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dimanche, 30 octobre 2022

PRINCIPAUX ARTICLES du blog

Mes textes sont généralement des réflexions de fond. Mais ils tombent dans les oubliettes des archives à mesure que le temps passe alors que tous sont d’actualité. Il me paraît donc utile d’indiquer les plus importants sur un même document qui sera maintenu en première page, afin que vous puissiez les trouver facilement. Les plus récents sont néanmoins signalés en rouge.

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01:59 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

L’EXPRESSION MALADROITE OU MALHEUREUSE : « ABOLITION DE L’ARGENT »

À l’heure où le monde tourne autour de l’argent (Mais n’en est-il pas ainsi depuis fort longtemps ?), vouloir abolir ce dernier pour changer le monde est assurément l’idée la plus pertinente et la plus audacieuse. C’est du moins ce que peuvent penser à bon droit ceux qui ont cette volonté. Pourtant, l’expression « abolir l’argent » ou « abolition de l’argent » est maladroite voire malheureuse. À moins d’être utilisée pour se mettre à portée du grand public, elle est révélatrice des dispositions d’esprit de ceux qui l’emploient et des limites de leur pensée (en dépit d’une bonne intuition) ; elle annonce qu’ils sont tombés dans un piège dans lequel ils cherchent à entraîner et à enfermer les autres.

Il va de soi qu’un véritable et durable changement implique de sortir du système monétaire d’une manière qui empêche d’y revenir par la force des choses et consiste donc à adopter un paradigme radicalement différent, totalement étranger au précédent. Autrement dit, il s’agit, pour les penseurs, d’adopter un nouveau mode de pensée. Or vouloir « abolir l’argent » annonce la volonté de s’opposer à l’argent et, ce faisant, à se placer sur son terrain, c’est-à-dire à partir de la problématique telle que l’argent la pose, à laisser l’argent fixer les termes du débat et le cadre de la question. En clair, s’opposer à l’argent — qui conditionne tout — réduit le problème à la question de l’échange, quand il s’agit d’avoir une vision globale dont le mode d’échange n’est qu’un aspect des choses et, surtout, qu’une conséquence des Principes généraux adoptés. En somme, l’expression « abolition de l’argent » annonce une approche réductrice des choses et révèle que le problème, étant regardé par le petit bout de la lorgnette, ne sera pas résolu convenablement, que la solution consistera à proposer un ensemble de mesures discutables et non à poser, en premier lieu, un corps de Principes irréfragables. Il est certes naturel que des réflexions sur le système monétaire et, par suite, l’idée d’abolir l’argent soient le premier déclic pour chercher enfin dans la bonne direction, mais, pour faire œuvre révolutionnaire, il est nécessaire de s’affranchir de l’argent une fois passé ce premier cap.  

Le but n’est pas d’« abolir l’argent » mais d’instaurer l’Égalité. Il n’est pas seulement de sortir du système monétaire, il est avant tout d’établir la Société — ce qui implique à la fois de savoir ce qu’est une Société, de reconnaître que nous ne sommes pas en Société du fait de l’argent et de comprendre pourquoi. Il ne s’agit pas de s’opposer intuitivement à l’argent mais de condamner la logique monétaire au nom de la logique sociale. Mais, pour pouvoir mettre ces deux modèles en parallèle, encore faut-il découvrir en quoi consiste le second, celui de la Société, celui que l’argent détruit précisément et empêche de penser judicieusement, nous empêchant ainsi de l’établir faute de le concevoir. Inversement, il n’y a qu’en sachant vraiment ce qu’est une Société que, par comparaison, l’on peut savoir ce qu’est réellement l’argent et donc le combattre efficacement. C’est là un cercle vicieux dont il est a priori impossible de sortir puisque, pour en sortir, il faut avoir tous les outils alors que l’on en a aucun. Soit l’on sait ce que sont fondamentalement une Société et « l’argent », soit on ignore à peu près tout de l’un et l’autre.  

Mais pourquoi dis-je que le but est d’instaurer l’Égalité ou d’établir la Société, ce qui revient au même puisque l’Égalité est le principe fondamental de l’ordre social ? Parce que le système monétaire est intrinsèquement inégalitaire, que c’est là son crime, que tout système fondé sur l’inégalité tend vers toujours plus d’inégalité, qu’il ne s’agit donc pas de réduire les inégalités et de perpétuer l’inégalité sous une forme ou une autre — soit en perpétuant le système monétaire lui-même malgré des dispositions illusoires, soit en instaurant un système reposant, plus ou moins subtilement, sur tout ou partie des mêmes ressorts —, mais bien d’instaurer un système « autre », qui ne peut donc être fondé que sur l’Égalité. Seule l’Égalité diffère de l’inégalité et donc du système monétaire. 

Mais qu’est-ce que l’Égalité ? Il n’y en a qu’une : l’égalité en droits, donc l’égalité en devoirs, donc l’égalité entre citoyens en devoirs et en droits. L’Égalité n’est pas une notion vague, une égalité en on ne sait quoi. Il n’y a que sur le plan des droits (et des devoirs) que des individus différents par nature peuvent être égaux aux yeux de la Société. Il n’y a que la Société qui soit capable de la garantir. Il n’y a qu’entre citoyens d’une même Société qu’elle peut exister. L’Égalité en rien entre tous les hommes de l’univers est plus qu’une chimère ; c’est une foutaise. Non seulement cette conception absurde de l’Égalité ne peut déboucher sur rien de concret, sinon sur des lubies d’uniformisation tous azimuts, mais encore elle discrédite le Principe que tous les révoltés devraient adopter et prôner et dresse contre lui, au seul profit du système monétaire, toutes les bonnes volontés. Elle est révolutionnairement contre-révolutionnaire. L’expression « L’enfer est pavé de bonnes intentions » n’a pas de meilleure illustration.       

Les droits ne tombent pas du ciel. Il ne suffit pas de les décréter pour qu’ils existent. Ils n’existent pas si personne ne les génère et si aucune Société ne les garantit. C’est précisément pour avoir des droits que des individus forment une Société. C’est d’abord par instinct de conservation qu’ils s’unissent à des congénères pour survivre autant que faire se peut — face aux autres congénères, aux autres espèces et à tous les périls de la nature —, en se protégeant mutuellement. Le Principe d’Égalité (en devoirs et en droits) apparaît dès l’origine de la Société — que j’appelle aussi « association politique ». Font partie de la Société et sont « citoyens » les individus qui contribuent à la protection des autres et bénéficient, en retour, de leur protection, qui tous remplissent donc le même devoir pour jouir du même droit à la Sécurité. Il va de soi que la façon dont les citoyens remplissent leurs devoirs et la forme des droits qu’ils génèrent et dont ils peuvent jouir dépendent des capacités de l’espèce à laquelle ils appartiennent et que, plus une espèce en a, plus les devoirs ont de formes possibles et plus le champ des droits est étendu. Autrement dit, les Principes sont immuables mais leur application est plus ou moins souple selon l’espèce, voire selon la Société. En développant, on trouve que tous les citoyens ont le devoir de participer à la vie de la Société, sous une forme reconnue par elle, pour jouir, en retour, de tous ses bienfaits. Ceci est une constante universelle. On l’observe dans toutes les sociétés animales. Elle doit aussi être la règle des sociétés humaines. Tel n’est pourtant plus le cas, et ce en raison des facultés propres aux hommes qui, si elles n’invalident pas le Principe en théorie, les ont amené à recourir à des pratiques qui l’ont invalidé de fait. 

Les hommes ont la capacité individuelle de fabriquer des choses indivisibles. S’ils peuvent fabriquer pour satisfaire des besoins personnels, ils peuvent aussi fabriquer pour satisfaire les besoins d’autrui, à condition, toutefois, que les uns et les autres échangent leurs produits respectifs. Ainsi naît le troc et, avec lui, la notion de valeur marchande, puisque échanger des objets contre d’autres objets revient à les mettre en équivalence (même valeur). Mais les besoins d’un producteur A ne correspondent pas toujours, et même pas souvent, à ceux du producteur B qui produit ce dont il a besoin, et vice versa. L’échange ne devient possible qu’en recourant à une tierce personne C et en se pratiquant en deux temps. Un premier échange, avec la tierce personne C, permet à A d’obtenir une chose qu’il peut alors échanger avec B contre la chose qu’il désire réellement. Ce type d’échange peut même avoir lieu à contretemps, c’est-à-dire qu’une chose acquise par un premier échange direct n’est échangée que bien plus tard contre autre chose. Mais dans les deux cas, qu’il y ait intention ou non, l’échange indirect met en œuvre des objets qui servent d’intermédiaires, d’autrement dit de moyens d’échange. Sous le troc, tout peut servir à l’occasion de moyen d’échange. Mais, avec l’expérience, il apparaît que certaines choses sont plus désirées et plus pratiques en tant que moyen d’échange. Une sélection s’opère et c’est ainsi que naissent les monnaies dites primitives. Observons que ces monnaies primitives ne sont qu’une amélioration d’un point de vue pratique d’un concept préexistant, lequel est perpétué tel quel. Par la suite, de nouvelles améliorations sur la forme accouchent des monnaies standards, jusqu’à ce que la technologie permette de ne plus conserver des monnaies que la notion d’unité. Tous les éléments du système monétaire (échange entre individus, échange d’objets entre eux, notion de valeur, notion d’unité, notion de moyen d’échange) viennent du troc que les premiers producteurs pratiquent faute de mieux, sans comprendre ce qu’il implique et sans en mesurer les conséquences. Des centaines, des milliers de générations leur ont emboîté le pas sans se poser plus de questions qu’eux, sans comprendre les tenants et les aboutissants du mode d’échange qui était au cœur de leurs vies. Il est temps de comprendre.

Le troc repose sur une logique fondamentalement antisociale. Pour pouvoir être pratiqué, les producteurs doivent être propriétaires de leur production, car ils ne peuvent échanger que des biens qui leur appartiennent. Si la chose ne nous choque pas, c’est qu’elle est conforme à la logique monétaire que nous avons intégrée et qui nous paraît naturelle. Or, dans cette logique, l’activité n’est plus un devoir envers la Société et les droits ne sont plus garantis par elle. Chacun s’active dans son coin pour se ménager lui-même des droits. Il n’y a plus de devoirs du citoyen, plus de droits du citoyen ; il n’y a plus de citoyens et plus de Société. Ce qui tient lieu de « société » n’est plus alors qu’une concentration d’individus. L’interdépendance de ces derniers est occultée par une illusion d’indépendance.

L’échange direct (troc) ou indirect (via une monnaie) entre individus a ceci de paradoxal qu’il confirme que ceux-ci sont interdépendants, que leurs activités respectives sont complémentaires, alors que chacun, en retirant les droits équivalents à la valeur accordée à sa production, croit que ses droits ne dépendent que de lui et qu’il est donc indépendant des autres. Obligés de jouer à ce jeu, les hommes ne réalisent pas qu’il engage leurs droits, ces droits qui devraient être égaux entre des citoyens. La chose est discutable quand, sous le troc, l’échange ne concerne que du droit de propriété ; elle est indiscutable quand, sous la monnaie, la plupart des droits (manger, se loger, se vêtir, circuler, se divertir, etc.) passent par le droit d’accéder au marché conféré par la monnaie. Dans le système monétaire, qui n’a pas d’argent n’a pas accès aux bienfaits de la « société » et n’a donc aucun de droit. Par ailleurs, comme la monnaie ne peut pas se répartir également, les individus sont inégaux en droits. En outre, un même individu a de moins en moins de droits à mesure qu’il les exerce, c’est-à-dire qu’il paie et dépense son argent. Il n’est donc même pas égal à lui-même dans le temps. Encore une fois, ces aberrations ne nous choquent pas car elles sont dans la logique du système monétaire que nous avons intégrée. Mais, dans la logique sociale, les droits du citoyen ne s’amenuisent pas au fur et à mesure que le citoyen les exerce. C’est l’objet sur lequel il les exerce qui se réduit ou peut se réduire, non son droit. Autrement dit, la Société reconnaît et garantit des droits à ses citoyens, lesquels peuvent les exercer tant que la réalité des choses le permet. Et si la réalité ne le permet plus ou limite les possibilités, ce n’est pas parce que la Société intervient et que les citoyens ont moins de droits.  

Rappelons qu’un citoyen a le devoir de participer à la vie de la Société — ou Cité —, selon ce que celle-ci considère comme une participation, et a, en retour, le droit de profiter, à l’égal de ses concitoyens, de tous ses bienfaits. Dans la mesure où, chez les hommes, une partie de ces bienfaits consiste en produits (et services) mis sur le marché, le droit de profiter des bienfaits de la Société implique celui de pouvoir accéder librement au marché. C’est la citoyenneté, le fait d’être citoyen, qui confère ce droit, c’est-à-dire le droit, pour tout citoyen, d’aller dans tout magasin et de prendre ce que bon lui semble (des lois peuvent néanmoins limiter ou réglementer l’accès à certains produits). Si le droit d’accéder librement au marché est attaché à la citoyenneté et conféré par elle, alors il n’est plus ni incarné ni conféré par une monnaie ; il n’y a tout simplement plus de monnaie, plus de prix, plus de valeur marchande ; les citoyens sont réellement égaux en droits et le système n’est plus monétaire. 

Il y a deux conditions pour que le système découlant de ce Principe soit viable : 1) Il faut que la production soit importante, sans quoi un droit d’accès illimité n’a jamais de réalité et perd tout son sens, 2) Il faut que la Société puisse aisément constater l’activité des individus avant de leur reconnaître la citoyenneté et les droits qui vont avec, et que les citoyens disposent d’un moyen simple et sûr pour attester leur citoyenneté auprès des commerçants avant que ceux-ci ne leur laissent prendre quoi que ce soit, sans quoi la prévarication et l’arnaque à tous les étages paralyseraient le système avant de le faire s’effondrer.  Pendant longtemps, aucune de ces conditions n’exista. L’industrialisation a satisfait la première. Un à deux siècles plus tard, l’informatique a satisfait la seconde. Les deux conditions sont aujourd’hui réunies. Il devient possible de sortir du système monétaire. Mais les hommes n’en ont pas encore l’idée, et ceux qui y pensent ne savent pas comment. 

Les conditions favorables à l’instauration de l’Égalité sont apparues progressivement. Il est logique que l’industrialisation seule n’ait pas provoqué la remise en cause de la monnaie. Il est plus surprenant de constater que l’informatique et les technologies afférentes n’aient pas davantage provoqué de déclic collectif. C’est que cette révolution bouleverse non seulement la façon de faire mais encore la façon de penser et que les habitudes ont une grande force d’inertie et perdurent même quand elle n’ont plus de raison d’être. La monnaie, qui découle d’une certaine conception de l’échange (et de l’absence de considérations sociales), impose des pratiques qui, à leur tour, inculquent des préjugés qui confortent ou ramènent aux dites pratiques et donc à la monnaie. Ces trois éléments (et même quatre) forment une chaîne ou un cercle vicieux. Quiconque est attaché au moins à l’un d’entre eux est prisonnier du système monétaire, qu’il ne veuille pas en sortir ou qu’il ne sache pas comment. Et vouloir « abolir l’argent » trahit, justement, cette incapacité.

« Abolir », c’est annuler, interdire ou supprimer légalement quelque chose sur laquelle la loi peut avoir prise. En l’occurrence, l’« abolition de l’argent » ne peut concerner que la monnaie et consiste à supprimer celle-ci ou à interdire d’y recourir lors des échanges. (Remarquons déjà que, en temps normal, seul un État peut prendre et imposer de telles décisions. La monnaie peut aussi disparaître ou perdre toute valeur lors d’un effondrement social, mais on ne peut alors parler d’« abolition ».) Il va de soi que supprimer la monnaie empêche les pratiques impliquant l’usage direct de monnaie, mais pas celles dans lesquelles la monnaie n’est qu’accessoire, le troc étant la plus évidente. Mais il va aussi de soi que supprimer la monnaie ne détruit pas les préjugés que des millénaires de pratique ont inoculé dans les esprits, des préjugés dont on ne soupçonne ni l’existence ni la nature ni l’origine. On n’abolit pas des préjugés ! Enfin, on pourrait croire que vouloir abolir la monnaie résulte d’une profonde analyse de ce qu’est la monnaie et de tout ce qui l’entoure alors que cela exprime une réaction aux conséquences les plus visibles et les plus révoltantes du système monétaire, une réaction légitime, certes, mais superficielle. Observons qu’il ne s’agit pas de proposer un nouveau mode d’échange mais de s’opposer et de faire table rase de celui qui est sans s’attarder sur les concepts qui le soutiennent, sans connaître ces concepts, sans être en mesure d’élaborer une conception qui rompe réellement avec celle de l’argent. C’est réduire la monnaie à des bouts de papier qu’il suffit de brûler. 

Qu’est-ce que la monnaie ? À cette question, tout le monde répond : des pièces, des billets, des unités de valeur, un moyen de paiement, un moyen d’échange, un moyen qui facilite les échanges [par rapport à quoi, si ce n’est au troc, qui est le même mode d’échange ?], du pouvoir, la liberté, le mal, Satan, le reflet des hommes, etc. Tout n’est pas faux. Cependant, personne ne dit, plus judicieusement, que c’est du droit, du droit de s’approprier, du droit d’accéder au marché, donc un peu de tous les droits qui impliquent d’y accéder. Mais même cette réponse passe encore à côté du plus important. La monnaie, c’est avant tout la manifestation d’une certaine conception de l’échange, d’une conception individualiste, matérialiste et asociale. 

Oui, la monnaie consiste en unités de valeur (marchande), dont le support matériel peut varier et même disparaître, preuve que les supports n’ont jamais été qu’un prétexte. Mais un prétexte à quoi ?

Pourquoi recourt-on, dans les échanges, à des unités de valeur ? Parce que notre conception de l’échange implique d’y recourir ; parce que des unités de valeur matérialisent ou symbolisent la notion de valeur marchande et que nous croyons que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent ». Sans cette croyance, sans Largent, la monnaie n’a aucun sens. Largent n’est pas la monnaie ; il est en amont d’elle ; il est plus important qu’elle ; c’est sur lui que repose véritablement le système monétaire. C’est parce que nous croyons que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger que nous recourons à des unités de valeur nommées « monnaie » et que cela nous semble tellement naturel que nous ne concevons pas l’échange autrement. 

Mais cela n’a rien de naturel. La monnaie ne pousse pas sur les arbres ! Largent lui-même (cette fameuse croyance) ne flotte pas dans l’air ! Il n’existe nulle par ailleurs que dans la tête des hommes. Ceci étant, même s’il n’existe que dans la tête des hommes, de tous les hommes, et même si aucun d’eux n’en a conscience, il y est. (La preuve est que le système est monétaire et que, à de rares exceptions près, nul ne le remet en cause, nul ne voit dans la nature monétaire du système la cause des effets que beaucoup, en revanche, déplorent.) Il faut donc s’intéresser à lui. C’est ce que nous allons faire. Mais remarquons que cela supposait de l’identifier, ce que ne peuvent parvenir à faire ceux qui veulent « abolir la monnaie », croyant qu’elle est si peu de chose qu’elle peut être balayée d’un revers de main ou d’un trait de plume, ne sachant finalement pas plus ce qu’elle est que ceux qui disent d’elle, pour ne pas la remettre en cause, qu’« elle n’est qu’un moyen ».

La réalité est que la monnaie n’est pas le cœur du problème, car elle n’est elle-même qu’une conséquence de Largent. De par sa nature et ses principes de fonctionnement, la monnaie est bien sûr source de problèmes, mais, pour qu’elle crée ces problèmes, il faut d’abord qu’elle existe. Or elle n’existe qu’à la suite de Largent qui, lui, peut exister sans elle. Elle doit disparaître, mais elle ne peut disparaître définitivement qu’avec la disparition de Largent lui-même.

Nous savons déjà que Largent est une croyance, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Mais comment les hommes ont-ils pu concevoir une chose aussi abstraite et absurde que la notion de valeur marchande, inconcevable pour qui ne la conçoit pas déjà, alors que ceux qui la conçoivent n’en ont même pas conscience ? En fait, ils ne l’ont pas conçue. Ils n’ont pas décidé, un beau jour, de faire reposer leurs échanges sur la notion de valeur marchande. C’est par la pratique du troc que cette conception est née et s’est imposée à eux en tant que croyance. (En admettant que le troc ne soit pas la véritable origine de la monnaie, comme certains l’affirment sans avoir eux-mêmes identifié Largent, donc sans expliquer l’origine de ce dernier, cela ne change rien à ce que nous allons dire sur lui ni sur Largent.)

Le troc — c’est-à-dire l’échange direct d’objets entre entités (individus ou groupes) — est la façon la plus naturelle d’échanger entre des individus qui établissent entre eux une relation et le seul mode d’échange possible entre des producteurs artisanaux voire occasionnels. Il est sans doute arrivé que des hommes s’échangeassent un fruit ou un bout de viande contre une peau, un bâton ou un caillou. Mais, lorsqu’ils maîtrisèrent des techniques de fabrication et, surtout, lorsqu’ils se spécialisèrent dans la fabrication d’objets uniques et indivisibles, ils n’eurent d’autre possibilité, pour vivre de leur art, que d’échanger leurs produits contre ceux d’autres producteurs. La pratique du troc — direct ou indirect, entre individus ou entre communautés — s’est ainsi instaurée par la force des choses, sans réflexion. Les hommes avaient alors d’autant moins de raisons de se défier de cette pratique que, dans leurs conditions, elle ne prêtait guère à conséquence. Du moins en apparence ! Car, aussi anodine qu’ait pu être cette pratique dans les premiers temps, elle portait déjà en elle tous les malheurs du monde, du point de vue des Principes.

C’est en échangeant des objets les uns contre les autres, en établissant des équivalences entre telle chose et tant d’une autre, qu’est née la notion de valeur marchande et, avec elle, la croyance qu’elle est nécessaire pour échanger. Le piège était à peine ouvert qu’il s’était déjà refermé sur eux. Les hommes tombèrent dedans sans s’en apercevoir, et la plupart d’entre eux ne le voient toujours pas.

Comme on le voit, la notion de valeur marchande implique une mise en équivalence d’objets, donc un échange entre individus producteurs et propriétaires desdits objets. Autrement dit, la notion de valeur marchande est liée à un certain mode d’échange, au troc en l’occurrence, de sorte que la concevoir condamne à pratiquer ce mode d’échange, comme pratiquer l’échange sur ce mode condamne à y recourir. Largent met des œillères. Il interdit de voir autre chose que ce à quoi il condamne ; il oblige à nier et à rejeter, en dépit du bon sens, tout ce qui contrevient à sa logique.

Avant même d’amener à recourir à des unités de valeur usuelles (monnaies primitives), puis standard (monnaies modernes, métalliques ou papier), Largent (ou la notion de valeur marchande ou le troc, c’est la même chose) impose aux individus de posséder ce qu’ils échangent, donc, généralement, d’être propriétaires de leur production et reconnus comme tels. Tout ceci est dans la logique monétaire et n’a donc rien de choquant pour un capitaliste. Mais cela signifie : 1) que les individus doivent désormais s’activer dans leur coin pour se ménager eux-mêmes des droits via l’échange de leur production (plus tard, en obtenant de la monnaie en échange) et donc que leur activité ne relève plus du devoir de participer à la vie de la cité et ne génère pas le droit de profiter de ses bienfaits (et d’avoir accès librement ou via un partage équitable à la production des autres), 2) que, puisque les individus n’ont plus ni les devoirs ni les droits d’un citoyen, ils ne sont pas citoyens et que la Société n’existe plus. Cela signifie aussi 3) que le « chacun pour soi » généralisé n’est viable que dans le cadre d’un commun accord d’après lequel le fantôme de Société reconnaît et garantit à chacun un droit de propriété à la fois sur ses productions et sur les biens obtenus par échange alors même que tout ceci ne concerne la Société sous aucun rapport, ce droit n’étant donc pas reconnu pour se conformer aux Principes mais pour permettre ce mode d’échange malgré ses aberrations.

Cette forme d’échange qui focalise sur les objets et leur soi-disant valeur fait fi de toute considération sociale. Quoique l’échange soit, par nature, au cœur des rapports sociaux, comment un mode d’échange individualiste et matérialiste, qui méconnaît la Société, pourrait-il être garant de l’harmonie sociale ?

Par ailleurs, l’échange fondé sur la notion de valeur (marchande) est nécessairement inégalitaire. Déjà, il n’y a de valeurs que s’il y a des valeurs différentes, différences qui finissent par se traduire par des inégalités en droits. Cela dit, si dans les premiers temps du troc, les protagonistes des échangent cherchèrent sans doute l’équité en prenant en compte nombre de considérations (temps de production, difficulté, danger, etc.), ce mode d’échange a vite amené les individus à ne rechercher que leur profit en jouant sur les soi-disant valeurs pour fixer un prix à leur avantage (en exagérant la valeur de leur production ou de leur service, en dénigrant les produits et services de l’autre). Ce mode d’échange fondé sur des notions fumeuses donne toujours lieu à des déséquilibres qui permettent à leurs les bénéficiaires d’acquérir une position dominante. (Oubliée la complémentarité des Citoyens !) Au final, les valeurs (les prix) ne sont jamais que l’expression d’un rapport de force. Les prix sont hauts ou bas selon les intérêts du plus fort.

Il est encore plus évident que le système monétaire, qui procède du troc, est inégalitaire. C’est le même mode d’échange. La seule différence réside dans le fait que, alors que sous le troc tout peut servir à l’occasion de moyen d’échange, la monnaie est le moyen d’échange officiel. C’est le même mode d’échange, mais la monnaie, de par ses propriétés propres, en décuple les effets. En matérialisant les droits — des droits limités en proportion des unités dont on dispose, des droits dont tout le monde cherche à jouir, des droits que l’on perd aussitôt qu’on les exerce, des droits qui passent de main en main (à l’instar des objets sous le troc), des droits qui s’acquièrent aux dépens d’autrui, des droits dont on peut être dépouillé par la force  —, elle fait d’eux l’objet d’un jeu, un jeu dont elle a fixé les règles. Ce qu’est la monnaie et la façon dont elle s’utilise tient à ses origines et est indépendant des hommes. Ces derniers peuvent dépenser leur argent comme bon leur semble et croire ainsi que la monnaie est « neutre ». En fait, ils ne peuvent pas utiliser la monnaie autrement que comme il est prévu qu’elle le soit. Se procurer de l’argent auprès d’un tiers (de quelque manière que ce soit) pour ensuite le donner à un autre (acheter, payer) n’est pas un choix des hommes ; c’est une règle de la monnaie, une règle qui vient du troc. Que chacun n’ait que les droits que l’argent qu’il a gagné personnellement lui procure (le temps de le dépenser) et qu’il n’ait d’yeux que pour ses gains, ses économies, ses dépenses, ses factures, son nombril n’est pas dans la logique sociale ; c’est une conséquence de la monnaie. Que la monnaie circule selon le principe des vases communicants, se concentre entre quelques mains selon le principe de l’attraction et génère des inégalités croissantes n’est pas un fait du hasard ; c’est la règle de la monnaie. (Le Monopoly finit toujours de la même manière quels que soient les joueurs.) Aucune loi ne peut contrecarrer (durablement) les effets de la monnaie tant que le système est monétaire. Et on ne peut pas échapper au système monétaire tant que l’on croit en Largent.

Mais il ne suffit pas, non plus, de vouloir « abolir l’argent » pour s’attaquer réellement à Largent et saper radicalement le système monétaire. La monnaie est une conséquence de Largent, et c’est déjà une audace extraordinaire de vouloir l’abolir, mais ce n’est qu’une conséquence parmi beaucoup d’autres, comme un arbre cache la forêt. Remettre en cause la monnaie de manière intuitive sans avoir identifié les autres conséquences pratiques et psychologiques de Largent, et donc en acceptant ces conséquences, en les perpétuant et en les reproduisant, c’est servir Largent lui-même. Mais comment savoir que l’on est dans ce cas quand on ne connaît pas le concept de Largent propre au Civisme ? C’est simple. Nous avons vu les principales caractéristiques du système et des réflexes qui découlent de Largent : échange focalisé sur les objets, échange entre individus, individus propriétaires de leur production, individus devant se ménager des droits au lieu de jouir des droits du Citoyen, système individualiste, système d’unité, des unités qui circulent, des unités qui incarnent, confèrent et limitent le droit d’accéder au marché (et tous les autres), des individus inégaux en droit d’accéder au marché. Tous ces aspects procèdent de la même logique et sont liés les uns aux autres. Quiconque en accepte un seul cautionne le tout, qu’il le veuille ou non. Certains aspects le rebutent plus que d’autres parce qu’ils vont davantage à l’encontre de sa sensibilité personnelle et surtout parce que, n’ayant pas identifié Largent et la véritable racine du système monétaire, il ne va pas au bout de la logique sociale.

Il faut en effet savoir ce qu’est l’Égalité bien comprise pour pouvoir reconnaître ce qui est inhérent à Largent. Pour faire simple, l’Égalité, c’est l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, en devoirs notamment de participer à la vie de la Cité selon ce que celle-ci considère comme une participation, et en droit de profiter de tous les bienfaits de la Cité, notamment en ayant le droit d’accéder librement au marché. L’Égalité exclut le recours à une monnaie ; la Cité n’est pas et ne peut pas être un système monétaire. (Le Civisme explique comment une Cité peut continuer à avoir des échanges avec les pays restés monétaires. Ce faux problème n’est qu’un prétexte pour éluder les Principes et rejeter la véritable Égalité au profit du capitalisme ou de chimères contre-révolutionnaires.) L’Égalité n’est pas universelle ; elle n’existe qu’entre les Citoyens qui forment la Cité, donc un peuple, une nation, un pays. Des Citoyens véritablement égaux (en droits) grâce à la Cité sont nécessairement patriotes et attachés autant à l’indépendance de leur pays qu’à la souveraineté du peuple (le leur et tous les autres), c’est-à-dire à la Démocratie au vrai sens du terme, à savoir un système dans lequel les lois sont, sinon faites directement, du moins ratifiées par le peuple.

Et les choses sont bien faites ! Les Citoyens de chaque Société doivent être égaux entre eux, mais il n’y a d’Égalité qu’entre Citoyens d’une même Société. Il en est de même de l’inégalité ; elle n’a de sens qu’entre individus du même peuple, du même pays, appelés à former la Cité. C’est pour lui-même qu’un peuple — ou les individus d’un même peuple conscients que leur Citoyenneté est bafouée et sachant comment établir l’Égalité — peut faire la Révolution. La Révolution ne peut être faite que par lui et pour lui. La nation, future Cité, est le cadre et le levier de la Révolution. Quiconque veut dépasser ce cadre, pour quelque raison que ce soit, et briser ce levier, de quelque manière que ce soit, ne veut pas de l’Égalité ou en a une idée fausse et, interdisant toute révolution réelle, car empêchant de la faire ici sous prétexte de la faire partout, fait le jeu de Largent dont il contribue à perpétuer l’existence et le règne.   

Avec ceci, ajouté à tout ce que nous avons dit précédemment, il devient facile de dégager les principaux axes sur lesquels se retrouvent les défenseurs conscients ou non de Largent, donc du capitalisme et de son cortège de fléaux :

1) LA MONNAIE. Tous ceux qui proposent quelque mesure monétaire que ce soit, pour quelque raison que ce soit, qui ne pensent pas à remettre en cause la monnaie, qui la défendent ou croient pouvoir en modifier le fonctionnement sont des capitalistes qui s’ignorent et des contre-révolutionnaires. 

2) L’INDIVIDUALISME. Tous ceux qui ne voient que des individus ou des êtres humains indistincts ; tous ceux qui proposent des solutions ou des philosophies individualistes ; tous ceux qui nient la nation et travaillent à la dissoudre ; tous ceux qui, au moindre prétexte (humanité, écologie, santé, etc.), passent de l’universalisme, au mondialisme, au sans-frontiérisme, au droit-de-l’hommisme, à l’immmigrationnisme, à l’« antiracisme », à l’« antifascisme » et au « sociétalisme » patentés par le capitalisme, qui étouffent le Citoyen qui pourrait exister au profit d’un Homme qui n’existera jamais, qui exaltent une égalité universelle en rien et rejettent l’Égalité en Droits, tous ceux-là transpirent l’individualisme inhérent à Largent et sont des capitalistes qui parfois ne s’ignorent pas et assurément des contre-révolutionnaires.

3) L’INÉGALITÉ. Tous ceux qui professent l’inégalité entre les citoyens ou entre classes, qui prônent des régimes politiques inégalitaires et tyranniques (monarchies, empires, dictature de ceci ou de cela), anti-démocratiques et anti-républicains (une véritable Démocratie étant par définition une République, et vice versa) reproduisent l’inégalité inhérente à Largent sous prétexte de respecter un ordre naturel, perpétuent le système monétaire sans se poser la question et, quoique souvent hostiles au capitalisme, n’en sont pas moins des capitalistes et des contre-révolutionnaires.

À l’exception du Civisme, toutes les « théories » appelant à l’« abolition de l’argent », consistant simplement à abolir la monnaie et, pour le reste, à compter sur la bonté humaine, sombrent dans le mondialisme, revers de l’individualisme, et se font le relais de toutes les idéologies capitalistes pseudo humanistes (capitalo-gauchistes). Elles ne visent pas à instaurer une Société ; elles méconnaissent les Principes de l’ordre social, elles n’avancent d’ailleurs aucun Principe ; elles sont l’expression des impulsions et des bonnes intentions de leurs auteurs, lesquels n’ont rien analysé correctement, profondément, car, en dépit d’une bonne intuition sur un point, ils s’en sont remis, pour l’essentiel, à leurs préjugés. Or ces préjugés ne sont pas le fruit de leurs réflexions ; ils leur ont été inculqués par leur contexte, par le monde dans lequel ils baignent, en l’occurrence par le système monétaire, le capitalisme, Largent. Au vrai, les préjugés sont la combinaison entre les conséquences directes ou indirectes du système et les penchants individuels qui conduisent soit à accompagner lesdites conséquences, quitte à les enrober de manière à flatter lesdits penchants, soit à les contester, à s’y opposer, c’est-à-dire à réagir par sensibilité et à avoir des idées qui, malgré tout, ne sortent pas du cadre fixé par elles et sont donc comme dictées par lui. Paradoxalement, si vouloir « abolir l’argent » semble être soutenu par des préjugés relevant du second type (réaction), la plupart des préjugés des adeptes de l’« abolition de l’argent » relèvent du premier type (adhésion), raison pour laquelle ces « anticapitalistes » sont toujours d’accord avec le capitalisme, au nom de « l’humain », et marchent avec lui contre les « patriotes » ?

Les mots ont un sens et sont révélateurs de la pensée. On n’utilise pas tel mot par hasard, mais pour dire ou insinuer quelque chose. Pour qui sait lire entre les lignes, un seul mot révèle tout le discours. C’est ainsi que l’expression « abolition de l’argent », qui semble audacieuse et révolutionnaire, révèle surtout que ceux qui l’utilisent ne savent ni ce qu’est Largent, ni ce qu’est vraiment la monnaie, ni comment elle fonctionne, ni pourquoi elle est vraiment condamnable, ni quelles sont les vertus d’un moyen d’échange, ni comment sortir du système monétaire ou, du moins, quel système viable à grande échelle (nationale) instaurer, ni ce qu’est l’Égalité, ni ce qu’est une Société,  ni ce qu’est un Citoyen, ni ce que sont les Devoirs et les Droits du Citoyen, ni en quoi consiste la Révolution, ni comment la faire. Bref, elle dit tout : ils ne savent rien. Pire ! Non seulement elle révèle que les adeptes de cette formule ne feront jamais la Révolution, mais encore elle démasque les plus sournois contre-révolutionnaires. Car leurs idées fumeuses ne font pas que les paralyser eux ; elles discréditent le discours contre la monnaie ou pour l’Égalité ; elles détournent du combat qu’il faut effectivement livrer et remporter.

Le mot révolutionnaire est « Égalité » ou — pour ceux qui ne comprennent pas ce que celle-ci implique — « Égalité et Nation ». Le but de la Révolution est l’Égalité des Citoyens, leur égalité en Devoirs et en Droits, notamment dans le droit d’accéder librement au marché. Cette révolution anéantira de facto Largent et supprimera nécessairement la monnaie. On pourrait aussi dire qu’elle « abolira la monnaie » ou « abolira l’argent ». Mais il y a une différence entre utiliser à l’occasion l’une ou l’autre de ces expressions en sachant ce que sont Largent, l’Égalité, la Révolution, etc., et les utiliser à tout bout de champ sans le savoir. Dans un cas, il s’agit de se mettre à portée du grand public ; dans l’autre, d’afficher le maximum d’une pensée quasi nulle. De manière générale, un Patricien (partisan du Civisme) parlera d’abord d’instaurer l’Égalité et, ensuite, d’anéantir Largent. Il mettra plutôt en avant ce qu’il veut construire dans le futur que ce qu’il veut détruire, par défaut, dans le présent. Il n’est pas réduit à s’opposer, il a les moyens d’être positif, contrairement à ceux qui croient que proclamer en boucle qu’ils veulent « abolir l’argent » fait d’eux des radicaux alors qu’ils sont surtout ridicules. Notons bien qu’il parlera « d’anéantir Largent », et non de « l’abolir », parce qu’il sait que Largent est une croyance, et qu’une croyance ne s’abolit pas mais s’anéantit en en implantant une autre. Il pourra toutefois parler d’« abolir la monnaie », ce qui, alors, sera correct. Et s’il emploie malgré tout l’expression « abolir l’argent », ce sera par facilité ou, comme il a été dit, pour se mettre à portée de son auditoire. Car, si le Civisme utilise des mots qui existent, certains ont chez lui un sens plus précis, plus profond, de sorte que leur signification exacte échappe au commun des mortels. Un Patricien doit donc parfois employer des mots ordinaires qui, s’ils ne permettent pas au Béotien de saisir toute sa pensée, permettent néanmoins à celui-ci de comprendre quelque chose. Mais, quand l’expression « abolir l’argent » n’est pas chargée d’autant de sous-entendus, quand elle ne sert pas à éluder des concepts inédits ou trop ardus, quand elle se réduit en effet à elle-même, c’est que celui qui l’emploie n’a guère plus à dire et n’en sait pas plus, sur Largent, la monnaie, la Société, l’Égalité, la Révolution, etc., que ceux auxquels il parle. Dans la bouche de ce dernier, cette expression n’est pas une maladresse ; c’est un signe.


LARGENT est un TYRAN !

L’ÉGALITÉ ou la MORT !

 Philippe Landeux

29 octobre 2022

01:54 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.2. sur LARGENT | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 13 décembre 2020

LES BASES DU CIVISME EN VIDÉO

1.jpgVidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité & les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté & Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

Vidéos complémentaires :

Évolution révolutionnaire - Les origines du futur

Manifeste des Patriciens

Méta TV (20 mai 2014) - Un monde sans argent

Tous mes livres (version papier)

Tout sur le Civisme (PDF gratuits)

 Révolution - Pourquoi-Comment 3 - bonne version.jpg

12:12 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (5) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 25 novembre 2020

DISCOURS FICTIF DU GÉNÉRAL DE GAULLE

Appel du 18 Juin — Wikipédia


Françaises, Français,
Mes chers compatriotes, mes chers concitoyens,

Je viens mettre un terme aux rumeurs les plus alarmantes et ranimer l’espérance.

Il y a quelques jours, j’ai disparu. Je me suis enlevé moi-même. Non pour me soustraire à mes obligations, mais pour me soustraire à la pression, me donner du temps de réflexion, dérouter nos ennemis et revenir plus déterminé, plus fort que jamais.

Depuis maintenant un an, la France et le peuple français, comme le reste du monde, subissent l’offensive générale des puissances capitalistes qui, jusque-là, se tapissaient dans l’ombre, se contentant d’exercer leur influence et d’en recueillir les fruits. Il apparaît qu’elles sont désormais résolues à exercer elles-mêmes le pouvoir et à le prendre, c’est-à-dire à en dépouiller totalement les peuples à leur profit. Elles ne pouvaient pas le prendre ouvertement au risque de susciter la résistance des peuples ; elles ne pouvaient le prendre qu’à l’issue d’une campagne de terreur, qu’en amenant les peuples à renoncer eux-mêmes à leur liberté ; elles ne pouvaient gagner qu’en tournant contre eux leur besoin naturel et légitime de sécurité. Il fallait qu’un danger mortel, réel ou supposé, leur fasse perdre la raison au point d’en accepter les mesures les plus extraordinaires, irrationnelles en apparence, mais tendant à les accoutumer à la tyrannie et à sceller à leur asservissement.

La crise du coronavirus a été cette opportunité. Un virus somme toute ordinaire a été le prétexte de semer la panique tant espérée, pour ne pas dire planifiée. S’il n’avait pas existé, les capitalo-mondialistes l’auraient inventé ; s’il n’avait pas été grave, ils en auraient exagéré la gravité. Quoi qu’il en soit, le leurre a fonctionné. Les gouvernements et les médias à la solde des milliardaires ont tenu l’opinion en haleine. La pseudo pandémie a été l’occasion, pour les gouvernements, de s’arroger tous les pouvoirs, de suspendre toutes les libertés et de ruiner leurs pays. Censés protéger leurs peuples, ils s’en sont montrés les pires ennemis. Loin de les dénoncer, les médias s’en sont faits les apologistes et les complices. Ils nous ont présenté des criminels comme des bienfaiteurs. Ils nous les vendront bientôt comme des sauveurs. Car pendant que la crise était réduite à une question sanitaire, pendant que l’univers était sommé de discuter « santé » sans dévier du discours officiel, les capitalo-mondialistes avançaient leurs pions, dévoilaient leurs projets, révélaient leurs intentions.

Quel est leur projet ? Instaurer ce que de nombreux chefs d’État et autres personnes notoires ont désigné sous le nom de « Nouvel Ordre Mondial ». De quoi s’agit-il en apparence ? De concentrer entre les mains d’une élite la gestion du monde, donc de déposséder les peuples de la gestion de leurs propres affaires. Autrement dit, il s’agit de transférer la souveraineté des peuples, qui souvent en ont déjà été dépouillés par leurs gouvernements, entre les mains d’une caste, celle des gens qui, de par leur argent, détiennent le pouvoir économique et achètent tout, y compris et avant toute chose les hommes politiques. Ce projet ne date pas d’hier et ne pouvait être mené à bien que par étapes, à la faveur de crises internationales, au motif que des problèmes mondiaux appellent une gouvernance mondiale.

Ainsi la Première Guerre Mondiale a-t-elle donné le coup d’envoi avec la création de la Société Des Nations (S.D.N.), dont l’échec a été retentissant. Le projet n’en a pas moins été repris après la Deuxième Guerre Mondiale avec la création de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) et une pléthore d’autres organisations mondialistes : Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.), Font Monétaire International (F.M.I.), Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (U.N.E.S.C.O), etc., sans parler de toutes les organisations non-gouvernementales, qui ont fait du monde leur terrain de jeu, et de toutes celles fondées par des citoyens du monde autoproclamés. Plus près de nous, le capitalisme a agité le spectre de la guerre, qui fut toujours son œuvre en dernière analyse, pour justifier la création de la Communauté Économique Européenne (C.E.E.), puis l’Union Européenne tout court (U.E.). Pour préserver la paix en Europe, les pays européens devaient s’unir, les peuples devaient renoncer petit à petit à leur souveraineté jusqu’à ne plus exister en tant que nations. Car, comprenez-vous, les peuples et surtout les peuples maîtres chez eux, « c’est la guerre » ! La paix exige, soi-disant, que les peuples disparaissent ou qu’ils soient nuls, c’est-à-dire esclaves. Et pendant que l’Europe, au nom de ces sophismes, s’employait à détruire les nations par le haut et de l’extérieur, l’immigration et l’antiracisme, encouragés par les mêmes, tantôt au nom de Largent, tantôt au nom des droits de l’Homme, détruisaient les peuples par le bas et de l’intérieur, les niant, les dissolvant, sapant leurs défenses physiques et morales, et les disposant à passer à l’étape suivante.

Nous marinions depuis assez longtemps, il semblait que nous soyons bons pour passer à la casserole. Mais il fallait un nouveau prétexte pour allumer le feu sans que la grenouille bondisse. Celui du réchauffement climatique, de la pollution, de la planète, de l’environnement, en un mot de l’écologie, n’avait pas pris ou pas assez. Comment terroriser suffisamment les gens pour qu’ils acceptent tout ? En appeler à leur sens civique n’avait pas marché. Restait le ressort de l’égoïsme. Le danger ne devait pas être général, collectif, éloigné et vague, mais immédiat, omniprésent et potentiellement mortel. Rien de tel qu’un virus qui se répand partout et dont nul ne sait comment se protéger. Et si ses effets sont moins dévastateurs que prévu, peu importe. L’important est que les gens aient peur à tort ou à raison, sentiment que la propagande peut, à elle seule, créer et entretenir.

Et c’est bien la peur qui s’est emparée d’une grande partie d’entre vous, la peur qui vous tétanise, qui vous empêche de voir ce qui se déroule sous vos yeux et qui vous dresse contre ceux qui vous alertent. Que se passe-t-il donc ? Gardez à l’esprit que le but du capitalo-mondialisme est de mettre le monde à sa merci, de nous asservir tous individuellement et collectivement, en nous ôtant toute envie ou possibilité de révolte ou en nous réprimant avec la dernière brutalité au besoin. C’est d’ailleurs sous ce dernier rapport que le coronavirus a été utile en premier lieu. Logique ! Le système s’est d’abord assuré de pouvoir briser toute résistance avant de la susciter avec le déploiement des mesures révélatrices de ses véritables objectifs.

En France, il s’est assuré le soutien des forces de l’ordre par des primes, des augmentations et autres hochets. Il les a dotées de tous les moyens de répression et de surveillance. Après les avoir habituées à faire respecter des réglementations absurdes et tatillonnes, notamment en matière de sécurité routière, il les a à sa botte pour faire appliquer sans sourciller les mesures les plus liberticides et les plus funestes. Le « flicage » est à l’ordre du jour. Le confinement injustifiable n’en a pas moins servi à justifier l’interdiction de sortir de chez soi plus d’une heure, l’interdiction de se réunir et, évidemment, l’interdiction de manifester. Ces mesures absurdes, auxquelles on peut ajouter le port obligatoire d’un masque totalement inefficace, n’ont aucune utilité sanitaire : elles visent à vous soumettre, à détruire en vous tout esprit critique, à vous familiariser avec l’idée de vivre sous un contrôle permanent qui ne cessera pas avec la fin de la pandémie qui est d’ailleurs déjà terminée. Le système veut non seulement connaître vos moindres faits et gestes mais il voudrait encore vous les dicter. Tous les moyens pour vous tenir en laisse sont bons et de plus en plus intrusifs : caméras, drones, traçage Internet via les téléphones, vaccins obligatoires bourrés de nanotechnologie, passeport covid (sous condition de vaccination), en attendant l’implantation obligatoire de puces.

Mais tout ceci n’est qu’un volet du plan. Dans un monde monétaire, le vrai contrôle, le contrôle absolu passe par l’argent. Celui qui n’en a pas est dans la dépendance de celui qui peut lui en donner. Or, en arrêtant brutalement l’économie, en interdisant de travailler, sans suspendre les règles du système monétaire, l’État a lui-même provoqué la ruine du pays et s’est, par-là même, positionné en sauveur. Les travailleurs mis au chômage ne survivent que grâce à ses aides. Mais tous n’y ont pas droit. Les entreprises ne survivent, temporairement, que grâce des prêts qu’elles devront rembourser, qui souvent ne suffisent pas, qui les tueront à terme et auxquels beaucoup n’ont pas droit. Mais tout cet argent avancé directement par l’État ou indirectement par les banques, d’où vient-il ? Il a été avancé par l’Europe qui l’a elle-même créé ou emprunté sur les marchés financiers. Dans tous les cas, son remboursement sera exigé, et l’État se fera fort d’honorer une dette qu’il a lui-même contractée au nom de la nation, sans la consulter. Mais jamais la nation ne pourra la rembourser même en payant jusqu’à la fin des temps, d’autant plus qu’elle s’ajoute à la dette générale, déjà irremboursable. Elle sera donc asservie par la dette. Idem pour les entreprises. Quant aux particuliers, ruinés eux aussi, il est prévu d’instaurer un revenu universel, versé par l’État qui, par ce moyen, s’assurera la docilité des citoyens. Il est d’ailleurs envisagé que le « socle citoyen » ne soit accordé qu’aux citoyens vaccinés. Et pour refermer entièrement le piège, pour que le système ait un contrôle total, pour qu’il n’y ait plus le moindre espace de liberté, sinon surveillé, la monnaie n’existera plus que sous forme dématérialisée, ce en quoi la 5G est indispensable. Tout ceci est dans les tiroirs et devrait être mis clairement sur la table en 2021 si rien ne vient enrailler la machine.

Françaises, Français,

J’ai dressé sous vos yeux le constat. Il est indiscutable. Il est accablant, scandaleux, révoltant. Il est même encore pire que tout ce que des hommes sains d’esprit peuvent imaginer. Des criminels, poussés eux-mêmes par une logique supérieure, ont résolu de nous anéantir et d’enchaîner les survivants. Le projet est mondial. Tous les peuples ou presque sont concernés et voués au même sort. Mais les peuples ne peuvent avoir de prise que sur leur propre destin. Il appartient à chacun d’eux de déjouer les démons qui les gouvernent et de reprendre les rennes de leur destinée. Le peuple français devra, comme tous les autres, se libérer par lui-même et se montrer digne de la liberté. Il y a urgence. Les capitalo-mondialistes croient toucher au but et agissent désormais au grand jour ; ils croient que nous sommes irrémédiablement empêtrés dans leurs filets. Mais si la corde est serrée, nous ne sommes pas encore morts et nous les voyons venir désormais. Par leurs outrances, ils ont eux-mêmes fait tomber le bandeau. Ils ont fait mieux : ils nous ont réduits à la misère qui ne nous laisse plus d’autre choix que la victoire ou la mort.

Français, votre souffrance est indicible, votre colère est légitime. Quand les maux de la patrie sont à leur comble, il appartient au peuple souverain de la sauver, il est du devoir de tout patriote de courir sus à l’ennemi. Rien ne peut arrêter un peuple qui ne s’en laisse plus imposer. Pour autant, l’énergie populaire doit être canalisée et dirigée. Car il ne suffit pas de remporter la bataille ; il faut aussi être capable d’exploiter la victoire. Des chefs de talent et de confiance sont nécessaires avant, pendant et après. Le plus dur n’est pas de renverser un pouvoir mais de le remplacer… et être en capacité de le remplacer est la condition pour mener à bien son renversement. Rien de tout cela ne manque aujourd’hui. L’heure est venue. Citoyens, levez-vous ! Formez vos bataillons ! Suivez une fois encore votre serviteur ! Ensemble écrasons les capitalo-mondialistes, à commencer par leurs chefs visibles et invisibles, et reprenons notre pays. Le jour de l’assaut est fixé. Attendez le signal.

Une fois les opérations lancées, rien ne pourra les arrêter, rien ne pourra nous empêcher d’aller au bout. Le système n’était fort que parce nous étions divisés et à genoux. Il tombera aussitôt que nous nous lèverons. La victoire peut dores et déjà être considérée comme acquise puisque nous sommes décidés à vaincre et que nous aurons déjà vaincu nos propres faiblesses.


Mais nous n’aurons alors paré qu’à l’urgence. Nous aurons déjoué le capitalisme dans ce qu’il a de plus extrême, mais nous n’aurons pas altéré la nature capitaliste du système qui conduit sur cette pente fatale. Le capitalisme n’a pas engendré le mondialisme par hasard, mais parce qu’il en est précisément le terreau. C’est aussi sur ces questions que j’ai médité. Je suis parvenu à des conclusions stupéfiantes que je veux partager avec vous.

J’ai dit que les grands capitalistes obéissaient à une logique supérieure. Ils obéissent tout simplement à la logique du jeu auquel nous jouons tous : le système monétaire, qui est un Monopoly grandeur nature. Dans ce jeu, il y a un gagnant, qui finit par concentrer tout l’argent entre ses mains ; tous les autres joueurs sont ruinés progressivement. Toute partie finit inéluctablement de la même manière, quels que soient les joueurs. Si les gagnants peuvent croire qu’ils ont du mérite à avoir gagné telle partie, la vérité est qu’ils ne gagent que parce les mécanismes de ce jeu font qu’il n’y a qu’un gagnant, peu importe qui. Jouer à ce jeu condamne la plupart des joueurs à perdre. C’est aussi le sort des hommes dans le système monétaire.

Absorbés par le jeu auquel nous sommes obligés à jouer nous en oublions ses enjeux. Le système monétaire nous impose d’avoir de l’argent pour vivre et nous nous efforçons d’en gagner ou de ne pas en perdre sans nous demander ce qu’est la monnaie. Hé bien ! la monnaie n’est rien moins que nos droits : tous les droits dont elle nous permet de jouir quand on en a, tous ceux dont elle nous prive quand on n’en a pas. Nous la voyons comme un instrument neutre entre nos mains, alors qu’elle fonctionne selon des règles a elle et qu’elle régit nos vies et nos droits, que nous en ayons ou pas. Le système monétaire nous condamne donc à jouer avec nos droits, avec nos vies, comme si de rien n’était. Par ailleurs, comme la monnaie circule et doit être gagnée aux dépens d’autrui, le système monétaire nous plonge dans une sorte de guerre permanente de tous contre tous pour en avoir, alors que nous sommes supposés être concitoyens et solidaires. Autrement dit, le système monétaire met en œuvre une logique et des mécanismes qui ne sont en rien ceux d’une Société digne de ce nom.

Il n’y a pas de Société sans citoyens, et il n’y a de citoyens que si la citoyenneté signifie même devoirs et mêmes droits pour tous. Parmi ces droits du citoyen figure celui de profiter de tous les bienfaits de sa société et donc la possibilité, pour tous les citoyens, d’accéder librement au marché. C’est la citoyenneté qui confère ce droit. En quoi quelqu’un qui ne profite pas des bienfaits de sa société, alors même qu’il a contribué à les générer, est-il citoyen ? Cela s’appelle « un esclave ». Et pourquoi des citoyens n’auraient-ils pas ce même droit de profiter, si tous participent bien à la vie de la cité selon ce qu’elle considère comme une participation ? Une Société, c’est « un pour tous, tous pour un », pas « chacun pour soi ». Comment une telle évidence peut-elle nous échapper ? Tout simplement parce que c’est contraire à la logique monétaire qui s’impose à nous et nous interdit de voir ce qui crève les yeux.

Une véritable Société repose sur l’Égalité bien comprise, alors que le système monétaire est intrinsèquement inégalitaire. Jamais les Principes de l’ordre social ne prévaudront dans un système monétaire imposant sa logique monétaire. Jamais il n’y aura de véritables Citoyens dans l’inégalité, pas plus qu’il ne pourra y avoir de véritable démocratie. Contenir les excès du capitalisme, fruits de cette dynamique inégalitaire, revient à chasser le naturel qui reviendra fatalement au galop. Sans doute l’excès de maux nous obnubile-t-il et justifie-t-il notre révolte, mais nous devons voir plus loin et agir demain plus en profondeur pour empêcher à jamais le mal de renaître.

Mais quelle est la véritable nature du mal que nous devrons tôt ou tard éradiquer ? Quel est cet ennemi que nous devrons un jour anéantir ? On ne peut pas vaincre si on ne sait contre qui ou contre quoi l’on se bat ! En réalité, j’ai déjà révélé le secret de la victoire : attacher à la Citoyenneté le droit d’accéder librement au marché, et adapter le système à ce Principe, lequel système ne serait donc plus monétaire. Il n’est pas indispensable d’en savoir davantage. Il est néanmoins utile d’identifier clairement l’ennemi que cette révolution écrasera, car c’est parce qu’il ne l’a pas été jusqu’à présent qu’il a échappé à tout, qu’aucun coup n’a été dirigé contre lui.

Je n’ai jusqu’ici utilisé que les termes vagues de « système monétaire » et « capitalisme ». D’aucuns pourraient croire que l’essence du mal est dans le commerce, dans les riches, dans les banques, dans la spéculation ; d’autres pourraient accuser le fonctionnement de la monnaie, son support ou son mode de création ; les plus audacieux dénonceront l’existence même de la monnaie, avec l’idée de l’abolir et, avec elle, tout échange et toute forme de moyen d’échange. Tous auraient en partie raison mais seraient encore loin d’avoir identifié le ressort du système monétaire. Pourquoi donc est-il monétaire ? Parce que nous utilisons de la monnaie. Qu’est-ce que la monnaie ? Une unité de valeur. Pourquoi avons-nous besoin d’une unité de valeur ? Parce que nous croyons que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Voilà la source ! Tout ce qui est résulte de ce que nous avons tous dans la tête : la croyance universelle que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance véhicule un schéma de l’échange qui s’impose à la Société et la détruit, puisque ce ne sont plus les Principes de l’ordre social qui structurent la Société et imposent leur conception de l’échange. C’est pourquoi j’ai aussi parlé de « logique monétaire » par opposition à la « logique sociale ».

Le schéma d’échange est celui du troc, et il est vraisemblable — bien que cela soit contesté — que ladite croyance ait été engendrée par la pratique même du troc, c’est-à-dire par l’échange d’objets entre individus ou communautés, donc par la mise en équivalence des objets appelés à changer de mains. Le troc présente toutes les caractéristiques de l’échange monétaire : notion de valeur, matérialisme, individualisme. Il est de même asocial, puisqu’il n’a aucune dimension sociale, même si la « société » valide tout, et inégalitaire, puisqu’il appartient à chacun de se ménager des droits et que la notion de valeur n’a de sens que dans l’inégalité. Pour connaître les mécanismes et les effets fondamentaux du système monétaire, il suffit d’étudier ceux du troc. Et comme la notion de valeur marchande est liée au troc, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger enferme dans les schémas du troc et implique d’en accepter d’avance toutes les conséquences, quitte à en dénoncer certaines après mais en vain.

La croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger est un peu longue à énoncer. Un mot a été forgé pour la résumer : « Largent ». Largent, au sens strict, ne désigne donc ni la monnaie, ni le système monétaire, ni le capitalisme, ni aucun de leurs effets ; il est ce qui est en amont de tout, la logique dont tout procède directement ou indirectement. C’est aussi pour cette raison que Largent, au sens large, peut tout désigner.

Largent importe plus que la monnaie ; il existe sans elle sous le troc. En revanche, la monnaie ne peut pas exister sans lui. Par contre, tant que la monnaie existe, sous quelque forme que ce soit, c’est que les hommes sont toujours adeptes de cette croyance et sont, malgré eux, les complices du monde qu’il façonne. Les monnaies n’ont jamais eu besoin de support matériel. La matérialité des monnaies n’a jamais été qu’un prétexte, qu’un moyen de donner une réalité à une fiction. La monnaie virtuelle est l’aboutissement logique de l’évolution des supports monétaires, le stade où la valeur marchande n’est plus qu’une croyance à l’état pur, où la monnaie se confond avec Largent.

Mes chers compatriotes,

Vous avez toujours été à l’avant-garde de l’Égalité, mais sans savoir vraiment en quoi elle consiste parce ce que vous ignoriez tout autant son obstacle. Vous savez maintenant que votre ennemi de toujours, c’est Largent, qui porte en lui les principes de l’individualisme (pendant du mondialisme) et de l’inégalité, c’est-à-dire le contraire de ce sur quoi doit reposer une Société digne de ce nom. Vous savez aussi que Largent nous a tendu un piège mortel dans l’espoir de se perpétuer, un piège dont nous devons nous dégager en premier lieu. Sauvons donc la France aujourd’hui pour pouvoir, demain, anéantir Largent au nom de l’Égalité et de la Patrie.

Vive la Révolution !
Vive la France !

Ch. De Gaulle

10:20 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 16 novembre 2020

CORONAVIRUS & CIVISME : VÉRITÉS & ESPOIR

Lors du premier confinement, j’avais écrit que, si le virus n’avait pas existé, le système aurait dû l’inventer. Aujourd’hui que le virus s’est pour ainsi dire éteint, c’est exactement ce qu’il fait. Il entretient une panique qui n’a plus lieu d’être mais qui lui est bien utile pour poursuivre ses buts inavouables.

 

L'argent virtuel | Mes Finances Perso

 

Jamais je n’aurais imaginé que le capitalisme ferait d’une crise sanitaire le prétexte pour passer à sa phase terminale. Il ne fallait cependant pas être devin pour comprendre que la monnaie exclusivement virtuelle est l’ultime évolution possible de la monnaie, et que l’intérêt des capitalistes autant que la force des choses nous en feraient prochainement prendre le chemin. Cette évolution était irrésistible, évidente et même nécessaire pour pouvoir enfin tourner la page. Je l’annonce depuis plus de 20 ans. Elle n’a donc rien de surprenant en soi. Elle confirme mon analyse générale même si je ne connaissais pas le détail des chemins tortueux que le capitalisme emprunterait pour atteindre le but.

Depuis près de 10 ans j’annonce également que le capitalisme reprendra à son compte l’idée — soi-disant de gauche — d’un revenu universel, sous quelque nom de que ce soit. Je ne vais pas développer ici les arguments qui me conduisent à penser qu’un revenu universel, loin d’être une panacée pour l’Humanité, n’est rien d’autre que la roue de secours du capitalisme et un moyen d’asservissement universel. J’observe simplement que la crise du coronavirus, exagérée et savamment entretenue — comme pour mieux ruiner le pays et étendre de manière arbitraire et infinie les pouvoirs du gouvernement capitalo-mondialiste —, a été le prétexte pour ressortir le projet des cartons et que ce projet est, lui aussi, une étape ultime. Car que peut-il y avoir de plus contraire à la logique monétaire, et de plus extrême, que de donner de l’argent aux gens pour qu’ils puissent consommer au lieu de les payer, même mal, pour leur travail ?

Ces deux évolutions — monnaie virtuelle et revenu universel — concernent la monnaie et tendent à assurer aux puissants de ce monde un contrôle total sur la monnaie et, à travers elle, sur les droits et la vie des gens. La perspective a de quoi effrayer. De quoi ne seront pas capables ceux qui, pour parvenir à leurs fins, ont terrorisé les populations du monde entier pour qu’elles consentent à la destruction de leurs libertés, de leurs emplois et de leurs pays ? Que feront-ils d’un pouvoir total alors même qu’ils ont déjà tous les pouvoirs ? Comment les arrêter ? Comment mettre un terme à ce cauchemar éveillé ?

Pour l’heure, rien ne peut arrêter ces évolutions (particulièrement celle de la monnaie, la seconde étant accessoire), pour la simple raison que ceux qui s’inquiètent à bon droit de leurs conséquences ont le même logiciel que ceux qui les mettent en œuvre dans leur intérêt. Tous sont sous l’emprise de « Largent ». Tous ont le même maître. Tous le servent à leur manière quoique dans des conditions différentes. Pire ! Aucun ne sait vraiment ce qu’est Largent. Aucun ne l’envisage comme le véritable ennemi. Aucun ne le nomme, aucun ne le dénonce, aucun ne l’attaque, pas plus ses valets que leurs esclaves. Il est ainsi rendu invulnérable et tout puissant par défaut. Un peu d’intuition suffit néanmoins à comprendre que Largent est le ressort ou le dénominateur commun de toutes les entreprises qui tendent vers le projet notoire baptisé « Nouvel Ordre Mondial », qu’il serait donc plus clair et plus pertinent d’appeler « Royaume Universel de Largent ».

Telle est la première étape pour sortir du piège : ne plus être dupe des leurres, savoir à quoi l’on a affaire. Mais il y a encore loin entre sentir l’arnaque et y échapper. La grande difficulté est que « savoir ce qu’est Largent » va de pair avec « savoir comment le vaincre ». Les deux questions sont liées, comme une photo et son négatif : on ne peut répondre à l’une sans répondre à l’autre. Soit on a tout, soit on n’a rien. Et comme la réponse à « comment le vaincre » est hors de la compréhension des capitalistes que nous sommes tous au départ, comme Largent nous incline à croire qu’en dehors de lui point de salut, nous ignorons que nous pouvons nous en défaire, nous n’imaginons pas que nous le devions, nous ne savons même pas qu’il existe (ou en quoi il consiste). C’est le piège parfait. La preuve : nous sommes encore dedans.

Tout le problème est que Largent nous enferme dans sa logique à lui, la logique monétaire, alors que, pour résoudre nos problèmes de société, nous devrions être guidés par la logique sociale. Nous prenons pour une « société » ce qui n’est qu’un système. Nous adoptons les lois de Largent, les lois qu’il nous impose et qui nous semblent naturelles, et nous rejetons les Principes de l’ordre social qui sont incompatibles avec elles. Que dis-je « nous les rejetons » ? Nous ne les connaissons même plus ! Quand notre nature sociable nous pousse vers eux, ils sont si vagues dans nos esprits que les préjugés monétaires, profondément ancrés en nous, prennent le dessus et nous ramènent à Largent.

Disons donc les choses sans plus tergiverser. Une Société digne de ce nom est fondée, non sur Largent, mais sur l’Égalité. Des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits. Tous ont notamment le devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ; en retour, tous ont le droit de profiter de tous les bienfaits de la Cité, lequel droit (fondamental) implique pour tous le droit (indirect) d’accéder librement au marché. Le droit d’accéder LIBREMENT au marché leur est donc conféré par la Citoyenneté elle-même. Il n’est pas limité arbitrairement et inégal comme cela est le cas lorsqu’il est incarné et conféré par une monnaie. Dans la Cité, il n’y a pas de monnaie, pas de prix, pas de valeur marchande. Les Citoyens accèdent au marché parce qu’ils en ont le droit en tant que tels et dans les seules limites de leurs envies, de la nature des choses et éventuellement des lois (la Cité étant une véritable démocratie par la force des choses).

Mais comment appliquer ces principes et cette idée dans une Société de millions de personnes où les gens sont souvent des inconnus les uns pour les autres et où nul ne sait ce que fait son voisin ? Comment permettre aux Citoyens de jouir de ce droit sans prêter le flanc aux profiteurs en tous genres ? Le problème aurait été insoluble il y a cinquante ans seulement. Un système de vérification de la citoyenneté aurait reposé sur du papier, sur une administration, sur des hommes. Le système aurait été lourd, lent, corrompu, voué à l’échec. La chose étant impraticable n’était donc pas envisageable. Mais la technologie moderne, notamment l’informatique, permet à la Cité de doter ses Citoyens d’un moyen sûr d’attester leur citoyenneté auprès des commerçants et des producteurs et de contrôler du même coup et sans effort l’activité de ses derniers. Le Civisme envisage que ce moyen soit une carte à puce, strictement personnelle, dite « carte civique ». Ces cartes seraient, techniquement, techniquement seulement, l’évolution des cartes de crédits. Elles utiliseraient les infrastructures mises en place par le capitalisme pour manipuler ces dernières et dépouiller les gens de leurs droits sous forme de monnaie (car la monnaie n’est rien d’autre que du droit), mais elles ne serviraient plus qu’à vérifier la citoyenneté et à garantir les droits du citoyen ; elles seraient à la fois le symbole et le vecteur d’une philosophie inédite. Il apparaît ainsi que la technologique qui permet à Largent de marcher vers son triomphe sera aussi ce qui permettra de lui donner le coup de grâce.

Mais l’intérêt social et révolutionnaire de la technologie ne saute aux yeux que dans cette perspective, si l’on renonce à la logique monétaire pour la logique sociale, si l’on suit le Civisme dans son raisonnement et dans ses conséquences. (Le Civisme est bien sûr une théorie beaucoup plus développée que le peu qui en est dit ici.) Si on ne le suit pas : soit on ne sait pas que le problème c’est Largent, et on propose des mesures vaines (généralement monétaires) pour résister à son avènement, on désespère des hommes et de l’histoire ; soit on le devine vaguement, mais, faute de Principes solides, on n’a rien de sérieux à lui apposer et aucune alternative crédible à proposer, on attend sans savoir quoi.

Nous vivons des heures dramatiques, et les plus sombres de notre histoire sont encore devant nous. Pourtant, il y a déjà 20 ans que les conditions sont propices à l’instauration de la Cité. Ce qui a manqué, ce ne sont pas les moyens mais la volonté. Le Civisme venait de naître et n’était pas répandu. Il n’est toujours pas assez connu, et Largent se cache encore derrière la monnaie dont les hommes sont dupes. Non seulement rien ne peut arrêter Largent à l’heure actuelle, mais il faut qu’il aille au bout de sa logique en dépit des dégâts occasionnés, qu’il soit complètement nu, pour que les hommes le voient enfin sous son vrai jour et se rallient au Civisme, pour qu’ils comprennent enfin que Largent est plus que la monnaie (unité de valeur), plus que les banques, plus que le système monétaire, plus que tout ce qui est visible et concevable ; que c’est une croyance, une croyance inconsciente universellement partagée qui conditionne aussi bien les riches que les pauvres à défendre le système monétaire qui la leur a insidieusement inculquée comme l’air qu’ils respirent ; une croyance qui enferme dans la logique monétaire (matérialiste, individualiste et inégalitaire) et condamne les êtres sociables que nous sommes à n’avoir pas d’autre horizon ; bref, que Largent, c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger… et qu’il n’y a qu’une façon de l’anéantir : l’Égalité bien comprise.

Les puissants de ce monde courent après le pouvoir absolu. Ils sont puissants par Largent et pour Largent. Mais, en poussant à la dématérialisation totale de la monnaie, ils détruisent ce qui permettait aux hommes de croire que Largent a une existence réelle, ils éventent eux-mêmes la supercherie, ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. Quelles que soient leurs intentions, ils commettent la plus grande des erreurs. Ce sera décisif, en effet, mais pas de la manière qu’ils croient.

Un homme averti en vaut deux.

LARGENT est un TYRAN !
L’ÉGALITÉ ou la MORT !

09:10 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 09 octobre 2020

LE CIVISME EN BREF

LES 4 POSTULATS DU CIVISME

1) Le Civisme rappelle que le but premier de la Société est d’apporter à ses membres toute la protection dont elle est susceptible, autrement dit que les Citoyens ont le devoir de se protéger les uns les autres pour assurer à chacun d’entre eux, autant que faire se peut, la sécurité en tant que droit.

2) Il affirme qu’une Société digne de ce nom ne peut être fondée que sur le Principe de l’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits, et que ce Principe est absolument incompatible avec la monnaie et la notion de valeur marchande qui insufflent l’individualisme et engendrent l’inégalité.

3) Il explique qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, que les droits des uns sont générés par les devoirs qu’ont les autres envers eux, et que des Citoyens se garantissent mutuellement les mêmes droits parce ce qu’ils ont les uns envers les autres les mêmes devoirs, vu qu’il n’y a pas de devoir sans réciprocité.

4) Sa grande idée est que, dans la mesure où la jouissance de la plupart des droits dépend aujourd’hui de la possibilité d’accéder au marché, il ne peut y avoir d’Égalité en droits que si tous les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’ils soient Citoyens, c’est-à-dire que ce droit doit leur être conféré par la Citoyenneté elle-même et non plus par quelque unité que ce soit.

De ces considérations découle l’organisation de la Société que le Civisme appelle « la Cité ».

 

LA BASE

La Cité, c’est l’ensemble des Citoyens. « La Cité » désigne aussi les diverses instances représentatives.

Les Citoyens sont tous les individus admis (de fait ou de par la loi) à faire partie de la Cité, qui participent d’une manière ou d’une autre à la vie économique et sociale de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ; et qui, en retour, peuvent profiter de tous ses bienfaits.

Une partie de ces bienfaits consiste en biens et services, produits ou fournis par les entreprises, auxquels tous les Citoyens peuvent accéder librement, donc également, dans les limites de la nature des choses et éventuellement des lois.

 

LA CARTE CIVIQUE

L’accès au marché, c’est-à-dire aux biens et services, se fait par le biais d’une carte à puce, dite Carte civique.

La Carte civique a plusieurs fonctions :

La première est de prouver aux commerçants que l’on est Citoyen, donc que l’on a rempli ses Devoirs de Citoyen, puisque c’est la condition pour pouvoir se servir librement.

La deuxième est de permettre l’enregistrement informatique de ce que l’on appellerait aujourd’hui des « achats », non pour savoir ce que les Citoyens « achètent », mais pour connaître automatiquement l’activité des commerçants et des entreprises en général.

 

LES AUTRES CARTES

Les Cartes civiques confèrent, en théorie, un pouvoir d’achat illimité. Mais la loi peut réglementer l’accès à certains produits ou le limiter en terme de quantité. La philosophie de la Cité est de réglementer le moins possible, mais elle ne peut y échapper. Il existe fatalement diverses catégories de produits, certains accessibles à tous sans limite légale, d’autres accessibles à certaines conditions ou dans une certaine mesure, d’autres encore réservés aux professionnels ou à certaines entreprises (ce qui est déjà le cas aujourd’hui).

Les entreprises et autres personnes morales disposent d’ailleurs de Cartes non pas « civiques » mais « professionnelles » leur permettant d’accéder au marché en général et aux marchés spécialisés. Ces Cartes sont au nom de la personne morale en question, à laquelle elles donnent des droits ; elles ne donnent aux Citoyens qui les utilisent en tant que représentants de ladite personne morale aucun droit à titre personnel. Ainsi les personnes morales tiennent leur Carte et leurs droits de la Cité, à commencer par celui d’exister ; elles acquièrent des biens sur le marché de la Cité, pour leur fonctionnement ; et elles ont pour fonction de servir la Cité, soit en alimentant le marché en biens et services, soit de toute autre manière. Dès lors, est-il besoin de préciser que les moyens de production, s’ils appartiennent en apparence à l’entreprise, appartiennent en réalité à la Cité ? Que, si les entreprises sont créées et gérées par des particuliers, il n’appartient pas à ces derniers de les liquider si les intérêts de la Cité s’y opposent ?

 

LES ENTREPRISES

Les entreprises, constituées de Citoyens, ont, comme eux, le devoir de participer à la vie de la Cité selon ce que celle-ci considère comme une participation. Autrement dit, elles ont des résultats minimums à atteindre, une certaine demande à satisfaire, pour que leur utilité soit reconnue et que la Citoyenneté de tous leurs employés soit validée ou reconduite, ce qui se traduit par la validation de leurs Cartes civiques. Les mauvais résultats exposent les employés à des sanctions, la même pour tous, et l’entreprise, à la liquidation. Ne sont toutefois pas retenus contre elles les mauvais résultats dus à des accidents ou des catastrophes.

Les entreprises sont crées à l’initiative des Citoyens, avec l’aval de la Cité, ou par la Cité elle-même. Dans tous les cas, la gestion de leur personnel (embauche et licenciement) et de leur activité leur appartient. Les entreprises sont en concurrence et doivent séduire les Citoyens dont les choix, en tant que consommateurs, se portent vers les meilleurs produits ou services. Le critère prix a disparu ; ne reste que la qualité. Pour conserver ou gagner des clients, les entreprises doivent donc améliorer sans cesse leurs produits et leur technique de production. Par ailleurs, les clients étrangers comptent autant, aux yeux de la Cité, que les Citoyens, de sorte qu’il peut être intéressant pour elles d’exporter, ce qui intéresse la Cité qui recueille l’essentiel de leurs bénéfices pour constituer le budget dont elle a besoin pour payer les importations. Car, si la Cité fonctionne sans argent en interne, elle est bien forcée de s’en procurer pour échanger avec les pays qui n’y ont pas encore renoncé.

 

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE INÉDIT

Le Civisme est du libéralisme sans capitalisme, c’est un système libéral mais sans monnaie. Il ne tombe pas dans le piège du collectivisme qui, à grande échelle, vire fatalement au totalitarisme. Pourquoi collectiviser des entreprises qui existent et s’équipent par la grâce de la Cité ; qui emploient des Citoyens « empruntés » à la Cité ; qui ont, par définition, une fonction publique puisqu’elles produisent pour le marché ; qui sont toujours mieux gérées de manière privée, et dont le mode de gestion importe peu si tous les Citoyens peuvent accéder à leurs produits ?

 

PLEIN EMPLOI

La Cité connaît le plein emploi. Le pouvoir d’achat des Citoyens est si élevé, puisque illimité en théorie, que l’Offre (de biens et services) ne peut l’égaler. Or l’Offre est le fruit du travail. Même si tous les Citoyens travaillent, il y a encore du travail dans la Cité, il y en a même encore plus. C’est donc sans peine que tous les Citoyens peuvent s’acquitter de leur devoir de participer à la vie de la Cité.

 

« PARTICIPATION », NOTION PLUS LARGE QUE LE TRAVAIL

Le travail, c’est-à-dire les activités qui contribuent à alimenter le marché des biens et services, n’est d’ailleurs pas la seule forme de participation. La Cité reconnaît comme portes de la Citoyenneté et des droits du Citoyen toutes les activités qu’elle juge utiles du point de vue de l’intérêt général. Cela concerne, par exemple, les élus, les employés des diverses administrations et agences publiques, les juges, les policiers, les militaires, les gardes forestiers, mais aussi les mères au foyer, qui s’occupent de leurs enfants, ou encore les étudiants, qui se forment pour leur futur métier ; sans oublier tous les Citoyens appelés par tirage au sort pour représenter la Cité (jurés, Censeurs, Commissaires).

 

RETRAITE

Un dispositif essentiel est celui de la retraite. Les retraités sont toujours Citoyens mais n’ont plus besoin de participer à la vie de la Cité pour que leurs Cartes civiques soient valides. Rien ne leur interdit d’avoir toujours une activité, et les entreprises ont même intérêt à en employer, car ils ne sont pas pris en compte pour établir les résultats minimums qu’elles doivent atteindre (lesquels résultats dépendent de la taille de l’entreprise et de la nature de sa production). Mais il n’y a pas d’âge pour être à la retraite. Le statut de retraité s’acquiert quand un Citoyen a atteint le Temps Effectif de Participation requis par la loi, c’est-à-dire quand il a travaillé le nombre d’années que la loi exige pour pouvoir être à la retraite. (Ce Temps est en principe égal pour tous, mais certaines professions, pénibles ou délaissées, peuvent bénéficier de coefficients avantageux.) Chaque période d’activité représente autant de Temps Positif. Quand la somme des Temps Positifs égale le Temps Effectif de Participation requis, le Citoyen est à la retraite. Ceci implique que la perte momentanée de la Citoyenneté, pour X raison, recule d’autant l’âge de la retraite. Ceci permet d’adopter une sanction consistant en Temps Négatif, qui, là encore, recule d’autant, pour ceux auxquels elle est infligée, le moment où ils pourront être à la retraite. Ce type de sanction concerne particulièrement les entreprises (et chacun de leurs employés) qui, en cas de mauvais résultats, qui ne peuvent être imputés qu’à leur défaillance, sont ainsi punies par où elles ont pêché. Cela dit, la simple menace de cette sanction collective assure que les entreprises feront ce qu’elles sont censées faire.

 

CHÔMAGE

Cependant, la Cité n’ignore pas qu’un Citoyen peut parfois être sans emploi, ce qui devrait le priver de la Citoyenneté et de tout droit. Elle accorde donc à tous ses Citoyens un Crédit de Temps Chômage, d’une durée de 3 ans, durant laquelle leur Carte civique reste valide, Crédit de Temps qu’ils peuvent utiliser en cas de besoin ou comme bon leur semble. Libre à eux de gaspiller ce parachute, mais ils n’en auront pas d’autre. Pour les inciter encore davantage à ne pas le gaspiller, ce Crédit de Temps Chômage compte pour rien au niveau du Temps Effectif de Participation requis pour être à la retraite. Autrement dit, toute période de chômage recule d’autant le moment de la retraite.

 

LE SYSTÈME POLITIQUE

Distinction Citoyenneté / Nationalité

À notre époque où tout est mouvant, la Citoyenneté n’est pas un gage de fidélité envers la Cité, ce qui est pourtant une condition pour contribuer à la formation et à l’application des lois. Le Civisme distingue donc la Citoyenneté, qui se mérite et se conserve en participant à la vie économique et sociale de la Cité, et confère les droits du même ordre, de la Nationalité, qui confère les droits politiques et nombre d’obligations, et se mérite en remplissant certains critères et en accomplissant volontairement un service national d’un an (défense civile ou militaire). Cette distinction est à la fois faisable et indispensable : faisable, car les droits ne dépendent plus de la monnaie qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut et qui prive la société du rôle de garantir les droits ; indispensable, car les droits politiques sont infiniment plus étendus dans la Cité que dans le système monétaire où ils sont quasi nuls. Ainsi, l’ensemble des Citoyens (de France) constitue la Cité au sens large ; l’ensemble des Citoyens nationaux (français) constitue la Nation ou la Cité au sens strict.

L’organisation politique

La Cité est organisée politiquement. Le Gouvernement, chargé de diriger le la Cité conformément aux lois, est constitué d’un président, élu pour 10 ans non renouvelables, et de Ministres désignés par lui. La Chambre législative, chargé de proposer des lois, est composée de députés des Départements élus pour moitié au suffrage majoritaire, pour l’autre à la proportionnelle, selon les résultats obtenus par chaque parti au niveau national. Les lois imaginées par les Députés, voire par le Gouvernement, sont soumises à l’approbation d’une Chambre, appelée « Tribunal de l’Opinion Publique », composée de 1.000 Citoyens nationaux tirés au sort. Ces Citoyens, appelés « Censeurs », siègent pendant un an. Un projet de loi doit recevoir l’approbation des deux tiers d’entre eux pour devenir loi. S’ils n’ont pas à approuver les actes du Gouvernement, ils peuvent toutefois les casser si les deux tiers d’entre eux se prononcent contre. Telles sont les premières fonctions du T.O.P. qui, en tant qu’instance la plus représentative, en a bien d’autres. C’est lui qui nomme, pour une durée indéterminée, le Ministre de la Justice. Ainsi, les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, sont séparés les uns des autres et subordonnés au Peuple. Seul le T.O.P. peut interpréter la Constitution que seul le Peuple, c’est-à-dire les Citoyens nationaux, peuvent modifier par référendum. Des référendums peuvent être provoqués, sur quelque sujet que ce soit, par le Gouvernement, par le T.O.P. ou à l’initiative de 500.000 Citoyens nationaux.

Au niveau municipal, les Citoyens nationaux élisent le Maire, le Principal (chef de la police municipale) et les Juges de Paix. Ils sont par ailleurs réunis en arrondissements appelés « Municipes » qui siègent à volonté et peuvent provoquer des référendums communaux.

Les obligations des Citoyens nationaux

Outre leur année de service national, les Citoyens nationaux doivent accomplir durant 15 ans au moins, plus s’ils le veulent, des semaines annuelles de service, soit dans le Corps des volontaires (défense civile), soit dans la Garde nationale (force militaire et policière).

Les Citoyens nationaux peuvent également être appelés, par tirage au sort, pour siéger durant un mois en tant que Jurés, ou pour un an en tant que Commissaires. Les Commissaires sont les membres des diverses Commissions. Certaines sont chargées d’établir les conventions des entreprises, c’est-à-dire les résultats minimums qu’elles doivent atteindre, d’autres de réviser ces conventions, d’autres de contrôler le bon fonctionnement des Commissions, d’autres d’attribuer le sol, les locaux et les logements, d’autres, enfin, d’examiner les demandes de naturalisation (personne ne naît français).

Les Citoyens nationaux sont impliqués à tous les niveaux dans la chose publique, la res publica ; ils ne sont pas les spectateurs de la République, ils en sont l’âme.

 

LES EFFETS

Il n’y a de limite, dans la Cité, que l’imagination des Citoyens et la nature des choses. Ce qui n’est pas impossible par nature ne dépend, pour être réalisé, que de la volonté des Citoyens. Et ce, dans quelque domaine que ce soit. L’argent n’est plus là pour freiner ou empêcher. Dans la Cité, on ne dit plus « Il faudrait faire » ; on fait. On ne se bat pas pour ses droits ; on en jouit. On ne craint pas les accidents ; on est Citoyen. On ne redoute pas la Société ; on la bénit. On ne jalouse pas son voisin ; on vit sa vie, on poursuit ses rêves. On ne se distingue pas par l’avoir, mais par l’être. On ne cherche pas ; on trouve. On ne fait pas de l’écologie ; on produit propre et durable, on recycle, on traite, on est à la pointe de la technologie.

 

LES RÉFRACTAIRES

Le Civisme admet que des individus, nés dans la Cité, puissent ne pas vouloir en faire partie. Dans ce cas, la Cité les autorise à disposer d’un bout de terrain capable de subvenir à leurs divers besoins pour peu qu’ils y mettent du leur. Mais ils doivent assumer leur choix. Ils veulent être hors de la Cité ; ils le sont, ils ne doivent plus compter sur elle ni essayer de vivre à ses dépens, et gare à eux s’ils croient pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre. Ils peuvent, du reste, intégrer ou réintégrer la Cité à tout moment, mais il ne saurait être question qu’ils aient un pied dedans un pied dehors.

 

PDF format A4 de 4 pages à imprimer Le Civisme ou Théorie de la Cité

08:32 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 01 septembre 2020

A BAS LE POGNON (livre)

Après Vive la Nation ! qui compilait les textes et articles publiés sur ce blog de 2010 à 2014, ce nouvel opus, À bas le pognon !, compile de même les textes écrits de 2015 à 2020. Ces deux ouvrages couvrent ainsi la décennie écoulée. Le dernier en date, avec 46 textes (et 32 dessins), traite lui aussi en profondeur des sujets dans l’air du temps comme, par exemple, le royalisme, Mélenchon, la méritocratie, les théories a-monétaires, le marxisme, le revenu de base, les Gilets jaunes, le camp national, le patriotisme, etc., toujours sous l’angle du Civisme (ma théorie), lui-même objet de nombreux textes. Cet ouvrage est à la fois une sauvegarde de tous ces textes, un témoignage de mon travail et une occasion de plus de découvrir ou d’approfondir le Civisme.

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DISPONIBLE SUR THEBOOKEDITION

07:56 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 24 juin 2020

LE CIVISME : DU LIBÉRALISME SANS CAPITALISME

Le Civisme est une théorie politico-économique encore peu connue, qui vise à asseoir la Société sur ses Principes éternels et qui, ce faisant, rend caduque la monnaie et anéantit ce que Philippe Landeux, son auteur, appelle Largent (la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Alors que toutes les théories visant à abolir la monnaie prônent, à cette fin, le collectivisme ou l’abnégation et le don, sans poser un seul Principe, le Civisme fait la démarche inverse : il consulte les Principes de l’ordre social, les applique et constate que la monnaie disparaît, n’ayant plus de raison d’être. Nous verrons un peu plus loin comment s’opère ce « miracle ». Notons, pour le moment, que le Civisme rompt, à tous les niveaux, avec toutes les théories, aussi bien avec celles qui s’inscrivent dans le cadre monétaire qu’avec celles qui prétendent en sortir. Sa démarche inédite l’entraîne loin des sentiers battus et l’amène à révolutionner tous les concepts. Et le fait que le Civisme soit du libéralisme sans capitalisme n’est pas la moindre de ces révolutions conceptuelles.

Le libéralisme a mauvaise presse. Et pour une bonne raison : c’est qu’il n’existe pas au vrai sens du terme, que ce que nous appelons « libéralisme » n’est que du capitalo-libéralisme, c’est-à-dire du libéralisme faussé par l’argent. Tous les penseurs libéraux, quelle qu’ait été leur tendance, ont pensé le libéralisme dans le cadre monétaire, asocial et antisocial par définition (comme nous allons le voir). Sensibles aux effets de la monnaie, mais dans des domaines différents, ils en ont tous appelé à la Liberté pour les corriger, concoctant ainsi des remèdes variés et antithétiques mais tous viciés. À des aberrations, ils en ajoutèrent de nouvelles, chacun les siennes. Ainsi dissocièrent-ils le politique de l’économique, l’Égalité de la Liberté, la société du système monétaire. Les uns raisonnèrent comme si l’argent n’existait pas, mais sans chercher à l’anéantir, et avec lui ses effets ; les autres s’alignèrent sur lui mais sans admettre qu’il était leur maître, qu’ils n’étaient donc eux-mêmes rien d’autre que ses disciples ; aucun ne s’avisa que toute question sociale a sa réponse dans les Principes de l’ordre social et que le premier soin est de poser ces derniers.

Les doctrines libérales sont trop nombreuses pour que nous les rappelions toutes ici. Pour illustrer ce qui vient d’être dit, nous nous bornerons donc à quelques exemples.

La Liberté, appliquée au domaine politique, a débouché sur la sacralisation de l’individu, le concept de « droits naturels », la notion de « contrat social » et l’idée de « démocratie », autant de positions contradictoires entre elles et qui, toutes, sont soit absurdes en elles-mêmes, soit vaines dans le cadre du système monétaire. L’idée que des droits seraient innés, antérieurs à toute société ou indépendants de l’existence d’une société, alors même qu’ils supposent une société pour les penser, les déclarer et éventuellement les garantir, n’est jamais qu’une réaction à l’injustice du système monétaire et la manifestation d’une impuissance face à lui. Au lieu de dénoncer Largent et les dérèglements sociaux inhérents au système monétaire (individualiste, inégalitaire, oppressif et tyrannique), on invente des droits, on décrète qu’ils tombent du Ciel, on se félicite de tant de générosité. Cela ne leur confère pas une once de réalité. Pire ! En rejetant la notion de devoir, elle sape les fondements de la Citoyenneté, elle empêche de penser la Société. Le rejet inconscient du système monétaire, au nom des droits, n’amène pas, ici, à concevoir un modèle de société digne de ce nom mais à proposer des chimères. L’aberration ajoute à l’aberration. L’idée d’un « contrat social » est déjà plus sensée, mais quels devoirs et quels droits peuvent avoir des citoyens d’après un tel contrat quand les droits passent par la monnaie qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut et quand la « société », qui ne garantit pas les droits essentiels et n’a donc plus de rôle majeur à jouer, ne peut dès lors imposer de devoirs ? Il n’est pas étonnant que Rousseau, le père du Contrat Social, n’en ait pas formulé les clauses. Idem pour l’idée de « démocratie » qui, dans un système monétaire, fatalement inégalitaire, tourne systématiquement à la ploutocratie sous le nom fallacieux de « démocratie représentative ». Dénoncer cette imposture sans en comprendre la cause n’aide pas à y mettre un terme mais contribue à la perpétuer ! Tout n’est pas à rejeter, mais tout est faussé à la base.

La Liberté, appliquée au domaine économique, débouche sur la sacralisation de la propriété, l’éviction de l’État de l’économie, la liberté d’entreprendre, la libre concurrence ou loi du marché, et l’idée que, dans ces conditions, tous les équilibres optimums sont atteints naturellement comme si les choses étaient guidées par une « main invisible ». Qu’est-ce que la sacralisation de la Propriété, quand la monnaie est le seul ou du moins le principal moyen de s’approprier, sinon une validation du système monétaire et une acception de toutes ses conséquences aussi iniques soient-elles, autrement dit une soumission totale à Largent ? On devine sans peine que cette conception est celle des riches qui seuls y ont intérêt et qui ont les moyens de la faire prévaloir. Ce sont eux, aussi, qui exigent que l’État n’intervienne en rien dans l’économie et leur laisse les coudées franches pour exploiter, spéculer, affamer et s’enrichir encore, mais qui le sollicitent sans vergogne pour obtenir des monopoles, des concessions et la répression de toute opposition populaire. Pour nos « libéraux », « libéralisme » n’a jamais signifié « liberté pour tous et retrait total de l’État », mais seulement « liberté totale pour les riches avec l’appui de l’État contre le peuple ». Quelle conception ont donc de la Société ceux qui justifient que des individus exploitent leurs supposés « concitoyens », qu’ils aient tout pendant que leurs frères n’ont rien ? Au vrai, la Société leur importe peu… Ils sont les heureux gagnants du système monétaire, et font des lois de Largent leur dogme. La monnaie est le biais des droits, et ceux qui en ont le plus ont tous les droits, aussi contraire que cela soit à la plus élémentaire logique sociale. De même, ils ne rougissent pas de prétendre que l’économie dont les droits et la vie des citoyens dépendent, que des entreprises qui emploient des citoyens et qui produisent pour « la cité », que tout cela ne regarde en rien l’État, donc la « cité » elle-même ! Que l’État ne gère pas l’activité économique est une chose ; mais que les entreprises lui échappent totalement comme si elles étaient étrangères à la société en est une autre. Quant au reste (liberté d’entreprendre, liberté de consommer, concurrence libre et non faussée, etc.), ces idées sont bonnes dans l’absolu… mais on ne peut faire abstraction de la monnaie tant que le système est monétaire. La Liberté est un vain mot quand toute liberté passe par l’argent et que les acteurs économiques ne sont pas également libres.

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Nous ne nous arrêterons pas de la même manière sur la question du « capitalisme » que le Civisme pourrait définir comme le règne absolu de Largent dans un contexte de production industrielle. En fait, le terme « capitalisme » est surtout utilisé pour faire pendant à « libéralisme » et donner lieu à une formule choc. Il ne doit pas être pris dans son acception étroite mais au sens large de « système monétaire ».

Voyons maintenant en quoi consiste le Civisme ou théorie de la Cité.

Le Civisme postule que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits, en devoir notamment de participer à la vie économique et sociale de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation, en droit notamment de profiter des bienfaits de la Cité. Dans la mesure où nombre de ces bienfaits (fruits de la combinaison des efforts des Citoyens) consistent en biens et services accessibles sur le marché, tous les Citoyens doivent avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’ils soient Citoyens. Autrement dit, le droit d’accéder librement au marché est conféré par la Citoyenneté. (Il n’y a donc pas de monnaie, pas de prix, pas de valeur marchande.) Les Citoyens sont donc dotés par la Cité d’une carte à puce dite « carte civique » pour pouvoir attester leur Citoyenneté auprès des commerçants, valider leurs « achats » et attester du même coup, aux yeux de la Cité, l’activité des commerçants. N’oublions pas que toutes les entreprises sont des commerces, que les Citoyens sont tour à tour producteurs et consommateurs, que les entreprises emploient des Citoyens, qu’elles ont donc comme eux le « devoir de participer à la vie économique et sociale de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation », qu’elles ont donc des résultats minimums ou significatifs à atteindre, c’est-à-dire une Demande minimale à satisfaire, pour que leur activité soit jugée utile et justifie la Citoyenneté de leurs employés.

Le droit d’accéder librement au marché correspond à un pouvoir d’achat indéfini et illimité en théorie. Mais la Liberté en général et celle-là en particulier a toujours des bornes en pratique. L’exercice de ce droit est limité par la réalité de l’Offre (des biens et services disponibles sur le marché), par les envies et les goûts des Citoyens, par l’exercice par les autres Citoyens de ce même droit et, éventuellement, par la loi (certains biens pouvant faire l’objet d’un rationnement ou d’une réglementation). Quoi qu’il en soit, jamais ce droit ne pourra être plus étendu et plus justement borné ; jamais les Citoyens ne seront plus libres de consommer ; jamais la consommation n’aura d’effets plus dynamiques que dans ces conditions ; jamais les équilibres optimums ne pourront être mieux atteints et s’établir aussi naturellement.

Le premier effet remarquable de cette Demande globale théoriquement illimitée (sommes des pouvoirs d’achat individuels), c’est évidemment la stimulation de l’Offre (de produits, donc d’emplois) jusqu’à ce qu’elle atteigne son maximum qui sera toujours inférieur à la Demande, de sorte que ce déséquilibre sera le garant du plein emploi. Autant les relances par la Demande sont systématiquement faussées par le jeu des prix et des salaires dans le système monétaire, autant rien ne peut empêcher la Demande de produire ses heureux effets dans la Cité. Les Citoyens ont donc le devoir de participer à la vie de la Cité et il se présente à eux mille occasions de le remplir. En supposant qu’ils ne trouvent pas de suite chaussure à leur pied, tout emploi assure les mêmes droits (ceux du Citoyen), de sorte que rien ne justifie d’en refuser un en attendant de trouver mieux. Dans la Cité, plus d’excuse, plus de chômage, plus d’assistanat (pour les personnes valides).

Le deuxième effet est multiple. La liberté de consommer pousse évidemment les Citoyens à préférer le meilleur en matière de biens et services. Les entreprises étant en concurrence et étant tenues de satisfaire une Demande significative, sous peine de sanctions voire de liquidation, n’ont d’autre choix, pour rester dans la course, que de parfaire en permanence leur offre, c’est-à-dire améliorer la qualité de leurs produits et leurs méthodes de production. La recherche est stimulée. L’innovation est à l’ordre du jour.

Un mot sur les résultats minimums que les entreprises doivent atteindre, appelés « conventions », et sur les « sanctions » auxquelles elles sont exposées en cas de manquement (sauf causes extérieures). Ces résultats ne sont qu’un indicateur pour la Cité, qui doit bien établir des critères pour constater l’activité d’une entreprise, juger la pertinence de son existence et déceler les arnaques éventuelles ; ils ne sont en rien une finalité pour les entreprises qui doivent s’ingénier à gagner des clients, au-delà de ce qui est exigé d’elles, pour ne pas susciter la dynamique inverse, risquer d’être en deçà du minimum requis et être sanctionnées voire liquidées. Les sanctions en question consistent essentiellement en « Temps négatif », infligé également à chacun des employés, qui voient ainsi le moment où ils pourront prendre leur retraite repoussé d’autant. Cela ne leur fait rien perdre en terme de droits, mais le caractère collectif de cette sanction, légère en soi, garantit que les employés se sentent solidaires et font tout pour ne pas l’encourir. Si, malgré tout, une entreprise décline irrémédiablement, soit parce qu’elle est mal gérée, soit parce qu’elle ne répond plus à une demande, elle est liquidée au bout d’un certain nombre d’années négatives, comme l’est une entreprise perpétuellement déficitaire dans le système monétaire. Ainsi la Cité met en place des mécanismes qui, sans qu’elle intervienne, stimulent l’activité et éliminent les branches mortes. Du reste, la Cité peut toujours intervenir pour maintenir des activités démodées et sauver ainsi des savoir-faire qui participent du patrimoine et peuvent un jour se révéler utiles.

La Cité n’est pas un système étatique. Nous allons voir, ci-après, comment les entreprises fonctionnent. Mais il est inutile d’entrer dans ce sujet pour le comprendre. Le Civisme ne rejette pas la notion d’État, même s’il est réduit à sa plus simple expression : police, justice, armée, gouvernement. Nombre de fonctions administratives ne relèvent plus de lui mais sont assurées par des organismes appelés « Commissions », composés de Citoyens (nationaux) tirés au sort. La Cité est administrée et représentée par les Citoyens. Du reste, plus personne ne doit d’argent à l’État ni n’en reçoit. Ce lien, pour ne pas dire ces chaînes, n’existe plus. Toutes les parties de l’empire sont aussi indépendantes que le permettent l’unité nationale et la loi commune. Mais la question de l’étatisme de la Cité est tranchée par un élément plus décisif encore : Les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché et se répartissent la production par l’exercice de ce droit. L’État n’intervient donc pas dans la répartition. Or c’est pour intervenir à ce niveau-là que des systèmes sont étatiques. C’est pour organiser la répartition sans recourir à une monnaie que nombre de théories préconisent le collectivisme qui, à grande échelle, tourne au totalitarisme. Le Civisme n’est pas collectiviste et est moins étatique que les systèmes monétaires qui le sont peu ou prou par définition et par la force des choses. Car, sous Largent, l’État est soit l’instrument des riches, au profit desquels il intervient si besoin est, malgré toutes les fables, soit l’instrument d’une idéologie opposée (consciemment ou non) au règne de Largent, lequel ne peut être contenu qu’en intervenant tous azimuts.

Le Civisme considère que toutes les parties de la Cité (individus et entreprises) sont la Cité, qu’elles ont des devoirs envers elle et des droits grâce à elle, qu’elles doivent être libres d’agir à leur guise tant qu’elles servent la Cité, comme elles s’y sont engagées, et que tout ce dont elles usent à cette fin est, en apparence seulement, leur propriété. Les entreprises, en particulier, existent avec l’autorisation de la Cité, elles utilisent les ressources matérielles et humaines de la Cité pour produire, elles produisent pour le marché, c’est-à-dire pour la Cité, pour les Citoyens, et, pour couronner le tout, tous les Citoyens peuvent accéder à leurs produits. Elles ont, de fait, une fonction publique ; elles sont des organes de la Cité. Partant, il est inutile de collectiviser, c’est-à-dire de tout confisquer et tout soumettre à la gestion d’une autorité centrale, possiblement démocratique à petite échelle, fatalement étatique à grande échelle, chose liberticide et calamiteuse dans tous les cas. Contester aux entreprises le droit de gérer elles-mêmes leur activité serait, en outre, les dispenser de devoirs et de responsabilités, ce qui n’est pas la philosophie de la Cité. Bref, le Civisme est attaché à la liberté individuelle et connaît les vertus de l’initiative privée, pour peu qu’elles soient encadrées et incapables de nuire à l’intérêt général.

Tout Citoyen a droit à trois tentatives infructueuses de création d’entreprise. (Un échec peut être instructif ; trois indiquent une incompétence.) Il lui suffit de préparer sérieusement un projet et de le présenter à la Commission qui, après s’être assurée de sa légalité, établit ses conventions (résultats minimums à atteindre en terme de clients et de produits écoulés) et lui délivre les diverses autorisations et carte d’accès dont son entreprise a besoin. La Commission ne juge pas les projets ; elle se borne à indiquer à l’entrepreneur les obligations de son entreprise, estimées d’après la nature de son activité, sa localisation et le nombre de ses employés. Une fois l’entreprise installée, l’embauche est ouverte si besoin est. Le créateur de l’entreprise, qui en est alors le patron, est libre d’employer et de renvoyer qui il veut.

Tous les employés d’une entreprise sont l’entreprise aux yeux de la Cité. Tous méritent la Citoyenneté et la validation de leur carte civique du fait de faire partie d’une entreprise dont l’existence a été autorisée. Tous sont aussi solidaires des éventuelles sanctions, comme il a été dit plus haut. La Cité reconnaît donc le créateur d’une entreprise comme son chef ou son patron, mais, en liant le sort des employés aussi bien dans le bonheur que dans l’adversité, elle pousse chacun d’eux à s’impliquer et suscite un véritable « esprit d’entreprise » ; une forme d’autogestion s’instaure. Il appartient à chaque entreprise de résoudre rapidement ses problèmes internes et de trouver la forme de gestion la plus efficace pour satisfaire les attentes de la Cité et, surtout, pour faire face à la concurrence, car la Cité ne la ménagera pas sous prétexte de ses cafouillages, tandis que la concurrence en tirera au contraire profit.

Lorsque l’entreprise s’agrandit, ses conventions évoluent (selon la grille prévue), les exigences de la Cité s’élèvent logiquement. Notons, toutefois, que les retraités employés, qui n’ont plus besoin de travailler pour être Citoyens et disposent d’une carte civique valide en permanence, n’entrent pas en ligne de compte. Les entreprises ont donc intérêt à en employer, afin d’avoir un potentiel humain supérieur à ce qu’il paraît et s’assurer ainsi de remplir leurs conventions. Inversement, elles peuvent prévenir une baisse systémique d’activité en licenciant du personnel, ce qui provoque automatiquement une révision à la baisse de leurs conventions. Dans la Cité, les entreprises ont, comme les Citoyens, accès libre au marché ; elles n’ont aucune difficulté sur le plan matériel. Ce qui distingue une entreprise d’une autre, ce qui fait les bons ou mauvais résultats, ce sont les hommes, leurs choix, leur gestion, leur énergie, leurs qualités. La Cité fournit aux entreprises tous les moyens de remplir la fonction qu’elles se sont elles-mêmes assignées (plus exactement, elle leur permet de se fournir) : il est juste qu’elle les tienne pour responsables de leurs défaillances. Il n’y a à cette règle qu’une seule exception : les catastrophes. Il va de soi qu’une entreprise frappée par une catastrophe, de quelque nature et origine que ce soit (sauf l’accident dû à une négligence coupable), n’est plus en mesure de remplir ses conventions et doit en être momentanément dispensée au lieu d’être doublement accablée. La Cité le peut et le fait.

Les théories non-monétaires, qui prescrivent le collectivisme, rejettent aussi la notion de « propriété privée » ou, pour le moins, la propriété privée concernant les moyens de production. Elles focalisent sur un effet de la monnaie, qui est le moyen d’appropriation, donc le tuteur de la Propriété, alors qu’elles aspirent à la disparition de la monnaie elle-même, oubliant qu’avec elle devraient aussi disparaître ses effets. Elles s’opposent tellement au système monétaire qu’elles pensent en fonction de lui. Le Civisme, lui, ne traite même pas le sujet, tant il est dérisoire. Mais d’aucuns peuvent néanmoins se demander quelles sont ses positions en la matière.

Une propriété est un bien dont la possession est légale et dont le détenteur peut user en exclusivité et en toute liberté, dans le respect des lois. Telle est la nature des biens que les Citoyens se procurent en accédant au marché : les Citoyens sont propriétaires des biens qu’ils retirent du marché en exerçant leur droit d’accès et qui sont en effet destinés à satisfaire des besoins ou désirs individuels. Telles sont, en définitive, les seules véritables propriétés, les seuls biens susceptibles d’êtres des propriétés au vrai sens du terme, les seules personnes réelles susceptibles d’être propriétaires. Tout le reste ne peut être une Propriété ou n’appartient à personne en particulier ou est la propriété théorique de la Cité.

Ainsi en est-il de la terre, du sol, c’est-à-dire de toute portion du territoire de la Cité. Bien sûr, Citoyens, entreprises et autres organismes doivent pouvoir disposer d’un terrain à différentes fins, et tous sont regardés, par les autres, comme les propriétaires du terrain dont ils disposent, mais la Cité est toujours en droit de le récupérer soit parce qu’elle en a besoin, soit parce que son occupant en fait mauvais usage, de sorte qu’elle en est la véritable propriétaire en dernière analyse. Le cas des paysans est emblématique. La terre est leur outil de travail. Ils en ont besoin pour cultiver et nourrir leurs Concitoyens. C’est à cette fin que la Cité la leur confie ou les autorise à en disposer. Mais pourquoi en disposeraient-ils encore s’ils cessent de l’exploiter ? Qu’adviendrait-il si tous les paysans cessaient de même leur activité ? La Cité mourait de faim au milieu de ses terres délaissées. Inacceptable ! Intolérable ! Les paysans sont libres de se reconvertir et de mériter la Citoyenneté autrement, mais, dans ce cas, ils n’ont plus besoin des terres qu’ils exploitaient et que la Cité doit confier à d’autres qui en feront bon usage. Que la Cité soit propriétaire du sol ne veut donc pas dire qu’elle se joue des paysans et leur enlève « leurs terres » pour un oui, pour un non ; cela ne veut même pas dire que les paysans ne peuvent pas les transmettre à leurs héritiers, pourvu que ces derniers les exploitent à leur tour. Eux ou d’autres, peu importe à la Cité tant que le blé pousse !

Ainsi en est-il, aussi, des moyens de production dans la Cité. Dans le système monétaire, l’argent donne à des particuliers le pouvoir d’acheter les moyens de production et d’en être propriétaires à titre privé. Quand les capitaux appartiennent à une entreprise, les moyens de production appartiennent à l’entreprise, mais l’entreprise elle-même appartient à un ou plusieurs particuliers. Les employés eux-mêmes, payés par l’entreprise, font partie des meubles. En revanche, dans la Cité, les moyens de production (qui constituent un marché particulier) ne peuvent être acquis que par les entreprises, autrement dit par des personnes morales, grâce au moyen que leur fournit la Cité, et servent à remplir un devoir envers cette dernière. Tant qu’une entreprise remplit sa fonction ou sa mission, les moyens de production qu’elle utilise semblent lui appartenir. Mais elle ne peut pas plus être délocalisée à l’étranger qu’être liquidée à volonté par son patron, car elle est un organe de la Cité, et tout ce dont elle dispose pour servir la Cité appartient à la Cité en dernière instance. Le paradoxe est que la Cité, qui est théoriquement propriétaire de tout ce dont l’entreprise dispose, est garante que l’entreprise continuera à en disposer. L’entreprise est ainsi propriétaire de fait de ses moyens de production, même si elle n’en est pas propriétaire de droit. Et dans le cas où l’entreprise est mise en liquidation par la Cité, ses biens sont envoyés à la casse ou remis sur le marché pour servir à d’autres ; aucun employé ne peut se les approprier, aucun n’y a même intérêt, puisque les biens ne représentent pas d’argent, ni celui que l’on pourrait gagner avec, ni celui qu’il faudrait dépenser pour les acquérir, et que chacun peut se procurer ce dont il a besoin quand il en a besoin.

 

Alors, le Civisme, du libéralisme sans capitalisme ?

 

P.S. : Nous avons laissé de côté la question politique et celle plus technique des échanges internationaux qui auraient détourné de l’aspect essentiel du problème. Ceci étant, le Civisme explique comment la Cité continuera d’échanger avec le reste du monde, simplement en exportant, en vendant et en disposant dès lors de devises pour payer ses importations. Nous avons dit que les entreprises devaient satisfaire une certaine Demande ; nous pouvons ajouter que les clients étrangers compteront autant que les Citoyens, de sorte que les entreprises auront intérêt à ne pas délaisser cette clientèle, d’autant plus que la Cité pourra les y encourager, car c’est elle qui en récupèrera le produit financier.

Quant au système politique, l’Égalité suscite la démocratie — régime sous lequel les lois sont faites ou, pour le moins, ratifiées par le peuple — par la force des choses, comme l’inégalité est oligarchique par nature. Dans la Cité, les droits des Citoyens sont garantis indépendamment du système politique. La démocratie n’est donc pas un but en soi (le but de « citoyens » exploités et opprimés qui voient en elle le moyen de leur garantir des droits) ; elle va de soi. Cette conception est inédite. Le Civisme innove encore en dissociant la Citoyenneté de la Nationalité (chose impossible à faire quand les droits passent par la monnaie et que la Citoyenneté est vide de sens). La première confère les droits économiques et sociaux ; la seconde, qui s’acquiert par des devoirs particuliers, confère les droits politiques. Les droits politiques sont aussi étendus dans la Cité qu’ils sont illusoires sous Largent et doivent donc se mériter ; ils ne peuvent être accordés à des individus dont l’attachement sentimental à la Cité est douteux et qui n’auront peut-être pas à cœur de défendre ses intérêts.

17:55 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 22 mai 2020

LE REVENU D'ASSERVISSEMENT UNIVERSEL (vidéo)

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Dans cette vidéo, nous allons traiter un sujet dont il a commencé à être question il y a de cela des années, qui a même fait l’objet d’une proposition formelle de la part du candidat soi-disant socialiste à l’élection présidentielle de 2017 et que tous les gouvernements capitalistes agitent maintenant à l’issue de la pseudo crise du coronavirus. Je veux parler de l’idée d’un revenu universel, dit aussi revenu de base ou revenu d’existence. Sans doute y a-t-il différentes formules, d’un point de vue pratique, mais toutes ont fondamentalement les mêmes vices.

Déjà, mon Réquisitoire contre Largent, écrit en 2000, rejetait comme absurde toute idée d’égaliser les revenus (voir p. 58-59). Depuis, j’ai consacré deux textes à ce sujet précis : un en juin 2013, l’autre en juin 2018. J’y ai fait aussi allusion dans une note de mon ouvrage Révolution, sorti en octobre 2015 (voir p. 132). — Pour que vous puissiez retrouver ces textes, je vous mets les liens en dessous de la vidéo. — Sur mon facebook, j’ai également publié, en 2014, 2015, 2016 et 2017, sous forme de vignettes, des sentences sans équivoque. Je les insèrerait à la fin de cette vidéo pour ne pas anticiper mon propos. En 2015, donc, dans Révolution, j’écrivais : « Il semble que l’idée d’un revenu universel ou de base ou d’existence (émise par Thomas Paine en 1797) soit le dernier miroir aux alouettes que le système ait décidé d’agiter pour détourner les masses du véritable combat révolutionnaire. » En 2018, dans Revenu de base ou universel : l’anticapitalisme capitaliste, le texte dont j’ai parlé, j’écrivais : « Le capitalisme accueillera d’ailleurs de plus en plus favorablement leurs propositions [c’est-à-dire les fausses bonnes idées des capitalistes qui s’ignorent, notamment l’idée d’un revenu universel]… jusqu’à les faire lui-même. » Nous y sommes.

Je ne fais pas mystère de mon hostilité à l’égard de ce genre de proposition ; il s’agit maintenant d’en comprendre la raison. Vous savez que je ne vais pas me contenter de dire : « C’est pas bien de donner de l’argent aux gens ! » Nous touchons à une question essentielle qui mérite d’aller au fond des choses. Un revenu universel serait un dispositif « social ». Pour savoir s’il serait une bonne ou une mauvaise chose, d’un point de vue social, il faut donc commencer par s’interroger sur ce que devrait être une Société digne de ce nom. Il s’agit, en outre, d’une mesure éminemment monétaire. Il faut donc aussi nous demander ce qu’est la monnaie, quel est son rôle social, et si elle le tient ou pourrait le tenir convenablement. Pour ce faire, je vais reprendre un exposé que j’ai déjà fait dans ma vidéo sur la fin de l’argent liquide et que je serai amené à reprendre, de même, pour tous les sujets qui touchent à la Société et exigent de prendre de la hauteur avant de les traiter. C’est un peu long, mais ce n’est pas hors de propos. Si vous ne voyez pas vous-mêmes les rapports avec le sujet, ici le revenu universel, ils vous sauteront aux yeux après, quand j’établirai des parallèles pour appuyer mes critiques.

Qu’est-ce donc qu’une Société ?

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert à payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à l’échange d’un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de garantir ces droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Enfin, et ce point est particulièrement en rapport avec notre sujet, il faut bien comprendre que la monnaie, qui repose sur la notion de valeur marchande et met en œuvre la logique du troc, est née à une époque où les individus étaient pour la plupart des producteurs, qu’elle est donc relativement adaptée au contexte de production artisanale, caractérisé par de faibles rendements. Il ne faut pas perdre de vue que la monnaie est un moyen d’échange qui fonctionne sur un certain mode, et qu’il y a nécessairement un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production. Autrement dit, le mode d’échange est lié et doit être adapté au mode de production. Or nous sommes passé, progressivement mais définitivement, au mode de production industrielle. Cette observation indéniable conduit à la conclusion évidente que la monnaie, en tant moyen et mode d’échange, n’est plus adaptée à notre époque et que, désormais, ses inconvénients l’emportent sur ses avantages. Si on a pu croire qu’elle était de l’huile pour la machine, aujourd’hui elle n’est plus que sable. Mais pourquoi n’est-elle pas adaptée à l’ère industrielle, et comment cela se traduit-il ? Cela tient nécessairement à ce qui distingue la production artisanale de la production industrielle, à savoir la différence de rendements, donc le volume de la production et la quantité de produits à vendre à l’instant T. Mais il y a un autre facteur : le fait que la Demande réelle globale soit toujours faible dans un système monétaire, en raison de la tendance de la monnaie à se concentrer. Quelques personnes ont plus d’argent qu’elles n’en peuvent dépenser ; la masse, elle, en a moins que le nécessaire. Quand il y a peu à acheter, la production est malgré tout écoulée. Mais quand la production devient massive, il manque des clients. Un pays produit plus que sa population n’a les moyens financiers d’absorber la production. Entreprises et pays se lancent alors dans une course sans fin pour trouver des clients ou en fabriquer, pour accroître la Demande en augmentant les salaires ou en baissant les coûts de production. Mais rien ne fonctionne. Ils tentent tout et son contraire. Ils font d’un côté ce qu’ils défont de l’autre, et vice versa. Et de désastre en désastre, ils ravagent tout. Et nous ne sommes pas encore à l’ère de la production entièrement robotisée voire autonome qui mettra les travailleurs en masse au chômage et les privera de revenu. La capacité de production sera immense, mais il n’y aura plus de consommateurs ou presque. La contradiction sera à son paroxysme ; le système sera un bord de la rupture.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : le revenu universel, ou de base, ou d’existence.

Il existe différentes formules, toutes plus ridicules les unes que les autres. Je vous avoue que je ne les ai pas approfondies et que je ne ferai pas cet effort tant elles sont ineptes dans leur principe. On ne débat pas, avec ceux qui ne voient pas un piège, pour savoir s’il faut y mettre un pied ou les deux ! Il faut s’abstenir de marcher dedans et le signaler aux autres. Le piège, vous l’aurez compris, c’est de ne pas sortir du système monétaire et de l’illusion qu’il pourrait être une bonne chose pour les hommes moyennant quelques arrangements. Vous devez intégrer, une fois pour toute, que la logique monétaire n’est pas et ne sera jamais la logique sociale, que Largent et l’Égalité sont absolument incompatibles, et que ceux qui vous font miroiter des lendemains monétaires qui chantent n’ont rien compris ou vous prennent pour des idiots ; si ce ne sont pas ouvertement vos ennemis, ce sont, pour le moins, de faux amis ; les uns veulent votre perte, les autres ne peuvent rien pour votre salut. Retenez donc bien cette formule : « Toute mesure monétaire est contre-révolutionnaire. » Même si vous ne comprenez pas le pourquoi du comment, même si les dehors de telle ou telle idée vous paraissent séduisants, dès lors qu’une mesure proposée est monétaire ou suppose l’existence de la monnaie ou de Largent (la notion de valeur marchande), sachez y reconnaître un piège, quelles que soient, par ailleurs, les intentions de leur promoteur. Je ne dis pas, du reste, que vous devez renoncer à gagner de l’argent ou refuser celui que l’on vous propose ; je dis simplement que vous ne devez pas être dupes : ce qu’il vous faut faire individuellement pour vivre dans ce système, tant qu’il est monétaire, est une chose ; ce qu’il nous faut faire collectivement pour changer le cours des choses en est une autre.

Et ce qu’il nous faut faire n’a absolument rien à voir avec ce qui nous est proposé et qui n’a pas pour but de changer les choses mais, au contraire, de les perpétuer, consciemment ou non.

Encore une fois, il existe différentes formules de revenus dits universel, de base ou d’existence. Toutes consistent à donner de l’argent, de manière égalitaire, à un large panel de gens, sans contrepartie. Les différences, entre les unes et les autres, résident dans leurs modalités particulières. La première différence concerne les bénéficiaires. Ce revenu sera-t-il assuré à toute personne présente sur le territoire ? Seulement aux nationaux ? Seulement aux chômeurs ? La deuxième différence concerne la hauteur de ce revenu. Sera-t-il suffisant pour vivre ou survivre ou constituera-t-il simplement un complément ? La troisième différence concerne les modalités de financement : À qui et comment l’État prendra-t-il cet argent ? Toutes les combinaisons possibles, mettant en œuvre des philosophies différentes, donnent lieu à autant de formules et de chapelles rivales. Pour moi, elles ne sont différentes qu’à la marge et, quoique certaines soient plus délirantes que d’autres, elles méritent toutes le même mépris.

Toutes comprennent que quelque chose de fondamental passe par la monnaie, sinon pourquoi proposer une mesure monétaire et y accorder autant d’importance ? À ce premier stade, on reconnaît déjà les philosophes en carton. Que sont d’autre ceux qui ne comprennent pas et n’arrivent pas à dire que cette chose fondamentale, qui dépend de la monnaie, n’est ni plus ni moins que les droits ? Que croient-ils que c’est ? Il est probable qu’ils ne se posent pas plus la question de sa nature qu’ils ne se soucient de la nommer. Mais ceux qui franchissent ce premier cap, c’est-à-dire ceux qui font le lien entre la monnaie et les droits, n’en sont pas moins des charlatans. Ils admettent que les droits passent par la monnaie, qu’il faut donc distribuer de l’argent pour assurer des droits minimums (au passage, ils se flattent d’être justes et pourvus d’une haute conscience sociale) ; mais il ne leur vient pas à l’esprit : 1) que les inégalités monétaires qu’ils veulent corriger sont inhérentes au système monétaire lui-même ; 2) qu’il n’y a pas de Société digne de ce nom dans l’inégalité ; 3) que ce n’est en rien corriger l’inégalité que d’établir un revenu de base égal, tout en permettant à chacun d’accroître par ailleurs ses revenus et de rétablir ainsi l’inégalité ; 4) que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits, notamment en droit d’accéder librement au marché ; 5) que les droits incarnés et conférés par la monnaie ne sont pas et ne seront jamais les droits du Citoyen ; 6) que des Citoyens n’ont pas droit seulement à un minimum, mais que tous ont droit au maximum de ce que la Société peut procurer ; 7) qu’un Citoyen a autant de droits que de devoirs, qu’il a même des devoirs avant d’avoir des droits, et qu’accorder des droits sans leur contrepartie en devoirs anéantit la Citoyenneté et, par-là même, la Société ; 8) que l’on ne peut échapper à toutes ces aberrations et contradictions qu’en sortant du système monétaire lui-même. Cela ne leur vient pas à l’esprit parce qu’ils sont prisonniers de la logique monétaire et que, ne leur en déplaise, ils ignorent tout de la logique sociale. Ils se croient raisonnables et modérés en donnant l’impression de chercher le juste milieu, alors qu’ils ne connaissent qu’un parti : celui de Largent. Comment pourraient-il servir la Société dont ils ignorent tout ? Et, s’ils connaissaient les Principes de l’Ordre social, en quoi serait-ce raisonnable de les rogner en partie au profit de Largent ? En quoi consisterait d’ailleurs un tel compromis ? En réalité, la chose serait impossible : deux logiques ne peuvent pas cohabiter ; c’est tout l’une ou tout l’autre. Dans le cas présent, c’est Largent qui l’emporte.

Et cela n’a rien d’étonnant. Ces idées ont été conçues, d’abord, par des bourgeois qui, quoique pleins de bons sentiments, ne raisonnaient pas en Citoyens, qui ne se voyaient pas comme les égaux de ceux auxquels ils voulaient assurer des droits via la monnaie et pour qui la Société devait moins garantir, à tous les Citoyens, les droits du Citoyen que faire la charité aux plus déshérités. À ma connaissance, le premier qui ait émis l’idée d’un revenu universel était Thomas Paine, en 1797. Or, rappelons-nous ce que nous avons dit plus haut, à savoir que le système monétaire est lié au mode de production artisanale. C’est la possibilité de produire en masse, offerte par l’industrialisation, qui rend concevable le droit, pour tout Citoyen, d’accéder librement au marché et, donc, de ne plus avoir besoin de recourir à une monnaie. Mais, à l’époque de Thomas Paine, la production était encore artisanale : la monnaie était incontournable sur le plan économique et dans les idées politiques. Autrement dit, il avait des excuses. Quelles excuses ont ceux qui, 200 ans plus tard, ont encore ce genre d’idées ? Aucune, si ce n’est qu’ils sont toujours sous l’emprise de Largent, c’est-à-dire de la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, chose qu’ils ne s’avoueront jamais. Tout a changé autour d’eux ; rien n’a évolué dans leurs têtes.

On comprend que Paine ait pu avoir ces idées-là. On comprend comment il y est arrivé. On comprend aussi pourquoi des gens de moindre condition y adhèrent : soit par intérêt personnel, soit parce qu’ils font les mêmes erreurs au nom des mêmes préjugés. Et j’ai déjà suggéré la raison pour laquelle ces idées, jusque-là marginales, font florès aujourd’hui.

Le chômage et la misère, que les progrès techniques auraient dû éradiquer, explosent. Les chômeurs ont droit a des allocations un certain temps, et des « minima sociaux » ont été mis en place pour les misérables. De fait, le revenu de base existe déjà, très bas, certes !, mais il existe, et, comme je le disais, ce qui change avec les projets en question, et d’un projet à l’autre, ce sont notamment les montants. Mais, au fond, le principe est déjà appliqué. Ces projets n’ont rien de révolutionnaires. Ils sont même contre-révolutionnaires.

Hormis pour ceux qui croient que c’est faire preuve d’une grande humanité que de garantir des miettes à tous, en lieu et place des droits du Citoyen, et qui sont des contre-révolutionnaires par défaut, pour ne pas dire par bêtise, la véritable raison d’être de ces projets, la véritable raison pour laquelle les capitalistes notoires les mettent soudain à l’ordre du jour, c’est qu’il en va de la survie du capitalisme lui-même. Dans un système monétaire, inégalitaire, la Demande réelle est globalement faible et, à l’ère technologique, elle s’effondre du fait qu’une masse toujours plus importante de gens tend à être privée de travail, donc de revenus. À quoi bon produire si personne ne consomme, si la consommation est du moins très en deçà de la production ? Mais l’évolution technologique ne permet pas de revenir à des modes de production moins productifs. En l’état actuel des choses, le système monétaire va au-devant d’un paradoxe insoutenable et mortel pour lui. S’il ne s’effondre pour des raisons économiques, c’est-à-dire, en réalité, monétaires, il déchaînera, tôt ou tard, contre lui la masse des affamés. D’une manière ou d’un autre, sa fin est inéluctable. C’est pour la repousser, autant qu’ils le peuvent, que les capitalistes trouvent soudain pertinent d’assurer un revenu universel, non par respect des droits, dont ils ne se sont jamais souciés, mais pour soutenir la Demande et acheter la paix sociale, comme on dit. Ils jettent aux chiens un os à ronger. Mieux ! Ils s’assurent ainsi de les tenir en laisse. Ils espèrent, en effet, qu’en faisant dépendre leur revenu de base de l’État, ils n’oseront pas se retourner pour mordre la main qui les nourrit, fut-ce mal. Mais combien de temps ce petit jeu pourra-t-il durer ? Combien de temps l’État pourra-t-il payer les gens à ne rien faire, soit en ponctionnant le travail, ce qui le soumettra à une pression insupportable, soit en injectant de l’argent fictif, qui achèvera de déstabiliser le système monétaire ? Une fois consommé ce nouveau fiasco, que reste-t-il comme solution ? Comment fausser davantage le système ? L’idée d’un revenu universel est la dernière cartouche du capitalisme. Pas seulement la dernière en date, mais bien la dernière tout court.

La technologie d’aujourd’hui rend déjà possible de s’engager dans une nouvelle voie, celle préconisée par le Civisme, celle des Principes de l’Ordre social. Il serait possible d’attacher le droit d’accéder librement au marché à la Citoyenneté. Une carte à puce suffit pour appliquer ce Principe. En outre, le devoir de participer à de la Cité, pour mériter la Citoyenneté et avoir ainsi accès au marché, est une notion beaucoup plus large que le travail et, plus encore, que le travail tel qu’il est conçu dans le système monétaire. Au fond, il n’y a donc aucun problème. C’est l’argent qui en crée un. Mais les valets de Largent iront jusqu’au bout de sa logique, jusqu’à l’épuisement de tous les expédients possibles. En reprenant à leur compte l’idée d’un revenu universel, en maintenant les esprits dans la logique monétaire, ils écartent cette alternative révolutionnaire qui, si elle venait à être connue et prônée, structurerait la colère populaire et lui donnerait un but pour lequel elle aurait les moyens. Là encore, on voit à quel point les chantres de toute forme de revenu de base sont des contre-révolutionnaires et les complices objectifs du capitalisme.

Dans la mesure où aucune force n’est actuellement capable de contrer réellement le capitalisme, pas même sur le plan des idées, il est fort probable qu’un revenu de base sera instauré dans les années à venir, comme c’est déjà le cas dans certains pays (Espagne). Tout ce que nous pouvons espérer, c’est que son mode d’attribution ne sera pas trop démagogique, afin qu’il ne lobotomise pas plus les gens qu’ils ne le sont déjà, et qu’il soit moins difficile d’attacher les droits économiques et sociaux à la Citoyenneté le moment venu.

Pour terminer, je voudrais mettre en parallèle ces idées de revenus, garantis par l’État, avec celle des droits du Citoyen garantis par la Cité. D’aucuns pourraient leur trouver les mêmes vices. J’ai dit qu’un des dangers des premières était de permettre à l’État de tenir en laisse les allocataires. On pourrait tout aussi bien considérer que la Cité aura tout autant la main mise sur les Citoyens. Mais il faut bien voir, tout d’abord, que quel que soit le montant de ces revenus, il sera toujours ridicule comparé au droit du Citoyen d’accéder librement au marché ; ensuite, que, s’il est facile d’augmenter ou de baisser arbitrairement des revenus, puisque personne n’a conscience que la monnaie n’est rien d’autre que des droits, et même si tout le monde en avait conscience, puisque la monnaie condamne à jouer avec elle, et donc avec les droits, il n’en serait pas de même des droits conférés par la Citoyenneté, qu’il serait impossible de rogner en tout ou partie sans remettre en cause la Citoyenneté elle-même, chose beaucoup plus difficile ; enfin, que la Cité ne serait pas l’État, que la démocratie ne serait plus le mot creux qu’elle est dans un système monétaire, que les lois seraient l’ouvrage des Citoyens, qui auraient à cœur l’intérêt général, et non plus de puissances obscures, qui servent des intérêts inavouables. Même en admettant que le principe soit le même, il en irait tout autrement de son application. Il y aurait la même différence qu’entre être attaché à un piquet, par une corde plus ou moins courte, et être libre de tous ses mouvements dans un espace vaste quoique limité. Il faut bien, à un moment donné, que la Citoyenneté soit reconnue par la Cité qui est aussi la garante des droits du Citoyen et donc de leurs limites, égales pour tous dans le cas présent. Sans quoi, il n’y a ni Société, ni Citoyens, ni droits, ce qui est, en effet, l’idéal prôné par certains, sous divers prétextes, mais un idéal sans queue ni tête, dépourvu de la moindre once de bon sens, un idéal sans portée pratique voué à demeurer à l’état de chimère.

00:58 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 14 mai 2020

DE LA FIN DE L’ARGENT LIQUIDE À LA FIN DE LARGENT TOUT COURT

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Pour voir la vidéo, cliquez ICI

Dans cette vidéo, nous allons traiter la question de la disparition de l’argent liquide. Mais nous n’allons pas nous précipiter sur le morceau. Nous allons prendre de la hauteur pour saisir le problème dans son ensemble.

Avant de se demander si la disparition de l’argent liquide sera une bonne ou une mauvaise chose, il me semble qu’il faut se demander ce qu’est l’argent tout court et si c’est une bonne ou mauvaise chose. Mais une bonne ou une mauvaise chose par rapport à quoi ? Je dis que, en tant que paramètre social, l’argent doit être comparé par rapport à ce que devrait être une Société. Pour savoir si l’argent remplit ou non son office, s’il le remplit bien ou mal, il faut sortir de sa logique à lui, sans quoi on le comparerait à lui-même, ce qui ne serait en rien une comparaison. On ne peut pas critiquer sérieusement l’argent si on adopte d’emblée ses propres critères ou si on ne lui oppose que de vagues intuitions pétries inconsciemment de préjugés monétaires. Je dis donc qu’avant de s’intéresser à l’argent, sous quelque forme que ce soit, il faut savoir ce qu’est une Société dans l’absolu.

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, un devoir envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de ces garantir droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Une chose que le Civisme, avec son concept de Largent (c’est-à-dire la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger), permet de comprendre, c’est que, bien que Largent soit né du troc et que les premières monnaies aient été matérielles pour faire du troc comme précédemment, c’est-à-dire pour continuer à échanger des objets, en réalité il n’a jamais été indispensable que les unités de valeur soient matérielles ou matérialisées. Dès lors que les hommes croient que la notion abstraite et absurde de valeur marchande est nécessaire pour échanger, les unités de valeur peuvent être tout autant abstraites et absurdes que cette croyance. Le système ne repose pas sur la matérialité de la monnaie, mais sur la croyance des hommes. L’unité de valeur est un concept qui peut exister en n’étant rien de plus, en n’ayant aucune matérialité. Il est même dans la logique des choses que les monnaies matérielles, qui n’ont donc jamais été qu’un support et un prétexte à la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, tendent à devenir toujours plus immatérielles jusqu’à n’avoir plus aucune matérialité et finissent pas se confondre avec la croyance elle même, c’est-à-dire que les unités de valeur n’existent plus que par la croyance en la nécessité de leur existence.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : la disparition de l’argent liquide.

Comme nous venons de le voir, le processus de dématérialisation de la monnaie est inéluctable et entamé depuis longtemps. L’informatique l’a accéléré et va permettre de le mener à son terme. Un autre processus, inhérent au caractère inégalitaire de la monnaie, est à l’œuvre : celui de sa concentration entre quelques mains, processus au bout duquel il y a, en théorie, sa concentration entre les mains d’une seule personne. En pratique, une seule personne ne peut pas détenir tout l’argent. En revanche, quelques personnes peuvent, en effet, concentrer entre leurs mains tout le pouvoir que Largent confère, un pouvoir qui surpasserait celui des États, un pouvoir sans limite qui s’étendrait sur le monde entier, un pouvoir qui supposerait l’abattement des frontières, l’asservissement des peuples et l’anéantissement des récalcitrants. Alors serait réalisé sur la Terre le « Royaume Universel de Largent » que d’aucuns nomment « Nouvel Ordre Mondial » et auquel certains essayent de trouver d’autres explications que la seule force des choses insufflée par Largent, pour ne pas avoir à remettre eux-mêmes Largent en cause.

La disparition de l’argent liquide, autrement dit la généralisation de la monnaie virtuelle, participe de ce second processus. Si elle relève assurément de la volonté des puissants de ce monde et des puissances d’argent de tout contrôler, elle est aussi une phase de plus, quoique la phase ultime, de la quête ordinaire d’une monnaie toujours plus pratique, et elle est aussi une fatalité de l’évolution technologique. Tout concourt à ce que rien n’empêche ce processus d’aller au bout, y compris la volonté de le stopper. (Je m’expliquerai plus loin sur ce point.) Dans l’état actuel des choses, nous sommes déjà asservis par l’État qui sait tout de nous, qui a sur nous tout pouvoir et dont la monnaie constitue la principale trique (via les impôts, les taxes, les amendes, etc.), bien avant la police et les tribunaux. Mais nous sommes tenus de bien d’autres manières, via l’argent. N’oublions pas que nos droits passent par la monnaie. Celui qui a le pouvoir de vous donner de l’argent ou de vous obliger à payer, est maître de vos droits, maître de vos vies. Cela a toujours été le cas et l’est plus encore depuis que nous ne produisons plus rien seuls et sommes totalement interdépendants les uns des autres, autrement dit depuis que nous avons tous un besoin absolu d’argent pour accéder au marché. Ce besoin d’argent nous place dans la dépendance de ceux qui peuvent nous en donner ou nous en prendre : État, patrons, banques, propriétaires, assurances, etc. Que la monnaie soit matérielle ou virtuelle ne change déjà rien pour la plupart des gens. La disparition de l’argent liquide ne nuira qu’à ceux qui perçoivent ou manipulent de l’argent discrètement voire illégalement : travailleurs au noir, clandestins, employeurs, commerçants, commerciaux, mendiants, voleurs, dealers, truands, trafiquants, mafias, services secrets. Certains n’ont pas lieu de se plaindre. On comprend, en revanche, le désir légitime de certains autres d’échapper, grâce à l’argent liquide, à la surveillance étroite et à la pression étouffante, pour ne pas dire au racket permanent, d’un État inique et despotique. Une certaine liberté va en effet disparaître en même temps que certains abus. Sous ce rapport, les avantages compensent les inconvénients. Il est vrai, cependant, qu’aucune liberté nouvelle ne naîtra pour balancer celles qui seront perdues, tandis que les valets de Largent, et l’État particulièrement, tiendont, plus que jamais, nos vies entre leurs mains et ne manqueront pas d’abuser, à nos dépens, de cette suprématie renforcée.

Mais si cette évolution fait le jeu du capitalisme et de Largent à court terme, elle est aussi la dernière étape avant leur mort. Protester est non seulement vain mais encore contre-révolutionnaire à double titre.

Tout d’abord, ceux qui déplorent la disparition de l’argent liquide n’ont pas les moyens d’empêcher qu’il disparaisse. Les grands intérêts capitalistes et la marche du progrès rendent sa disparition inéluctable. Qu’ils s’inquiètent pour eux-mêmes ou au nom de la Liberté, ils n’y changeront rien.

Ensuite, Largent est-il une si bonne chose qu’il faille le défendre sous prétexte de s’opposer à la disparition d’une illusion ? Car, que veulent, au final, ceux qui s’opposent vainement à la disparition de l’argent liquide, sinon la perpétuation du système monétaire lui-même, donc du capitalisme, donc de Largent, donc de tout ce qui en découle ? Et ces gens-là auraient la prétention d’être des anticapitalistes et des révolutionnaires, alors même que leurs considérations les plus élevées sont au ras des pâquerettes ?

Enfin, et c’est ici que la connaissance du Civisme est indispensable pour voir les tenants et les aboutissants de tout ceci, la disparition de l’argent liquide a pour corollaire la généralisation de la monnaie virtuelle et sa manipulation par l’usage exclusif de cartes de crédit. Or, d’après les Principes que nous avons posés plus haut, un Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché parce qu’il est Citoyen ; ce droit doit lui être conféré par la Citoyenneté. Mais comment un Citoyen peut-il prouver sa Citoyenneté aux commerçants ? Beaucoup de moyens peuvent être imaginés, mais une carte à puce en est assurément un bon. Le Civisme envisage ainsi de doter les Citoyens de Cartes dites civiques. Entendons bien que ces cartes ne serviraient pas à manipuler de la monnaie (il n’y en aurait plus), mais seulement à accéder à l’information au sujet de la Citoyenneté. Ce système utiliserait exactement le même genre d’infrastructure que celui des cartes de crédits. Passer de l’un à l’autre ne serait qu’un jeu d’écriture informatique. Et c’est le capitalisme qui, croyant servir ses intérêts, met en place tout ce qu’il faut pour tourner la page de Largent ! Dès lors, n’est-il pas contre-révolutionnaire de vouloir l’empêcher de commettre cette erreur fatale pour lui, sans aucun profit pour nous ? Il n’y a qu’en n’ayant aucune notion des Principes de l’Ordre social et aucun projet conforme à ces Principes, en naviguant à courte vue, que l’on peut commettre soi-même un tel faux pas.

Heureusement, rien ni personne ne peut entraver le cours des choses. L’argent liquide va disparaître et Largent tout court va toucher au faîte de sa puissance… d’où il ne pourra que tomber. Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne…

Ceci étant, Largent ne tombera pas tout seul, il faudra l’y aider, et on ne peut pas le faire tomber n’importe comment. Là encore, la conception qu’en a le Civisme est décisive. Sans elle, Largent est vaguement appréhendé à travers la monnaie, de sorte que l’illusion ordinaire est de croire qu’il suffit d’abolir la monnaie pour anéantir Largent, piège dans lequel il sera d’autant plus facile de tomber que la monnaie n’aura aucune réalité matérielle et qu’elle sera techniquement facile à balayer. Ce réflexe, qui est celui de tous les gens qui clament « À bas l’agent ! », consiste à s’en prendre à la monnaie, qui est extérieure aux hommes, et à négliger Largent qui, en tant que croyance, est en chacun de nous. C’est une solution de facilité qui, si tant est qu’il soit possible de la mettre en œuvre, ne résout rien à la longue. En fait, une croyance ne peut être anéantie que par l’adhésion à une autre, adhésion qui sera d’autant plus forte qu’elle sera inconsciente. Ainsi, de la même manière que Largent nous est inculqué par la pratique de l’échange monétaire, seul l’échange pratiqué sur un nouveau mode pourra inculquer aux hommes, sans qu’il soit besoin de leur faire la leçon, les préceptes de ce nouveau système. Et les hommes seront d’autant plus enclins à adopter ce nouveau système, fut-il fondamentalement différent, qu’il ne changera fondamentalement rien en apparence. C’est là toute la force du Civisme. Les Cartes civiques s’utiliseront comme des cartes de crédits, mais elles inculqueront la logique de l’Égalité et les Principes de la Cité qui supplanteront, dans les esprits, Largent et l’individualisme. Continuité sur le plan pratique ; révolution sur le plan moral. Aucune autre théorie ne présente de tels avantages ni une telle cohérence. Au vrai, les autres se résument à éradiquer la monnaie et s’en remettent, pour le reste, qui au Saint-Esprit, qui au génie du prolétariat, qui à la bonté des hommes, dogmes d’une incommensurable niaiserie qui les dispensent surtout d’approfondir leurs sujets : Largent d’un côté, la Société de l’autre.

09:57 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 04 mai 2020

LE CORONAVIRUS & LE CIVISME (vidéo)

« La guerre est toujours le premier vœu d’un gouvernement puissant
qui veut devenir plus puissant encore. »

Robespierre
18 déc. 1791

 

Coronavirus - image.png

Pour voir la vidéo, cliquez ICI

 

Dans cette vidéo, je vais traiter la crise du coronavirus sous l’angle du Civisme.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais donc poser le cadre général, c’est-à-dire la façon dont le Civisme voit le monde.

 

Grille de lecture générale

Pour ceux qui ne connaissent pas le Civisme, je rappelle qu’il prône un système, la Cité, dans lequel les Citoyens seraient égaux en devoirs et en droits, notamment égaux dans le droit d’accéder librement au marché. Le droit d’accéder librement au marché leur serait donc conféré par la Citoyenneté, et non plus par quelque monnaie que ce soit. Je n’en dis pas davantage ; ceci est suffisant pour mon propos.

Le Civisme fait de l’Égalité (des Citoyens, en devoirs et en droits) le Principe fondamental de l’ordre social, Principe qui n’a rien de nouveau en apparence, mais qu’aucune théorie n’a posé comme lui. Pour le Civisme, l’Égalité implique un système non-monétaire (chose révolutionnaire en soi) et elle ne concerne que les Citoyens (ce qui est presque tout aussi révolutionnaire). Elle va donc de pair avec les notions de Peuple, de Nation, de patrie, de patriotisme, de souveraineté du Peuple (démocratie) et de souveraineté nationale (indépendance).

À l’opposé, évidemment, l’inégalité, dont le Civisme voit la source dans Largent. Largent, qui s’écrit « Largent », c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. De cette croyance découle la monnaie, le système monétaire et le capitalisme. La monnaie est un monde d’échange entre individus qui insuffle l’individualisme, le faux universalisme sous le nom de droit-de-l’hommisme, l’antinationalisme, le sans-frontiérisme, le mondialisme et, potentiellement, l’immigrationnisme, prôné sous couvert d’antiracisme. Mais la monnaie incarne les droits et ne peut pas, de par le simple jeu des valeurs, se répartir également, de sorte que le système monétaire est fatalement inégalitaire et tyrannique. L’inégalité signifie exploitation et oppression des masses, profit et pouvoir pour quelques-uns.

Voilà donc deux conceptions absolument incompatibles, celle qu’il faut atteindre et celle qui régit actuellement le monde en général et la France en particulier. Il y a deux camps en théorie. En pratique, les choses sont cependant moins tranchées. À l’exception des partisans du Civisme, personne n’a encore compris que l’inégalité est inhérente à Largent et au système monétaire. Ainsi trouve-t-on des gens qui, par instinct ou simple bon sens, défendent toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (peuple, patriotisme, démocratie, etc.) mais ne vont pas jusqu’à remettre en cause le système monétaire. Qu’ils invoquent ou non l’Égalité, ils prônent moins d’inégalités. Ils ignorent qu’il est dans la nature d’un système intrinsèquement inégalitaire de pousser vers toujours plus d’inégalités, et non de tendre à les résorber. Ils ont de bonnes dispositions mais une mauvaise théorie. Ils veulent tout et son contraire. Ils s’opposent à tous les effets de Largent, mais, en ne le dénonçant pas lui-même, ils en sont des partisans par défaut et sont donc en partie responsables de tout ce à quoi ils s’opposent, puisqu’ils contribuent à en perpétuer la cause. Le cas le plus aberrant est celui de ceux qui prétendent défendre leur peuple ou leur nation mais rejettent catégoriquement l’Égalité. Il faut dire, à leur décharge, que, s’ils ne comprennent rien à l’Égalité, ceux qui la prônent n’y comprennent généralement rien non plus.

De l’autre côté, les ennemis éternels du peuple, les partisans déclarés de Largent, et de tout ce qu’il implique, se rencontrent principalement chez les profiteurs de l’inégalité, les riches et tous ceux qui croient en être ou espèrent en être un jour. Ceux-là ont le pouvoir économique, le contrôle des principaux médias et ils tiennent aussi, de manière directe ou indirecte, le pouvoir politique (législatif et exécutif). Cependant, seuls, ils ne pèseraient pas lourd. Heureusement, la police et les forces de l’ordre, qui devraient servir le peuple, sont aux ordres de l’État, c’est-à-dire des leurs. Par ailleurs, la propagande a exacerbé l’individualisme qui puise aussi à d’autres sources que le système monétaire (la spiritualité, par exemple), mais qui conduit sur la même ligne idéologique : antinationale, sans-frontiériste, immigrationniste, antiraciste. Tous ces biais maintiennent dans le giron capitaliste des gens qui vomissent le capitalisme. Ceux-là aussi veulent tout et son contraire. Mais qu’ils aient le choix entre un défenseur de la nation et un capitaliste, banquier de surcroît, et ils choisiront le capitaliste pour faire « barrage à la haine », comme ils disent.

En fin de compte, Largent n’a pas d’ennemis à l’heure actuelle. Tous nos contemporains sont des capitalistes, qu’ils en soient conscients ou non.

 

Le gouvernement actuel

Il est assez évident que Macron est le représentant des ultra riches et le valet docile de Largent. Son but est le règne absolu de son maître, en France et sur le monde. Il s’emploie à briser tout ce qui s’y oppose. Il est l’ennemi absolu du peuple. Il ne s’en est d’ailleurs pas caché. Il applique le dogme à la lettre : tout pour les riches, destruction des protections, accroissement des inégalités, sans-fontiérisme économique, répression des mouvements populaires inévitables.

Un point sur lequel il faut nous arrêter, car relativement incompréhensible. Pourquoi s’acharne-t-il à détruire la France et le peuple français ? Car il détruit bien la France en la vendant par petits bouts, en la dépouillant de toute souveraineté, en dotant même nos soldats d’armes étrangères. Et il détruit bien le peuple français en poursuivant la politique immigrationniste, en signant le pacte de Marrakech (qui interdit toute critique à l’endroit de l’immigration), en n’opposant toujours aucune résistance aux revendications communautaristes, en tolérant la quasi impunité des délinquants et criminels étrangers, en laissant les enclaves étrangères se développer, bref en affaiblissant et réprimant les Français pendant que les envahisseurs se renforcent et les terrorisent sans risque. Il ne fait en cela que poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs qui étaient animés par la même logique. Mais quelle est cette logique ? A première vue, il s’agit de la logique capitaliste qui est de faire baisser le coût du travail pour augmenter les profits, soit en délocalisant la production, soit en faisant venir une main d’œuvre moins exigeante. Dans les deux cas, le risque de chômage et le chômage réel cassent les « luttes sociales ». C’est dégueulasse, mais cela à un sens. En revanche, à quoi rime la poursuite d’une immigration effrénée quand il y a déjà des millions de chômeurs et que la plupart des immigrés ne travailleront pas ? Loin d’être la chance que l’on nous vante, ils seront à l’évidence un poids pour la communauté nationale. Par ailleurs, une immigration de peuplement ininterrompue ne peut avoir à terme qu’un résultat : la submersion de la population d’origine. C’est là précisément le but recherché. Le peuple français a seul la capacité de renverser le capitalisme et d’anéantir Largent. (La théorie existe déjà.) Le peuple français ne le sait pas encore, mais le capitalisme, lui, le pressent et prend les devants. L’immigration est faite pour le paralyser, et il ne sera jamais mieux paralysé que s’il est totalement anéanti par elle. Les capitalistes ne veulent plus voir de Gilets jaunes….

Voilà le logiciel de Macron. Avant même que ne survienne la crise du coronavirus, ce gouvernement, pas plus que les précédents, ne méritait la moindre confiance. Nous sommes gouvernés par des gens qui ne nous veulent pas du bien, qui ne veulent même pas notre mort, qui voudraient juste que nous n’existions pas ou que nous acceptions d’être de simples numéros pour ne pas gêner Largent.

 

Le coronavirus

C’est dans ce contexte qu’est apparu le coronavirus. Alors virus naturel ou artificiel ? Accident ou fuite volontaire ? Grave ou bénin ? Je n’entrerai pas dans ces questions auxquelles je ne suis pas qualifié pour répondre. Je ne veux entrer que dans les questions dont les réponses relèvent du bon sens.

Il est à noter que les économistes prédisaient pour 2020 un effondrement des banques et une crise pire que celle de 2008. Ce virus arrive à point nommé pour masquer la faillite du système. Ce virus existe pourtant bien. Mais sa gravité n’est-elle pas exagérée à dessein ?

Aussi incertains soient-ils, les chiffres nous disent que le coronavirus n’est pas plus mortel que les grippes ordinaires dont on ne parle jamais. Alors pourquoi avoir fait tout une histoire de ce virus-là ? Il semblerait que ce soit en raison de sa capacité de diffusion rapide et des complications inédites qu’il entraîne. Ce qui explique pourquoi les hôpitaux ont été submergés d’un coup, d’autant plus que leurs capacités étaient réduites, et pourquoi médecins de terrain et soignants, qui manquaient du matériel élémentaire et ont payé un lourd tribut, sonnaient l’alarme. Ce virus n’est peut-être pas si grave globalement, mais il est assurément terrible pour ceux qui le côtoient.

C’est, dans le meilleur des cas, ce qui explique les flottements du Gouvernement Macron de janvier à mi-mars.

 

Le gestion du gouvernement

Mais le Gouvernement n’est pas le premier péquin venu. Il a des services. Il sait. Il savait ce qu’il se passait en Chine (je ne parlerai même pas des implications des Français dans le laboratoire du Wuhan). Il ne pouvait ignorer la gravité de la situation sur place. Il ne pouvait ignorer le danger que cela serait pour la France si le virus y parvenait. Qu’a-t-il fait alors ?

A-t-il fermé les frontières à la circulation des hommes, au moins ? Non.

A-t-il reconstitué le stock de masques indispensables, liquidé par le gouvernement précédent, dont faisait partie Macron lui-même ? Non.

Il n’a pas seulement pris ces précautions élémentaires, il a fait le contraire….

Il a organisé le rapatriement des Français en Chine.

Pour aider à ce rapatriement, il a envoyé des militaires en Chine, dont certains sont revenus porteurs du virus, comme il fallait s’y attendre.

Alors que l’Italie était déjà gravement touchée et placée sous confinement, il n’a pas empêché que des milliers de supporters italiens viennent à Lyon pour un match de foot.

Alors que des voix s’élevaient pour réclamer la fermeture des frontières, il a éludé une fois de plus cette mesure de bon sens en faisant dire que le virus n’a pas de passeport. En fait, jamais il n’ordonnera leur fermeture ; il n’ordonnera même pas que les entrants soient automatiquement testés ou mis en quarantaine. L’Étranger est sacré !

Il aurait voulu que le virus arrive en France et se répande, qu’aurait-il fait d’autre ?

Non moins troublante, l’interdiction de la chloroquine, utilisée depuis des décennies, peu avant qu’un des plus illustres chercheurs français ne découvre qu’elle est un élément essentiel pour prévenir l’aggravation de la maladie, un chercheur que les médias macronolâtres et les représentants de Big Pharma n’ont cessé de dénigrer depuis. Visiblement certains tenaient plus à voir le virus faire des dégâts, avant qu’ils ne puissent proposer un vaccin à prix d’or, que de le vaincre de suite pour pas cher, quoiqu’ils n’aient pas perdu l’espoir d’inoculer on ne sait quoi à toute la population. Soudain, le principe de précaution prévalait pour reporter aux calendes grecques le remède du chercheur, comme si lui-même n’avait pris aucune précaution et n’était pas plus autorisé que tous ces gens qui bavaient sur lui.

Maintenant, le virus était là. Le gouvernement a-t-il préconisé de porter des masques, même de fortune ? Non. Il a fait mieux. Il a déconseillé d’en porter.

Et soudain, virage à 180°. Du jour au lendemain, tout le monde confiné chez soi. Toutes les boutiques, tous les commerces, toutes les entreprises fermés. La France a l’arrêt. La première mesure qui aurait du être prise dans la foulée était évidemment un moratoire sur les loyers et les dettes. L’État condamnait les gens à ne pas gagner d’argent, mais il ne les dispensait pas de payer… Avec quoi ? Les aides qu’il a proposées par la suite (et qui représentent une somme colossale) sont ridicules par rapport aux besoins individuels et n’éviteront pas des centaines de milliers de faillites. Ces gens qui ont Largent pour Dieu ne savent-ils donc pas comment le système monétaire fonctionne ou ont-ils résolu de liquider la France ? Et que l’on ne dise pas que l’on ne peut pas tricher avec les règles du jeu ! L’État sait très bien le faire quand ça l’arrange… mais sauver la France n’est pas un enjeu qui en vaut la peine apparemment !

Soudain, donc, tout le monde s’est vu contraint de rester chez lui. Les frontières et les barrières ont du bon finalement, surtout quand on n’a ni masques, ni tests, ni remède, quand on n’a rien fait pour en avoir, quand on a même tout fait pour ne pas en avoir. Un discours guerrier semblait marquer une prise de conscience et un changement de cap. On déplorait la destruction de l’industrie française, on appelait à relocaliser la production, on exaltait la souveraineté comme pour réhabiliter les frontières, on sonnait la mobilisation, on se sentait enfin français, on donnait l’impression de s’élever à la hauteur des circonstances… Que des mots…. Les capitalistes ne croient pas en la vertu du peuple. En fait de souveraineté, il n’était question que de souveraineté européenne ; il s’agissait de rester dans la même logique capitalo-mondialiste. En fait de mobilisation nationale et de relocalisation, l’Etat n’a pris aucune mesure de salut public pour produire des masques en France : il en a commandé en Chine, lesquels n’arriveront pas avant des mois. Il n’a pas davantage indiqué aux Français comment en fabriquer avec les moyens du bord. Mieux encore ! Il a interdit aux pharmaciens de leur en vendre. Il a interdit aux communes de prendre des arrêtés imposant d’en porter. Tout le monde est confiné en théorie, mais chacun peut se faire une dérogation pour sortir. La police est toutefois déployée pour réprimer certains abus au moyen d’amendes ridicules, dont le montant finira par être augmenté. Mais la traque des abus a ouvert la traque des Français, jusqu’au fond des bois. Il essaye de voir jusqu’où nous sommes capables d’aller dans l’obéissance. Dans le même temps, les ordres sont donnés pour laisser les racailles se soustraire aux consignes générales. Leurs frères sont libérés en masse des prisons. Il n’y a aucune rupture idéologique.

Des masques auraient suffit pour éviter cette situation. Que la France en ait manqué au départ, soit. Mais ce gouvernement n’a rien fait pour que les Français puissent s’en procurer ou s’en faire et être ainsi assez protégés pour ne pas en arriver à les confiner et à ruiner le pays.

Même sans masque, des traitements efficaces, comme semblent l’être la chloroquine ou simplement les antibiotiques, auraient rendu ce virus relativement bénin (sauf cas particuliers) et le confinement inutile. Mais ce gouvernement a tout fait pour écarter cette option et que tous les espoirs soient placés dans un vaccin produit par ses amis.

Nous en sommes là et le déconfinement va commencer dans quelques jours. Il fallait bien en sortir. Mais la France est-elle mieux armée et mieux dirigée ? Non ! Nous avons toujours les mêmes dirigeants, avec la même idéologie et les mêmes incompétences apparentes qui cachent une trahison évidente. Ces gens-là retombent toujours sur leurs pattes. Que ce virus ait été une machination de haut vol ou un accident de la nature, que ce Gouvernement ne l’ait pas vu venir ou l’ait laissé entrer, qu’il ait détruit un peu plus la France volontairement ou fortuitement, dans tous les cas ce sont eux qui tiennent les rennes et tournent tout en faveur de « leur projet ». Au nom de la santé publique, ils ont habitué les Français à se soumettre, à applaudir, à être surveillés, à être isolés ; ils ont dressé les policiers contre eux ; ils envisagent des dispositifs, soi-disant temporaires, pour les traquer. Tout ceci n’annonce pas un gouvernement qui va garantir les libertés mais qui va, au contraire, les resserrer pour assurer son pouvoir et celui de ses amis. Mieux ! Au nom de la santé publique, ils interdisent qu’aucune tête ne dépasse et ils ont le front d’exiger que l’union nationale se fasse autour d’eux. Leur culot est sans limite !

 

Les dangers du coronavirus

Le véritable danger du coronavirus n’est pas sanitaire (pardon pour ses victimes !) ; il est économique et politique. La vraie catastrophe sera la ruine de très nombreuses petites entreprises et sans doute le suicide d’un grand nombre de petits entrepreneurs. La cause de ces ruines ne sera pas le coronavirus lui-même mais les mesures économiques ineptes adoptées par ce gouvernement. Une chaîne peut tourner ou être à l’arrêt sans dommage. Mais laisser tourner des maillons pendant que les autres sont à l’arrêt, et c’est la rupture assurée. C’est ce qu’a fait ce Gouvernement. Sans doute ne l’a-t-il pas fait sciemment, mais par soumission à la logique capitaliste dans un moment exceptionnel où il fallait la contourner. Mais ce gouvernement, qui travaille depuis toujours à la destruction de la France, sera-t-il vraiment chagriné qu’elle soit ruinée ? Si le coronavirus n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer !

J’ai dit que le deuxième danger était politique. Politique au sens large. Nous avons vu que cette crise allait justifier que le gouvernement s’arroge tous les pouvoirs, et écrase toute opposition politique ou populaire. Or nous savons que son but n’est pas l’intérêt du peuple. A quoi va-t-il donc employer son pouvoir ? Tout simplement à renforcer toujours plus son pouvoir sur le peuple et à servir les intérêts de ses amis richissimes sur le dos du peuple quitte à le tuer, tel la poule aux œufs d’or. Les moyens de surveillance générale et de répression sont prêts (drones, radars, flashball, etc.). Le revenu d’existence, c’est-à-dire d’asservissement, est dans les cartons. Censure et autocensure sont à l’ordre du jour dans les médias et sur les réseaux sociaux, toujours au nom de l’antiracisme et maintenant des antifakenews. La surveillance individuelle via l’informatique et les vaccins n’attendent qu’un feu vert. Tout ce qui rapporte de l’argent aux grands groupes a libre cours, même et surtout si rien ne repousse derrière (5G, glyphosate). Quant à l’encouragement de l’invasion, il ne se dément pas.

 

Le coronavirus dans la Cité

Dans la Cité, il en aurait été tout autrement, que le coronavirus ait été un danger réel et, à plus forte raison, s’il n’ait qu’une conspiration au service du Nouvel Ordre Mondial, c’est-à-dire du Royaume Universel de Largent. Dans ce second cas, la Cité n’aurait pas marché dans la combine. Point final.

Mais en ne retenant que la première hypothèse d’une menace réelle, la Cité y aurait été préparée. Il ne lui aurait rien coûté d’avoir des stocks stratégiques ; elle ne les aurait pas liquidés pour faire des économies de bouts de chandelles et, encore moins, pour favoriser les ravages d’une maladie providentielle.

Ayant rompu avec l’idéologie mondialiste et sans-frontiériste, elle n’aurait pas hésité une seconde à fermer les frontières.

En admettant que le virus arrive malgré tout, elle aurait imposé le port du masque ; elle aurait expliqué comment en fabriquer ; elle aurait mobilisé les Citoyens et les entreprises pour en produire, ainsi que tout le matériel nécessaire pour faire face. Dans une logique patriotique, elle aurait fait appel au génie de la nation pour pourvoir à tout. Loin d’étouffer les découvertes prometteuses, pour préserver des intérêts financiers, elle les aurait aussitôt répandues.

En admettant, enfin, qu’une période de « confinement » eut été malgré tout nécessaire, elle aurait simplement mis les Citoyens et les entreprises à l’arrêt. Nul ne se serait vu reproché de ne pas remplir ses devoirs comme d’ordinaire. Personne n’aurait rien perdu de ses droits. Le travail aurait repris, les entreprises auraient rouvert une fois le confinement levé. L’argent n’aurait pas servi à les étrangler. La Cité aurait repris le cours normal des choses comme un train après un arrêt en gare.

Bref, cela n’aurait été rien d’autre qu’une crise sanitaire contre laquelle la Cité aurait mobilisé toutes ses forces pour la réduire autant et aussi vite que possible.

 

Les suites dans les conditions actuelles

Mais tel n’est pas le contexte dans lequel nous sommes. Cette crise sera un désastre. Que le gouvernement ait été incompétent ou qu’il ait simplement poursuivi son projet en secret, les mécontents sont légions, les reproches fusent à juste titre et la fureur gronde. Que va-t-il se passer ? Rien.

Une véritable révolution est à exclure, puisque les idées véritablement révolutionnaires, contre Largent, pour l’Égalité bien comprise, ne sont pas encore dans l’air du temps. Des capitalistes en colère sont toujours des capitalistes qui servent bon gré mal gré le capitalisme.

Mais peut-on seulement envisager un renversement du gouvernement ? Pas davantage. Le Gouvernement détient tous les pouvoirs. Il peut aussi bien étouffer les agitations de couloir qu’écraser un mouvement de rue. Mais la véritable faiblesse vient de la rue elle-même (parce que les gouvernements successifs se sont employés à l’affaiblir). Elle n’a ni projet, ni leader, ni unité, parce que la France est plombée par l’immigration. La rue, ce n’est pas le peuple français. C’est le peuple français plus les immigrés. Or les uns et les autres n’ont pas les mêmes intérêts. Par ailleurs, les Français sont eux-mêmes divisés entre patriotes et immigrationnistes. Ils ne peuvent avoir le même projet, donc s’entendre sur des leaders, donc agir de concert. Ils sont divisés par la question de l’immigration avant même de commencer à agir. Ils sont plus ennemis les uns des autres qu’ils ne le sont du gouvernement ; ils se battraient entre eux bien avant d’avoir renversé ce dernier. C’est ainsi que les Gilets jaunes qui n’avaient aucune chance dès le départ furent en outre sabordés de l’intérieur par les immigrationnistes. Rappelons que les immigrationnistes ont voté pour Macron ou ont contribué à le faire élire, et que, face à tout redressement du patriotisme, vu par eux comme du fascisme, ils se serreraient encore autour de lui. L’immigration joue parfaitement le rôle de diviseur que le capitalisme lui a assigné.

Ainsi en revient-on toujours au même point. Ceux qui ne veulent pas libérer le peuple français du poison de l’immigration ne veulent pas sauver la France et, arriveraient-ils au pouvoir, avec toutes leurs bonnes intentions, qu’ils seraient autant un fléau pour elle que ne l’est le capitalisme en tant que tel. D’un autre côté, ceux qui voient le danger n’ont pas les moyens de le circonvenir. La France va donc continuer à s’enfoncer et à disparaître lentement, à moins que les immigrés, prenant l’impunité dont ils jouissent pour des forces propres, franchissent les bornes et se livrent à des carnages d’une ampleur inédite qui souderont enfin les Français contre eux. La crise économique qui s’annonce pourrait être un autre déclencheur, en créant des tensions dans des directions imprévues. D’une manière ou d’une autre, il nous faut sortir de la spirale immigrationniste. Alors seulement la France aura une chance de survivre et, un jour, d'anéantir Largent et d’établir enfin le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple.

21:46 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 04 septembre 2019

PHILIPPE LANDEUX par lui-même

« On n’est jamais mieux servi que par soi-même. »

 

2016 12 05 - Moi.jpgPHILIPPE LANDEUX, théoricien et historien amateur, est une figure hors norme de la dissidence. Il se revendique de Gauche, canal historique, et prône un système égalitaire et patriotique, sans argent, baptisé « la Cité ». Il martèle que, « pour faire la Révolution demain, il faut sauver la France aujourd’hui », et que « la Révolution consistera à anéantir Largent au nom de l’Égalité et de la Patrie ». Quoique trans-courant, parce qu’ayant sa propre ligne, il est mieux accepté par les « nationalistes » non dénués de fibre sociale que par les gauchistes qui ne vibrent que pour l’immigré et voient en lui un « néonazi ».

Il est né à Montpellier le 1er février 1973. Parcours scolaire sans problème. Inscrit sans enthousiasme à la faculté de sciences économiques de Montpellier, il provoque son appel pour le service militaire, qu’il effectue en 1995-1996 dans les parachutistes. Revenu à Montpellier à l’été 1996, il décide de monter à Paris pour faire du dessin de presse, avec l’idée de redresser le patriotisme. C’est alors que, par ses lectures dans les transports, il découvre la Révolution française en général et Robespierre en particulier. Il réfléchit de son côté et se met à écrire sur des petits sujets de société. Dès son arrivée à Paris, il adhère au « Parti radical socialiste » croyant naïvement que ce sont des socialistes radicaux. Il comprend vite que ce n’est qu’une machine à assurer des places et la gamelle à quelques notables.

Le 4 décembre 1997, tout bascule. Une idée inconcevable pour un capitaliste (que nous sommes tous malgré nous) germe dans son esprit : « Un citoyen a le droit d’accéder (librement) au marché parce qu’il est citoyen ». Il est abasourdi. Cette idée est à la fois une critique radicale du système monétaire (donc du capitalisme) et le principe de base d’une Société digne de ce nom. En quelques semaines, il rédige une première version de la théorie qui en découle : « La Société du Travail » (SDT). En 1999, il en rédige une seconde (anéantie par un virus).

En 2000, il écrit un « Réquisitoire contre Largent ou théorie de l’Égalité ». (C’est à cette occasion qu’il forge le mot « Largent » qui désigne ce qui est, pour lui, la quintessence du système monétaire, à savoir « la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ».) La même année, pour s’occuper et renouer avec sa passion, il crée un site Internet dédié à Robespierre « Incorruptible hier, inconnu aujourd’hui ». Il en sort un ouvrage que les éditeurs ignorent comme tout le reste. À la même époque, il crée un autre site dédié, lui, à l'abolition de la monnaie. (Ces deux sites ont disparu avec le serveur multimania.)

En janvier 2001, en quête de gens capables d’entendre ses idées sur Largent, il adhère à la CNT, les anarcho-syndicalistes, qui se réfèrent à la guerre civile espagnole durant laquelle furent créées des communautés non-monétaires. Mais il ne rencontre guère d’écho, et son patriotisme viscéral s’insurge devant leur internationalisme qui masque un anti-nationalisme, un anti-patriotisme, un sans-frontiérisme et, au final, un immigrationnisme typiquement capitalistes.

En 2002, dans l’idée d’être plus consensuel et d’amener à sa théorie en douceur, il écrit une « théorie de la Propriété », dans laquelle il examine ce qu’est la Propriété dans l’absolu pour faire ressortir l’influence de Largent et du système monétaire sur sa conception actuelle. Ces deux ouvrages, « Théorie de la Propriété » et « Réquisitoire contre Largent ou théorie de l’Égalité » forment les deux premiers volets d’une trilogie qu’il complète, en 2003, en réécrivant sa théorie sous le nom de « Civisme ou théorie de la Cité ». Son œuvre principale est achevée.

Il se lance alors dans la lecture des recueils des actes du Comité de salut public dont il extrait tous les éléments importants ou utiles, un travail qui va l’accaparer pendant des années. En 2006, il consulte les dossiers du Tribunal révolutionnaire de Paris pour obtenir les chiffres exacts.

Fin 2004, il s’inscrit sur les listes électorales pour pouvoir voter NON au référendum qui doit avoir lieu en 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen.

En avril 2010, il propose un article sur les prénoms à Riposte Laïque (« La discrimination au berceau ») qui le publie sous le titre « Hymne aux prénoms français ». Une quarantaine d’articles suivront (souvent critiques à l’égard de la ligne générale). Lors d’une manifestation en soutien à Éric Zemmour, il rencontre Pierre Cassen, fondateur de RL, et réalise qu’il le connaît personnellement depuis 2005, date à laquelle celui-ci militait pour le NON au Traité Constitutionnel Européen. C’est à la faveur d’une conférence de ce dernier, au Local, en novembre de la même année, qu’il fait la connaissance de Serge Ayoub, pour lequel il éprouve de suite de la sympathie. L’homme défend Robespierre, la Révolution, la République (au vrai sens du terme) ; il est sur une ligne sociale et nationale, de Gauche authentique. Philippe Landeux reconnaît en lui un Jacobin. Ceci étant, il n’adhèrera pas plus à « Troisième voie » qu’il ne se convertira au « solidarisme ». 

En 2010 encore, il crée son blog « Philippe Landeux – Réflexions politiques » sur lequel il publie des textes de fond, notamment « Principes universels de l’Ordre social ou Bases de la Société à usage universel » (2010), « Si j’étais président en 2012 » (2011), un programme en 144 points, « Lettre ouverte à Alain Soral » (2012), sur l’assimilation et la foutaise d’une réconciliation, « De la force des choses (hier et demain) » (2013) ou encore « Une doctrine révolutionnaire pour la camp national : le Civisme » (2017).

Vers 2010 toujours, il découvre la possibilité offerte par TheBookEdition de rendre accessibles ses ouvrages, imprimés sur commande. En 2011, il « publie » ainsi coup sur coup « les Principes » (traduits en anglais en 2019), le « Réquisitoire », « le Civisme », et « le Civisme illustré », dont les PDF sont disponibles gratuitement sur son blog , et qu’il réunira en 2013 dans « Tout sur le Civisme ».

En 2011, à l’approche des élections présidentielles qui doivent avoir lieu l’année suivante, il rédige un programme en 144 points : « Si j’étais président en 2012 ». Il ne s’agit pas d’appliquer sa théorie, mais de faire au mieux dans les conditions d’alors pour sauver la France et, à la marge, de préparer le terrain pour la Révolution. Il n'appartient à aucun parti politique, mais il ne cache pas sa préférence. « Je vote Font National, parce que je suis de Gauche. » Il a une conception toute particulière de l’échiquier politique, loin des étiquettes officielles. Pour lui, le classement ne devrait pas se faire horizontalement, mais verticalement selon ce qu’il appelle « échelle politique ». Le haut de cette échelle est la perfection sociale qui est le but à atteindre et qui s’articule autour du principe d’Égalité (des citoyens en devoirs et en droits) et des notions consubstantielles à ce Principe, à savoir le Peuple (les citoyens), la Nation (la cité), le patriotisme (défense du peuple et de la nation), la souveraineté du Peuple (démocratie), la souveraineté nationale (indépendance) et la non-ingérence, le tout n’ayant véritablement de sens que dans un système non-monétaire. Or toutes ces notions (sauf la remise en cause de la monnaie) furent défendues par Robespierre qui fut le père de la Gauche, et le sont aujourd’hui par le Front National, présenté comme d’« extrême droite » par une « Gauche » officielle qui a renoncé à toutes et s’est faite traître à la patrie au nom de l’Autre et de Largent, en dernière analyse.

En août 2011, il est invité par Franck Abed, royaliste notoire, qu’il a rencontré l’année précédente au Local, pour son premier entretien vidéo (aujourd’hui introuvable). En septembre 2011, Serge Ayoub lui donne l’occasion de faire sa première conférence sur « Largent, le tyran à abattre ». (Une deuxième, sur Robespierre, aura lieu en novembre l’année suivante.)

En 2012, Serge Ayoub lance un journal au nom évocateur « Salut Public », avec pour exergue, proposée par Philippe Landeux : « Il n’y a de légitime que la volonté du Peuple ». C’est pour illustrer cette feuille que ce dernier reprend ses crayons. Ses dessins, signés « Blic », représentent des blaireaux qui, simplifiés, ressemblent à des rats. Lorsque l’aventure « Salut Public » cesse, il continue de dessiner et publie ses dessins sur son blog et son facebook. Ils attirent l’attention de Zéon qui lui propose de les publier sur la page des dessins de la semaine d’E&R. Ainsi en ira-t-il pendant deux ou trois ans, jusqu’au clash entre Alain Soral, qu’il ne connaît pas personnellement et dont il a critiqué implacablement la ligne, et Daniel Conversano, pour lequel il prend parti (décembre 2016).

En octobre 2012, paraît « Robespierre, la Terreur des traîtres à la Nation », aux Éditions du Pont d’Arcole. Il s’agit moins d’une biographie que d'une étude des points controversés ou essentiels. L’année précédente, Serge Ayoub lui a demandé de rédiger une notice sur Robespierre, pour faire connaître ce personnage à ses troupes, mais Philippe Landeux, en perfectionniste, est allé beaucoup plus loin.

En décembre 2012, le 6, il est invité par la radio Ici & Maintenant pour exposer ses théories sur Largent et sur une Société non-monétaire.

Début 2013, il a l’idée de publier les discours de Robespierre qui ont encore une résonance. Mais il y en a tant qu’il opte pour l’exhaustivité et publie l’intégrale de ses grands discours, complétée de toutes les interventions et de tous les documents importants ou utiles pour comprendre la pensée du personnage. Il intitule cette somme « Robespierre parle aux Français ». (Étienne Chouard, admirateur notoire de Robespierre, en fera la promotion. Philippe Landeux, qui s’intéresse à lui depuis qu’il l’a entendu promouvoir le tirage au sort, procédé qui figure dans sa théorie de la Cité, l’a rencontré le 19 décembre 2012. Mais le « Réquisitoire contre Largent » qu’il lui a remis ne l’a pas interpellé.) Peu après, il sort « Robespierre, l’Âme de la Révolution » , qui reprend, corrige et complète « Robespierre, la Terreur des traîtres à la Nation » (introuvable). Le 11 mai, au Salon du Livre, l’Agence Info Libre l’interviewe sur Robespierre et la Révolution. Fin mai, le Cercle des Volontaires l’invite pour une émission sur le même sujet. Cette même année, il publie encore « Tout sur le Civisme ».

En 2014, reprenant la forme de son travail sur le Comité de salut public, il publie dans « La Guerre de l’Ouest, dite de Vendée » , tous les arrêtés du Comité, décrets de la Convention et lettres des représentants en mission sur le sujet. (Le 14 décembre 2012, il avait débattu avec Reynald Secher, chantre d’un « génocide vendéen ». ) Le 22 janvier 2015, il présentera son ouvrage à Méta TV (où il est déjà passé le 20 mai 2014 pour parler de la Révolution française et d’une Société sans argent. ) Il publie également un recueil des textes importants publiés sur son blog, sous le titre de « Vive la Nation ! » (cri de ralliement des révolutionnaires). En décembre, il rencontre Daniel Conversano avec lequel il se lie d’amitié. Il est, selon lui, un de ces talents du camp national qui, s’il avait le déclic, pourrait provoquer le déclic chez beaucoup d’autres. Daniel reste septique mais l’invite, en juillet 2016, à présenter sa théorie dans son émission « Vive l’Europe ! » . En revanche, Philippe Landeux lui a fait découvrir et apprécier Robespierre à travers la biographie de Jean Massin, et ils lui consacreront une émission (Robespierre et les Gilets Jaunes) en juillet 2019.

En 2015, il réalise une série de 12 vidéos pour présenter les points clés du Civisme et en publie, en format poche, les textes dans « Révolution, les Bases du Civisme – Pourquoi renverser Largent ? Comment instaurer l’Égalité ? ».

En 2017, il décide de finaliser et de publier ses anciens travaux sur la Révolution : « le Tribunal révolutionnaire de Paris » (2017), « les arrêtés du Bureau de police générale » (2018), « le Comité de salut public & les représentants en mission » (2019).

En 2018, outre « les arrêtés du Bureau de police générale », il publie également sa « Théorie de la Propriété », en partie réécrite et préfacée par Jean-Yves Dufour, et un recueil de textes, « Contre Courant » , dans lesquels il critique les divers courants de pensées politico-économiques (l’économie distributive, le marxisme, les théories a-monétaires, le démocratisme, le capitalo-libéralisme, etc.).

Fin 2018, il s’enthousiasme pour les Gilets Jaunes, dont il perçoit néanmoins les faiblesses (pratiques et idéologiques) et prévoit l’impuissance. Il veut aider de ses conseils. Il écrit fébrilement et poste ses textes (la plupart doublés de vidéo) sur son facebook et des groupes Gilets Jaunes comme on jette une bouteille à la mer : « Le dilemme des Gilets Jaunes – Des représentants ou pas ? » , « Gilets Jaunes : RIC ou RIP ? », « Appel aux Gilets Jaunes - Pour une levée en masse en faveur du Référendum d’Initiative Populaire (R.I.P.) », « Le combat des Gilets Jaunes – Le Référendum d’Initiative Populaire », « Les Gilets Jaunes & les Révolution d’hier et de demain », « Projet pour l'instauration d’un vrai Référendum d’Initiative Populaire ».

L’œuvre de Philippe Landeux, colossale, est aussi mal connue que lui. Ses ouvrages sur la Révolution française s’adressent à des spécialistes alors qu’il est lui-même étranger aux cercles universitaires, tandis que son « patriotisme intégral » le rapproche malgré lui d’un camp ouvert au gloubi-boulga contre-révolutionnaire et anti-républicain. Par ailleurs, sa théorie, découlant tout entière d’un principe inédit, générant ses propres concepts, ne s’insère dans aucune tradition (un comble pour un tel féru d’Histoire) et n’a même aucune parenté, de près ou de loin, avec aucune autre théorie (les ressemblances ne sont que fortuites ou illusoires). Enfin, sa ligne radicalement « anticapitaliste » heurte ce qu’il appelle « les préjugés monétaires » et l’éloigne (sur le plan des idées) de tous ceux avec qui il a des accointances. Les contacts et les affinités qu’il a dans le milieu « dissident » n’implique pas, de sa part, une adhésion à leurs lignes respectives ; c’est lui qui aimerait les voir évoluer vers la sienne. Peine perdue jusqu’à ce jour ; il reste seul sur sa branche. (Les gauchistes qui aimeraient le mettre dans une case sont, là comme ailleurs, complètement à côté de la plaque.) Convaincu que le Civisme devrait être le point de ralliement de tous les patriotes et de tous les nationalistes conséquents et serait entre leurs mains l’arme la plus redoutable, il sait aussi que la France est en danger de mort et que le combat contre Largent, pour l’Égalité bien comprise, aussi indispensable soit-il, sous peine de tourner éternellement en rond, peut attendre encore un peu.

 

Livres (disponibles sur TheBookEdition)

2011 – Principes universels de l’ordre social ou bases de la Société à usage universel
2011 – Réquisitoire contre Largent ou théorie de l’Égalité
2011 – Le Civisme ou théorie de la Cité
2011 – Le Civisme illustré
2013 – Robespierre, l’Âme de la Révolution
2013 – Tout sur Le Civisme, la Révolution du XXIe siècle
2013 – Robespierre parle aux Français
2014 – La Guerre de l’Ouest dite de Vendée, 1793-1794
2014 – Vive la Nation !
2015 – Révolution, les bases du Civisme – Pourquoi renverser Largent ? Comment instaurer l’Égalité ?
2017 – Le Tribunal révolutionnaire de Paris
2018 – Les arrêtés du Bureau de police générale
2018 – Théorie de la Propriété
2018 – Contre Courants - Critiques de la théorie de l’Économie distributive & autres projets alternatifs, doctrines, mesures, courants de pensée…

 

04 septembre 2019

17:18 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 13 août 2019

PRINCIPES UNIVERELS DE L'ORDRE SOCIAL (version anglaise)

Principes universels (version anglaise) - couv recto.jpg« Principes universels de l’Ordre social ou Bases de la Société à usage universel ». Le titre dit tout, du moins révèle-t-il le contenu exact de ce petit ouvrage. Il ne s’agit pas d’évoquer les Principes, d’agiter mille questions sans jamais y répondre, mais d’énoncer clairement (en 96 points) lesdits Principes, de les dérouler l’un après l’autre, depuis leur origine jusqu’à ses conséquences les plus éloignées.

Les Principes de l’Ordre social n’ont rien d’arbitraire. Ils découlent de la raison d’être de la Société qui est de garantir à ses membres la Sécurité que leur instinct de conservation les pousse à rechercher en premier lieu en son sein. Tout ce qui est légitime, d’un point de vue social, est déterminé par ou d’après ce leitmotiv. Cette quête fixe les rapports qui doivent s’établir de proche en proche dans tous les domaines entre Citoyens ; elle dicte la définition même de la Citoyenneté, donc aussi celle de la Cité et de tous les concepts sociaux. Rien n’est légitime dans la Société qui néglige ou contrarie de manière directe ou indirecte la raison d’être de la Société elle-même et ce que chacun de ses membres est en droit d’en attendre.

Les Principes de l’Ordre social sont intangibles, immuables, universels et intemporels. Ils peuvent être niés, bafoués, oublié, mais ils ne sauraient être éteints. Ils brûlent quelque part dans la conscience de tous les êtres qui ont été dotés d’une nature sociable. Il ne s’agit pas d’expliquer ici comment les hommes les ont perdus de vue, mais de les leur mettre sous les yeux pour que cette chandelle redevienne un flambeau. Et, pour qu’ils ne les oublient plus, il fallait, pour ainsi dire, les graver dans le marbre.

Cet ouvrage s’adresse à tous les hommes de tous les temps. Il fut écrit en français. Il est maintenant traduit en anglais. Un jour, il le sera dans toutes les langues.

 

Philippe Landeux

13 août 2019

PDF gratuits

Principes universel de l'Ordre social

Universal Principles of the Social order

07:50 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 08 juillet 2019

LE VRAI LIBERALISME OU LE LIBERALISME ABSOLU

Le libéralisme est la traduction sur le plan économique de la Liberté en tant que Droit (ou, plus exactement, en tant que Droit fondamental). Or le droit a pour cadre la Société ou la nation ; il n'existe pas au-delà, si ce n'est de manière illusoire ou frauduleuse (le droit international n'est jamais que la volonté du plus fort). Le libéralisme, le vrai, n'est donc pas sans-frontiériste ou mondialiste. Il s'arrête au contraire aux bornes de la Société ; il n'a de sens qu'entre Citoyens.

Mais une Société a aussi pour Principe fondamental l'Egalité des Citoyens en devoirs et en droits, Principe bafoué par le système monétaire, intrinsèquement individualiste et inégalitaire. Le libéralisme, le vrai, suppose donc un système non monétaire. Pratiqué entre Citoyens égaux en droits (dont celui d'accéder librement au marché), il ne confère pas toutes les libertés à quelques-uns seulement ; il confère à tous toutes les libertés qui n'anéantissent pas le pacte social. La libérte n'est pas un droit illimité ; elle est bornée, comme tout droit, par les devoirs du Citoyen, par les droits des autres Citoyens, par les intérêts de la Société (exprimés par la loi) et par la nature des choses. Une Société digne de ce nom ne peut garantir à personne un droit destructeur pour elle-même.

Ainsi, le vrai libéralisme, expression d'un ordre social harmonieux, est-il l'exact contraire de ce que le capitalisme présente comme tel (liberté illimitée pour les riches ou liberté de faire tout ce que l'argent permet) et qui ne peut être que du capitalo-libéralisme, c'est-à-dire du libéralisme faussé par l'argent, faussé au point d'être méconnaissable.

03:44 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 21 mai 2019

LA CAUSE DES CAUSES (schéma)

La cause des causes - Pyramide de Landeux.jpg

15:49 Écrit par Philippe Landeux dans 5. SCHEMAS, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 19 mai 2019

CAPITALISME ET MARXISANTS

Tout ce qui existe sous le capitalisme n’est pas intrinsèquement capitaliste. Ce qui est intrinsèquement capitaliste est ce qui peut être dénaturé par Largent (croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger), lequel n’existe que dans la tête des hommes et n’a d’incidence que sur les rapports sociaux, donc sur leur perception du monde et d’eux-mêmes. Autrement dit, n’est pas intrinsèquement capitaliste, mais naturel, ce qui demeurait si Largent n’existait plus.

Les marxisants qui rejettent tout ce qui existe sous le capitalisme comme capitaliste en soi prouvent par-là qu’ils en saisissent mal l’essence et sont donc incapables de l’abattre, d’autant plus que, en versant dans un nihilisme absolu sous prétexte d’amour universel, en proscrivant tous les mots, tous les concepts, toutes les notions, toute chose, tout ce qui fait le monde réel du point de vue des hommes, ils sont incapables de formuler un projet, de proposer une alternative. Cette opposition systématique ne débouche sur rien de constructif. En somme, ils s’opposent à tout au nom de RIEN. Impossible de les prendre en défaut, croient-ils, puisqu’ils proposent RIEN comme idéal suprême. Et les adeptes du RIEN ont toujours raison, puisque tout « vouloir » est une erreur, pour ne pas dire une hérésie selon eux. Ils s’érigent ainsi en gardiens du temple de la Vérité dont ils prétendent n’être que les « humbles dépositaires ». Professant tout et son contraire, disant ici l’inverse de ce qu’ils disent ailleurs, jonglant sans distinction avec le vrai et le faux, tantôt logiques tantôt ineptes, ils s’en tirent par le verbiage, deviennent ainsi des virtuoses du baratin et se lobotomisent eux-mêmes. Mais n’ayant toujours RIEN à opposer au capitalisme, ils comptent qu’il se détruira lui-même ; ils excluent d’entreprendre quoi que ce soit contre lui avant qu’il (Largent) ait tout détruit et qu’il n’y ait plus rien à sauver ni personne pour réagir ; ils interdisent toute pensée, toute attitude autre que passive, sous peine d’excommunication ; ils exigent que les hommes s’en remettent, comme eux, au Saint-Esprit jusqu’à la Saint-Glinglin. N’ayant pas davantage la moindre idée réaliste de ce en quoi consistera la société ou le monde post-capitaliste (quoique étant les seuls à le savoir en tant qu’anticapitalistes soi-disant radicaux et dépositaires autoproclamés du Vrai immanent), incapables de décrire les nouveaux rapports qui s’établiront entre les citoyens ou les hommes (car hostiles à tout « système », donc incapables d’en concevoir un), ils proclament que l’Humanité et le Prolétariat trouveront dans leur génie les réponses à tout le moment venu, c’est-à-dire que l’Humanité et le Prolétariat auront le génie qu’eux-mêmes n’ont pas, c’est-à-dire, encore, que ces Guides de l’Humanité et du Prolétariat ne savent pas où les conduire, c’est-à-dire, enfin, que, d’ici-là (Quand ? Jamais.), nul ne peut ni ne doit tenir un discours anti-capitaliste différent et plus consistant qui ferait de l’ombre aux Êtres de Lumière que sont ces adeptes du RIEN, ces chantres du néant, ces champions du vide.

Plus exactement, les marxisants sont fondamentalement spiritualistes et raisonnent avec les hommes comme si ceux-ci étaient ou pouvaient être ici-bas des esprits à l’état pur. Ils ne cherchent donc pas à résoudre les problèmes concrets, puisqu’ils croient que, avec la fin du capitalisme, les hommes seront des êtres parfaits, quasi désincarnés et interconnectés aussi bien entre eux qu’avec le Tout. Sauf que la Terre n’est pas, par définition, le séjour des Dieux ou des Anges, mais celui d’êtres de chair et de sang. C’est cette approche verticale (spirituelle) des choses qui les amène à nier le réel et à tenir un discours surréaliste, impropre à résoudre le problème social (horizontal), c’est-à-dire celui des rapports entre des êtres ayant une survie à assurer, des besoins à remplir et une société à organiser. Ils occultent les contingences matérielles parce qu’ils croient que, délivrés du capitalisme, les hommes seront des Êtres de Lumière et d’Amour, sans désirs, sans passions, sans besoins, sans limites. Ils ne raisonnent pas avec les hommes qui existent mais d’après des hommes qui, même sans Largent, ne seront jamais tels qu’ils se les imaginent. Ils nient les hommes eux-mêmes, d’où leur tendance à parler « d’humains » (faute de pouvoir parler ouvertement d’« esprits » ou d'« anges »), terme aseptisé au possible qui a cependant l’avantage de leur conférer une aura humaniste alors que, à bien y réfléchir, il n’y a rien de plus déshumanisant. En fait, ils ne sont pas anticapitalistes ; ils sont contre tout ce qui a une réalité. Ils ne veulent pas l'anéantissement de Largent, donc du capitalisme, de l'individualisme et de l'inégalité ; ils veulent l’éradication de toute chose ; ils voudraient que le monde réel soit irréel, qu’il réponde à leurs fantasmes, qu'il devienne, comme par enchantement, une sorte de Paradis indéfinissable. Tout ceci explique pourquoi ils sont réticents à aborder les questions concrètes — qui pour eux n’ont pas lieu d’être et pour lesquelles ils n’ont, de toute façon, aucune réponse sérieuse (au pire, l’Humanité y répondra en temps et en heure) — et aussi pourquoi, quand ils sont contraints de répondre quelque chose pour sauver la face, ils prônent le mondialisme et le collectivisme, donc le collectivisme mondial (tout ne fait qu’un), ce qui n’est jamais qu’une réponse de Normand. Car ils se gardent bien de rentrer dans les détails pratiques d’une idée aussi foireuse ; ils sont évasifs et surréalistes ici comme partout. Bref, tout cela ou RIEN, c’est du pareil au même. CQFD

 

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10:45 Écrit par Philippe Landeux | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 01 février 2019

THÉORIE DE LA PROPRIÉTÉ (livre)

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La question de la Propriété n’occupe pas le débat social depuis toujours par hasard. Le fossé entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas devait nécessairement être au cœur des conflits sociaux et amener des interrogations. Aussi une foule d’auteurs s’est-elle penchée sur le problème, soit pour le justifier et s’en accommoder, soit pour en comprendre l’origine et y remédier. Mais, si tous en ont senti l’enjeu, aucun n’a percé son mystère. Tous ont été influencés par les « propriétaires » qui réclamèrent et réclament encore à grands cris que la Propriété soit reconnue comme un droit fondamental et sacré, de sorte que, cédant à un réflexe d’opposition, nul n’est allé assez loin dans l’analyse pour se rendre compte que la Propriété est en soi un faux débat et que la clé du problème social est ailleurs.

Ouvrage disponible sur TheBookEdition :

Version papier : 17,50 € + frais de port

Version PDF : 7,00 €

14:18 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 12 janvier 2019

LE MUR INVISIBLE

« Peu m’importe de le concevoir,
si l’expérience m’atteste qu’il existe. »

Robespierre, 31 mai 1783

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Un vieil ami vient enfin de comprendre ce que je lui dis depuis 15 ans. J’avais beau lui expliquer sur tous les tons ; il n’entendait pas. Du reste, je sais qu’une coquille ne peut se briser que de l’intérieur. Il fallait qu’il ait un déclic ; il vient de l’avoir. Il l’a eu tout seul mais une réflexion qu’il s’est fait de son côté lui a soudain fait se remémorer tout ce que je lui avais dit. Soudain, ce qui lui paraissait obscur est devenu pour lui évidence. C’est lui, maintenant, qui explique aux autres.

 

« Je me souviens de nos discussions. Plus exactement, je me souviens qu’il [Philippe Landeux] me parlait, mais je n’entendais rien de ce qu’il me disait. Je le prenais pour un illuminé. Je le trouvais rébarbatif à toujours parler d’argent. J’étais fort de mes certitudes. Maintenant que j’y songe, je mesure combien j’étais creux et ridicule. Je croyais être supérieur au troupeau parce que je marchais en parallèle sur des chemins moins fréquentés qui ne mènent eux-mêmes à rien. En fait, je tournais en rond comme tout le monde. Je me rends compte que je n’étais pas prêt à faire le bond prodigieux auquel il m’invitait. Il me tendait la main pour m’aider et je me convainquais qu’il demandait l’aumône. Quel courage ! Quelle patience ! À sa place, j’aurais eu pitié de moi, comme les autres, aussi sourds que moi avant, me font pitié aujourd’hui. Je n’ai pas sa force. Lui, il s’est construit tout seul contre le monde entier. Il a tout supporté sans broncher, sans dévier, sans s’emporter, sans se perdre. L’image qui me vient est celle d’un phare planté sur un rocher en haute mer. Moi, j’ai la fébrilité d’un chien qui vient de trouver un os. J’oublie que Philippe Landeux m’indiquait depuis 15 ans où le trouver, et je deviens fou quand, indiquant à mon tour aux autres où le trouver, je les vois passer à côté ou s’en détourner. Il faut que je me calme. J’étais comme eux et je sais pourquoi.

» Nous avons un mur dans la tête, un mur invisible, dont nous ne soupçonnons pas l’existence, un mur pourtant évident dont nous allons jusqu’à nier l’existence quand on nous la signale. Ce mur forme une prison mentale. Nous nous croyons libres parce qu’il n’y a pas de mur autour de nous. Inutile ! Le mur est en nous, dans notre esprit. Nous ne le concevons pas parce qu’il a façonné notre conception des choses et que nous voyons le monde à travers lui. Ainsi, le monde est-il ce que nous en faisons en fonction de ce que nous pensons, et ce que nous pensons nous est inculqué par le monde tel qu’il est. C’est un cercle vicieux. Tout se tient ! Tout est conforme ! Tout est normal ! Tout va très bien, madame la marquise !

» Ce mur, c’est Largent. J’ai longtemps cru que « Largent » était la monnaie, qui n’est elle-même, d’après moi et selon l’opinion générale, qu’un instrument neutre. Je me trompais déjà sur la monnaie : elle n’est pas neutre puisque, d’une part, elle fonctionne selon des règles propres et immuables, qui tiennent à son origine et à sa nature, puisque, d’autre part, elle a des effets logiques et inévitables, pour ainsi dire « mathématiques » ; de sorte que les hommes, qui cautionnent son existence, sont obligés de jouer à son jeu et d’en subir les conséquences, quitte à s’en plaindre en vain. Je faisais mon mariole en disant qu’il dépendait des hommes d’utiliser la monnaie autrement, correctement, de la mettre au service de l’Humanité ! Je ne comprenais vraiment rien à rien. C’est dingue ! Je ne voulais pas entendre ce que Philippe Landeux me disait. Ou plutôt, mon esprit refusait de l’entendre, et ce pour une raison simple : ce qu’il disait remettait en cause mon logiciel et je « buggais », ni plus ni moins. Moi, l’homme libre, je réagissais en robot !

» Ce que me disait Philippe Landeux sur le système monétaire, sur le fonctionnement et les effets de la monnaie, sur le fait que nous jouons au Monopoly grandeur nature, avec les conséquences désastreuses, d’un point de vue général, qui sont bien celles du Monopoly, tout cela aurait été acceptable et audible s’il n’allait lui-même beaucoup plus loin. Il ne se contentait pas de dénoncer, comme tout le monde, « Largent roi » ; il appelait à le renverser, à l’anéantir au nom de l’Égalité et de la Patrie ! Pour commencer, cela implique d’envisager de sortir du système monétaire, ce qui, pour des esprits formatés par le système monétaire lui-même, est déjà inconcevable et rédhibitoire. Mais la monnaie n’est pas Largent ! Elle n’en est que l’instrument. Ce que Philippe Landeux appelle « Largent », c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. C’est cette croyance, née de la pratique du troc et qui véhicule les schémas de ce mode d’échange, c’est cette croyance, dis-je, qui nous condamne à recourir à des unités de valeur que nous appelons « monnaie ». Cette croyance, quelle qu’ait été son origine, nous est aujourd’hui inculquée par le système monétaire dans lequel nous vivons. Le système nous inculque sa logique profonde et, logiquement, nous ne concevons d’autres mécanismes que les siens, nous sommes, pour ainsi dire, programmés pour reproduire ce système. Ainsi, quand Philippe Landeux parle d’anéantir Largent, si cela suppose d’instaurer à terme un système fondé sur autre chose, cela consiste, en premier lieu, à identifier cette croyance universellement partagée et à la remettre en cause. Autrement dit, il s’attaque à une idée qui est en chacun de nous, que chacun défend comme si elle était la sienne propre ou, pire, s’obstine à en nier l’existence pour ne pas avoir à en admettre les conséquences et reconnaître sa part de responsabilité. Mais, qu’il s’agisse de défendre un préjugé en tant que tel ou de refuser d’admettre ce préjugé pour ne pas avoir à remettre en cause la vision du monde et les options personnelles que cette vision (combinée au caractère individuel) a déterminées, dans les deux cas, chacun sent bien qu’un pas dans cette direction ébranlerait tout ce qu’il tenait jusque-là pour acquis. Inviter à faire ce pas est perçu et présenté comme une agression, ce qui justifie d’être agressif en se faisant passer pour l’agressé et de se dérober au débat en prétendant que l’on ne peut pas discuter. Du reste, l’esprit va plus vite encore. Il perçoit la menace bien avant l’intellect. Le mur invisible est étanche. Il empêche autant de rentrer que de sortir. Au moindre danger extérieur ou intérieur, au moindre risque de lézarde, il ferme les écoutilles et lance le pilote automatique. Ainsi des hommes qui dénoncent tous les aspects du système monétaire se mettent au garde-à-vous devant Largent ; des hommes lucides trouvent extravagant de lier les problèmes financiers à l’existence de la monnaie, et le recourt à des unités de valeur à la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; de soi-disant anticapitalistes débitent soudain tous les préjugés monétaires. Ils sont programmés. Ils croient exprimer leurs idées, mais c’est Largent qui parle à travers eux.

» Nous sommes tellement persuadés de savoir ce qu’est Largent que nous ne nous posons jamais sérieusement la question et n’avons à son sujet que des réponses toutes faites et grotesques. Comme je l’ai dit, on ne voit pas au-delà de la monnaie sur laquelle on se trompe déjà du tout au tout. Que la monnaie, qui met en œuvre une certaine conception de l’échange, soit le fruit d’une certaine logique, d’une certaine idée, nous sidère ! Affirmer que la notion de valeur marchande est une croyance nous révolte ! Non ! La notion de valeur marchande est une certitude ; elle est indispensable aux échanges ! Nous contestons la définition que Philippe Landeux donne de Largent en opposant la définition même de Largent, en prouvant que nous sommes imprégnés au plus profond de nous-mêmes par la croyance en question !

» Cette certitude et cet enfermement seraient néanmoins compréhensibles si Philippe Landeux ne révélait les raisons et le moyen de sortir du système monétaire, s’il n’y avait donc pas d’alternative. Car le fait qu’il y en ait désormais une démontre que la notion de valeur marchande n’est pas absolument nécessaire pour échanger (sauf dans le cadre du système monétaire où l’échange est organisé par rapport à elle) et que cette notion, cette idée, loin d’être une certitude, une vérité éternelle, n’est bien qu’une croyance passagère et un mensonge. Mais Largent, ce mur que nous avons dans la tête, nous interdit d’être honnêtes ; il nous empêche d’entendre ce discours qui le menace ; il nous empêche de comprendre le ressort du monde qui est le nôtre ; il nous empêche, à plus forte raison, d’imaginer le ressort d’un monde autre. Ainsi nous n’entendons pas plus ce que Philippe Landeux nous dit sur Largent que ce qu’il nous dit sur l’Égalité ou sur la Société qu’il appelle « la Cité ». Je vais quand même essayer de vous exposer le cœur de son projet qui n’est pour l’instant qu’une théorie, comme l’est tout projet pour l’avenir.

» Il part de l’idée qu’une Société est composée de Citoyens, que la Citoyenneté signifie la même chose pour tous les individus qui en sont revêtus, donc que tous les individus qui veulent être Citoyens doivent être soumis aux mêmes conditions pour le devenir et le demeurer. Tous les Citoyens ont donc les mêmes devoirs et doivent donc jouir des mêmes droits. Il explique d’ailleurs que la notion de devoir (envers les autres, envers ses Concitoyens, envers la Cité) n’a de sens que dans la réciprocité, et que des Citoyens ayant nécessairement les mêmes devoirs les uns envers les autres se garantissent mutuellement les mêmes droits. Pour lui, les notions de devoirs, de droits, d’Égalité, de Citoyenneté, de Société ou Cité sont indissociables, ou ne sont que des mots creux, comme c’est le cas aujourd’hui — ce qui amène à se demander comment il a pu articuler un tel discours alors que les notions auxquelles celui-ci fait appel n’existaient pas. Voilà le pourquoi de l’Égalité, d’une d’Égalité purement théorique à ce stade mais qui, déjà, rompt avec les foutaises universalistes. Voilà maintenant le comment :

» Un des principaux devoirs du Citoyen est de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation. En retour, le principal droit du Citoyen est de profiter des bienfaits de sa Cité, bienfaits à l’existence desquels il a contribué, par ses devoirs, à l’égal de ses Concitoyens. Comme une partie de ces bienfaits consiste en produits et services mis sur le marché, le droit pour les Citoyens de profiter des bienfaits de leur Cité implique celui d’accéder au marché. Entendons bien que c’est la Citoyenneté, ou le fait d’être Citoyens, qui leur confère non seulement le droit d’accéder directement au marché mais encore d’y accéder librement sans autres limites que la nature des choses et éventuellement la loi. C’est ici que Largent fait généralement barrage et que l’esprit se ferme soudain à ce qui lui paraissait logique jusque-là et qui ne l’est pas moins par la suite. Car c’est ici que l’esprit comprend que cette logique est mortelle pour Largent et, en premier lieu, pour la monnaie. En effet, quelle est la fonction de la monnaie si ce n’est de conférer du droit d’accéder au marché — en proportion des unités dont chacun dispose, quelle que soit la manière dont il se les ait procurées. Mais que devient la monnaie, si le droit d’accéder au marché est conféré par la Citoyenneté elle-même ? Il n’y en a plus, tout simplement. Ce qui signifie aussi plus de prix, plus de valeur marchande, plus de salaires, plus d’impôts, plus de taxes, plus de loyers, plus d’assurances, plus de banques, plus d’économies, plus de spéculation, plus rien de ce qui fait le monde actuel. Ici, les gens voient leur monde s’effondrer. Ils arguent que cette histoire de Citoyenneté ne changerait rien alors même qu’ils pressentent que cela changerait tout, comme si leur but était finalement que rien ne change. En fait, Largent reprend les commandes de leur esprit pour leur faire préférer un marasme certain à la plus grande révolution de tous les temps. Plutôt que d’entrevoir les possibilités infinies qu’ouvre cette idée, ils la rejettent avant même de la saisir et volent au secours de Largent en danger !

» Mais allons plus loin. Si la Citoyenneté confère le droit d’accéder librement au marché, il faut que les Citoyens disposent d’un moyen d’attester leur Citoyenneté auprès des commerçants. Pour ce faire, la technologie moderne offre mille solutions. Philippe Landeux préconise l’utilisation de cartes à puce qui auraient l’avantage de s’utiliser comme les cartes de crédit et d’opérer ainsi la transition sans heurter les habitudes. Ces « cartes civiques » ne serviraient pas à vérifier la présence de crédits sur un compte et à les transférer mais simplement à vérifier l’information au sujet de la Citoyenneté, qui ne se mesure pas, qui est ou n’est pas. L’enregistrement des achats permettrait également d’attester l’activité des commerçants et des entreprises en général, c’est-à-dire qu’elles aient bien rempli leur devoir, car n’oublions pas que la Citoyenneté doit être méritée aux yeux de la Cité et que tout Citoyen, s’il est un consommateur, est d’abord un producteur, donc un commerçant. Je simplifie. Certains Citoyens ne sont pas des producteurs mais participent néanmoins à la vie de la Cité d’une manière reconnue ; d’autres sont des producteurs, des travailleurs, mais dans le cadre d’entreprises collectives, et ce sont elles qui, en tant que personnes morales, ont le devoir de participer à la vie de la Cité selon ce que celle-ci considère comme une participation, ce sont elles, et non leurs employés individuellement, qui sont soumises au contrôle de la Cité. Quand tout va bien pour une entreprise, tous ses employés sont Citoyens ; quand une entreprise est sanctionnée, la même sanction est infligée à tous les employés. Voilà de quoi susciter l’esprit d’entreprise ! Notons encore que les entreprises, qui, par définition, travaillent pour le marché, pour le public, pour la Cité, sont donc considérées comme remplissant une fonction publique et sont tenues à des résultats (de « vente »), étant par ailleurs entièrement libres de gérer leur activité (recrutement, licenciement, objectifs, etc.). Tout cela pour dire que le simple fait d’attacher le droit d’accéder au marché à la Citoyenneté, et non plus à la monnaie, bouleverse les concepts et implique une multitudes d’adaptations, comme nous nous sommes adaptés à la monnaie et à sa logique aussi absurde et antisociale soit-elle. Rien n’est impossible avec un peu d’imagination. Ne voient partout des obstacles insurmontables que ceux qui cherchent des prétextes pour rester où ils sont.

» Mais je reviens au point essentiel, à la « carte civique » qui est la clé de la Cité. Peut-on douter que l’avenir soit aux cartes ? N’est-ce pas déjà le cas ? Qu’y a-t-il d’impossible, techniquement, dans la révolution que propose Philippe Landeux ? Le système actuel met lui-même en place les infrastructures nécessaires à la Cité ! Il le fait avec une autre idée, poussé par des raisons techniques et idéologiques, mais il le fait quand même. Par ailleurs, est-il si invraisemblable que la monnaie disparaisse ? La monnaie a évolué dans sa forme (denrées, objets, pièces, papier) et en est arrivée à n’être plus que des chiffres sur des ordinateurs ; elle est désormais virtuelle ; il ne reste d’elle que son principe. Il est vrai que tout est dans le principe. Mais quelque chose qui évolue a un début et une fin. Or quelle pourrait être la dernière étape de la monnaie si ce n’est celle de l’ère de la monnaie virtuelle, celle où elle se confond avec Largent lui-même ? Bien sûr, pour lui donner le coup de grâce et basculer vers un autre système, il faudrait une autre conception de l’échange ou d’autres principes. Mais n’est-ce pas précisément ce que Philippe Landeux nous apporte sur un plateau ? L’idée est là. Les moyens sont là. Ne manquent que la volonté et l’occasion.

» Mais Largent ne capitule jamais. Face à de telles évidences, il pousse soit à fuir lâchement (avec parfois quelques invectives en guise de baroud d’honneur), soit à ergoter pour fuir mentalement — car peu importe les réponses aux objections, le but est de se donner une contenance tout en n’écoutant plus, comme un sous-marin lance des contre-mesures. Je le sais, je l’ai fait pendant 15 ans ! Après le fameux et ridicule « l’argent n’est qu’un moyen », qui vient beaucoup plus tôt dans la discussion, on pourrait avoir droit, au point où nous en sommes rendus, à « l’argent a toujours existé ». Il est extraordinaire de pouvoir dire sérieusement des bêtises pareilles ! Tout d’abord, ni Largent ni la monnaie n’ont toujours existé. L’existence de l’un et l’autre remonte à seulement quelques milliers d’années. Ensuite, c’est précisément le fait qu’ils soient d’un autre âge qui les condamne. Qui ignore qu’en moins de deux siècles le monde a basculé dans une nouvelle ère ? Ce mode d’échange qui est né dans la nuit des temps (de notre point de vue), à une époque où les hommes produisaient de manière artisanale, qui était tant bien que mal adapté à ce mode de production, est totalement anachronique à l’heure de la production industrielle. N’y a-t-il pas un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production ? C’est une chaîne. Si le mode de production change, le mode d’échange doit s’adapter et s’adaptera par la force des choses ; dans l’intervalle, il constitue un handicap et suscite des problèmes insolubles aggravés par les fuites en avant. Le mode de transport aussi a changé… A-t-on jamais vu quelqu’un donner du foin à sa voiture ?

» Une objection un peu plus sérieuse est celle qui consiste à craindre qu’un système non-monétaire ne puisse plus importer et soit coupé du monde. Le problème peut être soulevé pour obtenir une réponse ou pour tendre un piège. C’est effectivement une question que je me posais au lieu de chercher moi-même la réponse, pourtant simple. On se dit que l’argent sert à acheter, donc que, sans argent, on ne peut pas acheter. Mais on oublie deux choses : 1) avant de dépenser de l’argent, il faut le gagner, 2) la Cité fonctionnera comme une Société, c’est-à-dire comme un être collectif. Autrement dit, pour que les Citoyens ou les entreprises et au final la Cité puissent importer, il faudra d’abord que la Cité produise, exporte, vende et constitue ainsi un budget qui lui permettra de payer matières et produits étrangers. Il faut se placer dans le cadre de la Cité où le travail des Citoyens est récompensé par la Citoyenneté mais n’est pas payé au sens monétaire du terme ; un travailleur ne coûte rien. Une entreprise qui exporte de sa propre initiative — parce que les clients étrangers entrent dans le bilan de son activité — ou à la demande de la Cité — pour équilibrer la balance commerciale — n’a pas besoin, si ce n’est à la marge, de l’argent que génère la vente de ses produits. C’est donc la Cité, via l’État, le Trésor public ou quelque organisme chargé de cette mission, qui recueillera cet argent et qui, à l’inverse, financera les importations. La pratique exigera la mise en place d’une administration et de procédures, mais on voit que le principe est fort simple.

» Une autre objection — et je m’arrêterai là —, en rapport avec ce que je viens de dire, est de prétendre que les Citoyens et les entreprises n’auront plus ni intérêt ni motivation à travailler. Travailler le plus souvent pour une misère serait donc plus intéressant qu’avoir accès à tout ? Être traité en Citoyen serait moins motivant qu’être traité en esclave ? Ce n’est pas parce que les Citoyens ne recevront pas d’argent contre leur travail qu’ils n’en retireront pas du pouvoir d’achat en contre partie ! Au contraire ! Payer le travail avec de l’argent, c’est voler les travailleurs, c’est permettre à une minorité, qui capte l’argent, de détourner à son profit l’essentiel du fruit du travail collectif et de dépouiller les travailleurs de tout ou partie de leurs droits de Citoyens. Le salaire le plus digne des travailleurs, qui sont avant tout des Citoyens, c’est la Citoyenneté, qui comprend le Droit d’accéder librement au marché et qui assure à tous les Citoyens une véritable égalité en Droits. Ce Droit ne tombera pas du Ciel ! Les Citoyens devront le mériter en remplissant (individuellement ou collectivement) leur Devoir envers la Cité, sous peine de sanctions (collectives et individuelles). En fait, ils ne se poseront plus la question de ce qu’ils ont à gagner, question qui nous obsède aujourd’hui mais qui, alors, n’aura plus aucun sens. Ils feront leur Devoir soit par plaisir, soit par conscience professionnelle, soit pour éviter des sanctions. Peu importe ! Ils le feront ; ils feront ce que la Cité attend d’eux ; les entreprises produiront ; la Cité produira, exportera, importera.

» À ceux dont le premier réflexe est de voir dans la Cité un système communiste, parce qu’ils veulent se trouver une nouvelle excuse pour « zapper », Philippe Landeux répond que ce sera un régime libéral sans capitalisme. Ceux qui ont ce réflexe n’ont guère réfléchi au rôle d’un moyen d’échange en général et à celui de la « carte civique » en particulier. Un système est étatique quand l’État se charge de la répartition du produit collectif. Or, par l’instauration de la carte civique, les Citoyens procèderont eux-mêmes à la répartition en exerçant leur Droit d’accéder au marché. Ils seront donc libres comme jamais de consommer. Ils seront libres, dans la mesure des leurs capacités et de la nature des choses, de choisir leur activité. Ils seront libres comme jamais de créer des entreprises. A ce propos, la Cité ne dira pas aux entreprises ce qu’elles devront faire ; elle exigera simplement qu’elles fassent ce qu’elles-mêmes prétendront faire. Pour la première fois, les Citoyens seront vraiment égaux en Droits… égaux par le haut. Et la Cité sera une véritable Démocratie par la force des choses, contrairement au système monétaire qui, de par les mécanismes de la monnaie, est fatalement inégalitaire et ploutocratique, ou pour le moins tyrannique.

» Que l’inconnu fasse peur, soit ! Mais s’abaisser à présenter ce système comme du communisme, c’est un peu comme accuser le chien le plus doux d’avoir la rage pour pouvoir l’abattre. Je n’ai pas tout développé, mais la Cité est le système le plus social, le plus libéral, le plus égalitaire, le plus juste, le plus démocratique, le plus patriotique, le plus efficient, le plus républicain, le plus humaniste même ; elle est le meilleur de tous les systèmes politico-économiques, pour la simple raison qu’elle a pour seule boussole les Principes de l’Ordre social, quand les autres composent avec Largent, voire se couchent devant lui. Elle résoudra instantanément des problèmes absolument insolubles dans le système monétaire, comme le chômage, les délocalisations, l’immigration, l’exploitation, le financement des retraites, la délinquance, le vol, le racket, le stress, etc. Ce n’est pas magique ! Elle s’attaque aux causes et fermera simplement le robinet. Par ailleurs, en n’étant plus soumise aux contraintes financières, elle pourra aborder sous un autre angle tous les problèmes qui resteront et tous ceux qui se présenteront ; les Citoyens et la Cité pourront faire tout ce qu’ils auront la volonté et les moyens techniques de faire ; ils n’auront de limite que leur imagination.

» Il m’a fallu 15 ans, à moi aussi, pour comprendre qu’une Société ne peut être en harmonie que si elle repose sur ses Principes, sur les Principes de l’Ordre social ; que, dans le cas contraire, elle est nécessairement chaotique et ne mérite pas même le nom de « Société ». Je me rends compte aujourd’hui combien il faut être conditionné pour ne pas voir, malgré tous les signes, que le système monétaire et sa logique d’échange sont incompatibles avec la Société et la logique sociale. Je mesure combien il est dément de s’acharner à essayer de faire entrer des carrés dans des ronds en espérant que tout finira par rouler. Je sais la raison de cet acharnement. Notre nature sociable nous pousse vers la Société. Mais nous nous heurtons à un mur… en pratique, mais d’abord en pensée. Le système monétaire est intrinsèquement inégalitaire et antisocial ; il suffit à faire échouer toutes les « révolutions » qui ne le frappent pas au cœur. Mais si nous ne visons pas au cœur, c’est parce que nous sommes incapables de voir ce coeur et surtout de concevoir la monnaie comme tel. S’il est vrai qu’il faut parfois voir pour croire, le plus souvent on ne voit que ce que l’on croit. C’est le cas ici. Notre cécité n’est pas physique, elle est mentale. Avant de nous cogner au mur de la réalité, nous nous cognons tous à celui de Largent, c’est-à-dire à ce mur invisible que constitue dans notre esprit « la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger », d’où découle la croyance que la monnaie aussi est nécessaire, deux croyances dont nous n’avons pas même conscience. Au final, les hommes se partagent en deux catégories : ceux qui défendent Largent, et ceux qui ne l’attaquent pas. Les premiers se soumettent à lui dès qu’ils s’y cognent, et font leurs toutes les notions qui lui sont consubstantielles : individualisme, universalisme, matérialisme, inégalité, oligarchie. Les seconds n’attaquent pas Largent : ils croient pouvoir le contourner. Mais si Largent ne suffit pas à détourner ces derniers de vouloir changer les choses, ayant la fibre sociale plus solide, il les a malgré tout pétris de préjugés qui les réduisent à l’impuissance en leur inspirant de fausses solutions, notamment en leur faisant systématiquement épargner la monnaie. Ils se cognent donc à la réalité du système monétaire parce que, à défaut d’avoir été stoppés net par Largent, celui-ci les a quand même fait dévier de la bonne route et les a envoyés dans le fossé. Ils peuvent s’y essayer cent fois, le résultat sera le même ou tout aussi désastreux. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

» Il fallait donc signaler ce mur invisible de Largent. C’est chose faite. Il fallait encore indiquer la route de la véritable Égalité. C’est fait aussi. Dès lors, que dire de plus à des Citoyens en puissance et aux hommes de bonne volonté ? »

22:59 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 21 décembre 2018

COMPRENDRE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (vidéo)

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LES GRANDES LIGNES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état (5 mai 1789).

Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés.

Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit (21 juin 1791) mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars (17 juillet 1791).

Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit (1er octobre 1791). Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie.

C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.]

La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins.

Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée.

Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté (27-28 juillet 1794 - 9-10 thermidor an II), non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis.

Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.

ANALYSE

Qu’est-ce que la Révolution française ?

La profusion d’événements, souvent trompeurs, parfois tragiques, qui jalonnent la période que l’on appelle « la Révolution française de 1789 », permet de voir dans cette histoire tout et son contraire et d’en saisir d’autant moins le fond qu’elle est vue à travers le prisme des anachronismes, des fantasmes, des passions, des préjugés, du pathos, des intérêts inavoués ou mal compris, des accusations grossières, des interprétations absurdes, des récupérations honteuses, etc.

La trame de la Révolution est pourtant fort simple. Il s’agissait, ni plus ni moins, que du combat éternel des pauvres contre les riches, des exploités contre les exploiteurs, des tenants de la souveraineté du Peuple contre toute forme de tyrannie, de la démocratie contre l’oligarchie ploutocratique, de l’Égalité contre Largent en dernière analyse. Mais le système monétaire est, par définition, le royaume de Largent. Il est naturel que Largent règne. Que son règne soit contrarié ou contesté, le naturel revient toujours au galop. C’est exactement ce dont la Révolution a été le théâtre.

En 1789, les riches, qui pressaient depuis longtemps, pensent avoir gagné. Mais une opposition populaire, égalitaire, démocratique, patriotique, prend corps et se renforce jusqu’à être un moment la plus forte, en 1793. Les riches, les bourgeois sont alors dans leurs petits souliers. Mais les limites conceptuelles des révolutionnaires, liées aux impossibilités de leur temps, et les contradictions internes à leur mouvement, qui en résultaient, devaient les conduire à l’échec et provoquer fatalement le retour en force des riches, qui eut lieu en 1794 et marqua la fin de la Révolution, c’est-à-dire de la montée en puissance des aspirations populaires et du mouvement révolutionnaire. C’est l’échec des révolutionnaires, concrétisé par l’exécution de Robespierre, qui marque la fin de la Révolution et l’avènement du règne incontesté de Largent jusqu’à nos jours.

Hors de cette lecture, la Révolution française est incompréhensible et n’a même ni début ni fin. Si elle n’est pas caractérisée, comme je le dis, par la montée en puissance du mouvement populaire, démocratique, égalitaire et patriotique, jusqu’à son écrasement, alors quoi ? Elle serait un événement bourgeois ? Mais si la Révolution avait été « bourgeoise », on ne la distinguerait pas de la période qui suit, et à peine de celle qui précède. Sans la Révolution, la bourgeoisie serait arrivée au pouvoir (avec ou sans roi) ; elle y était dès 1789 et elle l’a retrouvé en 1794. Entre ces deux dates, il s’est passé quelque chose ; quelque chose qui a rompu le cours de l’Histoire, à un moment où la bourgeoisie avait le vent en poupe ; quelque chose qui, n’étant pas ordinaire, mérite que cette période précise soit appelée « Révolution ». Les révolutionnaires, ce n’était pas les bourgeois… C’était précisément ceux qui contestaient leur hégémonie. Dans cette histoire, les bourgeois, ceux qui prônaient le libre marché (c’est-à-dire la liberté de spéculer sur la misère publique), ceux qui sacralisaient la Propriété (c’est-à-dire le fruit de leurs magouilles), ceux qui voulaient tout juger à l’aune de l’argent (parce que c’est eux qui l’avaient), ces bourgeois, dis-je, étaient des contre-révolutionnaires. Ils existaient à l’époque de la Révolution, ils en étaient les contemporains, mais ils incarnaient tout le contraire.

En fait, il y avait deux contre-révolutions. La contre-révolution aristocratique, celle des nobles qui défendaient la monarchie parce que leurs privilèges en dépendaient, qui détestaient autant les bourgeois arrivistes que le peuple revendicatif ; et la contre-révolution bourgeoise, celle des riches qui avaient pris la place des nobles et méprisaient le peuple autant sinon plus que ces derniers. Mais les bourgeois étaient dans le sens de l’Histoire. Ils ne devinrent des contre-révolutionnaires que parce qu’ils eurent en face d’eux des révolutionnaires, des vrais, issus eux aussi de la bourgeoisie, mais qui voulaient sincèrement le bien du peuple, défendaient ses droits et étaient soutenus par lui. Au vrai, la contre-révolution aristocratique fut inexistante, sinon anecdotique ; les nobles émigrèrent d’eux-mêmes dès 1789. La Révolution mit essentiellement aux prises le peuple, donc, et les bourgeois. Dans un premier temps, les révolutionnaires s’opposèrent, en vain, à la destruction, par les bourgeois, de tout ce que l’ancien régime avait de protecteur pour le peuple ; dans un second temps, une fois au pouvoir, ils restaurèrent tant bien que mal ce qu’ils purent, tout en devant gérer le chaos dans lequel les bourgeois avaient plongé la France. Au final, les bourgeois tirèrent les marrons du feu. Ils annulèrent tout ce qu’avaient fait les révolutionnaires et jetèrent les bases du système qui est encore le notre aujourd’hui. Nous ne vivons pas sur l’héritage des révolutionnaires mais sur celui des contre-révolutionnaires bourgeois. La République a bien été proclamée, par nécessité, sous l’impulsion des révolutionnaires, en 1792 ; mais la République façonnée ensuite par les bourgeois n’a rien à voir. « République » n’est qu’un mot. Il faut regarder ce qu’il y a derrière et qui l’a mis.

Certains ne retiennent de la Révolution que les événements sanglants dont il est possible de rendre, à tort ou à raison, les révolutionnaires responsables. Bien sûr, quand c’est le leur qui coulait, c’était pour la bonne cause, cela ne compte pas ! Le sang du peuple qui défend ses droits ne vaut rien. C’est assez dire de quel côté penchent les gens qui jugent la Révolution selon de telles considérations. Quoique qu’il faille distinguer les faiseurs d’opinion de leurs dupes. Personne ne s’avance en se disant « ennemi du peuple » ! C’est toujours sous prétexte de défendre le peuple que l’on calomnie ses véritables amis, que l’on tourne contre eux ceux qui devraient les soutenir, et que l’on détourne ainsi les regards de ses buts inavouables. La méthode n’a pas changé. Regardez comment fonctionnent aujourd’hui les ennemis du peuple et imaginez la boue qui a été déversée sur les révolutionnaires depuis 200 ans. Il n’est donc pas étonnant que certains aient embrassé en théorie la cause de ceux qu’ils auraient combattu en réalité, comme ils le font aujourd’hui, confrontés aux mêmes problèmes.

Le véritable drame des révolutionnaires, c’est d’avoir échoué. Vae victis ! (Malheur aux vaincus.) Mais leur combat est toujours d’actualité, à quelques mises à jour près : pauvres contre riches, peuple contre « élites », démocrates contre ploutocrates, patriotes contre mondialistes, résistants contre collabos, et toujours, en dernière analyse, Égalité contre Largent. Notre drame, à nous, serait de ne pas comprendre les raisons fondamentales de l’échec des révolutionnaires (ce que des visions délirantes de la Révolution ne permettent pas de comprendre). Ils se battaient pour l’Égalité et la Patrie, contre Largent, mais ne se sont pas attaqués à lui en personne, pour ainsi dire ; ils s’opposaient à son absolutisme mais ne contestaient pas son existence même. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ne pouvaient pas le faire en leur temps. Aujourd’hui, nous en avons les moyens. Toute la question est : Saurons-nous être des révolutionnaires à la mode du XXIe siècle ? Saurons-nous réinventer la Révolution… et triompher, cette fois ?

 

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux

21 décembre 2018

mercredi, 19 décembre 2018

LES GILETS JAUNES & LES RÉVOLUTIONS d’hier et de demain (vidéo)

Les Gilets jaunes sont un mouvement inédit dans l’Histoire de France. Jamais on avait vu le peuple se lever non seulement sans chefs, mais encore sans vouloir s’en donner. Il n’y a pas de chefs ; il n’y a personne derrière ou au-dessus, pas de structure, pas de groupe organisés, encore moins d’État étranger, même si les médias cherchent à les discréditer en prétendant le contraire. C’est inédit. Dès lors, l’Histoire peut-elle nous apprendre quelque chose ? J’aimerais survoler avec vous deux épisodes de l’Histoire de France, la Révolution et la Commune de 1871, pour voir quelles leçons on peut éventuellement en tirer.

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image ou ICI

Le premier, c’est évidemment 1789. Les Gilets jaunes sont sociologiquement les Sans-culottes de l’époque. Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état. Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés. Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars. Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit. Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie. C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.] La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins. Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée. Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté, non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis. Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.

Le deuxième épisode intéressant est celui de la Commune de Paris de 1871, qui dura à peine deux mois. La chute du second Empire, après la défaite de 1870, donna lieu à la naissance d’une République aristo-bourgeoise capitularde. Les Parisiens, qui avaient soutenu un siège terrible et dont les troupes avaient été sacrifiées délibérément par des officiers propres sur eux, n’acceptaient pas l’orientation politique du nouveau régime (pourtant issu des urnes). Ils se soulevèrent le 18 mars 1871. L’Assemblée qui avait senti la colère monter, d’autant plus qu’elle l’attisait, avait déjà déménagé de Paris à Versailles, où Monsieur Thiers, chef du gouvernement, la rejoignit bientôt en hâte, ainsi que la fine fleur de Paris. [Erreur : L'Assemblée siégeait à Bordeaux avant de se réunir à Versailles.] Le soulèvement spontané avait été provoqué par l’ordre d’enlever les canons de Belleville, les canons de la garde nationale, payés par les Parisiens. [Erreur : Les canons, inutilisables, étaient à Montmartre. Oubli : La troupe avait mis crosse en l’air et rallié le peuple.] Le comité central de la garde nationale assura aussitôt le pouvoir, le temps que des élections soient organisées. Mais, une fois la Commune élue, le Comité conserva ses prérogatives et lui fit concurrence. Par ailleurs, malgré la présence majoritaire de « Jacobins », la Commune fut essentiellement anarchiste (individualiste, gauchiste), de sorte que, au lieu d’être pragmatique, elle rêvait debout ; elle prenait ses bonnes intentions pour un bouclier ; elle s’armait de scrupules pendant que Monsieur Thiers récupérait les soldats français prisonniers et leur bourrait le mou ; elle respectait la Banque de France qu’elle avait sous la main pendant que celle-ci ouvrait ses coffres à ses ennemis. Ca parlait, ça dansait, ca tirait des plans sur la comète, mais ça ne se battait pas. Seule une poignée de braves tenait les portes de Paris. Il était loin le temps de la levée en masse face aux féroces soldats. Un beau jour (21 mai), les Versaillais, prévenus par un traître, entrèrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud sans croiser âme qui vive. Il fallut encore un jour pour que cette nouvelle se répande et qu’alors les Parisiens dressent des barricades, chacun la sienne. Défense aussi héroïque que désespérée. En une semaine, la résistance fut écrasée. Des milliers de Parisiens furent fusillés, des milliers d’autres déportés. L’ordre bourgeois était rétabli. Tous les nantis, royalistes, républicains, de gauche, de droite, applaudirent. Un peuple, ça obéit (aux riches qui le méprisent) ou ça se massacre (gaiement et avec bonne conscience) ou ça se calomnie en attendant.

J’aurais pu aussi évoquer les révolutions de 1830 et de 1848, ou encore la Résistance, voire Mai 68, mais ils ne sont pas ma spécialité. Du reste, dans les grandes lignes, ils présentent des mécanismes que la Révolution et la Commune permettent déjà d’observer, à savoir :

1) Les nantis se liguent toujours contre le peuple ; ils ont la richesse et le pouvoir et ne reculent devant rien pour conserver l’une et l’autre ; le peuple est trop bon pour imaginer à quelles bassesses et cruautés leur mépris et leur haine pour lui peuvent les entraîner.

2) La politique est un rapport de force. Chacun doit utiliser ses atouts. Les riches ont la puissance que leur donne l’argent ; les pauvres ont la force du nombre. Les riches ont la faiblesse de se croire inaccessibles ; les pauvres ont celle d’être généralement divisés.

3) Les gens du peuple ont tellement l’habitude d’être soumis et de respecter l’autorité qui les opprime qu’ils adoptent le point de vue de leurs oppresseurs jusqu’à en oublier l’objet de leur révolte. Or un peuple qui hésite à frapper ceux qui le veulent mort mourra de leur main ou sous leurs yeux.

4) Un peuple qui demande n’obtiendra rien.

5) Le peuple ne peut rien obtenir que de lui-même.

6) Un mouvement qui ne sait pas où il va n’ira nulle part.

7) Tout mouvement populaire désorganisé est voué à l’écrasement. N’ont jamais réussi, au moins à court terme, que des insurrections préparées ou ayant trouvé aussitôt des chefs ou une organisation pour prendre les choses en main. [Oubli : les insurrections armées ou ayant le soutien d’une force armée.]

8) Le peuple par lui-même est nul. C’est un corps sans tête.

9) Il y a toujours une tête pour assumer le pouvoir, et un pouvoir pour fournir une tête. Une tête et un pouvoir qui n’assument pas sont perdus.

10) Le pouvoir a tous les pouvoirs. Inutile de le contester. Les faibles contestent en vain ; les forts s’emparent du pouvoir.

11) Le temps est l’ennemi mortel de tout mouvement populaire. Il permet aux riches de se ressaisir et de tout corrompre [oubli : et de dresser une partie du peuple contre l’autre] ; ce qui condamne les « populistes » à se durcir jusqu’à briser.

12) Au final, à plus ou moins long terme, c’est toujours Largent qui gagne.

Telles sont les leçons que je tire, pêle-mêle, de la Révolution et de la Commune. La conclusion n’est pas heureuse : le peuple peut se débattre autant qu’il veut, de quelque manière que ce soit, Largent gagne toujours à la fin. Robespierre avait déjà fait ce constat, mais l’avait formulé en sens inverse : « Quand leur intérêt [celui du gouvernement et des riches] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » (Juin 1793) Autrement dit, il avait compris qu’entre riches et pauvres il y aurait toujours divergence d’intérêt, et il n’imaginait pas qu’il n’y ait plus ni riches ni pauvres. Il avait raison si l’on se place du point du vue du système monétaire dans lequel, du fait des principes et du fonctionnement de la monnaie, il y aura toujours des riches et des pauvres, dont l’intérêt ne sera, en effet, jamais confondu. Jamais ! On peut même aller plus loin : l’intérêt de chacun est contraire à l’intérêt de tous les autres, puisque la monnaie circule et que, pour en avoir, chacun doit la prendre aux autres. Mais ceci est la règle du système monétaire. La vraie question est donc : Le système monétaire répond-il aux exigences sociales ? Si on répond OUI, alors tout va bien, le monde est ce qu’il doit être. Ne nous plaignons pas. Mais si on répond NON, parce que l’on pressent que l’inégalité, intrinsèque au système monétaire, est fondamentalement antisociale, parce que l’on comprend qu’une Société doit être composée de Citoyens égaux et que des riches et des pauvres ne sont pas Concitoyens, sinon sur le papier, alors il faut se poser une autre question : Comment sortir du système monétaire, et surtout Pourquoi ? Le problème, c’est que les réponses au Pourquoi et au Comment sont liées. On ne peut pas répondre correctement au Pourquoi si on ne sait pas exactement Comment, et inversement. La chose paraissant insoluble, il est tentant d’occulter le problème lui-même, d’accepter les choses telles qu’elles sont ou de s’acharner à faire du pseudo social dans le cadre d’un système où le nom même de « Société » est une imposture. C’est ce que les hommes de cœur, sincères, font depuis 200 ans et ce qu’ils continuent de faire. Ils se convainquent que la monnaie n’est qu’un instrument, que le système monétaire n’a rien à voir avec les problèmes qu’ils veulent résoudre, que tout dépend de leur bonne volonté et passent dès lors leur temps à essayer de résoudre des problèmes créés ou aggravés par le système monétaire quand ils ne sont pas purement financiers. Ce faisant, ils préservent ce système individualiste, matérialiste, inégalitaire, antisocial, inique et oligarchique. Ils sont tel Sisyphe poussant son rocher.

Mais quel rapport, me direz-vous, avec les Gilets jaunes ? Hé bien ! Tout !!! Pourquoi sont-ils dans la rue ? Que réclament-ils ? Que dénoncent-ils ? Qui les calomnie ? Ils n’en peuvent plus des taxes, des impôts, des prix élevés, des loyers exorbitants, des retraites ridicules ; ils espèrent des augmentations de salaires, le rétablissement de l’ISF ; ils conspuent les riches, les banques, la finance, les médias à leur botte et, pour les plus audacieux, ils exigent la Démocratie (c’est-à-dire le contraire de l’oligarchie), le tout sous les crachats de la ploutocratie et des privilégiés de la fortune. Vous ne voyez pas le dénominateur commun ? Vous ne voyez pas que nous sommes dans un Monopoly grandeur nature ? Les Gilets jaunes n’acceptent pas les conséquences du jeu dont ils cautionnent inconsciemment les règles en ne remettant pas en cause sa nature. Ils en sont au même point que les Sans-Culottes et les Communards. Nous n’avons pas avancé d’un centimètre. Nous tenons les mêmes discours, proposons les mêmes remèdes, entretenons les mêmes illusions, courons au-devant des mêmes échecs ; nous avons les mêmes ennemis qu’à l’époque, qui ne sont autres que les heureux du système monétaire, dont ils ne sont d’ailleurs eux-mêmes que les instruments, comme chacun d’entre nous en est le complice. À l’heure où Largent est roi, personne ne songe à le renverser. Il peut dormir tranquille. Tant que nous nous battrons entre nous, entre ceux qui ont attrapé un os et ceux qui n’ont que des miettes, hé bien ! les choses ne sont pas près de changer.

J’exagère. En réalité, le système a muté et met en place les structures nécessaires à sa propre destruction. C’est ainsi que les révolutions deviennent inévitables et surviennent par la force des choses. Le changement est proche ; mais il n’est pas encore à l’ordre du jour. C’est pourquoi je disais, dans une autre vidéo, que la sortie du système monétaire serait l’objet d’un prochain combat. C’est pourquoi, également, je ne m’étends pas sur le sujet. Pour l’heure, nous devons faire ce que nous pouvons avec ce que nous avons en nous ménageant, si possible, des armes pour les combats futurs ou, pour le moins, en évitant, de nous désarmer. Car qui peut croire que, quoique nous obtenions, si toutefois nous obtenons quelque chose, le combat sera terminé ?

Les révolutions passées et les leçons que j’en ai personnellement tirées nous enseignent que les Gilets jaunes, compte tenu de leurs revendications, seront perdants. Ne s’attaquant pas à Largent même, et sachant encore moins comment le renverser, ils ne changeront rien fondamentalement. N’ayant pas de chefs, pas d’organisation, ils ne renverseront pas le gouvernement, ils ne prendront pas le pouvoir et, quand même ils y arriveraient par miracle, le nouveau pouvoir serait toujours confronté à Largent, auquel il se soumettrait ou qui finirait par l’écraser. Qu’ils aient ou non des chefs ne change donc rien. Cela les préserve même d’être trahis par eux dans l’action ou trompés dans la victoire. Cela ne les empêche pas d’obtenir quelque chose à force de pression. Mais ils doivent savoir clairement ce qu’ils veulent, et vouloir quelque chose de décisif.

Il faut garder à l’esprit que le système court de lui-même à sa perte, que l’oligarchie va accélérer sa fuite en avant aux dépens du peuple, pour tout anéantir, et que seul le peuple peut lui mettre des bâtons dans les roues et sauver les meubles. Comme il a été dit, le peuple en tant que tel est nul ; c’est une fiction ; il n’existe que par les hommes qui l’incarnent et font son unité mais qui le trahissent au lieu de le servir. Le peuple doit donc organiser son propre pouvoir par-delà toute instance tirant de lui sa légitimité ou agissant en son nom mais indépendamment de lui. Sous ce rapport, les Gilets jaunes font preuve d’une maturité extraordinaire en focalisant de plus en plus sur la question de souveraineté populaire, en réduisant leurs exigences à la possibilité, pour le peuple, de provoquer lui-même, sans aucun intermédiaire, et sur n’importe quel sujet, des référendums, dont les résultats auraient force de loi. Ainsi, ils n’ont pas de chefs ; ils ont mieux : ils ont — ou tendent à avoir — un objectif commun comme point de ralliement et indice de satisfaction ; c’est une idée qui fait leur unité ; une idée qui avance grâce à un instrument qui n’existait pas jusqu’alors : Internet ; Internet qui leur permet aussi de s’organiser spontanément, indépendamment de toute organisation. Ces nouveaux atouts compenseront-ils ce qui n’aurait été jusqu’à présent que des faiblesses ? C’est possible, et je me risquerai à dire que c’est dans le sens de l’Histoire. En attendant, le système fera tout — calomnie, sophismes, répression — pour éluder leur exigence qui, sans être fatale pour lui, serait néanmoins fort gênante. C’est un rapport de force et une course contre la montre qui sont engagés qui est engagé entre le Peuple et ses soi-disant représentants. Les Gilets jaunes doivent être les plus forts et contraindre le gouvernement et l’Assemblée à capituler.

Sous quelque nom que soit adoptée la disposition en question, ce serait une grande victoire pour le Peuple, la plus grande qui se puisse obtenir dans les conditions actuelles. Toutefois, le nom sous laquelle beaucoup la réclament dénote l’absence de vision révolutionnaire et une inconscience de leur propre état. Ils l’appellent « Référendum d’Initiative Citoyenne » (R.I.C.). Cela postule que nous sommes « Citoyens », de la même manière que le système affirme que nous sommes en « Démocratie ». Nous sommes bien des Citoyens en puissance, mais nous ne le sommes pas en réalité. Il n’y a de Citoyenneté pleine et entière que dans l’Égalité, c’est-à-dire dans l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, droits qui passent aujourd’hui par la monnaie qui ne peut pas se répartir également et qui fait que nous sommes inégaux. Il n’y a aucune égalité entre un riche et un pauvre. Il n’y a pas de Citoyens, au vrai sens du terme, dans un système monétaire. Ainsi, parler de « Référendum d’Initiative Citoyenne » interdit de voir que nous ne sommes pas réellement Citoyens et qu’il va nous falloir conquérir la véritable Citoyenneté en renversant Largent. Ceux qui, aujourd’hui, parlent de « Référendum d’Initiative Citoyenne » n’ont toujours pas compris que Largent est « la cause des causes » et, en exaltant une citoyenneté au rabais, cautionnent un de ces sophismes dont le système raffole car ils nous maintiennent dans une prison mentale, dont il faudra sortir un jour, et pourquoi pas dès à présent ?

Obtenir le Référendum d’Initiative Populaire sous le nom de « Référendum d’Initiative Citoyenne » serait un moindre mal aujourd’hui, mais quel mal cela ne fera-t-il pas demain ? Pensez-y. Soyez des révolutionnaires de votre temps.

Vive les Gilets jaunes !
Vive la Révolution !
Vive la France !

 

LES GILETS JAUNES

08:28 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |