jeudi, 09 juin 2016
GAUCHISME, NATIONALISME, PATRIOTISME - LE PIÈGE DU CAPITALISME
« L’enfer est pavé de bonnes intentions. »
Le capitalisme est le piège parfait. Il n’a pour opposants que des capitalistes qui s’ignorent, qui dénoncent certains aspects du capitalisme sans remettre en cause son essence même, son logiciel de base.
Ce système divise et permet de classer les gens en trois grands groupes, même si bien sûr il existe une infinité de nuances et si beaucoup d’individus naviguent de l’un à l’autre.
Le premier est évidemment celui des capitalistes assumés, des profiteurs du capitalisme, conscients et fiers de l’être. C’est eux qui ont le pouvoir et qui, par leurs excès et leurs maladresses, sont finalement les seuls à pouvoir ébranler le système, à l’épuiser, à scier ainsi la branche sur laquelle ils sont assis.
Le deuxième groupe est celui des « gauchistes » ou des « mondialistes ». Ceux-là n’ont toujours pas compris pourquoi le socialisme a rallié ouvertement le capitalisme et basculé, pour faire bonne figure auprès des gogos, dans le droit-de-l’hommisme, le sans-frontiérisme, l’humanistarisme, l’euro-mondialisme, l’immigrationnisme, l’antiracisme et le sociétalisme, et ils continuent à dénoncer le capitalisme (notamment tout ce qui a trait à la finance, aux salaires, etc.) tout en adhérant à cette flopée d’idéologies qui procèdent du capitalisme lui-même et ne servent que lui en définitive.
Le troisième groupe est celui des « patriotes » ou des « nationalistes », tous « souverainistes », qui s’opposent à la destruction, par tous les moyens, des pays et des nations, voulue et mise en œuvre par le premier groupe et soutenue par le second, ce qui fait d’eux, en apparence, les anticapitalistes les plus sérieux. Mais, s’ils sont en effet les moins dégradés par l’idéologie dominante, s’ils n’ont pas perdu tout bon sens, ceux-là n’ont pas compris la cause profonde de cette entreprise de destruction et n’aspirent qu’à revenir à une étape antérieure du processus capitaliste, ce qui est sans doute possible et serait un moindre mal à court terme mais n’empêcherait pas le capitalisme de repartir de l’avant par la force des choses, comme le naturel revient au galop.
En clair, tous ces groupes sont fondamentalement capitalistes. Aucun ne lutte contre le capitalisme : le premier, parce que ce n’est pas son intérêt ; le deuxième et le troisième, parce qu’ils ne saisissent pas sa véritable nature et que, occupés chacun à courir après des leurres différents, ils y participent tous à leur manière.
Mais qu’est-ce donc le capitalisme ? C’est le règne absolu de Largent ; c’est la victoire complète de Largent sur les Principes de l’ordre social, donc sur la Société ; c’est les propriétés de Largent qui, ne rencontrant plus aucun obstacle, sont poussées à leur paroxysme.
Largent est une croyance qui naît de la pratique du troc ; c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. L’évolution de la production combinée à cette croyance engendre la monnaie (étalon de valeur), et l’échange monétaire inculque à son tour cette croyance à ceux qui le pratiquent et qui, dès lors, ne conçoivent plus l’échange autrement. Largent, la monnaie et les hommes (leur façon de penser) entrent ainsi dans un cercle vicieux dans lequel chaque élément est à la fois la conséquence et la cause des deux autres. Largent mène néanmoins le bal. Sans lui, pas de monnaie, pas d’hommes formatés par le système monétaire. Plus exactement, un mode d’échange faisant appel à un moyen d’échange conforme aux Principes de l’ordre social, sans recours à la notion de valeur marchande, anéantirait de facto Largent et la monnaie qui n’auraient plus de raison d’être ; les hommes, pratiquant l’échange sur ce nouveau mode, en intègreraient les concepts et ne concevraient plus ceux du système monétaire.
Mais le sujet ici n’est pas tant ce qu’il faudrait faire que pourquoi cela n’est pas fait ?, pourquoi le capitalisme trouve en chaque homme un appui ? pourquoi, malgré leurs nuances, toutes les tendances politiques sont finalement de la même engeance ? La réponse est dans l’origine, la nature et les propriétés de Largent.
Largent, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, vient du troc qui consiste à échanger des objets contre d’autres, et ainsi à établir entre eux, même sans le vouloir, une équivalence, ce qui amène à concevoir la notion de valeur (marchande) comme une nécessité pour échanger. Cette première observation permet de comprendre : 1) pourquoi les choses et leur soi-disant valeur finissent par être au centre des considérations et, ainsi, pourquoi un tel mode d’échange induit une mentalité matérialiste ; 2) pourquoi la valeur des choses, si importante, finit par n’être l’expression que d’un rapport de force ; 3) pourquoi des biens servant de référence de la valeur finissent par être sélectionnés et standardisés, biens que l’on appelle « monnaies » ; 4) pourquoi disposer de ce qui a de la valeur confère du pouvoir et pourquoi avoir du pouvoir incite autant que cela permet de se procurer ce qui est réputé avoir de la valeur, ceci étant plus vrai encore sous la monnaie ; 5) pourquoi la monnaie, qui apparaît plus tard et représente, en terme de valeur, des objets qui, sous le troc, sont échangés, circule elle aussi, passe de main en main ; 6) pourquoi tout ce qui peut représenter de la valeur et procurer de la monnaie à quelqu’un, surtout quelqu’un de puissant, finit par devenir marchandise ; pourquoi tout devient marchandise ; pourquoi un tel système est amoral et potentiellement immoral.
Mais le troc, d’où provient Largent et sur lequel il repose, est également un échange entre individus, un échange de ce qu’ils possèdent respectivement. Cette observation explique à elle seule : 1) pourquoi les individus, pour pouvoir participer à l’échange, doivent disposer de biens, donc être propriétaires du fruit de leur travail ; 2) pourquoi ce mode d’échange, qui oblige chacun à s’activer pour lui-même, dispense les individus des devoirs individuels et collectifs dont ils s’acquittaient auparavant envers la communauté en retour de ses bienfaits ; 3) pourquoi ce mode d’échange ôte à la « société » tout droit de regard sur la production et les échanges qui sont pourtant un aspect majeur de la vie des hommes en collectivité ; 4) pourquoi ce mode d’échange dépouille la « société » du rôle de garantir les droits de ses citoyens, même ceux qui assurent les besoins les plus vitaux, puisque les individus sont désormais livrés à eux-mêmes pour s’en ménager ; 5) pourquoi ce mode d’échange, qui n’a en lui-même aucune dimension sociale (asocial), dans lequel à aucun moment l’appartenance à une communauté n’entre en ligne de compte, qui implique des individus et non des citoyens au vrai sens du terme, est intrinsèquement individualiste et antisocial ; 6) pourquoi ce mode d’échange, contraire ou plutôt étranger aux Principes de la communauté, détruit la Société de l’intérieur, ne laissant à la place que des concentrations d’individus ; 7) pourquoi les individus qui prétendent se débrouiller seuls pour avoir des droits en appellent néanmoins et paradoxalement au fantôme de la société pour reconnaître et garantir leurs propriétés, c’est-à-dire le fruit d’activités (travail ou échange) qui ne concernent plus la « société », laquelle ne devrait pas davantage se mêler de cette affaire ; 8) pourquoi tout mode d’échange recourant à la notion de valeur (marchande) est inspiré par Largent, reproduit le schéma du troc ou en a gardé sans raison les réflexes, et présente les mêmes tares.
Ce ne sont là que les conséquences directes et inéluctables des principes de base du troc. Dans les faits, elles ne sont pas séparées mais se combinent et forment l’arrière plan du système monétaire auquel la monnaie, qui décuple tous ces effets, ajoute les siens propres.
Les hommes n’ont pas conçu Largent ; c’est lui qui s’est imposé à eux par la force des choses. Ils n’ont pas non plus inventé le principe de la monnaie qui est finalement contenu dans le troc. En revanche, c’est bien eux qui ont sélectionné les monnaies pour qu’elles soient toujours plus pratiques, du point de vue de l’échange, et plus fiables, en tant que garanties de la valeur. Mais qu’est-ce que la monnaie à l’heure de Largent roi ?
Remarquons tout d’abord que Largent est roi aujourd’hui parce que les produits sont si nombreux et pour la plupart tellement élaborés que nul ne peut les produire seul et que chacun doit se les procurer sur le marché. Si l’on ajoute à cela que personne ne satisfait ses besoins par sa production personnelle, il s’ensuit que tout le monde doit accéder au marché en permanence et pour toute chose, via la monnaie, ce qui place la monnaie au cœur du système, et Largent, sur le trône.
Fut un temps où la monnaie n’occupait pas la place qu’elle tient aujourd’hui, où tout esprit communautaire n’était pas encore laminé, où les hommes subvenaient en partie à leurs besoins. Ce temps est révolu. De nos jours, la monnaie est le premier besoin, car c’est un besoin vital pour tous de pouvoir accéder au marché. Ce faisant, la monnaie incarne tous les « droits », non seulement le droit d’accéder au marché, mais encore tous les droits qui dépendent de celui-là, c’est-à-dire à peu près tous, y compris ceux qui permettent d’assurer les besoins élémentaires (manger, se loger, se vêtir). La monnaie est donc une unité de valeur (matérielle ou virtuelle), pratique (facile à transporter), anonyme ou impersonnelle (sans propriétaire déterminé et valable entre toutes les mains), vagabonde (elle circule), vitale, universellement acceptée, universellement convoitée, qui s’obtient aux dépens d’autrui et peut s’obtenir aussi bien par des moyens légaux (pas tous moraux) qu’illégaux. Autant dire que les hommes vont se livrer une guerre perpétuelle pour en avoir, d’autant plus qu’on ne peut jouir des droits qu’elle incarne qu’en se séparant d’elle (en payant, en la dépensant), ce qui oblige donc à s’en procurer de nouveau. Il faut par ailleurs remarquer que, de par sa nature, ses propriétés et sa permissivité, la monnaie ne peut pas se répartir également, ce qui signifie que le système monétaire est par nature inégalitaire (individus inégaux en droits) et oligarchique voire ploutocratique (pouvoir des riches). Le fait que la monnaie repose sur la notion de valeur (Largent) suffit a le deviner, puisque des valeurs n’ont de sens que dans la différence de valeurs, donc dans la différence de prix entre les biens, entre les produits, donc dans l’inégalité en droits entre producteurs. Il y aura toujours des riches et des pauvres dans un système monétaire. La richesse se justifie moins par le talent que par la nature même du système, de même que l’exploitation n’a elle aussi d’autre justification que la possibilité donnée à certains par la monnaie d’exploiter les autres. Il ne faut pas perdre de vue que la monnaie incarne les « droits » et confère donc du pouvoir à ceux qui en ont le plus, quels que soient les moyens par lesquels ils se la sont procurés, et que ce sont ces derniers qui vont faire les lois en leur faveur, disposer des hommes et de la force publique pour servir leurs intérêts, déterminer, à leur avantage, la soi-disant valeur des choses (qui n’est donc bien qu’une illusion et l’expression d’un rapport de force), mettre en œuvre, grâce à leurs fonds personnels ou aux banques, des projets qui coûtent mais rapportent gros, etc. La monnaie fonctionne selon deux principes : celui des vases communicants, et celui de l’attraction (« L’argent va à l’argent. »). Ceci explique encore pourquoi le système monétaire est non seulement inégalitaire mais pourquoi les inégalités ne font que se creuser.
Beaucoup croient que la monnaie est neutre, que ce n’est qu’un instrument entre leurs mains, qu’elle n’a aucune influence par elle-même, que tout le mal vient des hommes… Ils oublient tout ce qu’ils font pour en avoir et tout ce qu’ils endurent quand ils n’en ont pas. Dans ces cas-là, c’est bien la monnaie qui les oblige à agir, qui les fait agir, et non eux qui utilisent la monnaie. Du reste, même quand ils utilisent la monnaie qu’ils ont, ils l’utilisent en suivant ses règles à elle et font avec elle ce qu’elle permet. Autrement dit, les hommes, qu’ils le veuillent ou non, sont dans un système dont ils doivent suivre les règles qu’ils n’ont pas fixées. Ils ont une certaine liberté, ils agissent suivant leur caractère, mais il est malgré tout des bornes qu’ils ne peuvent franchir, bornes qui n’ont rien de naturel. Du reste, même leur caractère, leurs désirs et leurs actions sont influencés par le monde tel qu’il est façonné par Largent et au-delà par la monnaie. Par exemple, lutter pour l’Égalité, s’investir pour les pauvres, réclamer des augmentations de salaire, faire des économies, tout cela — comme à peu près tout le reste — n’a de sens que dans un système monétaire.
Le but, dans un système monétaire, est d’avoir de la monnaie, donc d’en gagner le plus possible, par quelque moyen que ce soit, ou de ne pas en perdre. C’est la course au profit et la porte ouverte à toutes les mesquineries, à tous les vices, à tous les crimes. Mais ce but, que chacun poursuit à sa manière par nécessité, fait perdre de vue qu’il ne s’agit pas d’un jeu, qu’il s’agit des droits et de la vie des gens. Obsédés par la monnaie, prisonniers de ses règles, imprégnés de sa mythologie, c’est-à-dire de ses mensonges, les hommes sont désormais incapables d’appréhender l’Égalité et les Principes de l’ordre social, de connaître leurs véritables Droits, encore moins leurs Devoir, de se penser comme Citoyens.
Et ce n’est là que la toile de fond. Une révolution a eu lieu (l’implosion des communautés) qui va en entraîner une autre : la révolution industrielle.
La monnaie est une évolution du troc et repose comme lui sur la notion de valeur marchande. Or le troc se pratique entre petits producteurs, dans un contexte de production artisanale. Autrement dit, un mode d’échange reposant sur la notion de valeur marchande correspond au mode de production artisanale ; c’est une conception de l’échange qui porte en elle les limites de ce mode de production. Mais nous ne sommes plus au temps de la production artisanale ; nous sommes entrés, depuis le XIXe siècle, dans l’ère de la production industrielle. Y étant entrés progressivement, nous avons continué à échanger, à commercer, sur le mode d’échange qui était alors en vigueur, sans réaliser qu’il y a nécessairement un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production, que le mode d’échange doit être adapté au mode de production et que la monnaie, qui déjà ne permet pas d’assouvir les besoins qu’elle fait naître, ne satisfait plus du tout aux contraintes de la production de masse.
La fonction première de la monnaie est d’acheter, de permettre de retirer des produits du marché. Or la différence entre la production artisanale et la production industrielle concerne précisément la quantité de produits présents sur le marché, faible dans le premier cas, inépuisable dans le second. Cette observation permet de comprendre que, si la monnaie n’est pas adaptée au mode de production industrielle, c’est en raison d’une Offre désormais trop importante pour que la Demande, liée à la monnaie, puisse suivre. Ceci permet à son tour de comprendre que la Demande est intrinsèquement faible dans un système monétaire, d’où sa relative adaptation au mode de production artisanale. Mais pourquoi la Demande est-elle faible dans un système monétaire ? Parce que les mécanismes de la monnaie font que, quelle que soit la monnaie, quelle que soit la masse monétaire, il y a toujours une poignée de riches et une grande majorité de pauvres, que si quelques personnes peuvent acheter beaucoup, la plupart achètent peu, de sorte que la moyen est tirée vers le bas par la majorité. Et cette règle demeure et s’applique même si la production passe au mode industriel. Dès lors, le problème saute aux yeux : lorsqu’une « société » développe la production industrielle ses « citoyens » n’ont pas les ressources monétaires pour absorber la production ; dans l’état actuel des choses, il n’y a plus assez de clients. A moins de remettre en cause le mode d’échange, donc le système monétaire, et d’en trouver un adapté à la nouvelle donne, il va falloir trouver des expédients, des solutions à court terme qui s’avèreront insuffisantes voire désastreuses.
Le premier de ces expédients est bien sûr l’exportation, tout simplement. Mais quand l’industrie se développe dans tous les pays et que chacun exporte chez les autres, quand tous les pays sont confrontés au même problème interne, c’est une autre planète, peuplée seulement de consommateurs, qu’il faudrait ! Le second qui a été envisagé et mis en œuvre à la fin du XIXe siècle est la colonisation que Jules Ferry lui-même a justifiée comme suit : « La question coloniale, c’est d’abord la question des débouchés. La politique coloniale est fille de la politique industrielle. L’Europe peut être considérée comme une maison de commerce qui voit décroître son chiffre d’affaire car la consommation européenne est saturée. Il faut faire surgir de nouvelles couches de consommateurs. » (28 juillet 1885) (Ce besoin vital de consommateurs a entraîné la course aux colonies et le conflit entre les puissances colonisatrices.) Vint ensuite le fordisme, c’est-à-dire l’idée d’augmenter les salaires pour que les salariés puissent acheter les produits à la production desquels ils contribuaient. Mais on ne peut pas donner de l’argent aux uns sans le prendre à d’autres ! Puis vint le crédit à la consommation, qui permet aux consommateurs d’avoir aujourd’hui l’argent qu’ils gagneront peut-être demain et que, dans tous les cas, ils n’auront plus alors. L’abandon de l’étalon or (1940 au Canada, 1971-1976 aux USA, etc.) avait sans doute la même fonction objective, quoique peut-être inconsciemment de la part de ses prometteurs, à savoir permettre d’augmenter la masse monétaire, donc, en théorie, la Demande. En 1981, cette politique de la relance de la Demande par l’augmentation du pouvoir d’achat a aussi été, en France, un échec retentissant. Enfin, les entreprises, dans l’idée de faire baisser leurs coûts de production (produire moins cher) et de ramener ainsi le prix de leurs produits au niveau des moyens financiers de leurs clients, ont encore quatre options : 1) payer peu leurs employés, soit en gelant, soit en baissant leurs salaires ou en rognant sur des à-côtés, 2) réduire la qualité de leurs produits, payer moins leurs fournisseurs ou en changer, 3) importer de la main d’œuvre étrangère, moins exigeante que les autochtones (immigration), 4) faire produire à l’étranger, dans des pays à moindre coût, ce que l’on appelle « délocalisation de la production »… Autant de « solutions » qui ont un sens d’un point de vue individualiste, du point de vue des entreprises, mais qui, dès lors que toutes les entreprises les appliquent, font effondrer la Demande intérieure du pays plus vite que les prix… sans parler du fait que les deux dernières détruisent le pays lui-même.
A ces fuites en avant suscitées par l’inadaptation du système monétaire au mode de production industrielle viennent s’ajouter les dérèglements suscités par l’informatique qui permet et donc amène la virtualisation de la monnaie. C’est la possibilité offerte par cette technologie très récente qui a d’abord permis aux banques d’effectuer des calculs jusque-là impossibles et de devenir des banques de dépôt où les gens ordinaires vinrent de leur plein gré mettre en sûreté leurs économies et où leurs salaires sont aujourd’hui transférés d’office. C’est elle encore — et cet afflux d’argent dans les banques — qui a permis à la spéculation de prendre un tour nouveau, démentiel et apocalyptique. C’est elle, enfin, qui autorise la création artificielle de monnaie par les banques, via le crédit sans réserve, quoique le passage de la monnaie métallique au papier monnaie avait déjà permis aux États d’imprimer sans limite des billets, des billets n’ayant aucune valeur intrinsèque, quoique la notion de valeur soit en elle-même un concept, donc une fiction. Le système monétaire est ainsi un château de cartes imaginaires qui condamne les hommes à jouer au Monopoly grandeur nature — et à perdre, pour la plupart. Elle est loin l’idée d’une monnaie qui ne servirait qu’à faciliter le troc (entre petits producteurs) et à fixer de justes prix pour des échanges équitables, idée déjà asociale et antisociale ! Au vrai, cette monnaie n’a jamais existé et n’existera jamais.
Malgré Largent qui l’entraîne et l’écrase, l’Homme a une certaine liberté, dont il use pour accomplir ses propres desseins. Or l’Homme est un être sociable ; et le Principe fondamental de l’ordre social est l’Égalité, totalement incompatible avec Largent. C’est pourtant à l’Égalité que les hommes aspirent et vers laquelle ils tendent leurs efforts. Si on regarde l’histoire, on constate en effet qu’ils se sont toujours révoltés contre Largent et son cortège de fléaux (inégalité, tyrannie, exploitation, misère, etc.), au nom de l’Égalité ou de ses dérivés (justice, indépendance, Liberté, etc.), et, avec le temps, ces combats furent toujours couronnés de succès, quoique les victoires fussent incomplètes, faute d’avoir tranché le « nerf de la guerre ». Malgré tout, tous ces combats firent, en quelque sorte, tomber un à un les paravents qui étaient comme les défenses périphériques de Largent, dont la puissance et la tyrannie apparaissent aujourd’hui dans toute leur « pureté » parce qu’il est comme réfugié dans un donjon. Ainsi, sa position est aussi forte que désespérée. Les hommes sont dans la position inverse : ils sont tétanisés alors qu’ils pourraient lui donner le coup de grâce. Ils ont conquis socialement tout ce qui leur était possible de conquérir et ils se trouvent maintenant face à un mur, face à Largent en personne. Toute nouvelle conquête sociale exige de renverser Largent lui-même (ce qui implique de comprendre pourquoi et de savoir comment). Mais force est de constater que ce combat n’est pas encore à l’ordre du jour — même si de nombreuses attaques tournent désormais autour de la monnaie (banques, spéculation, dette, création monétaire, revenu de base, etc.), certaines la prenant même pour cible (quoique maladroitement et pour de mauvaises raisons). Largent qui était sur la défensive reprend donc l’initiative et regagne du terrain (sur les « acquis sociaux »). Dans ces conditions, quiconque ne le dénonce toujours pas et n’envisage pas de le renverser, n’a que trois options :
1) se rallier purement et simplement à lui, à Largent, c’est-à-dire se convertir ouvertement au capitalo-libéralisme (dit ultra-libéralisme),
2) faire comme si de rien n’était et prôner, face aux régressions inévitables, le même genre de mesures sociales, limitées et vaines, que par le passé,
3) déserter le champ social et se faire néanmoins passer pour un progressiste en détruisant tout par ailleurs au nom d’un soi-disant progrès (déclaré, non-démontré et surtout contredit) et en ne servant en dernière analyse que les intérêts du capitalisme.
On retrouve ici les trois catégories mentionnées au départ : capitalistes, gauchistes et mondialistes, patriotes et nationalistes. On comprend enfin de quoi elles résultent. Ce ne sont pas des fantaisies ; elles naissent sous la pression de Largent (ou du monde façonné par Largent), combinée aux différents types de caractère, ayant chacun sa sensibilité, ses priorités, ses forces et ses faiblesses.
Mettons de côté la première catégorie, celle des capitalistes incurables, qui n’ont pas plus de patrie que Largent, qui n’aspirent qu’à jouir et à perpétuer l’ordre des choses tel qu’il est. Ce texte s’intéresse surtout aux deux autres catégories ; il s’adresse aux hommes qui veulent changer les choses mais en sont incapables pour le moment, même s’ils s’agitent dans tous les sens ; il a pour but de leur faire pendre conscience de leurs travers respectifs, afin qu’ils rectifient leurs positions et se tournent tous vers le véritable ennemi au lieu de s’épuiser en vain et surtout de s’entredéchirer. C’est une gageure qui mérite d’être tentée.
Gauchistes et nationalistes, tous se veulent légitimes, tous pensent être dans le Vrai, tous défendent leur conception du Bien, tous agissent par amour (seul l’objet de leur amour diffère) et tous revendiquent ce que chacun réclame comme son monopole. Laissons donc les uns et les autres à leurs convictions pour ne nous occuper que des faits et de leurs causes.
Commençons par les premiers : les gauchistes ou mondialistes.
Le gauchisme est souvent un point de départ, jamais un point d’arrivée, sauf pour ceux qui s’y complaisent. Il y a quelques exemples de gauchistes ayant basculé dans le capitalisme pur et dur ; légions sont les exemples de gauchistes ayant rejoint le camp national ; mais il n’y a pas d’exemple du processus inverse. Le temps, l’expérience et la réflexion éloignent du gauchisme, ce qui tend à démontrer qu’il est, en politique, ce qu’il y a de plus basique, raison pour laquelle lui est accordée ici la préséance.
Le gauchiste aspire à une liberté individuelle totale, au droit pour chacun de faire tout ce qui lui plait, même les choses les plus absurdes ou extravagantes, ce qui l’amène à rejeter toute autorité (typique de l’adolescence) et tout cadre par définition contraignant (entreprise, pays, État). C’est du fantasme ! C’est une conception des choses hors de toute réalité ! Quoi qu’il en soit, ayant dissout, dans son esprit, tout peuple, toute société, tout pays, le gauchiste ne se voit et ne prétend voir autour de lui que des « humains », des hommes abstraits, sans origine, sans race, sans patrie, sans famille, sans histoire, sans culture, sans identité, au final sans humanité, des hommes différents mais soi-disant pareils, des hommes soi-disant identiques donc soi-disant égaux (en quoi ?). C’est ainsi que celui qui n’admet aucune loi, qui n’a aucune idée de ce en quoi consiste la citoyenneté, en vient à se proclamer « citoyen du monde », ce qui n’engage à rien, et à prôner l’égalité universelle, qui ne veut rien dire — mais qu’il va s’acharner à fabriquer. Il était de nulle part ; il est maintenant chez lui partout. Il n’avait pas d’attache ; tous les hommes sont maintenant ses frères. Il s’auto-investit alors d’une mission : faire le bonheur de l’humanité, sauf celui de ses « concitoyens », ce qui serait trop mesquin. Comme tous les hommes sont forcément malheureux et l’attendent bien sûr comme le Messie, il fait la leçon à la terre entière, il dit aux autres peuples ce qu’ils doivent faire chez eux, il invente le « devoir d’ingérence » ; il ouvre aussi en grand les portes d’un pays auquel il se flatte de ne pas appartenir et qu’il fait effectivement tout pour détruire. C’est ici que le gauchisme rejoint le capitalisme.
Nous avons vu que le capitalisme, pour surmonter les contradictions du système monétaire dans un contexte de production industrielle, du moins dans l’espoir de les surmonter, a besoin d’abattre toutes les frontières afin que puissent circuler librement, à son profit, les marchandises, les capitaux et les hommes. Dit autrement, il a besoin que tout porte la marque de Largent et devienne objet d’exploitation. Il lui faut un marché mondial, des consommateurs standards, des travailleurs dociles, des hommes brisés et abrutis ; il lui faut détruire les pays et les peuples, en commençant par en nier l’existence. Telles sont les fonctions de l’Europe institutionnelle (qui n’est que l’expression de Largent et une étape vers le mondialisme) et de l’immigration massive et continue. Mais les gauchistes ne retiennent de tout cela que ce qui concerne les hommes et le côté individualiste, universaliste et antinational (donc antisocial), qui fait déjà partie de leurs dogmes. En bon marchand de tapis, le capitalisme a d’ailleurs prit soin de couvrir de moraline ses produits nocifs : il vend l’Europe au nom de la paix, et l’immigration au nom de l’antiracisme. Quoique eux-mêmes experts en novlangue, les gauchistes ont tout acheté, tout validé, tout avalé. Impossible de leur faire entendre raison ! Pas moyen, même, de discuter ! Ne voyant que le Bien qu’ils prétendent accomplir, ils occultent tout le mal qu’ils cautionnent ou qu’ils dénoncent en partie mais sans jamais remonter à sa cause et sans apercevoir leur propre complicité. Pour maintenir ce cap et surmonter leurs contradictions, ils sombrent dans le fanatisme, le sectarisme, le manichéisme, l’hystérie et la violence (verbale ou physique). Quiconque ne les suit pas dans leurs délires et trouble leurs illusions, quiconque critique ou s’oppose aux entreprises du capitalisme est à leurs yeux un « fasciste ». Au final, ces apôtres de l’Humanité, ces anticapitalistes de façade se font les chiens de garde du capitalisme. En fait, les gauchistes sont tout simplement des capitalistes qui s’ignorent, et qui le prouvent même lorsqu’ils militent pour l’abolition de la monnaie… au niveau mondial, au nom de liberté absolue et de l’égalité entre humains, c’est-à-dire au nom d’une idéologie qui s’accorde avec le capitalisme et va dans son sens, parce qu’elle en procède. La priorité des gauchistes n’est pas de renverser Largent, de combattre les inégalités dans la Cité, entre Citoyens, mais de promouvoir le mondialisme.
Le gauchisme n’est pas une remise en cause de l’ordre des choses ; il est une soumission totale à Largent, qu’il soit une manifestation extrême de l’individualisme inhérent à cette croyance ou une régurgitation de l’idéologie et de la propagande capitalistes. — Il ne faut cependant pas confondre « gauche » et « gauchisme ». La « gauche », au sens historique, prône l’Égalité ou moins d’inégalités entre citoyens, la souveraineté du peuple (la démocratie au vrai sens du terme), la souveraineté nationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la non-ingérence ; elle est nationale, sociale et patriotique. Cette ligne existe toujours, mais elle n’est plus celle des partis politiques qui se revendiquent encore de « gauche » et qui, pour les raisons que l’on a vues plus haut, ont basculé depuis quelques décennies dans le capitalo-gauchisme (sans-frontiérisme, mondialisme, immigrationnisme, antiracisme, sociétalisme, etc.). La vraie gauche est du « fascisme » pour la fausse gauche qu’est le gauchisme, qui suit le capitalisme au pas de l’oie. (Personne ne sera surpris qu’à l’heure de la novlangue les étiquettes ne correspondent plus aux contenus et qu’un des combats à mener soit précisément, non pas de jeter les étiquettes, mais de les redistribuer correctement !) — En fait, le gauchisme n’est pas inné ; il accompagne la montée en puissance de Largent. Il y a bien quelques anarchistes depuis le XIXe siècle, mais c’est la financiarisation du monde et la victoire incontestée du capitalisme, dans la seconde moitié du XXe, en Occident, qui lui ont donné l’intensité que nous connaissons ; c’est la « société de consommation » qui, dans un premier temps, a stimulé l’individualisme latent et favorisé la mise en œuvre du projet euro-mondialiste ; c’est l’immigration, voulue d’abord par le patronat, imposée ensuite par la propagande « antiraciste », dont les gauchistes se firent le fer de lance, qui, dans un second temps, a permis au capitalisme de mettre tout le monde au pied du mur, d’habituer les gens à la présence toujours plus importante d’immigrés, de réduire à une question individuelle et morale un problème collectif et politique, de faire du chantage à l’humanisme et ainsi de lobotomiser les esprits faibles à coups de pathos pour qu’ils se fassent à leur tour les apologistes intransigeants de l’immigration tous azimuts (toujours heureuse) et de la dilution morale et physique (enrichissante) de leur propre peuple. Pourtant les gauchistes n’avaient ni envisagé ni désiré l’importation d’immigrés avant que le capitalisme ne leur en procure. Leur humanisme n’a cependant pas été outré quand cette infâme et criminelle opération a été lancée. Au contraire ! Que les immigrés n’aient pas quitté leur pays de gaieté de cœur, mais toujours pour fuir des problèmes créés ou causés par le capitalisme, et qu’ils aient pour fonction d’être exploités, de briser les luttes sociales et de détruire leur pays d’accueil, peu leur importa ! Les gauchistes ne virent en eux que l’incarnation de cette Humanité qui n’était jusque-là qu’un concept sans portée pratique ; c’est pourquoi, paradoxalement, ils en firent aussitôt des représentants de l’Humanité, des abstractions, des vaches sacrées, de sorte qu’ils s’affranchirent à nouveau du réel et continuèrent à raisonner dans le vide, qui est manifestement leur élément. Ce faisant, ils étaient d’accord avec les capitalistes : les immigrés, qui sont du pain béni pour les uns et les autres, ne doivent faire l’objet d’aucune observation, d’aucune critique de quelque ordre que ce soit, de la part de qui que ce soit. Gauchistes et capitalistes ont alors institué l’antiracisme, c’est-à-dire l’interdiction morale et légale, pour les autochtones, de réagir face à une invasion et de dénoncer une politique relevant de la haute trahison. Encore une fois, il s’est agi d’empêcher tout débat afin de rester dans le compassionnel et l’irrationnel, et pouvoir ainsi faire passer la modération pour de l’extrémisme (racisme, fascisme), et l’extrémisme pour de la modération. Soutenus par les capitalistes (qui ont le pouvoir), les gauchistes ont pu poser le problème à leur manière et imposer leur rhétorique : « Qui n’est pas contre les immigrés est pour l’immigration, pour toujours plus d’immigration. Qui n’est pas pour l’immigration ou pour toujours plus d’immigration est contre l’immigration. Qui est contre l’immigration est contre les immigrés et est donc raciste. » Il n’y a le choix qu’entre être immigrationniste ou raciste, le Bien et le Mal absolus selon les gauchistes. C’est une escroquerie intellectuelle d’une telle violence que l’opinion publique a été tétanisée et est encore sous le choc… quoique de moins en moins ! Engendré par l’immigration, l’antiracisme avait pour but de pousser à encore plus d’immigration. Mais l’immigration pose fatalement des problèmes qui suscitent les mécontentements que l’antiracisme devait étouffer et qui obligent le système capitalo-gauchiste, non à renoncer à l’immigration ou à devenir un peu raisonnable en la matière, mais à intensifier la propagande antiraciste, donc à être plus immigrationniste que jamais, et à durcir la répression… répression, au nom de l’Étranger, contre tous les Français (dans le cas de la France) qui ne sont plus dupes du gauchisme et du capitalisme… répression dont les gauchistes se chargent des basses œuvres, en bannissant, intimidant, insultant, traquant, attaquant tous les « déviants » qu’ils qualifient de « fascistes », c’est-à-dire tout le monde sauf eux-mêmes.
Le gauchisme (sous sa forme actuelle) a été créé par le capitalisme, pour servir ses desseins. Ce n’est pas par hasard s’il fait écho au grand patronat, s’il a le soutien des riches, la sympathie des médias, la bienveillance des politiciens, l’indulgence des juges, la protection des autorités, les subventions de l’État ; s’il a pignon sur rue ; s’il est toujours « tendance » ; s’il participe à l’idéologie dominante ; s’il est cul et chemise avec le « système » ! C’est parce qu’il est une partie intégrante du système. Le gauchisme, sous ses faux airs humanistes, est à la fois la bonne conscience du capitalo-mondialisme, son rabatteur, sa police de la pensée et sa milice.
Autant les gauchistes se divisent en tendances qui ne diffèrent qu’à la marge et font donc souvent front commun, autant nationalistes et patriotes s’inscrivent dans des traditions différentes voire radicalement opposées et se combattent donc la plupart du temps.
Les nationalistes, embourbés dans une vision simpliste et fantasmée de l’histoire de France, ont souvent pour dénominateur commun une détestation de la Révolution française, qu’en « bons catholiques » ils chargent de tous les pêchés, et, partant, une vénération pour la royauté. Mais ils peuvent aussi se réclamer du bonapartisme, du fascisme, du pétainisme, c’est-à-dire de régimes toujours autoritaires mais puisant leur « légitimité » à d’autres sources que la monarchie traditionnelle. Ils sont dans tous les cas très anti-jacobins et très anti-communistes… comme si c’était la même chose ! Mais les raisons des uns et des autres d’adhérer à ces courants de pensée peuvent varier du tout au tout selon leurs conditions sociales personnelles, leur idée de ce en quoi consistaient ces modèles et ce à quoi ils croient que ces courants aspirent aujourd’hui. Tous pensent défendre la France ou du moins le prétendent. Les uns regrettent dans l’ancien régime une société d’ordres, dans laquelle leurs ancêtres étaient des privilégiés ; les autres pleurent un roi soi-disant protecteur du peuple. Les premiers exècrent la Révolution pour avoir sapé leur antique puissance, ce qui est évidemment inavouable ; les seconds l’exècrent parce que les bourgeois ont mis Largent sur le trône, oubliant que ces mêmes bourgeois ne triomphèrent qu’après avoir écrasé les véritables révolutionnaires, les jacobins, qui, eux, voulaient le peuple souverain et ont défendu la France contre les assauts de toute l’Europe, ce qui pourrait les réconcilier avec la Révolution s’ils ne mélangeaient pas tout. On retrouve ces mêmes mobiles dans la nostalgie de certains pour le pétainisme, les uns voyant en lui le rétablissement d’un ordre en faveur des privilégiés, les autres ne voyant en lui que son côté social et traditionnel, les Allemands ayant seulement offert aux nationalistes de l’époque l’occasion de servir ce qu’ils considéraient comme les intérêts de la France. Mais ce sont aussi les nationalistes qui, refusant la défaite, l’occupation et a fortiori la collaboration, fournirent le gros des premiers résistants. Rien n’est simple quand on y regarde de près ! En fait, malgré leurs divergences, qu’ils regardent la France comme leur pré-carré ou le peuple français comme leur famille élargie, qu’ils soient ouvertement pour l’inégalité ou pour moins d’inégalités tout en justifiant un régime inégalitaire, tous les nationalistes regardent la France comme leur héritage et ont à cœur de la conserver ou de la restaurer, de la défendre et de la transmettre.
Le paradoxe du nationalisme (au sens français du terme) est d’aspirer, d’un côté, à un système social et populaire, de l’autre, à un régime autoritaire et anti-démocratique. Quoi que l’on pense de ce paradoxe, il porte en lui la réfutation de l’accusation récurrente, portée par les gauchistes, selon laquelle « le nationalisme serait le bras armé du capital ». Un régime fort, social et qui plus est national a pour vocation, par définition, de contenir Largent, de s’opposer d’une manière ou d’une autre à sa toute puissance. Le nationalisme ne proscrit pas riches et banquiers qui, en tant qu’héritiers, peuvent même être séduits par son côté traditionaliste et lui apporter leur soutien, mais il ne leur laisse pas les rênes et les rudoient au besoin. C’est précisément quand ces régimes tombent que « l’aristocratie de l’argent » se réjouit et que le capitalisme prend son essor. C’est d’ailleurs quand le capitalisme triomphe et détruit tout que le nationalisme se ranime.
Le capitalisme, apatride, est gêné dans sa marche en avant par les nations qui, d’une manière ou d’une autre, freinent l’hégémonie de Largent. Il cherche donc à les détruire à tous les niveaux et par tous les moyens : dilution dans des ensembles supranationaux, pour bafouer leur souveraineté et abattre leurs frontières ; apologie de l’individualisme, de l’universalisme, du « progressisme », du suivisme, de la paresse, de la bêtise, de la médiocrité et de la laideur, pour démoraliser les peuples, détruire leur identité, étouffer en eux le sentiment national et anéantir en eux toute velléité de résistance ; introduction massive et incessante d’immigrés de tous horizons, pour briser les luttes sociales, créer milles problèmes qui monopolisent l’attention, démoraliser et paralyser le peuple et enfin le dissoudre. Piétiner le pays, laminer sa culture, ses traditions (le peu qu’il en reste) et son identité, le soumettre à une invasion-colonisation et attenter à l’existence même du peuple, tout cela au nom de Largent : tous les nationalistes s’insurgent, bien qu’ils restent divisés par leurs querelles de chapelle. Et c’est là, au moment où la patrie est en danger comme jamais, que nationalisme et patriotisme se rejoignent.
Autant la Révolution française est un repoussoir pour le nationalisme, autant elle est une référence pour le patriotisme. Ce dernier voit en elle un moment rare et court dans l’histoire où le peuple, ruiné et trahi, a ressaisi et exercé la souveraineté et repoussé tous les assauts de l’Europe. La grande année, à ses yeux, n’est pas 1789 et l’Assemblée aristo-bourgeoise dite constituante, mais 1792 et l’avènement accidentel de la première République grâce à l’insurrection du 10 août, et surtout 1793 et la constitution démocratique (quoique jamais appliquée en raison de la guerre). Le renversement de la monarchie, qui crève le cœur de nombreux nationalistes, importe moins, aux patriotes, que la démonstration qu’un peuple décidé (et bien dirigé) peut tout. Bien sûr, la Révolution a échoué ; les révolutionnaires (notamment Robespierre) ont finalement succombé sous les coups des bourgeois. Mais les patriotes ont conservé leur mémoire et brûlent d’achever leur œuvre.
De manière générale, le patriotisme est le sentiment naturel d’attachement de tout individu à son peuple et à son pays, sentiment qui porte à les défendre instinctivement lorsqu’ils sont attaqués, sentiment qui, parfois, sommeille jusqu’au moment du danger et étouffe alors toutes les inepties que la sécurité et l’insouciance permettaient de débiter. Mais, de façon plus précise, le patriotisme, qui découle de l’amour pour son peuple, au bonheur duquel il aspire, suppose la volonté de lutter pour l’Égalité ou, par défaut, pour moins d’inégalités entre ses concitoyens, pour la démocratie (souveraineté populaire dans tous les domaines publics), pour l’indépendance et l’intégrité de son pays (souveraineté nationale) et, parce qu’on ne doit pas faire aux autres ce que l’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent, il rejette l’ingérence, le colonialisme et la guerre autre que défensive (entreprises qui, en dernière analyses, sont toujours motivées par Largent). Mais ce sont là les buts. Les patriotes se divisent quant aux moyens.
On peut distinguer deux courants patriotiques, plus un troisième qui s’est perdu en route : les anarchistes, les jacobins ou républicains, et les communistes historiques.
Les anarchistes, qui, dans la Révolution, se reconnaissent dans les Enragés ou les Hébertistes, se caractérisent depuis toujours par un individualisme exacerbé, une sensibilité à fleur de peau, et un manque de sens politique, d’où leur aversion pour la discipline et l’autorité, leur spontanéité, leur extrémisme, leurs défaites et leur désespoir. Ils ne voient d’obstacle à leurs desseins que dans les hommes. Sous la Révolution, ils étaient les furieux de la Terreur ; mais ils servaient malgré tout une cause nationale. On les retrouve notamment sous la Commune de Paris de 1871, à défendre héroïquement l’honneur national, mais à soutenir fort maladroitement leur propre entreprise. Leur écrasement par la « République », au bout de deux mois seulement, leur fit rejeter définitivement la notion d’État, donc celles de pays, de peuple, de patrie et, après une phase terroriste fin XIXe, début XXe siècle, ce ne sont plus maintenant que les chantres de l’humanitarisme, du mondialisme, du sans-frontiérisme, de l’immigration, des alliés du capitalisme contre les nations, en particulier la leur, en un mot des gauchistes, tantôt pacifistes, tantôt ultra violents.
Les jacobins ou républicains (synonyme de démocrates) se reconnaissent, eux, dans Robespierre, celui de l’histoire et non celui des légendes. Ils font leurs toutes les notions consubstantielles à l’Égalité : citoyens, nation, peuple et pays, démocratie (à tous les niveaux), souveraineté nationale, non-ingérence ; ils ont le sens du devoir et de la communauté. Eux voient la source de l’inégalité dans les mauvaises lois, et c’est à les réformer qu’ils s’emploient. Telle était la faiblesse de Robespierre ; telle est encore la faiblesse des républicains aujourd’hui. La Révolution et les deux siècles écoulés ne leur ont rien appris. Cependant, bien que la cause de l’inégalité leur échappe et que, dans ces conditions, tous leurs efforts soient vains, ils n’en perdent pas tout bon sens et s’écartent aussi peu qu’il est possible des Principes de l’ordre social, à la différence des anarchistes et des communistes.
Les communistes sont des républicains de caractère mais plus radicaux en apparence et avec une vision des choses plus structurelle. Eux croient voir la cause de l’inégalité dans l’organisation sociale et la propriété privée des moyens de production et, partant, préconisent le collectivisme et une forme d’État adaptée. Ils se revendiquent de Karl Marx et, avant lui, de Gracchus Babeuf qui, en 1796, donc peu après la Révolution, fomenta la conspiration dite des égaux. Babeuf envisageait l’abolition de la monnaie dans le cadre d’une communauté nationale, c’est-à-dire d’un système collectiviste, permettant de jouir en commun du produit collectif ou de le répartir selon les besoins. Par la suite, les communistes conservèrent la notion de collectivisme mais sans remettre en cause la monnaie, ajoutant ainsi à la tyrannie étatique l’inégalité monétaire. (Il semble toutefois que Marx ait lui aussi prôné l’abolition de la monnaie, mais au niveau mondial, au profit d’une communauté et d’un collectivisme universels.) Mais qu’ils se soient fourvoyés dans des théories aux conséquences désastreuses n’enlève rien au fait qu’ils aspirent, même sans le dire, à l’Égalité et soient attachés à la nation, c’est-à-dire qu’ils aient en eux des bases saines. Ce sont des patriotes ; ce ne sont pas des gauchistes. Quand le parti a viré au gauchisme et versé dans le sociétalisme, le gros des militants a rejoint… le Front National (qui, pendant la deuxième guerre mondiale, était d’ailleurs le nom d’un réseau de résistance communiste).
Si le Front National réunissait au départ, sur la question de l’immigration, les différentes mouvances nationalistes, sa ligne a toujours était républicaine et est plus que jamais jacobine. Les républicains et les communistes qui le rejoignent ou votent pour lui n’ont pas changé de logiciel. Ce sont les partis dits « de gauche » qu’ils soutenaient jusque-là qui, pour les raisons exposées plus haut, ont muté, rallié le capitalisme ou sombré dans le capitalo-gauchisme, fait de l’immigration (et de tout ce qu’elle implique idéologiquement) l’alpha et l’oméga de la politique et rejeté ainsi dans le « camp national » tous ceux qui, quel que soit le modèle politique qu’ils défendent, quelle que soit la part d’histoire de France qu’ils revendiquent, sont français corps et âme et se sentent à bon droit menacés quand l’existence de leur peuple est en jeu. Pour tous, nationalistes et patriotes, l’urgence est désormais de sauver la France, de soustraire leur peuple à un génocide programmé et inévitable sans réaction énergique. Car l’immigration massive et continue ne peut avoir d’autre résultat, pour qui a encore un peu de bon sens et de bonne foi, que celui de submerger et, au final, d’éradiquer la population d’origine, donc de changer, d’anéantir la France, puisque c’est la population, et non la géographie, qui fait un pays. Face à une invasion sans précédent (dans sa forme et son ampleur), elle-même fruit d’une trahison sans égal et d’une collaboration abjecte, tous se souviennent de cette maxime qu’affectionnaient les révolutionnaires : « la loi suprême est le salut du peuple ». Quand la patrie est en danger, et jamais le danger n’a été aussi grand, patriotes et nationalistes doivent serrer les rangs contre le parti de Largent et de l’Étranger.
Mais les nationalistes autant que les patriotes sont eux aussi, comme les gauchistes, sous l’emprise de Largent.
Pour commencer, tous réagissent au monde tel qu’il est façonné par Largent. Les nationalistes acceptent et aspirent à un ordre social inégalitaire (oxymore), parce qu’ils ont l’impression que l’inégalité est dans la nature des choses alors qu’elle est seulement le fait de Largent. Les patriotes, jacobins ou communistes, eux, reconnaissent l’Égalité comme le principe fondamental de l’ordre social et aspirent à l’instaurer (l’Égalité), précisément parce qu’elle n’est pas ; mais ils ne font pas, eux non plus, le lien entre l’inégalité et Largent. Autrement dit, les uns et les autres pensent ce qu’ils pensent parce qu’ils sont dans un système monétaire, fondé sur Largent ; ils constatent ce qui est et réagissent selon leur sensibilité mais n’envisagent rien qui soit de nature à changer fondamentalement le système et les choses.
Pour autant, Largent n’a pas étouffé en eux le sens de la communauté. Dans un monde individualiste, ils pensent encore « peuple », ils pensent encore « patrie », ils pensent encore « nation ». Les nationalistes ont une conception racialistes de la nation ; ils ne conçoivent comme faisant partie de leur peuple que les individus du même sang, ce qui est parfaitement légitime, ce qui est la conception de la plupart des peuples de par le monde. Les jacobins, eux, ont une conception plus ouverte de la nation, une conception « contractuelle » : tout individu qui remplit certaines conditions et s’acquitte de certains devoirs en fait partie à l’égal des autres. Cependant, ces derniers n’oublient pas que leur nation est malgré tout issue d’une histoire, d’un peuple et d’une culture sans lesquels elle ne peut perdurer ; ils ne nient pas la dimension raciale et identitaire de la nation et, s’ils ne rejettent pas les apports humains et culturels étrangers tant qu’ils restent marginaux ou raisonnables, ils appellent à y mettre un frein dès lors qu’ils menacent son intégrité et son existence. Ainsi, si jacobins et communistes n’étaient pas aussi rigides que les nationalistes, au début, face à l’immigration, la folie immigrationniste qui a transformé l’immigration en fléau et en danger majeur a fini par les réunir dans l’opposition, quoique leurs motifs soient, là encore, différents.
Les nationalistes voient essentiellement l’immigration comme un danger pour leur « race », donc pour l’essence de leur peuple et de leur nation, ce qu’elle est effectivement vu les proportions qu’elle a prises. En cela, et à juste titre, l’immigrationnisme, suicidaire et génocidaire, est criminel à leurs yeux. Les jacobins partagent ces raisons mais voient avant tout dans l’immigration actuelle une oppression et une trahison du pouvoir politique qui l’impose à la nation sans la consulter et contre son gré, ce qui constitue une violation du contrat social (tacite) qui, outre la souveraineté du peuple, prescrit une union libre et consentie entre citoyens et non un mariage forcé. Ils reprochent également aux immigrationnistes d’avoir abandonné la politique traditionnelle, française et républicaine, d’assimilation des immigrés, au moment où elle était le plus nécessaire, nouvelle entorse aux principes et au bon sens qui suscite des problèmes ou les décuple. Si les jacobins ont fermé les yeux, au début, par humanisme, ils estiment désormais que la coupe est pleine et que la poursuite de cette politique relève du crime de lèse-nation. Quant aux communistes, ils savent depuis toujours que les immigrés sont « l’armée de réserve du capitalisme » (Marx) et que « la nation est le seul bien des pauvres » (Jaurès).
Malgré ces nuances dans leur conception de la nation et leurs raisons d’y être attachés, tous voient bien que l’appât du gain, la course au profit, les riches, les banques, la finance, le capital tendent à détruire, chez leurs concitoyens, l’esprit qui les anime, à plonger leur peuple dans la détresse sous toutes ses formes et à détruire leur pays par tous les moyens, l’immigration étant le plus redoutable. Tous, nationalistes et patriotes, sont, d’instincts, anticapitalistes ; tous veulent, à leur manière, contrecarrer le capitalisme ; tous, pour des motifs différents, prônent des régimes politiques forts voire tyranniques, seuls capables de lui tenir la dragée haute ; tous sont dans l’illusion qu’il est possible de dompter Largent sans le terrasser, sans sortir du système monétaire ; tous, dans leur histoire, ont éprouvé cette vérité que Largent est toujours le plus fort à la longue. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. » En ne comprenant pas que les puissances financières et leurs menées, auxquelles ils s’opposent à bon droit, au nom de la patrie, sont le produit du système monétaire et de Largent qu’ils ne songent pas à remettre en cause, ils se condamnent, tel Sisyphe, à des efforts titanesques voués à l’échec.
La vérité, c’est que nationalistes et patriotes sont eux aussi, comme les gauchistes, des capitalistes qui s’ignorent, c’est-à-dire des partisans inconscients de Largent, de la monnaie et du système monétaire qui sont à l’origine du capitalisme dont ils déplorent les effets. La seule différence, c’est que les gauchistes, par leur tendance au mondialisme, revers de l’individualisme inhérent à Largent, servent activement le capitalisme actuel, dont ils partagent en grande partie l’idéologie, tandis que les « souverainistes », qui échappent davantage à la logique de Largent, mais en cautionnent par défaut l’existence et la puissance en ne remettant pas en cause le système monétaire lui-même, veulent revenir à une étape antérieure du capitalisme, au capitalisme ou à un système monétaire dans un cadre national. Ce n’est donc pas parce que nationalistes et patriotes ne sont pas capitalistes que le capitalisme les diabolise, mais parce qu’ils ne jouent pas le jeu à fond et sont, de ce fait, un boulet pour le capitalisme actuel.
C’est par la force des choses (industrialisation et informatisation) que le capitalisme a pris le visage qu’on lui connaît aujourd’hui. Revenir à la nation ne résout pas en soi les contradictions internes que le capitalisme tente de surmonter en dépassant ce cadre. Cela peut permettre de régler certains problèmes immédiats, mais, ceci fait, Largent reprendra le dessus et les contradictions ressurgiront, auxquelles les mêmes réponses devront être apportées, puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets. On ne peut pas rompre avec la logique capitaliste sans rompre avec le capitalisme, c’est-à-dire sans sortir du système monétaire et, plus encore, sans anéantir Largent (individualisme et inégalité) au nom de l’Égalité et de la Patrie... et on ne peut pas faire cette Révolution à un autre niveau que celui de la nation. C’est en cela que revenir à la nation est à la fois une illusion et une nécessité : une illusion tant que l’on ne conteste pas Largent, mais une nécessité pour pouvoir le renverser. Il est du reste peu probable que des peuples occidentaux ayant réussi à échapper aux griffes du mondialisme, à ressaisir leur souveraineté et à sauver leur existence retombent dans les mêmes pièges, en particulier ceux du supranationalisme et de l’immigrationnisme. Mais ils n’auront alors qu’un moyen de leur échapper : en comprendre enfin le ressort et le briser. Ainsi, opposer la nation au capitalisme est aujourd’hui le fait de capitalistes, mais est malgré tout ce qu’il y a de plus révolutionnaire, ce qui va le plus dans le sens de la Révolution.
Nationaliste et patriotes n’ont pas le même projet politique mais n’en sont pas moins français corps et âme et n’en défendent pas moins la France. C’est à la fois ce qui les réunit contre l’immigration, l’euro-mondialisme, en un mot le capitalisme, et ce qui les distingue des gauchistes qui, eux, souvent français d’origine ne le sont plus en esprit, tant ils sont imprégnés par l’idéologie capitaliste. Pourtant, tous pourraient s’entendre s’ils ouvraient les yeux sur les incohérences et les faiblesses de leurs idéologies respectives qui leur masquent qu’ils aspirent fondamentalement à la même chose ; s’ils réalisaient que, dans l’état actuel des choses, tous sont malgré eux, quoique à des degrés divers, des instruments du capitalisme, des prisonniers mentaux du système monétaire, des esclaves de Largent.
Les gauchistes veulent des rapports humains harmonieux. Or il n’y a vraiment de rapports humains qu’entre citoyens, qu’entre individus faisant partie d’une même société, et de rapports sociaux harmonieux que dans l’Égalité. Le fond du gauchisme, c’est l’Égalité, l’égalité des citoyens en devoirs et en droits. Mais ce fond disparaît sous les sophismes individualistes, universalistes et anarchistes qui proscrivent les notions de devoir, de peuple et de société, et débouchent sur l’égalitarisme, le sociétalisme, le mondialisme et l’immigrationnisme. Comment en arrive-t-on là ? L’Égalité est impossible dans un système monétaire, inégalitaire par nature ; et c’est cette impossibilité de l’instaurer et, partant, de la bien concevoir, qui pousse certains impatients à prôner des conceptions dénaturées de l’Égalité, relevant de l’égalitarisme, consistant à tout uniformiser en niant toutes les différences (entre les races, entre les peuples, entre les hommes, entre les sexes, entre les âges, etc.). Le paradoxe de cette démarche contre-nature (contre la nature des choses), c’est que son moteur social lui insuffle un esprit anticapitaliste, alors que, par les positions qu’elle amène à adopter, elle devient la meilleure auxiliaire du capitalisme qui, lui aussi, mais pour d’autres raisons, cherche à tout uniformiser. La chose crève les yeux. Quand le patronat et les gauchistes sont au coude à coude contre les « souverainistes », contre leurs « concitoyens », pour défendre l’immigration tous azimuts, un anticapitaliste devrait se poser des questions sur les véritables enjeux du phénomène et ses véritables bénéficiaires ! Quand on conspue les nations et le patriotisme, au nom de l’humanité, et que l’on passe ses « Nuits Debout » à Paris, place de la République, et non pas à Moscou, Tombouctou ou ailleurs dans le monde, on devrait peut-être comprendre que l’on ne peut agir que dans son pays, avec et pour ses concitoyens, qu’il y a un lien entre révolution et nation et, inversement, que l’humanitarisme, l’universalisme et la révolution mondiale sont des foutaises ! Malheureusement, quand on tombe aussi bas intellectuellement, quand on ne voit plus l’évidence, quand on défend avec rage des chimères, en un mot, quand on est un tocard de ce calibre, un sursaut de lucidité est peu probable. Les gauchistes indécrottables sont perdus pour la Révolution, qui devra se faire sans eux, et sans doute contre eux (en tant qu’alliés du capital et crétins dangereux).
Au final, seuls les « souverainistes » qui sont déjà d’accord sur les objectifs à court terme (stopper l’immigration, sortir de l’Europe, retrouver l’indépendance et la souveraineté, arrêter l’ingérence, ranimer le patriotisme, renouer avec la grandeur, rompre avec le sociétalisme et l’angélisme, etc.), peuvent, malgré leurs différences et leurs différends, tomber d’accord sur un projet commun à long terme. Non seulement ils le peuvent, mais ils le doivent, pour sauver la France. Car le « camp national » n’est aujourd’hui qu’une image ; ce n’est en rien une armée ; il n’a aucun plan d’ensemble ; il ne présente pas un front uni ; il est incapable d’avoir l’initiative et d’être offensif dans la mesure où chacun défend son segment comme les communards défendaient chacun leur barricade. Pour gagner en cohésion et en efficacité, les « souverainistes » ont besoin d’un projet commun à long terme, d’un projet qui forge et exprime une foi commune, d’un projet révolutionnaire qui justifie leurs objectifs à court terme en tant qu’étapes indispensables vers la Révolution, bref, d’un projet qui soit à la fois leur bannière et leur boussole, aujourd’hui et demain. C’est ce projet commun qu’il s’agit maintenant de définir en dégageant les aspirations profondes des uns et des autres, qui se rejoignent, de leurs positions particulières et superficielles qui, jusqu’à présent, les divisent.
Les nationalistes, commençons par eux, veulent la prospérité de leur pays, de leur peuple et de leurs concitoyens ; ils veulent un État interventionniste et un régime économique que l’on peut qualifier de « social » voire de « socialiste ». Leur paradoxe, je l’ai dit, plus haut, est de croire qu’il est possible de combiner durablement un régime économique social, procédant de l’Égalité ou tendant vers elle, avec un régime politique fort et oligarchique, donc inégalitaire et liberticide. Quelle que soit la nature des régimes politiques que les uns et les autres envisagent, leur principe est donc opposé à celui du régime économique qu’ils imaginent. De pareils systèmes peuvent fonctionner un temps, mais ils portent en eux une contradiction qui, tôt ou tard, s’avèrera fatale. Mais pourquoi les nationalistes acceptent-ils, dans le domaine politique, le principe de l’inégalité et tiennent-ils tant à un système oligarchique alors qu’ils reprouvent la ploutocratie, comme si une oligarchie pouvait être moins funeste au peuple qu’une autre ? Il est clair qu’ils prônent l’inégalité et l’oligarchie parce qu’ils idéalisent, et veulent ressusciter, des régimes qui ont existé dans le cadre du système monétaire, inégalitaire, donc oligarchique voire ploutocratique par nature, système monétaire qu’ils ne remettent pas davantage en cause et dont les régimes en question n’ont pu empêcher l’évolution vers le capitalisme qui appelle aujourd’hui une réaction, laquelle ne peut consister à recourir à des solutions qui ont déjà échoué. (La nostalgie, justifiée ou non, est contre-révolutionnaire. La Révolution de demain n’appliquera pas les recettes d’hier.) En somme, les nationalistes sont pris, comme tout le monde, dans le cercle vicieux du système monétaire : ils acceptent l’inégalité, parce que ce système est inégalitaire ; ils prônent une oligarchie, parce que ce système est oligarchique. Mais ce n’est pas tant l’inégalité et l’oligarchie qu’ils veulent, que le système monétaire qu’ils ne contestent pas, sans doute parce qu’ils ne savent pas comment. Et la preuve que le système monétaire lui-même ne leur convient pas en réalité, c’est qu’ils dénoncent et cherchent à s’opposer à ses effets sociaux, économiques et même politiques. Il est donc temps qu’ils comprennent qu’ils doivent sacrifier au but suprême qu’ils se proposent d’atteindre leurs préjugés et leurs fantaisies.
Les communistes veulent, au fond, la même chose pour leur peuple que les nationalistes, mais tombent dans d’autres erreurs, pour les mêmes raisons. Eux croient que le bonheur des hommes (des citoyens) passe par un système collectiviste et égalitariste, qui nécessite un État encore plus interventionniste donc encore plus totalitaire et encore plus oligarchique. Ils ne veulent pas seulement moins d’inégalités, comme les nationalistes, mais l’égalité partout, conception dénaturée de l’Égalité qui révèle néanmoins qu’ils voient en elle un principe fondamental. A la différence des nationalistes qui admirent les régimes forts qui répriment les mouvements sociaux (bien qu’ils ne soient pas eux-mêmes dépourvus d’une dimension sociale), l’admiration des communistes va d’instinct aux mouvements populaires qui luttent contre les tyrans et les oligarchies, alors que le communisme débouche toujours sur une nouvelle tyrannie. Il est plus facile de voir la paille dans l’œil du voisin que la poutre que l’on a dans le sien. En somme, la réalité du communisme est aux antipodes des espérances des communistes. Pourquoi ? Parce qu’eux non plus ne renversent pas Largent, mais font avec, en croyant qu’un État peut être plus fort que lui, ce qui peut être vrai à court terme mais au prix de toutes les libertés, donc de la prospérité ! Du reste, en ne remettant pas en cause le système monétaire, ils se condamnent à se soumettre à tout ou partie de ses règles et à contourner les autres en reproduisant inconsciemment certains de ses schémas. Déjà, conserver la monnaie interdit de raisonner suivant la logique sociale : la monnaie est faite pour incarner et conférer les droits, de sorte que les individus ont chacun des droits en fonction de la monnaie qu’ils ont, et non parce qu’ils sont citoyens. Et c’est précisément parce que les concepts de citoyenneté et d’Égalité sont vides de sens dans un système monétaire que les communistes s’appellent « camarades » et non pas « citoyens », c’est-à-dire qu’ils invoquent la fraternité et recourent au pathos pour masquer (à leurs propres yeux en premier lieu) qu’ils renoncent à l’Égalité et aux Principes de l’ordre social. Ils proclament : « De chacun selon ses moyens » et surtout « à chacun selon ses besoins ». Là encore le communisme révèle son caractère individualiste et matérialiste, typiquement capitaliste, dans le sens où il ne raisonne pas en termes de « citoyens » et de « droits du citoyen ». En fait, il perpétue la manie inculquée par le système monétaire de tout mesurer et de donner une valeur aux choses, en adoptant des critères plus justes en apparence. Mais un système ne peut mesurer ni les besoins ni la manière de les assouvir, qui varient d’un individu à un autre. Il s’ensuit qu’un système fondé sur le principe « à chacun selon ses besoins » définit lui-même les besoins des individus et leur impose de rentrer dans un moule : mêmes choses (biens et revenus), grosso modo, pour tout le monde. Mais ce système dogmatique qui exige un État fort à la fois pour être appliqué et parce qu’il ne suscite que des mécontents, est sclérosé à tous les niveaux, n’a aucun dynamisme économique et n’offre à partager que la misère. L’égalitarisme débouche toujours sur le nivellement par le bas. Ce qui tombe plutôt bien ! Le communisme, victime d’une illusion d’optique, observe des « classes » dans le système monétaire et prône la lutte des classes, les pauvres contre les riches, non pour qu’il n’y ait plus que des citoyens égaux, mais pour que, dans un renversement des rôles, les pauvres dominent les riches et se vengent d’eux, ce qui est une vue de l’esprit. Certes ! la minorité de riches peut être écrasée par la force brute des masses, mais, dans un système monétaire, la masse est et demeure pauvre, et les pauvres sont par définition exploités et dominés, que ce soit par des patrons ou par l’État : des pauvres ne gagnent rien à changer de maîtres sans changer de condition. Il est même interdit d’en changer sous peine de devenir « un ennemi du peuple » ! Que deviendrait le « paradis des prolétaires » sans prolétaires ? Ainsi, le communisme, avec son concept de « lutte des classes », ne vise pas à élever les prolétaires, qui sont maintenus dans une pauvreté dont ils doivent être fiers, mais à éradiquer les riches et la richesse. Enfin, à ce concept s’ajoute celui de « dictature du prolétariat », laquelle dictature ne peut être exercée que par une minorité, de sorte qu’une oligarchie « révolutionnaire » est appelée à remplacer l’oligarchie aristo-bourgeoise, ce qui n’est pas de nature à choquer des gens qui raisonnent en terme de « classes ». Résultat : un désastre. Des dizaines d’expériences : autant d’échecs. La faille du communisme est dans ses concepts. Les communistes sont plus profondément marqués par le système monétaire qu’ils ne le croient. Ils veulent d’instinct l’Égalité mais ne savent pas en quoi elle consiste, et ne peuvent pas le découvrir, car, pressés de changer les choses, ils ne voient pas au-delà des apparences et apportent autant de réponses réflexes qu’il y a de problèmes à leurs yeux, c’est-à-dire des réponses que le système monétaire dicte ou n’empêche pas de concevoir et qui sont autant d’attelles sur une jambe de bois. Le communisme qui se veut anticapitaliste surfe, en réalité, sur les préjugés monétaires et ne remet donc pas en cause la monnaie et le système monétaire qui sont indéniablement à la base du capitalisme. Alors qu’il sait que l’économie est le facteur déterminant dans une « société », il compte pour rien la monnaie qui est à l’évidence le paramètre central de l’économie et de toute chose dans un système monétaire… la monnaie qui n’est elle-même qu’une conséquence de Largent. C’est encore à juste titre qu’il parle de « superstructures » ; mais il s’arrête, dans ses analyses, au deuxième étage de l’édifice qui en compte cinq (système politique, système économique, système monétaire, monnaie et, au sommet, Largent). Matérialiste et athée, il reste terre-à-terre, le nez dans le guidon. Ainsi, au lieu de voir le ressort du capitalisme ou simplement la cause de l’exploitation dans Largent (qu’il ne conçoit pas), dans la monnaie ou seulement dans le système monétaire l’obstacle à l’Égalité, le communisme ne voit d’ennemi (à quoi ?) que dans le système polico-économique et surtout dans les hommes, d’abord dans certains hommes (commerçants, riches, patrons et gouvernants), puis dans tous les hommes (tous mécontents), et accouche donc de régimes égalitaristes et totalitaires qui, eux, ne reposent véritablement que sur quelques hommes qui les tiennent à bout de bras et d’une main de fer, jusqu’à leur épuisement et au retour en force de Largent qui n’a jamais été déraciné. Il serait temps que les communistes, qui croient être des révolutionnaires, comprennent que le communisme ne l’est pas et que, pour faire vraiment la Révolution, il faut changer de projet et de méthode.
Enfin, les jacobins ou républicains pensent que le bien du peuple dépend de bonnes lois qui ne peut être l’œuvre que du peuple lui-même et, de ce fait, prônent la démocratie, la démocratie au vrai sens du terme, c’est-à-dire un système dans lequel les lois sont sinon faites du moins ratifiées par le peuple. Différentes formes politiques et législatives peuvent être proposées dans ce but mais toutes procèdent de la même philosophie. En arrière plan de cette philosophie, le principe d’Égalité, incompatible avec le système monétaire, que les républicains invoquent donc vaguement ne pouvant en avoir une idée juste, et qu’ils transforment, au mieux, en « égalité des citoyens en devoirs et en droits » ou, pire, en « égalité devant la loi », formules aussi creuses l’une que l’autre vu que les droits dépendent de la monnaie et que, dans ces conditions, il n’y a ni de devoirs, ni citoyens ni société à proprement parler, ni aucune sorte d’égalité. Croire que la démocratie apportera l’Égalité ou moins d’inégalités est une vue de l’esprit, d’une part, parce que tant qu’un système n’est pas réellement égalitaire, il repose sur un principe inégalitaire, si bien que les inégalités se creusent par la force des choses, d’autre part, parce que le système actuel, étant monétaire, donc par nature inégalitaire et oligarchique voire ploutocratique, ne peut pas être démocratique. Autrement dit, la démocratie ne peut pas apporter l’Égalité, parce qu’il n’y a pas de démocratie possible dans l’inégalité, dans un système monétaire. Dès lors, tout attendre d’une réforme politique, dans un sens populaire, c’est se tromper sur la cause de ce qui est et de ce qui n’est pas. Toutefois, cette philosophie suppose une nation, un peuple et un pays, c’est-à-dire un cadre — à préserver — dans lequel les « citoyens » peuvent exercer la démocratie ; elle est donc intrinsèquement patriotique et anti-mondialiste, et instinctivement anti-capitaliste et anti-immigrationniste. C’est là le paradoxe des républicains : ils sont les plus cohérents en théorie, puisqu’ils défendent toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (nation, patriotisme, « justice sociale », démocratie) et s’opposent à toutes celles qui découlent de Largent et de la monnaie (inégalité, ploutocratie, capitalisme, euro-mondialisme, immigration), mais ils sont voués comme les autres à l’échec, car ils n’ont pas plus identifié leur véritable ennemi que cerné leur véritable but. Heureusement, le bon sens les préserve d’une certaine démagogie, mais leur aveuglement les détourne du combat prioritaire et les condamne, depuis deux siècles, à tourner en rond. Il serait temps qu’ils poussent les analyses jusqu’au bout, qu’ils comprennent ce qu’ils veulent et ce qui les empêche de l’atteindre.
La plupart des hommes aspirent grosso modo à la même chose (sécurité, confort, justice, pour eux, pour les leurs et tous les peuples) mais avec des sensibilités, des priorités et des obsessions différentes, si bien que, quoique relativement d’accord sur le but et non sur les moyens, ils finissent par se battre les uns contre les autres. Or, s’ils diffèrent quant aux moyens, c’est qu’ils ne voient pas dans la même chose l’obstacle qui les sépare du but, chaque obstacle dictant la méthode pour le franchir. Mais bien que l’histoire soit jalonnée de leurs échecs, tous défendent mordicus leur vision des choses ; tous pensent détenir la vérité ; pourtant tous ne peuvent avoir raison, et, de fait, tous se trompent ; tous commettent la même erreur ; tous tournent autour du pot et attaquent les obstacles qu’ils imaginent tels Don Quichotte chargeant les moulins à vent. Il est cependant irréfragable que Largent, après les avoir tous vaincus, règne aujourd’hui et que le capitalisme, chef d’œuvre du système monétaire, triomphe… et ce n’est certainement pas eux — qui tous, à leur manière, se veulent anticapitalistes — qui contesteront cette assertion. Cependant, aucun d’entre eux ne voit la source du capitalisme et du système monétaire dans Largent, ni dans Largent l’obstacle à l’Égalité, principe fondamental de l’ordre social, de sorte qu’aucun n’est capable de fermer le robinet. Quelques gauchistes envisagent bien d’abolir la monnaie, mais sur un mode individualiste et mondialiste, typiquement capitaliste, ne visant ni à instaurer l’Égalité dans le cadre d’une société, ni à anéantir Largent qu’ils n’ont pas plus identifié que les autres.
Ainsi, les capitalistes purs et durs, les profiteurs décomplexés du système monétaire, les larbins invétérés de Largent, sont non seulement les seuls à être pleinement satisfaits de la situation mais ils n’ont, de plus, rien à redouter de la part d’opposants qui ne saisissent pas le fond du problème et passent leur temps à courir après des leurres et à se déchirer entre eux. Pourtant ces derniers devraient avoir pour eux le nombre, qui peut faire basculer des élections, même dans un système faussement démocratique, et la force, à laquelle aucun gouvernement ne peut résister quand elle est bien utilisée. Mais pour qu’ils aient le nombre et la force ; ils doivent remplir deux conditions : 1) qu’ils cessent de se diviser, donc que chacun comprenne ses erreurs et fasse la part des choses entre le superflu et l’essentiel, 2) qu’ils se retrouvent sur un projet commun, répondant à leurs aspirations profondes, afin qu’ils rament tous non seulement dans le même sens mais encore dans le bon sens.
Les gauchistes doivent comprendre qu’il n’y a d’Égalité qu’en devoirs et en droits entre Citoyens ; qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, pas de devoirs hors de l’Égalité et de la société, pas d’Égalité et de Société sous Largent ; que la dignité de l’Homme est d’être l’égal de ses Concitoyens (une égalité qui se mérite) ; que ce n’est qu’avec leurs concitoyens, et pour leurs concitoyens, qu’ils peuvent et doivent changer les choses ; qu’ils sont eux-mêmes français, « citoyens » de France, avant d’être hommes ; qu’ils pensent en français et ne peuvent agir (de manière légitime) qu’en France, donc pour eux et pour les Français, leur peuple ; que l’humanité, contrairement à la nation (société, pays, peuple), n’est qu’une abstraction sur laquelle aucune action ne peut s’appuyer et qui paralyse même toute action ; que leur individualisme, qui découle de Largent, conduit à l’universalisme et au mondialisme, concrètement à l’immigrationnisme et au sociétalisme, et ne sert, en définitive, que le capitalisme et les multinationales dans leur entreprise d’abrutissement, d’uniformisation et d’asservissement des hommes ; que ce qui fait un pays, c’est sa population, et que changer sa population, c’est changer le pays ; que, si l’immigration engendre une « société multiculturelle », c’est, d’une part, que les immigrés ont une autre culture, donc d’autres modes de pensée et d’autres intérêts que ceux des autochtones, d’autre part, que leur présence est massive et transforme le pays ; qu’un type de révolution correspond à l’évolution et aux besoins d’un pays, qu’il n’y a donc de révolution qu’au niveau national, que l’idée d’une révolution mondiale est contre-révolutionnaire ; que lorsque qu’un pays et un peuple sont prêts à franchir une étape historique, leur anéantissement est le seul moyen de les en empêcher ; que l’immigration est voulue et provoquée par le capitalisme non seulement pour faire du dumping social et détruire la nation mais aussi pour tuer dans l’œuf la révolution anticapitaliste (anti-monétaire) en gestation ; que, si défendre la nation n’est pas toujours le fait de révolutionnaires, contribuer à sa destruction est assurément celui d’anticapitalistes de pacotille ; que leurs ennemis ne sont pas leurs concitoyens qui défendent leur pays, mais ceux qui le détruisent ou contribuent à sa destruction ; bref que l’immigration est l’arme du capital contre les peuples, contre les nations, donc contre le social, car il n’y a pas de social sans national.
Les nationalistes, eux, doivent comprendre que la nation, c’est le peuple ; qu’aimer la nation, c’est aimer le peuple, qui est l’ensemble des citoyens ; qu’aimer le peuple, c’est le vouloir libre, c’est vouloir des concitoyens libres et égaux et voir en eux des frères d’arme, non des esclaves ou des maîtres, c’est donc œuvrer pour la Liberté et l’Égalité bien comprises ; que l’inégalité a pour corollaire un ordre oligarchique, intrinsèquement anti-populaire et antisocial et, par définition, anti-démocratique ; que leurs accents sociaux et populaires, parfois même démocratiques, sont incompatibles avec leurs conceptions inégalitaires et oligarchiques ; qu’ils prônent l’inégalité alors qu’ils défendent généralement toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (nation, patriotisme, social, démocratie, non-ingérence) ; qu’ils rejettent plus l’idée fausse qu’ils se font de l’Égalité que l’Égalité en soi ; qu’ils croient, à tort, que celle-ci exclut l’ordre, la hiérarchie et les prérogatives, de sorte que, par un glissement sémantique, ils en viennent à cautionner la tyrannie, l’oligarchie et les privilèges ; que ceux qui voient dans un régime fort et oligarchique le moyen d’assurer l’ordre et le bien-être du peuple s’illusionnent et sont les dupes de ceux qui voient en lui le moyen d’obtenir ou de conserver des privilèges et, en eux, des marchepieds et de la chair à canon ; que, si un régime fort peut être social au début, la tyrannie gâte ses succès et fait bientôt soupirer après la Liberté ; que la ploutocratie est naturelle dans un système monétaire, et que toute autre forme d’oligarchie est artificielle et s’ajoute à la première le temps qu’elle reprenne l’exclusive ; que la seule façon d’échapper à la ploutocratie et à toutes les oligarchies est de sortir du système monétaire lui-même et d’instaurer un ordre égalitaire (à ne pas confondre avec « égalitariste ») ; que les régimes que les uns et les autres envisagent ont pour fonction de contrecarrer Largent mais sont monétaires, donc implicitement soumis à lui ; que, s’ils veulent lutter contre le capitalisme (course au profit, finance, spéculation, banques, dette, etc.) et toutes ses conséquences (matérialisme, égalitarisme, destruction de la nation, « Europe », immigration massive, etc.), ils doivent, en toute logique, dénoncer et lutter contre Largent, au nom de l’Égalité et de la Patrie ; bref, ils doivent comprendre qu’il n’y a pas de national sans social, pas de social dans l’inégalité et pas d’Égalité sous Largent.
Les communistes, de leur côté, doivent comprendre que nul n’est besoin de collectiviser les choses si l’on considère la nation comme une collectivité, les individus en général et les travailleurs en particulier comme des Citoyens, le travail comme un devoir envers la Société, et la production globale comme un produit commun auquel tout Citoyen a le droit d’accéder librement via le marché, chez les commerçants (comme aujourd’hui) ; que centraliser et répartir autoritairement le produit commun convient aux petites communautés mais n’a aucun sens dans un contexte d’abondance où cela exigerait en outre un État tyrannique, donc arbitraire, donc corrompu ; que l’idée que l’État répartisse la production, selon quelque critère que ce soit, est doublement incohérente si l’on conserve la monnaie qui est, entre les mains des individus, un moyen d’accéder au marché et de se répartir la production ; que la propriété privée des moyens de production est fatale dans le système monétaire, puisque la monnaie sert à s’approprier, et ne pose problème que dans la mesure où, dans ce contexte, elle offre aux employeurs la possibilité d’exploiter les travailleurs, via les salaires ; que l’important est moins de savoir « qui possède l’outils de travail » que « qui paye les travailleurs » et « comment » ; que les travailleurs seront toujours relativement pauvres, donc exploités, dans un système monétaire, sous quelque régime que ce soit ; que les travailleurs sont avant tout des Citoyens, et l’entreprise, un cadre dans lequel ils remplissent un devoir envers la Société ; que le véritable salaire du travailleur, ce sont les droits du Citoyen, dont celui d’accéder librement au marché (droit conféré aujourd’hui par la monnaie, mais de manière limitée et inégale) ; que peu importe à qui appartiennent les moyens de production quand les Citoyens tiennent leurs droits de la Société et ne peuvent être exploités en tant que travailleurs ; que le concept de « lutte des classes » tourne l’attention des pauvres contre les riches et la détourne de Largent à l’origine des inégalités, de sorte qu’il ne résout pas le problème de fond mais condamne à un éternel recommencement qui, paradoxalement, semble valider ce concept et amène à cet autre concept, aussi absurde que révélateur, de « révolution permanente » ; que l’ennemi n’est pas dans les autres mais dans Largent, inculqué par la pratique de l’échange monétaire et niché dans l’esprit de tout un chacun ; que les profiteurs du système ne sont pas plus coupables que ceux qui en pâtissent en cautionnant son principe ; que toutes les lois humaines, toutes les organisations politiques ou économiques ne changeront rien fondamentalement tant que le mode d’échange, fixant les règles de base, sera, lui, inchangé ; que la seule manière de renverser le capitalisme et de chasser ses maux, sans en générer de pires, est de sortir du système monétaire et d’anéantir Largent ; que la seule manière d’anéantir Largent, c’est-à-dire la logique du troc, est de concevoir et d’instaurer un mode d’échange fondé sur la logique sociale, c’est-à-dire concentré sur les Devoirs et les Droits du Citoyen et non obsédé par la soi-disant valeur des choses ; que la monnaie est une étape intermédiaire et incontournable entre la petite communauté (qu’elle détruit par sa logique individualiste) et la société moderne (industrielle et informatisée), à laquelle elle n’est plus du tout adaptée (Demande trop faible par rapport à l’Offre) ; que, malgré les apparences, tout est aujourd’hui disposé pour renouer avec les Principes de l’ordre social, la monnaie étant le dernier obstacle, et un obstacle artificiel, entre ce qui est et ce qui doit être ; que l’apogée de Largent annonce paradoxalement sa chute prochaine, comme la dématérialisation de la monnaie précède fatalement sa disparition ; que le mode d’échange, dont tout dépend, sera l’enjeu de la prochaine révolution ou évolution révolutionnaire ; qu’il faut s’attacher à révolutionner l’essentiel et laisser le temps révolutionner le reste ; bref, les communistes doivent comprendre que le capitalisme et l’exploitation sont aux ordres de Largent et que tout combat autre que celui pour l’Égalité, contre Largent lui-même, n’est que circonvolutions et coups d’épée dans l’eau.
Enfin, les jacobins ou républicains doivent comprendre que l’Homme ne sera jamais au centre d’un système qui tourne autour de Largent qui occupe donc déjà la place et ne peut en occuper une autre ; que « justice », « démocratie », « patriotisme », « Égalité », « droits », « devoirs », « citoyens », « gauche », etc., sont des mots creux dans un système monétaire individualiste, inégalitaire, oligarchique et injuste par nature ; que ne pas remettre en cause ce système, sans même se poser la question, les condamne à revoir à la baisse leurs exigences, c’est-à-dire à renoncer à l’absolu des Principes au nom du Possible monétaire ; que ce pragmatisme n’est en réalité qu’une capitulation face à Largent ; que chercher à résoudre les problèmes tels que les pose le système monétaire qui les crée, c’est adopter et s’enfermer dans la logique de Largent au lieu de défendre la logique sociale et les droits du Citoyen ; que, dans un système inégalitaire, les inégalités se creusent avec le temps ; que, si les inégalités ne cessent de se creuser, c’est que le système est intrinsèquement inégalitaire ; que, puisque le système monétaire donne lieu à des inégalités croissantes, c’est qu’il est inégalitaire dans son principe (Largent) et que bidouillages financiers et réformes politiques n’y changeront rien ; que Largent n’est pas roi par hasard, mais parce que, croyant que les notion de valeur marchande et d’unité de valeur sont nécessaires pour échanger, les hommes lui font de fait allégeance et acceptent ses lois qui priment sur les leurs, qui intègrent la monnaie comme un paramètre de naturel ; que déplorer les inégalités (entre riches et pauvres) qui s’expriment en monnaie, sans dénoncer le système monétaire, ne vaut pas mieux que les cautionner ouvertement ; que le système monétaire est l’école du capitalisme et prodigue en soi un enseignement antisocial ; que rien ne peut contrer cet enseignement sinon un autre système fondé sur un autre mode d’échange, véhiculant d’autres concepts et d’autres principes ; qu’opposer à l’inégalité de la moraline et des cours d’éducation civique, c’est ignorer autant la nature et la cause de l’inégalité que celles de l’Égalité, et n’avoir rien à enseigner, sinon les erreurs qui perpétuent l’inégalité et Largent ; que l’échange est au cœur des rapports sociaux et de tout ce qui s’y rattache, de sorte que la nature de ceux-ci est conditionnée par cela ; que la monnaie, qui confère aujourd’hui le pouvoir d’achat, n’est autre chose que du droit et ne peut se répartir également ; que le pouvoir d’achat, loin d’être une question secondaire et bassement matérielle, est le cœur du problème, puisque c’est de lui que dépendent la plupart des droits et libertés, qui sont l’objet du combat social et politique ; que la véritable Égalité implique, en premier lieu, l’égalité des Citoyens dans le droit d’accéder au marché, droit conféré par la Citoyenneté elle-même et ne devant être assujetti à quelque unité que ce soit ; bref, les républicains doivent comprendre que, s’ils n’ont plus qu’un pas à faire, c’est toutefois un pas de géant, car il y a loin entre dénoncer les inégalités et lutter pour l’Égalité, entre invoquer le peuple et servir le peuple, entre réprouver la ploutocratie et être capable d’instaurer la démocratie, entre vilipender le capitalisme et menacer le capital, entre fustiger la finance et anéantir Largent.
On pourrait résumer ce que tous doivent comprendre par cette formule :
Pas de Révolution sans nation ;
Pas de national sans social ;
Pas de social sans société ;
Pas de Société hors Égalité ;
Pas d’Égalité sous Largent.
Ici pourrait s’achever ce texte. Mais il serait alors sans objet, du moins ne serait-il pas assez clair. L’union sacrée « universelle » contre le capital, contre Largent, a besoin d’un point de ralliement précis ; elle ne peut se faire que sur un projet simple et solide. Les approximations donnant lieu aux malentendus et aux divisions ne sont plus de mise quand la patrie est en danger de mort. Il faut mettre les points sur les « i ». Or le projet répondant aux aspirations profondes des uns et des autres, capable de réaliser le rêve commun, existe aujourd’hui ; il a pour nom « Le Civisme ».
Le Civisme ou théorie de la Cité part du Principe simple et irréfragable que des Citoyens doivent être égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité, qui résultent de la participation de tous. Pour profiter effectivement des bienfaits de leur Cité, dont une partie consiste en produits et services, un autre droit est reconnu aux Citoyens, celui d’accéder librement au marché. La Citoyenneté, qui implique de s’être acquitté des Devoirs du Citoyen, d’avoir contribué à sa prospérité, est donc la seule condition pour accéder au marché et en retirer ce que bon semble à chacun. Pour que les Citoyens puissent attester ainsi leur Citoyenneté auprès des commerçants et de toute entreprise, ils sont dotés d’une carte à puce dite « Carte civique », strictement personnelle, sécurisée de manière biométrique, qui, d’un point de vue technique, fonctionne et s’utilise comme les actuelles cartes de crédit, à la différence près qu’il n’y a plus de crédits sous quelque nom que ce soit. Dans la mesure où la Citoyenneté, qui ne se mesure pas, est la rémunération de toutes les formes de participation reconnues, et où les Citoyens peuvent accéder librement au marché, nul n’est besoin de monnaie pour rémunérer les Citoyens et rien n’a de prix au sens monétaire du terme. Autrement dit, la Cité n’est plus un système monétaire et son mode d’échange n’est plus fondé sur Largent (croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Dans ce mode d’échange, les objets sont secondaires ; le véritable échange à lieu entre le Citoyen et la Cité : accès au marché (droit) contre participation (devoir).
Il appartient bien sûr à chacun de choisir sa manière de participer à la vie de la Cité et de faire ce qu’il veut dans la mesure du possible. Il peut aussi en changer. L’important est qu’il s’acquitte de son Devoir. Ceux qui se refusent à participer à la vie de la Cité ne sont pas Citoyens et ne jouissent donc pas des Droits du Citoyen. Le cas est prévu, mais il est surtout théorique. Car s’il est concevable que des individus fuient (ou cherchent à fuir) un système oppressif tel que le nôtre aujourd’hui, personne n’est exploité dans la Cité et ne peut trouver mieux ailleurs. Tout le monde peut faire des études ; tous les Citoyens, quel que soit leur poste ou leur domaine d’activité, accèdent librement au marché ; et les retraités sont toujours Citoyens. La Demande est telle que l’Offre ne peut pas suivre et que le plein emploi est assuré. La Cité résout ainsi instantanément les problèmes actuellement insolubles de l’inégalité, du manque d’argent et du chômage, donc tous ceux, innombrables, qui en découlent. Le reste n’est qu’une question de volonté, volonté que Largent ne paralyse plus.
Sans doute faudrait-il entrer dans les détails pour mieux connaître le fonctionnement et comprendre les mécanismes de la Cité, et être convaincu de sa viabilité, mais cela nous conduirait trop loin et ne serait jamais assez pour ceux qui cherchent des prétextes pour renoncer aux Principes. Trois points méritent cependant une attention particulière.
Le premier est celui des échanges internationaux qui, semblant impossibles, condamnent a priori l’abolition de la monnaie dans un seul pays, ce qui conduit soit à vouloir faire la révolution au niveau mondial, soit à renoncer purement et simplement à cette entreprise. A ce sujet, le raisonnement courant est le suivant : « L’argent sert à acheter, donc un pays sans argent ne pourrait pas acheter et serait coupé du monde alors que des échanges sont vitaux ». Mais ce raisonnement oublie une chose : avant d’utiliser son argent, il faut le gagner. Or un pays qui ne connaît pas le chômage et produit de la qualité en quantité (Cf. Le Civisme) peut exporter, vendre et disposer ainsi d’un budget pour régler ses importations… La condition est que ce pays fonctionne comme une entité, que chaque partie serve le tout, c’est-à-dire que le produit financier des exportations réalisées par les entreprises ne soit pas regardé par elles comme leur propriété mais mis, pour ainsi dire, au pot commun. Et c’est le cas dans la Cité où les entreprises n’ont nul besoin d’argent (pour payer quoi ? qui ?) mais peuvent néanmoins avoir intérêt (autre que le profit) à exporter, voire y être incitées dans l’intérêt général, sans inconvénients pour elles et les Citoyens qu’elles emploient. Là encore, un approfondissement technique serait nécessaire, mais il apparaît déjà que ce sujet ne présente aucune difficulté insurmontable et ne constitue en rien un motif d’abandon et moins encore une raison de sombrer dans les délires de révolution mondiale qui ne peuvent servir que le capitalo-mondialisme.
Le deuxième point, non sans rapport avec le précédent, est celui de l’immigration et des délocalisations qui ont pour but — du moins pour justification première — de faire baisser le coût du travail et d’augmenter les profits. Mais ce but n’a de sens que dans un système monétaire. Dans la Cité, le travail d’un Citoyen coûte zéro : des immigrés ne peuvent pas coûter moins chers, il n’y a donc aucune raison d’en importer et d’en employer illégalement, et délocaliser coûterait plus cher dans tous les cas, ce qui anéantit la raison d’être des délocalisations. Par ailleurs, un Citoyen ne peut accéder au marché que s’il est reconnu en tant que tel et doté d’une Carte civique. Autrement dit, ce qui correspond aujourd’hui à la rémunération, au salaire, ne dépend plus de l’employeur mais de la Cité. L’immigration autre que légale n’a donc aucun intérêt ni pour les clandestins, qui n’ont rien à gagner et aucun moyen de subsister, ni pour les entreprises, qui n’ont aucune raison de les embaucher et aucun moyen de les payer, même mal. Faut-il ajouter que l’argument consistant à dire que « les pays occidentaux à la population déclinante ont besoin d’immigrés pour financer les retraites », déjà spécieux, ne tient plus du tout, ce qui démontre, si cela était encore nécessaire, que l’immigration est un phénomène lié au capitalisme et sera, pour le moins, maîtrisée dans la Cité ?
Enfin, dernière précision utile : la Cité ne confond pas les notions de « Citoyenneté » et de « Nationalité », et s’il n’a été question jusqu’à présent que de la première, c’est qu’il était question du mode d’échange, donc d’économie, domaine dont elle relève. Plus exactement, la Citoyenneté se mérite en participant à la vie économique et/ou sociale de la Cité et confère les droits dans ces mêmes domaines. La Nationalité, elle, confère les droits politiques, c’est-à-dire ceux qui permettent de participer à la formation et à l’application des lois ; elle s’obtient en prouvant que l’on mérite ces droits, que l’on est viscéralement attaché à la Cité, qu’on l’incarne personnellement et que l’on a à cœur de défendre son existence et ses intérêts. Il faut, pour y prétendre, satisfaire à des critères identitaires et, pour l’obtenir, accomplir un service national (tous les services contribuant d’une manière ou d’une autre à la défense de la nation). Dans la Cité, « pas de droit sans devoir, pas de devoir sans droit » n’est pas une vaine formule. Il est des devoirs obligatoires dont chacun doit s’acquitter pour être Citoyen et jouir des droits nécessaires au quotidien, et d’autres, facultatifs, dont seuls ceux qui les remplissent jouissent des droits qu’ils génèrent ou, du moins, dont ils sont la condition. Ainsi la Nation, constituée des Citoyens nationaux (ayant mérité la Nationalité), est un sous-ensemble de la Cité, constituée par l’ensemble des Citoyens. Observons qu’il n’y a ni droit du sol, ni droit du sang. La Nationalité est ouverte à tous ceux s’en montrent dignes : des Citoyens d’origine étrangère peuvent l’acquérir comme des autochtones, a priori mieux disposés, peuvent ne jamais y accéder et rester de simples Citoyens. Notons que les immigrés dont la présence a été autorisée et qui travaillent, qui participent donc à la vie de la Cité, sont pour le moins Citoyens et jouissent, de ce fait, de tous les droits du Citoyen, alors que, de nos jours, soit on ne leur accorde rien, pas même la citoyenneté, ce qui est injuste, soit on leur accorde trop, même la nationalité, ce qui est inepte.
La Cité est le projet le plus radicalement révolutionnaire, le plus radicalement anticapitaliste, le plus radicalement libéral, le plus radicalement égalitaire, le plus radicalement démocratique et le plus radicalement patriotique. Il est répond aux aspirations profondes de tous. Les gauchistes le comprendraient s’ils rejetaient les foutaises universalistes et renouaient avec la virilité ; s’ils revenaient sur terre et faisaient leur l’adage « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Les nationalistes le comprendraient si, au lieu d’accepter les impostures du système pour alimenter les leurs, ils en cherchaient le ressort afin de le briser ; s’ils se faisaient révolutionnaires au lieu de sombrer dans une vaine nostalgie. Les communistes le comprendraient s’ils attachaient plus de prix au réel et aux résultats qu’à des théories dépassées et pour le moins inopérantes ; s’ils cherchaient davantage à bâtir la Société qu’à s’opposer aux capitalistes qu’ils sont eux-mêmes. Les républicains le comprendraient s’ils cessaient de se payer de mots creux et allaient au cœur des choses ; s’ils ajoutaient à leurs bonnes dispositions un peu de cohérence et de courage. Enfin, tous marcheraient comme un seul homme sous la bannière du Civisme s’ils comprenaient qu’ils n’ont qu’un seul et même ennemi : Largent, qui ne peut être combattu qu’au nom de l’Égalité, et vaincu qu’au niveau national.
Et ils le comprendront… tôt ou tard, de gré ou de force. S’ils ne vont pas à la révolution, la révolution viendra à eux.
Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !
Vive la Révolution !
Vive la France !
Philippe Landeux
8 juin 2016
04:23 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
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