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samedi, 29 juin 2013

PENSÉE DU JOUR : Robespierre

Plus on lit Robespierre, plus on se rend compte qu'il a été défiguré par les ennemis du peuple, plus on se dit qu'il faudrait l'écouter encore, plus on a envie d'alerter l'opinion publique sur l'injustice inimaginable qui frappe ce grand patriote depuis deux siècles.

03:15 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

ROBESPIERRE parle aux FRANCAIS - bande audio

Bande audio de l'entretien vidéo du 30 mai 2013 avec le Cercle des Volontaires. Il s'agit d'un montage, ce qui explique que l'on passe parfois du coq à l'âne.

CDV.jpg

Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image

00h 00mn 25s — Présentation de « Robespierre parle aux Français »
00h 05mn 28s — Ma légitimité pour parler de Robespierre
00h 12mn 30s — Contre le système représentatif / la démocratie
00h 17mn 07s — (coupure)
00h 19mn 40s — Les grandes périodes de la Révolution
00h 22mn 30s — Les positions de Robespierre sous les 3 Assemblées
00h 32mn 00s — Les contre-révolutions aristocratique et bourgeoise (les Lumières)
00h 36mn 15s — Robespierre au Comité de salut public
00h 37mn 15s — Les raisons du 9 thermidor
00h 40mn 40s — Robespierre et la Terreur
00h 42mn 25s — Robespierre, l’abolition de la peine de mort et la Terreur
00h 45mn 25s — La vertu selon Robespierre
00h 46mn 38s — Robespierre populaire
00h 49mn 18s — Une révolution sans révolution / La Révolution et Largent
00h 51mn 10s — Robespierre et l’esclavage
00h 52mn 50s — Robespierre et la Vendée / républicains et royalistes
00h 59mn 15s — Robespierre et la déchristianisation (l’Être suprême)
01h 01mn 35s — Robespierre et la loi du 22 prairial an II (la Grande Terreur)
01h 10mn 25s — La Révolution et Largent

Autant de sujets en une heure, traités spontannément, nous ne les avons évidemment que survolés. Mes deux ouvrages "Robespierre, la terreur des traîtres à la nation" et "Robespierre parle aux Français" fournissent infiniment plus de détails.

mardi, 25 juin 2013

PENSÉE DU JOUR : c'est celui qui l'a dit qui l'est

Il ne faut plus s'offusquer d'être taxé de raciste, d'extrême droite, de facho et autres noms d'oiseaux. De nos jours, ces mots sortent de la bouche des traîtres à la patrie et des idiots utiles du capitalisme. Ces insultes sont à la fois un compliment pour ceux qui les reçoivent et un aveu de ceux qui les profèrent.

22:53 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 20 juin 2013

PENSÉE DU JOUR : dicton de la Lanterne

Au jour de colère, la France d'en-bas pend haut et court.

mercredi, 19 juin 2013

PENSÉE DU JOUR : question réponse

Pour qui roule le parti de l'Etranger ? La réponse est dans la question.

LETTRE OUVERTE A M. HOLLANDE, PRESIDENT

Monsieur le Président,

Quand je vous ai entendu dire que tout le monde devrait faire des efforts, mon sang n’a fait qu’un tour ! Mesurez-vous la portée de vos paroles ? Comprenez-vous ce que cela signifie pour la plupart des Français qui se serrent la ceinture à longueur d’année, depuis des années ? Manifestement, vous n’en avez pas la moindre idée. Permettez que je vous éclaire.

J’ai 40 ans, célibataire et je vis en région parisienne dans un palace de 28 m². Avec mon salaire oscillant entre 1400 et 1500 €/mois, nettement au-dessus du SMIC, je suis sans doute un privilégier à vos yeux. C’est en effet le salaire moyen en France. Autant dire que, si certains gagnent plus, beaucoup plus encore gagnent et survivent avec moins. Mais restons sur mon cas.

Cette déclaration de salaire est trompeuse. Bien que ce salaire soit relativement correct, que représente-t-il en réalité ? Je ne vis pas avec 1500 €. Je n’ai pas 1500 € à dépenser pour satisfaire, au jour le jour, mes besoins et mes envies.

Sur ces 1500 €, il faut enlever 640 € de loyer (42 %), auxquels s’ajoutent 42 € de taxe d’habitation, 40 € d’EDF, sans compter l’assurance habitation et la facture d’eau dont je n’ai pas le montant sous la main. A ceci s’ajoutent, en termes de frais fixes et de prélèvements automatiques : 32 € d’abonnement Internet, 40 € de forfait téléphonique, 65 € de carte orange (transports), 40 € de mutuelle santé et 72 € d’impôts sur le revenu (mensualisés). Autrement dit, ce sont environ 350 € de plus, par rapport à mon loyer, qui sortent tous les mois de ma poche avant même que j’en ai vu la couleur. Ce n’est donc pas de 1400 ou 1500 € dont je dispose pour vivre au quotidien, mais de 400 à 500 € seulement. Et encore !

Je suis un privilégier. Je vis dans le luxe : j’ai Internet et un téléphone portable. En revanche, pas de télévision, je l’ai jetée voilà déjà plusieurs années, ce qui explique pourquoi la redevance n’apparaît pas dans cette énumération. Je pourrais rogner sur ces dépenses-là qui n’ont peut-être pas pour vous un caractère incompressible. Mais faut-il également que je m’abstienne de manger ? Ce poste s’élève, sans forcer, à environ 200 €/mois. Parlerai-je également de la cigarette, puisque je suis fumeur, poste qui, du fait de l’État insatiable, mobilise environ 100 €/mois ?

Que me reste-t-il donc réellement pour sortir, pour m’habiller, pour me faire plaisir, pour voyager, pour faire des cadeaux, pour faire face aux dépenses imprévues, en un mot pour vivre ? Au grand maximum 200 €, c’est-à-dire à peu près rien. Faut-il préciser que, dans ces conditions, la vie est une succession de privations, que je suis en permanence à découvert et qu’il est impossible de mettre un sous de côté.  

Ainsi, moi qui travaille, moi qui n’ai jamais manqué un jour pour maladie, moi qui ai servi mon pays et le défendrai encore jusqu’à la mort, que suis-je sinon une sorte d’esclave ? quel effort (financier) dois-je encore faire pour remplir les caisses d’un État qui me méprise et me pressure déjà au-delà du supportable ? Nous devons tous faire des efforts ! Mais comment puis-je en faire davantage ? comment les riches pourraient-ils jamais en faire autant que moi et la France d’en bas ? Et je n’entre pas dans le débat du « pour quoi » et du « pour qui » qui me ferait sortir de mes gonds, le scandale le disputant à l’odieux !

Vous ne savez pas de quoi vous parlez, M. le Président, vous qui touchez des dizaines de milliers d’euros par mois, payés par les contribuables que nous sommes. Vous ignorez tout des difficultés quotidiennes et des angoisses des Français. Vous ne réalisez pas à quel point il est indécent de votre part d’appeler à faire des efforts, lesquels pèseront toujours sur les mêmes, sur nous.

Vous envisagiez, pour amuser la galerie, d’imposer les très riches à hauteur de 75 % : vous feriez mieux d’examiner les moyens permettant aux pauvres de garder leur emploi et de jouir du fruit de leur travail, voire d’augmenter leurs revenus. Jusqu’à présent, vous avez fait le contraire. Comprenez donc que, pour nous, les marges sont très étroites. La moindre augmentation de taxe, d’impôt ou de prix, insignifiante pour vous, est un drame pour nous. Que dis-je un drame ? C’est un attentat, une trahison de plus ! Mais, surtout, n’oubliez pas que le peuple français est lent à réagir. Il subit, il encaisse et, un jour, il explose et rase gratis.

Pardonnez-moi, M. le Président, si je ne vous adresse pas mes salutations distinguées, trop de choses que je me suis gardé de dire pour ne pas noyer mon propos me restent en travers de la gorge.

Philippe Landeux
19 juin 2013

12:02 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 12 juin 2013

REVENU D’EXISTENCE : UNE IDÉE RÉVOLUTIONNAIREMENT CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRE

« Le monde est fait d’imbéciles qui se battent contre des demeurés pour sauvegarder une société absurde. »

Jean Yanne,
Moi y’en a vouloir des sous (film)

Voici qu’est remise au goût du jour, sous diverses appellations, une idée exprimée dès 1792 par Thomas Paine durant la Révolution française, à savoir une allocation ou salaire universel, un revenu de base ou d’existence. Les partisans de cette idée divergent sur les modalités d’application, mais tous partagent certains constats et se rejoignent dans l’ineptie.

De quoi s’agit-il en gros ? Considérant à juste titre qu’il est impossible de vivre — du moins de vivre décemment — sans argent ; que sans argent les droits élémentaires (manger, se loger, se vêtir) ne sont point garantis ; qu’il est dans la nature des choses qu’une partie de la population soit privée d’argent et desdits droits ; il appartient à la société de garantir les droits qu’elle reconnaît et donc d’allouer à tous, sans condition, un égal revenu propre à assurer leur existence. Que d’humanité ! On en pleurerait !

Au vrai, cette idée n’a rien de révolutionnaire. Elle n’est pas audacieuse mais naïve. Elle repose sur de mauvaises analyses, voire sur une absence totale d’analyse, en ce qui concerne d’une part la monnaie et le système monétaire, d’autre part la société et les droits, autrement dit les principes de l’ordre social. Elle présente comme un progrès ce qui n’est une fois de plus qu’une soumission intégrale et inconsciente à Largent. Elle ne libère pas de la Matrice ; elle empêche au contraire d’en sortir. Elle ne peut séduire, par ses bonnes intentions, que ceux qui ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez et tombent dans tous les pièges.

Quelles que soient les variantes entre les différents projets autour de cette idée, toutes ont à résoudre six questions pratiques : 1) Qui jouira de ce revenu ? 2) A partir de quel âge ? 3) Quel en sera le montant ? 4) Qui le fixera ? 5) Qui le versera ? 6) Comment sera-t-il financé ? La problématique est donc, en apparence, pour moitié financière, pour moitié philosophique. En fait, quelles que soient les réponses apportées, toutes sont purement capitalistes, empreintes de préjugés monétaires et de philosophie bon marché. Alors qu’il s’agit de garantir des droits, aucune question ne porte sur ce qu’est un droit, sur ce qu’est une société, comme si les réponses étaient si évidentes qu’elles ne méritaient pas un rappel ou, pire, comme s’il pouvait y avoir des droits sans société, sans citoyens pour les reconnaître, les générer et ainsi les garantir ; toutes postulent qu’il faut confier à la monnaie les droits que ces projets prétendent reconnaître qui aux travailleurs, qui aux citoyens, qui à tous les hommes de la Terre. De manière générale, attacher quelque prix que ce soit aux réponses appelées par de pareilles questions témoigne en soi de la naïveté de ceux qui espèrent contenir les effets d’un système en se soumettant à sa logique et en utilisant les instruments qu’il fournit lui-même.

Maintenant, avant de critiquer les différents projets de revenu de base, il me semble préférable d’exposer dès à présent, dans les grandes lignes, le système que je préconise et auquel je me réfèrerai pour formuler mes critiques.

La Société naît de l’instinct de conservation. Des individus d’une même espèce unissent leur force pour survivre. Ils se protègent mutuellement et se garantissent la même sécurité. Les Citoyens sont égaux en Devoirs et en Droits. Il n’y a de Devoirs, de Droits, de Citoyens, de Société, au vrai sens du terme, que dans l’Égalité. L’Égalité n’a aucun sens hors de la Société. Les diverses Sociétés sont toujours entre elles dans un rapport de force.

Les Citoyens sont librement associés. Ils constituent la Cité. La Cité est libre d’intégrer ou de rejeter qui bon lui semble, comme d’exclure ou de punir les Citoyens qui manquent à leurs Devoirs. Un individu n’est Citoyen que lorsqu’il a été admis à remplir les Devoirs du Citoyen, qu’il les remplit en effet et qu’il jouit des Droits du Citoyen. Les enfants ne sont pas Citoyens ; ils sont à la charge de leurs parents et/ou de la Cité.

Parmi les Devoirs fondamentaux du Citoyen figure celui de « participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation ». En retour, tous les Citoyens ont le Droit fondamental « de profiter des bienfaits de leur Cité » et le droit indirect « d’accéder au marché ». Autrement dit, le droit d’accéder au marché est conféré par la Citoyenneté elle-même ; il est indéfini, illimité en théorie et de ce fait égal pour tous. Pour que les Citoyens puissent faire valoir ce droit, il suffit que la Cité les dote d’un moyen d’attester leur Citoyenneté auprès des commerçants, comme par exemple une carte à puce.

Faut-il préciser que le système de la Cité n’est pas monétaire ? En raisonnant en termes de Devoirs et de Droits, et d’après les Principes de l’ordre social, nous sommes arrivés à la conclusion que des Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché de leur Cité parce qu’ils sont Citoyens. C’est donc une logique bien différente de celle du système monétaire dans lequel les individus ne peuvent consommer qu’en proportion de la monnaie dont ils disposent et quels que soient les moyens par lesquels ils se la sont procurée. On sent tout de suite que ce système est fatalement inégalitaire et n’a aucune dimension sociale… et il ne faut pas chercher longtemps pour comprendre pourquoi. Or tous les projets de revenu de base cautionnent de facto le système monétaire. Toutes les notions de justice, de droit, d’égalité, de dignité, etc., ne sont donc, dans la bouche de leurs promoteurs, que des sophismes.

Croient-ils en effet que, parce qu’ils envisagent d’accorder à tous, sans condition, une allocation ridicule (au mieux égale au salaire minimum), ils défendent l’Égalité, ils honorent la Justice, ils font triompher le Droit ? Au contraire ! Ils renversent tous les Principes de l’ordre social. Ils encouragent tous les parasites et insultent les citoyens en leur faisant la charité. Les moins fantasques destinent le revenu de base aux travailleurs ou aux citoyens…. Est-ce donc là tout le prix qu’ils accordent à la citoyenneté ? Quel fossé entre le droit d’accéder librement au marché, reconnu sans peine par la Cité, et cette aumône que les effets pervers de Largent auront tôt fait d’engloutir ! Au lieu de plaindre les « citoyens », ils feraient mieux de reconnaître les droits du Citoyen !

Dans la Cité, tous les individus reconnus Citoyens, parce qu’ils participent d’une manière ou d’une autre à la vie de la Cité, peuvent accéder librement au marché. C’est simple. La question des enfants ne se pose pas : ils sont à la charge de la Cité, ils ne sont donc pas encore Citoyens. La question des retraités (et du financement des retraites) ne se pose pas non plus : ils sont toujours Citoyens ; pas plus que celle des chômeurs : il n’y a pas de chômage (autre que volontaire, puisque la Demande est très supérieure à l’Offre) ; pas plus que celle des étudiants : ils sont déjà Citoyens ; pas plus que celle des conjoints (mères ou pères) au foyer : ils sont Citoyens ; pas plus que celle des immigrés (travailleurs légaux) : ils sont Citoyens (la Citoyenneté n’étant pas confondue avec la Nationalité qui se mérite par d’autres devoirs et à laquelle sont attachés les droits politiques).

Par comparaison, les dispositions de tous les projets de revenu de base sont ridicules et les « philosophies » qui les sous-tendent, indigentes. Tous se gargarisent des droits qu’ils reconnaissent, mais n’octroient finalement que des pourboire à revoir régulièrement à la hausse ou à la baisse selon des considérations affligeantes. Il s’agit de garantir, on ne sait au nom de quoi, des droits d’on ne sait quelle nature. Peu importe de savoir de quels droits la monnaie est le vecteur, et quels devoirs les génèrent ! Résultat : il y a la monnaie que les individus reçoivent de l’État, et celle qu’ils gagnent par leur travail ou leurs magouilles. Autrement dit, la monnaie est conservée, mais soumise à deux logiques différentes et opposées, faute d’aller au bout de l’une ou de l’autre.

J’allais dire que la première de ces logiques est financière, et la deuxième, sociale. Mais ce serait inexact. On ne peut servir à la fois Largent et les Principes. On ne peut d’ailleurs concevoir correctement les Principes quand on se soumet à Largent sans même en avoir conscience. De fait, cette deuxième logique n’est pas celle de la Société, des Principes, du Droit ; ce n’est qu’une conception dénaturée du Droit sous le nom de « droits de l’Homme ». D’après elle, les droits ne se méritent pas, ils sont « naturels », ils appartiennent à tout individu et il suffit de les proclamer pour qu’ils tombent du ciel. L’Homme n’a pas seulement la priorité sur le Citoyen — ce qui serait déjà inverser les choses —, il n’y a plus de Citoyen, plus de Société, plus de Peuple, plus de pays, plus de frontière ; il n’y a plus que des individus et la grande famille humaine. C’est là qu’apparaît la connivence entre le « droits-de-l’hommisme » et le « capitalisme ».

L’individualisme est le propre du système monétaire, car tout système d’échange recourant à la notion de valeur marchande perpétue le schéma du troc, mode d’échange individualiste (entre individus). Prôner l’individualisme pour quelque raison que ce soit est donc tout sauf subversif ! C’est la plus plate soumission à Largent (au capitalisme) qui soit ! Il s’ensuit que droits-de-l’hommistes niais et capitalistes cyniques ne diffèrent que par leur rhétorique ; leurs politiques sont au fond identiques. Tous sont individualistes, qui au nom de l’humain (soi-disant !), qui au nom de Largent, l’individualisme — antisocial et antinational par définition — étant le corollaire de l’universalisme ou, sous un autre nom, du mondialisme.

Voilà ce qui explique pourquoi la plupart des projets de revenu de base, faussement révolutionnaires, sont portés par les idiots utiles du capitalisme, appelés « gauchistes », et divergent sur la question des bénéficiaires faute de prendre les Principes de l’ordre social pour boussole.

Ainsi, certains envisagent d’en faire bénéficier les enfants qui sont pourtant à la charge de leurs parents et de la société. Comme il ne peut évidemment être question qu’ils en disposent avant un certain âge, ces revenus cumulés constitueraient en fait un pécule pour plus tard. Mais alors, pourquoi verser aux enfants une somme mensuelle, avec toute la complexité, les contradictions et les cas particuliers que cela implique, au lieu d’accorder tout simplement ledit pécule à qui de droit le moment venu ? Là encore différentes logiques sont manifestement en œuvre en même temps. On accorde à tous le même droit, par égalitarisme, mais, dans un sursaut de bon sens, on s’avise que des enfants ne sont pas des adultes et ne peuvent jouir des mêmes prérogatives. On invoque « le droit », mais on adopte des mesures monétaires plus ou moins pertinentes qui, dans tous les cas, ne se justifient que par la nature monétaire du système. Bref, on viole les Principes de l’ordre social, d’après lesquels les enfants n’ont aucun droit, du moins pas ceux du Citoyen, et on couvre ce viol, ce ralliement à Largent en dernière instance, sous un blabla droits-de-l’hommiste.

Dès lors que l’on ne raisonne plus en termes de Citoyenneté, Devoirs du Citoyen, Droits du Citoyen, il n’y a plus de limite à la fantaisie, à l’utopie et surtout à l’absurde. Le comble est atteint avec les projets de revenu de base étendus à toute l’humanité. Il est en apparence légitime de vouloir que les besoins vitaux de tous les hommes soient garantis, mais cela soulève une foule de questions insolubles : Que sont les besoins vitaux ? Peut-on définir, en nature et en monnaie, un niveau universel des besoins vitaux ? A qui appartient-il de les garantir ? Dans quelle monnaie le revenu de base doit-il être alloué ? L’idée même d’un revenu de base est-elle pertinente en soi ?

On peut déjà constater que vouloir instaurer un revenu de base à l’échelle planétaire alors qu’il n’existe encore nulle part (si l’on excepte les différentes formes d’aides qui, dans les pays occidentaux, constituent un équivalent), et qu’il n’est même pas sûr que ce soit une bonne idée, revient à vouloir courir avant de savoir marcher. Par ailleurs, vouloir imposer aux autres un projet que l’on n’a pas encore testé chez soi, et quand bien même !, est encore une prétention occidentale dans le plus pur esprit colonialiste. Et ce sont bien sûr des pourfendeurs du colonialisme qui s’érigent en donneurs de leçons ! Enfin, les aspects pratiques d’une mise en œuvre de ce projet au niveau planétaire révèlent l’inutilité d’une telle ambition voire sa dangerosité.

En effet, en supposant qu’il soit possible de définir les besoins vitaux et que tous les pays adoptent le principe d’un revenu de base, ce revenu devra être versé par chaque état, en monnaie locale (nationale) et selon le niveau de vie du pays, de sorte que seul le principe sera universel. En pratique, il ne sera pas alloué à tous les hommes le même revenu, et il appartiendra à chaque État de mettre en œuvre cette mesure. Autrement dit, cette mesure dépendra des États qui feront, au final, comme bon leur plaira. Envisager un revenu de base universel revient donc à vouloir se mêler des affaires des autres pays que le sien, sans avoir les moyens d’influer sur leur politique. C’est une vue de l’esprit. A moins, bien sûr, de considérer que les pays qui rechignent à adopter une telle mesure doivent y être contraints par la force, que les conceptions occidentales justifient de bafouer la souveraineté des peuples ! N’y aurait-il pas là encore quelque relent colonialiste ?

Mais il est également possible d’imaginer un revenu de base universel fixé dans une certaine monnaie (dollar, euro, etc.), chaque pays allouant à ses habitants la somme équivalente en monnaie locale. Cette fois, tous les hommes recevraient bien le même revenu, mais il n’y aurait aucune égalité, puisque, à valeur absolue égale, la valeur relative de ce revenu changerait d’un pays à l’autre suivant la valeur de leur monnaie. Ainsi une somme modique ici serait presque indécente là. Tantôt le revenu de base n’apporterait rien, tantôt il bouleverserait tout. Une telle évidence exclut d’emblée cette conception.

Reste la question de savoir qui verserait ce revenu universel, comment et par qui il serait financé ? (Les adeptes d’un tel projet ont beau croire qu’ils replacent l’Homme au centre, ils conservent le système monétaire dans lequel les considérations financières sont incontournables et prioritaires.) A priori, il devrait incomber aux États de verser ledit revenu à leurs administrés respectifs. Mais beaucoup ne pourront pas le financer eux-mêmes et devront donc faire appel à l’aide internationale. Dès lors, deux hypothèses : soit les pays pauvres contractent un partenariat avec un ou plusieurs pays plus riches et acceptent de fait une forme de protectorat ; soit l’allocation est versée par une instance internationale qui centralise le financement, les fonds provenant essentiellement des pays les plus riches qui contrôlent de facto cette instance et l’utilisent dans leur intérêt. Un projet de revenu de base universel ne serait donc, au final, qu’un instrument de plus de domination des pays prospères sur les pays pauvres, c’est-à-dire des riches et des puissances financières sur le monde, bref un cheval de Troie du capitalo-mondialisme.

Arrivé à ce stade de la réflexion, est-il besoin d’étudier les vices, d’un point de vue technico-économique, des projets de revenu de base ? On ne peut pas résoudre monétairement les problèmes inhérents au système monétaire. Toute mesure financière engendre des effets pervers qui l’annihilent. L’ignorer, c’est condamner les hommes au supplice de Sisyphe. Une société malade ne connaît qu’un seul remède : les Principes de l’ordre social. Mais il ne faut pas compter, pour l’inoculer, sur des « citoyens du monde » autoproclamés qui ne connaissent pas le b.a.-ba de la Citoyenneté !

Le revenu de base ou d’existence est une idée du XVIIIe siècle qui porte en elle les limites techniques et philosophiques de ce siècle. La ressortir au XXIe siècle, c’est méconnaître les faiblesses d’hier et négliger le potentiel d’aujourd’hui, c’est reproduire des erreurs qu’il n’y a plus lieu de faire, c’est s’arrêter devant des obstacles qu’il est désormais possible de surmonter, c’est avoir une révolution de retard. Cette idée n’est pas un progrès mais un piège. Tel le miroir aux alouettes, elle détourne du véritable combat. Le revenu de base garantirait moins l’existence des hommes que celle de Largent qui les tyrannise et qu’il serait facile de renverser. Mais ceci est une autre histoire…

Voir Qu'est-ce que le Civisme ?

19:07 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 07 juin 2013

PENSEE DU JOUR : Ca va de soi

Quand on a tout le système derrière soi, on en est soit l'avant-garde, soit l'idiot utile.

18:42 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

ROBESPIERRE PARLE AUX FRANCAIS (livre)

Pour la première fois, l'intégralité des discours de Robespierre, et bien plus encore.

Présentation : Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est exactement ce qu’ont fait les ennemis de Robespierre, figure de proue de la Révolution, apôtre de la Démocratie et champion de l’Egalité. Ils ont cru qu’en déversant sur sa mémoire les pires calomnies ils étoufferaient son souvenir, ses idées et feraient perdre au Peuple le fruit de ses leçons, de ses conseils et de son sacrifice, qui sont autant d’anathèmes contre eux. Ils ont réussi jusqu’à présent. Presque. Ils n’ont pu entièrement étouffer sa voix. Ils n’ont pu détruire ses discours. Ils n’ont pu rayer ce géant de l’Histoire. Tout a traversé le temps. Du fond de son tombeau, Robespierre exhorte encore les Français à relever la tête, à exiger la Justice, à défendre la Patrie. Si le peuple a oublié que, fut un temps, il n’écoutait et ne suivait que lui, à juste titre, il suffit de souffler sur les braises pour que ses mots et son exemple enflamment à nouveau le cœur des braves gens et rallument l’ardeur révolutionnaire.

Au-delà de son intérêt historique, le présent ouvrage est avant tout un livre de philosophie politique. En 860 pages de texte (900 pages en tout), il restitue l’intégralité des discours de Robespierre et l’essentiel de sa pensée.  Il contient 30 grands discours et rapports, 6 petits discours, 3 discours non prononcés, 11 articles, 6 adresses, 82 interventions plus ou moins complètes (sans compter celles non référencées) et 12 documents divers.

couverture - Robespierre parle aux Français - présentation2.jpg

Pour commander, cliquer ICI


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DU TIRAGE AU SORT (dans le processus législatif)

À l’heure où le mode de sélection par tirage au sort refait parler de lui, notamment grâce aux efforts d’Étienne Chouard, il est temps pour moi de faire une petite mise au point à ce sujet, par rapport l’idée encore confuse, semble-t-il, qu’Étienne et ses émules assignent à ce procédé — qui figure dans ma théorie du Civisme depuis 1998.

Oui, le tirage au sort est nécessaire dans un processus démocratique. Une société de milliers voire de millions de citoyens ne peut pas être en régime démocratique sans recourir à ce procédé. Pour autant, ce procédé n’est qu’un instrument, et aucun procédé, aucun instrument n’est démocratique en soi. La raison en est simple : c’est que la démocratie caractérise un système politique dans sa globalité. Un système est ou n’est pas démocratique. Recourir au tirage au sort au mauvais moment ou de manière illusoire ne garantit en rien la démocratie.

Mais qu’est-ce que la démocratie ? C’est un système politique dans lequel le peuple est réellement souverain, c'est-à-dire que les lois et toutes les décisions prises au nom du peuple sont effectivement approuvées et validées par le peuple lui-même. Voilà pour le principe. Il va cependant de soi qu’il est impossible que des millions de citoyens s’assemblent en permanence pour délibérer ou soient appelés à des référendums tous les jours. Pour autant, tirer prétexte de cette impossibilité pour charger des élus de prendre seuls toutes les décisions, et confisquer ainsi la souveraineté, est un déni démocratique. Il faut donc saisir l’esprit du principe et imaginer une astuce pour le mettre en œuvre, et non le prendre au pied de lettre pour le discréditer ou le dénaturer pour le violer. Il s’agit de trouver un équilibre entre la démocratie directe et le système soi-disant représentatif.

Tout d’abord, le renoncement à la démocratie directe ne signifie pas que le peuple ne doit jamais être consulté directement. Il s’agit seulement de ne pas abuser de ce type de consultation, de réserver les référendums pour les grands sujets voire pour les questions qui n’ont pu être tranchées à un autre niveau ou encore pour celles sur lesquelles le peuple a lui-même exigé d’être consulté (référendum d’initiative populaire).

Maintenant, comment les lois et la politique du gouvernement peuvent-elles recevoir la caution populaire sans que le peuple soit systématiquement consulté dans son entier ? C’est cette difficulté que le tirage au sort, de par sa nature, permet de surmonter ; c’est ici qu’il peut et doit intervenir.

Puisqu’il est impossible de consulter le peuple dans son entier en permanence, il faut qu’une instance permanente le représente. Le bon sens et l’expérience montrent qu’une instance composée d’élus n’est pas représentative. La meilleure et la seule façon d’obtenir une représentation du peuple est de tirer ses membres au sort parmi le peuple. Attention ! il ne s’agit pas de sélectionner ainsi un individu qui ne représenterait guère qu’une infime partie du peuple, mais d’en sélectionner une quantité adéquate (par exemple un millier) qui, par de par la loi des grands nombres, reflèterait, autant qu’il est possible, le peuple dans toute sa diversité. Ce n’est ni plus ni moins que le principe du jury populaire, déjà en vigueur dans les tribunaux criminels.

Voilà donc le moyen simple de soumettre les lois et la politique du gouvernement à l’opinion publique sans consulter systématiquement le peuple, et de contrebalancer les vices de la machine politique, quel que soit le mode de composition de chacun de ses rouages. Il n’y a pas besoin d’instituer le tirage au sort à tous les niveaux pour garantir la démocratie ; il suffit que le peuple soit constitutionnellement au bout de la chaîne de décision.

Notons cependant que ce jury national n’étant pas le peuple lui-même, ses décisions ne peuvent être prises à la simple majorité, mais doivent l’être à une forte majorité (par exemple les deux tiers), afin que l’on puisse dire que son opinion est sans conteste partagée par au moins la majorité du peuple et qu’elle a donc légitimement force de loi. Notons également que, si ce jury a pour fonction de valider positivement les lois qui lui sont présentées par le Parlement, afin de bloquer celles qui ne font pas consensus, il doit seulement pouvoir s’opposer à la politique du gouvernement afin de ne pas le paralyser, c’est-à-dire que, dans le premier cas, il doit voter « pour », et, dans le second, « contre ».

Je viens de décrire ici, à grand traits, l’institution qui, dans le Civisme ou théorie de la Cité, porte le nom de Tribunal de l’Opinion Publique. Je ne suis pas entré dans les détails du renouvellement, de l’étendue des pouvoirs, des compétences, du fonctionnement, des garanties individuelles, des cas particuliers, etc.. Mon propos était de rappeler que j’adhère à l’idée de tirage au sort pour que les critiques qui vont suivre ne soient pas prises pour une condamnation de cette idée. 

Avant de me lancer, je répondrai à une objection que le système que j’ai présenté ne manquera pas de soulever : Pourquoi conserver un Parlement composé d’élus ? Parce qu’il est bon, en effet, que les pouvoirs soient réellement séparés et tous assujettis au peuple. Dans ce système, Gouvernement et Parlement sont les instruments du peuple et ne sont pas mis en balance ; il n’y a pas de rapport entre eux ; l’ouvrage de l’un et de l’autre est directement soumis au T.O.P., conformément au Principe. Cela n’aurait donc aucun sens de les composer de la même manière ; cela créerait même des conflits de légitimité, car tous seraient alors légitimes. Maintenant, si l’on investissait le T.O.P. lui-même du pouvoir législatif, donc plus de Parlement élu, le Gouvernement serait de fait soumis au pouvoir législatif, donc pas de séparation des pouvoirs, ce qui ne serait pas sans inconvénients. Il me semble préférable que le peuple, via le T.O.P., garde de la hauteur, tel un inspecteur des travaux finis, et confie les tâches quotidiennes à des élus, sans toutefois leur abandonner la souveraineté. Par ailleurs, même si des élections ne sont pas la garantie de la démocratie, elles ne la compromettent pas non plus dans le système présent : alors pourquoi en priver le peuple, lui qui est attaché à cette tradition ? D’autant plus que rares seront au final les citoyens appelés à siéger au T.O.P. et que des élections seront pour la plupart d’entre eux la seule façon de participer à la formation des lois, sauf référendums.

Mais nous parlons dans le vide ! Exposer ce système — ou de manière générale le procédé du tirage au sort — n’a aucun intérêt si l’on voit en lui la solution miracle. Le Civisme ne le mentionne que comme une mesure secondaire, comme une conséquence de la Révolution. Car la Révolution est ailleurs, et focaliser sur des mesures de cet ordre détourne de l’essentiel.

Imaginons qu’un tel système politique soit mis en place : le système économique, lui, reste tel qu’il est. Or ce système est de nature monétaire et, dans un système monétaire, il y a fatalement, de par les principes de fonctionnement de la monnaie et le jeu des valeurs, indépendamment des qualités individuelles, des riches et des pauvres. Dès lors, à quoi bon réformer le système politique si les riches restent riches et les pauvres, pauvres ? Si la Démocratie n’apporte pas l’Égalité, quel intérêt a-t-elle ? Entendons que l’Égalité implique de sortir du système monétaire (comment n’est pas ici le sujet). On pourrait dire que c’est une chose à laquelle les citoyens penseront et qu’ils réaliseront une fois que le système politique sera démocratique. Non, pour deux raisons.

La première, c’est que quand on attend tout d’une réforme politique et de nouvelles lois, on croit que tout dépend de soi et des hommes, on croit pouvoir dompter la nature des choses au lieu de la remettre en cause ; il ne vient pas à l’esprit que l’inégalité n’est pas le fait des hommes, mais du système monétaire et plus encore de ce que le Civisme appelle Largent (= croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Alors, quoique tous les efforts en faveur de l’Égalité s’avèrent impuissants, on s’acharne, on s’agite, on s’accroche, on s’énerve, on massacre, on tourne en rond et, au final, les riches reprennent le pouvoir.

La deuxième, c’est que, précisément, les riches ont par définition le pouvoir et ne le perdent pas, sauf exception et au profit de nouveaux riches. Dans un système monétaire, tout le monde a besoin d’argent, et le pouvoir politique est à la botte de ceux qui ont le pouvoir économique, c’est-à-dire de ceux (individus ou groupes) qui ont l’argent. Même si la démocratie ne compromet pas leur puissance, parce qu’ils ont les moyens de tout corrompre, elle est une gêne potentielle et un risque qu’ils ne courent pas. Ils ne permettront jamais l’instauration d’un système politique démocratique et tout ce qui, sous leur empire, ressemble à la démocratie est nécessairement illusoire.

Il s’ensuit que l’instauration de la démocratie ne peut se faire que par un coup de force et que, même si d’aventure ce coup de force réussit, le fait que le système demeure monétaire permettra rapidement aux riches de la dénaturer, de sorte que des trésors d’énergie auront été gaspillés, que tout sera bientôt à recommencer et que les bonnes leçons ne seront peut-être même pas tirées. En clair, la Démocratie n’apportera pas l’Égalité, car l’inégalité ne permet pas la Démocratie. Il faut d’abord instaurer l’Égalité pour que la Démocratie advienne et ait un sens. Il faut donc avoir comme première ambition de renverser Largent au nom de l’Égalité. D’ailleurs, l’Égalité — principe fondamental de l’ordre social — est le leitmotiv de toute révolution digne de ce nom. Dès lors, de deux choses l’une : soit on sait comment terrasser Largent et instaurer l’Égalité, et c’est ce qu’il faut expliquer et accomplir en priorité, sans tourner autour du pot ; soit on ne le sait pas, auquel cas on ne fera jamais de révolution, même avec les meilleures intentions du monde.

L’idée du tirage au sort n’est pas révolutionnaire en soi. Même en ayant une idée juste de la manière dont ce mode de sélection doit intervenir dans le processus législatif, cela peut constituer des revendications mais n’ouvre en rien la porte de la révolution. Il en est de même pour l’idée de réunir une assemblée constituante tirée au sort, d’après la maxime, pourtant pleine de bon sens, que « ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ». 

Tout d’abord — en restant sur le plan de cette idée dont le but est la démocratie —, même s’il est certain que des citoyens ordinaires détruiraient nombre d’abus que des élus s’autorisent quand leur sort dépend de leur bon vouloir, cela ne signifie pas qu’ils parviendraient à concevoir un système démocratique. Première faille ! S’ils y parvenaient, cela ne signifie pas que les règles imaginées par eux entreraient en vigueur : d’une part, la constitution, si elle est soumise à référendum, pourrait être rejetée (comptons sur les riches et les médias à leur solde pour effrayer la population) ; d’autre part, à moins de concentrer tous les pouvoirs, comme les Assemblées sous la Révolution française, LE pouvoir ne réside pas dans l’assemblée constituante mais dans le gouvernement qui, dès lors, pourrait dissoudre l’assemblée ou détruire son ouvrage sous divers prétextes (exemple islandais). Deuxième faille !

Il faut donc retenir deux choses : 1) Si le but est d’instaurer la démocratie, peu importe qui rédige la constitution — penseur isolé, comité, assemblée — et quand, pourvu qu’elle soit authentiquement démocratique. Alors, la soumettre à référendum n’est même pas obligatoire. Il peut en effet être nécessaire de l’imposer sans consulter le peuple pour déjouer les manœuvres des ennemis du peuple et lui rendre ainsi la souveraineté malgré lui. 2) Il n’y a pas de révolution sans gouvernement révolutionnaire. Tant que le gouvernement n’est pas entre les mains des révolutionnaires, il est entre celles des contre-révolutionnaires. Focaliser sur la question d’une assemblée constituante tirée au sort, c’est évidemment laisser le champ libre à ces derniers et on peut être sûr qu’ils useront de leur pouvoir pour empêcher la convocation d’une telle assemblée ou pour torpiller son travail. Mieux vaut donc élaborer un projet social béton et se donner les moyens d’arriver au pouvoir — ou de le prendre — pour le mettre en œuvre que de rêver à l’adoption d’un procédé soi-disant démocratique qui ne porte pas en lui-même la promesse de la démocratie et dont l’échec est d’avance programmé.

D’autant plus que les adeptes du tirage au sort et de la discussion sans fin se méfient à l’excès du pouvoir et des décisions arrêtées. Reprochant au pouvoir de corrompre les hommes et aux hommes de pouvoir d’être corrompus, ce qui est généralement vrai, ils rejettent, pour leur mouvement, toute idée de hiérarchie et, surtout, toute idée de chef. Ils croient qu’un mouvement diffus donnera moins de prise à l’oligarchie. (Au mieux envisagent-ils des fonctions dirigeantes remplies à tour de rôle par des membres tirés au sort.) Mais pourquoi l’oligarchie s’inquièterait-elle d’un mouvement qui se décapite tout seul et organise lui-même son impuissance ? La terrible vérité, attestée dans toute l’Histoire, c’est qu’une foule sans chef vaut moins qu’un petit nombre organisé et que les hommes de bien, capables d’entraîner les autres, doivent savoir prendre leurs responsabilités, quitte à se faire violence. L’anarchie fait des martyrs, pas des révolutions ! On ne gagne pas un rapport de force avec seulement des scrupules et de bons sentiments, encore moins avec des sophismes ! De même, on ne peut avancer qu’en s’appuyant sur des idées arrêtées. Or rédiger eux-mêmes une constitution afin de rallier le peuple autour d’elle est encore une chose à laquelle les partisans du tirage au sort se refusent, puisqu’un tel texte devrait, selon eux, être rédigé librement, le moment venu, par les tirés au sort. Autrement dit, ils ne proposent pas au peuple de se battre pour une fin définie et enthousiasmante, mais pour un moyen inédit et effarant. Qui va les suivre sans savoir où il s’agit d’aller ?

Enfin, et j’aurais pu commencer par cela, cette idée de tirage au sort, destinée à changer la société, n’est pas un projet social mais fait néanmoins implicitement appel à des concepts sociaux dont il n’est cependant jamais question, me semble-t-il, alors qu’il est primordial de les définir. Avant de modifier le système législatif d’une société, ne faudrait-il pas se demander ce qu’est une société ? Avant de tirer des citoyens au sort, ne faudrait-il pas se demander ce qu’est un citoyen, qui l’est, qui ne l’est pas, à quelle condition ? Avant de reconnaître le droit de cité, ne faudrait-il pas définir le corps politique ? Et ainsi de suite. En fait, il faudrait se pencher sur les notions de peuple, de société, de citoyenneté, de nationalité, de devoir, de droit, de loi, d’Égalité, etc., au lieu d’utiliser par défaut ces notions telles que les fournit le système actuel qu’il s’agit d’abattre. Mais il n’y a pas à s’étonner si l’on retrouve ici encore cette manie de mettre la charrue avant les bœufs.

Philippe Landeux

jeudi 23 mai 2013

Sur le tirage au sort et le Civisme, voir :

L'organisation politique de la Cité

Les fonctions citoyennes dans la Cité

18:41 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 05 juin 2013

PENSEE DU JOUR : droit de vote des étrangers

Le droit de vote des étrangers ne fera pas d'eux des Français ; il fera des Français des étrangers dans leur propre pays.

dimanche, 02 juin 2013

PENSEE DU JOUR : des jongleries

Toute mesure qui consiste en jongleries monétaires est par essence contre-révolutionnaire. On ne change pas le système, on ne sort pas du système tant que l'on ne fait pas sienne la devise : Largent est un tyran !