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dimanche, 26 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : la nausée

Les gauchistes sont touchés par une étrange épidémie : les nausées abondent parmi eux. Que voulez-vous ?! Quand on ne sort pas la tête de son cul !

samedi, 25 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : Joyeux Noël

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19:30 Écrit par Philippe Landeux dans 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 23 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : météo

Ne demande pas le temps à la météo. Ouvre ta fenêtre.

DE LA PEINE DE MORT

réponse à Gillinoui 

 

Dans un article paru le 13 décembre 2010 dans  Riposte Laïque, Gillinoui a fait la déclaration suivante :  

« Marine le Pen, elle, parce qu’elle se déclare favorable à l’application de la peine de mort se situe délibérément dans un camp où jamais je ne mettrai les pieds. Et c’est pour cette raison-là qu’il est indigne de cautionner cette personne quand bien même elle tient un discours sur l’islamisation de la société qui est juste. » (Question d’éthique : je n’aurai jamais rien de commun avec Marine Le Pen, à cause de la peine de mort)

A l’heure où une guerre civile nous pend au nez, je trouve cela surréaliste. Comment peut-on mettre en balance le salut de la France et le sort d’individus qui ne méritent plus de vivre ? Le prix de la bonne conscience doit-il être des flots de sang plutôt que quelques gouttes ? N’y a-t-il pas des priorités qu’il est indécent de renverser sous quelque prétexte que ce soit ?

Pourtant, je vais vous étonner, je suis moi aussi contre la peine de mort. Mais je ne suis pas contre comme Badinter, par humanité ou sensiblerie, mais comme Robespierre, par principe, je veux dire au nom des principes de l’ordre social.

Peu de gens savent que Robespierre fut en effet parmi les premiers à réclamer l’abolition de la peine de mort (30 mai 1791). Quant à ceux qui ont vu dans ses positions ultérieures une contradiction, ils ont comme d’habitude confondu leurs impressions avec la réalité. Car c’est au nom du droit à la légitime défense que les individus ont face à leurs agresseurs mais que la société n’a pas face à des auteurs de crimes ou délits de droit commun qui ne la menacent pas que Robespierre s’est opposé à la peine de mort. Ainsi avait-il débuté son discours par les mots suivants :

« Hors de la société civile, qu’un ennemi acharné vienne attaquer mes jours, ou que, repoussé vingt fois, il revienne encore ravager le champ que mes mains ont cultivé, puisque je ne puis opposer que mes forces individuelles aux siennes, il faut que je périsse ou que je le tue ; et la loi de la défense naturelle me justifie et m’approuve. Mais dans la société, quand la force de tous est armée contre un seul, quel principe de justice peut l’autoriser à lui donner la mort ? »

La France était alors en paix. Mais quand la France fut en guerre et la République, menacée, quand la société eut à se défendre, le même principe l’autorisait à tuer et justifiait la mort des contre-révolutionnaires, donc leur exécution. C’est ce qu’il explicita le 2 décembre 1792, lors du procès du roi : 

« J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’assemblée que vous nommez encore constituante ; et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison lui ont paru des hérésies morales et politiques. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de les réclamer en faveur de tant de malheureux dont les délits sont moins les leurs que ceux du gouvernement, par quelle fatalité vous en souvenez-vous seulement pour plaider la cause du plus grand de tous les criminels ? Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer. Oui, la peine de mort, en général, est un crime, et par cette raison seule que, d’après les principes indestructibles de la nature, elle ne peut être justifiée que dans les cas où elle est nécessaire à la sûreté des individus ou du corps social. Or, jamais la sûreté publique ne la provoque contre les délits ordinaires, parce que la société peut toujours les prévenir par d’autres moyens, et mettre le coupable dans l’impuissance de lui nuire. »

Quand, un an plus tard, le 25 décembre 1793, Robespierre établit la théorie du gouvernement révolutionnaire et justifia la Terreur, ses principes étaient inchangés ; ils étaient seulement appliqués selon les circonstances (1). Cette fois, il ne se préoccupa plus des droits communs (toujours soumis aux lois ordinaires) mais seulement des contre-révolutionnaires.     

Or ce sont les Robespierre qui sauvent la République, pas les Badinter qui la vendent à l’Europe, pas les pacifistes qui se font dérouiller et finissent par collaborer, pas les individualistes qui jouissent jusqu’à ce que leur intérêt leur commande de se cavaler ou qui donnent des leçons de bonne conscience jusqu’à ce qu’ils n’aient plus que les yeux pour pleurer.   

Il faut distinguer la peine de mort du droit de tuer, les crimes et délits de droit commun des crimes et délits politiques, se défendre de faire justice soi-même. Au contraire, les abolitionnistes ont généralement tendance à tout mélanger. Sous prétexte que la société n’a pas le droit de tuer dans le cas général, ils en ont conclu qu’elle n’a jamais le droit de tuer, que tuer c’est mal et, partant, que ni la société ni les individus ne doivent être armés et même que quelqu’un qui tue pour se défendre est un criminel. A force d’être conduits par autre chose que les principes, ils finissent par les renverser et par prendre leurs sophismes — fondés sur leur sensibilité, leur individualité, leur humeur — pour boussole. A force d’interdire de tuer des criminels, ils finissent par interdire de leur porter atteinte de quelque manière que ce soit, par les ménager à l’excès, par mettre indirectement mais concrètement leur intérêt au-dessus de tout. Ainsi ils reportent sur leurs détracteurs et sur tous ceux qui ne partagent pas leurs sophismes la haine que seuls les criminels devraient leur inspirer ; ils transforment les coupables en victimes, les victimes en coupables ; ils voient des lois là où il n’y a en pas, des citoyens là où il n’y en a plus, et inversement. Le plus achevé de leurs sophismes est bien sûr leur position sur la notion même de légitime défense qu’ils prétendent reconnaître mais qu’ils restreignent tellement — avec l’absurde défense proportionnelle, pendant de la non moins aberrante proportionnalité des peines — qu’elle n’existe pas dans les faits. [http://www.ripostelaique.com/Affaire-Galinier-Legitime-de...]

L’abolition de la peine de mort ainsi motivée est plus funeste que la peine de mort elle-même. Nous venons de voir qu’elle conduit à interdire aux citoyens le droit de se défendre. Or ceci ne peut que décupler l’audace des délinquants et des criminels, créer un climat d’insécurité (alors que la sécurité est le premier des droits du Citoyen, et la garantir, le premier devoir de la Cité), dénaturer les notions de droit (puisque la société ne considère plus comme sacrés les droits qu’elle reconnaît à ses citoyens qu’ils devraient donc pouvoir défendre eux-mêmes au besoin, alors que, dans le même temps, elle en reconnaît à des individus qui, ayant rompu le contrat social, n’en ont plus d’après les principes), proscrire le bon sens et le courage, tuer l’esprit civique voire faire des citoyens des lâches, discréditer la Justice et l’Etat. Le sort d’individus méprisables méritent-ils tant de désastres sociaux ? L’homme juste doit-il sacrifier le troupeau pour sauver une brebis, galeuse qui plus est ?  

Je le redis, les principes de l’ordre social s’opposent à l’exécution des condamnés de droit commun, mais ces mêmes principes prescrivent à la société de se préoccuper exclusivement de ses citoyens. Si les principes ne peuvent être respectés sans dommage pour les citoyens, en faveur d’individus étrangers à la cité, ils doivent être violés. Du reste, seule une humanité perverse peut tourner les principes contre les citoyens au nom d’individus qui n’en sont pas ou plus. La véritable humanité ajoute aux principes sans les altérer ; elle ne s’épand sur les hommes (des étrangers) qu’une fois les droits des citoyens assurés (du moins n’est-elle pour rien s’ils ne le sont pas ou n’aggrave-t-elle pas leur situation).

Au vrai, un autre principe pourrait être invoqué en faveur cette fois de la peine de mort, celui d’après lequel quiconque rompt le pacte social devient étranger voire ennemi du corps social, lequel peut donc, non en vertu du droit mais en vertu de la force (car ils ne sont plus l’un envers l’autre dans un rapport de droit mais dans un rapport de force), le traiter comme il veut : bannissement, enfermement, exécution. Ce principe ne prescrit pas la peine de mort, mais il n’exclut pas que la société la prononce même pour les crimes et délits de droit commun. C’est donc faire preuve d’humanité que d’invoquer en faveur des coupables le principe de légitime défense qui leur est plus avantageux, qui du moins épargne leur vie.

Mais l’humanité qui valide un principe sans le savoir va toujours trop loin. Quand le principe épargne la vie des criminels et les condamne à l’enfermement, elle surenchérit et prétend qu’il faut les rendre à la vie civile. Au nom de quoi ? Les actes qui mériteraient la mort se payent au moins de la liberté ad vitam æternam. On ne peut pas, d’un côté, laisser des criminels en vie et, d’un autre, les pleurer en tant que détenus. Si l’on ne veut pas que les criminels soient tourmentés par la perspective d’une détention jusqu’à la mort, il faut abréger leurs tourments, leur ôter la vie ou, mieux, leur permettre de le faire. (Un des arguments des abolitionnistes est que la société ne peut charger d’un meurtre la conscience des citoyens qui exécutent ses arrêts. La difficulté serait donc levée si les criminels avaient la possibilité de se supprimer eux-mêmes, ce qu’ils ont toujours en réalité.)

Telle est pourtant la politique qui prévaut aujourd’hui : la détention à perpétuité, au sens littéral, n’existe pas. Tous les prétextes sont bons pour relâcher au plus vite les criminels. Cette politique découle des raisons fumeuses pour lesquelles la peine de mort a été abolie. Et la fumisterie croit faire diversion en lançant deux faux débats qui sont autant d’écrans de fumée : le premier, comme nous venons de le voir, sur la détention à vie, le second sur la récidive.

Le principe qui proscrit la peine de mort pour les crimes et délits de droit commun prescrit la détention des criminels à vie et dans la solitude, ce qui, en réalité, est déjà inconsciemment une déduction humaniste. En effet, si la société n’a pas le droit de les tuer, elle n’a en revanche aucun devoir envers eux, pas même celui de les nourrir ni de les protéger. A défaut d’une mort violente, ils devraient mourir à petit feu, dans un coin, sans que personne ne porte la main sur eux et n’accable sa conscience. C’est donc bien un sentiment d’humanité (2) qui porte la société non seulement à épargner leur vie mais à la leur conserver tout en préservant ses citoyens de leurs atteintes. Or, pour que cette marque humanité ne contrevienne pas au principe, elle doit être aussi infaillible que lui en ce qui concerne la protection des citoyens. Si rien ne peut mettre autant hors d’état de nuire les criminels que leur exécution ou leur abandon jusqu’à ce que mort s’ensuive, il n’y a qu’une façon de les garder en vie sans qu’ils puissent nuire à nouveau, c’est de ne jamais les relâcher. Le mal profond et irréparable qu’ils ont fait justifie amplement qu’ils soient à jamais privés de droits et de liberté. Se demander si un criminel présenterait ou non un risque de récidive s’il était libéré est donc une question oiseuse ; elle ne se pose ni d’après les principes ni d’après l’humanité bien comprise. Seuls des sophistes peuvent se la poser, prendre le risque inutile que leurs anges fassent de nouvelles victimes et pousser l’impudence jusqu’à s’interroger sur les moyens efficaces de prévenir la récidive.

Evidemment, le grand argument de l’humanité perverse et prétentieuse est que les criminels détenus sont des hommes… comme si les victimes n’en étaient pas ! Elle ajoute, pour sa défense, que l’humanité consiste à avoir de la compassion pour tous les hommes, même les coupables. Certes ! Mais la compassion ne devient-elle pas de la complicité quand elle ouvre la porte à la récidive ? quand il apparaît qu’elle n’est finalement réservée qu’aux coupables ? Quelle est donc cette passion qui fait des derniers des hommes de grandes causes et présente comme des monstres ceux qui crient justice et même vengeance ?

Cette humanité désastreuse est celle qui soulève M. Gillinoui. Il ne parvient pas à combiner principes et humanité. Il raisonne bien, et soudain il s’emporte.

En plus de tout ce que je viens de dire, je ferais tout d’abord observer que tuer n’est pas toujours un meurtre. Un bourreau qui, au nom et sur ordre de la société, tue un condamné n’est pas un meurtrier. Si ce condamné est innocent, il s’agit bien d’un meurtre, mais c’est la société tout entière qui en est coupable et non le bourreau. Comme la société ne peut se juger ni se condamner elle-même, elle ne peut que reconnaître son erreur et essayer de la réparer vis-à-vis des proches de la victime. Maintenant, si le condamné est effectivement coupable, le tuer n’est pas un meurtre pour la simple raison qu’il n’a aucun droit, puisqu’en commettant son acte, il s’est lui-même exclu de la société et de l’état de droit.

On ne peut appeler meurtre ou tentative de meurtre que l’acte de tuer ou visant à tuer sans raison ou obligation un individu avec lequel on est à l’origine dans un rapport de droit, soit un concitoyen ou un étranger protégé par des conventions internationales. Celui qui, par ses actes, sort de l’état de droit et parvient à ses fins est un meurtrier aux yeux de la société. Si sa cible parvient à retourner la situation et le tue, ce n’est pas un meurtre, mais un acte de légitime défense applaudi par la société. (La peine de mort relève de ce cas, même si, comme je l’ai expliqué, une certaine interprétation des principes peut justifier son abolition.) En somme, il n’y a pas de « meurtre » quand un citoyen, n’importe lequel, tue un être étranger au corps social ou quand un être étranger depuis toujours au corps social tue un citoyen. Dans le premier cas, la société n’engage aucune poursuite car elle ne peut poursuivre un citoyen auquel elle doit garantir des droits au nom d’un être auquel elle n’en reconnaît pas. Dans le second cas, la société peut poursuivre l’intéressé voire le tuer sans autre forme de procès mais pas l’accuser de meurtre. Imaginons qu’un citoyen tue un animal ou qu’un animal tue un citoyen… On ne parle de meurtre ni dans un cas ni dans l’autre.

Il s’ensuit que les affirmations suivantes « Cette mise à mort, quoiqu’on en pense, est un meurtre de sang-froid réalisé au nom de la société sur un individu sans défense, lequel meurtre, logiquement devrait appeler à un jugement qui tout aussi logiquement devrait conduire à la peine de mort. Jusqu’à l’absurde. Mais ce meurtre est également perpétré par délégation de la société, il est donc perpétré au nom de la société tout entière. Par conséquent, tous les membres de la société en sont coupables par complicité (laquelle complicité vaut meurtre, la justice n’accordant pas de circonstances atténuantes en la matière) » reposent sur des sophismes.

M. Gillinoui se pose ensuite comme un homme de raison, un homme de principes, en disant que, même si ses enfants étaient assassinés, « il est certain que jamais je n’aurais la lâcheté suprême de demander à la société qu’elle me venge en mon lieu et place ». Le tout est assorti de belles phrases qui y ferait presque croire. « Mille fois entendues, ces réflexions faisant appel à l’émotion individuelle, tentent d’amalgamer le nécessaire souci de justice dans la société et la pulsion de vengeance individuelle. » Mais c’est pour mieux céder par ailleurs à l’individualisme, au sentimentalisme, à la fausse humanité. L’individualisme, M. Gillinoui, ne réside pas seulement dans l’égoïsme ; il consiste surtout à tout juger en tant qu’individu, à tout ramener à ses opinions personnelles. Sans vous en rendre compte, vous avez fait de votre opinion un principe au nom duquel vous condamnez les opinions contraires. Sous prétexte qu’il serait lâche à vos yeux de réclamer la peine de mort et d’être vengé par la société au lieu de vous venger vous-mêmes, vous blâmez, vous traitez de lâches ceux qui pourraient la réclamer. Or la question n’est pas de savoir si être pour ou contre la peine de mort est être lâche ou non, mais si cette peine est juste ou non, conforme ou non aux principes. Vous n’avez pas dit : « la société a le droit ou n’a pas le droit de faire ce si ou cela parce que, d’après tel principe de l’ordre social, … ». Non ! Vous avez fait l’inverse. Vous avez posé que la peine de mort est un meurtre selon vous, d’où il découle que la société n’a pas, toujours selon vous, le droit moral de la prononcer. Ce n’est pas un principe ; c’est votre opinion qui, en tant que telle, en vaut une autre.

Pourtant, votre petit texte contient tous les éléments d’un argumentaire bien plus solide en faveur de l’abolition de la peine de mort pour les crimes et délits de droit commun.

Vous avez dit : « Cette mise à mort, quoiqu’on en pense, est un meurtre de sang-froid réalisé au nom de la société sur un individu sans défense ». Ceci aurait pu appeler, aurait du amener des développements sur le principe de légitime défense. Vous auriez du dire que la société n’étant pas en état de légitime défense vis-à-vis d’un individu maîtrisé et incapable de lui nuire n’a pas le droit de le tuer, même si elle en a le pouvoir. Au passage, vous auriez expliqué pourquoi des individus agressés ont, eux, le droit social et « naturel » de tuer leurs agresseurs s’ils en ont la possibilité.  

Un peu plus loin vous dites : « Jamais je n’aurai l’indignité de chercher à entraîner le reste de la société dans un désir de vengeance qui ne la concerne en rien. » Ceci renvoyait de nouveau au principe de légitime défense et permettait d’élargir la question. La société n’est effectivement en rien concernée par les crimes et délits de droit commun. Les victimes sont bien des citoyens, mais son existence à elle n’est pas menacée, sauf cas particuliers (3). Mais votre discours ne tient plus, ou plutôt le revers de votre discours est que, lorsque les crimes et délits la concernent, la visent, la menacent, ils la mettent en état de légitime défense et l’autorisent à tuer (non pour se venger, mais simplement pour se défendre), ce qu’elle ne peut évidemment faire qu’à travers des hommes. C’est sur ce principe que sont instituées les forces armées. Un soldat tue par procuration. On n’appelle pas cela peine de mort, mais il tue bien au nom de la société à l’instar d’un bourreau.

Rien, évidemment, ne menace plus l’existence d’une société ou d’un régime que des forces armées, que ce soit celles d’une puissance extérieure (guerre étrangère) ou d’une fraction de la population (guerre civile). Ces situations existent. Dans ces conditions, la société a-t-elle le droit de tuer pour se défendre et conjurer tout danger ? Oui, d’après l’expression « qui ne la concerne en rien », puisqu’elle est alors concernée au plus haut point. Non, d’après l’essentiel de votre argumentation qui condamne sans nuance tout acte de tuer.

N’ayant pas envisagé le cas principal dans lequel la société a le droit de tuer, vous ne pourriez apporter une réponse correcte à un cas particulier : le terrorisme, qui est un acte de guerre en temps de paix. L’objectif du terrorisme est de déstabiliser par des moyens violents ou redoutables la société ou le pouvoir en place. Des terroristes ne relèvent donc pas du droit commun et sont passibles de la peine de mort. Lorsque les terroristes sont nombreux et agissent à grande échelle, l’opinion publique ressent la menace dans sa chair et perçoit l’état de guerre. Mais lorsqu’ils sont peu nombreux et frappent rarement, s’ils sont en guerre contre la société quoiqu’ils ne la troublent pas beaucoup, il se trouve toujours des sophistes pour pleurer sur leur sort si d’aventure ils sont capturés, pour exiger en leur faveur le régime des droits communs, voire la libération de leurs héros. Une société ayant aboli la peine de mort par humanité et non par principe sera prise au piège. Elle les gardera en vie et exposera ses citoyens à des représailles de la part de leurs complices ou à des attentats pour les faire libérer. Contrairement aux véritables droits communs, des terroristes ne sont pas seuls et sans défense : ils représentent un danger même une fois maîtrisés. Si une société ne peut les condamner à mort ouvertement, l’idéal, pour elle, sera de les abattre au lieu de les capturer, ou de les tuer en douce… et ainsi de couper court à toute discussion.

Enfin, un dernier détail. Quand la société a le droit de tuer, de prononcer la peine de mort, il dépend d’elle de l’exercer ou non. Un droit n’est pas une obligation mais simplement une possibilité légitime. C’est alors à elle, à ses représentants, de juger du meilleur parti à prendre envers les coupables. Elle peut donc décider de ne pas l’exercer, mais il doit alors être clair pour tous qu’elle a bel et bien ce droit d’après les principes et que, si elle fait montre d’humanité envers les coupables, elle ne leur sacrifiera pas les principes et l’intérêt général. 

En conclusion, tout est question de proportions ou de circonstances. La société n’échappe pas à cette règle. Elle ne peut faire d’une décision prise en un temps, pour un objet particulier sans même que cet objet soit précisé, une loi universelle qui s’appliquera à des cas pour lesquels elle sera insensée et désastreuse. La décision d’abolir la peine de mort fut prise dans cet esprit-là.

Comme il ne fut pas précisé que cela concernait les auteurs de crimes et délits de droit commun, comme cela n’était même pas dans l’esprit des législateurs, certains ont cru et croient encore que la société n’a le droit de tuer personne et devait à jamais se l’interdire comme on dit Fontaine… Pareille décision fut davantage dictée par la passion que par la raison, en aucun cas par les principes. Le remède fut pire que le mal. Pour proscrire un abus, on en créa cent autres. Pour épargner quelques monstres, on bouleversa la vie de milliers de citoyens. Il n’y a donc rien d’étonnant si certains prônent le rétablissement de la peine de mort. Leurs motifs ne reposent pas plus sur les principes que ceux des abolitionnistes. Du moins ont-ils le mérite de ramener la question à son véritable point : l’intérêt général. Au lieu d’agiter en faveur des criminels les inconvénients théoriques de la peine de mort, ils constatent les effets pervers pour les citoyens de son abolition dans les conditions actuelles et, entre deux maux, ils choisissent le moindre : son rétablissement. Personnellement, j’ai trop de compassion pour les victimes pour avoir la moindre pitié pour les criminels avérés. Je joindrais donc volontiers ma voix à la leur, sur ce sujet, si je ne considérais que la loi doit en toute chose prendre les principes pour boussole.

Du reste, à l’heure où la survie d’une nation est en jeu, où le pire épisode de son histoire se profile à l’horizon, où des décisions importantes et radicales sont à prendre, soutenir un leader politique en fonction de sa position sur la peine de mort qui concernerait directement une quantité infime d’individus, c’est pousser l’inconséquence à son comble.

 

Philippe Landeux

 

NOTES

(1) Principes du gouvernement révolutionnaire, discours prononcé par Robespierre au nom du Comité de salut public devant la Convention, le 5 nivôse an II :

« La fonction du gouvernement est de diriger les forces morales et physiques de la nation vers le but de son institution.
« Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République ; celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder.
« La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible.
« Le gouvernement révolutionnaire a besoin d'une activité extraordinaire, précisément parce qu'il est en guerre. Il est soumis à des règles moins uniformes et moins rigoureuses, parce que les circonstances où il se trouve sont orageuses et mobiles, et surtout parce qu'il est forcé de déployer sans cesse des ressources nouvelles et rapides, pour des dangers nouveaux et pressans.
« Le gouvernement constitutionnel s'occupe principalement de la liberté civile : et le gouvernement révolutionnaire, de la liberté publique. Sous le régime constitutionnel, il suffit presque de protéger les individus contre les abus de la puissance publique : sous le régime révolutionnaire, la puissance publique elle-même est obligée de se défendre contre toutes les factions qui l'attaquent.
« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort.
« Ces notions suffisent pour expliquer l’origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques sont des sophistes stupides ou pervers qui cherchent à confondre les contraires : ils veulent soumettre au même régime la paix et la guerre, la santé et la maladie, ou plutôt ils ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. S'ils invoquent l'exécution littérale des adages constitutionnels, ce n'est que pour les violer impunément. Ce sont de lâches assassins qui, pour égorger sans péril la République au berceau, s'efforcent de la garrotter avec des maximes vagues dont ils savent bien se dégager eux-mêmes. »

(2) C’est à cette humanité-là que peuvent s’ajouter les arguments en faveur de l’abolition de la peine de mort sous quelque forme que ce soit, comme le risque d’erreur judiciaire, l’effet non dissuasif de la peine de mort, etc.

(3) Rares sont les crimes et délits de droit commun qui menacent l’existence de la société et sont donc passibles de la peine de mort, la mort étant alors un acte de légitime défense de la part de la société. C’est le cas, par exemple, de la contrefaçon monétaire. Faussaires et faux-monnayeurs ne recherchent généralement que le profit personnel, mais, ce faisant, ils sapent la base de toute « société » (Etat, régime) dans un système monétaire. En ébranlant la « société », ils légitiment sa violente riposte. Ils furent de tous temps passibles de mort, au moins de peines très lourdes. Il arrivât que la fausse monnaie soit sciemment utilisée comme arme contre la « société ». Ce fut l’arme favorite de l’Angleterre contre la France révolutionnaire. Il se peut également que des délits fondamentalement anodins soient une menace pour la société s’ils se multiplient dans des proportions insupportables. La peine de mort se justifie alors, non en regard des conséquences de chaque acte individuel, mais par la nécessité de prévenir le désastre que représenterait pour la collectivité une addition interminable d’actes de cette nature.




10:50 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 19 décembre 2010

CAPITALISTES ET INTERNATIONALISTES

Un lecteur m'a contacté pour avoir certains éclaircissements. Cela a donné lieu à des échanges intéressants. Je les mets en ligne, avec son accord.

 

Bonjour,

J’ai lu votre texte « Réponses à ceux qui affirment que l’immigration est toujours une chance pour la France » sur l’excellent Riposte Laique, et cela m’amène à vous poser une question afin de mieux comprendre la situation. Pour schématiser, vous dite que les capitalistes (patronat etc etc) sont en partie responsable de l’immigration qu’ils encouragent afin de créer un marché artificiel, et que c’est leur intérêt que l’immigration du tiers monde nous envahisse. Pourtant, on peut constater que les plus ardents promoteurs de l’immigration tiers mondiste sont précisément, de tendance neo marxistes, anti capitalistes, et voient dans les immigrés des soldats anti capitalistes pouvant détruire le système. Comment faire concilier votre explication avec cette constatation ? Comment les intérêts de Besancenot et compagnies pourraient ils s’accorder avec ceux des entreprises du cac40 ? Votre accusation des capitalistes n'est elle pas fausse ?

Cordialement,

Benjamin.


Samedi 11 décembre 2010

Bonjour Benjamin,

Tout d’abord, merci de votre intérêt. Je vous réponds.

C’est un fait, l’immigration en France, je parle de la vague d’immigration qui n’a cessé depuis les années 60, essentiellement arabe et africaine, a été voulue par le patronat français, alors que les communistes d’alors étaient contre. Vous connaissez peut-être cette célèbre interview de Francis Bouygues à ce sujet.

http://www.dailymotion.com/video/x6f9le_l-immigration-une-chance-pour-quiy_news

Au départ, ce n’était pas une question de main d’œuvre (les secteurs qui y faisaient appel auraient pu se moderniser, comme en Allemagne), mais clairement de dumping social. Aujourd’hui, les choses sont plus complexes. Il y a toujours l’aspect dumping, mais il y a aussi d’une part la nécessité de répondre aux besoins matériels de la population immigrée (entre 20 et 30 millions selon moi, près d’un tiers de la population) car cette population génère fatalement une demande colossale (logements, écoles, services publics, etc.) que les seuls Français « de souche » ne pourraient satisfaire ; il y a d’autre part l’idéologie euro-mondialiste plus décomplexée que jamais (au niveau des « élites ») et dont le but passe par l’anéantissement des états nations, des nations fortes, des peuples cohérents et rebelles. Il est clair, aujourd’hui, que cette immigration massive et continue tire la France vers le bas dans tous les domaines et que la tension monte entre Français et les « autres » au point qu’une guerre civile d’ici quelques années n’est plus à exclure. Or il ne faut pas croire que patronat et gouvernement soient distincts. Dans un système capitalo-libéral, le vrai pouvoir est entre les mains des riches, des patrons. Le gouvernement est à leur botte. Il ne faut pas croire non plus que les élites soient débiles, même si elles commettent bien souvent des erreurs. Leur but n’est pas le bonheur des peuples, mais le profit, le contrôle total et le pouvoir absolu. Elles créent des désordres ou en profitent pour mieux imposer leurs solutions.

Les paradoxes que vous soulevez sont en réalités illusoires. Il n’y a pas de paradoxes.

Vous dites : « Pourtant, on peut constater que les plus ardents promoteurs de l’immigration tiers mondiste sont précisément, de tendance neo marxistes, anti capitalistes, et voient dans les immigrés des soldats anti capitalistes pouvant détruire le système. » Les néo-marxistes, les anti-capitalistes sont des révolutionnaires à la Cantona. (A ce sujet, je vous invite à lire mes articles sur Cantona : "La révolution selon Cantona", et "Cantona : le contre-révolutionnaire qui s'ignore".) Le capitalisme est une forme du système monétaire. La base du système n’est pas les banques mais la monnaie, et plus exactement ce que j’appelle Largent. Qui ne s’attaque pas à Largent brasse du vent. Les pseudos anti-capitalistes ne menacent en rien le capitalisme, au mieux le capitalo-libéralisme qui n’a d’autre alternative qu’une forme de communisme, c’est-à-dire du capitalisme d’Etat ! Ils le menacent si peu qu’ils passent à la télé tous les jours. Qui détient la télé ?

En supposant que ces révolutionnaires de pacotille soient de bonne foi, ce ne sont jamais que les idiots utiles du système. Ils présentent comme une question d’humanisme un phénomène qui est le pire fléau de l’humanité (pour les peuples envahis, comme pour les peuples dégarnis) et que le patronat soutient pour des questions de profit et de pouvoir. Où est l’erreur ? L’humanisme implique-t-il le mépris des peuples dont font preuve tous les immigrationnistes ? Les véritables paradoxes sont dans le discours de ces derniers. Tout, absolument tout ce qu’ils préconisent va à la fois à l’encontre des intérêts des immigrés et de ceux de leur propre peuple. La liste de ces paradoxes est trop longue. Je vous renvoie à mon article : Avis aux immigrés !

« Comment faire concilier votre explication avec cette constatation ? » En fait, c’est l’inverse : je constate, vous expliquez. Je constate la réalité des choses ; vous expliquez que cela ne tient pas en raison des discours, des « idées » des uns et des autres. Mais que doit-on retenir ? Les faits ou les discours ? Sakozy aussi parle beaucoup ; il fait tout le contraire de ce qu’il dit. Le communisme devait faire le bonheur de l’humanité : qu’en est-il ?

« Comment les intérêts de Besancenot et compagnies pourraient ils s’accorder avec ceux des entreprises du cac40 ? » Outre que les entreprises du Cac 40 se foutent royalement de Besancenot et de tous les bobos de son espèce qui, au mieux les amusent, au pire servent leurs intérêts, vous devez comprendre une chose : leurs idéologies se rejoignent. Celle des capitalistes repose sur Largent ; celle des Besancenot sur L’Homme désincarné. L’argent n’a ni odeur ni patrie. Les capitalistes sont mondialistes. L’Homme désincarné n’a ni passé ni patrie. Les Besancenot sont internationalistes, je dirais même ultra-internationalistes. Les internationalistes se disent eux-mêmes « citoyens du monde ». Du « citoyen du monde » au mondialiste, il n’y a pas de pas à franchir, c’est la même chose. Partant, à quelques nuances près, les uns et les autres veulent la même chose sous des prétextes idéologiques différents. Mais autant les capitalistes sont réalistes et machiavéliques, autant les internationalistes sont dans l’idéologie pure et le dénie permanent de réalité. Il n’y a pas plus creux et démagogique que le discours de ces derniers. Dans ces conditions, qui est le dindon de l'autre ?

« Votre accusation des capitalistes n'est elle pas fausse ? » Je vous retourne la question : Ne prenez-vous pas un peu trop au sérieux ce guignol de Besancenot et ses pareils ?

Cordialement,

Philippe Landeux

PS : J'espère que vous me répondrez.
PS : Accepteriez-vous que je publie cet échange ?

 
Bonjour,
 

et merci pour votre réponse fournie.

Permettez-moi de vous répondre par quelques remarques et nouvelles questions. Je n'ai pas l'habitude de discuter avec des antimondialistes de votre trempe, aussi j'en profite :) .

- A propos des motivations des patrons:

Je pense effectivement, qu'ils ont (eu) un intérêt à faire venir une main d'œuvre peu couteuse, mais je pense que ni eux, ni personne n'a pu imaginer l'ampleur qu'allait prendre le phénomène, et à quel point il allait nuire. Pour nous remettre dans le contexte de l'époque et l'humeur "tintin au congo", comment pouvaient-ils imaginer que ce qu'ils déclenchaient était une subversion d'ampleur civilisationelle ? Le caractère "prémédité" de tout cela, me parait injuste.

Si ces patrons sèment la misère partout dans le monde, où vont-ils se refugier ? J'ai énormément de mal à imaginer que des patrons aient été prêt à sacrifier l'essence de leur nations, de l'occident si ils avaient pu imaginer la conséquence de leurs actions.

Qu'un mal ait été fait c'est un fait. Qu'il faille le réparer en est un autre (du moins pour quelques éclairés....). Une canalisation est cassée…. Et personne ne semble savoir comment la colmater… n’est-ce finalement pas une explication raisonnable ?

- Capitalisme, libre échange

Vos arguments sont logiques, et si on reste dans votre ligne de pensée, et que le capitalisme porte en lui le problème immigrationiste actuel..... que faut-il faire selon vous ? Abolir le capitalisme ?

Autre assertion que l'on entend souvent, sans les éclaircissements qu'elle mérite: nombreux sont ceux qui se prononcent "contre le libre échange" (exemple récent Marine Lepen sur france 2 cette semaine). Que faut-il entendre par là ?

Pardonnez moi, mais j'ai toujours pensé que le libre échange (définition primaire hors capitaux / personnes) était une bonne chose, et si l’on devait l'abolir, que resterait-il ?

Personnellement, j'ai une toute petite entreprise de logiciels, je vends mes produits dans le monde entier, et paye mes impôts société à l'état français.  En quoi "être contre" le libre échange servirait mon intérêt et par la celui de la France ? (Et je ne parle pas d’ultralibéralisme, mais simplement de libre échange.)

Pour que vous compreniez grosso-modo ma position, ma motivation à vous interroger est de comprendre quelle est la voix alternative que les gens comme vous proposez. Jusqu'a présent, « nous » avions une visibilité sur ce que vous appelleriez  le système mondialiste-capitaliste (UMPS), le système neo marxiste (toute l’extrême gauche), et le systeme nationaliste.

Je ne suis pas sur que vous puissiez être qualifié simplement de nationaliste au sens traditionnel du terme. D’ailleurs ce qui me gène dans les conceptions « nationalistes » traditionnelles est qu’elles datent du monde d’avant l’émergence des nouvelles puissances et la globalisation. Il y a dans vos idées, une ligne que l'on peut retrouver à l'étranger comme chez le suisse Oskar Freysinger: des gens attachés à leur identité, au civisme, à leur histoire, contre l'immigration démesurée....mais on a du mal à définir les contours de ce "nouveau courant" politique qui apporterait une quatrième dimension. Comment le qualifier ?

En espérant lire vos commentaires à ce sujet,

Benjamin

PS: vous pouvez publier cet échange. Mais ne révélez pas mon email merci.


Bonjour Benjamin,

J'aime ce genre d'échange. Je vais vous répondre. Je n'ai pas le temps de m'étendre aujourd'hui.

Vous avez raison : ce que je dis ressemble sur certains points à ce que d'autres ont pu dire, mais il y a quelque chose de plus. Vous avez sans doute lu sur mon blog cette phrase : Pour faire la Révolution demain, il faut sauver la France aujourd'hui. En clair, il y a deux combats bien distincts. Nous devons d'abord sortir de la situation désastreuse dans laquelle nous a plongés et nous enfonce toujours plus l'immigrationnisme. Ceci fait, il sera possible de penser à la révolution au sens propre, celle que l'évolution technologique rend non seulement possible mais inévitable. C'est en ce qui concerne nos problèmes immédiats que mon discours ressemble à d'autres. Mais personne, à ma connaissance, ne tient le discours qui est le mien sur le futur.
Ma théorie s'appelle "le Civisme". Je vous invite à lire les bases  du Civisme. Ce texte n'est que le côté théorique. J'ai par ailleurs développé une théorie de la Cité dans laquelle je réponds à toutes les questions pratiques.

Pour faire simple, Largent nous enferme dans sa conception inhumaine et antisociale de l'échange. Je dis qu'il faut adopter un moyen d'échange qui véhicule les vrais principes de l'ordre social. Ce n'est pas l'échange qu'il faut repenser (comment pourrait-on le repenser, le penser autrement, quand on est pétri de préjugés monétaires?), mais la société. Les principes de l'ordre social bien définis indiquent eux-mêmes le mode et le moyen d'échange qui conviennent à une société digne de ce nom.

Cordialement,

Philippe


Me voilà plus dispo,

Pour ne rien oublier, je vais reprendre vos remarques dans l’ordre dans lequel vous les avez formulées.

« Je pense effectivement, qu'ils ont (eu) un intérêt à faire venir une main d'œuvre peu couteuse, mais je pense que ni eux, ni personne n'a pu imaginer l'ampleur qu'allait prendre le phénomène, et à quel point il allait nuire. Pour nous remettre dans le contexte de l'époque et l'humeur "tintin au congo", comment pouvaient-ils imaginer que ce qu'ils déclenchaient était une subversion d'ampleur civilisationelle ? Le caractère "prémédité" de tout cela, me parait injuste. »

Je n’ai jamais dit que les intentions des patrons et des mondialistes actuels étaient celles des patrons des années 60 (l’époque de Tintin au Congo était déjà loin). « Au départ, ce n’était pas une question de main d’œuvre, mais clairement de dumping social. Aujourd’hui, les choses sont plus complexes. » Je suis d’accord avec vous, quoique dans une certaine mesure seulement. L’idéologie mondialiste existe depuis longtemps. Les mondialistes puissants (je ne parle donc pas des gauchistes de base), l’élite des mondialistes recrute, forme et soutient ses créatures depuis au moins un siècle. Leur idéologie semble triompher aujourd’hui et c’est le résultat de leur persévérance. Quand de grands patrons ont commencé à prôner l’immigration, il est certain que, s’ils n’étaient pas eux-mêmes dans le secret des dieux, ils ont reçu le soutien des mondialistes, notamment via les médias qui, depuis 50 ans, font tout pour présenter l’immigrationnisme et l’antiracisme unilatéral comme  une vertu morale, le bon sens comme un réflexe réactionnaire et le patriotisme comme du fascisme. Comment l’immigration aurait-elle pu atteindre de tels niveaux sans ce matraquage médiatique, sans l’enfermement dans cette idéologie ? Croyez-vous que, si les élites n’avaient pas voulu de l’immigration, elles n’auraient pas instillé d’autres idées et façonné autrement les cerveaux ? Il n’y aurait pas eu d’immigration.

Autre question : les mondialistes ont-ils voulu ce qui aujourd’hui apparaît manifestement comme un désastre ? Pour ma part, j’ai plutôt l’impression qu’ils se réjouissent et veulent aller encore plus loin. Plus les choses vont mal, plus ils chantent les louanges de la diversité, du multiculturalisme, de multiethnisme, du métissage, etc. Force est d’admettre qu’ils sont soit complètement débiles soit qu’ils ont un projet entête et que les résultats actuels sont conformes à leurs prévisions. Peut-être croient-ils que de ce mal sortira un bien ! On fait rarement le mal avec l’intention de mal faire. L’Enfer est pavé de bonnes intentions. Je pense qu’on est dans ce schéma-là.

« Si ces patrons sèment la misère partout dans le monde, où vont-ils se refugier ? J'ai énormément de mal à imaginer que des patrons aient été prêt à sacrifier l'essence de leur nations, de l'occident si ils avaient pu imaginer la conséquence de leurs actions. » J’ai bien peur que vos considérations soient complètement étrangères aux patrons, aux grands patrons, à l’aristocratie de Largent. Ils ne sont pas guidés par le patriotisme, mais par l’appât du gain. Le profit n’a pas de patrie. Les jouisseurs raisonnent à court terme. Après eux le déluge ! Comme ils sont puissants et vivent dans leur bulle, sous haute protection, ils se croient intouchables et partout chez eux. Là où vous voyez des hommes à respecter, eux ne voient que des esclaves à exploiter. Ainsi, ils s’accommodent très bien de la misère générale. Des millénaires en attestent.

Permettez-moi de vous mettre un texte sous les yeux. « Depuis le boutiquier aisé jusqu’au superbe patricien, depuis l’avocat jusqu’à l’ancien duc et pair, presque tous semblent vouloir conserver le privilège de mépriser l’humanité sous le nom de peuple. Ils aiment mieux avoir des maîtres que de voir multiplier leurs égaux ; servir, pour opprimer en sous-ordre, leur paraît une plus belle destinée que la liberté partagée avec leurs concitoyens. Que leur importent et la dignité de l’homme, et la gloire de la patrie, et le bonheur des races futures ; que l’univers périsse, ou que le genre humain soit avili ou malheureux pendant la durée des siècles, pourvu qu’ils puissent être honorés sans vertus, illustres sans talents, et que chaque jour leurs richesses puissent croître avec leur corruption et avec la misère publique ! »

Hé bien ! je crois que la mentalité des puissants est toujours la même. Rien n’a changé. Je crois aussi que l’excessive confiance que les puissants ont en eux est la cause de toutes les bourdes qu’ils commettent. Quand je parle de « bourdes », je ne parle pas des dégâts qu’ils causent et que les autres subissent. Non ! je veux dire qu’ils finissent toujours par scier la branche sur laquelle ils sont assis. Il arrive toujours un moment où ils croient servir leurs intérêt alors qu’ils sapent la base de leur puissance et arment leurs ennemis, le peuple. C’est ce qu’ont fait les nobles avant la Révolution en ébranlant le pouvoir royal. C’est ce que sont en train de faire les capitalistes aujourd’hui en réveillant les nations par leurs excès.

« Une canalisation est cassée…. Et personne ne semble savoir comment la colmater… n’est-ce finalement pas une explication raisonnable ? » Seul les peuples ont les pieds dans l’eau. Les puissants flottent toujours à la surface. Tout va toujours bien pour eux. Ils ne savent pas qu’une canalisation est cassée et, s’ils le savent, ils n’en ont cure.

« Vos arguments sont logiques, et si on reste dans votre ligne de pensée, et que le capitalisme porte en lui le problème immigrationiste actuel..... que faut-il faire selon vous ? Abolir le capitalisme ? » Ce n’est pas exactement ce que je dis. On peut être capitaliste sans être mondialiste. Tout partisan de Largent, de la monnaie, du système monétaire, est un capitaliste. Aujourd’hui, tout le monde est à mes yeux capitaliste. Pourtant tout le monde n’est pas mondialiste et immigrationniste. L’immigrationnisme n’est donc pas un problème intrinsèquement capitaliste ; cette idéologie n’est pas uniquement liée à Largent puisqu’elle peut aussi être une dégénérescence de l’humanisme. S’en prendre au capitalisme n’est donc pas la solution au problème de l’immigration. Je ne sais d’ailleurs pas ce que vous entendez par là. Si je devais formuler, je dirais : anéantir Largent, abolir la monnaie, instaurer l’Egalité et la Carte civique (cf. les bases du Civisme). Ceci doit et va arriver. Mais vous voyez bien que Largent et l’immigration, ou la présence massive d’immigrés, sont deux problèmes de natures différentes. Anéantir Largent ne ferait pas disparaître les immigrés. Pire ! l’immigration est un tel problème qu’elle empêche de s’occuper de Largent. Il faut donc traiter l’immigration à part et en priorité. Comment ?

J’ai bien peur que, au point où nous en sommes arrivés, il n’y ait plus de solution politique et que le remède soit violent. Les choses ne peuvent pas évoluer de cinquante manières. « 1) Les Français ne réagissent pas et la France disparaît dans quelques décennies, 2) Les Français envoient enfin à l’Elysée un patriote énergique qui fera le ménage avec le seul concours des forces de l’ordre ou qui, de par sa politique sans concession, déclenchera des émeutes qui tourneront à la guerre civile, les Français étant alors dans les meilleures conditions pour vaincre, 3) Rien n’est fait, la situation se dégrade encore quelques années jusqu’à ce qu’un événement fasse boule de neige et contraigne les Français à se défendre violemment et légitimement, à s’organiser s’ils ne le sont pas déjà, et à livrer une guerre à mort aux immigrés anti-français, avec des chances incertaines de succès. » (Extrait de mon article : La Goutte d’Or qui fait déborder le vase.) De ces trois hypothèses, la dernière me semble la plus réaliste.

Je sais, on aimerait avoir des perspectives plus joyeuses. Mais quand on se joue des hommes pendant des décennies, quand on crée des situations humaines inextricables, tôt ou tard le problème est tranché par la force tel le nœud gordien. C’est en cela que je considère les bobo-gauchistes comme des criminels : avec leurs gueules enfarinées ils nous préparent un bain de sang. Aucune mise en garde ne les a arrêtés. Le vin est tiré ; nous sommes condamnés à le boire jusqu’à la lie.
 
« Autre assertion que l'on entend souvent, sans les éclaircissements qu'elle mérite : nombreux sont ceux qui se prononcent "contre le libre échange" (exemple récent Marine Lepen sur france 2 cette semaine). Que faut-il entendre par là ? » Je ne peux pas parler pour les autres, mais je vais vous dire comment moi je vois la chose.

Des Citoyens sont unis pour satisfaire leurs intérêts communs et individuels. Ils s’activent par devoir envers la Cité qui, en retour, leur assure la jouissance de ses bienfaits. La Cité les protège des atteintes de tout ce qui est à l’extérieur et n’a de rapport avec l’extérieur que dans l’intérêt de ses Citoyens. Quand des Citoyens ont des rapports avec l’extérieur, ils représentent la Cité. Ils la représentent d’autant plus que ces rapports s’effectuent dans le cadre d’un devoir envers elle. Dans ce cas, ils ne sont pas libres de faire n’importe quoi puisqu’ils doivent servir ses intérêts comme elle-même.

Appliqué à la notion d’échange, cela signifie que les échanges avec l’extérieur sont possibles, mais pas le libre échange qui suppose que les Citoyens sont des individus affranchis de toute obligation envers la Cité et libres de poursuivre leurs intérêts même au détriment des siens et de leurs Concitoyens. Le libre échange est d’autant plus pervers que les individus tirent leurs forces de la Cité mais ne font pas profiter celle-ci du fruit de leurs efforts et l’appellent même à leur aide lorsqu’ils sont en difficulté. Imaginons que les paysans reçoivent des subventions (ils ne peuvent déjà travailler que parce que la société les laisse disposer de son sol) et vendent toute leur production à l’étranger pour faire plus de profits, affamant ainsi leurs Concitoyens avec leur aide. Ne serait-ce pas complètement absurde ? C’est ça le libre échange. Pour être raisonnables, les exportations doivent donc être autorisées par la Cité, dans son intérêt, dans l’intérêt général.

La même chose vaut d’ailleurs pour le libre échange sur le plan strictement national. Les individus ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent de leur production puisque leur production est le fruit d’un devoir envers la Cité, celui de participer à la vie de la Cité qui, en retour, consacre sa Citoyenneté et lui garantir les droits du Citoyen.

Mais le système monétaire ne permet pas d’appliquer les Principes, à peine de les concevoir. Dans un système monétaire, la Cité ne joue plus son rôle. Ce n’est pas elle qui garantit les principaux droits, lesquels passent par la monnaie : ce sont les individus qui doivent les arracher en travaillant ou en volant et qui les font valoir en tant qu’individus. Ce n’est pas en tant que Citoyen que l’on reçoit un salaire et que l’on accède au marché, mais en tant qu’individu. La dimension sociale des individus n’intervient pas dans les échanges. (Il suffit de se souvenir que la monnaie vient du troc pour comprendre pourquoi l’individualisme est intrinsèque au système monétaire.)

Ainsi, deux logiques s’affrontent : celles des hommes et de la société, celle des individus et de Largent. Les lois de Largent sont supérieures aux lois humaines. Les hommes peuvent essayer de les contenir en instaurant des systèmes tyranniques (fascisme, communisme, Etat providence) mais dès qu’ils faiblissent, et ils faiblissent toujours car cela n’est pas heureux, le naturel revient au galop, Largent et l’individualisme triomphent.

Il y a donc une profonde incohérence à dénoncer le libre échange sans dénoncer Largent. On ne peut pas reprocher aux « Citoyens » de se comporter en individus, de ne songer qu’à leurs intérêts particuliers, quand la « société » a oublié et, partant, bafoue, tous les Principes sur lesquels elle devrait reposer.

« Pardonnez moi, mais j'ai toujours pensé que le libre échange (définition primaire hors capitaux / personnes) était une bonne chose, et si l’on devait l'abolir, que resterait-il ? » Je pense vous avoir répondu. Sans libre échange, il resterait les échanges conformes aux Principes et effectués dans l’intérêt général.

« Personnellement, j'ai une toute petite entreprise de logiciels, je vends mes produits dans le monde entier, et paye mes impôts société à l'état français.  En quoi "être contre" le libre échange servirait mon intérêt et pas celui de la France ? » Je comprends bien votre position. Il est parfaitement légitime que vous vendiez vos logiciels à l’étranger. La question est de savoir si, selon les Principes, votre commerce est de l’échange ou du libre échange. De manière générale, la réponse à cette question dépend de la nature des produits exportés, de la quantité, et du bénéficiaire de l’opération. Dans votre cas, je dirais que votre commerce serait autorisé par la Cité et qu’il s’agit d’échange.

« Pour que vous compreniez grosso-modo ma position, ma motivation à vous interroger est de comprendre quelle est la voix alternative que les gens comme vous proposez. » Ce que je propose est à la fois simple et long à exposer d’un point de vue pratique. Je dis une chose simple : une société ne connaît comme remède que l’application des Principes de l’ordre social dans leur intégralité. C’est pourquoi je vous ai renvoyé précédemment à d’autres textes (Les Principes de l’ordre social ; les bases du Civisme). Je vous invite à nouveau à les lire. On ne peut pas changer la « société » sans savoir ce qu’est une société digne de ce nom. On ne peut résoudre aucun problème isolément. Une société est un tout. Ou tout marche, ou tout cloche. La clé de tout est dans cette définition du Citoyen :

« Individu admis à faire partie de la Cité, reconnu comme tel par la Cité, participant effectivement à la vie de la Cité et selon ce qu’elle considère comme une participation, faisant en un mot ce qu’elle attend de lui, la défendant au besoin, et jouissant en retour des mêmes droits fondamentaux et indirects que ses Concitoyens (dont celui de profiter des bienfaits de la Cité), étant ainsi leur égal en devoirs et en droits. » 

« Je ne suis pas sur que vous puissiez être qualifié simplement de nationaliste au sens traditionnel du terme. » Vous avez raison. Je me qualifie plutôt de patriote. Et, si vous voulez tout savoir, je me considère comme un robespierriste ou un robespierro-gaulliste. Le texte que je vous ai cité plus haut était de Robespierre qui a été pour ainsi dire mon maître à penser. Cet homme est très loin de la légende noire qui le poursuit. Voici ce que Babeuf dit de lui : « Réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République, et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux. Rendons à sa mémoire son tribut légitime ; tous ses disciples se relèvent et bientôt ils triomphent. Le robespierrisme atterre de nouveau toutes les factions. Le robespierrisme ne ressemble à aucune d’elles, il n’est ni factice ni limité. Le robespierrisme est dans toute la république, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans le peuple. La raison en est simple ; c’est que le robespierrisme, c’est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques. Donc, en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »

 « Il y a dans vos idées, une ligne que l'on peut retrouver à l'étranger comme chez le suisse Oskar Freysinger : des gens attachés à leur identité, au civisme, à leur histoire, contre l'immigration démesurée.... » C’est exactement cela le robespierrisme, et j’ajoute : du bon sens, du courage, la générosité, la fermeté, la droiture, l’aversion envers les démagogues, le respect des peuples, la passion pour la vérité, pour la souveraineté nationale et l’égalité des citoyens en droits.

« mais on a du mal à définir les contours de ce "nouveau courant" politique qui apporterait une quatrième dimension. Comment le qualifier ? » Il n’existe pas encore de courant politique. Il n’y a pour le moment qu’une théorie qui n’a pas encore trouvé d’éditeur. Elle s’appelle : le Civisme, j’ai baptisé ses partisans : les Patriciens.

Désolé d’avoir été aussi long. Quoique ! c’est une belle tartine.

Cordialement,

Philippe Landeux


Vendredi 17 décembre 2010.

Merci Philippe d'avoir partagé ta vision avec tant de passion et de clareté.

Je me rends compte que c'est le système, dans sa totalité, que tu as repensé.

Je ne vais pas revenir sur les détails : ta vision a le mérite d'être cohérente et de proposer des solutions.

J'aimerai cependant revenir sur quelques considérations générales par rapport à ton discours... certains points sur lesquels j'aimerais connaître ta position.

Ne penses-tu pas, que la menace qui pèse sur notre mode de vie, soit un problème européen, et même plus généralement occidental, et que la solution ne puisse venir seulement de la France ?

A te lire, j'ai l'impression que le reste du monde existe peu, alors que des pays comme la Suède, l'Allemagne et l'Angleterre, sont soumis aux mêmes assauts et subissent les même problèmes.

Ne faut il pas se regrouper autour de nos valeurs, avec les pays qui les partagent ? Sans même parler d'organisation bureaucratique ou économique de l'europe actuelle, ne devrions nous pas faire front commun, et affirmer avec fierté nos valeurs, qui si elles ne sont pas parfaites, on le mérite de faire avancer le monde entier ?

Face à l'assaut islamique, à la montée des puissances asiatiques, ce qui représente des milliards et des milliards d'individus, pouvons nous nous permettre le luxe de tourner le dos à certains de nos alliés ?

Je pense par exemple aux Etats-unis..... je sais qu'ils sont très déconsidérés par la nouvelle vague et jugés responsables de certains de nos problèmes.... mais au delà de cela je trouve très imprudent, dans la configuration actuelle, de vouloir nous couper de ceux qui nous sont proches, face au  tsunami de la tectonique civilisationnelle en cours.

En parcourant le site du bloc identitaire, toujours dans ma quête d'explorer les diverses réponses proposées au problème qui nous occupe, j'ai lu que leur devise était en quelque sorte, par ordre de priorité "Region, Nation, Europe". J'aurais été tenté d'ajouter "occident".

D'autre part, j'aimerai connaître ton opinion sur une autre théorie qui expliquerait l'envahissement de nos pays par des masses du tiers monde, tout particulièrement musulmanes. Il y a une théorie, qui sans être complètement contradictoire avec les impératifs avides de Largent, des patrons et du capital, me semble apporter quelques clefs permettant de mieux comprendre l'entêtement idéologique derrière tout cela.

Il s'agit de la theorie Eurabia. Si tu lis l'anglais, je t'invite à lire ce texte issu des Fjordman files ( http://chromatism.net/fjordman/fjordmanfiles.htm#topic ) en ce qui concerne Eurabia (et il y a de bon textes sur le multiculturalisme également). Cela commence ici: http://www.jihadwatch.org/2006/09/fjordman-the-eurabia-code-part-i.html

En gros, cette théorie dit que l'immigration / islamisation de notre société n'est pas due au hasard (et en ce sens rejoint ce que tu dis) mais est le résultat direct du travail des élites. Cette théorie place également la France au centre du problème : De Gaulle après la décolonisation, et pour contre-balancer les puissances américaine et Russe, aurait posé les bases d'une alliance tacite Europe-monde arabe. La France tout particulièrement, à la tête de cette alliance aurait bénéficié du poids du monde arabe, notamment en sécurité d'approvisionnement pétrolier, en échange de quoi, le monde arabe aurait eu un accès privilégié au monde occidental, notamment par la circulation des individus, et la mise en place d'une propagande pro immigration et d'une ligne favorable à l'islam. Cette théorie, bien développée sur ce site, semble expliquer bien des choses, ne penses-tu pas qu'elle amène quelques explications valides ?

Cordialement,

Benjamin



20 h 37.

Salut Benjamin,

Comme toujours, je reprends tes propos dans l’ordre pour ne rien oublier.

« Ne penses-tu pas, que la menace qui pèse sur notre mode de vie, soit un problème européen, et même plus généralement occidental, et que la solution ne puisse venir seulement de la France ? »

En effet, toute l’Europe occidentale est en proie aux mêmes problèmes. Comme je l’ai dit, ces problèmes sont doubles : les plus pressants sont ceux de l’immigration liés à l’idéologie euro-mondialiste, le problème de fond, qui est inhérent à Largent. La question est maintenant de savoir si l’Europe peut affronter ces problèmes en masse. Pour ma part, une telle vision relève de l’utopie et de la démagogie, en particulier face aux premiers problèmes. Premièrement, bien que les pays européens aient une culture, un mode de vie, un type ethnique communs, ils ne forment en rien une entité capable de marcher comme un seul homme. Deuxièmement, bien que les problèmes auxquels ils sont en proie soient liés à une idéologie apatride, les problèmes qui en résultent sont subis individuellement, nationalement. Imaginons un groupe de malades. Il ne suffit pas, pour qu’ils guérissent, qu’un remède soit trouvé. Encore faut-il que chacun se l’applique et active ses propres défenses immunitaires. La guérison du groupe n’a aucun sens si elle ne suppose pas la guérison de chaque individu qui le compose.   

Je pense que, le jour où la situation dégénèrera en conflit dans un pays, ce conflit se répandra dans toute l’Europe. Pour autant, il n’y aura pas de front. Chaque ville, chaque région, chaque pays devra affronter et écraser les ennemis qui résident sur son territoire. Il n’y a qu’une fois cette chose faite qu’une ville, une région, un pays pourra se porter et se portera en effet, dans son propre intérêt, au secours de ses voisins. Que fais-tu si le feu se déclare chez toi ? Tu essayes de l’éteindre. Que fais-tu si le feu se déclare chez toi et chez ton voisin. Tu essayes toujours d’éteindre le feu chez toi. Ton voisin fait de même chez lui. Le premier qui maîtrise son feu court aider son voisin pour que le feu ne se propage pas chez lui de nouveau.

En clair, il est probable que les pays européens uniront leurs force à la fin du conflit, mais cette union n’a aucun sens aujourd’hui. Elle reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs. C’est de la démagogie. Or la démagogie est le fait soit d’idiots soit de pervers manipulant des idiots. Les idiots et leurs bonnes intentions sont aussi dangereux que les pervers mal intentionnés. Ceux qui prônent ces idées, qu’elles que soient leurs intentions, ne font qu’affaiblir les Européens dans leurs pays respectifs. Ils appellent l’Europe aux armes, ils vantent sa force, mais désarment les Européens ou ne leur fournissent que des armes en carton.

Finalement, les mêmes raisons prévaudront pour résoudre le second problème, celui de Largent. Tous les pays européens connaissent le même niveau de développement, condition de la Révolution. Pour autant, une révolution exige des conditions particulières et rares qui ne peuvent être réunies partout en même temps. La première est qu’il faut un peuple, ce que l’ensemble des Européens ne forment pas. Il faut que ce peuple soit décidé à faire la révolution (et quelle révolution que celle qui anéantira Largent), qu’il en ait le courage, et je dirais même qu’il n’ait pas le choix. Il faut en outre un territoire sur lequel il puisse exercer sa souveraineté. Imaginons que les Français se lancent dans la révolution à laquelle les Allemands ne sont pas encore prêts. Ils feront la révolution chez eux, et c’est tout. Ils ne pourront pas forcer les Allemands à les imiter. Ils pourront encore moins aller faire la révolution chez eux, à leur place.

Enfin, puisque la révolution concernera Largent, il faut que Largent soit mûr et que les fondements de la Cité soient en place. Or cette condition particulière est liée au système de carte bancaire, plus exactement aux cartes à puce. Et c’est en France que ce système est le plus développé au monde. C’est pourquoi je pense que la France sera de nouveau le premier pays à initier la prochaine grande révolution, et pourquoi les Cantona sont des contre-révolutionnaires qui s’ignorent.
Pour résumer, aucune révolution n’a jamais été et ne sera jamais mondiale car tous les peuples ne marchent pas au même rythme. Souvent les révolutionnaires ont été ulra-internationalistes : toujours ils ont du déchanter. La révolution mondiale est un rêve d’idéaliste voué à l’échec. Pire ! les échecs en la matière dégoûtent de la révolution. L’idéalisme est contre-révolutionnaire. La révolution, comme la politique, ne peut se fonder que sur des réalités.

Tout ça, en somme, pour revenir à l’adage millénaire : charité bien ordonnée commence par soi-même.

« Face à l'assaut islamique, à la montée des puissances asiatiques, ce qui représente des milliards et des milliards d'individus, pouvons nous nous permettre le luxe de tourner le dos à certains de nos alliés ? Je pense par exemple aux Etats-unis..... »

J’ajoute à ce que j’ai dit précédemment que, si l’union fait la force, l’union de malades ne fait qu’une bande de bras cassés. C’est la force des nations européennes qui fait ou fera la force de l’Europe. Il faut pour cela que chaque nation renoue avec le culte de la force, au lieu de nourrir un complexe de supériorité qui les amène à agir en faibles et à être faibles de facto.

Quant à l’Amérique… Pour ma part, je n’ai rien contre les Américains, contre le peuple américain. Il faut cependant être sacrément aveugle pour croire que le gouvernement américain défend d’autres intérêts que les siens. Qui essaye de remodeler la carte du monde à sa façon ? Qui pousse pour que la Turquie entre en Europe ? Qui subventionne les pépites de nos banlieues ? Qui nous donne des leçons de multiculturalisme et blâme notre patriotisme (alors que le patriotisme n’est nulle part au monde plus fort qu’en Amérique) ? Ce ne sont là que les faits les plus connus, mais ils suffisent à se faire une bonne idée des intentions du gouvernement américain, et surtout de ce qu’il ne veut pas. Les choses ne sont pas forcément ce qu’on aimerait qu’elles soient. Après s’être opposés à la construction de l’Europe, les gouvernements américains essayent par tous les moyens de la pourrir, de la paralyser par des problèmes ethniques et religieux. Nous avons beaucoup de point commun avec les Américains, mais les gouvernements américains ne sont pas nos amis.

Encore une fois, il suffit de revenir aux principes de l’ordre social pour comprendre que les sociétés, les nations, sont dans un rapport de force et que chacune essaye de faire prévaloir ses intérêts. Le monde des bisounours où tout le monde il est gentil n’existe qu’à la télé !

« En gros, cette théorie dit que l'immigration / islamisation de notre société n'est pas due au hasard (et en ce sens rejoint ce que tu dis) mais est le résultat direct du travail des élites. Cette théorie place également la France au centre du problème : De Gaulle après la décolonisation, et pour contre-balancer les puissances américaine et Russe, aurait posé les bases d'une alliance tacite Europe-monde arabe. La France tout particulièrement, à la tête de cette alliance aurait bénéficié du poids du monde arabe, notamment en sécurité d'approvisionnement pétrolier, en échange de quoi, le monde arabe aurait eu un accès privilégié au monde occidental, notamment par la circulation des individus, et la mise en place d'une propagande pro immigration et d'une ligne favorable à l'islam. »

 Tu trouveras sur mon blog, dans les vidéos, une conférence sur les origines du mondialisme. Je pense que les élites du monde occidental et celles du monde arabes vont au même but mais pour des raisons différentes.

Les élites occidentales sont mondialistes par idéolisme et par intérêt. Elles sont par nature cosmopolites et croient que le cosmopolitisme, qui ne présentent pour eux que des avantages, peut fonctionner dans le monde réel. Elles poussent dans ce sens parce qu’elles n’en subissent pas les conséquences désastreuses. Mais cet idéalisme se double d’une idéologie de la domination : diviser pour mieux régner. En brisant les nations au moyen de l’immigration, elles assoient leur pouvoir qu’elles exercent depuis leurs îlots de sécurité.

Les élites arabes peuvent partager cette conception dans une certaine mesure mais sont également poussées par l’islam intrinsèquement hégémonique. On ne compte plus les déclarations des matamores qui, depuis leurs pays merdiques, donnent des leçons de tolérance et de savoir vivre aux Européens, prétendent nous imposer l’accueil sans fin de leurs ressortissants, condamnent les politiques d’assimilation, encouragent et même financent l’islamisme et l’islamisation, etc.

Maintenant, j’ai déjà entendu parler de la théorie de l’Eurabia, mais je ne la connais pas dans le détail et mon anglais n’est pas assez bon. Ceci étant, peu importe au fond les mobiles et les manœuvres secrètes des uns et des autres. Nous en constatons les effets, nous en connaissons les responsables, nous ne sommes en rien engagés par leurs accords, nous devons reprendre en tant que peuple notre souveraineté, mettre un terme à cette politique, réparer les dégâts et punir les coupables. C’est tout ce qu’il y a à savoir et à faire. Cela dit, si tu veux m’en dire plus, je suis preneur.

Quant à De Gaulle, honnêtement je ne crois pas qu’il ait trempé dans ce complot, qu’il ait partagé l’idéologie qui le porte, qu’il ait vendu la France pour du pétrole. Je ne vois pas comment il aurait pu abandonner l’Algérie pour que la France ne compte pas 9 millions d’Arabes, et, d’un autre côté, ouvrir la France aux Arabes pour prix de ses alliances politiques. Ca n’a pas de sens. La conduite et les propos de De Gaulle démentent absolument cette théorie. Par contre, il est fort probable que Pompidou (un drôle de coco, celui-là !) ait eu ces conceptions.     

N’est-ce pas lui, ou plutôt Chirac sous sa présidence, qui fit adopter le regroupement familial à l’origine de tous nos problèmes d’immigration ? N’est-ce pas ce même Chirac qui abolit le service militaire, mesure désastreuse tant sur le plan militaire et que pour l’intégration des descendants d’immigrés ? Tous ceux qui prônent l’immigration refusent les mesures qui permettraient qu’elle ne soit pas problématique.

Je conclurais en te livrant la primeur d’une future « pensée du jour » :

Une bêtise, c’est peut-être une erreur.
Deux bêtises, c’est peut-être une coïncidence.
Trois bêtises, c’est un projet voire un complot.

Cordialement,

Philippe Landeux

17:52 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 13 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : téléportation

Les Français sont chez eux, et pourtant ils n’ont plus le sentiment d’accueillir mais celui d’être envahis quand ils ne sont pas effectivement chassés.

jeudi, 09 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : les agneaux

Les loups bêlent, et les moutons les prennent pour des agneaux.

CANTONA : Le contre-révolutionnaire qui s’ignore

 Petite leçon de Révolution
 

 

Il n’y a pas plus contre-révolutionnaire que celui qui s’ignore. Eric Cantona, ex-footballeur, vient d’en donner un bel exemple en appelant les Français à retirer leur argent des banques sous prétexte qu’elles seraient la base du système. Cet appel a fortement raisonné sur Internet, au point qu’une date a été fixée pour le mettre en œuvre : aujourd’hui, 7 décembre 2010. Mais ne craignons rien, n’espérons rien, cela ne changera rien.

Tout d’abord, cette action ne peut être entreprise que par ceux qui ont de l’argent en banque et qui, par définition, sont le moins intéressés par un renversement du système. Ceux qui n’en ont pas et sont le plus intéressés par un renversement du système sont impuissants. Autrement dit, cette action n’est à la portée que des riches et est juste bonne à procurer des frissons à une poignée de bobos qui ont davantage envie de se prendre pour des révolutionnaires que de faire la Révolution. Le système n’a rien à craindre de ces comédiens. Il a d’autant moins à craindre que les banques ne sont qu’un leurre.

Les banques aggravent sans doute les problèmes mais ne sont pas le cœur du problème. Contrairement à l’affirmation de Cantona, elles ne sont pas à la base du système. Il suffit d’ailleurs de qualifier ce système pour le comprendre. Notre système est essentiellement monétaire. La véritable base du système est donc la monnaie et surtout ce qui est à la base de la monnaie elle-même : Largent, c’est-à-dire la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger (définition personnelle). C’est Largent qui nous impose une conception de l’échange (individualiste), un moyen d’échange antisocial et permissif (la monnaie) et des rapports sociaux (inégalitaires), et qui, en définitive, façonne notre monde, lequel nous inculque les préjugés qui nous empêchent d’en concevoir un autre et nous font accepter celui-là malgré toutes ses aberrations. Les banques ne sont que le fruit du système monétaire, et gauler un arbre (taper dans les branches avec un bâton pour faire tomber les fruits) ne l’a jamais déraciné.

Maintenant, je ne vais pas reprendre ici tout ce que j’ai déjà dit dans « La révolution selon Cantona ». Je veux aujourd’hui m’attarder sur les limites et les dangers de sa proposition et remettre à leur place ses détracteurs.

Retirer l’argent des banques ne changera pas la nature du système. Ce n’est en rien révolutionnaire. S’acharner à défendre cette proposition serait même contre-révolutionnaire. Car on ne peut être à la fois à la foire et au moulin. Fixer l’attention sur un objet non révolutionnaire la détourne des pensées et des actes véritablement révolutionnaires et va de fait à l’encontre de la Révolution, ce qui est objectivement contre-révolutionnaire. Peu importe que l’on soit sincère ou non ; seul le résultat compte. Les benêts et les fourbes sont aussi dangereux les uns que les autres pour la Révolution. Les révolutionnaires doivent mettre leur orgueil de côté ; ils doivent savoir reconnaître qu’ils sont dans l’erreur et corriger d’eux-mêmes le tir sous peine de tomber dans tous les pièges, que ceux-ci soient creusés par eux ou par leurs ennemis. Ils doivent méditer cette mise en garde de Robespierre : « Il est plus facile de se livrer à l’enthousiasme que de consulter la raison » (1). Les enthousiastes sont toujours le jouet des intrigants, des ambitieux et des traîtres qui flattent leurs penchants, les poussent à leur perte et les dressent contre leurs véritables amis. Que quiconque désire la Révolution  regarde d’un œil suspect les propositions populaires et médiatisées et considère leurs auteurs avec sévérité. Les tenants d’un système recourent invariablement et simultanément à deux méthodes pour écraser les révolutionnaires authentiques : la force (meurtre, proscription, condamnation, censure) et la démagogie (calomnie, surenchère, diversion). Les révolutionnaires ayant pignon sur rue sont à coup sûr des démagogues à leur solde ou des idiots utiles qu’ils ménagent. Le cas de Cantona est cependant particulier : d’une part, ce n’est pas un professionnel de la politique, d’autre par, ses propos n’ont pas été relayés par les médias classiques, à la botte des puissants de ce monde, mais par Internet qui échappe à tout contrôle. Sans doute ne s’attendait-il pas lui-même à ce qu’ils fassent autant de bruit.

Nous disons donc que son appel est contre-révolutionnaire en esprit. Mais ses effets qui sont doubles le sont également.

Appeler chacun à retirer son argent des banques ne détourne pas seulement du combat contre Largent ; cela consacre inconsciemment la monnaie qui n’a pas besoin de cela pour asservir les hommes sans qu’ils comprennent qu’elle est la cause profonde de leur asservissement. Autrement dit, cet appel oblige à se positionner par rapport aux banques et, quelle que soit l’attitude adoptée, à se rallier autour de la monnaie. Ce ralliement est on ne peut plus évident dans le cas des tartuffes qui croient ébranler le système en conservant leur argent par-devers eux (2). Qui peut croire que la devise de révolutionnaires authentiques soit : « Touche pas à mes sous » ? En somme, ce n’est pas le système que cet appel met en difficulté, mais les révolutionnaires qui essayent de libérer leurs contemporains de la logique monétaire. Alors qu’il faudrait réveiller ces derniers, leur faire prendre conscience qu’ils sont dans la matrice de Largent et leur indiquer le moyen d’en sortir, les cantonades et la rebellitude ne font que les plonger plus profondément dans l’illusion (3) et les rendre plus dépendants, plus complices que jamais du système. La Révolution ? Dans leurs rêves !

Le deuxième effet de cet appel serait, s’il était suivi, de renforcer le système. Le système monétaire ne peut être abattu que par l’adoption d’un autre moyen d’échange (la nature a horreur du vide) concrétisant une nouvelle conception de l’échange et véhiculant les Principes de l’ordre social (cf. le Civisme). Il s’ensuit que, même ébranlé, via une déstabilisation des banques, il serait obligé de se relever faute d’alternative. Alors, toutes les volontés tendraient dans ce sens. Le salut serait pour tous dans une monnaie et un système monétaire inattaquables (illusion). La Révolution serait reportée aux calendres grecques faute de révolutionnaires. Il se pourrait aussi que, face à la menace d’une attaque de ce genre, mais mieux organisée et plus alarmante, le système (banques et Etat) prenne les devants, empêche d’une manière ou d’une autre les retraits massifs d’argent liquide et impose l’usage exclusif de monnaie virtuelle via les cartes de crédits (ce qu’il est d’ailleurs en train de faire petit à petit). Dans tous les cas, le système en ressortirait donc renforcé, les effets de cet appel seraient contre-révolutionnaires comme l’appel lui-même.

Pourtant, en admettant que cet appel soit entendu et massivement suivi et que le système réagisse en supprimant lui-même la monnaie matérielle, coupant ainsi l’herbe sous le pied des pseudos révolutionnaires, un grand pas serait fait dans le sens de la Révolution sans que personne n’en ait conscience. Il y a donc, malgré tout, quelque chose de révolutionnaire dans cet appel, mais pour des raisons inattendues : c’est qu’elle contribue à pousser le système dans ses derniers retranchements. Le donjon est la position la plus forte où l’on se réfugie quand la situation est désespérée. En clair, en croyant toucher au but, à savoir le contrôle total, le système arrivera en réalité en bout de course ; il dominera mais sera cerné, n’attendant plus que l’assaut final. Pour présenter les choses autrement, disons que ce système est celui de Largent ; il est bâti sur la monnaie. Or l’Histoire ne s’arrêtera pas à ce repli perçu par le système comme un triomphe. Cette situation ne durera pas éternellement. D’autant plus que la monnaie, une fois exclusivement virtuelle, sera elle aussi au terme de son évolution, à l’étape ultime avant la mort. Alors, elle n’aura plus de corps pour enivrer les sens et dissimuler ses vices. Ses formes antiques ne feront plus diversion. Son âme (Largent) sera à nu, exposée à tous les regards et sans protection. En somme, des unités virtuelles seront à la monnaie ce que la fumée est à une bûche ; le moindre vent les dispersera ; le système monétaire aura vécu.  Ainsi, ce que les puissants de se monde tiennent pour leur plus grande force sera leur plus grande faiblesse le moment venu. Et ne croyons pas qu’ils savent ce qu’ils font : leur orgueil les aveugle, leur hauteur les éloigne des réalités, leur mépris des peuples leur ôte toute prudence. C’est toujours eux qui sapent leur position mieux que quiconque, créent les conditions de la Révolution et en donnent le signal par inadvertance.

Quoique empreint de bonnes intentions, l’appel d’Eric Cantona est sans conteste contre-révolutionnaire. Seule une analyse de troisième degré permet d’y découvrir des aspects positifs d’un point de vue révolutionnaire. Cet appel pourrait donc être révolutionnaire s’il était autant calculé, mais il y a peu de chance ce que soit le cas — il est même certain que ceux qui y ont répondu avec enthousiasme seraient désolés que le système réagisse de la seule façon positive du point de vue de la Révolution — et on ne peut qualifier de révolutionnaire un homme aux idées dont les effets premiers et prévisibles seraient essentiellement contre-révolutionnaires et qui ignore en quoi elles pourraient contribuer à la Révolution à défaut d’être intrinsèquement révolutionnaires. On peut être contre-révolutionnaire sans le savoir, mais on ne peut être révolutionnaire malgré soi.

Ces critiques sévères me placent assurément parmi les détracteurs de Cantona (de ses idées plus que du personnage). Il serait cependant difficile de m’assimiler à ses détracteurs ordinaires.

Que lui reprochent ces derniers ? Comment jugent-ils sont appel ? Les réactions ont sans doute été nombreuses, je ne suis pas au fait de toutes, mais je ne me tromperais pas beaucoup en disant que son appel a été perçu comme inutile (heureusement vain), inconséquent (Roselyne Bachelot a dénoncé un appel qui pénaliserait « les Français les plus modestes ». Le système se soucie tellement d’eux !) voire dangereux. Le personnage, quant à lui, a du inspirer des sentiments allant de la bienveillance (Il est fada !) à la haine (C’est un boutefeu !) en passant par le mépris (De quoi se mêle ce footballeur ?). Pourtant, quelles que soient les divergences d’opinion entre les uns et les autres, tous ont en commun d’être des capitalistes, qu’ils soient convaincus ou soumis ; tous sont des suppôts de Largent en tant que valets ou esclaves ; tous se croient intelligents parce qu’ils sont perfides ou médiocres.

J’ai donc plus de tendresse et d’estime pour un Cantano qui se trompe mais va dans le bon sens à défaut d'aller au but que pour ses détracteurs ordinaires qui s'accrochent au bon côté du manche mais sont déjà condamnés par l’Histoire. 

 

Philippe Landeux
9 décembre 2010

NOTES

(1) Premier discours de Robespierre contre la guerre, aux Jacobins, le 18 décembre 1791.

(2) Garder la monnaie par-devers soi, pour la réinjecter aussitôt dans le circuit, n’est pas révolutionnaire. Mais il ne serait pas plus révolutionnaire de retirer l’argent des banques pour le brûler. Le geste serait certes plus audacieux, plus symbolique, mais la Révolution est moins une question d’audace et de symbole que de projet révolutionnaire. Elle ne peut se faire exclusivement contre quelconque chose ; elle doit être intrinsèquement positive, pour quelque chose. Les mesures négatives, destructrices, doivent servir un projet et non des penchants. De ce point de vue, la Révolution qui aura pour but d’instaurer l’Egalité entraînera fatalement l’abolition de la monnaie qu’il ne sera pourtant pas nécessaire de détruire physiquement si elle existe toujours sous forme papier, même si des autodafés de billets pourront marquer l’événement. La Révolution sera ailleurs que dans ces manifestations résiduelles. Il s’ensuit que voir dans de telles manifestations l’essence même de la Révolution est ridicule, démagogique, en un mot contre-révolutionnaire. Or il y a gros à parier que les adeptes de pareils coups d’éclat aient plus de passion que de profondeur. 

(3) Comme prévu, l’initiative a été un flop monumental. Un membre du collectif « Sauvons les riches » a salué l’appel de Cantona en précisant que l’objectif dudit collectif « n’est pas de faire écrouler le système », mais « de le faire mieux fonctionner » (France Soir, 8 décembre 2010). CQFD.

15:56 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 07 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : Largent

Largent ne sert à acheter que des choses à vendre.

lundi, 06 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : douter

Douter, c'est perdre la guerre.

PENSEE DU JOUR : lecture diagonale

Quand on lit en diagonale, on comprend de travers.

dimanche, 05 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : la culture

L'intelligence est à la culture ce que le feu est à une bûche ou le chêne à un gland.

vendredi, 03 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : les banques

Les banques accordent leur confiance à l'ombre des potences.

LA REVOLUTION SELON CANTONA

Parturiunt montes…

Il circule depuis quelques temps sur le Web une vidéo de l’artiste multiforme Eric Cantona disant, en substance, qu’il préfèrerait voir 3 ou 10 millions de personnes protester contre le système en  retirant leur argent des banques au lieu de défiler en vain dans les rues.  

La révolution selon Canto

En vérité, c’est loin d’être bête. Mais, même en supposant qu’un tel mouvement de masse soit possible et ait lieu aujourd’hui, ce ne serait pas la Révolution. Il est certain que ce serait une belle pagaille, que le système prendrait un bon coup dans l’aile, mais il ne serait pas fondamentalement menacé et se relèverait bientôt aussi puissant sinon plus que précédemment. Ce qui ne tue pas rend plus fort.

En 2006, j’ai écrit ceci :

« Historiquement, la Révolution [de 1789] avait pour objectif de libérer la bourgeoisie [c’est-à-dire l’aristocratie de Largent], de lui conférer le vrai pouvoir (économique) et de l’associer au pouvoir politique, quelle que soit sa forme, excepté la monarchie féodale. […] Il me paraît évident que, sans bien distinguer le pourquoi du comment, nos contemporains commencent à réaliser que Largent règne, que, de ce fait, le discours politique de droite comme de gauche tourne à vide, que les politicards, même de bonne foi, ne font que ressasser des idées et des solutions à l’épreuve depuis deux siècles et vouées à l’échec. » (Révolution et guerre civile)

Largent étant au cœur de notre monde comme le roi fut jadis le sommet de l’« ordre social », il est naturel que les regards de ceux qui veulent changer les choses se tournent de plus en plus vers lui. Mais Largent n’est pas physique. C’est une croyance. Il est donc invisible, en apparence inattaquable et, partant, invincible. Et il règne depuis si longtemps qu’il passe pour un paramètre naturel, ce qui l’exempte de toute remise en cause sérieuse. Au fond, les hommes ne savent même pas ce qu’il est. Ils sentent néanmoins qu’ils doivent s’attaquer à lui et, dans leur marche pour l’atteindre, ils s’arrêtent à tous les obstacles palpables et concevables qu’il dresse devant eux. Quand ils pensent en avoir renversé un, ils finissent par se rendre compte qu’il y en a un autre et s’occupent de lui.

Largent est le moteur de l’inégalité. Qu’elle soit bien ou mal définie, l’Egalité est le but et le leitmotiv des révolutions. On peut donc appeler « révolutionnaire » tout mouvement ou toute mesure qui balaye un des obstacles qui obstruent la route vers l’Egalité et qui empêchent de porter le coup fatal à Largent. Ces obstacles sont — du plus au moins évident — les despotes (rois, dictateurs, gouvernements tyranniques), les riches, les banques et la monnaie qui sont autant d’écrans de fumée pour Largent. Tous ces obstacles sont liés : leurs existences tiennent à celle de Largent lui-même. Le despotes germent sur l’inégalité ; les riches sont une manifestation de l’inégalité ; les banques sont une conséquence de la monnaie qui est une conséquence de Largent. Il est donc impossible, si ce n’est de manière illusoire, de renverser un seul de ces obstacles tant que Largent est debout. En revanche, chaque échec permet aux hommes de prendre conscience que le problème n’était pas essentiellement dans l’obstacle momentanément renversé   et les oblige à aller plus loin la fois suivante, à tenter ou envisager autre chose, et ainsi à déshabiller toujours plus Largent jusqu’à ce qu’il leur apparaisse dans toute sa culpabilité.

L’Histoire démontre toutes ces assertions. Les révolutions du type 1789 se sont attaquées au despotisme, en vain. Les révolutions type 1917 se sont attaquées aux despotes et aux riches, en vain. Les banques et la monnaie subirent aussi quelques assauts, en vain. Tout a déjà été essayé, excepté la choses la plus difficile car la moins concevable : s’attaquer à Largent lui-même.

Aujourd’hui, Eric Cantona croit faire preuve d’audace et d’intelligence en appelant les « citoyens » à retirer leur argent des banques (1). Mais que sont les banques si ce n’est, comme nous l’avons dit, le rempart de la monnaie, elle-même celui de Largent ? Sa proposition montre certes qu’il sent que Largent est au cœur du problème — ce qu’il est loin d’être le premier à sentir même si ceux qui le sentent et tendent leurs efforts dans cette direction ne sont pas légions —, mais elle démontre aussi son ignorance de ce qu’est Largent et son allégeance au système.

Car le système est fondamentalement monétaire. Le système monétaire est la raison d’être des banques qui, en même temps, sont une conséquence de ce système. Or Cantona ne propose pas de s’attaquer à la monnaie, ce qui serait encore insuffisant, mais de déstabiliser les banques qui, dans le cadre d’un système monétaire, même si elles étaient complètement éradiquées un temps, ressusciteraient infailliblement.

Pire ! En préconisant aux gens de « retirer leur argent », donc de le conserver par-devers eux, il ne conteste pas la monnaie ; au contraire, il la consacre, il en sanctionne le principe, il entérine les préjugés monétaires, il cautionne le capitalisme et ses vices, il couvre Largent, il renforce le système sous prétexte de le combattre ou du moins de le critiquer. Ce n’est pas en adoptant les postulats du système, en perpétuant les préjugés qu’il inculque, que l’on peut le menacer.

L’éclat de Cantona part cependant d’un bon sentiment. Il manifeste un profond humanisme. Mais il est temps de comprendre que l’Homme ne sera jamais au cœur du système tant que la place sera prise par Largent qui ne peut avoir d’autre place que centrale, excepté sous le despotisme où il règne en second.

Au final, à quoi rime la proposition de Cantona ? Les gens retirent leur argent des banques. Très bien ! Elles sont ruinées. Très bien ! Ceux qui n’ont pas eu la possibilité de retirer leur argent sont ruinés aussi. Moins bien ! Les entreprises n’ont plus les moyens de payer leurs employés (qui n’acceptent que le papier monnaie) ni de se payer entre elles avec de la monnaie virtuelle (même les écritures ne valent rien, puisqu’il n’y a plus de banques derrière) : l’économie s’écroule. Oups ! La misère s’abat sur la « société », misère dont les faibles souffrent davantage que les ci-devant riches. Aïe ! Pour sortir ce cette crise, diverses solutions peuvent être envisagées, mais toutes passent par la confiance en une monnaie et la reconstruction du système monétaire. L’Etat peut du reste parer à cette crise en interdisant les paiements en liquide, en renflouant les banques, etc., toutes mesures qui, elles aussi, renforcent la monnaie. Euh !

Un tel mouvement serait donc plus qu’un coup d’épée dans l’eau : il serait contre-productif et même contre-révolutionnaire. Il ne suffit pas de vouloir « faire bouger » les choses pour qu’elles bougent dans le bon sens. Une action doit avoir un but, un objectif, servir un projet. En l’occurrence, quel est-il ? Néant ! Le système monétaire est celui dans lequel nous vivons ; lui mettre des bâtons dans les roues, sans autre but que de lui faire un pied de nez, ne peut que se retourner contre nous ! Il pourrait en revanche en être autrement si cette proposition s’inscrivait dans le cadre d’un projet visant à renverser, non plus seulement les banques, mais le système monétaire et à abattre Largent pour instaurer l’Egalité. Mais ceci est une autre histoire.

Philippe Landeux

Publié par Riposte Laïque

NOTE

(1) Conseiller de retirer massivement l’argent des banques rappelle le film Fight Club dans lequel le héros voit une panacée dans la destruction des terminaux bancaires et le retour aux sociétés primitives, solution tout aussi puérile.

Voir Les bases du Civisme

11:24 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cantona, révolution, banques |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : les collabos

Quand la patrie est en danger, il n'y a plus que les lâches et les collabos d'un côté, les patriotes de l'autre.

jeudi, 02 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : Largent

Largent est comptant et les hommes sont tristes.

L’EXPULSION DES DELINQUANTS ETRANGERS

Le dernier référendum suisse sur l’expulsion automatique des criminels étrangers renvoie, dans l’esprit, à un article de mon projet de constitution pour une Cité et au commentaire que j’en ai fait bien avant ledit référendum.

On notera cependant une différence : selon moi, les actes qualifiables de crimes sont passibles de détention à vie. Les criminels étrangers ne peuvent donc à la fois purger leur peine jusqu’à la mort et être expulsés. S’ils étaient pendus, il serait de même hors de question qu’ils aillent se faire pendre ailleurs. Ne peuvent donc être expulsés que des « étrangers » ayant commis un délit passible d’une peine légère, non privative de la liberté ou n’en privant que momentanément.  

 

PROJET DE CONSTITUTION POUR UNE CITE
 

Article 43 : Un Citoyen qui enfreint la loi est sanctionné ; un étranger, ou un immigré, est en plus ou directement expulsé et à jamais interdit de séjour sur le territoire national.

Un immigré — c’est-à-dire un Citoyen d’origine étrangère ou doté d’une nationalité étrangère — ou un étranger de passage doit sa présence sur le territoire national au bon vouloir de la Cité. C’est en somme un invité. Il doit donc se comporter comme tel pour ne pas indisposer son hôte. Dans le cas contraire, il apparaît qu’il est indésirable et doit être traité comme tel.
 

Tout invité doit se plier aux règles maison sous peine d’être chassé. De même les immigrés et les étrangers doivent respecter scrupuleusement les lois de la Cité sous peine d’être expulsés. Les infractions aux lois peuvent cependant être plus ou moins graves. Certaines peuvent être commises par ignorance, d’autres par inadvertance, d’autres encore par bêtise. Si elles ne prêtent pas à conséquence, une expulsion immédiate serait cher payer. Par ailleurs, il se peut que la condition même d’étranger rende impossible ou inutile d’appliquer les sanctions prévues par la loi. Il est donc des cas où, l’expulsion étant trop sévère, la sanction trop complexe à mettre en œuvre, un avertissement est la solution la plus adéquate. Bien sûr, cette indulgence ne sera plus de mise la prochaine fois s’il y en a une.

Maintenant, si le délit est plus grave sans qu’une sanction soit possible ou utile s’agissant d’un étranger, l’expulsion doit être immédiate. Si son auteur mérite d’être puni ou de payer (réparer) sa faute, l’expulsion doit intervenir aussitôt la peine purgée. Enfin, en cas de crime, la peine étant la détention à vie, l’expulsion n’a pas lieu d’être — à moins que des conventions internationales garantissent que le criminel purgera cette peine dans son pays d’origine, ce qui n’est généralement pas le cas malgré les promesses. 

Ainsi, hormis le cas des criminels et celui des avertis, les étrangers ayant commis un délit important doivent être expulsés soit immédiatement après le constat soit après avoir purgé leur peine. Dans ce dernier cas, les sophistes parlent de double peine et s’en indignent. Mais en quoi renvoyer un individu dans son pays, parmi les siens, est-il une peine ? Lesdits sophistes protestent du reste contre le principe même de l’expulsion. Et quoi ! Les étrangers irréprochables seraient libres de retourner chez eux, ne serait-ce que pour les vacances, et la Cité, elle, devrait garder les délinquants ad vitam æternam ! Autant dire que la condition pour demeurer dans la Cité et avoir des protecteurs bien-pensants ne serait pas, pour un étranger, de respecter les lois mais de les violer d’entrée. Ce serait le monde à l’envers.

A la vérité, l’expulsion systématique des délinquants étrangers, en plus d’être légitime, se justifie pour deux raisons aussi puissantes l’une que l’autre.

La première est que des étrangers menacés d’être renvoyés dans leur pays à la moindre infraction aux lois (Il va de soit qu’immigrer clandestinement est par définition un délit.) n’en sont que plus motivés à les respecter scrupuleusement. Ceci ne vaut bien sûr que s’il ne s’agit pas de menaces en l’air, si les lois sont intransigeantes sur ce point. Cette intransigeance doit également concerner les étrangers pour lesquels un renvoi au pays serait dangereux. Il ne faudrait pas en effet que, sous prétexte d’échapper à un danger chez eux, ils se croient tout permis chez les autres et que les autres, à force de les plaindre, de leur trouver des excuses, leur permettent tout à leurs dépens. Ce n’est pas à la loi de s’adoucir pour eux en considérant le sort qui les attend s’ils sont expulsés ; c’est à eux de prendre en compte cette considération pour s’exposer d’autant moins à la rigueur de la loi. La Cité doit agir en fonction de ses intérêts et non d’intérêts étrangers. Or son intérêt est que ses lois, expressions de sa volonté, soient respectées, et que l’ordre public règne.

La seconde raison est que, si les étrangers savent qu’ils seront à coup sûr renvoyés dans leur pays à la moindre incartade, ils adoptent d’emblée une attitude exemplaire qui leur fait honneur et honore leurs compatriotes. Il est évident que, s’ils se comportent ainsi, excepté quelques brebis galeuses expulsées aussitôt, la communauté nationale, loin d’avoir des reproches à leur faire, ne peut que louer leur comportement et se féliciter de leur présence. Il est tout aussi évident que le laxisme en la matière ne peut que favoriser la multiplication des actes répréhensibles de la part d’étrangers, jeter le discrédit sur tous les étrangers, susciter l’hostilité des nationaux à leur endroit, bref développer une xénophobie justifiée. Mais qui serait alors à blâmer ? Les étrangers, les nationaux ou les législateurs ? Evidemment les artisans de cette législation naïve, permissive et inconséquente qui, sous prétexte de ménager les étrangers, ne ferait que leur nuire.

Philippe Landeux

 

PS : Pour répondre aux arguments fallacieux de M. Pinte, député UMP, qui se soucie fort des familles des délinquants et moins de celles de leurs victimes passées et futures, je dirais qu’il suffit d’adopter les principes des révolutionnaires en matière de police générale : la femme suit l’homme (1), les enfants à charge suivent les parents. Si l’humanité réprouve que les familles soient séparées, alors que les Principes, qui sont au-dessus de l’humanité, exigent qu’un étranger indigne de l’hospitalité qui lui a été accordée soit expulsé, il faut renvoyer toute la famille. Cette menace ne dissuadera que plus les étrangers de commettre des actes répréhensibles, ce qui sera dans l’intérêt de tous. M. Pinte ajoute que, souvent, les intéressés ne connaissent pas la langue de leur pays d’origine, qu’ils n’y ont plus d’attaches, qu’ils y seraient ni plus ni moins que des immigrés s’ils y étaient envoyés et que, en conséquence de ces balivernes, ils doivent rester en France. Mais pourquoi toujours résoudre les difficultés imaginaires en faveur des étrangers, des délinquants et des criminels, sans souci des victimes et au préjudice de la France ? Qui proteste lorsque des immigrés débarquent en France sans y avoir d’attaches, sans en parler la langue, etc. ? Pourquoi faudrait-il soudain considérer comme inacceptable moralement de placer un délinquant envers qui la France ne doit rien dans la situation d’un immigré ? D’ailleurs, une fois de plus, dans la mesure où la loi précède le délit, ce ne serait pas la France qui placerait le délinquant dans cette situation mais le délinquant lui-même, et si l’expulsion était un mauvais sort de son point de vue, il n’avait qu’à y songer avant de passer à l’acte. Une loi qui ferait réfléchir à deux fois les délinquants potentiels serait deux fois plus dissuasive et préviendrait d’autant mieux les crimes qu’elle réprime. Au lieu de la rejeter, il faudrait s’empresser de l’adopter. Il serait peut-être également judicieux de s’interroger sur le but que poursuivent ceux qui ne veulent pas dissuader efficacement les immigrés d’être nuisibles et qui, par ailleurs, dénoncent la xénophobie et le racisme. Reconnaissons qu’il n’y a pas mieux pour développer ces sentiments chez des autochtones que d’encourager une immigration folle et de ménager les délinquants et les criminels d’origine étrangère.

NOTE

(1) 16 avril 1794 – 27 germinal an II. Adoption de la loi de police générale obligeant les ex-noble et les étrangers des pays avec lesquels la République est en guerre à évacuer dans les dix jours, et pour la durée de la guerre, Paris, les places fortes et les villes maritimes. Art. 7 : « Les ouvriers employés à la fabrication des armes à Paris, les étrangères qui ont épousé des patriotes français, les femmes nobles qui ont épousé des citoyens non nobles, ne sont point compris dans l’article précédent. » A l’issue du débat sur ce décret, un député demanda « si la femme noble qui a épousé un roturier ou la femme roturière qui a épousé un noble seront comprises dans la loi qui vient d’être rendue. » La Convention passa à l’ordre du jour considérant que les femmes suivent le sort de leurs maris. (Aulard. Recueil des Actes du Comité de salut public, tome XII, p. 623, note 1)


10:13 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expulsion, criminels, délinquant, étrangers, suisse |  Facebook | |  Imprimer |