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vendredi, 22 mai 2020

LE REVENU D'ASSERVISSEMENT UNIVERSEL (vidéo)

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Dans cette vidéo, nous allons traiter un sujet dont il a commencé à être question il y a de cela des années, qui a même fait l’objet d’une proposition formelle de la part du candidat soi-disant socialiste à l’élection présidentielle de 2017 et que tous les gouvernements capitalistes agitent maintenant à l’issue de la pseudo crise du coronavirus. Je veux parler de l’idée d’un revenu universel, dit aussi revenu de base ou revenu d’existence. Sans doute y a-t-il différentes formules, d’un point de vue pratique, mais toutes ont fondamentalement les mêmes vices.

Déjà, mon Réquisitoire contre Largent, écrit en 2000, rejetait comme absurde toute idée d’égaliser les revenus (voir p. 58-59). Depuis, j’ai consacré deux textes à ce sujet précis : un en juin 2013, l’autre en juin 2018. J’y ai fait aussi allusion dans une note de mon ouvrage Révolution, sorti en octobre 2015 (voir p. 132). — Pour que vous puissiez retrouver ces textes, je vous mets les liens en dessous de la vidéo. — Sur mon facebook, j’ai également publié, en 2014, 2015, 2016 et 2017, sous forme de vignettes, des sentences sans équivoque. Je les insèrerait à la fin de cette vidéo pour ne pas anticiper mon propos. En 2015, donc, dans Révolution, j’écrivais : « Il semble que l’idée d’un revenu universel ou de base ou d’existence (émise par Thomas Paine en 1797) soit le dernier miroir aux alouettes que le système ait décidé d’agiter pour détourner les masses du véritable combat révolutionnaire. » En 2018, dans Revenu de base ou universel : l’anticapitalisme capitaliste, le texte dont j’ai parlé, j’écrivais : « Le capitalisme accueillera d’ailleurs de plus en plus favorablement leurs propositions [c’est-à-dire les fausses bonnes idées des capitalistes qui s’ignorent, notamment l’idée d’un revenu universel]… jusqu’à les faire lui-même. » Nous y sommes.

Je ne fais pas mystère de mon hostilité à l’égard de ce genre de proposition ; il s’agit maintenant d’en comprendre la raison. Vous savez que je ne vais pas me contenter de dire : « C’est pas bien de donner de l’argent aux gens ! » Nous touchons à une question essentielle qui mérite d’aller au fond des choses. Un revenu universel serait un dispositif « social ». Pour savoir s’il serait une bonne ou une mauvaise chose, d’un point de vue social, il faut donc commencer par s’interroger sur ce que devrait être une Société digne de ce nom. Il s’agit, en outre, d’une mesure éminemment monétaire. Il faut donc aussi nous demander ce qu’est la monnaie, quel est son rôle social, et si elle le tient ou pourrait le tenir convenablement. Pour ce faire, je vais reprendre un exposé que j’ai déjà fait dans ma vidéo sur la fin de l’argent liquide et que je serai amené à reprendre, de même, pour tous les sujets qui touchent à la Société et exigent de prendre de la hauteur avant de les traiter. C’est un peu long, mais ce n’est pas hors de propos. Si vous ne voyez pas vous-mêmes les rapports avec le sujet, ici le revenu universel, ils vous sauteront aux yeux après, quand j’établirai des parallèles pour appuyer mes critiques.

Qu’est-ce donc qu’une Société ?

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert à payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à l’échange d’un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de garantir ces droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Enfin, et ce point est particulièrement en rapport avec notre sujet, il faut bien comprendre que la monnaie, qui repose sur la notion de valeur marchande et met en œuvre la logique du troc, est née à une époque où les individus étaient pour la plupart des producteurs, qu’elle est donc relativement adaptée au contexte de production artisanale, caractérisé par de faibles rendements. Il ne faut pas perdre de vue que la monnaie est un moyen d’échange qui fonctionne sur un certain mode, et qu’il y a nécessairement un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production. Autrement dit, le mode d’échange est lié et doit être adapté au mode de production. Or nous sommes passé, progressivement mais définitivement, au mode de production industrielle. Cette observation indéniable conduit à la conclusion évidente que la monnaie, en tant moyen et mode d’échange, n’est plus adaptée à notre époque et que, désormais, ses inconvénients l’emportent sur ses avantages. Si on a pu croire qu’elle était de l’huile pour la machine, aujourd’hui elle n’est plus que sable. Mais pourquoi n’est-elle pas adaptée à l’ère industrielle, et comment cela se traduit-il ? Cela tient nécessairement à ce qui distingue la production artisanale de la production industrielle, à savoir la différence de rendements, donc le volume de la production et la quantité de produits à vendre à l’instant T. Mais il y a un autre facteur : le fait que la Demande réelle globale soit toujours faible dans un système monétaire, en raison de la tendance de la monnaie à se concentrer. Quelques personnes ont plus d’argent qu’elles n’en peuvent dépenser ; la masse, elle, en a moins que le nécessaire. Quand il y a peu à acheter, la production est malgré tout écoulée. Mais quand la production devient massive, il manque des clients. Un pays produit plus que sa population n’a les moyens financiers d’absorber la production. Entreprises et pays se lancent alors dans une course sans fin pour trouver des clients ou en fabriquer, pour accroître la Demande en augmentant les salaires ou en baissant les coûts de production. Mais rien ne fonctionne. Ils tentent tout et son contraire. Ils font d’un côté ce qu’ils défont de l’autre, et vice versa. Et de désastre en désastre, ils ravagent tout. Et nous ne sommes pas encore à l’ère de la production entièrement robotisée voire autonome qui mettra les travailleurs en masse au chômage et les privera de revenu. La capacité de production sera immense, mais il n’y aura plus de consommateurs ou presque. La contradiction sera à son paroxysme ; le système sera un bord de la rupture.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : le revenu universel, ou de base, ou d’existence.

Il existe différentes formules, toutes plus ridicules les unes que les autres. Je vous avoue que je ne les ai pas approfondies et que je ne ferai pas cet effort tant elles sont ineptes dans leur principe. On ne débat pas, avec ceux qui ne voient pas un piège, pour savoir s’il faut y mettre un pied ou les deux ! Il faut s’abstenir de marcher dedans et le signaler aux autres. Le piège, vous l’aurez compris, c’est de ne pas sortir du système monétaire et de l’illusion qu’il pourrait être une bonne chose pour les hommes moyennant quelques arrangements. Vous devez intégrer, une fois pour toute, que la logique monétaire n’est pas et ne sera jamais la logique sociale, que Largent et l’Égalité sont absolument incompatibles, et que ceux qui vous font miroiter des lendemains monétaires qui chantent n’ont rien compris ou vous prennent pour des idiots ; si ce ne sont pas ouvertement vos ennemis, ce sont, pour le moins, de faux amis ; les uns veulent votre perte, les autres ne peuvent rien pour votre salut. Retenez donc bien cette formule : « Toute mesure monétaire est contre-révolutionnaire. » Même si vous ne comprenez pas le pourquoi du comment, même si les dehors de telle ou telle idée vous paraissent séduisants, dès lors qu’une mesure proposée est monétaire ou suppose l’existence de la monnaie ou de Largent (la notion de valeur marchande), sachez y reconnaître un piège, quelles que soient, par ailleurs, les intentions de leur promoteur. Je ne dis pas, du reste, que vous devez renoncer à gagner de l’argent ou refuser celui que l’on vous propose ; je dis simplement que vous ne devez pas être dupes : ce qu’il vous faut faire individuellement pour vivre dans ce système, tant qu’il est monétaire, est une chose ; ce qu’il nous faut faire collectivement pour changer le cours des choses en est une autre.

Et ce qu’il nous faut faire n’a absolument rien à voir avec ce qui nous est proposé et qui n’a pas pour but de changer les choses mais, au contraire, de les perpétuer, consciemment ou non.

Encore une fois, il existe différentes formules de revenus dits universel, de base ou d’existence. Toutes consistent à donner de l’argent, de manière égalitaire, à un large panel de gens, sans contrepartie. Les différences, entre les unes et les autres, résident dans leurs modalités particulières. La première différence concerne les bénéficiaires. Ce revenu sera-t-il assuré à toute personne présente sur le territoire ? Seulement aux nationaux ? Seulement aux chômeurs ? La deuxième différence concerne la hauteur de ce revenu. Sera-t-il suffisant pour vivre ou survivre ou constituera-t-il simplement un complément ? La troisième différence concerne les modalités de financement : À qui et comment l’État prendra-t-il cet argent ? Toutes les combinaisons possibles, mettant en œuvre des philosophies différentes, donnent lieu à autant de formules et de chapelles rivales. Pour moi, elles ne sont différentes qu’à la marge et, quoique certaines soient plus délirantes que d’autres, elles méritent toutes le même mépris.

Toutes comprennent que quelque chose de fondamental passe par la monnaie, sinon pourquoi proposer une mesure monétaire et y accorder autant d’importance ? À ce premier stade, on reconnaît déjà les philosophes en carton. Que sont d’autre ceux qui ne comprennent pas et n’arrivent pas à dire que cette chose fondamentale, qui dépend de la monnaie, n’est ni plus ni moins que les droits ? Que croient-ils que c’est ? Il est probable qu’ils ne se posent pas plus la question de sa nature qu’ils ne se soucient de la nommer. Mais ceux qui franchissent ce premier cap, c’est-à-dire ceux qui font le lien entre la monnaie et les droits, n’en sont pas moins des charlatans. Ils admettent que les droits passent par la monnaie, qu’il faut donc distribuer de l’argent pour assurer des droits minimums (au passage, ils se flattent d’être justes et pourvus d’une haute conscience sociale) ; mais il ne leur vient pas à l’esprit : 1) que les inégalités monétaires qu’ils veulent corriger sont inhérentes au système monétaire lui-même ; 2) qu’il n’y a pas de Société digne de ce nom dans l’inégalité ; 3) que ce n’est en rien corriger l’inégalité que d’établir un revenu de base égal, tout en permettant à chacun d’accroître par ailleurs ses revenus et de rétablir ainsi l’inégalité ; 4) que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits, notamment en droit d’accéder librement au marché ; 5) que les droits incarnés et conférés par la monnaie ne sont pas et ne seront jamais les droits du Citoyen ; 6) que des Citoyens n’ont pas droit seulement à un minimum, mais que tous ont droit au maximum de ce que la Société peut procurer ; 7) qu’un Citoyen a autant de droits que de devoirs, qu’il a même des devoirs avant d’avoir des droits, et qu’accorder des droits sans leur contrepartie en devoirs anéantit la Citoyenneté et, par-là même, la Société ; 8) que l’on ne peut échapper à toutes ces aberrations et contradictions qu’en sortant du système monétaire lui-même. Cela ne leur vient pas à l’esprit parce qu’ils sont prisonniers de la logique monétaire et que, ne leur en déplaise, ils ignorent tout de la logique sociale. Ils se croient raisonnables et modérés en donnant l’impression de chercher le juste milieu, alors qu’ils ne connaissent qu’un parti : celui de Largent. Comment pourraient-il servir la Société dont ils ignorent tout ? Et, s’ils connaissaient les Principes de l’Ordre social, en quoi serait-ce raisonnable de les rogner en partie au profit de Largent ? En quoi consisterait d’ailleurs un tel compromis ? En réalité, la chose serait impossible : deux logiques ne peuvent pas cohabiter ; c’est tout l’une ou tout l’autre. Dans le cas présent, c’est Largent qui l’emporte.

Et cela n’a rien d’étonnant. Ces idées ont été conçues, d’abord, par des bourgeois qui, quoique pleins de bons sentiments, ne raisonnaient pas en Citoyens, qui ne se voyaient pas comme les égaux de ceux auxquels ils voulaient assurer des droits via la monnaie et pour qui la Société devait moins garantir, à tous les Citoyens, les droits du Citoyen que faire la charité aux plus déshérités. À ma connaissance, le premier qui ait émis l’idée d’un revenu universel était Thomas Paine, en 1797. Or, rappelons-nous ce que nous avons dit plus haut, à savoir que le système monétaire est lié au mode de production artisanale. C’est la possibilité de produire en masse, offerte par l’industrialisation, qui rend concevable le droit, pour tout Citoyen, d’accéder librement au marché et, donc, de ne plus avoir besoin de recourir à une monnaie. Mais, à l’époque de Thomas Paine, la production était encore artisanale : la monnaie était incontournable sur le plan économique et dans les idées politiques. Autrement dit, il avait des excuses. Quelles excuses ont ceux qui, 200 ans plus tard, ont encore ce genre d’idées ? Aucune, si ce n’est qu’ils sont toujours sous l’emprise de Largent, c’est-à-dire de la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, chose qu’ils ne s’avoueront jamais. Tout a changé autour d’eux ; rien n’a évolué dans leurs têtes.

On comprend que Paine ait pu avoir ces idées-là. On comprend comment il y est arrivé. On comprend aussi pourquoi des gens de moindre condition y adhèrent : soit par intérêt personnel, soit parce qu’ils font les mêmes erreurs au nom des mêmes préjugés. Et j’ai déjà suggéré la raison pour laquelle ces idées, jusque-là marginales, font florès aujourd’hui.

Le chômage et la misère, que les progrès techniques auraient dû éradiquer, explosent. Les chômeurs ont droit a des allocations un certain temps, et des « minima sociaux » ont été mis en place pour les misérables. De fait, le revenu de base existe déjà, très bas, certes !, mais il existe, et, comme je le disais, ce qui change avec les projets en question, et d’un projet à l’autre, ce sont notamment les montants. Mais, au fond, le principe est déjà appliqué. Ces projets n’ont rien de révolutionnaires. Ils sont même contre-révolutionnaires.

Hormis pour ceux qui croient que c’est faire preuve d’une grande humanité que de garantir des miettes à tous, en lieu et place des droits du Citoyen, et qui sont des contre-révolutionnaires par défaut, pour ne pas dire par bêtise, la véritable raison d’être de ces projets, la véritable raison pour laquelle les capitalistes notoires les mettent soudain à l’ordre du jour, c’est qu’il en va de la survie du capitalisme lui-même. Dans un système monétaire, inégalitaire, la Demande réelle est globalement faible et, à l’ère technologique, elle s’effondre du fait qu’une masse toujours plus importante de gens tend à être privée de travail, donc de revenus. À quoi bon produire si personne ne consomme, si la consommation est du moins très en deçà de la production ? Mais l’évolution technologique ne permet pas de revenir à des modes de production moins productifs. En l’état actuel des choses, le système monétaire va au-devant d’un paradoxe insoutenable et mortel pour lui. S’il ne s’effondre pour des raisons économiques, c’est-à-dire, en réalité, monétaires, il déchaînera, tôt ou tard, contre lui la masse des affamés. D’une manière ou d’un autre, sa fin est inéluctable. C’est pour la repousser, autant qu’ils le peuvent, que les capitalistes trouvent soudain pertinent d’assurer un revenu universel, non par respect des droits, dont ils ne se sont jamais souciés, mais pour soutenir la Demande et acheter la paix sociale, comme on dit. Ils jettent aux chiens un os à ronger. Mieux ! Ils s’assurent ainsi de les tenir en laisse. Ils espèrent, en effet, qu’en faisant dépendre leur revenu de base de l’État, ils n’oseront pas se retourner pour mordre la main qui les nourrit, fut-ce mal. Mais combien de temps ce petit jeu pourra-t-il durer ? Combien de temps l’État pourra-t-il payer les gens à ne rien faire, soit en ponctionnant le travail, ce qui le soumettra à une pression insupportable, soit en injectant de l’argent fictif, qui achèvera de déstabiliser le système monétaire ? Une fois consommé ce nouveau fiasco, que reste-t-il comme solution ? Comment fausser davantage le système ? L’idée d’un revenu universel est la dernière cartouche du capitalisme. Pas seulement la dernière en date, mais bien la dernière tout court.

La technologie d’aujourd’hui rend déjà possible de s’engager dans une nouvelle voie, celle préconisée par le Civisme, celle des Principes de l’Ordre social. Il serait possible d’attacher le droit d’accéder librement au marché à la Citoyenneté. Une carte à puce suffit pour appliquer ce Principe. En outre, le devoir de participer à de la Cité, pour mériter la Citoyenneté et avoir ainsi accès au marché, est une notion beaucoup plus large que le travail et, plus encore, que le travail tel qu’il est conçu dans le système monétaire. Au fond, il n’y a donc aucun problème. C’est l’argent qui en crée un. Mais les valets de Largent iront jusqu’au bout de sa logique, jusqu’à l’épuisement de tous les expédients possibles. En reprenant à leur compte l’idée d’un revenu universel, en maintenant les esprits dans la logique monétaire, ils écartent cette alternative révolutionnaire qui, si elle venait à être connue et prônée, structurerait la colère populaire et lui donnerait un but pour lequel elle aurait les moyens. Là encore, on voit à quel point les chantres de toute forme de revenu de base sont des contre-révolutionnaires et les complices objectifs du capitalisme.

Dans la mesure où aucune force n’est actuellement capable de contrer réellement le capitalisme, pas même sur le plan des idées, il est fort probable qu’un revenu de base sera instauré dans les années à venir, comme c’est déjà le cas dans certains pays (Espagne). Tout ce que nous pouvons espérer, c’est que son mode d’attribution ne sera pas trop démagogique, afin qu’il ne lobotomise pas plus les gens qu’ils ne le sont déjà, et qu’il soit moins difficile d’attacher les droits économiques et sociaux à la Citoyenneté le moment venu.

Pour terminer, je voudrais mettre en parallèle ces idées de revenus, garantis par l’État, avec celle des droits du Citoyen garantis par la Cité. D’aucuns pourraient leur trouver les mêmes vices. J’ai dit qu’un des dangers des premières était de permettre à l’État de tenir en laisse les allocataires. On pourrait tout aussi bien considérer que la Cité aura tout autant la main mise sur les Citoyens. Mais il faut bien voir, tout d’abord, que quel que soit le montant de ces revenus, il sera toujours ridicule comparé au droit du Citoyen d’accéder librement au marché ; ensuite, que, s’il est facile d’augmenter ou de baisser arbitrairement des revenus, puisque personne n’a conscience que la monnaie n’est rien d’autre que des droits, et même si tout le monde en avait conscience, puisque la monnaie condamne à jouer avec elle, et donc avec les droits, il n’en serait pas de même des droits conférés par la Citoyenneté, qu’il serait impossible de rogner en tout ou partie sans remettre en cause la Citoyenneté elle-même, chose beaucoup plus difficile ; enfin, que la Cité ne serait pas l’État, que la démocratie ne serait plus le mot creux qu’elle est dans un système monétaire, que les lois seraient l’ouvrage des Citoyens, qui auraient à cœur l’intérêt général, et non plus de puissances obscures, qui servent des intérêts inavouables. Même en admettant que le principe soit le même, il en irait tout autrement de son application. Il y aurait la même différence qu’entre être attaché à un piquet, par une corde plus ou moins courte, et être libre de tous ses mouvements dans un espace vaste quoique limité. Il faut bien, à un moment donné, que la Citoyenneté soit reconnue par la Cité qui est aussi la garante des droits du Citoyen et donc de leurs limites, égales pour tous dans le cas présent. Sans quoi, il n’y a ni Société, ni Citoyens, ni droits, ce qui est, en effet, l’idéal prôné par certains, sous divers prétextes, mais un idéal sans queue ni tête, dépourvu de la moindre once de bon sens, un idéal sans portée pratique voué à demeurer à l’état de chimère.

00:58 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 14 mai 2020

DE LA FIN DE L’ARGENT LIQUIDE À LA FIN DE LARGENT TOUT COURT

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Dans cette vidéo, nous allons traiter la question de la disparition de l’argent liquide. Mais nous n’allons pas nous précipiter sur le morceau. Nous allons prendre de la hauteur pour saisir le problème dans son ensemble.

Avant de se demander si la disparition de l’argent liquide sera une bonne ou une mauvaise chose, il me semble qu’il faut se demander ce qu’est l’argent tout court et si c’est une bonne ou mauvaise chose. Mais une bonne ou une mauvaise chose par rapport à quoi ? Je dis que, en tant que paramètre social, l’argent doit être comparé par rapport à ce que devrait être une Société. Pour savoir si l’argent remplit ou non son office, s’il le remplit bien ou mal, il faut sortir de sa logique à lui, sans quoi on le comparerait à lui-même, ce qui ne serait en rien une comparaison. On ne peut pas critiquer sérieusement l’argent si on adopte d’emblée ses propres critères ou si on ne lui oppose que de vagues intuitions pétries inconsciemment de préjugés monétaires. Je dis donc qu’avant de s’intéresser à l’argent, sous quelque forme que ce soit, il faut savoir ce qu’est une Société dans l’absolu.

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, un devoir envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de ces garantir droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Une chose que le Civisme, avec son concept de Largent (c’est-à-dire la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger), permet de comprendre, c’est que, bien que Largent soit né du troc et que les premières monnaies aient été matérielles pour faire du troc comme précédemment, c’est-à-dire pour continuer à échanger des objets, en réalité il n’a jamais été indispensable que les unités de valeur soient matérielles ou matérialisées. Dès lors que les hommes croient que la notion abstraite et absurde de valeur marchande est nécessaire pour échanger, les unités de valeur peuvent être tout autant abstraites et absurdes que cette croyance. Le système ne repose pas sur la matérialité de la monnaie, mais sur la croyance des hommes. L’unité de valeur est un concept qui peut exister en n’étant rien de plus, en n’ayant aucune matérialité. Il est même dans la logique des choses que les monnaies matérielles, qui n’ont donc jamais été qu’un support et un prétexte à la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, tendent à devenir toujours plus immatérielles jusqu’à n’avoir plus aucune matérialité et finissent pas se confondre avec la croyance elle même, c’est-à-dire que les unités de valeur n’existent plus que par la croyance en la nécessité de leur existence.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : la disparition de l’argent liquide.

Comme nous venons de le voir, le processus de dématérialisation de la monnaie est inéluctable et entamé depuis longtemps. L’informatique l’a accéléré et va permettre de le mener à son terme. Un autre processus, inhérent au caractère inégalitaire de la monnaie, est à l’œuvre : celui de sa concentration entre quelques mains, processus au bout duquel il y a, en théorie, sa concentration entre les mains d’une seule personne. En pratique, une seule personne ne peut pas détenir tout l’argent. En revanche, quelques personnes peuvent, en effet, concentrer entre leurs mains tout le pouvoir que Largent confère, un pouvoir qui surpasserait celui des États, un pouvoir sans limite qui s’étendrait sur le monde entier, un pouvoir qui supposerait l’abattement des frontières, l’asservissement des peuples et l’anéantissement des récalcitrants. Alors serait réalisé sur la Terre le « Royaume Universel de Largent » que d’aucuns nomment « Nouvel Ordre Mondial » et auquel certains essayent de trouver d’autres explications que la seule force des choses insufflée par Largent, pour ne pas avoir à remettre eux-mêmes Largent en cause.

La disparition de l’argent liquide, autrement dit la généralisation de la monnaie virtuelle, participe de ce second processus. Si elle relève assurément de la volonté des puissants de ce monde et des puissances d’argent de tout contrôler, elle est aussi une phase de plus, quoique la phase ultime, de la quête ordinaire d’une monnaie toujours plus pratique, et elle est aussi une fatalité de l’évolution technologique. Tout concourt à ce que rien n’empêche ce processus d’aller au bout, y compris la volonté de le stopper. (Je m’expliquerai plus loin sur ce point.) Dans l’état actuel des choses, nous sommes déjà asservis par l’État qui sait tout de nous, qui a sur nous tout pouvoir et dont la monnaie constitue la principale trique (via les impôts, les taxes, les amendes, etc.), bien avant la police et les tribunaux. Mais nous sommes tenus de bien d’autres manières, via l’argent. N’oublions pas que nos droits passent par la monnaie. Celui qui a le pouvoir de vous donner de l’argent ou de vous obliger à payer, est maître de vos droits, maître de vos vies. Cela a toujours été le cas et l’est plus encore depuis que nous ne produisons plus rien seuls et sommes totalement interdépendants les uns des autres, autrement dit depuis que nous avons tous un besoin absolu d’argent pour accéder au marché. Ce besoin d’argent nous place dans la dépendance de ceux qui peuvent nous en donner ou nous en prendre : État, patrons, banques, propriétaires, assurances, etc. Que la monnaie soit matérielle ou virtuelle ne change déjà rien pour la plupart des gens. La disparition de l’argent liquide ne nuira qu’à ceux qui perçoivent ou manipulent de l’argent discrètement voire illégalement : travailleurs au noir, clandestins, employeurs, commerçants, commerciaux, mendiants, voleurs, dealers, truands, trafiquants, mafias, services secrets. Certains n’ont pas lieu de se plaindre. On comprend, en revanche, le désir légitime de certains autres d’échapper, grâce à l’argent liquide, à la surveillance étroite et à la pression étouffante, pour ne pas dire au racket permanent, d’un État inique et despotique. Une certaine liberté va en effet disparaître en même temps que certains abus. Sous ce rapport, les avantages compensent les inconvénients. Il est vrai, cependant, qu’aucune liberté nouvelle ne naîtra pour balancer celles qui seront perdues, tandis que les valets de Largent, et l’État particulièrement, tiendont, plus que jamais, nos vies entre leurs mains et ne manqueront pas d’abuser, à nos dépens, de cette suprématie renforcée.

Mais si cette évolution fait le jeu du capitalisme et de Largent à court terme, elle est aussi la dernière étape avant leur mort. Protester est non seulement vain mais encore contre-révolutionnaire à double titre.

Tout d’abord, ceux qui déplorent la disparition de l’argent liquide n’ont pas les moyens d’empêcher qu’il disparaisse. Les grands intérêts capitalistes et la marche du progrès rendent sa disparition inéluctable. Qu’ils s’inquiètent pour eux-mêmes ou au nom de la Liberté, ils n’y changeront rien.

Ensuite, Largent est-il une si bonne chose qu’il faille le défendre sous prétexte de s’opposer à la disparition d’une illusion ? Car, que veulent, au final, ceux qui s’opposent vainement à la disparition de l’argent liquide, sinon la perpétuation du système monétaire lui-même, donc du capitalisme, donc de Largent, donc de tout ce qui en découle ? Et ces gens-là auraient la prétention d’être des anticapitalistes et des révolutionnaires, alors même que leurs considérations les plus élevées sont au ras des pâquerettes ?

Enfin, et c’est ici que la connaissance du Civisme est indispensable pour voir les tenants et les aboutissants de tout ceci, la disparition de l’argent liquide a pour corollaire la généralisation de la monnaie virtuelle et sa manipulation par l’usage exclusif de cartes de crédit. Or, d’après les Principes que nous avons posés plus haut, un Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché parce qu’il est Citoyen ; ce droit doit lui être conféré par la Citoyenneté. Mais comment un Citoyen peut-il prouver sa Citoyenneté aux commerçants ? Beaucoup de moyens peuvent être imaginés, mais une carte à puce en est assurément un bon. Le Civisme envisage ainsi de doter les Citoyens de Cartes dites civiques. Entendons bien que ces cartes ne serviraient pas à manipuler de la monnaie (il n’y en aurait plus), mais seulement à accéder à l’information au sujet de la Citoyenneté. Ce système utiliserait exactement le même genre d’infrastructure que celui des cartes de crédits. Passer de l’un à l’autre ne serait qu’un jeu d’écriture informatique. Et c’est le capitalisme qui, croyant servir ses intérêts, met en place tout ce qu’il faut pour tourner la page de Largent ! Dès lors, n’est-il pas contre-révolutionnaire de vouloir l’empêcher de commettre cette erreur fatale pour lui, sans aucun profit pour nous ? Il n’y a qu’en n’ayant aucune notion des Principes de l’Ordre social et aucun projet conforme à ces Principes, en naviguant à courte vue, que l’on peut commettre soi-même un tel faux pas.

Heureusement, rien ni personne ne peut entraver le cours des choses. L’argent liquide va disparaître et Largent tout court va toucher au faîte de sa puissance… d’où il ne pourra que tomber. Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne…

Ceci étant, Largent ne tombera pas tout seul, il faudra l’y aider, et on ne peut pas le faire tomber n’importe comment. Là encore, la conception qu’en a le Civisme est décisive. Sans elle, Largent est vaguement appréhendé à travers la monnaie, de sorte que l’illusion ordinaire est de croire qu’il suffit d’abolir la monnaie pour anéantir Largent, piège dans lequel il sera d’autant plus facile de tomber que la monnaie n’aura aucune réalité matérielle et qu’elle sera techniquement facile à balayer. Ce réflexe, qui est celui de tous les gens qui clament « À bas l’agent ! », consiste à s’en prendre à la monnaie, qui est extérieure aux hommes, et à négliger Largent qui, en tant que croyance, est en chacun de nous. C’est une solution de facilité qui, si tant est qu’il soit possible de la mettre en œuvre, ne résout rien à la longue. En fait, une croyance ne peut être anéantie que par l’adhésion à une autre, adhésion qui sera d’autant plus forte qu’elle sera inconsciente. Ainsi, de la même manière que Largent nous est inculqué par la pratique de l’échange monétaire, seul l’échange pratiqué sur un nouveau mode pourra inculquer aux hommes, sans qu’il soit besoin de leur faire la leçon, les préceptes de ce nouveau système. Et les hommes seront d’autant plus enclins à adopter ce nouveau système, fut-il fondamentalement différent, qu’il ne changera fondamentalement rien en apparence. C’est là toute la force du Civisme. Les Cartes civiques s’utiliseront comme des cartes de crédits, mais elles inculqueront la logique de l’Égalité et les Principes de la Cité qui supplanteront, dans les esprits, Largent et l’individualisme. Continuité sur le plan pratique ; révolution sur le plan moral. Aucune autre théorie ne présente de tels avantages ni une telle cohérence. Au vrai, les autres se résument à éradiquer la monnaie et s’en remettent, pour le reste, qui au Saint-Esprit, qui au génie du prolétariat, qui à la bonté des hommes, dogmes d’une incommensurable niaiserie qui les dispensent surtout d’approfondir leurs sujets : Largent d’un côté, la Société de l’autre.

09:57 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 04 mai 2020

LE CORONAVIRUS & LE CIVISME (vidéo)

« La guerre est toujours le premier vœu d’un gouvernement puissant
qui veut devenir plus puissant encore. »

Robespierre
18 déc. 1791

 

Coronavirus - image.png

Pour voir la vidéo, cliquez ICI

 

Dans cette vidéo, je vais traiter la crise du coronavirus sous l’angle du Civisme.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais donc poser le cadre général, c’est-à-dire la façon dont le Civisme voit le monde.

 

Grille de lecture générale

Pour ceux qui ne connaissent pas le Civisme, je rappelle qu’il prône un système, la Cité, dans lequel les Citoyens seraient égaux en devoirs et en droits, notamment égaux dans le droit d’accéder librement au marché. Le droit d’accéder librement au marché leur serait donc conféré par la Citoyenneté, et non plus par quelque monnaie que ce soit. Je n’en dis pas davantage ; ceci est suffisant pour mon propos.

Le Civisme fait de l’Égalité (des Citoyens, en devoirs et en droits) le Principe fondamental de l’ordre social, Principe qui n’a rien de nouveau en apparence, mais qu’aucune théorie n’a posé comme lui. Pour le Civisme, l’Égalité implique un système non-monétaire (chose révolutionnaire en soi) et elle ne concerne que les Citoyens (ce qui est presque tout aussi révolutionnaire). Elle va donc de pair avec les notions de Peuple, de Nation, de patrie, de patriotisme, de souveraineté du Peuple (démocratie) et de souveraineté nationale (indépendance).

À l’opposé, évidemment, l’inégalité, dont le Civisme voit la source dans Largent. Largent, qui s’écrit « Largent », c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. De cette croyance découle la monnaie, le système monétaire et le capitalisme. La monnaie est un monde d’échange entre individus qui insuffle l’individualisme, le faux universalisme sous le nom de droit-de-l’hommisme, l’antinationalisme, le sans-frontiérisme, le mondialisme et, potentiellement, l’immigrationnisme, prôné sous couvert d’antiracisme. Mais la monnaie incarne les droits et ne peut pas, de par le simple jeu des valeurs, se répartir également, de sorte que le système monétaire est fatalement inégalitaire et tyrannique. L’inégalité signifie exploitation et oppression des masses, profit et pouvoir pour quelques-uns.

Voilà donc deux conceptions absolument incompatibles, celle qu’il faut atteindre et celle qui régit actuellement le monde en général et la France en particulier. Il y a deux camps en théorie. En pratique, les choses sont cependant moins tranchées. À l’exception des partisans du Civisme, personne n’a encore compris que l’inégalité est inhérente à Largent et au système monétaire. Ainsi trouve-t-on des gens qui, par instinct ou simple bon sens, défendent toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (peuple, patriotisme, démocratie, etc.) mais ne vont pas jusqu’à remettre en cause le système monétaire. Qu’ils invoquent ou non l’Égalité, ils prônent moins d’inégalités. Ils ignorent qu’il est dans la nature d’un système intrinsèquement inégalitaire de pousser vers toujours plus d’inégalités, et non de tendre à les résorber. Ils ont de bonnes dispositions mais une mauvaise théorie. Ils veulent tout et son contraire. Ils s’opposent à tous les effets de Largent, mais, en ne le dénonçant pas lui-même, ils en sont des partisans par défaut et sont donc en partie responsables de tout ce à quoi ils s’opposent, puisqu’ils contribuent à en perpétuer la cause. Le cas le plus aberrant est celui de ceux qui prétendent défendre leur peuple ou leur nation mais rejettent catégoriquement l’Égalité. Il faut dire, à leur décharge, que, s’ils ne comprennent rien à l’Égalité, ceux qui la prônent n’y comprennent généralement rien non plus.

De l’autre côté, les ennemis éternels du peuple, les partisans déclarés de Largent, et de tout ce qu’il implique, se rencontrent principalement chez les profiteurs de l’inégalité, les riches et tous ceux qui croient en être ou espèrent en être un jour. Ceux-là ont le pouvoir économique, le contrôle des principaux médias et ils tiennent aussi, de manière directe ou indirecte, le pouvoir politique (législatif et exécutif). Cependant, seuls, ils ne pèseraient pas lourd. Heureusement, la police et les forces de l’ordre, qui devraient servir le peuple, sont aux ordres de l’État, c’est-à-dire des leurs. Par ailleurs, la propagande a exacerbé l’individualisme qui puise aussi à d’autres sources que le système monétaire (la spiritualité, par exemple), mais qui conduit sur la même ligne idéologique : antinationale, sans-frontiériste, immigrationniste, antiraciste. Tous ces biais maintiennent dans le giron capitaliste des gens qui vomissent le capitalisme. Ceux-là aussi veulent tout et son contraire. Mais qu’ils aient le choix entre un défenseur de la nation et un capitaliste, banquier de surcroît, et ils choisiront le capitaliste pour faire « barrage à la haine », comme ils disent.

En fin de compte, Largent n’a pas d’ennemis à l’heure actuelle. Tous nos contemporains sont des capitalistes, qu’ils en soient conscients ou non.

 

Le gouvernement actuel

Il est assez évident que Macron est le représentant des ultra riches et le valet docile de Largent. Son but est le règne absolu de son maître, en France et sur le monde. Il s’emploie à briser tout ce qui s’y oppose. Il est l’ennemi absolu du peuple. Il ne s’en est d’ailleurs pas caché. Il applique le dogme à la lettre : tout pour les riches, destruction des protections, accroissement des inégalités, sans-fontiérisme économique, répression des mouvements populaires inévitables.

Un point sur lequel il faut nous arrêter, car relativement incompréhensible. Pourquoi s’acharne-t-il à détruire la France et le peuple français ? Car il détruit bien la France en la vendant par petits bouts, en la dépouillant de toute souveraineté, en dotant même nos soldats d’armes étrangères. Et il détruit bien le peuple français en poursuivant la politique immigrationniste, en signant le pacte de Marrakech (qui interdit toute critique à l’endroit de l’immigration), en n’opposant toujours aucune résistance aux revendications communautaristes, en tolérant la quasi impunité des délinquants et criminels étrangers, en laissant les enclaves étrangères se développer, bref en affaiblissant et réprimant les Français pendant que les envahisseurs se renforcent et les terrorisent sans risque. Il ne fait en cela que poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs qui étaient animés par la même logique. Mais quelle est cette logique ? A première vue, il s’agit de la logique capitaliste qui est de faire baisser le coût du travail pour augmenter les profits, soit en délocalisant la production, soit en faisant venir une main d’œuvre moins exigeante. Dans les deux cas, le risque de chômage et le chômage réel cassent les « luttes sociales ». C’est dégueulasse, mais cela à un sens. En revanche, à quoi rime la poursuite d’une immigration effrénée quand il y a déjà des millions de chômeurs et que la plupart des immigrés ne travailleront pas ? Loin d’être la chance que l’on nous vante, ils seront à l’évidence un poids pour la communauté nationale. Par ailleurs, une immigration de peuplement ininterrompue ne peut avoir à terme qu’un résultat : la submersion de la population d’origine. C’est là précisément le but recherché. Le peuple français a seul la capacité de renverser le capitalisme et d’anéantir Largent. (La théorie existe déjà.) Le peuple français ne le sait pas encore, mais le capitalisme, lui, le pressent et prend les devants. L’immigration est faite pour le paralyser, et il ne sera jamais mieux paralysé que s’il est totalement anéanti par elle. Les capitalistes ne veulent plus voir de Gilets jaunes….

Voilà le logiciel de Macron. Avant même que ne survienne la crise du coronavirus, ce gouvernement, pas plus que les précédents, ne méritait la moindre confiance. Nous sommes gouvernés par des gens qui ne nous veulent pas du bien, qui ne veulent même pas notre mort, qui voudraient juste que nous n’existions pas ou que nous acceptions d’être de simples numéros pour ne pas gêner Largent.

 

Le coronavirus

C’est dans ce contexte qu’est apparu le coronavirus. Alors virus naturel ou artificiel ? Accident ou fuite volontaire ? Grave ou bénin ? Je n’entrerai pas dans ces questions auxquelles je ne suis pas qualifié pour répondre. Je ne veux entrer que dans les questions dont les réponses relèvent du bon sens.

Il est à noter que les économistes prédisaient pour 2020 un effondrement des banques et une crise pire que celle de 2008. Ce virus arrive à point nommé pour masquer la faillite du système. Ce virus existe pourtant bien. Mais sa gravité n’est-elle pas exagérée à dessein ?

Aussi incertains soient-ils, les chiffres nous disent que le coronavirus n’est pas plus mortel que les grippes ordinaires dont on ne parle jamais. Alors pourquoi avoir fait tout une histoire de ce virus-là ? Il semblerait que ce soit en raison de sa capacité de diffusion rapide et des complications inédites qu’il entraîne. Ce qui explique pourquoi les hôpitaux ont été submergés d’un coup, d’autant plus que leurs capacités étaient réduites, et pourquoi médecins de terrain et soignants, qui manquaient du matériel élémentaire et ont payé un lourd tribut, sonnaient l’alarme. Ce virus n’est peut-être pas si grave globalement, mais il est assurément terrible pour ceux qui le côtoient.

C’est, dans le meilleur des cas, ce qui explique les flottements du Gouvernement Macron de janvier à mi-mars.

 

Le gestion du gouvernement

Mais le Gouvernement n’est pas le premier péquin venu. Il a des services. Il sait. Il savait ce qu’il se passait en Chine (je ne parlerai même pas des implications des Français dans le laboratoire du Wuhan). Il ne pouvait ignorer la gravité de la situation sur place. Il ne pouvait ignorer le danger que cela serait pour la France si le virus y parvenait. Qu’a-t-il fait alors ?

A-t-il fermé les frontières à la circulation des hommes, au moins ? Non.

A-t-il reconstitué le stock de masques indispensables, liquidé par le gouvernement précédent, dont faisait partie Macron lui-même ? Non.

Il n’a pas seulement pris ces précautions élémentaires, il a fait le contraire….

Il a organisé le rapatriement des Français en Chine.

Pour aider à ce rapatriement, il a envoyé des militaires en Chine, dont certains sont revenus porteurs du virus, comme il fallait s’y attendre.

Alors que l’Italie était déjà gravement touchée et placée sous confinement, il n’a pas empêché que des milliers de supporters italiens viennent à Lyon pour un match de foot.

Alors que des voix s’élevaient pour réclamer la fermeture des frontières, il a éludé une fois de plus cette mesure de bon sens en faisant dire que le virus n’a pas de passeport. En fait, jamais il n’ordonnera leur fermeture ; il n’ordonnera même pas que les entrants soient automatiquement testés ou mis en quarantaine. L’Étranger est sacré !

Il aurait voulu que le virus arrive en France et se répande, qu’aurait-il fait d’autre ?

Non moins troublante, l’interdiction de la chloroquine, utilisée depuis des décennies, peu avant qu’un des plus illustres chercheurs français ne découvre qu’elle est un élément essentiel pour prévenir l’aggravation de la maladie, un chercheur que les médias macronolâtres et les représentants de Big Pharma n’ont cessé de dénigrer depuis. Visiblement certains tenaient plus à voir le virus faire des dégâts, avant qu’ils ne puissent proposer un vaccin à prix d’or, que de le vaincre de suite pour pas cher, quoiqu’ils n’aient pas perdu l’espoir d’inoculer on ne sait quoi à toute la population. Soudain, le principe de précaution prévalait pour reporter aux calendes grecques le remède du chercheur, comme si lui-même n’avait pris aucune précaution et n’était pas plus autorisé que tous ces gens qui bavaient sur lui.

Maintenant, le virus était là. Le gouvernement a-t-il préconisé de porter des masques, même de fortune ? Non. Il a fait mieux. Il a déconseillé d’en porter.

Et soudain, virage à 180°. Du jour au lendemain, tout le monde confiné chez soi. Toutes les boutiques, tous les commerces, toutes les entreprises fermés. La France a l’arrêt. La première mesure qui aurait du être prise dans la foulée était évidemment un moratoire sur les loyers et les dettes. L’État condamnait les gens à ne pas gagner d’argent, mais il ne les dispensait pas de payer… Avec quoi ? Les aides qu’il a proposées par la suite (et qui représentent une somme colossale) sont ridicules par rapport aux besoins individuels et n’éviteront pas des centaines de milliers de faillites. Ces gens qui ont Largent pour Dieu ne savent-ils donc pas comment le système monétaire fonctionne ou ont-ils résolu de liquider la France ? Et que l’on ne dise pas que l’on ne peut pas tricher avec les règles du jeu ! L’État sait très bien le faire quand ça l’arrange… mais sauver la France n’est pas un enjeu qui en vaut la peine apparemment !

Soudain, donc, tout le monde s’est vu contraint de rester chez lui. Les frontières et les barrières ont du bon finalement, surtout quand on n’a ni masques, ni tests, ni remède, quand on n’a rien fait pour en avoir, quand on a même tout fait pour ne pas en avoir. Un discours guerrier semblait marquer une prise de conscience et un changement de cap. On déplorait la destruction de l’industrie française, on appelait à relocaliser la production, on exaltait la souveraineté comme pour réhabiliter les frontières, on sonnait la mobilisation, on se sentait enfin français, on donnait l’impression de s’élever à la hauteur des circonstances… Que des mots…. Les capitalistes ne croient pas en la vertu du peuple. En fait de souveraineté, il n’était question que de souveraineté européenne ; il s’agissait de rester dans la même logique capitalo-mondialiste. En fait de mobilisation nationale et de relocalisation, l’Etat n’a pris aucune mesure de salut public pour produire des masques en France : il en a commandé en Chine, lesquels n’arriveront pas avant des mois. Il n’a pas davantage indiqué aux Français comment en fabriquer avec les moyens du bord. Mieux encore ! Il a interdit aux pharmaciens de leur en vendre. Il a interdit aux communes de prendre des arrêtés imposant d’en porter. Tout le monde est confiné en théorie, mais chacun peut se faire une dérogation pour sortir. La police est toutefois déployée pour réprimer certains abus au moyen d’amendes ridicules, dont le montant finira par être augmenté. Mais la traque des abus a ouvert la traque des Français, jusqu’au fond des bois. Il essaye de voir jusqu’où nous sommes capables d’aller dans l’obéissance. Dans le même temps, les ordres sont donnés pour laisser les racailles se soustraire aux consignes générales. Leurs frères sont libérés en masse des prisons. Il n’y a aucune rupture idéologique.

Des masques auraient suffit pour éviter cette situation. Que la France en ait manqué au départ, soit. Mais ce gouvernement n’a rien fait pour que les Français puissent s’en procurer ou s’en faire et être ainsi assez protégés pour ne pas en arriver à les confiner et à ruiner le pays.

Même sans masque, des traitements efficaces, comme semblent l’être la chloroquine ou simplement les antibiotiques, auraient rendu ce virus relativement bénin (sauf cas particuliers) et le confinement inutile. Mais ce gouvernement a tout fait pour écarter cette option et que tous les espoirs soient placés dans un vaccin produit par ses amis.

Nous en sommes là et le déconfinement va commencer dans quelques jours. Il fallait bien en sortir. Mais la France est-elle mieux armée et mieux dirigée ? Non ! Nous avons toujours les mêmes dirigeants, avec la même idéologie et les mêmes incompétences apparentes qui cachent une trahison évidente. Ces gens-là retombent toujours sur leurs pattes. Que ce virus ait été une machination de haut vol ou un accident de la nature, que ce Gouvernement ne l’ait pas vu venir ou l’ait laissé entrer, qu’il ait détruit un peu plus la France volontairement ou fortuitement, dans tous les cas ce sont eux qui tiennent les rennes et tournent tout en faveur de « leur projet ». Au nom de la santé publique, ils ont habitué les Français à se soumettre, à applaudir, à être surveillés, à être isolés ; ils ont dressé les policiers contre eux ; ils envisagent des dispositifs, soi-disant temporaires, pour les traquer. Tout ceci n’annonce pas un gouvernement qui va garantir les libertés mais qui va, au contraire, les resserrer pour assurer son pouvoir et celui de ses amis. Mieux ! Au nom de la santé publique, ils interdisent qu’aucune tête ne dépasse et ils ont le front d’exiger que l’union nationale se fasse autour d’eux. Leur culot est sans limite !

 

Les dangers du coronavirus

Le véritable danger du coronavirus n’est pas sanitaire (pardon pour ses victimes !) ; il est économique et politique. La vraie catastrophe sera la ruine de très nombreuses petites entreprises et sans doute le suicide d’un grand nombre de petits entrepreneurs. La cause de ces ruines ne sera pas le coronavirus lui-même mais les mesures économiques ineptes adoptées par ce gouvernement. Une chaîne peut tourner ou être à l’arrêt sans dommage. Mais laisser tourner des maillons pendant que les autres sont à l’arrêt, et c’est la rupture assurée. C’est ce qu’a fait ce Gouvernement. Sans doute ne l’a-t-il pas fait sciemment, mais par soumission à la logique capitaliste dans un moment exceptionnel où il fallait la contourner. Mais ce gouvernement, qui travaille depuis toujours à la destruction de la France, sera-t-il vraiment chagriné qu’elle soit ruinée ? Si le coronavirus n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer !

J’ai dit que le deuxième danger était politique. Politique au sens large. Nous avons vu que cette crise allait justifier que le gouvernement s’arroge tous les pouvoirs, et écrase toute opposition politique ou populaire. Or nous savons que son but n’est pas l’intérêt du peuple. A quoi va-t-il donc employer son pouvoir ? Tout simplement à renforcer toujours plus son pouvoir sur le peuple et à servir les intérêts de ses amis richissimes sur le dos du peuple quitte à le tuer, tel la poule aux œufs d’or. Les moyens de surveillance générale et de répression sont prêts (drones, radars, flashball, etc.). Le revenu d’existence, c’est-à-dire d’asservissement, est dans les cartons. Censure et autocensure sont à l’ordre du jour dans les médias et sur les réseaux sociaux, toujours au nom de l’antiracisme et maintenant des antifakenews. La surveillance individuelle via l’informatique et les vaccins n’attendent qu’un feu vert. Tout ce qui rapporte de l’argent aux grands groupes a libre cours, même et surtout si rien ne repousse derrière (5G, glyphosate). Quant à l’encouragement de l’invasion, il ne se dément pas.

 

Le coronavirus dans la Cité

Dans la Cité, il en aurait été tout autrement, que le coronavirus ait été un danger réel et, à plus forte raison, s’il n’ait qu’une conspiration au service du Nouvel Ordre Mondial, c’est-à-dire du Royaume Universel de Largent. Dans ce second cas, la Cité n’aurait pas marché dans la combine. Point final.

Mais en ne retenant que la première hypothèse d’une menace réelle, la Cité y aurait été préparée. Il ne lui aurait rien coûté d’avoir des stocks stratégiques ; elle ne les aurait pas liquidés pour faire des économies de bouts de chandelles et, encore moins, pour favoriser les ravages d’une maladie providentielle.

Ayant rompu avec l’idéologie mondialiste et sans-frontiériste, elle n’aurait pas hésité une seconde à fermer les frontières.

En admettant que le virus arrive malgré tout, elle aurait imposé le port du masque ; elle aurait expliqué comment en fabriquer ; elle aurait mobilisé les Citoyens et les entreprises pour en produire, ainsi que tout le matériel nécessaire pour faire face. Dans une logique patriotique, elle aurait fait appel au génie de la nation pour pourvoir à tout. Loin d’étouffer les découvertes prometteuses, pour préserver des intérêts financiers, elle les aurait aussitôt répandues.

En admettant, enfin, qu’une période de « confinement » eut été malgré tout nécessaire, elle aurait simplement mis les Citoyens et les entreprises à l’arrêt. Nul ne se serait vu reproché de ne pas remplir ses devoirs comme d’ordinaire. Personne n’aurait rien perdu de ses droits. Le travail aurait repris, les entreprises auraient rouvert une fois le confinement levé. L’argent n’aurait pas servi à les étrangler. La Cité aurait repris le cours normal des choses comme un train après un arrêt en gare.

Bref, cela n’aurait été rien d’autre qu’une crise sanitaire contre laquelle la Cité aurait mobilisé toutes ses forces pour la réduire autant et aussi vite que possible.

 

Les suites dans les conditions actuelles

Mais tel n’est pas le contexte dans lequel nous sommes. Cette crise sera un désastre. Que le gouvernement ait été incompétent ou qu’il ait simplement poursuivi son projet en secret, les mécontents sont légions, les reproches fusent à juste titre et la fureur gronde. Que va-t-il se passer ? Rien.

Une véritable révolution est à exclure, puisque les idées véritablement révolutionnaires, contre Largent, pour l’Égalité bien comprise, ne sont pas encore dans l’air du temps. Des capitalistes en colère sont toujours des capitalistes qui servent bon gré mal gré le capitalisme.

Mais peut-on seulement envisager un renversement du gouvernement ? Pas davantage. Le Gouvernement détient tous les pouvoirs. Il peut aussi bien étouffer les agitations de couloir qu’écraser un mouvement de rue. Mais la véritable faiblesse vient de la rue elle-même (parce que les gouvernements successifs se sont employés à l’affaiblir). Elle n’a ni projet, ni leader, ni unité, parce que la France est plombée par l’immigration. La rue, ce n’est pas le peuple français. C’est le peuple français plus les immigrés. Or les uns et les autres n’ont pas les mêmes intérêts. Par ailleurs, les Français sont eux-mêmes divisés entre patriotes et immigrationnistes. Ils ne peuvent avoir le même projet, donc s’entendre sur des leaders, donc agir de concert. Ils sont divisés par la question de l’immigration avant même de commencer à agir. Ils sont plus ennemis les uns des autres qu’ils ne le sont du gouvernement ; ils se battraient entre eux bien avant d’avoir renversé ce dernier. C’est ainsi que les Gilets jaunes qui n’avaient aucune chance dès le départ furent en outre sabordés de l’intérieur par les immigrationnistes. Rappelons que les immigrationnistes ont voté pour Macron ou ont contribué à le faire élire, et que, face à tout redressement du patriotisme, vu par eux comme du fascisme, ils se serreraient encore autour de lui. L’immigration joue parfaitement le rôle de diviseur que le capitalisme lui a assigné.

Ainsi en revient-on toujours au même point. Ceux qui ne veulent pas libérer le peuple français du poison de l’immigration ne veulent pas sauver la France et, arriveraient-ils au pouvoir, avec toutes leurs bonnes intentions, qu’ils seraient autant un fléau pour elle que ne l’est le capitalisme en tant que tel. D’un autre côté, ceux qui voient le danger n’ont pas les moyens de le circonvenir. La France va donc continuer à s’enfoncer et à disparaître lentement, à moins que les immigrés, prenant l’impunité dont ils jouissent pour des forces propres, franchissent les bornes et se livrent à des carnages d’une ampleur inédite qui souderont enfin les Français contre eux. La crise économique qui s’annonce pourrait être un autre déclencheur, en créant des tensions dans des directions imprévues. D’une manière ou d’une autre, il nous faut sortir de la spirale immigrationniste. Alors seulement la France aura une chance de survivre et, un jour, d'anéantir Largent et d’établir enfin le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple.

21:46 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |