pour avoir eu le cran et le bon sens qu’ils n’auront pas eu.
Héritiers authentiques de la Révolution et tenants de la tradition contre-révolutionnaire (catholique et aristocratique) devraient oublier les querelles dépassées de leurs ancêtres, pour ne songer qu’aux combats qui les réunissent aujourd’hui et qui tous, en dernière analyse, leur sont imposés par Largent.
J’ai déjà montré que le combat pour l’Égalité et la Patrie ne peut être remporté qu’en anéantissant Largent, qu’en instaurant un système d’échange autre que monétaire. Mais les chantres de la contre-révolution ne tiennent-ils pas eux aussi en exécration les bourgeois, l’aristocratie de Largent ? Ne parlent-ils pas avec nostalgie de l’aspect social et protecteur de la monarchie, détruit par la bourgeoisie au nom de Largent ? N’abhorrent-ils pas le matérialisme, le mercantilisme, la course au profit, le capitalisme et la ploutocratie, conséquences de la monnaie, donc de Largent ? Ne dénoncent-ils pas, par exemple, l’immigration-invasion et la destruction de la famille, qui sont l’une et l’autre dans la logique de l’individualisme, inhérent à Largent, et de son revers le sans-frontiérisme (mondialisme, universalisme) ? On pourrait multiplier encore longtemps les exemples.
Notre monde tourne autour de Largent ; il est façonné par lui, jamais pour le meilleur, toujours pour le pire. Il est aisé d’apercevoir sa responsabilité dans les maux qui nous submergent, pour peu que l’on sorte la tête du guidon, que l’on prenne un peu de hauteur. Les « contre-révolutionnaires » doivent arrêter de ne voir que des questions morales dans les politiques destructrices qui ont manifestement Largent pour moteur et pour but. Ils doivent enfin décider s’ils veulent remplacer une oligarchie par une autre, sachant que toute oligarchie est fondée sur l’inégalité et l’oppression du peuple dont ils prétendent se soucier ; et s’ils veulent se contenter encore longtemps de postures face au système ou le vaincre pour de bon. S’ils sont conséquents avec eux-mêmes, s’ils veulent servir le peuple et renverser le système, c’est-à-dire terrasser Largent, il n’y a pas d’autre voie que celle de l’Égalité (bien comprise) et de la Patrie.
Les révolutionnaires empruntèrent d’instinct cette voie et, avec eux, tout le peuple français, à l’exception des nobles, du haut clergé et des bourgeois (les oligarques de l’époque), lesquels, à force de manigances pour défendre leurs intérêts, et de propagande pour couvrir leurs trahisons, ont brouillé les pistes et allumé le feu. Des gens ordinaires qui aspiraient tous grosso modo à la même chose se sont retrouvés, sur des malentendus, dans des camps opposés, à se livrer une guerre à mort. L’oligarchie voudrait encore que ces camps hérités du passé soient irréconciliables pour être à jamais manipulables. Raison de plus de les réconcilier. Et c’est en cela, aussi, qu’est utile une connaissance approfondie de la Révolution : pour désarmer les passions. Que chacun reconnaisse les limites et les contradictions de la ligne de sa famille politique, à l’origine des dissensions fratricides. Que les uns et les autres ne commettent plus leurs erreurs respectives qui toutes conduisent à l’échec. Qu’enfin le véritable ennemi soit démasqué, ou plutôt reconnu, car il règne depuis longtemps et aujourd’hui à visage découvert : Largent.
Il n’y a qu’une révolution : celle qui vise au bien du peuple, donc à l’Égalité (bien comprise). La contre-révolution, elle, est, consciemment ou non, le camp de l’inégalité et de Largent. C’est à la lumière de ces définitions qu’il faut apprécier les mouvements historiques et qualifier les mouvements politiques. Révolutionnaires et contre-révolutionnaires ne sont pas toujours ceux qui revendiquent l’un ou l’autre de ces qualificatifs. Nos ancêtres se sont déchirés en pure perte pour des chimères. Aujourd’hui, il doit être clair pour tous que la contre-révolution n’est pas seulement le parti des riches, des banques et de la finance mais plus largement celui du système monétaire et de Largent (donc du capitalisme, de l’inégalité, de l’individualisme et du mondialisme), et que celui de la Révolution est, à l’opposé, celui de l’Égalité (donc d’un système non-monétaire) et de la Patrie. S’interroger sur la façon ou les moyens de mettre en œuvre l’Égalité, c’est-à-dire d’anéantir Largent, est une chose ; mais tirer prétexte de cette difficulté (résolue par le Civisme) pour conserver le système monétaire, l’inégalité, le capitalisme et tout ce qui va avec, en est une autre. On n’est pas un révolutionnaire ou un opposant sérieux au système quand on n’en remet pas en cause la base et que, de fait, on tourne en rond à l’intérieur.
Pas de national sans social ;
Pas de social sans Égalité ;
Pas d’Égalité sous Largent.
Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !
Vive la Révolution !
Vive la France !
Philippe Landeux
1er avril 2017
08:32 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
dimanche, 26 mars 2017
TURREAU - PLAN ET CORRESPONDANCE (Révolution - Guerre de Vendée)
Pour apporter au débat sur la "guerre de Vendée", et surtout pour qu'il ne tourne pas à vide, j'ai extrait de mon ouvrage "La Guerre de l'Ouest, dite de Vendée" la partie concernant le général en chef Turreau, qui contient notamment sa correspondance avec le Comité de salut public et le ministre de la Guerre, ainsi, évidemment, que les lettres du Comité au général, qui ne sont qu'au nombre de... deux.
Je livre ces documents sans commentaires... Ils parlent d'eux-mêmes.
En espérant que ceux qui ont un avis sur la question prendront le temps de lire les documents qui devraient la fonder...
Pour ouvrir le fichier, cliquez sur le lien ci-dessous
10:14 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
lundi, 05 septembre 2016
ROBESPIERRE & L’ÉCONOMIE
Un ami m’a demandé mon avis sur un passage surprenant de la récente biographie de Robespierre de Cécile Obligi, « Robespierre, la probité révoltante », que je n’ai personnellement pas lu. Il y est question de ses positions en matière économique, qu’il a surtout exposées dans un discours du 2 décembre 1792 à propos des subsistances.
Voici tout d’abord le passage en question :
« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. […] On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. » (p. 95)
Avant de donner mon opinion, et pour la comprendre, je dois d’abord préciser « d’où je parle ». Je suis l’auteur d’une théorie appelée « le Civisme » expliquant comment une Société peut et doit fonctionner sans monnaie, sans unité de valeur marchande. Cette théorie part du Principe que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits. Les Citoyens ont des droits, dont celui d’accéder librement au marché, parce qu’ils sont Citoyens ; et ils sont Citoyens, parce qu’ils participent à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation. Dans la Cité, c’est donc la Citoyenneté (qui se mérite en permanence) qui confère aux Citoyens, à tous les Citoyens, le droit d’accéder librement au marché, droit d’accès qui passe aujourd’hui par la monnaie, porteuse de limites et vectrice d’inégalités. Pour que les Citoyens puissent faire valoir leur Citoyenneté auprès des commerçants (et retirer du marcher ce qu’ils désirent), il suffit qu’ils soient dotés par la Cité d’un moyen de l’attester, par exemple, une carte à puce. Dès lors, il n’y a plus de monnaie, les choses n’ont plus de prix, plus de valeur marchande ; ce que le Civisme appelle « Largent », c’est-à-dire, au sens strict, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, est anéanti, supplanté par l’Égalité. Tels sont, selon moi, les Principes de l’ordre social et la façon de les appliquer.
Cette théorie suppose deux conditions : l’industrialisation, donc la capacité de produire en masse et de répondre à une Demande importante ; et l’informatisation, soit la capacité de faire facilement ce à quoi une administration même monstrueuse ne parviendrait pas. Sans ces deux conditions, réunies aujourd’hui, cette théorie de la Cité est inapplicable et, partant, impensable. Et c’est l’impossibilité, pour Robespierre, d’aller aussi loin, qui explique, à mon sens, ses limites et ses contradictions. Il voulait de toutes ses forces l’Égalité, mais dans le cadre d’un système monétaire qui ne la permet pas (ce dont il eut l’intuition : « Quand leur intérêt [celui des riches et du gouvernement] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » notes, juin 1793), un système qu’il ne pouvait ni contester ni analyser correctement, encore moins renverser, et auquel il fut donc obligé d’adapter sa pensée. Il visait un absolu, tout en validant, sans même y penser, la monnaie qui incarne l’exact opposé (matérialisme, individualisme, inégalité, oligarchie), et en faisant, sans s’en rendre compte, des concessions à Largent. Il refusait instinctivement la logique monétaire (capitaliste) sans pouvoir aller au bout de la logique sociale (d’où son adhésion à la théorie aussi fameuse que fumeuse du « droit naturel », qu’il compensait toutefois par un bon sens qui manque à beaucoup aujourd’hui). Il ne sacrifiait pas délibérément, comme beaucoup d’autres, les Principes à Largent, mais il les dénaturait inconsciemment à cause de lui. Ainsi, il parlait d’Égalité, mais cherchait surtout à limiter la casse et ne prônait, au final, que moins d’inégalités, via des impôts progressifs, des aides, un contrôle des prix, etc. Son mérite est d’avoir cédé le moins possible à Largent et soutenu les Principes au-delà du raisonnable dans le contexte qui était le sien, d’où le côté à la fois sublime et utopique de son discours. Il était au-dessus de son temps. Ceux qui tiennent encore le même discours que lui aujourd’hui sont en dessous du leur ; ceux qui l’accablent ne lui arrivent pas à la cheville.
A la lueur de ces explications, la position de Robespierre sur l’économie en général et les subsistances en particulier devient claire, et l’interprétation qu’en livre Cécile Obligi apparaît aussi creuse qu’erronée.
Tout d’abord, quelle était sa position ? Elle tient dans le paragraphe suivant (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :
« Quel est le premier objet de la société ? c’est de maintenir les droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là. [...] Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. Il n’y a que l’excédent qui soit une propriété individuelle, et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants. Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide. [Le négociant peut bien garder, dans ses magasins, les marchandises que le luxe et la vanité convoitent jusqu’à ce qu’il trouve le moment de les vendre au plus haut prix possible ; mais nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de bled, à côté de son semblable qui meurt de faim.] »
Il n’est pas inutile de signaler ici sa conception de la propriété, exposée dans les articles 6 à 9 de sa Déclaration des droits :
« La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. — Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. — Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. — Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. » (21 avril 1793)
Les trois articles suivants, 10 à 12, sont également intéressants pour notre sujet :
« La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. — Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire, sont une dette de celui qui possède le superflu. Il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. — Les citoyens, dont les revenus n’excèdent point ce qui est nécessaire à leur subsistance, sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques ; les autres doivent les supporter progressivement selon l’étendue de leur fortune. »
D’après lui, les vices des théories économiques, dites « libérales », reposaient sur deux erreurs (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :
« 1° Les auteurs de la théorie n’ont considéré les denrées les plus nécessaires à la vie que comme une marchandise ordinaire, et n’ont mis aucune différence entre le commerce du bled, par exemple, et celui de l’indigo ; ils ont plus disserté sur le commerce des grains que sur la subsistance du peuple ; et faute d’avoir fait entrer cette donnée dans leurs calculs, ils ont fait une fausse application des principes évidents en général ; c’est ce mélange de vrai et de faux qui a donné quelque chose de spécieux à un système erroné.
» 2° Ils l’ont bien moins encore adapté aux circonstances orageuses que les révolutions amènent ; et leur vague théorie fût-elle bonne dans les temps ordinaires, ne trouverait aucune application aux mesures instantanées que les moments de crise peuvent exiger de nous. Ils ont compté pour beaucoup les profits des négociants ou des propriétaires, et la vie des hommes à peu près pour rien. Eh pourquoi ! c’étaient des grands, les ministres, les riches qui écrivaient, qui gouvernaient ; si ç’eût été le peuple, il est probable que ce système aurait reçu quelques modifications ! » (Discours sur les subsistances)
Il reconnaissait le droit de propriété et se déclarait favorable à la liberté du commerce, plus exactement à la libre CIRCULATION des marchandises. Ce n’était pas un communiste, un collectiviste et ne le serait pas devenu (« L’égalité des biens est essentiellement impossible dans la société civile ; elle suppose nécessairement la communauté qui est encore plus visiblement chimérique parmi nous, comme s’il était un seul homme doué de quelque industrie dont l’intérêt personnel ne fût pas contrarié par ce projet extravagant. » 7 juin 1792). Mais il n’était pas non plus un « libéral », c’est-à-dire un partisan de la Propriété sacrée et de la liberté illimitée du commerce que les riches invoquaient pour ACCAPARER, pour spéculer et s’enrichir en affamant le peuple sans que l’État n’intervienne, sauf pour mâter les révoltes.
« Comment donc a-t-on pu prétendre que toute espèce de gêne, ou plutôt que toute règle sur la vente du bled était une atteinte à la propriété, et déguiser ce système barbare sous le nom spécieux de la liberté du commerce ? […] Que la circulation dans toute l’étendue de la république soit protégée ; mais que l’on prenne les précautions nécessaires pour que la circulation ait lieu. C’est précisément du défaut de circulation que je me plains. Car le fléau du peuple, la source de la disette, ce sont les obstacles mis à la circulation, sous le prétexte de la rendre illimitée. La subsistance publique circule-t-elle lorsque des spéculateurs avides la retiennent entassée dans leurs greniers ? Circule-t-elle lorsqu’elle est accumulée dans les mains d’un petit nombre de millionnaires qui l’enlèvent au commerce pour la rendre plus précieuse et plus rare ; qui calculent froidement combien de familles doivent périr avant que la denrée ait atteint le temps fixé par leur atroce avarice ? […] Je vous dénonce les assassins du peuple, et vous répondez : laissez les faire. Dans ce système, tout est contre la société ; tout est en faveur des marchands de grains. [...] Tel est le degré de perfection auquel cette théorie a été portée, qu’il est presque établi que les accapareurs sont impeccables ; que les monopoleurs sont les bienfaits de l’humanité ; que, dans les querelles qui s’élèvent entre eux et le peuple, c’est le peuple qui a toujours tort. » (Discours sur les subsistances)
Robespierre était donc pour la libre circulation des marchandises, au vrai sens du terme, et non à la façon de « libéraux » pour qui la « liberté » n’était qu’un attrape-nigaud. En conséquence, il proposait : 1) « de prendre les précautions nécessaires pour constater la quantité de grain qu’a produite chaque contrée, et celle que chaque propriétaire ou cultivateur a récoltée. » 2), de « forcer les marchands de grains à les vendre au marché, et à défendre tout transport des achats durant la nuit ».
On était en décembre 1792. Le peuple était agité par la pénurie alimentaire. Il réclamait la taxation des denrées de première nécessité et des mesures contre l’accaparement. Le 19 novembre, Roland, ministre de l’Intérieur, avait déclaré : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire ». Robespierre, lui, demandait des mesures pour obliger les producteurs à alimenter les marchés (chose pratiquée sous l’ancien régime), autrement dit des mesures contre l’accaparement. En 1793, il soutint la taxation.
Mon analyse est que Robespierre abordait la question des subsistances, de l’économie en général et, en fait, tous les sujets d’un point de vue politique. « Tout est politique. » Par « politique », je ne parle pas de politique politicienne, mais des Principes de l’ordre social qui doivent régir la cité (polis). Il posait le Principe, ou ce qu’il considérait comme tel, et en tirait les conséquences pratiques.
« Qu’il [le peuple] juge entre nous et nos ennemis, qu’il juge entre l’humanité et ses oppresseurs. Tantôt ils feignent de croire que nous n’agitons que des questions abstraites, que de vains systèmes politiques ; comme si les premiers principes de la morale, et les plus chers intérêts des peuples n’étaient que des chimères absurdes et de frivoles sujets de dispute. » (Le Défenseur de la Constitution, n° 4, 7 juin 1792)
« Quel est le but de la constitution ? C’est le bonheur des hommes, et par conséquent la conservation de leurs droits, de leur sûreté, de leur liberté, de leur propriété ; il faut donc avant d’instituer un gouvernement, bien déterminer et la nature et l’étendue des droits, dont la conservation est l’objet du gouvernement ; proposer de commencer par le gouvernement, c’est ne rien proposer, ou proposer la conséquence avant le principe. [...] Remarquez bien, citoyens, que le seul moyen de faire bien et même de faire vite cette constitution, c’est d’en établir d’abord les bases ; car, s’il n’est pas de principes posés, comment voulez-vous qu’on s’accorde sur les conséquences ? » (Convention, 15 avril 1793)
Sa démarche était à l’évidence la meilleur qui soit. Tout le problème est que, pour les raisons que j’ai expliquées, les Principes de Robespierre étaient soit faux, quoique ceux d’un homme honnête et généreux, soit corrects, et dès lors contraires à la force des choses du système monétaire. Le système monétaire est un Monopoly grandeur nature. Largent y règne. Soit on l’accepte totalement, soit on en sort radicalement (Cf. le Civisme). Entre le deux, on ne peut que bricoler, c’est-à-dire recourir à des astuces pour s’opposer à Largent, jusqu’à ce qu’il reprenne le dessus. (Chassez le naturel, il revient au galop.) C’est ce que fit Robespierre qui ne pouvait pas faire autre chose en son temps. N’étant pas démagogue, il admettait que de larges pans de l’économie soient abandonnés à Largent, système monétaire oblige ! ; mais, en tant qu’humaniste, il voulait que les besoins vitaux des hommes, de ses semblables, de ses concitoyens, soient assurés, que certains produits échappent donc à son emprise. Noble pensée ! Vœu pieux ! Comme le dit Saint-Just : « Ce qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tomber ».
Robespierre a vu les erreurs des autres ; je vais indiquer les siennes. Il part du principe que la société a pour but de garantir le droit d’exister, c’est-à-dire de ne pas mourir de faim. Non ! Elle a pour but de garantir à tous ses citoyens la jouissance de tous les bienfaits dont elle est susceptible grâce à eux, grâce aux devoirs qu’ils remplissent envers elle. Le but de la société ainsi défini est bien plus large que le « droit à l’existence » ; il embrasse tout ; il est la logique sociale absolue. A côté, le « droit à l’existence » est ridicule ; il se veut social mais se place aussitôt sur le plan humain, comme pour en imposer ; il réduit le citoyen à un individu (logique monétaire), et ses droits à quelques besoins. On dirait la supplique d’un vaincu ! C’est en soi une capitulation face à Largent ! Une révolution sur de telles bases est perdue d’avance. Robespierre a d’ailleurs senti très vite que ses efforts seraient vains et qu’il laisserait sa vie dans l’aventure.
La deuxième erreur, la distinction entre les biens, découle de la première. Robespierre déclare que tout ce qui est indispensable pour conserver la vie est une propriété commune à la société entière et que seul l’excédent est une propriété individuelle abandonnée à l’industrie des commerçants. Or tous les fruits des devoirs des citoyens, donc tous les produits, font partie du produit commun et des bienfaits de la cité auxquels tous les citoyens ont droit, auxquels la citoyenneté donne à tous le droit d’accéder. Pourquoi établir une distinction entre les produits, dont les uns, généralement produits par des pauvres, ne seraient généralement accessibles qu’aux riches, sinon parce que l’on ne conçoit pas un ordre des choses autre que monétaire dans lequel il y a en effet des riches et des pauvres qui, par la monnaie, ont un inégal droit d’accès au marché ? Là encore, Robespierre se soumettait à Largent en croyant s’y opposer ; il pensait contrarier le système monétaire à la marge mais le validait globalement, inconsciemment… comme tout le monde.
Qu’en dit Cécile Obligi ? Reprenons point par point.
« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. »
Si ! la position de Robespierre est limpide : il était le « cul entre deux chaises ». D’un côté Largent, auquel il ne pouvait pas échapper ; de l’autre l’Égalité, qu’il ne pouvait atteindre et réclamait néanmoins a minima. Il ne pouvait rien proposer de mieux dans le cadre du système monétaire. Moins, il se serait rallié entièrement à Largent et aurait été un capitalo-libéral ; plus, il serait tombé dans des conceptions chimériques — séduisantes de prime abord, tyranniques et désastreuses au final — et se serait éloigné encore de l’Égalité, sous prétexte de s’en rapprocher. Et il avait conscience de ces deux écueils, contrairement à beaucoup qui sautent à pieds joints dans l’un ou l’autre et donnent malgré tout des leçons. Il serait d’ailleurs intéressant de connaître les idées économiques et politiques de Cécile Obligi.
« Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. »
Pas du tout ! Robespierre savait qu’une coercition générale est vaine, impossible sinon désastreuse, et que la règle du jeu normale, dans un système monétaire, est la course au profit. Il le déplorait, mais il ne cherchait pas à empêcher ce qui ne pouvait l’être. Cette résignation était loin de faire de lui un partisan du libéralisme, c’est-à-dire du capitalo-libéralisme en réalité, c’est-à-dire de Largent roi, comme l’étaient en effet la plupart de ses collègues. D’autant plus que, par une incohérence dictée par son humanisme, il voulait malgré tout forcer les choses pour assurer à ses semblables la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, compromise par ce système. Le cœur prenait alors, chez lui, le pas sur la raison. Et une fois son parti pris, une fois le juste établi à ses yeux, il le soutenait avec passion, fut-ce seul contre tous. Aucune trace de réticence dans les combats qu’il décidait d’engager après mûre réflexion. Le drame est qu’il ait voulu le bien commun dans un monde monétaire, intrinsèquement individualiste et inégalitaire, et à une époque où Largent, ne pouvant être anéanti, accédait même au trône. La résistance, aussi légitime qu’elle ait été, ne pouvait être que morale, symbolique, désespérée, incohérente, farouche parfois, et vouée à l’échec. Quoi qu’il en soit, il y avait entre le libéralisme de Robespierre et celui des « libéraux » autant de ressemblance qu’entre la nuit et le jour.
« Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. »
Robespierre ne voulait pas tout réglementer, mais il était pour un minimum de réglementation, afin de contrer les effets les plus cruels de Largent. (Modération qui suffisait aux « libéraux » pour ne pas le reconnaître comme un des leurs, preuve supplémentaire qu’il n’en était pas un.) Certes !, aucune digue ne peut contenir Largent qui, tel un fleuve en furie, renverse tous les obstacles dressés contre lui. Mais que les hommes cherchent à s’en protéger (ou à protéger leurs semblables), par des moyens nécessairement dérisoires, est légitime à défaut d’être efficace. Et un homme qui se dresse avec passion contre le torrent des injustices est bien plus courageux, bien plus généreux, bien plus admirable que ceux qui se laissent emporter par le courant ou ceux auxquels Largent tient lieu de raison. Car, s’il est dans l’ordre des choses que le système monétaire soit régi par les lois de Largent, si le capitalo-libéralisme est le régime économique le plus naturel sous Largent, se soumettre à Largent n’est pas pour autant un signe d’intelligence ; cela relève plus de l’égoïsme, de la lâcheté, de l’inhumanité et de l’inconséquence. Car c’est oublier que Largent a sa logique propre, qu’il ne sert que lui-même et qu’il pousse le monde à la ruine, ce dont personne ne profitera au final. Viendra un moment où les hommes auront à choisir entre eux et lui, et où ils ne pourront se sauver qu’en formant Société, en retrouvant le sens de l’Égalité. Les « capitalistes » ne seront alors d’aucun secours. Un Robespierre aura bien plus de choses à nous apprendre. S’il a prit trop tôt le parti des hommes et des Principes, c’est-à-dire en un temps où il ne pouvait rien pour eux face à Largent, s’il a fait ce qu’un homme devait néanmoins faire, il encourt bien sûr des critiques mais ne mérite aucune « accusation ». Qui sont donc, pour « accuser », les hommes au cœur de pierre ? Qui est le monstre : celui qui veut empêcher Largent (les riches) de dévorer ses concitoyens ou celui qui laisse faire, parce qu’il veut lui aussi sa livre de chair, et ne rougit pas de peindre le premier comme un criminel ? Les accusations en disent souvent plus sur les accusateurs ! Robespierre peut s’honorer de celle-là. Et il est bien maladroit de la part de Cécile Obligi de présenter comme une calomnie ce qui est la pure vérité. Robespierre n’avait pas de théorie figée ; il était pragmatique et modéré (il rejetait les excès en toute chose) ; mais il désirait bien que la loi et la puissance publique interviennent. S’il s’interrogeait sur la façon, il n’était pas contre le principe. Le reconnaître n’est pas l’accabler ; le nier n’est pas le défendre.
« On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. »
Oui, Robespierre était tiraillé, il ne savait pas sur quel pied danser. Mais ce n’est pas au « libéralisme économique » qu’il ne voulait pas renoncer : c’est au système monétaire qu’il ne pouvait pas échapper, de sorte qu’il jonglait avec les lois de Largent, d’un côté, et les Principes de l’ordre social, de l’autre. S’il avait fait abstraction des premières, il aurait été un insensé ; s’il avait méprisé les seconds, il aurait été un sophiste.
« Toute institution qui tend à augmenter l’inégalité des fortunes est mauvaise et contraire au bonheur social. Je sais bien qu’il est impossible d’établir une égalité parfaite dans les portions et que mille causes différentes doivent nécessairement la déranger plus ou moins, mais je dis que le but des lois doit être de la maintenir autant que la nature des choses le permet, et qu’elles violent tous les principes de la raison lorsqu’elles s’efforcent elles-mêmes de la troubler. L’égalité est la source de tous les biens : l’extrême inégalité est la source de tous les maux. » (Sur l’inégalité dans les successions, 5 avril 1792)
« Nous voulons l’égalité des droits parce que sans elle, il n’est ni liberté, ni bonheur social. Quant à la fortune, dès qu’une fois la société a rempli l’obligation d’assurer à ses membres le nécessaire et la subsistance, par le travail, ce ne sont pas les citoyens que l’opulence n’a pas déjà corrompus, ce ne sont pas les amis de la liberté qui la désirent. » (Le Défenseur de la Constitution, 7 juin 1792)
Comment qualifier Robespierre ? Ce n’était assurément pas un libéral, du moins à la façon des capitalo-libéraux. Ce n’était pas non plus un communiste avant l’heure, ni un précurseur du communisme, puisqu’il sentait les dangers du collectivisme. Il aspirait simplement à la démocratie véritable (des lois faites avec le concourt du peuple et approuvées par lui) et à ce que nous appelons « l’état providence » : c’était un patriote, un « socialiste » au sens historique du terme, et non un de ces adeptes de ce que le socialisme est devenu. Robespierre se serait-il reconnu dans le socialisme actuel ? Je ne crois pas. Je pense que ses principes et l’expérience l’auraient conduit au Civisme, soit à l’imaginer, soit à le rallier ; qu’il serait pour le moins resté sur une ligne sociale et nationale. Mais ce n’est toutefois pas par hasard si le socialisme a dérivé jusqu’à n’être plus qu’une caution du capitalisme. Nous avons vu, avec l’exemple de Robespierre, que le « socialisme » des origines s’opposait au capitalisme sans remettre en cause le système monétaire, la monnaie et Largent ; qu’il était donc lui-même intrinsèquement capitaliste. Il est vrai qu’il n’y avait pas alors moyen de faire autrement puisqu’il n’y avait pas la possibilité technique de dépasser la monnaie et d’anéantir Largent. Il fallait faire avec bon gré mal gré. Mais entre le social au rabais et Largent tout puissant, c’est toujours Largent qui l’emporte. Arriva donc un moment où le « parti socialiste », représentant officiel du socialisme, fut dans l’impasse et muta pour survivre. Il se convertit alors au capitalisme mais en mettant l’accent sur l’humain pour conserver une image de « gauche », c’est-à-dire en sacrifiant le citoyen à la logique individualiste typiquement capitaliste. C’est ainsi que, d’une ligne traditionnellement patriotique et sociale, le parti socialiste, et plus largement « la gauche », a basculé dans le sociétal et l’antinational (droits-de-l’hommisme, féminisme, jeunisme, modernisme, festivisme, sans-frontiérisme, antiracisme, immigrationnisme, multiculturalisme, européisme, etc.), apportant au mondialisme de droite le renfort d’un universalisme frelaté soi-disant de « gauche ». Elle a adopté avec avidité tout ce qui fait le malheur du peuple et le bonheur du patronat.
Toute la question est de savoir si Robespierre aurait lui aussi pris ce tournant. Jamais ! Les notions de nation, peuple, patrie, démocratie, République, égalité et liberté étaient trop intimement liées dans son esprit pour qu’il renonce à une seule sans voir qu’il les trahissait toutes, sans comprendre qu’il se reniait lui-même et devenait à son tour un ennemi du peuple. « Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom », avait-il lancé du haut de la tribune de la Convention, le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), dans son ultime discours. Renoncer à défendre le peuple et la France, rejoindre le parti de l’Étranger et du capital, Robespierre a dit et prouvé que la mort lui serait plus douce qu’une telle apostasie.
19:38 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
vendredi, 04 mars 2016
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GÉNÉRAL TURREAU vs COMITÉ DE SALUT PUBLIC
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11:09 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
samedi, 27 février 2016
GÉNÉRAL TURREAU vs COMITÉ DE SALUT PUBLIC
Tous les documents qui suivent, absolument authentiques, sont tirés de « guerres des Vendéens et des Chouans » de Jean-Julien Savary (qui contient toutes les lettres des généraux impliqués dans cette guerre, sorte d’équivalent du travail d’Alphonse Aulard sur les actes du Comité de salut public), disponibles sur Internet (lien plus bas). Ils sont, à mon sens, la réponse définitive à l’affirmation récurrente selon laquelle le général en chef Turreau n’aurait fait qu’exécuter un plan conçu ou approuvé par le Comité de salut public, lequel aurait même projeté d’exterminer toute la population de la région (aux pourtours fluctuants), baptisée « vendée militaire » (à cheval entre les départements de la Vendée, de la Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres).
Je livre ces documents à votre jugement, me permettant toutefois quelques commentaires par-ci par-là. J’apprécierais que ceux qui auront pris la peine de les lire me fassent part, dans les commentaires, de leurs propres conclusions.
13 janvier 1794. — Lettre du Comité de salut public (sans précision) au général en chef Turreau :
« Nous avons reçu ta dépêche du 11, datée d'Angers par laquelle tu nous proposes tes observations sur le retour que nous avions ordonné [le 4 janvier] de plusieurs bataillons de la Charente. — Le comité ne s'est déterminé à cette mesure, que par des considérations de la plus haute importance, et tu n'aurais pas dû te permettre de suspendre, au mépris de la loi, l'exécution de cet arrêté car ce sont les infractions de ce genre qui ont occasionné la plupart des revers qui ont affligé la république. Ton armée est considérable, TU N’AS PLUS QU’UN TRÈS PETIT NOYAU À COMBATTRE, et tu parais vouloir cantonner une partie de tes troupes. Il semblerait, d'après cela que les bataillons de la Charente, qui, au rapport des députés de ce département, sont dans le dénuement le plus absolu, sans armes, presque désorganisés, et qui font partie de la réquisition prescrite par la loi du 12 août, ne te sont pas absolument nécessaires et qu'il serait indispensable, pour en tirer parti, de les laisser aller chez eux quelque temps se vêtir et s'organiser. Cependant, sur tes observations, nous nous décidons à suspendre l'exécution de notre arrêté. Hâte-toi du moins d'exterminer le dernier des brigands. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 37)
Commentaire.
1) Cette lettre était la première lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef de l’armée de l’Ouest. — Turreau, envoyé de la Vendée à l’armée des Pyrénées-Occidentales pour y prendre le commandement en chef, avait été chassé de cette armée par les représentants en mission sur place. Le 4 novembre, à sa demande, le Ministre de la guerre l’avait retiré de cette armée, et, le 22, l’avait nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest, ce que le Comité de salut public n’avait fait que confirmer le 27.
2) Début janvier, le général Kléber, alors à Nantes et qui commandait la division du Nord, estimait les rebelles à environ 6.200 hommes, la plupart sur la rive gauche de la Sèvre, à la frontière entre la Vendée et la Loire-Inférieure (3.000 sous les ordres de Charette, 2.000 sous ceux de La Cathelinière). C’est sur eux qu’il aurait voulu que porte l’effort principal, et il envisageait une concentration des forces dans ce but. Ce plan correspondait à la tactique que le CSP avait toujours prônée : agir en masse contre les rebelles, les insurgés, les ennemis armés, finir cette guerre au plus vite pour pouvoir envoyer les troupes sur les frontières (voir plus bas au 30 janvier et au 13 février). Kléber avait soumis son plan au général en chef Turreau qui, le 7 janvier, l’avait rejeté. « Ce n’est pas là mon plan… », avait-il déclaré. (Savary, tome III, pp. 22 et 25.)
3) Sous la plume du CSP, le terme brigands ou rebelles désignait les insurgés au vrai sens du terme, les bandes armées qui existaient bel et bien et qui alors ne formaient plus qu’un « très petit noyau ». Ainsi, quand le Comité parle « d’exterminer les brigands » qui ne sont plus qu’un « très petit noyau », il est clair qu’il ne parle pas de la population de ces régions en général (environ 800.000 âmes à l’origine, selon Reynald Secher), mais bien des derniers insurgés.
17 janvier 1794. Le général en chef Turreau arrête ses ordres (voir à la fin, le commentaire 3 de la lettre du 23 juillet 1794).
19 janvier 1794. — Lettre du général en chef Turreau au CSP :
« Vous êtes sans doute étonnés que l’Armée de l’Ouest soit encore en pleine activité contre les rebelles de la Vendée dont on vous a annoncé tant de fois l’entier anéantissement. Ils n’existeraient plus effectivement si l’exécution DU PLAN QUE J’AVAIS CONÇU n’eut été entravée et retardée par des ordres contraires. En voici l’analyse : vous jugerez vous-mêmes citoyens représentants que j’ai été dans l’impossibilité d’exécuter plutôt le plan que j’exécute aujourd’hui. — Les différents rapports qui m’ont été faits après la victoire du Mans de la force des rebelles placés sur la rive droite de la Loire m’avaient convaincu que la division détachée de l’Armée du Nord était inutile de ce côte-là et que je devais l’employer dans le sein de la Vendée où des rassemblements alors considérables sous les ordres de La Rochejaquelein, Stofflet, Charette etc. enfin du fameux d’Elbée, qui depuis est tombé en notre pouvoir [à Noirmoutier, Ndla] pouvaient recommencer une guerre sérieuse, balancer nos succès et compromettre peut-être encore longtemps la tranquillité de cette partie de la République. Je donnai ordre en conséquence à la division du Nord alors à Alençon de se porter à Angers lorsqu’un ordre contraire et postérieur au mien du général divisionnaire Marceau lui fit prendre la route de Rennes. Je la ramène à Nantes et la quitte momentanément pour l’expédition de Noirmoutier [où Turreau arriva après la bataille. Ndla]. A mon retour, je la trouve morcelée par l’ordre du représentant Carrier qui avait détaché environ trois mille hommes que je n’ai pu encore réunir. Cependant j’entre dans la Vendée et j’y commence l’opération QUE J’AVAIS PROJETÉE MÊME AVANT D’ÊTRE GÉNÉRAL EN CHEF. — Douze colonnes parties de différents points et embrassant seize lieues de pays marchant toujours à la même hauteur et ayant toutes les facilités pour se secourir mutuellement entrent dans la Vendée et poussent l’ennemi du coté de la mer. Haxo et Dutruy placés sur les côtes avec des forces suffisantes les poussent également sur moi ; de manière que si les ordres que j’ai donnés sont strictement exécutés, il me paraît impossible qu’ils ne soient pas entièrement cernés. Chaque chef de colonne a son instruction particulière ; tous ont l’ordre d’incendier les villages, métairies, forêts etc., mesure que j’ai cru indispensable et que vous-mêmes citoyens représentants vous avez indiquée dans votre arrêté du mois d’août (vieux style). J’ai excepté cependant de l’incendie général quelques villes ou bourgs dont l’existence est absolument nécessaire pour y placer des garnisons. Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) après quoi j’aurai au moins douze mille hommes de bonnes troupes dont on pourra disposer pour une autre armée ; le reste me suffira pour assurer la défense de la partie des côtes confiées à mon commandement et pour contenir le pays. […] » (Savary, tome III, p. 48)
Commentaires :
1) Turreau prétend appliquer l’arrêté du Comité décrété le 1er août 1793. Ainsi, son plan ne serait jamais que l’exécution des ordres de la Convention. Mais, en janvier 1794, la situation n’est plus celle de l’été 1793. Les rebelles ont été vaincus à Cholet et écrasés lors de la virée de Galerne. Les civils républicains qui avaient fui sont revenus et contrôlent de nouveau l’essentiel de ce que l’on appelle « la Vendée militaire », en particulier la partie Est. Or c’est précisément sur cette partie que Turreau va lancer ses colonnes dont les atrocités vont rallumer la guerre.
2) Cette lettre prouve non seulement que le plan des colonnes était bien celui de Turreau seul, mais encore qu’il l’avait imaginé, comme il le déclare, bien avant d’avoir le commandement de l’armée de l’Ouest. Il revendiquera la paternité du plan qu’il exécutait dans quasiment toutes ses lettres au Comité de salut public. Il suffit de les lire pour n’en pas douter. Un spécialiste de la guerre de l’Ouest ne peut ignorer ces documents et, par conséquent, soutenir, sans mentir, que le plan des colonnes infernales était celui du Comité. Certains sont cependant d’assez mauvaise foi pour le faire, et les dissimuler, cherchant ainsi à discréditer le Comité, Robespierre et la République… et, à cette fin, ils utilisent la lettre ou un extrait de la lettre du Comité (Carnot) au général Turreau du 6 février 1794 (voir plus bas).
24 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :
« J’ai commencé l’exécution du plan que J'AVAIS CONÇU de traverser la Vendée sur douze colonnes. [...] » (Savary, tome III, p. 74)
30 janvier 1794. — Rapport de Carnot au Comité de salut public sur « le système général des opérations militaires de la campagne prochaine ». Après avoir passé toutes les armées en revue, il indique, concernant les opérations à l’Ouest :
« […] Il reste à parler des opérations que doivent faire les armées de l’Ouest, des côtes de Brest et des côtes de Cherbourg, qu’on peut regarder comme n’en faisant qu’une. — Ces armées ont trois objets à remplir, 1° finir la guerre de la Vendée ; 2° garder les côtes ; 3° opérer la descente projetée sur les côtes d’Angleterre. — Il faut pour le premier de la cavalerie légère, quelques corps d’infanterie bien en masse et très-peu d’artillerie. [Le général Turreau avait annoncé qu’une promenade militaire de huit ou quinze jours au plus lui suffirait pour terminer la guerre de la Vendée ; de son côté, Rossignol annonçait la destruction prochaine des chouans. Ainsi ces guerres de l’Ouest inquiétaient peu le gouvernement. (Note de Savary.)] — Pour le second, de bonnes garnisons dans les ports et de bons corps-de-garde sur les côtes. — Pour le troisième, les mêmes dispositions que pour le second, avec une flotte nombreuse toujours prête. — Il est à remarquer, au sujet de cette descente [sur Jersey. Ndla] que lors même qu’elle ne pourrait pas s’exécuter cette année les seuls préparatifs tiendraient en échec toutes les forces navales anglaises pendant la campagne, et les empêcheraient de rien tenter de considérable ailleurs. Cet appareil forcerait les Anglais à tenir une armée considérable sur pied, ce qui met leur constitution dans un grand danger, ensuite leurs finances, et les empêche de porter des secours dans les Pays-Bas ; il est donc essentiel de pousser les préparatifs avec toute la vigueur possible, et de se tenir en mesure de profiter de la première occasion pour l’exécuter. — Au système qui vient d’être exposé, il faut joindre quelques règles générales qui ont été prises pour base dans tous les arrêtés du comité de salut public sur les opérations militaires. — Ces règles générales sont d’agir toujours en masse et offensivement ; d’entretenir une discipline sévère et non minutieuse dans les armées ; de tenir toujours les troupes en haleine sans les excéder ; de ne laisser dans les places que ce qui est absolument indispensable pour leur garde ; de faire de fréquentes mutations dans les garnisons et les résidences des états-majors et commandants temporaires pour rompre les trames qui ne manquent pas de se nouer par un trop long séjour dans le même lieu, et d’où procèdent les trahisons qui livrent les défenseurs à l’ennemi ; d’apporter la plus grande vigilance ; d’obliger les officiers-généraux à les visiter eux-mêmes très-fréquemment ; d’engager en toutes occasions le combat à la baïonnette et de poursuivre constamment l’ennemi jusqu’à sa destruction complète. — Il est évident que nous ne pouvons terminer la guerre [étrangère. Ndla] dans cette campagne sans de grandes batailles car, quand par des opérations partielles nous serions venus à bout de détruire la moitié de l’armée ennemie, il lui resterait encore les moyens de nous attaquer de nouveau l’année prochaine, et de prolonger ainsi l’état violent où nous sommes. Il faut donc une campagne des plus offensives, des plus vigoureuses et c’est ce qui a été recommandé, à tous les généraux et surtout à celui de l’armée du Nord, qui doit porter les coups les plus décisifs. » (Savary, tome III, p. 125)
Commentaire :
1) Le Comité (Carnot) dictait la conduite pour mener une guerre, en Vendée comme ailleurs… et ses mesures étaient parfaitement légitimes. A l’Ouest, le souci était de terminer la guerre au plus vite et de mettre les côtes en état de défense contre un coup des Anglais. Il n’est ni question de massacrer tous azimuts ni de réprimer ce genre d’atrocités, car le Comité (qui, le 27 juillet 1793, avait fait décréter la peine de mort pour les soldats pillards et violeurs) n’imaginait pas alors qu’elles puissent être commises, surtout dans les proportions qu’elles prirent sous le commandement de Turreau. Malgré les rumeurs, longtemps il ne sut qui croire sur ce sujet, craignant toujours d’être trompé par les uns ou les autres. Et Turreau n'était pas le dernier à le tromper ! Ses lettres (voir Savary) abordent les choses d'un point de vue strictement militaire, donnent à penser que ses troupes traquent (avec plus ou moins de succès) les rebelles au sens propre... mais jamais il ne signale les horreurs auxquelles elles se livrent. En le lisant, le Comité, qui n'approuve pas sa tactique, pense néanmoins qu'il conduit une guerre alors que nous savons qu'il massacrait tous azimuts.
31 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :
« [...] Croyez que si l’on retirait les forces qui me sont nécessaires pour exécuter le plan que J'AI CONÇU, cette guerre renaîtrait au printemps et le projet des chefs était bien d’employer l’hiver à se reposer. [...] Gardez-vous surtout, citoyens Représentants, de croire que je puisse chercher à prolonger le pouvoir dont vous m’avez investi. L’intérêt public est mon unique but et si tout autre que moi peut être plus utile au poste que j’occupe, je renoncerai sans peine à un grade que je n’ai point demandé et dont je n’ai jamais plus senti les désagréments qu’aujourd’hui. L’éloignement des Représentants en est une des principales causes. J’ai été contraint, dans une opération aussi importante, de tout prendre sur ma responsabilité ; je n’ai pas même eu l’avantage de recevoir votre approbation et je compromettrais la réussite de MON PROJET si j’attendais pour agir que je l’eusse obtenue... Cruelle alternative !... mais qu’importe J’AI FAIT CE QUE J’AI CRU DEVOIR FAIRE ; ma conscience n’a rien à se reprocher et je ne doute point que vous ne rendiez justice à la pureté de mes intentions. […] » (Savary, tome III, p. 111)
6 février 1794. — Lettre du Comité de salut public au général en chef Turreau, en réponse à la lettre ci-dessus :
« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité ont dû t’être transmises par le ministre de la Guerre. Nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. Nous te prescrivons SURTOUT de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes-en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soit entièrement consommée. ENCORE UNE FOIS, recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté (document suivant) propre à seconder tes vues. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 151 ; Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 141)
Commentaires :
1) Cette lettre était la deuxième et la dernière lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef. Quand il lui écrivit de nouveau (je n’ai pas cette lettre, mais peut-être ne lui écrivit-il pas directement, peut-être Turreau n'a-t-il reçu qu'une copie de l'arrêté dont il est question), ce fut pour lui apprendre sa suspension arrêtée le 13 mai et sa nouvelle affectation, près la garnison de Belle-Isle, arrêtée le 20 mai. Ce long silence est étrange, je me l’explique difficilement, mais une chose est sûre : le Comité n’avait pas approuvé la conduite de Turreau, il ne l’a jamais félicité, il a blâmé sa tactique publiquement (12 février) et confidentiellement (13 février), il est longtemps resté dubitatif à son sujet, puis il l’a suspendu. Comme marque enthousiaste d’approbation, on fait mieux !
2) A cette date, le plan de Turreau devait, d’après Turreau lui-même, avoir achevé la guerre (« Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) » Lettre du 19 janvier.), mais il n’avait fait que la rallumer partout, ce à quoi le Comité ne semblait pas s’attendre, puisqu’il prenait des mesures pour un pays « pacifié ».
3) Le Comité écrivit à Turreau ce jour précis pour lui transmettre l’arrêté qu’il venait de prendre concernant le désarmement, qui était une des dispositions du plan de Turreau. Il s’agissait donc de le seconder sur ce point-là, d’où l’expression « propre à seconder tes vues ». D’où aussi le mot « surtout ». « Nous te prescrivons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu… » ou « Encore une fois, recueille toutes les armes… » Ainsi, quoi que le Comité ait dit dans cette lettre, c’est sur ce point qu’il voulait que Turreau fixe son attention.
4) « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. » — Cette phrase, par laquelle commence la lettre, nous apprend que le Comité écrivait peu à Turreau. Comme je l’ai dit, il ne lui écrivit que deux fois, le 13 janvier et ce jour, 6 février. Et le Comité dit qu’il n’a jamais approuvé formellement SES mesures, les mesures de Turreau. En fait, il ne les a jamais approuvées tout court, ni officiellement, ni autrement. Pas plus ici qu’ailleurs ! C’est ce dont se plaint précisément Turreau dans sa dernière lettre.
5) « Elles [tes mesures] lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. » — Le Comité qui n’a alors aucune idée de la situation sur le terrain et des effets de la tactique de Turreau, lui dit que ses mesures (sur le papier) lui PARAISSENT bonnes et pures. Il ne dit pas qu’elles le sont, mais qu’elles lui semblent… (Le terme « pures » est sans doute utilisé en réponse à Turreau qui, dans sa lettre précédente, du 31 janvier, avait protesté de la « pureté de mes intentions » (expression qu’il utilisera à nouveau le 14 février dans une lettre au ministre de la Guerre).) Et il le dit lui-même : il est « éloigné du théâtre des opérations », il ne sait pas ce qu’il se passe réellement, et comme il a été trompé maintes fois, ainsi que la Convention, il attend la réalisation des grands résultats annoncés pour se prononcer. En un mot, il attend de voir… Voilà ce que certains présentent comme une approbation des plans de Turreau ! Voilà la lettre par laquelle certains font même du Comité l’auteur des plans mis en œuvre par Turreau ! Et sans doute qu’à force de répéter que cette lettre le prouve, beaucoup, bien conditionnés, bien suggestionnés, ne croient pas ce qu’ils lisent mais lisent ce qu’ils croient.
6) « Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. » — Ici, je renvoie au commentaire 2 sur la lettre du 13 janvier. J’ajoute que cette expression, de circonstance (c’est la guerre, une guerre à mort), offre encore un moyen à certains d’user et d’abuser du procédé que je viens de signaler. Ils font mine de croire le terme « brigands » désigne, non pas les rebelles armés, mais « tout habitant », et, par conséquent, affirme que le Comité voulait exterminer toute la population… Mais la population de quelle région, de quelle zone exactement ? Jamais cela n’est précisé pour la simple raison que cela n’a jamais été l’idée, qu’aucun document n’en porte le début d’une trace. L’idée était d’écraser les rebelles où qu’ils soient et d’où qu’ils soient. C’était une guerre, une guerre civile, qui a donné lieu à des abus et à des atrocités que nul ne nie, mais ce n’était pas un « génocide », concept qui n’a aucun sens dans le cas présent, mais terme employé à dessein selon le fameux procédé de la « reductio ad hitlerum ».
7) Reynald Secher introduit cette lettre comme suit : « Le Comité de salut public aurait pu se rétracter et opter pour le plan du général Kléber [voir le 2e commentaire sur la lettre du 13 janvier.] qui avançait des mesures d’apaisement « pour se concilier les Vendéens, hommes bons et généreux ». Non seulement il ne le fait pas, mais il donne son aval à Turreau, le 6 février, par l’intermédiaire de Lazare Carnot, membre du Comité de salut public surnommé par le général Danican « le monstre », « le terreur des malheureux Français ». — Chacun jugera…. J'ajoute que c'est à Turreau et non au Comité que Kléber avait envoyé son plan et ses réflexions, conformément à la voie hiérarchique.
6 février 1794. Arrêté du Comité de salut public (Carnot).
« Le Comité de salut public délibérant sur la situation actuelle de la Vendée, arrête : 1° Il sera proposé à la Convention nationale de décréter [ce qu’elle fit le 10 février] que TOUS LES CITOYENS des pays qui ont participé à la révolte de la Vendée et qui ne font point partie des troupes soldées, seront tenus de déposer sous vingt-quatre heures leurs armes à feu, de quelque espèce qu’elles soient, entre les mains des agents nationaux, et ceux-ci entre celles de l’autorité militaire dans l’espace d’une décade. Les citoyens ou agents nationaux réfractaires à cette loi seront punis de mort par une Commission militaire. – 2° Chaque bataillon conservera une seule pièce de canon. On fera placer toutes les autres dans les places fortes. Il sera conservé seulement un quart au plus de l’artillerie légère et de celle de position ; un autre quart sera envoyé sur les derrières de l’armée dans les places fortes, et tout le reste sera envoyé sans délai à l’armée des Pyrénées occidentales. – 3° Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu’à leur entière destruction. Les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie. Les subsistances seront saisies partout et envoyées aux armées et dans les places fortes. Il en sera de même des bestiaux et des chevaux propres au service des troupes et de tout ce qui peut être utile à leur entretien. – 4° Il sera proposé à la Convention nationale de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel [?], par un autre représentant ; Prieur (de la Marne) sera chargé de le remplacer. Le rapport sur la conduite de Westermann sera fait dans le plus court délai. » (In extenso) (Aulard, tome X, p. 724)
Commentaires :
1) L’article 1er de cet arrêté, qui menaçait de mort quiconque (autre que les soldats) ne déposerait pas les armes dans les 24 heures, était-il une façon indirecte de proposer une « amnistie » à tous les citoyens qui avaient porté les armes, de quelque camp qu’ils soient ? Cela avait déjà été proposé le 19 mars 1793 et allait l’être encore le 2 décembre 1794.
2) L’envoi d’une partie de l’artillerie de l’armée de l’Ouest à l’armée des Pyrénées occidentales s’inscrit dans l’obsession du Comité d’employer ailleurs les ressources mobilisées en Vendée. Le 12 avril, il renvoyait à l’armée des Pyrénées occidentales le détachement de 10.000 hommes envoyés en novembre en Vendée. Le 31 mai, considérant la guerre comme à peu près terminée, il envisagea de retirer 25.000 hommes pour les envoyer sur le Rhin, soit un quart de l’effectif (près de la moitié de l’effectif actif), avant de réduire ce retrait à 15.000 hommes (2 juillet).
3) Une rumeur, démentie le 13 février par les représentants Turreau et Francastel (Aulard, XI, p. 126), accusait Westermann d’avoir distribué 30.000 fusils pris aux brigands.
4) Il y avait un monde entre ce que voulait le Comité et ce qui se faisait ou était possible sur le terrain. C’est néanmoins par ses arrêtés, que l’on peut et que l’on doit juger les intentions du Comité en général et de Carnot en particulier, Carnot qui fut le principal décisionnaire dans les affaires de Vendée et le principal interlocuteur des représentants en mission à l’Ouest.
5) Le même jour, Carrier, le bourreau de Nantes, dénoncé à Robespierre par l’agent du Comité Marc-Antoine Jullien, était donc rappelé. Alors je pose la question : Est-il possible que le Comité ait eu en horreur les crimes de Carrier et ait applaudi à ceux de Turreau ?
9 février 1794. Le général en chef Turreau répond à la dernière du CSP :
« [...] Le désarmement s’exécute, les subsistances abondent dans nos magasins ; et, sans la négligence des employés, les intentions du Comité de Salut Public eussent été bien mieux secondées. — J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. Rien ne pourra jamais altérer mon attachement à la cause sacrée que j’ai résolu de défendre jusqu’à la mort. [...] » (Savary, tome III, p. 167)
Commentaires :
1) Reynald Secher commente ainsi : « Turreau, comme il l’écrit, a douté et a eu peur. Il a cru pendant quelques jours que la Convention et le Comité de salut public avaient changé d’avis et donc de plan d’où sa joie manifeste lorsqu’il répond au Comité : « J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. » Turreau n’est pas, contrairement à ce qu’affirment les négationnistes, un élément autonome qui aurait agi de son seul fait, mais un exécutant zélé du Comité de salut public. » — Le le document cité est bien authentique, mais M. Secher n’en est pas moins un affabulateur qui croit en imposer en traitant ses détracteurs de négationnistes comme d’autres abusent de l’épithète « fasciste ». Ce n’est pas parce que Turreau prétend que la lettre du Comité était une approbation, qu’elle en était une. Je vous ai mis cette lettre sous les yeux… Le Comité ne donnait pas d’approbation (il ne l’avait pas fait avant et ne le fit pas davantage après) ; il annonçait rester dans l’expectative. En outre, il est très culotté de citer cette phrase de Turreau et d’en conclure qu’il n’était que l’exécutant du Comité, alors même que Turreau disait encore ici comme partout ailleurs « les mesures que J’AI prises ». Enfin, M. Secher se garde bien de signaler les deux documents suivants (ci-après).
2) Turreau était suffisant, arrogant, pathétique, menteur, barbare et incapable. Il minimisait ses échecs, transformait en victoires sur les rebelles d’abominables massacres de civils, rejetait ses torts sur ses subordonnés, calomniait et cassait les officiers qui le contrariaient, protestait enfin de ses bonnes intentions. Il fallut du temps au Comité pour en revenir. 200 ans plus tard, certains donneurs de leçons sont toujours ses dupes !
3) Un document qui pourrait apporter de l’eau au moulin de M. Secher. Le 14 février, Turreau écrivit au Ministre de la Guerre : « Et l’on disait qu’il n’y avait plus de brigands,…et depuis que je suis entré dans la Vendée, en voila plus de douze mille qui sont exterminés,... et je ne cesse de faire brûler partout et de tuer ces coquins,... et l’on dit que je cherche à prolonger cette guerre et qu’il n’y a que Marceau ou Westermann qui puisse la finir !..... — Je braverai la malveillance, citoyen ministre, quand j’aurai ta confiance et que je serai sûr de n’avoir pas démérité auprès de toi et du Comité de Salut Public. — Tu sais que, SANS AUTORISATION j’ai pris les mesures les plus rigoureuses pour terminer cette guerre affreuse. Le Comité de salut public a bien voulu depuis y donner sa sanction ; mais j’étais tranquille, je me reposais, qu’il me soit permis de le dire, sur la pureté de mes intentions. » (Savary, tome III, p. 199) — Turreau avouait donc lui-même, une fois de plus, que son plan était le sien, qu’il l’avait mis de lui-même à exécution. Quant à l’approbation du Comité….
Le 12 février, au nom du Comité, Barère déclare à la Convention :
« [Le Comité] se reposait surtout, pour les mesures de l’intérieur de la Vendée, sur l’esprit et les termes des décrets qui ordonnent de détruire et d’incendier les repaires des brigands et non pas les fermes et les demeures des bons citoyens. — Il espérait surtout que l’armée de l’Ouest, fidèle aux maximes et aux ordres du gouvernement national, ne disséminerait jamais ses forces, et s’occuperait bien plus de détruire le noyau des rebelles et les rassemblements des brigands qui pouvaient se former de nouveau, que de sacrifier les habitations isolées, les fermes utiles et les villages fidèles ou non dangereux. — Cependant, lorsque le comité, après quelques jours de silence [lettre du Comité à Turreau du 6 février, ci-dessus], a voulu vérifier les faits, et connaître quelle était la véritable exécution donnée à ses arrêtés, quel a été son étonnement de voir des forces morcelées dans la Vendée, des troupes républicaines disséminées sur les divers points de la Vendée [lettre du 11 février aux représentants Bourbotte et Turreau] ; des rassemblements de brigands se reformer, s’organiser et relever une tête insolente ; et la troupe royaliste, éparse et fugitive naguère sous les ordres de La Rochejacquelein, de Stofflet et de Charette, s’ameuter et se grossir de tous les mécontents que la barbare et exagérée exécution des décrets avait formés de nouveau dans un pays qu’il ne fallait plus que désarmer, garnisonner de cavalerie, repeupler d’habitants fidèles, et administrer avec le bras nerveux d’une administration militaire et révolutionnaire ! » (Archives Parlementaires, tome 84, p. 646)
Commentaires :
1) Le Comité qui n’avait pas approuvé le plan de Turreau le blâmait ici ouvertement. Il disait clairement que Turreau avait donné aux décrets un tour barbare et exagéré (qu’ils n’avaient donc pas), qu’il était allé bien au-delà de ce que la Convention et le Comité attendaient d’un général en chef de l’armée de l’Ouest. Encore ne savait-il pas tout des atrocités qui étaient alors perpétrées…
2) Pour une raison qui m’échappe, le Comité prit ce jour la décision de ne plus entretenir la Convention des affaires de la Vendée, comme si elles étaient réglées et que la guerre étrangère devait seule retenir l’attention. Il ne prit pas davantage la décision de suspendre immédiatement Turreau, sans doute parce que, informé par Turreau lui-même, ou plutôt désinformé par lui, il ne mesurait pas l’étendue du désastre en cours. Peut-être faut-il ajouter à cela que l’heure était à la lutte des factions et que (supposition) la destitution de Turreau aurait alors fait prêter au Comité le flanc aux hébertistes.
13 février 1794. Lettre du Comité de salut public au général de division Dembarrere :
« C’est par les mauvaises dispositions des généraux qui commandent les forces de la république dans la Vendée et dans les départements environnants que les débris de l’armée de Charette relèvent une tête insolente, et qui menace les villes de la Vendée et de Maine-et-Loire. Les brigands ont fait des attaques contre de petites colonnes ; on a trop disséminé nos troupes, on a trop divisé les cantonnements. Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes, encore même ils les divisaient en de plus petites parties. Le moyen de ne pas rehausser le courage des brigands avec de pareilles mesures !… — C’est sur toi, général, que le comité repose l’espérance que tu iras sur-le-champ, dès la lettre reçue, à Nantes te concerter avec le général en chef Turreau, voir l’état de toutes les forces, combiner un grand plan ferme et exécutable subitement. Il faut rassembler les forces, réunir les moyens, tuer les brigands au lieu de brûler des fermes, faire punir les fuyards et les lâches, et écraser totalement cette horrible Vendée. — La politique de nos ennemis du dehors et du dedans est d’éterniser la Vendée, d’occuper dans l’intérieur nos forces utiles, de faire diversion à nos travaux maritimes et de tourmenter l’opinion publique. Eh bien, c’est à toi que le comité confie le soin de combiner avec le général Turreau les moyens les plus assurés de tout exterminer dans cette race de brigands. Est-il possible que, lorsque nous battons les diverses troupes de l’Europe, nous nous voyons sans cesse tourmentés par des brigands et des rebelles sans moyens ? Lis, et pars sur-le-champ. La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. — Signé : Barère, Jean-Bon Saint-André, Collot-d’Herbois, Billaud-Varenne. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 194)
Commentaires :
1) « Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes… » « Il faut rassembler les forces, réunir les moyens… » On retrouve ici la critique du plan de Turreau qui avait divisé ses forces (ce qui, au passage, favorisait le système d’exactions) alors que le Comité voulait que l’armée opère en masse. Cette critique maintes fois réitérée prouve à elle seule que le plan mis à exécution par Turreau n’était pas celui du Comité qui jamais non plus ne l’approuva.
2) « écraser totalement cette horrible Vendée ». Il est facile de voir et surtout de transformer ce genre d’expression en proclamation génocidaire. Mais l’expression « Vendée » ne désigne ici ni le département de la Vendée ni ses habitants ; c’était le nom donné à l’insurrection au sud de la Loire et à ce type s’insurrection populaire contre-révolutionnaire. « Écraser la Vendée » signifiait « écraser l’insurrection, les insurgés, les rebelles, les brigands » au sud de la Loire, et non massacrer tout le monde indistinctement, comme le firent trop souvent, malheureusement, les colonnes infernales. (La chouannerie, au nord de la Loire, en Mayenne, était une autre Vendée, et c’est la naissance plus tardive des « Chouans » qui amena à utiliser le terme « Vendéens » pour désigner et distinguer les rebelles du sud de la Loire.)
3) « tout exterminer dans cette race de brigands » Ici encore, cette expression vague est plus une marque exaspération contre « les brigands », qui déchirent le sein de la patrie et mobilisent des forces utiles ailleurs, que le révélateur d’un projet génocidaire.
4) « La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. » Le Comité voulait en finir le plus vite possible avec la Vendée, que la situation s’apaise le plus vite possible à l’Ouest, pour ne plus avoir à distraire (contre des Français) des moyens militaires précieux pour la défense des frontières. Pour terminer, la Vendée, le Comité ne voyait qu’un moyen : tendre toutes les forces contre les chefs, les enragés, les jusqu’au-boutistes, qui n’étaient qu’une poignée avant que Turreau ne lance ses opérations, et rendre ainsi possible de restaurer le calme et l’ordre. Mais une poignée d’individus suffit à créer un climat d’insécurité et à provoquer l’état d’urgence. Alors quand des atrocités jettent des milliers de citoyens dans l’insurrection, quand la vengeance répond à la barbarie, un cercle infernal s’ouvre et c’est la guerre civile… Le moyen d’y mettre un terme ?
13 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :
« [...] Vous recevrez sous peu, citoyens représentants, un journal de mes opérations depuis que j’ai pénétré dans la Vendée avec douze colonnes agissantes. Vous y verrez les raisons qui m’ont obligé de changer MON PLAN et de réduire le nombre de mes colonnes pour les rendre plus fortes, parce que l’ennemi devenait plus fort lui-même ; vous y verrez que, même en changeant mon plan primitif, la marche n’a pas été moins militaire et révolutionnaire ; vous y verrez, non pas des victoires éclatantes, mais des succès réels et quelques légers échecs. Je vous y dirai enfin toute la vérité, je ne n’en suis jamais écarté. [...] » (Savary, tome III, p. 191)
15 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :
« [...] Je suis toujours MON PLAN, qui est d’avoir deux colonnes agissantes, poursuivant l’ennemi sans relâche, et de forts postes d’observation qui le retiennent dans un cercle étroit. [...] » (Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 151, 19 février 1794 ; ne figure pas dans Savary.)
28 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :
« [...] On peut avoir une mauvaise idée de mes talents militaires ; sans doute, en servant la chose publique, je suis désespéré de la faiblesse de mes moyens ; mais il est affreux pour moi de voir suspecter mon zèle et mes opinions. Environné d’ennemis, de traîtres, d’envieux, d’intrigants, abandonné par les représentants du peuple, alors près de l’armée de l’Ouest, J’OSAI CONCEVOIR UN PROJET HARDI, J’OSAI PRENDRE SUR MOI des mesures révolutionnaires que l’intérêt public nécessitait. [...] » (Savary, tome III, p. 239)
22 mars 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :
« [...] Je n’en finirais pas, citoyen ministre, si je te faisais part de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, des entraves que l’on a mises de toutes parts à l’exécution de MON PLAN, du peu de subordination de la plupart des officiers généraux, accoutumés dans cette armée à délibérer sur les ordres et à agir isolément. J’espère que les représentants du peuple près cette armée m’en feront raison en en destituant quelques-uns, mais il m’en reste fort peu. [...] » (Savary, tome III, p. 307)
SUPPLÉMENT
Je n’ai pas présenté ici tous les documents qui démentent les intentions et le caractère génocidaires de cette guerre. S’il est vrai que certains massacres commis par les colonnes de Turreau peuvent, en braquant le projecteur sur eux, donner lieu à cette accusation, celle-ci ne tient plus dès lors que l’on prend de la hauteur, que l’on a une vue d’ensemble et que l’on connaît les arrêtés du Comité de salut public et des représentants en mission. Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agissait d’une guerre qui pouvait s’avérer extrêmement périlleuse pour la République, laquelle devait donc la gagner coûte que coûte et le plus vite possible… mais que, pour autant, les autorités républicaines n’ordonnèrent jamais un massacre général, d’une part parce qu’il n’y avait ni territoire ni population définis, que cela n’avait donc aucun sens, d’autre part parce les républicains ne sont pas les sanguinaires pour lesquels certains voudraient les faire passer … au contraire, elles essayèrent autant que possible d’éloigner du théâtre de la guerre les populations inoffensives, soit pour qu’elles ne soient pas victimes des rebelles, soit pour qu’elles ne leur viennent pas en aide ou leur servent de bouclier. Le 26 juillet 1793, le Comité de salut public avait ainsi arrêté l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards, sans omettre d’assurer leur subsistance et leur sûreté « avec tous les égards dus à l’humanité ». Cette mesure et les autres contenues dans cet arrêté ne concernaient pas un territoire donné ; il était sous-entendu qu’elles seraient exécutées par l’armée au fur et à mesure de son avance. Cet arrêté fut décrété le 1er août. Mais la victoire de Cholet le 16 et 17 octobre (qui fit croire un moment que cette guerre était finie), suivie par le passage de la Loire par le gros des rebelles, rendirent caduc les dispositions de ce décret. Les républicains locaux qui avaient d’eux-mêmes évacué revinrent. Mais les exactions des colonnes infernales rallumèrent la guerre et, cette fois, les représentants en mission (Garrau, Hentz et Francastel) ordonnèrent l’évacuation des habitants, le 20 février 1794. Le 19 mars, le Comité en prenait acte en ordonnant d’empêcher ces réfugiés d’approcher à moins de 20 lieues de Paris (tome XII, p. 53). Le 27 mars, le Comité arrêtait encore : « Lorsqu’il se fait par vos ordres, citoyens collègues, des émigrations de citoyens de la Vendée, vous devez dans votre sagesse aviser aux moyens de leur assurer, dans les départements où ils passent et où ils arrivent, des moyens de subsistance, et ces moyens, les extraire des départements d’où ils sortent. » (In extenso) (Aulard, tome XII, p. 226) On pourrait multiplier ainsi les documents attestant de manière directe ou indirecte la volonté du Comité de salut public de faire la part des choses, de distinguer les rebelles (les hommes armés) du reste de la population et de ménager autant que possible ce dernier. (Voir L'imposture du génocide vendéen.) Je ne citerai ici qu'un document :
23 juillet 1794. Le Comité de salut public (Carnot) aux représentants près l’armée de l’Ouest, Bo et Ingrand, à Niort :
« Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la Commission militaire séante à l’Île de la Montagne, par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs, fauteurs et instigateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous, au contraire, chers collègues, de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle, et que les scélérats qui ont déchiré les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. Mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours, et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». (Aulard, tome XV, p. 379 ; Archives nationales, carton AF II 269)
Commentaires
1) Les phrases importantes à retenir sont les suivantes : « Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, […] et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. […] nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. » — Il est question ici du sort des prisonniers. Quiconque sait lire et comprend le français, comprend que le Comité demande que les femmes, les enfants, les vieillards et les individus entraînés dans la révolte par la violence ne subissent pas le même sort, c’est-à-dire la mort, que les responsables de la rébellion et les irréductibles ; qu’ils ne soient pas exécutés mais traités de manière juste et humaine. Ceci confirme tout ce que j’ai dit plus haut. Et c’est bien ainsi que les représentants Ingrand et Bo comprirent eux aussi cette lettre, puisque, le 5 août, Ingrand, de Niort, répondit au Comité : « Comme votre lettre [du 23 juillet] prescrit de distinguer l’homme faible et trompé du véritable brigand, nous avons suivi votre vœu dans notre arrêté [du 30 juillet] » (Aulard, tome XV, p. 686) Limpide !
2) J’ai cité ce document parce que M. Secher le cite aussi à l’appui de sa thèse (« Vendée, du génocide au mémoricide », p. 125), en tronquant, comme par hasard, la dernière phrase des derniers mots « objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». Et il introduit cette lettre comme suit : « Lorsque le Comité de salut public, par l’intermédiaire de Carnot, soulève enfin le problème des femmes, des enfants et des vieillards, le 5 thermidor an II (23 juillet 1794), soit cinq jours avant la chute de Robespierre, leur sort [la mort] est confirmé ». (« La mort » n’est pas dans sa phrase, mais c’est ce que le lecteur comprend d’après la phrase précédente.) Après une telle introduction, le lecteur n’arrive plus à lire le texte qu’il a sous les yeux et ne se rend plus compte que la lettre du Comité dit tout autre chose. Je le sais, je m’y suis laissé prendre aussi. Mais, sachant que cette politique suggérée par M. Secher n’était pas celle du Comité, et ne m’expliquant pas ce revirement, j’ai relu cette lettre avec attention. Alors tout s’est éclairé : les intentions du Comité n’avaient pas varié ; les manipulations de M. Secher non plus.
3) Enfin, pour faire le lien avec le sujet général, nous voyons que la politique du Comité de salut public n’était pas de massacrer à tour de bras, mais au contraire de cibler les véritables rebelles. Et le Comité pouvait croire que, bien que durs, et en effet dans l’esprit du décret du 1er août, les ordres de Turreau visaient aussi et seulement à ce but. Voici ces ordres, datés du 17 janvier (Saumur) :
« [La première partie fixe la zone d’opération de chacune des six colonnes qui seront subdivisées en deux.] On emploiera tous les moyens de découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de là baïonnette ; les villages métairies, bois, landes, genêts, et généralement tout ce qui peut être brûlé seront livrés aux flammes. — Pour faciliter cette opération, on fera précéder chaque colonne par 40 ou 50 pionniers ou travailleurs qui feront les abattis nécessaires dans les bois ou forêts, pour propager l’incendie. — Aucun village ou métairie ne pourra être brûlé qu’on n’en ait auparavant enlevé tous les grains battus ou en gerbes, et généralement tons les objets de subsistance ; et supposant que l’enlèvement de ces objets éprouvât quelque retard, et empêchât qu’on ne brûlât sur-le-champ les villages et métairies qu’on doit incendier, les colonnes les épargneront pour ne pas différer leur marche ; mais quelque chose qui arrive, les chefs de chaque colonne ne pourront se dispenser d’être rendus le 27 janvier au dernier lieu qui leur est indiqué. — Seront exceptés de l’incendie général les communes et bourgs ci-après indiqués : Clisson, Saint-Florent, Montaigu, La Chataigneraie, Sainte-Hermine, Machecoul, Chalonnes, Chantonnay, Saint-Vincent, Cholet, Bressuire, Argenton-le-Peuple, Fontenay-le-Peuple.» (Savary, tome III, p. 42)
Le 19 janvier, le général Cordellier (colonne n° 5) fit délivrer à chacun de ses chefs de corps l’instruction suivante : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l’ait préalablement ordonnée. — Tous les villages, métairies, bois, genets, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l’on aura distrait des lieux qui en sont susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l’aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l’incendie. — Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n’auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d’aller sur les derrières de l’armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l’incendie. Toute espèce d’armes leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l’endroit qui sera indiqué par le général. » (Savary, tome III, p. 56)
Les ordres de Turreau étaient nécessairement terribles, guerre oblige !, et il était normal qu’ils soient étendus, revêtant ainsi les généraux subalternes de pouvoirs immenses, car ces derniers allaient être livrés à eux-mêmes et devaient pouvoir faire face à toutes les situations. (C’est pour la même raison que les représentants en mission étaient revêtus de « pouvoirs illimités ».) Mais on voit, d’après leur répercussion par Cordellier, qu’ils ordonnaient de faire des distinctions dans la population, ce qui fut fait en effet, mais ni partout ni tout le temps. Autrement dit, ces ordres ne présumaient pas la manière dont ils seraient exécutés. Aussi, quand le Comité répondit à Turreau le 6 janvier qu’il attendait de voir ce qu’il allait faire réellement, il pouvait à bon droit croire que, quoique excessifs sur le papier, l’armée appliquerait ces ordres avec discernement, et même craindre qu’elle soit trop en deçà, tant il était habitué aux généraux qui brassaient du vent. Les mêmes ordres exécutés par d’autres généraux, sous un autre commandant en chef, auraient pu l’être de manière très différente, mieux ciblée et moins barbare, comme le souhaitait le Comité (rapport de Barère du 12 février, par exemple), comme le firent d’ailleurs certains généraux (car l’histoire n’a évidemment retenu que les pires). Enfin, disons une dernière fois que le Comité est resté longtemps (et peut-être même toujours) dans l’ignorance de ce qu’il se passait réellement sur le terrain. Nous en savons aujourd’hui plus que lui… On ne peut le juger d’après des informations qu’il n’avait pas, pour des intentions qu’il n’a jamais eues et des ordres qu’il n’a jamais donnés, contrairement aux affirmations de certains.
CONCLUSION :
En 1795, le général Turreau a affirmé qu’il n’avait été que l’instrument passif du Comité. Mais entre ce qu’il a déclaré à une époque où il était convenu que le Comité de salut public et Robespierre en particulier avaient été responsables de tout, et les lettres de Turreau au Comité de salut public, à l’époque des faits, dans lesquelles il revendique hautement la paternité des colonnes « infernales », que croire ? Pour ma part, la réponse est évidente.
Pour moi, la vraie question est la suivante : Pourquoi le Comité, qui n’approuvait pas la tactique de Turreau de diviser les forces, et en a blâmé les résultats sans même connaître l’étendue du drame en cours, ne l’a-t-il pas destitué plus tôt, ou fait condamner pour crimes contre l’humanité (je sais, la notion n’existait pas encore), comme le fut plus tard Carrier ? (Le cas Carrier, rappelé mais non inquiété, soulève la même question.) La réponse est sans doute dans le fait que la situation était alors dramatique et compliquée à tous les niveaux (économique, politique, social, etc.). Le Comité dirigeait la France, une France en guerre contre toute l’Europe, il n’avait pas que la Vendée sur les bras (dont il méconnaissait la réalité) et il était dans un jeu de bascule permanent où le moindre faux pas était la mort assurée.
Retrouvez tous ces documents et des milliers d’autres dans mon ouvrage : « La Guerre de l’Ouest dite de Vendée ».
22:33 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
mercredi, 12 novembre 2014
L'IMPOSTURE DU GENOCIDE VENDEEN (vidéo)
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La guerre dite de Vendée (1793-1795) fut un fratricide. Mais, malgré les horreurs inhérentes à toute guerre civile, jamais la Convention (incarnation de la République) ne perdit son sang froid et n'ordonna l'extermination de la population des régions de l'Ouest. Philippe Landeux — qui vient de sortir un imposant recueil de documents sur la Guerre de l’Ouest — présente une cinquantaine de documents qui démentent formellement toute intention génocidaire de sa part et prouvent, a contrario, que la thèse d'un génocide "vendéen" est une foutaise.
Uniquement sur commande sur TheBookEdition
Philippe Landeux
Savoirs
Culture générale
14,8x21cm (Exlibris)
Noir & Blanc
866
114704
979-10-90965-07-2
31 € + frais de port
Retrouvez ICI les textes de L'imposture du génocide vendéen
RÉPONSE À MES DÉTRACTEURS
Je ne vais pas répondre en détail à toutes les inepties que je lis ici ou là de la part de gens qui parfois n’ont manifestement pas regardé la vidéo, qui croient tout savoir parce qu’ils ont gobé le baratin de Reynald Secher et qui exhibent toujours les mêmes documents sans même comprendre qu’ils ne prouvent rien en la matière ou qui, parfois même, prouvent le contraire. Le livre que je viens de sortir « La Guerre de l’Ouest dite de Vendée » contient peut-être un millier de documents, dont tous les arrêtés du Comité et tous les décrets de la Convention. Qui dit mieux ? Dans cette vidéo, je présente une cinquantaine de documents que, pour la plupart, vous ne trouverez évidemment pas chez Secher et qui permettent de relever toutes ses impostures. Ces documents sont de premier ordre (décrets, arrêtés) ; c’est sur des documents de cette nature, mais isolés, tronqués, interprétés, que la thèse du génocide s’appuie. Pourquoi écouter ce que Secher fait dire aux uns, et écarter les documents qui, sans interprétation, disent clairement autre chose ?
Je m’adresse aux gens qui ont des yeux et des oreilles qui ne leur servent pas seulement d’ornement.
Je dis qu’accuser la République révolutionnaire d’avoir ordonné un génocide sur une partie de la population française est particulièrement grave et orienté pour que le sujet soit traité sérieusement, en commençant par définir ce que l’on entend par génocide, ce que, dans le cas présent, je traduis personnellement comme l’extermination ou la volonté d’exterminer la population d’un territoire donné, c’est-à-dire tous les gens qui habitaient là dès avant le début du conflit.
Je dis que les chiffres mêmes de Reynald Secher (117.000 victimes sur une population de 815.000 habitants), qui sont sans doute contestables, mais que j’accepte car il est de toute façon impossible d’établir un bilan exact, disent que, malgré tous les moyens déployés, il n’y a pas eu concrètement de génocide, ce qui est inexplicable si l’on écarte ce qui suit.
Je dis que, puisqu’il n’y a pas eu concrètement de génocide, aussi affreux qu’ait été ce conflit, la République ne peut être accusée d’en avoir commis un que s’il est établi qu’elle a eu l’intention de le commettre.
Je dis que la République était incarnée par la Convention, le Comité de salut public et les représentants en mission pris en masse ou dont les actes ont été validés par la Convention ou le Comité.
Je dis que la République se serait bien passée de cette guerre mais qu’elle n’a pas eu le choix de la faire et qu’elle était en droit de réponde à la guerre par la guerre.
Je dis que l’on ne peut pas faire une guerre sans prendre de mesures militaires, sans ordonner des mouvements de troupes, sans indiquer les cibles, sans provoquer des destructions, et que, sous ce rapport, les mesures adoptées par la Convention et le Comité, visant à gagner la guerre le plus vite possible, à empêcher les exactions et à limiter autant que faire se pourrait les pertes humaines, étaient parfaitement légitimes.
Je dis que la Convention et le Comité, donc la République, ne sont comptables que de leurs intentions, responsables que des ordres qu’ils ont donnés, et pas de l’ensemble des faits qui leur échappaient en partie.
Je dis que des atrocités ne constituent pas en elles-mêmes un génocide.
Je dis qu’il n’y a pas de guerre sans atrocités, mais que ces atrocités commises sur le terrain, quoique sans ordre, voire réprouvées par la Convention, ne permettent pas de contester à la République le droit d’avoir répondu à la guerre par la guerre.
Je dis que tuer l’ennemi est le propre de la guerre ; qu’exterminer des ennemis déclarés et acharnés est le but de toute guerre à mort, comme dans le cas présent.
Je dis que la Convention ne pouvait adopter une politique autre que celle qui fut la sienne et j’attends toujours que ceux qui lui en font un crime nous disent ce qu’elle aurait du faire pour gagner la guerre sans tomber dans les excès.
Je dis que la Convention, le Comité et les représentants en mission (sauf exception) ont toujours fait la distinction entre les rebelles acharnés et le reste de la population (femmes, enfants, vieillard, individus entraînés de force dans la révolte) qu’ils ont soit ménagé soit fait évacuer.
Je dis que la thèse du génocide repose sur la négation de cette politique de distinction et d’évacuation et sur l’extension à toute la population du sens du terme « brigands » qui désignait uniquement les rebelles, procédés qui permettent de faire croire que toute mesure contre les rebelles était de nature génocidaire.
Je dis que c’est chercher à en imposer que présenter les ordres de détruire les forêts, les taillis, les moulins et les maisons des rebelles comme la volonté d’exterminer la population, quand, dans le même temps, les ordres étaient de faire évacuer cette population.
Je dis qu’il est malhonnête de parler de « déportation » à propos des « évacués » et des réfugiés car c’est laisser entendre qu’il s’agissait de les tuer plus loin, alors que le but était précisément qu’ils ne soient pas victimes de l’un ou l’autre camp ; c’est laisser entendre que les républicains étaient des nazis.
Je dis que la réductio ad hitlerum et les attaques ad hominem ne sont pas un gage de sérieux historique.
Je dis que cette distinction et ces évacuations massives sont incontestables (notamment circulaire du 7 mai, décret du 1er août 1793, arrêté des représentants en mission du 20 février 1794) et démentent à elles seules toute logique génocidaire.
Je dis que la vérité historique est dans le tout (d’où mon livre qui n’est pas une thèse mais un recueil de documents, exhaustif quant aux actes du Comité) et non dans des bribes de documents, même si je n’ai moi-même cité que des extraits dans le cadre de cette vidéo, faute de pouvoir faire autrement (c’est pourquoi je renvoie d’abord à mon blog qui contient in extenso les documents cités ou des extraits beaucoup plus longs, ensuite à mon livre).
Je dis que les documents que je mets en avant dans ma vidéo ne sont pas inédits (ils figurent depuis un siècle dans les Recueils d’Aulard ou les Archives Parlementaires, séries dans lesquelles figurent aussi, en version originale, la plupart des soi-disant inédits de M. Secher — j’en donne les références dans mon livre) mais n’ont jamais été produits par les tenants d’un génocide parce qu’ils contredisent leur thèse ; je n’invente pas des documents, je montre ceux que l’on a cachés à dessein ; je ne cherche pas à duper les gens, je les préviens qu’ils sont les dupes de prestidigitateurs.
Je dis que les documents brandis par les adeptes de la thèse du génocide sont soit hors sujet, de par leur nature, leur contenu ou leurs auteurs, soit tronqués, soit interprétés de manière scandaleuse, et ne font pas disparaître tous ceux qui, émanant des autorités incarnant la République, prouvent positivement le contraire.
Je dis, comme Reynald Secher, que les révolutionnaires écrivaient tout et que, par conséquent, si leur intention avait été d’exterminer la population en tant que telle de certaines régions de l’Ouest (quelle limite ?), nous devrions avoir des décrets et des arrêtés qui l’annoncent sans qu’un effort d’imagination et des torrents de mauvaise foi ne soient nécessaires pour la deviner.
Je dis que les documents qui pèsent le plus dans ce débat sont les décrets de la Convention (pas les discours qui les précèdent), les arrêtés du Comité de salut public et les arrêtés collectifs des représentants en mission.
Je dis qu’aucun document valable ne prouve la thèse du génocide, simplement que la Convention et la République ont fait la guerre aux rebelles appelés « brigands ».
Je dis que ceux qui s’appuient sur des documents valables pour prouver leur thèse minimisent ou passent sous silence les nuances et distinctions explicites ou implicites (entre rebelles et population) qu’ils contiennent.
Je dis que les actes d’individus isolés ne retombent pas sur le régime dont ils se réclament, que ces actes soient honorables ou méprisables, que ce régime soit la monarchie, la république ou autre.
Je dis que Carrier, qui opérait à Nantes et était particulièrement exalté, n’était pas à lui seul la République, que ses crimes furent dénoncés dès janvier-février 1794 par d’autres représentants et par l’agent du Comité et qu’il les paya de sa tête le 16 décembre suivant.
Je dis que la notion de génocide ne tient pas du simple fait qu’il n’y a pas de population distincte et déterminée.
Je dis que s’il n’y a pas de logique génocidaire, il est malhonnête de parler de génocide.
Je dis que la guerre civile dite de Vendée a été affreuse, que des horreurs ont été commises de part et d’autres, plus sans doute de la part des bleus, mais qu’elle ne peut être qualifiée de génocide.
Je dis que rejeter le terme orienté et perfide de « génocide » n’est pas nier les horreurs commises en « Vendée » que les représentants en mission furent les premiers à dénoncer.
Je dis que ceux qui persistent à utiliser ce terme le font pour des raisons idéologiques.
Je dis à ceux qui, sans l’avoir fait eux-mêmes, conseillent aux autres d’aller aux sources pour se faire une idée juste de ce conflit que c’est précisément ce que j’ai fait (j’en ai même fait un livre), que cette lecture m’a conduit à la position que je défends, et que c’est vouloir à toute force que la République ait ordonné un génocide que d’objecter à nouveau d’aller aux sources.
Je dis que ceux qui, en dépit de tout, postulent que la République a ordonné un génocide et s’en tiennent mordicus à cette affirmation sont mal placés pour accuser de posture idéologique ceux qui, documents à l’appui, démontrent la fausseté de leur discours.
Je dis à ceux qui mettent mon intégrité en doute que je ne suis ni franc-maçon, ni universitaire, ni gauchiste, ni communiste, ni subventionné, ni supporter du régime et du système actuel ; à ceux qui me reprochent d’admirer Robespierre, qui n’a rien à voir avec la Vendée, sinon de très loin, et dont j’ai publié l’intégralité des discours, qu’ils feraient mieux de le lire au lieu d’en parler ; je dis à tous ceux-là que les procédés dont ils usent envers moi rappellent beaucoup ceux dont les antifas usent envers eux.
Je dis que ceux qui critiquent ma vidéo (ou mon livre qu’ils n’ont pas lu) ne s’attachent pas au fond des choses, ne contestent pas les documents de premier ordre que je produits (dont des documents produits par Secher lui-même), ne les évoquent même pas, ne tiennent aucun compte des arguments que j’expose, des explications que je donne, ne prêtent aucune attention aux manipulations, omissions et mensonges que je révèle, que leurs réponses consistent simplement à ergoter, à ressasser et à faire diversion pour se complaire dans leurs convictions, et illustrent tout ce que je viens de dire.
Je dis que la thèse génocidaire, aussi foireuse soit-elle, et quoique non reconnue officiellement, est devenue la doxa dans une France qui a honte d’elle-même, qu’elle se répand partout (même sur les chaînes télé du service public) sans rencontrer d’obstacle, qu’il est plus facile d’y adhérer légèrement que de la contester sérieusement, et que cela seul devrait donner à réfléchir à ceux qui croient être dans l’opposition, la résistance, la dissidence parce qu’ils l’ont gobée et la régurgitent sans se rendre compte qu’ils participent à la réédition du coup des « heures les plus sombres de notre histoire ». (Je vous fais un dessin ?)
Je dis, enfin, paix aux âmes de tous ces Français morts il y a 200 ans ; honte à ceux qui, en jouant la pleurniche, déshonorent ceux dont ils prétendent défendre la mémoire, et qui, en accusant bruyamment la République d’hier d’un crime qu’elle n’a pas commis (même si des crimes ont en effet été commis), contribuent à rabaisser la France aujourd’hui.
09:13 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | | Imprimer |
jeudi, 16 octobre 2014
L'IMPOSTURE DU GENOCIDE VENDEEN
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La République révolutionnaire (1793-1794) a-t-elle oui ou non envisagé, décidé, organisé et mis en œuvre un génocide en Vendée ?
Un génocide, c’est l’extermination ou l’exécution de mesures tendant délibérément à exterminer une population pour ce qu’elle est, une population définissable par ses gênes ou ses croyances, identifiable par son physique ou ses traditions ou simplement par sa présence sur un territoire ; c'est tuer ou tout mettre en oeuvre pour tuer tous les individus appartenant à cette population.
Or, d'après Reynald Secher, auteur de la thèse d'un génocide vendéen, la guerre dite de Vendée fit 117.000 victimes pour une population de 825.000 habitants (Vendée militaire). Outre que le chiffre de 117.000 n'est pas un comptage mais un calcul (population qu'il y aurait du y avoir après le conflit moins la population réelle), outre que ce chiffre met dans le même sac les Blancs, les Bleus, les émigrés ou réfugiés non-rentrés, et qu'inversement il ne prend pas en compte les étrangers à la région morts dans ce conflit dans l'un ou l'autre camp, ce chiffre, aussi atroce que soit la réalité qu'il recouvre, est très loin de 825.000. La population de la région appelée "Vendée militaire" n'a pas été exterminée ; en dépit des massacres, des horreurs, des exactions, des crimes de guerre, etc., il n'y a pas eu concrètement de génocide.
La thèse d'un génocide ne tient donc que s'il est prouvé que la République d'alors en avait entrepris un. Pour le savoir, pour déceler cette volonté, il faut consulter les documents émanant des plus hautes autorités, à savoir les décrets de la Convention nationale (Assemblée des députés), les arrêtés du Comité de salut public et les lettres, proclamations et arrêtés des représentants en mission sur place. Telle est la nature des documents que je vais vous mettre sous les yeux pour que vous puissiez juger par vous-mêmes. Je me permettrai néanmoins de signaler en gras les passages qui devraient retenir l'attention. J'ajoute que la lecture de ces seuls passages est édifiante et suffit donc pour ceux qui n'ont pas le temps de tout lire.
Tous ces documents proviennent soit de la série des "Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance des représentants en mission" d'Alphonse Aulard (19 volumes, pour la période qui nous concerne), soit des suppléments de Marc Bouloiseau (3 volumes), soit de la série de Archives Parlementaires (62 volumes).
Enfin, je précise que, bien que la première guerre de Vendée s'acheva au début de l'année 1795 (17 février, traité de la Jaunaye avec les Vendéens de Charette, ratifié le 2 mai par Stofflet, 20 avril, traité de la Mabilais avec les Chouans), la plupart des documents qui vont suivre datent d'avant le 9 thermidor (27 juillet 1794), car le plus fort de la guerre eut lieu fin 1793 - début 1794, donc du vivant de Robespierre, et qu'une des principales raisons de cette controverse est précisément d'accabler ce dernier.
Le 4 mars 1793, l'insurrection débute à Cholet (Maine-et-Loire) avec une émeute contre le recrutement. Une levée de 300.000 hommes dans toute la France a été votée le 24 février par la Convention, car la France est en guerre depuis le 20 avril 1792. Cette guerre a été voulue par la Cour, pour la perdre, et par les Girondins, pour remplir les caisses. Quoi qu'il en soit, la guerre est là, il faut la faire et, à l'approche de la campagne de 1793, il faut reconstituer les effectifs, car les volontaires de 1792 ont pour beaucoup regagné leurs foyers.
20 mars 1793 — LOI contre la rébellion au recrutement
Le 18 mars, la nouvelle de l’insurrection dans l’Ouest parvient à la Convention qui adopte les 19-20 mars une loi générale (pour toute la France), en 10 articles, contre la rébellion au recrutement.
Art. 1er — Ceux qui sont ou seront prévenus d’avoir pris part aux révoltes ou émeutes contre-révolutionnaires qui ont éclaté ou éclateraient à l’époque du recrutement, dans les différents départements de la République, et ceux qui auraient pris ou qui prendraient la cocarde blanche, ou tout autre signe de rébellion, sont hors la loi. En conséquence, ils ne peuvent profiter des dispositions des lois concernant la procédure criminelle de l’institution des jurés.
Art. 6. — Les prêtres, les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs, les émigrés, les agents et domestiques de toutes ces personnes, les étrangers, ceux qui ont eu des emplois ou exercé des fonctions publiques dans l’ancien gouvernement ou depuis la Révolution, ceux qui auront provoqué ou maintenu quelques-uns des attroupements des révoltés, les chefs, les instigateurs, ceux qui auront des grades dans ces attroupements, et ceux qui seraient convaincus de meurtre, d’incendie ou de pillage, subiront la peine de mort.
Quant aux autres détenus, ils demeureront en état d’arrestation, et il ne sera statué à leur égard qu’après un décret de la Convention nationale, sur le compte qui lui en sera rendu.
Art. 9 (20 mars). — Les commandants de la force publique feront incessamment publier une proclamation portant injonction à tous les rebelles de se séparer et de mettre bas les armes.
Ceux qui auront obéi et seront rentrés dans le devoir, aux termes de la proclamation et dans le délai de 24 heures, ne pourront être inquiétés ni recherchés.
Ceux qui livreront les chefs ou auteurs et instigateurs des révoltes, dans quelque temps que ce soit, avant néanmoins l’entière dispersion des révoltés, ne pourront être poursuivis, ni les jugements rendus contre eux mis à exécution. [Amendement Lanjuinais]
Les personnes désignées dans la première partie de l’article 6 ne pourront profiter des dispositions du présent article, et elles subiront, dans tous les cas, la peine portée par la présente loi. [Amendement Saint-André]
[…]
La présente loi sera portée par des courriers extraordinaires dans tous les départements de la République. [Amendement Monmayou] (AP60-347 ; signalé en note par Aulard, III-336)
27 mars 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS — contre les malveillants
De Fontenay-le-Peuple, Carra, commissaire dans les Deux-Sèvres et la Vendée, écrit au Comité de défense générale et joint à sa lettre la proclamation aux habitants de ces départements que lui et son collègue Auguis viennent d’arrêter.
Proclamation des commissaires de la Convention nationale
Dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée (extrait).
« […] Citoyens de la Vendée et des départements vendéens, nous sommes venus au milieu de vous pour vous demander, au nom de la patrie, des secours pour vous-mêmes, pour vos propres foyers, pour garantir vos propriétés, votre liberté. Quel spectacle affligeant s’est présenté à notre vue, lorsqu’au lieu de trouver des frères sur les côtes maritimes de la Vendée, nous y avons vu des hommes transformés en esclaves des traîtres émigrés, en brigands féroces, en ennemis de la patrie et de la vraie religion ! Nous venions vous annoncer que les recrutements sur vos côtes seraient destinés en très grande partie à la garde de ces mêmes côtes et de votre propre pays. Nous vous annonçons aujourd’hui que la Convention nationale, dans son auguste sagesse, a supprimé les droits de patentes et que bientôt elle s’occupera de modifier la contribution mobilière pour les habitants des campagnes. Si tant de bienfaits ne dessillent pas les yeux des hommes égarés, alors la nation développera dans ces contrées toute sa puissance et sa justice, et nous ne doutons nullement de nos succès, car la Providence sera toujours du côté des hommes libres. — […] Nous invitons en conséquence les bons citoyens des villes, des campagnes et de l’armée à nous dénoncer ceux qui se rendraient coupables de la manœuvre des fausses nouvelles, des fausses alarmes et des cris inconsidérés de Sauve qui peut, Nous sommes trahis, etc. — Fait à Fontenay-le-Peuple, le 27 mars 1793, an II (sic) de la République française. Les commissaires de la Convention nationale dans les départements des Deux-Sèvres et de la Vendée, — Signé : Carra, Auguis. » (II-550)
16 avril 1793 — ARRETE DU CSP
« Le Comité a arrêté qu’il sera proposé à la Convention nationale de décréter qu’il sera sursis dans les départements de l’Ouest au jugement et à l’exécution des coupables pris les armes à la main ou dans les attroupements des révoltés, jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli et que les révoltés soient soumis. » (III-281)
Je n’ai pas trouvé ce décret.
7 mai 1793 — CIRCULAIRE DE LA CONVENTION — sur le rôle des représentants
Sur la proposition du Comité de salut public, la Convention adopte une circulaire, en trois partie, sur le rôle et les fonctions des représentants en mission. La deuxième partie concerne les représentants dans les départements de l'Ouest.
II. Des fonctions des représentants du peuple relatives aux armées des côtes maritimes, aux forces navales, aux ports et aux côtes.
Le premier devoir et le plus pressant des représentants du peuple députés près les armées des côtes de l’Océan est de concourir de tout leur pouvoir à éclairer des citoyens égarés, à dissiper des rebelles, à faire punir des brigands, des chefs de révoltés, et à rendre à la patrie des citoyens que la séduction, l’ignorance et les préjugés en ont séparés.
Les représentants du peuple autoriseront l’enlèvement et le dépôt dans des lieux de sûreté des femmes, des enfants, des bestiaux, des grains, des denrées, des meubles et des effets des révoltés pour les préserver des horreurs de la guerre, pour éteindre le feu de la guerre civile en lui ôtant tout aliment, si les généraux proposent cette mesure et la croient nécessaire. Mais ils recommanderont aux soldats de la patrie, qui se trouveront de cette expédition, le respect pour le malheur et l’infortune. Ils avertiront que toute violence, toute infidélité, serait un attentat flétrissant et digne du dernier supplice.
Ils feront publier des adresses et des proclamations pour justifier la sévérité des mesures que l’état de guerre commande, assurer l’inviolabilité des dépôts et annoncer à tous ceux qui se trouveront momentanément privés de leurs effets qu’ils leur seront rendus aussitôt qu’ils auront posé les armes et qu’ils seront rentrés dans le devoir.
Ils emploieront tous les moyens que leur influence et leur caractère mettront à leur disposition, pour assurer l’approvisionnement et les subsistances de l’armée et de tous les bataillons qui vont s’y rendre pour les rebelles.
Ils annonceront à l’armée sa destination, qui sera d’éclairer des hommes égarés, de leur en imposer par un grand développement de forces, de les conquérir à la liberté, de leur donner l’exemple de la fraternité et du respect du aux propriétés. Aucun citoyen ne doit avoir des pertes à déplorer ni de traces désastreuses à montrer sur le passage des défenseurs de la patrie. Il s’est commis de grandes fautes ; on est tombé dans de honteuses erreurs. La Convention nationale n’entendra plus le récit affligeant d’actions indignes des défenseurs de la patrie. [Cette dernière phrase explique sans doute pourquoi il est difficile de trouver dans la correspondance des représentants le récit détaillé des atrocités, qu’elles aient été commises par les républicains ou les rebelles.]
Les représentants du peuple porteront ensuite leur attention sur les plans qui leur seront adressés, et ils en surveilleront l’exécution.
A leur arrivée ils s’occuperont de l’incorporation des recrues ; ils observeront que l’armée de la Vendée sera composée de deux éléments, que les circonstances ne permettront pas de confondre.
Ils feront effectuer l’incorporation des recrues levées en exécution du décret du 24 février, mais ils maintiendront en bataillons séparés les citoyens qui ne se rendent à l’armée que pour terrasser le fanatisme et dissiper les rebelles, et ils permettront à ces bataillons de se retirer, lorsque la tranquillité publique sera entièrement rétablie.
L’armée des côtes de l’Océan deviendra alors une armée d’observation, chargée de veiller à la défense des côtes et de s’opposer à l’ennemi s’il tentait une descente. » — Suivent des consignes relatives à la flotte et à la défense des côtes qui était une véritable obsession. (IV-23)
23 mai 1793 — PROCLAMATION DE LA CONVENTION
Le 18 mai,
« Le Comité a adopté un projet d’adresse aux citoyens égarés des départements de l’Ouest. Le citoyen Barère s’est chargé de la présenter à la Convention nationale. » (IV-221)
Le 23 mai, la Convention adopte la proclamation suivante (extrait) :
La Convention nationale aux citoyens des départements troublés
« [...] Infortunés ! comme on vous trompe ! Les prêtres, qui se disent les seuls catholiques, sont payés par l’or de l’Angleterre protestante. Le prodigue-t-elle pour venger votre religion, qu’elle persécute et qu’elle méprise ? Non, c’est pour que la France se déchire de ses propres mains, que votre sang coule pour la cause de l’esclavage, ou le nôtre pour celle de la liberté, c’est toujours du sang français. Le gouvernement anglais, dont vous n’êtes que les instruments aveugles, toujours prêt à jouir et à profiter de vos défaites, insulte dans son cabinet à votre malheureuse crédulité. — Les complices, les exécuteurs de cette trame exécrable, sont-ils donc à vos yeux les dignes interprètes des volontés du ciel ? Dans les hommes qui ont vendu à des tyrans étrangers le sang de leurs frères, pouvez-vous reconnaître les ministres d’une loi de douceur et de charité ? Abjurez ces honteuses erreurs ; abandonnez au fer de la loi ce vil ramas d’esclaves insolents, de prêtres hypocrites, qui ont fait de vous les agents abusés de leur scélératesse vénale ; jurez avec nous de maintenir la République ; jurez de ne plus employer vos armes que pour la défendre ; de purifier par ce noble usage, ces armes que la rébellion, le crime, ont souillées : montrez-nous, par votre haine pour la royauté, dignes de reprendre le nom de Français ; alors vous ne trouverez plus que des frères dans la République entière, qui s’arme à regret pour vous punir ; qui, prête à vous écraser de toute sa puissance, pleurerait sur des succès achetés au prix de votre sang. » (AP65-354)
23 mai 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS A NANTES
De Nantes, Merlin et Sevestre, représentants à l’armée des Côtes de Brest, envoient au Comité le procès-verbal de leurs opérations et diverses pièces dont une « proclamation pour engager les citoyens à quitter les révoltés ». (Sup1-269)
Je n’ai pas le texte de cette proclamation, connue que par cette mention dans Bouloiseau. (Rien dans les AP.)
12 juin 1793 — LETTRE DES REPRESENTANTS — pour évacuer la population
De La Rochelle, Mazade et Garnier, représentants à l’armée des Côtes de la Rochelle, écrivent au Comité de salut public (extrait) :
« Cette guerre n’est point une guerre ordinaire. C’est une guerre de chicane : il faut que la ruse et l’imagination dirigent l’intrépidité. Il faut à la fois tendre des pièges, cacher sa marche, tourner les difficultés mêmes du pays contre l’ennemi, avoir des espions sûrs à quelque prix que ce soit ; et, pour que nos succès soient fructueux, surtout il faut, à mesure que nous avancerons dans le pays insurgé, brûler les moulins, enlever les hommes, femmes et enfants, et les placer dans l’intérieur de la République. Car ce sont ces femmes, ces vieillards, ces enfants qui nous font le plus de mal, soit parce qu’ils alimentent eux-mêmes l’armée ennemie, soit parce que, sous prétexte de vendre leurs denrées, ils viennent jusqu’au milieu de nous connaître nos mouvements et nos forces. Et, nous devons vous le dire, vous ne réduirez ce pays qu’en déportant la génération actuelle dans d’autres points de la France, et en le repeuplant d’hommes nouveaux. […] — Signé : Mazade, Garnier. » – Lettre reçue le 20 juin. (IV-532)
22 juin 1793 — LETTRE DES REPRESENTANTS
De Niort, Auguis, Lecointe-Puyraveau et Jard-Panvillier, représentants à l’armée des Côtes de la Rochelles, écrivent au Comité de salut public et demandent, notamment, que la Convention publie un décret distinguant entre les rebelles, les coupables et les simples égarés. – lettre reçue le 27 juin. (V-56) — Analyse dans Aulard.
6 juillet 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS
Les représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle,
aux habitants des campagnes. (In extenso)
« Bons habitants des campagnes, on vous trompe, on vous égare. — Écoutez la voix de vos frères, de vos amis. — Ne cherchez point à verser leur sang, c’est à regret qu’ils répandent le vôtre. — Expliquons-nous, avant de nous combattre. — Des nobles, des prêtres, au nom d’un Dieu de paix et de bonté, vous excitent au meurtre et au pillage. — Vous êtes Français, et ces monstres arment vos mains contre des Français. — Ouvrez donc les yeux, jugez leurs motifs et les nôtres. — Que veulent ceux qui vous dirigent et vous égarent ? — La royauté, l’esclavage, tous les anciens abus qui naguère pesaient sur vos têtes. — Les dîmes, les aides, la gabelle, les banalités, les chasses, la corvée. — Ils veulent vous attacher de nouveau à la terre comme le bœuf qui trace vos sillons. — Ils vous parlent de religion ! En avaient-ils, quand ils s’emparaient de vos propriétés, quand ils opprimaient vos familles, quand ils respectaient moins votre existence que celle des animaux qui dévastaient vos moissons. — Nous, au contraire, que voulons-nous ? — Que tous les hommes soient égaux, qu’ils soient aussi libres que l’air qu’ils respirent, que vos personnes, vos propriétés, vos opinions religieuses soient respectées. — Ne les croyez pas quand ils vous disent que nous voulons détruire votre religion, égorger vos femmes, vos enfants, ravager vos champs, incendier vos maisons... — Il n’en est rien, bons et crédules habitants des campagnes. — Ce vœu barbare n’entrera jamais dans l’âme de vos frères, de vos amis. — Nous vous le déclarons au nom de la patrie, nous ne pénétrerons au milieu de vous, que pour y ramener la paix et la tranquillité. — Hâtez-vous, de votre côté, de vous soumettre aux lois de la République, rangez-vous sous ses drapeaux. — Respectez la volonté souveraine du peuple qui ne l’a établie que pour son bonheur et le vôtre. — Nous tendrons, nous ouvrirons nos bras à tous les citoyens égarés qui reviendront à nous. Nous protégerons de toutes nos forces leurs familles, leurs biens, leurs personnes. — Mais en même temps, nous jurons une haine implacable, une guerre éternelle à tous les mauvais citoyens, qui, malgré les paroles de concorde et de fraternité que nous nous plaisons à leur porter, cherchent encore à tremper leurs mains dans le sang de leurs frères. »
Fait en commission centrale, à Saumur, le 6 juillet 1793, l’an II de la République une et indivisible.
Signé : Richard ; Choudieu ; Bourbotte, Turreau. (AP68-676)
Le 12 juillet, Bourbotte et Tallien écrivent à la Convention :
Les rebelles ont renoncé à Nantes et évacué la rive droite de la Loire. « L’armée part en ce moment et marche sur eux ; Biron va se rendre à Niort pour diriger la division qui s’y trouve conformément au plan adopté [le 9, à Angers, d’après la lettre de Merlin et Cavaignac de la veille (Sup1-426)]. Nous nous empresserons de vous faire part des événements qui vont suivre ; nous espérons que les défenseurs de la République vengeront avec éclat les outrages multipliés que les brigands de la Vendée font depuis si longtemps à la liberté. — Nous n’oublierons rien pour ramener à la patrie ceux qui ne sont qu’égarés ; nous avons chargé l’avant-garde de l’armée de distribuer une nouvelle proclamation dont nous vous faisons passer des exemplaires, nous dénonçons au tribunal révolutionnaire les hommes qui formaient à Saumur le Comité d’administration des rebelles ; nous avons cru devoir ne traduire à ce tribunal que ceux qui ont signé des actes attentatoires à la souveraineté du peuple ; nous avons seulement imposé aux autres l’obligation de s’y présenter quand ils en seront requis. Nous vous faisons passer l’arrêté que nous avons pris sur cet objet ; nous vous envoyons également copie d’un autre arrêté portant l’établissement d’une commission militaire. Le maintien de la discipline parmi les troupes et la nécessité de réprimer l’audace des contre-révolutionnaires nous ont paru commander cette mesure. — Salut et fraternité, — Signé : Bourbotte, Tallien. » – Lettre lue à la Convention le 13 juillet (AP68-675), renvoyée au Comité de salut public. (Sup1-429)
26 juillet 1793 — ARRETE DU CSP — sur les mesures à appliquer en "Vendée"
« D’après la lecture des dépêches des représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle et des administrateurs d’Indre-et-Loire, en date des 19, 20, 21 et 23 juillet, le Comité a arrêté les mesures suivantes pour être exécutées sur-le-champ par le conseil exécutif :
Il sera procédé à l’épurement de l’état-major de l’armée des Côtes de la Rochelle et des commissaires des guerres, pour y substituer des officiers généraux et des commissaires d’un patriotisme prononcé ;
Les généraux de l’armée des Côtes de la Rochelle tiendront la main à l’exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs, les fuyards, les traîtres et ceux qui jettent les armes et vendent leurs habits [loi du 28 mars] ;
L’organisation des compagnies des pionniers et des ouvriers sera accélérée. Ils seront choisis dans les communes les plus patriotes ;
Les généraux feront un choix pour former des corps de tirailleurs et de chasseurs intrépides ;
Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts ;
Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par les compagnies d’ouvriers pour être portées sur les derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis ;
Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l’intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté avec tous les égards dus à l’humanité ;
Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre pour préparer tous les approvisionnements d’armes et de munitions de guerre et de bouche de l’armée, qui, à une époque prochaine, fera un mouvement général sur les rebelles ;
Aussitôt que les approvisionnements seront faits, que l’armée sera réorganisée et qu’elle sera prête à marcher sur la Vendée, les représentants du peuple se concerteront avec les administrations des départements circonvoisins qui se sont maintenus dans les bons principes, pour faire sonner le tocsin dans toutes les municipalités environnantes et faire marcher sur les rebelles les citoyens depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de soixante ;
La loi qui expulse les femmes de l’armée sera rigoureusement exécutée ; les généraux en demeurent responsables ;
Les représentants du peuple et les généraux veilleront à ce que les voitures d’équipages à la suite des armées soient réduites au moindre nombre possible et ne soient employées qu’au transport des effets et matières strictement nécessaires ;
Les généraux n’emploieront désormais pour mots d’ordre que des expressions patriotiques et que les noms des anciens républicains ou des martyrs de la liberté, et dans aucun cas le nom d’aucune personne vivante ;
Le présent arrêté sera envoyé sur-le-champ au Conseil exécutif, au ministre de la guerre et aux représentants du peuple près l’armée des Côtes de la Rochelle. »
Signé : Prieur de la Marne, B. Barère, Hérault (V-371, n° 1)
Le 1er août, Barère fit décréter cet arrêté auquel étaient ajoutés deux articles, au début et à la fin :
Art. 1er. — « Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence [ayant capitulé avec les honneurs devant les Prussiens le 23 juillet. Ndla] soit transportée en poste dans la Vendée. Il sera mis à cet effet à la disposition du ministre de la guerre, 3 millions pour l’exécution de cette mesure. »
Art. 14. — « Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République ; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu’ils auront souffertes. » (AP70-108)
27 juillet 1793 — DECRET — contre les pillards et les violeurs
« La Convention adopte le projet de décret présenté par Jeanbon Saint-André avec l’article additionnel de Garnier (de Saintes).
« La Convention nationale, après avoir entendu son comité de Salut public, décrète :
Art. 1er. — Tout individu qui dans les armées françaises sera convaincu d’avoir mis sous les caissons de l’artillerie des mèches artificielles, pour produire une explosion destinée à servir en même temps de signal aux ennemis et à répandre la terreur dans l’armée de la République, sera soumis à la peine de mort portée par la loi et fusillé à la tête de l’armée, d’après la déclaration d’un jury civil nommé à cet effet.
Art. 2. — La même peine sera appliquée contre ceux qui se seront rendus coupables de viol ou de pillage sur les propriétés des citoyens.
Art. 3. — Les conducteurs d’artillerie, de charrois, de vivres, d’hôpitaux ambulants, et autres qui, pouvant sauver leurs voitures et leurs chevaux, seront convaincus d’avoir abandonné ces mêmes voitures, leurs canons et caissons, et d’avoir coupé les traits de leurs chevaux pour fuir, ou de les avoir vendus ou livrés à l’ennemi, seront punis de la même peine. » (AP69-583)
Tous les crimes en question avaient été signalés par Bourbotte et Turreau dans leur lettre du 19 juillet lue la veille.
21 septembre 1793 — PROCLAMATION DES REPRESENTANTS — contre les pillards
De Nantes, les représentants à l’armée des Côtes de Brest, Gillet, Ruelle et Philippeaux, signalent au Comité de salut public que l’incendie des repaires des brigands commençait à introduire dans l’armée l’amour du pillage, et le pillage amenait les défaites, parce qu’un soldat chargé de butin ne voulait ou ne pouvait pas se battre. Ils ont donc fait deux proclamations, dont une, le 21 septembre, que voici :
« Braves soldats ! Vous êtes armés pour faire respecter la Liberté, pour protéger les personnes et les propriétés ; les Brigands que vous combattez ont porté dans tous les lieux qu’ils ont envahi la dévastation et le pillage ; c’est à vous que la loi a confié l’honorable mission de punir leurs forfaits. Comment se peut-il donc faire qu’il se soit trouvé parmi vous des hommes assez lâches pour les imiter ? — Soldats ! Les repaires des rebelles doivent être détruits, incendiés. L’asile du crime ne doit pas souiller plus longtemps le sol de la Liberté ; mais toutes les maisons dans le pays révolté n’appartiennent pas aux rebelles ; des Citoyens qui sont restés fidèles à la république, qui sont aujourd’hui dans nos armées ou réfugiés dans nos villes avaient aussi des propriétés et la loi vous ordonne de les respecter. — Les propriétés des rebelles, leurs meubles, leurs bestiaux sont confisqués au profit de la nation. La Patrie les destine au soulagement des femmes et des enfants des braves guerriers qui sont morts en combattant pour la liberté et à l’indemnisation due aux patriotes pour les pertes que les Brigands leur ont fait éprouver [décret du 1er août]. Une commission est établie pour veiller à leur conservation. C’est à cette commission que vous devez déposer les effets que le sort des armes a mis dans vos mains ; celui qui se permettrait de les retenir ou de les vendre se rendrait coupable de vol public. — Soldats ! Telle est la règle de vos devoirs. Ceux-là doivent être rayés de la liste des guerriers qui abandonnent la poursuite de l’ennemi ou leur poste de bataille pour se livrer au pillage. Une punition éclatante sera le partage de ces indignes soldats qui compromettent par le vil appât du gain le salut et la gloire de leurs camarades. Une loi juste et sévère a prononcé la peine [la peine de mort, le 27 juillet], les représentants du peuple et les généraux la feront exécuter. »
Dans Vendée, du génocide au mémoricide (p. 58), Reynald Secher cite cette proclamation mais l’attribue au Comité de salut public. Les imprimés qui se trouvent aux Archives Nationales (AF II 268, dos. 2255) et accompagnent la lettre desdits représentants ne laissent aucun doute sur ses auteurs.
1er octobre 1793 — DECRET ET PROCLAMATION — pour finir la guerre avant le 20
« La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du Comité de salut public [fait par Barère], décrète :
Article 1er. — Le département de la Loire-Inférieure demeure distrait de l’armée des Côtes de Brest et est réuni à celle des Côtes de la Rochelle, laquelle portera désormais le nom d’armée de l’Ouest.
Art. 2. — La Convention nationale approuve la nomination du citoyen L’Échelle, général en chef, nommé par le Conseil exécutif pour commander cette armée.
Art. 3. — La Convention nationale compte sur le courage de l’armée de l’Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d’ici au 20 octobre l’exécrable guerre de la Vendée.
La reconnaissance nationale attend l’époque du 1er novembre prochain pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux, qui, dans cette campagne, auront exterminé les brigands de l’intérieur et chassé sans retour les hordes étrangères des tyrans de l’Europe. » (VII-166)
Proclamation de la Convention nationale à l’armée de l’Ouest :
« Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre. Le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir. La reconnaissance nationale attend, à cette époque, tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi sans retour la liberté et la République. » (VII-167, note 1)
23 octobre 1793 — DECRET ET PROCLAMATION — la Vendée est terminée
Les 16 et 17 octobre, les troupes de la République écrasent les rebelles à Cholet. Les représentants sur place écrivent au Comité et à la Convention que la guerre est terminée, qu'il ne reste que quelques fuyards aux trousses desquels ils sont.
Le 23 octobre, au nom du comité de Salut public, Barère annonce à la Convention « que la Vendée n’est plus », c’est à dire que la guerre de Vendée est finie. « La Convention a voulu, dit-il, que cette guerre fût terminée avant la fin d’octobre, et la guerre de la Vendée est terminée avant l’époque prescrite. »
Après la lecture de plusieurs lettres des représentants du peuple près l’armée de l’Ouest, et au milieu des acclamations des citoyens présents à cette séance :
« La Convention nationale décrète que les nouvelles de la destruction des brigands dans la Vendée seront envoyées à toutes les armées et aux départements par des courriers extraordinaires et insérées dans les « Bulletins » qui seront envoyés à toutes les communes et Sociétés populaires. » (AP77-450)
Proclamation aux armées
« Soldats républicains ! les lâches satellites de la tyrannie ont fui devant vous à votre approche. Ils ont abandonné Dunkerque et leur artillerie ; ils se sont hâtés d’échapper à leur ruine entière en mettant la Sambre entre eux et vos colonnes victorieuses. Le fédéralisme a été frappé dans Lyon. L’armée républicaine est entrée dans Bordeaux pour lui porter le dernier coup ; les Piémontais et les Espagnols sont chassés de notre territoire ; les défenseurs de la République viennent de détruire les rebelles de la Vendée ; ils ont exterminé leurs cohortes sacrilèges. Cette terre coupable a dévoré elle-même les monstres qu’elle a produits ; le reste va tomber sous la hache populaire. Partout où la tyrannie n’a point trouvé l’appui de la trahison, la victoire a suivi les drapeaux de la liberté, et le génie du peuple français triomphe. — Soldats républicains ! il reste encore au delà de la Sambre, il reste encore sur les bords du Rhin et de la Moselle, des esclaves féroces armés contre la sainte cause que nous défendons ; ils sont couverts du sang de vos femmes et de vos enfants ; ils le sont du sang des représentants de la nation. Ô douleur ! il en reste jusque dans nos cités, il en reste dans l’exécrable Toulon. Le moment est venu de punir tous leurs forfaits. L’heure fatale des tyrans sonne, et c’est par vos mains qu’ils doivent périr. — Soldats républicains ! les mânes de vos frères égorgés vous implorent, la gloire vous appelle, la patrie vous regarde, les représentants de la nation vous encouragent et vous guident. Marchez ; frappez ; que dans un mois le peuple français soit vengé, la liberté affermie, la République triomphante ; que les tyrans et les esclaves disparaissent de la terre, qu’il n’y reste plus que la justice, le bonheur et la vertu ! — Les membres du Comité de salut public, — Signé : Robespierre, Hérault, Carnot, Billaud-Varenne. » (VII-585, n° 9)
29 octobre 1793 — ARRETE DU CSP — pour écraser les fuyards
Après la victoire de Cholet, les 16 et 17 octobre, commence l’épisode appelé La Virée de Galerne (du 18 octobre, passage de la Loire par 30.000 rebelles à St Florent, au 23 décembre, écrasement à Savenay). La guerre n'est pas finie, contrairement à ce qu'ont cru les républicains. L'armée rebelle, qui traine à sa suite de nombreux "civils", sillonne les départements de Mayenne, d'Ille-et-Vilaine, de la Sarthe et de la Manche, infligeant défaite sur défaite aux républicains.
« Le Comité de salut public arrête :
1° que le ministre de la Guerre donnera des ordres au général de l’armée des Côtes de Cherbourg pour qu’il fasse passer à Fougères le plus de troupes qu’il sera possible, principalement celles qui sont dans le département de la Manche, sans cependant exposer les côtes ;
2° que ces forces, arrivées à cette destination, seront sous le commandement du général Rossignol, qui les réunira aux autres de son armée, pour attaquer vigoureusement les rebelles retirés dans les environs de Laval ;
3° que l’armée de l’Ouest les attaquera de son côté, étant conduite par le général Chalbos, qui en aura provisoirement le commandement, en l’absence du général L’Échelle, mais que, dans le cas où les différents corps seraient à portée de combiner leurs opérations, ce sera l’officier supérieur en grade qui prendra de suite le commandement en chef du tout ». – Écrit par Prieur.
Signé : Carnot, C.-A. Prieur, Robespierre, B. Barère, Billaud-Varenne (VIII-91, n° 5)
11 novembre 1793 — ARRETE DU CSP
Le Comité arrête le plan d’action pour anéantir les rebelles ayant passé la Loire.
« Le Comité de salut public arrête ce qui suit :
1° Toutes les forces dirigées contre les rebelles en deçà de la rive droite de la Loire seront réunies sous le commandement du général Rossignol ;
2° Ce général rassemblera ses forces, agira en masse, poursuivra les ennemis sans relâche et avec méthode ; il ne risquera point d’affaire générale avant le secours qui doit lui arriver, à moins que le succès ne soit presque certain ; il entretiendra la correspondance la plus active avec le Comité de salut public ;
3° Le ministre de la guerre donnera les ordres les plus prompts pour renforcer l’armée dirigée contre les rebelles ; à cet effet, il y fera passer, sans aucun délai, 15,000 hommes de l’armée du Nord sous les ordres du général Duquesnoy ;
4° Le ministre de la guerre donnera en même temps les ordres nécessaires, tant au général Sépher qu’au commandant de l’armée de l’Ouest, ainsi qu’à ceux qui sont à la tête des rassemblements armés de l’Orne et de la Sarthe, pour qu’ils fassent marcher, à la demande du général Rossignol, toutes les forces qui sont à leur disposition ;
5° Le ministre de la guerre fera partir sur-le-champ un officier de confiance, qui se rendra à Alençon et de là à Laval et à Rennes, s’il est possible, et qui dépêchera lui-même des courriers de ces différents lieux pour instruire le ministre de la position des rebelles et de celle de nos armées ; cet officier continuera de même de donner des renseignements sur l’état des choses, en s’approchant de plus en plus des brigands, et ce jusqu’à ce qu’il lui soit donné l’ordre de revenir à Paris. » – Écrit par Prieur (de la Côte d’Or).
Signé : Billaud-Varenne, C.-A. Prieur, Carnot (VIII-335, n° 6)
Le 15 novembre, les rebelles échouèrent à prendre Granville et son port (pour tendre la main aux Anglais). Dès lors commença leur reflux vers la Loire, dans l'espoir de la retraverser. Mais ils furent repoussés à Angers, écrasés au Mans et achevés, pour ainsi dire, à Savenay, car il y eut de nombreux survivants qui se cachèrent en attendant de repasser la Loire ou d'alimenter la chouannerie.
22 décembre 1793 — LETTRE DE GARNIER — sur les enfants
D’Alençon, Garnier (de Saintes), représentant chargé de la levée en masse dans la Manche et l’Orne, signale au Comité que les habitants de Sablé et des environs, qu’il avait appelé à se lever le 15 décembre, ont trouvé et tué en fouillant les campagnes plus de 1.000 brigands, et fait 200 prisonniers : des femmes et des enfants.
« Les officiers municipaux me prévinrent qu’après les avoir harangués et avoir cherché à les régénérer à une nouvelle existence, ils avaient vu couler de leurs yeux les larmes du repentir, qu’elles avaient instamment demandé de vivre sous les lois de la République, et qu’on leur conservât l’existence et du travail. Ils ont placé les enfants chez de bons républicains, qui les prennent en remplacement de leurs enfants de la première réquisition, et leur inspireront les principes de l’amour de la liberté. Je pense que vous n’improuverez pas cette conduite ; car on peut sauver à la patrie bien des êtres qui, trop jeunes pour avoir une volonté à eux et ne pas oublier bientôt les fausses impressions que le fanatisme leur avait suggérées, peuvent devenir d’excellents patriotes sous l’œil des bons citoyens qui les élèveront. Quant aux femmes, je pense qu’on doit les juger, à moins qu’une loi de faveur ne les condamne à la réclusion. » – Lettre reçue le 3 janvier. (IX-588 ; Sécher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 124)
22 janvier 1794 — LETTRE DE LAIGNELOT — sur les colonnes infernales
De Brest, Laignelot, représentant à Brest, écrit au Comité.
« Je viens d’écrire aux administrateurs du district de Challans, département Vengé, que j’appuierai auprès de vous une pétition qu’ils vous ont faite, et dont ils m’ont envoyé copie. Ils vous demandaient d’arrêter cet incendie, ces dévastations qui les désolent et qui font du plus beau pays de la République le désert le plus horrible. Citoyens collègues, oui, il fallait détruire ce qui pouvait servir de repaire aux brigands, et alors la propriété du patriote ne devait pas être plus respectée que celle du contre-révolutionnaire ; mais il ne fallait pas porter le fer, la flamme, la famine, le viol partout indistinctement ; il ne fallait pas consumer en pure perte ce qui pouvait servir à alimenter les armées républicaines. Voici le plan de ces hommes affreux qui, au nom de la patrie l’égorgent, et qui, combattant les brigands, font plus de ravages que les brigands mêmes. [...] Il faut, ont dit les ultra-révolutionnaires, brûler tous les grains de la Vendée, et la famine se fera sentir à Bordeaux, dans la Dordogne, dans nos armées du Midi, et les vaisseaux ne pourront plus sortir à temps du port de Rochefort ; la Rochelle manquera de vivres, de bestiaux, et la guerre civile se prolongera. J’ai traversé la Vendée, j’étais avec l’armée qui chassa Charette de Machecoul [Notez que ceux qui ont envoyé les détails de cette affaire n’y étaient pas et ont menti. (Note de l’original)], et qui le mit en fuite presque sans effort, et je suis surpris que ce chef de brigands ne soit pas pris, ou entièrement défait. La plupart de ceux qui commandent, ou restent dans l’inaction, ou se heurtent réciproquement. Nul ensemble, nul plan, ou plutôt il n’y en a qu’un, celui d’éterniser cette guerre. On n’a jamais vu Dutruy à la tête de son armée un jour de combat ; il s’enivre, caresse une femme aux Sables, tandis qu’on se bat à Bouin. J’ai passé huit jours dans la Vendée, je commençais à y faire quelque bien, et j’y ai gémi, et je m’y suis indigné de ce que j’ai vu : les troupes les plus indisciplinées, les plus rapaces ; les chefs les plus inexpérimentés, les plus avides, les plus désordonnés ; des administrations sans forces et menacées ; les patriotes confondus parmi les traîtres ; le deuil, l’épouvante, le désespoir. Et tout cela s’explique, lorsqu’un représentant du peuple [Carrier ?] ose dire publiquement qu’il ne faut point de pain où l’on ne doit plus laisser d’hommes. Adieu, mes chers collègues, je finis, car j’ai le cœur trop serré. » – Lettre reçue le 12 février. (X-383)
6 février 1794 — ARRETE DU CSP — désarmement et rappel de Carrier
« Le Comité de salut public délibérant sur la situation actuelle de la Vendée, arrête :
1° Il sera proposé à la Convention nationale de décréter [ce qu’elle fit le 10 février] que tous les citoyens des pays qui ont participé à la révolte de la Vendée et qui ne font point partie des troupes soldées, seront tenus de déposer sous vingt-quatre heures leurs armes à feu, de quelque espèce qu’elles soient, entre les mains des agents nationaux, et ceux-ci entre celles de l’autorité militaire dans l’espace d’une décade. Les citoyens ou agents nationaux réfractaires à cette loi seront punis de mort par une Commission militaire.
2° Chaque bataillon conservera une seule pièce de canon. On fera placer toutes les autres dans les places fortes. Il sera conservé seulement un quart au plus de l’artillerie légère et de celle de position ; un autre quart sera envoyé sur les derrières de l’armée dans les places fortes, et tout le reste sera envoyé sans délai à l’armée des Pyrénées occidentales.
3° Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu’à leur entière destruction. Les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie. Les subsistances seront saisies partout et envoyées aux armées et dans les places fortes. Il en sera de même des bestiaux et des chevaux propres au service des troupes et de tout ce qui peut être utile à leur entretien.
4° Il sera proposé à la Convention nationale de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel, par un autre représentant ; Prieur (de la Marne) sera chargé de le remplacer. Le rapport sur la conduite de Westermann sera fait dans le plus court délai. »
Signé : Carnot (X-724, n° 4)
Le même jour, le Comité (Carnot) écrit au général Turreau qui a mis sur pied, de son propre chef, le plan des colonnes dites infernales.
« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité ont dû t’être transmises par le ministre de la Guerre. Nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. Nous te prescrivons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes-en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soient entièrement consommée. Encore une fois, recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté arrêté du jour] propre à seconder tes vues. » (Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 141)
Il n'est pas inutile de rappeler ici les instructions que Turreau donna à ses troupes le 19 janvier. (Cette instruction, tirée de l’ouvrage de Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, renferme, d'après lui, des dispositions fort sages sur la discipline et la marche des troupes, mais l'extrait qu'il en donne ne contient que les ordres de destructions.)
« II sera commandé journellement et à tour de rôle un piquet de cinquante hommes pourvu de ses officiers et sous-officiers, lequel sera destiné à escorter les pionniers, et leur fera faire leur devoir. L’officier commandant ce piquet prendra tous les jours l’ordre du général avant le départ, et sera responsable envers lui de son exécution ; à cet effet il agira militairement avec ceux des pionniers qui feindraient de ne point exécuter ce qu’il leur commanderait, et les passera au fil de la baïonnette. — Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l’ait préalablement ordonnée. — Tous les villages, métairies, bois, genets, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l’on aura distrait des lieux qui en sont susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l’aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l’incendie. — Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n’auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d’aller sur les derrières de l’armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l’incendie. Toute espèce d’armes leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l’endroit qui sera indiqué par le général. »
10 février 1794 — ARRETE DU CSP — mission Hentz et Garrau
« Le Comité de salut public arrête que les représentants du peuple Hentz et Garrau se rendront sans délai près du général en chef de l’armée de l’Ouest, pour concerter avec lui les moyens d’exterminer les derniers rassemblements de brigands qui viennent de se former. [Pas plus tard que la veille, 6.000 d’entre eux avaient occupé Cholet. Le même jour, le représentant Turreau signale un rassemblement de 3.000 à 4.000 brigands aux environs de Saumur. Ndla] A cet effet, ils prescriront au général de réunir la plus grande force disponible qu’il sera possible pour attaquer ces brigands, notamment le corps où se trouve Charette, La Rochejaquelein et les autres chefs les plus dangereux. Ces opérations militaires doivent s’exécuter nonobstant toute autre relative à l’incorporation, à l’embrigadement, de manière que, sous aucune raison, on ne s’oppose à la marche des troupes. En conséquence, si quelques mesures prises par le représentant du peuple chargé de l’embrigadement de l’armée de l’Ouest et des Côtes de Brest [Dubois-Crancé (note d’Aulard)] se trouvaient en contradiction avec l’objet qu’on se propose ici, les représentants Hentz et Garrau ou le général en chef Turreau lui notifieront le présent arrêté par une copie certifiée, et il sera tenu de concourir à ce qu’il exige. Les représentants Hentz et Garrau tiendront la main à l’exécution des derniers arrêtés du Comité de salut public. Ils se transporteront dans tous les lieux où ils croiront leur présence nécessaire. S’ils y rencontrent leurs collègues près l’armée de l’Ouest, ils se concerteront avec eux. Ils rendront le général de l’armée responsable de négligence ou du défaut d’activité des opérations, si, sous quinzaine, les brigands, tant en deçà qu’au delà de la Loire, ne sont pas totalement anéantis. Ils sont enfin investis de pouvoirs illimités pour ordonner toutes les mesures que le bien de la République leur paraîtra exiger dans cette partie de son territoire. » – Écrit par Prieur (de la Côte d’Or).
Signé : Jeanbon St-André, C.-A. Prieur (XI-38, n° 2)
Cet arrêté aurait pu être une réponse à la lettre de Laignelot du 22 janvier (voir plus haut) dans laquelle il dénonçait la volonté de certains de prolonger la guerre ; mais il répondait surtout aux attentes formulées par Jullien, l’agent du Comité, dans sa lettre à Robespierre du 4 février : « On dit que la Vendée n’est plus, et Charette, à quatre lieues de Nantes, tient en échec les bataillons de la République qu’on lui envoie les uns après les autres, comme dans le dessein de les sacrifier. [...] Il faut sans délai charger un général, sous sa responsabilité, d’exterminer à terme fixe le reste des rebelles : vous chargez bien un corps constitué d’exécuté un décret à terme fixe, et le rendez responsable de l’exécution ; faites-en de même pour les généraux ». (Mémoires de Levasseur (de la Sarthe), tome II, p. 201 ; Buchez & Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, tome XXXI, p. 317 ; citée en partie par Pierre Gascar dans L’ombre de Robespierre, p. 215) Les conseils de Jullien furent systématiquement suivis par le Comité. C'est lui qui, le 3 février, demanda expressément le rappel de Carrier, ce que le Comité fit le 6 février.
Le 12 février (24 pluviôse), la Convention décréta officiellement l’envoi de Hentz et Garrau près l’armée de l’Ouest « pour y prendre toutes les mesures de salut public qu’ils croiront nécessaires. Ils sont investis de pouvoirs illimités, de même que les autres représentants du peuple près les armées ». (XI-95)
12 février 1794 — RAPPORT DE BARERE — condamnation des colonnes
Barère fait décréter l’envoi de Hentz et Garrau à l’armée de l’Ouest suite au rapport suivant, dans lequel il dénonce la conduite des colonnes de Turreau (extrait) :
« Granville, Angers, Le Mans, Chantonnay, la Loire même, furent les vastes tombeaux des rebelles. — Depuis, les triomphes de nos armes sur Bouin [le 6 décembre], Noirmoutier [le 3 janvier], et les restes infects de l’armée de Charette durent rassurer les esprits, et la République reprenait en même temps des forces sur les bords de la Méditerranée et du Rhin. — Les troupes nationales n’avaient plus qu’à évacuer les subsistances de la Vendée, en comprimer l’effroyable population née pour la révolte, en désarmer les habitants, et y former une administration militaire et révolutionnaire jusqu’à la paix. — Il fallait ensuite y porter de la cavalerie propre à exterminer les brigands, faire passer aux Pyrénées une partie de l’artillerie inutile ou plutôt dangereuse, et transporter sur les bords de l’Océan une grande partie de l’infanterie. — Ces diverses vues ont été remplies par le comité de salut public ; et il se reposait, pour leur exécution, sur la gloire que les généraux avaient obtenue en détruisant les rebelles, et encore plus sur la volonté constante de la Convention de faire obéir aux mesures du gouvernement national. Il se reposait surtout, pour les mesures de l’intérieur de la Vendée, sur l’esprit et les termes des décrets qui ordonnent de détruire et d’incendier les repaires des brigands et non pas les fermes et les demeures des bons citoyens. — Il espérait surtout que l’armée de l’Ouest, fidèle aux maximes et aux ordres du gouvernement national, ne disséminerait jamais ses forces, et s’occuperait bien plus de détruire le noyau des rebelles et les rassemblements des brigands qui pouvaient se former de nouveau, que de sacrifier les habitations isolées, les fermes utiles et les villages fidèles ou non dangereux. — Cependant, lorsque le comité, après quelques jours de silence, a voulu vérifier les faits, et connaître quelle était la véritable exécution donnée à ses arrêtés, quel a été son étonnement de voir des forces morcelées dans la Vendée, des troupes républicaines disséminées sur les divers points de la Vendée ; des rassemblements de brigands se reformer s’organiser et relever une tête insolente ; et la troupe royaliste, éparse et fugitive naguère sous les ordres de La Rochejacquelein, de Stofflet et de Charette, s’ameuter et se grossir de tous les mécontents que la barbare et exagérée exécution des décrets avait formés de nouveau dans un pays qu’il ne fallait plus que désarmer, garnisonner de cavalerie, repeupler d’habitants fidèles, et administrer avec le bras nerveux d’une administration militaire et révolutionnaire ! » (AP84-646)
Février - Mars - Avril — EVACUATIONS
Les lettres qui suivent sont importantes par la violence de leur contenu et le contraste qu’elles offrent avec l’arrêté pris par leurs propres auteurs.
Le 19 février, de Nantes, Garrau, Hentz et Francastel, représentants à l’armée de l’Ouest, écrivent au Comité de salut public :
« Citoyens collègues, — Nous avons eu hier au soir, une première entrevue avec le général en chef de l’armée de l’Ouest [Turreau]. Cet homme paraît avoir du mérite et de la franchise ; il est sûr que tous les malveillants le décrient, et ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ils ne disent rien que de vague contre lui. — Le résultat de notre entretien avec lui sur la guerre de la Vendée est parfaitement conforme aux données qui nous parviennent de tous les militaires : c’est que les rebelles n’ont plus aucune consistance politique, qu’ils sont totalement dissous, mais qu’il reste encore beaucoup d’hommes qui se tiennent épars quand ils voient une force supérieure, et qui se rassemblent très facilement pour se jeter sur les parties faibles. — Le général en chef nous a promis de les détruire tous : mais il faut se faire une autre idée des rebelles que celle que l’on a eue jusqu’ici ; c’est que tous les habitants qui sont à présent dans la Vendée sont des rebelles très acharnés ; c’est que les femmes, les filles, les garçons au-dessus de douze ans sont les plus cruels ; ils exercent des cruautés inouïes sur nos volontaires : les uns sont coupés par morceaux et les autres brûlés, et ce sont des femmes qui commettent ces atrocités. — Il n’y a d’habitants dans la Vendée que ces féroces (sic) ; les uns prétendent qu’ils sont encore au nombre de quinze mille ; d’autres, au nombre de vingt-cinq mille en tout et épars dans les forêts, où ils ont amassé vivres, bestiaux et où ils se font des cabanes. — Sur ce pied-là, la guerre de la Vendée ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée, et encore sera-t-il à craindre que les scélérats des pays voisins, qui sont détestables pour l’esprit public, ne viennent se retirer dans ces bois qui sont indestructibles en plusieurs parties ; mais cela sera difficile, au moyen des précautions qui seront prises. — Le général et tous ceux qui connaissent l’état des choses ne voient donc de difficulté que dans celle de saisir les rebelles, qui ont des repaires assurés dans les forêts et qui ne se montrent que pour détruire ; il n’y a dans ce cas d’autre moyen que de les traquer dans chaque partie et de présenter sur chaque point une force supérieure à la leur totale. Tel est le plan du général. Il doit, dans deux ou trois jours, faire faire de telles fouilles qui les fera partir de leurs tanières. Il nous a expliqué les raisons de la division de son armée, qui a donné lieu aux petits revers que nous avons éprouvés ; il prétend que c’est à cette division que nous devons la destruction des rebelles qui ont été tués depuis ce temps-là ; mais nous lui avons répondu qu’il n’y avait qu’une manière de se disculper, c’est de détruire entièrement les rebelles avant quinze jours [arrêté du Comité du 10 février]. — Sur des ordres du ministre, il avait retenu la division du Nord et le général Duquesnoy ; mais il vient de nous promettre qu’avant quinze jours, il les renverra à leur destination à Cherbourg. Il y a déjà un germe de division entre le général en chef et le général Duquesnoy ; celui-ci se trouve d’un avis contraire aux autres généraux ; vous remarquerez que le général Duquesnoy fut déjà en discussion dans l’armée du Nord avec le général en chef ; on attribue cela à son chef d’état-major, que l’on dit n’être rien moins que patriote ; nous saurons empêché que cela n’ait des suites. — Garrau, l’un de nous, va accompagner le général en chef dans la chasse à donner aux brigands ; Hentz, qui ne peut courir à cheval, à cause de la faiblesse de sa santé, restera à Nantes avec Francastel, qui va mieux, et dont la présence est ici très utile, jusqu’à ce que quelqu’un vienne en cette ville. Alors ils iront en d’autres points où l’on peut aller en voiture, ce qui est impossible dans un désert où il n’y a ni chevaux, ni chemins praticables ; car tel est l’état de l’intérieur de la Vendée. — Hentz et Francastel se proposent de ne pas quitter, que tout ne soit terminé et organisé ; mais il faut envoyer une personne d’une santé robuste pour suivre les camps et marcher à la tête des colonnes. Supposez cependant que tout ne soit pas terminé avant le départ de Garrau ; car, si on peut joindre les rebelles, c’est fait d’eux ; les noyaux bien dissous, on fera dans ce pays des courses de cavalerie qui tuera tout ce qu’elle rencontrera ; il ne pourra y avoir de . . . . [grâce ?] que pour les réfugiés quand ils pourront rentrer. — La Vendée contient une quantité immense de vivres ; quand elle sera purgée, elle fournira de grandes ressources. — Nous vous le répétons ; la Vendée n’est pas dans le seul département qui porte ce nom ; elle est dans tout le pays qui environne ; mais son site, les repaires qu’elle présente seront toujours le rendez-vous des contre-révolutionnaires ; il y a péri plus de cent cinquante mille personnes, qui ne sont pas à coup sûr de la Vendée. — Nous vous recommanderons de nous faire réponse sur-le-champ à la lettre ci-jointe relativement à Cholet [Cette pièce manque. (note d’Aulard)] ; tout le monde s’accorde à demander la destruction de cette ville ; ne vous arrêtez pas aux lamentations des pleurards ; tous les modérés, tous les meneurs de Sociétés populaires de ces pays-ci disent qu’il ne faut pas détruire, parce que c’est le moyen de finir. — Salut et fraternité, — Signé : Garrau, Hentz, Francastel. » (XI-279)
Le lendemain, 20 février, Garrau, Hentz et Francastel, à Nantes, arrêtent que les habitants du département de la guerre [c’est-à-dire la Vendée] se retireront à 20 lieues au moins.
Cet arrêté est connu notamment par l’arrêté du Comité de salut public du 29 ventôse (19 mars) suivant :
« Le Comité de salut public, voulant éviter l’affluence aux environs de Paris des réfugiés, qui, en vertu de l’arrêté des représentants du peuple Garrau, Hentz et Francastel, daté de Nantes, le 2 de ce mois [2 ventôse – 20 février], doivent s’éloigner à vingt lieues au moins du département de la guerre, arrête que le Conseil exécutif prendra sur-le-champ les mesures nécessaires pour que ces réfugiés ne puissent approcher de Paris à moins de vingt lieues, et qu’en conséquence il donnera des ordres aux corps administratifs et municipalités circonvoisines pour les faire refluer, et en empêcher les rassemblements. Le Conseil exécutif rendra compte dans deux jours des mesures qu’il aura prises pour l’exécution du présent arrêté. » – Écrit par Carnot.
Signé : Carnot, Robespierre (XII-53, n° 2)
Le 26 février, de Nantes, Hentz et Francastel écrivent au Comité de salut public :
« Citoyens collègues, — Nous voyons dans les journaux que le Comité de salut public s’occupe du gouvernement provisoire de la Vendée. Voici quelques réflexions qui pourraient servir à cette organisation. — On peut compter que les onze douzièmes de ce pays appartiennent à la République, et il deviendra par cette raison indispensable de déclarer ce pays appartenir à la République, sauf les indemnités à accorder à ceux qui se présenteront avec des titres. Ces indemnités consisteront en somme, avec laquelle ils pourront acheter des biens nationaux ailleurs que dans la Vendée, s’il est possible. — La race d’hommes qui habite la Vendée est mauvaise ; elle est composée ou de fanatiques, qui sont le peuple, ou de fédéralistes, qui sont les messieurs. Ce qui prouve que la race est mauvaise, c’est qu’il y a si peu de bons qu’ils n’ont pas contenu les rebelles ; c’est qu’ils n’ont pas même dénoncé dans le temps où on pouvait empêcher l’incendie. — D’autre part, si vous ne déclarez la Vendée confisquée à la République, sauf les indemnités, alors il va y avoir pillage ; ceux qui resteront s’empareront de tout, et la République sera lésée. — Il faut un grand exemple ; il faut apprendre aux malveillants que la vengeance nationale est sévère, et qu’un pays qui a coûté le sang de tant de milliers de patriotes ne doit plus servir d’asile à ceux qui se sont révoltés contre le gouvernement, ou qui ne s’y sont pas oppsés. — L’arrêté que nous venons de prendre relativement aux réfugiés va être disséminé, et tous ceux qui ne sont pas les forcenés incorrigibles, les faibles, les mitoyens en profiteront et se retireront dans l’intérieur. — Voulez-vous faire une déportation des habitants de ce pays ? La voilà exécutée d’avance ; il ne restera plus qu’à prendre des mesures pour faire un sort aux Vendéens dispersés dans la République, pour les indemniser même généreusement, de sorte que, tout à la fois, nous trouverons les moyens de purger plus facilement la Vendée en détruisant ce qui va rester, et de disperser dans la République des gens qu’il sera toujours dangereux de laisser ensemble. — Jamais les femmes de ce pays ne deviendront raisonnables ; c’est surtout elles qu’il faut expatrier. L’égoïsme, le fanatisme, la rage contre les patriotes sont au comble dans ce pays ; qu’ils tiennent un volontaire, ils le coupent en morceaux, ou le brûlent à un arbre. — Tous les renseignements qui nous arrivent nous apprennent que le projet était bien formé de renouveler une insurrection dans le Morbihan, qui devait se soulever et se répandre dans la Vendée ensuite, pour se joindre au noyau de Charette et ramasser ce qui se trouve encore d’habitants dans ce pays. — L’activité des généraux de brigade Avril et Cambray, qui sont à Savenay, département de la Loire-Inférieure, a empêché l’insurrection. Les Vendéens, nous l’espérons, demeureront seuls, et vous apprendrez incessamment la dissolution du noyau et la destruction du plus grand nombre. — Comptez bien qu’il n’y a rien de bon dans la Vendée. Sommes-nous victorieux ? Ils sont à nos genoux. Sommes-nous malheureux ? Ils sont rebelles. — Il faudra de toute nécessité transporter dans le pays le plus fertile de la République une peuplade de républicains, qui saura bien détruire ce qui reste des brigands mieux qu’une armée. [Même idée dans leur lettre du 26 mars, note 507.] — Cet ordre de choses serait préférable. Une fois établi, il vous dispenserait d’un gouvernement particulier ; il cultiverait un sol qui donne l’abondance, et qui, sans cela, va être longtemps désert et inculte. — Pesez ces observations ; prenez-en ce que vous croyez utile. — Signé : Hentz, Francastel. » – Lettre reçue le 22 mars. (XI-425)
Le même jour, de Nantes, Lequinio, représentant dans la Charente-Inférieure et la Charente, écrit au Comité de salut public :
« [...] Au lieu de poursuivre sans relâche les brigands, lorsqu’ils [les généraux républicains] ont eu des succès, ils se sont donnés du repos et ont laissé aux brigands le temps de se rallier, de se raffermir, et, ce qu’il y a de pis, de grossir leurs bandes d’une multitude d’hommes qu’ils sont allés prendre dans leurs villages, qu’ils ont forcés de marcher sous peine de mort et dont le nombre est accru à mesure que les pelotons se grossissaient. Divisés et poursuivis sans relâche, ils n’auraient pu contraindre personne ; raffermis par le repos, ils ont enveloppé des villages dans leurs groupes renaissants, et ceux-là même qui se sont rendus coupables en marchant, quoique par force, le sont devenus de plus en plus en forçant eux-mêmes les autres ; c’est à ne jamais finir si l’on suit la marche qu’on avait prise. » Les villes ne sont pas précisément le théâtre de la guerre, sauf exception, et des agents nationaux intelligents, énergiques et actifs, pris ailleurs, suffiraient à ranimer l’énergie qui fait partout défaut. « Quant à ce qui fait précisément le théâtre de la guerre, au point où les choses en sont réduites, je crois qu’il n’y a d’autre parti à prendre que de tout exterminer et de faire venir des colons des autres départements pour cultiver ce pays qui est peut-être le plus fertile de la République. Je crois que si par séduction, argent, violence ou autrement, on avait pu s’emparer des chefs, il serait possible de n’exterminer que les étrangers, car quoique l’on puisse croire, ce sont les hommes du pays même qui sont les moins dangereux ; ils seraient réduits à l’instant s’ils étaient [laissés] à eux-mêmes ; mais ce sont les prêtres, les nobles, les étrangers et les déserteurs mêlés au milieu d’eux qui rendent leur réduction impossible. Il faut donc nécessairement les égorger tous. C’est le parti que facilite l’arrêté que mes collègues Garrau, Hentz et Francastel viennent de prendre, en faisant retirer dans l’intérieur de la République tous les réfugiés de ce pays, réduits au désespoir, ainsi que le sont les habitants de ce pays, et pervertis par les scélérats étrangers qui sont au milieu d’eux et qu’il n’est pas possible d’en séparer. Il est impossible maintenant qu’on use envers eux des moyens que l’on pouvait employer autrefois de concert avec la poursuite des étrangers. Il faut donc se décider à tout massacrer, mais il faut pour cela ne dormir ni jour ni nuit [...] » – Lettre reçue le 5 mars. (Sup2-507)
Le 27 mars, le Comité de salut public (sans précision) écrit aux représentants dans le département de la Vendée :
« Lorsqu’il se fait par vos ordres, citoyens collègues, des émigrations de citoyens de la Vendée, vous devez dans votre sagesse aviser aux moyens de leur assurer, dans les départements où ils passent et où ils arrivent, des moyens de subsistances, et ces moyens, les extraire des départements d’où ils sortent. » (XII-226)
Le 24 avril, le Comité arrête :
« Le Comité de salut public arrête que les représentants du peuple à l’armée de l’Ouest prendront les précautions nécessaires pour que les citoyens qui, en exécution de leurs arrêtés, sortent du département de la Vendée et de ceux environnants, ne puissent se porter vers les points des côtes maritimes qui sont voisins de ces mêmes départements. » – Écrit par Collot-d’Herbois. Signé : Collot-d’Herbois, Couthon, B. Barère (XIII-27, n° 10)
Le 25 avril, le Comité de salut public (sans précision) écrivit à Hentz, Francastel, Turreau et Garrau, représentants dans les départements de l’Ouest :
« Il est une mesure importante, citoyens collègues, que le Comité de salut public vous invite à ajouter aux dispositions de vos arrêtés sur les réfugiés de la Vendée. Plusieurs se sont déjà retirés vers les côtes maritimes ; il pourrait en résulter de très grands dangers au moment où la perfidie anglaise doit venir s’y briser. Éloignez-en tout ce qui pourrait y porter la contagion et présenter à ces lâches insulaires un motif d’espérance ; prévenez tous moyens de correspondance entre eux et les rebelles, dont la plupart des réfugiés pourraient n’être que des agents secrets. Prenez sur-le-champ toutes les mesures pour faire refluer dans l’intérieur tous les individus qui se trouvent atteints par vos arrêtés. Nos côtes ne doivent recevoir que des républicains éprouvés ; leur approche doit être interdite à tout ce qui peut offrir un caractère équivoque et douteux. » (XIII-56)
1er mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS — Evacuation
De Nantes, Garrau, Hentz, représentants à l’armée de l’Ouest, Prieur (de la Marne), représentant dans le Morbihan et la Loire-Inférieure, et Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, écrivent au Comité (extrait) :
« […] Tous les rapports nous annoncent encore qu’il existe d’autres rassemblements de brigands [que celui de Charette, estimé à 4.000 ou 5.000 hommes dont moitié bien armés], et que les habitants du pays sont dans un état de guerre perpétuel avec les soldats de la République, qu’ils égorgent partout où ils peuvent les surprendre. — Les femmes et les enfants ne sont pas dans de meilleures dispositions ; ils servent les uns et les autres d’espions aux brigands, qu’ils avertissent de tous les mouvements de nos armées. Aussi pensons-nous que, pour terminer cette guerre désastreuse, et qui, sans de grandes mesures, pourrait se prolonger encore longtemps, il n’y a d’autre parti à prendre que de faire exécuter le décret du 1er août, qui veut que les repaires des brigands soient détruits, et que les femmes, les enfants, les vieillards et les subsistances soient portés sur les derrières des armées. — Salut et fraternité. — Signé : Garrau, Hentz, Prieur de la Marne, Francastel. » (XI-485)
6 mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS — Evacuation
De Cholet, Hentz, représentant à l’armée de l’Ouest, et Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, écrivent au Comité :
« Le désespoir des brigands augmente en raison de leur détresse, et cet état les rend par moment redoutables. L’obligation de n’avoir que des petites colonnes laisse des vides, et ils se portent avec fureur là où nous ne sommes pas, là où tout n’est pas détruit ; nous venons d’apprendre qu’ils commettent leurs horreurs, c’est-à-dire leurs massacres des patriotes dans le canton de Loroux et autour de Saint-Florent. L’opiniâtreté des habitants de ce pays est inconcevable ; malgré nos proclamations de se retirer, les facilités que nous donnons aux réfugiés, il en est beaucoup qui restent. Cependant, notre mesure a produit le plus grand effet et il vient d’évacuer plus de dix mille personnes de la Vendée. Cela désole les brigands, qui vont se trouver seuls, et qui voient bien qu’on les fera infailliblement périr. Tout Cholet a évacué hier ; il n’y reste personne, on n’a rien brûlé. [...] » – Lettre reçue le 14 mars. (XI-577)
9 mars 1794 — LETTRE DE FRANCASTEL ET HENTZ
De Saumur, Francastel, représentant dans l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire, et Hentz, représentant à l’armée de l’Ouest, écrivent au Comité de salut public.
« Citoyens nos collègues, — Nous profitons du premier moment de relâche pour vous instruire de ce que c’est que la Vendée actuelle, car elle change de face chaque jour ; mais soyez tranquilles sur les résultats : ils ne peuvent qu’être rassurants. Nos collègues Garrau et Prieur n’ont pas longtemps soutenu l’horrible spectacle de ce pays affreux, où l’on ne voit que des ruines et des morts, où règne le silence le plus lugubre. Ils sont revenus à Nantes. Nous leur avons laissé la place, en reprenant la leur, et nous venons de parcourir la Vendée depuis Nantes jusqu’à Saumur en passant par Mortagne, Tiffauges, Cholet, Coron, Vihiers, Doué. — Les dispositions militaires adoptées sont celles-ci : deux fortes colonnes aux ordres, l’une de Cordellier, l’autre d’Haxo sont vers le Bocage aux trousses de Charette, qui a le plus fort rassemblement. — Deux autres colonnes, que nous venons de faire organiser avec la garnison de Cholet et partie de celle de Doué, sont aux ordres, l’une de Grignon, l’autre du général en chef [Turreau]. La première poursuit Stofflet, qui a environ 1,500 brigands, réfugiés dans la forêt de Vezins, d’où ils se portent sur tout ce qu’ils peuvent rencontrer et forcent tout le monde à les suivre ; la dernière colonne va balayer quelques rassemblements qui se forment dans le canton du Louroux et vers Saint-Florent. Saumur est couvert par 600 hommes d’infanterie et 300 hommes de cavalerie, qui sont placés à Doué, pays de plaine très dégagé. — Nous avons évacué Cholet, comme vous savez [le 5 mars] ; nous n’y avons pas mis le feu, mais nous n’y avons rien laissé qui puisse servir à l’ennemi, et nous avons fait détruire les fours ; nous désirons que l’ennemi vienne s’y loger ; nous l’y travaillerons du bon genre, car ce poste est intenable. [Les rebelles de Stofflet incendièrent Cholet le 10 mars.] — Nous avons laissé bonne garnison à Mortagne et à Tiffauges, afin d’entretenir la communication avec Nantes par Mortagne, également bien gardé, pendant que les colonnes travaillent dans l’intérieur et sur les rassemblements. — Les rebelles n’ont d’autre but en ce moment que de surprendre des postes pour les égorger, s’emparer de leurs armes et de leurs munitions ; nous y avons remédié, et nous pensons que cela leur est impossible. Le seul embarras est de s’en saisir ; ils se portent avec fureur là où nos colonnes ne sont pas, et ils fuient comme des lièvres à la vue des mêmes colonnes et se retirent dans les bois, d’où ils s’éloignent rarement. — Les mesures que nous avons prises les chagrinent beaucoup. Comme nous avons fait évacuer de Cholet et de l’intérieur plus de six mille femmes et enfants qui étaient leurs espions, ils ne savent plus nos affaires, et ils sont désorientés à chaque point. En voici une preuve : avant-hier, à une demi-lieue de Vihiers, nous apercevons sur une hauteur, à portée et demie de canon de celle où nous étions, la troupe de Stofflet, composée d’environ quinze cents hommes, sortir d’un bois, descendre rapidement la côte, pour venir nous attaquer. Nous arrêtons aussitôt notre marche, nous nous développons en bataille, et surtout nous nous étendons sur la droite pour l’en envelopper. A l’instant, ils s’arrêtent ; nous tirons six coups de canon (c’étaient ceux de Cholet que nous emmenions sur les derrières) ; vous les eussiez vus se sauver dans le bois qu’ils venaient de quitter ; la cavalerie, mise à leur chasse, a tué quelques traîneurs. — Or cela nous prouve qu’ils ignorent nos mouvements et nos forces ; car, s’ils les eussent su, ils ne se seraient pas présentés à combattre six mille hommes de bonne troupe ; Grignon, comme vous pensez bien, est à leur suite. — Nous pouvons vous assurer que c’est la plus méprisable canaille ; elle va comme un troupeau de cochons. Il est vrai qu’elle prend facilement et promptement tous les mouvements, qu’elle attaque avec furie. Mais, si leur première fusillade n’a pas eu d’effet, ils sont perdus. Au reste, ils perdent peu de monde dans les combats, parce qu’ils se sauvent comme des lapins ; mais nous les tuons en détail, en faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays, et puis ils périront de misère ; plus de fours, plus de moulins, plus de villages ; on les chasse, il faudra qu’ils succombent. — Cholet nous faisait bien du mal ; outre les six mille femmes, qui espionnaient pour l’ennemi, on y perdait la garnison que nous avions là. Ces malveillants intimidaient les faibles et les lâches, ou amollissaient les autres, et nos meilleurs bataillons s’y perdaient, témoin ce qui s’est passé la veille de notre arrivée. C’est un événement que les malveillants dénaturent déjà pour faire croire à la résurrection de la Vendée, et que nous nous empressons de vous dire aujourd’hui, car ne croyez pas qu’on puisse vous écrire quand on parcourt ce pays où l’on se couche sur la dure et très souvent à l’air, où la vie n’est pas riante. — Le 12 ou le 13 du courant [ventôse – 2 ou 3 mars], le commandant à Cholet a su que le même Stofflet était à Vezins avec la même troupe dont nous venons de vous parler ; il a envoyé quinze cents hommes pour les envelopper et les prendre. Cette force a été divisée en deux colonnes pour cerner le village de Vezins. Une colonne a donné, et l’autre n’a pas voulu se battre ; cela a mis du désordre ; car elle s’est enfuie. L’autre colonne s’est repliée, et nous avons perdu environ cent hommes. Le commandant de Cholet a envoyé ce soir environ trois mille hommes pour attaquer le même Stofflet. Cette seconde tentative n’a pas été malheureuse, parce que nous n’avons rien perdu, mais elle a été sans succès, puisque nos soldats n’ont pas voulu marcher sur l’ennemi, et tout cela venait de ce que les habitants de Cholet mettaient la terreur dans nos armées en disant que nous ne connaissions pas le nombre de nos ennemis, qu’il y en a plus qu’il ne faut pour nous cerner, et que, quand nous serons pris, nous serons massacrés. Nous nous sommes assurés que c’est le motif pour lequel trois mille hommes de bonnes troupes n’ont pas voulu en combattre quinze cents de brigands, dont plusieurs ne sont pas armés. — Ne croyez donc pas aux prétendues déroutes que les malveillants répandent. Vous savez tout ; il n’y a eu aucune déroute, puisque à chaque occasion il y a eu retraite, puisque l’ennemi n’est pas venu à Cholet ; mais il est sûr que la garnison de Cholet était travaillée. Vous en avez la preuve deux fois depuis environ un mois ; elle a fléchi devant Stofflet, qui n’avait pas le quart de nos forces. — La bonne preuve que la Vendée ne sera jamais redoutable, c’est qu’elle ne contient plus d’habitants, qu’une quinzaine ou une vingtaine de mille habitants de l’ancienne population, qui devait être de plus de 160,000 habitants. — Nous sommes sûrs d’avoir fait évacuer tout ce qui n’est point criminel dans ce pays ; tous les jours on en tue, et, à la fin, leur destruction est inévitable, mais ce sont les plus scélérats et les plus cruels des hommes. — Il faut avoir bien du courage pour faire cette guerre, et notre armée est exposée aux plus cruelles épreuves ; les soldats sont sûrs d’éprouver les plus affreux tourments, s’ils tombent entre les mains des rebelles ; aussi la seule manière de les décourager, c’est de leur dire que nous n’avons pas de forces supérieures aux leurs, et nous sommes bien aises de l’affaire d’avant-hier, où ils ont vu qu’ils n’ont affaire qu’à une poignée de scélérats. — D’autre part on n’a pas de lit, on est toujours couché sur la dure, parce que nous ne traînons pas une seule voiture après nous, pas d’effets de campement. On n’a que du pain et très souvent la plus mauvaise eau. — La viande ne leur manque heureusement pas. Les courses continuelles qu’il faut faire sont bien fatigantes. C’est égal, le soldat ne se plaint qu’au moment où il souffre. Le temps est heureusement beau depuis trois jours. — Demain, nous nous remettons en marche avec l’armée, qui est sur le chemin de Saint-Florent, et Turreau, qui prend ici ce qu’il y trouve de troupes en état. — Le désarmement s’opère bien, et il produit beaucoup de fusils dont nous armons une foule de soldats qui étaient sans armes ; cela a augmenté nos ressources. — Il résulte de tout ce que nous venons de vous dire que, quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n’y restera point d’habitants, puisqu’on y aura tout détruit. Ainsi il est impossible que vous vous occupiez d’aucune loi sur son gouvernement. Il faudra déclarer tout le pays confisqué à la République, sauf l’indemnité aux réfugiés, et le nombre de ces réfugiés est très faible, relativement au reste qui est coupable, qui a péri et qui périra. Ces réfugiés ne valent rien ; ce sont des lâches en général. Il n’y a de réfugiés dignes d’intérêt que ceux qui se sont mis dans nos bataillons. Consultez là-dessus Bourbotte, Turreau, Carrier et ceux qui ont vu la Vendée sans prévention et sans intérêt particulier. — Le général Turreau est le meilleur de son armée, mais il est dur ; ce n’est pas Rossignol. Au reste il faut avoir bien du caractère et bien de la force pour résister dans le pays le plus affreux. Il faut faire tuer des scélérats que l’on rencontre espionnant dans les campagnes ou cachés dans les genêts. C’est une chose bien terrible que de faire la guerre dans un désert, que de marcher sur des cadavres, que de ne pas trouver un asile. Ne faites des reproches aux généraux qui sont dans la Vendée. A coup sûr ils ne s’amollissent pas. Au reste, ce qui encourage le soldat, c’est qu’il nous voit couchés près de lui, partageant ses privations et sa misère. Cela ne peut durer longtemps pour nous, mais il faut que quelqu’un le fasse. Nous ne nous plaignons pas. Il faut des représentants dans l’armée ; dites à ceux qui bavardent que cela est fort aisé. — Salut et fraternité, — Signé : Francastel, Hentz. » (XI-577)
18 mars 1794 — LETTRE DES REPRESENTANTS
De Nantes, Hentz, Garrau, Prieur (de la Marne), représentants à l’armée de l’Ouest écrivent au Comité de salut public :
« […] Tenez-vous bien en garde contre tous les rapports et les demandes qu’on vous fait par toutes les Sociétés populaires, toutes les autorités constituées des Sables, de Fontenay-le-Peuple, de Niort, Luçon, même de la Rochelle, etc. Tous ces gens-là entravent les mesures qui, malgré eux, finissent pour toujours la malheureuse guerre de la Vendée. Tantôt ils s’opposent à ce qu’on brûle les repaires des brigands, à ce qu’on leur ôte les moyens de subsister, en brûlant les moulins, en détruisant les fours et surtout en mettant sur les derrières, en faisant rentrer dans l’intérieur les femmes, les enfants, les vieillards, qui étaient tous les boulangers et les espions des brigands ; tantôt ils répandent la terreur dans le pays, en disséminant de fausses mauvaises nouvelles. Telle cette Société qui a écrit au ministre de la guerre… [...] » (XII-48)
20 mai 94 — LETTRE DE LAIGNELOT — Chouans et distinction
De Vitré, Laignelot, représentant dans la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, écrit au Comité de salut public :
« Citoyens collègues, — Les Chouans existent, mais bientôt ils ne seront plus. Nous avons chaque jour sur eux des avantages, et nous ne les laisserons pas respirer qu’ils ne soient absolument défaits. Quoi qu’on ait dit que ce n’était rien, que ce n’était qu’un ramas de malheureux qui, ne pouvant trouver asile en aucun lieu, faisaient le métier d’assassins, j’ai trouvé, moi, que c’étaient de parfaits organisateurs de guerre civile, et que celle-ci n’eût pas tardé à devenir autant et même plus dangereuse que celle de la Vendée. En effet, dans les cinq départements de la ci-devant Bretagne, dans presque toutes les communes, elle a des germes qui n’attendaient qu’un moment propice pour éclore, et Dieu sait quand on aurait pu parvenir à les étouffer. Les chefs le savent si bien qu’ils ont divisé leurs troupes par petits pelotons sur une étendue immense de terrain. Des Chouans font aujourd’hui en tel lieu une entreprise, et dans le même jour, à quinze, vingt lieues de là, d’autres Chouans paraissent et en tentent une pareille. Toutes les villes sont remplies de royalistes qui les protègent sourdement. Tous les riches sont de leur parti. Quoi qu’il en soit, citoyens collègues, n’ayez nulle inquiétude : nos affaires vont. Le général Moulin, le général Vachot et la plupart de ceux qu’ils ont employés sont dans mes principes. Les Chouans seront exterminés : j’entends les véritables chouans, et une immense population et des riches propriétés [seront] à la République. Il ne coulera que le sang impur, et le sang innocent sera respecté. Je ne m’épargnerai en rien ; je parcourrai les villes, les campagnes, et j’espère trouver ici, comme partout ailleurs, que l’homme est essentiellement bon, et que, pour le rendre méchant, il faut le tromper. — Adieu, citoyens collègues, salut et fraternité. — Signé : Laignelot. » (XIII-632)
Mai - juin 1794 — LES RECOLTES
Le 21 mai 1794, le Comité de salut public arrête les dispositions pour opérer les récoltes en Vendée.
« Le Comité de salut public, voulant établir l’ordre et la sûreté publique dans le département Vengé, arrête :
1° Il sera fait, dans chaque commune du département Vengé, un recensement exact de toutes les familles et de tous les individus qui y sont domiciliés.
2° Chaque chef de famille déclarera ses propriétés ou la consistance et l’étendue de son exploitation ; s’il est fermier ou locataire, le nombre de ses chevaux, bestiaux, équipages, charrues et charrettes, la quantité de grains et de boissons qui lui restent. Il remettra toutes ses armes à la disposition des agents de la République.
3° Il sera dressé en même temps un état en masse et aperçu de toutes les terres chargées de récolte, en distinguant les différentes espèces de grains et productions, et l’étendue ou quantité de terre chargée de chaque espèce.
4° On constatera, par la déclaration des cultivateurs les plus intelligents, s’il existe dans chaque commune ou canton un nombre suffisant d’individus pour faire la récolte, si dans les années précédentes il s’y rendait des ouvriers et journaliers des districts voisins, et dans quels lieux il s’en présentait au temps de la récolte.
5° On constatera s’il existe dans chaque commune ou canton les bâtiments nécessaires pour tous les usages indispensables, logements, fours, écuries, étables, granges, caves, greniers, soit pour l’exploitation, soit pour la conservation.
6° On désignera les lieux où le dépôt des récoltes doit se faire, dans ou hors les cantons, les moyens de transport suffisants ou à suppléer.
7° On déterminera s’il convient de faire transporter les récoltes en gerbes, ou s’il est plus utile de les conserver sur les lieux, de les faire battre et de faire transporter les grains dans les dépôts et magasins qui seront désignés.
8° Il sera pris, pour la conservation et la sûreté de toutes les récoltes des particuliers, les mêmes précautions que pour la sûreté et la conservation des récoltes appartenant à la nation.
9° Dans les lieux où il n’y aura pas sûreté suffisante et où les récoltes seraient exposées au pillage des brigands, les grains des particuliers seront transportés, soit en gerbes, soit battus, comme il aura été reconnu plus utile, après en avoir fait constater la quantité. Il ne sera laissé à la disposition du cultivateur que l’approvisionnement de deux mois, à raison du nombre d’individus composant sa famille ou employés à son exploitation.
10° Il sera délivré des graines pour l’ensemencement des terres et pour la consommation ultérieure de chaque famille. Il sera tenu un compte pour chaque famille de sa récolte.
14° L’exécution des dispositions ci-dessus sera confiée à un nombre suffisant de citoyens, qui seront nommés par le Comité de salut public sur la présentation de la Commission d’agriculture, et qui correspondront immédiatement avec cette Commission, à laquelle ils rendront compte de toutes leurs opérations.
16° La force armée appuiera et protégera les opérations des agents, qui s’exécuteront progressivement en avançant dans le pays. Elle dissipera et détruira tous les obstacles. Elle ne laissera dans la commune aucuns individus qui ne soient domiciliés et qui ne se fassent enregistrer.
17° La force armée parcourra en ordre et en force tout le pays, de manière que, dans tous les points où elle se portera, elle ne puisse éprouver aucune résistance, et que tout cède au nombre, à la force, à l’ordre, à la discipline et à la bonne tenue.
18° Les agents se réuniront dans une commune voisine et à portée des lieux par lesquels on devra commencer les opérations. Les commandants officiers généraux de l’armée, seront invités à s’y rendre. On rassemblera quelques administrateurs et autres citoyens connus par leur civisme, leur intelligence et leur probité, réunissant ces trois qualités au plus haut degré et n’ayant entretenu aucune liaison avec les ennemis de la Révolution. On arrêtera dans cette assemblée le plan et l’ordre des opérations des agents et de la marche des troupes.
19° Ce plan, qui ne sera qu’un itinéraire, sera dressé avec précision, et il en sera adressé une expédition au Comité.
20° Comme il est essentiel que toutes les opérations qui doivent précéder la récolte s’exécutent dans le plus court délai et qu’elles commencent en même temps sur plusieurs points, on règlera ces différents points par districts et par arrondissements ; on appuiera les opérations sur chaque point par une colonne de l’armée plus ou moins forte. La direction de chaque point et de chaque colonne sera telle que les colonnes puissent se soutenir et qu’elles ne puissent être coupées ; qu’elles aient leurs communications libres ; qu’en avançant des différents points, elles se rapprochent des lieux les plus exposés aux brigands, les détruisent et rendent le pays entièrement libre et sûr. »
Signé : Carnot, Collot-d’Herbois, R. Lindet (XIII-345, n° 3)
Instruction pour les agents :
« L’arrêté du Comité de salut public (du 2 prairial), dont il est remis une copie à chaque agent, doit leur servir de guide dans toutes leurs opérations et leurs démarches. Ils méditeront sur chacun des articles qui la composent, pour se pénétrer de l’étendue de leurs devoirs, les connaître parfaitement et les remplir avec cette exactitude rigoureuse qui caractérise le vrai républicain. Ils sentiront bientôt que la mission qui leur est confiée est une des plus importantes dans les circonstances actuelles. Il ne s’agit pas moins que de conserver à la France conséquemment à eux-mêmes, à leurs frères, une des plus belles récoltes qui aient jamais existé ; de la soustraire à la rapacité des brigands intérieurs, d’assurer l’existence de la population immense des départements qu’ils désolent, et de prouver ainsi à l’Europe entière que le peuple français toujours grand, toujours ferme, toujours énergique, ne laisse échapper aucune des mesures de salut public qui lui sont présentées par la sagesse et l’humanité. Les agents n’oublieront pas, sans doute, que la nature de leur mission leur impose un devoir qui doit être cher à leur cœur, celui de faire aimer, respecter la Révolution dans un pays si souvent trompé et dévasté par les contre-révolutionnaires ; c’est à eux de surveiller et de démasquer ceux qui pourraient se cacher encore sous des formes républicaines. C’est à eux à démontrer par leur conduite et leurs discours que le salut du peuple est dans l’affermissement de la Révolution ; que seul, il est l’objet de la sollicitude de la Convention nationale et du Comité de salut public, et que les principes de la liberté, de l’égalité auxquels nous devons déjà notre force et notre puissance, peuvent seuls nous rendre à la paix et au bonheur. Ils se conformeront avec la plus scrupuleuse exactitude au plan d’opération qui sera adopté dans l’Assemblée, indiqué par l’art. 18 de l’arrêté du Comité de salut public, et ils l’exécuteront, pour ce qui les concerne de concert avec les autorités constituées et la force militaire. Ils se réuniront au nombre de deux sur tous les points où ils agiront, et même en plus grand nombre, lorsque les circonstances l’exigeront afin de mettre plus d’ordre et de célérité dans les opérations. Ils mettront toute l’activité dont ils sont capables dans leur correspondance avec la Commission d’Agriculture et des Arts, à laquelle ils écriront deux fois par décade ; et, pour que cette correspondance l’éclaire plus utilement, ils conviendront ensemble avant de se séparer d’un mode uniforme de tableau pour la population, les récoltes, le lieu de leur dépôt et leur conservation. Lorsqu’ils auront des doutes, ils s’adresseront, pour les résoudre, à la Commission d’Agriculture et des Arts, si les circonstances permettent ce retard, sinon ils se décideront de concert avec les autorités constituées et instruiront la Commission de leurs décisions. Ils auront soin de communiquer leur marche à la Commission et lui indiquer les endroits où elle pourra leur adresser les réponses. Enfin, ils doivent s’appliquer en faisant preuve de fermeté, de justice et d’énergie, à démontrer qu’ils ne perdent jamais de vue les principes de l’humanité et toutes les vertus républicaines.» (Sup3-153, note)
Le 4 juin (16 prairial), le Comité (Billaud, Lindet et Barère) arrête les ordres de marches des colonnes devant assurer la protection des récoltes :
Ordres de marche
« Les agents présentés par la Commission d’agriculture et des arts, acceptés par le Comité de salut public, se réuniront à Fontenay-le-Peuple. Le commandant en chef ou un général de division, ou un officier général d’un autre grade désigné par le général en chef, se rendra pareillement à Fontenay avec plusieurs officiers de l’état-major pour concerter la marche et les opérations prescrites par l’arrêté du 2 prairial [21 mai]. Le général de l’armée fera rassembler à Fontenay un corps de troupes suffisant pour former trois colonnes dont l’une se portera sur la route de Fontenay à Nantes, une autre se rendra à Luçon et traversera le département de la Vendée par la Roche-sur-Yon. La 3e se rendra aux Sables d’Olonne et parcourra le territoire situé entre la mer et la route des Sables à Nantes ; la colonne intermédiaire, s’avançant du midi au nord, se tiendra toujours à portée d’appuyer la colonne de la droite ou celle de la gauche. La marche des trois colonnes sera constamment réglée autant qu’il sera possible en direction parallèle, afin que celle du milieu puisse se porter avec la même facilité vers les deux autres colonnes. Les trois colonnes ne marcheront qu’en ordre de bataille et seront dans un état continuel d’observation et de surveillance ; elles seront précédées d’avant-gardes d’éclaireurs. Elles observeront la discipline la plus exacte ; elles ne livreront aucun combat ; elles ne feront aucune attaque qu’autant qu’elles apercevront des hommes rassemblés en état d’hostilité ou de rébellion. Elles maintiendront l’ordre et la sûreté dans tous les lieux que les agents de la Commission parcourront. Elles traiteront comme rebelles ceux qui auront des armes, qui n’auront pas de domicile, qui ne seront pas réunis à leurs familles, qui ne se présenteront pas dans les assemblées des communes et ne s’y feront pas inscrire conformément à l’arrêté du 2 prairial ; on n’emploiera la force que dans le cas de nécessité. S’il existe des rassemblements à la frontière, on les dissipera en s’y portant avec une grande supériorité de forces, avec l’ensemble et un ordre constamment suivi. La 3e colonne s’avancera vers St-Jean-de-Monts, et s’il s’y trouve encore des hommes en état de rassemblement ou de révolte, elle fera ses dispositions pour détruire ces rassemblements en tournant ce lieu du côté de la mer, en se concertant avec les garnisons de Beauvoir, de La Garnache, et de Challans, et même avec la colonne intermédiaire qui, si elle n’est pas obligée d’appuyer sur sa droite, se rendra à Palluau et pourra concourir au succès d’expédition (sic) sur St-Jean-de-Monts. Tandis que les trois colonnes parcourront le département Vengé dans l’ordre qui vient d’être tracé, un cordon de troupes à poste fixé, et en état d’observation, interceptera tout passage et toute communication aux hommes suspects entre la Vendée et le département de Mayenne-et-Loire [Maine-et-Loire]. Les agents de la Commission feront publier dans le département Vengé une proclamation [voir ci-dessous au 21 juin] pour annoncer l’objet de leur mission, ordonner à tous les habitants de se retirer dans leurs communes et de se présenter au jour qui sera indiqué pour se faire inscrire sur la liste qui sera dressée de tous les habitants, et déclarer que ceux qui ne seront pas inscrits sur ces listes seront traités en rebelles. » (Sup3-193)
Le 21 juin, les agents de la Commission d’agriculture et des arts dans le département Vengé firent la proclamation suivante, qui fut abusivement interprétée comme une amnistie :
Proclamation des Agents
« Quelques contrées de la France avaient levé l’étendard de la révolte à la voix des ennemis du peuple ; elles ont lutté un moment contre leur patrie ; mais le masque, qui couvrait les traîtres, a tombé. Ces hommes ont rougi d’avoir servi la cause des conspirateurs ; ils ont imploré la clémence nationale ; on n’a vu en eux que des citoyens égarés ; leur crime a été oublié, et ils ont trouvé, parmi leurs frères, sûreté et protection ; les grands coupables seuls ont été punis. Habitants de la Vendée, victimes malheureuses des prêtres et des nobles, la même grâce vous attend, si vous rentrez dans le devoir. La République ne composera jamais avec des brigands ; mais aussi elle sera constamment indulgente pour des hommes qui n’ont été que séduits ou entraînés par la violence. Nous savons qu’un très grand nombre ne respire (sic) que la paix et la tranquillité, qui les retiennent par la terreur, s’ils ne craignaient de trouver la mort parmi leurs frères. — Citoyens, les républicains ne frappent que le crime ; ils ne terrassent que la rébellion ; ils ne sont terribles qu’envers leurs ennemis. Ils sont fidèles à leurs amis et ils aiment le retour à la vertu. Loin d’eux toute espèce de ruse ; cette ressource ne peut être employée que par la faiblesse et l’hypocrisie, et, on le sait assez, quand la République menace, elle est toujours prête à frapper, comme, quand elle promet sûreté et protection, elle tient toujours parole. Ceux qui vous disent le contraire sont des calomniateurs. — Hommes égarés ou intimidés par certaines mesures que le gouvernement n’a point autorisées, la patrie vous ouvre ses bras ; rentrez dans vos foyers ; continuez à cultiver vos champs ; préparez-vous à moissonnez vos abondantes récoltes, et soyez sûrs que le gouvernement fermera les yeux sur le passé ; on ne pensera plus au mal que pour chercher le moyen de le guérir. — Le moment actuel est favorable pour montrer votre repentir et obtenir grâce. Nous sommes chargés de l’exécution d’arrêtés du Comité de salut public relatifs aux récoltes de la Vendée. Ils portent qu’on prendra le dénombrement des habitants, qu’ils se feront inscrire pour travailler aux moissons et qu’on leur laissera des vivres. On dressera un état des récoltes des particuliers, à qui on fera délivrer des subsistances au fur et à mesure qu’ils en auront besoin. On aura soin de leur fournir de quoi ensemencer leurs terres. — Rentrez donc avec sécurité dans vos foyers, remettez-nous vos armes, et nous vous donnons l’assurance la plus positive que vous ne serez point inquiétés. Si vous étiez sourds à notre voix, nous vous le déclarons, on ne verrait plus en vous que des ennemis irréconciliables, et on continuerait à vous faire une guerre à mort. — Les généraux et commandants de la force armée sont chargés de faire respecter les personnes et les propriétés ; ainsi les habitants de la Vendée n’auront à craindre aucun excès de la part du soldat ; mais aussi tout attroupement leur sera expressément interdit. S’ils contrevenaient au présent ordre, on emploierait la force pour les dissiper et les détruire. — Chaque habitant rentrera dans le devoir, se rendra dans sa commune. Il s’occupera là à cultiver paisiblement son champ, jusqu’au moment où les colonnes des armées républicaines s’avanceront dans le pays ; alors il sera ouvert un registre, sur lequel il se fera inscrire, et il sera employé aux travaux de la moisson, qui fait son espérance et celle de sa famille. Il sera instruit du jour on les agents arriveront dans sa commune, où il pourra les attendre avec confiance. — Les agents déclarent que tous ceux qui ne seront pas inscrits sur ces listes seront traités en rebelles. — Signé : Brafaut, Guillemot l’aîné, Rivière, Fery, Pilley, Fleuret, Coret, Millet, Hervieux, Rouval et Jacquemi. » (XIV-761, note 1)
2 juillet 1794 — ARRETE DU CSP
« Le Comité de salut public, délibérant sur la situation de l’armée de l’Ouest, arrête :
1° Les vingt-cinq mille hommes qui doivent être extrait de l’armée de l’Ouest pour se rendre à Châlons-sur-Marne seront réduits à quinze mille.
2° Les fusils des volontaires qui se rendent aux hôpitaux, ceux qui peuvent se trouver au dépôt ou disséminés, seront recueillis avec soin : les généraux sont chargés, sous leur responsabilité, de prendre les mesures les plus rigoureuses pour la conservation des armes : toute négligence à cet égard sera regardée comme un crime, et les chefs en seront responsables.
3° Il ne sera remis d’armes à feu qu’aux anciens militaires. Ceux de la première réquisition seront employés à faire la moisson et exécuter les différents travaux pour lesquels ils seront requis par les généraux ou les représentants du peuple, ou bien envoyés à Brest ou à Rochefort pour servir dans la marine.
4° Les généraux retireront les troupes de leurs cantonnements, les feront camper et les tiendront dans une activité perpétuelle. Ils rendront compte chaque jour aux représentants du peuple près l’armée de l’Ouest de ce qu’ils auront fait pour l’extermination des brigands. Chaque jour d’inaction sera regardé comme un crime.
5° Ils seront responsables de l’indiscipline des troupes, ainsi que des actes d’inhumanité qui ne pourraient qu’aigrir le mal au lieu d’y mettre fin.
6° L’exécution des mesures prescrites par les arrêtés des 2 et 16 prairial [21 mai et 4 juin, ci-dessus] relatifs à la récolte du département Vengé s’étendra à tout le territoire où la récolte existe encore. Les arrêtés seront assujettis aux modifications qui seront jugées nécessaires par les représentants du peuple près l’armée de l’Ouest. »
Signé : Carnot (XIV-656, n° 18)
13 juillet 1794 — LETTRE DE BO — Distinction brigands / cultivateurs
De Nantes, Bo, représentant à Nantes, écrit au Comité de salut public :
« Citoyens collègues, — Il est affligeant, mais nécessaire de mettre sous vos yeux le tableau des assassinats que commettent chaque jour aux environs de Nantes les brigands des deux rives de la Loire. Depuis que je suis ici, je ne cesse d’en avertir les généraux, et leurs réponses sont qu’ils n’ont pas assez de forces pour les diviser sur tous les points, que la plupart de leurs soldats sont sans armes et qu’ils font tout ce qu’ils peuvent. Mais ce n’est pas assez : il faut protéger les patriotes, les paisibles cultivateurs, il faut exterminer les brigands. [...] » (XV-153)
23 juillet 1794 — LETTRE DU CSP — Ménager les faibles
Le Comité (Carnot) écrit aux représentants près l’armée de l’Ouest, à Niort :
« [Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la Commission militaire séante à l’Île de la Montagne, par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation [voir au 21 juin] faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. (A. N., AF II 269)] Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs, fauteurs et instigateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous, au contraire, chers collègues, de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle, et que les scélérats qui ont déchiré les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. Mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours, et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. »
Signé : Carnot. (XV-379)
Suite à la lettre de Garnier (de Saintes) du 22 décembre, signalée plus haut, Secher commente ainsi : « Aucune loi n’est prise dans ce sens et, en conséquence, ces femmes [prisonnière] partagent le sot commun des prisonniers, c’est-à-dire la mort. Lorsque le Comité, par l’intermédiaire de Carnot, soulève enfin le problème des femmes, des enfants et des vieillards, le 5 thermidor an II (23 juillet 1794), soit cinq jours avant la chute de Robespierre, leur sort est confirmé » (Vendée, du génocide au mémoricide, p. 125). Outre le fait que la présente lettre porte aussi sur « les individus entraînés par la violence », que Carnot n’était pas seulement intermédiaire du Comité mais le principal organisateur de la guerre, que Robespierre ne participait plus au Comité depuis le 1er juillet, mais il faut bien arriver à l’impliquer dans cette affaire pour le salir, outre que Secher omet la partie de la dernière phrase (ici en itallique), on voit bien qu’il fait dire à cette lettre exactement son contraire. Le Comité demande que les femmes, les enfants, les vieillards et les égarés soient ménagés, et non pas tués. C’est également ainsi qu’Ingrand, qui reçut cette lettre, la compris et l’interpréta dans sa lettre du 5 août (voir plus bas).
28 JUILLET 1794 (10 thermidor an II) — EXECUTION DE ROBESPIERRE
29 juillet 1794 (11 thermidor) — LETTRE DE BO
De Nantes, Bo, représentant à Nantes, qui vient de participer aux récoltes, écrit au Comité de salut public :
« Je n’ai encore aucun détail de la seconde expédition qui s’est faite, et qui dure peut-être encore, sur la rive droite de la Loire. Je sais que partout ces brigands fuient, qu’on a peine à les atteindre, qu’ils se rallient dans les forêts, et je ne crois pas qu’on voie la fin de cette guerre sans régénérer en entier ce malheureux pays. Il n’y a pas un enfant, une femme, un vieillard qui ne servent les brigands. Je suis trop ennemi du sang pour dire qu’on égorge ces gens-là ; mais si l’on ne tue pas tout ce qui est armé, et en même temps si l’on n’enlève pas le reste de tout âge et de tout sexe pour les disperser dans l’intérieur, on aura de la peine à voir la fin de cette guerre. Vous ne pouvez compter sur le retour de ces fanatiques et royalistes. Vous serez forcés de prendre les mêmes mesures pour la partie droite de la Loire, infectée de Chouans. Toutes ces communes où ils roulent sont gangrenées, les habitants font eux-mêmes les patriotes le jour, et ils sont les Chouans la nuit. Il faudrait leur laisser faire les récoltes et ordonner ensuite à tous ces habitants de se retirer dans l’intérieur sous peine d’être rebelles à la loi, ou de remettre eux-mêmes tous les Chouans et de répondre sur leur tête de la tranquillité du pays. Les observations que j’ai pu recueillir et les réflexions qu’elles m’ont fournies me font penser que la rigueur seule peut terminer la guerre de la Vendée. » (XV-507)
30 juillet 1794 — ARRETE DES REPRESENTANTS
A Nantes, Bo et Ingrand arrêtent :
« Les représentants près l’armée de l’Ouest et dans les départements en dépendant, réunis à Nantes pour y délibérer sur les moyens propres à assurer l’exécution des arrêtés du Comité de salut public sur la guerre dite de la Vendée, considérant combien il importe de prévenir la fausse application des mesures du Comité de salut public, dont le but est de punir le crime et d’arrêter ses progrès destructeurs ; considérant que, si les révoltés des départements de l’Ouest ne sont pas également coupables, ils doivent cependant être traités tous avec cette sévérité révolutionnaire qu’accompagnent toujours la prudence et l’humanité, mais qui ne connaît d’indulgence que pour l’être faible, ignorant et trompé, dont la volonté n’a jamais pu participer à aucun délit national ; considérant que l’unité des mesures et la célérité de leur application en assurent invariablement le succès ; arrêtent : — 1 ° Tous les révoltés pris les armes à la main, ou en état de résistance ou attroupement, continueront, conformément aux arrêtés du Comité de salut public, d’être traités en rebelles et brigands. Ceux qui seraient arrêtés sans armes ou les auraient remises, mais seraient reconnus pour avoir pris une part active à la rébellion, et en avoir été les auteurs, fauteurs et instigateurs, seront jugés par la Commission militaire et révolutionnaire établie dans les départements de l’Ouest. — 2° Tous les autres habitants du pays révolté qui, n’étant point pris sous les armes, peuvent être jugés dignes de participer aux bienfaits de la liberté, seront d’abord conduits au quartier général de l’armée de l’Ouest, et employés provisoirement, et sous la surveillance des administrations et municipalités, aux travaux auxquels ils seront les plus propres, jusqu’à ce qu’il ait été statué définitivement sur leur destination, par le Comité de salut public ou les représentants du peuple près l’armée de l’Ouest. — 3° Les généraux et tous les agents employés à la destruction du brigandage et de la révolte seconderont de toutes leurs forces et de tous leurs moyens les mesures révolutionnaires ; ils ne perdront pas de vue que nous n’avons tous qu’un but, celui de terminer l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. — 4° Les généraux et commandants sont particulièrement responsables de la conduite de leurs subordonnés ; ils donneront les ordres les plus précis pour qu’on n’ait jamais à reprocher aux soldats de la République et aux défenseurs de la liberté le pillage, l’incendie, des actes de férocité ; ceux qui seraient assez dépravés et assez téméraires pour s’y livrer seront traduits devant les tribunaux militaires de l’armée de l’Ouest. — 5° Le Commandant provisoire de l’armée de l’Ouest est chargé de faire mettre à exécution le présent arrêté, et de le faire connaître à toutes les divisions de l’armée et de chaque détachement qui y est employé. — Les représentants du peuple, — Signé : Bo, Ingrand. Pour copie conforme, signé : Joseph Monneron, secrétaire. » (XV-686, note 3)
Le lendemain, de Nantes, Bo, représentant à Nantes, écrit trois lettres au Comité de salut public. Dans la plus importante, il transmet l’arrêté qu’il a pris avec Ingrand pour fixer d’une manière précise la conduite des généraux dans la désagréable guerre de la Vendée. « Je pense que cette mesure, que je vous avais fait connaître dans mes précédentes lettres, aura de grands avantages : celui de ne frapper de mort que les vrais coupables, et l’autre de détruire le germe de la guerre civile en éloignant tous les particuliers capables de la fomenter. » – Lettre reçue le 5 août. (Analyse dans Aulard) (XV-571)
5 août 1794 — LETTRE D'INGRAND
De Niort, Ingrand, représentant à l’armée de l’Ouest, écrit au Comité de salut public :
« Citoyens collègues, — D’après votre lettre du 5 du présent [thermidor – 23 juillet, voir plus haut], sur les réclamations de la Commission militaire et révolutionnaire établie à l’île de la Montagne, mon collègue Bo et moi avons pris l’arrêté ci-joint [le 30 juillet] et donné des ordres pour que les chefs des brigands détenus à Challans fussent conduits de suite à la Commission révolutionnaire. Comme votre lettre prescrit de distinguer l’homme faible et trompé du véritable brigand, nous avons suivi votre vœu dans notre arrêté ; mais il se présente une difficulté dans l’exécution des mesures dictées par l’humanité et la justice. — Que ferons-nous des femmes, enfants, vieillards et autres individus qui, n’étant point pris les armes à la main ni en état de rébellion, ont cependant continué à habiter le pays révolté ? — Il nous a paru qu’il y aurait du danger à les laisser dans les lieux que pourraient encore parcourir les brigands, car ils pourraient devenir leurs victimes ou les servir. — Les ferons-nous rendre dans les communes de leurs districts qui n’ont point été révoltées, et leurs permettrons-nous d’y rester sous la surveillance des municipalités, ou les ferons-nous évacuer dans d’autres départements ? Il est important que vous décidiez sur ces questions. Vos arrêtés des 2 et 16 prairial [21 mai et 4 juin] accordaient aux révoltés qui viendraient remettre leurs armes, et se faire inscrire sur les registres des agents de la Commission d’agriculture et arts, la permission d’habiter leur domicile ordinaire et de cultiver leurs terres. — Mais, outre qu’il ne s’est présenté que très peu de ces révoltés, c’est qu’ils sont encore dans l’impossibilité d’habiter leurs anciens domiciles, leurs maisons ayant été toutes brûlées. — D’ailleurs, il n’y a réellement aucune confiance à avoir dans ces êtres égarés et fanatisés à un point incroyable. — L’état de terreur et de désespoir où la plupart de ces malheureux se trouvent pourra cependant en ramener quelques-uns dans le devoir et sous les lois de la République. — Mais je vous le réitère, je ne crois pas qu’on puisse avoir confiance en eux, et il me paraît nécessaire de prendre les plus grandes précautions à leur égard. — Déterminez, je vous prie, définitivement le sort de ceux des révoltés qui viendront librement se mettre sous la protection du gouvernement. Car votre lettre du 5 semble défendre les mesures prescrites par vos arrêtés des 2 et 16 prairial. — Je me conformerai ponctuellement, ainsi que mon collègue, à ce que vous statuerez sur cet objet, comme sur tous ceux confiés à notre surveillance. — Salut et fraternité, — Signé : Ingrand. » – Lettre reçue le 12 août. (XV-686)
8 août 1794 — LETTRE DE LAIGNELOT
De Laval, Laignelot, représentant dans la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, chargé de la lutte contre les Chouans, écrit au Comité de salut public (extrait) :
« […] Nous touchons au moment d’exterminer les brigands ; de toutes parts les hommes égarés rentrent, la troupe des scélérats-chefs diminue, et un effort général que nous faisons ces jours-ci, et que nous n’avons pu faire plus tôt à cause de la moisson, nous promet un succès assuré. Eh bien, des agitateurs de tribune s’étaient arrangés pour dénoncer dans plusieurs Sociétés populaires le général Vachot à l’instant où il va frapper plus fort, à l’instant où il a besoin de toute la confiance du peuple qui marche avec lui, et, sans mes soins, ces délations insignifiantes, sans fondement, dictées par la malveillance, qui n’a plus que ce moyen d’empêcher la fin d’une guerre désastreuse, pouvaient porter la plus funeste atteinte à la chose publique. Heureusement j’ai tout arrangé, et les coups que Vachot va porter seront si rapides que la calomnie n’aura pas le temps de l’atteindre. — Salut, cent fois salut à vous et à tous mes collègues, sauveurs de la République ! — Signé : Laignelot. » – Lettre reçue le 12 août. (XV-7659)
9 août 1794 — LETTRE D'INGRAND
De Niort, Ingrand, représentant à l’armée de l’Ouest, écrit au Comité de salut public (extrait) :
« Je crois que la durée de la guerre dite de la Vendée a été autant le résultat de la scélératesse et du fanatisme des révoltés que de la trahison et de l’ineptie des généraux qui y ont été employés. — Mais il est certain que, dans l’état où en sont les choses, nous n’obtiendrons jamais le résultat moral et physique que nous nous proposons, si nous n’avons une force majeure et imposante dans la Vendée. — L’homme de la Vendée, le brigand, est tellement dénaturé, les prêtres l’ont tellement dégradé et abruti que la raison et les principes ne sont plus rien pour lui ; il n’obéit qu’à la force ; encore plusieurs ne la redoutent pas même et vont gaiement à la mort. — Ceux même qui ne sont pas aussi aveugles que les autres ne seront maintenus dans le devoir que lorsqu’ils auront l’assurance que leurs chefs sont sans forces et entièrement détruits. » – Lettre reçue le 13 août. (XV-800)
16 août 1794 — ARRETE DU CSP
Le Comité (Carnot) fixe les nouveaux représentants près l’armée de l’Ouest (Laignelot, Guyardin et Dornier), remplace Moulin, général en chef, par Dumas, alors à l’armée des Alpes, suspend nombre d’officiers, arrête les mesures pour rompre toute communication entre les militaires et les habitants, exige la plus grande discipline des soldats, leur interdit le brigandage et les cruautés, invite les évacués à rentrer dans leurs foyers pour reprendre les travaux des champs, confirme la peine de mort pour les chefs des brigands mais promet le pardon aux égarés et aux citoyens entraînés de force dans la révolte. — Cet arrêté répondait, semble-t-il, à la lettre non datée de Bo, donnée par Aulard à la date du 1er août et à celle d’Ingrand du 9 août.
« [...] 7° Aucun général ne pourra avoir son quartier général dans une ville ; les représentants du peuple en interdiront le séjour à tous les militaires qui n’y seront pas de service strict. Ils défendront également les cantonnements dans les villages ; ils ne permettront pas que personne entre dans les camps ; ils feront fusiller quiconque en approcherait sous quelque prétexte que ce soit. Les vivandiers auront au loin des endroits désignés où l’on ira acheter leurs denrées. Tous ces achats seront faits avec beaucoup d’ordre, sous une police sévère et par un nombre de personnes sûres préposées à cet effet. En un mot, aucune précaution ne sera négligée pour couper toute intelligence, négociation, communication ou correspondance quelconque, non seulement avec les brigands, mais encore avec tous les habitants du pays, surtout les femmes.
8° Les représentants du peuple rendront les généraux, et ceux-ci les officiers particuliers, responsables de l’exécution rigoureuse de l’article précédent. Les représentants du peuple chasseront ignominieusement tous les officiers ou sous-officiers qui s’enivreraient, donneraient l’exemple de mauvaises mœurs ; ils feront punir suivant la rigueur des lois le brigandage des militaires et les actes de cruauté ; ils feront exercer les volontaires, organiser régulièrement les bataillons et maintenir la plus exacte discipline aux troupes de la République. [...]
12° Les citoyens qui ont été éloignés de leurs foyers par l’arrêté des représentants du peuple auront la faculté d’y rentrer et de se livrer aux travaux de la campagne.
13° Les représentants du peuple remettront la justice, le désintéressement à l’ordre du jour ; les mœurs, la voie de persuasion, la bonne foi seront mis en vigueur. Tous les chefs de brigands, tous ceux qui ont accepté des grades parmi eux seront punis de mort. Ceux qui n’auront été qu’égarés ou entraînés par la violence seront pardonnés. » (XVI-145, n° 7)
Le 8 septembre, les représentants Guyardin et Dornier rappelèrent les réfugiés des départements de l’Ouest.
15 octobre 1794 — LETTRE DE GARRAU sur sa mission en Vendée
D’Elisondo, Garrau, ex-représentant à l’armée de l’Ouest de février à avril 1794, présentement représentant à l’armée des Pyrénées occidentales, écrit au Comité de salut public (In extenso) :
« Mes chers collègues, — Les papiers publics, que je ne reçois ici que très tard, m’apprennent que Hentz et Francastel, qui étaient en mission dans la Vendée avec Prieur (de la Marne) et moi, sont accusés d’y avoir commis ou laissé commettre des horreurs, et que vous êtes chargés de faire un rapport à la Convention nationale sur leur conduite. — Je dois à la justice, à ma conscience, à la vérité de mettre sous vos yeux un tableau fidèle de ce qui s’est passé pendant ce temps et des mesures qu’eux et nous avons prises pour terminer une guerre aussi désastreuse. — C’était le 21 ou le 22 pluviôse [9 ou 10 février, en fait le 10] dernier que le Comité de salut public me proposa d’aller dans la Vendée en qualité de représentant du peuple. J’arrivais de l’armée des Pyrénées occidentales pour solliciter de lui quelque secours ; cette armée étant dans un état de dénuement effroyable, je crus d’abord devoir refuser cette proposition par plusieurs raisons : la principale était que je n’avais nulle connaissance de ce malheureux pays, ni de l’espèce de guerre qu’on y faisait ; on promit de me donner pour collaborateur un de nos collègues, qui avait déjà été en mission dans cette partie ; on m’assura que je n’y resterais que très peu de temps et qu’en attendant on pourvoirait aux besoins de l’armée des Pyrénées occidentales : j’acceptai. Le Comité nomma Hentz, que je ne connaissais pas. Hentz avait la confiance entière du Comité ; il venait de publier quelques réflexions sur la guerre de la Vendée, qui avaient été généralement applaudies et du Comité et de la Convention nationale. Carnot et particulièrement Prieur (de la Côte d’Or) me dirent beaucoup de bien de lui, de ses principes et de sa moralité. Nous partîmes. — Francastel, Turreau et Bourbotte étaient à Saumur. Nous eûmes un entretien avec ces deux premiers sur tout ce qui était relatif à l’objet de notre mission. Francastel nous suivit à Angers, de là à Nantes ; à cette époque, Carrier était reparti pour Paris et la fameuse expédition des douze colonnes du général en chef Turreau était faite. — Cette expédition, mal combinée et plus mal exécutée, paraissait avoir donné aux brigands une nouvelle vie. Dirigés en trois corps, l’un sous le commandement de Charette, l’autre sous celui de Stofflet, et le troisième sous La Catelinière (sic), ils occupaient le Bocage, les environs de Cholet et la forêt de Prince ; quelques pelotons séparés s’étaient jetés dans les bois et sur les grandes routes pour surprendre et attaquer nos convois et tomber sur les traîneurs de l’armée. — Cependant la Vendée ne présentait rien d’effrayant pour la liberté ; l’armée de l’Ouest était composée de quarante à cinquante mille combattants, à la vérité disséminés, mais qu’on pouvait rassembler en masse. Tous les brigands réunis ne formaient pas quinze mille hommes, dont un tiers seulement armé. — Mais ce qu’il y avait d’inquiétant et de malheureux, c’était que ces scélérats se portaient successivement dans les communes de l’intérieur du pays où il était resté des habitants et qu’ils y massacraient impitoyablement ceux qui ne voulaient pas embrasser leur cause ; ils avaient aussi beaucoup de leurs complices, hommes ou femmes, répandus çà et là, qui leur désignaient leurs victimes et se portaient à des actes de barbarie et de férocité dont l’idée seule fait frémir la nature. — Dans cet état de choses, il fallait prendre un parti : pour ne pas donner au hasard et voir tout par nous-mêmes, je me rendis à Montaigu [d’où il écrivit le 22 février. Ndla], où était la colonne de Cordellier ; Prieur (de la Marne), notre collègue, arrivé de Lorient, vint m’y joindre, et tous les deux nous marchâmes à la tète des troupes. — Nous ne revînmes à Nantes que lorsque la colonne de Duquesnoy, qui avait fait sa jonction avec celle de Cordellier, eut reçu l’ordre de se rendre à Rennes. — Il ne se passa rien de remarquable dans cette petite campagne, qui dura dix à douze jours, pendant lesquels nous ne cessâmes d’avoir la pluie, la grêle, la gelée sur le corps. — L’ennemi, qui était instruit par ses nombreux espions de tous nos mouvements et qui connaissait parfaitement tous les chemins jusqu’au plus petit sentier, eut l’art de nous éviter. Nous ne pûmes le joindre qu’une seule fois (c’était la bande de Charette), encore fut-il assez heureux de nous échapper, à la faveur de la nuit et en sacrifiant une soixantaine des siens. — Le lendemain de cette rencontre, je faisais payer bien cher la confiance que j’avais donnée à un de ces Vendéens prétendus convertis qui me servait de guide. Ce scélérat, au lieu de me conduire à Remouillé, où Prieur m’attendait, me mena dans une embuscade de trois à quatre cents brigands et se sauva au milieu d’eux ; je n’avais que dix ou douze cavaliers avec moi et le brave Moreau, commandant du 74e régiment ; notre sang-froid et la bonne contenance de notre petite escorte nous sauvèrent. — Je crois devoir rappeler aussi une autre anecdote qui m’est arrivée à cette même époque. — Le jour où la colonne de Duquesnoy se joignit à celle de Cordellier, nous fûmes bivouaquer dans les landes de Bouin : ces landes ont deux ou trois lieues d’étendue ; il était dix heures du soir, dans une nuit affreuse, lorsque nous y arrivâmes. L’obscurité et le mauvais temps firent que les bataillons se dispersèrent ; les uns et les autres erraient çà et là sans pouvoir se réunir ; n’ayant pas de bois pour allumer des feux, chacun prit poste où il se trouva. Je m’étais porté en avant avec un adjoint aux adjudants généraux ; le hasard me fit rencontrer un moulin qu’on avait brûlé ; j’y cherchais un abri, lorsque j’entendis courir à mes côtés ; je m’avance promptement vers l’endroit d’où partait ce bruit, j’aperçois une jeune enfant de neuf à dix ans qui fuyait à toutes jambes ; je l’appelle, je la rassure, elle vient ; je la prends sur mon cheval et l’emporte avec moi vers ma masure ruinée qu’on avait choisie pour quartier général. — J’ai gardé cette enfant pendant cinq jours ; elle m’a toujours suivi ; Prieur et moi en avons pris les plus grands soins et avons fini par la placer dans un des hôpitaux de Nantes. — Je ne cite ce trait que pour répondre aux calomnies de ceux qui ont l’atrocité d’attribuer aux représentants du peuple les cruautés auxquelles se sont portés, durant la guerre de la Vendée, quelques soldats ivres de vin et de pillage ou justement indignés de voir pour ainsi dire, au coin de chaque village, les cadavres de leurs frères mutilés, déchirés par lambeaux, et souvent brûlés vifs. — Prieur et moi avions donné l’ordre exprès aux généraux de respecter les femmes, les vieillards et les enfants et de les conduire sur les derrières de l’armée. Ce même ordre a été souvent répété en ma présence par Hentz et Francastel. J’affirme ce fait sur mon honneur. [Voir plus haut leur arrêté du 20 février] — De retour à Nantes, nous nous occupâmes des moyens de porter le plus promptement possible les derniers coups à un ennemi si terrible dans le principe, et qui commençait à relever la tète assez audacieusement pour donner au peuple de nouvelles inquiétudes et à la malveillance de nouveaux aliments de discorde et de troubles intérieurs. — Je proposai de faire une proclamation pour engager les brigands à livrer leurs chefs et à reprendre paisiblement leurs professions, arts ou métiers. Cette proposition fut vivement sentie de tous nos collègues. Mais on observa avec raison que nous ne pouvions pas, nous simples mandataires, déroger au décret qui met hors la loi tous ceux qui ont pris part à la révolte de la Vendée, et prononcer une amnistie aussi générale, surtout le système de réduire les brigands par la force étant celui que le Comité de salut public avait adopté et qu’on exécutait depuis plus de trois à quatre mois ; il fallait donc concilier nos sentiments avec nos pouvoirs et prendre un parti qui pût indirectement donner le même résultat. — Nous arrêtâmes en conséquence : — 1° D’inviter les citoyens paisibles de l’intérieur du pays insurgé à quitter momentanément leurs foyers pour sauver leur vie sans cesse menacée par les brigands et séparer l’ivraie du bon grain. — Cette mesure favorisait indirectement la sortie de ceux qui, après avoir pris les armes contre la patrie, avaient reconnu leur crime et voulaient l’expier par le repentir. — Il est même certain que plusieurs soldats de Charette, de Stofflet et de La Catelinière les abandonnèrent et profitèrent de cette voie pour se soustraire à la vengeance nationale en se confondant avec les bons citoyens. — 2° D’envoyer secrètement des émissaires vers les brigands pour les assurer de l’impunité, s’ils livraient leurs chefs et mettaient bas les armes. — Ce qui a été exécuté toutes les fois que l’occasion s’est présentée. — 3° De faire interner tous ceux qui se disaient réfugiés et qui se tenaient sur les limites du pays insurgé, mesure d’autant plus nécessaire que plusieurs scélérats, sous ce titre respectable, entretenaient des intelligences secrètes avec les chefs de brigands et leur faisaient passer des munitions de guerre et des armes. — On observera aussi que nous avons eu soin d’assurer les secours à toutes les personnes qui, eu vertu de nos arrêtés, ont quitté la Vendée et sont entrées dans l’intérieur. — 4° D’augmenter le nombre des chaloupes canonnières, afin de purger entièrement les rives de la Loire et d’en rendre libre la navigation, ce qui nous a donné la facilité de faire remonter de Nantes à Tours un convoi de plus de six à sept cents bâtiments chargés de sucre, de sel, de café et d’autres marchandises qui ont porté l’abondance dans les départements de l’intérieur et surtout à Paris [fait signalé dans leur lettre du 29 mars. Ndla]. — 5° D’éloigner de l’armée et de ses cantonnements une quantité prodigieuse de femmes qui l’infectaient et portaient dans l’esprit et le cœur du soldat le germe de tous les vices [Lettre du Comité du 18 février]. De faire sortir des villes tous les militaires, de quelque grade qu’ils fussent, que l’appât des plaisirs, souvent la crainte des combats y avaient attirés, et qui y croupissaient dans la débauche et dans l’oisiveté ; de rassembler toutes les forces capables d’agir, d’en former des masses et de les opposer dans cet état aux bandes éparses des brigands. — 6° D’établir une Commission centrale de subsistances, chargée exclusivement, pour le compte de la République, de l’extraction de toutes les denrées, bestiaux, marchandises et autres effets trouvés dans le pays insurgé. — Cette Commission (si elle a été fidèlement remplie) a dû empêcher le pillage et la déprédation de plus de douze millions d’objets précieux et de première nécessité, car les agents des fournisseurs des fourrages, les préposés aux vivres, les commissaires des guerres, les administrateurs des districts et des départements, les comités des subsistances des municipalités voisines, tous se jetaient sur la Vendée comme sur une proie commune qu’ils étaient en droit de partager. — 7° Enfin de faire exécuter, avec les égards et les ménagements que les circonstances exigeaient, le décret de la Convention nationale du . . . . . qui met les brigands hors la loi, ordonne le brûlement de leurs repaires et le transport sur le derrière de l’armée des femmes, vieillards et enfants [arrêté du 26 juillet 1793, décrété le 1er août,]. — Telles sont, mes chers collègues, les mesures que nous avons prises vous pouvez lire nos arrêtés, ils sont dans vos mains. — Travestir en crimes ces mesures que le salut public nous a dictées et en former un acte d’accusation, particulièrement contre Hentz et Francastel, c’est une injustice atroce et une insouciance des plus grandes. S’ils sont coupables. Prieur et moi le sommes : pourquoi nous séparer ? Je ne pousse pas plus loin cette réflexion douloureuse. . . . . Poursuivons. — Ces résolutions prises, Hentz et Francastel se rendirent à Angers et, de là, dans l’intérieur du pays insurgé, et ensuite vers Luçon, Fontenay, etc. Prieur et moi restâmes à Nantes pour y remonter l’esprit public, réorganiser les autorités constituées, assurer l’exécution de nos arrêtés et surveiller le Morbihan et la rive droite de la Loire. — Je ne dirai point ici ce que nous avons fait, lui et moi, pour étouffer les mouvements séditieux qui se manifestèrent le même jour (le 19 mars, v. s.) dans plusieurs districts de ce département et depuis Angers jusqu’à Nantes [Voir la lettre du 18 mars]. C’est à notre correspondance de ce temps-là avec le Comité de salut public qu’il faut avoir recours ; on y verra que, de concert avec Dubois-Crancé, qui vint nous joindre à Nantes, nous avons sauvé cette partie de la République des horreurs d’une guerre civile qui aurait été plus terrible encore que celle de la Vendée. — Je ne parlerai pas non plus des moyens sages, mais vigoureux que nous avons employés pour rendre impuissantes les manœuvres scélérates des ambitieux et des intrigants, pour mettre un frein aux déclamations de ces hommes qui, le bonnet rouge sur la tête, prêchaient des principes destructeurs de tout gouvernement, insultaient à la morale publique et foulaient aux pieds les lois sacrées de la nature ; pour arracher le masque hypocrite de ces prétendus philosophes qui fermaient les églises, brûlaient les saints de bois et volaient les vases d’argent ; pour donner enfin à l’esprit public sa véritable direction, le préserver du poison lent du modérantisme et des excès de la démagogie [Voir les lettres du 18 mars et 21 avril] ; le Comité de salut public peut consulter encore sur ce point notre correspondance et nos arrêtés. — Au reste, si je suis inculpé directement, je saurai me défendre, prouver mon innocence et imposer silence à la calomnie. — Mais, dit-on, il s’est commis des atrocités dans la Vendée ; on y a tué, massacré des femmes et des enfants. . . . ., et ce reproche, on paraît le diriger contre Hentz et Francastel. — C’est une injustice . . . . . . . Si des atrocités de cette espèce ont été commises, ce ne peut être que lorsque Turreau fit son expédition des douze colonnes ; or, à cette époque, Hentz ni moi n’étions pas arrivés dans la Vendée. — Hentz et Francastel ont (dit-on) ordonné à Turreau de brûler trente villages. Cette inculpation est encore fausse. En voici la preuve : Turreau ayant ordonné de brûler un village près de Fontenay, la Société patriotique de cette commune m’envoya une députation pour m’en instruire ; je fis partir de suite un courrier extraordinaire pour Turreau avec ordre de suspendre : Hentz et Francastel m’avaient prévenu et lui en avaient témoigné leur mécontentement d’une manière très ferme. — Au reste, je n’ai été dans la Vendée qu’en passant, et le plus beau jour de ma vie a été celui où j’en suis parti. — Carnot, à qui j’écrivais confidentiellement, peut rendre justice à mes sentiments. — Salut et fraternité, — Signé : Garrau. — P.-S. — Je pars dans l’instant à Pampelune. » (XVII-447)
1er décembre 1794 — LETTRE DES DEPUTES DE L'OUEST
Le 1er décembre 1794, 9 députés des départements de l’Ouest écrivent au Comité de salut public une lettre qui, le lendemain, provoquera la proclamation par la Convention d'une amnistie pour « Toutes les personnes connues dans les arrondissements des armées de l’Ouest, des Côtes de l’Ouest et des Côtes de Cherbourg sous le nom de rebelles de la Vendée et des Chouans, qui déposeront leurs armes dans le mois qui suivra le jour de la publication du présent décret ». On lit dans cette lettre le passage suivant, qui dit tout :
« [...] Nous ne connaissons que deux partis à prendre pour finir la guerre de la Vendée : l’un est d’exterminer jusqu’au dernier habitant de ces contrées ; mais, pour éteindre une population de 200,000 individus qui reste encore, il faut sacrifier au moins 80,000 républicains. Le moyen n’est pas proposable, et la Convention ne l’a jamais voulu. — L’autre est d’écouter la voix de l’humanité, d’user d’indulgence, de conquérir ces départements par la persuasion plutôt que par les armes. [...] »
Signé : P.-M. Delaunay (Maine-et-Loire), Menuau (Deux-Sèvres), Lofficial (Deux-Sèvres), Gaudin (Vendée), Jard Panvillier (Deux-Sèvres), Morisson (Vendée), Talot (Maine-et-Loire), Girard (Vendée) et Dandenac aîné (Maine-et-Loire). (XVIII-452).
22:14 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | Imprimer |
mercredi, 08 octobre 2014
LE TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE DE PARIS (listes, chiffres, graphiques)
Dans le cadre de mon travail sur Robespierre, le Comité de salut public et la Terreur, j'ai épluché les archives du Tribunal révolutionnaire de Paris (série W) pendant plusieurs années et établi la liste exacte des 5350 personnes qui comparurent et des sentences qui furent rendues à leur encontre. Ne sachant encore sous quelle forme publier ce travail inédit qui peut intéresser les chercheurs, je le présente ici, gratuitement. Je compte sur l'honnêteté de ceux qui s'en serviront pour citer leur source. Mes fichiers personnels sont plus complets et je me tiens à la disposition de toute personne désireuse de plus d'informations sur tel ou tel dossier (prénoms, états, côtes d'archives, etc.).
Vous trouverez ci-dessous :
1) La liste par ordre chronologique des exécutés, libérés et autres sentences.
2) Des tableaux des chiffres, jour par jour, mois par mois
3) Des représentations graphiques de la Terreur à Paris
VERDICTS AU JOUR LE JOUR
DU TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
28 mars 1793 – 31 mai 1795 (12 prairial an III)
Le nom initial du Tribunal révolutionnaire était tribunal criminel extraordinaire. Il avait été adopté le 9 mars 1793 sous la pression de la Montagne et à la suite d'une longue discussion (on ne peut pas dire qu'il fut la création de tel ou tel députés). Le Tribunal fut installé le 28 mars suivant. Le 29 octobre 1793 (8 brumaire an II), la Convention décréta que le tribunal criminel extraordinaire porterait dorénavant le nom de tribunal révolutionnaire (Archives parlementaires, tome LXXVIII, p. 28).
MISE EN PAGE ET SIGNIFICATION
Date — du jugement ou de l’exécution
Exécuté(s) (nombre) : Guillotiné(s) ce jour. Une indication est donnée pour connaître le jour de la condamnation à mort qui, jusqu’au début de février 1794 (pluviôse an II), était souvent prononcée la veille (le jour d’hier, selon la formule des procès verbaux d’exécution de mort). Ne figurent pas, et pour cause, les rares guillotinés condamnés à mort par le tribunal criminel de Paris, généralement pour fabrication ou distribution de faux assignats.
Libéré(s) (nombre) : Acquitté(s) ou bénéficiaire(s) d’un non-lieu et libéré(s).
Autre(s) (nombre) : Acquitté(s) de crime contre-révolutionnaire mais condamné(s) à la déportation, aux fers, à la prison (pour une durée déterminée), à la détention jusqu’à la paix, comme suspect(s) ou renvoyé(s) vers d’autres tribunaux.
Info(s) : Informations diverses.
SIGNALISATION UTILISÉE
* condamné(e) la veille
** condamné(e) plusieurs jours ou mois avant (la date de la condamnation est alors précisée)
(p) domicilié(e) dans la ville ou le département de Paris (ceci n’est précisé que pour les personnes exécutées)
(f) femme
(dét) condamné(e) ou maintenu(e) en détention (généralement jusqu’à la paix comme suspect)
(dép) condamné(e) à la déportation (qui n’avait jamais lieu et revenait à de la détention)
(x.f) condamné(e) à X ans de fers
(x.p) condamné(e) à X ans de prison ou de détention
(x.g) condamné(e) à X ans de gène
(renv) renvoyé(e) devant une autre juridiction
(mds) envoyé(e) dans une maison de santé
(mdc) envoyé(e) en maison de correction
(ban) condamné(e) au bannissement
(ajourn) ajournement de l’affaire
J'indique l’âge des jeunes de 18 ans et moins (69, de 18 à 13 ans, dont 25 furent exécutés, à savoir 13 de 18 ans, 10 de 17 ans et 2 de 16 ans) et des adultes lorsque cette information permet d’éviter les confusions. J'indique également les thèmes principaux des « fournées » lorsqu’il est possible d’en dégager, toutes les personnes exécutées n’étant pas nécessairement concernées. Par contre, sauf exception, je ne signale pas les personnages importants ou connus (députés, ex-députés, généraux ou autres) qui furent exécutés, ceux-ci étant souvent trop nombreux, un tel choix ne pouvant d’ailleurs être qu’arbitraire.
6 avril 1793
Exécuté (1) : L. Guyot, dit Desmaulans
9 avril 1793
Libérés (3) : A. Briançon – E. Esperoux – C. Gallet
Autres (2) : J.-F Dronchat (renv) – P. Le Rouget (renv)
Info : Jean-François Dronchat et Pierre Le Rouget, prêtres, furent renvoyés ce jour devant le Directoire du département de Paris. Mais le Tribunal criminel révolutionnaire statua à nouveau à leur sujet le 19 mai 1793 et les libéra. (W268.3)
11 avril 1793
Exécuté (1) : N. Luttier* (p)
Libéré (1) : A. E. Malet
15 avril 1793
Exécuté (1) : L. P. Rouxel de Blanchelande, père
17 avril 1793
Libérés (3) : M. Dessaubaz – E. E. Prieur – T. P. Petit
19 avril 1793
Exécuté (1) : J. C. Clerc* (f) (p)
20 avril 1793
Exécuté (1) : A. H. Vaujours* (p)
21 avril 1793
Exécutés (2) : A. J. Clinchamp Saint-André* – G. Du Guiny*, dit Belair
22 avril 1793
Autre (1) : P. D. Sonnet (renv)
23 avril 1793
Libérés (4) : N. Decourtive – P. Decourtive, son frère cadet – L. F. A. Dharambure – N. Leiné
24 avril 1793
Libéré (1) : J.-P. Marat
25 avril 1793
Libéré (1) : J. Dande
28 avril 1793
Exécutés (2) : F. Bouché* – D. C. Mangot* (p)
30 avril 1793
Libéré (1) : J. J. P. Dèsparbès
2 mai 1793
Exécuté (1) : A. Juzeau*
3 mai 1793
Info : Madelaine Françoise Joséphine Kolly, née Robec, condamnée à mort ce jour avec les trois exécutés du lendemain, dont son mari, se prétendit enceinte et fut exécutée le 5 novembre 1793. (W269.23)
4 mai 1793
Exécutés (3) : F. A. R. Beauvoir* (p) – P. P. Kolly* (p) – J. N. Bréard* (p)
10 mai 1793
Exécutés (2) : L. A. Beaulieu*, dit Mazu (p) – J. F. V. de Reviers de Mauny*
Libérés (7) : P. J. Bouché – M. Bouvet – C. B. Guy – R. J. La Nouë – J.-B. Le Norman – F. Martin – J. H. T. Morel
15 mai 1793
Libérés (4) : M.-J. Brunot – C. Delion – M. Jounau – R. Tanquerel
16 mai 1793
Libéré (1) : F. Miranda
Info : Acquitté à l’unanimité ce jour, le général Miranda fut de nouveau arrêté le 5 juillet suivant par ordre du Comité de salut public, arrestation confirmée le 11 juillet par la Convention. Libéré par décret le 15 janvier 1795 (26 nivôse an III), la Convention le décréta de nouveau d’arrestation le 22 octobre 1795 (30 vendémiaire an IV).
17 mai 1793
Info : Ce jour fut condamné à mort le maréchal de camp Miaczynski. Mais il écrivit le lendemain à la Convention pour demander un sursis de trois jours, le temps d’écrire un mémoire sur des révélations que lui aurait faites Dumouriez. La Convention lui envoya deux commissaires, Rouzet et Drouet, pour recevoir ses déclarations. De retour à la Convention, Rouzet demanda à conférer avec le Comité de salut public et qu’il soit sursis à l’exécution jusqu’au rapport du Comité. Sur le rapport de Cambon, toujours le 18 mai, la Convention renvoya Rouzet et Drouet auprès de Miaczynski pour prendre d’autres renseignements. La Convention, satisfaite, leva le sursis le 21 mai. (Archives Parlementaires, LXV, p. 159) Miaczynski fut exécuté le lendemain, 22 mai. (W271.31)
Sénart, agent du gouvernement, a rapporté dans ses Mémoire : « Si, lors du jugement de Danton et de Lacroix, on ne dévoila pas leur complicité dans deux fabriques de faux assignats, c’est que le comité de sûreté générale voulait préserver quelques-uns de leurs complices. Ce délit, si vil et si bas, fut dénoncé par Miaczinski avant sa mort ; il écrivit à la Convention qu’il avait de grands secrets à révéler ; des commissaires furent envoyés, et Miaczinski déclara ces fabriques de faux assignats, et des faits de trahison contre quelques autres. On rapporta à la Convention que Miaczinski était ivre de punch, qu’il n’avait pas l’usage de ses sens, mais Miaczinski, irrité de la légèreté de la visite des commissaires, écrivit, et sa lettre fait la base de ces renseignements ; il en résulte que Lacroix et Danton avaient élevé et soutenu deux fabriques de faux assignats, sous la direction du nommé la Pallière, leur confident, et l’intime de Lacroix, lequel la Pallière a été en arrestation, et sortit après le 9 thermidor, par l’intrigue de Bourdon (de l’Oise). L’une de ces fabriques était à Liège, dans la ville même ; l’autre au château d’Aix-la-Chapelle. » (Buchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, tome 32, p. 392)
19 mai 1793
Libérés (2) : J.-F. Dronchat – P. Le Rouget
Info : Jean-François Dronchat et Pierre Le Rouget, prêtres, avaient été renvoyés le 9 avril devant le Directoire du département de Paris. Mais le Tribunal criminel révolutionnaire statua à nouveau à leur sujet ce jour et les libéra. (W268.3)
20 mai 1793
Libérés (3) : F. Cuny – C. Loignon – A. Martin
21 mai 1793
Libéré (1) : J. Thuring
22 mai 1793
Exécuté (1) : J. Miaczynski** (p) (condamné le 17 mai.)
23 mai 1793
Exécuté (1) : P. de Vaux* (p)
25 mai 1793
Libérés (4) : P. Jéricot – A. C. Lacloye, née La Place (f) – A. Taupin – J.-F. Wagon
27 mai 1793
Libérés (2) : F. P. Bosredont – A. Toupiolle
28 mai 1793
Libéré (1) : H. Stengel
30 mai 1793
Libérés (1) : J. Maydieu
Autres (2) : P. Delahuproye (dép) – N. P. Le Muet de Mauroy (dép)
1er juin 1793
Libéré (1) : C. F. Laurens jeune
2 juin 1793
Libéré (3) : J. H. S. Michel – L. Penne – A. M. A. B. Verdier Dubarrat
3 juin 1793
Autre (1) : F. Dubuisson (renv)
Info : Ce jour, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil autorisa Pierre Augustin Charles Tassin Montcourt à sortir de sa maison d’arrêt pour se retirer à l’hôtel de Grande Bretagne, rue Jacob, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut condamné à mort le 12 juillet et exécuté le 13, jour où il est compté. (W277.80)
4 juin 1793
Libéré (1) : L. Labbé
5 juin 1793
Info : Un dossier au nom de Jacques François Descombiers est vide. La page de garde du dossier indique simplement qu’il avait été jugé le 5 juin 1793 comme prévenu de propos inciviques dans la Convention nationale. (W275.60)
8 juin 1793
Libérés (3) : J. F. Bernot-Charant – C. Moindrot – J.-B. Poissier
Info : Jacques François Bernot-Charant, 53 ans, demeurant ordinairement à Bourges, mis en liberté provisoire ce jour, fut définitivement rendu à la liberté le 3 novembre 1794 (13 brum. III). Il n’est compté qu’ici. (W479.344)
9 Juin 1793
Libérés (4) : J. Emeria – J. Marolles, fils – L. Marolles, père – T. A. Provost
Info : Ce jour, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil autorise également Pierre Etienne Gombault à sortir de la Concierge pour se retirer dans une autre maison de la ville, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition. Inculpé dans l’affaire d’Orléans, il fut acquitté le 12 juillet, jour où il est compté. (W277.80)
10 juin 1793
Libérés (2) : P. Foissy – D. Le Cœur
11 juin 1793
Exécuté (1) : L. Beguiné (p)
15 juin 1793
Libéré (1) : J. Boutet de Franqueville
18 juin 1793
CONSPIRATION DE LAROUERIE (Bretagne)
Exécutés (12) : A. F. de la Fonchais, née Desilles (f) – J.-B. G. Fontevieux (p) – N. B. Grout de La Motte – M. J. de La Motte (de La) Guyomarais, née Micault (f) – J. G. F. de Lamotte (de La) Guyomarais – F. V. Locquet de Grandville – T. (de) Moëlien (f) – G. M. Delaunay – M. J. A. Picot de Limoëlan – L. A. Pontavice (p) – E. V. A. Thébault de La Chauvinais – G. J. J. Vincent
Libérés (13) : M. T. d’Allerac, née Desilles (f) – T. Briot, père – J. G. Briot, fils – J. David – J. J. M. Desilles, veuve Virel (f) – A. de Lamotte Laguyomarais – C. de Lamotte de La Guyomarais (16 ans) (signait Delamotte) – F. J. C. de La Vigne Dampierre – P. Le Petit – M. Micault-Mainville – J. B. Morel – C. A. Taburel – L. N. Thomazeau (exécuté le 20 juin 94)
Autres (2) : J. M. Le Masson (dép) – F. Perrin (dép) (exécutés le 26 juin 94)
20 juin 1793
Libérés (4) : J. A. Cochois – P. Durier – C. Lamort – J. Toutin
21 juin 1793
Libéré (1) : L. J. Billau
24 juin 1793
Autre (1) : J.-B. Secher (dép)
25 juin 1793
Libéré (1) : J.-B. Lagrange
26 juin 1793
Libérés (2) : J. Laporte – E. Plisson
Autre (1) : M. Girot (mds)
1er juillet 1793
Libérés (2) : P. Begon – P. Millet
3 juillet 1793
Libérés (2) : F. J. d’Alsace d’Henin Liétard – J. J. Delamare
4 juillet 1793
Libéré (1) : J. J. Cavin, dit Pommesargues
6 juillet 1793
Libérés (2) : P. Collery – A. M. H. Saint-Chamans (liberté provisoire)
Info : La liberté provisoire accordée ce jour à Saint-Chamans, 62 ans, fut rendue définitive le 13 août suivant. Le document porte en entête la date du 13 juillet, mais il est écrit à la fin « 13 juillet août ». (W276.76) Il fut de nouveau arrêté en ventôse an II et il figure sur la liste des détenus à envoyer au Tribunal révolutionnaire, signée par les Comités le 21 juillet 1794 (3 thermidor an II). Il fut libéré en brumaire an III.
7 juillet 1793
Libérés (2) : F. J.-B. Gattier – J. M. Scholler
12 juillet 1793
Libérés (4) : P. E. Gombault-Guinebaud – G. Grenon – C. Johanneton – L. Thomain
Info : Le 9 juin précédent, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil avait autorisé Pierre Etienne Gombault à sortir de la Concierge pour se retirer dans une autre maison de la ville, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut acquitté ce jour. (W277.80)
13 juillet 1793
ATTENTAT D’ORLEANS* (Loiret)
Exécutés (9) : J. Brou de La Salle* – J. H. A. Buissot* – F. B. Couet* – J. H. Gellet Duvivier* – J. N. Jacquet* – C. P. Monneville* – J.-B. Poussot* – J.-B. Quesnel* – P. A. C. Tassin Moncourt*
Info : Pierre Augustin Charles Tassin Montcourt avait été autorisé, le 3 juin précédent, à sortir de sa maison d’arrêt pour se retirer à l’hôtel de Grande Bretagne, rue Jacob, à charge pour lui de se soumettre à toute réquisition de justice. Prévenu dans l’affaire d’Orléans, il fut condamné à mort le 12 juillet et exécuté le lendemain. (W277 80)
15 juillet 1793
Libéré (1) : N. Le Coy (liberté provisoire)
Info : Le dossier W277.81, au nom de Lecoy, ne contient qu’une pièce d’une phrase : « J’ai les pièces Lecoy ce 21 floréal l’an deux [10 mai 1794] de la Répque [Signé] Lelievre ». En fait, son dossier est tout entier dans le carton W363, dossier 793, fin de la 1ère partie et début de la 2ème. Ce dossier est celui, entre autres, de Fougeret, ci-devant receveur des finances, dont Nicolas Le Coy était l’agent. Fougeret fut condamné à mort et exécuté le 12 mai 1794.
16 juillet 1793
Info : Marie Anne Colas Dozonville, née Poisson, mise en liberté provisoire ce jour, en attente de son jugement, fut condamnée au bannissement, ainsi que son mari, le 26 octobre suivant (W286.138). N’étant ni acquittée ni libérée à proprement parlé elle n’est pas comptée ici.
17 juillet 1793
Exécutée (1) : C. Corday (f)
20 juillet 1793
Autre (2) : F. A. Legros (8 ans fers) – F. Wattelin (4 mois dét)
21 juillet 1793
Exécuté (1) : L. C. Malherbe* (p)
22 juillet 1793
Libéré (1) : N. Baÿe
23 juillet 1793
Exécuté (1) : J. Mazelier
Libérés (4) : J. A. d’Arnaud, née Daubigni (f) – G. C. Danse – J. J. E. Guyonnais – J. H. Solminiac
Autre (1) : F. T. Baculard d’Arnaud (2mois.p)
Info : Le Moniteur du 27 juillet 1793 indique : N. Darnaud Baculard, accusé dans la même affaire (que Mazelière), a été condamné à deux mois de détention, qui compteront du jour de son arrestation, il n’a plus que quelques jours à rester en prison ; sa femme est acquittée. (W277.89)
24 juillet 1793
Libéré (1) : L. F. Le Boucher de Vallefleur
25 juillet 1793
Exécuté (1) : F. C. Cocquereau-Boisbernier
26 juillet 1793
Libérés (9) : G. A. Desplien (ou Deplan) des Augiers – F. Dolive – P. Drovet – R. Duval – L. Fontange – J. N. Hamard – P. C. de Lacroix – A. Martin – J. Rice (ou Ris)
27 juillet 1793
Autre (1) : P. Malher (dép)
29 juillet 1793
Libérés (19) : A. F. Antoine (f) – M. T. F. Binan (f) – J. Bruni – P. Caille – A. J. M. Catry (ou Katry) – J.-B. Cerioux – A. J. Clémenceau – F. Dufay – M. A. Fresle (f) – L. Gravier – M. A. d’Henriaque (f) – H. L. Larocque – M. Lavoignac (f) – N. Lepezant – A. Léger – J. C. Lenoir, née Bazin (f) – J.-B. L. Sambuey – P. J. Thuillier (exécuté le 24 avr. 94) – F. Tranchefeu
30 juillet 1793
Libérés (1) : J. Lerouge
1er août 1793
Exécuté (1) : P. M. Colinet (de) Lasalle
2 août 1793
Info : Un dossier au nom de Vaugirard ou Vaugerard est vide. On lit sur la page de garde : « Remis les pièces à l’acc. pul le 2 août 1793 ». (W278.94)
3 août 1793
Exécuté (1) : J.-B. C. Tourtier*
Autre (1) : A. Bayard, se disant V. A. X. Des Broglie (6 ans fers + dép)
5 août 1793
Autre (1) : L. Sirouet (2.dét)
6 août 1793
Autre (1) : M.-F. Carle (f) (mds)
Info : Le Tribunal ordonne ce jour le transfert de la Conciergerie dans une maison de santé de la fille Carle, prénommée Marie-Françoise. (W278.103) Sur le rapport des officiers de santé attachés au Tribunal, d’après lequel la fille Carle était plutôt atteinte d’une folie d’imagination que d’une folie réelle, le Tribunal la fit transférer à la Salpêtrière le 23 novembre suivant. (W297b.274)
7 août 1793
Libéré (1) : P. V. Sarcé
Autre (1) : P. J. E. M. E. Mogniat Lécluse (mds)
8 août 1793
Exécuté (1) : A. Jonas* (p)
Libérés (8) : P. J. Boucher – J. H. Cusacque – L. Grimoüard – M.-J. Paulet, née Guenois (f) – P. A. Quelnault – P. D. Robert, père – C. Rougane (exécuté le 17 mai 1794) – J. P. Testar
9 août 1793
Libérés (7) : P. E. Bazin – P. Courselle – J. A. H. Du Val – J.-F. M. Katry – P. Le Gallic – R. G. Montevis – J.-B. Paulet
Info : Jean-Baptiste Paulet était le mari de Marie Jeanne Guenois, libérée la veille. (W279.110)
12 août 1793
Libéré (1) : J.-M. Godefroy
13 août 1793
Libérés (4) : P. Brugière – J.-C. Le Blanc de Beaulieu – L. Le Maire – P. N. Mahieu
Info : La liberté provisoire accordée le 6 juillet à Antoine Marie Hyppolite Saint-Chamans fut rendue définitive ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W276.76)
14 août 1793
Exécuté (1) : C. J. Lescuyer
16 août 1793
Libérés (9) : J.-M. V. d. P. Bascher – H. T. Beschet – A. L. Crenier – J.-B. N. C. Desnouis – J. A. Gillet – J. Montaigne – F. Richard – A. Romingot – J. Vavasseur
Autres (2) : F. A. Bascher (renv + dép) – J. Deschauffour-Longchamp (renv + dép)
18 août 1793
Libéré (2) : F. M. Couteret (ou Coutret) – J. J. Lantrin (ou Lauterin)
21 août 1793
Libérés (3) : P. Brun, dit Pierrille – B. Cavey – J. D. Lafa
25 août 1793
Libéré (1) : C. H. J. F. M. Caire
28 août 1793
Exécuté (1) : A. P. Custine*
Libéré (1) : C.-F. Sandoz
1er septembre 1793
Libéré (1) : H. Jullien
3 septembre 1793
Libérés (3) : M.-A. N. Giraudot, née Piot (f) – C. Guillebaud – F.-J. Lothringer
Autre (1) : P.-F. Courtin (dép)
5 septembre 1793
DECRET : Division du Tribunal révolutionnaire en quatre sections.
Libérés (13) : C. F. Delamarre – J.-F. Duval, dit Cadet – R. Flèche (f ) – H. Godet – L. J. Langlois – F. C. Le Breton – J.-B. Lecable – P. Le Cointre – J.-B. Le Comte – J. C. Petit – L. C. Tanery – J.-B. Tesson – M. E. Vrard, née Lefaux (f)
Info : Catherine Louise Honoré Drieux, née Ruffin, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Mensonge constaté le 7 septembre. Exécutée le 8 septembre 1793. (W285.131, 2e partie)
6 septembre 1793
CONSPIRATION DE ROUEN* (Seine-Inf.)
Exécutés (8) : G. M. Aumont* – F. Bottais* – P. Delalonde* – J. Eudeline* – J.-B. Henry*, dit La Chambre – J. Leclerc* – J. F. Maubert* (18 ans) – A. Mérimé*
7 septembre 1793
Exécuté (1) : J. C. Tonduty Labalmondière (p)
Libérés (4) : L. J. Bayard de la Vingtrie – J. Jude (f) – H. M. Leclerc – J.-B. Valincourt
Info : Le jugement de Jacques Constant Tonduty est du 7 sept., mais la signification du jugement au concierge et le procès verbal d’exécution de mort indiquent que le jugement est du jour d’hier, 6. (W285.132)
8 septembre 1793
Exécutée (1) : C. L. H. Drieux**, née Ruffin (f) (condamnée le 5 sept.)
Libéré (1) : J. A. Cruau
9 septembre 1793
Autre (1) : L. L. J. Montagnac (dép)
10 septembre 1793
Libérés (2) : A. Faveaux – J. Lescuyer
11 septembre 1793
Exécuté (1) : J.-C. Bain
12 septembre 1793
Autre (1) : J. Thomas (dép)
13 septembre 1793
Exécuté (1) : C. F. Berger
14 septembre 1793
Libérés (2) : J. Blondel – F. N. Mouchet
15 septembre 1793
Libéré (1) : C. Marchand
16 septembre 1793
Libéré (1) : L. Chapeau
17 septembre 1793
DECRET : Adoption de la loi des suspects.
19 septembre 1793
Exécuté (1) : L. Levesque
Libéré (1) : L. J. Roblatre
20 septembre 1793
Libéré (1) : D. M. Degouy
21 septembre 1793
Libérés (4) : L. J. C. Bougon – F. B. Guérard (ou Grard) – G. T. Lévêque – J.-B. M. Libois
Info : L’ordonnance d’acquit de Guérard, Libois et Lévêque, et le jugement condamnant à mort Soyer, exécuté le lendemain, se trouvent dans le carton W285, dossier 131, car ils étaient impliqués dans l’affaire de Rouen jugée le 5 septembre précédent.
22 septembre 1793
Exécuté (1) : A. Soyer*
23 septembre 1793
Exécuté (1) : A. Masson
24 septembre 1793
Exécutée (1) : L. A. C. Ricard, veuve Lefebure (f)
26 septembre 1793
Exécuté (1) : L. F. C. Le Carbonnier*
Autres (2) : J. M. L’Hermina (dét) – C. G. L’Hermina, sa femme, née Bérard (f) (dép)
27 septembre 1793
Autres (2) : F. Bourquenoud, dit Fribourg (dép) – L. F. Toutain (dép)
28 septembre 1793
Libéré (1) : J. B. Prélat
30 septembre 1793
Autre (1) : M.-F. A. Rohaut, née Regnier (f) (dép)
2 octobre 1793
LES EMBAUCHEURS*
Exécutés (5) : P. H. Bridoux* – F. Gillot* – J.-B. Goubet* – J.-B. Leroy* – M. Menion*
3 octobre 1793
Exécuté (1) : P. Lenglé-Schoëbecque*
4 octobre 1793
Libérés (6) : F. Broigne (ou Broingne) – F. J. Delrue – F. Leuwers – F. Mackereel (ou Mackrel) – P. Sautrain (ou Sautrin) – P. Taffin
5 octobre 1793
Exécuté (1) : P. P. M. Lebrun*
Libéré (1) : J.-B. C. Odienne
6 octobre 1793
Exécuté (3) : J. Belangé* (ou Bellangé) – P. Belangé* (ou Bellangé) – J. C. Rutant*
7 octobre 1793 (16e jour du 1er mois an II)
Exécutés (2) : A. J. Gorsas (p) – J.-B. F. Guichard*
Libérés (4) : J.-F. Avenel – A. Boulland (ou Bouland) – P. Méel – J.-B. Tellier
Autres (5) : J. M. Bellamy (6.g) – P. Catel (6.g) – J. Langlois (6.g) – N. Petit (6.g) – A. Simon (6.g)
Info : La liberté provisoire sous cautionnement accordée ce jour à Pierre Méel, fut rendue définitive le 17 brumaire an III (7 novembre 1794). Il n’est compté qu’ici. (W482.363)
8 octobre 1793 (17e jour du 1er mois an II)
Exécuté (1) : H. Dupin
Autres (2) : J. Audeny (dét) – J. A. P. Verdier (dét)
9 octobre 1793 (18e jour du 1er mois an II)
Autre (1) : J.-B. Montozon (8 ans fers)
10 octobre 1793 (19e jour du 1er mois an II)
Autres (4) : N. Besnières (6 ans fers) – C. H. Deraray (18 ans) (dép) – F. Gabet (f) (6.p) – M. Girer (f) (6.p)
12 octobre 1793 (21e jour du 1er mois an II)
Exécuté (1) : J.-J. Barbot* (p)
13 octobre 1793 (22e jour du 1er mois an II)
Exécuté (1) : N. F. Bartelemy*
16 octobre 1793 (25e jour du 1er mois an II)
LA REINE
Exécutée (1) : M.-A. d’Autriche, veuve Capet (f) (p)
Libéré (1) : L. A. Vitel (ou Vitet ou Viter)
17 octobre 1793 (26e jour du 1er mois an II)
Autre (1) : A. F. Maingot (8jours.p) (libéré le 28 oct.)
18 octobre 1793 (27e jour du 1er mois an II)
Exécutés (3) : P. G. Lallemand* (p) – J.-B. Niclot* – J. Pechelin*
Libérés (2) : P. J. Beaucamp – J.-B. J. Demaÿ
Autres (6) : P. F. J. Benoist (dét) – J.-B. J. Blauwart (dét) – A. Carpentier (dét) – F. X. J. Planckaert (dét) – A. J. Rousé (dét) – C. B. Salon (dét)
Info : Tous les acquittés du jour étaient des habitants d’Armentières (Nord). Ceux maintenus en détention adressèrent au Tribunal une requête pour être rapprochés des leurs familles et en obtenir des secours, ce à quoi le Tribunal consentit le 18 brumaire (8 novembre) en les faisant transférer de la Conciergerie à la maison d’arrêt de Doullens (Somme). (W291.184)
19 octobre 1793 (28e jour du 1er mois an II)
LILLE ET ARMENTIERE (Nord)
Exécutés (4) : P. F. J. Clarisse* – A. F. J. Delettre* – P. G. Joire* – P. F. Malingié*
Autre (1) : P. N Perrin (12 ans fers)
20 octobre 1793 (29e jour du 1er mois an II)
Autres (2) : M. Bultais, née Levasseur (f) (dét) – D. C. G. Mouzard (dét)
21 octobre 1793 (30e jour du 1er mois an II)
Autres (5) : L. Beaudoux (dét) – J. Geoffroy (dét) – J. J. R. Guyot (dét) – L. Renaud (dét) – L. A. Rousseau (dét)
22 octobre 1793 (1er jour du 2ème mois an II)
Libéré (1) : C. Durolle, dit Pascal
23 octobre 1793 (2e jour du 2ème mois an II)
Exécutés (3) : J.-B. Brulé – P. H. Pastourel – L. A. Pernon* (p)
25 octobre 1793 (4 brumaire an II)
Exécutés (2) : P. C. Janson* (ou Jeanson) (p) – R. Martin*
26 octobre 1793 (5 brumaire an II)
Libérés (2) : J.-C. T. Asselin – J.-J. C. Renard
Info : Mis en liberté provisoire ce jour, Jean-Charles Thomas Asselin et Jean-Jacques Constant Renard furent rendus définitivement à la liberté le 13 novembre 1794 (23 brumaire an III). (W292.200, W485.391)
Autres (3) : J. A. F. Dozonville, dit Dumesnil (ban) – M. A. C. Dozonville, sa femme, née Poisson (f) (ban) – M. M. O. Marquais, née Dagoumer (f) (dét)
Info : Marie-Anne ou Marianne Colas Poisson, femme Dozonville, condamnée ce jour au bannissement, avait été mise en liberté provisoire le 16 juillet. (W286.138)
27 octobre 1793 (6 brumaire an II)
Exécuté (1) : L. A. Laroche-Fontenilles
28 octobre 1793 (7 brumaire an II)
Libéré (1) : A. F. Maingot
Info : Le 17 octobre, le Tribunal avait décidé de maintenir en détention durant 8 jours Antoine François Maingot, accusé d’avoir trempé son mouchoir dans le sang de Louis XVI, le temps de prendre sur lui des renseignements. Il fut remis en liberté ce jour. (W291.183)
29 octobre 1793 (8 brumaire an II)
Libérés (1) : D. Faucheur
Autre (2) : A. J. G. Lamellière (16 ans) (mds) – M. F. Roger (f) (6.p)
30 octobre 1793 (9 brumaire an II)
Exécuté (1) : J. J. Saunier*
Autres (2) : J. G. J. F. Lahoussaye (dét) – G. L. F. Mochon de la Rogeardière (dét)
Info : Charles Eléonor Dufriche-Valazé, député de l’Orne à la Convention, condamné à mort ce jour avec les Girondins, se suicide. (W292b.204)
31 octobre 1793 (10 brumaire an II)
LES GIRONDINS*
Exécutés (20) : C. L. Antiboul* (p) – J. Boilleau* (p) – J.-B. Boyer-Fonfrède* (p) – J.-P. Brissot*, dit de Warville (p) – C. A. Brulard Sillery* (p) – J. L. Carra* (p) – G. Du Chastel* (p) – J.-F. Ducos* (p) – J. Duprat* (p) – C. Fauchet* (p) – J.-F. M. Gardien* (p) – A. Gensonné* (p) – J. Lacaze* (p) – M. D. A. Lasource* (p) – C. R. Lauze-Deperret* (p) – P. Lehardi* (p) – B. Lesterpt-Beauvais* (p) – P. Minvielle* (p) – P. V. Vergniaud* (p) – L. F. S. Viger* (p)
1er novembre 1793 (11 brumaire an II)
Exécuté (1) : N. Le Roy
Libérés (1) : L. C. Guérin
2 novembre 1793 (12 brumaire an II)
Exécutés (4) : A. Deschamps* (p) – J. S. Lacombe-Puygnérand – G. A. Lemoine – G. Wormeselle
Libéré (1) : C. Fransise (liberté provisoire)
Autres (2) : H. André (4 ans fers) – H. Chrétiennot (4 ans fers)
3 novembre 1793 (13 brumaire an II)
Exécutée (1) : M. O. Degouges* (f) (p)
4 novembre 1793 (14 brumaire an II)
Exécutés (2) : M. M. Coutelet (f) (p) – A. Lux (p)
Libéré (1) : J. M. Pellier
5 novembre 1793 (15 brumaire an II)
Exécutés (2) : M. F. J. Kolly**, née Robec (f) (condamnée le 3 mai) – J.-L. Lepage (p)
Libérés (3) : M. Bocquenet (liberté provisoire) – J. Bocquenet, sa femme, née Mauroy (f) (liberté provisoire) – A. Prévoteaux
Autre (1) : J. A. Couture (dét)
Info : Les Bocquenet furent définitivement rendus à la liberté le 17 décembre 1793 (W293.218 et W302 334).
6 novembre 1793 (16 brumaire an II)
Exécutés (5) : A. Brousse, dit Languedoc (p) – A. P. Coustard (p) – L. P. J. Egalité, ci-devant d’Orléans (p) – P. Gondier* (p) – J. N. Laroque*
Libérés (2) : C. Bernard – J.-B. Perney
7 novembre 1793 (17 brumaire an II)
Libérés (5) : P. Dubosc (liberté provisoire) – C. A. Gosset – C.-F. Poncelet (liberté provisoire) – E. Tiron (liberté provisoire) – J. Vingtain (liberté provisoire)
Autre (1) : C. Montaut-Huart (dép)
Info : Les personnes mises ce jour en liberté provisoire furent définitivement rendues à la liberté le 17 décembre. (W302.334)
8 novembre 1793 (18 brumaire an II)
PONT-DE-CÉ (Maine-et-Loire)*
Exécutés (8) : J. Cailleau*– T. Hery* – S. F. Lamarche – F. Ollivier* – J. Quelin* – R. Rideau* – M. J. Roland, née Phlipon (f) (p) – J. Theniac*
Libérés (2) : J.-B. Cotton – J. H. Laplume
Info : Jean Quelin, ainsi qu’il signe, est noté Clin ou Clin. De même, Jean Theniac, ainsi qu’il signe, est partout noté Tesnier. (W294.228)
9 novembre 1793 (19 brumaire an II)
Libérés (4) : P. Courtot – A. L. Drapeau – A. F. Flavigny – J.-P. Gavelot
11 novembre 1793 (21 brumaire an II)
Exécutés (3) : S. Bailly* (p) – F. Kalb (p) – N. J. Roy (ou N. Jeanroy) (p)
12 novembre 1793 (22 brumaire an II)
Exécuté (1) : L. H. Duchesne (p)
Libérés (3) : A. Dethorre – F. Dethorre, sa femme, née Duchesne (f) – J. Regnier
13 novembre 1793 (23 brumaire an II)
Exécutés (3) : M. Chasle*, veuve Fontaine de Mervé (f) – L. Dodet (p) – B. Poirier
14 novembre 1793 (24 brumaire an II)
Libérés (2) : J.-B. Despilly – L. Gerome (ou Jerome)
15 novembre 1793 (25 brumaire an II)
Exécutés (5) : G. J.-B. Brunet* (p) – G. Cussy (p) – P. Gilbert de Voisins (p) – P. L. Manuel* (p) – A. M. Romé (p)
16 novembre 1793 (26 brumaire an II)
Exécuté (1) : J. N. Houchard*
Libérés (3) : J. M. Boullet – A. F. M. Lauzanne – A. Millin-Grandmaison (f)
Info : Lauzanne et Millin, acquittés ce jour, avaient été accusés par Doucheret, Cartereau Desormeaux et Goisset d’avoir tenu début octobre des propos tendant à l’avilissement de la représentation nationale et au rétablissement de la royauté. Convaincus de faux témoignage, Doucheret et Goisset furent condamnés à 20 ans de fers, et Cartereau Desormeaux, à mort, le 24 novembre suivant (4 frimaire an II). (W296.252, W297a.269)
17 novembre 1793 (27 brumaire an II)
Libérés (5) : C. Aimand – R. F. E. Delaunay, née Fanet (f) – C. M. N. Laass – M. D. Le Prertre (ou Le Prutre), veuve Pernon (f) – A. M. A. Lorimier (f)
Autres (2) : F. N. Michelot (dét) – E. R. de Taintot (dét)
18 novembre 1793 (28 brumaire an II)
Exécutés (2) : C. Duparc* (p) – F.Saint-Prix* (p)
19 novembre 1793 (29 brumaire an II)
Libérés (8) : N. M. J. Beugneau – C.-F. Dangé (exécuté le 17 juin 94) – P. Fontaine – N. Lebœuf – S. Lebon, veuve Dutilleul (f) – J.-F. Lepitre – C. A. F. Moille – J.-B. Vincent (exécuté le 29 juillet 1794)
Autre (1) : J.-B. Michonis (dét) (exécuté le 17 juin 94)
Info : Le dossier 261, carton W296, concernant toutes les personnes jugées ce jour a disparu des Archives. Mais leur jugement figure dans la compilation imprimée des jugements du Tribunal révolutionnaire, carton W536, dossier d1.
22 novembre 1793 (2 frimaire an II)
Exécutés (2) : G. N. F. Boisguyon* (p) – J.-M. Girey-Dupré* (p)
Libéré (1) : F. Bezanger
23 novembre 1793 (3 frimaire an II)
TONNERRE
Libérés (19) : C. B. Barry – J. Barry (son père ?) – S. Bertin, père – D. S. Bertin, fils – N. A. Cartron – E. Chanot – A. Cremer – A. A. Descourtives – E. J. Descourtives (son frère aîné ?) – M. F. J. Filet – D. Gelio – J. Godin – J. N. Grosfils – E. Hardy – J.-B. Hardy (frère aîné ?) – L. Hély – N. H. Jacquillat – C. I. Jourey – D. Vincent
Info : Le Tribunal ordonne ce jour le transfert à la Salpêtrière de la fille Carle (W297b.274), déjà envoyée dans une maison de santé, jusqu’à nouvel ordre du tribunal, le 6 août 1793 (W278.103). Elle n’est donc pas comptée ici.
24 novembre 1793 (4 frimaire an II)
Exécutés (2) : C. A. Cappon* (p) – C. C. F. de Laverdy* (p)
Libéré (1) : J.-B. Bernard
Autres (2) : C. V. Doucheret (20 ans fers) – G. A. Goisset (20 ans fers)
Info : Doucheret et Goisset, condamnés ce jour à 20 ans de fers, avaient été arrêtés suite à de faux témoignages dans l’affaire Lauzanne et Millin, acquittés le 16 novembre (26 brumaire). Cartereau Desormeaux, arrêté comme eux pour la même raison, fut condamné à mort ce jour et exécuté le lendemain. (W296.252, W297a.269)
25 novembre 1793 (5 frimaire an II)
Exécutés (2) : J. N. Cartereau Desormeaux* (p) – J. E. Marchand
Libérés (14) : G. Bizot – G. Houdard – J.-L. Houdard – M. Houdard (f) – R. Houdard (f) – F. Hubert (liberté surveillée) – A. J. d’Hugonneau (liberté surveillée) – A. G. Lespriest (ou Lespriert ou L’Esprit) – N. Marchal – M.-J. Micheaux (f) – N. Poinselet – M.-F. Poinselet, sa femme, née Cochard (f) – A. Pucet, née Pottet (f) – D. Roquet
Autres (2) : C. Q. Michaux (dét prov) – J. Pucet (dét prov)
Info : Ce jour, le Tribunal maintint en état d’arrestation les citoyens Michaux et Pucet, habitants de Laverdy, le temps de prendre sur eux des renseignements. (W297b.273) Il les rendit à la liberté le 4 janvier suivant. (W307.382)
26 novembre 1793 (6 frimaire an II)
Libérés (8) : G. Aubert – F. Audrain – C. Dèdiot – M. J. De Lacroix, fille (f) – M. G. Hubert, née Lombard (f) – J. Lair – J.-C. Le Loup – N. Vestier
Autre (1) : J. D. Molandre (dét)
27 novembre 1793 (7 frimaire an II)
Exécuté (1) : A. N. Collier La Marlière* (p)
Libérés (2) : J.-J. Dieufÿ (liberté surveillée) – A. C. Notaire, née Cameron (f)
29 novembre 1793 (9 frimaire an II)
HAZEBROUK* (Nord)
Exécutés (5) : A. P. J. M. Barnave* – B. Degrendel* – M. L. M. F. Duport-Dutertre* (p) – P. Vervisch* – M. T. Vervisch*, sa soeur (f)
Libérés (3) : M. L. F. A. Clerc – F. A. Laussel – E. Laussel, sa femme, née Paumier (f)
30 novembre 1793 (10 frimaire an II)
Exécutés (9) : L. Aubert de Fligny* – J.-B. C. Cagnyé* – J.-P. Lebas – A. Leuilliot* – A. P. Limanton*, dit Chasset – G. A. P. Quatresolz de la Hante*, père – L. M. C. Quatresolz de Marolles*, sa femme, née Barentin (f) – C. N. Quatresolz de Marolles* – J. A. Rebours*
1er décembre 1793 (11 frimaire an II)
Libérés (2) : J. Cretin – F. N. Guedon
2 décembre 1793 (12 frimaire an II)
Exécutés (3) : P. N. A. Aubry* – S. Mauduit* (p) – J. Vincenot* (p)
3 décembre 1793 (13 frimaire an II)
Exécutés (2) : G. J. Flamant* (p) – B. Soudre* (p)
Info : Ne sont pas comptés ici Simon Bée, grenadier au 25e régiment, et L’Huillier, grenadier au 67e régiment du Languedoc, arrêtés tous les deux à Clermont (Oise) pour propos inciviques, renvoyés ce jour à leurs corps respectifs (W300.301), mais restés en détention et libérés sur non-lieu le 6 décembre 94 (W490.449).
4 décembre 1793 (14 frimaire an II)
Exécutés (2) : A. P. L. Dufresne* (p) – E. P. Gorneau* (p)
Libérés (3) : T. Canival (liberté surveillée) – J.-B. Cava – G. Hausman
5 décembre 1793 (15 frimaire an II)
Exécutés (3) : A. G. S. Kersaint* – J.-P. Rabaut-Saint-Etienne (p) – J. A. A. Rassay
Libérés (8) : A. P. G. Desplasses – M.-F. C. Duliège (f) – N. A. M. Froidure (exécuté le 17 juin 94) – F. Gailhac La Gardie – D. Grivelet – L. R. Marlot – F. N. Osselin, frère – A. P. Soulès (exécuté le 17 juin 94)
Autre (1) : C. N. Osselin (dép) (exécuté le 26 juin 94)
Info : Charlotte Félicité de Charry, née Luppé, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Exécutée le 31 mars 94. (W300.298)
6 décembre 1793 (16 frimaire an II)
Libéré (1) : A. Dargeavel
8 décembre 1793 (18 frimaire an II)
Exécutés (5) : J. Dubarry*, née Vaubernier (f) – J.-B. Noël (p) – A. A. Vandenyver*, fils (p) – E. J.-B. Vandenyver*, fils ainé (p) – J.-B. Vandenyver*, père (p)
Info : Etienne Clavière, ex-ministre des contributions publiques, condamné à mort ce jour, se poignarda dans sa chambre le soir même. (W300.308bis)
9 décembre 1793 (19 frimaire an II)
Libérés (9) : S. Cotton – C. Courtye (f) – J. Delorme – L. J. Felman-Loth – J.-L. Guesnier (liberté surveillée) – N. R. Masson – D. Meresse-Coulon – J. N. M. Peterinck Maison – J.-B. J. Plancq
Autres (3) : C. Mathieu (dét) (libéré le 26 oct. 1794) – M. S. Saint-Savin, née Dupin (f) (dét) – L. C. Saint-Savin, son fils (dét)
10 décembre 1793 (20 frimaire an II)
FOURNISSEURS INFIDELES*
Exécutés (6) : M. J. Bouchet* (p) – A. Bourrillon* (p) – C. A. Pinard* (p) – A. Poujol* (p) – P. Rigaud* (p) – J.-J. Salès*, dit Dessale (p)
11 décembre 1793 (21 frimaire an II)
Libéré (1) : A. J. G. Butteux, dit Destournelle
12 décembre 1793 (22 frimaire an II)
Exécutés (4) : L. B. M. Escourre* (p) – C. Halbourg (f) (p) – M. G. Vernin Daigrepont, veuve Frémont (f) – M. Vernin Daigrepont, sa sœur (f)
Libérés (2) : J. Barrois – J. N. Dupont
Autre (1) : H. Senliss (dép) (exécuté le 26 juin 94)
Info : Claire Servin, veuve Loriot, condamnée à mort ce jour avec Catherine Halbourg, se déclara enceinte et fut libérée après le 9 thermidor. (W301.310)
13 décembre 1793 (23 frimaire an II)
Libérés (2) : J. Loutre – A. Tatin (liberté surveillée)
14 décembre 1793 (24 frimaire an II)
Exécutés (3) : F. X. Buniau – M. L. F. Du Chatelet* (p) – P. J. C. Porcher (p)
Libérés (3) : A. Lachaut, père – A. C. Lachaut, fils – M. E. Touroude, veuve La Broue (ou La Proue) Mézières (f)
16 décembre 1793 (26 frimaire an II)
COMPLICES DE MONTMORENCY*
Exécutés (4) : J. Bloüet* (p) – J. M. Collenel-Fontet – J. Husson de Chancourt* (p) – J. Serpaud* (p)
Libérés (2) : J.-F. Barré – F. Ourtiller
Autres (2) : J.-L. Valagnosc (12 ans fers) – J.-J. C. Vison (dép)
Info : Jean-Louis Valagnosc, coaccusé dans le procès de Fouquier-Tinville, fut acquitté le 6 mai 1795 (17 floréal an III), mais gardé en détention. Voir la note à cette date.
17 décembre 1793 (27 frimaire an II)
FOURNISSEURS INFIDELES*
Exécutés (5) : A. Demachü* (p) – J J.-B. Giblin* (p) – B. M. Lé Meunnié* (p) – N. R. Lesure* –. L. Tonnelier* (p)
Libérés (3) : J. D. Langlois, fils – P. D. Langlois, père – M.-E. Sulan, veuve Langlois (f)
Info : Ne sont pas comptés M. Bocquenet et sa femme, mis en liberté provisoire le 5 novembre et rendus définitivement à la liberté ce jour. (W302.334)
Info : Ne sont pas non plus comptés les citoyens Dubosc, Poncelet, Tiron et Vingtain, libérés provisoirement le 7 novembre (7e jour de la 2e décade de brumaire), rendus définitivement à la liberté ce jour. (W302.334)
18 décembre 1793 (28 frimaire an II)
Exécutés (3) : J.-M. Lecomte – J.-B. Peyre – L. H. Varlet* (p)
19 décembre 1793 (29 frimaire an II)
Exécutés (3) : I. T. Couvey – L. G. C. Fayel (p) – A. C. Tarragon
Autre (1) : F. A. Oudaille (dép)
21 décembre 1793 (1er nivôse an II)
Libérés (4) : R. Chevrier – R. Desnous – M. Le Clere (ou Le Clerc) – J.-B. Ropiquet
Autres (5) : R. Bouyet (f) (dét) – M. Cailleton (f) (dét) – M. Colas (f) (dét) – M.-S. Marcault (f) (dét) – M. Queré (f) (dét)
22 décembre 1793 (2 nivôse an II)
ORLEANS* (Loiret)
Exécutés (4) : M. Besnard* – J. Dervillé* – J.-B. Hortier, dit Bourguignon (p) – M. A. Poullin* (f)
Libérés (3) : L. M. David, fils – N. M. David, père – J. P. Segoillot
Autre (1) : F. De Lorme (dét)
23 décembre 1793 (3 nivôse an II)
Info : Ce jour, Louis Dancourt-Desmaretz, directeur de l’équipage des charrois de l’armée des Alpes, fut condamné à mort pour avoir fait un versement infidèle dans la caisse générale de ladite armée des sommes destinées au service des charrois, duquel il était résulté une fériation (sic) de plusieurs jours dans le payement des employés à ce service. (W305.364) Il fut exécuté le 27 décembre.
24 décembre 1793 (4 nivôse an II)
Exécutés (4) : M. C. G. Adam*, veuve Gravant (f) (p) – J. G. Delafosse* (p) – J. E. V. Labondie* (p) – D. Morin*
Libérés (3) : J. Dupont – J. Schan – L. Valade
25 décembre 1793 (5 nivôse an II)
Exécutés (6) : J.-M. Allard – M. Bourg* – B. Hourte* – M. Kourtz* – C. A. Prevost-Lacroix – E. Teyssier* (p)
26 décembre 1793 (6 nivôse an II)
Exécutés (3) : N. Gomot* (p) – A. M. Laroque-Tremaria – H. V. Laroque-Tremaria, son frère cadet
Libéré (1) : B. C. Gautier
27 décembre 1793 (7 nivôse an II)
Exécutés (3) : F. D. Barrois* (p) – A. A. Clément* (p) – L. Dancourt-Desmaretz** (p) (condamné le 23 décembre)
28 décembre 1793 (8 nivôse an II)
Exécutés (2) : F. Dietricht – P. H. M. Lebrun-Tondu* (p)
Libérés (3) : C. T. Beauvais – E. Gervais – E. F. A. F. Gervais, son frère aîné
Autre (1) : J. A. Cruau (dét)
30 décembre 1793 (10 nivôse an II)
Libéré (1) : Vermand (gendarme)
31 décembre 1793 (11 nivôse an II)
Exécutés (3) : C. M. Barré – A. L. Biron* (p) – P. F. R. Folzer
1er janvier 1794 (12 nivôse an II)
Libérés (4) : L. C. Bézodis (liberté surveillée) – P. Labussière – L. M. Le Roy, née Goulet (f) – M.-F. Mort (f)
Autres (2) : J. A. H. Hanneton (12 ans fers) – P. Sorel (12 ans fers)
2 janvier 1794 (13 nivôse an II)
Exécutés (8) : C. A. F. Bonnefoy* – A. L. Champagne (p) – R. Daber (f) – F. J.-L. Du Tremblay* (p) – H. C. L. Faverolles* (p) – A. Jolivet* dite Crecy, ex-femme Barreau (f) (p) – M. M. Narret, née Chrétien (f) – P. J. Vancleemputte* (p)
Libérés (14) : F. Bachier – J.-L. Charlemagne, dit Bailly – C. Charpentier – J. Chevrier – C. L. Collard – J.-L. Debannes – C. Gatinois– G. Goulard, née Bouillet (f) – J.-B. F. Guillaume – C. Husson – J.-P. Husson – P. Laubriat – M. Mazon – M.-A. Mazon, sa femme, née Roussel (f)
3 janvier 1794 (14 nivôse an II)
Libéré (1) : F. Collos (ou Callos) (liberté surveillée)
4 janvier 1794 (15 nivôse an II)
Exécutés (3) : L. P. F. Custine*, fils (p) – P. J. D. C. Ladevèse* – N. Luckner
Libérés (2) : C. Q. Michaux – J. Pucet
Autre (1) : B. Beauchant (2.p)
Info : Le 25 novembre, le Tribunal avait maintenu en état d’arrestation les citoyens Michaux et Pucet, habitants de Laverdy, le temps de prendre sur eux des renseignements. (W297b.273)
5 janvier 1794 (16 nivôse an II)
Exécuté (2) : C. L. C. Dugay-Marange* (p) – J.-B. Herard
Libérés (7) : J. Bonnifait – C. J. A. Chabod – X. Frossard – J. d’Hédouville – A. T. Mathieu – M. L. Milcent, dit Milcent Créole (exécuté le 26 mai 1794) – J. E. F. Monter
Info : Le jugement condamnant Dugay-Marange à mort est du 15 nivôse an II (W306.381), alors que le procès verbal d’exécution de mort et la signification du jugement au concierge datent la condamnation et l’exécution du treize nivôse (W524). Il y a nécessairement une erreur. Les procès-verbaux d’exécution et les significations des jugements au concierge étaient enregistrés plusieurs jours après l’exécution. Or les exécutions du 13 nivôse furent enregistrées le 15, celles du 15, le 17, et celle d’Herard, du 16, le 19. L’exécution de Dugay-Marange fut elle aussi enregistrée le 19, d’où il suit qu’il fut exécuté comme Herard le 16 nivôse, non le 13, ce que confirme d’ailleurs les mémoires de Sanson.
6 janvier 1794 (17 nivôse an II)
Libéré (1) : N. Auger (liberté surveillée)
7 janvier 1794 (18 nivôse an II)
Exécutés (4) : C. Capisuchi de Bollogne* – J.-B. Capisuchi de Bollogne* (p) – N. V. Capisuchi de Bollogne*, dit Duplan (p) – C. A. Imbert (p)
Libéré (1) : M.-M. Ferrière, veuve Desrousses (f)
Autres (4) : C. Coignet (dét) – C. Heudebert (dét) – F. Le Jeune (2.p) – F. A. Ozanne (2.p) (exécuté le 17 juin 1794)
8 janvier 1794 (19 nivôse an II)
Exécutés (4) : C. Bedtinger*, née La Violette (f) – M. A. Feuchere, née Leroy (f) (p) – J. Giroüard (p) – J. Maudrillon* (p)
Libérés (3) : C. Courvoisier, née Simonin (f) (liberté surveillée) – H. Dulac, née Janson (f) (liberté surveillée) – E. Saint-Léger
Autres (3) : E. Bataille (dét. à domicile) – A. F. A. P. La Brosse (dét) – J. C. Le Coq, née Godefroy (f) (dét. à domicile)
10 janvier 1794 (21 nivôse an II)
Autre (1) : J.-B. Bart (dét)
11 janvier 1794 (22 nivôse an II)
Exécutés (2) : A. A. Lamourette – E. Manoël* (p)
12 janvier 1794 (23 nivôse an II)
Exécuté (1) : J. J. Durand
13 janvier 1794 (24 nivôse an II)
Exécutés (3) : B. A. d’Abzac – J. Decourchant (p) – V. Dougados
Libéré (1) : L. A. Martin
14 janvier 1794 (25 nivôse an II)
Libérés (9) : C. Aubert – F. S. Gromand – N. Jeandel – H. Le Roux – J. Maréchal – N. F. A. Papigny – N. T. Papigny – R. Poirot – J.-B. Salle
Info : Tous les acquittés du jour, accusés de complot tendant à troubler l’Etat lors de la descente des cloches, étaient des personnalités de Mirecourt (Vosges), sauf Le Roux, demeurant à Saint-Manche. Ils étaient renvoyés dans leur commune pour y résider sous la surveillance des autorités jusqu’à acquittement de leurs dettes. (W310.410)
15 janvier 1794 (26 nivôse an II)
Libérés (6) : J. L. Delormel – P. J. Dudon – J. J. Félix – J. P. Gerey – M. C. Lemesle – D. Serrie (ou Serrier)
16 janvier 1794 (27 nivôse an II)
Exécutés (10) : J.-B. Basset (18 ans) (p) – J. M. Coëtnemporen – A. L. H. Deverneuil – P. Ducournau* – T. J. Duplessis-Grénédan – C. Fournier, née Urgon (f) (p) – C. Hollier* – G. Lemille (p) – E. Lemille, sa femme, née Lavigne (f) (p) – J.-P. Teillard*
Libérés (3) : M. Cujas – C. M. Le Bourg – J. Thomas
Autres (14) : E. Armilhon (dét) – B. A. Bonneville (dét) – P. Boudin (dét) – P. J. Couvert (dét) – P. Diverneresse (dét) – P. H. Du Caunoit (dét) – F. A. Duclos (dét) – J. Fournier (14 ans) (20 ans mdc) – J. Lanoix (dét) – J.-B. Lefèvre (dét) – C. Mathieu, née Coutant (f) (dét) – J. Pescho, dit Colas (dét) – P. Polisse (dét) – E. Thiessard (dét)
Info : Jean Fournier, 14 ans, convaincu d’avoir participé en vendémiaire à une conjuration tendant à égorger les membres de la Convention, des autorités constituées et à enlever de la Conciergerie la femme Capet, fut condamné, en raison de son jeune âge, à 20 ans de détention en maison de correction, et, au préalable, à 6 heures d’exposition place de la Révolution. (W311.413)
17 janvier 1794 (28 nivôse an II)
Exécutés (2) : J. L. Bonneuil*, dit Naton (p) – J. Vissec de La Tude
18 janvier 1794 (29 nivôse an II)
Libérés (7) : N. L. Gouin – L. Hémond – J. S. Jeannequin – C. G. Laurey – E. S. Lavigne – A. Morel – N. Robinet
Autre (1) : G. Codrington (dét)
20 janvier 1794 (1er pluviôse an II)
Libérés (10) : D. Arsan – M.-L. Auget, veuve Bouvard de Fourqueux (f) – J.-M. Chailly – C. Colombe, veuve Mauger fils (f) – E. Cunin – A. Domergue du Rozet – M. J-B. Febvé – M. La Plaigné – E. A. Raguet – C. Reboucher
Autres (2) : M.-M. V. Bigot, veuve Auget Chambry (f) (dét) – fille Poirson-Bussy (f) (dét)
Info : Toutes les personnes libérées ce jour, excepté la veuve Fourqueux, étaient les amis de Marat-Mauger, lui-même mort à la Conciergerie. (W312.423)
21 janvier 1794 (2 pluviôse an II)
LES MARINS DE TOULON (Var)
Exécutés (8) : G. Blanchard – E. Fichet – A. Gardinet – M. Jacquelin – J.-M. L’Ecluze (p) – M. E. Quatremère (p) – J. C. Thibault* – I. Vanson (ou Vanzon)
22 janvier 1794 (3 pluviôse an II)
Exécuté (1) : M.-A. Bernard
Libérés (3) : C. Leroux – J.-F. A. Ribis – M.-A. Vallée, veuve Maréchal (f)
23 janvier 1794 (4 pluviôse an II)
Exécuté (1) : T. L. Lefèvre*
Libérés (6) : M. C. Arnaud, dite Dallegray (f) – L. Bernard – F. Bocage – A. Chevalier – A. Narquet, dit Maurice – A. S. Parisse, dite Bernard (f)
Autre (1) : P. Reyts (dép)
24 janvier 1794 (5 pluviôse an II)
Exécutés (3) : L. Migot – V. M. Rimbaud* – N. Rouard-Besnard
Libérés (4) : P. Carette – L. Larché – J. Launoy (ou Lounoy) – J.-B. Touzet
Info : Le procès-verbal d’exécution de mort de Laurent Migot, ex-comte, colonel au 4ème régiment de dragons, a disparu, mais il fut bien condamné à mort (W314.442) et exécuté le même jour d’après les mémoires de Sanson.
25 janvier 1794 (6 pluviôse an II)
Autre (1) : C. A. Decharme, fils naturel de Sillery (8 ans fers)
26 janvier 1794 (7 pluviôse an II)
Exécutés (2) : S. Mondot* – J. F. Quantin*
Libérés (10) : J. G. Baticle – C. Besnier – M. C. F. Buisson (18 ans) (f) – A. Eral (ou Héral) – C. Eudeline – P. P. Gillot – L. Godin – J. Goullet – F. Guillot – A. Ledoux
Autres (2) : J. Chané (dét) – J.-P. Colombe (dét)
27 janvier 1794 (8 pluviôse an II)
Exécutés (2) : P. Durand* – J.-B. Moheau*
Libéré (1) : J.-P. Vienot
Autre (1) : E. A. Benoist (dép)
28 janvier 1794 (9 pluviôse an II)
Exécutés (2) : J.-L. Josset de Saint-Laurent* (p) – C. Rossy*
29 janvier 1794 (10 pluviôse an II)
Exécuté (1) : L. H. F. Marcé* (p)
31 janvier 1794 (12 pluviôse an II)
Exécutés (4) : A. J. Charras*, née Roettiers La Chauvinnerie (p) – C. D. J. Gothereau de Billens*, née d’Esthac-Bellecour (f) (p) – J.-B. Lambert – J.-B. E. Roëttiers* (p)
Libérés (11) : M. Blo, née Geoffroy (f) – J.-C. Broüllie – M.-L. C. Desprez, née Vaugernié (f) – J.-P. Gillet – A. M. Le Clerc – B. Lefevre – G. Le Roux, née Lemoine (f) – J. Michelin – J. P. Montalban – B. Q. Vaugernié – P. Verset
Autre (1) : Le Roy Pavas (ou Pavace) (renv)
Info : Mélanie Grélé (ou Greslée), née Renauld, malade, n’ayant pu comparaître ce jour dans l’affaire de Coulommiers, fut mise en liberté le 3 juin 1794. (W317.462)
1er février 1794 (13 pluviôse an II)
COULOMMIERS* (Seine-et-Marne)
Exécutés (9) : J. Babin* – C. Blancheton*, née Noirette (f) – C. J.-L. Igonnet* – M. Letombe*, née Foifranquet (f) – G. Martin* – E. F. Maulnoir* (ou Maulnois) – P. Merlin* – E. T. Ogier de Baulay* – F. J. T. Prevost*
Libérés (3) : J.-B. L. Leveaux, dit Beauchamp – J.-B. Ponsard – C. J. H. Pottin
Autres (3) : L. Genty (dét) – N. Saint-Martin (dét) – J. N. Toustain (dét)
Info : Jean Nicolas Toustain, condamné à être détenu comme suspect dans son département (Calvados), y fut conduit, s’évada de la prison de Bernay et fut de nouveau arrêté à Paris fin germinal. Le 12 prairial an II (31 mai 1794), le Tribunal ordonna simplement que les pièces le concernant soient renvoyées au tribunal qui doit en connaître et que Toustain y soit conduit de brigade en brigade. (W377.858)
2 février 1794 (14 pluviôse an II)
Libérés (3) : C. J. Callé – P. J. Després – P. Gueneteau
3 février 1794 (15 pluviôse an II)
TROYES* (Aube)
Exécutés (6) : C. N. Duclos Du Fresnoy* (p) – E. A. Gillet* – B. J.-B. Millard* – C. J. Ogier – L. N. Paillot* – N. Parent*
Libérés (2) : J. A. Borain – J. Decolonge
Autre (1) : P. Pinon du Coudray (dép)
4 février 1794 (16 pluviôse an II)
Autres (2) : E. J. Caillault (dét) – P. Horliac (renv)
Info : Pierre Horliac, canonnier de la section Bonne-Nouvelle, coupable d’avoir chanté un air royaliste, était renvoyé en prison, le jugement étant laissé au commandant de la Garde Nationale. Il était acquitté de fait et promis à la liberté. (W319.479)
5 février 1794 (17 pluviôse an II)
Exécutés (3) : M. G. Chapt, veuve Paysac (f) – J.-B. L. Courtonnelle* – N. R. Monjourdain* (p)
6 février 1794 (18 pluviôse an II)
Exécutés (5) : E. P. de Gand, femme Lauraguais (f) (p) – H. F. Michel*, veuve Marbeuf (f) – J. J. Payen* (p) – P. J. Petit – P.-L. Pierre (p)
Autre (1) : L. Quelen (dét)
7 février 1794 (19 pluviôse an II)
Exécutés (2) : C. F. Courtot – N. Pasquin* (p)
Autres (2) : A. M. A. V. Bigeard Saint-Maurice, née Ville-Franche Carignan (f) (dét) – C. V. A. Troussebois, née Bigeard Saint-Maurice (f) (dét)
8 février 1794 (20 pluviôse an II)
Exécutés (3) : J. C. M. Baillard Chervil* (p) – L. M. Luzy*, née Baillard Descombaux, sa sœur (f) – J.-J. Troussebois Baillard* (p)
9 février 1794 (21 pluviôse an II)
Libérés (11) : P. H. Bertrand – J. Boyer – F. J. Dumas – B. Gigot – P. Journet – L. Manceaux – J.-F. Maréchal – S. Paillet – L. Sayet – J.-L. Thiriart – J.-C. Verneau
Autres (11) : G. Barjac (renv) – J. L. C. Biochaye (f) (dép) – M. E. E. Carvoisin (f) (dép) – T. J. H. Chenet (f) (dép) – V. Crevel (f) (dép) – A. Donon (f) (dép) – A. M. Fouber (f) (dép) – M.-T. Gouffé (f) (mds) – P. Langlaise (renv) – M. L. P. Lesnier (f) (dép) – A. F. Vitasse (f) (dép)
10 février 1794 (22 pluviôse an II)
Exécutés (3) : A. H. Boucherin, veuve Thibaud de Waxheim (f) – F. A. Chapuis (p) – P. Rouhier*
Libéré (6) : L. H. Emery – J.-P. V. Feral – J.-F. Gautier – G. Jacquemin – P. Roustain – A. F. Roustain, sa femme, née Baltazard (f)
11 février 1794 (23 pluviôse an II)
Libérés (6) : A. L. Decrest Saint-Germain – F. Delgusse (f) – V. Gaudin (f) – R. Laborderie (f) – A. A. D. Robilliard – P. Sourdillat
Autre (1) : Rauzet (renv)
12 février 1794 (24 pluviôse an II)
Exécuté (1) : C. V. Millin-Labrosse* (p)
Libérés (2) : M. C. A. Amaury – J. Lathelise
13 février 1794 (25 pluviôse an II)
Exécuté (1) : J. P. I. Gueau de Reverseaux*
Libérés (3) : P. Laurent – L. Leveilly – F. H. Mullot
Autres (3) : L. D. Auriot (dét) – G. M. Auriot, sa femme, née Goman (f) (dét) – L. A. Des Français (dét)
Info : Chaudot, notaire à Paris, condamné à mort ce jour, ne fut exécuté que le 17 février. (W324.515, W)
14 février 1794 (26 pluviôse an II)
ARGENT ET TRAHISON*
Exécutés (8) : P. J. Aubert* – J. J. Beaune* (p) – F. R. Brichard* (p) – A. B. Dorse, père – J.-B. Dorse, fils – A. Metivier* (p) – J.-B. Viette* (p) – J. H. Wiedenfeld (p)
Libérés (3) : B. Delmas – A. D. Fondary (liberté surveillée) – P. Longueville
15 février 1794 (27 pluviôse an II)
Exécuté (1) : P. G. Planchut, dit La Cassaigne
Libérés (4) : P. Brasseur – J. T. Hervé – M. J. Martin – F. Péchon
16 février 1794 (28 pluviôse an II)
Libérés (9) : A.-M. Bardelle (f) – M. Belgoder, née Legrand-Beauvillier (f) – M. Blin – C.-F. V. Ronez – P. Rouveau – C. Saulnier – J. Tabourot – M.-T. Tabourot, sa femme, née Champs (f) – F. Varanne
Info : L’acquittement d’Anne-Marie Bardel (ou Bardelle) est signalé dans la marge de l’ordonnace d’acquit de Mélanie Belgoder. (W326.528)
17 février 1794 (29 pluviôse an II)
Exécutés (2) : V. Chaudot** (p) (condamné le 13 fév.) – A. A. Desherbiers de Létanduere* (p)
Autres (3) : J. L. Picard, frère aîné (6 ans fers) – L. P. Picard, frère (6 ans fers) (exécuté le 26 juin 94) – N. Picard, frère cadet (6 ans fers)
19 février 1794 (1er ventôse an II)
Exécuté (1) : F. Gossenay
20 février 1794 (2 ventôse an II)
FOURNISSEURS INFIDELES
Exécutés (4) : A. Choiseau (p) – R. F. Fourcault de Pavant (p) – J.-B. Lunyt – A. J. Prissette
Libérés (3) : F. A. Delormet – P. Philippe – J. Postel
21 février 1794 (3 ventôse an II)
PRESLE (Seine-et-Oise)
Exécutés (4) : C. Mortet (p) – G. Tiphaine, père – J.-G. Tiphaine, fils aîné – L. G. Tiphaine, fils cadet
Libéré (1) : F. Commelard
22 février 1794 (4 ventôse an II)
Exécutés (5) : J. Capotte-Feuillide – C. Mangin (p) – N. Mangin, son frère aîné (p) – N. Martin – L. D. A. Predicant (p)
23 février 1794 (5 ventôse an II)
Exécutés (2) : J. Canel (p) – J.-J. Dortoman
Libérés (13) : L. Accault – L. Bernier – A. Boucheron – B. Duclos – J.-B. Gellé – J. Giraud – J.-J. Leroux – A. Maillet – N. Rigollet – J. E. Salmon – R. Simon – J.-B. Teinturier, père – P. Teinturier, fils
25 février 1794 (7 ventôse an II)
SARRELIBRE (Moselle)
Exécutés (17) : E. Barberon (f) – M.-J. Barberon (f) – B. Bimbenet Laroche – A. Dusable – C. Gerl – J. S. Hautz – G. C. Henrÿ – J. Hombourger – E. C. Marivetz – E. T. Maussion* (p) – J. M. Nelis – D. Philippe – J. M. Ploquin – J.-P. Scharff – G. Schmit – B. Schmitt, veuve Galhau (f) – M. B. Souty, ex-femme Dreyr
Libérés (6) : N. Boulay (ou Boullay) – L. H. Doussain – J.-F. Foucques – P. Moncelet – A. Mourlot (f) – L. Postel
Autres (2) : J. F. Didier (renv) (exécuté le 9 juillet) – P. Mazeyrie (dét)
27 février 1794 (9 ventôse an II)
Exécutés (5) : P. E. Ferrand – E. N. F. La Ruelle (p) – C. Moreau – P. Penon – J. Penon, sa femme, née Grimoux (ou Gremoux) (f)
Autre (1) : N. Flobert (dép)
1er mars 1794 (11 ventôse an II)
Exécutés (2) : N. Deschamps (p) – L. Veyrent, dit Suel
2 mars 1794 (12 ventôse an II)
MAUPERTUIS, LA-FERTE-GAUCHER, TOUQUIN (Seine-et-Marne) ET AUTRES
Exécutés (14) : L. Billiours (ou Billou ou Billours) – R. J. Enjubault – J.-L. Laroque – J. Laval – N. Le Court – P. Mazure – P. Michenon, père – P. Montagne – J.-B. Poupart-Beaubourg (p) – P.-L. Proffil – L. Prunelle – J. E. Raby – N. A. Remy – P. J. Sourdille
Libérés (13) : P. F. Cadine – L. Doncart, dit Vincent Macon – P. Dorgé – J.-F. Dubois – C. E. Gomy – M. Lécuyer – J.-L. Lombard, père – J.-L. Lombard, fils – J.-P. Michenon – C. Nivert – L. Pinson – A. Ras – D. Thomé
Autres (4) : J.-B. Bavelier (renv) – H. Caillet (renv) – M. F. Le Brasse (renv) – H. Martin (renv)
Info : L’affaire concernant Caillet, Bavelier et Martin (et Le Brasse), gendarmes près les tribunaux de Paris, fut renvoyée au ministre de la guerre. (W332.565) Ils furent néanmoins libérés le 26 avril suivant par le Tribunal révolutionnaire. (W353.729)
3 mars 1794 (13 ventôse an II)
Exécutés (3) : F. E. J. Champfleurÿ, dit Chevalier de Varennes – J. F. Froullé (p) – T. Levigneur (p)
Libéré (1) : E. R. Perchereau
Autre (1) : A. J. Osmont (dét)
4 mars 1794 (14 ventôse an II)
Exécutés (6) : L. Bruxelles (p) – A. N. Guillemeau de Saint-Souplet, père – A. C. Guillemeau de Saint-Souplet, fils aîné – A. M. Guillemeau de Saint-Souplet, 2ème fils – A. Merruau Dufrenoy (p) – P. Saint-Lambert (p)
Libérés (2) : N. J. Tremblay – J. M. Tremblay, sa femme, née Erard (f)
5 mars 1794 (15 ventôse an II)
Exécutés (1) : L. Robin
Libérés (9) : A. P. Cretot – T. Filliot – L. M. Lachave – P. Lefevre – A. Martainville (17 ans) – J. N. Mauborgne – J.-B. Maudet – A. M. E. F. Millin – S. Regnault
6 mars 1794 (16 ventôse an II)
GENERAUX
Exécutés (4) : N. Chancel – J.-B. Davaine – J. O’Moran – N. Reverdot
Libérés (6) : P. Conversat – J.-B. De Laherche – A. Hanappier – F. H. Lenfumey – C. Melecot – P. Mercier
Autres (2) : J.-B. P. Fajard (dép) – C. Vivier (renv)
7 mars 1794 (17 ventôse an II)
Exécutés (4) : C. Comparet (p) – J. M. Du Chemin (p) – G. Grassin – M. L. F. Grassin, sa femme, née des Camps (f)
Libérés (5) : G. Arnoux – J. Barnerat – J. Feiche, née Barré (f) – G. Rey, née Onmie (f) – F. Vichy
8 mars 1794 (18 ventôse an II)
Libérés (2) : P. F. Boncer – C. N. Frézard
9 mars 1794 (19 ventôse an II)
Exécutés (3) : L. Desacres*, dit L’aigle (p) – A. A. R. La Rochefoucault*, veuve Duretal (f) (p) – C. E. Vaudreu
11 mars 1794 (21 ventôse an II)
Libérés (9) : S. Beauve – M. G. J. Boucher La Rupelle (f) – M. M. S. Chapron, veuve Dasse (f) – M. C. Fournier (f) – N. L. Freret d’Héricourt – E. Freret, sa femme, née Gonnet (f) – J.-B. P. Lenfant – J.-L. Marchault – J.-F. Tailleur
12 mars 1794 (22 ventôse an II)
Exécutés (3) : M. Blanchet (p) – A. P. Cauchois (p) – S. A. Le Clerc Glatigny (f)
Libérée (1) : M. Tavernié, veuve Thorigny (f)
Info : Le procès-verbal d’exécution de mort d’Alexis Pierre Cauchois, architecte à Paris, a disparu, mais il fut bien condamné à mort (W336.592) et exécuté le même jour d’après les mémoires de Sanson.
13 mars 1794 (23 ventôse an II)
Exécuté (1) : C. P. Verrier
14 mars 1794 (24 ventôse an II)
Exécuté (1) : A. Davanne
Libérés (4) : B. F. J. Le Preux – J. B. Le Preux, son oncle – C. F. Le Preux, son fils (cousin du premier) – N. Wilmet
15 mars 1794 (25 ventôse an II)
CLAMECY (Nièvre)
Exécutés (17) : A. Beaudevant (p) – J. F. Boucheron – B. Chevannes Maugery – J. A. Daubin – B. Duverne – L. N. Faulquier – C. Feugneur – M. F. H. Fournier, veuve Chabannes (f) – H. Labussière – J. B. A. Lardemelle – J. Portepain – C. Regnauld, dit Bellecise (p) – N. Ronat – J. N. Sanglé Dumoulos, dit Longchamp (p) – L. E. Tenaille Champton – J. B. M. Tenaille Lemaux – E. J. Touyon
Libérés (2) : P.-F. Bogne – J. Bretagne
16 mars 1794 (26 ventôse an II)
Exécutés (2) : P. J. Godail Cieurac – P. Musquinet, dit La Pagne
Libéré (1) : J. Destruet
17 mars 1794 (27 ventôse an II)
Exécutés (7) : G. F. Barbier, père – L. A. G. Barbier, fils – J.-B. Boissat – C. Delalain – M. J. F. Lavechain (f) – P. Quetineau* – P. P. Saint-Paul* (p)
Libérés (3) : J. Aubry – V. Bouquin – J. Girardin
Info : Les accusés du jour, Jacques Aubry, Michel Dumont, Vincent Bouquin et Jacques Girardin, prévenus d’avoir renversé l’arbre de la liberté de Samoy (Seine-et-Marne), reconnus coupables mais ayant agi sans intentions contre-révolutionnaires, furent acquittés. Cependant, Dumont n’apparaît pas sur l’ordonnance d’acquit. (W338.607)
18 mars 1794 (28 ventôse an II)
Exécutés (7) : J. Babaud Laforderie – N. Dieudonné – J. Duruey (p) – J.-B. Goursaud Merlie – M. A. Jasmes (f) – M.-A. Jourdain Berteaux (f) (p) – F. Texier, née Périgord (f)
Info : Louise Sylvie Blamont, née Chamborant Villevert, condamnée à mort, se déclare enceinte. Libérée après le 9 thermidor. (W338.609) Elle écrivit au Comité de sûreté générale, depuis l’hospice national, le 17 termidor an II. Elle réclama également des sommes d’argent et d’argenterie trouvées chez Henriot, réclamation renvoyée, par Courtois et Perrin, au Comité des finances, le 29 messidor an III (F7 4638).
19 mars 1794 (29 ventôse an II)
Exécuté (4) : J. Arnould, dit la Tempête – C. Jouve – C. L. Masuyer (p) – J.-B. Levalois, dit Valois
Autres (3) : G. Latelise (dét) – C.-F. Leblond (dép) – L. Ritouret-Castel (dép)
Info : Grégoire Latelise, 25 ans, cloutier, carabinier caporal dans le 3e bataillon des chasseurs francs, renvoyé ce jour en détention jusqu’à plus ample informé, fut acquitté le 4 juillet suivant (W339.614).
23 mars 1794 (3 germinal an II)
Exécutés (2) : J. N. Moulin, ci-devant Le Roy – A. F. Poitou
24 mars 1794 (4 germinal an II)
LES HEBERTISTES (CORDELIERS)
Exécutés (18) : J.-B. Ancard (p) – J. A. F. Armand (p) – J. C. Bourgeois (p) – J.-B. Clootz, dit Anacharsis (p) – A. Descomble (p) – F. Desfieux (p) – P. U. Dubuisson (p) – F. P. Ducroquet (p) – J. R. Hébert, dit Père Duchesne (p) – J. C. Kock (p) – M. Laumur (p) – A. H. Leclerc (p) – A. Mazuel (p) – A. F. Momoro (p) – J. Pereira (p) – P. J. Proly (p) – C. P. Ronsin (p) – F. N. Vincent (p)
Libéré (1) : J.-B. Laboureau
Info : Marie Anne Catherine Latreille, veuve Quetineau (exécuté le 17 mars), condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte, mais fit une fausse-couche et fut exécutée le 11 mai. (W339.617, W345.676)
25 mars 1794 (5 germinal an II)
Exécutés (3) : P. Rougane Bellebat – J. Rougane Desbarodines – J. Rougane de Vichy
Libéré (1) : F. J. M. Cordier
26 mars 1794 (6 germinal an II)
Exécutés (5) : J.-L. Gouttes – D. Joizel – C. A. La Cour de Balleroy, aîné – F. A. La Cour de Balleroy, son frère (p) –E. Thirÿ (p)
Libéré (1) : J. N. Beurdouche
Autre (1) : C. Minmant (f) (dét)
Info : Etienne Thirÿ fut exécuté ce jour pour s’être fait passer pour un commissaire de la Convention. Sa compagne Catherine Minmant fut acquittée mais gardée en détention comme suspecte. (W340.622)
27 mars 1794 (7 germinal an II)
Exécutés (3) : M. C. Chamborant (f) (p) – H. Moreau – C. M. Villemain, née Lambertye (f) (p)
Libérés (11) : B. R. Bourdet – D. Clément – H. Crique – M. Crique, sa femme, née Callot (f) – A. Davignon – N. Froment – J. Froment, sa femme, née Wathie (f) – J.-P. Maffioli – M.-J. Maffioli, sa femme, née Froment (f) – M. C. Pernet (f) – F. L. Thomassin (14 ans)
Autres (3) : J. Monet (6 ans fers) – P. J. Pavy (6 ans fers) – N. Thomas (6 ans fers)
Info : Le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil déclara ce jour qu’il n’y avait pas lieu à accusation contre Louis-Alexis Laurent (31 ans, directeur des messageries à Nancy, accusé du vol de 200.992 livres dont il se disait lui-même victime), Thomassin, Clément, la fille Pernet, les Maffioli, les Froment et les Crique, et ordonna expressément la libération de toutes ces personnes, à l’exception de Laurent (W536.d5, W343.653). Ce dernier n’apparaît pas ici puisqu’il n’était en fait l’objet d’aucune décision. Il fut néanmoins acquitté et libéré un mois plus tard, le 26 avril (7 floréal) (W537.d2, W353.732).
28 mars 1794 (8 germinal an II)
Exécutés (2) : J. Pernet – J.-B. Peusselet
Libéré (1) : C.-A. Devillars (16 ans)
29 mars 1794 (9 germinal an II)
Exécutés (6) : J. N. Adam (p) – J.-B. Collignon – J.-B. Courtin (p) – J. V. M. Harelle – J. A. Meffre (p) – F. Poiré (p)
Libérés (3) : J.-L. Laury – J.-B. Marquot – P. Pottier
Autre (1) : J.-P. Pellerin, dit Chantereine (dét)
Info : Le dossier Jean Louis Laury (noté Lorry), 24 ans, cultivateur, et Jean-Baptiste Marquot (noté Marcot), 34 ans, cordonnier, tous deux habitants de Trancault (Aube), ne contient que le jugement de la Chambre du Conseil du 9 germinal ordonnant leur mise en liberté (W341.637). Leurs interrogatoires se trouvent dans le dossier de Pernet, exécuté la veille (W341.633).
31 mars 1794 (11 germinal an II)
Exécutés (7) : J. C. C. Barbotan – C. F. de Charry**, née Luppé (f) (p) (condamnée à mort le 5 déc.) – P. B. S. Gaillard (p) – J.-F. Hollez (p) – L. F. Lavergne-Champlorier – V. Lavergne, sa femme, née Resnier (f) (p) – J. Nègre
Libéré (1) : P. R. Perdereau (15 ans)
1er avril 1794 (12 germinal an II)
Exécutés (4) : A. Brochet, dit Saint-Prest – L. S. Colivet (p) – C. V. F. Salaberry – E. Schneider
Libéré (1) : H. G. B. Bouvenot
2 avril 1794 (13 germinal an II)
Libéré (1) : P. Montazel
Info : Pierre Montazel (non Montazet) fut bien acquitté ce jour. Mais la dernière pièce de son dossier est un jugement de la Chambre du Conseil du 24 brumaire an III (14 novembre 1794) commençant par ces mots : « Vu la requête présentée par Pierre Montazet, acquitté par jugement du 22 Thermidor der [9 août], par laquelle il réclame la remise des différentes pièces [...] » (W342.647)
3 avril 1794 (14 germinal an II)
Exécuté (1) : J. Masquet* (p)
5 avril 1794 (16 germinal an II)
LES DANTONISTES (Indulgents)
Exécutés (15) : C. Basire (p) – F. Chabot (p) – G. J. Danton (p) – J. F. Delacroix, dit Lacroix (p) – J. N. Delaunay d’Angers (p) – B. C. Desmoulins (p) – J. F. Diederichsen (p) – P. F. Fabre-d’Églantine (p) – E. Frey, frère (p) – S. G. J. Freÿ, frère (p) – A. M. Guzman (p) – M. J. Hérault de Séchelles (p) – P. N. Philippeaux (p) – M. R. Sahuguet d’Espagnac (p) – F. J. Westermann (p)
Libéré (1) : L. M. Lullier
6 avril 1794 (17 germinal an II)
Exécutés (3) : P. Baron, dit Channoir (ou Channois) – L. Hanappier Desormes – P. Reigné (p)
Libéré (1) : A. Boirot
Autre (1) : F. T. Fouquerel (dét)
7 avril 1794 (18 germinal an II)
MONTARGIS (Loiret)
Exécutés (10) : F. J. Bizot – J. F. Jullien – E. T. Lacorée, veuve Pericard (f) (p) – F. P. Lamotte de Senonnes (p) – S. Lamotte de Senonnes, sa femme, née Droüillard (f) (p) – C. L. Lavilette – J. J. Mouzin – M. J. H. Pelec Varennes – B. Perruchot – A. L. C. Saint-Germain d’Apchon (p)
Libérés (2) : J.-L. Faure – S. Gouard
8 avril 1794 (19 germinal an II)
Exécutés (7) : J. Agron de Mascilly, veuve Decheüilly (f) (p) – A. Bonfant, née Boiry (f) – J.-P. Danquechin Dorval (p) – G. Gamptel (p) – J. L. Gaudron – P. S. Lardin (p) – L. A. Lardin, sa femme, née Danquechin (f) (p)
Libéré (1) : M. Thierry
Info : Guillaume Gamptel avait été mis en accusation avec les frères Mangin, condamnés et exécutés le 22 février 1794, mais aucune décision ne semble avoir été prise alors à son sujet. (W328.540, W344.664)
9 avril 1794 (20 germinal an II)
Libéré (1) : J.-B. Longpré
12 avril 1794 (23 germinal an II)
Exécuté (1) : C. Souchon, dit Chanvon
Libérés (2) : P.-L. Borssat (ou Borfat) – H. Gosset
Info : Claude Souchon, dit Chanvon (non Chaurond ou Chausson), 66 ans, général de brigade à l’armée des Pyrénées-Orientales, condamné à mort ce jour (W344.672) fut aussitôt exécuté comme en atteste le procès-verbal d’exécution de mort (W526). Sanson écrit à son propos : « Nous avons conduit et exécuté ce jour Claude Souchon dit Chausson, ex-général de brigade à l’armée des Pyrénées-Orientales ; il était condamné pour avoir, après sa destitution, cherché à s’emparer d’un corps de quatre mille hommes et du parc d’artillerie, pour marcher avec eux sur Bordeaux et se joindre aux fédéralistes. C’était un homme très brave, il est mort avec un grand courage et en criant : “Vive la République !” (p. 187) Sanson déclare également avoir exécuté, le lendemain, 21 personnes, soit 19 + 2. Guittard qui n’a rien noté le 12 avril, indique aussi que 21 personnes furent exécutées le 13, soit 18 + 3 (p. 336). Tout ceci contredit Edmond Biré qui, dans Journal d’un bourgeois de Paris pendant la Terreur, affirme, en s’appuyant sur l’ouvrage de Wallon (t. III, p. 214, note 2), que Souchon fut bien condamné ce jour mais exécuté le lendemain (Perrin, 1911, p. 63).
13 avril 1794 (24 germinal an II)
COMPLICES DES HEBERTISTES
Exécutés (21) : M. M.-A. Baras – J.-M. Beysser – L. G. A. Brossard – M. S. Brumeaux, dit Lacroix (p) – J.-B. E. Bucher de l’Épinois (p) – P. G. A. Chaumette (p) – A. Dillon (p) – A. P. L. Duplessis-Laridon, veuve Desmoulins (f) (p) – A. Duret – J.-B. Gobel (p) – M. M. F. Goupil, veuve Hébert (f) (p) – J.-J. Lacombe (p) – J.-F. Lambert (p) – J.-M. Lapaluë – G. N. Lasalle (p) – J. M. F. Lebrasse (p) – J. I. Nourry Grammont, père (p) – A. Nourry Grammont, fils (p) – E. Ragondet – E. Rameau (p) – P. Simon (p)
Libérés (7) : R. A. Barbe – J.-F. Bereytter – C. Chardin – L. B. Chenaux – C. Dumas – J. Montin-Lambin – P. A. Prangey
14 avril 1794 (25 germinal an II)
Exécutés (4) : P. Bossu – F. C. Gattey (p) – J. A. Labarberie de Refluveille (p) – H. Morisset
Libérés (5) : D. A. Benard – A. Hébert – T. J. Massot, dit Grandmaison – F. N. Thomassin – P. Vayron
15 avril 1794 (26 germinal an II)
ANGERS ET MAINE-ET-LOIRE
Exécutés (9) : L. E. Brevet Beaujour – A. Conrandin (ou Couraudin) de Lanoue – C. M. Dalençon – M. C. Gattey (f) (p) – J.-B. La Revellière – M.-J. Lescale (f) – B. L. Morel de Dieusie – G. Rogé – J.-F. A. Tessié, dit Duclozeau
Libérés (4) : P. Despujolz – F. R. Ficatier – J.-B. J. Maillocheau – N. Morin
Infos : Marie-Jeanne Lescale n’est pas mentionnée en conclusion du procès, mais elle fut bien condamnée à mort et exécutée ce jour. Sa sœur, Victoire, femme de Rogé (exécuté ce jour), condamnée à mort elle aussi, se déclara enceinte, accoucha et fut exécutée le 11 mai 1794. (W347.683)
16 avril 1794 (27 germinal an II)
Exécutés (6) : F. C. Cassegrain – J. Huet (p) – P. Lapeyre (p) – P. Laville (p) – H. L. J. Pelletier, dit Chambure – N. Sullerot
Libérés (2) : P. Barrot – G. Chaveroche, dit Lasfontanellas
Autre (1) : J. J. Marino (dét)
Info : Jacques Jean Marino, 56 ans, inspecteur des maisons garnies des sections Poissonnière, Bonne-Nouvelle et Bonconseil, acquitté ce jour de l’accusation d’atteinte à la sûreté et à la dignité de la représentation nationale pour avoir, le 28 ventôse (18 mars), arrêté et malmené le représentant du peuple Pons de Verdun, mais ayant néanmoins été envoyé en détention jusqu’à la paix comme suspect (W347.687), ne doit pas être confondu avec Jacques Jean-Baptiste Marino, administrateur de police, exécuté le 17 juin suivant (29 prairial, fournée des chemises rouges) (W389.904).
DECRET : Loi du 27 germinal qui supprime les Tribunaux révolutionnaires à l'exception de celui de Paris.
17 avril 1794 (28 germinal an II)
ARGENT ET TRAHISON
Exécutés (8) : C. Accault, dit Thibault (p) – J. Baudot – J.-P. Chalot – J. Decou (ou Decous) – P. L. Henrÿ (p) – H. Mermin (p) – J. L. Potonne (ou Pautone) (p) – H. Simille (p)
Libéré (1) : L. Maillot
18 avril 1794 (29 germinal an II)
Exécutés (19) : M. C. Debonnaire, ex-femme Le Pelletier (fille de la veuve Debonnaire) (f) (p) – A. M. Destat-Bellecour (p) – J. M. Destat-Bellecour, sa femme, née Nogué, veuve Rolin d’Ivry (f) (p) – A. G. Geneste (p) – M. A. Gonnel, veuve Verville (f) (p) – L. G. Gougenot (p) – P. Hariague de Guibeville (p) – M. C. E. Hariague, veuve Debonnaire (f) (p) – J. J. Laborde – M. Lalaurencie Charras (f) (p) – B. Leprovost (p) – F. Magnÿ – A. M. de Merle, ex-femme Duchilleau (f) (p) – D. F. R. Mesnard de Chouzy, père (p) – J. D. R. Mesnard de Chouzy, fils (p) – F. M. Paymal (p) – J. Robin (p) – R. Rollat, fils (p) – S. Rollat, père (p)
Libérés (7) : E. Boulard – F. Carteret – S. Dieny, née Camelin (f) (liberté surveillée) – J. Dupont – E. Leseurre – G. P. N. Maze – N. Renard
Autres (2) : J.-F. De Neeff (renv) – G. De Neeff, son frère cadet (renv)
Info : Brice Leprovost (pas Prévôt ou Prévost), chapelier à Paris, fut condamné à mort ce jour. (W348.701) Mais la signification au concierge de sa condamnation et le procès verbal de son exécution ont disparu. Sanson ne le mentionne pas dans ses mémoires ; il n’indique d’ailleurs rien au 29 germinal et prétend que 17 personnes condamnées hier (toutes sauf Leprovost et Magnÿ) furent exécutées le 30 germinal au matin. Guittard, pour sa part, dresse la même liste que nous et n’indique rien de particulier à propos de « Prévot », ce qui signifie qu’il a été exécuté comme les autres (p. 341).
20 avril 1794 (1er floréal an II)
EX-CONSEILLERS AUX PARLEMENTS DE TOULOUSE, DIJON ET PARIS
Exécutés (31) : J.-J. Balsa de Firmy – T. Berlier – J.-B. G. Bochart de Saron (p) – P. D. Bourrée Corberon (p) – L. J. N. F Camus de la Gibourgère (p) – P. J. M. Cucsac – A. G. F. Degourgue – F. M. Duport (p) – C. J.-P. Dupuis de Marcé (p) – A. L. J. Espiard-Dalleray – L. L. Fagnier de Mardeüil (p) – H. L. Fredy de Coubertin (p) – P. J. B. Guenichot – P. Guillemin – A. L. H. Hocquart (p) – C. J. Jullien – A. J. Lafont – A. L. F. P. Le Fèvre-Dormesson (p) – M. E. Lenoir (p) – L. Le Peletier Rosambo (p) – E. F. M. Molé de Champlatreux (p) – J. F. Montegut – N. A. F. Nort (p) – J.-B. L. Oursin de Bures (p) – E. Pasquier (p) – J. J. H. Rigaud – B. G. Rolland – J.-F. M. Rouhette (p) – N. Saint-Blin (p) – H. G. Sallier (p) – U. E. Segla
21 avril 1794 (2 floréal an II)
Exécutés (6) : A. Beaugrand – A. G. Bellepaume (p) – M. M. G. V. Boullenc, née Lemesle (f) – F. P. Decaux – J.-F. J. Descamps – P. Lafargue (p)
Libéré (1) : A. De Valois
22 avril 1794 (3 floréal an II)
Exécutés (13) : M. V. Boucher Rochechouart, veuve Ponteville (f) (p) – J.-B. A. Châteaubriand – A. Châteaubriand, sa femme, née Lepeletier-Rozambo (f) – J. Duval d’Eprémesnil – B. Gramont, née de Choiseul (f) (p) –F. Hell – C. G. Lamoignon-Malesherbes – I. R. G. Le Chapelier – A. M. T. Lepeletier-Rozambo, née Lamoignon-Malesherbes (f) – P. Mousset – P. Parmentier – D. A. Rochechouart, veuve du Chatelet (f) (p) – J. G. Thouret (p)
Libérés (2) : P. A. J. Bontemps – F. Perret
Info : Rosalie Chodkiewicz, princesse Lubomirski, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte. Exécutée le 30 juin 1794. (W351.173)
Info : La signification au concierge du jugement et le procès-verbal d’exécution de mort de Le Chapelier, ex-constituant, condamné à mort ce jour, se trouve dans le carton microfilmé W351 (dossier 713), au lieu d’être avec les autres procès-verbaux dans le carton W527.
23 avril 1794 (4 floréal an II)
Exécutés (8) : A. Barthelemÿ – L. B. Calmer (p) – J. Chemin (p) – M. L. Coutelet, veuve Neuveglise (f) (p) – M. Farizol, née Horion (f) (p) – F. Gallay (p) – F. A. Reclesne – L. Roux (p)
Libérés (5) : M. B. Beaumé – N. G. Denis – J. A. Niessingh – L. M. Pagnest (liberté sous surveillance) – F. E. Thorin
Autre (1) : E. Gillerond (dét)
24 avril 1794 (5 floréal an II)
COMPLICES DES PRUSSIENS A VERDUN (Meuse)
Exécutés (38) : J.-B. Barthe – J. E. Bertheaux (f) – T. Bestel, née Pierson (f) – F. Bonin – F. Chotain – J.-M. Colloz – M. Croute (f) – H. F. Croyé – J. N. D’aubermesnil – G. E. Dauphin, veuve Brigaud (f) – G. Deprez – F. Fortin – J. Gossin – A. Grand Febvre Tabouillot (f) – H. B. Grimoard – G. Henry, fille (f) – S. Henry, sa sœur (f) – C. Herbillon – F. Herbillon, veuve Masson (f) – M. Joulin – C. E. La Corbière – M. A. Lagirourière, fille (f) – M.-F. Lalance, née Henry (f) – N. Lameles – B. Leclerc – G. Lefebvre – N. Milly – A. J. Niÿon – J.-F. Noël – J.-B. Pelegrin – J.-B. P. Perin – J. Petit – J. Pommeray – M. Schweyer – P. Thuilleul (ou Thuilleur) – A. Vatrin (f) – Hélène Vatrin (f) – Henriette Vatrin (f)
Libérés (3) : A. Costrejean – A. Fintzel – J.-B. Philippe
Autres (3) : J. L. Gelis, dit Pellissier (dét) – B. Henry (18 ans) (f) (20.p) – C. Tabouillon (17 ans) (f) (20.p)
25 avril 1794 (6 floréal an II)
Exécutés (6) : E. A. J. Anisson-Duperon (p) – F. Gouron (p) – J.-C. Jacquet (p) – J.-N. Lallement – J.-B. Lebault – L. C. N. E. L’Escoffier
Libérés (2) : L. C. Gouffé-Beauregard – J. Héraud
Autres (3) : J.-M. Daudé (6 ans fers) – R. Deconlois (f) (6.p) – M. Delage (f) (6.p)
26 avril 1794 (7 floréal an II)
TRAITRES DU MONT-BLANC (Savoie)
Exécutés (7) : A. A. V. Bellecise, née Baillard Troussebois (f) (p) – J.-B. Bosonet – J. P. Curton – J. J. Duc – F. A. Mangin (p) – C.-F. Pralon – G. Trinquelague
Libérés (9) : J. A. Aufroy – J.-B. Bavelier – J.-B. Bourgeois – H. Caillet – J.-B. Debonne – J.-F. Gerard – L. A. Laurent – H. Martin – J.-B. Vingtergnier
Autre (1) : S. Bouré (dét)
Info : L’affaire concernant Caillet, Bavelier et Martin (et Le Brasse), gendarmes près les tribunaux de Paris, libérés ce jour (W353.729), avait pourtant été renvoyée au ministre de la guerre le 2 mars précédent (W332 565).
Info : Jean-Baptiste Debonne, 36 ans, serrurier à Vaugirard, acquitté et libéré ce jour (W353.724), fut de nouveau arrêté le 18 juin (30 prairial) et de nouveau acquitté le 17 juillet suivant (W421.956).
Info : Au sujet de Louis Alexis Laurent, directeur des messageries de Nancy, acquitté ce jour, voir la note du 27 mars précédent.
27 avril 1794 (8 floréal an II)
Exécutés (4) : P. Guegnot (ou Guenot) – J.-P. Lambert – C. T. Leclerc – F. G. Savoye
Libérés (21) : P. F. Ansot – J. Avrillon – C. Blewart – P. Bonny – F. Bordel – M. Cazot – J. A. Chevalier – A. Choulaire – J.-L. Chrétien – A. Cotel – A. Dauson – J.-J. Feuillet – J. S. Hannot, fils – A. S. Hannot, père – J. N. G. Larue – M. J. Maguerre – F. Maréchal – J. Mazet – N. Rodier – P. Sensier – P. Vier
Autres (5) : P. F. Bissot (6.g) – P. Bonnie (6.g) – C.-F. Dufresne (ou Duframe) (6.g) – P. C. Duverger (6.g) – J.-B. Roche (6.g)
Infos : Le dossier W354.735 ne donne d’une des affaires jugées le 8 floréal que la liste des pièces. Il résulte qu’étaient acquittés Larue, Vier, Maguerre, Hanot, Cazot et 19 autres, soit 24 personnes, qui ne furent pas toutes libérées. On trouve ce jugement imprimé dans le carton W537.d2. Les deux personnes de plus que nous avons ici, Cotel et Sensier, étaient étrangères à cette affaire.
28 avril 1794 (9 floréal an II)
Exécutés (35) : D. F. Angran d’Alleray (p) – A. L. F. E. de Béthune Charost (p) – M. M.-L. Bragelongne, veuve Paris-Montbrun (f) (p) – M. N. Bragelongne (f) (p) – J.-L. Bravards Deissat Duprat – J. Chopinet, dit Chevalier (p) – N. F. O. Despallières (p) – P. L. Deveyle – C. H. d’Estaing (p) – L. A. Fargeon, veuve Bussy (f) – F.-J. Feydeau (p) – J.-M. A. Gabet – J. F. Ginot (p) – T. Gouffé (p) – C. Grangier-Laferrière – C. H. Humbert – C. M. A. Jardin (p) – P. J. Jean – J. J. Jocaille – C. L. Lamoignon, veuve d’Estourmel (f) (p) – J.-F. Latour-Dupin (p) – P. A. G. V. Latour-Dupin-Gouvernet (p) – C. Le Melletier – P. Martin – C. P. C. P. Mergot Montergon (p) – G. L. Neufville Villeroy (p) – J. N. Nicolas – A. C. F. Nicolay (p) – F. J. Pichard du Page – A. B. Ropiquet (p) – M. L. V. Sourches, veuve de Vallière (f) (p) – A. J. Terray – M. N. Terray, sa femme, née Perreney de Grosbois (f) – L. Thiroux Crosne (p) – M. Tourret (f)
Libérés (3) : V. Pierdhouy – C. F. H. Sallé – M. Steinmetz
30 avril 1794 (11 floréal an II)
Libérés (21) : J. R. Bazin – H. Bourgois – M. Boyer – F. Delélée – Deserre (ou Deferre) – A. Deserre (ou Deferre), sa femme (?) (f) – Dupuis – F. Goyet – R. Guesdon-Dubourg – J. A. Jourdain, dit Marat – L. Lefaucheux – F. Madelaine – J. G. Montrichard – P. A. H. Potier – E. Riboux (ou Ribout) – P. Riboux (ou Ribout), son frère cadet – L. F. Sallet – J. M. Sauvage (f) – P. Turbat
Info : Le dossier de Jean Gabriel Montrichard est vide (W355.735). Il avait été arrêté le 5 germinal suite à l’acquittement de François Joseph Marie Cordier, et c’est dans le dossier de ce dernier que se trouvent les pièces le concernant (W339.619).
Autre (1) : L. Massion (dét) – G. Pyron (dét) – A. Raudot (dét)
Info : Louis Massion, ex-commissaire de la commune de Nantes pour les grains et inspecteur des vivres de l’armée de l’Ouest, acquitté ce jour des accusations de fraudes et infidélités, fut néanmoins maintenu en détention jusqu’à nouvel ordre et transféré des Carmes à la Conciergerie par décision du Tribunal le 3 mai (14 floréal) (W356.742).
1er mai 1794 (12 floréal an II)
BESANCON (Doubs)
Exécutés (14) : C. A. Bernard – L. J. I. Chalmeton – C. L. Deligny – J. Glutron – P. Landois – A. H. Langlois de Pommeuse (p) – A. S. Langlois de Pommeuse, sa femme, née Chuppin (f) (p) – A. L. Langlois de Rezy (p) – F.-J. Mouthon – G. Nogaret – J. A. Poulet – J. Rabault – G. Seurre, dit Joinville (p) – E. Vigné
Libérés (6) : J.-B. Charon – J.-B. E. Cordellier – A. Cornesse (f) – J. Guy, dit Duamine – L. F. Sauveur-Chapelle – G. Vilcot
2 mai 1794 (13 floréal an II)
Exécutés (3) : D. Carbille (p) – P. Diacon (p) – L. Petra
Libérés (2) : F. J. Petit – E. Petit, sa femme, née Leleu (f)
3 mai 1794 (14 floréal an II)
BATAILLON DES FILLES ST-THOMAS
Exécutés (14) : P. E. Angibault (p) – T. S. Berard (p) – C. J.-B. Deschamps Tresfontaines (p) – L. G. Dhangest (p) – F. H. Laurent (p) – J. L. Maulgué – F. Parizot (p) – P. J. Perrée – S. Picquet (p) – D. Repoux Chevagny – E. J. A. Rougemon (p) – L. D. Tassin, frère (p) – G. Tassin, dit L’Etang, frère (p) – J.-P. Wenmaring (p)
Libérés (4) : L. G. Blandin (17 ans) – J.-B. N. Epery – G. L. Mouchelet – F. Salneuve
4 mai 1794 (15 floréal an II)
Exécutés (13) : T. J. Boissard – J. F. Boys (p) – C. A. C. Choiseul-Labaume (p) – J. F. Durand – A. Dutailly – F. Lacroix (p) – J. L. Lebègue de Oyseville – G. Lebienfait de Wiesval (p) – M.-A. Levis (p) – C. J. Martin (p) – M. P. T. Mauviel – C. P. Moniotte – A. J. Saintenoy (18 ans) (p)
Libérés (3) : T. Bluet – A. F. J. Freville – P. Pinson
Autre (1) : M. A. Meurine, née Dupressoir (f) (dét)
5 mai 1794 (16 floréal an II)
Exécutés (9) : J. Duchene (p) – L. M. C. J. T. Duverne (f) – F. M. Ennouf (ou Eunouf ou Enouf) (f) (p) – J.-J. Labussierre – J. Lichy, née Derüille (f) – F. Loissillier (f) (p) – J. Sauvage (p) – M.-F. Valory, veuve Mazin (f) – M. M. Virolle (f) (p)
Libérés (14) : J.-P. Bertin – P. A. Charmantier – P. F. X. Charrin – B. Coupé – A. Germain – M. Gremy, fils – C. Martin – F. Moru – J. Mothiron – J. N. Nouvillon (ou Nouvellon) – F. Pothier – R. M. Reverand – J.-B. C. Soleil – J. Solet
Autre (1) : J. Jarny (f) (mds)
Info : Jeanne Jarny, cuisinière à Paris, acquittée, fut en fait envoyée à l’hospice attaché au Tribunal révolutionnaire pour être soignée comme folle. Elle fut libérée, guérie, le 19 août 1794 (2 fructidor an II). (W359.759)
6 mai 1794 (17 floréal an II)
CONSPIRATIONS DE LA MOSELLE ET DE LA PRISON DE DIJON
Exécutés (24) : F. Bille – M. Boler – J. L. Briand – C. Chaussier – F. Collin – A. N. Courtois – J.-B. N. Flosse – J. Galleton – E. Guelaud – J.-C. Géant – J.-B. Genot – A. Jaucourt – C. Joudrier – D. Lamugière – C. J. Le Jolivet – C. A. Montheraud, née Damoiseau (f) – J. J.-L. Pierron – H. J. Poulet – J.-B. Sallez – M. Séquer – J. Testard – J.-C. Thibault – J.-B. Thierry – M. Wagner
7 mai 1794 (18 floréal an II)
DROME ET NIEVRE
Exécutés (10) : R. F. L. Chevandier – V. Ferrier – J. J. Fity – J.-F. Guillaumot – J. H. Guintrand – F. Pascal – F. Petitjean – J.-F. Rameau – J.-L. Rameau – J. Sulpice
Libérés (4) : F. P. Foing, veuve Guillaumot (f) – A. Gency – N. Louault – J.-F. Magnier
Info : Antoine Gency, 33 ans, tonnelier, demeurant section du Finistère, membre du Conseil général de la Commune de Paris, acquitté ce jour de l’accusation portant qu’il avait, à Passy et depuis le mois de ventôse dernier, « tenu des propos et pratiqué des manœuvres tendant à avilir les autorités constituées et provoqué la dissolution de la représentation nationale en introduisant des instruments dans les maisons d’arrêt ou de charité, en abusant de la qualité de magistrat du peuple et du signe caractéristique de cette magistrature pour vexer les citoyens et commettre des prévarications en calomniant la justice nationale, et enfin en insultant à la dignité de la représentation nationale » (W360.767), fut condamné à mort comme hors la loi et exécuté avec Robespierre le 28 juillet (W434 975). Gency avait été arrêté le 1er germinal (21 mars) par ordre du Conseil général de la Commune, incarcéré aux Carmes et interrogé le 11 germinal (31 mars). Son dossier contient plusieurs dénonciations portant notamment que, le 30 pluviôse (18 février), à 10 h du matin, il n’avait pas attendu son tour pour avoir un pot au feu, était passé devant 150 personnes qui attendaient devant le boucher Lecoq et avait arboré son écharpe pour couper court aux invectives, que, le 29 ventôse (19 mars), à la société populaire de la section du Finistère, il avait dénoncé Rühl, alors président de la Convention, comme quoi il n’aurait point été à la hauteur de la Révolution, que le 30 ventôse (20 mars), dans une taverne, il avait traité Bourdon de l’Oise de scélérat pour avoir fait rendre un décret d’accusation contre Héron, décret rapporté sur l’intervention de Robespierre qui a « abaissé Bourdon comme dans la fange », avait applaudi à la prochaine épuration de la Commune par les Comités de salut public et de sûreté générale, et avait tenu des propos « indécents » contre les surveillantes et officières de la Salpétrière, et que, enfin, abusant du signe de la magistrature, il était entré indûment dans différentes maisons d’arrêt, notamment à la Salpétrière et aux Anglaises, rue de Lourserie, et y avait commis des indécences.
8 mai 1794 (19 floréal an II)
LES FERMIERS GENERAUX
Exécutés (28) : L. B. Bagneux (p) – J.-B. Boullongne (p) – J. J. Brac de La Perrière – G. Couturier (p) – C. Cugnot Lépinay (p) – C. Delaage (p) – E. M. Delahay (p) – N. Deville (ou Devisle) (p) – J.-F. Didelot (p) – L.-P. Duvaucel (p) – D. H. Fabus – A. L. Lavoisier (p) – L. M. Le Bas Courmont (p) – J.-L. Loiseau de Berenger (p) – J. G. Maubert Neuilly – F. M. Ménage de Pressigny (p) – G. G. Montcloux (p) – N. J. Papillon Dautroche (p) – A. F. Parcel, dit Saint-Cristau (p) – A. P. P. Parseval – J. Paulse (p) – C. R. Perseval Frileuse (p) – L. A. Prevost Darlincourt (p) – F. Puissant (p) – C.-F. Rougeot (p) – A. V. Saint-Amand (p) – J. F. H. Saleur de Grizieu (p) – F. J. Vente (p)
Info : Delahantes, [Delaage] Bellefaye [fils] et Sanlot, ex-adjoints de fermiers généraux, figurant parmi les accusés, furent mis hors des débats par un décret du jour. (W362.785, Archives parlementaires, tome XC, p. 151).
Info : Les procès-verbaux d’exécution de Delaage père, Cugnot Lépinay et Didelot ont disparu. Mais ils furent bien condamnés à mort et exécutés ce jour (W362.785). Les procès-verbaux d’exécution individuels de cette fournée portent d’ailleurs en entête « Affaire des 28 fermiers généraux », ce qui ne ferait pas le compte sans eux (W527).
Libérés (19) : F. Baudelot, veuve Mannetrois (f) – M. Boudot, née Gallet (f) – L. Bouffechoux – L. H. Brun – J. Dubouchet – P. Duval – Ferret – C. Forest – P. Gosset – F. Lapierre – F. Monmessin – A. M. Moreau, née Lebrun (f) – J. Nivelle – J.-M. Noël – L. Pages – T. Pelletier – J. Richard, née Bourdois (f) – C. Sipart, née Chevalier (f) – F. Siret
Autre (1) : Blien P. J. (ajourn 08 mai 94)
Info : La décision concernant Pierre Joseph Blien, 13 ans, éventailliste à Paris, fut ajournée ce jour à 6 mois (W362.778bis). Le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil le rendit à la liberté le 9 novembre suivant (19 brumaire an III). (W483.375)
10 mai 1794 (21 floréal an II)
MADAME ELIZABTEH
Exécutés (24) : C. L. A. Bessin Dambaye, ex-femme Crussol d’Amboise (f) (p) – D. Buard (f) (p) – E. P. M. H. Capet, dite Madame Elizabeth, sœur de Louis XVI (f) (p) – C. Cressy Champmilon – J.-B. Dubois – A. Duwaes, veuve Delaigle (f) – G. Folloppe (p) – T. Hall – A. N. Lamoignon, veuve Senozan (f) (p) – L. B. Leneuf-Sourdeval – L. P. M. Letellier Bullier (p) – L. C. Lhermitte Chambertrand – J.-B. Lhoste (p) – A. F. Loménie – A. M. C. Loménie, ex-femme Canizy (f) (p) – C. Loménie – L. M. A. Loménie de Brienne – M. Loménie – A. J. M. Megret-d’Etigny – A. J. F. Megret de Sérilly – A. H. C. Montmorin (p) – M. A. C. Rosset de Cercy (f) – E. J. Rosset de Fleury, née Lhermite (f) – F. G. Taneffe, veuve Montmorin (f)
Libérés (2) : J. Frelons – C. E. Harouard
Autre (1) : A. Preau (8 ans fers)
Info : A. M. L. Megret Sérilly, née Thomas de Dommangeville, condamnée à mort ce jour, comme son mari, se déclara enceinte (W538.d2). Elle fut libérée après le 9 thermidor. Le 17 thermidor (4 août), depuis l’hospice national, elle écrivit au Comité de sûreté générale pour qu’il examine les pièces la concernant et la rende à l’estime de ses concitoyens (F7 476618). Elle fut citée comme témoin au procès de Fouquier-Tinville.
11 mai 1794 (22 floréal an II)
Exécutés (9) : A. C. Aubert (f) (p) – A. Desmarais (f) (p) – A. L. Desmonceaux (p) – G. B. Goyon (f) (p) – M. A. C. La Treille**, veuve Quetineau (f) (p) (condamnée le 24 mars) – L. F. P. Le Cointre (p) – M. M. Péricard, veuve Langlois de Ressy (f) (p) – V. Rogé**, née Lescale (f) (condamnée le 15 avr.) – J. Saint-Germain de Villeplate
Libérés (4) : J.-B. Bechereau – C. Foutrier – F. Gourdet – Plançon, dit Siebot
Autre (1) : L. Auger (dét)
12 mai 1794 (23 floréal an II)
HAUTE-MARNE
Exécutés (8) : N. F. Bocquenet – J. Fougeret (p) – J.-B. B. Lambert – H. Lastic – P. Raclet – A. Thomassin – A. C. F. Thomassin, sa femme, née Mandat (f) – J. D. Voillerault
Libérés (4) : G. Bouchard – A. Hugard – N. Schemel – M. With (f)
Info : Augustin Hugard, 31 ans, ex-libraire à Strasbourg, acquitté et libéré ce jour dans une affaire de vol d’argenterie d’un émigré (W363.793), fut de nouveau arrêté pour avoir détourné de jeunes gens de la réquisition moyennant finances, de nouveau traduit au Tribunal révolutionnaire et de nouveau acquitté et libéré le 2 novembre suivant (4 vendémiaire an III) (W477.337).
13 mai 1794 (24 floréal an II)
Exécutés (7) : G. Joüen – A. J. Lanloup – A. Loûhêr – E. Maugee (ou Mauger) – J. A. G. Rollet Davau – A. F. Rollet d’Avaux, sa femme, née de Villaines (f) – J.-B. Ubelesky
Info : La femme de Rollet Davau, ainsi qu’il signait, signait, elle, Villaines d’Avaux (W364.796).
Libérés (15) : P. Brissett – L. F. B. Dupuis – F. Fardé – J. Gaujean – T. Guillot – J.-L. Lenoir – M.-C. Lenoir, sa femme, née Gauthier (f) – M.-A. Lenoir, leur fille (f) – A. Menard – A. J. Moussier – L. Perrin – F. Peton – P. Quentin – M.-J. Quentin, sa femme, née Aly (f) – P. Tousey
Autres (4) : P. F. Coquet (dét) – J. Durand (dét) – C. E. Lefort (dét) – P. N. Prevot (renv)
Info : Sur Charles Emmanuel Lefort, détenu à Bicêtre et renvoyé ce jour en détention, voir la note du 1er juin suivant (W364.798).
14 mai 1794 (25 floréal an II)
Exécutés (9) : J.-C. Doûet (p) – M. C. Doûet, sa femme, née Bataille-Frances (f) (p) – L. Mercier (p) – F. D. Mory d’Elvange – L. R. F. Mory, dit d’Elvange – B. Paintau, se disant Gournay – C. A. Prevost Darlincourt (p) – P. A. Sagny – P. J. Yel
Libérés (8) : L. A. Caterneau, dit Castelnault – P. G. Delaage – P. V. Destor – G. Hubert – F. Lefort – J.-B. Louves – F. Pitoy – P. Rousseau
15 mai 1794 (26 floréal an II)
ARLES (Bouches-du-Rhône) ET BITCHE (Moselle)
Exécutés (8) : F. Bertrand – M. Blass – P. A. J. Chiavari – A. B. Fassin – A. Fennard – P. Henry – D. Knœpffler – E. Meynier
Libérés (5) : J. Brigaud – J. L. Dupont – C. Jongleur, dite Foulon (f) – M. B. Pardonnier, veuve Quibel (f) – R. Vieux-Bled, veuve Nasse (f)
16 mai 1794 (27 floréal an II)
Exécutés (9) : J.-B. Aubisse (p) – C. Bezard (p) – J.-B. Buret – J.-P. Gravier – A. L. Lartigue (p) – T. Moreau – P.-L. Roussellet – F. Toulon – J.-B. Toulon
Libérés (3) : O. Lefebvre – A. M. Morand – P. Pillet
Info : Ne pas confondre Philibert Pillet, 44 ans, ex-bénédictin, depuis curé constitutionnel de Pougues, district de Nevers, et enfin aubergiste, aquitté et libéré ce jour (W366.817) avec son parfait homonyme Philibert Pillet, 43 ans, curé constitutionnel de Cours, district de Villefranche, libéré le 23 pluviôse an III (11 févrer 1795) (W495.505)
Autres (2) : E. M. M. P. Fréteau (dét) – A. E. Le Chanteur, veuve Brochant (f) (dét. chez elle)
17 mai 1794 (28 floréal an II)
Exécutés (11) : T. Deligny – B. Dera – R. G. Du Saunier – J. F. S. Isnard – A. Labatut (p) – F. Ledet (p) – F. Leroy – L. Millanges – F. Perrillar – G. J. J. N. Romé (p) – C. Rougane (p)
Info : Claude Rougane, ex-curé à Clermont-Ferrand, avait été jugé et libéré par le Tribunal criminel extraordinaire de Paris le 8 août 1793 (W279.107, W366.818).
18 mai 1794 (29 floréal an II)
Exécutés (11) : J.-B. F. Blanquer – P. P. C. Bourrée Corberon – L. C. Cezeron (p) – D. J. Clerc (ou Clere) – C.-F. Colliez – J. H. Dippre – A. Mathieu (p) – L. Pacot (p) – J. Porta (p) – A. Sabatery – P. A. Teissère
Libérés (5) : G. Bardet-Fromenteau – B. Pomel – L. Quenêt – J.-F. Seclet – J. Serre
20 mai 1794 (1er prairial an II)
Exécutés (16) : M. Barbey (p) – J.-M. Boyer Brun (p) – A. Bresillon – J. N. Burgère – J.-B. Constant Labarte – J. F. Descombies – C. G. Doyen (p) – J. Filsac – J. Houssé, dit Laviolette (p) – M. P. Lesclapart, née Henneveux (f) (p) – M. C. Lucas de Blaire (f) (p) – M.-T. Rolland, née Clerex (f) – C. G. Sesseval, veuve Dutiller (f) – F. A. Suremain – J. A. Tessier, dit Marguerite – M. Webert (p)
21 mai 1794 (2 prairial an II)
Exécutés (8) : C. Brunel (p) – G. Delignon – D. Lafilard (p) – P. F. Nicolas (p) – A. E. Ragot (f) – C. Simard – F. Tournacos (p) – L. F. Vassal (p)
Libérés (12) : P. Annereau – J.-L. Benoit – J.-C. Berger – C. Berger, sa femme, née Chatenet (f) – A. H. Boizot – C. Camus – L. Gaston – E. J. Jardin – C. Le Clerc – E. I. Mégret – J. R. Meunier – A. Roger
Autre (1) : J. G. Saiffert (dét)
22 mai 1794 (3 prairial an II)
Exécutés (12) : L. P. Bourgeois (p) – L. Carré (p) – J. Coursin (p) – M. N. Gaidon (p) – J. Jarroufflet – J. Juery (p) – J.-B. Keintischer (p) – C. A. Leflot – P. G. Namys de Saint-Aubain (p) – P. Paul (p) – F. Royer – C. Vasseur (p)
Libéré (1) : J. Virot
Autre (1) : G. Chouillac (6 ans fers)
Info : Signalons pour l’anecdote que Félix Royer, 28 ans, jardinier, chasseur dans la légion des Alpes, signait Félix 1er Roy de France et même plus que Roy ci-devant Félix Royer. (W370 833)
23 mai 1794 (4 prairial an II)
Exécutés (14) : N. Aubry (p) – J. A. Barrême, cadet – J. H. Barrême, aîné – L. J. A. Barrême, puiné – A. M. Bart (p) – J. Canolle, père – A. Costard, née Paville (f) (p) – P. L. Didier (p) – A. Dorly (p) – A. Ferry, veuve Dupré (f) (p) – G. J. Fortin (p) – J.-B. Lanou (p) – J.-F. Le Marcant (p) – A. Provencher (p)
Libérés (3) : N. Avril – J. Canolle, fils – C. Gorget
Autres (2) : P.-F. Boullay (dét) – D. Dupuis (dét)
24 mai 1794 (5 prairial an II)
Exécutés (6) : J.-B. M. T. Domangeville – J.-B. Durand (p) – J.-B. Gautier (p) – J. A. Pascal (p) – F. Paulin (p) – S. Tisserand (p)
Libérés (9) : N. J. Bertin Ringuet – G. Juery – N. Michel – F.-J. Mont – E. Peyen – L. A. Pitou – J. N. Ricaud – C. A. Sagault – L. J. Viette
Autre (1) : J. G. Welter (dét)
25 mai 1794 (6 prairial an II)
Exécutés (9) : J.-B. C. Birague-Lisledon – J. J-B. Cuvyer (p) – M.-A. Hébert, née Demaux (f) (p) – F. Joly – L. C. J. Lancrÿ de Pronleroy (p) – P. Mauclaire (p) – C. Perrard (f) (p) – P. Prudhomme (p) – F. Prudhomme, sa femme, née Lambert (f) (p)
Libérés (2) : D. H. Clette – A. Tachet
Autres (2) : P. J. Digard de Palcy (dét) – C. Seguy (mds)
26 mai 1794 (7 prairial an II)
Exécutés (2) : J.-B. M. Hanonnet – C. L. M. Milcent, dit Milcent Créole (p)
Libérés (5) : M. A. R. Decaisne – J. Hennon, dit Dubois – J. Paulnier – E. Presta – L. Tourbier, dit Caron
Info : Claude Louis Michel Milcent, 54 ans, né et domicilié à Saint-Domingue avant la Révolution, membre de l’Assemblée provinciale du Cap en 1790, rédacteur du journal le Créole patriote, avait bénéficié d’un non-lieu suivi de mise en liberté le 5 janvier 1794 (W307.393).
27 mai 1794 (8 prairial an II)
17e DE CAVALERIE
Exécutés (23) : J. Arnauld – J.-B. Avenel – N. J. Beaugard – A. Binet – C. Bonnot – J.-F. Bugnotet – J. Donadieu – J. J. L. Furet-Prébaron – E. Hery – E. Houry (p) – M. J. Jourdan, dit Coupe-tête – E. Jourd’heuil – A. L. M. Jude (p) – C. Juy – E. Le Candre – C. P. M. G. Levis (de) Mirepoix (p) – J. Mollet – F. Poisson – P. C. M. Prisye – P. F. Pruneau – E. P. Verillot – C. Vigneron, née Mathieu (f) – S. Vigneron, sa fille (f)
Libérés (4) : J. Chaumedru – P. Delaunay, dit Bacoile – N. Delaunay, son fils (?) – J. Merle
Info : La libération de Jean Merle, enfant de 8 ans, détenu pour avoir brisé des scellés maison d’Arcourt, est signalée dans le carton W384 (dossier 892) concernant Pirlot, gardien de ladite maison, condamné à 2 ans de détention le 23 prairial (11 juin 1794).
28 mai 1794 (9 prairial an II)
MONTFORT-LE-BRUTUS (Seine-et-Oise) ET ROZAY (Seine-et-Marne)
Exécutés (14) : F. Baillot (p) – F. Chevalier (f) – E. Duhamel – S. Dumazet (p) – P. F. Fenaux – G. Féron – C. Léger – N. Letellier – M. Olivier – J. Petit – A. Rageot – M. A. Rageot, sa femme, née Féron (f) – F. Simon – C. J. Vuillemin
Libérés (7) : J. Aubry – H. Bigre – F. Brillant – M.-A. Duclos, née Gons (f) – G. Foulon – J. D. Hermann – A. Maltaverne (ou Mataverne) (f)
Autres (2) : J.-B. Gauthier (dét) – C. F. Gauthier, sa femme, née Faivre Picon (f) (dét)
29 mai 1794 (10 prairial an II)
Info : Le dossier d’Alexandre Gaucher, 61 ans, orfèvre à Paris, indique qu’il fut mis en liberté ce jour par arrêté du Comité de salut public, ce qui est exact (Bouloiseau, Supplément 3, p. 185). N’ayant pas été acquitté par le Tribunal révolutionnaire, il ne peut être compté ici. (W375.848bis)
30 mai 1794 (11 prairial an II)
Exécutés (13) : L. C. Begu – N. M. Compin – A. F. C. Dauphin de Leyval – L. J. Ferruyau – J. A. Guibora – J. Joussineau (de la) Tourdonnet – N. Lacodre de Montpansin – C. Lacroix – P. J. Le Cocq – L. J. Mauret – P. Morillon Du Bellay – C. M. Nantiat (f) – J. Put
Autres (3) : G. Dubut (dét) – J. Gillet, dit Michaut (dét) – C. Mechine (f) (dét)
31 mai 1794 (12 prairial an II)
Exécutés (13) : J.-B. P. Baufre (p) – J. H. Caron – A. Chantemerl – L. Duvivier (p) – T. C. Herÿ – S. Hugault – P. Huguet (p) – T. F. La Morre (f) – E. M. Marguerie – J. Pierson (p) – J. Pont – P. Saint-Saulieu (p) – C. F. M. Simonet
Libérés (6) : C. Bernard – M. Leclerc (f) – P. Manscier – J. Meuvy – J. Michel – P. C. Seulfort
Autres (3) : C. J. Jacquemin (dét) – C. Miél (dét) – D. Verheyden (dét)
Info : Jean Nicolas Toustain, condamné le 1er février 1794 à la détention comme suspect, évadé depuis, repris à Paris, n’est pas compté ici, le Tribunal ayant simplement renvoyé ce jour les pièces le concernant au tribunal qui doit en connaître (sic). (W318.466, W377.858)
1er juin 1794 (13 prairial an II)
Exécutés (13) : J. Auger (p) – T. A. Bellet (p) – E. Berthier – L. Boismarié (p) – L. M. Brill (p) – A. Brillon de Saint-Cyr (p) – F. M. Chauvreau (p) – L. J. Germain (p) – J. Levasseur – A. C. Lherbette (p) – J. A. Megard (p) – J. R. Millin du Perreux (p) – J. Serrigny
Libérés (19) : S. Blanchard – A. Chapon – C. Chapon, dit Colin – P. Chavanon, dit Lapape – G. Dealle – M. Joly – J. Jomain – C. Lacroix – A. Leblond, née Ouaille (f) – J. Melleton – E. Molinet (17 ans) – C. Perrin, cadet – P.-F. Pertinant – B. Plasse – D. Siniau – B. Tacher – J. Thion – B. Vacogne – J.-M. Vesassier
Autres (3) : J. Duval (dét) – C. E. Lefort (dét) – F. Lionnois (dét)
Info : Le 13 mai précédent (24 floréal), Charles Emmanuel Lefort, 22 ans, imprimeur à Paris, détenu à Bicêtre depuis le 11 mars 1791 pour avoir donné un coup de monture de sabre à un officier suisse, traduit au Tribunal révolutionnaire pour avoir dit qu’il avait été en prison pendant qu’il y avait un roy et qu’on le détiendrait jusqu’à ce qu’il y en ait un, avait été renvoyé en détention par le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil, ses propos ayant été imputés au désespoir (W364.798). Ce jour, le Tribunal révolutionnaire l’acquitta de l’accusation de conspiration et le renvoya à Bicêtre (W377.860).
2 juin 1794 (14 prairial an II)
Exécutés (12) : J.-B. Barré (p) – L. A. F. Bongars Dapremont – M. A. J. Bourdet (p) – B. L. Cassaignes (p) – A. J. S. Daniaud – J.-B. Dupain (p) – B. Ferey – L. Harmant – J.-F. C. Lecocq – J.-P. Mendouse (p) – V. Pasquet Saint-Projet, née Marentin (f) – P. Perrin
Libérés (9) : J. Brulard – T. M. Galois – J. Gautier – M. A. L. Lacroix – J.-B. D. Mary – J.-B. N. Mousson, dit Blondin – J. Pueche – P. Ravier – J. Robin
Autre (1) : A. Meunié (dét)
Info : Marguerite Louise Charlotte More, née Gueniot, dite Quingery, condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte. Libérée après le 9 thermidor. (W378.863)
3 juin 1794 (15 prairial an II)
SEDAN (Ardennes)
Exécutés (32) : L. J. Bechet – P. S. E. Béchet – E. N. J. Chayaux-Caillon – A. Cordelois – P. Dalché – J. J. Deflandre – S. J. Delattre – L. G. Desrousseaux – L. Edet (64 ans) – L. Edet le jeune (46 ans) – C. Fossois – P. C. Fournier – P. Gibou-Vermon – L. F. Gigou Saint-Simon – A. Grosselin – A. Guidet – E. Hennuy – J. C. N. Le Chanteur – C. Lefranc (p) – F. P. Legardeur, aîné – J.-B. D. Legardeur, le jeune – J.-L. Le Noir Peyre – J.-B. Ludet – P. Martin – H. Mesmers – M. Noël, dit Laurent – J.-B. Petitfils – N. Raulin Hussin – A. C. Rousseau – Y. G. J. Saint-Pierre – H. Servais – N. Varroquier
Libérés (5) : J. Bal – M. Grélé (ou Greslée), née Renauld (f) – J. Michot – E. Soulier – P.-F. Wiart
Info : Mélanie Renauld, femme Grélé (ou Greslée), était malade le 31 janvier lors du procès des habitants de Coulommiers. Ce jour, le Tribunal, considérant qu’il n’y avait pas lieu de la traduire en jugement, prononça sa mise en liberté. (W317.462)
Info : Pierre Verrier, 41 ans, juge du district de Sedan, apparaît dans la liste des accusés mis en jugement, mais pas parmi les condamnés. Il ne fut pas non plus acquitté. Son nom figure également, mais rayé, dans la liste précédant la question aux jurés. (W379.870)
4 juin 1794 (16 prairial an II)
Exécutés (16) : J. Clément – F. Dauphin Goursac – J. Dauphin Goursac (f) – J. Dauphin Lapeyre – J.-F. Dufouleur (p) – M.-L. Dufour (f) – J. Gonin, ex-femme Pasquier Larevenchère (f) – A. L. Le Duc Bieville, fils (p) – E. M. Le Duc Bieville, père (p) – N. T. Le Tenneur – G. P. Lorenzo (p) – J.-J. Maynard (p) – A. Moreuil (p) – B. Saint Mihiel – J.-F. Thirial – T. Thomas, veuve Goursac, mère (f)
Libérés (2) : C. J. Dufour – M. A. Julien, née Arnoux (f)
5 juin 1794 (17 prairial an II)
Exécutés (6) : J. Daigue (p) – E. M. Guiller, dit Nonac, née Guiller (f) (p) – P. Mazeray (p) – J. A. Meyrand – M. M. Perrier, veuve Fontenay (f) (p) – L. H. Villeneuve Trans (p)
Libérés (9) : A. Achin – C. Achin, sa femme, née Dujore (f) – E. Bouserot (f) – A. T. Guiller, dit Nonac – J. N. F. Le Bon – A. F. Le Bon, sa femme, née Guiller (f) – N. Mahüet – F. Meutry, née Defoux (f) – E. R. Roger Le Sot
Autres (9) : F. Cuperly (dét) – L. Dangé, dit Blois (dét) – M. Doucet, née Dardan (f) (dét) – J.-B. J. Hample (ou Ample) (dét) – J. Hanneze (dét) – F. La Brosse (dét) – M. Laroche, née Perrau (f) (dét) – J. Le Baut, dit Botton (dét) – M.-A. Marchandon (f) (dét)
6 juin 1794 (18 prairial an II)
Exécutés (20) : J. Aboulin – A. Callewaert – G. J. Cousin (p) – J. Dauphin Chadebaud – T. Delainy (ou Delainey) (17 ans) (p) – E. F. Forceville (f) – J. Forret – J. Fournier – A. Jacquemont, veuve Padet (f) (p) – F. J. E. T. Lavalette (p) – C. F. Mercier Daubéville – J. Mordock (p) – W. Newton (p) – P. Roden (p) – J. Rolland – T. Roussat – P. Soubry (p) – J. Vandierendonch (p) – N. Vial (p) – D. E. Vial, sa femme, née Marchais (f) (p)
Libérés (3) : I. Bastin – E. Beviere (ou Beviers) – J. Messager
Info : Victoire Leclerc, veuve Baty, condamnée à mort pour propos contre-révolutionnaires, se déclara enceinte. Elle fut libérée après le 9 thermidor. (W381.877) Elle écrivit au Comité de sûreté générale le 17 thermidor, depuis l’hospice national, pour réclamer sa liberté, l’innoncence n’ayant plus rien à craindre après l’heureuse révolution qui venait de s’opérer. (F7 4554 9)
7 juin 1794 (19 prairial an II)
ARDENNES
Exécutés (21) : P.-L. Bachellier – J.-B. Blay – N. P. Boucher – J.-B. A. Bourgeois – J. Chanzy – E. Deshayes – H. Dessault – P. N. Domont (p) – C. François, dit Cadet – C. J.-B. Gerard – M. C. G. Gerard – J. S. Gromaire – J. S. Larget (p) – H. Le Cinque (p) – P. Lecointre (18 ans) – L. Le Coq (p) – J. Legrand – J.-J. Lemaire – P. Namur – A. Rayer – G. Thesut
Libérés (6) : L. Barbot – J. N. R. Durand – M. M. Fleuri (f) – P. Le Blanc – L. Liard – F. Nexõn, dit Le Noir
9 juin 1794 (21 prairial an II)
Exécutés (23) : J.-B. F. Auvray (p) – P.-L. Beaufils – F. G. Cormaux – L. P. Croisy – E. Depons (f) – L. Depons – R. Depons, fils – R. M. Depons (f) – N. M.-A. M. P. Despinay – G. Dubreuil (p) – A. M. Garnier – P. R. M. Gonaux-Devaux – A. Guerbois (p) – J. A. Herbault – J. G. Le Boullanger – L. J. Lepelletier (de) Labidoudrie – J. Pelletier (p) – C. Perroy – C. Rougane de Prinsat – M. L. Stabenrath, frère – R. M. M. L. Stabenrath, frère – P.-L. Vallée – A. J. Veytard, dit Fontbouillant
Libérés (2) : V. Desgoutières (f) – C. J. Joly
Autres (4) : F. Bourke (16 ans) (dét jusqu’à 20 ans) – J. T. Marquais (dét) – N. Millet (16 ans) (mds) – M. Moulinier (f) (dét)
Infos : François Bourke, 16 ans, matelot à Lorient, fut condamné à la détention jusqu’à l’âge de 20 ans. (W382.886)
Info : Nicolas Millet, 16 ans aussi, collégien à Paris, fut envoyé en maison de santé pour avoir crié Vive le roi. Il fut libéré, guéri, le 7 septembre suivant (21 fructidor). (W382.888)
10 juin 1794 (22 prairial an II)
COSNE (Nièvre)
Exécutés (13) : C. Blot – P.-F. Cacadier – G. Chaumorot – C. Courieult – E. E. Delafaye – P. M. Gallerand – P. E. Goy – P. A. A. Hardy – P. Leclerc – A. E. Maignan de Chaumoran – C. Periot – A. Pijrent – J. Rochet
Libérés (3) : C. Gauthier – J. Ravot – G. B. Rouger
DECRET : Loi du 22 prairial sur les procédures du Tribunal révolution (simplifiées) et recomposition de son personnel.
11 juin 1794 (23 prairial an II)
PAMIERS (Ariège)
Exécutés (22) : J. N. Castel, aîné – E. H. B. Chapus Dubost, père – J. D. Chapus Dubost, sa femme, née Teyras (f) – C. G. Chapus Dubost, dit Champcourt, fils aîné – C. M. Chapus Dubost, fils cadet – D. Courtin (p) – F. Darmaing, dit Dangery, aîné – J.-P. Darmaing, son frère – G. Guerin Lucas – B. J. R. Hebert (p) – N. Janin (p) – L. Lamendin – J. Larue, aîné (signe Larrue) – J.-P. Larue, cadet (signe Larûe) – J. Monsirbent, aîné – J.-P. Monsirbent, son frère – J.-P. Palmade Fraxine – P. J. Perrin – J. J. Rigal – L. Rigal, dit Moignier – P. Robert (p) – S. C. Rouillon
Libéré (1) : E. J. Fegey
Autres (3) : E. Coriac (2.p) – J.-L. Lepinay (2.p) – L. F. Pirlot (2.p)
12 juin 1794 (24 prairial an II)
Exécutés (17) : B. Bardy (p) – C. Baron – J.-P. Beaudonnet – F. D. Boüillard – P. Chabault – E. H. Cousin – J.-B. Curtel (p) – J.-B. Geoffroy – P. A. A. Husson (p) – J. Igniard – H. de Lamarre – M.-J. Langlois (f ) – J.-B. Marlot (ou Marnot ou Marinault) (p) – A. Moreaux – C. Noël – J. H. Richard (p) – L. Tupaux
Libérés (7) : E. Belliard – P. Chanteloup – J. G. Chatelbrand – J.-B. Georgeot – J. Pelard – L. Philippe – F. Thevenot
Autre (1) : J.-L. Braudau (dét)
13 juin 1794 (25 prairial an II)
Exécutés (23) : J.-P. Bance – L. G. A. Bance, fils – P. Bizet – P. J. Bogars – J.-B. Borez (p) – M. Borez, frère cadet (?) (p) – J.-F. Droinet (p) – A. L. Du Castelier – P. A. Feret – L. P. Gorry de Chaux d’Escure (p) – J.-B. Guesnier (p) – J. Harmasson (f) (p) – J.-B. Lorcet – P.-L. Magnant – J. Mollard – J. Moreau – A. F. Morin (p) – F. J. Perenay, se disant Boudoux – J. R. Ruinet – C. Sauvage – J. Siblot (p) – N. L. Thouars (p) – J. L. Trude
Libérés (6) : J. Bataille – B. Brunet – J. Chéron, née Rochon (f) – J. N. Derlange – B. Janisson, née Revel (f) – M. Lamoureux, née Leger (f)
Info : Il existe, pour ce jour, une signification au concierge du jugement qui condamne à mort un certain Ferdinand, et un procès-verbal d’exécution pour un Ferdinand (W528). Mais il semblerait que, par ce nom, soit en fait désigné Ferdinand Perenay, condamné et exécuté ce jour, pour lequel il existe aussi un procès-verbal d’exécution dans le dossier W385.895. Il s’agit sans doute d’un doublon et nous n’avons pas compté ce Ferdinand. La même erreur est reproduite le 17 juillet (29 messidor an II), à propos de Ferdinand Morel qui, lui aussi, n’est mentionné sur le procès-verbal d’exécution que par son prénom Ferdinand. (W421.956)
14 juin 1794 (26 prairial an II)
EX-CONSEILLERS DES PARLEMENTS DE TOULOUSE ET PARIS
Exécutés (38) : J.-J. d’Aguin – E. Aubereau – F. Bacquelot – F. Baudevin (p) – C. A. Billioud – C. M. Blanc – P. J.-B. Bonhomme Dupin – S. J. E. L. J. F. Buisson Daussone – J. H. Cassaigne – J.-P. Cazes – J.-J. L. Combette – H. B. B. Deliot – B. M. Dortet de Ribonet – M. M. A. P. Dubourg de Richemonteix – I. J. Fourmestraux de Briffeuille (p) – E. M. M. P. Fréteau de Saint-Just (p) – J.-L. R. Gaillard de Frouzins – M. Godepain (f) (p) – T. L. Guerin Lorillard – C. Hours (p) – J. G. P. La Broue – R. Lacaze, dit Nonot – J.-F. Larroquan – J.-B. A. Lerebours (p) – F.-J. Marquier de Fajac – J.-J. M.-J. Martin d’Ayguesvives – A. Miégeville – F. Molinery Murols – R. A. P. Montégut – I. Poulhariez – L. I. Poulhariez de la Réole, fils – J. Prevost – P. M. E. Réversat de Celès de Marsac – F. Rochefort – H. B. C. Sapte du Puget – J.-F. M. Savy de Gardeil – P. M. Senaux – J.-B. M. P. Tyton de Villotran (p)
Libérés (5) : C. F. Charbonnier – P. J. Christophe – S. Diot – M. G. Maujean (f) – N. Pitoy
15 juin 1794 (27 prairial an II)
Exécutés (18) : P.-L. Bertrand (p) – G. Bourdeaux (p) – J.-C. Brellon (p) – H. Coutant (p) – P. Deglane, dit La Fleur – C. H. Gamache – D. E. M. Gamache (p) – M. Lacroix (f) (p) – P. J. Laplanche (p) – J. E. Laporte d’Hiboust (p) – C. A. G. La Trémoille (p) – J. A. Lebrasseur (p) – L. G. Leveillard (p) – F. L’homme (p) – M. Mantienne (p) – M. J. C. Mantienne, sa femme, née Langlet (f) (p) – N. V. Mayeux (p) – H. Senechal
Libérés (13) : J.-B. Bouvier – F. C. Charpentier – N. Fribolin – P. A. J. Frixon – E. Henri – S. Humbert – F. Hutin – J.-B. Lamy – C. Lathene – J. Morel – J. Renaut – J.-B. Sonnet – F. Torchepot
16 juin 1794 (28 prairial an II)
BICETRE (1)
Exécutés (42) : J. G. Ardillot (p) – P. Balin (18 ans) (p) – N. Bellegeville – A. Bernard (p) – P. Berson, dit Sans-Souci – E. Berton – P.-L. C. Bonne (17 ans) (p) – C. Bourquien (p) – E. Bridier (p) – J.-B. Bussière – M. Chatelier (p) – P. Chevalier (p) – J. H. Curton (18 ans) (p) – F.-X. Delattre – J.-F. Delvaux (p) – P. Dumont – F. Dupont (p) – S. Fillioux – J. P. Grand, dit Lyonnais (p) – M. Guyard – L. C. Horion – N. Janniot (p) – J. Ladry (p) – L. Laforge – J. Lamarche (p) – L. Legrand, dit Larose – J. N. Leroi, dit Sans-Gêne (p) – F.-N. Lucas (p) – P.-J. Massé, dit Brin-d’Amour (p) – B. L. Mauclère (p) – E. Minet (f) – C.-P. Neveux (17 ans) (p) – G. Offroy (p) – F. Paulet (p) – N. Poirier (p) – E. Prévot (p) – C. Quitré (p) – L. C. Richet (p) – A. Saler (p) – L. Teissier – G. Tournier, dit l’Auvergnat (p) – J. Valentin (p)
Autres (4) : Barré (renv) – N. Billon (renv) – P. F. Emé, père (renv) – P. F. Emé, fils (renv)
Info : Les acquittés du jour, ayant fait usage de faux pour essayer de soustraire Emé fils à la réquisition, furent renvoyés devant le tribunal criminel de Paris. Barré, qui n’était pas mis en jugement, leur fut adjoint et envoyé lui aussi devant ledit tribunal. Son nom n’apparaît qu’en fin de l’ordonnance d’acquit. (W388.902)
17 juin 1794 (29 prairial an II)
LES CHEMISES ROUGES
(complices de Batz)
Exécutés (54+7) : H. Admiral (p) – M. Babin de Grandmaison, née Burette (f) (p) – P. C. E. Baussancourt – J.-L. Biret-Tissot (p) – M. N. Bouchard (18 ans) (f) (p) – A. Bouillié – G. J.-B. Briel (p) – J. H. Burlandeux (p) – F. Cardinal (p) – L. Comte (p) – B. Constant (p) – J. V. Cortey (p) – C.-F. Dangé (p) – J. F. L. Davasse de Sainte-Amarand, dite Saint-Amaranthe, née Desmiers d’Archiac (f) – L. Davasse de Sainte-Amarand (17 ans) – J.-F. Deshayes – J.-L. M. Devaux (p) – F. A. Duval d’Eprémesnil, née Santuaré (f) – N. J. Egrée (p) – N. A. M. Froidure (p) – J.-C. C. Fustier – R. A. Giraud – C. S. Grivois, née Vinvent (f) (p) – J. A. de Rohan-Rochefort, dit Guethenoc – C. F. R. Hardaz d’Hauteville (p) – E. Jardin (p) – T. Jauge (p) – L. Karadec (p) – F. La Fosse (p) – M. La Martinière, née Chevailler (f) (p) – P. Laval-Montmorency (p) – A. M. L. Lemoine-Crécy, née Parmentier (f) (p) – J. G. Lescuyer (p) – P. Loillier – A. Lolière – C. Maret – J. J.-B. Marino (p) – T. Marsan (p) – H. Mesnil-Simon – J.-B. Michonis (p) – F. A. Ozanne (p) – C. Paindavoine (p) – F. Paumier (p) – C. A. A. Pons (p) – J.-B. Portebœuf (p) – L. Pottier de Lille (p) – P. Puisser – A. C. Renault (f) (p) – A. Renault, son père (p) – A. J. Renault, son frère (p) – E. J. Renault, sa tante (f) (p) – M. M. H. Rossay de Fleury (p) – P. B. Roucel (p) – L. M. F. Saint-Mauris (p) – A. Saintanac (p) – C. R. E. Sartine, née Davasse de Sainte-Amarand (f) (p) – C. M. A. Sartine (p) – A. P. Soulès (p) – A. Viart (p) – F. C. Virot-Sombreuil – S. Virot-Sombreuil, son fils
Libérés (2) : F. Balloteau – P. Balloteau, son frère aîné
Info : Parmi les exécutés du jour figurent trois ex-administrateurs de police de Paris qui, arrêtés pour différentes affaires, avaient déjà fait l’objet de décisions du Tribunal révolutionnaire. Dangé et Michonis, jugés le 19 novembre, avaient été, le premier, libéré, le second, gardé en détention (W536, d1). (L’original de ce jugement a disparu.) Ozanne avait été condamné à deux ans de prison le 7 janvier (W308.398). Le quatrième ex-administrateur de police exécuté ce jour, Jacques Jean-Baptiste Marino, 37 ans (W384.904), ne doit pas être confondu avec Jacques Jean Marino, 56 ans, inspecteur des maisons garnies des sections Poissonnière, Bonne-Nouvelle et Bonconseil, acquitté le 27 germinal (16 avril) précédent (W347 687).
19 juin 1794 (1er messidor an II)
Exécutés (18) : P. Auzoux – J. A. Brasseur (p) – G. Claivet (p) – T. B. Colard (p) – J.-P. Dufrancastel – P. J. Fabre – J.-F. Lameulle (p) – P. Lévêque-Dumoulin (p) – J. Lirzin (p) – A. P. Loransot – G. N. Petremond – A. Petremond, sa femme, née David (f) – J. C. L. Ripert, dit Montclair (p) – J.-B. de Saint-Jean (p) – P. J. F. Savarre (p) – J. J. E. Sérane – B. Vacquier – L. Volland (p)
Libérés (8) : J.-B. Brière – J.-F. Drevaux – A. Friron – L. Frossard – F. N. B. Grandin – A. Guérin Précourt – M. Messier – A. Quintz
20 juin 1794 (2 messidor an II)
PORT-MALO (Ille-et-Vilaine)
Exécutés (38) : P. A. Bassablons, née Guillaudens (f) – C. P. E. Bonnissant – J.-F. Bougourd – M. Chapelain (f) – F. J.-M. Chenu de Villauder – H. P. Deganneau – L. M. J. Dousset (p) – P. Foucard – J.-J. J. Fournier de Varennes – P.-F. Fraval – F. M. Gardin – L. J. Gouyou de Beaufort – J. J. Gravier (p) – F. Grout de Grassinois, née Wilhe (f) – M. R. Guyot, veuve Geslin (f) – M.-F. Guyot (f) – R. Lamare (p) – M.-J. Lebreton, veuve Lecarmant (f) – A. L. P. Le Doux (p) – C. L. Le Prince – J.-F. Leroy de Presnel – A. Lys, née Fournier (f) – J.-B. Magon de Coetizac – A. H. Magon de Coetizac, sa femme, née Gardin (f) – N. Magon de Villeruchet – L. Mainard – J. Parfait – N. B. M. Perruchon – F. Poncelet – J. Quesnel, née Lefol (f) – J.-M. Sainte-Sebert (f) – H. A. J. J. de Saint Meleuc – M. P. Saint-Pern, née Ollivier (f) –M. Souchon, née Cressande (f) – F. Thibault (p) – L. Thomazeau – C. F. Trigouet, veuve Lesège-Landrecost (f) – P. V. Varin
Libérés (2) : M. Dufossé – A. Goguey
Info : Il n’y a pas de procès-verbal d’exécution de mort pour Chapelain, Sainte-Sébert et Thomazeau. Leurs noms figurent néanmoins sur la signification au concierge du jugement qui les condamne à mort (W529).
21 juin 1794 (3 messidor an II)
CAUSSADE (Lot)
Exécutés (25) : A. A. Bastie – J.-C. Belgenque – A. E. de Birague-Lamotte – J. Borie – R. Borie – M. Calmette – Jacques Cassaigne – Jean Cassaigne – J. R. Chantier – J.-P. Clavière – J. Delpèche Saint-Ton – R. Delpèche Saint-Ton – J. Forien – F. Foussegrive – B. Genèbre – D. Lacroix – A. Leautenois – L. A. Magnier (p) – P. Moulet – J.-F. Picholier – N. M. Pierre (f) (p) – J. Riette – J. Savit-Labat – A. Tursan d’Espagnet – J. A. Vilmay
Libérés (4) : R. J. Argot – A. D’hun, père – A. D’hun, fils – P. Le Roy
22 juin 1794 (4 messidor an II)
Exécutés (15) : J. Blanc – F. Boucher, dit La Caille – J.-B. Calemard – R. Carra – P. Cramoiseau – F. R. Cucu d’Hérouville (p) – N. Dubois – J.-P. Dupuis – P. A. Gavaudant (p) – N. Henry – J.-B. Hervieux – F. Josselin – P. A. Lhuillier (p) – J. A. Tricot (p) – T. T. Vannier
Libérés (4) : P. Boutot – P. Daignant Montaigu – F. Girard – J.-B. Poret
23 juin 1794 (5 messidor an II)
Exécutés (19) : R. Adhémar – M. M. Boulet (f) – J. Braud – J. Buquet – J.-B. Champeix – A. Charton (p) – M.-J. Corrié (f) (p) – N. Dorléans – P. A. Doyen – J.-B. Duleus – J. L. Estore, dit Fignerol (p) – M. Jobart, dite sœur Dorothée (f) – C. C. Lorimier de Chamilly (p) – J. L’oth – J. Meyvière (p) – F. Millon de Montherlant – L. Montégut, née Dumay (f) – J.-B. Retourné – P. Richard
Info : Martin Alleaume apparaît dans le jugement de ce jour, mais c’est un François Alleaume qui, d’après le verdict, fut condamné à mort. En fait, François Alleaume ne fut pas exécuté. Il fut libéré le 30 fructidor an II (16 septembre 1794) par ordre du Comité de sûreté générale (F7 4554). Quant à Martin Alleaume, il fut jugé, condamné et exécuté le 7 messidor an II (25 juin 1794). (W396.918)
Libérés (13) : Boissé – Cassot – L. Charlot – G. Desjardins – A. Dupuis – Huard – F. Landrisson – C. R. Mainguet – Marquis – Meunier – L. M. Potet – J.-B. Regnier – Vernet
Info : Boissé, Cassot, Huard, Marquis, Meunier et Vernet, tous membres du Comité de surveillance de Bourgueil (Indre-et-Loire), furent acquittés, mais le Tribunal soumit leur libération à la confirmation des Comités de salut public et de sûreté générale, qui la confirmèrent, au dos du jugement de la chambre du Conseil, le 7 messidor (25 juin). Cette confirmation est signée : Couthon, Billaud Varenne, Carnot, Le Bas, B Barère, Vadier, Amar, Louis (du Bas-Rhin), Dubarran (W394.915bis). Aucun recueil des actes du Comité de salut public ne signale cet arrêté.
24 juin 1794 (6 messidor an II)
Exécutés (25) : T. André – J. Balincourt (p) – E. L. A. Bernard – A. E. Bernard, sa femme, née Leconte (f) – J. Chedotal, née Huet (f) – L. Colas (p) – J. Crouillère – M. Crouillère, sa femme, née Sallier (f) – R. Crouillère, leur fils – J. Després – J. Du Haumont – J. Duthuy – J.-B. C. Guéroult – C. Houzet – J.-B. Huimy – M. R. La Belinaye (p) – A. Le Tellier – C. Marquette – J. Mouton – V. Notter – C. Perron – C. Perrot (p) – J. Texier – M. Toupin – J. Tournemine
Libérés (2) : L. Chaumont – J. T. Thiebault
25 juin 1794 (7 messidor an II)
LES FEMMES DE CHALLANS ET PALLUAU (Vendée)
Exécutés (44) : A. d’Adouville (p) – M. Alleaume (17 ans) – A. Allut – M. Baréteau, veuve Hillairiteau (f) – M. Baréteau, dite Bretomaille, veuve Préaud (f) – J. Boissard (18 ans) (f) – M. M. Boisso, veuve Sapin (f) – C. Bonnin, veuve Picard (f) – V. Champfort, née Picard (f) – E. Dona (p) – J.-P. Duforis (p) – L. Dupont – A. Fevret – L. Fleury, veuve Tardy (f) – A. Gréaude (f) – M. Guillotte, veuve Boizard (f) – G. M. Hocquart de Couberon – M. E. P. Hocquart de Couberon, sa femme, née Martinet (f) – M. B. Joly (f) (p) – M. Joly (f) – N. F. Jouvenet (p) – C. A. Larivière – J. Lebret (ou Le Bret) – J. Lefèvre (p) – A. Liénard (17 ans) (f) – J. Manneville – G. Martin – A. L. Martinet – L. Molin (p) – A. Morisset, veuve Joly (f) – C. Morisson (f) – C. Oliveau – E. Paisac (p) – A. Paisac, sa femme, née Albisson (f) (p) – J. Picard (f) – J. Rafin, veuve Regnard (f) – S. Ravecheau, née Roland (f) – J. Rigal – C. Robert – M.-F. Roch (f) (p) – M.-A. Salomon (f) – M. Sapin, veuve Duplessis (f) – L. Sibert, veuve Liénard (f) – M. Thibaut, veuve Lheriteau (f)
Info : Le procès-verbal d’exécution de mort de cette fournée se trouve dans le carton W396, dossier 918.
Info : Martin Alleaume, 17 ans, fut jugé, condamné à mort et exécuté ce jour, 7 messidor. Il apparaît cependant dans le jugement du 5 messidor au terme duquel un François Alleaume fut condamné à mort. Le nom de François Alleaume n’apparaît que dans le verdict, sans doute par erreur des greffiers. Il ne fut pas exécuté. (W396.918)
Libérés (6) : J. Gignat – G. Gilles, née Le Laurin (f) – M. Lansarre, née Le Selle (f) – C. Reynard (18 ans) (f) – J. Rougelot – M. Sapin (f) (14 ans)
Info : Les Comités de salut public et de sûreté générale confirmèrent ce jour la libération de Boissé, Cassot, Huard, Marquis, Meunier et Vernet, acquittés le 5 messidor (voir à cette date où ils sont comptés).
26 juin 1794 (8 messidor an II)
BICETRE (2)
Exécutés (48) : C. Adet (p) – J.-B. Allain (p) – L. Amand (p) – G. Asselinot (p) – S. Bail – M. L. Baron (p) – L. Beaudot (p) – M. F. Beaufort (p) – L. C. M. Billon (p) – J. Blot (p) – L. J. A. Bosquet (p) – L. Carbonnier, dit Baaf – C. Cottel (p) – J. Darcon, dit Darcu – A. Darthus – M. Desaulnets (p) – C. A. Descharmes-Sillery (p) – C. L. Durut (p) – P. Francot (p) – R. J. Guillot – M. C. Guy (p) – H. Hot (17 ans) (p) – F. Hussée (p) – F. Jacquinet, dit Monte au Ciel – L. C. R. Lapointe (p) – J. Larché – J. M. Le Masson – L. F. Lendroit – L. Lops (p) – J.-B. Maillet-Conte (p) – L. V. Marquier – J. F. Mestriot (p) – A. Mignard – N. Morel (p) – A. Mouret – C. N. Osselin (p) – F. Perrin – L. P. Picard (p) – N. Pichon – F. Renateau, dit Rataniau (p) – B. Rossier (p) – J. N. Sacher-Endasse (p) – H. Senliss (p) – L. Sozotte (p) – L. W. Spics (p) – L. M. Trouvé – A. Vatton (p) – F. Viellepeau
Libérés (4) : J. Billaux – B. Boudier – N. Denin – A. Mery (ou Mezy)
Info : Cinq personnes exécutées ce jour (W397.920) avaient déjà été condamnées par le Tribunal révolu-tionnaire, dont quatre à la déportation (alors inapplicable), savoir : Le Mas-son et Perrin le 18 juin 1793 (W273 59), Osselin le 5 décembre (W300 298) et Senliss le 12 décembre (W301 319). Picard, pour sa part, avait été condamné à 6 ans de fers le 17 février 1794 (W326.531).
27 juin 1794 (9 messidor an II)
Exécutés (31) : A. Boufflers, veuve du duc de Biron (f) (p) – C. L. V. Broglie (p) – J. Chaperon – J. Charton –M. C. Chaperon, sa sœur (f) – P. Cocheux – P. N. Duportal (f) – J. H. Genestel de Saint-Didier – M. L. Genestel de Saint-Didier, sa femme, née Besse (f) – J.-B. Guérin – M. J. E. Guignard de Saint-Priest (p) – N. L. Hourdé – A. C. Laguiche de Sevignan (p) – C. G. Lambert (p) – M. Leman (p) – R. Liégeard de Ligny (p) – S. N. H. Linguet – P. Lochet – L. Mathis – P. Noailles de Mouchy (p) – A. C. L. de Noailles-Mouchy, sa femme, née Arpajon (f) – A. M. Normand (f) – F. L. Pistoye – J.-F. G. Polastron (p) – F. P. Roye, veuve du maréchal de Biron (f) – P. Save – J.-B. Sommereux-Préfontaine – E. F. Vannod – J.-B. Vannod de Montperaux – T. E. Vannod de Montperaux, sa femme, née Dumont (f) – J. Vaucaret de Guitenay (p)
Libérés (6) : F. Billard – P. Blanchet – M. E. F. Coupé, dite Le Blanc (f) – J. Ducluseaux, dit Ganache – A. Fallet, née Vidalin (f) – M. Grugé (f)
29 juin 1794 (11 messidor an II)
RAMBOUILLET (Seine-et-Oise) ET TOULOUSE (Haute-Garonne)
Exécutés (19) : S. F. Brou – N. V. M. Corteuil – B. Dariot – M. Derret – J. Douziech – C. A. Dupuy de Lajaroux – E. Hocmelle – N. Huard – F. Lallier – G. Loubet – Y. Nottaire (p) – C. A. T. Nottaire, sa femme, née Baron (f) (p) – G. Piedona – P. J. Prégaux (p) – P. Rodier – J.-B. Ruffat – T. Sevenne – G. Trioullier – J.-F. Vaurs (p)
Libérés (4) : J. Boire, dit Briard – J.-B. Boutterin – F. Leclerc – L. Rabeux
Autre (1) : J.-L. Grenier (renv)
Info : Catherine Doublot, 20 ans, brodeuse à Nancy, condamnée à mort ce jour, se prétendit enceinte mais fut exécutée deux jours plus tard, le 13 messidor (1er juillet) (W399.295, 2e partie). Son nom figure sur les procès-verbaux d’excution de mort des 11 (ibid) et 13 messidor (W530).
30 juin 1794 (12 messidor an II)
MONT-BLANC (Savoie)
Exécutés (25) : C. Balleydier (f) – J. Bellegon – A. Biolley – M. Brassod – A. Buisson – T. Charle – J. Clerc – M. A. Ferraud (f) – G. G. de Lagondie – J. Lalanne (p) – R. Lubomirski, née Chodkiewicz** (f) (p) (condamnée le 22 avr. 1794) – J.-B. Manson – J.-L. Mérot – M. C. Patissier, veuve Duvernay (f) – A. M. T. Pelsère, veuve Feuquières (f) – N. Pichard – M. A. J. Pichard, sa femme, née Le Breton (f) – P. Rochaix, dit Rochon – E. Soldet – M. Taillepied – N. Taillepied, son fils (?) – F. A. Toulan – G. N. A. Vannier (p) – G. Vechembre – R. F. S. Vuibert
Libérés (6) : P. Caillet – F. Dubois – E. N. Houllier – V. Laguepierre – J.-P. Merillon – J.-B. F. Rocourt
1er juillet 1794 (13 messidor an II)
Exécutés (15) : P. Allaire – N. P. Andrecy – P. G. Bernard – C. Doublot** (f) (p) (condamnée le 29 juin) – J. Guth – N. Hurel – C. Jobin – C. S. Morin – F. Noé – R. Quinet – C. Rabourdin – C. L. Rabourdin – N. Richoux – J. V. Rouvière – H. Waleuze (p)
Info : Catherine Doublot condamnée à mort le 11 messidor (29 juin), s’était prétendue enceinte. Ce jour, 13 messidor, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil, ayant vu le rapport des officiers de santé, ordonna l’exécution dans le jour dudit jugement (W399.295, 2e partie). Son nom figure sur les procès-verbaux d’exécution de mort des 11 (ibid) et 13 messidor (W530).
Libérés (12) : F. P. Balleroy – M. T. M. Balleroy – U. Bény, dit Lallemand – P. J. Blondel – L. Hatton – G. Hebert – F. A. Leroux – A. Lhuillier – J. Moissette – M. T. Mouillé (ou Mouillet) (f) – C. Thibaut – P. Valentin
Autre (1) : Larocque N. F. dét 1er juil. 94
Info : Nicolas Frédéric Larocque fut renvoyé en détention le temps de prendre sur son compte d’autres renseignements (W401.929). Le Comité de sûreté générale (Amar, Du-barran, Voulland, Elie Lacoste, M Bayle et Louis Du Bas Rhin) le fit mettre en liberté le 5 thermidor (23 juillet) (F7 4766).
2 juillet 1794 (14 messidor an II)
ARMEE DES PYRENEES-ORIENTALES ET WISSEMBOURG (Bas-Rhin)
Exécutés (30) : J. Apert – P. J. Aubron – P. Bartholdi – M. Blottefiere, veuve Dusauzay (f) (p) – J.-B. M. Brincourt – J. Caisso (p) – P. C. J. Caron – X. Chaillet de Verges – M. Claudel – L. J. T. Cretet – L. J. Damour – E. Daoust – L. P. F. Delattre – T. Dezengremelle – P. Dumay – J.-B. Fouquet – C. Hébert – J. G. Heydenriech – P. Hobrich – L. Labbaye – J. R. Le Monnier – M. B. Logny, née Du Sauzay (f) (p) – J. Marteau – G. Musculus – A. F. L. Piet de Beaurepaire – G. Quesnel – J. H. Robert de l’Epinay – J.-B. H. I. Senocq – F. Vaudé – L. Volcart (ou Volkard)
Libérés (3) : M. A. A. Bégat, née Colombeau (f) – P. Jolier – C. Lacour
Info : Le procès-verbal d’exécution de la fournée Daoust comporte une erreur. Il porte en entête : « Affaire Daoust et 20 autres ». Or il ne présente que 20 noms. Magdeleine Bernardine Du Saussay a été esca-motée. On lit « Marie Blottefierre Vve Dusaussoÿ, madeleine Desemgre-melle », ce qui désigne manifestement Margueritte Blottefiere (veuve Du-saussay), Magdeleine Du Sausay (femme Logny et fille de la veuve), et Toussaint Dezengremelle. (W403.931)
3 juillet 1794 (15 messidor an II)
Exécutés (19) : L. F. de Belhade – J. D. Boisgelin – J.-J. Cadoc – P. C. Cuper – L. Desprez – F. M. Doyen – F. Dufaux – J.-B. Friant – M. J.-P. Giraud de Varennes – G. Gouaud, dit Barre – N. A. Labrousse (p) – E. Lecusson – P. Lefebvre – F. Marmande de Tourville – L. Menou (p) – P. Millard – J. F. Poirier (p) – A. T. Raffé, veuve Coquet (f) – J. H. A. Tournier
Libérés (16) : N. Alline – A. Despaleines, dit Saint-Clair – J. Gascoin – A. Guené – S. Heuriquet – A. Jarret – J. Lebreton – J. Mestron – N. Pénard (ou Pinard) – J.-P. Sauvé – J. Sevin – J.-F. Velu – M. B. Velu, sa femme, née Poisa (f) – M. Velu, fille (f) – J. A. Velu, fille (f) – M. V. Velu, fille (18 ans) (f)
4 juillet 1794 (16 messidor an II)
ETAIN (Meuse)
Exécutés (27) : A. Airault – J.-P. Bajon (p) – J.-B. Beguinet – P. F. Beguinet, son frère cadet – N. Bertrand – J.-L. Billon, dit Barbet – A. J. Blanc – M. Boutequoy, père – A. Boutequoy, fils – M.-J. Boutequoy, fille (f) – J. Chauvin – N. Daubit – C. L. Delorme – B. Deressat Dulacq – P. J.-B. Despréaux – J. Fleury – A. Ganot – J. Genot – D. Herbillon (p) – P. Jacquet – H. Lamotte – M. E. Maulmont, ex-femme Raynaud de la Sourdière (f) – N. F. Perrier – J.-B. C. Ragon – J. B. A. M. de Saint-Ouen – M.-A. Saint-Ouen, sa femme, née de La Marre (f) – A. Thiério
Libérés (5) : J. Albert – M. T. Berly, née Trincaille (f) – N. Galizot – G. Latelise – C. F. Talmet
Info : Grégoire Latelise, acquitté ce jour, avait été jugé le 19 mars (29 vent. II) et renvoyé en détention jusqu’à plus ample informé. (W339 614)
5 juillet 1794 (17 messidor an II)
POITIERS (Vienne)
Exécutés (28) : C. G. Appel-Voisin de La Roche-du-Maine – G. J. Baudus – G. Besse – L. F. Cachard – J.-B. Caix – J. R. H. Chasteignier – F. Chauveau – J. Clergeau – H. C. Colmont de Vaugrenand – A. Colmont de Vaugrenand, sa femme, née Jacquet La Colonge (f) – C. Conneau-Desfontaines – L. E. Gauvain – G. Gauvain, sa femme, née Amiet (f) – M. Giac – J.-F. Gillequint – J.-J. R. Lasalle – A. H. Laubespin – P. Launay (18 ans) – C. Lefol – J. Lenain – J.-F. de Mirville – T. J. C. Normand (p) – A. Sabourain – L. P. Savarry (p) – C. H. Tabart-Mazière – P. L. R. Thierry (p) – P. Vigerie (p) – N. H. Warmé de Janville
Libérés (10) : J. Chabaud – L. Chabaud – J. Chapon – J. Falgoux – F. Gautier – C. P. M. Gillet (18 ans) – F. Guittar – A. Mazerat – F. Méry (f) – F. Trembay
Info : La libération de Falgoux, Mazerat, Gautier, Guittar et des Chabaud, respectivement, maire, agent national et officiers municipaux de Picherande (Puy-de-Dôme), fut soumise à la ratification des Comités de salut public et de sûreté générale qui l’approuvèrent le jour même. (W408 939) Aucun recueil des actes du Comité de salut public ne signale cet arrêté.
6 juillet 1794 (18 messidor an II)
PARLEMENT DE TOULOUSE (2)
Exécutés (31) : J. Bardy – F. Barrès – A. T. de Belloc – C. Blanquet de Rouville – P.-L. Carbon – P. Carbonel – J.-B. Carlier, dit Montmorency – F. Combettes de Labourelie – P. Cuenot – A. J.-C. L. Daspe – H. A. B. B. Dausagnel de Lasbordes – N. François, dit Salpêtrier – M. J. Guillermin – P. Guiringaud – J. A. V. Jugonoux – F. Lacroix (p) – M. J. La Mothe – M. B. F. Lassus-Nestier – G. F. J. C. Lespinasse, fils – P. A. Lespinasse, père – F. Martin – J.-P. Mourluis – J.-F. de Perès – J.-F. Perotte de Valhausy – D. A. Perrey – J.-F. Peyrot – G. Pohl – C. J. A. Rey de Saint-Géry – J.-J. Serard – R. F. A. E. Tournier – J.-P. Trinquecoste
Info : Il n’y a ni dossier ni procès-verbal d’exécution au nom de Jean-François de Perès. Mais on trouve dans le carton W408, dossier 939, plusieurs pièces le concernant, dont cette lettre : « Paris le 22 messidor de l’an second de la république une et indivisible. –– Citoyens représentants, jean françois peresse ex conseiller au cy devant parlement de Toulouse n’avait pas été compris dans l’acte d’accusation comme indiqué pour avoir protesté contre la protestation même : mais dans le cours des débats il a été reconnu et constaté que cette protestation avait été faitte tar-divement et d’ailleurs que ce peresse s’était montré dans tous les temps l’Ennemy de la revolution ; En conséquence on l’a fait monter et il a été jugé à mort et exécuté comme les autres le dix huit messidor [...] A. q. Fouquier » Une autre pièce indique qu’il existe un jugement en blanc daté du 18 prairial (signé par Harny, Bravet, Dumas et Gilbert) tandis que le procès verbal (non en règle, étant signé par Dumas seul) et l’acte d’accusation sont datés du 18 mes-sidor.
Libérés (9) : A. Belot (17 ans) (f) – M. Belot (f) – M.-J. Belot (f) – P. Belot (f) – C. Demolis – S. Gourjon – F. Masié, veuve Belot (f) – J. Noël – B. Pignon
Info : Françoise Masié, veuve Belot (laboureur mort avant le jugement), 63 ans, vivant à Julien (Côte-d’Or), était la mère des 4 filles Belot acquittées avec elle ce jour. (W407.938)
7 juillet 1794 (19 messidor an II)
CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (1)
Exécutés (67) : F. Aigloz, dit l’Anglais – C. A. M. d’Alsace de Boussu de Chimay (p) – F. H. d’Anneville-Chiffrevart – F. L. H. Basset de la Marelle (18 ans) (p) – L. Basset de la Marelle, son père (p) – P. Bertrand – L. B. de Boisgelin (p) – M. C. S. Boisgelin, sa femme, née Boufflers (f) (p) – M.-A. Bordier (p) – E. M. Boucher-Duclos (p) – A. Bourrée de Corberon – P. Boyer (p) – F. Bridier, veuve Loreu (f) – C. Brochet de Saint-Prest – F. de Chataignier (p) – G. Chrétien (p) – A. Coutouly (p) – J. A. A. de Damas (p) – F. C. de Desouches (p) – C. D. Deyeux (p) – C. A. Dugrail de La Villette (p) – G. J. Dupleix de Bacquencourt (p) – F. G. de Fénelon (p) – C. M. de Fontigny (p) – J. Foucaud – T. F. C. Giverville de Saint-Maclou (p) – M. de Goussainville – M. de Goussainville, son fils – C. Goust, dit Longpré (p) – A. F. d’Hautefort (p) – J.-M. d’Hautefort, sa femme (f) (p) – N. Henrion – A. J.-B. A. Julien (p) – L. A. M. de La Baume (p) – P. Laligant-Morillon (p) – J. N. Lallemand – L. M. F. de La Roche-Coussot (p) – J. A. de La Roche-Lambert – R. C. F. La Tour-Du-Pin Chambly – A. Lautour (p) – A. Lemoine-Crécy (p) – J. P. T. de Lézardière – S. J. de Lézardière, son frère cadet – G. C. Lurienne – D. Maurin (p) – R. de Mique (p) – S. de Mique, son fils (p) – A. C. M. de Nicolay, père (p) – N. Northy (p) – D. A. F. Odanger – D. P. J. Papillon de la Ferté (p) – A. P. Perrot (p) – A. N. Perrot, son frère (p) – A. J.-B. Perrot, son neveu (p) – L. J. P. Potier de Gesvres – L. Pourra (p) – S. Rabaliaty (p) – M.-A. F. M. Randon de La Tour – D. J.-B. de Regnac – H. de Rossy – F. C. Royer (p) – H. J. de Royer (p) – J.-B. A. Salignac de Fénelon (p) – C. L. Sauvage – J. A. Serville, veuve Boispréau (f) (p) – C. Verdière d’Hem (p) – E. T. Ysabeau de Monval (p)
Libérés (5) : F. Blondeau – F. Picard, dit Lacreuse – S. Picard, son frère aîné – J. Poste – J.-B. Sarrazin
Info : Les femmes Burke, née Launay, et Charbonnier, née Quetier, condamnées à mort ce jour, se prétendirent enceintes. Elles furent renvoyées à l’échafaud le 23 messidor (11 juillet) (W409.940). Leurs noms figurent sur le procès-verbal d’exécution de mort du 23 messidor, mais aussi, par erreur, sur celui du 19 messidor (W530).
9 juillet 1794 (21 messidor an II)
CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (2)
Exécutés (60) : A. Baron – M. Basset de la Marelle, née Bordeau (f) (p) – F. Bellœil – H. F. Béranger, née Lévis (f) (p) – C. J.-B. V. Borne d’Altier (p) – G. H. V. Borne d’Altier, son fils (p) – M. J. Brichet (p) – M.-A. L. Bruck (f) – J. C. Carbonniers, son frère (p) – G. A. Carbonniers, son frère (p) – G. L. Chambon d’Arbouville – F. F. S. Chambon-d’Arbouville, sa femme, née Fretteau (f) – A. D. Charbonnier de Sainte-Croix (p) – S. F. Cœur Dasier (p) – F. R. Damiens (p) – H. L. Delaporte (p) – C. Deldecoq (p) – J.-F. Didier (p) – N. Droüin – J.-B. Duhaut – J. B. Duplain (p) – M. J.-B. Duval de Beaumontel (p) – J.-C. Faguet (ou Saguet) – J. Frankart (p) – C. Fransans, née Basset (f) (p) – M. A. F. C. J. Frasans, veuve Devillard (f) (p) – L. Frémont (p) – R. F. de Frérette (p) – J.-C. Geoffroy d’Assy (p) – J.-B. Gonin – G. Guérin – F. Guillemin (p) – A. Huard (p) – J. Judde (p) – A. Lagrive (p) – G. Lardin – L. P. Larivière – M. G. du Luc, née d’Artois de Lévis (f) (p) – S. J. Masse (p) – B. Mathias (p) – H. Mauvoirin – A. J. Mélin (p) – G. A. Michel, veuve Lévis (f) (p) – F. Milner (p) – A. Montigny (p) – P.-L. Moreau (p) – P. Moricaud (p) – A. M. L. de Nicolay, fils (p) – G. Nolin (p) – F. P. de Nonant (p) – F. M. d’Ornano – J. L. Radix (p) – F. X. Rivery – L. C. de Sainte-Marie (17 ans) (p) – J.-P. Seret (p) – C. H. Tardieu de Maleyssie, ex-femme Bois-Bérenger (f) (p) – A. C. Tardieu de Maleyssie (p) – E. M. Tardieu de Maleyssie, sa femme, née Paignon (f) (p) – C. F. Tardieu de Maleyssie, sa fille (p) – C. Voillemier (18 ans)
Info : Cette fournée fut l’objet de deux procès-verbaux d’exécution de mort. Le plus important, portant sur 48 personnes, se trouve dans le carton W410, dossier 943. La liste est si longue qu’elle se poursuit au verso de la feuille. Le second, portant donc sur 12 personnes, se trouve, avec les autres procès-verbaux, dans le carton W530.
Info : Jean François Didier, 64 ou 65 ans, né à Grenoble, ex-chanoine, ex-avocat, demeurant à Paris, exécuté ce jour dans le cadre de la conspiration du Luxembourg (W410.943), avait été renvoyé devant le Département le 25 février précédent (W331.551).
Libéré (1) : J.-L. Yvon
Autres (2) : J. Jobert (dét) – A. F. Sainte-Marie (14 ans) (20 ans mdc)
Info : Auguste François Sainte-Marie, 14 ans, ne fut pas acquitté de l’accusation. Une phrase illisible de Coffinhal avant la réponse des jurés aux questions attire l’attention sur son cas (W410.943). Le Moniteur du 25 messidor indique que, « convaincu de s’être aussi rendu sciemment l’ennemi du peuple, attendu son jeune âge, [il] a été condamné à vingt ans de détention dans une maison de correction. » Le journal de Guittard le confirme (p. 403).
10 juillet 1794 (22 messidor an II)
CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (3)
Exécutés (44) : J. G. Adam, dit Le Marin (p) – L. J. d’Ailly (p) – J.-B. F. Attiret (p) – P. Bardou – J. M. Benière (p) – J. R. A. Bourneau-Fleury (p) – A. J. R. Caradeuc de la Chalotais – A. Cart-Balthazar (p) – L. R. Champagné (p) – J.-J. Chopplet (p) – L. F. Cornette de Laminière (p) – J.-B. Dorival – F. L. Durand-Dubignon (p) – G. F. A. de Durfort (p) – L. Duvernay (p) – A. I. Faron-Bossut – J. Fougerat – J. Fréret – M. R. de Gondrecourt (p) – C. N. Gousault (p) – F. C. Guerpel (p) – G. G. F. Lalau (p) – C. Lebret – G. L. M. Leclerc de Buffon (p) – J.-B. Lemaire (p) – J.-B. Louvatière (p) – P. C. Machet-Velye (p) – J. C. M. Marivaux (p) – F. E. Mesnil (p) – L. C. Morin (p) – J.-J. J. Mousnier (p) – A. Paris (p) – P. G. Pariseau (p) – F. P. Pérignon (p) – N. R. Pernot (p) – G. Queuedeville – F. G. P. de Rochemore (p) – M. F. Roussiale – V. C. F. de Roux-Puivert (p) – C. A. de Selle – J. Sinateau-Verdure (p) – J. Thomeret (p) – A. Tournon (p) – A. C. Vattier (p)
Libérés (3) : N. Bernardin – J.-B. Chevalier – P. Not
Autres (8) : L. Baraguay-d’Hilliers (dét) – L. E. J. Ferry (dét) – J. J. Hery (ou Eyriès) (dét) – J.-B. G. Larchevêque-Thibaud (dét) – J. Martin (dét) – J. Molard (dét) – J.-C. Nazon (dét) – M. Scomp, père (dét)
11 juillet 1794 (23 messidor an II)
Exécutés (8) : L. Ancelin de Lagarde – M. F. Burke**, née Launay (f) (p) (condamnée le 7 juil. 1794) – G. Charbonnier**, née Quetier (f) (p) (condamnée le 7 juil. 1794) – J.-J. L. Gleise – E. Gohier – P. M. S. L. A. de Lille-Dumolard – J. Royère, dit Bésiers – J. Villelongue
Libérés (17) : C. Bertrand – L. F. Bertrand, son fils (?) – S. Blanchard – P. Chimardet – J.-P. Chrétien – A. Clartan – P. F. J. Geusse (ou Gence) – L. Gillet – A. P. Grignon – J. M. Guintrand – F. Guyard – J. Leger – J. Martin – C. Peyre (ou Deyre) – J.-P. Rapally – L. Sauvé – J.-M. Vocassin
Info : Les femmes Burke et Quetier, condamnées à mort le 19 messidor, s’étaient prétendues enceintes et furent renvoyées à l’échafaud ce jour. Leurs noms figurent par erreur sur le procès-verbal d’exécution du 19 messidor (7 juillet). Elles font l’objet d’un procès-verbal d’exécution particulier, le 23 messidor (W530).
12 juillet 1794 (24 messidor an II)
FEDERALISTES DU JURA
Exécutés (28) : T. P. Beaudry (p) – C. X. Bourrelier de Mentry – C. I. J. Clermont – P. Fielval (p) – P. C. Gauthier – J.-F. Grand – M.-A. de Grimaldi, née Bourret (f) (p) – F. M. Guiraud – C. E. Guyon – F. Imbert – F. T. Lacroix – G. M. Lecomte (p) – F. P. Lefebvre (p) – C. E. F. H. Macdonal (p) – A. Machet – R. Marcandier (p) – M.-A. Marcandier, sa femme, née Coirnot (f) (p) – E. L. Montarly – J. G. Montarly, sa femme, née Rose (f) – R. Pietrequin, veuve Trestoudas (f) – J.-F. Rapin-Thoyras – J.-B. Robelin – D. Ruffet – C. Sorlin – L. Suzan (p) – C.-F. Vaillant – B. Vignault (p) – J.-B. Viviand
Libérés (12) : A. F. Billot – P. Blanchard – P. Bouvenot – I. Boyau, née Paris (f) – J.-F. Chaftin – J.-B. Delpierre – M. Douville (f) – C. F. Jeanson – G. L. Kilg – A. Renaud – C. Rivon – L. Thomey
13 juillet 1794 (25 messidor an II)
Exécutés (38) : J. F. J. Benant – M. Bidault, veuve Tricard (f) – C. H. Boismaigre – B. Bragot – L. J. S. Bricogne – C. A. Clément – B. Coudert – J. E. B. Cousin (p) – J. Delpy, dit Gondelle – J.-N. Deluche de Lacroze – A. H. Faudoas – E. Faudoas, sa fille (18 ans) (f) – C. M. Faudoas, veuve Beaurepaire (f) – N. Frédéricq – M.-A. Gamory, née Lasuderie (f) – M. Grandjean – J.-M. J. Laguedec – M. Lambert – J. J. Laville – C. F. A. Lebarbier – J.-B. Leguain (18 ans) (p) – J.-F. Lentaigne – J. Lentaigne, son frère cadet – H. A. Mecquenein Dartaize – N. Maumont – R. J. Nicolas – J.-C. Pelchet – F. Périer, veuve Saint-Hilaire (f) – P. Reynaud – J. E. Rose – J.-P. Rosée, dit Larosée – V. de Rossignat – A. B. L. J. Rousseau – J. A. de Saint-Priest, ex-femme Dassier des Brosses (f) – O. Souchet-d’Alvinart – L. A. B. Suzanne – J. J. Thune – C. Vanhof
Libérés (9) : P. Couberet – C. Durieu – J. Ferminet – J. Giraud, dit Sanspied – J. Lieutaud – L. Menard – Jean Mourette, dit Le Danseur – Joseph Mourette, son frère cadet (?) – J. Petit
15 juillet 1794 (27 messidor an II)
DONZY (Nièvre)
Exécutés (30) : J. C. S. Aubigny, ex-femme Le Maillot du Pont (f) – J. Berniaud – M. E. Binet (f) – A. D. Bourbonne – M. C. Bourbonne, sa femme, née Legris (f) – C. T. Bourdelois, veuve d’Aubigny (f) (p) – M.-C. Brunelle, née Tarin (f) – J. Chabran – J. Chadouteau, née Fougère (f) – F. L. Desreaulx – J.-B. Faiseau – N. A. Fariot, dit Martin (p) – A. F. Fortin – A. E. Frappier – J. N. Gross – A. F. Huet d’Ambrun (p) – C. G. Lachapelle (p) – J. Lambriquet – J.-P. Laurent – E. A. Legris – P.-J. Lion (p) – F. D. Millet – C. Parat – F. Paris – J. Rapin, née Fardy (f) – N. Renyé (p) – J. Rollat – Y. L. Rollat – J.-B. Salneuve – L. R. Vauquois (p)
Libérés (15) : J.-P. Anglade – J. Contamin – A. Foullioux – C. L. M. Hu – F. Lacaux – M. Lafond – J. Laguzet – A. Limoges – A. Menn – P. Merlot – J.-C. Moulin – L. F. Nortier – F. C. Pecantin, père – V. Pieny – C. Thirion
16 juillet 1794 (28 messidor an II)
CAMP DE JALÈS ET MONESTROL (Haute-Loire)
Exécutés (31) : L. Adnet – S. Audigier – M. Bisseriet, dit l’Eveillé – J. Bouchet – J. Brebion-Lahaye – M.-R. Chamborant, veuve Duplessis (f) – E. C. Darlot – C. Duplessis de Lamerlière (f) – A. Dutreuil – V. Exbrayat, dit Lablache – C. Gaboriau – J. Gellé – A. C. Geoffroy – L. L’abbé – E. Levasseur – C. Louyau – J. J. Maraval – J. Morel – V. Ollier – D. Paillet – N. Papas – P. Périn – P. Pinet – P. Poirier – M. Poirier, sa femme, née Loradour (f) – A. Queyron – M. A. Seuilhac – J. Sigot de Lestang – J.-P. Souchet-Dupré – J. A. Terme – J. L. Vergêse
Libérés (13) : Louiggi Bobba – Ludovice Bobba, son frère cadet – L. Combe – C. Content – C. Garnier, née Levrat (f) – T. Giroux – P. Jacquenier (18 ans) – M. Millières – D. Parmentier – J. Pascal – F. Rochon (f) – C. Saugue – J.-B. Vigna (18 ans)
Info : Le procès-verbal d’exécution des condamnés dans la plus grosse affaire du jour a disparu. Il n’est pas dans le dossier (W417.953) et on ne trouve, dans le carton W530, que le procès-verbal d’exécution de Pierre Pinet et 12 autres. Mais Guittard qui donne la même liste de condamnés à mort ne signale pas de cas particulier, ce qui a priori suppose qu’ils furent bien tous exécutés (p. 413).
17 juillet 1794 (29 messidor an II)
LES CARMELITES DE COMPIEGNE
Exécutés (40) : J.-L. Audibert-Roubaud (p) – L. Blaiseau, née Riquet (f) (p) – C. Borel – M. C. C. Brard (f) – M.-A. F. Brideau (f) – J.-B. Brolliart – I. A. L. Calmer (p) – P.-F. Chasseloup – R. Crétien de la Neuville (f) – M.-F. G. Croissy (f) – J. A. Delamel-Bournet – M. Dufour (f) – F. Edelmann – L. Edelmann – M.-A. Hanisset (f) – L. Hellot – M. Hubert – T. Keppler – J. Labrousse de Broffand – P. Lejeune, dit Ramonet – M.-M. C. Lidoine (f) – P. Mesnard, veuve Dabret (f) – L. Mesnard-Dubois – M. G. Meunier (f) – P.-F. Monet – F. Morel – C. L. Mulot de la Menardière – M.-A. Pelras (f) – A. Petit – M.-A. Piedcourt (f) – P. Prunaire – A. Roussel (f) – A. C. Soiron (f) – T. Soiron (f) – C. H. Tellier – A. M.-M. Thouret (f) – M.-G. Trezel (f) – E. J. Verolot (f) – J. Yung – L. J. Yvon (p)
Libérés (11) : J. Bergerat – J.-B. Debonne – J.-B. F. Dupont – J. Fournier, dit Carré – E. Gauthier – J. Gautron, dit Bailly – J.-B. Legal – S. L. Legault – A. Massuel, dit Bellot – J. C. Michelot, père – A. U. Thierry Devienne (16 ans) (f)
Info : Jean-Baptiste Debonne, 36 ans, fermier à Vaugirard, avait été acquitté et libéré le 26 avril précédent (W353.724). De nouveau arrêté le 18 juin (30 prairial) pour des propos alarmants sur les subsistances tenus la veille à la société populaire de Vaugirard, il fut de nouveau acquitté ce jour (W421.956).
19 juillet 1794 (1er thermidor an II)
QUIMPER, RENNES ET PORT-MALO
Exécutés (28) : A. M. Alénot – L. Aubry – J.-B. Blandin – G. R. Conen de Saint-Luc – F.-M. Conen de Saint-Luc, sa femme, née Du Bot (f) – V. Conen de Saint-Luc, fille (f) – T. F. J. Cornulier (p) – J. Coureur (p) – P. Deshuissards – C. Gardy – H. G. Gaucher – J.-B. Gremont – P. Guy – Floride Laroque (f) – Françoise Laroque, sa sœur cadette (f) – C. A. Legris (p) – J.-B. Magon de La Balue (81 ans) (p) – L. Magon de La Belinaye (80 ans) – E. C. A. Magon de La Lande, fils (49 ans) – F. Marey (f) – A. Oudet – M. F. A. J. Plaisant, née Olivier (f) – M.-F. Puzel, veuve Varin (f) – P. Ratiéville – F. M.-J. Saint-Pern, mère, née Magon (f) (p) – J.-B. M. B. Saint-Pern, fils (17 ans) (p) – P. Sionnot-Duchesne – G. E. Vancapelle
Libérés (6) : Arnould – F. P. Herbin – C. Lambert – J. Legendre – J. Moreau – M. Ruelle, veuve Benoît (f)
Info : Amélie Laurence Marie Céleste Cornulier, née Saint-Pern, 21 ans, condamnée à mort ce jour, se déclara enceinte. (W423.958) Elle fut libérée après le 9 thermidor.
Info : Charles Adrien Legris, ex-inten-dant du ci-devant duc d'Avray (émigré), exécuté ce jour, était greffier au Tribunal révolutionnaire. (W423.958)
20 juillet 1794 (2 thermidor an II)
BESANÇON (Doubs) ET MONTAUT (Ariège)
Exécutés (14) : M. Beauchet (f) – A. Cazès – B. Dardigna – C. A. Dez (f) – L. A. Duteil, née Berbis (f) – F. Lallemand – J.-F. Lurion – B. Pinard – J.-P. M. Rouxel de Blanchelande, fils – P. Tessère – J. A. Tissot – J.-M. Voizart – J.-B. Vuillemin – C. Zolla (f)
Libérés (29) : P. Bajot – A. Baucheron – D. Bourdon-Chérot – E. Debarry – J. J.-B. Dehan – J.-J. Dormoy – C. F. Dumont – A. Dupuis – H. Forgeot – J. A. E. Garnier – T. Guay (f) – C. Guyon – B. Hadot – L. Lefèvre, dit l’Américain – L. T. Meunier – G. Mongin – C. A. Monnot – J. T. Morel, née Beauvin (f) – J.-B. Mozère – A. Pequereau – A. N. M. A. Rambourg, fils (17 ans) – J. Ridez (ou Rider) – L. J. Rondeau, fils – A. Rousselin – F. N. Thomas – F. J. Tisserand – A. Vareschon – C. I. Vilmain (15 ans) – J. B. Voinet (f)
Info : La plupart des acquittés du jour étaient originaires soit du département du Doubs soit de la ville de Troyes (Aube), ces derniers, généralement membres du Comité central révolu-tionnaire de Troyes, étant coaccusés de Rousselin, commissaire du Conseil exécutif envoyé dans cette ville. (W424.959, W426.960)
21 juillet 1794 (3 thermidor an II)
COUTANCES (Manche)
Exécutés (28) : F. Blandin – P. A. Boudier – J.-B. H. D. Costel d’Autresol – J.-J. G. Couillard – L. L. Cussy – M. L. L. Cussy, son oncle – A. J. N. Delamare, dit Piémont – J. F. L. Demonts – L. J. A. Drême (p) – G. J. A. Gebistroff (p) – J.-J. N Guichard – J.-F. Guichard-Mauditry – J. C. Guichard-Mauditry, sa femme, née Bérouville (f) – M.-C. L. E. Hébert, ex-femme Cadot (f) – J. N. Juhel – H. Leforestier – F. R. Lepijon – C. Lescandey – P. Mauduit – J.-B. Mézières (p) – C. Ostalier (p) – C. Platré, dit Bellecour (p) – P. Potigny-Lancey – J.-B. C. Renou (p) – P. Saint-Romain – P.-F. C. Sorin – C.-A. Tanquery d’Hyenville – R. Voile, née Launay (f)
Libérés (12) : J. Boullissière – L. Champenois – C. J. Chapeleur – R. Fillon – J. Grojean – F. X. Lambla – P.-M. Leconte – L. Massonneau – D. Michel – J. Moissette – F. Namon – M. Probst
Autres (4) : J.-F. Gobilllet (dét) – C. A. Hue Caligny (dét) – J. P. F. Kalop (dét) – T. H. Piennes (dét)
Info : Parmi les acquittés, quatre furent envoyés en détention pour 24 heures. Mais ils ne furent libérés que le 18 août (1er fruc. II). (W427.962)
22 juillet 1794 (4 thermidor an II)
CONSPIRATION DU LUXEMBOURG (4) ET NEVERS OU NIEVRE
Exécutés (46) : A. L. H. Aguesseau, veuve d’Ayen (f) (p) – J. d’Apremont-Linden (p) – J.-P. Bergère des Barres – S. C. Boutin (p) – C. Boyau, veuve Amiral (f) – J. Caillaux, dit Dussard (p) – C. P. Canuzet – C. L. Chambrun d’Uxeloup – P. Chambrun d’Uxeloup, son fils aîné – C. F. C. Cossé-Brissac, veuve du maréchal de Noailles (f) (p) – J.-S. L. Dubois – M. Dubuisson (p) – F. Duval (p) – J.-B. P. Esrat – C. de Flers – A. Gauthier – P.-F. Gossin – J. J. Haly – I. L. Juvenot de Traisnel, veuve de La Chatre (f) (p) – L. C. E. Lafont des Essarts – J. J. A. La Roche-Lambert (p) – E. de La Roche-Lupy – L. de La Roche-Lupy, sa femme, née de Gascoing (f) – J. Laxalde – C. E. D. L’Empereur-Bissy – M. E. L’Empereur, son frère (?) – P. B. Marion de Lamolle – M. A. Martainville, veuve Duvaugarnier (f) (p) – J. Meynard-Mellet (17 ans) (p) – P. C. Mouchy (p) – A. J. B. A. P. L. C. D. Noailles (f) (p) – J. Palotot (p) – A. C. Pra-Comptat – C. A. Pricy-Limoux – A. H. Remigny – P. Revèche – J.-P. Robillard – J. Roger (p) – A. M. N. Samillard (p) – N. Samillard, son père (p) – S. T. Séguier, veuve Rémigny (f) – J. B. Sosthènes de Laborde – C. M. de Talaru (p) – M. R. L. E. Thoreau, veuve Saint-Juirre (f) (p) – F. Tréchaut – F. Vuilasse (p)
Libérés (7) : A. Amiral, fils – C. Amiral, père – E. Depierre – L. Gaudry – J.-L. Gautherot – N. Gustine – J. F. Poyard (f)
Info : Augustin Marie Nicolas Samillard, fils, n’apparaît pas dans le dossier (W428.963), mais son nom figure bien sur le procès-verbal d’exécution de mort du 4 thermidor (W530).
23 juillet 1794 (5 thermidor an II)
CONSPIRATION DES CARMES
Exécutés (54) : F. C. A. d’Autichamp (p) – A. Beauharnais – C. L. A. Beauvoir (p) – L. E. Bonneval (p) – A. J. Boucher-d’Argis – A. F. Bourgeois (p) – L. Brisson (p) – M. A. Bruges (p) – F. U. Burke (17 ans) – J. J. Caillol (p) – L. de Carcadot (p) – A. H. H. Caumont (p) – C. F. Chambly (p) – L. Champcenetz (p) – J. B. Chevier (p) – J. Coupery de Maisonneuve (p) – J. Darchy (p) – C. L. F. Delaulne (p) – J.-B. Delorme (p) – G. A. J.-F. de Dessalle-Champagnier (p) – N. M. G. Devillers (p) – J.-B. Didiot – J. H. Doutremont (p) – E. F. Gallet de Santerre (p) – L. H. M. de Gouy d’Arsy – J.-B. Guillebert – C. Harrop (p) – F. L. E. Humbert – J. H. L. Joly de Bévi (p) – J.-P. M. A. Latyl (p) – L. F. Leroy de Grammont – C. Lesage (p) – A. J.-B. Malette (p) – J. Malone (p) – A. Marsillac (p) – J. Michelet (p) – C. Miél – J. R. Mignard (p) – B. Millot, dit Benoist – F. Moreau (p) – P. O’Brenan – N. Parent (p) – J. J. Pestels – H. du Pujet (p) – N. X. de Querhoënt (p) – L. A. C. de Rohan-Montbazon (p) – F. Salm-Kyrbourg (p) – J.-J. Saunhac (p) – J. D. G. Soulavier (p) – J. C. de Soyecourt (p) – J.-B. Vallet – M. Verdier (p) – T. Ward (p) – L. C. Waroquier (p)
Info : Cyprien Miél, 30 ans, ex-coutelier et garçon boursier avant la Révolution, demeurant tantôt à Paris tantôt sans domicile, exécuté ce jour dans le cadre de la conspiration des Carmes (W429.965), avait été gardé en détention par le Tribunal révolu-tionnaire le 31 mai précédent (W377 853).
Libérés (12) : J.-F. Boulogne – P. Guillot – J.-L Le Blanc, fils – L. P. Le Blanc, père – L. Lemeré – E. Martinot – M. Meunier (18 ans) (f) – M. M. F. Quesnel, née Hebert (f) – P. Renaudin – C. Saintain – J. Stourne – M. A. Valentin, née Ledue (ou Leduc) (f)
Autres (3) : P. Chassaigne (dét) – J.-P. Gonfreville (dét) – J. Jourdan, dit Bellepointe (dét)
Info : Marie-Anne Malicornet, con-damnée à mort, se déclara enceinte et fut libérée après le 9 thermidor. (W430.966)
24 juillet 1794 (6 thermidor an II)
CONSPIRATION DE ST-LAZARE (1)
Exécutés (32) : C. M. Allain (p) – P. M. V. Beauvillier de Saint-Aignan – A. P. A. de Bérulle – A. R. Boquet, veuve Filleul (f) (p) – E. Chalgrin, née Vernet (f) (p) – P. L. Champigny – C. A. Charleval (p) – A. F. Chéron (p) – P. C. Copin de Villepreux (p) – J. A. Daubarède (p) – L. Desisnard (p) – M. H. L. Desvieux, née de Flavigny (f) (p) – J. Digieux (p) – A. J. Dublaizel (p) – P. Ducontent (p) – A. L. J. de Flavigny – J.-F. Gauthier (p) – F. Gigot de Boisbernier (p) – C. F. G. Graindorge (p) – C. Gravier de Vergennes (p) – J. Gravier de Vergennes, son père (p) – M. R. Hallée, veuve Boquet (f) (p) – L. M. Hollande (p) – J. H. de Laboulbène de Montesquiou (p) – M.-L. Laval-Montmorency (f) (p) – P. Longroy – M. A. T. Longroy, sa femme, née Letellier (f) – M.-T. Longroy, sa fille (f) – F. C. L. F. de Maillé (16 ans) (p) – F. R. A. de Maillé (p) – L. Scelle (p) – F. Thibault de Lagarde
Info : Françoise Camille Beauvillier de Saint-Aignan, née Béranger, condam-née à mort, se déclara enceinte. (W431 968) Libérée après le 9 thermidor. Il existe dans les cartons du Comité de sûreté générale une pièce la concer-nant, mais il s’agit d’une lettre de son mari, écrite de St Lazare le 5 prairial an II, par laquelle celui-ci réclamait sa mise en liberté ainsi que celle de sa femme enceinte (F7 4592, placq. 3).
Info : Elisabeth Perette Dubois de Courval, veuve de Joly de Fleury, Elisabeth Pigrais, ex-femme Meursin, et Catherine Louise Sylvine Soye-court, veuve de Hinnisdal de Fumale, condamnées à mort ce jour, se préten-dirent enceintes, mais furent exécutées le lendemain, 25 juillet (W431.968).
25 juillet 1794 (7 thermidor an II)
CONSPIRATION DE ST-LAZARE (2)
Exécutés (40) : J.-F. Antié, dit Léonard – M. M. C. d’Artigues, veuve Marron (f) – L. J.-C. Ascy (p) – F. R. B. de Bessuejouls-Roquelaure (p) – H. J. de Bourdeille – F. Buquet – A. M. Chénier (p) – J. F. M. Coattrelle (p) – C. A. Créqui de Montmorency (p) – C. de Dolcy (p) – E. P. Dubois de Courval*, veuve de Joly de Fleury (f) (p) – C. H. L. Gastel (p) – L. V. Goezman (p) – J.-L. Guibert – P. Hébert (p) – C. C. H. d’Houdelot (ou Houdetot) (p) – E. F. de Labrousse-Belleville – J.-B. Malvagne – L. E. G. Mathy-Simon, veuve Mayet (f) – T. Megnier (p) – G. de Montalembert (p) – J.-M. Paume, veuve de Gauthier Saint-Priest (f) (p) – E. Pigrais*, ex-femme Meursin (f) (p) – Jean Raoul (p) – Joseph Raoul (p) – J. F. Ringueney de la Toulinière – J. A. Roucher (p) – C.-F. Rougeos de Montcrif (p) – J. A. Rouilhac – J. Saugeon – L. Sello (p) – L. Sers (p) – J.-B. Sévin – C. L. S. Soyecourt*, veuve de Hinnisdal de Fumale (f) (p) – F. Trenk (p) – E. F. Varenes – J. Vérine (16 ans) – P. G. Vinfray – J. N. Voyant – M. Voyenau
Libérés (6) : J. Fleuriot – C. Langlois – S. Lorget – P. Martin – J. Roudy (13 ans) – L. Valas, dit Bourole
Autre (1) : F. Auphant (dét)
Info : François Auphant, 60 ans, ex-prêtre, demeurant à Paris, acquitté, devait rester 24 heures en détention mais ne fut finalement libéré que le 23 août suivant (6 fructidor). (W431.969)
26 juillet 1794 (8 thermidor an II)
CONSPIRATION DE ST-LAZARE (3)
Exécutés (49) : C. Auger (p) – J. Bausset (p) – P. Blanchard – A. J. Boucher (p) – C. A. Brognard (p) – P. Broquet (p) – A. J.-M. Bruny (p) – J. Buis – E. D. de Cambon, née de Riquet (f) (p) – P. R. Cavin (p) – J. C. H. de Clermont-Tonnerre (p) – A. Coessin de Laboraye (p) – A. E. F. G. de Crussol d’Amboise (p) – A. F. Decaix – L. G. Dervilly (p) – C. F. M. Dorival (p) – M. F. Duplessis-Chatillon, veuve de Narbonnet-Pelet (f) (p) – C. J.-L. de Fossé – M. de Fossé, sa femme, née Scheffer (f) – J.-B. Fournier – J. Frécault-Lanty (p) – G. Grammont, veuve d’Ossun (f) (p) – G. M. Guichard, veuve Viguier (f) (p) – J. Guillemeteau (p) – L. M. A. d’Husson (p) – L. Janthial – M. P. Jozeau (p) – R. F. Laboulaye (f) – J.-F. Laurent (p) – M.-C. Lepelletier, veuve de Chimay (f) – M.-A. Leroy (f) – J. S. Loizerolles (p) – F. Lopriac-Donge, veuve de Querhoënt (f) – P.-F. Mahé (p) – C. J. F. de Manneville, veuve de Colbert-Maulévrier (f) (p) – J. Martin, dit Henry – J. V. de Micaut (p) – J.-F. Moineau – A. T. Nonant-Pierrecourt, veuve de Narbonne-Pelet (f) (p) – J.-B. H. Postel-Desminières – N. A. Renard du Coudray (p) – M. Ribeyrex – C. F. S. de Saint-Simon (p) – M.-C. Senneterre, veuve d’Armentières (f) – H. C. de Thiart (p) – C. L. de Trudaine – C. M. de Trudaine, son frère cadet – C. P. de Vigny (p) – A. D. B. Viotte (p)
Autres (2) : A. D. J.-B. F. Duclos (dét) – M. P. L. Prenpain (dét)
Info : Marie Alexandre Renée de Butler, née de Jassaud, Thérèse Françoise de Grimaldi-Monaco, née de Stainville, Louise Cécile Quévrin et Madeleine Hentiette Sabine de Talleyrand-Périgord, née de Viriville, se pré-tendirent enceintes et furent envoyées à l’échafaud le lendemain, 9 thermidor (W432.971).
Info : Il existe deux procès-verbaux d’exécution pour cette journée : Moineau et 27 autres, Dusson et 21 autres, soit 50 personnes (W530). N’apparaît sur aucun de ces procès-verbaux le nom de Charlotte Jacqueline Françoise Manneville, veuve Colbert-Maulévrier, condamnée à mort ce jour avec Moineau et les autres (W433.972). Or le procès-verbal Moineau porte bien sur 28 personnes, mais indique deux fois Adélaïde Marie Nonant Pierrecourt veuve Raymond Narbonne Pelet. Il manque donc une personne : la veuve Colbert-Maulévrier. En outre, le procès-verbal Dusson ne porte que sur 21 personnes, pas 22. Le total de la journée est donc de 49, pas 50.
27 juillet 1794 (9 thermidor an II)
Exécutés (49) : S. Alarose-Labrenne – G. J. Arfelière (p) – M. F. Aubertin (p) – J.-L. M. Aucane (p) – G. S. Barthou de Montbas (p) – J.-B. Béchon d’Arquin (p) – P. C. Bernard – A. J. de Brillon (p) – P. de Brillon-Bussé (p) – A. G. Brumeau de Beauregard – M. A. R. de Butler*, née de Jassaud (f) (p) – C. M. Charpentier, dit Cadet – J. Cluny (p) – C. P. Coqueau (p) – F. D. M. Courlet de Boulot (p) – P. Durand Puy de Vérine (p) – M.-M. Durand Puy de Vérine, sa femme, née Barcos (f) (p) – L. N. Duval (p) – P.-L. Foicier (p) – J. Gillet (p) – T. C. Girard (p) – T. F. de Grimaldi-Monaco*, née de Stainville (f) (p) – E. N. Guérin – J. Guyot de Rijoux – J.-C. Larcher Latouraille (p) – G. E. Lavoisien (p) – L. A. Legay – L. F. Lejeune (p) – J. A. Lhuillier – G. Loison (p) – A. Loison, sa femme, née Maurice (f) (p) – P. Marche – L. Merry (p) – J. F. Monghelchotte (p) – L. C. M. de Montcrif (p) – P. L. de Montcrif, son père (p) – J. B. Perrel (p) – L. C. Quévrin* (f) (p) – F. N. L. Rouvière de Bois-Barbeau – J. de Saint-Hilaire (p) – G. F. de Sallé – F. A. Séguin (p) – J. Serres de Saint-Roman (p) – F. Sommesson (p) – M. H. S. de Talleyrand-Périgord*, née de Viriville (f) (p) – P. Turin, veuve d’Aulier (f) (p) – J. G. Vallot (p) – R. Vauquelin de Vrigny (p) – J. Watrin (p)
Libérés (2) : J. L. Aviat-Turot – T. C. Coriolis, ex-femme Blanchard (f)
Info : Les noms de Brillon-Bussé et de la femme Durand sont rayés dans les questions aux jurés. Le premier est néanmoins compris dans le jugement. Les deux furent exécutés le 9 thermidor comme l’atteste le procès-verbal d’exécution de mort de ce jour (W530).
Info : Il existe deux procès-verbaux pour les exécutions de ce jour : Lhuillier et 23 autres, Aucanne et 20 autres, soit 45 personnes (W530). Les 4 personnes en plus sont les femmes Butler, née de Jassaud, Grimaldi-Monaco, née de Stainville, Quévrin et Talleyrand-Périgord, née de Viriville, qui s’étaient prétendues enceintes la veille et qui furent envoyées à l’échafaud et exécutées ce jour (W432.971). Il n’y a pas de procès-verbal d’exécution à leur nom.
28 juillet 1794 (10 thermidor an II)
ROBESPIERRISTES (1)
Exécutés (22) : J. C. Bernard (p) – C. J. M. Bougon (p) – C. Cochefer (p) – G. Couthon (p) – J.-B. M. Dhazard (p) – R. F. Dumas (p) – J. E. Forestier (p) – A. Gency (p) – A. N. Gobeau (p) – N. Guérin (p) – F. Hanriot (p) – D. E. Laurent (p) – J.-B. Lavalette (p) – J.-B. E. Lescot-Fleuriot (p) – C.-F. Payan, l’aîné (p) – J.-M. Quenet (p) – M. M. I. Robespierre, l’aîné (p) – A. B. J. Robespierre, le jeune (p) – L. A. Saint-Just (p) – A. Simon (p) – N. J. Vivier (p) – J. L. F. Warmé (p)
Info: Il n’y a pour ce jour et cette fameuse fournée qu’un procès-verbal d’exécution de mort, intitulé Dumas, Fleuriot, ex-maire, et 20 autres (W530, ci-dessous). Ces autres ne sont pas précisés, mais ce sont tous les condamnés du jour, au nombre de 22 (W434.975).
Info : Antoine Gency, 33 ans, tonnelier, membre du Conseil général de la Commune de Paris, exécuté ce jour, avait été acquitté et libéré le 7 mai précédent (W360.767). Voir la note de ce jour.
29 juillet 1794 (11 thermidor an II)
ROBESPIERRISTES (2)
LA COMMUNE DE PARIS
Exécutés (69) : J. Alavoine (p) – B. Arnaud (p) – S. Baudouin, dit Boulanger (p) – J.-J. Beaurieux (p) – J.-B. Bergot (p) – J.-P. Bernard (p) – C. Besnard (p) – C. Bigaut (p) – J. N. Blin (p) – J.-B. Cauchois (p) – J. Cazenave (p) – J.-B. Charigny (p) – J.-P. Charlemagne (p) – F. L. Chatelain (p) – J. P. Coru (p) – J. L. Cresson (p) – R. T. Daubancourt (p) – P. N. Delacour (p) – C. A. Deltroit (p) – C. H. Desboisseau (p) – M. L. Desvieux (p) – P. F. Devaux (p) – L. F. Dorigny (p) – P. Dumetz (p) – D. J. Dumontier (p) – J.-P. Eudes (p) – J. L. Faro (p) – M. Gamaury (p) – J.-L. Gibert (p) – J.-C. Girardin (p) – P. Girod (p) – R. Grenard (p) – P. Henry (p) – P. Hœner (p) – P. S. J. Jault (p) – A. Jemptel (p) – N. Jérome (p) – A. G. Jobert (p) – C. Jonquoy (p) – P. L. Lamiral (p) – J. N. Langlois (p) – M. F. Langlois (p) – J. Lasnier (p) – E. M. Lauvain (p) – J.-B. E. Legendre (p) – P. J. Legrand (p) – J.-C. P. Lesire (p) – P. A. Louvet (p) – J.-J. Lubin (p) – J. N. Lumière (p) – A. Marcel (p) – L. J. Mercier (p) – M. M. A. Mercier (p) – D. Mettot (p) – J. Mœne (p) – J. Morel (p) – F. A. Paffe (p) – J. Paquotte (p) – P. L. Paris (p) – F. Pelletier (p) – J. Ravel (p) – P. Rémy (p) – P. Sijas (p) – E. A. Souard (p) – J.-B. C. Talbot (p) – P. Tanchon (p) – J. G. F. Vaucanu (p) – J.-B. Vincent (p) – M. Witchericht (p)
Info : Cette fournée, la plus importante de toutes, est aussi la plus problématique. Il y eut ce jour deux « jugements » portant chacun sur 35 personnes (W434.976 et W434.977), soit 70 personnes. Il y a également deux procès-verbaux d’exécution de mort, correspondant à chacun de ces jugements : Bernard et 34 autres, Legrand et 35 autres, soit 71 personnes (W530). Mais ne figurent sur le procès-verbal Legrand que 35 personnes, au lieu des 36 annoncées. Il y eut donc bien 70 personnes exécutées officiellement, en réalité 69, puisque Guittard signale que Lelièvre, oublié, fut exécuté le lendemain. Par ailleurs, des listes d’époque ou d’historiens font apparaître un, deux ou trois noms de plus, à savoir : Nicolas Naudin, 35 ans, menuisier, demeurant section du Temple, membre de la Commune (Le Moniteur, Guittard, Buchez et Roux, P. Sainte Claire Deville, G. Walter), J.-M. Tembay ou Tambay (Le Moniteur, XXI, p. 560 ; Buchez et Roux, XXXIV, p. 105 ; G. Walter, p. 315) ou Tonabay (Guittard, p. 440), soi-disant administrateur de police, et Benoît Blaise Pitet, 38 ans, demeurant section du Muséum (Campardon, Rabourdin). Notons tout de suite qu’aucune de ces personnes ne figure dans les dossiers du Tribunal révolutionnaire ni sur les jugements imprimés ni sur les affiches (W540) ni sur aucun des procès-verbaux d’exécution (W530), et qu’elles ne figurent donc pas dans notre liste.
Gérard Walter qui oublie Jérôme note au sujet de Naudin : « Naudin, présent à la séance du 9, fut arrêté à la Maison commune. Talbot, parti peu de temps avant la fin de la séance, put regagner son domicile. Il fut arrêté dans la matinée du 10. L’un et l’autre allèrent à l’échafaud le 11. » (La conjuration du Neuf Thermidor, Editions Gallimard, 1974, p. 280, note 1) En fait, Walter base son affirmation sur la liste du Moniteur qu’il reproduit telle quelle. Paul Sainte Claire Deville note de son côté au sujet de Naudin : « Exécuté le 11. Son nom a été omis sur le jugement, mais il a été coché sur la liste de la salle de l’Egalité, et il figure sur le procès-verbal d’exé-cution. » (La commune de l’an II, Plon, 1946, p. 374) Les procès-verbaux d’exécution attestent pourtant le contraire. De leur côté, Emile Campardon et Monique Rabourdin, pour lesquels Tembay et Naudin sont inconnus, comptent tous deux Pitet, tambour, section du Muséum. Son nom apparaît bien dans les listes des individus mis en jugement, mais non en tant que personne mise elle-même en jugement. Il faisait partie des personnes convoquées pour attester l’identité d’un des prévenus. Pour sa part, il attesta, ainsi que Jean Cradue ou Fradue, 18 ans, tambour de la section du Muséum, celle de Jean-Pierre Bernard (W434.976, W540).
(Les numéros devant les noms ont été rajoutés par moi.)
30 juillet 1794 (12 thermidor an II)
ROBESPIERRISTES (3)
Exécutés (13) : J.-J. Arthur (p) – F. R. Camus (p) – P. Cietty (p) – A. Friry (p) – P. E. Gillet-Marie (p) – J.-B. Grillet (p) – J. E. Lahure (p) – J.-F. Lechenard (p) – C. N. Leleu (p) – N. Lelièvre (p) – L. Nicolas (p) – P. F. Queniard (p) – C.-F. Teurlot (p)
Info : Dans son journal, Guittard note ce jour : « Le Lièvre [condamné la veille] était oublié ; il est du nombre des rebelles et a été condamné à mort aussi. » Il a donc été exécuté le 12 thermidor, quoiqu’il figure bien sur le procès-vebal d’exécution de mort du 11 thermidor. Mais, les procès-verbaux étant semble-t-il rédigés à l’avance, il arrive qu’il y ait des erreurs (voir la note du 7 juillet 1794). Du reste, le procès-verbal du 12 thermidor a disparu.
1er août 1794 (14 thermidor an II)
DECRET : Fouquier-Tinville, accusateur public près le Tribunal révolutionnaire est décrété d’arrestation. La loi du 22 prairial est abolie. Le Tribunal révolutionnaire est réorganisé et son personnel renouvelé. (Procès-verbal de la Convention nationale) Il le sera de nouveau le 2 janvier 1795 (13 nivôse an III).
5 août 1794 (18 thermidor an II)
Exécuté (1) : P. A. Coffinhal (p)
14 août 1794 (27 thermidor an II)
Libéré (1) : L. Railet
15 août 1794 (28 thermidor an II)
Libéré (1) : F. Roussel
17 août 1794 (30 thermidor an II)
Libéré (1) : J. Hamel
18 août 1794 (1er fructidor an II)
Exécutés (2) : A. Lavaud – J. Saumont, dit Labran
Libérés (6) : J.-F. Gobilllet – C. A. Hue Caligny – J. P. F. Kalop – F. Perron – T. H. Piennes – C. Saumont, née Maury (f)
Info : Hue Caligny, Gobillet, Kalop et Piennes, acquittés le 21 juillet 1794 (3 therm. II), renvoyés en détention pour seulement 24 heures, ne furent finalement mis en liberté que ce jour. (W427.962)
19 août 1794 (2 fructidor an II)
Libérés (20) : F. Blanc – M. Broutin, veuve Souville (f) – P. Canut – C. Denis – J. H. Fischer (16 ans) – A. Fremont Froleur – C. Fremont, sa femme, née Poulain (f) – L. Gilbert – P. Guichard – J.-B. Leclerc – G. Lefevre – J. Lefevre, son frère – J.-B. Lemaire – L. Le Suisse – J. Marniesse – M. Menard – M. Meslin (ou Melin) – M. A. Rianne – C. Thiron – J. A. F. Vandermarc
20 août 1794 (3 fructidor an II)
Libérés (15) : G. Bastard – J.-B. Benazet – J.-J. C. Bresson – B. Cabanon – M. A. Cadet (f) – J. B. G. Chovory – L. Dicquemare – N. Dupré – A. Faure, dit Chevalier – J. A. Gindroz – T. Gormand – P. Lacombe – J. Lanchere – M. Lanchere, sa femme, née Very (f) – A. Pezet Corval
21 août 1794 (4 fructidor an II)
Libérés (5) : R. Boudot – J. Bouroux – G. Lasjunier – C. Marguery – J. H. Valant
Autre (1) : J. Novion (dét)
22 août 1794 (5 fructidor an II)
Exécutés (2) : F. Deschamps (p) – J.-B. M. Gonard
Libérés (15) : P. A. Faure – J. Fleury – A. Gauthier, fils – C. F. Gauthier, père – J. C. Gauthier, sa femme, née Henry (f) – J. Hauzo – C. Huet – J. A. R. Lalondrelle – F. Lanchere, fils aîné – F. Lefebure – L. Nouard, veuve Bocquillon (f) – F. Sinseit – M. A. E. Sinseit, sa femme, née Barbet (f) – J. Wolski – J. L. Yvrié
23 août 1794 (6 fructidor an II)
Exécuté (1) : P. T. Baillemont (p)
Libérés (5) : F. Auphant – P. J. Du Val – A. G. F. Lallemand Lecoq – Menou, dit La Fleur – J. Morin
Info : François Auphant, acquitté le 7 thermidor, ne devait rester que 24 heures en détention mais fut libéré ce jour. (W431.969)
24 août 1794 (7 fructidor an II)
Libérés (2) : U. Guittière – J. Negrié
25 août 1794 (8 fructidor an II)
Libérés (4) : F. Flory – M. Le Blanc, veuve Soyer (f) – M. L. Poule (ou Poulot), née Marprince (f) – G. Poule (ou Poulot), sa fille (f)
27 août 1794 (10 fructidor an II)
Libérés (5) : J. Boze – Doucet – G. A. Goureau – M. J. Lebel (f) – J.-L. Loy
28 août 1794 (11 fructidor an II)
Exécuté (1) : J. Servin
Libérés (2) : C. Miquet – J. Morin
29 août 1794 (12 fructidor an II)
Libérés (9) : L. Billoret – J.-F. E. Canaple – A. M. Delair – F. Douilly – A. Dubor – J. Le Sieux – V. M. G. L’Hullier – C. L. M. Meraud – C. Petit
30 août 1794 (13 fructidor an II)
Libérés (4) : A. Lepercheux – F. Lepercheux, sa femme, née Barberie (f) – G. R. Momet – P. Pourtalès
31 août 1794 (14 fructidor an II)
Libérés (4) : F. Bucon – P. J. Degoiste – J. Rogé – J.-F. Trotyanne
1er septembre 1794 (15 fructidor an II)
Exécuté (1) : J. J. Lemonnier (p)
Libérés (44) : J. N. Ardon – J. A. Aubert – S. Chevalier – A. F. Chevazu, fils – A. Chicot – P. M. Compère – G. Constant – J. L. Dehureau – L. Delaterre – C. A. Deremy – F. M. Dijon – L. F. Docaigne – J.-B. F. Dornière – J. Emiot – P. Gobelet – L. Goust – J.-B. Guerin – J. C. Heymen, dit L’Allemand – J. E. Jallot – J.-B. Jourmet – P. P. Leroux –L. P. T. Mansiaux, dit Chevalier – J.-F. Martigny – F. N. Martin – N. M. Masson – J.-M. Nicaud, dit Duguy – A. Nicolas, l’aîné – T. Oger – P. F. Perriac – J.-J. Philidor – E. V. Pilnar (ou Pillas) – R. V. Poiret – J. G. Poix – J. Ponsard – J.-F. Poulain – J.-B. Queudan – F. Regnault – J. Richard – H. Samson – P. C. Samson – P. A. S. Tricadeau – A. J. Tugot – E. Turot – M. F. Varoque
Autre (1) : J. N. Pasquier (dét)
Info : Exceptés Aubert, Nicaud (W441.51) et Dornière (W443.71), tous les acquittés du jour étaient des sectionnaires parisiens (membres de Comités de surveillance, de bien-faisance ou civils ou de la garde nationale) accusés, comme Lemonnier, seul condamné du jour, d’avoir pris part à la rebellion de la Commune le 9 thermidor. La section de l’Indivisibilité est la plus représentée, avec 10 personnes. Viennent ensuite les sections du Faubourg-du-Nord et des Sans-Culottes, avec 5 chacunes ; puis celle de l’Observatoire, avec 3 ; puis celles de Bondy, des Gravilliers, du Finistère, de Chalier, de Mutius-Scævola, de la Réunion et des Arcis, avec 2 chacunes ; et enfin celles des Droits-de-l’Homme, de la Maison-Commune (section de Lemonnier), du Nord et Le Pelletier, avec 1 chacunes. (W444.72)
Info : Les noms d’Aubert et Nicaud ne figurent sur aucun dossier. L’ordonnance d’acquit les concernant se trouve dans le dossier de Marie Le Blanc, veuve Soyer, libérée le 8 fructidor an II (25 août). (W441.51)
2 septembre 1794 (16 fructidor an II)
Libérés (2) : P. J. P. Agober Labarre – M. F. R. Avril, veuve Devarieux (f)
3 septembre 1794 (17 fructidor an II)
Exécuté (1) : J. Paumier
Libérés (8) : J. Bottier – C. Crevel – E. Crevel, sa femme, née Touroux (ou Touroude) (f) – J.-B. R. Crochereau – J. Desaigues – E. Duflos, veuve Devé (f) – M. S. N. Funeroz, née Inkruz (f) – F. D. Lemaître
4 septembre 1794 (18 fructidor an II)
Exécuté (1) : J.-B. Bouvret
Libéré (1) : J. Curé
5 septembre 1794 (19 fructidor an II)
Exécuté (1) : J. Lombard
Libérés (5) : J.-B. M. V. Bourdon – F. E. Bourgeois Gueudreville – L. A. Chedeville – J.-B. La Pierre – C. J. Parant
7 septembre 1794 (21 fructidor an II)
Libérés (2) : D. Grincourt – P. Viala
Autres (3) : A. Beaugard (renv) – J. Berillon (dét) – H. Bourguignon (f) (dét)
Infos : N’apparaît pas ici Nicolas Millet, envoyé en maison de santé le 9 juin précédent pour avoir crié Vive le roi et libéré, guéri, ce jour. (W382 888)
8 septembre 1794 (22 fructidor an II)
Exécuté (1) : N. Desfies
Libérés (17) : J. Breslé – F. J. Burger – A. Chatlin – J. Dourb – M. Hartmann – J. D. Heyl – M. Hũgel – J. Kofflent – M. Kofflent (18 ans) – F. Meyër (17 ans) – A. Müller (ou Mïller) – J. Müller (ou Mïller) – J. G. Müller (ou Mïller) – M. Müller (ou Mïller) – J. Schott – S. Smitt – C. Uble
9 septembre 1794 (23 fructidor an II)
Exécuté (1) : T. Menegaud
Libérés (3) : L. M. Bataille – P. Peyrand – E. L. Planty
10 septembre 1794 (24 fructidor an II)
Libérés (3) : M. Breté (f) – L. Hervé – J.-B. Moret
11 septembre 1794 (25 fructidor an II)
Autre (1) : C. Joblet (dét)
12 septembre 1794 (26 fructidor an II)
Exécuté (1) : N. Sannies (p)
13 septembre 1794 (27 fructidor an II)
Libérés (2) : F. Lamarre – J. B. Montané
14 septembre 1794 (28 fructidor an II)
LES NANTAIS
Exécuté (1) : L. Godineau, dit Flambart
Info : Louis Godineau, dit Flambart, 53 ans, journalier à Traversonne (Vienne), semble avoir eu un frère, Jean, de 42 ans, journalier comme lui. Le jugement est bien au nom de Louis Godineau (W449.107).
Libérés (98) : J. Alloneau – T. Arnous – N. Aubry – R. J. Ballan – M. P. C. Bascher – P. F. Belle – J.-F. Berenger, dit Mersix – F. Billard – P. Biré – J. Bodin des Plantes – R. A. Bourot – F. Briand – J. Brière – J. Bruneau, dit Lasouchais – G. Cassart – J. Castellan – T. Charboneau – P. D. Chardot – L. Chaurand – J. M. H. Chauvet – F. Chere – J. Clanchy – E. Claude, née Aubry (f) – J. A. Crespin – A. Crignon – J.-P. Defrondat – A. Delaunay – T. Desbouchand – J.-B. P. M. Devay – J. M. Dorvo – R. C. Dreux, père – C. J. Dreux, fils – D. Dubra – J.-B. Duchesne – J.-F. Duparc – F. Y. Durocher – A. A. Espivent – R. Estourbillon – C. A. Fauvel – A. Fleuriot – F. M. Forget – P. Fournier – A. Garnier – J. Gazet – T. Gestin – P. C. Hamon, dit La Thebaudière – A. Hernault – F. Hervé – N. Huguet – J. Issautier – L. Jaillan – H. James – P. F. Lamé Fleury – P. Laporte – H. N. Latoison – P. A. M. Latour – P. Lecomte – J.-B. Lemasne – J. Leroux – J. C. Mabille – P. C. Malmusse – B. Margerin – P. J. Marie – R. Martel – J. Martin, dit Duradier – P. J. Maublanc – P. Mercier – S. Monty – J.-B. B. Oufroy Breville – B. M. Pantin, dit Laguerre – A. Pecot – J. M. Pelerin – F. M. Perichou Kerverseau – P. A. Perotin – F. A. L. Phelippes, dit Tronjolly – J. Pichelin, père – J-M. Pichelin, fils – E. Pillot – S. A. A. Pineau, dit Dupavillon – F. A. Poirier – A. C. Poton – F. A. Pouchet – L. C. Poydras – F. Pussin – F. M. J. Renaud – J.-B. F. Reteau – J. H. Sauquet – P. J. M. Sottin, aîné, dit Lacondière – J.-M. Sottin, son frère – P. Speckmann – B. Süe – A. L. Taillebois – J.-B. Thebaud – C. F. M. Thomas – S. L. L. Tiger – P. Vallot – F. R. M. Varsavaux – G. M. T. Villenave
Info : Le procès des Nantais qui amena le procès de Carrier, déboucha ce jour sur 94 acquittements (W449.105). Pillot, Aubry et la femme Claude, de Colombey (Meurthe), furent acquittés dans le cadre d’une autre affaire (W448.104), ainsi que Pierre François Belle, de Mâcon (W449.106). Godineau, le seul exécuté du jour, était lui aussi étranger à l’affaire de Nantes (W449.107).
Info : Pierre François Belle fut bien acquitté le 28 fructidor an II, non le vingt-neuf comme cela est écrit en toutes lettres à la fin de l’ordonnance d’acquit. (W449.106)
15 septembre 1794 (29 fructidor an II)
Libérés (4) : C. Blin – P. Durand Pellot – J. Loup – F. L. Noirot (ou Noiraut)
16 septembre 1794 (30 fructidor an II)
Libéré (1) : C. Destourbet
17 septembre 1794 (1er jour sans-culottide an II)
Exécuté (1) : J. J. Bousquet (p)
Autre (1) : J.-B. Allais (18 ans) (dét)
18 septembre 1794 (2e jour sans-culottide an II)
Libérés (4) : P. Boch – M. Carpentier – F. Cotta – J. A. Martin
Autres (2) : J.-F. Fontaine Lavitonnière (dét) – P. François (dét)
19 septembre 1794 (3e jour sans-culottide an II)
Exécutés (3) : J. Blat – J. Lavergne – P. Rigoulet
Libérés (5) : M. E. Bertin, née Pasquillon (f) – J. Duhamel – F. Grafe – C. L. Jannin – J. E. Morcourt
Autres (2) : C. Degre (dét) – E. Pluvinet du Colombier (dép)
20 septembre 1794 (4e jour sans-culottide an II)
Libérés (6) : A. Azan – L. G. Châtenay de Lenty – N. Genieyes – M. Genieyes, sa femme, née Saller (f) – M. A. Lacan, née Rey (f) – G. Preboustau
Autre (1) : J. Anglade (dét)
22 septembre 1794 (1er vendémiaire an III)
Libérés (5) : G. T. Anger – T. Anger, son père – E. Bourgeot – C. G. E. Bournisien – J. J. Goude
23 septembre 1794 (2 vendémiaire an III)
Libérés (3) : C. A. Legendre – F. Malegue – N. B. Nocart
Autres (3) : M. C. H. Campet Saujeon, veuve Boufflers (f) (dét) – J. A. V. Delestenne (dét) – A. C. Puchot Desalleurs, ex-femme Boufflers (f) (dét)
24 septembre 1794 (3 vendémiaire an III)
Exécuté (1) : J. E. Etienne (p)
Libérés (4) : A. Georget – J.-F. Lagasse – B. L. J. Roland – M. A. R. Roland, sa femme, née Maréchal (f)
25 septembre 1794 (4 vendémiaire an III)
Exécutés (4) : J. M. Dorzat – A. Guignard – P. Leforestier (p) – P. Leprince
Libérés (20) : P. Auvray – J.-B. Carpentier – C. G. Chevassu – N. Cirier – M. David, dit Ferata – J. Douzelot – A. François – P. J. Frier – B. Gallerand – E. Gandinot – P. Grain – P. Lalleman – M. A. Michel, née Seuil (f) – B. H. Negre – N. S. Porché – J. Revel – C. Richard – J. Rosier – E. L. Viret – B. Vives
26 septembre 1794 (5 vendémiaire an III)
Libérés (6) : J. E. Barré – P. F. Bichon Latour – J.-B. Coulon – L. X. Dentremeuze – J. I. Foissey – R. F. Piquot
Autres (2) : A. M. Cassenac (dét) – M. A. C. Cassenac, sa femme, née Breton (f) (dét)
27 septembre 1794 (6 vendémiaire an III)
Libérés (3) : J. Bougenot – A. Jaquesson – M. P. Taboulay (f)
Autres (2) : G. Paris (4 ans fers) – J.-B. Perret-Maisonneuve (dét)
28 septembre 1794 (7 vendémiaire an III)
Libérés (2) : Labarre, née Desnos, mère (f) – P. Petit
29 septembre 1794 (8 vendémiaire an III)
Exécutés (2) : J. M. Toullone, veuve Cordellier (f) – C. J. Vuilhem
Libérés (12) : F. Augagneur – P. Ducarre – A. B. Durand – J . A. Lavachere – P. Lombard – F. M. Loth – F. M. Mamessier – J. Marcescheau – F. Mathey – C. Papillon – P. F. Silvestre – E. Vatrin, née Pognon (f)
30 septembre 1794 (9 vendémiaire an III)
Libérés (38) : C. Aiemon, née Annesse (f) – M. Bazinet – M. F. Bergeot, née Rochard (f) – P. Bernard – J.-B. Bobé – F. A. Boilleau – F. C. Bonney, née Rochard (f) – L. Bony – N. J. Bouchier – Bougeot – E. Brunvarlet, veuve Colin (f) – L. J. Calot – E. Charlot – M. Charbot, née Remy (f) – L. Chepy – J.-B. Cousin – M. Cuny Lomballe, née François (f) – C. Debeux, née Colin (f) – H. Destivaux – N. Fromy – J.-F. Gautier – E. Gérard, née Genon (f) – L. Godet – J. Gougiet (f) – N. Grenet – E. Hocmel – P. Jacquet – P. Leclanché – J.-P. Lefevre – L. A. Léo – C. Lombard – E. P. Marche, dit Barjouville – A. Masson (f) – J.-F. Mellot – J.-B. Noailles – M. F. Perignon, née Gérard (f) – H. Pognon – N. Renaudin
Autres (4) : F. Fancheux, née Henriquez (f) (dét) – V. Fancheux, sa fille (f) (dét) – C. Larbouilliad (dét) – A. P. Noël (dép)
Info : Le dossier de Bougeot est vide. Est simplement marqué sur la page de garde : « 9 vendémiaire an III, liberté ». (W457.168)
Info : Ce jour fut jugée l’affaire de Dun (Meuse). Des 35 personnes impliquées, 2 furent condamnées à mort et exécutées le lendemain, 33 furent acquittées et libérées, sauf la mère Fancheux et sa fille, maintenues en détention en raison de parents émigrés (W458.176). Etaient acquittés dans le cadre d’autres affaires Boilleau (W458.173), Bougeot (W457 168), Calot (W458.174), Charlot (W458.171), Leclanché (W457.170), Lombard (W457.167) et Marche (W458.172).
1er octobre 1794 (10 vendémiaire an III)
Exécutés (2) : P. Aublin* – C. Jacquet*, née Renaud (f)
2 octobre 1794 (11 vendémiaire an III)
Libérés (2) : E. P. Hachin Courbeville – F. Lacombe
Autre (1) : E. P. Lamolere (dét)
3 octobre 1794 (12 vendémiaire an III)
Exécuté (1) : J. Raux
Libérés (10) : J. F. Durand – M. T. Durand, sa femme, née Fabert (f) – P. H. Gérard – M. E. Gérard, sa femme, née Vaultran (f) – F. Goly – I. Gond – J.-B. Guillar, dit Lacroix – C. Laposse – M. M. Marchand (f) – F. Remache
4 octobre 1794 (13 vendémiaire an III)
Libérés (10) : J.-B. Barré – N. Berthelemy – J.-B. G. Colle – A. M. Cordier, née Pantelage (f) – J.-B. Douce – M. C. Godard, veuve Thibault (f) – C. Godbillot – L. Henry – P. Lefevre – R. Marandel
Autre (1) : D. Sabatier (dét)
5 octobre 1794 (14 vendémiaire an III)
Exécuté (1) : P. Davesne* (p)
Libérés (4) : P. J. Grimeissen – M. E. Grimeissen, sa femme, née Rœderer (f) – J. Reveillé – J. J. V. Vernier
Info : Le non-lieu de Jean Joseph Valentin Vernier, commissaire des guerres de la 17e division, arrêté au bureau des malades à Paris, est daté à la fois du 14 vendémiaire en entête, et du quinze, en fin de document. (W460.189)
6 octobre 1794 (15 vendémiaire an III)
Libérés (3) : M. A. Bertier, née Galant (f) – J. Gardet – J. A. Marin
Info : N’est pas noté ici Jean Joseph Valentin Vernier, compté la veille. Voir la note.
7 octobre 1794 (16 vendémiaire an III)
Libérés (5) : F. Bazin – J.-M. Dussange – J. Goussé (ou Gousset) – L. Merignac – J. F. Rey
8 octobre 1794 (17 vendémiaire an III)
Exécutés (7) : J. Billiard – P. Boureau – P. A. Chabrignac, dit Condé – F. Drouin – A. Guerrier – H. F. Guillon du Plessis – E. P. Renard
Libérés (10) : F. Bonneville – E. Calouard – P. T. Charpantier – C. E. Fontanges (f) – L. R. Garreau – M. A. Girault – J.-B. Guespey – L. Guillon – U. Metay – L. G. Vaubecourt
Autre (1) : J. Moreau St Martin (dét)
9 octobre 1794 (18 vendémiaire an III)
Libérés (17) : P. A. F. Bérulle – A. L. N. Bérulle, veuve Latourdupin (f) – F. M. Blondeau, veuve Rolland (f) – L. J.-B. Boucher – P. Bouis – S. Brioland, née Caillet (f) – I. Burrer (17 ans) – L. H. V. Callardeau – P. Carmantrand, dit Court d’argent – J.-B. Chauveau – A. C. Duquesnoy – L. Poussain – A. Rateau – M.-A. Thiebaud (f) – J. D. Trevey – L. A. Trouche – J. Vouron
Autre (1) : P. A. Dulac (dét)
10 octobre 1794 (19 vendémiaire an III)
Libérés (16) : P. Attas, dit La Pointe – L. L. F. Brancas Lauraguais – E. J. F. Chieusses, dit Vilpey – F. Cordies (f) – A. Court – E. Court, son frère – P. Crochet (f) – J. N. Depinois – N. R. Gauffe – J. Gavet – J. R. Lecauf, dit Banoville – R. M. L. Loubers – A. C. F. Maillar, veuve Harcourt (f) – J.-B. Planson – J. P. Poisson – C. A. Sivard Beaulieu
Autres (10) : A. A. Beaudreville (dét) – B. J. S. Berthou, née Lahaye (f) (dét) – M. A. J. Camprond, veuve d’Anneville (f) (dét) – J. Dursus (dét) – L. T. S. A. La Cour (dét) – J. V. Lamare, née Béatrix (f) (dét) – M. S. F. Lamperiere, veuve Poirier (f) (dét) – J. F. Mesnildot, née Jallot (f) (dét) – M. C. T. Simon, veuve Lamare (f) (dét) – J.-F. Vauquelin (dét)
12 octobre 1794 (21 vendémiaire an III)
Exécuté (1) : F. A. Marguet (p)
Libérés (3) : L. C. Bergevin – F. P. Chafar – C. Lafond Savines
13 octobre 1794 (22 vendémiaire an III)
Libérés (10) : M. Chasaud, née Chiland (f) – P. Chiland, dit La Rigaudie – L. Colas – J. Frappet – P. Gratan – F. Guibert – C. S. H. Hennet – E. Lapetite – J.-B. Le Courtois – B. Vauréable
Autres (4) : Bernard, aîné (renv) – M. Bernard, son frère (renv) – P. Combes, père (renv) – P. P. De Caix (renv)
14 octobre 1794 (23 vendémiaire an III)
Libérés (7) : M. Barbuot, veuve Ganay (f) – A. L. Dubois de Coëbourg (ou Dubouays de Coiusbou) – P. M. Hayer du Perron – M. Morillot, veuve Marey (f) – F. A. Pichard Caillere – H. Robin – L. J. P. N. Savary Calail
Autres (2) : G. Bardon Duméage (dét) – E. Lahossois (dét)
15 octobre 1794 (24 vendémiaire an III)
Exécuté (1) : F. Beaufils
Libérés (16) : E. J. A. S. Aubery, l’aîné – J.-B. B. Bonnefou – L. Brée – L. Clément – C. Dosle – L. Gonel (18 ans) – Hourdé – E. Jouaneau – Pierre Labauge, père – Pierre Labauge, fils (16 ans) – M. P. Malfilatre – E. N. Ogoumare – C. A. Olivier – E. Roger, veuve Secbach (f) – G. Serda – B. Touron
16 octobre 1794 (25 vendémiaire an III)
Libérés (11) : P. Barthès, dit Labiche – B. Fauconnier Bernaville, née Percy (f) – L. Henry – P. H. H. Le Forestier – F. C. A. Leherissier, née Hué (f) – J.-F. R. Le Roy, dit Campgrain – J. B. Levasseur, dit Dhiéville – M. V. Lottin, née Fertel (f) – F. B. C. Mauconvenant – M. L. C. Mauconvenant, sa femme, née Le Filastre (f) – M. Richarme
Autres (4) : M. T. Du Trésor, née Crèvecœur (f) (dét) – J. Jean, dit Sans Peur (dét) – R. C. Lagonnivieve (dét) – J. Lagonnivieve, née Regnouf (f) (dét)
17 octobre 1794 (26 vendémiaire an III)
Libérés (2) : P. Odocourter – J.-B. Vernier, fils
Autres (2) : M. Castelan (dét) – J.-L. Trotobas (dét)
18 octobre 1794 (27 vendémiaire an III)
Libérés (10) : R. Chauchy – P. F. Cordier – M. Dubois (f) – N. F. Dunoyer – A. Faverot, veuve L’Etoublon (f) – J. Herblot – J. J. L’Etoublon – G. Mercier – J. Ruffray – F. Thoynel
Autres (3) : G. A. Delort (dét) – A. J. Dutrousset Dobsonville (f) (dét) – J. E. Le Dain (dét)
19 octobre 1794 (28 vendémiaire an III)
Libérés (9) : P. Alexis – J. P. F. Audiffret – E. F. Bouley – F. M. J. Delaville – B. Dufour – J. Lacoste – G. F. O. La Rousselière – M. A. Pilot (f) – M. P. Rousseau
Autre (1) : J. Charrier (dét)
20 octobre 1794 (29 vendémiaire an III)
Libérés (7) : D. M. Altaroche – F. Boisson – A. Corcoral, aîné – A. A. Corcoral, le jeune – J.-F. Mialhe – A. Tabart – J. A. Vial
Autres (2) : J. M. Avice (dét) – L. Reguex (renv)
21 octobre 1794 (30 vendémiaire an III)
Libérés (20) : A. Alaric – J. Albier – L. d’Aubech – J. Braconnat – A. Chaumont – J. Froment – L. Grossaint – A. Lacoste – M. Lafagerdie, veuve d’Arluc (f) – F. Lagarde – M. A. Lajunie, veuve Brossard (f) – P. J. Lelardeux – P. Mauduit – F. Melon jeune – J. J. Meynard, dit Fourtou – G. Polonière – L. Saint-Priest du Chambon – J.-P. Sartelon – F. Saugeyron – J. J. Soustré
Info : Des 20 personnes libérées ce jour, 16 d’entre elles avaient déjà été acquittées par un tribunal compétent. Elles étaient originaires de Tulle (Corrèze), sauf Alaric qui était d’Aurillac (W473.293). Les 4 autres personnes libérées étaient Grossaint (W472.291), Lelardeux (W472.292), Mauduit et Polonière (W472.290).
22 octobre 1794 (1er brumaire an III)
Libérée (1) : B. de Wenter (f)
23 octobre 1794 (2 brumaire an III)
Libérés (5) : J.-B. Delaitre (ou Deletre) – L. Douceur – P. J. Leborgne – J. L. Lemaire – A. J. Lhuillier
24 octobre 1794 (3 brumaire an III)
Libérés (4) : A. Brodhay, fille (f) – J. Fleury – L. Philippe, fils (17 ans) – C. P. M. Radix de Sainte-Foy
Autres (5) : J.-J. Brodhay, père (6mois.p) – J. Broquet (6mois.p) – D. Maguin (6mois.p) – A. Philippe, père (6mois.p) – C. J. Verdat (6mois.p)
Info : Excepté Radix de Sainte-Foy, toutes les personnes acquittées ce jour étaient prévenues d’avoir fait passer des valeurs d’or et d’argent à l’étranger, trafic organisé par Brodhay. Les 5 personnes reconnues coupables, sans intentions contre-révolutionnaires, furent condamnées à 6 mois de détention et à une amende du quart de la valeur des biens saisis et envoyés. (W473 299)
25 octobre 1794 (4 brumaire an III)
Libérés (8) : J. Baratte – J. F. B. Chabot (f) – J. H. Gauthier (f) – M. U. Grelier (f) – J.-B. Laperche – P. Pilliot – P. P. Pottofeux – J. Rubaud
Autre (1) : P. L. J.-B. Pusel (dét)
26 octobre 1794 (5 brumaire an III)
Libérés (11) : G. F. Bolé (f) – P. Brâley – J.-L. Charlet – P. Deforges (18 ans) – N. Demain – S. Goyard – C. Le Blanc – M. A. Le Blanc, sa femme, née Doucet (f) – C. Mathieu – J.-B. Toussaint – N. Toussaint, son frère (?)
Info : Claude Mathieu, 29 ans, bourrelier à Montagne-sur-Aisne, ci-devant Sainte-Menehould, libéré ce jour par délibération du Tribunal assemblée en la Chambre du Conseil (W474.308), avait été acquitté mais gardé en détention comme suspect le 9 décembre 1793 (W301.318).
27 octobre 1794 (6 brumaire an III)
Libérés (7) : E. F. Brochand – J. A. M. Brochand, sa femme, née Allais (f) – P. Chevalier, dit Bresse – E. J. S. Foulon Decotier – J. Pernel – J. Pion – J-B. D. V. Rochambeau
28 octobre 1794 (7 brumaire an III)
Libérée (1) : E. Aubonnet, née Seuré (f)
29 octobre 1794 (8 brumaire an III)
Libérés (3) : F. Boquet – J.-B. Sirey – J. J. Urvoy, née Guerin (f)
30 octobre 1794 (9 brumaire an III)
Exécutés (3) : P. Montel de Lambertie* – P. Moulin* – P. E. Pipaud*
Libérés (11) : F. I. Anstelt – F. Butenschoen – M. F. Chevallier (f) – E. P. Clavel – J. H. Godin – J. S. Herr – J. D. Hess – J. Koller – J.-J. Nestlin – L. Schram – F. Voigte
31 octobre 1794 (10 brumaire an III)
Libérés (6) : J. G. Fouinat, dit Brecy (14 ans) – A. Largues – J. J. Lespinasse Bournarel – C. F. P. Mouchet – J.-B. Rabanide – F. Surdour
Autres (2) : A. Combret, dit Marsillac (dét) – L. Dufraisse, dit Devianne (dét)
1er novembre 1794 (11 brumaire an III)
Exécuté (1) : F. Bidan
Libérés (6) : J. Alba – J. L. Cras – J. Duguet – J. Goupillier – F. Laurant – J. Royer (ou Royere)
Autres (3) : R. Mercier (dét) – Antoine Michaux, père (dét) – Antoine Michaux, fils (dét)
2 novembre 1794 (12 brumaire an III)
Libérés (51) : A. André – J.-P. Aujulas – J. Autayon (26 ans) – M. Autayon, née Thibet (f) (48 ans) – J. Autezon – A. Boisset – F. Boissin Laroche – L. J. Bonnaure (42 ans) – P. Bonnaure (35 ans) – J. Brahie – M. Chrestof (ou Christol), née Sivolfiere (f) – J. J. N. Desbouller (30 ans) – M. Desbouller (31 ans) – J. F. S. Deslebres – M. Divol (f) – B. Ducros – L. Duffes – Jacques Dumas (60 ans) – Jean Dumas (21 ans) – Jean Dumas (40 ans) – Jean Dumas (57 ans) – Joseph Dumas (25 ans) – Joseph Dumas (68 ans) – Louis Dumas (49 ans) – Thomas Dumas (35 ans) – J. Gros – A. Hugard – André Jullian (33 ans) – Jacques Jullian (49 ans) – Jean Jullian (51 ans) – Joseph Jullian (43 ans) – L. R. F. S. La Sommaiserie – P. Malignon – B. Mathieu (22 ans) – J. Mathieu (51 ans) – J. Nadal – J. Pagés (65 ans) – P. Pagés (30 ans) – Antoine Pascal (38 ans) – Pierre Alban Pascal (25 ans) – Rose Pascal (f) (22 ans) – A. Perre (26 ans) – J. Perre (18 ans) – G. F. Ranque – P. Roumestant – J. Thoulouze (25 ans) – P. Thoulouze (22 ans) – E. Venissa (25 ans) – J. Venissa (55 ans) – M. Venissa, née Thibon (f) (53 ans) – L. With
Info : Toutes ces personnes, sauf 4, demeurant à Creuzière supérieure (Ardèche) ou dans le district, étaient prévenues de complicité dans l’assassinat de Malignon, agent national de la commune de Cruzières-Saint-André (Ardèche) qui avait fait arrêter puis libérer des déserteurs. Elles furent libérées par non-lieu (W478.338). Les 12 jeunes en âge de la réquisition (Jean Autezon, Pierre Bonnaure, Jean Jacques Nicolas Desbouller, Barthe-lémy Ducros, Thomas Dumas, André Jullian, Baptiste Mathieu, Pierre Alban Pascal, Antoine et Jean Perre, Jean Thoulouze et Etienne Venissa) furent en outre enjoints de rejoindre leurs corps. N’étaient pas concernés par cette affaire La Sommaiserie, Ranque, Hugard et With, ces trois derniers, acquittés, étant contraints de restituer à qui de droit des sommes perçues par eux auprès de volontaires. (W477.337)
Info : Augustin Hugard, 31 ans, ex-libraire à Strasbourg, acquitté ce jour dans une affaire de détournement de jeunes de la réquisition à prix d’argent (W477.337), avait déjà été acquitté et libéré dans le cadre d’une autre affaire, le 12 mai (2 floréal) précédent (W363.793).
3 novembre 1794 (13 brumaire an III)
Libérés (9) : J. G. Boisset – J.-B. L. Deveze – A. L. R. Dubourg, ex-femme Le Muet Thurigny (f) – A. Fleurisson – M. Gravier, veuve Fleurisson (f) – C. F. Maucler, veuve Doyen (f) – G. Rampillon – L. R. Ranconnet Noyau – J. Trousselot, née Loudinot (f)
Autre (1) : N. Bergasse (dét)
Info : Jacques François Bernot-Charant, mis en liberté provisoire le 8 juin 1793, fut définitivement rendu à la liberté ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W479.344)
4 novembre 1794 (14 brumaire an III)
Libérés (10) : J.-C. Boutay – M. Boutay, sa femme, née Pierrot (f) – J. Chambon, née Laroche (f) – F. L. Commerell – J.-F. Euvrard – F. G. Gambs – C. A. Grosdidier – C. L. E. Linange, veuve Lowenstein (f) – P. Philippe – B. Tort, dit Lasonde
5 novembre 1794 (15 brumaire an III)
Libérés (6) : P. Herluison – G. Magnin – C. F. Mesny, dit Daniel – A. Munier – J. D. Papegay (f) – P. Seigné
Autre (1) : N. Million (dét)
6 novembre 1794 (16 brumaire an III)
Exécuté (1) : B. Arcelot
Libérés (3) : A. Lamotte – M. C. Marchand (f) – J.-B. Thibaut
7 novembre 1794 (17 brumaire an III)
Libérés (2) : G. Auproux – J. Wencker
Autre (1) : M. Méry, née Mouxi (f) (renv)
Info : La liberté provisoire accordée le 7 octobre 1793 à Pierre Méel fut rendue définitive ce jour. Etant déjà libre, il n’est pas compté ici. (W482 363)
8 novembre 1794 (18 brumaire an III)
Libérés (10) : G. Calliot – G. Carra – P. R. Frignet, dit Moutant – A. Huet – F. C. Kellermann – J. Le Noan – L. Leteur – F. R. Pean – P. Reculet – F. N. Souché, dit Bremodiere
9 novembre 1794 (19 brumaire an III)
Libérés (3) : P. J. Blien (13 ans) – J. Planche – J. F. Pretot (ou Pretat)
Info : La décision concernant Pierre Joseph Blien, 13 ans, éventailliste à Paris, avait été ajournée à 6 mois le 8 mai 1794 (W362.778bis). Le Tribunal révolutionnaire assemblé en la Cham-bre du Conseil le rendit à la liberté ce jour. (W483.375)
11 novembre 1794 (21 brumaire an III)
Libérés (3) : J. Berthomé – F. Boer – G. Poullet
12 novembre 1794 (22 brumaire an III)
Libérés (11) : J.-B. Beausire – P. G. Dufrene – G. Maire, née Ecarnot (ou Carnot) (f) – G. Malroc, père – P. Malroc, fils – C. A. Minary – J. Pouget – P. Rigolage (f) – J. C. Rouvairoller – J. G. T. Simorre – P. Voyzin
Autre (1) : N. C. Chambaud (dét)
13 novembre 1794 (23 brumaire an III)
Libérés (5) : A. Bourgeois – A. Briard – J.-F. Chamois – M. E. Dasson, née Preaudeau (f) – J. Moreau St Martial
Info : Mis en liberté provisoire le 26 octobre 1793, Jean-Charles Thomas Asselin et Jean-Jacques Constant Renard furent rendus définitivement à la liberté ce jour. Etant déjà libres, ils ne sont pas comptés ici. (W292.200, W485.391)
14 novembre 1794 (24 brumaire an III)
Libérés (5) : P. Bracelet – E. Cart – C. B. Decaisne, fils – P. Decaisne, père – E. Reslu
15 novembre 1794 (25 brumaire an III)
Libérés (2) : C. Mugeherc, veuve Vigerale (f) – L. F. Savarin
Autre (1) : J. A. Levet (dét)
16 novembre 1794 (26 brumaire an III)
Libérés (9) : G. Bernot – P. Degreve – C. Degreve, sa femme, née Kiefer (f) – M. Delaporte – F. M. Le Vanier – C. Pajot – J.-J. Rayna – M. Reffatin – J.-J. L. M. Villa
17 novembre 1794 (27 brumaire an III)
Libérés (2) : P. Benoit (f) – J. Dezanneau
Autres (2) : J.-B. Luzy (dét) – H. Luzy, sa femme, née Baillard des Combaux (f) (dét)
18 novembre 1794 (28 brumaire an III)
Libérés (36) : J.-L. Ansel – M. L. Anselin (f) – M. Aubry, veuve Ansel (f) – J. Bender – C. J. Bergau – M. M. Bourse (f) – P. Darmenson – M. A. Darmenson, sa femme, née Corbeau (f) – J.-C. P. Dessirier – D. Dhuart – M. Dhuart, sa femme, née Cabouilly (f) – C. A. H. Duvalk – M. J. Fasquelle (f) – M. Goulet, veuve Aubry (f) – A. Henck – G. Klarmann – P. J. Lanchy, père – M. F. Lanchy, sa femme, née Petitquenot (f) – H. Lanchy, fils – J. A. Lanchy, fille (f) – J. F. Lanchy, fille (f) – L. Marçais – N. Omont – E. Omont, sa femme, née Sandrey (f) – L. Pelisson (f) – C. M. Pelletier – M. F. Pelletier, sa femme, née Leverve (f) – M. C. Receveur (f) – J. Rethaller – M. A. B. Rethaller, sa femme, née Dassonville (f) – M. Rethaller, frère – R. J. Rethaller, sa femme, née Hellebois (f) – J. Scherer – A. Vanderline (f) – A. Versen – F. A. Welke
Autre (1) : P. L. Bureau, dit Charmoy (dét)
19 novembre 1794 (29 brumaire an III)
Libérés (9) : P. J. Baudot – J. F. Boillon – J. N. Boillon, sœur (f) – M. G. Boillon (f) – J.-F. Colligny – J.-F. Gosse – J. E. Lobereau – M. J. C. Malmusse – J. N. G. Pierrot
Autre (1) : J. D. V. Gosse (dét)
21 novembre 1794 (1er frimaire an III)
Libéré (7) : E. Battant (ou Battaut) – L. B. Dhilliers – D. M. Jullien – M. Lemaître – A. Sarrazin – P. Sarrazin, son frère – A. Vauchelet
22 novembre 1794 (2 frimaire an III)
Libérés (7) : F. M. Dubreil, veuve Dubreil (f) – M. Ferron Sigonnière (f) – M. C. Locquet – F. Logerot Beaumont (f) – H. Logerot Montortout, sa sœur (f) – L. Noirjean – D. Toigat
Autre (1) : P. A. Vaussy (3mois.p)
Info : Pierre Anne Vaussy, 24 ans, cuisinier, caporal fourrier au 1er bataillon de Jemmapes, arrêté à Blois, s’était fait passer pour un représentant du peuple afin d’extorquer des con-tributions aux citoyens. Acquitté de crime contre-révolutionnaire, il était néanmoins condamné à payer 15 livres d’amendes et à 3 mois de détention. (W488.423)
23 novembre 1794 (3 frimaire an III)
Libérés (3) : J. Portanier – S. Schmith – F. Viala (f)
24 novembre 1794 (4 frimaire an III)
Libérés (2) : J. André – P. D’Ervillé
25 novembre 1794 (5 frimaire an III)
Libérés (6) : C. J. Castarede – N. Colbert – P. Duval – L. A. Fasquelle – J. P. Joblet – F. Sentis
27 novembre 1794 (7 frimaire an III)
Libéré (1) : J. Lanty
28 novembre 1794 (8 frimaire an III)
Libéré (1) : M. L. R. Rançon (f)
Info : Marie Louise Restitue Rançon, marchande en gros de cocardes et boutons à Paris, n’était pas à pro-prement parler libérée. Acquittée de crime contre-révolutionnaire, elle était condamnée à passer 4 jours en prison et à payer une amende de 5 livres. Autant dire rien. (W490.436)
29 novembre 1794 (9 frimaire an III)
Libérés (4) : J.-B. J. Barré – C. J. Gamache (f) – J. G. Leblond – G. Queyssat
1er décembre 1794 (11 frimaire an III)
Libérés (2) : B. George – J. A. F. Daudier
2 décembre 1794 (12 frimaire an III)
Libéré (1) : B. Poux
3 décembre 1794 (13 frimaire an III)
Libérés (4) : M. F. Carle-Mogelly (f) – A. J. Parez – C. Parez, sa femme, née Laporte (f) – J. V. Tons
5 décembre 1794 (15 frimaire an III)
Libérés (2) : J.-B. Chaustier – C. Coudray
Autre (1) : C. F. Barral, veuve Fontanges (f) (dét)
Info : Le dossier de la veuve Fontanges ne contient que l’inventaire des pièces, celles-ci ayant été remises au Comité de sûreté générale le 8 nivôse an III. (W490.447)
6 décembre 1794 (16 frimaire an III)
Libérés (4) : S. Bée – P. F. Buchet – S. Dumoulin d’Escoutancerie (f) – J. L’Huillier
Info : Simon Bée, grenadier au 25e régiment, et Joseph L’Huillier, grenadier au 67e régiment du Languedoc, arrêtés tous les deux à Clermont (Oise) pour propos inciviques, avaient été renvoyés à leurs corps respectifs le 3 décembre 1793 sur décision du Tribunal (W300.301). Mais ils étaient restés en prison et ne furent libérés par non-lieu que ce jour, après 14 mois de détention (W490.449).
7 décembre 1794 (17 frimaire an III)
Libéré (1) : F. Foucher Monceau
Info : Les principales pièces du dossier de François Foucher Monceau, procès-verbal d’audience, questions aux jurés et ordonnance d’acquit, manquent. Son acquittement est signalé sur la couverture du dossier. (W491.452)
8 décembre 1794 (18 frimaire an III)
Libérés (8) : L. A. André – L. Biscarrat – F. U. Brion, veuve Dume (f) – L. J. Dauvillers – F. Lansard – F. Menil – J. Pelegrin – A. Philipon
Autre (1) : C. V. F. Du Bois, née d’Arthaud (f) (dét)
9 décembre 1794 (19 frimaire an III)
Libérés (4) : L. T. Baron – F. G. T. Baron, sa fille (f) – C. M. Cacqueray – L. H. Landron
11 décembre 1794 (21 frimaire an III)
Libérés (5) : J. Arbouys, dit Grand Cadet – E. Bargès – C. T. Béon – A. M. Hue, dit Mousseron – P. Obilet
12 décembre 1794 (22 frimaire an III)
Libérés (8) : J. Bouquet – C. G. V. J.-B. B. Duwicquet – R. V. Duwicquet, sa sœur (f) – M. H. Germain (f) – T. Jourdan – L. Pinet – J. Rousseau – M. P. B. Rousseau, son fils
Autre (1) : P. Lascous (dét)
13 décembre 1794 (23 frimaire an III)
Libérés (2) : T. J. Lefevre – J.-F. René
15 décembre 1794 (25 frimaire an III)
Libéré (1) : J.-M. Lagarde Saignes
16 décembre 1794 ( frimaire an III)
CARRIER ET SES COMPLICES À NANTES
Exécutés (3) : J.-B. Carrier (p) – M. Moreau, dit Grandmaison – J. Pinard
Libérés (30) : J. M. Bachelier (ou Bachellier) – A. N. Bolognie – J. Boulay – J. Boussy – J. Chartier – P. Chaux – F. Coron – N. Crépin – P. Ducout – J.-F. Durassier – C. Forget – P. Foucault – P. Gallon – J. Gauthier – J.-J. Goulin – P. Guillet – J. d’Héron – J.-B. Joly – C. F. Lefebvre – J. Lévêque – P. Macé – J.-B. Mainguet – L. Naud – R. Naud – J. O’Solivan – J. Perrochaux – Y. Proust – C. Richard – P. Robin – J. Vic
17 décembre 1794 (27 frimaire an III)
Libérés (9) : M. Chavanne, veuve Mondion (f) – L. Ferré – L. F. Ferrieres Fauxbœuf – P. Gracet – J. Guillot, dit Larchevêque – N. F. Le Roy – J. Meallet Paulveriès, dit Des Courges – A. Meuguio – J. M. Pannet
18 décembre 1794 (28 frimaire an III)
Libérés (3) : J. A. Bourgeois – F. Giraud – P. I. Rousset
DECRET : Toutes les procédures commencées par le Tribunal révolutionnaire sont suspendues en attendant son renouvellement. (Procès-verbal de la Convention nationale)
2 janvier 1795 (13 nivôse an III)
DECRET : Le personnel du Tribunal révolutionnaire est renouvelé. (Procès-verbal de la Convention nationale) Il l’avait déjà été le 1er août 1794 (14 thermidor an II).
24 janvier 1795 (5 pluviôse an III)
DECRET : « Aucun individu dénoncé ne pourra être renvoyé au tribunal révolutionnaire sans un rapport préalable du comité de sûreté générale. » (Procès-verbal de la Convention nationale)
30 janvier 1795 (11 pluviôse an III)
Libéré (1) : A. Rouquette
1er février 1795 (13 pluviôse an III)
Libéré (1) : J.-B. C. Vaubertrand
Autres (3) : J. Blum (renv) – A. Gœppers (renv) – J. Kuhn (renv)
3 février 1795 (15 pluviôse an III)
Autres (13) : A. Autonat, veuve Richou (f) (renv) – G. Bernard, née Charasse (f) (renv) – J. Chalambert (renv) – M. Chalambert, sa femme, née Richou (f) (renv) – A. Gimbert (renv) – C. Gimbert, sa femme, née Bonnefoi (f) (renv) – P. Gruau, dit Hangevin (renv) – M. Gruau, sa femme, née Richou (f) (renv) – P. Marchand (ou Pierre ?) (renv) – M. Patures (renv) – A. Richou (renv) – E. Richou (renv) – Vergne (renv)
Info : Toutes ces personnes, prévenues de vol de deniers publics les 26 nivôse et 16 pluviôse an II, étaien renvoyées devant le directeur du juré de Riom (W495.493). Notons qu’il y a peut-être une erreur de nom. Le document ne permet pas de savoir si Pierre Marchand était forain ou si cette personne s’appelait Pierre, marchand forain.
4 février 1795 (16 pluviôse an III)
Libérés (1) : J.-B. S. Demangeot
Autres (2) : J. Lauriere (dét) – P. Prévérault (dét)
5 février 1795 (17 pluviôse an III)
Libéré (1) : A. F. Charpentiers
6 février 1795 (18 pluviôse an III)
Libéré (1) : B. Bailleul
Autres (2) : J.-P. Mouly (renv) – F. Verdier (renv)
7 février 1795 (19 pluviôse an III)
Libérés (2) : F. Dubois, aîné, dit Jacques Clouet – J.-F. Dubois, cadet, dit Jean Lefevre (18 ans)
9 février 1795 (21 pluviôse an III)
Libéré (1) : A. Veuillet
Autres (2) : A. Marjolain (renv) – F. Ollivier (renv)
11 février 1795 (23 pluviôse an III)
Libéré (1) : P. Pillet
Autres (2) : D. P. Cabaret (renv) – N. Deschamps (renv)
Info : Ne pas confondre Philibert Pillet, 43 ans, ci-devant curé constitutionnel de la paroisse de Cours, district de Villefrance (Rhône-et-Loire), accusé d’avoir tenu des propos contre-révolutionnaires et de fanatisme, rendu ce jour à la liberté par jugement du Tribunal révolutionnaire assemblé en la Chambre du Conseil (W495.505) avec son parfait homonyme acquitté l’année précédente, le 16 mai 1794 (27 floréal an II) (W366.817).
14 février 1795 (26 pluviôse an III)
Libéré (1) : A. Frédéric
15 février 1795 (27 pluviôse an III)
Libérés (3) : J. A. Aubert (17 ans) – J.-M. Campana – F. N. J. Py (17 ans)
16 février 1795 (28 pluviôse an III)
Libérés (2) : B. Flamand – F. Humblé
Autre (1) : F. Cleradin (renv)
17 février 1795 (29 pluviôse an III)
Libérés (3) : F. Guilbert – M. Lacoste, dit Lagelie – F. Vergnasco
20 février 1795 (2 ventôse an III)
Libéré (1) : J. V. Delacroix
22 février 1795 (4 ventôse an III)
Exécutée (1) : M.-T. Jacquet*, née Marchal (f)
Libérés (2) : J.-B. Cazin – J. Rivierre
Info : Le Tribunal révolutionnaire assemblé en la Chambre du Conseil fit mettre ce jour Jean Rivierre en liberté (W496.521). Chose unique et étrange, le Tribunal rendit exactement le même jugement le 22 floréal suivant (11 mai) (499.551). Voir la note à ce jour.
23 février 1795 (5 ventôse an III)
Libérés (2) : T. Buraud (18 ans) – A. Pascal Neveu
Autres (2) : C. Cavaillé, née Bonnet (f) (dét) – B. Raynal (dét)
24 février 1795 (6 ventôse an III)
Autre (1) : A. L. B. Magnie (renv)
1er mars 1795 (11 ventôse an III)
Libéré (1) : C. N. Bordeaux
2 mars 1795 (12 ventôse an III)
Libéré (1) : J. S. Robillard
4 mars 1795 (14 ventôse an III)
Libérés (2) : G. Derissart – F. Tourret
9 mars 1795 (19 ventôse an III)
Libéré (1) : C. Perrin
12 mars 1795 (22 ventôse an III)
Autre (1) : T. W. Bardon (dét)
13 mars 1795 (23 ventôse an III)
Autres (2) : V. Pierry (renv) – P. Toy (renv)
14 mars 1795 (24 ventôse an III)
Autres (2) : J. Franck (renv) – N. Plessis (renv)
16 mars 1795 (26 ventôse an III)
Libérée (1) : M. Conversa, dite Sophie (f)
21 mars 1795 (1er germinal an III)
Libéré (1) : A. Lacroix
23 mars 1795 (3 germinal an III)
Autre (1) : A. A. Bonet (renv)
25 mars 1795 (5 germinal an III)
Libéré (1) : T. Mottier
26 mars 1795 (6 germinal an III)
Libéré (1) : S. Dufresse
1er avril 1795 (12 germinal an III)
Autres (2) : J. Corbeau, dit Beauvais (renv) – F. Reiker (renv)
5 avril 1795 (16 germinal an III)
Autre (1) : L’Angrade (renv)
7 avril 1795 (18 germinal an III)
Libéré (1) : H. Hadouin
Autre (1) : M. Forel (renv)
13 avril 1795 (24 germinal an III)
Autres (3) : C. Beaulieu (renv) – J.-F. Laplanche (renv) – G. Rouchaud (renv)
Info : Claude Beaulieu, cultivateur, Jean-François Laplanche, expert géomètre, et Gilbert Rouchaud, officier de santé, tous trois deumerant à Gannat (Allier), prévenus d’avoir coupé un arbre de la liberté à Gannat et d’avoir attaché une cocarde blanche à un autre, furent renvoyés au tribunal criminel de l’Allier. (W498.541)
25 avril 1795 (6 floréal an III)
Autres (5) : F. Deslandes (renv) – P. Dumenne (renv) – J. Guécho (renv) – Jolivet (renv) – A. Kmorvan (renv)
27 avril 1795 (8 floréal an III)
Autres (2) : N. Brescha (dét) – P. Philip (renv)
28 avril 1795 (9 floréal an III)
Autres (2) : J. Ekmillner (dét) – F. Saitz (dét)
Info : Johnn Ekmillner, ainsi qu’il signe, est noté Jean Neckmir. (W498 545)
1er mai 1795 (12 floréal an III)
Libéré (1) : C. Hébert
Autre (1) : A. Férat (renv)
2 mai 1795 (13 floréal an III)
Libéré (1) : A. Vigouroux (ou Vigoureux)
6 mai 1795 (17 floréal an III)
Libérés (7) : J.-B. T. Beausire – F. M. Delaporte – G. Deliège – G. Ganney – J. Guiard – C. Harny – A. M. Maire
Autres (8) : J. E. Brochet (dét) – P. N. Chrétien (dét) – M. Duplay (dét) – J.-B. Lohier (dét) – M. C. Naulin (dét) – B. Treÿ (dét) – F. Trinchard (dét) – J. L. Valagnosc (dét)
Info : Jean-Louis Valagnosc, alors agé de 28 ans, ex-peintre en bâtiment à Paris, avait été condamné le 16 décembre 1793 à 6 heures d’expo-sition sur la place de la Révolution et à 12 ans de fers pour avoir abusé de la qualité de membre du comité révolutionnaire de la section des Termes de Julien (W302.332). En attendant son transfert, il avait été incarcéré à Bicêtre. Il avait alors dénoncé au Comité de la section Chalier le projet de ses compagnons de chaîne de s’évader en route. Sa première lettre étant restée sans réponse, il avait de nouveau écrit le 2 prairial an II (21 mai) une lettre qui, cette fois, avait été transmise au Comité de salut public (vue par Robespierre et Barère) qui la transmit le 19 prairial (7 juin) à la Commission des administrations civiles, police et tribunaux qui la transmit à son tour, le 23 prairial (11 juin), à l’administration de police et à la Commission de la marine et des colonies. Le 25 prairial (13 juin), le Comité de salut public avait déféré 15 détenus de Bicêtre au Tribunal révolutionnaire et, les 28 prairial et 8 messidor (16 et 26 juin), 73 personnes (37 + 36) avaient été exécutées sous prétexte de conspiration à Bicêtre. Acquitté ce jour dans le procès des ex-membres du Tribunal révolutionnaire où il figurait comme délateur, Valagnosc fut cependant renvoyé en prison, sans toutefois que sa peine de 12 ans de fers soit confirmée (W499 550).
7 mai 1795 (18 floréal an III)
FOUQUIER-TINVILLE
Exécutés (16) : P. G. Benoist* (p) – P. J. Boÿaval* (p) – C. L. Chatelet* (p) – F. Dupaumié* (p) – E. Foucault* (p) – A. Q. Fouquier-Tinville* (p) – F. P. Garnier-Launay* (p) – P. F. Girard* (p) – A. M. J. Herman* (p) – M. E. J. Lanne* (p) – P. N. L. Le Roy*, dit Dix-Août (p) – J.-L. Prieur* (p) – L. Renaudin* (p) – G. T. Scellier* (p) – J. Verney* (p) – J. Vilate* (p)
Info : Dernière lettre de Fouquier-Tinville, destinataire inconnu : « Je n’ay rien à me reprocher, je me suis toujours conformé aux loix ; je n’ay jamais été créature de Robespierre ny de Saint Just ; au contraire j’ay été sur le point d’être arrêté quatre fois, je meurs pour ma patrie et sans reproche : je suis satisfait ; plus tard on reconnaîttra mon innocence. A. q. Fouquier » (W499.550)
11 mai 1795 (22 floréal an III)
Libéré (1) : J. Rivierre
Info : Ce jour, le Tribunal révolu-tionnaire assemblé en la Chambre du Conseil déclare qu’il n’y a pas lieu à accusation contre Jean Rivierre, de St-Clar (Gers), « prévenu d’avoir em-ployé des manœuvres perfides et contre-révolutionnaires [c’est-à-dire des propos tenus en 1792] pour détourner les habitans des campagnes de la soummission aux loix nouvel-les », et ordonne qu’il soit à l’instant mis en liberté (499.551). Le dossier ne contient qu’une pièce : le jugement de la Chambre du Conseil du 22 floréal an III. Le 22 février (4 ventôse an III) précédent, le Tribunal assemblé en la Chambre du Conseil avait déjà prononcé un non-lieu en sa faveur et sa mise en liberté. Il était alors accusé d’avoir tenu en 1792 des propos « tendant à détourner les habitants des campagnes de la soummission aux lois nouvelles, à avilir les autorités constituées et même l’Assemblée légis-lative » (W496.521). Les jugements du 4 ventôse et du 22 floréal ne se complètent pas. Le premier n’est pas une mise en liberté provisoire, le second une mise en liberté définitive. Rivierre n’était pas non plus jugé pour une affaire dans laquelle il aurait été impliqué après sa première libération, puisqu’il s’agit manifestement de la même affaire. Sauf la date, ces jugements sont donc identiques, ce qui est unique et inexplicable.
17 mai 1795 (28 floréal an III)
Autres (3) : F. Le Batteux (renv) – Mary (renv) – F. Perdreau (renv)
31 mai 1795 (12 prairial an III)
SUPPRESSION DU TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE
DECRET : « Le tribunal criminel extra-ordinaire, créé par la loi du 13 mars 1793, est supprimé. » (art. 1) Les affai-res relevant du Tribunal révolutionnaire sont renvoyées aux tribunaux criminels qui les instruiront d’après la loi du 16 septembre 1791. « Les accusés traduits par un décret du corps législatif pour fait de conspiration ou attentat à la sûreté public, seront jugés par le tribunal auquel ils auront été renvoyés, dans la forme déterminée par la loi du 8 nivôse. Les jugements seront exécutés sans recours ni appel. » (art. 4) (Procès-verbaux de la Convention)
* Ma liste alphabétique des personnes jugées par le Tribunal révolutionnaire de Paris, ou sur le cas desquelles le Tribunal a statué, porte sur 5350 personnes (numérotation automatique, donc exacte). Le total ci-dessus (5398) ne peut évidemment pas correspondre, car certaines personnes n'apparaissent pas (notamment les condamnés qui se suicidèrent et les femmes condamnées à mort s'étant déclarées enceintes et ayant été libérées après le 9 thermidor) tandis que d'autres apparaissent deux fois. (Ce nombre est également inférieur au nombre de décisions ou jugements rendus par le Tribunal, car certaines personnes ont fait l'objet de plusieurs décisions mais n'apparaissent qu'une fois dans mes tableaux, comme celles ayant été libérées définitivement après avoir été mises en liberté provisoire.)
> 2 hommes qui se suicidèrent le jour de leur condamnation :
Le nombre de détenus politiques est tiré des Archives Parlementaires, dans lesquelles on trouve les rapports quasi quotidiens que le Comité de sûreté générale faisait à la Convention sur l'état des prisons politiques parisiennes.
Pour des personnes jugées révolutionnairement en province, voir le site : http://les.guillotines.free.fr/
21:47 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | | Imprimer |
mardi, 13 mai 2014
LA REVOLUTION (vidéo)
Philippe Landeux - Salon du Livre - 23 mars 2014
Entretien avec l'Agence Info Libre sur Robespierre et la Révolution
Cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo.
08:28 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
samedi, 11 janvier 2014
ROBESPIERRE, L'AME DE LA REVOLUTION (livre)
Maximilien Robespierre fut l’âme de la Révolution populaire et démocratique. Sa pensée est encore révolutionnaire à bien des égards et son exemple pourrait s’avérer fort utile par les temps qui courent. Les patriotes d’aujourd’hui seraient bien avisés de s’inspirer des patriotes d’antan qui eurent le courage de sauver la patrie à quelque prix que ce soit. Il est facile de jeter la pierre à ceux qui ont fait leur devoir. Mais ceux qui blâment leurs aînés sauront-ils, comme eux, préserver leurs droits, leur vie, leur peuple, leur pays ? Connaissent-ils d’ailleurs leur véritable histoire ?
« Réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République, et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux. » (Babeuf) Le peuple français ne s’y trompait pas. Ses ennemis non plus ! et pour dompter le peuple, ils ont tué ses plus généreux défenseurs, Robespierre au premier chef. Ils ont fait plus : pour faire prévaloir leurs systèmes sans avoir à les justifier, ils ont façonné un épouvantail pour que le peuple renonce de lui-même à sa propre cause et maudisse machinalement ses champions ; ils ont fait de la Révolution un crime et de Robespierre un monstre.
Mais qui était vraiment Robespierre ? Que voulait-il ? Qu’a-t-il fait au juste ? Qu’en reste-il ? C’est tout l’objet de ce livre qui est plus une étude (notamment des points controversés) qu’une biographie. Ce que chaque Français devrait savoir à son sujet est là.
Robespierre, l’Âme de la Révolution (Nation & Démocratie) est la version corrigée et augmentée de mon Robespierre, la Terreur des traîtres à la Nation (2012), titre choc mais impropre. Cette étude introduit ou complète mon Robespierre parle aux Français, intégrale de ses discours, sorti entre-temps.
Cliquez ICI ou sur l'image pour commander le livre
308 pages
16 €
SOMMAIRE
Robespierre, l'Âme de la Révolution (p. 3 à 92)
La démocratie selon Robespierre (p. 93 à 142)
Robespierre & la Vendée (p. 143 à 194)
Témoignages posthumes de contemporains (p. 195 à 206)
Annexes (p. 207 à 296)
22:20 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
samedi, 29 juin 2013
ROBESPIERRE parle aux FRANCAIS - bande audio
Bande audio de l'entretien vidéo du 30 mai 2013 avec le Cercle des Volontaires. Il s'agit d'un montage, ce qui explique que l'on passe parfois du coq à l'âne.
Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image
00h 00mn 25s — Présentation de « Robespierre parle aux Français »
00h 05mn 28s — Ma légitimité pour parler de Robespierre
00h 12mn 30s — Contre le système représentatif / la démocratie
00h 17mn 07s — (coupure)
00h 19mn 40s — Les grandes périodes de la Révolution
00h 22mn 30s — Les positions de Robespierre sous les 3 Assemblées
00h 32mn 00s — Les contre-révolutions aristocratique et bourgeoise (les Lumières)
00h 36mn 15s — Robespierre au Comité de salut public
00h 37mn 15s — Les raisons du 9 thermidor
00h 40mn 40s — Robespierre et la Terreur
00h 42mn 25s — Robespierre, l’abolition de la peine de mort et la Terreur
00h 45mn 25s — La vertu selon Robespierre
00h 46mn 38s — Robespierre populaire
00h 49mn 18s — Une révolution sans révolution / La Révolution et Largent
00h 51mn 10s — Robespierre et l’esclavage
00h 52mn 50s — Robespierre et la Vendée / républicains et royalistes
00h 59mn 15s — Robespierre et la déchristianisation (l’Être suprême)
01h 01mn 35s — Robespierre et la loi du 22 prairial an II (la Grande Terreur)
01h 10mn 25s — La Révolution et Largent
Autant de sujets en une heure, traités spontannément, nous ne les avons évidemment que survolés. Mes deux ouvrages "Robespierre, la terreur des traîtres à la nation" et "Robespierre parle aux Français" fournissent infiniment plus de détails.
03:14 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | Imprimer |
vendredi, 07 juin 2013
ROBESPIERRE PARLE AUX FRANCAIS (livre)
Pour la première fois, l'intégralité des discours de Robespierre, et bien plus encore.
Présentation : Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est exactement ce qu’ont fait les ennemis de Robespierre, figure de proue de la Révolution, apôtre de la Démocratie et champion de l’Egalité. Ils ont cru qu’en déversant sur sa mémoire les pires calomnies ils étoufferaient son souvenir, ses idées et feraient perdre au Peuple le fruit de ses leçons, de ses conseils et de son sacrifice, qui sont autant d’anathèmes contre eux. Ils ont réussi jusqu’à présent. Presque. Ils n’ont pu entièrement étouffer sa voix. Ils n’ont pu détruire ses discours. Ils n’ont pu rayer ce géant de l’Histoire. Tout a traversé le temps. Du fond de son tombeau, Robespierre exhorte encore les Français à relever la tête, à exiger la Justice, à défendre la Patrie. Si le peuple a oublié que, fut un temps, il n’écoutait et ne suivait que lui, à juste titre, il suffit de souffler sur les braises pour que ses mots et son exemple enflamment à nouveau le cœur des braves gens et rallument l’ardeur révolutionnaire.
Au-delà de son intérêt historique, le présent ouvrage est avant tout un livre de philosophie politique. En 860 pages de texte (900 pages en tout), il restitue l’intégralité des discours de Robespierre et l’essentiel de sa pensée. Il contient 30 grands discours et rapports, 6 petits discours, 3 discours non prononcés, 11 articles, 6 adresses, 82 interventions plus ou moins complètes (sans compter celles non référencées) et 12 documents divers.
18:42 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | | Imprimer |
lundi, 03 septembre 2012
L'IMPOSTURE DES LUMIERES (présentation pour RL)
« Cet air de liberté au-delà des frontières,
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige,
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige,
Elle répond toujours du nom de Robespierre,
Ma France. »
Jean Ferrat, Ma France
A FORCE D’ETRE EBLOUI PAR LES LUMIERES
ON DEVIENT AVEUGLE
Présentation de L’IMPOSTURE DES LUMIERES
pour et publiée par Riposte Laïque
Je savais depuis longtemps que les Encyclopédistes et autres philosophes tels Voltaire que l’on appelle « les Lumières » n’étaient pas la tasse de thé de Robespierre, rousseautiste comme tous les vrais révolutionnaires (Marat, Saint-Just, Couthon, etc.). « La plus puissante et la plus illustre [secte], déclara-t-il dans son discours du 18 floréal an II (7 mai 1794), était celle qui fut connue sous le nom d'encyclopédistes. Elle renfermait quelques hommes estimables et un plus grand nombre de charlatans ambitieux. Plusieurs de ces chefs étaient devenus des personnages considérables dans l'Etat : quiconque ignorerait son influence et sa politique, n'aurait pas une idée complète de la préface de notre Révolution. Cette secte, en matière politique, resta toujours au-dessous des droits du peuple : en matière de morale, elle alla beaucoup au-delà de la destruction des préjugés religieux. » Mais c’est la conférence donnée en juin dernier par Marion Sigaut, historienne, sur l’anti-humanisme des Lumières qui a attiré mon attention sur le sujet et m’a donné les éléments pour comprendre cette hostilité.
Les Lumières dont l’oligarchie nous rebat les oreilles depuis deux siècles ne sont pas les humanistes que l’on croit ; leur idéal ne fut pas celui de la Révolution, du moins celui des révolutionnaires. C’est donc une maladresse, pour ne pas dire une forfaiture, que d’associer les Lumières et la Révolution, comme d’appeler « philosophes des Lumières » tous les philosophes de cette époque, et « révolutionnaires » tous les acteurs de la Révolution. Outre que ces amalgames empêchent de rien comprendre à cette époque, ils flattent les uns sans raison et relègue les autres, plus méritants, dans l’oubli.
J’ai donc écrit un texte sur le sujet, à la fois résumé et commentaire de ladite conférence. Etant très documenté (de nombreux textes en notes), il est trop long pour être publié ici. En voici néanmoins le lien :
http://philippelandeux.hautetfort.com/archive/2012/08/20/l-imposture-des-lumieres.html
Les textes cités font apparaître que les Lumières désiraient jouir tout de suite et le plus possible, sans entrave pour eux et à quelque prix que ce soit pour les autres, pour les pauvres en particulier. S’ils chahutaient les « grands », ils méprisaient le peuple destiné, selon eux, à les servir. Ils dénonçaient à l’occasion de réels abus, mais proposaient, à leur avantage, des solutions pire encore. Ces hommes n’ont jamais mérité du peuple et de l’humanité ! Les droits du citoyen, le bien public, la souveraineté du peuple, la paix sociale, l’indépendance nationale, la justice, l’Egalité, la Liberté, la vertu, la patrie, la postérité… des mots sous leur plume ! des foutaises dans leur esprit !
Ainsi n’ont-ils jamais réclamer l’abolition de l’esclavage, mais seulement la fin de la traite devenue non-rentable. C’est d’ailleurs par l’esclavage (dans une cage de fer et sous les coups) qu’ils voulaient remplacer la peine de mort, et c’est encore à l’esclavage, dans les colonies, qu’ils vouaient les mendiants et les orphelins des hôpitaux. Ils envisageaient aussi de confier les orphelins à des paysans qui leur refuseraient toute tendresse et les soumettraient à leur place au tirage de la milice. Le peuple n’était pas « digne d’être instruit » ! Pour éviter qu’il ne tombe dans la débauche, il fallait supprimer les fêtes de village et inciter voire forcer les paysans à travailler gratos le dimanche après-midi. Ne devait évidemment avoir le droit de cité que les propriétaires. Enfin, en matière économique, suppression de la police des subsistances, suppression des corporations, « laissez faire, laissez passer », autrement dit, liberté pour les riches d’acheter, d’accaparer, de spéculer, d’affamer le peuple et de le réprimer en cas de révolte. L’aristocratie des riches, voilà ce que prônaient les Lumières ! voilà quelle fut, sous la Révolution, la ligne des Constituants et des Girondins après eux !
La Constituante (les Lumières appliquées) [voir en bas de page les repères historiques sur la Révolution] avait fait semblant d’abolir les privilèges en les décrétant rachetables (nuit du 4 août 1789), divisé les citoyens en deux classes (actifs et passifs), instauré le suffrage censitaire, exclu les pauvres de la garde soi-disant nationale, adopté la loi martiale, maintenu la peine de mort (Robespierre fut le premier à en réclamer en vain l’abolition), perpétué l’esclavage, dépossédé l’Eglise au profit des bourgeois, restauré un roi parjure, brisé les corporations, interdit les associations d’ouvriers, interdit les pétitions, instauré ce que nous appelons aujourd’hui l’ultra-libéralisme ; bref, elle avait systématiquement favorisé riches et puissants. Les Girondins, quant à eux, défenseurs de la haute bourgeoisie, s’illustrèrent en jetant la France dans une guerre contre toute l’Europe au nom de la Liberté (en réalité pour renflouer les caisses publiques et garnir les coffres privés), et en la précipitant dans la guerre civile. L’Histoire qualifie tous ces braves gens de « modérés » !
C’est Robespierre qui, à la Constituante, avait défendu, souvent seul, les droits de la nation, du peuple, des ouvriers, des pauvres, de la presse, des soldats du rang, du bas clergé, des juifs (23 décembre 1789), des Noirs, etc.. Ce sont les Montagnards (Jacobins) qui supprimèrent la distinction entre citoyens passifs et actifs, abolirent réellement les droits féodaux (17 juillet 1793), armèrent le peuple, assurèrent le pain, gelèrent le prix des denrées et produits de première nécessité, firent la guerre aux sangsues publiques, projetèrent l’institution de l’école gratuite et obligatoire, envisagèrent un système de sécurité sociale, abolirent l’esclavage (4 février 1794), etc., sans parler du fait que c’est eux qui surent mobiliser les forces de la nation pour sauver la patrie que les Girondins orgueilleux et inconséquents avaient mise en danger. C’est la déclaration des droits de 1793, inspirée de celle de Robespierre, plus audacieuse, notamment sur la question de la propriété (garantie par la société et bornée comme tout droit), qui respire l’humanisme. Quoique suspendue aussitôt en raison des circonstances, c’est la Constitution de 1793 (24 juin), pas celle de 1791, que le peuple fit sienne et réclama jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ce ne sont pas les Girondins, mais les Jacobins qui, à défaut d’être imités, inspirèrent le peuple dans les grands moments de conquêtes sociales et de résistance nationale (1814, 1871, 1940). Ce ne sont pas les Jacobins, les révolutionnaires, les Rousseau, mais les Girondins, les Constituants, les Encyclopédistes, les Voltaire, en un mot les Lumières qui ouvrirent la voie de l’élitisme crapuleux, du cynisme politique, de l’universalisme utilitaire, de la tartufferie droits-de-l’hommiste, de l’ingérence propre sur elle, du colonialisme, de la guerre impérialiste (de rapine), de l’immigrationnisme (néo-esclavagisme), de l’anti-populisme (euphémisme pour anti-populaire, anti-patriotique, anti-démocratique), de l’européisme, du mondialisme, etc.
Ainsi, quand on parle des Lumières et de la Révolution comme d’un idéal, sans trop connaître ces sujets, à quelle ligne idéologique pense-t-on réellement : à celle des Lumières ou à celle des révolutionnaires ? Qui était réellement humaniste, progressiste et démocrate ? Les révolutionnaires bien sûr, et en premier lieu Robespierre qui formula pour la garde nationale la devise qui est devenue et est encore celle de la « République ».
Ce n’est donc pas rejeter l’idéal des révolutionnaires, considérés à tort comme celui des Lumières, que de démystifier les philosophes dits « des Lumières » eux-mêmes et rétablir la vérité au sujet des uns et des autres ; ce n’est jamais que rendre à César ce qui est à César ; c’est le devoir de tout honnête homme. A qui profite d’ailleurs la confusion qui soit interdit de creuser le cas des Lumières —et il ne faut pas creuser longtemps pour découvrir la supercherie — soit empêche de connaître les révolutionnaires dont le discours est encore révolutionnaire à bien des égards ? A qui, si ce n’est aux oligarques qui, à tort ou à raison, se réclament des Lumières pour en imposer au peuple ? Peut-on combattre un système en adoptant ses mythes et sa novlangue ?
C’est pourtant dans ce piège que sont tombés, dernièrement, Jean Pavée et Cyrano. « Que cache le réquisitoire contre Voltaire, si ce n’est la volonté de déconsidérer les Lumières, la République et la France ? » (Jean Pavée, 13 août 2012) « Nous aimons trop la France des Lumières, la Liberté, la vie, le rire, l’amour, l’humour, le vin, la spécificité de nos belles régions, la bonne chair, l’esprit gaulois, pour les abandonner sans combattre à l’islam des ténèbres, sa charia, son obscurantisme, son totalitarisme, son cléricalisme, son racisme, son sexisme, son antisémitisme, son homophobie, sa culture de la mort, ses voiles, son halal, son ramadan obligatoire, son jihad et ses casernes-mosquées. Nous aimons trop la liberté et la France des Lumières pour les abandonner à l’islam des ténèbres. » (Cyrano, 20 août 2012) Ces craintes seraient compréhensibles, ces arguments seraient recevables si les Lumières avaient été les patriotes et les démocrates supposés. Or ce n’est pas le cas. L’idéal invoqué ici n’est pas celui des Lumières à proprement parler.
Pourquoi les Français devraient-ils se sentir agressés quand est renversée une idole qui n’a jamais eu que du mépris pour le peuple ? Pourquoi des démocrates devraient-ils intervenir pour sauver la réputation des zélateurs de l’aristocratie des riches ? Pourquoi des patriotes mêleraient-ils leur cause à celle de « philosophes » qui n’ont jamais regardé les hommes et les nations que comme leurs jouets et leurs faire-valoir ? Il ne faut certes pas créer un vide, mais il faut arrêter de prendre des vessies pour des lanternes. Le peuple français a eu dans son histoire assez d’hommes et de femmes exemplaires pour l’inspirer dans tous les combats sans qu’il ait besoin de s’accrocher aux héros factices que ses ennemis lui fourguent à dessein. La résistance nationale a moins besoin d’un Voltaire que d’un Vercingétorix, d’un Charles Martel, d’une Jeanne d’Arc, d’un Robespierre, d’un Saint-Just, d’un Gambetta, d’un De Gaulle, d’un Jean Moulin, etc.. Dans la circonstance, le bon mot de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire » est sans doute moins utile que cette maxime de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté » ou encore que cet article de la constitution de 1793, adopté le 18 juin (ironie de l’Histoire !) : « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire ».
Non ! ce n’est pas nous désarmer que de lâcher l’épée en carton que nos ennemis nous ont collée dans les mains. Que les oligarques et les traîtres à la patrie gardent leurs Lumières ; le peuple français est résolu à se sauver lui-même et redevient révolutionnaire.
Philippe Landeux
21 août 2012
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REVOLUTION : REPERES HISTORIQUES
1789
5 mai – Réunion des Etats généraux à Versailles. Robespierre est député du Tiers Etat d'Arras.
15, 16, 17 juin – Les députés du Tiers Etat se déclarent Assemblée Nationale.
27 juin – Louis XVI accepte la réunion des députés des trois Ordres (Noblesse, Clergé, Tiers Etats).
9 juillet – L’Assemblée Nationale proclame que son objet est la rédaction d’une constitution.
1791
21 juin – Fuite du roi. Repris, il est rétabli sur le trône.
17 juillet – Massacre des Parisiens (demandant la déchéance du roi) au Champ de Mars par la garde bourgeoise dite nationale.
30 septembre – Fin de la session de l’Assemblée constituante
1er octobre – Ouverture de la session de l’Assemblée législative. Robespierre n’est plus député. L’Assemblée est dominée par les Girondins.
1792
20 avril – La France déclare la guerre à l’Empereur d’Autriche.
10 août – Parisiens et fédérés des départements (marseillais et bretons) prennent d’assaut les Tuileries et renversent la monarchie.
21 septembre – Réunion de la nouvelle Assemblée dite Convention. La monarchie est abolie en France. Robespierre est député (élu de Paris). L’Assemblée est dominée par les Girondins, élus en province.
22 septembre – Proclamation de la République.
1793
11 mars – Massacre de Machecoul et début de l’insurrection en Vendée.
2 juin – Les Girondins sont chassés de la Convention, désormais dominée par les Montagnards (Jacobins).
27 juillet – Robespierre est appelé au Comité de salut public.
1794
27 juillet (9 thermidor an II) – Robespierre est décrété d’arrestation. Libéré par la Commune, il est repris et exécuté le lendemain. La bourgeoisie triomphe. La Révolution (au vrai sens du terme) est terminée.
18:27 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lumières, robespierre, voltaire, philosophes, rousseau, révolution, révolutionnaires | Facebook | | Imprimer |
lundi, 26 mars 2012
LA DEMOCRATIE SELON ROBESPIERRE (redif)
Instaurer l’Egalité et la démocratie, du moins en favoriser l’instauration, fut l’objectif suprême de Robespierre, celui qui guida toute sa politique tout au long de sa carrière.
Pour ce qui est de l’Egalité, ses idées n’étaient pas très originales : il ne concevait guère mieux qu’une réduction des inégalités financières, via des impôts progressifs, des exemptions, des indemnités, des aides, des taxes, etc., bref il prônait ce que nous connaissons et appelons aujourd’hui l’Etat providence. Ce n’était pas une révolution même si c’était très avancé pour l’époque et quoique personne n’ait proposé mieux depuis.
En revanche, en ce qui concerne la démocratie, Robespierre en a posé les principes absolus et, loin d’avoir été dépassée, sa pensée est encore révolutionnaire. Pour ceux qui croient que le système qu’ils ont sous les yeux est une démocratie, comme pour ceux qui croient que la dégénérescence actuelle est une conséquence de la Révolution en général et de Robespierre en particulier, rien ne peut mieux éclairer les premiers et détromper les seconds que la connaissance exacte de ses positions.
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13:16 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
mercredi, 04 mai 2011
ROBESPIERRE Histoire (version développée)
« Robespierre, ce nom qui fait ta gloire, ce nom qui porte l’effroi dans l’âme des tyrans, sera le mot d’ordre qui nous ralliera pour les combattre. »
Les Jacobins de Caen à Robespierre (alors simple citoyen), 7 mars 1792
Robespierre fut un grand homme, un grand Français, le député le plus populaire et le plus grand révolutionnaire. En tant que tel, il fut l’objet d’attaques incessantes. Sa mémoire même fut souillée de calomnies. Même les raccourcis que l’histoire oblige parfois à faire transforment son portait du tout au tout. Ainsi, son nom est aussi célèbre que son histoire réelle et son œuvre sont méconnues du grand public.
Il est pourtant primordial de connaître la véritable histoire et les idées de cet homme qui incarna la Révolution et inspira des générations de patriotes. Les Français ignorent tout ce qu’ils lui doivent ; la République elle-même a oublié qu’elle lui doit jusqu’à sa devise. Bien qu’il ait vécu et ait été exécuté il y a plus de deux cents ans, beaucoup de ses idées sont encore révolutionnaires, plus révolutionnaires que celles des révolutionnaires autoproclamés, et la vie de cet homme que l’on appelait l’Incorruptible reste un exemple.
Je me flatte d’être robespierriste. Et si l’on me demande pourquoi, ou pourquoi je tiens tant à défendre sa mémoire et à rappeler son souvenir dans toute son authenticité, qu’il me suffise de citer ce mot de Babeuf :
« Le robespierrisme est dans toute la République, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans tout le peuple. La raison en est simple, c’est que le robespierrisme est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques : donc en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »
Il est impossible d’exposer ici la richesse de la pensée de Robespierre. Pour la connaître, il faut lire ses discours ou, au moins, de bonnes biographies (Jean Massin, Ernest Hamel) ou de bonnes histoires de la Révolution (Albert Mathiez, Albert Soboul, Georges Lefebvre). Mais pour se plonger ainsi dans l’étude, encore faut-il en sentir l’intérêt et ne plus avoir de lui l’image fausse et négative qui est généralement colportée.
Peindre Robespierre sous son véritable jour et anéantir les fausses idées reçues à son sujet pour donner envie de le lire est donc le but que je me propose. J'ai réalisé deux exposés dont le présent est la version développée. (version courte ici)
ROBESPIERRE Maximilien Marie Isidore (de) :
Né le 6 mai 1758 à Arras, exécuté à Paris le 28 juillet 1794 (10 thermidor an II). Avocat, homme politique français, surnommé l’Incorruptible, universellement reconnu comme tel, figure emblématique de la Révolution française et du jacobinisme.
AVANT la Révolution
Sa mère mourut alors qu’il n’avait que six ans. Son père, avocat au barreau d’Arras, abandonna le foyer peu après. Elève studieux, il obtint des autorités ecclésiastiques une bourse pour le collège Louis le Grand, à Paris, où il fut sans doute l’élève le plus brillant puisque c’est à lui que revint l’honneur de faire au nom du collège le compliment à Louis XVI au retour de son sacre (le 11 juillet 1775).
Reçu avocat au parlement de Paris le 2 août 1781, il retourna à Arras où il fut admis au barreau de la ville le 8 novembre. Il avait encore de la famille sur place, grands-parents, oncles, tantes, et notamment sa sœur, Charlotte, et son jeune frère, Jean-Bon Augustin, appelé Augustin, surnommé Bonbon et plus tard Robespierre jeune, qu’il envoya étudier à Paris grâce à une bourse que son brillant parcours lui avait permis de décrocher pour lui. Son frère lui fut fidèle jusque dans la mort.
Il apparut de suite comme un avocat et un esprit brillants (cf. lettre de M. Ansart). Grand admirateur de Jean-Jacques Rousseau, il se fit le défenseur des faibles, des pauvres, des lumières. L’affaire la plus célèbre qu’il eut à plaider fut celle du paratonnerre de St-Omer, en mai 1783, qui, grâce à la publication de sa plaidoirie (procédé auquel il recourut régulièrement par la suite), eut un retentissement national. Dans son argumentaire, il invoquait entre autres les travaux d’un certain Marat, le futur Ami du Peuple. Une autre affaire retint l’attention, en 1786, celle de François Deteuf, maître cordier à Marchiennes, accusé de vol par un moine de l'abbaye de Saint-Sauveur d'Anchin qui se vengeait ainsi de sa sœur, Clémentine Deteuf, laquelle avait refusé ses avances. En défendant Deteuf, Robespierre n’attaquait pas la religion mais les vices d’une institution qui avait couvert les turpitudes du moine.
En mars 1782, il s’était vu attribuer un siège vacant de juge à la Salle épiscopale. La même année, il entrait dans la Société des Rosati, des jeunes gens réunis par l'amitié, le goût des vers, des roses et du vin, réunissant tout le gratin d’Arras. Il y croisa Lazarre Carnot, son futur collègue et ennemi au Comité de salut public. Il y rencontra également Joseph Fouché, oratorien, cheville ouvrière du complot du 9 thermidor. Le 15 novembre 1783, il fut admis à l’académie d’Arras dont il fut élu président à l’unanimité le 4 février 1786. En 1784, il remporta le deuxième prix du concours de l’académie de Metz, sur « l'origine de l'opinion qui étend sur tous les individus d'une même famille une partie de la honte attachée aux peines infamantes que subit un coupable ».
Quoique le tableau soit brossé à grands traits, il ressort que Robespierre, avant la Révolution, avait tout pour lui : talent, culture, réussite et reconnaissance sociale. Voir en lui un personnage aigri et envieux relève de l’absurde. L’affirmation selon laquelle Robespierre aurait été franc-maçon relève elle aussi du fantasme.
Le 8 août 1788, le royaume étant au bord de la banqueroute, le roi convoqua les Etats Généraux, c’est-à-dire l’assemblée censée représenter le corps social à travers les trois ordres d’alors : la Noblesse, le Clergé et le Tiers Etat. Cette assemblée était seule autorisée à voter la levée de nouveaux impôts et c’est à cette seule fin qu’elle avait été convoquée. Pourtant, dans le même temps, chaque partie du peuple était appelée à rédiger ses doléances et le Tiers Etats comptait bien profiter de l’occasion pour les faire valoir.
Comme tant d’autres, Robespierre s’empara de la plume. En janvier, il publia anonymement un « Appel à la nation artésienne sur la nécessité de réformer les États d’Artois », brochure dans laquelle il dénonçait la composition illégale des Etats d’Artois permanents, le mode de composition desdits Etats pour les Etats généraux (d’après lesquelles le véritable Tiers ne devait avoir que 10 voix sur 150) et tous les abus qui en découlaient. Cette brochure fut rééditée en avril, preuve de son succès. Son leitmotiv tenait dans cette phrase : « Rendez-lui [au Peuple] la liberté de choisir lui-même ses Représentans, l’Ordre renaît et les abus disparaissent. »
En mars suivant, il publia une adresse au peuple artésien dans laquelle il lui indiquait comment choisir ses représentants :
« Défiez-vous du patriotisme de fraîche date, de ceux qui vont partout prônant leur dévouement intéressé, et des hypocrites qui vous méprisaient hier et qui vous flattent aujourd’hui pour vous trahir demain. Interrogez la conduite passée des candidats : elle doit être le garant de leur conduite future. Pour servir dignement son pays, il faut être pur de tout reproche. »
Fin mars, la corporation des savetiers, la plus pauvre et la plus nombreuse de la ville, chargea Robespierre de rédiger ses doléances. Le 26 avril, il fut élu député du Tiers Etats d’Artois (5e sur 8). Robespierre était lancé dans la carrière politique qui fut toute sa vie.
C’est au début de la Constituante — probablement après le 14 juillet 1789, et non immédiatement après son élection — que Robespierre rédigea pour lui-même une dédicace aux mânes de Jean-Jacques Rousseau dans laquelle il traça la conduite qui fut en effet la sienne et qui, à ce titre, mérite d’être citée :
« La conscience d’avoir voulu le bien de ses semblables est le salaire de l’homme vertueux ; vient ensuite la reconnaissance des peuples qui environnent sa mémoire des honneurs que lui ont déniés ses contemporains. Comme toi je voudrais acheter ces biens au prix d’une vie laborieuse, aux prix même d’un trépas prématuré. Appelé à jouer un rôle au milieu des plus grands événements qui aient jamais agité le monde, assistant à l’agonie du despotisme et au réveil de la véritable souveraineté, près de voir éclater des orages amoncelés de toutes parts, et dont nulle intelligence humaine ne peut deviner tous les résultats, je me dois à moi-même, je devrai bientôt à mes concitoyens compte de mes pensées et de mes actes ».
Etats Généraux / Assemblée constituante
Robespierre était lancé dans la carrière politique. Ses principes étaient simples : unité nationale, souveraineté du peuple, égalité des citoyens en droits. Il n’en démordit jamais. Il devint ainsi le champion de la démocratie et de l’Egalité. Il en fut le martyr. Le 24 septembre 1791, le journal L’Ami du Roi lui rendit hommage en croyant le brocarder : « M. Robespierre, qui a toujours l’air de croire que ces discussions sont sérieuses [l’Assemblée retirait aux hommes libres de couleur les droits qu’elle leur avait accordés quatre mois plus tôt], monte à la tribune, armé d’un mortel discours. Ses raisons, on le devine. Unité, égalité, ces deux mots disent tout. »
Les Etats Généraux s’ouvrirent le 5 mai 1789, à Versailles. Robespierre qui, le lendemain, fêta ses 31 ans, était alors un inconnu au milieu de cette foule de 1139 députés. Il prit la parole pour la première fois le 18 mai. Il intervint des centaines de fois, que ce soit aux Etats Généraux ou à l’Assemblée constituante qui les remplaça officiellement le 27 juin 1789, et toujours pour défendre le peuple et les principes. En quelques mois, sa ténacité et sa rigueur le rendirent célèbre et populaire. Il n’était pas seulement un des députés siégeant du côté gauche, il fut très vite considéré comme le plus à gauche, à tel point qu’il était souvent isolé et devait soutenir ses idées seul contre tous. (Ainsi, le 3 mai 1790, Loustalot écrivit dans Les Révolutions de Paris : « Nous avons peu de ces hommes qui, cherchant plutôt à remplir leur devoir qu’à obtenir des applaudissements, se tiennent, comme M. de Robespierre, près des principes, et qui, bravant le reproche d’être trop chaleureux, réclament sans cesse les droits sacrés du peuple, lors même qu’ils prévoient qu’ils vont être sacrifiés. [...] Il vient de donner une nouvelle preuve de ce genre d’héroïsme en défendant seul la maintenue des districts de Paris. ») Si, dans ces conditions, il ne pouvait guère influencer les décisions de l’Assemblée à l’esprit bourgeois et aristocratique, en revanche son prestige atteignit des sommets inimaginables. Ce fut sa gloire et son malheur. Car il eut toujours plus de prestige que de pouvoir réel. Son ascendant sur les masses permit à ses détracteurs de le présenter comme un dictateur et de l’abattre en tant que tel alors qu’il n’eut jamais d’autre arme que le verbe au service de la raison.
Il est impossible de rappeler ici toutes les idées qu’il défendit, tous les discours qu’il prononça ou publia. Signalons néanmoins les plus importants.
Fin septembre 1789, il s’éleva contre le droit de veto accordé au roi. La discussion ayant été fermée avant qu’il ait pu prononcer son discours, il le publia :
« Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous. Il dit que la nation n’est rien, et qu’un seul homme est tout. S’il ajoute que ce droit appartient à celui qui est revêtu du Pouvoir exécutif, il dit que l’homme établi par la Nation, pour faire exécuter les volontés de la Nation, a le droit de contrarier et d’enchaîner les volontés de la Nation. »
Le 22 octobre 1789, il s’éleva contre la distinction faite entre citoyens dits actifs (payant « une imposition directe de la valeur locale de trois journées de travail ») et citoyens dits passifs qui privait ces derniers de nombreux droits, dont celui de cité et celui de faire partie de la garde nationale. Il prônait, lui, le suffrage universel (pour les hommes, l’idée même de l’accorder aux femmes étant à l’époque inconcevable). Il ne fit pas de grands discours à ce sujet à cette époque. La moindre allusion soulevait un tollé général. En revanche, il en publia un et en donna lecture au club des Cordeliers en avril 1791. Rappelant les articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen adoptée par l’Assemblée l’année précédente et montrant la contradiction entre ses articles et la notion de suffrage censitaire, il poursuivait :
« Mais quel est donc après tout ce rare mérite de payer un Marc d’argent ou telle autre imposition à laquelle vous attachez de si hautes prérogatives ? Si vous portez au trésor public une contribution plus considérable que la mienne, n’est-ce pas par la raison que la société vous a procuré de plus grands avantages pécuniaires ? et, si nous voulons presser cette idée, quelle est la source de cette extrême inégalité des fortunes qui rassemble toutes les richesses en un petit nombre de mains ? Ne sont-ce pas les mauvaises lois, les mauvais gouvernements, enfin tous les vices des sociétés corrompues ? Or, pourquoi faut-il que ceux qui sont les victimes de ces abus, soient en plus punis de leur malheur, par la perte de la dignité de citoyen ! »
Fin décembre 1790, il publia un grand discours sur l’organisation des gardes nationales, dénonçant une fois de plus la distinction des citoyens entre passifs et actifs et les incohérences de l’Assemblée mais entrant aussi dans le détail de leur organisation selon les principes.
« La plus inévitable de toutes les loix, la seule qui soit toujours sûre d’être obéie, c’est la loi de la force. L’homme armé est le maître de celui qui ne l’est pas ; un grand corps armé, toujours subsistant au milieu d’un peuple qui ne l’est pas, est nécessairement l’arbitre de sa destinée ; celui qui commande à un corps, qui le fait mouvoir à son gré, pourra bientôt tout asservir. […] S’il est vrai que cette institution soit un remède contre le pouvoir exorbitant qu’une armée toujours sur pied donne à celui qui en dispose, il s’ensuit qu’elles ne doivent point être constituées comme les troupes de ligne ; qu’elles ne doivent point être aux ordres du prince ; qu’il faut bannir de leur organisation tout ce qui pourrait les soumettre à son influence ; puisqu’alors, loin de diminuer les dangers de sa puissance, cette institution les augmenterait, et qu’au lieu de créer des soldats à la liberté et au peuple, elle ne ferait que donner de nouveaux auxiliaires à l’ambition du prince. »
C’est à la fin de ce discours qu’il formula la devise que les gardes nationales devaient selon lui arborer sur leurs drapeaux : Liberté, Egalité, Fraternité.
Peu de gens savent que Robespierre fut le premier à réclamer l’abolition de la peine de mort (30 mai 1791). Quant à ceux qui ont vu dans ses positions ultérieures une contradiction, ils ont confondu Badinter et Robespierre. Ce n’est pas par humanité ou par sensiblerie que ce dernier l’avait réclamée, mais au nom des principes, au nom du droit à la légitime défense que les individus ont face à leurs agresseurs mais que la société n’a pas face à des auteurs de crimes ou délits de droit commun qui ne la menacent pas.
« Hors de la société civile, qu’un ennemi acharné vienne attaquer mes jours, ou que, repoussé vingt fois, il revienne encore ravager le champ que mes mains ont cultivé, puisque je ne puis opposer que mes forces individuelles aux siennes, il faut que je périsse ou que je le tue ; et la loi de la défense naturelle me justifie et m’approuve. Mais dans la société, quand la force de tous est armée contre un seul, quel principe de justice peut l’autoriser à lui donner la mort ? »
La France était alors en paix. Mais quand la France fut en guerre et la République, menacée, quand la société eut à se défendre, le même principe l’autorisait à tuer et justifiait l’exécution des contre-révolutionnaires. C’est ce qu’il explicita le 2 décembre 1792, lors du procès du roi :
« J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’assemblée que vous nommez encore constituante ; et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison lui ont paru des hérésies morales et politiques. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de les réclamer en faveur de tant de malheureux dont les délits sont moins les leurs que ceux du gouvernement, par quelle fatalité vous en souvenez-vous seulement pour plaider la cause du plus grand de tous les criminels ? Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer. Oui, la peine de mort, en général, est un crime, et par cette raison seule que, d’après les principes indestructibles de la nature, elle ne peut être justifiée que dans les cas où elle est nécessaire à la sûreté des individus ou du corps social. Or, jamais la sûreté publique ne la provoque contre les délits ordinaires, parce que la société peut toujours les prévenir par d’autres moyens, et mettre le coupable dans l’impuissance de lui nuire. »
Robespierre eut maintes fois l’occasion de démontrer qu’il n’était ni sectaire ni fanatique, qu’il ne se souciait que du bien commun, qu’il n’était attaché qu’aux principes et à la vérité et méprisait autant les démagogues que ce que nous appelons aujourd’hui le politiquement correct. Le 13 juillet 1791, il en donna un exemple en donnant aux Jacobins une leçon de république.
« On m’a accusé, au sein de l’assemblée, d’être républicain, on m’a fait trop d’honneur, je ne le suis pas. Si on m’eût accusé d’être monarchiste, on m’eut déshonoré, je ne le suis pas non plus. J’observerai d’abord que pour beaucoup d’individus les mots de république et de monarchie sont entièrement vides de sens. Le mot république ne signifie aucune forme particulière de gouvernement, il appartient à tout gouvernement d’hommes libres, qui ont une patrie. Or, on peut être libre avec un monarque comme avec un sénat. Qu’est-ce que la constitution française actuelle, c’est une république avec un monarque. Elle n’est donc point monarchie ni république, elle est l’un et l’autre. »
Un an plus tard, il précisa encore sa pensée :
« Est-ce dans les mots de république ou de monarchie que réside la solution du grand problème social ? Sont-ce les définitions inventées par les diplomates pour classer les diverses formes de gouvernement qui font le bonheur et le malheur des nations, ou la combinaison des lois et des institutions qui en constituent la véritable nature ? Toutes les constitutions politiques sont faites pour le peuple ; toutes celles où il est compté pour rien, ne sont que des attentats contre l’humanité ! Eh ! que m’importe que de prétendus patriotes me présentent la perspective prochaine d’ensanglanter la France, pour nous défaire de la royauté, si ce n’est pas la souveraineté nationale et l’égalité civile et politique qu’ils veulent établir sur ses débris ? Que m’importe qu’on s’élève contre les fautes de la cour, si loin de les réprimer, on ne cesse de les tolérer et de les encourager, pour en profiter ? Que m’importe que l’on reconnaisse, avec tout le monde, les vices de la constitution qui concernent l’étendue du pouvoir royal, si on anéantit le droit de pétition ; si on attente à la liberté individuelle, à celle même des opinions ; si on laisse déployer contre le peuple alarmé une barbarie qui contraste avec l’éternelle impunité des grands conspirateurs ; si on ne cesse de poursuivre et de calomnier tous ceux qui, dans tous les tems, on défendu la cause de la nation contre les entreprises de la cour et de tous les partis ? » (17 mai 1792)
A défaut d’avoir influencé l’ouvrage constitutionnel de l’Assemblée, Robespierre parvint à faire prévaloir son opinion sur des sujets annexes. Ce n’est pas parce qu’il était idiot ou ridicule qu’il n’était pas écouté, mais parce que ses principes contrariaient les intérêts des privilégiés. Et ce n’est pas non plus parce que les privilégiés étaient d’accord avec lui qu’il leur arriva de soutenir ses propositions, mais parce qu’ils n’avaient alors rien à perdre ou poursuivaient un autre but que lui. C’est ainsi qu’il obtint, en mai 1791, que les constituants, afin de ne pas prêter le flanc à la corruption, ne soient pas rééligibles (l’Assemblée limita cependant la portée de ce décret à la législature suivante). Dans le même esprit, et afin que le peuple, à défaut de faire les lois lui-même, ait au moins la consolation de renouveler souvent ses mandataires, il avait demandé en vain que le mandat de député soit limité à un an.
La Législative
Quand l’Assemblée nationale constituante acheva sa session, le 30 septembre 1791, la popularité de Robespierre était prodigieuse. Les Parisiens lui firent un triomphe. Il était rendu à la vie civile. Mais il avait trop fréquenté les hommes pour penser que son rôle était terminé. Tout commençait. Il lui restait la tribune des Jacobins que sa popularité et son intransigeance avait sauvés du désastre d’une scission et renforcés au mois de juillet précédent. (La fuite du roi en juin 1791, puis son rétablissement par l’Assemblée, avait provoqué un mouvement en faveur de sa déchéance qui suscita des divisions au sein des Jacobins que tous les leaders, excepté une poignée, quittèrent pour fonder un autre club, les Feuillants.)
Il connaissait mieux que quiconque les hérésies de la constitution de 1791. En renvoyant dans leurs foyers les députés sortants, il espérait que les députés nouveaux, éclairés par deux ans et demie de révolution, perfectionneraient l’ouvrage. Telle était sa conception du régime parlementaire. Il ne tarda pas à déchanter et à prendre ses responsabilités.
La nouvelle assemblée, dite législative, n’était plus composée que de bourgeois qui subirent rapidement l’ascendant d’un petit groupe d’entre eux, pour beaucoup originaires de Bordeaux, d’où leur nom de Girondins. (Nombre de Girondins, dont le plus fameux, Brissot, étaient inscrits aux Jacobins.) Représentant l’aristocratie de l’argent, les Girondins poussèrent l’Assemblée dans l’ultra-libéralisme. Leur devise était pour ainsi dire : Propriété, Liberté. Leur philosophie du libre échange se traduisait en pratique par la liberté d’accaparer, d’exploiter et d’affamer. N’y tenant plus, Robespierre lança son propre journal en mai 1792, intitulé Le défenseur de la Constitution. Il expliquait sa position, en apparence paradoxale, de manière suivante :
« C’est la constitution que je veux défendre, la constitution telle qu’elle est. On m’a demandé pourquoi je me déclarais le défenseur d’un ouvrage dont j’ai souvent développé les défauts : je réponds que, membre de l’Assemblée constituante, je me suis opposé, de tout mon pouvoir, à tous les décrets que l’opinion publique proscrit aujourd’hui : mais depuis le moment où l’acte constitutionnel fut terminé et cimenté par l’adhésion générale, je me suis toujours borné à en réclamer l’exécution fidèle, non pas à la manière de cette secte politique que l’on nomme modérée, qui n’en invoque la lettre et les vices que pour en tuer les principes et l’esprit ; non pas à la manière de la cour et des ambitieux qui, violant éternellement toutes les lois favorables à la liberté, exécutent avec un zèle hypocrite et une fidélité meurtrière toutes celles dont ils peuvent abuser, pour opprimer le patriotisme ; mais comme un ami de la patrie et de l’humanité, convaincu que le salut public nous ordonne de nous réfugier à l’abri de la constitution, pour repousser les attaques et l’ambition du despotisme. »
Chose plus surprenante, les Girondins avaient la passion de la guerre. A peine en poste, ils présentèrent les nobles émigrés réunis à Coblentz (Allemagne) comme un danger majeur et n’eurent de cesse d’engager la France dans une croisade pour la liberté. Leur but était double : détourner l’attention de leur politique intérieure et renflouer les finances publiques toujours mal en point avec du butin. Ils présentèrent également la guerre comme le moyen de démasquer le roi s’il trahissait. La suite leur donna raison mais prouva aussi que cet argument n’étaient pour eux qu’un prétexte.
Robespierre s’opposa de toutes ses forces à cette entreprise guerrière. Il prononça trois grands discours contre la guerre, les 18 décembre 1791, 2 et 11 janvier 1792. Selon lui, la guerre était inutile, les véritables ennemis de la Révolution étant à l’intérieur ; elle serait désastreuse, l’armée française étant désorganisée (en raison de l’émigration des officiers nobles et des conflits entre eux et la troupe), mal armée et les défenses de la France étant en ruine ; elle était dangereuse, car elle servait les desseins de la Cour qui en aurait la direction alors même qu’elle comptait sur les puissances étrangères pour étouffer la Révolution ; elle ruinerait la France ; elle dresserait contre la France les peuples étrangers (d’où son mot fameux : « Personne n’aime les missionnaires armés. ») ; elle exposerait au césarisme en cas de conflit prolongé. Ses arguments étaient sans réplique. Battus aux Jacobins dont ils faisaient alors partie, les Girondins travaillèrent l’Assemblée et les provinces. Le 20 avril 1792, Louis XVI, au nom de l’Assemblée nationale, déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche, une guerre inutile (les monarchies européennes, occupées à se déchirer entre elles, n’avaient pas l’intention de faire la guerre au pays le plus peuplé et le plus puissant d’Europe) qui allait durer plus de vingt ans.
La guerre ayant été déclarée bien malgré lui, Robespierre ne songea plus qu’aux moyens de la gagner.
« Messieurs, puisque la guerre est décrétée, je suis aussi d’avis de conquérir le Brabant, les Pays Bas, Liège, la Flandre, etc. La seule chose qui doive nous occuper désormais, ce sont les moyens d’exécuter cette utile entreprise ; c’est-à-dire, dans ce moment il faut faire, comme je l’ai proposé plusieurs fois, non pas la guerre de la cour et des intrigans dont la cour se sert, et qui à leur tour se servent de la cour, mais la guerre du peuple ; il faut que le peuple français se lève désormais et s’arme tout entier, soit pour combattre au-dehors, soit pour veiller le despotisme au-dedans. [...] Qu’on ne vienne pas nous dire : la guerre est déclarée, il ne faut pas décourager nos généraux ; il faut avoir confiance dans les autorités constituées. Non : c’est maintenant sur-tout qu’il faut surveiller le pouvoir exécutif et les autorités constituées. A cette condition, je ne crains pas non plus le pouvoir exécutif, ni les intrigues des traîtres de l’intérieur ; mais pour remplir cette condition, il faut croire à ces intrigues. [...] Ce n’est pas le roi ; le roi est un homme qui veut l’autorité absolue ; c’est un homme qui par lui-même est incapable de concevoir ce projet ; le roi est un homme qui, s’il avait été entouré d’hommes capables de lui faire entendre ses intérêts, aurait courbé sa tête sous la constitution. [...] »
Comme prévu, les premières rencontres avec l’ennemi tournèrent à la déroute. Le 27 mai, l’Assemblée décréta la déportation des prêtres réfractaires (à la constitution civile du clergé) qui prêchaient la contre-révolution. Le 8 juin, à l’appel du ministre de la guerre, girondin, elle décréta l’établissement sous les murs de Paris d’un camp de 20.000 fédérés, c’est-à-dire de gardes nationaux tirés des départements. Craignant que les fédérés ne soient choisis parmi les contre-révolutionnaires, Robespierre dénonça cette mesure aux Jacobins (il changea d’avis quand il vit que les fédérés étaient des patriotes). Le 11 juin, le roi apposa son veto sur ces deux décrets et, le lendemain, renvoya les ministres girondins qui n’avaient plus d’utilité à ses yeux puisque la guerre était déclarée. Le 20 juin, malgré les efforts de Robespierre pour s’y opposer, les Girondins soulevèrent les quartiers populaires de Paris pour que le roi reprenne des ministres parmi eux. Le peuple envahit les Tuileries où résidait le roi. Louis XVI fut humilié mais ne céda rien. Apprenant cela, La Fayette qui commandait une armée (en toute illégalité) tomba le masque. Il accourut illégalement à Paris dans l’espoir de soulever la garde nationale pour écraser les Jacobins, mais elle ne répondit pas à son appel et il s’en retourna tout piteux. Brissot et Robespierre étaient enfin d’accord sur quelque chose : La Fayette était un traître (les patriotes le considéraient ainsi de longue date) ; l’Assemblée devait le décréter d’accusation. Mais tandis que les Girondins ne savaient plus à quel Saint se vouer, Robespierre qui, dès le 10 février, avait rejeté les mesures partielles ne vit plus de salut que dans une insurrection qui renverserait la monarchie.
Aux déclarations illusoires de l’Assemblée qui décréta la patrie en danger le 11 juillet, aux mesures dilatoires des Girondins qui, autoproclamés républicains en 1791, ne cessaient de ménager le roi en 1792 pour régner en sous-ordre et menaçaient alors les républicains « du glaive de la loi », Robespierre allait droit au but et comptait sur les fédérés pour l’atteindre. « Vous n’êtes point venus pour donner un vain spectacle à la capitale et à la France… Votre mission est de sauver l’état. » (Aux Jacobins, le 11 juillet) Tandis que l’Assemblée et les Girondins s’évertuaient à les envoyer aux frontières, lui n’avait de cesse de les retenir à Paris (16 juillet). C’est lui qui rédigea les pétitions indignées contre le roi et les faiblesses de l’Assemblée que les fédérés présentèrent en leur nom. C’est à son appel que les sections parisiennes abolirent la distinction entre citoyens actifs et passifs pour que tous les citoyens puissent intégrer la garde nationale. C’est chez lui que les premières réunions en vue d’une insurrection unissant fédérés et Parisiens se tinrent. C’est lui que Pétion, son ancien collègue, alors maire de Paris, vint trouver dans l’espoir d’arrêter l’insurrection. Mais les dés étaient jetés. L’Assemblée n’ayant pas satisfait à l’ultimatum des sections parisiennes de déchoir Louis XVI, les sections appuyées par les fédérés se mirent en branle dans la nuit du 9 au 10 août. Dans la nuit, la commune de Paris fut remplacée par une commune insurrectionnelle, dont fit partie Robespierre et qui fut le véritable pouvoir révolutionnaire pendant deux mois, d’où la haine des Girondins à son endroit. Au matin, le palais des Tuileries fut pris d’assaut, ses défenseurs (gardes suisses et royalistes) n’ayant pas voulu mettre bas les armes et ayant tirés sur la foule qui avançait pour fraterniser. Sous la pression, l’Assemblée suspendit le roi qui s’était réfugié auprès d’elle et se désavoua en convoquant pour le mois de septembre une convention nationale.
A noter que, contrairement aux souhaits exprimés par Robespierre, le 1er août, d’« une convention nationale, dont les membres seront élus directement par les assemblées primaires, et ne pourront être choisis parmi ceux de l’assemblée constituante ni de la première législature », les Girondins se gardèrent bien d’adopter cette disposition. Alors que Robespierre se fermait une nouvelle fois la porte de l’Assemblée, démontrant qu’il avait bien fait adopter le décret sur l’inéligibilité des constituants par principe, les Girondins démontraient, eux, leur soif de pouvoir. Les ayant combattus en tant que simple citoyen, ayant mesuré l’étendue de leur ineptie, et s’étant en outre persuadé de l’importance de son propre rôle, Robespierre brigua de nouveau la législature. Le 5 septembre 1792, il fut le premier député élu de Paris.
La Convention girondine
Le 21 septembre, au lendemain de la victoire de Valmy, la Convention nationale ouvrait sa session. La monarchie fut aussitôt abolie en France. Le lendemain, en adoptant la proposition de Billaud-Varenne, député de Paris, de dater tous les documents de l’an I de la République, celle-ci fut indirectement proclamée. Mais l’unanimité des premiers jours n’était qu’illusoire. Les députés de Paris savaient que les Girondins avaient fait tous leurs efforts pour sauver la monarchie et accabler les révolutionnaires, et ils avaient de plus contre eux la plupart des députés de province que la propagande de ces derniers, maîtres de tous les rouages de l’Etat, avaient trompés sur leur compte. Le temps et l’expérience allaient finir par ouvrir les yeux de la majorité sur l’inconséquence, la petitesse, l’irascibilité et, au final, la dangerosité des Girondins.
Dès le 25 septembre, les Girondins ouvrirent les hostilités contre les députés de Paris, notamment Robespierre, Danton et Marat, et suscitèrent la défiance envers Paris en proposant pour la Convention une garde composée d’hommes tirés de tous les départements afin « que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d’influence, comme chacun des autres départements ». La Convention rejeta ce projet, mais les Girondins appelèrent quand même officieusement des provinciaux à venir à Paris, lesquels, une fois sur place et mieux informés sur leur compte, se retournèrent contre eux. Le 29 octobre, Louvet attaqua vivement Robespierre en exposant un astucieux roman, synthèse de toutes les calomnies girondines, préparé depuis longtemps dans le salon de Mme Roland, égérie des Girondins. En conclusion, il demandait le bannissement de Robespierre et la mise en accusation de Marat. Le 5 novembre, du haut de la tribune de la Convention, Robespierre lui répondit en défendant non seulement sa personne, mais surtout Paris, la Commune et la révolution du 10 août, et en appelant finalement à la concorde.
« J’ai vu à cette barre tels citoyens qui ne sont pas des Clodius, mais qui, quelque temps avant la révolution du 10 août, avaient eu la prudence de se réfugier à Rouen, dénoncer emphatiquement la conduite du conseil de la commune de Paris. Des arrestations illégales ? Est-ce donc le code criminel à la main qu’il faut apprécier les précautions salutaires qu’exige le salut public, dans les temps de crise amenés par l’impuissance même des lois ? Que ne nous reprochez-vous aussi d’avoir brisé illégalement les plumes mercenaires, dont le métier était de propager l’imposture et de blasphémer contre la liberté ? Que n’instituez-vous une commission pour recueillir les plaintes des écrivains aristocratiques et royalistes ? Que ne nous reprochez-vous d’avoir consigné tous les conspirateurs aux portes de cette grande cité ? Que ne nous reprochez-vous d’avoir désarmé les citoyens suspects ? d’avoir écarté de nos assemblées, où nous délibérions sur le salut public, les ennemis reconnus de la Révolution ? Que ne faites-vous le procès à la fois, et à la municipalité, et à l’assemblée électorale, et aux sections de Paris, et aux assemblées primaires même des cantons, et à tous ceux qui nous ont imités ? Car toutes ces choses-là étaient illégales, aussi illégales que la révolution, que la chute du trône et de la Bastille, aussi illégale que la liberté elle-même ? Mais que dis-je ? Ce que je présentais comme une hypothèse absurde n’est qu’une réalité très certaine. On nous a accusés, en effet, de tout cela, et de bien d’autres choses encore. [...] Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? »
Ce discours fit une telle sensation que la Convention en vota l’impression à la quasi unanimité et ferma la bouche à Barbaroux et à Louvet qui voulurent répondre.
Les Girondins devaient subir une autre défaite dans l’affaire du roi que leurs personnalités avaient jusque-là permis de différer. Ils s’essayèrent jusqu’au bout à de nouvelles manœuvres dilatoires qui les discréditèrent un peu plus et gonflèrent encore les rangs des Montagnards (nom donné aux députés les plus radicaux dont Robespierre était un des principaux leaders). Après avoir argué de l’inviolabilité du roi, demandé le jugement par le peuple, puis l’appel au peuple du jugement de la Convention, ils votèrent la mort mais réclamèrent le sursis de l’exécution. La Convention finit par voter la mort sans sursis ni appel. Louis XVI fut exécuté le 21 janvier 1793. Dans cette affaire, Robespierre s’était déclaré pour l’exécution du roi sans jugement, considérant qu’il avait été jugé par l’insurrection du 10 août, que la Convention ne pouvait ni déjuger le peuple ni supposer le roi innocent.
« Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, il peut être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé : mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ? » (3 décembre 1792)
Pendant ce temps, le peuple était inquiet pour sa subsistance et réclamait la taxation des denrées. Mais tout ce dont étaient capables les Girondins était de lui répondre : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire » (Roland, 19 novembre). C’était là le paradoxe insurmontable des Girondins qui voulaient faire la guerre à l’Europe tout en méprisant les guerriers de la France. La victoire dans ces conditions était impossible et c’est pour l’avoir compris que les députés tout aussi bourgeois qu’eux mais plus réalistes se tournèrent de plus en plus vers la Montagne.
Comme les Girondins ne désarmaient pas contre les Montagnards (arrestation de Marat, le 13 avril) et Paris, comme ils avaient le don de soutenir les traîtres (La Fayette, Dumouriez) et d’exaspérer le peuple, comme ils étaient à l’évidence aussi incapables qu’arrogants, une nouvelle journée devint nécessaire. Le 3 avril, Robespierre appela les sections à s’armer. Le 2 juin 1793, la Commune de Paris fit cerner la Convention par la garde nationale (composée de civils) jusqu’à ce qu’elle décrète d’arrestation les principaux Girondins, soit 22, sans compter les ministres Clavière et Lebrun. Il ne s’agissait alors que de les mettre hors d’état de nuire. Ils devaient être simplement gardés à domicile. Mais la moitié d’entre eux profita de cette clémence pour s’enfuir et soulever les départements. (C’est de Caen, où nombre d’entre eux s’étaient retrouvés, qu’arriva Charlotte Corday pour assassiner Marat, le 13 juillet.) La guerre civile qu’ils préparaient depuis deux ans devenait réalité. Elle avait même déjà commencé en Vendée où, début mars, la levée de 300.000 hommes avait été l’étincelle. Elle venait aussi d’éclater à Lyon (29 mai).
La Convention montagnarde / L'an II
Aussitôt maîtres de la Convention, les Montagnards hâtèrent la rédaction d’une constitution. Les maîtres mots : souveraineté du peuple, égalité des citoyens, solidarité nationale. « Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres. (art. 27 de la Déclaration) » « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. (art. 121 de la constitution) » Voilà pour le ton ! Le résultat fut la constitution la plus démocratique, la plus patriotique, la plus libre, la plus humaniste, la plus virile que la France ait connue et que, malheureusement, les circonstances ne permirent jamais d’appliquer. Les députés devaient être élus au suffrage universel et les lois, soumises à l’approbation du corps électoral (articles 56 à 60). La constitution elle-même devait être ratifiée par le peuple qui n’était pas souverain seulement en théorie, mais en pratique.
En préambule de cette constitution figurait une nouvelle déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui était grosso modo celle que Robespierre avait proposée aux Jacobins le 21 avril et que ces derniers avaient aussitôt adoptée à l’unanimité. Nombre d’articles étaient repris tels quels. Ainsi les articles 28 et 29 qui devinrent les articles 34 et 35 :
« Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé. — Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Beaucoup n’avaient subit qu’une légère modification. Ainsi l’article 10 qui devint l’article 21 :
« Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux [La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, dans le texte original], soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »
Mais la déclaration de Robespierre était plus sociale, plus démocratique et plus patriotique (internationaliste) encore que sa copie.
« Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l’autorité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse. (art. 19) Le peuple a le droit de connaître toutes les opérations de ses mandataires ; ils doivent lui rendre un compte fidèle de leur gestion, et subir son jugement avec respect. (art. 34) Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état. (art. 35) Celui qui opprime une seule nation se déclare l’ennemi de toutes. (art. 36) »
Chose plus significative encore, les bourgeois de la Convention n’avaient pas retenu ses articles sur la propriété qu’il définissait comme suit :
« La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. (art. 6) Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. (art. 7) Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. (art. 8) Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. (art. 9) »
La déclaration officielle disait simplement : « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. (art. 16) ». La propriété n’était donc pas reconnue comme un bienfait social mais comme une conquête individuelle. Elle n’avait plus pour borne les droits d’autrui. Les propriétaires pouvaient jouir sans entrave aux dépens de leurs concitoyens.
Il est à noter que c’est Robespierre qui, le 15 avril, avait décidé la Convention à faire précéder la constitution d’une déclaration au lieu de se précipiter, comme le voulait le Girondin Buzot, sur l’organisation du gouvernement. Le discours qu’il fit alors est caractéristique de sa tournure d’esprit, c’est-à-dire du bon sens qui lui ralliait les opinions :
« J’avoue que je ne conçois pas bien cette proposition ; qu’est-ce que l’organisation du gouvernement d’un peuple ? Ce n’est autre chose, si je ne me trompe, que les loix fondamentales qui forment sa constitution, qui constituent son gouvernement. Quelle est la base de la constitution et du gouvernement ? Ce sont, sans contredit, les droits des hommes. Quel est le but du gouvernement ? Quel est le but de la constitution ? C’est le bonheur des hommes, et par conséquent la conservation de leurs droits, de leur sûreté, de leur liberté, de leur propriété ; il faut donc avant d’instituer un gouvernement, bien déterminer et la nature et l’étendue des droits, dont la conservation est l’objet du gouvernement ; proposer de commencer par le gouvernement, c’est ne rien proposer, ou proposer la conséquence avant le principe. [...] Remarquez bien, citoyens, que le seul moyen de faire bien et même de faire vite cette constitution, c’est d’en établir d’abord les bases ; car, s’il n’est pas de principes posés, comment voulez-vous qu’on s’accorde sur les conséquences ? alors les discussions ne roulent que sur des détails et comme chacun part de bases et de principes opposés, qu’il modifie et qu’il appelle à son gré, parce qu’elles ne sont pas discutées dans l’opinion générale, il en résulte que la quantité des opinions est infinie, que les débats deviennent aussi interminables que tumultueux. Il faut donc pour procéder définitivement à une constitution, que chacun marche sur le même point : reconnaître les principes. »
Au sujet de la constitution, il est nécessaire de signaler le discours que Robespierre prononça à ce sujet le 10 mai 1793. Dans la mesure où Robespierre était l’âme des Jacobins, ses conceptions en la matière ne sont ni plus ni moins que le jacobinisme à l’état pur. Il est impossible de restituer ici l’ensemble de ses vues, mais il est utile de citer un passage qui tord le cou à la légende selon laquelle le jacobinisme serait par nature synonyme de centralisation :
« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner : laissez aux individus, laissez aux familles le droit de faire ce qui ne nuit point à autrui ; laissez aux communes le pouvoir de régler elles-mêmes leurs propres affaires en tout ce qui ne tient pas essentiellement à l’administration générale de la République ; en un mot, rendez à la liberté individuelle tout ce qui n’appartient pas naturellement à l’autorité publique, et vous aurez laissé d’autant moins de prise à l’ambition et à l’arbitraire. »
La centralisation que finit par connaître la Révolution doit moins à l’idéologie qu’aux circonstances et au processus engagé dans ce sens par la monarchie durant les siècles précédents.
Avec l’élimination des Girondins, le premier chapitre de la Convention était tourné. S’ouvrait la grande période révolutionnaire dite de l’an II, celles des défis et des titans, celle de la République assiégée et de la guerre civile, particulièrement terrible en Vendée, celle de la levée en masse, du maximum, de la déchristianisation, de la lutte des factions, de la Terreur, de la Convention montagnarde, de la prééminence du Comité de salut public, des ambitions sociales (suppression sans indemnité des droits féodaux, institution de l’école gratuite et obligatoire, adoption d’un embryon de sécurité sociale, abolition de l’esclavage), période qui s’achève le 10 thermidor, avec la mort de Robespierre et le retour en force de la bourgeoisie.
C’est cette période, durant laquelle Robespierre fut en première ligne, qui permit, en altérant les faits, d’étayer sa légende noire. Sept considérations à garder à l’esprit permettent cependant de révéler l’inanité de certaines controverses et de démasquer les impostures les plus manifestes et la mauvaise foi de ses détracteurs.
1) En l’an II, la République est déjà assiégée par toute l’Europe, tandis que la France est déchirée à l’intérieur par la guerre civile. Cette situation extrême eut fatalement des conséquences terribles et on peut même dire qu’elle conditionna toute la politique d’alors. Comment négliger un fait pareil ? Comment, en outre, oublier que Robespierre s’opposa de toutes ses forces à la déclaration de guerre et que les origines de la guerre civile remontaient aux politiques aristo-bourgeoise de la Constituante et bourgeoise, guerrière et anti-parisienne de la Gironde, politiques auxquelles Robespierre s’était également opposé ? En admettant qu’il fut un piètre pompier, du moins n’était-il pas le pyromane. Il est donc quelque peu hypocrite de lui jeter la pierre sans jamais songer à lapider les vrais responsables des problèmes dans lesquels les Montagnards durent se démener.
2) Les républicains qui venaient de renverser la monarchie avait en horreur le pouvoir personnel. La fonction présidentielle ne fut instituée que par De Gaulle, malgré les avanies de la gauche. A l’époque de la Révolution, une pareille fonction était inconcevable. Robespierre qui fut bien l’âme du Grand Comité au fort de la tempête n’eut donc jamais le pouvoir absolu et discrétionnaire que la légende lui prête. Les décisions importantes du Comité étaient prises collectivement. Ses collègues n’étaient d’ailleurs pas des marionnettes. C’étaient tous des hommes à poigne. Ils avaient autant de pouvoir que lui. Ils étaient libres d’en user. Ils le suivirent tant qu’ils furent d’accord avec lui ; ils l’écartèrent et finirent par le tuer quand ils se divisèrent. Robespierre n’avait la haute main ni sur l’armée, ni sur la police, ni sur le Trésor, pas même sur le Comité. S’il fut un dictateur, quel genre de dictateur était-il donc ? Le Comité de salut public lui-même n’avaient pas tous les pouvoirs pour la simple raison qu’il n’était pas le seul Comité et qu’il était, comme tous les comités, responsable devant la Convention qui pouvait s’opposer à ses décisions voire le casser, même si, pendant un an, elle reconduisit ses membres tous les mois.
3) Il n’y avait pas de partis politiques (au sens moderne du terme) à cette époque. Chacun se faisait gloire d’être libre de ses opinions (1). Les Jacobins et les clubs en général étaient avant tout des lieux de discussion. Ils réunissaient des individus opposés à certaines choses mais sans doctrine quant au reste, d’où leurs divisions internes. Ils étaient organisés pour fonctionner mais leurs membres étaient égaux, il n’y avait pas de hiérarchie entre eux. Tous pouvaient s’exprimer, et de la foule des orateurs émergeaient des leaders d’opinion qui n’étaient suivis et soutenus que dans la mesure où ils étaient convaincants. Il en était de même à la Convention et dans les Comités. Des tendances, des groupes se distinguaient mais les députés n’en étaient pas prisonniers et votaient, sur chaque sujet, selon leurs convictions. Nul ne pouvait être certain d’être toujours approuvé. Chaque débat était un combat pour rallier la majorité. Robespierre qui fut souvent suivi par la Convention, qui parvint même, en quelques occasions, à la retourner complètement par la seule force de ses arguments, ne fut pas toujours écouté, pas même par les Montagnards. Sa position n’était donc en rien celle d’un dictateur qui a le pouvoir et l’exerce sans consulter personne. Sa politique comme celle du Comité était moins l’expression de ses désirs qu’une adaptation aux besoins et aux pressions du moment.
4) La Révolution se déroula au XVIIIe siècle, à une époque où les moyens de circulation et de communication étaient encore rudimentaires. L’action sur le terrain, loin de Paris, dépendait essentiellement des hommes sur place. Le pouvoir ne pouvait donc agir qu’en dépêchant des hommes (agents divers, généraux, représentants en mission) qui, une fois livrés à eux-mêmes, étaient libres de faire et firent souvent ce qu’ils voulaient. En comparant leurs actes avec leurs ordres formels (ou l’esprit de ces ordres), il apparaît que les abus et les excès ne furent jamais ordonnés par la Convention ou le Comité, encore moins par Robespierre. Ils sont davantage imputables à des individus qu’à la Révolution. Il est vrai que cette limite technologique aurait moins pesé si le pouvoir avait été plus stable, plus structuré, plus strict et plus efficace, comme sous un Louis XIV ou un Napoléon. Mais c’est encore la preuve que le Comité de salut public n’avait pas un tel pouvoir, et que Robespierre en particulier, même en supposant qu’il ait été le maître du Comité, n’était pas plus un dictateur qu’il n’avait les moyens, ni la volonté d’ailleurs, d’en être un.
5) Les nations sont toujours en conflit, même en temps de paix apparente. La guerre secrète ne cesse jamais et est bien sûr plus intense en temps de guerre. Un aspect peu étudié de la Révolution, et surtout peu signalé, est l’influence des services secrets étrangers sur les événements durant cette période. Personne ne peut croire qu’ils cessèrent toute activité. Il est au contraire dans la logique des choses qu’ils en déployèrent une extraordinaire pour faire échec aux révolutionnaires et à la Révolution. Leurs efforts consistèrent fatalement à diviser, affaiblir, appauvrir, ruiner, désarmer, calomnier, discréditer, déshonorer, désinformer, désorganiser, troubler, apitoyer, assassiner, soudoyer, exciter, exagérer, minorer, décourager, etc.. Le propre des agents secrets actifs est soit d’agir dans l’ombre soit de s’agiter au grand jour. On ne peut que deviner leur présence en constatant les effets de leur action ou, au mieux, les prendre pour des traîtres, des tarés, des crapules ou des idiots ordinaires. En l’occurrence, toutes les difficultés de la Révolution, tous les crimes et les excès commis en son nom ne furent pas l’œuvre des services secrets étrangers ou de gens manipulés ou financés par eux, mais c’est cependant à bon droit que les révolutionnaires, et Robespierre en particulier, accusèrent l’Etranger ou du moins soupçonnèrent-ils sa main derrière chaque action ou opinion intrinsèquement contre-révolutionnaire, car, à défaut d’être responsable de tous, tous faisaient son jeu. Le « complot de l’Etranger » qu’ils invoquèrent souvent n’avait peut-être pas l’unité qu’ils imaginaient ; les manœuvres étrangères n’en étaient pas moins réelles et redoutables. Si l’accusation de connivence avec l’Etranger fut rarement prouvée (chose toujours difficile à faire), elle fut souvent justifiée d’un point de vue dialectique et importait d’ailleurs moins que les faits reprochés. Bref, s’il est impossible de mesurer l’impact (concret et psychologique) de l’activité des services étrangers sur la Révolution, elle existât fatalement et fût assurément négative pour l’image de la Révolution et des révolutionnaires auxquels il est donc injuste d’attribuer certains faits et de reprocher certaines erreurs.
6) Robespierre était un homme sensible, réfléchi, honnête et ferme, mais modéré. Le peindre comme un être sanguinaire rend incompréhensible ses positions et oblige à expliquer les faits de manière invraisemblable voire à les dénaturer pour corroborer la légende. La meilleure preuve n’est-elle pas que le 9 thermidor fut l’œuvre des hommes de sang et de rapines ? Tous les hommes violents et corrompus le haïssaient. Tous les opprimés se tournaient vers lui. Il avait dit, aux Girondins, le 5 novembre 1792 : « Vous saurez un jour quel prix vous devez attacher à la modération de l’ennemi que vous vouliez perdre. » Or c’est bien lui qui sauva d’une mort certaine les « 73 » députés qui protestèrent contre l’expulsion des Girondins. Des dizaines de faits attestent sa modération dans tous les domaines. Mais Robespierre n’était pas seul. Il avait des collègues, des ennemis ; il y avait la Convention, des factions ; il y avait aussi le peuple. S’il fut un personnage central de la Révolution, tout ce qui se fit en l’an II, en particulier les excès (à ne pas confondre avec les rigueurs nécessaires), ne peut honnêtement lui être imputé.
7) Tous les protagonistes de la période révolutionnaire, incarnant chacun des systèmes différents voire opposés, dans tous les cas inconciliables, se livraient une guère à mort. Les chefs en particulier ne devaient attendre aucune pitié de la part de leurs adversaires. Il y eut quelques violences avant 1792 (du peuple sur les nobles ou des bourgeois sur le peuple). Mais c’est une fois de plus la guerre voulue par la Cour et les Girondins qui, dès 1792, bien avant 1793, déchaîna les passions et plongea la Révolution dans un cycle infernal. Les victimes ne méritent pas plus de larmes que leurs vainqueurs ne méritent d’invectives. C’était la guerre. Vaincre ou mourir était la règle du jeu. Tous la connaissaient ; tous l’appliquèrent bon gré malgré quand ils eurent la force pour eux. Ce mot de Hérault de Séchelles qui ne passait pas précisément pour un sauvage et qui paya même de sa tête le fait d’avoir été soupçonné de livrer à l’ennemi les secrets du Comité illustre bien cet état d’esprit : « Il faut sans rémission évacuer, renfermer tout individu suspect. La liberté ne compose pas. Nous pourrons être humains quand nous serons assurés d’être vainqueurs. » (Lettre à Carrier, représentant dans la Seine-Inférieure, 29 septembre 1793)
Deux mois après l’expulsion des Girondins de la Convention, Robespierre fut élu membre du Comité de salut public (27 juillet). Etant donné son passé et son renom, il devint aussitôt l’incarnation du Comité aux yeux du grand public et des étrangers. Il lui apporta son énergie, sa détermination, son prestige. Son objectif : à l’extérieur, la paix dans la victoire ; à l’intérieur, paix civile et justice sociale. Mais, pour avoir la paix, il fallait frapper juste, fort et vite, non se coucher (comme Danton) ; il fallait stabiliser le pouvoir pour qu’il puisse agir avec la vigueur requise, donc asseoir l’autorité du Comité, défendre son existence, son action et ses membres ; il fallait éviter de multiplier les ennemis de la République, la faire aimer du peuple, la mettre dans tous les domaines en état de vaincre, étouffer les voix divergentes et écraser les ennemis irréductibles.
La victoire n’était pas seulement au bout du fusil ; elle était un tout. Robespierre s’intéressait donc à tout, comme le montrent les notes dans ses carnets, quoiqu’il s’occupa essentiellement de politique générale. Nous ne pouvons ici rapporter ni même évoquer toutes les affaires dans lesquelles il intervînt. Nous ne retiendrons que les six plus importants sujets, objets de polémiques : la déchristianisation, la Terreur, l’idéal de la Révolution, les factions, l’Etre suprême et la loi du 22 prairial.
La déchristianisation.
L’assassinat de Marat avait fait de lui un martyr et donné lieu à des processions populaires en sa mémoire, mouvement que l’on appela culte des martyrs. Les révolutionnaires avaient leur trinité : Le Pelletier de Saint-Fargeau (ami de Robespierre, assassiné à Paris le 20 janvier), Chalier (maire de Lyon, exécuté) et Marat. Ce « culte » païen, combiné au dépouillement des églises à des fins militaires ou financières, ouvrit la porte au culte « religieux » de la Raison. Initié, le 26 septembre, dans la Nièvre par Fouché qui était athée, ce nouveau culte se répandit commune une traînée de poudre, d’abord à Paris, grâce à Chaumette, procureur syndic de la Commune, puis dans tout le pays par le biais des représentants en mission. Mais, contrairement à Fouché et Chaumette, ceux que l’on appelle les déchristianisateurs n’étaient pas athées, pas même les plus virulents. Généralement, rousseauistes, ils étaient déistes pour la plupart. Ils croyaient en Dieu, sous quelque nom que ce soit, mais rejetaient les dogmes du catholicisme et l’emprise de l’Eglise. L’implication du clergé dans la contre-révolution décupla leur hostilité envers lui et ils résolurent de le balayer. Pour la plupart des adeptes, le culte de la Raison n’était donc que leur affirmation de la croyance en Dieu, en un Etre suprême, laquelle se passait de prêtres.
Ce mouvement eut un énorme succès auprès des Sans-culottes (ouvriers, petits patrons) et des bourgeois, notamment dans les villes. Les prêtres, les évêques abdiquaient en masse, qui volontairement, qui sous la contrainte, qui dans un but contre-révolutionnaires. Les scènes d’abdication se succédaient dans les clubs et à la Convention. Les églises étaient fermées d’autorité. C’est dans cette ambiance que, le 5 octobre, la Convention adopta le principe du calendrier républicain qui, remplaçant les semaines par des décades, supprimait au passage les dimanches. Robespierre était hostile à l’adoption de ce calendrier comme il était viscéralement hostile au culte de la Raison. Il se trompait quand il pensait que les adeptes de ce culte étaient athées, l’athéisme étant pour lui synonyme d’immoralité bourgeoise et aristocratique, mais il avait raison quand il craignait que, mal interprété comme il l’avait fait lui-même, ce culte ne soit du pain béni pour la propagande contre-révolutionnaire des