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mercredi, 29 avril 2015

RETRAITE ET CHÔMAGE DANS LA CITÉ (vidéo 8)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

RETRAITE & CHÔMAGE
DANS LA CITÉ

Dans la vidéo précédente, j’ai exposé le mode d’échange de la Cité et expliqué le fonctionnement du moyen d’échange correspondant, à savoir la Carte civique. Je rappelle brièvement le principe : tous les Citoyens ont le devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation) et jouissent en retour du droit de profiter de tous ses bienfaits, droit qui implique qu’ils aient le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’ils soient Citoyens. Le droit d’accéder au marché est donc conféré par la Citoyenneté elle-même. Pour attester leur Citoyenneté auprès des commerçants, les Citoyens disposent d’une carte appelée « Carte civique », qui, d’un point de vue technique, fonctionne comme les actuelles cartes de crédits. Je dis bien « d’un point technique ». Il n’y a plus d’unités monétaires sous quelque nom que ce soit, donc plus de prix, plus de notion de valeur marchande. La Carte civique, via un réseau informatique, ne sert qu’à vérifier l’information au sujet de la Citoyenneté : c’est oui ou c’est non. Oui, accès illimité (en théorie), puisque la Citoyenneté ne se mesure pas ; non, pas d’accès, donc droit à rien. Je m’arrête là ; je vous renvoie à cette vidéo.

A partir de la présente vidéo, et dans les deux prochaines, je vais examiner les conséquences de la Carte civique dans certains domaines et expliquer comment la Cité pourra surmonter les problèmes créés par l’adoption de ce nouveau moyen d’échange ou, tout simplement, comme elle pourra s’y adapter. Aujourd’hui, deux sujets : les retraites et le chômage. J’imagine que ces sujets ne sont pas ceux auxquels vous auriez accordé la priorité, pressés que vous êtes sans doute d’aborder les problèmes qui les premiers vous viennent à l’esprit. Mais il faut savoir que, dans la Cité, la question des retraites est essentielle ; le système des retraites offre à la Cité un levier indispensable qui fait de lui la clé de voûte du système économique. Vous allez comprendre. Quant au chômage, il est évident que le sujet est important dans un système où tout individu pour être Citoyen, et tout Citoyen pour le demeurer et conserver ainsi ses droits, aura le devoir de participer à la vie de la Cité. Bien que la notion de participation soit plus large que celle de travail, on peut en effet se demander s’il y aura de l’emploi pour tous, si tous les individus présents dans la Cité auront la possibilité de s’acquitter de ce devoir et d’être Citoyens, vu que la chose serait impossible actuellement dans un système qui fabrique des chômeurs par millions et qui, incapable de reconnaître le travail comme un devoir, le proclame — comble de l’absurdité ! — comme un droit. Par suite, on peut aussi se demander si la notion de chômage existera encore et, si oui, ce qu’elle signifiera.

Tout d’abord, donc, les retraites. Le problème des retraites est aujourd’hui insoluble. Un retraité, c’est-à-dire un individu qui ne travaille plus, parce qu’il a travaillé un certain temps ou atteint un certain âge, doit cependant pouvoir accéder au marché, donc disposer de monnaie. Dans la mesure où il n’en gagne plus par son travail, façon normale d’en gagner, le système doit lui en procurer et, pour ce faire, en prendre à ceux qui travaillent encore (puisque la monnaie fonctionne selon le principe des vases communicants). En clair, les retraités sont à la charge financière des actifs. Peu importe qui verse les retraites, que ce soit l’État ou des organismes privés ; l’argent en question provient toujours du travail présent. (Des retraites par capitalisation peuvent permettre à une minorité de mieux s’en tirer, mais ne règlent pas le problème général.) Les cotisations qu’ont payées les retraités leur vie durant ne sont pas restées dans des coffres ; elles ont servi à payer les retraités d’alors. Pour que leurs propres retraites soient assurées, il faut des cotisants et en nombre suffisant. Et c’est là que le bât blesse. La population active diminue en raison de l’effondrement de la natalités et de l’augmentation du chômage. L’équilibre menace d’être rompu, et les fausses solutions, telles que l’immigration (sujet auquel je consacrerai une vidéo), ne font qu’aggraver le problème. La pression sur les travailleurs devient insupportable tandis que les montants des retraites sont de plus en plus ridicules. Comme je l’ai expliqué dans la vidéo 4 sur l’anachronisme du système monétaire, le système monétaire porte aujourd’hui en lui une contradiction fondamentale qu’il sera incapable de surmonter, et ceci en est une de plus.

Mais nous voyons que nous posons la question des retraites en termes financiers, autrement dit nous cherchons à résoudre une équation telle que la monnaie, qui n’existe pas, qui n’est du moins qu’une fiction, nous l’impose. Quel est le problème en réalité ? La vraie question est de savoir si la population en activité, aidée des machines, produit assez pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population. Sous ce rapport, la réponse est oui. Et si l’on part du principe que des retraités sont toujours Citoyens et que les Citoyens ont le droit d’accéder au marché, parce qu’ils sont Citoyens, le problème est réglé. Le Civisme et la Carte civique règlent de facto le problème des retraites, insoluble dans le système monétaire. Dans la Cité, un Citoyen a des droits : les droits du Citoyen. Ce n’est pas une question d’âge ; mais de devoirs.

La Citoyenneté se mérite. Après un certain nombre d’années, fixé par la loi et égal pour tous (sauf éventuellement pour les activités reconnues usantes, bénéficiant alors d’un coefficient plus élevé), les Citoyens sont dispensés de participer à la vie de la Cité, du moins n’ont-ils plus besoin de participer pour mériter la Citoyenneté ; leur Carte civique est désormais valide de façon permanente, plus exactement sans interruption possible. Ceux qui veulent prendre un repos bien mérité peuvent s’arrêter ; ils n’y perdent rien. Ceux qui veulent continuer le peuvent aussi, mais ne sont plus comptabilisés parmi le personnel des entreprises pour lesquelles ils travaillent, puisque la validité de leur Carte n’en dépend plus. Il est donc de l’intérêt des entreprises d’employer des retraités qui, de leur côté, travaillent pour le plaisir et peuvent être moins assidus. Aujourd’hui, on vire les retraités pour faire de la place et des économies ; dans la Cité, les retraités seront retenus et recherchés comme un plus. Aujourd’hui, dans le « système social que le monde nous envie » et que d’aucuns s’évertuent à sauver, les droits d’un retraité s’effondrent avec le passage d’un salaire de misère à une pension plus misérable encore ; dans la Cité, un retraité sera toujours Citoyen et jouira des mêmes droits qu’auparavant, dont celui d’accéder librement au marché.

Mais j’ai dit que la retraite constituerait un levier. J’ai dit aussi que les Citoyens seraient à la retraite passé un certain nombre d’années à participer ou à travailler, ce nombre étant fixé par la loi et égal pour tous. Comprenons donc qu’il n’y aura pas d’âge pour la retraite, quoique le nombre officiel d’années exigées correspondra à un âge raisonnable. Ce nombre ne portera pas sur des années d’existence, mais sur des années de participation. Le temps des périodes d’activité sera additionné jusqu’à ce que la somme atteigne le nombre en question. Autrement dit, les périodes d’inactivité n’entreront pas en ligne de compte et repousseront d’autant le moment de la retraite. Voilà pour le principe. En réalité, les choses seront un peu plus complexes, comme toujours.

Durant les périodes d’activité la Carte civique sera valide. C’est donc le temps de validité de la Carte qui sera en fait additionné. Mais, dans certaines conditions, la Carte civique sera aussi valide durant des périodes d’inactivité, car le contraire reviendrait à suspendre la Citoyenneté, donc à priver les Citoyens de tous leurs droits, ce qui serait particulièrement brutal. Ce cas extrême existera, mais, de manière générale, la Cité considèrera que les périodes d’inactivité, durant lesquelles la Carte civique sera valide et génèrera autant de « temps positif » par rapport au calcul du « temps à travailler » pour atteindre la retraite, elle considèrera, dis-je, que ces périodes d’inactivité génèrent simultanément autant de « temps négatif ». La somme du « temps positif » et du « temps négatif » sera nulle ; le principe sera donc bien respecté : ces périodes n’entreront pas en ligne de compte, le moment de la retraite sera d’autant repoussé, mais ce sera là le seul préjudice pour les Citoyens concernés et responsables de cette situation.

Maintenant, il va de soi que l’intérêt de la Cité sera que les Citoyens soient actifs tant qu’ils sont en âge et en état de l’être et qu’elle ne permettra pas que des individus abusent de sa bienveillance et passent leur vie au « chômage », puisque c’est finalement de cela que nous parlons ; elle prendra donc des dispositions à cet effet. Comme je l’ai dit, bénéficier de ces dispositions, pour être au chômage, sera soumis à conditions. La première sera d’avoir travaillé un certain temps, fixé par la loi et égal pour tous. La deuxième sera de ne pas demeurer au chômage plus d’un certain temps, également fixé par la loi et égal pour tous. En fait, tous les Citoyens disposeront, pour la durée de leur vie, d’un « crédit de temps chômage » de plusieurs années qu’ils pourront utiliser comme bon leur semble, soit par besoin (en cas de licenciement, de démission, de liquidation de leur entreprise, de sortie de prison), soit par envie (pour faire une pause, réaliser un projet, voyager, etc.). Ce « crédit de temps chômage » ne sera pas renouvelable ; s’ils l’épuisent inutilement, toute nouvelle période d’inactivité désactivera leur Carte civique ; ils ne seront donc plus Citoyens jusqu’à ce qu’ils se remettent à l’ouvrage, ce qu’ils auront intérêt à faire très vite, car la Cité ne se laissera pas émouvoir. Elle considèrera les Citoyens comme des adultes responsables, et ceux qui ne le seront pas naturellement apprendront à l’être à leurs dépens ; elle n’aura aucune pitié pour les tire-au-flanc et les parasites.

Je rappelle ici ce que j’ai expliqué dans la vidéo précédente sur la Carte civique, à savoir que la Cité connaîtra le plein emploi, qu’il ne pourra y avoir de chômage autre que volontaire. C’est mathématique. Le fait que tous les Citoyens pourront accéder librement au marché génèrera une Demande en théorie infinie qui, en pratique, sera quand même toujours supérieure à l’Offre, laquelle pourra augmenter et augmentera jusqu’à ce que le plein emploi soit atteint. Il y aura plus d’emplois à pourvoir que de Citoyens, qui auront donc l’embarras du choix, sachant par ailleurs que leurs droits seront constants, quel que soit leur emploi (ou leurs études supérieures, car les étudiants seront Citoyens). Cela ne veut pas dire qu’aucun secteur d’activité ne connaîtra de crise, mais que les Citoyens touchés auront mille opportunités de travail et aucune excuse de ne pas travailler. Le chômage sera donc bien un état volontaire, et légal dans une certaine mesure. Au-delà, pas de bras, pas de chocolat !

Notons que les employés auront droit, comme aujourd’hui, à des congés durant lesquels leurs Cartes seront valides sans qu’ils aient à entamer leur « crédit de temps chômage ». Même chose pour l’inactivité momentanée et forcée en raison de maladie ou d’accidents, les intéressés étant alors à la charge soit de leur entreprise, qui aura intérêt à s’assurer de leur état, soit de la Cité, qui s’en assurera aussi, et gare aux escrocs dans les deux cas ! La Cité disposera en effet d’une batterie de sanctions fort dissuasives et pour certaines radicales, comme la déchéance de la Citoyenneté, qui condamnera, de fait, à aller se faire porter pâle ailleurs après un éventuel passage par la case prison.

Ce qui m’amène enfin à la question du levier économique que constituera la retraite, dont j’ai parlé au début. Je ne vais pas entrer ici dans le détail du fonctionnement des entreprises (ce sera le sujet de la prochaine vidéo) ; disons simplement qu’en tant que partie du corps social elles remplissent une fonction dans la Cité et ont donc des obligations envers elle, des obligations en termes de résultats de vente (non de production) ; elles doivent satisfaire une certaine Demande. Si elles n’y parviennent pas, alors qu’elles ont en main toutes les cartes possibles, leur responsabilité est engagée et la Cité se doit de les sanctionner par où elles ont pêché. Quelle est leur faute ? Ne pas avoir fait leur travail ou ne pas avoir travaillé assez. Quelle est la sanction ? Travailler plus, donc plus longtemps. En clair, la Cité infligera automatiquement, selon un barème préétabli, du « temps négatif » aux entreprises qui auront failli à leurs obligations. Mais une entreprise est une personne morale ; « travailler plus longtemps » ne veut rien dire pour elle. Et en effet, ce n’est pas l’entreprise en tant que personne morale qui sera sanctionnée ainsi, mais chacun de ses employés qui tous, aux yeux de la Cité, représenteront leur entreprise. Tous les Citoyens dont la Carte civique sera validée du fait d’appartenir à telle entreprise se verront infligé le « temps négatif » que ses mauvais résultats lui auront mérité. Tous profiteront également quand tout ira bien ; tous subiront également en cas de faute. Ce « temps négatif », infligé collectivement, s’ajoutera bien sûr à celui que les Citoyens cumuleront individuellement. Autant dire que, si les Citoyens désirent parvenir un jour à la retraite, ils devront utiliser le moins possible leur « crédit de temps chômage » et tout faire, en tant qu’employés, pour que leur entreprise ne s’attire pas de « temps négatif ». Mais, dira-t-on, tous les employés ne sont pas également responsables de la marche de leur entreprise. Oui, aujourd’hui ! Mais, aujourd’hui, tous les employés ne sont pas non plus concernés également par les profits. Si demain tous les employés étaient intéressés à part égale aux profits comme aux pertes, l’ambiance dans l’entreprise serait quelque peu différente. C’est ce qu’il adviendra dans la Cité. En fait, la menace collective qui planera sur tous les employés fera que jamais ils ne s’exposeront à la subir ; ils feront ce que leur entreprise attend d’eux, et celle-ci, ce que la Cité attend d’elle. Et voilà comment, dans la Cité, la retraite sera paradoxalement le stimulant du travail.

Dans ces vidéos, je ne peux pas entrer dans tous les détails, imaginer tous les problèmes, envisager toutes les situations. Mes livres sont plus complets. Mais, quoi qu’il en soit, nous n’avons pas à répondre à tout aujourd’hui ; nous ne connaissons pas le futur et, de toute façon, les Citoyens feront en leur temps ce que bon leur semblera. Nous pouvons ouvrir des pistes ; nous devons surtout nous attacher aux principes. Soyons sûrs que la Cité pourra faire face et fera preuve de bon sens en toute chose. Et si elle se trompe, elle rectifiera. Sans Largent pour imposer ses règles et ses réalités, tout devient plus simple, tout n’est plus qu’une question de logique et de volonté, tout ne dépend plus que des hommes.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !


Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

21:31 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : idées originales

Les idées originales à la portée du premier venu et partagées par beaucoup ne sont pas révolutionnaires ; elles sont juste une manifestation originale des préjugés ordinaires.

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dimanche, 26 avril 2015

MODE ET MOYEN D'ÉCHANGE DE LA CITÉ (vidéo 7)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« Un moyen d’échange est le paramètre le plus
stable d’une Société ; il en est le cœur. Rien
n’est plus difficile que d’en changer. Une fois
adopté, il façonne les hommes à son image. »

Manifeste des Patriciens, art. 73

 

LE MOYEN D’ÉCHANGE DE LA CITÉ :
LA CARTE CIVIQUE

Dans les vidéos précédentes, que je vous invite à visionner au préalable, j’ai exposé les bases du système actuel, à savoir Largent (ou la notion de valeur marchande, issue du troc) et la monnaie (le moyen d’échange qui en découle) ; j’ai aussi posé les Principes de la Cité, rappelés par le Contrat social (vidéo précédente), à savoir l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, égalité notamment dans le devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), égalité notamment dans le droit d’accéder au marché, pour pouvoir profiter réellement des bienfaits de la Cité, ce droit étant conféré par la Citoyenneté. La présente vidéo sera consacrée au moyen d’échange qui découle des Principes (article 4b du Contrat social) et s’inscrit dans l’évolution des choses, à savoir : la Carte civique. Avec cette vidéo, on entre au cœur du Civisme, tout entier contenu dans cette mesure.

Le mode d’échange de la Cité repose sur un tout autre principe que le système monétaire. Les Citoyens ont des Devoirs envers la Cité qui s’assure qu’ils s’en acquittent bien, auquel cas elle reconnaît ou confirme leur Citoyenneté, condition pour accéder librement au marché et jouir réellement de tous les bienfaits de la Cité. Tous les Citoyens étant dans ce cas, jouissant du droit d’accès, sont égaux dans tous les droits garantis directement par la Cité, mais aussi dans tous les droits qui dépendent de l’accès au marché, c’est-à-dire presque tous, dont les plus vitaux, et qui, jusque-là, passaient par la monnaie et étaient répartis inégalement entre les individus. Les Citoyens ne paient plus en détail ce dont ils ont besoin ou envie ; ils ne sont plus dépouillés subtilement de leurs droits par un salaire et à chaque transaction ; c’est auprès de la Cité qu’ils « paient » globalement leurs futurs « achats » en s’acquittant de leurs Devoirs, comme une sorte de forfait. Rien n’est payant (au sens monétaire) sur le moment, mais rien n’est gratuit dans l’ensemble ! La production est le fruit de la participation individuelle et collective des Citoyens ; elle appartient donc à tous collectivement, et tous ont le droit d’y puiser librement pour satisfaire leurs besoins individuels. Dans ce mode d’échange, il ne s’agit plus d’un échange d’objets entre individus, comme sous le troc ou la monnaie qui en perpétue la logique, mais d’un échange en termes de Devoirs et de Droits entre le Citoyen et la Cité ; ce mode d’échange met en œuvre la logique sociale au lieu de focaliser sur les objets et leur soi-disant valeur (voir la vidéo sur la monnaie) et de détruire la Société au nom Largent (voir la vidéo sur Largent).

Pour exercer leur droit d’accéder au marché, les Citoyens disposent d’une Carte dite Carte civique, qui, techniquement, fonctionne et s’utilise grosso modo comme les actuelles cartes de crédits, mais qui, dans ce cas, sert avant tout à attester, après des commerçants, en consultant une banque de données informatiques, la Citoyenneté de son détenteur. Un Citoyen peut, en théorie, prendre tout ce qu’il désire ; plus exactement, il peut emporter tous les articles qu’il a mis dans son panier et présentés en caisse, une fois que sa Citoyenneté est contrôlée et attestée, via sa Carte. Cette procédure valide ses achats, pour utiliser le terme actuel, et les enregistre aussi bien sur son compte que sur celui du commerçant.  

Cet enregistrement des achats est indispensable pour deux raisons. La première concerne d’abord les « vendeurs » (commerçants ou entreprises). Cela leur permet bien sûr de gérer leurs stocks, mais permet surtout à la Cité de connaître leur activité. Car c’est de leur activité, qui constitue leur Devoir envers la Cité et qui, en l’occurrence, consiste à avoir un certain nombre de clients (et à écouler un certain volume de produits), que dépend leur Citoyenneté et donc la validation de leur propre Carte civique. Il ne faut jamais oublier que, dans la Cité, la Citoyenneté se mérite en permanence ; les droits du Citoyen, dont celui d’accéder au marché, sont la contrepartie de ses Devoirs envers la Cité. Je ne m’étends pas sur ce sujet, je consacrerai la vidéo 9 à la question des entreprises. Notons simplement que l’informatique rend facile et sûr un contrôle qui, sans elle, serait impossible, aucune bureaucratie ne pouvant rivaliser, sur aucun plan. Notons également que ce contrôle et la nécessité pour les « vendeurs » d’atteindre, en terme de ventes ou de clients, les résultats exigés d’eux par la Cité, sous peine de sanctions (pouvant aller jusqu’à la perte de la Citoyenneté), expliquent pourquoi ils exigeront eux-mêmes que leurs clients valident leurs achats et disposent donc d’une Carte civique, qu’ils aient donc eux aussi rempli leurs devoirs, ce qui constituera une forme d’autocontrôle dispensant la Cité d’intervenir. En effet, certains se demandent sans doute quel intérêt auront les commerçants et les entreprises à exercer leur activité sans en retirer d’argent… Mais cette question n’a de sens que dans un système monétaire ! Dans la Cité, l’intérêt de chacun sera d’acquérir et de conserver la Citoyenneté et les droits qui vont avec, donc d’éloigner de lui les sanctions en faisant ce que la Cité attend de lui. Du reste, comparé au système monétaire, le pouvoir d’achat conféré par la Citoyenneté sera nettement supérieur, puisque illimité en théorie. Il est vrai, cependant, que, si cet aspect des choses peut en imposer à nos contemporains, les Citoyens, eux, n’y feront plus attention ; ils ne se demanderont plus ce qu’ils peuvent « gagner » ; ils prendront surtout garde de ne pas tout perdre.

La deuxième raison de l’utilité de la Carte civique et de l’enregistrement des achats concerne, précisément, le pouvoir d’achat. J’ai dit que le pouvoir d’achat était illimité « en théorie ». En théorie, en effet, le pouvoir d’achat conféré par la Citoyenneté est indéfini, puisque la Citoyenneté ne se mesure pas. On est Citoyen ou on ne l’est pas ; c’est oui ou non. Non, on n’a droit à rien ; oui, on a droit à tout. Et il est important, J’INSISTE SUR CE POINT, il est important, dis-je, que ce principe d’un accès illimité soit respecté autant que possible. C’est le pouvoir d’achat illimité qui permettra d’atteindre tous les équilibres naturels optimums, qui impulsera une nouvelle force des choses dans la Cité, qui sera la source des prodiges de l’Égalité. C’est notamment de la possibilité d’abuser en permanence que naîtra la modération des Citoyens, car des individus frustrés guettent, au contraire, la moindre occasion d’abuser. Bien sûr, cela n’ira pas sans poser quelques problèmes, mais il ne faut pas que tout devienne prétexte pour violer le Principe. Je veux dire que, tout en respectant le principe, la Cité pourra, à travers la loi, intervenir pour interdire l’accès à certains produits ou le limiter à certaines quantités. Il suffira d’entrer la loi en langage informatique dans la banque centrale de données afin que les Cartes, ou tel type de cartes, ne puissent enregistrer le retrait de tel produit (ou de telle catégorie de produits) au-delà de telle quantité. Déjà, il existera une distinction entre les particuliers et les personnes morales (entreprises, etc.) qui devront elles aussi disposer de Cartes pour accéder au marché mais qui seules, suivant la nature de leur activité, pourront accéder à certains produits. Cela semble logique. Mais, même dans ce cas, les restrictions devront être aussi limitées que possible. En théorie, tous les produits pourraient tomber sous le coup d’une restriction. Mais ce ne serait l’intérêt ni du système ni des Citoyens. Or la Cité sera démocratique au vrai sens du terme ; la loi sera l’ouvrage des Citoyens (voir la première vidéo sur la démocratie et la prochaine sur le système politique de la Cité) et il n’y a pas de raison de croire qu’ils limiteront leur propre pouvoir d’achat de manière aberrante, même s’ils pouvaient le faire. Quand on y réfléchit, il apparaît assez vite qu’adopter des limites arbitraires et artificielles est soit néfaste soit inutile, car le calcul néglige toujours des données, de sorte que la limitation proposée est généralement en deçà de l’équilibre naturel (donc néfaste), plus rarement au-delà (alors inutile). De manière générale, il est préférable que l’accès aux produits soit libre, selon la règle « premier arrivé, premier servi », le marché étant régulièrement alimenté. Les mesures d’exception sont faites pour les biens et surtout les temps exceptionnels. Mieux vaut, en temps normal, que quelques Citoyens, jamais les mêmes, supportent une rupture de stock temporaire plutôt que tous subissent un rationnement permanent. La première philosophie fait des heureux ; la seconde, seulement des mécontents. Il appartiendra malgré tout à la Cité d’adopter, en la matière, la philosophie qui lui plaira, mais je gage que ce sera la première, quitte à faire des exceptions pour certains produits, limitations exceptionnelles que la Carte civique permettra de faire respecter, par tous, sans difficulté. Ces possibles limitations légales expliquent en partie l’expression « pouvoir d’achat illimité en théorie ». En partie… car les véritables limites seront ailleurs, dans la nature des choses.

Des Citoyens dotés d’un pouvoir d’achat théoriquement illimité n’ont pas pour autant des envies infinies ni du goût pour tout. Même en supposant qu’ils puissent acheter tout ce qu’ils veulent, leur volonté fixe la limite maximale de leur pouvoir d’achat effectif. Personne ne peut courir plus vite que ses jambes, même sur une piste sans obstacle ! Les premières limites sont donc en nous ! Une deuxième limite, pour ceux qui veulent beaucoup, c’est évidemment le désir des autres, dès lors que ces autres veulent la même chose. En d’autres termes, le droit d’accéder au marché exercé par les uns peut entrer en conflit ou être limité par le droit des autres si tous l’exercent en même temps sur le même objet ou dans le même domaine. Même sur une route sans limitation de vitesse, tout le monde roule au pas si tout le monde la prend en même temps. Le système ne peut pas faire mieux que de ne pas limiter la vitesse, mais il est des limites qui sont dans la nature des choses. Ceci étant, ce genre de limite n’est ressenti que parce ceux qui veulent aller au-delà ; les autres ont même de la marge devant eux. Il y a, enfin, une troisième limite naturelle au droit d’accéder au marché, c’est la production générale elle-même. Les Citoyens, pris dans leur ensemble, ne peuvent consommer plus que ce que la Cité produit (en considérant que les importations compensent les exportations, sujet auquel sera consacrée la vidéo 10). Leur intérêt est donc, pour que leurs droits d’accès respectifs entrent le moins possible en conflit, que le produit commun soit le plus important possible afin que la limite réelle à leur pouvoir d’achat individuel soit la plus haute possible. Mais comment une Offre, par nature limitée, pourra-t-elle être à la hauteur de la Demande, illimitée en théorie ? A priori elle ne pourra pas, et les Citoyens devront faire avec en attendant de trouver et de mettre en œuvre des solutions. La première solution sera d’augmenter la production, donc d’embaucher tout ce qui pourra l’être, jusqu’à ce que le plein emploi soit atteint. Et c’est bien à une situation de plein emploi que conduira fatalement le déséquilibre, permanent dans la Cité, entre l’Offre et la Demande. Mais comment augmenter la production une fois que tous les Citoyens seront déjà mis à contribution ? Deuxième solution : par l’accroissement des rendements, donc par l’innovation technique. (Voici un exemple des prodiges de l’Égalité, qui obligera la Cité à être inventive pour surmonter les difficultés qu’elle suscitera et qui, en même temps, ôtera tous les freins au génie de ses Citoyens.) Supposons maintenant que les Citoyens rassasiés aient moins de désirs matériels (ce qui arrivera tôt ou tard), et que la Demande réelle baisse en deçà de l’Offre. Supposition ! Dans un système monétaire, ce serait une crise de surproduction, d’où faillites, licenciements, chômage et tout ce qui s’ensuit. Dans la Cité, diverses solutions seront envisageables sans qu’aucune ne pénalise les Citoyens, ne touche à leurs droits : exportation voire donation du surplus, baisse des exigences de la Cité vis-à-vis des entreprises (vidéo 9), baisse du temps de travail, baisse du temps à travailler nécessaire pour atteindre la retraite (voir la prochaine vidéo), développement des services et des secteurs non-productifs, etc.

On aura noté que la Carte civique confèrera à tous les Citoyens un égal droit d’accéder au marché. Certains en déduisent que la production sera répartie également par l’État. C’est n’avoir rien compris au rôle de la Carte civique. Si elle donne accès au marché aux Citoyens, c’est que ce sont les Citoyens qui, grâce à elle, retirent du marché ce que bon leur semble ; ce n’est donc pas l’État qui répartit la production également ou qui donne à chacun soi-disant « selon ses besoins ». L’État ne donne rien ; ce sont les Citoyens qui prennent. Certains imaginent aussi que, du fait de l’Égalité des Citoyens dans le droit d’accéder au marché, tous auront la même chose. Ce serait est un autre non-sens. Il est vrai que, en théorie, un pouvoir d’achat illimité et donc égal devrait se traduire par une égale répartition de la production, c’est-à-dire, plus exactement, que chaque Citoyen devrait en retirer une portion équivalente. (C’est le principe des forces égales appliquées de toutes parts sur un même objet ; elles s’équilibrent.) Mais des portions équivalentes ne contiennent pas nécessairement les mêmes choses ; elles le pourront d’autant moins que les Citoyens consommeront selon leurs goûts, par nature différents. Plus encore ! Bien que tous les Citoyens auront le même droit de consommer librement, ils ne l’exerceront pas tous avec autant d’intensité, par la même raison qu’ils n’auront ni les mêmes goûts ni les mêmes désirs. Il s’ensuit que, bien qu’égaux en droits, les Citoyens ne retireront du marché ni les mêmes choses ni dans les mêmes proportions. Ces différences ne seront pas, comme aujourd’hui, des inégalités, des injustices, des symptômes de l’exploitation ; elles résulteront de la Liberté elle-même. Vouloir appliquer l’Égalité en la matière (ce que l’on appelle l’égalitarisme) serait une tyrannie, en plus d’être une vue de l’esprit.

Et que dire de ceux qui, sous prétexte que les Citoyens accèderont au marché par le biais d’une carte pour en retirer ce que bon leur semble, suivant la règle du premier arrivé premier servi, s’exclament « Alors ce sera pareil qu’aujourd’hui, cela ne changera rien ! Le problème, ce n’est pas Largent ». Ben voyons ! Être pauvre, être riche, c’est pareil ! C’est pour cela que les pauvres jouent au loto ! en priant de ne pas gagner et de ne jamais sortir de leur misère ! Un faible pouvoir d’achat, c’est la même chose qu’un pouvoir d’achat illimité ! Et bien sûr, le pouvoir d’achat, les droits, n’ont rien à voir, aujourd’hui, avec Largent ! Mais qui peut être assez con pour sortir des énormités pareilles ? Malheureusement, quasi 100 % des gens. On est entouré de cons, de lâches, d’esclaves ! Les hommes sont lobotomisés par Largent ! Ils se feraient tuer plutôt que de dénoncer leur maître. D’ailleurs, ils en crèvent… et la planète avec eux !

Mais ceci démontre la force du système monétaire. Il repose sur Largent (la notion de valeur marchande), mais c’est la monnaie qui en est le ciment. C’est la monnaie qui inculque aux hommes, qui la manipulent et surtout la subissent, la conception de l’échange selon Largent, c’est-à-dire la logique du système, ce que j’appelle les préjugés monétaires. C’est la monnaie qui les prend au piège de Largent. Mais prendre les hommes au piège n’est pas le propre de la monnaie ; c’est le propre de tout moyen d’échange, et la Carte civique prendra de même les Citoyens au piège de l’Égalité. La monnaie, malgré ses tares et ses effets funestes, a par ailleurs démontré, par sa longévité, la stabilité du paramètre social qu’est le moyen d’échange. Or la Carte civique sera infiniment moins contestable dans son principe et n’offrira aucune prise en pratique. Une fois adoptée, tous les Citoyens jouiront de leurs droits, sauront ce qu’est la Citoyenneté et béniront l’Égalité. Quelques privilégiés, jaloux de leurs « droits », suffisent pour maintenir un système injuste. Alors un système juste… défendu par tous ses membres, car tous auront intérêt à la défendre… qui le renversera ? Les Citoyens ayant goûté à l’Égalité ne laisseront jamais rien ni personne restaurer l’inégalité à leurs dépens. Comment cela serait-il seulement possible ? L’inégalité elle-même sera devenue aussi inconcevable que l’est aujourd’hui l’Égalité ! et remettre en cause la Carte civique, autrement dit les Principes de l’ordre social, sera plus dur encore que de renverser la monnaie, chose qui paraît impossible, alors qu’elle fait visiblement le malheur des hommes et des nations !

Voici donc ce que je peux dire de la Carte civique sans trop m’éloigner du sujet. Car ce moyen d’échange, qui garantira l’Égalité, aura autant de conséquences qu’il y a de domaines dans la Société. De la même manière que tout tourne aujourd’hui autour de Largent, que tout est façonné par lui, tout devra s’adapter à l’Égalité dans la Cité, tout subira la pression permanente d’une Demande colossale, et je ne peux évoquer tous les bouleversements qui auront lieu ni tous les problèmes qui disparaîtront d’eux-mêmes. J’en traite un certain nombre dans mon livre « Le Civisme » et, à titre d’exemple, je consacrerai les trois prochaines vidéos aux questions du chômage et des retraites, des entreprises, des échanges internationaux, puis une autre au système politique de la Cité. J’aurai alors présenté les piliers de ce système pour le moins révolutionnaire. Je vous aurai convaincu, j’espère, du réalisme de ce projet, de sa cohérence, de sa faisabilité, de sa justice, bref de la nécessité de le mettre en œuvre et de tendre vos efforts dans ce sens. Je vous prie de croire que, si nous parvenons à anéantir Largent, et nous y parviendrons, alors plus rien ne sera impossible ; soyez sûrs qu’aucune difficulté ne sera insurmontable pour ceux qui auront relevé le plus grand défi de toute l’histoire de l’Humanité.

La défense de la patrie passe par l’Égalité ; l’Égalité passe par la Carte civique ; la Révolution passera par le Civisme ; et le Civisme passera par nous.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !

 

Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

18:42 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : dissidence

Un dissident conteste. Un révolutionnaire construit.

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vendredi, 17 avril 2015

PENSEE DU JOUR : le système parfait

Le système a trouvé le moyen parfait pour se maintenir : il dégoûte les gens de ce vers quoi il faudrait aller en prétendant qu'on y est déjà (Égalité, démocratie, etc.). Ainsi les opposants qui ne comprennent pas l'imposture et prônent le contraire veulent ouvertement la même chose.

17:49 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (7) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 16 avril 2015

PENSEE DU JOUR : de l'insurrection

Une insurrection à besoin d'être dirigée dans l'ombre par ceux-là mêmes qui prendront la relève du gouvernement renversé. Sans quoi, une mobilisation populaire, aussi massive soit-elle, n'est qu'un mouvement désordonné et hésitant voué à l'échec faute d'avoir la moindre chance de succès. Un peuple qui se lève sans savoir où il va, ou comment il peut y aller, ferait tout aussi bien de rester coucher en attendant des circonstances plus favorables, au lieu de donner à ses ennemis l'occasion de se raffermir.

Bref, une insurrection a besoin de têtes et de bras. Si les uns ou les autres ne suivent pas, c'est foutu d'avance.

20:46 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 13 avril 2015

LE CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ (vidéo 6)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« Un Contrat Social définit les Devoirs et les Droits fondamentaux du Citoyen ;
de fait, il pose l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits
comme le Principe fondamental de l’ordre social. »


LE CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ

Dans la vidéo précédente, j’ai expliqué pourquoi l’Égalité (des Citoyens en Devoirs et en Droits) est le Principe fondamental de l’ordre social. Dans cette vidéo, je vais présenter le Contrat social, tel que le propose ma théorie du Civisme. Mais, tout d’abord,

Qu’est-ce que le Contrat social ?

Le Contrat social, concept inventé ou du moins popularisé par Jean-Jacques Rousseau, est l’engagement que les individus sont supposés avoir pris les uns envers les autres pour constituer une Société et sortir ainsi de l’état de Nature ou du chacun pour soi. Il est certain que jamais un tel engagement ne fut conçu et pris formellement. L’Homme est un être sociable qui n’a jamais vécu seul, qui a toujours vécu en groupe, au moins en famille, sans se demander ce que cela impliquait. L’idée d’un Contrat social est toute théorique ; c’est une construction intellectuelle. Mais cette démarche intellectuelle, qui consiste à déduire de l’état de non-société ce que devrait être, par comparaison, celui de Société, permet en effet de comprendre ce que devraient être des rapports sociaux harmonieux. Car il est tout aussi certain que, puisque les hommes ne vivent pas en solitaires, ils ont des rapports permanents entre eux et que ces rapports ne peuvent être les mêmes que ceux d’un état dans lequel ils n’en ont aucun, dans lequel, du moins, leurs rapports sont par définition d’une autre nature. L’état de Société, qui est en théorie celui dans lequel les hommes vivent, est nécessairement le contraire de l’état de Nature, qu’ils fuient manifestement.

Je ne vais pas exposer ici le raisonnement de Rousseau, qui n’a d’ailleurs pas proposé de Contrat social, et dont le raisonnement, malgré quelques bonnes réflexions, était biaisé par Largent, c’est-à-dire par le fait de n’avoir jamais pris en considération les effets funestes de Largent sur la Société et d’avoir ainsi attribué à des causes naturelles, ou autres que Largent, les aberrations « sociales » qu’il constatait ou qui lui échappaient, d’où ses conceptions dénaturées de l’Égalité et de la propriété notamment. Je n’entre pas plus avant dans ce débat (je vous renvoie à mes vidéos sur Largent, la monnaie et l’Égalité) et je vous livre mon propre raisonnement dans les grandes lignes.

L’état de Nature, dans lequel les individus n’ont aucun lien entre eux, est le règne du plus fort (qui ne l’est jamais que temporairement), du danger tous azimuts, de l’insécurité généralisée et du non-droit. C’est pour ne pas vivre dans une telle précarité que les hommes, par instinct de conservation, se constituent en Société, autrement dit pour être autant que possible en sécurité et accroître leur longévité. Ces avantages sociaux n’existent que si ces individus cessent de s’agresser et supposent donc que, dorénavant, ils se protègent mutuellement, ils soient solidaires les uns des autres, ils repoussent ensemble les dangers extérieurs, ils s’entraident au lieu de s’entredéchirer. Chacun a donc désormais le devoir de défendre, dans toute la mesure de ses moyens, ses Concitoyens, individuellement et collectivement. En remplissant ce devoir, il garantit aux autres la Sécurité en tant que droit, droit dont il jouit lui-même du fait que les autres remplissent le même devoir envers lui. Dès le premier stade de la Société apparaît donc le Principe d’Égalité, égalité des Citoyens en devoirs et en droits, la nécessaire réciprocité en devoirs (ou égalité en devoirs) générant fatalement l’égalité en droits.

Il est important de remarquer que la Sécurité et le devoir de se protéger mutuellement impliquent une association volontaire des Citoyens. D’une part, forcer des individus à faire partie de la Société (ou Cité), ou les contraindre à demeurer en son sein, serait les priver de la Sécurité qu’ils sont censés trouver ; c’est la Société qui serait alors pour eux un danger ; d’autre part, quelle protection espérer de la part d’individus aux yeux desquels on est soi-même un ennemi. Le temps du danger serait pour eux celui de se venger ou de s’affranchir. Mais une association volontaire implique aussi que les membres de l’association soient libres d’accueillir en leur sein ou d’en rejeter qui bon leur semble, sans quoi, c’est à eux que la présence d’individus indésirables (à tort ou à raison) serait imposée, c’est leur Sécurité qui serait menacée par la Société, c’est contre eux que serait tournée la force collective, c’est-à-dire leurs propres forces, ce qui serait une aberration, une oppression, une violation du Contrat social, une trahison de la part des autorités établies pour représenter la Société, c’est-à-dire eux, et défendre leurs intérêts.

Remarquons également — et c’est une remarque très importante — que la notion de droit est indissociable de celle de Société, de Cité, de peuple, de nation, de patrie, de pays. Les droits ne sont pas une inventions ; ils découlent d’un rapport. Ils ne sont pas innés ou naturels ; ils doivent être générés et garantis. Peu importe qu’ils soient reconnus ou non s’ils sont garantis ; la belle affaire qu’ils soient proclamés s’ils demeurent lettre morte. Les gens qui conçoivent les droits sans devoirs et sans nation, le droit-de-l’hommisme sans patriotisme, qui font de la politique sans Principes, sont les pires ennemis du Droit, de la Société et de l’Humanité.     

Je passe maintenant sur des détails pour en arriver au point capital, c’est le cas de le dire. La protection contre les dangers extérieurs n’est pas tout ; et plus la Société est puissante, moins l’occasion de la défendre est fréquente. Ainsi, bien que défendre ses Concitoyens et la Cité, au sens guerrier du terme, soit le premier devoir du Citoyen (à ne jamais oublier !), il n’est pas le plus important, dans le sens où il ne répond pas aux besoins ordinaires, courants, permanents, pressants, quotidiens de la Cité. L’étendue de ces besoins est fonction des capacités de la Société et de l’époque ; il en va de même de l’étendue des devoirs, qui permettent d’y répondre collectivement, et par conséquent des droits, qui permettent de les satisfaire individuellement. Disons, au final, qu’il est nécessaire, aux yeux la Cité, que les Citoyens accomplissent un certain nombre de tâches, afin de répondre à tous les besoins et de couvrir les besoins de tous. Traduisons : les Citoyens ont, de manière générale, le devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation) et ont le droit de profiter de tous ses bienfaits, du fait même d’être Citoyens.

Nous retrouverons bien sûr tout ceci dans le Contrat social qui ne fait qu’énoncer, sous formes de clauses, les conséquences directes de l’acte d’association politique, c’est-à-dire de l’engagement supposé que prennent des individus les uns envers les autres pour assurer, en premier lieu, leur survie.

Une dernière réflexion. Qu’un Contrat social en bonne et due forme n’ait jamais existé ne veut pas dire qu’un tel Contrat ne puisse être proposé et ne doive pas être adopté s’il fait consensus. Il y a des contrats dans tous les domaines, sauf dans le plus vital. Un contrat sert à fixer des règles et à garantir des droits, et il y aurait des contrats pour tout et n’importe quoi, engageant des « citoyens », définissant des droits secondaires voire imaginaires, et il n’y en aurait pas pour rappeler les Principes de l’ordre social, définir la Société, indiquer les conditions de la Citoyenneté, reconnaître et garantir les droits fondamentaux des Citoyens ! On aurait toujours le mot « social » à la bouche, et on ne se demanderait jamais ce qu’est une Société ou, plus exactement, ce qu’elle doit être ! En vérité, on proclame aujourd’hui des droits, comme s’il en pleuvait, parce que l’état de droit n’est plus. Arrêtons donc de mettre la charrue avant les bœufs ! Il est temps de penser la Société au lieu d’élargir ses plaies ; il est temps de faire preuve de courage et de bon sens au lieu de céder à la facilité et à la démagogie.

Voici le Contrat social que propose le Civisme. C’est un texte court, en 7 articles, que je commenterai si nécessaire au fur et à mesure.

PROJET DE
CONTRAT SOCIAL DE LA CITÉ FRANCE

Considérant qu’il n’y a de Droits qu’en Société, et de Société que dans l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits ; considérant qu’un Contrat Social unique pour tous les Citoyens est la condition primordiale de l’Égalité ; considérant enfin qu’un Contrat Social tacite est le plus court chemin vers la négation de ce Contrat, vers l’oubli des Principes de l’ordre social et l’anéantissement de l’Égalité ;

Les Citoyens français reconnaissent et fondent leur association qui constitue la Cité France ou la République française sur les Principes suivants :

Article Premier — L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social et de la Cité qui est l’ensemble des Citoyens.

Je renvoie, ici, à la vidéo précédente sur l’Égalité dans laquelle j’explique qu’il existe des devoirs et des droits de différents niveaux et que l’Égalité, par nature, ne concerne que certains d’entre eux, à savoir les Devoir fondamentaux, et les Droits fondamentaux et indirects. Je vous renvoie également, concernant les droits politiques, à la vidéo que je ferai prochainement sur la distinction entre Citoyenneté et Nationalité, entre Citoyens de France et Citoyens français, entre Cité au sens large et Cité au sens strict.

Art. 2 — Intégrer la Cité repose sur un consentement mutuel entre le Citoyen et elle et implique entre eux un dévouement réciproque. Tous les hommes sont égaux en Devoirs devant la Cité ; seuls les Citoyens, ayant par définition rempli leurs Devoirs, sont égaux en Droits dans la Cité.

Art. 3 — La Cité ne peut admettre en son sein que des individus qui, sans en faire encore partie, ne lui manquent pas de respect et respectent déjà les Droits qu’elle reconnaît aux hommes en général et à ses Citoyens en particulier. Tout individu, pour devenir Citoyen, et tout Citoyen, pour le demeurer, a en outre les Devoirs de se soumettre aux lois de la Cité, de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, d’être solidaire de ses Concitoyens et de défendre la Cité.

Une fois que le Contrat social est adopté, les individus le contractent de fait dès lors qu’ils participent à la vie de la Cité et jouissent des droits qu’elle reconnaît et garantit à ses Citoyens. Ils sont Citoyens. Pas besoin d’autre formalité. En disant « individus », j’entends « les individus appelés par nature à devenir Citoyens », à savoir les enfants des Citoyens qui vivent déjà au sein de la Cité.

Par ailleurs, sur la question de la loi, évoquée dans cet article, je renvoie à la première vidéo sur la démocratie, dans laquelle j’explique que l’Égalité garantit la Démocratie aussi sûrement que l’inégalité induit une forme d’oligarchie, que ce n’est donc pas par hasard si le système monétaire, inégalitaire par nature, est oligarchique (pouvoir de quelques-uns) et ploutocratique (pouvoir des riches).

Le prochain article se subdivise en trois parties.

Art. 4a — Tous les Citoyens remplissant les mêmes Devoirs envers la Cité, la Cité a, elle, les Devoirs de faire profiter chacun d’eux de tous ses bienfaits (fruits de leur participation), de garantir autant que possible la sécurité de leur personne et de leurs biens, d’assurer leur liberté physique et morale, en un mot de répondre de son mieux à leurs aspirations légitimes.

Art. 4b — Le Droit de profiter des bienfaits de la Cité implique, pour tout Citoyen, le Droit d’accéder au marché du fait même d’être Citoyen. Les biens retirés du marché par l’exercice de ce Droit deviennent les propriétés privées légitimes des Citoyens. Ce Droit d’accès, conféré par la Citoyenneté, théoriquement illimité et donc égal pour tous les Citoyens, est naturellement borné par les envies du Citoyen, par l’exercice de ce même Droit par les autres Citoyens, par la nature des choses et au besoin par la loi.

Cet article est le cœur du Civisme, la clé de coûte de la Cité. Si le droit d’accéder au marché est conféré par la Citoyenneté, il ne l’est pas par la monnaie, la monnaie n’a aucune raison d’être, il n’y a pas de monnaie. Et c’est parce qu’il n’y a pas de monnaie pour imposer ses règles et fausser tous les Principes, que l’on peut concevoir et poser correctement les Principes de l’ordre social et, du coup, comprendre la nature et le rôle antisocial de Largent. Tout découle de cet article inédit dans l’histoire de l’Humanité. Vous ne trouverez rien d’approchant nulle part.

Art. 4c — La protection que la Cité doit à ses Citoyens ne saurait être pour eux une interdiction de contribuer à leur défense voire de se défendre eux-mêmes — par tous les moyens en leur pouvoir et quelles qu’en soient les conséquences — lorsqu’ils sont dans leur Droit et seuls face à un agresseur.  

La Société est faite pour ajouter aux forces des Citoyens, non à les en priver ou à leur interdire d’en user lorsqu’ils ne peuvent compter que sur elles. Toutes les entraves mises aujourd’hui au droit des Citoyens de se défendre sont des crimes ; le principe de défense proportionnelle est un sophisme. Qui use de la force sort de l’état de Société et plonge avec sa victime dans l’état de Nature où chacun se défend comme il peut, et tant pis si l’agresseur, qui a généralement l’avantage, tombe sur plus fort, plus rusé, plus vicieux, mieux armé que lui. Les lois n’ont pas retenu son bras ; elles n’ont pas à retenir celui de sa victime, et la Société qui n’était pas aux côtés de son Citoyen agressé n’a pas son mot à dire après coup. Les Citoyens n’attendent pas d’elle qu’elle leur fasse la morale, encore moins qu’elle les persécute, mais qu’elle remplisse son devoir, qu’elle les protège, qu’elle les soutienne ou qu’elle les venge. Je n’en dis pas plus ; je vous renvoie à ce sujet à mon article « De la légitime défense ».

Art. 5 — La Cité doit aussi protection et secours, dans la mesure de ses capacités, à tous ceux qui, vivant en son sein, ne sont plus ou pas encore aptes à remplir les Devoirs du Citoyen.

Les individus en question ne sont donc plus ou pas encore Citoyens, ils ne peuvent donc jouir des droits du Citoyen. Mais, du fait que la Cité se sent des obligations morales envers eux, elle leur reconnaît et leur garantit quand même des droits à leur mesure, des droits qui n’ont donc rien de « naturel », n’en déplaise à certains. Sans entrer dans les nuances, disons que ceci concerne les enfants, les handicapés, les blessés graves et les réfugiés politiques. Les retraités, les vieux, eux, sont toujours Citoyens. 

Art. 6 — Tout Citoyen qui manque à ses Devoirs attente par action ou omission aux Droits de tous les Citoyens et est passible de sanctions pouvant aller jusqu’à la perte de la Citoyenneté.

La Citoyenneté confère des droits. C’est un statut qui se mérite et qui peut se perdre. A chacun de s’en montrer digne. A chacun de prendre ses responsabilités et d’assumer ses actes.

Art. 7 — Toute atteinte aux Droits d’un seul Citoyen, comme tout appel à anéantir le présent Contrat Social, commande la levée de tous les Citoyens contre l’oppresseur.

Attenter aux droits d’un Citoyen, c’est l’opprimer, c’est opprimer un membre de la Cité envers lequel tous les Citoyens ont le devoir d’être solidaires. Qui se frotte à un Citoyen les défie tous. Leur devise pourrait être : « Un pour tous, tous pour un », voire « Touche pas à mon pote ! » si le mot « pote » n’était pas insignifiant. Quant à appeler à déchirer le présent Contrat social qui établit l’Égalité entre les Citoyens, c’est vouloir instaurer l’inégalité et opprimer le corps social. Dans les deux cas, le coupable est donc un ennemi.

 

Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique 
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

01:04 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 04 avril 2015

QU'EST-CE QUE L'ÉGALITÉ (vidéo 5)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« L’ÉGALITÉ est fondamentalement nécessaire,
techniquement possible et historiquement imminente. »

« Qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise,
défend Largent en dernière analyse. »

 

L’ÉGALITÉ

Dans les vidéos précédentes, j’ai traité les thèmes de la démocratie, de Largent de la monnaie et de l’anachronisme du système monétaire. Le Civisme, ma théorie, constituait l’arrière-plan de mes réflexions, pour faire ressortir des choses qui, sans objet de comparaison, semblent naturelles et passent inaperçues. À partir de cette cinquième vidéo, et dans les cinq ou six qui vont suivre, on entre dans le vif du sujet ; les thèmes seront propres au Civisme et l’ensemble exposera l’essentiel du projet de la Cité. Et pour commencer, une question centrale, un thème majeur, autant d’actualité que dénaturé : l’Égalité.

Qu’est-ce que l’Égalité ?

L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social ; donc le but de la Révolution, qui est d’asseoir la Société sur ses Principes. Il n’y a qu’une seule Égalité possible, concevable et souhaitable, c’est l’égalité sociale, c’est l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits. Bien sûr, les hommes sont différents naturellement ; mais la Société n’est pas l’état de Nature, qui n’est pas un état de droits, mais celui du chacun pour soi, de la force et de l’insécurité généralisée. C’est précisément pour fuir l’état de Nature, dans lequel jouent ces différences, que les hommes se constituent en Société, aux yeux de laquelle ils sont tous Citoyens et égaux. Invoquer les différences naturelles entre individus pour justifier des inégalités sociales, l’inégalité en droits entre Citoyens, car tel est bien le but, c’est rappeler des évidences pour fourguer des sophismes, c’est passer du coq à l’âne, c’est confondre les notions et les contextes, c’est à la fois nier le fait social et vouloir,  pour certains, les avantages de la société ; et j’ajoute que c’est aussi et surtout exonérer le rôle de Largent dans les inégalités que l’on observe dans le système monétaire, que c’est donc au final un prétexte inconscient pour se soumettre à Largent et à ses lois au lieu de les identifier et de les combattre. Les différences naturelles ne concernent les citoyens qu’en tant qu’individus ; les droits, eux, ne concernent les individus qu’en tant que citoyens et n’existent que dans l’Égalité. Pourquoi ?

Parce que les droits ne tombent pas du ciel. Ils n’existent que s’ils sont non seulement reconnus mais garantis par la Société. Or la Société n’est autre chose que l’ensemble des Citoyens. Autrement dit, un Citoyen n’a de droits que parce que ses Concitoyens les lui garantissent, parce qu’il contribue lui-même à garantir les leurs. En fait, un Citoyen ne génère pas ses propres droits. Ce sont les devoirs que les autres remplissent envers lui qui lui assurent les droits générés par ces devoirs ; et les autres n’ont de devoirs envers lui que s’il remplit les mêmes devoirs envers eux. Il n’y a pas de devoirs sans réciprocité ; et des Citoyens ayant les mêmes devoirs les uns envers les autres se garantissent mutuellement les mêmes droits.

Exemple : Les Citoyens se protègent mutuellement et assurent à chacun d’entre eux, autant qu’il est en leur pouvoir, la Sécurité que la Société reconnaît comme un droit. Le droit à la Sécurité ne consiste donc pas à se défendre soi-même (même si cela ne peut être interdit, comme le font les lois actuelles, avec le principe débile de défense proportionnée) mais à être défendu par ses Concitoyens. Même devoir pour tous ; même droit pour tous. L’inégalité en droits aussi bien qu’en devoirs est un non-sens ; il n’y a ni devoirs ni droits dans l’inégalité ; partant, il n’y a de devoirs, de droits, de Citoyens, de Société, que dans l’Égalité.

On peut distinguer deux sortes de « balance de l’Égalité » : d’un point de vue individuel, d’un point de vue collectif.

Comme je l’ai dit, un Citoyen ne génère pas ses propres droits. En remplissant ses devoirs, c’est aux autres qu’il garantit des droits. Ce faisant, les autres agissent de même envers lui, de sorte qu’il jouit bien des droits dont il s’est par ailleurs acquitté des devoirs correspondants, ce qui donne l’illusion que ses droits sont le fruit de ses devoirs. Mais la vérité oblige à dire que les droits d’un Citoyen ne sont que le fait indirect de ses devoirs. Il est cependant pratique de passer outre cette subtilité et de considérer que les droits d’un Citoyen découlent directement des devoirs qu’il a remplis. En ce qui le concerne, la balance est donc équilibrée si un plateau contient ses droits, l’autre, les devoirs correspondants. Un déséquilibre indiquerait qu’il est soit opprimé (plus de devoirs que de droits) soit oppresseur (plus de droits que de devoirs).

Au niveau collectif, ne peuvent prétendre être égaux entre eux, et ne le sont, que les individus qui ont rempli les mêmes devoirs et jouissent de ce fait des mêmes droits. La balance est équilibrée si l’on met d’un côté tous leurs devoirs, de l’autre, tous leurs droits. — Elle l’est toujours, du reste, lorsque sont aussi pris en compte des individus ayant rempli moins de devoirs et jouissant justement de moins de droits que les autres. Ceci est possible dans deux cas de figure. Dans les deux cas, ces derniers individus sont égaux entre eux. Mais sont-ils égaux aux autres ? Tout dépend de la raison de cette différence et de la nature des devoirs et des droits qui les séparent.

Il se peut qu’un groupe d’individus, égaux entre eux, ne remplisse pas les mêmes devoirs que les individus d’un autre groupe et ne jouisse donc pas des mêmes droits. Si l’on place les devoirs et les droits de tout ce petit monde dans la balance, elle est équilibrée. C’est le cas, par exemple, de Citoyens appartenant à des Sociétés différentes : ils sont (du moins devraient-ils être) égaux en tant que Concitoyens, dans le cadre de leurs Sociétés respectives, mais, ne remplissant pas les devoirs des Citoyens d’une autre Société, ils ne jouissent pas, logiquement, des mêmes droits. On pourrait donc dire qu’il y a inégalité si une telle comparaison n’était absurde en elle-même. L’Égalité est un rapport, et il n’y a aucun rapport entre des Citoyens de Sociétés différentes.

Il se peut aussi qu’au sein même d’une Société des Citoyens remplissent moins de devoirs que d’autres ou, plus exactement, qu’ils ne remplissent pas certains devoirs et ne jouissent donc pas des mêmes droits. Pourtant, tous sont égaux, car les devoirs qu’ils ne remplissent pas et les droits dont ils ne jouissent pas n’entrent pas dans la balance, qui serait de toute façon équilibrée s’ils y entraient. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Les premiers ne peuvent invoquer comme une inégalité, c’est-à-dire une injustice, le fait de ne pas jouir des droits que seuls les autres ont mérité par leurs devoirs ; ils sont encore moins fondés à réclamer lesdits droits s’ils refusent de remplir les devoirs en question. Car, pour que cette situation soit juste, pour que les droits en litige ne soient pas l’objet d’une privation, il faut que chacun ait la possibilité, s’il le veut, de remplir les devoirs qui les génèrent. — Nous verrons ce cas dans la vidéo sur la Citoyenneté et la Nationalité, qui, dans la Cité, sont deux statuts différents. Je précise néanmoins tout de suite, qu’il n’y a pas de Citoyenneté à la carte, comme certains de mes propos auraient pu le laisser entendre. On est Citoyen quand on remplit tous les devoirs du Citoyen, qui sont donc les mêmes pour tous les Citoyens. On ne choisit pas les devoirs que l’on veut remplir en fonction de droits dont on veut jouir, car, comme je l’ai expliqué précédemment, en réalité, on ne génère pas ses propres droits, c’est le fait d’être Citoyen, donc de remplir tous les devoirs du Citoyen, qui les garantit. Les Citoyens sont nécessairement égaux en devoirs et en droits, du moins dans les devoirs et les droits attachés à la Citoyenneté.

Ce qui m’amène à un autre sujet, un sujet très important, essentiel en ce qui concerne l’Égalité, un concept qui, à ma connaissance, est absolument inédit.

On a l’habitude, comme je l’ai fait moi-même jusqu’ici, de parler d’Égalité de manière générale ; au mieux égalité en droits, égalité en devoirs. Mais on oublie, sans doute parce qu’on l’ignore, qu’il existe des devoirs et des droits de différentes natures ou de différents niveaux, et que l’Égalité ne les concerne pas à tous. La précision est donc nécessaire pour éviter les contresens et ne pas faire de l’Égalité un principe absurde.

Les devoirs comme les droits se divisent ou subdivisent en trois catégories ; fondamentaux, indirects et particuliers. Les devoirs et les droits particuliers sont une sous-catégorie des devoirs et des droits indirects qui sont eux-mêmes une sous-catégorie des devoirs et des droits fondamentaux.

Devoirs et Droits fondamentaux sont les principes généraux qui découlent de l’acte d’association politique (c’est-à-dire le fait de se constituer en Société par instinct de conservation) et qu’un Contrat social devrait rappeler. Allons droit au but : les Devoirs fondamentaux du Citoyen sont, selon moi : de défendre la Cité et ses Concitoyens, d’être solidaire de ses Concitoyens, de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), de respecter et faire respecter les lois de la Cité ; ses Droits fondamentaux sont : la Sécurité et la Liberté, que l’on peut traduire par la formule « profiter de tous les bienfaits de la Cité ». On voit que tous ces termes sont finalement assez vagues, et c’est le but. Ce sont les devoirs et les droits indirects qui, ayant, eux, une portée pratique, précisent tous les sens qu’ils recouvrent ou qu’ils peuvent prendre. Mais, ceux-ci étant encore vagues, sont précisés à leur tour par que les devoirs et droits particuliers.

Par exemple, le devoir fondamental de participer à la vie de la Cité englobe toutes les façons reconnues (par la Cité) de participer, qui, elles, sont autant des devoirs indirects ; mais ces différentes façons sont elles-mêmes des généralités, des catégories qui comprennent une infinité de manières de s’acquitter du devoir indirect qu’elles constituent, manières qui sont autant de devoirs particuliers. Ainsi, en s’acquittant des devoirs particuliers qui incombent à sa tâche, un Citoyen remplit aussi un devoir indirect et s’acquitte par-là même de son Devoir fondamental. On comprend donc que, dans le cas des devoirs, l’Égalité ne concerne que les Devoirs fondamentaux puisqu’il est dans la nature des choses que les Citoyens, pour s’en acquitter, remplissent des devoirs indirects et particuliers différents. Appliquer l’Égalité aux devoirs indirects n’aurait aucun sens ; ce serait exiger que tous les Citoyens, pour être égaux, fassent la même chose (laquelle ?), alors que la force de la Cité tient à leur complémentarité, donc à la diversité de leurs goûts, de leurs caractères, de leurs talents, etc.

Même chose, à peu près, pour les droits. Par exemple, le Droit fondamental de profiter des bienfaits de la Cité comprend le droit indirect d’accéder au marché (comprenons qu’accéder au marché est un droit du Citoyen, qu’il est conféré par la Citoyenneté, donc illimité et égal pour tous les Citoyens) et d’en retirer des biens qui deviennent des propriétés, la propriété relevant donc des droits particuliers — et non des droits fondamentaux comme le proclament les Déclarations bourgeoises. Mais, dans ce cas, l’Égalité doit concerner autant le Droit fondamental que les droits indirects qui en découlent, sans quoi elle est vide de sens. L’Égalité doit être réelle, elle doit concerner les droits ayant une portée pratique, ou n’est qu’un mot creux. Pour être réellement égaux en Droits, les Citoyens doivent jouir des mêmes droits indirects. En revanche, l’Égalité ne peut s’appliquer aux droits particuliers puisqu’ils dépendent de la façon dont les Citoyens exercent leurs droits indirects. Si tous les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché, ils n’en retirent pas tous la même chose ; les biens de chacun sont sacrés, en tant que propriétés, mais ils n’ont ni ne veulent les mêmes.  

Retenons donc 1°) que l’Égalité ne concerne que les Devoirs fondamentaux et s’applique non seulement aux Droits fondamentaux mais surtout aux droits indirects ; 2°) qu’appliquer le Principe d’Égalité indistinctement, c’est, d’un côté, dénaturer le concept et le rendre aussi odieux que tyrannique, d’un autre, justifier son rejet et prôner de fait l’inégalité qui est par nature un état d’oppression. — Remarquons, au passage, que les droits du Citoyen ne dépendent pas des fonctions dans la Cité, c’est-à-dire des devoirs indirects que les Citoyens remplissent et des droits particuliers dont ils jouissent pour pouvoir les remplir ; l’Égalité n’exclut pas l’organisation et la hiérarchie ; elle n’est ni anarchie ni nivellement, ni oppression ni privilège.

Longtemps une bataille idéologique a fait rage entre les tenants de l’Égalité et ceux de la Liberté (et de la propriété). Tous partageaient la même ignorance et sont tombés dans le même piège. L’Égalité et la Liberté ne peuvent être ni opposées ni séparées ni comparées, car elles n’appartiennent pas au même plan. L’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social ; la Liberté est un Droit fondamental, elle découle de l’Égalité, elle consiste, pour un Citoyen, à jouir des mêmes droits indirects que ses Concitoyens (car c’est dans ces conditions que les droits de chacun sont aussi étendus que possible). Il n’y a pas de Liberté hors de l’Égalité ; et il n’y a pas d’Égalité sans Liberté. Concevoir l’une sans l’autre, c’est dénaturer l’une et l’autre ; et ce sont bien des conceptions dénaturées qu’en avaient les uns et les autres.

Les premiers, ne comprenant pas que l’Égalité, au vrai sens du terme, est impossible dans un système monétaire, qu’ils ne songeaient pas à remettre en cause, appliquaient dès lors le Principe à tout et n’importe quoi, sauf aux droits (notamment celui d’accéder au marché) ; ils confondaient Égalité et uniformité,  ils transformaient bon gré mal gré l’Égalité en égalitarisme ; au mieux aspiraient-ils à moins d’inégalités en matière de pouvoir d’achat et multipliaient-ils, en vain, les mesures salariales et fiscales ; leurs démarches, légitimes à l’origine, dans la mesure où elles visaient à conjurer des injustices criantes, étaient doublement contre-nature : elles allaient contre la nature des choses et contre la nature du système monétaire, et soutenir tant d’incohérences exigeait donc un régime politique fort, une forme de dictature voire de totalitarisme.

Les seconds, feignant d’ignorer que la Liberté n’existe que pour les riches dans un système monétaire, dont ils profitaient sans doute, faisaient les philosophes pour masquer leur égoïsme. Ils transformaient les Principes en sophismes. Ils étaient cependant plus cohérents que les premiers ; s’ils validaient l’inégalité et les injustices inhérentes à Largent, qui sont contre-nature du point de vue de la Société, ils allaient toutefois dans le sens du système monétaire et de ses abus mais n’y ajoutaient pas le déni du réel, du moins tel qu’il est dans le système monétaire. Leur système étant pour ainsi dire dans l’ordre des choses, ils n’avaient guère besoin de la force pour le maintenir (sauf cas extrême) et ces exploiteurs, ces oppresseurs s’offraient même le luxe de passer pour magnanimes.

Ainsi, les premiers dénaturaient l’Égalité et sacrifiaient la Liberté parce qu’ils contestaient Largent sans le savoir ; les seconds dénaturaient la Liberté et sacrifiaient l’Égalité, parce qu’ils défendaient Largent sans l’avouer. En fin de compte, qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise, défend Largent en dernière analyse.

Dans un système monétaire, Largent est roi : soit les hommes font avec, soit ils essayent de le contrer, jusqu’à ce que le naturel revienne au galop, c’est-à-dire que Largent reprenne ses droits ; autrement dit, le système oscille entre le capitalo-libéralisme (régime actuel) et une forme de capitalisme d’État (monarchie, communisme, fascisme, État providence). Soit les hommes se soumettent à la tyrannie de Largent, soit ils essayent d’y échapper en se faisant tyrans eux-mêmes, la masse, elle, étant esclave dans tous les cas. C’est une fatalité dans le système monétaire, mais ce n’est pas une fatalité en soi. Il suffit, pour la conjurer, d’arrêter de se payer de mots, de regarder les choses en face, de reconnaître Largent comme l’ennemi de la Société, et de l’anéantir au nom de la patrie et de l’Égalité. De véritables révolutionnaires ne peuvent avoir qu’une seule devise :

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !
 

 

Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

11:35 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 02 avril 2015

PENSEE DU JOUR : les ennemis de l'Egalité

Les pires ennemis de l’Égalité bien comprise sont ceux qui ont sans cesse le mot « égalité » à la bouche.

03:28 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |