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mardi, 23 novembre 2010

REVOLUTION ET GUERRE CIVILE

REDIF

En mars 2006, Pierre Lance écrivit un article pour les 4 Vérités dans lequel il disait que toute révolution débouche sur la guerre civile et expliquait pourquoi, malgré la situation de la France, la révolution était impossible.

« Mais alors, pourquoi la révolution n’éclate-t-elle pas ? Pour deux raisons essentiellement : La première, c’est qu’une révolution ne peut éclater que si un danger menace la survie même d’une partie importante de la population. (Ce fut jadis le terrible hiver 1788/89 qui gela la Seine de Paris jusqu’au Havre et qui répandit la famine). Ce danger ne peut pas exister aujourd’hui, quoique le chômage endémique pourrait en tenir lieu s’il n’était amorti par le traitement social. À moins qu’une épidémie catastrophique ne vienne semer les cadavres à profusion (grippe aviaire ?).

« La seconde raison, c’est que la société française est aujourd’hui confrontée à un phénomène sans précédent : l’immigration massive et l’inassimilation d’une jeunesse déracinée qui est bien, elle, à deux doigts de faire une révolution, mais une révolution qui serait inacceptable pour les Français de souche et qui les pousserait à faire bloc derrière le pouvoir afin de la juguler. »

Lire la suite sur les 4 Vérités, N°537 du mercredi 29 mars 2006

 

Pour moi, même si ce qu'il disait était en partie vrai, les raisons fondamentales sont plus profondes.


REVOLUTION ET GUERRE CIVILE

 

Il y a une raison fondamentale pour laquelle la Révolution qui se profile à coup sûr à l’horizon, n'a pas encore éclaté : c'est qu'elle n'a pas encore trouvé son but, même de façon floue.

C'est là une grande différence avec 1789, fruit des réflexions du XVIIIe siècle. Historiquement, la Révolution avait pour objectif de libérer la bourgeoisie, de lui conférer le vrai pouvoir (économique) et de l’associer au pouvoir politique, quelle que soit sa forme, excepté la monarchie féodale. Louis XVI n’ayant pas pu faire de réformes et n’ayant pas su les accepter une fois faites, fut éliminer, ce qui n’était pourtant pas dans les intentions premières des révolutionnaires. La volonté de se passer de roi en France ne naquit qu’après la fuite à Varennes (21 juin 1791) et ne fut vraiment affirmée qu’après les revers militaires du printemps de 1792 et avant le 10 août. Fondamentalement, l’objectif de la Révolution fut atteint dès 1789, mais il fallut encore 5 années, jusqu’au 9 thermidor an II (27 juillet 1794), pour que la bourgeoisie remporte définitivement (c’est-à-dire jusqu’à nos jours) la partie, tant contre les aristocrates nostalgiques que contre les vrais patriotes groupés, pour ainsi dire, derrière Robespierre.

Pour parvenir à ses fins, pour devenir Calife à la place du Calife, la bourgeoisie a brandi les principes de Liberté et d’Egalité. Mais ces idées qu’elle agitait de façon hypocrite, qu’elle dénaturait, d’autres y croyaient sincèrement, voulaient que tous les individus constituant le corps social, tous les citoyens, soient véritablement libres et égaux en droits (et en devoirs) et firent tout ce qui était en leur pouvoir pour aller dans ce sens aussi loin que possible. Ces derniers, je veux encore parler de Robespierre et de ses partisans, n’eurent cependant pas l’occasion de poursuivre leur but, soit qu’ils ne fussent pas au pouvoir (et ils n’eurent jamais vraiment le pouvoir), soit qu’ils fussent confrontés à des difficultés inextricables créées par leurs devanciers, en l’occurrence les Girondins qui, après avoir entraîné la France dans la guerre extérieure (conte l’avis de Robespierre) la plongèrent dans la guerre civile. Quand enfin les guerres extérieure et intérieure ne furent plus un problème pressant, quand enfin il devint a priori possible d’entreprendre des réformes en profondeur, de faire de l’Egalité plus qu’un mot creux, les bourgeois (les pourris de la Convention en tête) écrasèrent les « Robespierristes » et avec eux leurs idées (fort mal connues, même par les communistes qui souvent les revendiquent). Cela dit, je ne crois pas que les « Robespierristes » auraient pu atteindre leur but, ce pour trois raisons : 1) il n’était pas clair dans leur tête, 2) l’heure n’était pas à l’Egalité des citoyens mais à la domination de la bourgeoise, c’est-à-dire l’aristocratie de Largent, 3) Largent et l’Egalité sont incompatibles, ce dont ils n’avaient pas conscience, d’où la première raison. Partant, la force des choses devait avoir raison des Robespierristes dont les principes, pourtant légitimes (la plupart sont aujourd’hui des lieux communs), étaient alors anachroniques.

Pour en revenir à l’actualité, il me paraît indispensable de comprendre que, sur le fond, les idées sociales n'ont pas encore évolué depuis 1789. Malgré les deux siècles écoulés, nous en sommes toujours à l’affrontement Girondins / Montagnards-Jacobins, partisans de la Liberté ou du libéralisme / partisans de l’Egalité version socialiste ou communiste. Les premiers ne veulent pas comprendre que la Liberté ne va pas sans l’Egalité, les seconds, que l’Egalité ne va pas sans la Liberté, les uns et les autres, que Liberté et Egalité sont de vains mots sous Largent. Le libéralisme aujourd’hui est en fait du capitalo-libéralisme. Qui ne voit, en effet, que les résistances opposées au soi-disant « libéralisme » sont dues aux conséquences financières qu’engendre pour les uns la « liberté » des autres. Qui, inversement, ne voit que socialisme et communisme ne font que proposer, au nom de l’Egalité, des solutions pour endiguer les inégalités économiques ou financières inhérentes au capitalisme (Largent), solutions qui non seulement sont incapables de réaliser l’Egalité ou de résorber les inégalités, mais dénaturent le concept même d’Egalité.

Il me paraît évident que, sans bien distinguer le pourquoi du comment, nos contemporains commencent à réaliser que Largent règne, que, de ce fait, le discours politique de droite comme de gauche tourne à vide, que les politicards, même de bonne foi, ne font que ressasser des idées et des solutions à l’épreuve depuis deux siècles et vouées à l’échec. Dans un article parut la semaine dernière (Je n’ai pas les 4V sous les yeux.), je ne sais plus qui disait que les électeurs votent maintenant par défaut, j’ajoute, quand encore ils votent. Ils ne se font plus d’illusions. Pourquoi, si ce n’est précisément parce que tout a déjà été essayé sans que jamais l’Humanité en sorte plus heureuse ? Il serait temps de nous apercevoir, surtout à gauche, que les idées qui, en 1793, étaient révolutionnaires, quoique imparfaites, sont aujourd’hui réactionnaires et toujours aussi imparfaites. Au lieu d’évoquer la Révolution, de nous bassiner avec les Droits de l’Homme, la gauche ferait bien de connaître un peu mieux la première, pour en tirer enfin des leçons, et d’étudier les principes qui fondent les seconds, pour en finir avec le gauchisme. Si je parle de la gauche, c’est parce qu’une révolution vient toujours de gauche, que c’est donc à la gauche d’évoluer, d’être véritablement de gauche, d’allier principes justes et fermeté, au lieu de se complaire dans le laxisme, l’angélisme et le misérabilisme au nom d’une générosité fumeuse et d’une philanthropie écœurante.

Mais, comme le souligne M. Lance, la France a encore un autre problème, celui de l’immigration. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que, tôt ou tard, la France, envahie dans des proportions hallucinantes et bientôt insupportables, sera le théâtre d’une guerre civile raciale. Cependant, contrairement à M. Lance, je dirais que cette guerre civile accouchera de la Révolution au lieu d’en être la conséquence. Car, pour faire une Révolution, il faut des hommes solides, des patriotes. Or notre système ne produit que des mous du bulbe qui se prennent pour des citoyens du monde, alors même qu’ils ignorent le B. A. B.-A. de ce qu’est un Citoyen tout court. Seul un événement aussi dramatique qu’un conflit ouvert pourra donner à nos contemporains le coup de fouet qui les fera redescendre sur terre et les tremper pour une Révolution.

Une autre erreur de M. Lance, à mon avis, est de croire que toute Révolution tourne en guerre civile. Ce fut vrai des Révolutions passées. Mais les Révolutions d’hier étaient portées par des idées plus ou moins fausses quant à la cause de l’inégalité et l’obstacle à l’Egalité [Largent]. Ne pouvant atteindre leur but fondamental, allant même contre la force des choses, elles ne pouvaient satisfaire le peuple tout en suscitant des résistances qu’elles devaient briser mais qui, à plus ou moins long terme, devaient leur être fatales. C’est ainsi que toutes les Révolutions dirigées contre le despotisme débouchèrent sur le capitalisme. En France, cela prit 5 ans ; en Russie, 70 ; en Chine, 50.

Ce ne sont pas les Révolutions qui engendrent les guerres civiles, mais, au contraire, le fait qu’il n’y ait pas de Révolution. La Révolution française est exemplaire de ce point de vue, par rapport aux russe et chinoise, Russie et Chine étant trop étendues pour qu’il n’y ait pas, ici ou là, des mouvements armés contre-révolutionnaires. En 1789, dès juillet, les nobles commencent à émigrer, plus rien ne s’oppose à l’Assemblée. (Aucun danger intérieur non plus après le 10 août 1792.) Il faudra que la Constituante mène une politique bourgeoise, que les Girondins plongent la France dans la guerre extérieure (imposant des levées d’hommes), pour que les paysans Vendéens, déçus, ulcérés par les bourgeois, hostiles aux réquisitions, prennent les armes contre la République en 1793. (Notons qu’il incomba aux Montagnards de réprimer la Vendée, alors que les Vendéens réagissaient à la politique menée par les Constituants puis les Girondins.) En 1795, le peuple de Paris se soulève à deux reprises parce qu’il crève de faim alors que les greniers regorgent de denrées (objets de spéculation). Ce n’est jamais la droite qui menace réellement les gouvernements « révolutionnaires », mais toujours la gauche, le peuple insatisfait et dès lors manipulable. C’est parce que les Révolutions ne tinrent pas leurs promesses, parce qu’en fait il n’y eut jamais vraiment de révolution, que la contre-révolution trouva des appuis jusque dans le peuple et devint possible.

Mais une Révolution qui porterait la cognée à la racine, qui saurait instaurer dans les faits les principes de l’ordre social, qui comblerait enfin les espérances de l’Humanité, couperait l’herbe sous le pied des nostalgiques de l’ancien régime et étoufferait dans l’œuf toute contre-révolution. Que les hommes sachent enfin où il doivent aller et comment, et, alors, cette Révolution éclatera. On n’y est pas !

Philippe LANDEUX

30 mars 2006

 

Ce message laissé sur le forum n'était que le premier d'une longue série. La discussion qui s'ensuivit tourna autour de la révolution de 1789 puis du Civisme.

05:59 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

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