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vendredi, 30 novembre 2018

GILETS JAUNES : RIC ou RIP ? (vidéo)

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Le mouvement extraordinaire des Gilets jaunes ne sera un succès que s’il pérennise sa victoire, donc s’il dote le peuple français d’un moyen légal et constitutionnel non seulement de contenir son gouvernement mais encore d’imposer ses volontés. Que le gouvernement cède sur des miettes ne serait pour eux, les Gilets jaunes, qu’une victoire à la Pyrrhus. Une mobilisation sans pareil doit avoir un but élevé et ambitionner des mesures décisives ; elle doit obtenir de ne plus être elle-même nécessaire à l’avenir ; elle doit assurer au peuple français le moyen d’être entendu et obéi de son gouvernement sans avoir à s’insurger, ce qui n’arrive pas souvent et est vain quand cela arrive.

Bref, si les Gilets jaunes devaient obtenir une chose, une seule, ce devrait être le droit, pour le peuple, de provoquer des référendums à volonté, sur les sujets de son choix, et que les résultats de ces référendums aient force de loi. Toutes les revendications possibles et imaginables, présentes et futures, sont contenues dans celle-là ; l’inverse n’est pas vrai. Dans la mesure où le gouvernement ne démissionnera pas, quelle que soit la pression (à moins d’une véritable insurrection), et où sa démission même, quoique jouissive, n’offrirait aucune satisfaction concrète et aucune garantie face à ses successeurs, le but est moins de le pousser à démissionner qu’à capituler sans condition devant le peuple (dont il est supposé être l’instrument et non le fléau), qu’à céder à ses exigences. Mais, il cèdera d’autant plus facilement que ces exigences seront limitées, claires, indiscutablement légitimes et universellement soutenues.

La présente proposition a le mérite de ramener la démocratie a son véritable principe (le pouvoir du peuple) et, par là même, de révéler l’imposture actuelle et de désarmer les imposteurs. Que pourront opposer au peuple exigeant la souveraineté ceux qui défendent un système dans lequel il est souverain mais seulement sur le papier, c’est-à-dire ceux qui défendent un système qui n’est pas ce qu’ils proclament face à ceux qui demandent juste qu’il soit ce qu’il prétend être ? Les concepteurs du système soi-disant représentatif ont cru duper le peuple ; il est temps que le peuple montre qu’il n’est pas dupe de cette fausse démocratie et qu’il arrache le masque des hypocrites et des despotes, afin que ceux-ci fassent amende honorable ou assument ouvertement d’être des ennemis du peuple.

Pour que la proposition en question soit claire, elle doit pouvoir être nommée. Il s’agit de permettre que des référendums soient provoqués à l’initiative d’un certain nombre de citoyens issus du « peuple », un nombre conséquent (par exemple 500.000) témoignant de l’intérêt suscité par le problème soulevé. Cette disposition est connue sous deux noms : Référendum d’Initiative Citoyenne (R.I.C.) et Référendum d’Initiative Populaire (R.I.P.). Il faut opter pour l’une ou l’autre de ces formules, a priori synonymes.

Un Référendum d’Initiative Citoyenne suppose que les signataires sont citoyens. Ce terme est d’autant plus choquant qu’il ne choque personne. Il est vrai que nous sommes supposés être des « citoyens ». Mais qu’est-ce qu’un « citoyen » ? Un maître et un esclave forment-ils société ? Sont-ils concitoyens ? Non. Et que sont les riches par rapport aux pauvres, les oppresseurs par rapport à ceux qu’ils oppriment, les exploiteurs par rapport à ceux qu’ils exploitent, les voleurs par rapport à ceux qu’ils ont volé, ceux qui ont tous les droits par rapport à ceux qu’ils ont dépouillé ? Forment-ils société ? Sont-ils concitoyens ? Pas davantage. Il n’y a pas de société digne de ce nom, pas de citoyens au vrai sens du terme, dans l’inégalité en droits ; et il n’y a pas d’Égalité possible dans le système monétaire. L’Égalité bien comprise (celles des citoyens, en devoirs et en droits) n’est pas impossible en soi, mais elle implique de sortir du système monétaire, donc de savoir pourquoi et comment. C’est là un autre sujet et un prochain combat. Pour l’heure, il importe de comprendre pourquoi donner du « citoyens » à des gens qui ne le sont pas en réalité est dangereux, pourquoi c’est un piège.

En fait, il s’agit du même type de piège que celui qui consiste à appeler « démocratie » un système politique qui n’en est pas une. De manière générale, ce type de piège est appelé « novlangue ». La novlangue consiste à désigner une chose par le mot qui désigne son contraire ou à associer un mot sensé à un concept vide de sens ou, encore, à désigner une chose grave par un mot ou une expression insipide. Bref, la novlangue, c’est la manipulation des mots avec lesquels on pense afin d’empêcher les gens de penser correctement. Plus un système tyrannique est perfide, plus il y a recours. Plus un système est perfide, plus il y a recours, plus il est tyrannique. La première façon de déjouer une tyrannie est donc de ne pas accepter son vocabulaire, de redonner leur vrai sens aux mots, d’appeler les choses par leur nom. Adopter le langage et les sophismes de l’ennemi, c’est être ligoté dans sa tête et ne pas pouvoir se révolter ou être vaincu d’avance. Nous sommes dans cette situation.

Il est facile d’éviter un piège une fois celui-ci mis en évidence. On ne tombe que dans les pièges que l’on n’a pas vus et, surtout, dans ceux que l’on ne veut pas voir. Le piège du mot « démocratie », tel qu’il est employé par le système, est aujourd’hui éventé dans une certaine mesure. Le système soi-disant représentatif — qui n’est que le gouvernement des ultra riches — s’est affublé du titre de « démocratie » pour se donner un air populaire et que personne ne lutte pour la véritable démocratie, sous prétexte qu’elle existe déjà. Opposer à la démocratie en mot la démocratie en fait est le coup le plus rude qui puisse être porté au système. Toutefois une conception plus populaire de la démocratie n’est toujours pas la démocratie ; c’est encore une illusion. Il n’y a pas de démocratie authentique et absolue possible dans un système monétaire, inégalitaire par nature, donc oligarchique ou ploutocratique. La souveraineté du peuple est une vue de l’esprit dans un système qui génère des riches auxquels il donne le pouvoir ou auxquels il permet de le prendre. Le peuple ne peut qu’espérer avoir voix au chapitre pour les contenir un minimum. Du reste, comment pourrait-il y avoir une vraie démocratie sans vrais citoyens ? L’Égalité fait des citoyens qui font la société et la démocratie. Tout est lié. De même la monnaie fait l’inégalité qui défait la société (sur le fond, pas sur la forme, ce qui maintient l’illusion) sans laquelle il n’y a ni citoyens ni démocratie.

Il ne s’agit pas d’échapper à un piège pour tomber dans un autre. Il est utile de combattre le système au nom de la démocratie, mais il ne faut pas s’illusionner et croire que de ce combat sortira la vraie démocratie. (Celle-ci ne sortira que du combat victorieux contre l’existence même du système monétaire.) Tout ce qui augmente le pouvoir et le contre-pouvoir du peuple va dans le bon sens mais n’est qu’une étape. Même un système techniquement démocratique ne serait pas encore la Démocratie, c’est-à-dire l’ère de l’Égalité bien comprise, des Citoyens dans toute leur dignité, de la Cité fondée sur les Principes de l’ordre social. C’est donc un piège que l’on se prépare nous-mêmes pour demain que de parler à tort et travers de « démocratie » et de « citoyens », comme si nous pouvions vraiment être en démocratie, comme si nous étions vraiment des citoyens, donc sans savoir ce que sont vraiment la Démocratie et la Citoyenneté, sans savoir et en nous interdisant même de penser qu’ils nous reste encore à renverser Largent, au nom de l’Égalité (et de la nation), pour les conquérir.

Pour toutes ces raisons (qu’on les admette ou pas), il est préférable de parler de Référendum d’Initiative Populaire. « Populaire » renvoie à « peuple », comme le principe même de la démocratie : « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Le simple fait d’évoquer le peuple annonce donc des intentions démocratiques, ce qui, dans le cas présent, est justifié. Ceci étant, le mot « peuple » est relativement flou, ce qui, loin d’être un inconvénient, est précisément ce qui constitue son avantage. Selon une de ses acceptions, le peuple est l’ensemble de que l’on appelle les « citoyens français » ; il désigne donc, tant bien que mal, le corps politique. Ainsi il dit ce qu’il faut et dispense d’employer ouvertement le mot « citoyens » qui, dans le contexte actuel, serait mensonger. Enfin, un peuple reste un peuple quels que soient les rapports entre ses membres ; le concept est toujours pertinent. Inégalité ou Égalité, le R.I.P. resterait le R.I.P. À l’inverse, des « citoyens », au vrai sens du terme, ont entre eux des rapports bien précis (ceux qui découlent de l’acte d’association et que le système monétaire sape), de sorte que, si rien ne peut empêcher d’utiliser ce mot, puisqu’il existe, l’utiliser pour désigner des gens qui n’ont pas ces rapports et ignorent même quels ils doivent être n’est pas fait pour qu’ils s’interrogent et l’apprennent. « R.I.C. » serait un nom judicieux dans l’Égalité, mais il est trompeur dans l’inégalité, et l’erreur sur laquelle il repose (celle qui consiste à croire qu’il y a des citoyens dans l’inégalité) détournerait du combat pour l’Égalité et la Citoyenneté pleine et entière (donc contre Largent), si bien que ce nom, en ouvrant une porte, en fermerait une autre, celle devant conduire au R.I.C. bien nommé.

La formule « Référendum d’Initiative Populaire » est donc aussi juste que celle de « Référendum d’Initiative Citoyenne » est dangereuse. Bien sûr, ceux qui prennent la « citoyenneté » pour une étiquette vide de sens ou sous laquelle on peut mettre n’importe quoi n’entendront pas ce discours et contribueront à la galvauder un peu plus, comme on savonne pour d’autres la planche que l’on a trouvée savonnée pour soi. Il est cependant à espérer que ceux qui respirent pour la justice et la vérité ne prendront pas cette mise en garde à la légère, et que, à défaut d’être tout à fait convaincus, ils s’abstiendront par précaution.

Et puis R.I.C., comme « rictus », fait doucement rigoler. Tandis que R.I.P, comme « Resquiescat In Pace », sonne le glas pour quelqu’un ; il serait bien la mort de la démocrature si le peuple parvenait à l’imposer. Tout un symbole !

 

Philippe Landeux

RIP - Tombe-2.jpg30 novembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

LES GILETS JAUNES

10:40 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 27 novembre 2018

LE DILEMME DES GILETS JAUNES

DES REPRÉSENTANTS OU PAS ?

 

Des représentants servent à négocier et légitiment de facto la partie adverse.

Dans le cas du mouvement des Gilets jaunes se pose un premier problème, celui de la désignation de représentants : ils sont trop hétéroclites pour en avoir qui soient représentatifs, et trop désorganisés pour être capables d’en désigner. Le deuxième problème est que leurs revendications sont actuellement trop confuses pour être entendues par le pouvoir qui, lui, a donc besoin d’interlocuteurs faisant office de catalyseurs. Le troisième problème est que des porte-parole, dont on ne sait comment ils pourraient être désignés, auraient pour mission de négocier (sur quelle base, dans quelles limites ?) avec un pouvoir auquel le mouvement ne reconnaît plus aucune légitimité et dont il souhaite, comme préalable à toute chose, la démission pure et simple.

Il s’ensuit que le principe des porte-parole est à proscrire, mais que le pouvoir cherchera à en imposer d’une manière ou d’une autre pour reprendre la main et nous la faire à l’envers. Si ce dernier arrive à ses fins, c’en est fait des nôtres.

Il s’ensuit également que, pour pouvoir se passer de porte-parole, tout en ayant des chances de succès, les Gilets jaunes doivent d’eux-mêmes renoncer aux réclamations tous azimuts et aux chimères et s’unir autour de revendications simples, claires et non négociables. Or il en est une qui contient toutes les autres et pérenniserait leur victoire ; une seule dont il ne faut démordre à aucun prix.

Puisqu’ils se posent en contre-pouvoir et en souverain, ils doivent obtenir que le peuple soit enfin le véritable contre-pouvoir légal et le souverain qu’il est déjà sensé être d’après la constitution. Ils n’obtiendront pas la démission du gouvernement (il faut de l'honneur pour démissionner), mais ils peuvent obtenir, en maintenant voire en accentuant la pression, qu’il capitule sur le principe du Référendum d’Initiative Citoyenne ou Populaire, dont les résultats auraient force de loi. Arracher une telle mesure serait une victoire non seulement par rapport au gouvernement actuel mais par rapport à tous les gouvernements futurs. Un système qui prétend défendre la démocratie aurait d’ailleurs du mal à éluder cette demande éminemment démocratique, sans passer pour tyrannique ; les médias auraient du mal à la ridiculiser sans se ridiculiser eux-mêmes.

Que tous les Gilets jaunes s’emparent de cette revendication, qu’ils en fassent partout leur unique objectif, qu’ils la martèlent de toutes leurs forces, qu'ils ne lâchent rien sur ce point, et, quoique sans leaders, sans représentants, sans organisation, leur victoire est aussi certaine que le coin finit par fendre la bûche.

 

Salus populi suprema lex est.

 

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LES GILETS JAUNES

13:50 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |