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dimanche, 13 décembre 2020

LES BASES DU CIVISME EN VIDÉO

1.jpgVidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité & les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté & Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

Vidéos complémentaires :

Évolution révolutionnaire - Les origines du futur

Manifeste des Patriciens

Méta TV (20 mai 2014) - Un monde sans argent

Tous mes livres (version papier)

Tout sur le Civisme (PDF gratuits)

 Révolution - Pourquoi-Comment 3 - bonne version.jpg

12:12 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (5) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 22 mai 2020

LE REVENU D'ASSERVISSEMENT UNIVERSEL (vidéo)

Présentation.jpg

Pour voir la vidéo, CLIQUEZ ICI

Dans cette vidéo, nous allons traiter un sujet dont il a commencé à être question il y a de cela des années, qui a même fait l’objet d’une proposition formelle de la part du candidat soi-disant socialiste à l’élection présidentielle de 2017 et que tous les gouvernements capitalistes agitent maintenant à l’issue de la pseudo crise du coronavirus. Je veux parler de l’idée d’un revenu universel, dit aussi revenu de base ou revenu d’existence. Sans doute y a-t-il différentes formules, d’un point de vue pratique, mais toutes ont fondamentalement les mêmes vices.

Déjà, mon Réquisitoire contre Largent, écrit en 2000, rejetait comme absurde toute idée d’égaliser les revenus (voir p. 58-59). Depuis, j’ai consacré deux textes à ce sujet précis : un en juin 2013, l’autre en juin 2018. J’y ai fait aussi allusion dans une note de mon ouvrage Révolution, sorti en octobre 2015 (voir p. 132). — Pour que vous puissiez retrouver ces textes, je vous mets les liens en dessous de la vidéo. — Sur mon facebook, j’ai également publié, en 2014, 2015, 2016 et 2017, sous forme de vignettes, des sentences sans équivoque. Je les insèrerait à la fin de cette vidéo pour ne pas anticiper mon propos. En 2015, donc, dans Révolution, j’écrivais : « Il semble que l’idée d’un revenu universel ou de base ou d’existence (émise par Thomas Paine en 1797) soit le dernier miroir aux alouettes que le système ait décidé d’agiter pour détourner les masses du véritable combat révolutionnaire. » En 2018, dans Revenu de base ou universel : l’anticapitalisme capitaliste, le texte dont j’ai parlé, j’écrivais : « Le capitalisme accueillera d’ailleurs de plus en plus favorablement leurs propositions [c’est-à-dire les fausses bonnes idées des capitalistes qui s’ignorent, notamment l’idée d’un revenu universel]… jusqu’à les faire lui-même. » Nous y sommes.

Je ne fais pas mystère de mon hostilité à l’égard de ce genre de proposition ; il s’agit maintenant d’en comprendre la raison. Vous savez que je ne vais pas me contenter de dire : « C’est pas bien de donner de l’argent aux gens ! » Nous touchons à une question essentielle qui mérite d’aller au fond des choses. Un revenu universel serait un dispositif « social ». Pour savoir s’il serait une bonne ou une mauvaise chose, d’un point de vue social, il faut donc commencer par s’interroger sur ce que devrait être une Société digne de ce nom. Il s’agit, en outre, d’une mesure éminemment monétaire. Il faut donc aussi nous demander ce qu’est la monnaie, quel est son rôle social, et si elle le tient ou pourrait le tenir convenablement. Pour ce faire, je vais reprendre un exposé que j’ai déjà fait dans ma vidéo sur la fin de l’argent liquide et que je serai amené à reprendre, de même, pour tous les sujets qui touchent à la Société et exigent de prendre de la hauteur avant de les traiter. C’est un peu long, mais ce n’est pas hors de propos. Si vous ne voyez pas vous-mêmes les rapports avec le sujet, ici le revenu universel, ils vous sauteront aux yeux après, quand j’établirai des parallèles pour appuyer mes critiques.

Qu’est-ce donc qu’une Société ?

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert à payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à l’échange d’un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de garantir ces droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Enfin, et ce point est particulièrement en rapport avec notre sujet, il faut bien comprendre que la monnaie, qui repose sur la notion de valeur marchande et met en œuvre la logique du troc, est née à une époque où les individus étaient pour la plupart des producteurs, qu’elle est donc relativement adaptée au contexte de production artisanale, caractérisé par de faibles rendements. Il ne faut pas perdre de vue que la monnaie est un moyen d’échange qui fonctionne sur un certain mode, et qu’il y a nécessairement un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production. Autrement dit, le mode d’échange est lié et doit être adapté au mode de production. Or nous sommes passé, progressivement mais définitivement, au mode de production industrielle. Cette observation indéniable conduit à la conclusion évidente que la monnaie, en tant moyen et mode d’échange, n’est plus adaptée à notre époque et que, désormais, ses inconvénients l’emportent sur ses avantages. Si on a pu croire qu’elle était de l’huile pour la machine, aujourd’hui elle n’est plus que sable. Mais pourquoi n’est-elle pas adaptée à l’ère industrielle, et comment cela se traduit-il ? Cela tient nécessairement à ce qui distingue la production artisanale de la production industrielle, à savoir la différence de rendements, donc le volume de la production et la quantité de produits à vendre à l’instant T. Mais il y a un autre facteur : le fait que la Demande réelle globale soit toujours faible dans un système monétaire, en raison de la tendance de la monnaie à se concentrer. Quelques personnes ont plus d’argent qu’elles n’en peuvent dépenser ; la masse, elle, en a moins que le nécessaire. Quand il y a peu à acheter, la production est malgré tout écoulée. Mais quand la production devient massive, il manque des clients. Un pays produit plus que sa population n’a les moyens financiers d’absorber la production. Entreprises et pays se lancent alors dans une course sans fin pour trouver des clients ou en fabriquer, pour accroître la Demande en augmentant les salaires ou en baissant les coûts de production. Mais rien ne fonctionne. Ils tentent tout et son contraire. Ils font d’un côté ce qu’ils défont de l’autre, et vice versa. Et de désastre en désastre, ils ravagent tout. Et nous ne sommes pas encore à l’ère de la production entièrement robotisée voire autonome qui mettra les travailleurs en masse au chômage et les privera de revenu. La capacité de production sera immense, mais il n’y aura plus de consommateurs ou presque. La contradiction sera à son paroxysme ; le système sera un bord de la rupture.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : le revenu universel, ou de base, ou d’existence.

Il existe différentes formules, toutes plus ridicules les unes que les autres. Je vous avoue que je ne les ai pas approfondies et que je ne ferai pas cet effort tant elles sont ineptes dans leur principe. On ne débat pas, avec ceux qui ne voient pas un piège, pour savoir s’il faut y mettre un pied ou les deux ! Il faut s’abstenir de marcher dedans et le signaler aux autres. Le piège, vous l’aurez compris, c’est de ne pas sortir du système monétaire et de l’illusion qu’il pourrait être une bonne chose pour les hommes moyennant quelques arrangements. Vous devez intégrer, une fois pour toute, que la logique monétaire n’est pas et ne sera jamais la logique sociale, que Largent et l’Égalité sont absolument incompatibles, et que ceux qui vous font miroiter des lendemains monétaires qui chantent n’ont rien compris ou vous prennent pour des idiots ; si ce ne sont pas ouvertement vos ennemis, ce sont, pour le moins, de faux amis ; les uns veulent votre perte, les autres ne peuvent rien pour votre salut. Retenez donc bien cette formule : « Toute mesure monétaire est contre-révolutionnaire. » Même si vous ne comprenez pas le pourquoi du comment, même si les dehors de telle ou telle idée vous paraissent séduisants, dès lors qu’une mesure proposée est monétaire ou suppose l’existence de la monnaie ou de Largent (la notion de valeur marchande), sachez y reconnaître un piège, quelles que soient, par ailleurs, les intentions de leur promoteur. Je ne dis pas, du reste, que vous devez renoncer à gagner de l’argent ou refuser celui que l’on vous propose ; je dis simplement que vous ne devez pas être dupes : ce qu’il vous faut faire individuellement pour vivre dans ce système, tant qu’il est monétaire, est une chose ; ce qu’il nous faut faire collectivement pour changer le cours des choses en est une autre.

Et ce qu’il nous faut faire n’a absolument rien à voir avec ce qui nous est proposé et qui n’a pas pour but de changer les choses mais, au contraire, de les perpétuer, consciemment ou non.

Encore une fois, il existe différentes formules de revenus dits universel, de base ou d’existence. Toutes consistent à donner de l’argent, de manière égalitaire, à un large panel de gens, sans contrepartie. Les différences, entre les unes et les autres, résident dans leurs modalités particulières. La première différence concerne les bénéficiaires. Ce revenu sera-t-il assuré à toute personne présente sur le territoire ? Seulement aux nationaux ? Seulement aux chômeurs ? La deuxième différence concerne la hauteur de ce revenu. Sera-t-il suffisant pour vivre ou survivre ou constituera-t-il simplement un complément ? La troisième différence concerne les modalités de financement : À qui et comment l’État prendra-t-il cet argent ? Toutes les combinaisons possibles, mettant en œuvre des philosophies différentes, donnent lieu à autant de formules et de chapelles rivales. Pour moi, elles ne sont différentes qu’à la marge et, quoique certaines soient plus délirantes que d’autres, elles méritent toutes le même mépris.

Toutes comprennent que quelque chose de fondamental passe par la monnaie, sinon pourquoi proposer une mesure monétaire et y accorder autant d’importance ? À ce premier stade, on reconnaît déjà les philosophes en carton. Que sont d’autre ceux qui ne comprennent pas et n’arrivent pas à dire que cette chose fondamentale, qui dépend de la monnaie, n’est ni plus ni moins que les droits ? Que croient-ils que c’est ? Il est probable qu’ils ne se posent pas plus la question de sa nature qu’ils ne se soucient de la nommer. Mais ceux qui franchissent ce premier cap, c’est-à-dire ceux qui font le lien entre la monnaie et les droits, n’en sont pas moins des charlatans. Ils admettent que les droits passent par la monnaie, qu’il faut donc distribuer de l’argent pour assurer des droits minimums (au passage, ils se flattent d’être justes et pourvus d’une haute conscience sociale) ; mais il ne leur vient pas à l’esprit : 1) que les inégalités monétaires qu’ils veulent corriger sont inhérentes au système monétaire lui-même ; 2) qu’il n’y a pas de Société digne de ce nom dans l’inégalité ; 3) que ce n’est en rien corriger l’inégalité que d’établir un revenu de base égal, tout en permettant à chacun d’accroître par ailleurs ses revenus et de rétablir ainsi l’inégalité ; 4) que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits, notamment en droit d’accéder librement au marché ; 5) que les droits incarnés et conférés par la monnaie ne sont pas et ne seront jamais les droits du Citoyen ; 6) que des Citoyens n’ont pas droit seulement à un minimum, mais que tous ont droit au maximum de ce que la Société peut procurer ; 7) qu’un Citoyen a autant de droits que de devoirs, qu’il a même des devoirs avant d’avoir des droits, et qu’accorder des droits sans leur contrepartie en devoirs anéantit la Citoyenneté et, par-là même, la Société ; 8) que l’on ne peut échapper à toutes ces aberrations et contradictions qu’en sortant du système monétaire lui-même. Cela ne leur vient pas à l’esprit parce qu’ils sont prisonniers de la logique monétaire et que, ne leur en déplaise, ils ignorent tout de la logique sociale. Ils se croient raisonnables et modérés en donnant l’impression de chercher le juste milieu, alors qu’ils ne connaissent qu’un parti : celui de Largent. Comment pourraient-il servir la Société dont ils ignorent tout ? Et, s’ils connaissaient les Principes de l’Ordre social, en quoi serait-ce raisonnable de les rogner en partie au profit de Largent ? En quoi consisterait d’ailleurs un tel compromis ? En réalité, la chose serait impossible : deux logiques ne peuvent pas cohabiter ; c’est tout l’une ou tout l’autre. Dans le cas présent, c’est Largent qui l’emporte.

Et cela n’a rien d’étonnant. Ces idées ont été conçues, d’abord, par des bourgeois qui, quoique pleins de bons sentiments, ne raisonnaient pas en Citoyens, qui ne se voyaient pas comme les égaux de ceux auxquels ils voulaient assurer des droits via la monnaie et pour qui la Société devait moins garantir, à tous les Citoyens, les droits du Citoyen que faire la charité aux plus déshérités. À ma connaissance, le premier qui ait émis l’idée d’un revenu universel était Thomas Paine, en 1797. Or, rappelons-nous ce que nous avons dit plus haut, à savoir que le système monétaire est lié au mode de production artisanale. C’est la possibilité de produire en masse, offerte par l’industrialisation, qui rend concevable le droit, pour tout Citoyen, d’accéder librement au marché et, donc, de ne plus avoir besoin de recourir à une monnaie. Mais, à l’époque de Thomas Paine, la production était encore artisanale : la monnaie était incontournable sur le plan économique et dans les idées politiques. Autrement dit, il avait des excuses. Quelles excuses ont ceux qui, 200 ans plus tard, ont encore ce genre d’idées ? Aucune, si ce n’est qu’ils sont toujours sous l’emprise de Largent, c’est-à-dire de la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, chose qu’ils ne s’avoueront jamais. Tout a changé autour d’eux ; rien n’a évolué dans leurs têtes.

On comprend que Paine ait pu avoir ces idées-là. On comprend comment il y est arrivé. On comprend aussi pourquoi des gens de moindre condition y adhèrent : soit par intérêt personnel, soit parce qu’ils font les mêmes erreurs au nom des mêmes préjugés. Et j’ai déjà suggéré la raison pour laquelle ces idées, jusque-là marginales, font florès aujourd’hui.

Le chômage et la misère, que les progrès techniques auraient dû éradiquer, explosent. Les chômeurs ont droit a des allocations un certain temps, et des « minima sociaux » ont été mis en place pour les misérables. De fait, le revenu de base existe déjà, très bas, certes !, mais il existe, et, comme je le disais, ce qui change avec les projets en question, et d’un projet à l’autre, ce sont notamment les montants. Mais, au fond, le principe est déjà appliqué. Ces projets n’ont rien de révolutionnaires. Ils sont même contre-révolutionnaires.

Hormis pour ceux qui croient que c’est faire preuve d’une grande humanité que de garantir des miettes à tous, en lieu et place des droits du Citoyen, et qui sont des contre-révolutionnaires par défaut, pour ne pas dire par bêtise, la véritable raison d’être de ces projets, la véritable raison pour laquelle les capitalistes notoires les mettent soudain à l’ordre du jour, c’est qu’il en va de la survie du capitalisme lui-même. Dans un système monétaire, inégalitaire, la Demande réelle est globalement faible et, à l’ère technologique, elle s’effondre du fait qu’une masse toujours plus importante de gens tend à être privée de travail, donc de revenus. À quoi bon produire si personne ne consomme, si la consommation est du moins très en deçà de la production ? Mais l’évolution technologique ne permet pas de revenir à des modes de production moins productifs. En l’état actuel des choses, le système monétaire va au-devant d’un paradoxe insoutenable et mortel pour lui. S’il ne s’effondre pour des raisons économiques, c’est-à-dire, en réalité, monétaires, il déchaînera, tôt ou tard, contre lui la masse des affamés. D’une manière ou d’un autre, sa fin est inéluctable. C’est pour la repousser, autant qu’ils le peuvent, que les capitalistes trouvent soudain pertinent d’assurer un revenu universel, non par respect des droits, dont ils ne se sont jamais souciés, mais pour soutenir la Demande et acheter la paix sociale, comme on dit. Ils jettent aux chiens un os à ronger. Mieux ! Ils s’assurent ainsi de les tenir en laisse. Ils espèrent, en effet, qu’en faisant dépendre leur revenu de base de l’État, ils n’oseront pas se retourner pour mordre la main qui les nourrit, fut-ce mal. Mais combien de temps ce petit jeu pourra-t-il durer ? Combien de temps l’État pourra-t-il payer les gens à ne rien faire, soit en ponctionnant le travail, ce qui le soumettra à une pression insupportable, soit en injectant de l’argent fictif, qui achèvera de déstabiliser le système monétaire ? Une fois consommé ce nouveau fiasco, que reste-t-il comme solution ? Comment fausser davantage le système ? L’idée d’un revenu universel est la dernière cartouche du capitalisme. Pas seulement la dernière en date, mais bien la dernière tout court.

La technologie d’aujourd’hui rend déjà possible de s’engager dans une nouvelle voie, celle préconisée par le Civisme, celle des Principes de l’Ordre social. Il serait possible d’attacher le droit d’accéder librement au marché à la Citoyenneté. Une carte à puce suffit pour appliquer ce Principe. En outre, le devoir de participer à de la Cité, pour mériter la Citoyenneté et avoir ainsi accès au marché, est une notion beaucoup plus large que le travail et, plus encore, que le travail tel qu’il est conçu dans le système monétaire. Au fond, il n’y a donc aucun problème. C’est l’argent qui en crée un. Mais les valets de Largent iront jusqu’au bout de sa logique, jusqu’à l’épuisement de tous les expédients possibles. En reprenant à leur compte l’idée d’un revenu universel, en maintenant les esprits dans la logique monétaire, ils écartent cette alternative révolutionnaire qui, si elle venait à être connue et prônée, structurerait la colère populaire et lui donnerait un but pour lequel elle aurait les moyens. Là encore, on voit à quel point les chantres de toute forme de revenu de base sont des contre-révolutionnaires et les complices objectifs du capitalisme.

Dans la mesure où aucune force n’est actuellement capable de contrer réellement le capitalisme, pas même sur le plan des idées, il est fort probable qu’un revenu de base sera instauré dans les années à venir, comme c’est déjà le cas dans certains pays (Espagne). Tout ce que nous pouvons espérer, c’est que son mode d’attribution ne sera pas trop démagogique, afin qu’il ne lobotomise pas plus les gens qu’ils ne le sont déjà, et qu’il soit moins difficile d’attacher les droits économiques et sociaux à la Citoyenneté le moment venu.

Pour terminer, je voudrais mettre en parallèle ces idées de revenus, garantis par l’État, avec celle des droits du Citoyen garantis par la Cité. D’aucuns pourraient leur trouver les mêmes vices. J’ai dit qu’un des dangers des premières était de permettre à l’État de tenir en laisse les allocataires. On pourrait tout aussi bien considérer que la Cité aura tout autant la main mise sur les Citoyens. Mais il faut bien voir, tout d’abord, que quel que soit le montant de ces revenus, il sera toujours ridicule comparé au droit du Citoyen d’accéder librement au marché ; ensuite, que, s’il est facile d’augmenter ou de baisser arbitrairement des revenus, puisque personne n’a conscience que la monnaie n’est rien d’autre que des droits, et même si tout le monde en avait conscience, puisque la monnaie condamne à jouer avec elle, et donc avec les droits, il n’en serait pas de même des droits conférés par la Citoyenneté, qu’il serait impossible de rogner en tout ou partie sans remettre en cause la Citoyenneté elle-même, chose beaucoup plus difficile ; enfin, que la Cité ne serait pas l’État, que la démocratie ne serait plus le mot creux qu’elle est dans un système monétaire, que les lois seraient l’ouvrage des Citoyens, qui auraient à cœur l’intérêt général, et non plus de puissances obscures, qui servent des intérêts inavouables. Même en admettant que le principe soit le même, il en irait tout autrement de son application. Il y aurait la même différence qu’entre être attaché à un piquet, par une corde plus ou moins courte, et être libre de tous ses mouvements dans un espace vaste quoique limité. Il faut bien, à un moment donné, que la Citoyenneté soit reconnue par la Cité qui est aussi la garante des droits du Citoyen et donc de leurs limites, égales pour tous dans le cas présent. Sans quoi, il n’y a ni Société, ni Citoyens, ni droits, ce qui est, en effet, l’idéal prôné par certains, sous divers prétextes, mais un idéal sans queue ni tête, dépourvu de la moindre once de bon sens, un idéal sans portée pratique voué à demeurer à l’état de chimère.

00:58 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 14 mai 2020

DE LA FIN DE L’ARGENT LIQUIDE À LA FIN DE LARGENT TOUT COURT

Annonce.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez ICI

Dans cette vidéo, nous allons traiter la question de la disparition de l’argent liquide. Mais nous n’allons pas nous précipiter sur le morceau. Nous allons prendre de la hauteur pour saisir le problème dans son ensemble.

Avant de se demander si la disparition de l’argent liquide sera une bonne ou une mauvaise chose, il me semble qu’il faut se demander ce qu’est l’argent tout court et si c’est une bonne ou mauvaise chose. Mais une bonne ou une mauvaise chose par rapport à quoi ? Je dis que, en tant que paramètre social, l’argent doit être comparé par rapport à ce que devrait être une Société. Pour savoir si l’argent remplit ou non son office, s’il le remplit bien ou mal, il faut sortir de sa logique à lui, sans quoi on le comparerait à lui-même, ce qui ne serait en rien une comparaison. On ne peut pas critiquer sérieusement l’argent si on adopte d’emblée ses propres critères ou si on ne lui oppose que de vagues intuitions pétries inconsciemment de préjugés monétaires. Je dis donc qu’avant de s’intéresser à l’argent, sous quelque forme que ce soit, il faut savoir ce qu’est une Société dans l’absolu.

Les Sociétés sont constituées d’être vivants qui, pour accroître leurs chances de survie, unissent librement leurs forces… librement, sans quoi la Société, loin d’être un havre de paix, serait elle-même un danger. La Société naît donc de l’instinct de conservation et a pour raison d’être d’assurer, autant qu’il est en elle, la sécurité de ses membres. Autrement dit, les Citoyens ont le devoir de se protéger mutuellement pour garantir à chacun la sécurité en tant que droit. Au fondement de la Société, que j’appelle « Cité », il y a donc le Principe d’Égalité des Citoyens en devoirs et en droits. Tous les besoins individuels et collectifs que la Cité a pour mission de satisfaire, ou se charge de satisfaire, font de la satisfaction de ces besoins un droit du Citoyen, et des actions qui contribuent à les satisfaire un devoir du Citoyen, un devoir envers ses Concitoyens et la Cité. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Citoyen n’a que les droits que la Cité lui reconnaît et que ses Concitoyens lui garantissent par les devoirs qu’ils remplissent envers lui. Un Citoyen ne génère directement pas ses propres droits, mais il jouit des mêmes droits que ceux qu’il reconnaît et garantit à ses Concitoyens en remplissant envers eux les mêmes devoirs que ces derniers ont envers lui. Au final, c’est en s’acquittant d’un faisceau de devoirs qu’un individu devient et demeure Citoyen, et c’est la Citoyenneté qui, une fois reconnue, lui confère les droits du Citoyen.

Nous avons parlé de la Sécurité, mais, si celle-ci est le premier besoin, ce n’est évidemment pas le seul, et, d’ailleurs, les besoins s’étendent à mesure que les capacités individuelles et collectives s’accroissent. Ainsi, au-delà du devoir passif de ne pas agresser ses Concitoyens, et du devoir actif de les protéger, les Citoyens, pour faire face à l’ensemble des besoins de la Cité, doivent s’acquitter d’une multitude de tâches qui relèvent d’un devoir que l’on pourrait résumer par cette formule : « participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation ». En retour de ce devoir, tous les Citoyens ont également le droit de profiter des bienfaits de leur Cité. Or une partie de ces bienfaits consiste en biens et produits destinés à un usage personnel, dont les Citoyens ne peuvent donc profiter individuellement que s’ils ont sur eux le droit de propriété. Ce droit ne peut leur être conféré que par la Cité. Toute la question est de savoir comment ces biens ou produits peuvent être répartis entre les Citoyens.

Il y a deux cas, deux situations : soit ces biens et produits, désirés par tous, ne sont disponibles qu’en faible quantité, auquel cas la Cité doit organiser leur partage et en attribuer une part relativement égale à chaque Citoyen ou établir une sorte de rationnement ; soit ces biens et produits existent en grande quantité, auquel cas la Cité n’a pas besoin de se mêler de la répartition et peut autoriser tous les Citoyens à y accéder librement, l’égalité portant alors, non sur les parts, mais, plus logiquement, sur le droit. Dans ce second cas, le partage pourrait être égal en théorie, puisque tous les Citoyens ont le même droit, la même force pour ainsi dire, mais la part de chacun est en réalité différente, puisque tous n’ont pas les mêmes goûts ni les mêmes envies et usent de leur droit chacun à leur manière. Ces différences en propriétés résultent alors de la Liberté, tandis qu’une égalité en la matière révèlerait une tyrannie.

À l’heure de la production industrielle, et des biens et produits courants en abondance, partage et rationnement n’ont aucune raison d’être (sauf cas particuliers). Le mode de répartition qui doit prévaloir est le libre accès. Chaque Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’il soit Citoyen. En d’autres termes, à l’heure de la production industrielle, le droit d’accéder au marché, et d’y accéder librement, doit être conféré par la Citoyenneté. Tel est, de nos jours, le mode d’échange conforme aux Principes de l’Ordre social. Tel n’est pas du tout le mode d’échange actuel.

Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’accès au marché est conféré par la monnaie. C’est la monnaie qui incarne ce droit et tous ceux qui passent par lui. C’est, en effet, par l’accès au marché, donc via la monnaie, que les individus jouissent du droit de manger, de se loger, de s’habiller, de se chauffer, de circuler, etc. Quasiment tous les droits passent par la monnaie. Je rappelle qu’un droit ne consiste pas à user de ses facultés naturelles mais à profiter des bienfaits de la Cité en retour de son propre dévouement. Par ailleurs, la monnaie est une unité de valeur qui sert payer les hommes et à établir ainsi la soi-disant valeur des choses. Les hommes sont donc payés différemment. Leur droit d’accéder au marché est non seulement limité, mais encore inégal. En outre, on ne peut jouir des droits incarnés par la monnaie qu’en se dépouillant d’elle, c’est-à-dire en payant, de sorte qu’un même individu a de moins en moins de droits et est inégal par rapport à lui-même dans le temps. Inversement, il appartient à chacun de se procurer, aux dépens d’autrui, et par quelque moyen que ce soit, cet élément vital, ce qui insuffle l’individualisme et suscite la guerre de chacun contre tous. Enfin, la monnaie circule ; elle passe de main en main et ne peut pas se répartir également, de par le jeu des valeurs. Comme, en plus, elle incarne les droits, c’est-à-dire du pouvoir, les hommes entre les mains desquels elle se concentre ont plus de pouvoir que les autres, du pouvoir pour s’allouer tous les services, graisser toutes les pattes, imposer leurs prix et capter toujours plus de monnaie. Le système monétaire, par quelque bout qu’on le prenne, est inégalitaire et tend vers toujours plus d’inégalité. S’il a sa logique, ce n’est en rien celle de la Société. Il bafoue tous les Principes de l’Ordre social.

Les hommes ne recourent pas à la monnaie par hasard. Ils croient que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est ce que le Civisme appelle « Largent », qui s’écrit « L » majuscule, « argent » tout attaché. Je n’entrerai pas ici dans le débat de savoir d’où vient cette croyance. Le fait est qu’elle met en œuvre la logique du troc, dont elle est, à mon sens, le produit, fut-il pratiqué initialement entre communautés. Je m’explique.

Le troc est un mode d’échange dans lequel les individus s’échangent entre eux un ou des biens dont ils sont propriétaires, et mettent de ce fait ces biens en équivalence. Si on pense à un bien contre un bien, on ne comprend pas. Mais imaginez quelqu’un qui échange une chose contre trois quelque chose. La première chose vaut trois quelque chose ; ce quelque chose est l’unité qui sert à mesurer ou plutôt à établir la valeur de la première chose. Ainsi, les notions de valeur et d’unité de valeur sont présentent dans le troc direct, pour ne pas dire qu’elles en naissent. Le troc indirect, via des biens utilisés potentiellement ou exclusivement en tant qu’unités de valeur, c’est-à-dire de monnaie d’échange, n’est qu’une évolution. Les monnaies, telles que nous les connaissons, rendent plus pratique cette forme d’échange, mais aggravent encore son caractère asocial et antisocial. Car, sous prétexte d’être pratiques pour échanger, elles sont aussi plus pratiques pour voler, escroquer, spolier, spéculer, exploiter, opprimer, persécuter, etc. Quoi qu’il en soit, on recourt à une monnaie, à une unité de valeur, parce qu’on croit que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ; et cette croyance condamne à échanger sur le mode du troc (monétaire ou non) et à ne pas concevoir d’autre mode d’échange que lui, c’est-à-dire un échange de propriétés entre individus. Cette croyance porte donc en elle le troc, la monnaie, le système monétaire, tout ce qui en découle, tout ce que nous avons sous les yeux. Tant que cette croyance perdure, le système reste entier ou est appelé à ressusciter.

Deux petites remarques.

Premièrement, nous avons vu que l’échange monétaire est individualiste. Pourtant le fait même que les individus soient obligés d’échanger montrent qu’ils sont dépendants les uns des autres et complémentaires, comme le sont des Citoyens. Autrement dit, les individus formeraient vraiment Société si la monnaie, qui n’est qu’une fiction, mais dont les conséquences sont bien réelles, n’enveloppait de sa logique antisociale, tel un brouillard, une réalité fondamentalement sociale.

Deuxièmement : Si les individus ne peuvent échanger ou vendre que des propriétés, il faut qu’ils soient propriétaires de ce qu’ils produisent ; il faut qu’ils produisent pour eux. Dans ces conditions, produire n’est pas un devoir envers la Société. C’est une forme de participation à la vie de la Cité mais qui, ici, n’a pas la dimension d’un devoir. Et puisque la monnaie, qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, incarne les droits, la Société est dispensée de ces garantir droits, elle n’a plus à jouer son rôle, elle perd sa raison d’être, elle n’existe plus qu’en apparence.

Une chose que le Civisme, avec son concept de Largent (c’est-à-dire la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger), permet de comprendre, c’est que, bien que Largent soit né du troc et que les premières monnaies aient été matérielles pour faire du troc comme précédemment, c’est-à-dire pour continuer à échanger des objets, en réalité il n’a jamais été indispensable que les unités de valeur soient matérielles ou matérialisées. Dès lors que les hommes croient que la notion abstraite et absurde de valeur marchande est nécessaire pour échanger, les unités de valeur peuvent être tout autant abstraites et absurdes que cette croyance. Le système ne repose pas sur la matérialité de la monnaie, mais sur la croyance des hommes. L’unité de valeur est un concept qui peut exister en n’étant rien de plus, en n’ayant aucune matérialité. Il est même dans la logique des choses que les monnaies matérielles, qui n’ont donc jamais été qu’un support et un prétexte à la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, tendent à devenir toujours plus immatérielles jusqu’à n’avoir plus aucune matérialité et finissent pas se confondre avec la croyance elle même, c’est-à-dire que les unités de valeur n’existent plus que par la croyance en la nécessité de leur existence.

Ce qui nous amène enfin à notre sujet : la disparition de l’argent liquide.

Comme nous venons de le voir, le processus de dématérialisation de la monnaie est inéluctable et entamé depuis longtemps. L’informatique l’a accéléré et va permettre de le mener à son terme. Un autre processus, inhérent au caractère inégalitaire de la monnaie, est à l’œuvre : celui de sa concentration entre quelques mains, processus au bout duquel il y a, en théorie, sa concentration entre les mains d’une seule personne. En pratique, une seule personne ne peut pas détenir tout l’argent. En revanche, quelques personnes peuvent, en effet, concentrer entre leurs mains tout le pouvoir que Largent confère, un pouvoir qui surpasserait celui des États, un pouvoir sans limite qui s’étendrait sur le monde entier, un pouvoir qui supposerait l’abattement des frontières, l’asservissement des peuples et l’anéantissement des récalcitrants. Alors serait réalisé sur la Terre le « Royaume Universel de Largent » que d’aucuns nomment « Nouvel Ordre Mondial » et auquel certains essayent de trouver d’autres explications que la seule force des choses insufflée par Largent, pour ne pas avoir à remettre eux-mêmes Largent en cause.

La disparition de l’argent liquide, autrement dit la généralisation de la monnaie virtuelle, participe de ce second processus. Si elle relève assurément de la volonté des puissants de ce monde et des puissances d’argent de tout contrôler, elle est aussi une phase de plus, quoique la phase ultime, de la quête ordinaire d’une monnaie toujours plus pratique, et elle est aussi une fatalité de l’évolution technologique. Tout concourt à ce que rien n’empêche ce processus d’aller au bout, y compris la volonté de le stopper. (Je m’expliquerai plus loin sur ce point.) Dans l’état actuel des choses, nous sommes déjà asservis par l’État qui sait tout de nous, qui a sur nous tout pouvoir et dont la monnaie constitue la principale trique (via les impôts, les taxes, les amendes, etc.), bien avant la police et les tribunaux. Mais nous sommes tenus de bien d’autres manières, via l’argent. N’oublions pas que nos droits passent par la monnaie. Celui qui a le pouvoir de vous donner de l’argent ou de vous obliger à payer, est maître de vos droits, maître de vos vies. Cela a toujours été le cas et l’est plus encore depuis que nous ne produisons plus rien seuls et sommes totalement interdépendants les uns des autres, autrement dit depuis que nous avons tous un besoin absolu d’argent pour accéder au marché. Ce besoin d’argent nous place dans la dépendance de ceux qui peuvent nous en donner ou nous en prendre : État, patrons, banques, propriétaires, assurances, etc. Que la monnaie soit matérielle ou virtuelle ne change déjà rien pour la plupart des gens. La disparition de l’argent liquide ne nuira qu’à ceux qui perçoivent ou manipulent de l’argent discrètement voire illégalement : travailleurs au noir, clandestins, employeurs, commerçants, commerciaux, mendiants, voleurs, dealers, truands, trafiquants, mafias, services secrets. Certains n’ont pas lieu de se plaindre. On comprend, en revanche, le désir légitime de certains autres d’échapper, grâce à l’argent liquide, à la surveillance étroite et à la pression étouffante, pour ne pas dire au racket permanent, d’un État inique et despotique. Une certaine liberté va en effet disparaître en même temps que certains abus. Sous ce rapport, les avantages compensent les inconvénients. Il est vrai, cependant, qu’aucune liberté nouvelle ne naîtra pour balancer celles qui seront perdues, tandis que les valets de Largent, et l’État particulièrement, tiendont, plus que jamais, nos vies entre leurs mains et ne manqueront pas d’abuser, à nos dépens, de cette suprématie renforcée.

Mais si cette évolution fait le jeu du capitalisme et de Largent à court terme, elle est aussi la dernière étape avant leur mort. Protester est non seulement vain mais encore contre-révolutionnaire à double titre.

Tout d’abord, ceux qui déplorent la disparition de l’argent liquide n’ont pas les moyens d’empêcher qu’il disparaisse. Les grands intérêts capitalistes et la marche du progrès rendent sa disparition inéluctable. Qu’ils s’inquiètent pour eux-mêmes ou au nom de la Liberté, ils n’y changeront rien.

Ensuite, Largent est-il une si bonne chose qu’il faille le défendre sous prétexte de s’opposer à la disparition d’une illusion ? Car, que veulent, au final, ceux qui s’opposent vainement à la disparition de l’argent liquide, sinon la perpétuation du système monétaire lui-même, donc du capitalisme, donc de Largent, donc de tout ce qui en découle ? Et ces gens-là auraient la prétention d’être des anticapitalistes et des révolutionnaires, alors même que leurs considérations les plus élevées sont au ras des pâquerettes ?

Enfin, et c’est ici que la connaissance du Civisme est indispensable pour voir les tenants et les aboutissants de tout ceci, la disparition de l’argent liquide a pour corollaire la généralisation de la monnaie virtuelle et sa manipulation par l’usage exclusif de cartes de crédit. Or, d’après les Principes que nous avons posés plus haut, un Citoyen doit avoir le droit d’accéder librement au marché parce qu’il est Citoyen ; ce droit doit lui être conféré par la Citoyenneté. Mais comment un Citoyen peut-il prouver sa Citoyenneté aux commerçants ? Beaucoup de moyens peuvent être imaginés, mais une carte à puce en est assurément un bon. Le Civisme envisage ainsi de doter les Citoyens de Cartes dites civiques. Entendons bien que ces cartes ne serviraient pas à manipuler de la monnaie (il n’y en aurait plus), mais seulement à accéder à l’information au sujet de la Citoyenneté. Ce système utiliserait exactement le même genre d’infrastructure que celui des cartes de crédits. Passer de l’un à l’autre ne serait qu’un jeu d’écriture informatique. Et c’est le capitalisme qui, croyant servir ses intérêts, met en place tout ce qu’il faut pour tourner la page de Largent ! Dès lors, n’est-il pas contre-révolutionnaire de vouloir l’empêcher de commettre cette erreur fatale pour lui, sans aucun profit pour nous ? Il n’y a qu’en n’ayant aucune notion des Principes de l’Ordre social et aucun projet conforme à ces Principes, en naviguant à courte vue, que l’on peut commettre soi-même un tel faux pas.

Heureusement, rien ni personne ne peut entraver le cours des choses. L’argent liquide va disparaître et Largent tout court va toucher au faîte de sa puissance… d’où il ne pourra que tomber. Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne…

Ceci étant, Largent ne tombera pas tout seul, il faudra l’y aider, et on ne peut pas le faire tomber n’importe comment. Là encore, la conception qu’en a le Civisme est décisive. Sans elle, Largent est vaguement appréhendé à travers la monnaie, de sorte que l’illusion ordinaire est de croire qu’il suffit d’abolir la monnaie pour anéantir Largent, piège dans lequel il sera d’autant plus facile de tomber que la monnaie n’aura aucune réalité matérielle et qu’elle sera techniquement facile à balayer. Ce réflexe, qui est celui de tous les gens qui clament « À bas l’agent ! », consiste à s’en prendre à la monnaie, qui est extérieure aux hommes, et à négliger Largent qui, en tant que croyance, est en chacun de nous. C’est une solution de facilité qui, si tant est qu’il soit possible de la mettre en œuvre, ne résout rien à la longue. En fait, une croyance ne peut être anéantie que par l’adhésion à une autre, adhésion qui sera d’autant plus forte qu’elle sera inconsciente. Ainsi, de la même manière que Largent nous est inculqué par la pratique de l’échange monétaire, seul l’échange pratiqué sur un nouveau mode pourra inculquer aux hommes, sans qu’il soit besoin de leur faire la leçon, les préceptes de ce nouveau système. Et les hommes seront d’autant plus enclins à adopter ce nouveau système, fut-il fondamentalement différent, qu’il ne changera fondamentalement rien en apparence. C’est là toute la force du Civisme. Les Cartes civiques s’utiliseront comme des cartes de crédits, mais elles inculqueront la logique de l’Égalité et les Principes de la Cité qui supplanteront, dans les esprits, Largent et l’individualisme. Continuité sur le plan pratique ; révolution sur le plan moral. Aucune autre théorie ne présente de tels avantages ni une telle cohérence. Au vrai, les autres se résument à éradiquer la monnaie et s’en remettent, pour le reste, qui au Saint-Esprit, qui au génie du prolétariat, qui à la bonté des hommes, dogmes d’une incommensurable niaiserie qui les dispensent surtout d’approfondir leurs sujets : Largent d’un côté, la Société de l’autre.

09:57 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 21 décembre 2018

COMPRENDRE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (vidéo)

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LES GRANDES LIGNES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état (5 mai 1789).

Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés.

Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit (21 juin 1791) mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars (17 juillet 1791).

Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit (1er octobre 1791). Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie.

C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.]

La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins.

Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée.

Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté (27-28 juillet 1794 - 9-10 thermidor an II), non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis.

Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.

ANALYSE

Qu’est-ce que la Révolution française ?

La profusion d’événements, souvent trompeurs, parfois tragiques, qui jalonnent la période que l’on appelle « la Révolution française de 1789 », permet de voir dans cette histoire tout et son contraire et d’en saisir d’autant moins le fond qu’elle est vue à travers le prisme des anachronismes, des fantasmes, des passions, des préjugés, du pathos, des intérêts inavoués ou mal compris, des accusations grossières, des interprétations absurdes, des récupérations honteuses, etc.

La trame de la Révolution est pourtant fort simple. Il s’agissait, ni plus ni moins, que du combat éternel des pauvres contre les riches, des exploités contre les exploiteurs, des tenants de la souveraineté du Peuple contre toute forme de tyrannie, de la démocratie contre l’oligarchie ploutocratique, de l’Égalité contre Largent en dernière analyse. Mais le système monétaire est, par définition, le royaume de Largent. Il est naturel que Largent règne. Que son règne soit contrarié ou contesté, le naturel revient toujours au galop. C’est exactement ce dont la Révolution a été le théâtre.

En 1789, les riches, qui pressaient depuis longtemps, pensent avoir gagné. Mais une opposition populaire, égalitaire, démocratique, patriotique, prend corps et se renforce jusqu’à être un moment la plus forte, en 1793. Les riches, les bourgeois sont alors dans leurs petits souliers. Mais les limites conceptuelles des révolutionnaires, liées aux impossibilités de leur temps, et les contradictions internes à leur mouvement, qui en résultaient, devaient les conduire à l’échec et provoquer fatalement le retour en force des riches, qui eut lieu en 1794 et marqua la fin de la Révolution, c’est-à-dire de la montée en puissance des aspirations populaires et du mouvement révolutionnaire. C’est l’échec des révolutionnaires, concrétisé par l’exécution de Robespierre, qui marque la fin de la Révolution et l’avènement du règne incontesté de Largent jusqu’à nos jours.

Hors de cette lecture, la Révolution française est incompréhensible et n’a même ni début ni fin. Si elle n’est pas caractérisée, comme je le dis, par la montée en puissance du mouvement populaire, démocratique, égalitaire et patriotique, jusqu’à son écrasement, alors quoi ? Elle serait un événement bourgeois ? Mais si la Révolution avait été « bourgeoise », on ne la distinguerait pas de la période qui suit, et à peine de celle qui précède. Sans la Révolution, la bourgeoisie serait arrivée au pouvoir (avec ou sans roi) ; elle y était dès 1789 et elle l’a retrouvé en 1794. Entre ces deux dates, il s’est passé quelque chose ; quelque chose qui a rompu le cours de l’Histoire, à un moment où la bourgeoisie avait le vent en poupe ; quelque chose qui, n’étant pas ordinaire, mérite que cette période précise soit appelée « Révolution ». Les révolutionnaires, ce n’était pas les bourgeois… C’était précisément ceux qui contestaient leur hégémonie. Dans cette histoire, les bourgeois, ceux qui prônaient le libre marché (c’est-à-dire la liberté de spéculer sur la misère publique), ceux qui sacralisaient la Propriété (c’est-à-dire le fruit de leurs magouilles), ceux qui voulaient tout juger à l’aune de l’argent (parce que c’est eux qui l’avaient), ces bourgeois, dis-je, étaient des contre-révolutionnaires. Ils existaient à l’époque de la Révolution, ils en étaient les contemporains, mais ils incarnaient tout le contraire.

En fait, il y avait deux contre-révolutions. La contre-révolution aristocratique, celle des nobles qui défendaient la monarchie parce que leurs privilèges en dépendaient, qui détestaient autant les bourgeois arrivistes que le peuple revendicatif ; et la contre-révolution bourgeoise, celle des riches qui avaient pris la place des nobles et méprisaient le peuple autant sinon plus que ces derniers. Mais les bourgeois étaient dans le sens de l’Histoire. Ils ne devinrent des contre-révolutionnaires que parce qu’ils eurent en face d’eux des révolutionnaires, des vrais, issus eux aussi de la bourgeoisie, mais qui voulaient sincèrement le bien du peuple, défendaient ses droits et étaient soutenus par lui. Au vrai, la contre-révolution aristocratique fut inexistante, sinon anecdotique ; les nobles émigrèrent d’eux-mêmes dès 1789. La Révolution mit essentiellement aux prises le peuple, donc, et les bourgeois. Dans un premier temps, les révolutionnaires s’opposèrent, en vain, à la destruction, par les bourgeois, de tout ce que l’ancien régime avait de protecteur pour le peuple ; dans un second temps, une fois au pouvoir, ils restaurèrent tant bien que mal ce qu’ils purent, tout en devant gérer le chaos dans lequel les bourgeois avaient plongé la France. Au final, les bourgeois tirèrent les marrons du feu. Ils annulèrent tout ce qu’avaient fait les révolutionnaires et jetèrent les bases du système qui est encore le notre aujourd’hui. Nous ne vivons pas sur l’héritage des révolutionnaires mais sur celui des contre-révolutionnaires bourgeois. La République a bien été proclamée, par nécessité, sous l’impulsion des révolutionnaires, en 1792 ; mais la République façonnée ensuite par les bourgeois n’a rien à voir. « République » n’est qu’un mot. Il faut regarder ce qu’il y a derrière et qui l’a mis.

Certains ne retiennent de la Révolution que les événements sanglants dont il est possible de rendre, à tort ou à raison, les révolutionnaires responsables. Bien sûr, quand c’est le leur qui coulait, c’était pour la bonne cause, cela ne compte pas ! Le sang du peuple qui défend ses droits ne vaut rien. C’est assez dire de quel côté penchent les gens qui jugent la Révolution selon de telles considérations. Quoique qu’il faille distinguer les faiseurs d’opinion de leurs dupes. Personne ne s’avance en se disant « ennemi du peuple » ! C’est toujours sous prétexte de défendre le peuple que l’on calomnie ses véritables amis, que l’on tourne contre eux ceux qui devraient les soutenir, et que l’on détourne ainsi les regards de ses buts inavouables. La méthode n’a pas changé. Regardez comment fonctionnent aujourd’hui les ennemis du peuple et imaginez la boue qui a été déversée sur les révolutionnaires depuis 200 ans. Il n’est donc pas étonnant que certains aient embrassé en théorie la cause de ceux qu’ils auraient combattu en réalité, comme ils le font aujourd’hui, confrontés aux mêmes problèmes.

Le véritable drame des révolutionnaires, c’est d’avoir échoué. Vae victis ! (Malheur aux vaincus.) Mais leur combat est toujours d’actualité, à quelques mises à jour près : pauvres contre riches, peuple contre « élites », démocrates contre ploutocrates, patriotes contre mondialistes, résistants contre collabos, et toujours, en dernière analyse, Égalité contre Largent. Notre drame, à nous, serait de ne pas comprendre les raisons fondamentales de l’échec des révolutionnaires (ce que des visions délirantes de la Révolution ne permettent pas de comprendre). Ils se battaient pour l’Égalité et la Patrie, contre Largent, mais ne se sont pas attaqués à lui en personne, pour ainsi dire ; ils s’opposaient à son absolutisme mais ne contestaient pas son existence même. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ne pouvaient pas le faire en leur temps. Aujourd’hui, nous en avons les moyens. Toute la question est : Saurons-nous être des révolutionnaires à la mode du XXIe siècle ? Saurons-nous réinventer la Révolution… et triompher, cette fois ?

 

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux

21 décembre 2018

mercredi, 19 décembre 2018

LES GILETS JAUNES & LES RÉVOLUTIONS d’hier et de demain (vidéo)

Les Gilets jaunes sont un mouvement inédit dans l’Histoire de France. Jamais on avait vu le peuple se lever non seulement sans chefs, mais encore sans vouloir s’en donner. Il n’y a pas de chefs ; il n’y a personne derrière ou au-dessus, pas de structure, pas de groupe organisés, encore moins d’État étranger, même si les médias cherchent à les discréditer en prétendant le contraire. C’est inédit. Dès lors, l’Histoire peut-elle nous apprendre quelque chose ? J’aimerais survoler avec vous deux épisodes de l’Histoire de France, la Révolution et la Commune de 1871, pour voir quelles leçons on peut éventuellement en tirer.

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Le premier, c’est évidemment 1789. Les Gilets jaunes sont sociologiquement les Sans-culottes de l’époque. Les événements de 1789 furent amenés, comme aujourd’hui, par une question de dette, donc d’argent. Depuis longtemps, l’État était endetté. Les différents ministres sous Louis XV et Louis XVI en étaient tous arrivés à la même conclusion que la Noblesse et le Clergé devaient mettre la main à la poche. Le refus systématique de ces derniers contraignit Louis XVI à convoquer les États généraux, c’est-à-dire une Assemblée constituée d’élus des trois ordres qu’étaient la Noblesse, le Clergé et le Tiers état. Sous la pression des députés du Tiers état, du peuple en théorie, de la bourgeoisie en fait, les États généraux se déclarèrent assemblée nationale constituante (juin 1789) ; elle se donnait la mission d’écrire une constitution. Le roi qui désirait qu’ils se bornent à décréter de nouveaux impôts, ne l’entendit pas de cette oreille et tenta le coup de force, qui fut déjoué par les journées populaires de juillet 1789. [Oubli : Les Gardes-françaises qui avaient déjà refusé de tirer sur le peuple s’étaient ralliées à lui.] Le peuple, les Sans-culottes, les Sans-dents, avaient servi de bélier à la bourgeoisie, non pour la mettre au pouvoir, puisqu’elle y était déjà ou presque, mais pour assurer son pouvoir. L’Assemblée constituante, composée de nobles et de bourgeois, ne tarda pas à révéler son vrai visage et à bâtir un système aristo-bourgeois, ultra-libéral (comme on dirait aujourd’hui), tout en faveur des riches, un système qui s’accommodait parfaitement de la monarchie tant que le roi restait une potiche. Les Sans-Culottes, les Jacobins, les révolutionnaires, virent clair dans leur jeu dès le début et dénoncèrent cette politique. Eux-mêmes n’étaient pas fondamentalement hostiles à la monarchie pourvu que les droits du peuple soient respectés. Mais le roi ne soupirait qu’après la restauration de sa puissance et ne vit bientôt de salut que dans le recours à des troupes mercenaires. Il s’enfuit mais fut arrêté à Varennes et ramené à Paris. L’Assemblée le remit sur le trône et fit massacrer les Parisiens qui protestaient au Champ de Mars. Peu après, la constitution achevée, une nouvelle Assemblée nationale, législative, élue au suffrage censitaire, se réunit. Des députés tout neufs. Que des bourgeois, adeptes du libre marché. Au peuple qui réclamait du pain, ils ne savaient qu’envoyer des baïonnettes. Et les caisses étaient toujours vides, malgré la confiscation des biens du Clergé. Les leaders de l’Assemblée, les Girondins, virent dans la guerre étrangère un moyen de les remplir (à condition d’être victorieux) et de détourner la colère populaire. Le roi, qui espérait tant que les monarchies européennes interviennent en sa faveur, y vit le moyen de leur forcer la main ; il était bien placé pour savoir que la France n’était pas en état de faire la guerre et il comptait sur la défaite. Ainsi, le roi, hostile à l’Assemblée, et l’Assemblée, qui n’était pas hostile au roi, voulaient la guerre, mais pour des raisons différentes. [Oubli : Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l’Empereur d’Autriche.] Comme prévu, la campagne du printemps 1792 fut un désastre. Les Austro-prussiens allaient bientôt pouvoir marcher sur Paris. La France avait à sa tête un roi qui avait toujours fait cavalier seul et voulait perdre la guerre, et une Assemblée qui n’avait rien fait pour le peuple, sans lequel il était impossible de gagner la guerre dans laquelle elle avait plongé le pays, et qui défendait encore la monarchie. C’est dans ce contexte de patrie en danger que les révolutionnaires appelèrent au sursaut national et que Fédérés des départements et Sans-culottes parisiens prirent les Tuileries (10 août 1792), contraignirent l’Assemblée à destituer le roi et à se dissoudre elle-même en convoquant une nouvelle assemblée constituante : la Convention. Le succès de cette journée avait été assuré par une commune insurrectionnelle, composée de délégués de chacune des 48 sections de Paris, mise en place manu militari dans la nuit, et qui assura le pouvoir révolutionnaire dans l’intervalle. [Oubli : 21 septembre, abolition de la Monarchie. 22 septembre, proclamation de la République.] La Convention se réunit un mois plus tard, toujours dominée par les Girondins, toujours ultra-libéraux et plus que jamais hostiles aux Parisiens et aux révolutionnaires. Ils multiplièrent les mesures dilatoires pour sauver le roi et inondèrent les départements de propagande pour les dresser contre Paris. Ils ne purent sauver le roi, mais ils provoquèrent bien la guerre civile, après avoir allumé la guerre étrangère. C’en était trop ! Le 2 juin 1793, 80.000 gardes nationaux et Sans-culottes cernèrent la Convention qu’ils contraignirent à expulser de son sein 31 Girondins. Dès lors, dominée par ceux que l’on appelle les Montagnards, c’est-à-dire grosso modo les Jacobins, la Convention prit des mesures énergiques en faveur du peuple, donc contre les bourgeois, et pour gagner les guerres extérieure et intérieure. Au prix de beaucoup de souffrances et de drames, mais aussi d’enthousiasme et d’héroïsme, elle parvint à retourner une situation tragique, a priori désespérée. Quand enfin il devint possible de revenir à une situation normale, après la victoire de Fleurus (26 juin 1794), nombre de députés tombèrent le masque populaire et redevinrent les bourgeois qu’ils n’avaient jamais cessé d’être. Robespierre, figure de proue de la Révolution et du Comité de salut public, fut décrété d’arrestation et exécuté, non parce qu’il était un tyran, ce qui n’était qu’un prétexte, mais parce qu’il défendait le peuple. L’ultra-libéralisme et le règne de Largent furent rétablis. Action, réaction : un an plus tard, les Parisiens, littéralement affamés, se soulevèrent à deux reprises (1er germinal, 1er prairial an III) et investirent la Convention au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Mais sans chefs, sans plan, sans organisation, ils furent refoulés, écrasés et désarmés. Rideau.

Le deuxième épisode intéressant est celui de la Commune de Paris de 1871, qui dura à peine deux mois. La chute du second Empire, après la défaite de 1870, donna lieu à la naissance d’une République aristo-bourgeoise capitularde. Les Parisiens, qui avaient soutenu un siège terrible et dont les troupes avaient été sacrifiées délibérément par des officiers propres sur eux, n’acceptaient pas l’orientation politique du nouveau régime (pourtant issu des urnes). Ils se soulevèrent le 18 mars 1871. L’Assemblée qui avait senti la colère monter, d’autant plus qu’elle l’attisait, avait déjà déménagé de Paris à Versailles, où Monsieur Thiers, chef du gouvernement, la rejoignit bientôt en hâte, ainsi que la fine fleur de Paris. [Erreur : L'Assemblée siégeait à Bordeaux avant de se réunir à Versailles.] Le soulèvement spontané avait été provoqué par l’ordre d’enlever les canons de Belleville, les canons de la garde nationale, payés par les Parisiens. [Erreur : Les canons, inutilisables, étaient à Montmartre. Oubli : La troupe avait mis crosse en l’air et rallié le peuple.] Le comité central de la garde nationale assura aussitôt le pouvoir, le temps que des élections soient organisées. Mais, une fois la Commune élue, le Comité conserva ses prérogatives et lui fit concurrence. Par ailleurs, malgré la présence majoritaire de « Jacobins », la Commune fut essentiellement anarchiste (individualiste, gauchiste), de sorte que, au lieu d’être pragmatique, elle rêvait debout ; elle prenait ses bonnes intentions pour un bouclier ; elle s’armait de scrupules pendant que Monsieur Thiers récupérait les soldats français prisonniers et leur bourrait le mou ; elle respectait la Banque de France qu’elle avait sous la main pendant que celle-ci ouvrait ses coffres à ses ennemis. Ca parlait, ça dansait, ca tirait des plans sur la comète, mais ça ne se battait pas. Seule une poignée de braves tenait les portes de Paris. Il était loin le temps de la levée en masse face aux féroces soldats. Un beau jour (21 mai), les Versaillais, prévenus par un traître, entrèrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud sans croiser âme qui vive. Il fallut encore un jour pour que cette nouvelle se répande et qu’alors les Parisiens dressent des barricades, chacun la sienne. Défense aussi héroïque que désespérée. En une semaine, la résistance fut écrasée. Des milliers de Parisiens furent fusillés, des milliers d’autres déportés. L’ordre bourgeois était rétabli. Tous les nantis, royalistes, républicains, de gauche, de droite, applaudirent. Un peuple, ça obéit (aux riches qui le méprisent) ou ça se massacre (gaiement et avec bonne conscience) ou ça se calomnie en attendant.

J’aurais pu aussi évoquer les révolutions de 1830 et de 1848, ou encore la Résistance, voire Mai 68, mais ils ne sont pas ma spécialité. Du reste, dans les grandes lignes, ils présentent des mécanismes que la Révolution et la Commune permettent déjà d’observer, à savoir :

1) Les nantis se liguent toujours contre le peuple ; ils ont la richesse et le pouvoir et ne reculent devant rien pour conserver l’une et l’autre ; le peuple est trop bon pour imaginer à quelles bassesses et cruautés leur mépris et leur haine pour lui peuvent les entraîner.

2) La politique est un rapport de force. Chacun doit utiliser ses atouts. Les riches ont la puissance que leur donne l’argent ; les pauvres ont la force du nombre. Les riches ont la faiblesse de se croire inaccessibles ; les pauvres ont celle d’être généralement divisés.

3) Les gens du peuple ont tellement l’habitude d’être soumis et de respecter l’autorité qui les opprime qu’ils adoptent le point de vue de leurs oppresseurs jusqu’à en oublier l’objet de leur révolte. Or un peuple qui hésite à frapper ceux qui le veulent mort mourra de leur main ou sous leurs yeux.

4) Un peuple qui demande n’obtiendra rien.

5) Le peuple ne peut rien obtenir que de lui-même.

6) Un mouvement qui ne sait pas où il va n’ira nulle part.

7) Tout mouvement populaire désorganisé est voué à l’écrasement. N’ont jamais réussi, au moins à court terme, que des insurrections préparées ou ayant trouvé aussitôt des chefs ou une organisation pour prendre les choses en main. [Oubli : les insurrections armées ou ayant le soutien d’une force armée.]

8) Le peuple par lui-même est nul. C’est un corps sans tête.

9) Il y a toujours une tête pour assumer le pouvoir, et un pouvoir pour fournir une tête. Une tête et un pouvoir qui n’assument pas sont perdus.

10) Le pouvoir a tous les pouvoirs. Inutile de le contester. Les faibles contestent en vain ; les forts s’emparent du pouvoir.

11) Le temps est l’ennemi mortel de tout mouvement populaire. Il permet aux riches de se ressaisir et de tout corrompre [oubli : et de dresser une partie du peuple contre l’autre] ; ce qui condamne les « populistes » à se durcir jusqu’à briser.

12) Au final, à plus ou moins long terme, c’est toujours Largent qui gagne.

Telles sont les leçons que je tire, pêle-mêle, de la Révolution et de la Commune. La conclusion n’est pas heureuse : le peuple peut se débattre autant qu’il veut, de quelque manière que ce soit, Largent gagne toujours à la fin. Robespierre avait déjà fait ce constat, mais l’avait formulé en sens inverse : « Quand leur intérêt [celui du gouvernement et des riches] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » (Juin 1793) Autrement dit, il avait compris qu’entre riches et pauvres il y aurait toujours divergence d’intérêt, et il n’imaginait pas qu’il n’y ait plus ni riches ni pauvres. Il avait raison si l’on se place du point du vue du système monétaire dans lequel, du fait des principes et du fonctionnement de la monnaie, il y aura toujours des riches et des pauvres, dont l’intérêt ne sera, en effet, jamais confondu. Jamais ! On peut même aller plus loin : l’intérêt de chacun est contraire à l’intérêt de tous les autres, puisque la monnaie circule et que, pour en avoir, chacun doit la prendre aux autres. Mais ceci est la règle du système monétaire. La vraie question est donc : Le système monétaire répond-il aux exigences sociales ? Si on répond OUI, alors tout va bien, le monde est ce qu’il doit être. Ne nous plaignons pas. Mais si on répond NON, parce que l’on pressent que l’inégalité, intrinsèque au système monétaire, est fondamentalement antisociale, parce que l’on comprend qu’une Société doit être composée de Citoyens égaux et que des riches et des pauvres ne sont pas Concitoyens, sinon sur le papier, alors il faut se poser une autre question : Comment sortir du système monétaire, et surtout Pourquoi ? Le problème, c’est que les réponses au Pourquoi et au Comment sont liées. On ne peut pas répondre correctement au Pourquoi si on ne sait pas exactement Comment, et inversement. La chose paraissant insoluble, il est tentant d’occulter le problème lui-même, d’accepter les choses telles qu’elles sont ou de s’acharner à faire du pseudo social dans le cadre d’un système où le nom même de « Société » est une imposture. C’est ce que les hommes de cœur, sincères, font depuis 200 ans et ce qu’ils continuent de faire. Ils se convainquent que la monnaie n’est qu’un instrument, que le système monétaire n’a rien à voir avec les problèmes qu’ils veulent résoudre, que tout dépend de leur bonne volonté et passent dès lors leur temps à essayer de résoudre des problèmes créés ou aggravés par le système monétaire quand ils ne sont pas purement financiers. Ce faisant, ils préservent ce système individualiste, matérialiste, inégalitaire, antisocial, inique et oligarchique. Ils sont tel Sisyphe poussant son rocher.

Mais quel rapport, me direz-vous, avec les Gilets jaunes ? Hé bien ! Tout !!! Pourquoi sont-ils dans la rue ? Que réclament-ils ? Que dénoncent-ils ? Qui les calomnie ? Ils n’en peuvent plus des taxes, des impôts, des prix élevés, des loyers exorbitants, des retraites ridicules ; ils espèrent des augmentations de salaires, le rétablissement de l’ISF ; ils conspuent les riches, les banques, la finance, les médias à leur botte et, pour les plus audacieux, ils exigent la Démocratie (c’est-à-dire le contraire de l’oligarchie), le tout sous les crachats de la ploutocratie et des privilégiés de la fortune. Vous ne voyez pas le dénominateur commun ? Vous ne voyez pas que nous sommes dans un Monopoly grandeur nature ? Les Gilets jaunes n’acceptent pas les conséquences du jeu dont ils cautionnent inconsciemment les règles en ne remettant pas en cause sa nature. Ils en sont au même point que les Sans-Culottes et les Communards. Nous n’avons pas avancé d’un centimètre. Nous tenons les mêmes discours, proposons les mêmes remèdes, entretenons les mêmes illusions, courons au-devant des mêmes échecs ; nous avons les mêmes ennemis qu’à l’époque, qui ne sont autres que les heureux du système monétaire, dont ils ne sont d’ailleurs eux-mêmes que les instruments, comme chacun d’entre nous en est le complice. À l’heure où Largent est roi, personne ne songe à le renverser. Il peut dormir tranquille. Tant que nous nous battrons entre nous, entre ceux qui ont attrapé un os et ceux qui n’ont que des miettes, hé bien ! les choses ne sont pas près de changer.

J’exagère. En réalité, le système a muté et met en place les structures nécessaires à sa propre destruction. C’est ainsi que les révolutions deviennent inévitables et surviennent par la force des choses. Le changement est proche ; mais il n’est pas encore à l’ordre du jour. C’est pourquoi je disais, dans une autre vidéo, que la sortie du système monétaire serait l’objet d’un prochain combat. C’est pourquoi, également, je ne m’étends pas sur le sujet. Pour l’heure, nous devons faire ce que nous pouvons avec ce que nous avons en nous ménageant, si possible, des armes pour les combats futurs ou, pour le moins, en évitant, de nous désarmer. Car qui peut croire que, quoique nous obtenions, si toutefois nous obtenons quelque chose, le combat sera terminé ?

Les révolutions passées et les leçons que j’en ai personnellement tirées nous enseignent que les Gilets jaunes, compte tenu de leurs revendications, seront perdants. Ne s’attaquant pas à Largent même, et sachant encore moins comment le renverser, ils ne changeront rien fondamentalement. N’ayant pas de chefs, pas d’organisation, ils ne renverseront pas le gouvernement, ils ne prendront pas le pouvoir et, quand même ils y arriveraient par miracle, le nouveau pouvoir serait toujours confronté à Largent, auquel il se soumettrait ou qui finirait par l’écraser. Qu’ils aient ou non des chefs ne change donc rien. Cela les préserve même d’être trahis par eux dans l’action ou trompés dans la victoire. Cela ne les empêche pas d’obtenir quelque chose à force de pression. Mais ils doivent savoir clairement ce qu’ils veulent, et vouloir quelque chose de décisif.

Il faut garder à l’esprit que le système court de lui-même à sa perte, que l’oligarchie va accélérer sa fuite en avant aux dépens du peuple, pour tout anéantir, et que seul le peuple peut lui mettre des bâtons dans les roues et sauver les meubles. Comme il a été dit, le peuple en tant que tel est nul ; c’est une fiction ; il n’existe que par les hommes qui l’incarnent et font son unité mais qui le trahissent au lieu de le servir. Le peuple doit donc organiser son propre pouvoir par-delà toute instance tirant de lui sa légitimité ou agissant en son nom mais indépendamment de lui. Sous ce rapport, les Gilets jaunes font preuve d’une maturité extraordinaire en focalisant de plus en plus sur la question de souveraineté populaire, en réduisant leurs exigences à la possibilité, pour le peuple, de provoquer lui-même, sans aucun intermédiaire, et sur n’importe quel sujet, des référendums, dont les résultats auraient force de loi. Ainsi, ils n’ont pas de chefs ; ils ont mieux : ils ont — ou tendent à avoir — un objectif commun comme point de ralliement et indice de satisfaction ; c’est une idée qui fait leur unité ; une idée qui avance grâce à un instrument qui n’existait pas jusqu’alors : Internet ; Internet qui leur permet aussi de s’organiser spontanément, indépendamment de toute organisation. Ces nouveaux atouts compenseront-ils ce qui n’aurait été jusqu’à présent que des faiblesses ? C’est possible, et je me risquerai à dire que c’est dans le sens de l’Histoire. En attendant, le système fera tout — calomnie, sophismes, répression — pour éluder leur exigence qui, sans être fatale pour lui, serait néanmoins fort gênante. C’est un rapport de force et une course contre la montre qui sont engagés qui est engagé entre le Peuple et ses soi-disant représentants. Les Gilets jaunes doivent être les plus forts et contraindre le gouvernement et l’Assemblée à capituler.

Sous quelque nom que soit adoptée la disposition en question, ce serait une grande victoire pour le Peuple, la plus grande qui se puisse obtenir dans les conditions actuelles. Toutefois, le nom sous laquelle beaucoup la réclament dénote l’absence de vision révolutionnaire et une inconscience de leur propre état. Ils l’appellent « Référendum d’Initiative Citoyenne » (R.I.C.). Cela postule que nous sommes « Citoyens », de la même manière que le système affirme que nous sommes en « Démocratie ». Nous sommes bien des Citoyens en puissance, mais nous ne le sommes pas en réalité. Il n’y a de Citoyenneté pleine et entière que dans l’Égalité, c’est-à-dire dans l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, droits qui passent aujourd’hui par la monnaie qui ne peut pas se répartir également et qui fait que nous sommes inégaux. Il n’y a aucune égalité entre un riche et un pauvre. Il n’y a pas de Citoyens, au vrai sens du terme, dans un système monétaire. Ainsi, parler de « Référendum d’Initiative Citoyenne » interdit de voir que nous ne sommes pas réellement Citoyens et qu’il va nous falloir conquérir la véritable Citoyenneté en renversant Largent. Ceux qui, aujourd’hui, parlent de « Référendum d’Initiative Citoyenne » n’ont toujours pas compris que Largent est « la cause des causes » et, en exaltant une citoyenneté au rabais, cautionnent un de ces sophismes dont le système raffole car ils nous maintiennent dans une prison mentale, dont il faudra sortir un jour, et pourquoi pas dès à présent ?

Obtenir le Référendum d’Initiative Populaire sous le nom de « Référendum d’Initiative Citoyenne » serait un moindre mal aujourd’hui, mais quel mal cela ne fera-t-il pas demain ? Pensez-y. Soyez des révolutionnaires de votre temps.

Vive les Gilets jaunes !
Vive la Révolution !
Vive la France !

 

LES GILETS JAUNES

08:28 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 12 décembre 2018

LE COMBAT DES GILETS JAUNES - LE RÉFÉRENDUM D’INITIATIVE POPULAIRE (vidéo)

RIP selon moi - couv.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image ou ICI

Salut à vous Gilets jaunes,
fierté du peuple français,

Vous entrez dans votre cinquième semaine d’action. Vous n’avez rien obtenu, sinon des miettes. Tel que le combat était engagé, il menait à une impasse. Vous réclamiez la démission du Président, qui n’allait évidemment pas céder sur ce point, et, par ailleurs, les revendications multiples et confuses qui montent de vos rangs lui ont permis de jouer au plus fin, d’amadouer les naïfs, et de laisser les autres en plan. Qu’il fasse encore des concessions illusoires, et vous êtes cuits. Il est urgent que vous sachiez ce qu’il importe que vous obteniez ; que vous vous fixiez un objectif clair, net, précis et décisif ; que vous vous unissiez autour de cet objectif, que vous en fassiez votre seule et unique revendication, afin que vous ramiez tous dans le même sens, que vous recadriez vous-mêmes ceux qui vous entraînent dans d’autres directions pour vous faire courir après des leurres, que ces derniers le fassent de bonne foi et pour vous diviser intentionnellement. C’est en voulant peu, mais en ne voulant que cela, et en le voulant très fort, que nul ne pourra plus ignorer ce que vous voulez, que vous pourrez être intraitables et que vous saurez reconnaître instantanément vos ennemis extérieurs et intérieurs.

Cet objectif suprême ne peut être que le « Référendum d’Initiative Populaire ». Vous êtes dans la rue précisément parce que vous n’avez aucun moyen de vous faire entendre et obéir en tant que Peuple souverain. Et même en descendant massivement dans la rue, le pouvoir peut encore faire la sourde oreille. Vous êtes un Peuple souverain dont la souveraineté a été confisquée par vos soi-disant représentants qui vivent mieux que vous, sur votre dos, et qui servent leurs intérêts, ceux de leur caste et ceux des ultra riches. On vous vole votre argent, parce qu’on vous a volé la Démocratie. Largent donne le pouvoir aux riches, le pouvoir sur les masses divisées. Mais quand les masses s’unissent, toutes les fictions s’évanouissent. Le moment où vous êtes fort est celui durant lequel vous pouvez et devez établir votre puissance. Le système monétaire joue contre vous en temps ordinaires ; dans ce moment extraordinaire, vous avez l’occasion de poser des garde-fous. Saisissez-là. Sans quoi, quoi que vous obteniez, le jeu n’en valait pas la chandelle.

Cette vidéo est la troisième que je réalise depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Dans la première, j’ai développé ce que je viens de dire, à savoir que les Gilets jaunes doivent faire du « Référendum d’Initiative Populaire » leur unique objectif. Dans la seconde, j’ai expliqué pourquoi il est préférable de parler de « Référendum d’Initiative Populaire » (R.I.P.) plutôt que de « Référendum d’Initiative Citoyenne » (R.I.C.) comme on l’entend également et même le plus souvent. Sous ces deux noms, l’idée est la même, mais les mots ont leur importance. Les mots sont des pièges, des pièges parfois grossiers, parfois subtils, et s’il est facile de ne pas tomber dans ceux que l’on voit, on tombe sans le savoir dans ceux que l’on n’a pas vus. « Populaire » ou « Citoyenne », ce n’est pas une question d’humeur ou d’esthétique. Derrière ce choix, se cache un enjeux vital que beaucoup ne réalisent pas mais que je n’aiderai pas à se fourvoyer en me pliant moi-même à un effet de mode.

Dans cette troisième vidéo, je vais vous livrer ma conception du « Référendum d’Initiative Populaire », celle que les Gilets jaune devraient, selon moi, adopter comme exigence et point de ralliement, celle que j’espère les voir faire leur, celle que je vous invite à diffuser si vous partagez ma conception des choses.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite mise au point pour couper court aux polémiques stériles. Je ne postule pas au rôle de représentant ou de porte-parole ; j’ai dit, on ne peut plus clairement, dans la première vidéo, que les Gilets jaunes ne devaient pas en avoir. Mais la condition, pour qu’ils n’en aient pas, c’est qu’ils sachent clairement ce qu’ils veulent ; c’est qu’ils parlent comme un seul homme ; que n’importe lequel d’entre eux, d’entre vous, d’entre nous, tienne le même discours. Comment parvenir à une telle unité ? Certains croient qu’elle ne peut procéder que de la concertation, de discussions innombrables et interminables. Sous prétexte de nous unir, ils commencent par nous diviser en réduisant le mouvement à chaque individu. Ils veulent lutter contre le capitalisme avec la mentalité individualiste que le capitalisme nous a inculquée. Je crois, moi, que l’unité ne peut être faite (et faite rapidement), que par le ralliement massif à des idées bien ficelées, peu importe par qui elles aient été émises pourvu qu’elles rencontrent l’assentiment général et qu’elles deviennent ainsi celles de chacun. Je n’ai pas le pouvoir d’imposer les miennes. Je ne fais que les proposer pour faire œuvre utile. Il ne s’agit pas de « me suivre », mais de vous permettre de trouver, bien exprimées, et de pouvoir formuler à votre tour les idées qui étaient déjà en vous. C’est à vous de juger.

Voilà donc la plate-forme que je propose, celle qui doit frapper les esprits, être dans tous les discours et sur toutes les banderoles.

Pour rendre au Peuple français la souveraineté qui est sienne d’après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la Constitution même….

Les Gilets jaunes exigent l’instauration
d’un vrai Référendum d’Initiative Populaire

Matière — Des référendums pourront être provoqués sur n’importe quel sujet, dans n’importe quel domaine et dans n’importe quel sens, car le Peuple est souverain.

Pétitions — Ils seront provoqués automatiquement par toute pétition référendaire, en bonne et due forme, réunissant au moins 500.000 signatures de citoyens français, sans qu’aucun intermédiaire ne puisse s’y opposer, car le Peuple est souverain.

Référendums — Les référendums auront lieu dans un délai de 6 mois maximum après le constat de la validité des pétitions, sans que rien ne puisse s’y opposer, car le Peuple est souverain.

La loi — Les résultats des référendums auront aussitôt force de loi, nonobstant toutes dispositions contraires, car le Peuple est souverain.

Lèse nation — Toute entrave mise à ce processus, c’est-à-dire à la liberté de pétitionner (pour les citoyens français), à la provocation et à l’organisation des référendums acquis, à l’application de leurs verdicts, sera considérée comme un crime envers le Peuple souverain.

Voilà ce que doit être, selon moi, un vrai Référendum d’Initiative Populaire, le projet non-négociable que chaque Gilet jaune, chaque Français même, doit faire sien. Il peut donner lieu à des vignettes et des tracts encore plus directs comme dans l’exemple suivant :

Gilets jaunes - Une exigence - RIP.jpg

Ou encore :

RIP - Pas plus, pas moins.jpg

Je vous mets ces textes sous la vidéo pour que vous puissiez les copier-coller.

Je suis d’avis que les Gilets jaunes s’en tiennent, publiquement, à ces quelques points. Il est cependant évident que la mise en œuvre concrète du Référendum d’Initiative Populaire sera plus complexe et exige des précisions à chaque niveau, des précisions qu’il nous appartient d’apporter pour ne pas en laisser l’initiative aux saboteurs. Ce sera l’objet de la prochaine vidéo.

En attendant, j’invite ceux qui le peuvent à confectionner d’immenses banderoles portant les mots « Démocratie - Référendum d’Initiative Populaire » pour les déployer sur toute la largeur des Champs-Élysées, afin qu’il soit impossible de les louper, même pour les médias français, que ces images fassent le tour du monde, et que le gouvernement ne puisse plus ignorer que capituler sur ce point est sa seule porte de sortie.

R.I.P. !
R.I.P. !
R.I.P. !
     HOURRA ! ! !

 

LES GILETS JAUNES

19:09 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 06 décembre 2018

APPEL AUX GILETS JAUNES (vidéo)

POUR UNE LEVÉE EN MASSE

EN FAVEUR

DU RÉFÉRENDUM D’INITIATIVE POPULAIRE (R.I.P.)

 

Salut à toi, Peuple français,

Dans ces heures que l’Histoire de France comptera sans doute parmi les plus lumineuses, je me sens obligé, en tant que Citoyen français, en tant que partie de ce peuple si longtemps méprisé, d’apporter ma pierre à l’entreprise.

Je m’appelle Philippe Landeux.

Je me présente en deux mots. Certains d’entre vous me connaissent peut-être déjà, et savent que je suis à la fois un spécialiste de la Révolution française, en particulier de Robespierre, et l’auteur d’une théorie révolutionnaire, « le Civisme », que je m’échine à répandre depuis 20 ans, sachant d’ailleurs que son heure n’est pas encore venue. Mon but suprême est l’instauration de l’Égalité des citoyens en devoirs et en droits, dont celui d’accéder librement au marché du fait même qu’ils soient citoyens, ou, si vous préférez, d’anéantir Largent, au nom de l’Égalité et de la Patrie. Je prône un système non-monétaire, égalitaire, patriotique et démocratique. Mais ce n’est pas l’objet de cette vidéo et je renvoie, ceux que cela intéresse, à mon blog, mes livres et mes vidéos.

Je fais cette vidéo aujourd’hui pour aider les Gilets jaunes de mes conseils, s’ils veulent bien les entendre. Je ne vous parle pas d’en haut, je suis des vôtres ; mais il est impossible de se faire entendre en étant au milieu de quelques-uns d’entre vous. C’est d’ailleurs le premier point que je voudrais aborder.

Notre force, c’est de n’être personne et tout le monde à la fois, c’est d’être le peuple debout…. enfin. Notre force, c’est d’être une masse insaisissable, indomptable, terrifiante pour le pouvoir ; nous pouvons tout balayer si nous savons ce que nous voulons, si nous marchons au but comme un seul homme.

Mais c’est là que notre force peut devenir une faiblesse. Nous n’avons pas de représentants et il est impératif que nous n’en ayons pas. Le système a besoin de représentants pour négocier ; pas nous. Nous ne sommes pas là pour négocier, mais pour exiger au nom du peuple souverain. Mais exiger quoi ? Si nous ne le savons pas, nous aurons besoin de représentants, le système en désignera même pour nous ; nous perdrons l’avantage et le fruit de nos efforts. Si vous voulons trop, même chose. Si nous multiplions les exigences, dont certaines seront insignifiantes, d’autres contradictoires, si nous nous dispersons nous-même au lieu de concentrer le tir et de viser juste, nous ne pourrons pas être entendus parce que nous serons inaudibles, nous ne serons plus aussi puissants parce que nous serons divisés, nous perdrons la bataille parce que nous aurons donné le bâton pour nous faire battre. Qui trop embrasse mal étreint.

Nos exigences doivent se limiter à UNE SEULE ; une seule exigence, claire, indivisible et non-négociable ; une exigence fondamentale et révolutionnaire qui contienne en elle-même toutes les exigences possibles ; une exigence unique qui doit être portée par tous et sur laquelle nous pourrons être intraitables ; enfin, une exigence unique dont la pleine et entière satisfaction sera la condition pour la cessation de notre mouvement.

Quelle peut être cette exigence ? Certains réclament des baisses de ceci, des augmentations de cela. D’autres parlent de dissoudre l’Assemblée nationale, de former par élection ou tirage au sort une assemblée constituante, de supprimer le sénat, de renverser le gouvernement, de destituer Macron, de l’obliger à démissionner, etc. Les uns veulent des miettes, les autres veulent des mesures illusoires ou secondaires. Je ne dis pas que ces revendications ne sont pas légitimes, mais comptez-vous, pour les satisfaire, sur la bonne volonté de ceux que vous dénoncez à juste titre ? Et obtiendriez-vous le départ de ces derniers, qu’aurez-vous gagné réellement, hormis la satisfaction d’avoir été un moment les plus forts ?

L’exigence qui doit nous rallier est celle qui doit assurer, POUR TOUJOURS, NOTRE POUVOIR, c’est-à-dire la souveraineté du peuple, que le peuple soit enfin souverain sans qu’il ait besoin de descendre dans la rue… pour se voir rétorqué que la rue ne fait pas la loi. Nous sommes dans la rue parce que nous n’avons précisément aucun moyen légal de faire la loi ou de nous opposer à quelque décision que ce soit prise en notre nom, sans nous consulter et à nos dépens. Ce n’est pas cela la Démocratie, c’est-à-dire le régime dans lequel nous sommes supposés être. Nous sommes dans un régime où le peuple est nul, où il ne compte pas, où il ne sert que de marchepied à des élus, à des professionnels de la politique qui vivent grassement sur le dos des contribuables dans lesquels ils ne voient que des bonnes poires et des vaches lait. Nous sommes dans une démocrature, c’est-à-dire une dictature, au service de Largent, maquillée en démocratie. La Démocratie, la vraie, est un système politique dans lequel les lois sont faites directement par le peuple ou, à défaut, ratifiées par lui. Peu importe qui fait les lois dès lors que le peuple a le dernier mot. C’est pour cela que nous devons nous battre ; c’est cela que nous devons obtenir en priorité et même en exclusivité, car c’est parce que nous n’avons jamais pu nous opposer aux trahisons de nos élus qu’ils nous trahissent aussi effrontément.

Cette exigence a un nom ; c’est une disposition qu’il suffit d’inscrire dans la constitution et qui existe déjà dans d’autres pays, notamment en Suisse et aux États Unis ; elle est connue sous le nom de Référendum d’Initiative Populaire (RIP) ou Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC). Les deux sont parfaitement synonyme. Pour ma part, je préfère celui de RIP, car il sonnerait effectivement le glas de la démocrature.

Image 2.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image ou ICI

Entendons bien que le RIP n’est pas UN référendum ; il est la possibilité, pour le peuple, de provoquer, sous certaines conditions, des référendums sur tous les sujets qui suscitent son intérêt ou ses craintes, les résultats de ces référendums ayant bien sûr force de loi. Ainsi, au moyen du Référendum d’Initiative Populaire, toutes les revendications que formulent les Gilets jaunes, toutes celles auxquelles ils n’ont pas pensées, et toutes celles que le pouvoir pourrait ignorer, pourraient être mises une à une sur la table, débattues et soumises à la décision du peuple.

J’invite donc les Gilets jaunes à aller à l’essentiel et à faire du RIP leur unique exigence. Pour que les choses soient tout à fait claires, et que le pouvoir, contraint de céder, ne puisse dénaturer cette exigence, je préconise de la préciser comme suit :

1) Les Gilets jaunes exigent, au nom du peuple français, que soit intégrée à la Constitution la disposition connue sous le nom de Référendum d’Initiative Populaire ou Citoyenne, permettant au peuple français de provoquer des référendums sur n’importe quel sujet et dont les résultats auront force de loi.

2) Des référendums seront provoqués automatiquement, dans un délai de 6 mois maximum, par toute pétition réunissant au moins 500.000 signatures de citoyens français, après constat de sa validité par l’organisme créé à cet effet.  

3) L’organisme chargé de vérifier la validité des pétitions et d’annoncer l’objet et les dates des référendums sera composé de 100 citoyens français tirés au sort sur les listes destinées à former les jurés. Il siègera à Paris, aux abords de l’Étoile.

4) Toute entrave au droit des citoyens de signer des pétitions, à la provocation des référendums, à leur bon déroulement et à l’application de leurs verdicts sera considérée comme crime de lèse nation et puni de 10 ans de prison.

J’ajoute un point indépendant mais utile  :

5) Amnistie totale pour tous les Gilets jaunes arrêtés et condamnés durant la crise ; indemnités généreuses pour tous les blessés graves.

Voilà ce que les Gilets jaunes doivent exiger pour que leur victoire soit totale et mémorable. Voilà, une fois bien comprise, l’exigence que tous les Français soutiendront avec enthousiasme et que le système ne pourra ni calomnier ni éluder. Voilà le coin que le peuple doit brandir pour fendre la démocrature telle une bûche.

Reste la question des moyens.

Je ne reviens pas sur ce qui a été fait et qui, bon gré mal gré, nous a ouvert des perspectives. Cela partait dans tous les sens ; il faut maintenant adapter les moyens au but.

Comment le gouvernement peut-il être contraint de capituler devant cette exigence ? En n’ayant pas le choix, en voyant que la nation tout entière la réclame à grand cri, en ne pouvant plus faire un pas sans la recevoir en pleine figure, en étant gêné dans toutes ses démarches, en n’ayant d’autre moyen de sortir de la crise qu’en satisfaisant la seule exigence qui permet d’en sortir. Que tous les Français qui le peuvent montent à Paris autant de samedis qu’il sera nécessaire, et qu’ils se pressent tout autour de l’Élysée, du palais Bourbon et sur les Champs-Élysées. Qu’un million, deux millions, trois millions de Français en gilet jaune bloquent les rues et le pouvoir par leur seule présence. Que ceux qui restent dans leur ville fassent de même sur la place principale et autour de la préfecture. Que tous, partout, arborent pancartes et banderoles réclamant la Démocratie et le Référendum d’Initiative Populaire, aux conditions énoncées plus haut. Que lors du moindre de leurs déplacements des foules accueillent Macron et ses ministres par ces mêmes slogans. Que personne ne recule devant les injonctions des autorités de se rendre ici ou de se disperser. Que ceux qui peuvent faciliter à leur manière l’action des Gilets jaunes fassent montre de solidarité. Que les forces de l’ordre, dont le premier devoir est de servir le peuple, brillent par leur inaction.

Il ne s’agit pas de transformer l’insurrection en manifestation, mais de rallier tous les Français, par des actions indolores pour eux et auxquelles ils n’hésiteront pas à se joindre, et de presser néanmoins le gouvernement de toutes parts jusqu’à sa capitulation. Assiégé, paralysé, anxieux, donnant au monde le spectacle pathétique d’un gouvernement soi-disant du peuple et donneur de leçons sourd à son propre peuple, donc discrédité sur la scène internationale, le pouvoir n’aura guère le choix que de rendre les armes. S’il restait sourd malgré tout, tel Louis XVI en son palais, alors le temps des ultimatums viendrait. Le peuple français est un lion qui dort… mais qui s’est réveillé.

Vive la Révolution !
Vive la Démocratie !
Vive la France !

Philippe Landeux

6 décembre 1018

 

LES GILETS JAUNES

22:59 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 30 novembre 2018

GILETS JAUNES : RIC ou RIP ? (vidéo)

16.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image ou ICI

Le mouvement extraordinaire des Gilets jaunes ne sera un succès que s’il pérennise sa victoire, donc s’il dote le peuple français d’un moyen légal et constitutionnel non seulement de contenir son gouvernement mais encore d’imposer ses volontés. Que le gouvernement cède sur des miettes ne serait pour eux, les Gilets jaunes, qu’une victoire à la Pyrrhus. Une mobilisation sans pareil doit avoir un but élevé et ambitionner des mesures décisives ; elle doit obtenir de ne plus être elle-même nécessaire à l’avenir ; elle doit assurer au peuple français le moyen d’être entendu et obéi de son gouvernement sans avoir à s’insurger, ce qui n’arrive pas souvent et est vain quand cela arrive.

Bref, si les Gilets jaunes devaient obtenir une chose, une seule, ce devrait être le droit, pour le peuple, de provoquer des référendums à volonté, sur les sujets de son choix, et que les résultats de ces référendums aient force de loi. Toutes les revendications possibles et imaginables, présentes et futures, sont contenues dans celle-là ; l’inverse n’est pas vrai. Dans la mesure où le gouvernement ne démissionnera pas, quelle que soit la pression (à moins d’une véritable insurrection), et où sa démission même, quoique jouissive, n’offrirait aucune satisfaction concrète et aucune garantie face à ses successeurs, le but est moins de le pousser à démissionner qu’à capituler sans condition devant le peuple (dont il est supposé être l’instrument et non le fléau), qu’à céder à ses exigences. Mais, il cèdera d’autant plus facilement que ces exigences seront limitées, claires, indiscutablement légitimes et universellement soutenues.

La présente proposition a le mérite de ramener la démocratie a son véritable principe (le pouvoir du peuple) et, par là même, de révéler l’imposture actuelle et de désarmer les imposteurs. Que pourront opposer au peuple exigeant la souveraineté ceux qui défendent un système dans lequel il est souverain mais seulement sur le papier, c’est-à-dire ceux qui défendent un système qui n’est pas ce qu’ils proclament face à ceux qui demandent juste qu’il soit ce qu’il prétend être ? Les concepteurs du système soi-disant représentatif ont cru duper le peuple ; il est temps que le peuple montre qu’il n’est pas dupe de cette fausse démocratie et qu’il arrache le masque des hypocrites et des despotes, afin que ceux-ci fassent amende honorable ou assument ouvertement d’être des ennemis du peuple.

Pour que la proposition en question soit claire, elle doit pouvoir être nommée. Il s’agit de permettre que des référendums soient provoqués à l’initiative d’un certain nombre de citoyens issus du « peuple », un nombre conséquent (par exemple 500.000) témoignant de l’intérêt suscité par le problème soulevé. Cette disposition est connue sous deux noms : Référendum d’Initiative Citoyenne (R.I.C.) et Référendum d’Initiative Populaire (R.I.P.). Il faut opter pour l’une ou l’autre de ces formules, a priori synonymes.

Un Référendum d’Initiative Citoyenne suppose que les signataires sont citoyens. Ce terme est d’autant plus choquant qu’il ne choque personne. Il est vrai que nous sommes supposés être des « citoyens ». Mais qu’est-ce qu’un « citoyen » ? Un maître et un esclave forment-ils société ? Sont-ils concitoyens ? Non. Et que sont les riches par rapport aux pauvres, les oppresseurs par rapport à ceux qu’ils oppriment, les exploiteurs par rapport à ceux qu’ils exploitent, les voleurs par rapport à ceux qu’ils ont volé, ceux qui ont tous les droits par rapport à ceux qu’ils ont dépouillé ? Forment-ils société ? Sont-ils concitoyens ? Pas davantage. Il n’y a pas de société digne de ce nom, pas de citoyens au vrai sens du terme, dans l’inégalité en droits ; et il n’y a pas d’Égalité possible dans le système monétaire. L’Égalité bien comprise (celles des citoyens, en devoirs et en droits) n’est pas impossible en soi, mais elle implique de sortir du système monétaire, donc de savoir pourquoi et comment. C’est là un autre sujet et un prochain combat. Pour l’heure, il importe de comprendre pourquoi donner du « citoyens » à des gens qui ne le sont pas en réalité est dangereux, pourquoi c’est un piège.

En fait, il s’agit du même type de piège que celui qui consiste à appeler « démocratie » un système politique qui n’en est pas une. De manière générale, ce type de piège est appelé « novlangue ». La novlangue consiste à désigner une chose par le mot qui désigne son contraire ou à associer un mot sensé à un concept vide de sens ou, encore, à désigner une chose grave par un mot ou une expression insipide. Bref, la novlangue, c’est la manipulation des mots avec lesquels on pense afin d’empêcher les gens de penser correctement. Plus un système tyrannique est perfide, plus il y a recours. Plus un système est perfide, plus il y a recours, plus il est tyrannique. La première façon de déjouer une tyrannie est donc de ne pas accepter son vocabulaire, de redonner leur vrai sens aux mots, d’appeler les choses par leur nom. Adopter le langage et les sophismes de l’ennemi, c’est être ligoté dans sa tête et ne pas pouvoir se révolter ou être vaincu d’avance. Nous sommes dans cette situation.

Il est facile d’éviter un piège une fois celui-ci mis en évidence. On ne tombe que dans les pièges que l’on n’a pas vus et, surtout, dans ceux que l’on ne veut pas voir. Le piège du mot « démocratie », tel qu’il est employé par le système, est aujourd’hui éventé dans une certaine mesure. Le système soi-disant représentatif — qui n’est que le gouvernement des ultra riches — s’est affublé du titre de « démocratie » pour se donner un air populaire et que personne ne lutte pour la véritable démocratie, sous prétexte qu’elle existe déjà. Opposer à la démocratie en mot la démocratie en fait est le coup le plus rude qui puisse être porté au système. Toutefois une conception plus populaire de la démocratie n’est toujours pas la démocratie ; c’est encore une illusion. Il n’y a pas de démocratie authentique et absolue possible dans un système monétaire, inégalitaire par nature, donc oligarchique ou ploutocratique. La souveraineté du peuple est une vue de l’esprit dans un système qui génère des riches auxquels il donne le pouvoir ou auxquels il permet de le prendre. Le peuple ne peut qu’espérer avoir voix au chapitre pour les contenir un minimum. Du reste, comment pourrait-il y avoir une vraie démocratie sans vrais citoyens ? L’Égalité fait des citoyens qui font la société et la démocratie. Tout est lié. De même la monnaie fait l’inégalité qui défait la société (sur le fond, pas sur la forme, ce qui maintient l’illusion) sans laquelle il n’y a ni citoyens ni démocratie.

Il ne s’agit pas d’échapper à un piège pour tomber dans un autre. Il est utile de combattre le système au nom de la démocratie, mais il ne faut pas s’illusionner et croire que de ce combat sortira la vraie démocratie. (Celle-ci ne sortira que du combat victorieux contre l’existence même du système monétaire.) Tout ce qui augmente le pouvoir et le contre-pouvoir du peuple va dans le bon sens mais n’est qu’une étape. Même un système techniquement démocratique ne serait pas encore la Démocratie, c’est-à-dire l’ère de l’Égalité bien comprise, des Citoyens dans toute leur dignité, de la Cité fondée sur les Principes de l’ordre social. C’est donc un piège que l’on se prépare nous-mêmes pour demain que de parler à tort et travers de « démocratie » et de « citoyens », comme si nous pouvions vraiment être en démocratie, comme si nous étions vraiment des citoyens, donc sans savoir ce que sont vraiment la Démocratie et la Citoyenneté, sans savoir et en nous interdisant même de penser qu’ils nous reste encore à renverser Largent, au nom de l’Égalité (et de la nation), pour les conquérir.

Pour toutes ces raisons (qu’on les admette ou pas), il est préférable de parler de Référendum d’Initiative Populaire. « Populaire » renvoie à « peuple », comme le principe même de la démocratie : « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Le simple fait d’évoquer le peuple annonce donc des intentions démocratiques, ce qui, dans le cas présent, est justifié. Ceci étant, le mot « peuple » est relativement flou, ce qui, loin d’être un inconvénient, est précisément ce qui constitue son avantage. Selon une de ses acceptions, le peuple est l’ensemble de que l’on appelle les « citoyens français » ; il désigne donc, tant bien que mal, le corps politique. Ainsi il dit ce qu’il faut et dispense d’employer ouvertement le mot « citoyens » qui, dans le contexte actuel, serait mensonger. Enfin, un peuple reste un peuple quels que soient les rapports entre ses membres ; le concept est toujours pertinent. Inégalité ou Égalité, le R.I.P. resterait le R.I.P. À l’inverse, des « citoyens », au vrai sens du terme, ont entre eux des rapports bien précis (ceux qui découlent de l’acte d’association et que le système monétaire sape), de sorte que, si rien ne peut empêcher d’utiliser ce mot, puisqu’il existe, l’utiliser pour désigner des gens qui n’ont pas ces rapports et ignorent même quels ils doivent être n’est pas fait pour qu’ils s’interrogent et l’apprennent. « R.I.C. » serait un nom judicieux dans l’Égalité, mais il est trompeur dans l’inégalité, et l’erreur sur laquelle il repose (celle qui consiste à croire qu’il y a des citoyens dans l’inégalité) détournerait du combat pour l’Égalité et la Citoyenneté pleine et entière (donc contre Largent), si bien que ce nom, en ouvrant une porte, en fermerait une autre, celle devant conduire au R.I.C. bien nommé.

La formule « Référendum d’Initiative Populaire » est donc aussi juste que celle de « Référendum d’Initiative Citoyenne » est dangereuse. Bien sûr, ceux qui prennent la « citoyenneté » pour une étiquette vide de sens ou sous laquelle on peut mettre n’importe quoi n’entendront pas ce discours et contribueront à la galvauder un peu plus, comme on savonne pour d’autres la planche que l’on a trouvée savonnée pour soi. Il est cependant à espérer que ceux qui respirent pour la justice et la vérité ne prendront pas cette mise en garde à la légère, et que, à défaut d’être tout à fait convaincus, ils s’abstiendront par précaution.

Et puis R.I.C., comme « rictus », fait doucement rigoler. Tandis que R.I.P, comme « Resquiescat In Pace », sonne le glas pour quelqu’un ; il serait bien la mort de la démocrature si le peuple parvenait à l’imposer. Tout un symbole !

 

Philippe Landeux

RIP - Tombe-2.jpg30 novembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

LES GILETS JAUNES

10:40 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 08 octobre 2017

ENTRETIEN AVEC PH. LANDEUX - JUILLET 2017 (vidéo)

Exotriks interroge Philippe Landeux sur le Civisme, sa théorie de la Cité, et ses postulats.

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Pour voir la vidéo, CLIQUEZ ICI ou sur l'image

MENU :

0 h 00 mn 30 s – Les choses n’ont pas de prix
0 h 03 mn 02 s – La monnaie représente du droit
0 h 05 mn 37 s – Principes de fonctionnement de la monnaie
0 h 08 mn 52 s – Différence entre Largent et la monnaie
0 h 10 mn 34 s – Comment est née la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger (Largent)
0 h 13 mn 20 s – Le système monétaire est intrinsèquement oligarchique
0 h 16 mn 30 s – Le revenu universel peut-il résoudre l’inégalité ?
0 h 21 mn 21 s – Comment échanger sans monnaie, sans valeur marchande ?
0 h 30 mn 28 s – L’Égalité est-elle incompatible avec la hiérarchie ?
0 h 38 mn 53 s – Que se passe-t-il si un producteur ne vend pas assez ?
0 h 46 mn 46 s – Que se passe-t-il si un producteur produit de la mauvaise qualité ?
0 h 50 mn 00 s – Un ingénieur doit-il avoir plus de droits qu’un agriculteur ?
0 h 54 mn 11 s – L’accès libre au marché ne présente-t-il pas risque de pollution ?
0 h 59 mn 32 s – Quelles formes peut pendre le devoir de participer à la vie de la Cité ?
1 h 04 mn 05 s – Qu’en est-il des métiers pénibles ?
1 h 08 mn 14 s – Je produis un seul légume… Que se passe-t-il ?
1 h 15 mn 06 s – Accès libre impossible dans les petites communautés
1 h 18 mn 50 s – Le Civisme est-il un projet mondial ?
1 h 25 mn 33 s – Nous payons avec notre travail
1 h 31 mn 57 s – Un droit est généré par un devoir
1 h 36 mn 23 s – Les contradictions du système monétaire
1 h 47 mn 08 s – Le Civisme en 3 mots
1 h 49 mn 23 s – Comment en savoir plus ?

20:54 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 11 janvier 2017

ÉVOLUTION RÉVOLUTIONNAIRE - Les origines du futur (vidéo)

Montage vidéo, réalisé par un ami, présentant, sans le dire, les bases philosophiques du Civisme. Ca commence tranquillement et ça finit en apothéose.

A voir absolument et à partager sans modération.

Dauphins 2.jpg

Pour accéder à la vidéo, cliquez ICI ou sur l'image

Visionnez cette vidéo sur ma propre chaine Youtube en cliquant sur le présent lien.

00’35 - Survivre
01’40 - Principe fondamental de l’ordre social
02’40 - Sécurité : du sens strict au sens large
04’00 - Précisions importantes
06’00 - Communauté, partage & accès
08’00 - Troc, monnaie & désordre social
10’20 - Fonctionnement de la monnaie
12’30 - Contradictions annonciatrices
14’20 - Autre contradiction et fuites en avant
17’20 - L’exemple des retraites
21’00 - Informatique & carte civique
23’35 - Conclusion : Égalité réelle & harmonie sociale à portée de main

05:21 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 24 décembre 2016

10 BONNES RAISONS D'ADHERER AU CIVISME (vidéo)

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Pour voir la vidéo, cliquer ICI ou sur l'image

 

Franck expose les 10 raisons qui le font adhérer au Civisme, la théorie de Philippe Landeux.

12 mn 12 s – 1) Une seule classe
21 mn 15 s – 2) Plein emploi
26 mn 04 s – 3) La vertu plutôt que le vice
32 mn 35 s – 4) Des produits de qualité
40 mn 37 s – 5) Compétitivité au plan international
46 mn 36 s – 6) Un système réellement démocratique
56 mn 13 s – Plus de corruption
57 mn 27 s – Plus de délinquance
01 h 02 mn 31 s – La meilleure alternative au capitalisme
01 h 05 mn 36 s – Une France fière et patriote

08:24 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 5. SCHEMAS | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 06 décembre 2016

RENCONTRE DU 3 DECEMBRE 2016 (vidéo)

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Pour voir la vidéo, cliquez ICI ou sur l'image

https://www.youtube.com/watch?v=GLoNaF0eEYQ

Comme chaque année maintenant, les Patriciens de France, de Navarre et même de Belgique, et de simples curieux, se sont rencontrés à la bonne franquette le 3 décembre 2016 pour se connaître et discuter à bâtons rompus. Ambiance.

17:56 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 31 octobre 2016

CIVISME : LE PATRIOTISME INTÉGRAL

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Pour voir la vidéo, cliquez ICI ou sur l'image

Patriotisme, nationalisme, deux mots qui, malgré des racines différentes, devraient dire la même chose, puisqu’ils tournent autour des mêmes objets, mais qui, dans les faits, malgré des points communs, désignent en effet des conceptions politiques différentes, voire opposées. L’opposition entre eux repose à la fois sur un malentendu et une erreur commune. J’y reviendrai. D’ici là, je précise que je n’adhère pas à la définition simpliste et fausse d’après laquelle le patriotisme serait l’amour des siens, et le nationalisme, la haine des autres. Les choses sont bien plus complexes.

Le patriotisme, aussi bien que le nationalisme, c’est l’amour de sa patrie, de son pays, de sa nation, de son peuple, de sa société, de ses concitoyens, autant de notions qui se confondent ou vont de pair. Un patriote, un nationaliste, s’identifie à son peuple ; il l’aime comme lui-même ; il voit du moins en lui sa famille élargie. L’amour, en la matière, consiste à aspirer à l’indépendance et à la grandeur de son pays, à préserver l’existence de son peuple, son identité, son patrimoine, son territoire, sa liberté, sa souveraineté, en un mot, à œuvrer pour son bonheur, donc à combattre toute forme de danger, d’oppression, d’exploitation, d’injustice, de tyrannie, de malheur dont il pourrait être victime. Cet amour se manifeste par un engagement dans les combats à mener, engagement sous de nombreuses formes qui peut aller jusqu’au sacrifice suprême.

J’ajoute qu’aimer véritablement son pays et son peuple implique de vouloir l’Égalité, l’Égalité en devoirs et en droits entre ses concitoyens. L’Égalité, qui ne peut exister qu’entre citoyens, dans un cadre social, est indissociable des notions de citoyenneté, de société, de peuple, de patrie, de nation, de souveraineté nationale et populaire, c’est-à-dire de démocratie (au vrai sens du terme). L’Égalité est éminemment patriotique ou nationaliste. A l’inverse, l’inégalité est synonyme d’exploitation, d’oppression, d’injustice, d’oligarchie, de tyrannie, toutes choses que patriotes et nationalistes sont supposés honnir. On n’aime pas son peuple quand on cautionne le principe de l’inégalité, quand on accepte que ses concitoyens soient inégaux, donc pour la plupart d’entre eux exploités, opprimés, tyrannisés, etc.

C’est ici qu’intervient la différence entre ce que l’on appelle aujourd’hui le patriotisme d’un côté, le nationalisme de l’autre.

Le patriotisme se veut égalitaire et démocratique, tandis que le nationalisme prône l’inégalité et une forme de dictature. Mais si le patriotisme est plus conforme à ce que j’ai dit plus haut, ce n’est aujourd’hui qu’une apparence : il n’a de l’Égalité qu’une conception dénaturée ; il est incapable d’aller au bout de la logique et de proposer mieux que moins d’inégalité. La raison est simple : le système monétaire, dans lequel nous sommes, est intrinsèquement inégalitaire, et comme les « patriotes » ne remettent pas en cause la nature du système, comme ce à quoi ils aspirent est fondamentalement impossible dans ce système, ils baissent leurs prétentions et tordent les principes, sans même en avoir conscience.

C’est là l’erreur commune que font aussi les nationalistes : ils tiennent eux aussi la monnaie pour un paramètre naturel et ne remettent pas plus en cause le système monétaire que les premiers, mais eux voient dans leurs conséquences —notamment dans l’inégalité — des principes. Ils peuvent donc d’autant moins changer les choses qu’ils ont fait leur la logique du système. Et c’est au nom de ce réalisme, qui n’est jamais qu’une soumission à Largent, que les nationalistes rejettent à bon droit l’Égalité dénaturée, contre-nature et parfois désastreuse prônée par les « patriotes ». Partant, ils ne peuvent que valider l’inégalité du système monétaire et la reproduire sur le plan politique, en proposant des régimes hiérarchisés, autoritaires, oligarchiques et, au final, tyranniques, systèmes qui, paradoxalement, sont en même temps un frein à Largent.

Ainsi, nous voyons que le patriotisme et le nationalisme, tels qu’ils existent aujourd’hui, ne savent ni l’un ni l’autre comment traduire dans les faits l’amour du peuple. Le premier échoue à instaurer l’Égalité ; le second ne tente même pas. Chacun focalise sur des problèmes particuliers ; aucun ne voit le problème général. Tous veulent assurément le bien de leur peuple, de leur société, mais aucun ne va au bout de la logique sociale faute de renoncer à la logique monétaire. Or, dans un système monétaire, c’est toujours Largent qui gagne. Dit autrement : patriotisme et nationalisme sont toujours vaincus, au final, par le capitalisme, quoiqu’ils soient ses plus sérieux adversaires, contrairement aux autres courants politiques qui en sont les complices ou les idiots utiles.

Seul le Civisme, ou théorie de la Cité, réduit les failles du patriotisme et résout les contradictions du nationalisme. Il part du Principe simple et irréfragable que des Citoyens, dignes de ce nom, doivent être égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité, lesquels résultent de la participation de tous. Or pour que les Citoyens profitent effectivement des bienfaits de leur Cité, dont l’essentiel consiste en produits et services mis sur le marché, un autre droit doit leur être reconnu, celui d’accéder librement au marché. Sans ce droit-là, sans ce droit dont dépendent presque tous les autres, comme on peut le vérifier avec la monnaie qui aujourd’hui incarne et confère le droit d’accéder au marché, et tous ceux qui passent par celui-là, sans ce droit-là, dis-je, l’Égalité est un mot creux. Et c’est d’une Égalité creuse, vidée de tout sens par la monnaie, dont on nous rebat les oreilles depuis 200 ans.

Depuis la Révolution française, on nous parle d’Égalité sans tenir compte du fait que le système est monétaire, que de par l’origine et le fonctionnement de la monnaie il y a inévitablement des riches et des pauvres, et donc en nous faisant croire que des riches et des pauvres sont malgré tout égaux en droits ou, pour le moins, égaux devant la loi. C’est un sophisme, pour ne pas dire une foutaise ! Il n’y a aucune espèce d’égalité entre des riches et des pauvres, pas même devant la loi ! Selon que vous serez puissants ou misérables, etc. On le sait, mais nous ne voulons pas comprendre la cause du problème. C’est ce pas de géant que le Civisme effectue en considérant que la Citoyenneté, qui implique de s’être acquitté des Devoirs du Citoyen, d’avoir contribué à la prospérité de la Cité, est la seule condition pour accéder au marché et en retirer ce que bon semble à chacun. Et pour que les Citoyens puissent attester ainsi leur Citoyenneté auprès des commerçants et de toute entreprise, ils sont dotés d’une carte à puce dite « Carte civique », sorte de carte d’identité améliorée, strictement personnelle, sécurisée de manière biométrique, qui, d’un point de vue technique, fonctionne et s’utilise comme les actuelles cartes de crédit, à la différence près qu’il n’y a plus de crédits sous quelque nom que ce soit, ce qui change tout. Dans la mesure où la Citoyenneté, qui ne se mesure pas, est la « rémunération » de toutes les formes de participation reconnues, et où les Citoyens peuvent accéder librement au marché, nul n’est besoin de monnaie pour rémunérer les Citoyens et rien n’a de prix au sens monétaire du terme. Autrement dit, la Cité n’est plus un système monétaire (il n’y a plus d’unité de valeur) et son mode d’échange n’est plus fondé sur Largent (c’est-à-dire sur la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Dans ce mode d’échange, les objets sont secondaires ; le véritable échange a lieu entre le Citoyen et la Cité : droit d’accéder librement au marché, d’un côté, contre devoir de participer, de l’autre.

Le Civisme n’est ni utopique ni angélique. Que des cartes à puce servent à attester la Citoyenneté au lieu de manipuler des unités monétaires, c’est la même chose d’un point de vue technique, et cette conversion est parfaitement réalisable. (C’est même l’évolution logique de cartes qui servent aujourd’hui à manipuler de la monnaie devenue virtuelle.) Mais que le droit d’accéder librement au marché soit conféré également à tous les Citoyens par la Citoyenneté, s’obtenant elle-même par l’acquittement de devoirs envers la Cité, au lieu d’être conféré inégalement aux individus par des unités monétaires sans aucune signification sociale et qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, même par des moyens vicieux ou illégaux, c’est une révolution sur le plan philosophique… et il ne manque que la volonté pour l’opérer. Le Civisme n’est pas utopique ; il est la logique sociale absolue. L’utopie n’est pas de s’attaquer à Largent pour changer le monde ; c’est de croire que l’on peut changer le monde sans s’attaquer à Largent.

Enfin, je dis « monde », c’est une façon de parler. Le Civisme ne prône pas la révolution mondiale, ce qui serait surréaliste ; il ne conçoit la révolution qu’au niveau national, dans le cadre des pays existants et, en premier lieu, dans un pays occidental, comme la France. Bien que ses Principes soient universels, dans le sens où ils sont ceux de toute Société, même animale, il ne nie pas l’existence des peuples et leurs différences et ne prétend pas former une seule Société de toute l’espèce humaine ; il n’est ni universaliste ni mondialiste ni sans-frontiériste… universalisme, mondialisme, sans-frontiérisme et tous leurs dérivés étant d’ailleurs des faux nez du capitalisme, donc de Largent. Le Civisme se concentre sur la société et vise à instaurer son modèle dans un pays, quitte à ce que ce modèle se répande ensuite. Il croit en la nation ; il est de facto nationaliste. Il veut l’Égalité au sein de la patrie ; il est de facto égalitaire (à ne pas confondre avec « égalitariste ») et patriotique. Il est pour la souveraineté du peuple ; il est de facto souverainiste, républicain et démocratique. (Un système égalitaire serait démocratique par la force des choses, à l’inverse d’un système inégalitaire qui est oligarchique par nature.) Il anéantit Largent ; il est de facto anticapitaliste. Il assure à tous, et à tous les niveaux, la plus grande liberté possible ; il est de facto libéral et décentralisateur autant que faire se peut. Il garantit l’application des Principes de l’ordre social ; il est de facto socialiste. Il est tout cela à la fois mais d’une manière qui n’appartient qu’à lui, c’est-à-dire non-faussée par Largent, comme le sont aujourd’hui les doctrines de tous les courants politiques qui revendiquent  l’un ou l’autre de ces caractères.

Mais je me suis éloigné de mon sujet. Je voulais traiter la question de l’angélisme. Et sous quel rapport le serait-il ? La Cité n’est pas ouverte aux quatre vents, et elle distingue même la nationalité, qui s’acquiert sur des critères identitaires et par des devoirs particuliers et confère les droits politiques, de la citoyenneté, à laquelle sont attachés les droits économiques et sociaux. Pas de droits sans devoirs ; pas de devoirs sans droits. La Cité ne donne rien… à personne. Pas d’assistanat. Elle sanctionne le mérite. Elle garantit les droits en contrepartie de devoirs. Le Civisme ne postule pas que les hommes sont bons, mais qu’ils recherchent leur intérêt, ce qui est une bonne chose quand la poursuite des intérêts privés sert l’intérêt général et ne va pas à l’encontre des droits d’autrui, comme c’est le cas dans le système monétaire. Ce n’est pas du communisme ; les Citoyens ont la liberté de consommer et d’entreprendre. La Cité n’attend pas des entreprises qu’elles produisent, mais qu’elles « vendent », c’est-à-dire qu’elles aient des clients, qu’elles satisfassent une demande significative. Enfin beaucoup sont incrédules parce que le Civisme s’attaque à Largent et qu’ils pensent que les riches ne laisseront jamais faire. Mais le but est-il de s’agiter pour que, au final, les riches, et donc Largent, continuent à régner ? Ceux qui n’inquiètent pas les riches ou craignent de les froisser ne travaillent pas pour le peuple, n’aiment pas la patrie. Du reste, des privilégiés n’ont jamais empêché que des bouleversements, devenus nécessaires, aient lieu. Or, qui ne s’est aperçu que le capitalisme est en bout de course et qu’il est urgent de mettre en place un autre modèle économique avant qu’il n’ait tout détruit, tout épuisé, tout laminé ?

Il devient assez clair que le capitalisme, dans sa phase actuelle, engendre des problèmes qu’il est impossible de régler sans sortir du système monétaire, mais que le Civisme, lui, résout instantanément. Non par magie ! Non par incantations ! Mais parce qu’il est naturel qu’un problème disparaisse avec sa cause. Je prendrai deux exemples. Tout d’abord le chômage. Dans la Cité, tous les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché. La Demande, le pouvoir d’achat global, est formidable, bien supérieur à l’Offre. L’Offre peut augmenter ; elle est toujours en deçà de la Demande. Les chômeurs trouveront tous un emploi et, une fois le plein emploi atteint, il sera maintenu par le déséquilibre permanent entre la Demande et l’Offre. Ceci reviendra à une relance du pouvoir d’achat, mais non faussée par les effets pervers de la monnaie. Deuxième exemple : la retraite. Avec la baisse du nombre d’actifs, nous ne savons pas comment nous financerons demain les retraites. Mais, dans la Cité, un Citoyen à la retraite est toujours Citoyen ; il a donc toujours le droit d’accéder librement au marché puisque ce droit est conféré par la Citoyenneté. Non seulement le problème est résolu instantanément, mais il apparaît qu’il est aujourd’hui purement financier et artificiel. En attendant, ce faux problème sert de prétexte pour nous plonger dans d’autres, le plus grave de tous étant l’immigration massive.

Il faut nous arrêter sur cette question de l’immigration qui, par sa durée et son ampleur, est devenue une question existentielle pour notre pays et notre peuple, et réunit de ce fait, dans une même hostilité, patriotes et nationalistes. Le positionnement par rapport à l’immigration prime tout désormais. Elle est l’alpha et l’oméga de la politique. Il y a ceux qui sont pour, sans frein, les mondialistes, les sans-frontiéristes, capitalistes ou gauchistes, et ceux qui sont contre, les souverainistes, qualifiés « d’extrême droite » par les traîtres à la nation. Le Civisme ne règlera pas le problème de l’immmigration-invasion, car la Cité ne pourra et ne devra être bâtie qu’une fois le problème réglé. Trois raisons : la première, c’est que ce problème, et tous ceux qui en découlent, accaparent tellement l’attention et divisent tellement l’opinion que le discours contre Largent, pour l’Égalité, est inaudible, car en avance d’une guerre ; la deuxième, c’est que la Cité sera une démocratie par la force des choses (pour la raison inverse qu’un système inégalitaire est oligarchique par nature), alors que l’immigration génère du communautarisme qui fausse le jeu démocratique et rendrait d’autant plus impossible de régler le problème ; la troisième, c’est que pour qu’il y ait une révolution en France, il faut qu’il y ait encore des Français pour la faire, de vrais Français, pas des Français de papier. D’où le slogan : pour faire la Révolution demain, il faut sauver la France aujourd’hui.

Le Civisme n’envisage pas l’existence de la Cité avant le règlement, d’une manière ou d’une autre, dans tous les cas douloureuse, du problème de l’immigration. Autrement dit, la Cité sera édifiée par des hommes libérés des problèmes qu’elle pose, en garde contre les dangers de l’humanisme béat, et au fait des Principes de l’ordre social. L’immigrationnisme sera mort. La Cité aura donc la volonté et les moyens d’empêcher l’immigration ou du moins de la maîtriser. Dans la mesure où il n’y aura plus de monnaie, où le droit d’accéder au marché sera attaché à un statut lui-même devant être reconnu par la Cité, où les entreprises n’auront plus d’intérêts financiers à faire appel à une main d’œuvre étrangère, où des immigrés illégaux n’auront eux-mêmes aucun intérêt à travailler pour elles, où l’emploi de clandestins sera même considéré comme de l’esclavagisme et puni comme tel sans pitié, il ne pourra y avoir d’immigration que légale, donc désirée, maîtrisée et encadrée. Sans oublier le fait que la Cité ne reconnaîtra plus le droit du sol, ni du sang d’ailleurs, puisque la nationalité ne s’obtiendra que sur des critères et par des devoirs, de sorte que les Citoyens nationaux, les authentiques Français, ne subiront plus l’injustice d’être mis sur un pied d’égalité avec les étrangers d’origine et de cœur et les « citoyens du monde » autoproclamés, et que, inversement, ils ne douteront plus du caractère français de quiconque aura la nationalité. Quel patriote, quel nationaliste ne rêverait d’un tel système ?

Maintenant, si le Civisme ne dit pas ce qu’il faut faire aujourd’hui face à l’immigration, il donne toutefois de nouveaux motifs de dénoncer l’immigrationnisme. Il explique pourquoi Largent, pourquoi le capitalisme, dans sa logique immanente, la met en œuvre. Patriotes et nationalistes savent déjà qu’elle est voulue d’abord par le patronat pour casser les luttes sociales et tirer les salaires vers le bas, ensuite par les gauchistes, pour des raisons idéologiques. Mais ils ne comprennent pas que le capitalisme, qui se sait au bord de la chute, espère échapper à son sort en paralysant voire en détruisant les peuples qui l’ont porté, enfanté, et qui, sans qu’ils le sachent eux-mêmes, sont à la veille de l’anéantir, ou en ont du moins le potentiel. L’immigration est, pour le capitalisme, un moyen d’étouffer la révolution dans l’œuf — en introduisant massivement des hommes venus d’ailleurs, ayant évidemment une autre mentalité, d’autres mœurs, d’autres conceptions, d’autres intérêts, d’autres désirs que les autochtones et qui sont donc une source de conflits et, pour le moins, une force d’inertie. Il en est de même de l’Europe, également voulue par le capitalisme, qui, elle, a pour fonction de détruire les pays et les peuples par le haut ou de l’extérieur. C’est donc au nom de la Révolution elle-même, au nom d’un anticapitalisme radical, que le Civisme s’oppose à l’immigration et prône la sortie de l’Europe.

Ainsi, le Civisme offre aux patriotes et aux nationalistes une doctrine cohérente de bout en bout, depuis son cœur jusqu’à sa périphérie. Parce qu’il est pour l’Égalité, l’Égalité véritable, la seule Égalité, l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, il conçoit la Cité, la nation, la patrie, le peuple, un peuple souverain, à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur, d’où le triptyque : démocratie, indépendance, non-ingérence. Mais l’Égalité, c’est aussi être contre Largent, contre le système monétaire, contre le capitalisme, contre l’individualisme, le droit-de-l’hommisme, l’universalisme et le mondialisme, contre le sans-frontiérisme, contre l’européisme, contre l’immigrationnisme (Et on dit que les idéologies sont mortes !), bref contre tout ce qui détruit la nation. La Cité forgerait des Citoyens qui n’en auraient pas que le nom, qui rempliraient leurs devoirs comme ils connaîtraient et jouiraient de leurs droits ; qui tous participeraient, tous profiteraient ; qui seraient unis dans la joie comme dans la peine ; qui seraient frères parce que réellement égaux et collectivement maîtres de leur destin ; qui auraient l’esprit de corps : ils seraient conscients de former un tout et fiers de lui appartenir et auraient à cœur de le défendre. Le Civisme rompt avec le patriotisme et le nationalisme actuels parce qu’il est le patriotisme, ou le nationalisme, intégral. Il ne compose pas, comme eux, avec Largent et les préjugés monétaires ; il ne se laisse pas impressionné par les leurres capitalistes ; il conduit à l’harmonie sociale parce qu’il a pour seule boussole les Principes de l’ordre social.

L’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits (dont celui de profiter des bienfaits de leur Cité) est non seulement la seule égalité possible mais cette égalité est indispensable entre des individus pour qu’ils forment Société. Et l’obstacle à l’Égalité, c’est Largent. Qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise, défend Largent en dernière analyse… et est donc un ennemi du peuple, de la nation, de la patrie. Les causes de l’Égalité et de la patrie sont une, comme celles de Largent et du capitalisme. Ceux qui veulent servir la patrie sans aspirer à l’Égalité ou, ce qui est la même chose, combattre le capitalisme sans dénoncer Largent veulent — ou plutôt ignorent qu’ils veulent — tout et son contraire, la cause sans ses conséquences. Ceux-là ne sont sans doute pas les pires ennemis de la patrie, mais ils n’en sont pas non plus les meilleurs amis. Allant d’instinct dans le bon sens mais faisant le chemin à moitié, ils permettent malgré tout d’avancer contre le mondialisme, contre les manifestations spectaculaires du capitalisme, mais ce n’est pas eux qui finiront le travail, contre Largent, contre l’inégalité, contre l’oppression, contre l’exploitation... et peut-être même seront-ils, le moment venu, les valets des nouveaux tyrans et les proscripteurs des patriotes conséquents, c’est-à-dire des véritables amis du peuple français.

 

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive le Civisme !
Vive la France !

Philippe Landeux
25 septembre 2016

00:42 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 16 septembre 2016

VIVE L'EUROPE - AOUT 2016 (vidéo)

Cet été 2016, par une chaleur accablante, Daniel Conversano m'a reçu dans son émission "Vive l'Europe" pour exposer les bases du Civisme. Un moment convivial. Merci à lui.

Vive.jpg

Cliquer sur l'image ou sur ce lien pour voir la vidéo

12:10 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 20 juin 2016

LE CIVISME – LA RÉVOLUTION DU XXIe SIÈCLE (vidéo)

Petite présentation du Civisme en vidéo...

Le Civisme - révolution du 21e siècle.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image

10:19 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 19 juin 2016

PHILIPPE LANDEUX sur RADIO ICI & MAINTENANT - 6 déc. 2016 (vidéo)

Après 4 années, je me permets publier la vidéo, ou plus exactement la bande son, de mon passage de près de 5 heures à Radio ICI & MAINTENANT le 6 décembre 2012, au cours duquel il a été question uniquement du Civisme ou de la Cité, c'est-à-dire de mon projet de Société sans argent.

Présentation 2.jpg

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17:21 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

MARXISME vs CIVISME / Francis Cousin vs Philippe Landeux (vidéo)

Deux pensées anticapitalistes radicales, très proches par certains côtés, opposées par d'autres. Francis Cousin, avec sa verve inimitable, expose les fondements du marxisme. Philippe Landeux critique cette conférence, du 27 février 2015, sous l'angle du Civisme, sa propre théorie, contre Largent, pour l'Egalité. Un mise en parallèle, en quelque sorte, pour faire ressortir les accords et les divergences.

Marxisme vs Civisme 3.jpg

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16:58 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 08 décembre 2015

UN VERRE AVEC PH LANDEUX (vidéo)

Discussion à bâtons rompus, avec Ph. Landeux, sur Largent et la notion de valeur marchande, la monnaie et ses mécanismes, le revenu de base, la contradiction du système monétaire, l’Egalité, l’immigrationnisme, La démocratie et la formation des lois, Etienne Chouard, Alain Soral, Francis Cousin, Etc.

(Désolé pour le bruit de fond parfois élevé. Mais, prenez-vous un verre, montez le son, et regardez comme si vous y étiez.)

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11:02 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 07 octobre 2015

RÉVOLUTION – LES BASES DU CIVISME (livre)

Révolution poche - couv recto.jpgL’argent n’est qu’un moyen. Tout dépend de la manière dont on l’utilise. Faux. Rien n’est plus faux ! Mais c’est parce que tout le monde tient ce genre de discours que Largent assied sa puissance sur les hommes et devient invincible. Les mauvaises affirmations chassent les bonnes questions. Qu’est-ce que Largent ? Pourquoi le dénoncer ? Comment le renverser ? Telles sont les questions auxquelles Philippe Landeux a répondu dans sa théorie de la Cité, appelée « le Civisme », et dont il a présenté les grandes lignes dans une série de douze vidéos. Le présent livre contient les textes de ces vidéos.

Faites vos bagages ! Attachez vos ceintures ! Ceci est un voyage sans retour. Vous allez passer de l’autre côté du miroir. Vous ne verrez plus jamais les choses sous le même angle. Vous allez mourir. Vous allez renaître.

Révolution poche - couv recto.jpg

 

 

 

 

 Format poche

191 pages de texte

9 € (+ frais de port)

5 € en PDF

 

Pour commander le livre, cliquez sur l'image

 

mercredi, 20 mai 2015

LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ (vidéo 12)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« La volonté du Peuple clairement exprimée
fonde seule la légitimité des pouvoirs exercés
et des décisions prises en son nom. »

Manifeste des Patriciens, art. 115


LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ

Douzième et dernière vidéo, sur le système politique de la Cité, qui termine le cycle de mes vidéos consacrées aux aspects philosophiques et pratiques essentiels du Civisme. La première portait sur les conditions de la démocratie ; la dernière portera sur la façon de la mettre en œuvre. La boucle est bouclée. Mais il n’est possible de mettre en œuvre la démocratie dans la Cité que parce que la Cité réunira toutes les conditions requises. Adopter aujourd’hui tout ou partie du système politique dont il va être question serait inévitablement un fiasco ; ce serait un peu comme essayer de transformer une Deux chevaux en remplaçant certaines pièces par celles d’une Ferrari. Imaginez ce que cela peut donner ! Pas grand chose ! Comme je l’ai dit dans la vidéo précédente, la démocratie, c’est la cerise sur le gâteau ; elle couronne un tout, et c’est tout ou rien. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je rappellerai donc les conditions de la démocratie.

Il y a deux conditions. La première : des Citoyens réellement égaux, égaux en devoirs et en droits. C’est la Carte civique qui, en conférant à tous les Citoyens le droit d’accéder librement au marché, du fait même qu’ils soient Citoyens, garantira entre eux l’égalité en droits, qui justifiera à son tour leur égalité en devoirs, même si ce devrait être le contraire. Mais le problème a toujours été davantage celui des droits que des devoirs, à cause de la monnaie qui incarne les droits et les répartit inégalement entre les individus qui, généralement, remplissent leurs « devoirs » et sont donc exploités pour la plupart. Dans la Cité, plus de monnaie, plus d’inégalité ; tous les Citoyens sont égaux sur le plan économique et ont donc potentiellement le même poids politique, pour la même raison que les riches ont plus de poids politique dans le système monétaire.

La deuxième condition : un corps politique sain, c’est-à-dire constitué de patriotes, le droit de cité ne devant logiquement appartenir qu’aux Citoyens ayant à cœur de défendre la Cité et ses intérêts. Aussi la Cité distingue-t-elle la Citoyenneté, à laquelle sont attachés les droits économiques et sociaux, de la Nationalité, à laquelle sont attachés les droits politiques. Pour pouvoir prétendre à la Nationalité, les Citoyens doivent d’abord satisfaire des critères identitaires qui indiquent qu’ils sont français, si on prend le cas de la France, mais le principe vaut pour tous les pays ; pour l’acquérir et la conserver, ils doivent ensuite remplir des devoirs particuliers qui prouvent leur attachement et leur fidélité envers la Cité.

J’ai dit que tous les Citoyens auraient potentiellement le même poids politique et, en même temps, que seuls les Citoyens nationaux jouiraient des droits politiques. Mais il n’y a pas de contradiction. Les Citoyens ordinaires ne jouissent pas des droits politiques parce qu’ils ont dédaigné la Nationalité et refusé, en connaissance de cause, de remplir les devoirs qui la confèrent ; il n’y a aucune injustice, aucune inégalité ; ils se sont exclus eux-mêmes du corps politique dont il ne tenait qu’à eux de faire partie ; c’est leur choix, leur liberté ; ils doivent en assumer les conséquences. Ils ont suscité la défiance ; ils sont condamnés au silence. Du reste, la Citoyenneté seule est plus que suffisante au quotidien ; elle dépasse déjà nos rêves le plus fous, elle offre tout ce que les combats politiques ont en vain essayé d’obtenir.

Ainsi la Cité est un système dans lequel il n’y a pas de monnaie, pas de riches, pas de pauvres, dans lequel tous les Citoyens, qui constituent la Cité au sens large, sont égaux en droits économiques et sociaux, mais dans lequel seuls les Citoyens nationaux, qui sont assurément patriotes, jouissent du droit de cité et constituent la nation, le corps politique, le peuple souverain.

Je peux, maintenant que les bases sont posées, présenter le système politique proprement dit.

De même qu’un corps a besoin d’une tête, le corps social a besoin d’un chef. Sans chef, il n’y a pas de groupe, pas d’ensemble, pas d’unité ; seulement une cohue d’individus, tiraillée par toutes les volontés particulières et menacée d’explosion à tout instant. Un groupe n’existe que s’il s’incarne dans un chef, un chef dans lequel il se reconnaît et qui offre un visage au monde extérieur. On peut disserter sur les modalités de son érection, sur la nature de sa fonction, sur l’étendue de son pouvoir, le fait est qu’il en faut un… et la seule chose qui compte, au final, c’est qu’il soit légitime. La légitimité du chef concerne deux aspects : 1) la façon dont il a accédé à cette fonction, 2) la façon dont il l’exerce. Un chef n’est légitime que s’il est accepté comme tel par le groupe, quelle que soit la façon dont il l’est devenu (circonstances, hérédité, élections, nomination, sélection, etc.) ; il ne le reste, légitime, que s’il exerce ses fonctions dans l’intérêt et selon la volonté du peuple, sans quoi il tourne nécessairement contre le peuple les pouvoirs qu’il a reçus pour le servir, suscite donc l’hostilité et ne se maintient, d’une manière ou d’une autre, que par la force qui lui ôte toute légitimité. Un chef légitime est un serviteur du peuple. Les traîtres et les tyrans perdent toute légitimité. Mieux vaut un usurpateur qui parvient à se faire aimer qu’un chef légal qui en vient à se faire détester.

Ces considérations portent le Civisme à proposer que la Cité soit dotée d’un Président élu au suffrage universel pour un mandat de dix ans, non-renouvelable, avec une consultation nationale à mi-mandat pour savoir s’il peut continuer ou s’il doit se retirer piteusement, auquel cas des élections présidentielles sont provoquées, auxquelles il ne peut plus désormais prendre part. Le Président est le chef de l’exécutif ; il a pour fonction de gouverner selon les lois, quitte à en proposer pour mener à bien la politique qu’il a promise. Il forme à sa guise le gouvernement dont il est le chef. Il est également le chef des armées.

Le pouvoir législatif, lui, est confié à un Parlement ou Chambre des députés. La moitié des députés est élue par les départements, au suffrage universel majoritaire, l’autre moitié est pourvue par les partis politiques en proportion du nombre de voix obtenu par eux au niveau national lors de ce même suffrage. C’est donc un système mixte qui permet à toutes les tendances d’être représentées tout en permettant à des majorités de se former. Mais j’entends déjà les objections ! « Comment ? Des élections ! Élire nos maîtres ! » Je n’ai pas fini ! Laissez-moi le temps de développer !

La Démocratie, la vraie, est le système politique dans lequel les lois sont l’ouvrage du Peuple. Mais il est bien évident que, lorsque les Citoyens (nationaux) sont trop nombreux pour s’assembler et légiférer pour adopter directement les lois eux-mêmes, une forme de délégation s’impose ; ils doivent confier le travail législatif à une portion d’entre eux. La supercherie du système soi-disant représentatif, c’est de s’arrêter à ce stade de la réflexion, c’est de confier auxdits délégués le soin non seulement de préparer les lois mais encore de les adopter eux-mêmes et de les imposer au peuple, comme si leur volonté se confondait avec celle du peuple qui les a délégués, comme si leurs lois étaient l’expression de la volontaire populaire. La logique veut et l’expérience n’a que trop attesté que des délégués ainsi affranchis du peuple ne représentent individuellement et collectivement qu’eux-mêmes, qu’ils finissent par mettre leurs intérêts particuliers au-dessus de l’intérêt général. Dans ce cas, oui !, les élus sont des maîtres, et les élections, des « pièges à cons ». Et cela est plus vrai encore dans un système intrinsèquement inégalitaire comme l’est le système monétaire ! Mais je n’ai pas dit que le processus législatif s’arrêtait à cette étape qui n’est que la première.

Pour que les lois soient l’ouvrage du peuple, il n’est pas nécessaire que le peuple les forme lui-même, ce qu’il ne peut pas faire ; il suffit que l’ouvrage de ses délégués soit approuvé par ratification populaire, avec possibilité, pour le peuple, de le rejeter. Le peuple ne peut pas légiférer, mais il peut être consulté, il doit être consulté pour que des projets de lois, s’ils obtiennent son assentiment, deviennent véritablement des lois. En clair, tout projet de loi imaginé par le Parlement devrait être soumis à référendum. Mais ceci présente une nouvelle difficulté. Le peuple ne peut pas être consulté tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, même si cela est possible techniquement grâce à Internet ! Les lois doivent être réfléchies et les Citoyens n’ont ni le temps ni forcément l’envie d’y réfléchir, du moins aussi fréquemment. Les lois importantes, qui touchent aux questions fondamentales et aux domaines essentiels, qui engagent l’avenir de la Cité (comme les traités internationaux), doivent être soumises à référendum. Mais les autres ? Comment faire pour que les lois soient l’ouvrage du peuple sans que celui-ci soit consulté ?

Le Civisme propose une solution. Puisque le peuple ne peut pas être consulté dans son entier toutes les cinq minutes, il suffit de pouvoir en consulter une portion représentative ; il faut donc instituer une assemblée composée d’un nombre important de Citoyens (nationaux) tirés au sort (puisqu’ils ne peuvent être élus comme les députés) et chargés, pour une durée ni trop courte ni trop longue (par exemple un an), de représenter en corps la Nation. Mais cette représentation reste approximative. Aussi, pour être sûr que la Nation partage les positions de cette assemblée, ses décisions ne doivent pas être prises à la majorité simple mais, par exemple, à la majorité des deux tiers. Si les deux tiers de ces Citoyens sont d’un avis, il est plus que probable que cet avis aurait recueilli au moins la majorité auprès du peuple consulté dans son entier. Le Civisme appelle cette assemblée « le Tribunal de l’Opinion Publique » ou « T.O.P. », et ses membres, « les Censeurs ».

La première fonction du T.O.P. est de ratifier les lois ou de les rejeter par défaut. Entendons bien : le T.O.P. doit se prononcer positivement, donc à la majorité des deux tiers, pour que les projets qui lui sont soumis deviennent lois. Les projets qui n’obtiennent pas la majorité des deux tiers sont rejetés ou renvoyés à qui de droit. Le T.O.P. peut aussi, de la même manière et de sa propre initiative, abolir des lois en vigueur. La même procédure s’applique aux lois envisagées par le Gouvernement, qui n’est donc plus tributaire du Parlement. En revanche, et c’est une autre de ses fonctions, si le T.O.P. n’a pas à approuver la politique du Gouvernement, il peut s’y opposer. Autrement dit, il ne s’agit plus dans ce cas de voter « pour » telle ou telle mesure, mais de voter « contre », ce qui n’est pas du tout la même chose. Cela permet au Gouvernement d’agir à sa guise jusqu’au moment où sa politique suscite une désapprobation massive et sans équivoque.

Le T.O.P. qui représente le peuple comme aucune autre institution peut avoir, de par sa nature, bien des fonctions qu’il est impossible de toutes énumérer ici. C’est lui, par exemple, qui fait office de conseil constitutionnel, puisqu’il n’y a de constitutionnelle que la volonté du peuple. C’est lui qui nomme, pour une durée indéterminée, le Ministre de la Justice, afin que celui-ci ne soit pas assujetti au Gouvernement et que son indépendance soit aussi complète que possible. Il peut provoquer des référendums quand il n’a pas su trancher une question qui lui paraît importante. (Le Président a aussi cette faculté, de même que les Citoyens par le biais de pétitions.) Il reçoit toutes les plaintes des Citoyens (au sens large) et peut saisir les tribunaux. Il est au-dessus de toutes les hiérarchies ;  il n’y a au-dessus de lui que la constitution et le peuple qui peut seul la modifier. Il peut seul mobiliser la Garde nationale (vidéo 11), qui est, du reste, quasi autonome. Il doit approuver les opérations militaires à l’étranger et peut les suspendre. Bref, il est le peuple dans tout ce qui se fait au nom du peuple.

Dans la Cité, les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont bel et bien séparés, ils ne sont plus confondus sous prétexte de se contrebalancer, mais tous sont, comme il se doit, soumis au peuple, soit directement soit virtuellement via le T.O.P. Voilà pour le système politique au niveau national. Les mêmes principes prévalent au niveau local, quoique appliqués de manière différente.

Les communes élisent leur maire, lequel s’entoure d’adjoints et constitue avec eux, pour cinq ans, la municipalité. Les électeurs, eux, constituent autant de Municipes qu’il y a de bureaux de vote dans la commune. Les Municipes sont le contre-pouvoir au niveau communal, départemental et régional, sans oublier que les Citoyens peuvent toujours, individuellement ou en corps, recourir au T.O.P. face aux pouvoirs locaux. Chaque Municipe dispose d’un local dans lequel les électeurs peuvent se réunir à volonté pour discuter des affaires publiques, de même qu’ils organisent leurs séances comme bon leur semble. Les Municipes ne peuvent pas s’opposer directement à la Municipalité, car les votes internes, à la majorité, ne sont pas nécessairement représentatifs, en raison des absences, mais ils peuvent, en ralliant un certain nombre de Municipes à leur idée, provoquer des référendums pour s’opposer à des projets municipaux. Ils peuvent de la même manière, mais à condition de rallier un nombre plus important de Municipes au niveau du département ou de la région, s’opposer à des projets départementaux ou régionaux. Les départements sont gérés par l’assemblée des maires, et les régions, par des maires délégués par chaque département. La Cité dégraisse le mammouth !

Voilà dans les grandes lignes, le système politique de la Cité. Il est, me semble-t-il, aussi démocratique qu’un système politique peut l’être sans tomber dans la démagogie. Il obéit à un principe : ce qui se fait au nom du peuple ne peut se faire sans le peuple ; mais il ne faut pas que, sous ce prétexte, tout soit bloqué et que rien ne se fasse. Le peuple doit être souverain et sur le papier et dans la pratique ; il doit avoir assez de pouvoir légal pour imposer sa voix, s’opposer aux abus et déjouer les trahisons, mais pas suffisamment pour pouvoir abuser de sa propre puissance et étouffer les institutions quand elles remplissent correctement leurs fonctions. C’est cela le véritable équilibre.


Pour conclure cette série de vidéos, j’attire votre attention sur deux points.

Le premier, c’est que ces vidéos sont évidemment moins complètes, moins profondes, que mes livres. J’ai laissé de côté beaucoup de détails et même des sujets importants comme, par exemple, l’accès au sol et à l’habitat ou encore les Commissions dont il a été question dans la vidéo 9 sur les entreprises. J’invite ceux qui ont été interpellés par ces vidéos et qui désirent en savoir plus à lire mes livres ou mon livre « Tout sur le Civisme » qui réunit en un seul tous mes ouvrages sur le sujet, à savoir le « Réquisitoire contre Largent », « Le Civisme ou Théorie de la Cité », « Le Civisme illustré » et « Principes universels de l’ordre social ou Bases de la Société à usage universel ». Ils ne sont pas édités proprement dit ; ils sont imprimés sur commande par TheBookEdition, qui permet également de se les procurer, pour moins cher, en version PDF. Vous les trouverez soit en passant par mon blog « philippelandeux », soit, tout simplement, en tapant les titres dans google.

Le deuxième point, c’est que la théorie du Civisme réside entièrement dans le  concept d’une Carte civique (vidéo 7), qui lui-même découle du Principe selon lequel « Un Citoyen a des droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’il est Citoyen ». Tout part de cette idée. Ma théorie de la Cité n’est que l’exposé des conséquences inéluctables de ce Principe et des mesures logiques et indispensables pour que l’édifice tienne debout. Quiconque réfléchit en partant de ce Principe devrait arriver grosso modo aux mêmes conclusions. Mais certains voudraient sans doute aller encore plus loin, imaginer l’organisation de la Cité dans le moindre détail. Je ne vais pas jusque-là et je m’y refuse. C’est à la fois impossible, inutile et ridicule : impossible parce que nous n’avons pas toutes les données ; inutile, parce que nous pouvons imaginer tout ce que nous voulons, les Citoyens feront en leur temps ce qu’ils voudront ; ridicule, parce que c’est précisément impossible et inutile. Une théorie aussi tatillonne passerait d’ailleurs pour le fruit d’un esprit tyrannique. Rien de mieux, donc, pour la discréditer. En fait, pareille exigence a pour but de trouver ou plutôt d’invoquer de soi-disant failles pour justifier de renoncer à tout et rester dans le système monétaire, pour être lâche devant l’inconnu en sauvant la face à ses propres yeux ; c’est le prétexte de ceux qui, au fond, se disent : Périssent les Principes plutôt que Largent ! Je dis, moi, périsse Largent plutôt qu’un Principe !

Le message est délivré, à l’oral comme à l’écrit. Tout est accompli.

 Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !

12:01 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |