lundi, 05 décembre 2011
NOUS Y VOILA !
Dans sa conférence du 4 novembre 2011, Michel Drac déclare, à propos des délocalisations en Chine notamment :
L’objectif d’un capitaliste, c’est de faire en sorte que la valeur actuelle nette — c’est comme ça qu’on dit en termes financiers — du capital qui lui a été confié, c’est-à-dire la valorisation de ce capital en fonction des flux de trésorerie qu’il va générer dans l’avenir, soit la plus élevée possible. Pour que les flux soient les plus élevés possibles, il faut réduire ce qui coûte. Ce qui coûte, c’est l’humain. En dernière analyse, tous les coûts se ramènent aux besoins humains. C’est-à-dire que la logique — absurde d’une certaine façon —, la logique spontanée du système capitaliste, à la limite, c’est la destruction de l’humanité. Si on était dans un univers de robots, qui ne coûtent rien ou très très peu, le capital serait maximisé. Evidemment, c’est complètement dingue, parce ce que cela voudrait dire qu’il n’y aurait plus personne pour posséder ce capital, mais, en théorie, c’est la dynamique du système.
Michel Drac, conférence du 4 novembre 2011, à Toulouse à l'invitation du Cercle de l'Esprit Rebelle : « Crise : à quoi peut-on s'attendre ? »
Cette déclaration est résumée dans ma pensée du jour du 23 septembre "les clés d'aujourd'hui et de demain" :
- La valeur marchande est un rapport de force.
- Un prix n'est qu'une somme de marges bénéficiaires.
Autrement dit, un prix n'a en réalité aucun rapport avec l'objet dont il censé déterminer la valeur (marchande). (Voir la Pensée du jour du 3 novembre 2011)
Je ne suis pas certain qu'en faisant cette observation tout à fait juste, Michel Drac en ait tiré la conclusion qui s'impose. J'en suis même certain puisqu'il parle encore de changer la forme du capitalisme. Le problème, c'est Largent (la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, croyance sur laquelle repose l'édifice actuel qui est pour le moins branlant), mais on continue coûte que coûte à faire avec.
Extrait du Réquisitoire contre Largent :
En somme, ce sont les hommes qui coûtent, qui ont un prix ; ce sont eux que l’on paye réellement, pas les objets. Les choses n’ont de prix que pour permettre aux entreprises de payer leurs employés qui, à leur tour, pourront avec leurs salaires acheter les produits d’autres entreprises qui, avec leurs recettes, paieront leurs employés, et ainsi de suite. Les prix ne reflètent donc pas la valeur des choses, mais représentent essentiellement le coût du travail, de sorte que, si les Citoyens étaient rémunérés autrement qu’avec de la monnaie et consommaient par le biais d’un autre moyen d’échange, les prix n’auraient aucune raison d’être et les hommes ne souffriraient pas de la disparition de la notion de valeur marchande qui n’est qu’une illusion.
Cependant, la suite ininterrompue de cause à effet permet de prendre l’effet pour la cause. Nous disons que les choses ont un prix (effet) parce que les hommes sont payés en monnaie (cause). Or il peut sembler tout aussi vrai de dire que les hommes ont besoin de monnaie (effet) parce que les choses ont un prix (cause). Mais ce raisonnement n’a que l’apparence de la vérité ; il est juste d’un point de vue individuel, mais faux dans l’absolu. Un effet disparaît avec sa cause. Ne plus payer les hommes avec de la monnaie, donc instituer un nouveau mode de rémunération et d’accès au marché ou aux choses, supprime les prix de facto. Par contre, il est impossible de supprimer les prix tant que les hommes sont payés en monnaie, tant que les entreprises ont besoin d’en obtenir via la vente de leurs produits. Le prix des choses est donc bien la conséquence, et non l’origine, de la rémunération du travail en monnaie. C’est pourtant ce raisonnement fallacieux que font sans s’en rendre compte ceux qui soutiennent l’impossibilité de supprimer cette dernière. Ainsi, leurs grands discours sur la nécessité de la valeur reposent sur un postulat qui n’en a aucune
Voir : Largent, le tyran à abattre
00:48 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
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