vendredi, 18 novembre 2011
LES DERNIERS MOTS DU "TYRAN" ROBESPIERRE
Le nom de Robespierre est aussi connu et souvent exécré que la réalité du personnage est méconnue et pourtant digne d’attention.
Il est chargé de tous les maux réels ou imaginaires de la Révolution, alors que des analyses sérieuses conduisent systématiquement à la même conclusion : Robespierre, dit l’Incorruptible, était un homme juste, honnête et modéré, qui, plongé au cœur d’une tourmente extraordinaire, fit ce qu'il put. Il défendit le peuple de toute son âme et il suffit de voir comment sont traités aujourd’hui ceux qui lui emboîtent le pas et tiennent, parfois sans le savoir, le même discours que lui pour comprendre que sa légende noire est l'oeuvre des ennemis du peuple. (Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.) Il s’opposa à tous les excès. Loin d’être regardé comme un sanguinaire, il était l’espoir de tous les innocents. Mais son drame fut d’avoir plus de prestige que de pouvoir réel (le pouvoir personnel n’existait pas à l’époque). Il était le symbole vivant de la Révolution, de la démocratie égalitaire et populaire. Pour venir à bout de ce géant moral, il fallut l’écraser sous une montagne de mensonges… et les mensonges ont la vie dure. Certains les répètent par ignorance, d’autres, devinez qui, par intérêt.
Je ne vais pas ici vous raconter son histoire, d’excellents ouvrages existent déjà (Jean Massin, Ernest Hamel, Albert Mathiez) et vous trouverez à la fin de cet article des liens utiles pour une bonne connaissance. Ce que je veux, ici, c’est vous mettre sous les yeux un texte qui, personnellement, me transporte, un texte d’une vérité et d’une actualité si criantes qu’il fait vibrer toutes les fibres de mon être… Que dis-je, un texte ? Un discours prononcé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, à la face des députés. Comment un homme a-t-il pu avoir une telle audace, un tel génie ? Imaginez. Ecoutez. On a envie de le porter en triomphe, de sortir son glaive pour combattre à son côté. Mais il n’est plus, et on ne peut revenir en arrière. Alors on appelle pour qu’il réapparaisse parmi nous !
Voici donc le dernier discours de celui qui formula la devise dont la République, une parodie de république, se réclame encore :
« Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l'amour de l'égalité et de la patrie, la liberté n'est qu'un vain nom.
» Peuple, toi que l'on craint, que l'on flatte et que l'on méprise ; toi, souverain reconnu qu'on traite toujours en esclave, souviens-toi que partout où la justice ne règne pas, ce sont les passions des magistrats, et que le peuple a changé de chaînes et non de destinées.
» Souviens-toi qu'il existe dans ton sein une ligue de fripons qui lutte contre la vertu publique, qui a plus d'influence que toi-même sur tes propres affaires, et que, loin de sacrifier cette poignée de fripons à ton bonheur, tes ennemis veulent te sacrifier à cette poignée de fripons, auteurs de tous nos maux, et seuls obstacles à la prospérité publique.
» Sache que tout homme qui s'élèvera pour défendre la cause et la morale publique sera accablé d'avanies et proscrit par les fripons ; sache que tout ami de la liberté sera toujours placé entre un devoir et une calomnie ; que ceux qui ne pourront être accusés d'avoir trahi seront accusés d'ambition ; que l'influence de la probité et des principes sera comparée à la force de la tyrannie et à la violence des factions ; que ta confiance et ton estime seront des titres de proscription pour tous tes amis ; que les cris du patriotisme opprimé seront appelés des cris de sédition, et que, n'osant t'attaquer toi-même en masse, on te proscrira en détail dans la personne de tous les bons citoyens, jusqu'à ce que les ambitieux aient organisé leur tyrannie.
» Tel est l'empire des tyrans armés contre nous : telle est l'influence de leur ligue avec tous les hommes corrompus, toujours portés à les servir.
» Ainsi donc, les scélérats nous imposent la loi de trahir le peuple, à peine d'être appelés dictateurs. Souscrirons-nous à cette loi ? Non : défendons le peuple, au risque d'en être estimés ; qu'ils courent à l'échafaud par la route du crime, et nous par celle de la vertu.
» Dirons-nous que tout est bien ? Continuerons-nous de louer par habitude ou par pratique ce qui est mal ? Nous perdrions la patrie. Révélerons-nous les abus cachés ? Dénoncerons-nous les traîtres ? On nous dira que nous ébranlons les autorités constituées ; que nous voulons acquérir à leurs dépens une influence personnelle. Que ferons-nous donc ? Notre devoir. Que peut-on objecter à celui qui veut dire la vérité, et qui consent à mourir pour elle ? Disons donc qu'il existe une conspiration contre la liberté publique ; qu'elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la Convention ; que cette coalition a des complices dans le Comité de sûreté générale et dans les bureaux de ce Comité qu'ils dominent ; que les ennemis de la République ont opposé ce Comité au Comité de salut public, et constitué ainsi deux gouvernements : que des membres du Comité de salut public entrent dans ce complot ; que la coalition ainsi formée cherche à perdre les patriotes et la patrie. Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, renouveler les bureaux du Comité de sûreté générale, épurer ce Comité lui-même, et le subordonner au Comité de salut public ; épurer le Comité de salut public lui-même, constituer l'unité du gouvernement sous l'autorité suprême de la Convention nationale, qui est le centre et le juge, et écraser ainsi toutes les factions du poids de l'autorité nationale, pour élever sur leurs ruines la puissance de la justice et de la liberté.
» Tels sont les principes. S'il est impossible de les réclamer sans passer pour un ambitieux, j'en conclurai que les principes sont proscrits, et que la tyrannie règne parmi nous, mais non que je doive le taire : car que peut-on objecter à un homme qui a raison, et qui sait mourir pour son pays ?
» Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner. Le temps n'est point arrivé où les hommes de bien peuvent servir impunément la patrie ; les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que la horde des fripons dominera. »
Maximilien Robespierre
Fin de son discours prononcé à la Convention nationale,
8 thermidor an II (26 juillet 1794)
Deux jours plus tard, Robespierre montait à l’échafaud. Les « terroristes » souillés de crimes et de rapines qu’il avait dénoncés avaient enfin sa peau, avec l’appui des bourgeois qu’il avait toujours protégé contre la fureur des premiers. La Révolution, au sens propre du terme, était terminée. L’aristocratie de Largent avait enfin terrassé son plus redoutable adversaire. Elle avait affermit son pouvoir. Elle règne encore, et plus que jamais.
Je pourrais conclure ici. Mais vous ne m’en voudrez pas, j’espère, d’aller au-delà du but que je m’étais fixé. Peut-être n’avez-vous jamais eu l’occasion de lire Robespierre. Peut-être avez vous ressenti l’émotion que soulèvent ses paroles et comprenez-vous enfin pourquoi et comment cet homme s’est rendu immortel. Peut-être voulez-vous entretenir quelques instants de plus cette émotion en découvrant d’autres textes.
Robespierre fut toujours égal à lui même. Il ne varia pas d’un pouce. Il fut à la fin de la Révolution tel qu’il était en s’y engageant. Aussitôt après avoir été élu député aux Etats Généraux (fin avril 1789), il traça la conduite qui serait la sienne dans un texte, écrit pour lui seul, resté sous le titre de dédicace aux mânes de Jean-Jacques Rousseau.
« La conscience d’avoir voulu le bien de ses semblables est le salaire de l’homme vertueux ; vient ensuite la reconnaissance des peuples qui environnent sa mémoire des honneurs que lui ont déniés ses contemporains. Comme toi [Jean-Jacques Rousseau] je voudrais acheter ces biens au prix d’une vie laborieuse, aux prix même d’un trépas prématuré. Appelé à jouer un rôle au milieu des plus grands événements qui aient jamais agité le monde, assistant à l’agonie du despotisme et au réveil de la véritable souveraineté, près de voir éclater des orages amoncelés de toutes parts, et dont nulle intelligence humaine ne peut deviner tous les résultats, je me dois à moi-même, je devrai bientôt à mes concitoyens compte de mes pensées et de mes actes. »
Le texte suivant est une partie du discours qu’il prononça aux Jacobins le soir du 21 juin 1791, alors que la famille royale était en fuite, que l’Assemblée avait pris des mesures ridicules, comme si elle avait été complice, et que le risque de guerre civile menaçait, Louis XVI n’étant pas partie à la cueillette des champignons.
« Je sais que par une dénonciation, pour moi dangereuse à faire, mais non dangereuse pour la chose publique ; je sais qu’en accusant, dis-je, ainsi la presque universalité de mes collègues, les membres de l’assemblée, d’être contre-révolutionnaires, les uns par ignorance, les autres par terreur, d’autres par ressentiment, par un orgueil blessé, d’autres par une confiance aveugle, beaucoup parce qu’ils sont corrompus, je soulève contre moi tous les amours-propres, j’aiguise mille poignards, et je me dévoue à toutes les haines. Je sais le sort qu’on me garde ; mais si, dans les commencements de la révolution et lorsque j’étais à peine aperçu dans l’Assemblée nationale, si, lorsque je n’étais vu que de ma conscience, j’ai fait le sacrifice de ma vie à la vérité, à la liberté, à la patrie, aujourd’hui que les suffrages de mes concitoyens, qu’une bienveillance universelle, que trop d’indulgence, de reconnaissance, d’attachement m’ont bien payé de ce sacrifice, je recevrai presque comme un bienfait une mort qui m’empêchera d’être témoin des maux que je vois inévitables. Je viens de faire le procès à l’assemblée nationale, je lui défie de faire le mien. »
Pour saisir l’ambiance électrique de cette séance, voici ce que Camille Desmoulins rapporta dans son journal Les Révolutions de France et de Brabant :
« Il fut écouté avec cette attention religieuse dont on recueille les dernières paroles d’un mourant. C’était en effet comme son testament de mort qu’il venait déposer dans les archives de la société. Je n’entendis pas ce discours avec autant de sang-froid que je le rapporte en ce moment, où l’arrestation du ci-devant roi a changé la face des affaires. J’en fus affecté jusqu’aux larmes en plus d’un endroit ; et lorsque cet excellent citoyen au milieu de son discours, parla de la certitude de payer de sa tête les vérités qu’il venait de dire, m’étant écrié : Nous mourons tous avant toi, l’impression que son éloquence naturelle et la force de ses discours faisaient sur l’Assemblée était telle que plus de 800 personnes se levèrent toutes à la fois et entraînées comme moi par un mouvement involontaire, firent un serment de se rallier autour de Robespierre, et offrirent un tableau admirable par le feu de leurs paroles, l’action de leurs mains, de leurs chapeaux, de tout leur visage, et par l’inattendu de cette inspiration soudaine. »
On a souvent dit que Robespierre parlait trop de lui, qu’il exagérait, qu’il voyait des complots partout. Trois semaines après cette séance, le 17 juillet, l’Assemblée et la municipalité de Paris firent massacrer par la garde nationale (alors exclusivement composée de bourgeois) les Parisiens assemblés au Champ de Mars pour signer une pétition réclamant, non la République, mais l’abdication du roi parjure. Le club des Jacobins ne dut lui-même de survivre qu'au sang froid de Robespierre.
A la fin de l’année précédente, en décembre 1790, Robespierre qui défendait le suffrage universel contre le suffrage censitaire et s’opposait à la partition des citoyens en deux classes (actifs et passifs) rédigea un discours sur l’organisation des gardes nationales qu’il n’eut pas la possibilité de prononcer et qui fut, à mon sens, un de ses plus grands. C’est à la fin de ce discours qu’il proposait que soit inscrite sur les drapeaux la devise Liberté, Egalité, Fraternité.
« C’est en vain qu’à ces droits inviolables on voudrait opposer de prétendus inconvéniens et de chimériques terreurs. Non. Non ; l’ordre social ne peut être fondé sur la violation des droits imprescriptibles de l’homme, qui en sont la base essentielle. Après avoir annoncé d’une manière si franche et si imposante, dans cette déclaration immortelle où nous les avons retracés, qu’elle était mise à la tête de notre code constitutionnel, afin que les peuples fussent à portée de la comparer à chaque instant, avec les principes inaltérables qu’elle renferme, nous n’affecterons pas sans cesse d’en détourner nos regard sous de nouveaux prétextes, lorsqu’il s’agit de les appliquer aux droits de nos commettans et au bonheur de notre patrie.
» L’humanité, la justice, la morale ; voilà la politique, voilà la sagesse des législateurs : tout le reste n’est que préjugé, ignorance, intrigue, mauvaise foi. Partisans de ces funestes systèmes, cessez de calomnier le peuple et de blasphémer contre votre souverain, en le représentant sans cesse indigne de jouir de ses droits, méchants, barbare, corrompu ; c’est vous qui êtes injustes et corrompus ; ce sont les castes fortunées auxquelles vous voulez transférer sa puissance. C’est le peuple qui est bon, patient, généreux ; notre révolution, les crimes de ses ennemis l’attestent : mille traits récents et héroïques, qui ne sont chez lui que naturels, en déposent. Le peuple ne demande que tranquillité, justice, que le droit de vivre ; les hommes puissans, les riches sont affamés de distinctions, de trésors, de voluptés. L’intérêt, le vœu du peuple est celui de la nature, de l’humanité ; c’est l’intérêt général. L’intérêt, le vœu des riches et des hommes puissans est celui de l’ambition, de l’orgueil, de la cupidité, des fantaisies les plus extravagantes, des passions les plus funestes au bonheur de la société. Les abus qui l’ont désolée furent toujours leur ouvrage : ils furent toujours les fléaux du peuple. Aussi, qui a fait notre glorieuse révolution ? Sont-ce les riches ? sont-ce les hommes puissans ? Le peuple seul pouvait la désirer et la faire ; le peuple seul peut la soutenir, par la même raison… Et l’on ose nous proposer de lui ravir les droits qu’il a reconquis !
» On veut diviser la nation en deux classes dont l’une ne semblerait armée que pour contenir l’autre, comme un ramas d’esclaves toujours prêts à se mutiner ! et la première renfermerait tous les tyrans, tous les oppresseurs, toutes les sangsues publiques ; et l’autre, le peuple ! Vous direz après cela que le peuple est dangereux à la liberté : ah ! il en sera le plus ferme appui, si vous la lui laissez. Cruels et ambitieux sophistes, c’est vous, qui à force d’injustices, voudriez le contraindre, en quelque sorte, à trahir sa propre cause par son désespoir. Cessez donc de vouloir accuser ceux qui ne cesserons jamais de réclamer les droits sacrés de l’humanité ! Qui êtes-vous pour dire à la raison et à la liberté : " vous irez jusques-là ; vous arrêterez vos progrès au point où ils ne s’accorderaient plus avec les calculs de notre ambition ou de notre intérêt personnel ? ". Pensez-vous que l’univers sera assez aveugle pour préférer à ces loix éternelles de la justice qui l’appellent au bonheur, ces déplorables subtilités d’un esprit étroit et dépravé, qui n’ont produit jusqu’ici que la puissance, les crimes de quelques tyrans et les malheurs des nations ?
» C’est en vain que vous prétendez diriger, par les petits manèges du charlatanisme et de l’intrigue de cour, une révolution dont vous n’êtes pas dignes : vous serez entraînés, comme de faibles insectes, dans son cours irrésistible ; vos succès seront passagers comme le mensonge, et votre honte, immortelle comme la vérité. »
La tirade suivante date du 27 avril 1792, soit une semaine après l’entrée en guerre. C’est une réponse aux attaques incessantes et impudentes des girondins Brissot et Guadet. Les Jacobins applaudirent à tout rompre.
« Le ciel qui me donna une âme passionnée pour la Liberté et qui me fît naître sous la domination des tyrans, le ciel qui prolongea mon existence jusqu’au règne des factions et des crimes, m’appelle peut-être à tracer de mon sang la route qui doit conduire mon pays au bonheur et à la Liberté ; j’accepte avec transport cette douce et glorieuse destinée. Exigez-vous de moi un autre sacrifice ? Oui, il en est un que vous pouvez demander encore : je l’offre à ma Patrie : c’est celui de ma réputation. Je vous la livre, réunissez-vous tous pour la déchirer, joignez-vous à la foule innombrable de tous les ennemis de la Liberté, unissez, multipliez vos libelles périodiques. Je ne voulais de réputation que pour le bien de mon pays ; si pour la conserver il faut trahir, par un coupable silence, la cause de la vérité et du peuple, je vous l’abandonne ; je l’abandonne à tous les esprits faibles et versatiles que l’imposture peut égarer, à tous les méchants qui la répandent. J’aurai l’orgueil encore de préférer, à leurs frivoles applaudissements, le suffrage de ma conscience et l’estime de tous les hommes vertueux et éclairés ; appuyé sur elle et sur la vérité, j’attendrai le secours tardif du temps qui doit venger l’humanité trahie et les peuples opprimés. » 27 avril 1792 aux Jacobins
Enfin, à la veille de l’élection présidentielle de 2012 qui sera suivie par l’élection législative, il n’est pas inutile de rappeler les conseils de Robespierre sur la façon de choisir entre les candidats. (Extrait d’une adresse lue aux Jacobins et approuvée le 19 juin 1791.)
« Dans les choix que vous ferez, songez que la vertu et les talens sont nécessaires, mais que des deux, la vertu est la plus nécessaire encore. La vertu sans talens peut être moins utile, les talens sans vertu ne peuvent être qu’un fléau. En effet la vertu suppose ou donne assez souvent les talens nécessaires aux représentans du peuple. Quand on aime la justice et la vérité, on aime les droits des citoyens, on les défend avec chaleur.
» Tenez-vous en garde contre les apparences trompeuses. Les amis et les ennemis de la liberté se présenteront à vous, avec les mêmes dehors et le même langage. Si vous voulez vous assurer des sentimens de quelques citoyens, remontez au-delà de l’époque où vous êtes aujourd’hui. L’homme ne se détache pas tout-à-coup de tous les préjugés qui ont formé ses sentimens.
» Si une fois dans la vie, un homme s’est montré vil, ou impitoyable, rejetez-le. Rejetez ces hommes qu’on a vu ramper dans les cours et s’humilier heureusement aux pieds d’un ministre ou d’une femme. Leur manière est changée, leur cœur est resté le même. Ils flattent aujourd’hui leurs concitoyens, comme ils flattaient les tyrans subalternes. On ne devient pas subitement, d’un vil adulateur, d’un lâche courtisan, un héros de la liberté.
» Mais si vous connaissiez des hommes qui ayent consacré leurs vies à venger l’innocence, si vous connaissiez quelqu’un d’un caractère ferme et prompt dont les entrailles se soient toujours émues au récit des malheurs de quelques-uns de ses concitoyens, allez le chercher au fond de sa retraite, priez-le d’accepter la charge honorable et pénible de défendre la cause du peuple, contre les ennemis déclarés de sa liberté, contre ses ennemis, bien plus perfide encore, qui se couvrent du voile de l’ordre et de la paix. Ils appellent ordre, tout système qui convient à leurs arrangemens, ils décorent du nom de paix, la tranquillité des cadavres, et le silence des tombeaux. »
Une connaissance plus profonde de Robespierre ne révèle pas un autre visage de lui. Ses actes furent à l’image de ses paroles. Comprenez-vous maintenant pourquoi il est injuste et scandaleux de le comparer à Hitler, Staline, Pol Pot ou quelque autre tyran et combien ceux qui établissent de telles comparaisons, sans d’ailleurs les étayer par autre chose que des poncifs, sont ridicules et ignorants, à moins qu’ils ne soient au contraire très instruits et conscients du danger, pour les puissants, de permettre au peuple de s’intéresser et de lire ses discours ? Croyez-vous encore que les ennemis du peuple agissent au hasard, qu’ils œuvrent pour le bien du peuple, qu’ils cherchent à l’éclairer sur ses droits, qu’ils décernent les honneurs aux bienfaiteurs de l’humanité ? Tout ce qu’ils adorent, brûlez-le ! Tout ce qu’ils haïssent, préservez-le ! Tout ce qu’ils cachent, déterrez-le ! Prenez systématiquement le contre-pied de ce qu’ils font et vous servirez plus sûrement vos intérêts. Entendez le contraire de ce qu’ils disent et vous approcherez plus que jamais de la vérité.
La cause du peuple et des patriotes d’hier est la même que celle de ceux d’aujourd’hui. Les Principes sont éternels. Les traits des traîtres aussi.
De Munich à Montoire !
Philippe Landeux
Pour en savoir plus sur le parcours et les idées de Robespierre :
http://philippelandeux.hautetfort.com/archive/2011/01/25/robespierre-histoire-version-developpee.html
Pour connaître les conceptions de Robespierre sur la démocratie :
http://philippelandeux.hautetfort.com/archive/2011/02/09/robespierre-et-la-democratie.html
Pour connaître sa philosophie économique :
http://philippelandeux.hautetfort.com/archive/2011/04/25/robespierre-et-le-libre-echange.html
Tous ses grands discours :
http://membres.multimania.fr/discours/discours.htm
14:55 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 9.1. PAROLES D'HOMMES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robespierre, thermidor, testament | Facebook | | Imprimer |