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jeudi, 28 mai 2015

PENSEE DU JOUR : qui veut le moins

Focaliser sur la question de la création monétaire, c'est comme si des esclaves pestaient contre celui qui a forgé leurs chaînes (généralement des esclaves comme eux) au lieu de les briser.

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06:02 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 20 mai 2015

LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ (vidéo 12)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« La volonté du Peuple clairement exprimée
fonde seule la légitimité des pouvoirs exercés
et des décisions prises en son nom. »

Manifeste des Patriciens, art. 115


LE SYSTÈME POLITIQUE DE LA CITÉ

Douzième et dernière vidéo, sur le système politique de la Cité, qui termine le cycle de mes vidéos consacrées aux aspects philosophiques et pratiques essentiels du Civisme. La première portait sur les conditions de la démocratie ; la dernière portera sur la façon de la mettre en œuvre. La boucle est bouclée. Mais il n’est possible de mettre en œuvre la démocratie dans la Cité que parce que la Cité réunira toutes les conditions requises. Adopter aujourd’hui tout ou partie du système politique dont il va être question serait inévitablement un fiasco ; ce serait un peu comme essayer de transformer une Deux chevaux en remplaçant certaines pièces par celles d’une Ferrari. Imaginez ce que cela peut donner ! Pas grand chose ! Comme je l’ai dit dans la vidéo précédente, la démocratie, c’est la cerise sur le gâteau ; elle couronne un tout, et c’est tout ou rien. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je rappellerai donc les conditions de la démocratie.

Il y a deux conditions. La première : des Citoyens réellement égaux, égaux en devoirs et en droits. C’est la Carte civique qui, en conférant à tous les Citoyens le droit d’accéder librement au marché, du fait même qu’ils soient Citoyens, garantira entre eux l’égalité en droits, qui justifiera à son tour leur égalité en devoirs, même si ce devrait être le contraire. Mais le problème a toujours été davantage celui des droits que des devoirs, à cause de la monnaie qui incarne les droits et les répartit inégalement entre les individus qui, généralement, remplissent leurs « devoirs » et sont donc exploités pour la plupart. Dans la Cité, plus de monnaie, plus d’inégalité ; tous les Citoyens sont égaux sur le plan économique et ont donc potentiellement le même poids politique, pour la même raison que les riches ont plus de poids politique dans le système monétaire.

La deuxième condition : un corps politique sain, c’est-à-dire constitué de patriotes, le droit de cité ne devant logiquement appartenir qu’aux Citoyens ayant à cœur de défendre la Cité et ses intérêts. Aussi la Cité distingue-t-elle la Citoyenneté, à laquelle sont attachés les droits économiques et sociaux, de la Nationalité, à laquelle sont attachés les droits politiques. Pour pouvoir prétendre à la Nationalité, les Citoyens doivent d’abord satisfaire des critères identitaires qui indiquent qu’ils sont français, si on prend le cas de la France, mais le principe vaut pour tous les pays ; pour l’acquérir et la conserver, ils doivent ensuite remplir des devoirs particuliers qui prouvent leur attachement et leur fidélité envers la Cité.

J’ai dit que tous les Citoyens auraient potentiellement le même poids politique et, en même temps, que seuls les Citoyens nationaux jouiraient des droits politiques. Mais il n’y a pas de contradiction. Les Citoyens ordinaires ne jouissent pas des droits politiques parce qu’ils ont dédaigné la Nationalité et refusé, en connaissance de cause, de remplir les devoirs qui la confèrent ; il n’y a aucune injustice, aucune inégalité ; ils se sont exclus eux-mêmes du corps politique dont il ne tenait qu’à eux de faire partie ; c’est leur choix, leur liberté ; ils doivent en assumer les conséquences. Ils ont suscité la défiance ; ils sont condamnés au silence. Du reste, la Citoyenneté seule est plus que suffisante au quotidien ; elle dépasse déjà nos rêves le plus fous, elle offre tout ce que les combats politiques ont en vain essayé d’obtenir.

Ainsi la Cité est un système dans lequel il n’y a pas de monnaie, pas de riches, pas de pauvres, dans lequel tous les Citoyens, qui constituent la Cité au sens large, sont égaux en droits économiques et sociaux, mais dans lequel seuls les Citoyens nationaux, qui sont assurément patriotes, jouissent du droit de cité et constituent la nation, le corps politique, le peuple souverain.

Je peux, maintenant que les bases sont posées, présenter le système politique proprement dit.

De même qu’un corps a besoin d’une tête, le corps social a besoin d’un chef. Sans chef, il n’y a pas de groupe, pas d’ensemble, pas d’unité ; seulement une cohue d’individus, tiraillée par toutes les volontés particulières et menacée d’explosion à tout instant. Un groupe n’existe que s’il s’incarne dans un chef, un chef dans lequel il se reconnaît et qui offre un visage au monde extérieur. On peut disserter sur les modalités de son érection, sur la nature de sa fonction, sur l’étendue de son pouvoir, le fait est qu’il en faut un… et la seule chose qui compte, au final, c’est qu’il soit légitime. La légitimité du chef concerne deux aspects : 1) la façon dont il a accédé à cette fonction, 2) la façon dont il l’exerce. Un chef n’est légitime que s’il est accepté comme tel par le groupe, quelle que soit la façon dont il l’est devenu (circonstances, hérédité, élections, nomination, sélection, etc.) ; il ne le reste, légitime, que s’il exerce ses fonctions dans l’intérêt et selon la volonté du peuple, sans quoi il tourne nécessairement contre le peuple les pouvoirs qu’il a reçus pour le servir, suscite donc l’hostilité et ne se maintient, d’une manière ou d’une autre, que par la force qui lui ôte toute légitimité. Un chef légitime est un serviteur du peuple. Les traîtres et les tyrans perdent toute légitimité. Mieux vaut un usurpateur qui parvient à se faire aimer qu’un chef légal qui en vient à se faire détester.

Ces considérations portent le Civisme à proposer que la Cité soit dotée d’un Président élu au suffrage universel pour un mandat de dix ans, non-renouvelable, avec une consultation nationale à mi-mandat pour savoir s’il peut continuer ou s’il doit se retirer piteusement, auquel cas des élections présidentielles sont provoquées, auxquelles il ne peut plus désormais prendre part. Le Président est le chef de l’exécutif ; il a pour fonction de gouverner selon les lois, quitte à en proposer pour mener à bien la politique qu’il a promise. Il forme à sa guise le gouvernement dont il est le chef. Il est également le chef des armées.

Le pouvoir législatif, lui, est confié à un Parlement ou Chambre des députés. La moitié des députés est élue par les départements, au suffrage universel majoritaire, l’autre moitié est pourvue par les partis politiques en proportion du nombre de voix obtenu par eux au niveau national lors de ce même suffrage. C’est donc un système mixte qui permet à toutes les tendances d’être représentées tout en permettant à des majorités de se former. Mais j’entends déjà les objections ! « Comment ? Des élections ! Élire nos maîtres ! » Je n’ai pas fini ! Laissez-moi le temps de développer !

La Démocratie, la vraie, est le système politique dans lequel les lois sont l’ouvrage du Peuple. Mais il est bien évident que, lorsque les Citoyens (nationaux) sont trop nombreux pour s’assembler et légiférer pour adopter directement les lois eux-mêmes, une forme de délégation s’impose ; ils doivent confier le travail législatif à une portion d’entre eux. La supercherie du système soi-disant représentatif, c’est de s’arrêter à ce stade de la réflexion, c’est de confier auxdits délégués le soin non seulement de préparer les lois mais encore de les adopter eux-mêmes et de les imposer au peuple, comme si leur volonté se confondait avec celle du peuple qui les a délégués, comme si leurs lois étaient l’expression de la volontaire populaire. La logique veut et l’expérience n’a que trop attesté que des délégués ainsi affranchis du peuple ne représentent individuellement et collectivement qu’eux-mêmes, qu’ils finissent par mettre leurs intérêts particuliers au-dessus de l’intérêt général. Dans ce cas, oui !, les élus sont des maîtres, et les élections, des « pièges à cons ». Et cela est plus vrai encore dans un système intrinsèquement inégalitaire comme l’est le système monétaire ! Mais je n’ai pas dit que le processus législatif s’arrêtait à cette étape qui n’est que la première.

Pour que les lois soient l’ouvrage du peuple, il n’est pas nécessaire que le peuple les forme lui-même, ce qu’il ne peut pas faire ; il suffit que l’ouvrage de ses délégués soit approuvé par ratification populaire, avec possibilité, pour le peuple, de le rejeter. Le peuple ne peut pas légiférer, mais il peut être consulté, il doit être consulté pour que des projets de lois, s’ils obtiennent son assentiment, deviennent véritablement des lois. En clair, tout projet de loi imaginé par le Parlement devrait être soumis à référendum. Mais ceci présente une nouvelle difficulté. Le peuple ne peut pas être consulté tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, même si cela est possible techniquement grâce à Internet ! Les lois doivent être réfléchies et les Citoyens n’ont ni le temps ni forcément l’envie d’y réfléchir, du moins aussi fréquemment. Les lois importantes, qui touchent aux questions fondamentales et aux domaines essentiels, qui engagent l’avenir de la Cité (comme les traités internationaux), doivent être soumises à référendum. Mais les autres ? Comment faire pour que les lois soient l’ouvrage du peuple sans que celui-ci soit consulté ?

Le Civisme propose une solution. Puisque le peuple ne peut pas être consulté dans son entier toutes les cinq minutes, il suffit de pouvoir en consulter une portion représentative ; il faut donc instituer une assemblée composée d’un nombre important de Citoyens (nationaux) tirés au sort (puisqu’ils ne peuvent être élus comme les députés) et chargés, pour une durée ni trop courte ni trop longue (par exemple un an), de représenter en corps la Nation. Mais cette représentation reste approximative. Aussi, pour être sûr que la Nation partage les positions de cette assemblée, ses décisions ne doivent pas être prises à la majorité simple mais, par exemple, à la majorité des deux tiers. Si les deux tiers de ces Citoyens sont d’un avis, il est plus que probable que cet avis aurait recueilli au moins la majorité auprès du peuple consulté dans son entier. Le Civisme appelle cette assemblée « le Tribunal de l’Opinion Publique » ou « T.O.P. », et ses membres, « les Censeurs ».

La première fonction du T.O.P. est de ratifier les lois ou de les rejeter par défaut. Entendons bien : le T.O.P. doit se prononcer positivement, donc à la majorité des deux tiers, pour que les projets qui lui sont soumis deviennent lois. Les projets qui n’obtiennent pas la majorité des deux tiers sont rejetés ou renvoyés à qui de droit. Le T.O.P. peut aussi, de la même manière et de sa propre initiative, abolir des lois en vigueur. La même procédure s’applique aux lois envisagées par le Gouvernement, qui n’est donc plus tributaire du Parlement. En revanche, et c’est une autre de ses fonctions, si le T.O.P. n’a pas à approuver la politique du Gouvernement, il peut s’y opposer. Autrement dit, il ne s’agit plus dans ce cas de voter « pour » telle ou telle mesure, mais de voter « contre », ce qui n’est pas du tout la même chose. Cela permet au Gouvernement d’agir à sa guise jusqu’au moment où sa politique suscite une désapprobation massive et sans équivoque.

Le T.O.P. qui représente le peuple comme aucune autre institution peut avoir, de par sa nature, bien des fonctions qu’il est impossible de toutes énumérer ici. C’est lui, par exemple, qui fait office de conseil constitutionnel, puisqu’il n’y a de constitutionnelle que la volonté du peuple. C’est lui qui nomme, pour une durée indéterminée, le Ministre de la Justice, afin que celui-ci ne soit pas assujetti au Gouvernement et que son indépendance soit aussi complète que possible. Il peut provoquer des référendums quand il n’a pas su trancher une question qui lui paraît importante. (Le Président a aussi cette faculté, de même que les Citoyens par le biais de pétitions.) Il reçoit toutes les plaintes des Citoyens (au sens large) et peut saisir les tribunaux. Il est au-dessus de toutes les hiérarchies ;  il n’y a au-dessus de lui que la constitution et le peuple qui peut seul la modifier. Il peut seul mobiliser la Garde nationale (vidéo 11), qui est, du reste, quasi autonome. Il doit approuver les opérations militaires à l’étranger et peut les suspendre. Bref, il est le peuple dans tout ce qui se fait au nom du peuple.

Dans la Cité, les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont bel et bien séparés, ils ne sont plus confondus sous prétexte de se contrebalancer, mais tous sont, comme il se doit, soumis au peuple, soit directement soit virtuellement via le T.O.P. Voilà pour le système politique au niveau national. Les mêmes principes prévalent au niveau local, quoique appliqués de manière différente.

Les communes élisent leur maire, lequel s’entoure d’adjoints et constitue avec eux, pour cinq ans, la municipalité. Les électeurs, eux, constituent autant de Municipes qu’il y a de bureaux de vote dans la commune. Les Municipes sont le contre-pouvoir au niveau communal, départemental et régional, sans oublier que les Citoyens peuvent toujours, individuellement ou en corps, recourir au T.O.P. face aux pouvoirs locaux. Chaque Municipe dispose d’un local dans lequel les électeurs peuvent se réunir à volonté pour discuter des affaires publiques, de même qu’ils organisent leurs séances comme bon leur semble. Les Municipes ne peuvent pas s’opposer directement à la Municipalité, car les votes internes, à la majorité, ne sont pas nécessairement représentatifs, en raison des absences, mais ils peuvent, en ralliant un certain nombre de Municipes à leur idée, provoquer des référendums pour s’opposer à des projets municipaux. Ils peuvent de la même manière, mais à condition de rallier un nombre plus important de Municipes au niveau du département ou de la région, s’opposer à des projets départementaux ou régionaux. Les départements sont gérés par l’assemblée des maires, et les régions, par des maires délégués par chaque département. La Cité dégraisse le mammouth !

Voilà dans les grandes lignes, le système politique de la Cité. Il est, me semble-t-il, aussi démocratique qu’un système politique peut l’être sans tomber dans la démagogie. Il obéit à un principe : ce qui se fait au nom du peuple ne peut se faire sans le peuple ; mais il ne faut pas que, sous ce prétexte, tout soit bloqué et que rien ne se fasse. Le peuple doit être souverain et sur le papier et dans la pratique ; il doit avoir assez de pouvoir légal pour imposer sa voix, s’opposer aux abus et déjouer les trahisons, mais pas suffisamment pour pouvoir abuser de sa propre puissance et étouffer les institutions quand elles remplissent correctement leurs fonctions. C’est cela le véritable équilibre.


Pour conclure cette série de vidéos, j’attire votre attention sur deux points.

Le premier, c’est que ces vidéos sont évidemment moins complètes, moins profondes, que mes livres. J’ai laissé de côté beaucoup de détails et même des sujets importants comme, par exemple, l’accès au sol et à l’habitat ou encore les Commissions dont il a été question dans la vidéo 9 sur les entreprises. J’invite ceux qui ont été interpellés par ces vidéos et qui désirent en savoir plus à lire mes livres ou mon livre « Tout sur le Civisme » qui réunit en un seul tous mes ouvrages sur le sujet, à savoir le « Réquisitoire contre Largent », « Le Civisme ou Théorie de la Cité », « Le Civisme illustré » et « Principes universels de l’ordre social ou Bases de la Société à usage universel ». Ils ne sont pas édités proprement dit ; ils sont imprimés sur commande par TheBookEdition, qui permet également de se les procurer, pour moins cher, en version PDF. Vous les trouverez soit en passant par mon blog « philippelandeux », soit, tout simplement, en tapant les titres dans google.

Le deuxième point, c’est que la théorie du Civisme réside entièrement dans le  concept d’une Carte civique (vidéo 7), qui lui-même découle du Principe selon lequel « Un Citoyen a des droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’il est Citoyen ». Tout part de cette idée. Ma théorie de la Cité n’est que l’exposé des conséquences inéluctables de ce Principe et des mesures logiques et indispensables pour que l’édifice tienne debout. Quiconque réfléchit en partant de ce Principe devrait arriver grosso modo aux mêmes conclusions. Mais certains voudraient sans doute aller encore plus loin, imaginer l’organisation de la Cité dans le moindre détail. Je ne vais pas jusque-là et je m’y refuse. C’est à la fois impossible, inutile et ridicule : impossible parce que nous n’avons pas toutes les données ; inutile, parce que nous pouvons imaginer tout ce que nous voulons, les Citoyens feront en leur temps ce qu’ils voudront ; ridicule, parce que c’est précisément impossible et inutile. Une théorie aussi tatillonne passerait d’ailleurs pour le fruit d’un esprit tyrannique. Rien de mieux, donc, pour la discréditer. En fait, pareille exigence a pour but de trouver ou plutôt d’invoquer de soi-disant failles pour justifier de renoncer à tout et rester dans le système monétaire, pour être lâche devant l’inconnu en sauvant la face à ses propres yeux ; c’est le prétexte de ceux qui, au fond, se disent : Périssent les Principes plutôt que Largent ! Je dis, moi, périsse Largent plutôt qu’un Principe !

Le message est délivré, à l’oral comme à l’écrit. Tout est accompli.

 Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !

12:01 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 15 mai 2015

DISTINCTION ENTRE CITOYENNETÉ & NATIONALITÉ (vidéo 11)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux


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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« Citoyenneté et Nationalité sont deux choses distinctes :
la première est un choix d’ordre économique et vital, la
seconde d’ordre politique et sentimental. »

Manifeste des Patriciens, art. 102

 

CITOYENNETÉ & NATIONALITÉ
DANS LA CITÉ

Dans la prochaine vidéo, la vidéo 12, je présenterai le système politique de la Cité, du moins tel que je le conçois. Mais ce système politique repose sur des postulats inédits et des notions (Égalité, Société ou Cité, Citoyenneté, Nationalité) qui ne sont aujourd’hui que des mots vides de sens. Ces fondations sont plus importantes que le système lui-même et appellent tant d’explications qu’il est préférable de les traiter à part, ce que je vais faire dans la présente vidéo.

Je rappellerais tout d’abord les idées de bases du Civisme ou de la Cité, pour ceux qui n’auraient pas vu les précédentes vidéos.

La Cité est constituée de Citoyens librement associés (voir la vidéo 6 sur le Contrat social) et égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), égaux notamment dans le Droit de profiter des bienfaits de la Cité. Pour qu’ils soient réellement égaux dans le Droit fondamental de profiter des bienfaits de la Cité, tous les Citoyens ont aussi le droit indirect d’accéder librement au marché. C’est la Citoyenneté, le fait qu’ils soient Citoyens, qui leur confère ce droit, par lequel passent la plupart des droits. Pour attester leur Citoyenneté auprès des commerçants et exercer leur droit d’accès, les Citoyens disposent d’une carte à puce dite Carte civique. Pour ceux qui n’ont pas compris, cela signifie qu’il n’y a pas de monnaie, pas d’unité sous quelque nom que ce soit, et que tous les Citoyens jouissent d’un pouvoir d’achat a priori indéfini ou illimité en théorie (voir la vidéo 7 sur la Carte civique) ; ils sont égaux parce que quelle que soit leur manière d’user de leur droit, l’infini égale l’infini. Il n’y a pas d’autre forme possible d’Égalité. L’Égalité, c’est ça !

Espérer atteindre un résultat similaire en conservant la monnaie est une vue de l’esprit, même en modifiant son fonctionnement, ce qui est une autre vue de l’esprit (voir la vidéo 4). Par définition, une monnaie incarne le droit d’accéder au marché et tous les droits qui passent par celui-là, de sorte que les individus n’ont de droits qu’en proportion de la monnaie qu’ils ont (gagnée on ne sait comment), que les Citoyens n’ont aucun droit en tant que tels, que la Citoyenneté est vide de sens, que la Société ne joue plus son rôle de garantir les droits de ses Citoyens, qu’il n’y a donc pas de Société, sinon une illusion de Société, puisqu’il n’y a pas de Citoyens. Par ailleurs, la monnaie limite le pouvoir d’achat (sans même parler du fait qu’elle le limite inégalement), de sorte que le pouvoir d’achat des individus est nécessairement et nettement inférieur à celui des Citoyens, et que le pouvoir d’achat global est en deçà de l’optimum économique. Autrement dit, la monnaie bafoue les Principes et n’est même pas bonne en pratique. Elle est tout aussi funeste en politique !

Un système monétaire est fatalement inégalitaire, puisque la monnaie ne peut pas se répartir également et que c’est par elle que passent la plupart des droits. Or plus un individu a de droits aux dépens des autres, plus il a de droits sur eux, plus il a de poids et de pouvoir dans le système. Grâce la monnaie, les riches ont, par définition, le pouvoir sur les pauvres ; ils les tiennent par le ventre ; et il y aura toujours des riches et des pauvres dans un système monétaire. Le pouvoir des riches est d’abord économique ; mais c’est le vrai pouvoir. Partant, ils s’emparent du pouvoir politique ou l’asservissent, pour renforcer leur pouvoir économique. Le pouvoir politique n’est pas une finalité en soi ! Ainsi, un système monétaire, inégalitaire par nature, est fatalement oligarchique (pouvoir de quelques-uns) et ploutocratique (pouvoir des riches). Ce constat indéniable, que très peu ont visiblement fait, est fondamental pour qui veut ériger un nouvel ordre politique. Il nous apprend que l’organisation politique n’est jamais que la cerise sur le gâteau. L’important, c’est le gâteau ! Et, généralement, ceux qui en ont individuellement la plus grosse part se goinfrent aussi la cerise. Tant qu’un système est fondamentalement inégalitaire et permet à certains d’avoir plus de droits que les autres, on peut faire des pieds et des mains, cela ne change rien. Pire ! ne pas identifier l’inégalité comme le vrai fléau ou ne pas dénoncer la véritable cause de l’inégalité détourne l’attention des révoltés vers des leurres, dilapide en vain leur énergie, et rend le système d’autant plus invulnérable qu’il n’est pas sérieusement menacé. Loin de changer quoi que ce soit, cela contribue à maintenir les choses telles qu’elles sont. Mais on peut également déduire de ce constat que, pour que le système politique soit démocratique, c’est-à-dire le contraire d’oligarchique, il ne doit plus y avoir ni inégalité ni monnaie ni riches ni pauvres ; que tous les Citoyens doivent donc jouir réellement les mêmes droits et ainsi avoir le même poids politique (ce qui ne veut pas dire que tous auront des fonctions politiques, mais qu’aucun ne pourra être écrasé par le pouvoir politique ou, à l’inverse, qu’aucun ne pourra s’en emparer pour l’exercer à son profit ou celui de quelques-uns ; ce qui ne veut pas dire non plus que tous les Citoyens devront avoir les mêmes choses, mais que tous, de par leurs droits, pourront potentiellement les avoir). Telle sera précisément la situation dans la Cité. Les droits du Citoyen seront reconnus et garantis de manière structurelle ; personne ne pourra y attenter ; ils ne dépendront pas du régime politique qui, dès lors, sera démocratique par la force des choses.

Qu’est-ce que la démocratie ? La démocratie est le système politique dans lequel les lois sont réellement l’ouvrage du peuple. Je n’entre pas plus avant dans cette question qui fait l’objet de la première vidéo. Ce qui nous intéresse ici, c’est le mot « peuple ».

Que désigne-t-il ? Visiblement, le corps politique, c’est-à-dire l’ensemble des individus jouissant du droit de cité. Théoriquement, tous les Citoyens devraient avoir ce droit. Mais ce serait oublier que tout droit est la contrepartie de devoirs. Or, dans le système appelé « Cité », les devoirs du Citoyen relèvent du domaine économique et social ; ils ne génèrent pas et ne justifient pas la jouissance du droit de cité. Par ailleurs, le droit de contribuer à la formation des lois de la Cité suppose que l’on vit et que l’on se destine à vivre à jamais sous les lois qu’on l’on a contribué à faire adopter, que l’on a à cœur de défendre les intérêts de la Cité, que l’on est viscéralement attaché à la Cité. Mais la Citoyenneté est trop facile à acquérir et trop liée à l’intérêt personnel pour être le gage d’un tel attachement ; et il serait aussi aberrant que dangereux de confier, en tout ou partie, le présent et l’avenir de la Cité à des natifs qui se prennent pour des « citoyens du monde » comme à des immigrés qui ne savent toujours pas où ils campent. Bref, la Citoyenneté est nécessaire mais pas suffisante pour avoir le droit de cité ; celui-ci doit être l’apanage des Citoyens qui, quelles que soient leurs origines, n’ont non seulement donné à la Cité aucune raison de se défier d’eux mais qui, encore, lui ont prouvé leur fidélité en répondant à ses appels et en remplissant volontairement des devoirs particuliers, comme, par exemple, un service national. Ces devoirs particuliers et ces droits politiques confèrent et caractérisent un statut, distinct de la Citoyenneté, que le Civisme appelle « la Nationalité ». La Nationalité, comme la Citoyenneté, s’acquiert et se conserve par des actes. Nul ne naît avec ; nul n’en hérite ; chacun doit la mériter. Ni droit du sol, ni droit du sang ; pas de droits sans devoirs ; pas de devoirs sans droits. Il apparaît ainsi que, si l’ensemble des Citoyens constitue la Cité, la Cité au sens large, la Nation, elle, c’est-à-dire la Cité en tant que corps politique ou peuple, est plus restreinte et n’est constituée que des seuls Citoyens nationaux. — J’insiste sur le fait que la Nationalité (et les droits qui vont avec) se mérite, qu’elle est à la portée de tout Citoyen volontaire, que ce n’est donc pas la Nation qui exclut certains Citoyens, mais ces derniers qui n’ont pas voulu en faire partie. Je précise, en outre, que tous les Citoyens, nationaux ou non, sont égaux en devoirs et en droits en tant que Citoyens ; la Citoyenneté signifie la même chose pour tous. Les devoirs et les droits attachés à la Nationalité n’entrent pas dans la balance générale. La différence légitime entre les Citoyens ordinaires et les Citoyens nationaux n’est pas une inégalité ; c’est justice.

Cette distinction entre Citoyenneté et Nationalité n’aurait pas lieu d’être si tous les Citoyens étaient natifs de la Cité et naturellement patriotes. Mais à l’heure des voyages, des l’immigration, de l’expatriation, de l’individualisme, de la xénophilie, de l’universalisme, de l’euro-mondialisme, du communautarisme, impossible de savoir d’emblée qui est quoi dans sa tête ! impossible non plus d’ignorer que la Cité fourmille de traîtres et d’intrus ! Cette distinction sera d’autant plus indispensable que les droits politiques seront bien plus étendus dans la Cité qu’aujourd’hui. Ils ne se limiteront pas à glisser un bout de papier dans une urne tous les cinq ans pour élire un oligarque sans parole et donner ainsi un vernis de légitimité à sa tyrannie et à ses trahisons. Les Citoyens nationaux incarneront véritablement la Cité ; ils seront appelés à exercer, à tous les niveaux et dans tous les domaines, des fonctions politiques, voire économiques, qui n’existent pas encore.

Mais pourquoi, à l’inverse, ces deux mots sont-ils synonymes aujourd’hui, vu que citoyenneté et nationalité ne vont pas l’une sans l’autre ? Parce que la notion de Citoyenneté, telle que la conçoit le Civisme, n’existe pas. La « société » actuelle est incapable de reconnaître et de garantir les droits du Citoyen, puisque la plupart des droits passent par la monnaie qu’il appartient aux individus de gagner comme ils peuvent. Leurs droits ne dépendent pas d’elle, et ils n’ont aucun devoir envers elle. Dès lors, la « citoyenneté » est un statut sans contenu. Mais, comme le mot existe, il faut bien lui trouver un sens ; et comme la cité semble confondue avec la nation, c’est avec le mot « nationalité » que « citoyenneté » a été confondue. Mais la notion de nationalité (qui est en quelque sorte l’équivalent de la citoyenneté dans les cités antiques où seuls les guerriers étaient citoyens et jouissaient du droit de cité) était déjà elle-même indigente ; elle exprime vaguement le fait d’appartenir à une nation, de par la naissance et la culture ; elle suppose le devoir de la défendre, mais n’implique guère de droits en retour, du fait du système monétaire : droit à la charité nationale (et encore !), droits politiques réduits à l’illusoire (ploutocratie oblige !). Aussi, cet amalgame, loin de redonner du sens à la citoyenneté n’a fait que diluer et affaiblir un peu plus celui de la nationalité. Les droits n’y ont rien gagné ; les devoirs, l’identité, la nation y ont tout perdu. Étant impossible de lier la citoyenneté à des devoirs et de renforcer ceux qui confèrent la nationalité, bientôt la notion même de devoir a été abandonnée (par exemple, plus de service militaire). Or, sans devoirs, rien ne justifie plus que tels aient des droits que d’autres n’ont pas ; il n’y a plus de différence entre les hommes, entre les hommes et les femmes, entre les adultes et les enfants, entre les natifs et les étrangers, entre les patriotes et les apatrides, entre les immigrés légaux et clandestins, entre les honnêtes gens et les crapules ; rien ne compte ; tout se vaut ; tout le monde a droit à ce à quoi les Français ont droit ; tout le monde a le droit d’être français ; tout le monde est français. Pour l’être légalement, quand on n’est pas né en France, il faut quand même le demander. Et ceux qui ne le demandent pas, qui ne le sont en rien ? Hé bien ! ils sont là, ça suffit ! Et ceux qui ne sont pas là ? Hé bien ! qu’ils viennent ! La nationalité, c’est faire acte de présence, et être présent, c’est être français. En somme, être français ne veut plus rien dire ; la porte est ouverte à tous les abus, toutes les inepties.

Mais pendant que le système détruit tout ce qui a du sens et multiplie les sophismes humanistes pour se donner un air social et généreux aux frais du contribuable, les véritables droits des Citoyens, les droits essentiels, ne sont toujours ni reconnus ni garantis ; et les droits des véritables Français sont niés et bafoués toujours un peu plus. Les travailleurs immigrés (et il ne devrait y avoir d’immigration que de travail, selon les besoins et les intérêts de la Cité), les travailleurs immigrés, dis-je, qui participent à la vie de la « Cité » et devraient donc être Citoyens, ne sont pas reconnus comme tels, puisqu’ils ne sont pas français ; ils ont un statut bâtard qui les expose à l’exploitation, plus encore que les travailleurs français ; ce qui n’empêche pas d’envisager de leur accorder le droit de vote et de faire comme s’ils avaient la Nationalité sous prétexte qu’ils mériteraient la Citoyenneté. Bien sûr, les champions du « pas d’amalgame » qui soutiennent cette proposition sont aussi les chantres du « pas de discrimination » qui ne reculent devant aucune généralité. Ils avancent pas à pas, mais c’est bien à tous les immigrés, sans condition, légaux et illégaux, qu’ils sont prêts à accorder ce droit au final, non pour en faire des Français, mais pour que les Français ne soient pas davantage que les étrangers dans leur propre pays.

Je me résume. L’absence de distinction entre Citoyenneté et Nationalité et d’existence d’un statut particulier du Citoyen font qu’un individu présent dans la « société » est nécessairement tout ou rien. Mais comme il est inacceptable qu’il ne soit rien et qu’il ne peut être simplement quelque chose, il faut qu’il devienne facilement « tout » ou jouissent, au moins, des droits que cela procure. Ainsi, au lieu d’avoir deux statuts précis et chargés de sens, adaptés à chacun, impliquant des devoirs et conférant des droits, il n’y en a plus qu’un, sans substance, dans l’intérêt de personne. L’idéologie droits-de-l’hommiste, antiraciste, immigrationiste, sans-frontiériste, europériste, capitaliste, justifie le phénomène, mais elle ne fait que surfer sur une lame de fond impulsée par le système monétaire lui-même ; elle est sans nuance parce que ce système ne permet pas la nuance et que les humanistes autoproclamés et patentés, loin de résister à Largent et à sa logique, au nom de la Société et de la véritable humanité, c’est-à-dire de la patrie et de l’Égalité bien comprise, en sont consciemment ou non les plus ardents défenseurs, ce qui fait d’eux les plus vils suppôts du capitalisme et les collabos de le pire espèce.     

Pareille confusion sera impossible dans la Cité. La Carte civique établira l’égalité entre les Citoyens, leur apprendra leurs devoirs et leurs droits et réveillera la notion de mérite. La Citoyenneté garantira tant par elle-même qu’il ne paraîtra pas aberrant que la Nationalité soit un statut distinct, complémentaire et facultatif (cela semblera même juste et nécessaire) et que nul n’aura le front d’en réclamer les avantages s’il n’en a accepté les inconvénients. Je terminerai donc cet exposé en présentant les modalités d’acquisition de la Nationalité dans la Cité, du moins telles que je les conçois.

Être français, si on prend le cas de la France, ce n’est pas être espagnol, algérien ou javanais. Être français, c’est faire partie du peuple de France et en être, sans l’ombre d’un doute, un représentant. Cela suppose, en premier lieu, l’adoption des codes d’appartenance propres à ce peuple, hérités de son histoire. En clair, avant de pouvoir prétendre à la Nationalité française, il faut remplir notamment les critères qui attestent que l’on est bien français et pas autre chose. Voici ces critères a minima : 1) avoir un prénom français ou en prendre un, 2) maîtriser la langue française tant à l’oral qu’à l’écrit, 3) ne pas se vêtir de manière typiquement étrangère, 4) résider en France ou être Citoyen de France depuis au moins dix ans (par exemple), 5) ne pas avoir d’autre nationalité ou y renoncer.

Ces conditions tombent sous le sens ; elles se passent d’explications. Ceux qui ergotent, soit pour s’y soustraire personnellement, soit pour y soustraire autrui sous prétexte de tolérance, qui cherchent à défendrent leurs cas ou leurs conceptions aux dépens de la France, prouvent par-là même qu’ils ne sont pas français dans leur tête. Celui qui ne comprend pas qu’il n’y a pas de France sans Français et que miner la francité, c’est détruire la France, est indigne du nom de « français ». Point !

Les Citoyens admis à la Nationalité devront assister à la cérémonie collective de naturalisation qui aura lieu une fois par an, dans chaque préfecture et sous-préfectures, le jour de la fête nationale, cérémonie au cours de laquelle ils prêteront le serment de préserver le Contrat social et de défendre la Cité contre tous ennemis extérieurs et intérieurs. Ils seront dès lors officiellement français, quoique de manière temporaire et sans jouir d’aucun droit particulier, puisqu’ils n’auront encore rien fait pour les mériter. Ils devront, dans les cinq ans qui suivront, accomplir un service national d’un an. Les services, autres que militaires, comporteront néanmoins une formation militaire et contribueront, d’une manière ou d’une autre, à la défense nationale. Ce n’est qu’à l’issue de ce service qu’ils jouiront des droits du Citoyen français. Ils n’en auront pas pour autant terminé avec le service national. Les militaires, notamment, seront réservistes pendant au moins 15 ans et formeront la Garde nationale. Tous les Citoyens français seront par ailleurs susceptibles d’être tirés au sort pour exercer, une fois dans leur vie, pendant un an, des fonctions politiques mais surtout économiques. Tels seront les devoirs particuliers du Citoyen français, ou ce que j’appelle les devoirs-droits, puisque ce sont à la fois des devoirs et des droits. En retour, eux seuls auront les droits : 1) d’exercer les professions et d’occuper des fonctions dans les domaines régaliens, c’est-à-dire ceux qui constituent l’armature de la Cité (police, justice, administrations publiques, etc.), 2) le droit de cité, c’est-à-dire de participer, à tous les niveaux, au processus législatif et à la vie politique (ce qui, à l’inverse, sous-entend que les Citoyens non-nationaux n’auront le droit de s’en mêler en aucune manière), 3) d’accéder au sol, soit comme outil de travail (les paysans), soit pour leur habitat (maisons, villas).

Là encore, je n’entrerai pas dans les explications ; je renvoie à la théorie du Civisme pour ceux qui en voudraient. Je conclus en attirant l’attention sur le fait que la Nationalité, en tant que statut, ne sera pas acquise une fois pour toute. Les reniements, les manquements aux devoirs du Français et du Citoyen, les crimes la compromettront. Au final, les Citoyens bardés de la Nationalité seront d’une fidélité à toute épreuve et la Cité pourra sans hésiter leur confier sa vie et ses intérêts. La confiance sera la contrepartie de toutes ces exigences. Les Citoyens nationaux constituant le Peuple français seront réellement souverains. Il ne pourrait en être de même avec des Français « de papier ». Dans ces conditions, qui sont notre lot actuel, la Démocratie serait fatale à la Cité.

 

Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

11:15 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 10 mai 2015

LA CITÉ ET LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX (vidéo 10)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« Il n’y a aucune raison pour qu’un corps
social purgé de Largent ne puisse pas évoluer
aussi bien dans un monde monétaire qu’un
individu, ayant un corps physique, plongé dans
une « Société » monétaire. »

Réquisitoire contre Largent, p. 150

 

LA CITÉ ET LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX

Dixième vidéo de cette série consacrée aux points clés de ma théorie du Civisme. Pour ceux qui auraient loupé les précédents épisodes, je rappelle que le Civisme vise à instaurer un système social appelé « Cité », fondé sur le principe de l’égalité des Citoyens en devoirs et en droits, en devoirs notamment de participer à la vie de la Cité, et en droits, notamment d’accéder au marché. Dans ce système, c’est la Citoyenneté, attestée par une « Carte civique », qui confère le droit d’accéder librement au marché, lequel droit passe aujourd’hui par la monnaie. Dans ce système, il n’y a pas de monnaie ; le mode d’échange ne repose plus sur ce que le Civisme appelle « Largent », c’est-à-dire la « croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ». Pour autant, la Cité n’est pas une réaction à Largent ; elle respecte seulement les préceptes de l’Égalité. Au final, cela semble revenir au même (Largent disparaît), mais lutter contre Largent et lutter pour l’Égalité sont des démarches radicalement différentes qui ne se confondent pas nécessairement. Lutter pour l’Égalité bien comprise revient à lutter de facto contre Largent ; mais l’inverse n’est pas vrai ; c’est d’autant moins vrai que seule une bonne compréhension de ce qu’est l’Égalité permet de comprendre ce qu’est Largent. En fait, qui ne lutte pas en premier lieu pour l’Égalité (et toutes les notions qui lui sont consubstantielles) ne fait que contester certains aspects de la monnaie ; il n’est donc pas totalement affranchi de la logique monétaire et ne maîtrise pas davantage la logique sociale. Or, un des problèmes, en apparence insurmontable, qui paralyse le plus l’esprit et interdit de concevoir un système non-monétaire, c’est celui des échanges internationaux.

Il est évident qu’aucune « Société » moderne ne peut vivre en totale autarcie ; même les plus riches en matières premières ont besoin d’apports extérieurs sous une forme ou une autre. « Mais comment une Société qui aurait aboli la monnaie pourrait-elle continuer à commercer avec le reste du monde et assouvir ainsi certains de ses besoins ? Elle ne pourrait pas. Conclusion : on ne peut pas renoncer à la monnaie. » Tel est le raisonnement de la plupart des gens qui se posent la question. Parce qu’ils ne voient pas de solution, ils s’empressent de se soumettre à Largent. Mais n’est-ce pas plutôt parce qu’ils n’ont ni le désir ni le courage de défier Largent qu’ils ne trouvent pas la solution ? Comment pourraient-ils, du reste, la trouver en posant aussi mal le problème ? Remarquons que d’autres raisonnent aussi mal, mais en sens inverse ! Ils supposent qu’une société non-monétaire ne pourrait échanger avec des pays monétaires et prônent, du coup, l’abolition de la monnaie dans tous les pays simultanément… une révolution au niveau mondial ! Mais des rêveurs de ce genre ne feront jamais des révolutionnaires. Déjà, ils n’auront jamais ni les moyens ni la force de faire une révolution à ce niveau. Ensuite, les conditions de la révolution sont rarement réunies dans un pays et elles ne le seront jamais dans tous en même temps. Surtout les conditions de cette révolution-là ! Par ailleurs, cette version gauchiste du mondialisme est l’expression d’un individualisme typique du capitalisme ; elle est le fait de capitalistes qui s’ignorent. Enfin, cette chimère provient et conduit à la fois au sans-frontiérisme et au droits-de-l’hommisme, donc à la destruction des pays, des nations, des peuples, autrement dit des sociétés, hors desquelles il n’y a ni devoirs ni droits, ni Égalité possible. Bref, vouloir la révolution partout est un prétexte ou du moins le meilleur moyen de ne jamais la faire quelque part, à commencer par chez soi qui est le seul endroit où l’on puisse éventuellement agir.

Quel est le donc problème ? Une Société, qui a fait la révolution et fonctionne sans monnaie, a toujours besoin de se procurer des choses auprès de pays qui, eux, sont encore monétaires. Hé bien ! en quoi la situation d’une Société plongée dans un monde monétaire est-elle différente de celle d’un individu dans cette situation ? Une Société est un corps social ; un individu a un corps physique. Les Citoyens sont au premier ce que les cellules et les organes sont au second. Ces deux corps fonctionnent sans monnaie. Comment un individu fait-il ? Comment faisons-nous, puisque nous sommes tous dans cette situation ? Tout d’abord, nous pouvons produire quelque chose et l’échanger, c’est-à-dire faire du troc. Le troc est le mode d’échange primitif et naturel entre deux entités, que ces entités soient des individus ou des collectivités. Mais nous pouvons aussi travailler pour avoir de la monnaie et, avec cette monnaie, nous acheter notamment à manger. Nous n’ingérons pas d’argent ; notre corps fonctionne sans monnaie en interne, il n’en crée pas et pourtant nous en utilisons dans la mesure où nous n’avons pas le choix. Pour la Cité, ce sera exactement la même chose, le même principe. Elle aura renoncé à la monnaie, en interne, mais y aura recours, si nécessaire, dans ses relations avec les autres pays, ce qui ne fera pas pour autant d’elle un système monétaire, ce qui ne compromettra en rien l’Égalité entre ses Citoyens.

La monnaie sert à acheter. C’est en pensant à cela que beaucoup se disent que la Cité ne pourra pas acheter et sera donc coupée du monde. Mais c’est oublier que les acheteurs ne créent pas la monnaie qu’ils utilisent ; ils doivent la gagner d’une manière ou d’une autre. Comment la Cité fera-t-elle ? Comment une Société connaissant le plein emploi, produisant en quantité des produits de qualité (voir les dernières vidéos), pourra-t-elle se procurer un budget pour régler ses importations ? Mais tout simplement en exportant, en vendant ses produits. C’est ici que les choses se compliquent.

Jusqu’ici, j’ai parlé de « Cité », mais il va de soi que la Cité n’existe et n’agit qu’à travers les parties qui la composent et qui forment un tout. Quand je dis : « La Cité produit », ce sont évidemment ses entreprises qui produisent. Quand je dis : « La Cité exporte », ce sont évidemment les entreprises qui exportent, qui vendent leurs produits à l’étranger. Mais alors, en quoi la Cité est-elle concernée ; en quoi les exportations lui rapportent-elles ? Il faut bien comprendre que « Cité » n’est pas le mot creux tel que celui de « société » utilisé aujourd’hui. La Cité est véritablement un être collectif. Tout, dans la Cité, ne respire que par et pour la Cité. C’est la Cité qui garantit les droits de chacun ; c’est envers elle que chacun a des devoirs, dont l’accomplissement permet à la Cité de garantir lesdits droits. Quand une entreprise produit, elle sert à la fois ses intérêts et l’intérêt général : l’intérêt de ses employés, qui est d’être Citoyens ; son intérêt à elle, qui est d’exister et d’éviter les sanctions (vidéo précédente) ; et l’intérêt de l’ensemble des Citoyens, c’est-à-dire de la Cité, qui est de jouir de ses produits ou de ses services. Quand elle exporte, même chose, à la différence près que la Cité profite de tout ou partie de sa production sous forme de monnaie, car c’est elle qui récolte le fruit financier des exportations. Mais alors, quel intérêt pour les entreprises d’exporter ?, pourrait-on se demander quand on n’a toujours pas compris comment fonctionne la Cité.

Dans la Cité, les entreprises n’ont pas besoin de l’argent que rapportent leurs exportations ; elles ne payent rien, ni leurs employés, ni les machines, ni les matières premières, et elles ne sont évidemment pas soumises à des taxes ou des impôts. Tout ce qui provient de l’étranger et a un prix est payé par la Cité avec le produit global des exportations. Les entreprises ne verront donc aucun inconvénient à ce que le revenu de leurs ventes soit capté pour l’essentiel par la Cité (car elles pourront néanmoins disposer de quelques fonds propres pour des questions de facilité et de rapidité dans leurs opérations à l’étranger). En revanche, la possibilité d’exporter accroîtra la Demande potentielle pour leurs produits, ce qui augmentera leurs possibilités de remplir leurs conventions, c’est-à-dire d’atteindre leurs résultats conventionnels (vidéo précédente), car les achats étrangers compteront tout autant que les « ventes » dans la Cité. En somme, peu leur importera que leurs clients soient Citoyens ou étrangers pourvu qu’elles en aient et que la Cité soit satisfaite. — Remarquons que les produits de la Cité seront les moins chers sur le marché international ; qu’ils pourraient même être gratuits dans beaucoup de cas si les vendre pour obtenir de la monnaie n’était une nécessité nationale ; qu’ils défieront donc toute concurrence, ce qui, à la fois, consolidera et plaidera pour le modèle économique de la Cité qui ne tardera pas à faire des émules.

Bien sûr, tout ceci sera réglementé par des lois et fera l’objet de décisions politiques. La Cité, ici en tant qu’État, pourra, au gré de ses besoins, notamment financiers, inciter les entreprises à exporter, voire exiger que telle entreprise consacre tout ou partie de sa production aux exportations ou à des échanges internationaux ; elle pourra aussi limiter voire interdire les exportations ; lois et décisions n’affecteront en rien les entreprises et leurs employés.

Une institution dont il faut enfin dire un mot : le Trésor public, le porte-monnaie national. C’est dans ses caisses que seront versés tous les revenus des exportations. Il sera évidemment sous le contrôle de l’État et, plus largement, de la Cité. C’est lui qui établira les comptes de la Cité et fera des recommandations en tous genres pour équilibrer le budget. C’est lui aussi qui règlera les factures des entreprises… et des particuliers qui pourront, sous certaines conditions (qui dépendront de la loi), acheter directement des produits à l’étranger. Mais, le plus souvent, tous se procureront les produits étrangers via des centrales d’achat, plus faciles à gérer. Bref, la Cité mettra en place une administration qui aura en charge ces affaires, une machine pesante mais une paille comparé à la somme de toutes celles qui auront disparu

Reste la question de la circulation des personnes. Comment les Citoyens, qui n’auront pas d’argent personnellement, feront-ils pour voyager à l’étranger, que ce soit pour leur plaisir ou pour leur travail ? Une première réponse pourrait être que leurs frais seront à la charge de la Cité. Mais ce serait oublier que la question se posera aussi, dans l’autre sens, pour les touristes et travailleurs étrangers qui viendront dans la Cité ? La Cité ne restaurera pas la monnaie pour eux ; elle devra donc les doter, à leur arrivée, de Cartes temporaires pour qu’ils aient accès, librement ou dans certaines limites, à tout ce dont ils pourront avoir besoin ou envie. Il va néanmoins de soi que certaines choses seront pour eux inaccessibles, car il ne s’agira pas de leur permettre de faire leurs courses aux frais de la Cité, ce qui constituerait par ailleurs un manque à gagner pour leurs pays d’origine et un motif de discorde avec eux, alors même que la circulation des personnes reposera sur des conventions entre pays, comme c’est d’ailleurs souvent le cas déjà aujourd’hui. C’est précisément la raison pour laquelle on ne peut guère développer ce sujet, faute de pouvoir anticiper les conventions qui seront imaginées et adoptées. On peut toutefois affirmer que des solutions seront trouvées, que le renoncement à la monnaie par la Cité n’empêchera en rien ses Citoyens de voyager et les étrangers d’y venir.

Mais j’ai un peu digressé. Le problème sera que les Citoyens à l’étranger coûteront à la Cité tandis que les étrangers dans la Cité, eux, ne payeront rien durant leur séjour, ce qui, en l’état, ne serait pas équitable. On pourrait imaginer que les étrangers payent à la Cité une sorte de forfait. Mais à quel moment ? sur quelle base ? Le Civisme propose une solution simple, à sa façon.

Considérant que la Cité autorisera à ses Citoyens à l’étranger ce qu’elle autorisera aux étrangers chez elle ; considérant que, placés dans les mêmes conditions, Citoyens à l’étranger et étrangers dans la Cité consommeront en moyenne la même chose et coûteront donc en moyenne la même chose ; considérant que chaque pays saura exactement combien de ressortissants étrangers auront résidé annuellement sur son territoire et combien de jours ; la Cité pourra calculer combien l’ensemble de ses Citoyens aura dépensé dans l’année dans tel pays, donc, en divisant ce chiffre par la somme de jours qu’ils y auront passé, combien aura coûté en moyenne un Citoyen par jour. En multipliant le chiffre obtenu par le nombre de jours passés par les étrangers de tel pays dans la Cité, on obtiendra le coût global de ces derniers. (Chaque pays disposera évidemment des mêmes données pour faire le calcul.) Il apparaîtra alors qu’un pays à accueilli plus d’étrangers que l’autre, que les uns ont coûté légèrement plus que les autres, qu’un pays doit donc à l’autre la différence, juste la différence. Tout dépendra ensuite des modes de paiement utilisés par les Citoyens à l’étranger. Mais ceci relève du détail. Retenons qu’il existera des solutions dont une solution on ne peut plus simple et facile à mettre en œuvre à l’heure de l’informatique : deux grandes additions, une division, une multiplication, une soustraction. Remarquons par ailleurs qu’elle sera également on ne peut plus juste, que les pays dont la monnaie est faible ne seront plus défavorisés, car il n’y aura pas de question de change, les coûts étant établis dans leur monnaie.

Pour clore ce chapitre, on pourrait aussi imaginer que la Cité, quoique fonctionnant sans monnaie en interne, émette une monnaie, dans une quantité fixe, pour payer ses importations, sachant qu’elle permettrait seule, aux pays étrangers ou aux entreprises étrangères, d’acheter certains de ses produits ou d’obtenir de manière générale des tarifs préférentiels. Cette monnaie serait en quelque sorte gagée sur le produit de la Cité. Elle aurait non seulement de la valeur, puisqu’elle permettrait bien de payer des choses, mais ce serait même une valeur sûre, puisque l’économie de la Cité sera on ne peut plus performante et à l’abri de toute tempête financière. Au final, cette monnaie, cette devise serait particulièrement recherchée, ce qui ferait d’elle une des plus puissantes du monde, sinon la plus puissante, ce qui ne serait pas le moindre des paradoxes. Mais, je vous l’ai déjà dit, plus rien ne sera impossible à ceux qui auront osé défier Largent !

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !


Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité

Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

07:36 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 09 mai 2015

AVIS A MES LECTEURS

A ceux qui me lisent, qui me comprennent et qui partagent mon analyse et ma solution, contactez-moi. Il est temps de nous réunir et d'avancer.

Si vous n'êtes pas sur Paris, comme moi, contactez-moi quand même, je vous mettrai, autant que possible, en relation avec les gens de votre région.

08:54 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 04 mai 2015

LES ENTREPRISES DANS LA CITE (vidéo 9)

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?
Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité

1.jpg Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

 

« Dans une Société digne de ce nom, rien n’est nationalisé,
rien n’est privatisé : tous les Citoyens servent la Cité. »

Manifeste des Patriciens, art. 88

 « Il n’y a pas de contrôle plus démocratique sur les
 entreprises que la loi du marché, lorsque les Citoyens
sont libres et égaux, puisque les Travailleurs, en tant
que consommateurs, s’imposent indirectement de
Travailler pour satisfaire leurs appétits. »

Manifeste des Patriciens, art. 93

 

LES ENTREPRISES DANS LA CITÉ

Dans les vidéos précédentes, j’ai disséqué le système actuel, mis à jour ses ressorts, à savoir la monnaie et surtout ce que le Civisme appelle « Largent » (c’est-à-dire, en simplifiant, la notion de valeur marchande), et j’ai montré leur caractère asocial et, finalement, antisocial en rappelant les grands Principes de l’ordre social. J’ai appelé à anéantir Largent au nom de l’Égalité et de la patrie (Société), quoiqu’il s’agisse moins de lutter contre Largent que pour l’Égalité. C’est en effet en instaurant l’Égalité, la Cité, en faisant triompher la logique sociale, que Largent et la monnaie seront de fait vaincus, balayés, éradiqués, et non en luttant directement contre eux sans trop savoir pourquoi et en utilisant les armes physiques et morales qu’ils fournissent. Mais comment instaurer l’Égalité ? Il suffit de préciser ce qu’elle est pour avoir la réponse. Il n’y a qu’une seule Égalité possible, concevable et souhaitable, celle des Citoyens, en Devoirs et en Droits, égalité notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), et dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité, donc en ayant notamment le droit d’accéder librement au marché du fait même qu’ils soient Citoyens. C’est au niveau de ce droit que Largent et la monnaie interviennent, contrarient les Principes et anéantissent la Société. C’est aussi à ce niveau que la Cité doit intervenir en reconnaissant que le droit d’accéder au marché doit être conféré par la Citoyenneté et donc en dotant les Citoyens d’un moyen d’attester leur Citoyenneté auprès des commerçants. Ce moyen, c’est la Carte civique. J’ai consacré la vidéo 7 à ce sujet. Je rappelle en quelques mots son fonctionnement et ses effets.
La Carte civique fonctionne, d’un point de vue technique, comme nos actuelles cartes de crédits. Elle est strictement personnelle, sécurisée et sert à valider les retraits faits chez les commerçants et les services rendus par les entreprises. Mais le pouvoir d’achat qu’elle confère, c’est-à-dire celui que la Citoyenneté qu’elle permet d’attester confère, ne dépend pas d’unités, il n’est pas mesurable (pas plus que la Citoyenneté), il est indéfini et pour ainsi dire illimité, donc égal pour tous les Citoyens qui, tous, peuvent consommer librement, sans autre borne que la nature des choses. (Je simplifie.) Il s’ensuit que la Demande globale surpasse toujours l’Offre, même quand celle-ci est à son maximum, et que le plein emploi est donc une situation inaltérable (vidéo 8 sur le chômage). Ce qui nous amène à la question du travail et des entreprises.

La Carte civique est la garante de l’Égalité ; c’est elle qui permet aux Citoyens de jouir de leurs droits. Mais avant d’en jouir, ils doivent les mériter, ils doivent mériter la Citoyenneté, notamment, comme je l’ai dit plus haut, en participant à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation. Et je dis bien « participer », je ne dis pas « travailler », car le travail, dont il va être question ici, par rapport aux entreprises, est une forme de participation parmi d’autres, même si elle est la plus courante. Certains métiers relèvent de la participation et non du travail lorsqu’ils sont exercés dans le cadre de structures non-marchandes, comme l’armée, la police, la magistrature, les administrations publiques, etc. Toutes les formes de participation, y compris le travail, doivent être définies et reconnues par la Cité, d’où l’expression « selon ce qu’elle considère comme une participation ». Il n’appartient pas aux individus de proclamer qu’ils participent ; c’est à la Cité de le dire d’après les critères qu’elle a fixés. Au mieux les individus peuvent-ils proposer à la Cité de reconnaître, sous certaines conditions, la forme de participation qu’ils désirent faire leur en tant que Devoir, mais c’est bien à la Cité, qui garantit les droits du Citoyen aux individus qui contribuent à sa santé et à sa prospérité, qu’il appartient de trancher la question. Et ceci est autant valable pour les individus que pour les entreprises, d’où l’intérêt de cette précision. Qu’est-ce donc qu’une entreprise dans la Cité ?

Une entreprise est d’abord un groupe de Citoyens remplissant ensemble leur Devoir de participer et constituant ainsi une personne morale ayant elle-même ce Devoir. Autrement dit, une entreprise doit aussi participer à la vie de la Cité selon ce que celle-ci considère comme une participation, et il va de soi que les attentes de la Cité sont à la mesure du potentiel de l’entreprise (c’est-à-dire du nombre de Citoyens qu’elle emploie) et dépendent également de la nature de ses activités. La Cité attend tout simplement de chaque entreprise qu’elle remplisse la fonction qu’elle est censée remplir. Le point commun entre toutes les entreprises (quel que soit le nombre de leurs employés, de un jusqu’à des milliers, et leur domaine d’activité) est qu’elles produisent des biens et/ou fournissent des services qui suscitent et/ou répondent à une Demande significative de la part de personnes physiques ou morales. En clair, une entreprise est caractérisée par le fait d’avoir des clients identifiables (contrairement aux services publics qui ne s’adressent à personne en particulier), et la Cité considère qu’elle a fait son devoir à partir du moment où elle a un certain nombre de clients sur une période donnée (généralement un an), voire lorsqu’elle a écoulé une certaine quantité de marchandises (informations connues instantanément grâce à l’usage des Cartes civiques). Ce nombre de clients à atteindre et cette quantité de marchandises à écouler font partie des Conventions de l’entreprise et sont fixés par des Commissions, soit au cas par cas, soit d’après des grilles standards. (De telles Commissions existent dans tous les départements et sont composées de Citoyens nationaux tirés sort. Je n’entre pas plus avant dans ce sujet auquel un chapitre du Civisme est consacré ; je voulais juste faire remarquer que « Cité » ne veut pas nécessairement dire « État » et que l’État est en fait réduit au strict minimum dans la Cité.)

Ces résultats conventionnels ne sont pas les résultats maximums que l’entreprise pourrait atteindre, compte tenu de son potentiel (ou du nombre de ses employés), mais les résultats minimums qu’elle doit atteindre pour que la Cité considère qu’elle satisfait une Demande significative, qu’elle a fait son travail et que son existence a une utilité. (Je précise qu’il s’agit de résultats de vente et non de production, car si la vente suppose une production appréciée, la production, elle, ne suppose pas la vente, et produire sans vendre revient à n’avoir rien produit.) Ces résultats ne sont en fait qu’un repère, qu’un indicateur pour la Cité. On pourrait dire que, dès lors que l’entreprise atteint lesdits résultats, les Cartes civiques de tous ses employés sont validées. En réalité, les Cartes des Citoyens sont valides dès qu’ils intègrent une entreprise, puisque l’existence de cette entreprise suppose qu’elle remplit son Devoir, que tous ses employés remplissent donc eux aussi le leur. Ces derniers ne travaillent donc pas pour que leur Carte soit validée, mais pour que leur entreprise atteigne ses résultats et ne s’expose pas à des sanctions. Comme je l’ai expliqué dans la vidéo précédente sur la retraite et le chômage, ces sanctions, pouvant aller jusqu’à la liquidation de l’entreprise (en cas de résultats négatifs répétés plusieurs années de suite), sont infligées également à tous les employés et consistent généralement en « temps négatif » qui repousse d’autant le moment où les Citoyens pourront prendre leur retraite : puisqu’ils n’ont pas travaillé correctement, ils travailleront plus longtemps. (L’objet d’une sanction, quel que soit le domaine, est de dissuader de commettre un acte, de réparer si possible, de punir pour dissuader de récidiver et, dans les cas particulièrement graves, d’empêcher toute récidive. Ici, le « temps négatif » vise surtout à dissuader et à réparer.) Tout le monde est prévenu, et cette menace de sanction collective (qui est le pendant de la validation collective des Cartes ou de la reconnaissance collective des Droits), suffit à déterminer les employés à se secouer, à s’investir, à se stimuler mutuellement, bref à avoir le fameux « esprit d’entreprise » (équivalent du patriotisme au niveau de la Société), et si cela ne suffit pas à faire disparaître les bras cassés et les tire-au-flanc, l’entreprise a le droit de licencier comme bon lui semble, autant qu’elle est libre de recruter.

En fait, les entreprises atteindront toujours leurs résultats conventionnels — à moins, évidemment, de s’être endormies sur leurs lauriers, de ne pas avoir su évoluer, innover, adapter ou simplement valoriser leurs produits. Le « temps négatif », en guise de sanction, est en cela une première raison, la première raison pour laquelle les entreprises atteindront toujours leurs résultats conventionnels. La deuxième tient au fait que les entreprises, comme les Citoyens, disposeront d’un pouvoir d’achat quasi illimité et auront donc tous les moyens qu’il est possible d’avoir, si elles le désirent, pour répondre aux attentes de leurs clients qui, eux-mêmes, ne seront plus arrêtés, comme aujourd’hui, par des considérations financières. Dans la Cité, le facteur humain fera seul la différence ; les entreprises qui n’atteindront pas leurs résultats conventionnels ne pourront s’en prendre qu’à elles-mêmes, à leur mauvaise gestion, et seront doublement fautives et punissables. La Cité ne fera d’exception que pour les entreprises victimes de catastrophes naturelles ou d’événements dramatiques, indépendants de leur volonté, qui suspendront pour un temps leurs conventions ou, pour le moins, amèneront la Cité à les revoir à la baisse. Enfin, la troisième raison qui devrait éviter aux entreprises de s’endormir, c’est qu’elles seront en concurrence et que, pour gagner et surtout ne pas perdre de clients, qui pourront accéder au meilleur, elles devront leur offrir le meilleur ou, du moins, faire de leur mieux pour ne pas être trop distancées, en matière de qualité, par leurs concurrentes. En somme, les entreprises ne pourront se contenter d’atteindre leurs résultats conventionnels ; elles devront en faire abstraction et ne viser qu’à la satisfaction de leurs clients. On voit donc qu’il ne faut guère, de notre côté, attacher trop d’importance à ce concept, néanmoins nécessaire, de « résultats conventionnels », qui n’exigeront, pour être établis, qu’un peu de bon sens.

A ceux qui auraient l’impression que le Civisme ressemble au communisme, parce que la Cité établira l’Égalité et aura un œil sur les entreprises, je rappellerai tout d’abord qu’aucun régime communiste n’a jamais supprimé la monnaie, instauré l’Égalité, garanti aux Citoyens le libre accès au marché et la liberté d’entreprendre (sujet dont il sera question plus loin), reconnu aux entreprises les droits d’embaucher et de licencier librement, maintenu entre elles la concurrence et fait des « ventes » le critère suprême. En fait, le communisme a été beaucoup plus loin dans l’étatisme ; le capitalisme n’a jamais été aussi loin dans le libéralisme. En réalité, le Civisme, c’est du libéralisme sans capitalisme. Dans la Cité, les entreprises ne sont ni publiques ni privées, mais les deux à la fois.

Une entreprise — et ceci est également vrai aujourd’hui — a, par définition, une fonction publique ou sociale ; elle ne produit pas pour elle, pour ses employés, mais pour le marché ; elle existe pour servir les intérêts des Citoyens qui sont la Cité. Elle emploie d’ailleurs des Citoyens qui, en travaillant pour elle, pour l’entreprise, remplissent envers la Cité leur Devoir de participer. Et ce n’est pas d’elle que ses employés, en tant que Citoyens, tiennent leurs Droits, mais de la Cité. Ce dernier point n’aucun sens, aujourd’hui, dans le système monétaire, puisque les employés tiennent leur salaire, donc l’essentiel de leurs droits, de l’entreprise qui les paye ; mais les deux premiers, irréfragables, suffisent à démontrer que faire de l’entreprise un objet indépendant de la Société, une propriété privée, est une aberration, une ineptie que seuls des hommes lobotomisés par Largent peuvent accepter comme de juste. Mais c’est précisément parce que l’entreprise a une fonction sociale, parce qu’elle a des responsabilités devant la Cité, qu’elle doit être libre de gérer son activité ; car celui qui obéit n’est pas responsable. La Cité ne doit pas se mêler des affaires internes des entreprises, d’une part, pour qu’elles puissent assumer seules leurs actes, d’autre part, parce que l’expérience a montré que l’économie dirigée est un désastre. Pour autant, elle ne leur livre pas ses Citoyens pour en faire des esclaves corvéables à merci, pas plus qu’elle ne leur permet de se jouer d’eux en tant que consommateurs.
Je n’ai pas réussi à le caser, alors je le précise maintenant : le présent schéma est valable pour toutes les entreprises, quel que soit leur domaine d’activité et leur nombre d’employés, fut-il de un. Certaines activités diffèreront cependant de ce schéma de base par le mode de validation des Cartes que leur nature impliquera. Nous avons vu la validation « parallèle » (à l’appartenance à une entreprise) mais elle pourra aussi être « différée » ou encore « temporaire » (Voir la théorie du Civisme). Ainsi, toutes les activités contemporaines, autres que purement financières, perdureront moyennant une adaptation aux règles de la Cité. Par ailleurs, le formidable pouvoir d’achat des Citoyens permettra à beaucoup d’activités de se développer, et à de nouvelles, de voir le jour. Les activités qui aujourd’hui offrent des services gratuits, grâce à des bénévoles, et qui auront encore un objet, pourront devenir des activités professionnelles, c’est-à-dire des portes de la Citoyenneté, car les Citoyens, en tant qu’usagers ou consommateurs, ne rechigneront pas à sortir leur Carte civique comme ils peuvent le faire de leur carte de crédits ; ils ne se diront plus « il faut encore que je casque » mais « ça prouve qu’il bosse ». La Cité pourra en quelque sorte faire « payer » pour tout, donc créer de l’emploi partout, car tous les Citoyens auront « les moyens », comme on dirait aujourd’hui. En revanche, les activités illégales ne rapporteront plus rien, sinon de gros ennuis, et disparaîtront d’elles-mêmes en perdant leur raison d’être. Celles qui perdureront malgré tout seront le fait d’amateurs, pour leur plaisir ; elles ne constitueront plus un fléau et pourront être ignorées, à moins d’être véritablement criminelles. Il en ira de même, de manière générale, pour les activités non-reconnues ou pratiquées hors cadre professionnel.

Toute activité personnelle pourra donner lieu à une forme de participation reconnue, voire à une entreprise individuelle. Je dis bien « pourra ». La condition pour passer de l’état d’amateur à celui de professionnel sera comme toujours de satisfaire des conditions, de répondre à une certaine demande et d’atteindre les résultats conventionnels préétablis, sous peine de sanction. Ceux qui, pour X raisons, ne pourront remplir ces conditions ou ne voudront être astreints à de telles conditions pratiqueront l’activité en question en amateur et devront mériter la Citoyenneté autrement, dans le cadre d’une autre activité. Ceux qui tenteront l’aventure sans être à la hauteur devront vite abandonner sous peine de sanctions. Ne pourront être Citoyens grâce à leur art, ne pourront « vivre de leur art », comme on disait au XVIIIe siècle, que les individus dont l’activité suscitera, à tort ou à raison, une demande significative et qui voudront exercer cette activité de manière professionnelle. (Remarquons que seul le marché, c’est-à-dire les Citoyens en tant que consommateurs, donc la Cité au sens général, sera juge de l’utilité d’une activité ; la Cité, en tant qu’institution, ne fera que prendre acte du jugement en constatant les résultats.) La Cité ne donnera rien ; elle ne décidera pas à la place des Citoyens ce qu’ils devront avoir ou ce qu’ils devront faire. Pas plus qu’elle ne distribuera les biens, puisque c’est aux Citoyens qu’il appartiendra de retirer du marché ceux qu’ils désireront, elle ne leur donnera ni ne leur imposera un travail : elle fixera seulement les règles du jeu, les mêmes pour tous, à charge pour eux de se trouver une place, d’en changer si elle ne leur plait pas (et s’ils le peuvent), voire, pour les plus entreprenants, de créer leur emploi en montant une entreprise.

La liberté d’entreprendre ne sera pas un slogan ou le privilège de quelques-uns dans la Cité : tous les Citoyens en auront le droit et les moyens matériels — qui manquent souvent aujourd’hui. Bien sûr, tous les Citoyens ne seront pas géniaux, mais rien n’empêchera plus les bonnes idées d’être exploitées. C’est ainsi que l’Égalité libèrera le génie de l’Homme et portera la Cité au summum de son potentiel. Concrètement, tous les Citoyens auront le droit d’échouer trois fois dans la création d’entreprise, afin que ceux qui ne réussissent pas du premier coup aient une autre chance de faire valoir leur talent et que ceux qui ne sont décidément pas faits pour cela cessent de se moquer du monde ou de se mentir à eux-mêmes. En revanche, ceux qui réussiront dans toutes leurs entreprises n’auront pas de limite, pour le plus grand intérêt de la Cité. Comment procèdera-t-on ? Tout simplement. Le Citoyen qui aura un projet bien ficelé le présentera à une Commission pour qu’elle fixe ses conventions, lui délivre diverses autorisations et lui fournisse une carte d’accès professionnelle. La Commission ne jugera pas les projets, elle les acceptera tous, excepté, bien sûr, ceux dont l’objet sera illégal. La Cité ne prendra pas le risque d’étouffer un bon projet ; c’est le Citoyen qui prendra les risques — façon de parler, car il ne risquera pas grand chose, sauf abus manifestes — et devra autant démontrer l’intérêt de son projet que se montrer digne de la confiance placée en lui. La Cité ne perdra rien, du reste, en cas d’échec : tous les biens mobiliers et immobiliers seront saisis et remis sur le marché pour profiter à une autre entreprise.

Sauf exception, un premier projet sera toujours modeste, quitte à être développé rapidement. Seuls des entrepreneurs éprouvés pourront proposer des projets d’envergure. La Cité — ici, au sens d’État — pourra elle aussi initier des projets voire créer des entreprises qui seront cependant soumises au même régime que les autres : conventions, gestion privée.

Certains pourraient se demander pourquoi des Citoyens s’embêteront à créer des entreprises, dans la mesure où ils n’auront rien à y gagner selon les considérations capitalistes. Mais, précisément, les Citoyens n’auront pas ce genre de considérations ; elles n’auront aucun sens. Toute fonction dans la Cité assurera les mêmes droits, les droits du Citoyen. Mais les Citoyens ne seront pas des clones ; ils auront des envies, des goûts, des talents différents. Et il est dans la nature de certains hommes d’être créatifs, inventifs, entreprenants, indépendants,  aventureux, etc. Ces hommes-là sont conduits — comme tous d’ailleurs — par ce qu’ils ont en eux. Pourquoi se priveraient-ils de suivre leur voie si la Cité aplanit devant eux tous les obstacles ? Leur motivation sera d’ailleurs d’autant plus saine que, justement, ils n’auront rien de particulier à gagner, si ce n’est assouvir leur nature et réaliser leurs rêves ! Ceci étant, dans un système égalitaire, la plus haute récompense est la reconnaissance publique, et la Cité devra et saura reconnaître le mérite personnel. On peut imaginer que, sous certaines conditions, les Citoyens qui auront particulièrement bien servi la Cité, notamment dans le domaine économique, seront distingués par des Cartes civiques particulières, reconnaissables par des couleurs, qui confèreront à leurs détenteurs, non pas des droits nouveaux, mais la possibilité d’être prioritaires dans l’exercice de leurs droits. Par ailleurs, un créateur d’entreprise pourra y donner son nom, aura toujours une voix prépondérante parmi celle de tous les employés et pourra en léguer la direction à ses héritiers directs, car la Cité n’ignorera pas que la création (comme la procréation) est, par nature, une quête de perpétuation, pour ne pas dire d’immortalité, et la Cité, loin de vouloir briser ce ressort, le ménagera d’autant plus qu’il sera sans inconvénients.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur l’entreprise, de nuances à apporter, de points à soulever, mais cette vidéo serait sans fin. Je terminerai par deux sujets complémentaires : la propriété des moyens de production et le cas particulier de ce que le Civisme appelle « les biens supports d’entreprise ».

Dans la Cité, le débat sur la propriété des moyens de production, cher aux marxistes, n’a plus aucun sens, vu que les droits des Citoyens ne dépendent ni de leurs propriétés personnelles ni du propriétaire des moyens de production. En l’occurrence, les moyens de production (sol, locaux et machines) appartiennent aux entreprises, en tant que personnes morales, tant que ces entreprises existent, donc tant qu’elles servent bien la Cité ; ils appartiennent à tous leurs employés pris en masse et à aucun en particulier. Peu importe qui les a réunis, puisque, qui que ce soit, il n’a pu le faire que grâce à la Cité, en tant que membre de telle entreprise, pour le compte de cette entreprise et, au final, dans l’intérêt de la Cité. En réalité, les biens d’une entreprise seront regardés comme des propriétés privées par les Citoyens étrangers à cette entreprise mais appartiendront toujours, en théorie, à la Cité qui ne mettra la théorie en pratique que dans des cas spécifiques. Le débat sur la propriété des moyens de production, c’est-à-dire contre la notion capitaliste de propriété privée ou personnelle de ces moyens, ne se conçoit que dans un système monétaire, de la part d’anticapitalistes autoproclamés qui ne remettent pas en cause la monnaie, et sa logique, et cherchent en vain à endiguer ses effets ; qui critiquent le capitalisme en entrant dans le jeu des capitalistes. En fait, ces derniers ne luttent ni pour la Société et l’Égalité (bien comprise) ni contre Largent et la monnaie ; ils détournent l’attention des véritables questions, donc des véritables solutions, et contribuent ainsi à maintenir le système qu’ils dénoncent mais qu’ils ne menacent pas fondamentalement. Ils sont, comme ils disent eux-mêmes, « les idiots utiles » du système. C’est assez dire que leurs arguments — qui peuvent être pertinents par rapport au système — n’ont aucun intérêt d’un point de vue révolutionnaire.

Certains biens peuvent être à eux seuls le principal support d’une entreprise, leur principal outil de travail. Je pense notamment aux autobus, aux bateaux, aux avions. Ces engins peuvent faire partie de la flotte d’une grande entreprise, mais ils peuvent aussi appartenir à une petite entreprise dont tout le personnel sert sur un seul de ces engins. Il va de soi que ces biens, nécessitant du personnel de bord, seront inaccessibles aux particuliers, car les particuliers ne pourront avoir de serviteurs. (La domesticité n’existera pas dans la Cité.) Ces biens pourront être acquis, à l’unité, neuf ou d’occasion, par les créateurs d’entreprises (de petites entreprises), par des entreprises déjà établies dans le domaine en question et cherchant à se développer, et aussi par des entreprises importantes dont l’activité sera sans rapport avec les services que ces biens peuvent rendre. Dans tous les cas, le personnel de bord fera partie de l’entreprise en question et sera pris en compte pour établir ses résultats conventionnels. Rien de plus normal dans les deux premiers cas. Mais une entreprise qui fera une telle acquisition sans raison économique valable, c’est-à-dire pour son confort et le plaisir de son personnel, devra soit compter un personnel innombrable soit être très performante pour pouvoir se permettre d’embaucher des employés inutiles par rapport à son activité reconnue mais contribuant à élever les exigences de la Cité. Malgré tout, la chose sera possible et sans doute bien plus fréquente qu’on ne l’imagine, car, comme je l’ai dit, les véritables résultats des entreprises seront supérieurs aux résultats conventionnels, de sorte qu’elles auront une marge de sécurité qui leur autorisera ce genre d’extras. Bien sûr, dans les mauvaises passes, ces employés surnuméraires seront les premiers à être licenciés pour faire baisser automatiquement les résultats conventionnels de l’entreprise afin que ceux-ci soient plus en rapport avec son véritable potentiel humain. Et c’est là que l’on voit comment le droit de licencier sera aussi, pour les entreprises, un moyen de prévenir les sanctions voire la liquidation. C’est là également que l’on comprend comment, dans la Cité, les branches en déclin s’atrophieront naturellement jusqu’à disparaître, ou tout comme, au lieu d’être conservées artificiellement. Encore une fois, le Civisme n’est pas du communisme.  

Je n’ai pas abordé la question des produits, biens et matières d’importation que les Citoyens peuvent désirer et dont les entreprises ont souvent besoin. Ce n’est pas parce qu’importer sera impossible, mais tout simplement parce que les échanges internationaux seront le sujet de la prochaine vidéo.

Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

09:53 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |