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vendredi, 28 avril 2017

2017 - ANALYSE DE LA SITUATION sous l’angle du Civisme

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais dire d’« où je parle ».

Voilà 20 ans exactement cette année que j’ai conçue la théorie du « Civisme », qui explique pourquoi et comment anéantir Largent (la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, dont la monnaie et le capitalisme découlent), et pourquoi et comment instaurer l’Égalité ; non pas l’Égalité universelle et absurde des gauchistes ou l’Égalité formelle et astucieuse des bourgeois, mais celle des patriotes, la seule Égalité possible et nécessaire : l’Égalité des citoyens en devoirs (dont celui de participer à la vie de la cité, selon ce qu’elle considère comme une participation) et en droits (dont celui de profiter des bienfaits de leur cité, auxquels ils ont contribué). Cette Égalité et ce droit de profiter des bienfaits de leur cité impliquent notamment, sous peine d’être des formules creuses, le droit d’accéder librement au marché pour tous les citoyens, autrement dit que ce droit soit conféré par la citoyenneté. Or si l’accès au marché est conféré par la citoyenneté (qui ne se mesure pas), il ne l’est donc plus par la monnaie : il n’y a plus de monnaie, plus de prix, plus de valeur marchande, plus de système monétaire, plus de capitalisme. Les pouvoirs d’achat, aujourd’hui limités et inégaux, seraient illimités (sauf par la nature des choses et éventuellement par les lois) et égaux (car indéfinis). L’industrialisation et la production de masse rendent possible et justifié l’accès illimité (c’est-à-dire non borné de manière artificielle et inefficiente), et l’informatique rend possible, par exemple grâce à des cartes à puce, de s’assurer de la citoyenneté des consommateurs, preuve qu’ils se sont au préalable acquittés de leurs devoirs. C’est donc l’évolution technique et technologique qui permet cette nouvelle conception de l’échange, des rapports sociaux et, partant, de la société. Mieux ! ces évolutions doivent inévitablement déboucher sur cette révolution ; non pas sur « une » révolution, mais bien sur celle-là.

Et le Civisme prévoit la révolution, ou évolution révolutionnaire, en France, pour les années 2030, dans tous les cas avant 2050. Cette estimation n’est pas une prédiction d’après une vision dans une boule de cristal, mais la conclusion à laquelle font systématiquement arriver les courbes, tracées à vue de nez, des évolutions politique (droits réels des gens) et technique (capacités productives). Ces courbes procèdent d’un ressenti et du bon sens. Disons, pour faire court, que ces deux évolutions s’accompagnent, mais que l’évolution de la technique, au XXe siècle, a été si fulgurante que celle de la politique (des droits) n’a pas suivi et est appelée à combler son retard de manière tout aussi fulgurante… et le virage devrait logiquement avoir lieu vers 2030.

 

 

Courbes des évolutions - 1 - théorie.jpg

Cette évolution fulgurante des droits suppose un changement radical de paradigme, lequel paradigme est aujourd’hui monétaire, incontestablement, et c’est en effet la monnaie qui incarne les droits, impose ses lois, limite les conquêtes possibles et nous condamne à tourner en rond, à stagner et même à régresser. La révolution consistera donc bien à dépasser le système monétaire. Et son but sera l’Égalité, l’égalité entre citoyens, l’égalité dans le cadre d’une société, l’égalité dans le cadre de la nation.

Il s’ensuit que, pour que cette révolution ait lieu, il faut non seulement que la France soit en état de la faire mais encore qu’elle survive à la destruction à laquelle le capitalisme la voue, ainsi que toutes les nations (en particulier occidentales).

Pourquoi le capitalisme cherchent-ils à détruire les nations ? Parce que la nation est à la fois le moyen et le but de la révolution ; parce que la révolution se fera par et pour la nation, pour l’Égalité, contre Largent, contre le capitalisme. Si rares sont les hommes déjà conscients de la voie révolutionnaire, Largent et le capitalisme, qui poussent naturellement à l’individualisme, donc au sans-frontiérisme, à l’universalisme et au mondialisme, savent, eux, de façon immanente, que leur triomphe annonce leur chute, que tôt ou tard l’antidote au capitalisme sera découvert dans un pays capitaliste (c’est déjà le cas, il a vu le jour en France, il a pour nom « le Civisme »), qu’un pays, un peuple, une nation finira par l’administrer, et que les nations sont donc leurs ennemies mortelles. Aussi cherchent-ils à les tuer avant qu’elles n’aient conscience de leur potentiel et de leur devoir. Mais comment les tuer ? Par le supranationalisme et l’immigration, c’est-à-dire en les détruisant par le haut et de l’extérieure, et par le bas, de l’intérieur. L’« Europe » (l’union soi-disant européenne) et les immigrés ont la même fonction destructrice, antinationale et contre-révolutionnaire. L’une détruit leur existence politique (l’esprit) ; les autres détruisent son existence physique (le corps). Certains diront que l’immigration ne change rien, que des hommes en valent bien d’autres. Mais une population n’est pas un peuple ; le multiculturalisme n’est pas une culture ; et mélanger les hommes a précisément pour but de dissoudre les cultures, notamment la culture anticapitaliste et révolutionnaire française. Du reste, l’immigration massive ne brise pas seulement l’esprit ; elle tend au génocide des autochtones, moyen radical, s’il en est, pour le capitalisme, d’écarter la menace d’une nouvelle révolution française. Voilà pourquoi le capitalisme, intrinsèquement mondialiste, pousse à toujours plus d’« Europe » et encourage l’immigration tous azimuts malgré leurs effets désastreux. Et si rien ne s’y oppose, il parviendra à ses fin, dans le seul intérêt de Largent. Tout sera détruit au profit de personne et sans plus aucun moyen de réagir.

Mais la logique historique (voir les courbes) propose un autre scénario. La révolution qui mettra enfin la technologie au service des hommes, c’est-à-dire des droits du citoyen, est inéluctable et pour bientôt (15 ou 25 ans). Mais, comme je l’ai dit, elle ne pourra avoir lieu tant que la France ne sera pas sortie de la spirale de sa destruction, tant qu’elle sera enchaînée par l’« Europe » et plombée par l’immigration. Autrement dit, quelque chose doit se passer, qui amorcera ou provoquera un changement de cap à ce niveau-là. Quand ?

Si l’on compte une quinzaine d’années entre le moment où la France mettra, d’une manière ou d’une autre, un coup d’arrêt aux crimes et trahisons capitalistes, du moins à partir du moment où elle se rebiffera violemment, puis le temps de résoudre les problèmes, puis le temps de se relever de cette épreuve, puis le temps que les contradictions du système monétaire (lié au mode de production artisanale, inadapté au mode de production industrielle) se fassent à nouveau sentir sans qu’il soit désormais possible de recourir aux mêmes subterfuges que le capitalisme, donc en étant réduite à franchir le pas contre Largent, cela situe le moment du sursaut national autour de 2015 (2030 – 15 = 2015).

Reste la question : Quoi ? Que peut-il se passer ? Il n’y a pas mille manières sortir de l’« Europe » et de renverser le flux migratoire (car stopper l’immigration, vue l’ampleur de l’invasion, ne suffit pas). Il n’y en a que deux : le politique et les armes. J’entends par « politique », celle d’un gouvernement. Il n’y a qu’un gouvernement anti-Europe qui pourra claquer la porte. Encore faut-il qu’un président, ayant cette volonté, soit élu. Sans quoi, manifestations et référendums (l’insurrection n’étant pas ici une option) ne changeront rien, puisque nous avons vu que les capitalistes n’en démordront pas.

L’immigration, elle, peut être combattue de deux manières : la plus réaliste et la plus souhaitable étant là encore la politique. Une politique dans ce sens-là rencontrerait sans doute une opposition virulente (de la part des gauchistes et des immigrés), à désamorcer en douceur si possible, à mâter brutalement si nécessaire, ce qui, dans ce cas, pourrait déboucher sur une guerre civile (avec avantage pour le camp tenant l’appareil d’état). (Il va de soi qu’un tel gouvernement serait en opposition avec l’« Europe » dont il serait obligé de se retirer à moins qu’elle ne le chasse elle-même.) Il se pourrait aussi que, quoique ménagés par le pouvoir, les immigrés mettent eux-mêmes le feu aux poudres, et que les Français, longtemps bridés et castrés, mais n’ayant plus le choix qu’entre se battre ou mourir, réagissent. Là, l’issue dépendrait de trop de paramètres imprévisibles pour que j’entre ici dans le détail de tous les scénarios possibles. Disons que ce serait sanglant et terrifiant. Plus de demi-mesures. L’extermination serait à l’ordre du jour dans les deux camps. Or le risque d’une telle situation est précisément créé par les politiques mises en œuvre depuis 40 ans et encore poursuivies, politiques qui visent objectivement à notre destruction et insinuent que la seule façon d’éviter la situation tragique dans laquelle une réaction de notre part plongerait la France est de nous résigner à disparaître. « On a résolu de vous tuer, mais mourrez en silence, bandes de fascistes ! »

Voilà ma grille de lecture. Quoique Largent nous entraîne dans son néant, la France va se réveiller, parce que la force des choses, elle, nous pousse vers la Révolution.

En 2005, quand le peuple français a été consulté sur le projet de constitution « européen », c’est-à-dire en fait sur l’« Europe », la victoire du NON, malgré le matraquage médiatique en faveur du OUI, était tout autant prévisible (d’après cette grille de lecture) qu’il était évident que le gouvernement capitalo-mondialiste passerait outre. Il n’y a pas « d’autre Europe » possible aujourd’hui. Des pays monétaires ne peuvent former qu’une entreprise capitaliste : non pas l’Europe des patries, mais celle du pognon. L’« Europe » est néanmoins morte cette année-là en perdant toute légitimité, laquelle réside dans le peuple. En 2005, eurent lieu également les grandes émeutes dans les banlieues. Une bonne occasion de sortir le « karscher ». Mais les mêmes capitalo-mondialistes étaient au pouvoir. Ces émeutes, qui se limitèrent à brûler des voitures, ont néanmoins mis en évidence le problème de l’immigration (pour les Français, non pour le gouvernement qui s’en sert contre eux) et averti qu’il allait être de plus en plus pressant. C’est d’ailleurs à cette époque que débuta l’afflux massif de clandestins qui n’a pas cessé depuis, provoqué, organisé, encouragé, légalisé par des gouvernements qui se prétendent impuissants mais déploient toute leur force pour briser toute opposition des Français.

2015, l’année où tout allait peut-être basculer, commença « bien ». Massacre à Charlie Herbdo par des islamistes, français commevouzémoi. « Je suis Charlie. » Puis massacre au Bataclan. « Pas d’amalgame. » 2016, massacre à Nice. « Tous unis contre le racisme. » Loin de soulever le problème de l’immigration (et de sa gestion), le système s’est servi du terrorisme pour le masquer et même pour le retourner. « Les terroristes ne sont qu’une infime majorité, donc les immigrés sont en général une chance. » Les Français n’ont pas bronché. Qu’auraient-ils pu faire concrètement, sans organisation, avec tout l’appareil d’état contre eux, à part se livrer isolément à des massacres et passer ainsi pour les méchants (face aux gentils envahisseurs et aux sympathiques collabos) ? Non ! Ils ont ravalé leur colère et attendu l’occasion de la traduire politiquement, ce qui, en dernière analyse, est la meilleure et, pour le moment, la seule option.

2017, le Front Nation, anti-Europe, anti-immigration, incarné par Marine Le Pen, accède au second tour de l’élection présidentielle. On peut bien sûr y voir un concours de circonstances. Ma grille de lecture me fait dire que c’est dans l’ordre des choses, que son élection elle-même est inscrite dans la logique de l’Histoire. Le même cas de figure s’est déjà présenté en 2002, avec son père, mais dans d’autres conditions ; c’était trop tôt, ce ne fut qu’un coup de semonce (dont le système a conclu, non qu’il fallait devenir raisonnable en matière d’immigration, mais, au contraire, qu’il fallait noyer les Français sous un déluge d’immigrés). Aujourd’hui, le fruit est mûr. Mieux ! La configuration de ce second tour est on ne peut plus symbolique. A l’heure où un événement majeur doit survenir et acter du réveil du peuple contre Largent, contre l’Europe, contre l’immigration, les deux finalistes sont précisément ceux qui symbolisent le mieux l’un et l’autre camp. Il oppose clairement, à travers Macron et Marine, le mondialisme au nationalisme (dans le sens de « système à l’échelle nationale »), l’oligarchie capitaliste aux patriotes, les banques au peuple, la démocrature à la démocratie et, in fine, sans que les choses soient encore aussi évidentes, Largent à l’Égalité. Macron a tout le système derrière lui et devrait, en apparence, l’emporter haut la main. Mais le système en question doit s’effondrer. Marine n’a pour elle que le rejet croissant et confus du peuple pour ce système. Ses soutiens potentiels sont dispersés et hétéroclites, tels l’armée de Spartacus. Mais elle est dans le sens de l’Histoire. Je ne dis pas qu’elle sera élue mais que son élection, le cas échéant, serait moins accidentelle qu’il n’y paraîtra. Quelque chose doit se produire dans la période où nous sommes. Un choc des titans se prépare, entre les forces de Largent, jusqu’alors toutes puissantes, et la montée en puissance d’un mouvement populaire et pré-révolutionnaire. Ce dernier l’emportera. Toute la question est de savoir si la balance penche déjà en sa faveur. Nous le saurons bientôt.

Si l’événement qui doit permettre à la France d’échapper à l’« Europe » et de régler la question de l’immigration (afin de pouvoir, à terme, se consacrer à la véritable révolution, pour l’Égalité, contre Largent) est de nature politique, ce ne peut être que l’élection de Marine Le Pen, aujourd’hui, en 2017, ou d’un candidat similaire (elle ou un autre) au plus tard en 2022. Le plus tôt sera le mieux. Aussi dramatique que soit la situation actuelle de la France, elle ne sera que plus pourrie dans quelques années, et il sera alors d’autant plus difficile et douloureux d’arrêter les hémorragies et de cicatriser nos plaies. La vraie « chance pour la France » de sortir de l’impasse avec le moins de casse possible, c’est Marine. Ne pas voter pour elle par crainte de ce que cela pourrait produire, c’est être complètement aveugle, non seulement sur ce qu’incarne Macron et les dégâts profonds qu’il pourrait causer, mais encore sur ce qu’il se produira, de toute façon, et en pire, si elle n’est pas élue, si la France reste gouvernée par des suppôts du capitalisme. Un rebond va avoir lieu, incessamment sous peu : s’il n’est pas politique et énergique, il sera civil et cauchemardesque ; personne ne peut désirer en arriver là, mais ce n’est pas en alimentant le feu tout en niant la possibilité d’un incendie qu’on écartera ce danger.

En outre, et pour finir, ne pas voter pour elle, c’est aussi n’avoir aucune conscience des enjeux, et encore moins de conscience révolutionnaire. Ce qui se joue dans cette élection, c’est, d’une part, la survie de la France et du peuple français, face au besoin vital du capitalisme de les anéantir au nom de Largent, d’autre part, la Révolution à venir, dont la nation sera le levier, et l’Égalité, la finalité. Ne pas voter pour elle, c’est, a priori, tout compromettre. Gageons toutefois que la force des choses conduira mieux le mouvement des hommes que leurs petites pensées et provoquera, par d’étranges détours, ce qui doit advenir.

Pour faire la Révolution demain,
il faut sauver la France aujourd’hui.

Philippe Landeux
28 avril 2017

06:06 Écrit par Philippe Landeux dans 5. SCHEMAS, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 25 avril 2017

ES-TU AUSSI CON QUE POUTOU ? (LE TEST)

Un rêve vient de me tirer de mon lit.

J’étais assis par terre. J’allais expliquer quelque chose à Mélenchon. Celui-ci me dit. « Attends, je t’envoie Poutou. » Et Poutou arrive et s’assied en face de moi.

Dans quelques années, lui dis-je, nous n’utiliserons plus que des cartes de crédit. C’est l’évolution inéluctable et irréversible des choses. Hé bien ! la technologie des cartes peut servir à autre chose qu’à manipuler des crédits. Elle peut servir à attester la citoyenneté, c’est-à-dire le fait d’avoir participé à la vie de la cité selon ce qu’elle considère comme une participation, laquelle citoyenneté serait LA condition pour accéder librement au marché dans la mesure du possible et des lois. Aujourd’hui, LA condition pour avoir le droit d’accéder au marché et jouir en même temps de tous les droits qui passent par celui-là, c’est-à-dire presque tous, dont les plus vitaux, est de disposer de monnaie, gagnée on ne sait comment. Et on n’y accède d’ailleurs qu’en proportion des unités dont on dispose à l’instant « T ». Nous n’avons pas le même droit par rapport aux autres et nous ne sommes même pas constamment égaux à nous-mêmes. Les propriétés de la monnaie génèrent à elles seules l’inégalité. Mais si le droit d’accéder au marché, qui plus est librement, était conféré par la citoyenneté, elle-même attestée par une carte à puce, si ce droit était le pendant logique d’avoir participé à la vie de la cité, si ce droit était indéfini ou illimité, puisque la citoyenneté ne se mesure pas (On est citoyen ou on ne l’est pas), alors ce droit ne serait plus incarné et conféré par de la monnaie : il n’y aurait pas de monnaie, pas de prix, pas de salaires (au sens monétaire du terme), pas d’impôts, pas de taxes, en un mot plus de valeur marchande (Largent), plus de capitalisme, plus de moyen d’exploitation et d’oppression, plus de riches, plus de pauvres. Égaux dans le droit d’accéder au marché, et tenus de participer à la vie de la cité pour jouir de ce droit, les citoyens seraient égaux en devoirs et en droits.

Poutou : Mais.. Mais….

Je continue. Faire de la citoyenneté, dûment attestée, LA condition pour accéder librement au marché, de la même manière, d’un point de vue technique, dont on le fait aujourd’hui avec les cartes de crédit, n’a non seulement rien d’impossible — puisque cette technologie a déjà bien d’autres applications —, mais est à la fois la proposition la plus réaliste au vu de l’évolution des choses et la seule cohérente d’un point de vue social.

L’usage bientôt exclusif de cartes de crédit fera atteindre à la monnaie le terme de son évolution : elle n’existera plus que de manière virtuelle, dans nos têtes. Son existence ne tiendra plus qu’à notre croyance en la nécessité de la notion de valeur marchande pour échanger (Largent). Elle aura disparue du réel et ne survivra que par nos préjugés. Mais cet état de choses ne pourra durer longtemps. Seules les cartes ou du moins leur technologie sont appelées à rester. La monnaie virtuelle, elle, et donc le concept même de monnaie, est appelée à disparaître. Mais pour qu’elle disparaisse vraiment, il faut que ce par quoi elle survit encore serve une autre cause que la sienne. Mais quelle cause, sinon celle des Principes de l’ordre social et de l’Égalité ? La monnaie confère un pouvoir d’achat limité et inégal. Tout système qui perpétuerait des limites artificielles et inégales ne serait, en fait, qu’une déclinaison du système monétaire et n’aurait rien de révolutionnaire. Rompre avec la monnaie, c’est évidemment rompre avec la logique monétaire, avec l’individualisme et l’inégalité ; c’est renouer avec le civisme, le patriotisme, et l’Égalité bien comprise.

Poutou : Mais… Mais…

Moi : Il n’y a pas de mémé ! L’Égalité n’est pas universelle ! Il n’y a pas d’autre Égalité que l’égalité en droits, et il n’y a pas de droits sans devoirs. Or c’est dans le cadre d’une société, d’une nation, que les individus, les citoyens, ont des devoirs et des droits. Les droits ne tombent pas du ciel ! Il faut que quelqu’un les génère, et seuls ceux qui contribuent à les générer méritent d’en jouir. L’Égalité universelle, donc sans devoirs, sans cité, sans nation, comme l’Égalité formelle, sur le papier, c’est-à-dire sans que les droits, dont celui d’accéder au marché, ne soient attachés à la citoyenneté, sont des sophismes et débouchent sur une oppression des citoyens dans l’un et l’autre cas. Mieux ! ces deux conceptions sont typiquement capitalistes. L’Égalité universelle et sans-frontiériste n’est qu’une extension de l’individualisme inhérent à Largent et va d’ailleurs dans le même sens que le capitalo-mondialisme. L’Égalité formelle, elle, proclame le Principe sans l’appliquer au seul champ qui compte, c’est-à-dire en acceptant toutes les égalités sauf sur le plan du pouvoir d’achat ; elle ne conteste pas le système monétaire ; elle accepte la logique de la monnaie malgré ses évidentes contradictions avec la logique sociale ; elle fait Largent roi et s’empresse de se soumettre à lui.

Bref, « l’Égalité » est un mot usé, galvaudé, dénaturé tant par ceux qui l’ont invoqué sans savoir comment sortir du système monétaire que par ceux qui cherchent précisément à le perpétuer, et avec lui l’inégalité, mais n’en est pas moins le Principe fondamental de l’ordre social, le Principe à défendre : il s’agit donc moins de renoncer au mot que de lui redonner tout son sens. Mais pour que l’Égalité ait un nouveau sens, pour qu’elle renoue, plus exactement, avec son sens originel, encore faut-il qu’il soit possible de le lui donner concrètement. Et c’est le cas aujourd’hui. La technologie moderne est en train de tuer, sans le savoir, la monnaie et le système monétaire, et permet, en même temps, d’appliquer de manière inédite le Principe d’Égalité, en offrant un moyen simple et efficace d’attester la citoyenneté.

Le capitalisme s’axe autour de Largent (croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger), de la monnaie et d’un mode d’échange ; la Révolution s’axera, elle aussi, autour d’un nouveau moyen d’échange (ou moyen d’accès au marché), véhiculant de nouveaux concepts, de nouveaux Principes. Ceci est à la fois dialectique et pratique. La dialectique pure qui n’entrevoit aucun moyen pratique est sans doute bien jolie mais inutile et fausse à la base ; elle projette sur l’avenir les impossibilités du passé qui n’ont pas permis de voir ce qui était depuis toujours en négatif sous les yeux.

Ainsi, je vous le dis, la prochaine révolution ne doit pas focaliser sur la propriété des moyens de production ; elle ne doit pas prôner le collectivisme, toujours désastreux ; elle ne doit pas compter sur un prétendu « génie du prolétariat » ; elle n’aura pas les immigrés pour fer de lance, au contraire ; et il n’y a pas besoin qu’elle arrive pour savoir en quoi elle consistera. Car je vous l’annonce dès aujourd’hui : elle aura pour but d’instaurer la « carte civique » et ainsi d’anéantir Largent (donc l’idée de valeur marchande, la monnaie, le capitalisme et toutes leurs séquelles), au nom de l’Égalité (bien comprise) et de la Patrie.

Poutou : Heu ! … Heu ! … Fasciste !!! ! !



Je fais parfois de ces rêves ! Mais le vrai cauchemar, c’est d’avoir en face de soi des gens qui ne comprennent rien.

Philippe Landeux
25 avril 2017

10:56 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 24 avril 2017

LA CLÉ DE LA VICTOIRE

Le Front National, autrement dit le camp "national", vient de connaître une victoire à la Pyrrhus. Encore une victoire comme celle-là et il n'y aura plus de France. Est-ce à dire qu'il n'y a plus de Français en France, de Français prêts à défendre leur pays ? Je ne le crois pas. Je pense surtout qu'ils sont divisés, notamment par la question de l'immigration, et qu'il n'y a pas, dans l'offre politique actuelle, de projet à long terme capable de les rassembler tout de suite et de les unir en un faisceau invincible. Si chacun des camps s'entête dans sa vision étriquée et bancale, aucun ne gagnera et la France disparaîtra.
 
Tous les patriotes savent que l'ennemi est le capitalisme. Mais l'ennemi ainsi désigné est protéiforme et chacun le combat à sa manière, de sorte que les forces d'opposition sont divisées et individuellement minoritaires, alors que, unies, elles seraient majoritaires. Le temps est venu d'être précis. L'ennemi, c'est Largent lui-même, c'est la nature monétaire du système, dont procèdent tant le capitalisme que le capitalo-mondialisme ou le capitalo-libéralisme dit ultra-libéralisme.
 
Largent (la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger) va de pair avec l'individualisme (> sans-frontiérisme, mondialisme) et l'inégalité (exploitation, oligarchie, ploutocratie). Il engendre le système monétaire où les droits sont incarnés et conférés par la monnaie et dans lequel les individus ont un pouvoir d'achat limité et inégal. Ce système a sa propre logique, dont Largent est la clé de voûte. En accepter une partie, c'est valider le tout. Or telle est la situation dans laquelle sont aujourd'hui les partis qui se veulent en pointe de l'opposition : ils dénoncent des aspects de ce système, des effets de Largent, mais ils conservent Largent et valident le système en général. Il s'ensuit que tout ce qu'ils veulent est contre-nature (contre la nature du système), que leurs efforts pour ramer sans but à contrecourant sont voués à l'échec.
 
L'urgence, pour les patriotes, n'est pas d'affiner leurs stratégies mais d'élaborer une véritable alternative au système actuel, ou plutôt d'y adhérer, car elle existe déjà : le Civisme. Sans entrer ici dans le détail de ce projet, force est d'admettre qu'il doit être l'exact contre-pied du système actuel. Il doit proscrire la notion de valeur marchande et la monnaie. A un pouvoir d'achat limité et inégal conféré par la monnaie, gagnée on ne sait comment, il doit proposer un pouvoir d'achat indéfini et donc égal pour tous les citoyens et conféré par la citoyenneté elle-même, étant entendu que la citoyenneté se mérite en remplissant les devoirs du citoyen, notamment celui de participer à la vie de la cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation. Ainsi, à l'individualisme et à l'inégalité, il pourra substituer le civisme (ou patriotisme) et l'Égalité (bien comprise).
 
Ce qu'il manque aujourd'hui au Front dit National, dans sa lutte contre le capitalo-mondialisme, c'est, outre un discours radical contre Largent, une conception juste de l'Égalité (des citoyens en devoirs et en droits) qui peut justifier de défendre la Nation. Car pourquoi défendre la "nation" si celle-ci est, pour la grande majorité, synonyme d'exploitation ? Le Front National défend déjà toutes les notions consubstantielles à l'Égalité : nation, patriotisme, souveraineté populaire (démocratie), souveraineté nationale (indépendance), non-ingérence. Il ne lui reste plus qu'à dénoncer Largent pour avoir une conception cohérente de l'Égalité et aller ainsi au bout de sa propre logique.
 
Ce qu'il manque aujourd'hui au Front dit de Gauche, dans sa lutte contre le capitalisme, c'est à la fois une idée moins naïve de l'Égalité, qui ne peut concerner que les citoyens sous peine d'être non seulement un mot creux mais un sophisme capitaliste, et, partant, une idée plus solide de la nation, seul levier pour renverser le capitalisme. Il doit comprendre que l'immigration est l'arme du capital contre la nation et contre la seule égalité possible ; que défendre sa nation, son peuple, c'est défendre le monde entier et la véritable humanité ; bref, que l'Égalité passe par la lutte contre Largent et pour la nation.
 
Voilà mon message. Lutter contre Largent au nom de l'Égalité et de la Nation. Telle est la seule voie pour réconcilier tous les patriotes et stopper notre descente aux Enfers.
 

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16:24 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 20 avril 2017

GAUCHE ABSOLUE et PATRIOTISME INTÉGRAL

Le Principe d'ÉGALITÉ est éminemment de Gauche.

Il n'y a qu'une ÉGALITÉ souhaitable, possible et nécessaire : celle des citoyens en devoirs et en droits.

Cette ÉGALITÉ va de pair avec les notions de cité ou nation, de patriotisme, de souveraineté populaire (démocratie), de souveraineté nationale (indépendance) et de non-ingérence.

Mais l'égalité en droits est impossible dans un système monétaire où la monnaie, de par sa nature, incarne les droits qui, de par son fonctionnement, se répartissent fatalement inégalement ; où le pouvoir appartient aux riches par la force des choses (ploutocratie) ; où la citoyenneté, ne conférant pas les droits du citoyen, est un mot creux ; où il n'y a pas de citoyens, mais seulement des individus livrés à eux-mêmes et en conflit permanent.

Il n'y a d'égalité en droits, et partant en devoirs, que si tous les citoyens, tous les individus ayant rempli leurs devoirs, dont celui de participer à la vie de la cité (selon ce que celle-ci considère comme une participation), profitent en effet des bienfaits de leur cité, donc si tous sont libres d'accéder au marché. Et si le droit d'accéder librement au marché, dans la mesure du possible et des lois, est conféré par la citoyenneté (ce qu'une carte à puce permet facilement d'attester), alors il n'y a plus de prix, plus de monnaie, plus de notion de valeur marchande (Largent), plus de marchandisation, plus de capitalisme.

La prochaine Révolution consistera à anéantir Largent au nom de l'Egalité (bien comprise) et de la Patrie.

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Pour voir la vidéo, cliquez ICI ou sur l'image

samedi, 01 avril 2017

LA RÉVOLUTION ET SES LEÇONS

Nous nous heurtons aujourd’hui au même problème que les révolutionnaires, les vrais révolutionnaires (Robespierre, Marat, Saint-Just), en leur temps : la puissance des riches, l’hégémonie du capital (individualiste, inégalitaire, apatride, mondialiste), en un mot Largent. Et la plupart de nos contemporains sont aussi aveugles qu’ils l’étaient eux-mêmes sur la véritable nature de l’ennemi, à la différence qu’eux avaient des excuses que nous n’avons plus. La technologie moderne (production de masse, informatique, cartes à puce) permet en effet d’instaurer l’Égalité (bien comprise : l’égalité des citoyens en devoirs, dont celui de participer à la vie de la cité, et en droits, dont celui d’accéder librement au marché) et d’anéantir Largent, c’est-à-dire d’instaurer un mode d’échange fondé sur les Principes de l’ordre social et non plus sur la notion de valeur marchande, où le droit d’accéder au marché serait conféré par la citoyenneté, elle-même attestée grâce à une carte à puce, et non plus par des unités monétaires (incarnant les droits) gagnées on ne sait comment et se répartissant fatalement de manière inégalitaire (voir « Le Civisme »). Que l’on admette ou non la possibilité d’un pareil système, mon but n’est pas ici de l’exposer, de l’expliquer, mais de faire comprendre mon point de vue.

Je pars du postulat que, quoique cela demandera encore une « révolution » ou une « évolution révolutionnaire », il est possible aujourd’hui d’appliquer les Principes invoqués par les révolutionnaires, notamment celui d’Égalité, qui est la condition de la démocratie au vrai sens du terme, au sens de souveraineté du peuple (un système inégalitaire étant par définition oligarchique). Mais si ce à quoi les révolutionnaires aspiraient fondamentalement n’est réalisable qu’aujourd’hui, il s’ensuit :

1) que cela était hors de leur portée en leur temps,

2) que n’ayant pas la possibilité technique d’anéantir Largent et d’abolir la monnaie (au nom de l’Égalité et de la Patrie), cette idée ne leur effleurait pas même l’esprit,

3) que ne pouvant rayer Largent de l’équation, ils le conservaient sans en avoir conscience et sans voir les contradictions théoriques et pratiques avec les principes qu’ils professaient,

4) que, étant obligés de conserver la monnaie, par laquelle passe la plupart des droits, tout en aspirant à l’égalité en droits, ils ne pouvaient admettre que « la monnaie n’est autre chose que du droit » (quoique les mesures financières visant à réduire les inégalités monétaires en soient la démonstration), que sa seule existence est garante de l’inégalité, puisqu’elle ne peut se répartir également, et que l’Égalité est donc une vue de l’esprit dans un système monétaire,

5) qu’ils avaient de ce fait une conception de l’Égalité dénaturée par Largent,

6) qu’ils cherchaient moins à atteindre l’Égalité, aussi inaccessible qu’inconcevable pour eux, qu’à contenir ou contrer les effets inégalitaires de Largent, autrement dit qu’ils ne visaient pas l’Égalité mais seulement moins d’inégalités, moins de disparité entre les fortunes,

7) que ne pouvant ni remonter à la source de l’inégalité, ni la tarir, ils en voyaient la cause ailleurs (dans certains hommes, dans les lois, dans l’organisation politique, dans l’éducation, etc.), se lançaient sur tous les fronts qui étaient autant de leurres et multipliaient les mesures aussi légitimes en apparence que vouées à l’échec,

8) que, ne pouvant triompher de Largent, ils devaient fatalement en être les victimes.

 

Voilà ce que l’analyse permet de comprendre et ce que l’étude des faits permet de constater et de valider.

Le XVIIIe siècle vit monter en puissance la bourgeoisie, c’est-à-dire les riches ou, comme on disait aussi, « l’aristocratie de l’argent ». Cette montée en puissance s’accompagna d’une philosophie, celle des Lumières, prônant la souveraineté et la liberté des riches (des « propriétaires »), proclamant sans le dire Largent roi. La liberté absolue pour les riches d’exploiter les hommes et de spéculer sur les marchandises pour s’enrichir davantage fut érigée en doctrine que nous appellerions « libérale ». Ce courant avait vu le jour bien avant la Révolution ; il sembla s’imposer en 1789, sous la Constituante, mais rencontra une vive opposition et ne triompha incontestablement, et jusqu’à nos jours, qu’à partir de 1794, après l’exécution de Robespierre. Ainsi, ce qui caractérise la Révolution, ce n’est pas la mise en place de l’ordre bourgeois, c’est-à-dire l’avènement de Largent, mais au contraire la montée en puissance d’un mouvement opposé, d’un mouvement anti-bourgeois, « anti-libéral », plus exactement « anti-capitaliste », un mouvement en faveur du peuple, un mouvement démocratique et égalitaire. Ce mouvement fut incarné au plus haut point par Robespierre.

En 1788, le royaume est endetté dangereusement. Les Ordres privilégiés (Clergé, Noblesse) ont jusque-là refusé de payer. Louis XVI en est réduit à convoquer les États Généraux, c’est-à-dire à réunir des représentants des trois Ordres (Clergé, Noblesse, Tiers États), qui seuls peuvent créer de nouveaux impôts. La Révolution est amenée par un problème d’argent. Les bourgeois, qui avaient le vent en poupe, trouvent là l’occasion d’accélérer le processus qui doit faire tomber le pouvoir dans leurs mains. Tout se passe d’abord à merveille. La Constituante uniformise le royaume, abolit les privilèges des provinces, supprime les frontières intérieures, décrète la liberté du commerce (libéralisme), prive les pauvres du droit de cité, abolit les corporations, interdit les grèves et les pétitions, constitue une garde bourgeoise et adopte la loi martiale pour réprimer affamés et mécontents. Mais en son sein, un député s’oppose de toutes ses forces à cette politique : Robespierre. Lui veut la souveraineté du peuple (démocratie) et la justice sociale (moins d’inégalités). Il est seul ou presque et ne pèse donc rien à l’Assemblée. Mais il a derrière lui l’opinion publique. On l’appelle « l’Incorruptible ».

Une Assemblée législative succède à la Constituante. Que des bourgeois. Une faction domine : les Girondins. Ce sont les champions de la « propriété », les défenseurs inconditionnels du libéralisme (Largent). Ils veulent aussi la guerre à tout prix, tant pour détourner le peuple des souffrances qu’occasionne leur politique que pour remplir les caisses de l’État, toujours vides (malgré la confiscation des biens du clergé et la création des assignats). C’est au club des Jacobins, dont ils font alors partie, qu’ils trouvent dans Robespierre, qui n’est plus député, un détracteur acharné. La guerre, voulue aussi bien par les Girondins que par la Cour, est un piège ; elle donnera aux puissances étrangères l’occasion d’entrer en France et d’écraser les révolutionnaires. Il faut s’y préparer, mais pas la rechercher. Rien à faire. La guerre est déclarée, alors que la France n’est pas en état de la faire. Les armées désorganisées se débandent au premier contact. Les armées austro-prussiennes temporisent mais sont prêtes à envahir le territoire et à fondre sur Paris. C’est alors que tout ce que la France compte d’énergique se soulève et renverse la monarchie (10 août 1792), à la barbe de la Législative, elle-même contrainte de se dissoudre.

Pendant que les volontaires courent au devant de l’ennemi, la nouvelle Assemblée, appelée « Convention », élue au suffrage universel, se réunit (21 septembre 1792). Mais si Paris, au contact des événements, a élu des Jacobins (Robespierre, Marat, Danton), les départements ont renvoyé les Girondins qui, d’entrée, monopolisent toutes les places. Et les Girondins détestent Paris et ses élus qui leur ont fait échec. Au lieu de gagner une guerre qu’ils ont provoquée, ils persécutent Marat et Robespierre, ils calomnient Paris pour la faire haïr des départements, ils tergiversent pour sauver un roi aux dépens de la République… et, bien sûr, ils sont plus que jamais les champions des « propriétaires ». Au printemps 1793, les armées, un moment victorieuses, sont à nouveau en déroute, des départements sont en révolte ouverte, le peuple partout a faim : il faut agir. La 2 juin 1793, la commune de Paris, d’accord avec les Jacobins, fait cerner la Convention qui décrète d’arrestation les meneurs Girondins. Gardés à domicile, ceux-ci en profitent pour s’échapper et prêcher de vive voix la révolte dans les départements.

S’ouvre alors la deuxième période de la Convention, dominée cette fois par les Montagnards, dont les Jacobins sont le noyau dur, et Robespierre le leader. Mais dans quel état la France est-elle, après 4 ans d’agitation politique et un an et demie de guerre ? L’économie est en lambeaux. Toutes les frontières extérieures sont assiégées. Les deux tiers des départements sont en révolte, quoique le plus souvent de manière superficielle (des révoltes de notables, d’administrateurs, favorables aux Girondins). La « Vendée » tend les bras à l’Angleterre, à qui Toulon s’est livrée. Il ne s’agit pas d’administrer un pays en paix, mais de parer milles coups. Aux grands maux les grands remèdes. Il faut lever, armer, équiper et approvisionner 2 millions d’hommes. Tout cela coûte. Le moins cher sera le mieux. Il faut calmer la rapacité des fournisseurs, l’avidité des marchands (établissement du maximum des prix et de comités aux accaparements). Il faut déjouer les traîtres qui, d’indulgence en indulgence, ont conduit la France au bord du gouffre. Il faut tendre tous les ressorts pour sauver la République, qui se veut en faveur du peuple ou le sera quand les conditions le permettront. Pour l’heure, c’est la guerre, qui accapare toutes les ressources et toutes les pensées.

Mais la tension est source de divisions. Les hommes qui ont éjecté les Girondins n’avaient ni les mêmes raisons ni le même caractère ni le même projet. Les querelles de personnes se mêlent aux désaccords politiques. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. La « Terreur », pourtant nécessaire, ne va pas sans abus. Danton (soupçonné d’avoir été un agent anglais) invoque ces abus pour faire cesser la Terreur (en réalité pour sauver ses amis arrêtés pour corruption). Il veut signer une paix de compromis (au désavantage de la France) et instaurer un régime bourgeois. Il rallie sous sa bannière Girondins et royalistes. D’autres veulent au contraire que la Terreur soit portée à tous les excès. Ce sont Hébert et les Cordeliers, qui essayent d’entraîner à leur suite le peuple de Paris. Robespierre se garde de ces deux extrémités. Le Comité de salut public, dont il fait partie depuis le 27 juillet 1793, est sur la même ligne (quoique composé d’hommes de tendances différentes). Dans cette lutte à mort, le Comité frappe le premier. D’abord Hébert, ensuite Danton. Ce danger passé, ce sont les membres des comités eux-mêmes (comités de salut public et de sûreté générale) qui se divisent et qui surtout attaquent sournoisement Robespierre, qui parce qu’il s’est opposé à la déchristianisation, qui parce qu’il abhorre les représentants en mission sanguinaires, qui parce qu’il veut un régime social et démocratique, qui parce qu’il s’oppose à la guerre de conquête, qui parce qu’il le jalouse tout simplement. Mais Robespierre incarne la Révolution. Pour l’abattre, il faut d’abord le déconsidérer, le calomnier, le ridiculiser, le faire craindre, le faire haïr, l’affaiblir, le paralyser ; il faut mentir et le faire taire. Un complot se trame. Le 8 thermidor (26 juillet 1794), Robespierre, qui ne participe plus au comité depuis un mois, tente de le déjouer. Il expose à la Convention toutes les manœuvres dont il est l’objet et tout ce qui compromet selon lui la chose publique. Son discours est décrété d’impression, mais ses ennemis en font renvoyer l’examen aux comités qu’il vient de dénoncer ; ils gagnent la première manche. La journée du lendemain va être chaude. L’appui du Marais (la masse des députés du centre) sera décisif. Les fausses listes de proscription qui circulent, attribuées à Robespierre, n’ont pas eu l’effet escompté. On sait que Robespierre n’est pas un sanguinaire, lui qui a protégé les « 73 » députés girondins et a contre lui les furieux de la Terreur. Dans la nuit, les conspirateurs promettent aux uns d’arrêter la Terreur, dont ils sont eux-mêmes les auteurs, aux autres, de revenir sur les mesures sociales adoptées depuis un an (maximum, lois de ventôse, etc.). Marché conclu. Le 9 thermidor (27 juillet 1794), Robespierre (ainsi que Saint-Just, Couthon, Lebas et Robespierre jeune) est décrété d’arrestation par une meute en furie, sous des accusations diverses et contradictoires. L’insurrection improvisée de la Commune ne change rien. Robespierre n’y croit plus. Il est exécuté le lendemain.

Mais, en frappant Robespierre, sous des accusations délirantes, en faisant un crime de toute aspiration sociale et de toute fermeté (en faveur du peuple), ses ennemis (plus personnels que politiques) ont ouvert un boulevard à la réaction bourgeoise, qui balaye tout. Les suspects sont relâchés en masse. Le club des Jacobins est fermé au bout de 3 mois (12 novembre 1794). Les membres des comités de salut public et de sûreté général sont, pour la plupart, proscrits dans les mois qui suivent. Ceux qui redoutaient tant Robespierre en raison de leurs crimes ou de leur corruption ont retourné leur veste et sont des vedettes : Fouché, Fréron, Tallien, Barras, etc. (Carrier, Lebon et Fouquier-Tinville sont toutefois irrécupérables et paieront pour les autres.) Les Girondins détenus sont réintégrés (tandis que les ex-Montagnards sont envoyés petit à petit en prison). Le suffrage censitaire est rétabli, ainsi que la liberté du commerce (le libéralisme). Le maximum (qui du reste était une mesure provisoire) est supprimé. Les prix s’envolent. La guerre de rapine devient la norme (Napoléon s’en fera un devoir.). C’est le règne des fournisseurs, des spéculateurs, des apparatchiks, des anciens et nouveaux riches. Au printemps 1795, les Parisiens affamés se soulèvent, deux fois (12 germinal, 1er prairial), au cri de « du pain et la constitution de 1793 ». Ils sont réprimés. Les quartiers populaires sont désarmés. En octobre (4 vendémiaire), ce sont les royalistes, à qui les conventionnels ont volé l’élection, qui se soulèvent et sont réprimés à leur tour. L’ordre bourgeois est établi ; plus rien ne le menacera. Le roi n’est plus. Vive Largent !

 

J’ai brossé à grands traits l’histoire de la Révolution. J’aurais pu entrer dans mille détails qui n’apportent rien à la compréhension du mouvement de fond et brouillent au contraire la perception des choses ; qui, surtout, détournent l’attention des bonnes leçons à tirer.

Dans cette histoire, je vois Largent et sa marque du début à la fin, depuis les causes de la Révolution à la nature de ses fossoyeurs ; je vois une lutte permanente entre ceux qui veulent le faire roi, avec tout ce que cela implique économiquement, politiquement, idéologiquement, et les révolutionnaires qui veulent l’Égalité ou du moins défendent les notions qui lui sont consubstantielles : nation, peuple, patriotisme, démocratie (lois faites ou ratifiées par le peuple), solidarité nationale, droit des citoyens à être armés, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, non-ingérence (autant de combats qui furent ceux de Robespierre).

Mais je vois aussi des révolutionnaires qui n’opposent à Largent que des mesurettes  incapables de renverser la force des choses (impôts universels et progressifs, garantie d’un revenu, augmentation des salaires, gel des prix, etc.), qui coupent des têtes pour en voir repousser dix, qui s’épuisent, qui désespèrent et qui sont finalement vaincus. La puissance politique qu’ils parviennent miraculeusement à avoir ne leur sert qu’à contenir les riches, jusqu’à ce qu’ils soient anéantis au premier faux pas. Sans doute auraient-ils pu demeurer au pouvoir un peu plus longtemps s’ils avaient été aussi sanguinaires que le dit leur légende (écrite par qui ?) ; ils auraient alors prolongé leur existence, mais trahi tous leurs idéaux et péri quand même sous le poids de leurs contradictions.

J’en tire la leçon qu’il est dans la nature des choses que Largent et les riches, ses valets, dominent dans un système monétaire ; que, dans la mesure où il y aura toujours des riches dans un tel système (de par l’origine et le fonctionnement de la monnaie), il est vain de les comprimer si le but n’est pas d’anéantir Largent lui-même, car, comme on dit : « Chassez le naturel, il revient au galop ». On pourrait aussi citer cette phrase de Saint-Just, qui n’imaginait sans doute pas cette application : « Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. »

La Révolution fut un grain de sable dans la montée en puissance de la bourgeoise, dans la marche au trône de Largent. Sans la Révolution, Largent serait arrivé au pouvoir sans encombre ; il serait devenu roi au-dessus du roi et notre situation serait aujourd’hui exactement la même (comme dans les pays qui sont actuellement des monarchies), car elle ne découle pas de ce qu’ont fait ou simplement voulu faire les révolutionnaires il y a de cela 200 ans, mais de la force des choses insufflée par Largent. Accabler les révolutionnaires des maux qui nous désolent et qu’ils déploreraient eux-mêmes, c’est disculper Largent sans même prendre en compte son existence ; c’est faire à sa manière –– et il y a mille manières possibles –– la même erreur que les révolutionnaires ; c’est forger notre impuissance et préparer de nouveaux échecs. Mais, à l’heure où la patrie est plus que jamais en danger, nous n’avons pas le droit d’échouer.

Largent — qui porte en lui les principes matérialiste, inégalitaire, oligarchique, individualiste et mondialiste — doit être combattu et anéanti au nom de l’Égalité et de la Patrie. Sous ce rapport, les révolutionnaires ne s’étaient pas trompés d’étendard. Ceux qui ne rallient pas cet étendard sont de facto sous celui de Largent. Mais l’expérience démontre qu’il ne suffit pas d’aspirer à l’Égalité et d’être un patriote intelligent et énergique pour ne pas être dupe de Largent. Encore faut-il identifier ce dernier, savoir comment l’écraser et, surtout, en avoir les moyens. Or ces trois choses sont liées. Ce que ma théorie du « Civisme » permet de comprendre, c’est que, à leur époque, les révolutionnaires n’avaient pas les moyens de mettre en œuvre l’Égalité et ne pouvaient donc pas la concevoir correctement, étant obligés de conserver la monnaie tant sur le plan pratique qu’intellectuel ; de sorte que, ne pouvant renverser Largent, il n’était pas même utile pour eux de l’identifier formellement. Ils ont donc agi par intuition ; ils ont « bricolé ». Tout ce qu’ils voulaient était juste en soi mais pas dans l’absolu, et allait bien souvent à l’encontre de la nature du système monétaire. Par suite, le système a résisté ; les révolutionnaires ont insisté ; la machine s’est emballée ; tout a dégénéré. Mais tout jouait, au fond, contre les révolutionnaires. Et bientôt les tenants du système ont repris les rênes.

Tout système se maintient par la violence sous une forme ou une autre. Les révolutionnaires ont été violents. Mais le système qui permet aux uns d’affamer les autres, qui donne tout le pouvoir aux riches, qui couvre un traître et tire sur les mécontents, qui déclare des guerres pour détourner l’attention de ses turpitude, n’est-il pas violent ? Ne mérite-t-il pas d’être combattu ? Comment, sinon par la force, puisqu’il est sourd aux protestations pacifiques ? Les révolutionnaires n’usèrent, en somme, que du droit de légitime défense. Ne peuvent être invoqués contre eux que des sophismes du genre de ceux qui annihilent aujourd’hui la légitime défense, qui font que celui qui se défend avec succès est présenté comme un coupable, et le vrai coupable comme une victime. (Bien sûr, certains ont profité de cette période troublée pour commettre des crimes, mis sur le compte de la Révolution ou de la République. Mais je n’appelle pas « révolutionnaires » tous les contemporains de cette époque, et ceux que je désigne ainsi font l’objet de vagues anathèmes, jamais d’accusations précises.)

Les révolutionnaires devraient être révérés par tous ceux qui, aujourd’hui, savent la France au bord du gouffre et connaissent les traîtres et les idiots qui l’y ont mené ; ils sont dans la même position qu’eux, face aux mêmes ennemis et pour la même raison ; comme eux, ils ont des choix terribles à faire, ils doivent trancher dans le vif. S’ils suivent leur exemple, ils peuvent espérer sauver la patrie. S’ils minaudent, nous sommes morts. La patrie ou la mort ! Voilà où nous en sommes rendus. Nous pouvons nous laisser mourir pour n’encourir aucun reproche. Nous pouvons réagir à la hauteur des circonstances, et alors nous aurons, comme les révolutionnaires, des morts sur la conscience et du sang sur les mains ; alors nous devrons assumer devant l’Histoire ce que nous aurons fait et même ce qui se sera fait malgré nous ; alors nous montrerons la France sauvée à ceux qui, confis de moraline, nous poursuivront de leur haine pour avoir eu le cran et le bon sens qu’ils n’auront pas eu. 

Héritiers authentiques de la Révolution et tenants de la tradition contre-révolutionnaire (catholique et aristocratique) devraient oublier les querelles dépassées de leurs ancêtres, pour ne songer qu’aux combats qui les réunissent aujourd’hui et qui tous, en dernière analyse, leur sont imposés par Largent.

J’ai déjà montré que le combat pour l’Égalité et la Patrie ne peut être remporté qu’en anéantissant Largent, qu’en instaurant un système d’échange autre que monétaire. Mais les chantres de la contre-révolution ne tiennent-ils pas eux aussi en exécration les bourgeois, l’aristocratie de Largent ? Ne parlent-ils pas avec nostalgie de l’aspect social et protecteur de la monarchie, détruit par la bourgeoisie au nom de Largent ? N’abhorrent-ils pas le matérialisme, le mercantilisme, la course au profit, le capitalisme et la ploutocratie, conséquences de la monnaie, donc de Largent ? Ne dénoncent-ils pas, par exemple, l’immigration-invasion et la destruction de la famille, qui sont l’une et l’autre dans la logique de l’individualisme, inhérent à Largent, et de son revers le sans-frontiérisme (mondialisme, universalisme) ? On pourrait multiplier encore longtemps les exemples.

Notre monde tourne autour de Largent ; il est façonné par lui, jamais pour le meilleur, toujours pour le pire. Il est aisé d’apercevoir sa responsabilité dans les maux qui nous submergent, pour peu que l’on sorte la tête du guidon, que l’on prenne un peu de hauteur. Les « contre-révolutionnaires » doivent arrêter de ne voir que des questions morales dans les politiques destructrices qui ont manifestement Largent pour moteur et pour but. Ils doivent enfin décider s’ils veulent remplacer une oligarchie par une autre, sachant que toute oligarchie est fondée sur l’inégalité et l’oppression du peuple dont ils prétendent se soucier ; et s’ils veulent se contenter encore longtemps de postures face au système ou le vaincre pour de bon. S’ils sont conséquents avec eux-mêmes, s’ils veulent servir le peuple et renverser le système, c’est-à-dire terrasser Largent, il n’y a pas d’autre voie que celle de l’Égalité (bien comprise) et de la Patrie.

Les révolutionnaires empruntèrent d’instinct cette voie et, avec eux, tout le peuple français, à l’exception des nobles, du haut clergé et des bourgeois (les oligarques de l’époque), lesquels, à force de manigances pour défendre leurs intérêts, et de propagande pour couvrir leurs trahisons, ont brouillé les pistes et allumé le feu. Des gens ordinaires qui aspiraient tous grosso modo à la même chose se sont retrouvés, sur des malentendus, dans des camps opposés, à se livrer une guerre à mort. L’oligarchie voudrait encore que ces camps hérités du passé soient irréconciliables pour être à jamais manipulables. Raison de plus de les réconcilier. Et c’est en cela, aussi, qu’est utile une connaissance approfondie de la Révolution : pour désarmer les passions. Que chacun reconnaisse les limites et les contradictions de la ligne de sa famille politique, à l’origine des dissensions fratricides. Que les uns et les autres ne commettent plus leurs erreurs respectives qui toutes conduisent à l’échec. Qu’enfin le véritable ennemi soit démasqué, ou plutôt reconnu, car il règne depuis longtemps et aujourd’hui à visage découvert : Largent.

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Il n’y a qu’une révolution : celle qui vise au bien du peuple, donc à l’Égalité (bien comprise). La contre-révolution, elle, est, consciemment ou non, le camp de l’inégalité et de Largent. C’est à la lumière de ces définitions qu’il faut apprécier les mouvements historiques et qualifier les mouvements politiques. Révolutionnaires et contre-révolutionnaires ne sont pas toujours ceux qui revendiquent l’un ou l’autre de ces qualificatifs. Nos ancêtres se sont déchirés en pure perte pour des chimères. Aujourd’hui, il doit être clair pour tous que la contre-révolution n’est pas seulement le parti des riches, des banques et de la finance mais plus largement celui du système monétaire et de Largent (donc du capitalisme, de l’inégalité, de l’individualisme et du mondialisme), et que celui de la Révolution est, à l’opposé, celui de l’Égalité (donc d’un système non-monétaire) et de la Patrie. S’interroger sur la façon ou les moyens de mettre en œuvre l’Égalité, c’est-à-dire d’anéantir Largent, est une chose ; mais tirer prétexte de cette difficulté (résolue par le Civisme) pour conserver le système monétaire, l’inégalité, le capitalisme et tout ce qui va avec, en est une autre. On n’est pas un révolutionnaire ou un opposant sérieux au système quand on n’en remet pas en cause la base et que, de fait, on tourne en rond à l’intérieur.

 

Pas de national sans social ;
Pas de social sans Égalité ;
Pas d’Égalité sous Largent.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux

1er avril 2017

Largent et la seule Révolution.jpg

08:32 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 26 mars 2017

TURREAU - PLAN ET CORRESPONDANCE (Révolution - Guerre de Vendée)

Pour apporter au débat sur la "guerre de Vendée", et surtout pour qu'il ne tourne pas à vide, j'ai extrait de mon ouvrage "La Guerre de l'Ouest, dite de Vendée" la partie concernant le général en chef Turreau, qui contient notamment sa correspondance avec le Comité de salut public et le ministre de la Guerre, ainsi, évidemment, que les lettres du Comité au général, qui ne sont qu'au nombre de... deux.

Je livre ces documents sans commentaires... Ils parlent d'eux-mêmes.

En espérant que ceux qui ont un avis sur la question prendront le temps de lire les documents qui devraient la fonder...

Pour ouvrir le fichier, cliquez sur le lien ci-dessous

TURREAU - PLAN ET CORRESPONDANCE

Guerre de l'Ouest - couv verso présentation.jpg

10:14 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 27 janvier 2017

LA GUERRE DE L'OUEST dite de Vendée (livre) (PDF gratuit)

Guerre de l'Ouest - couv verso présentation.jpg

 

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La Vendée, un fratricide, un drame national ! Ce n’est pas assez ! Certains y voient un génocide, le premier génocide de l’histoire moderne, perpétré par des idéologues au nom de la Révolution, matrice de tous les totalitarismes. Pas moins !

Il est vrai qu’au mois de mars 1793, alors que la jeune République française (née le 22 septembre 1792) s’apprête à entamer sa première campagne de guerre — une guerre contre toute l’Europe, dans laquelle la France a été plongée au mois d’avril de l’année précédente par les Girondins et la Cour —, il est vrai que c’est alors qu’une large part de la population des départements de l’Ouest, en majorité paysanne, se soulève ; elle refuse de marcher à l’ennemi commun ; elle s’oppose au recrutement ; elle s’arme contre les villes, contre les gens des bourgs, contre les républicains ; elle massacre les patriotes locaux. Pour que sa jeunesse n’aille pas à la guerre, elle allume la guerre chez elle.

Que cette fureur soit justifiée ou non, la République n’a pas le choix, elle doit faire face, comme le ferait n’importe quel régime dans pareille situation. Mais comment réagit-elle ? A-t-elle fait son devoir ou est-elle allée bien au-delà ? Pragmatisme ou fanatisme ? C’est là toute la question, tout le débat. Et la réponse est dans les décrets de la Convention nationale, dans les arrêtés du Comité de salut public, dans la correspondance des représentants en mission.

Ce livre n’apporte pas une réponse toute faite, sujette à caution ; il ne propose pas davantage un récit ou une analyse ; il ne brandit pas des documents isolés comme la preuve absolue de telle ou telle thèse ; il fournit simplement au lecteur tous les éléments (des centaines) pour qu’il en retire une impression générale et une opinion fondée.

898 pages, dont 800 pages de documents (tous les arrêtés du Comité de salut public, tous les décrets importants, un nombre incalculable de lettres de représentants en mission, toutes les lettres du général Turreau au Comité de salut public, le tout recoupé pour un accès direct aux informations).

Version papier : 30 € + frais de port

Version PDF gratuit

Cliquez ici ou sur la couverture pour commander. (Attention, ce livre est chargé et écrit en petit caractères, 9 et souvent 8. Le PDF, moins pratique, permet cependant de grossir le texte et de l'ajuster à chaque vue.)

TABLE DES MATIERES

Tableau des informations               1
Notes                                              75
Récapitulatif des missions         805
Notes                                            818
Table des notes                           839
Index sommaire                           853

Exemples :

Tableau des informations

 Guerre de l'Ouest - Exemple d'une page de tableau des informations.jpg

Notes

Guerre de l'Ouest - Exemple d'une page de notes.jpg

Récapitulatif des missions

Guerre de l'Ouest - Exemple du Tabelau récapitulatif des missions.jpg

Guerre de l'Ouest - Exemple du Tabelau récapitulatif des missions 2.jpg

 

20:46 Écrit par Philippe Landeux dans - MES LIVRES, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 11 janvier 2017

ÉVOLUTION RÉVOLUTIONNAIRE - Les origines du futur (vidéo)

Montage vidéo, réalisé par un ami, présentant, sans le dire, les bases philosophiques du Civisme. Ca commence tranquillement et ça finit en apothéose.

A voir absolument et à partager sans modération.

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Pour accéder à la vidéo, cliquez ICI ou sur l'image

Visionnez cette vidéo sur ma propre chaine Youtube en cliquant sur le présent lien.

00’35 - Survivre
01’40 - Principe fondamental de l’ordre social
02’40 - Sécurité : du sens strict au sens large
04’00 - Précisions importantes
06’00 - Communauté, partage & accès
08’00 - Troc, monnaie & désordre social
10’20 - Fonctionnement de la monnaie
12’30 - Contradictions annonciatrices
14’20 - Autre contradiction et fuites en avant
17’20 - L’exemple des retraites
21’00 - Informatique & carte civique
23’35 - Conclusion : Égalité réelle & harmonie sociale à portée de main

05:21 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 24 décembre 2016

10 BONNES RAISONS D'ADHERER AU CIVISME (vidéo)

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Pour voir la vidéo, cliquer ICI ou sur l'image

 

Franck expose les 10 raisons qui le font adhérer au Civisme, la théorie de Philippe Landeux.

12 mn 12 s – 1) Une seule classe
21 mn 15 s – 2) Plein emploi
26 mn 04 s – 3) La vertu plutôt que le vice
32 mn 35 s – 4) Des produits de qualité
40 mn 37 s – 5) Compétitivité au plan international
46 mn 36 s – 6) Un système réellement démocratique
56 mn 13 s – Plus de corruption
57 mn 27 s – Plus de délinquance
01 h 02 mn 31 s – La meilleure alternative au capitalisme
01 h 05 mn 36 s – Une France fière et patriote

08:24 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 5. SCHEMAS | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 06 décembre 2016

RENCONTRE DU 3 DECEMBRE 2016 (vidéo)

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https://www.youtube.com/watch?v=GLoNaF0eEYQ

Comme chaque année maintenant, les Patriciens de France, de Navarre et même de Belgique, et de simples curieux, se sont rencontrés à la bonne franquette le 3 décembre 2016 pour se connaître et discuter à bâtons rompus. Ambiance.

17:56 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 02 décembre 2016

SERVICE MILITAIRE : POUR ou CONTRE

Service militaire

Pour ou contre : la question à la con

Avant d'être pour ou contre, il faudrait peut-être se demander quels sont les tenants et aboutissants d'un service national (un service militaire n'étant qu'une des formes de service possible)...

Accomplir un service national, donner un an de sa vie au service de la nation, doit ouvrir des droits : les droits politiques. L'accomplissement d'un service national devrait être une des conditions incontournable pour acquérir la nationalité et les droits politiques qui vont avec. Partant, un service national ne devrait pas être obligatoire mais vu comme un devoir facultatif, afin que seuls ceux qui veulent jouir des droits politiques les méritent en accomplissant volontairement le devoir qui les confèrent.

Il s'ensuit qu'un service militaire obligatoire n'aurait aucune de ces vertus. Il ne pourrait être vu comme une preuve de l'attachement à la nation et n'octroierait aucun droit particulier. Comme par le passé, il y aurait des passe-droit, et ceux qui ne l'accompliraient pas n'en seraient pas pénalisés ; ils pourraient même continuer à donner des leçons. Pire ! rendre obligatoire le service militaire permettrait à tous les Français de papier d'arguer qu'ils ont fait leur service comme tous les Français et qu'ils sont français autant sinon plus qu'eux.

Qu'un service militaire ait des vertus pédagogiques et sociales est une évidence. Mais un service militaire obligatoire, qui plus est dans la situation actuelle de la France, est une fausse bonne idée. C'est une idée patriotiquement anti-nationale.

 

Lire "Le Civisme ou théorie de la Cité", page 80

08:13 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 31 octobre 2016

CIVISME : LE PATRIOTISME INTÉGRAL

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Patriotisme, nationalisme, deux mots qui, malgré des racines différentes, devraient dire la même chose, puisqu’ils tournent autour des mêmes objets, mais qui, dans les faits, malgré des points communs, désignent en effet des conceptions politiques différentes, voire opposées. L’opposition entre eux repose à la fois sur un malentendu et une erreur commune. J’y reviendrai. D’ici là, je précise que je n’adhère pas à la définition simpliste et fausse d’après laquelle le patriotisme serait l’amour des siens, et le nationalisme, la haine des autres. Les choses sont bien plus complexes.

Le patriotisme, aussi bien que le nationalisme, c’est l’amour de sa patrie, de son pays, de sa nation, de son peuple, de sa société, de ses concitoyens, autant de notions qui se confondent ou vont de pair. Un patriote, un nationaliste, s’identifie à son peuple ; il l’aime comme lui-même ; il voit du moins en lui sa famille élargie. L’amour, en la matière, consiste à aspirer à l’indépendance et à la grandeur de son pays, à préserver l’existence de son peuple, son identité, son patrimoine, son territoire, sa liberté, sa souveraineté, en un mot, à œuvrer pour son bonheur, donc à combattre toute forme de danger, d’oppression, d’exploitation, d’injustice, de tyrannie, de malheur dont il pourrait être victime. Cet amour se manifeste par un engagement dans les combats à mener, engagement sous de nombreuses formes qui peut aller jusqu’au sacrifice suprême.

J’ajoute qu’aimer véritablement son pays et son peuple implique de vouloir l’Égalité, l’Égalité en devoirs et en droits entre ses concitoyens. L’Égalité, qui ne peut exister qu’entre citoyens, dans un cadre social, est indissociable des notions de citoyenneté, de société, de peuple, de patrie, de nation, de souveraineté nationale et populaire, c’est-à-dire de démocratie (au vrai sens du terme). L’Égalité est éminemment patriotique ou nationaliste. A l’inverse, l’inégalité est synonyme d’exploitation, d’oppression, d’injustice, d’oligarchie, de tyrannie, toutes choses que patriotes et nationalistes sont supposés honnir. On n’aime pas son peuple quand on cautionne le principe de l’inégalité, quand on accepte que ses concitoyens soient inégaux, donc pour la plupart d’entre eux exploités, opprimés, tyrannisés, etc.

C’est ici qu’intervient la différence entre ce que l’on appelle aujourd’hui le patriotisme d’un côté, le nationalisme de l’autre.

Le patriotisme se veut égalitaire et démocratique, tandis que le nationalisme prône l’inégalité et une forme de dictature. Mais si le patriotisme est plus conforme à ce que j’ai dit plus haut, ce n’est aujourd’hui qu’une apparence : il n’a de l’Égalité qu’une conception dénaturée ; il est incapable d’aller au bout de la logique et de proposer mieux que moins d’inégalité. La raison est simple : le système monétaire, dans lequel nous sommes, est intrinsèquement inégalitaire, et comme les « patriotes » ne remettent pas en cause la nature du système, comme ce à quoi ils aspirent est fondamentalement impossible dans ce système, ils baissent leurs prétentions et tordent les principes, sans même en avoir conscience.

C’est là l’erreur commune que font aussi les nationalistes : ils tiennent eux aussi la monnaie pour un paramètre naturel et ne remettent pas plus en cause le système monétaire que les premiers, mais eux voient dans leurs conséquences —notamment dans l’inégalité — des principes. Ils peuvent donc d’autant moins changer les choses qu’ils ont fait leur la logique du système. Et c’est au nom de ce réalisme, qui n’est jamais qu’une soumission à Largent, que les nationalistes rejettent à bon droit l’Égalité dénaturée, contre-nature et parfois désastreuse prônée par les « patriotes ». Partant, ils ne peuvent que valider l’inégalité du système monétaire et la reproduire sur le plan politique, en proposant des régimes hiérarchisés, autoritaires, oligarchiques et, au final, tyranniques, systèmes qui, paradoxalement, sont en même temps un frein à Largent.

Ainsi, nous voyons que le patriotisme et le nationalisme, tels qu’ils existent aujourd’hui, ne savent ni l’un ni l’autre comment traduire dans les faits l’amour du peuple. Le premier échoue à instaurer l’Égalité ; le second ne tente même pas. Chacun focalise sur des problèmes particuliers ; aucun ne voit le problème général. Tous veulent assurément le bien de leur peuple, de leur société, mais aucun ne va au bout de la logique sociale faute de renoncer à la logique monétaire. Or, dans un système monétaire, c’est toujours Largent qui gagne. Dit autrement : patriotisme et nationalisme sont toujours vaincus, au final, par le capitalisme, quoiqu’ils soient ses plus sérieux adversaires, contrairement aux autres courants politiques qui en sont les complices ou les idiots utiles.

Seul le Civisme, ou théorie de la Cité, réduit les failles du patriotisme et résout les contradictions du nationalisme. Il part du Principe simple et irréfragable que des Citoyens, dignes de ce nom, doivent être égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité, lesquels résultent de la participation de tous. Or pour que les Citoyens profitent effectivement des bienfaits de leur Cité, dont l’essentiel consiste en produits et services mis sur le marché, un autre droit doit leur être reconnu, celui d’accéder librement au marché. Sans ce droit-là, sans ce droit dont dépendent presque tous les autres, comme on peut le vérifier avec la monnaie qui aujourd’hui incarne et confère le droit d’accéder au marché, et tous ceux qui passent par celui-là, sans ce droit-là, dis-je, l’Égalité est un mot creux. Et c’est d’une Égalité creuse, vidée de tout sens par la monnaie, dont on nous rebat les oreilles depuis 200 ans.

Depuis la Révolution française, on nous parle d’Égalité sans tenir compte du fait que le système est monétaire, que de par l’origine et le fonctionnement de la monnaie il y a inévitablement des riches et des pauvres, et donc en nous faisant croire que des riches et des pauvres sont malgré tout égaux en droits ou, pour le moins, égaux devant la loi. C’est un sophisme, pour ne pas dire une foutaise ! Il n’y a aucune espèce d’égalité entre des riches et des pauvres, pas même devant la loi ! Selon que vous serez puissants ou misérables, etc. On le sait, mais nous ne voulons pas comprendre la cause du problème. C’est ce pas de géant que le Civisme effectue en considérant que la Citoyenneté, qui implique de s’être acquitté des Devoirs du Citoyen, d’avoir contribué à la prospérité de la Cité, est la seule condition pour accéder au marché et en retirer ce que bon semble à chacun. Et pour que les Citoyens puissent attester ainsi leur Citoyenneté auprès des commerçants et de toute entreprise, ils sont dotés d’une carte à puce dite « Carte civique », sorte de carte d’identité améliorée, strictement personnelle, sécurisée de manière biométrique, qui, d’un point de vue technique, fonctionne et s’utilise comme les actuelles cartes de crédit, à la différence près qu’il n’y a plus de crédits sous quelque nom que ce soit, ce qui change tout. Dans la mesure où la Citoyenneté, qui ne se mesure pas, est la « rémunération » de toutes les formes de participation reconnues, et où les Citoyens peuvent accéder librement au marché, nul n’est besoin de monnaie pour rémunérer les Citoyens et rien n’a de prix au sens monétaire du terme. Autrement dit, la Cité n’est plus un système monétaire (il n’y a plus d’unité de valeur) et son mode d’échange n’est plus fondé sur Largent (c’est-à-dire sur la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Dans ce mode d’échange, les objets sont secondaires ; le véritable échange a lieu entre le Citoyen et la Cité : droit d’accéder librement au marché, d’un côté, contre devoir de participer, de l’autre.

Le Civisme n’est ni utopique ni angélique. Que des cartes à puce servent à attester la Citoyenneté au lieu de manipuler des unités monétaires, c’est la même chose d’un point de vue technique, et cette conversion est parfaitement réalisable. (C’est même l’évolution logique de cartes qui servent aujourd’hui à manipuler de la monnaie devenue virtuelle.) Mais que le droit d’accéder librement au marché soit conféré également à tous les Citoyens par la Citoyenneté, s’obtenant elle-même par l’acquittement de devoirs envers la Cité, au lieu d’être conféré inégalement aux individus par des unités monétaires sans aucune signification sociale et qu’il appartient à chacun de gagner comme il peut, même par des moyens vicieux ou illégaux, c’est une révolution sur le plan philosophique… et il ne manque que la volonté pour l’opérer. Le Civisme n’est pas utopique ; il est la logique sociale absolue. L’utopie n’est pas de s’attaquer à Largent pour changer le monde ; c’est de croire que l’on peut changer le monde sans s’attaquer à Largent.

Enfin, je dis « monde », c’est une façon de parler. Le Civisme ne prône pas la révolution mondiale, ce qui serait surréaliste ; il ne conçoit la révolution qu’au niveau national, dans le cadre des pays existants et, en premier lieu, dans un pays occidental, comme la France. Bien que ses Principes soient universels, dans le sens où ils sont ceux de toute Société, même animale, il ne nie pas l’existence des peuples et leurs différences et ne prétend pas former une seule Société de toute l’espèce humaine ; il n’est ni universaliste ni mondialiste ni sans-frontiériste… universalisme, mondialisme, sans-frontiérisme et tous leurs dérivés étant d’ailleurs des faux nez du capitalisme, donc de Largent. Le Civisme se concentre sur la société et vise à instaurer son modèle dans un pays, quitte à ce que ce modèle se répande ensuite. Il croit en la nation ; il est de facto nationaliste. Il veut l’Égalité au sein de la patrie ; il est de facto égalitaire (à ne pas confondre avec « égalitariste ») et patriotique. Il est pour la souveraineté du peuple ; il est de facto souverainiste, républicain et démocratique. (Un système égalitaire serait démocratique par la force des choses, à l’inverse d’un système inégalitaire qui est oligarchique par nature.) Il anéantit Largent ; il est de facto anticapitaliste. Il assure à tous, et à tous les niveaux, la plus grande liberté possible ; il est de facto libéral et décentralisateur autant que faire se peut. Il garantit l’application des Principes de l’ordre social ; il est de facto socialiste. Il est tout cela à la fois mais d’une manière qui n’appartient qu’à lui, c’est-à-dire non-faussée par Largent, comme le sont aujourd’hui les doctrines de tous les courants politiques qui revendiquent  l’un ou l’autre de ces caractères.

Mais je me suis éloigné de mon sujet. Je voulais traiter la question de l’angélisme. Et sous quel rapport le serait-il ? La Cité n’est pas ouverte aux quatre vents, et elle distingue même la nationalité, qui s’acquiert sur des critères identitaires et par des devoirs particuliers et confère les droits politiques, de la citoyenneté, à laquelle sont attachés les droits économiques et sociaux. Pas de droits sans devoirs ; pas de devoirs sans droits. La Cité ne donne rien… à personne. Pas d’assistanat. Elle sanctionne le mérite. Elle garantit les droits en contrepartie de devoirs. Le Civisme ne postule pas que les hommes sont bons, mais qu’ils recherchent leur intérêt, ce qui est une bonne chose quand la poursuite des intérêts privés sert l’intérêt général et ne va pas à l’encontre des droits d’autrui, comme c’est le cas dans le système monétaire. Ce n’est pas du communisme ; les Citoyens ont la liberté de consommer et d’entreprendre. La Cité n’attend pas des entreprises qu’elles produisent, mais qu’elles « vendent », c’est-à-dire qu’elles aient des clients, qu’elles satisfassent une demande significative. Enfin beaucoup sont incrédules parce que le Civisme s’attaque à Largent et qu’ils pensent que les riches ne laisseront jamais faire. Mais le but est-il de s’agiter pour que, au final, les riches, et donc Largent, continuent à régner ? Ceux qui n’inquiètent pas les riches ou craignent de les froisser ne travaillent pas pour le peuple, n’aiment pas la patrie. Du reste, des privilégiés n’ont jamais empêché que des bouleversements, devenus nécessaires, aient lieu. Or, qui ne s’est aperçu que le capitalisme est en bout de course et qu’il est urgent de mettre en place un autre modèle économique avant qu’il n’ait tout détruit, tout épuisé, tout laminé ?

Il devient assez clair que le capitalisme, dans sa phase actuelle, engendre des problèmes qu’il est impossible de régler sans sortir du système monétaire, mais que le Civisme, lui, résout instantanément. Non par magie ! Non par incantations ! Mais parce qu’il est naturel qu’un problème disparaisse avec sa cause. Je prendrai deux exemples. Tout d’abord le chômage. Dans la Cité, tous les Citoyens ont le droit d’accéder librement au marché. La Demande, le pouvoir d’achat global, est formidable, bien supérieur à l’Offre. L’Offre peut augmenter ; elle est toujours en deçà de la Demande. Les chômeurs trouveront tous un emploi et, une fois le plein emploi atteint, il sera maintenu par le déséquilibre permanent entre la Demande et l’Offre. Ceci reviendra à une relance du pouvoir d’achat, mais non faussée par les effets pervers de la monnaie. Deuxième exemple : la retraite. Avec la baisse du nombre d’actifs, nous ne savons pas comment nous financerons demain les retraites. Mais, dans la Cité, un Citoyen à la retraite est toujours Citoyen ; il a donc toujours le droit d’accéder librement au marché puisque ce droit est conféré par la Citoyenneté. Non seulement le problème est résolu instantanément, mais il apparaît qu’il est aujourd’hui purement financier et artificiel. En attendant, ce faux problème sert de prétexte pour nous plonger dans d’autres, le plus grave de tous étant l’immigration massive.

Il faut nous arrêter sur cette question de l’immigration qui, par sa durée et son ampleur, est devenue une question existentielle pour notre pays et notre peuple, et réunit de ce fait, dans une même hostilité, patriotes et nationalistes. Le positionnement par rapport à l’immigration prime tout désormais. Elle est l’alpha et l’oméga de la politique. Il y a ceux qui sont pour, sans frein, les mondialistes, les sans-frontiéristes, capitalistes ou gauchistes, et ceux qui sont contre, les souverainistes, qualifiés « d’extrême droite » par les traîtres à la nation. Le Civisme ne règlera pas le problème de l’immmigration-invasion, car la Cité ne pourra et ne devra être bâtie qu’une fois le problème réglé. Trois raisons : la première, c’est que ce problème, et tous ceux qui en découlent, accaparent tellement l’attention et divisent tellement l’opinion que le discours contre Largent, pour l’Égalité, est inaudible, car en avance d’une guerre ; la deuxième, c’est que la Cité sera une démocratie par la force des choses (pour la raison inverse qu’un système inégalitaire est oligarchique par nature), alors que l’immigration génère du communautarisme qui fausse le jeu démocratique et rendrait d’autant plus impossible de régler le problème ; la troisième, c’est que pour qu’il y ait une révolution en France, il faut qu’il y ait encore des Français pour la faire, de vrais Français, pas des Français de papier. D’où le slogan : pour faire la Révolution demain, il faut sauver la France aujourd’hui.

Le Civisme n’envisage pas l’existence de la Cité avant le règlement, d’une manière ou d’une autre, dans tous les cas douloureuse, du problème de l’immigration. Autrement dit, la Cité sera édifiée par des hommes libérés des problèmes qu’elle pose, en garde contre les dangers de l’humanisme béat, et au fait des Principes de l’ordre social. L’immigrationnisme sera mort. La Cité aura donc la volonté et les moyens d’empêcher l’immigration ou du moins de la maîtriser. Dans la mesure où il n’y aura plus de monnaie, où le droit d’accéder au marché sera attaché à un statut lui-même devant être reconnu par la Cité, où les entreprises n’auront plus d’intérêts financiers à faire appel à une main d’œuvre étrangère, où des immigrés illégaux n’auront eux-mêmes aucun intérêt à travailler pour elles, où l’emploi de clandestins sera même considéré comme de l’esclavagisme et puni comme tel sans pitié, il ne pourra y avoir d’immigration que légale, donc désirée, maîtrisée et encadrée. Sans oublier le fait que la Cité ne reconnaîtra plus le droit du sol, ni du sang d’ailleurs, puisque la nationalité ne s’obtiendra que sur des critères et par des devoirs, de sorte que les Citoyens nationaux, les authentiques Français, ne subiront plus l’injustice d’être mis sur un pied d’égalité avec les étrangers d’origine et de cœur et les « citoyens du monde » autoproclamés, et que, inversement, ils ne douteront plus du caractère français de quiconque aura la nationalité. Quel patriote, quel nationaliste ne rêverait d’un tel système ?

Maintenant, si le Civisme ne dit pas ce qu’il faut faire aujourd’hui face à l’immigration, il donne toutefois de nouveaux motifs de dénoncer l’immigrationnisme. Il explique pourquoi Largent, pourquoi le capitalisme, dans sa logique immanente, la met en œuvre. Patriotes et nationalistes savent déjà qu’elle est voulue d’abord par le patronat pour casser les luttes sociales et tirer les salaires vers le bas, ensuite par les gauchistes, pour des raisons idéologiques. Mais ils ne comprennent pas que le capitalisme, qui se sait au bord de la chute, espère échapper à son sort en paralysant voire en détruisant les peuples qui l’ont porté, enfanté, et qui, sans qu’ils le sachent eux-mêmes, sont à la veille de l’anéantir, ou en ont du moins le potentiel. L’immigration est, pour le capitalisme, un moyen d’étouffer la révolution dans l’œuf — en introduisant massivement des hommes venus d’ailleurs, ayant évidemment une autre mentalité, d’autres mœurs, d’autres conceptions, d’autres intérêts, d’autres désirs que les autochtones et qui sont donc une source de conflits et, pour le moins, une force d’inertie. Il en est de même de l’Europe, également voulue par le capitalisme, qui, elle, a pour fonction de détruire les pays et les peuples par le haut ou de l’extérieur. C’est donc au nom de la Révolution elle-même, au nom d’un anticapitalisme radical, que le Civisme s’oppose à l’immigration et prône la sortie de l’Europe.

Ainsi, le Civisme offre aux patriotes et aux nationalistes une doctrine cohérente de bout en bout, depuis son cœur jusqu’à sa périphérie. Parce qu’il est pour l’Égalité, l’Égalité véritable, la seule Égalité, l’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, il conçoit la Cité, la nation, la patrie, le peuple, un peuple souverain, à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur, d’où le triptyque : démocratie, indépendance, non-ingérence. Mais l’Égalité, c’est aussi être contre Largent, contre le système monétaire, contre le capitalisme, contre l’individualisme, le droit-de-l’hommisme, l’universalisme et le mondialisme, contre le sans-frontiérisme, contre l’européisme, contre l’immigrationnisme (Et on dit que les idéologies sont mortes !), bref contre tout ce qui détruit la nation. La Cité forgerait des Citoyens qui n’en auraient pas que le nom, qui rempliraient leurs devoirs comme ils connaîtraient et jouiraient de leurs droits ; qui tous participeraient, tous profiteraient ; qui seraient unis dans la joie comme dans la peine ; qui seraient frères parce que réellement égaux et collectivement maîtres de leur destin ; qui auraient l’esprit de corps : ils seraient conscients de former un tout et fiers de lui appartenir et auraient à cœur de le défendre. Le Civisme rompt avec le patriotisme et le nationalisme actuels parce qu’il est le patriotisme, ou le nationalisme, intégral. Il ne compose pas, comme eux, avec Largent et les préjugés monétaires ; il ne se laisse pas impressionné par les leurres capitalistes ; il conduit à l’harmonie sociale parce qu’il a pour seule boussole les Principes de l’ordre social.

L’Égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits (dont celui de profiter des bienfaits de leur Cité) est non seulement la seule égalité possible mais cette égalité est indispensable entre des individus pour qu’ils forment Société. Et l’obstacle à l’Égalité, c’est Largent. Qui ne se bat pas pour l’Égalité, bien comprise, défend Largent en dernière analyse… et est donc un ennemi du peuple, de la nation, de la patrie. Les causes de l’Égalité et de la patrie sont une, comme celles de Largent et du capitalisme. Ceux qui veulent servir la patrie sans aspirer à l’Égalité ou, ce qui est la même chose, combattre le capitalisme sans dénoncer Largent veulent — ou plutôt ignorent qu’ils veulent — tout et son contraire, la cause sans ses conséquences. Ceux-là ne sont sans doute pas les pires ennemis de la patrie, mais ils n’en sont pas non plus les meilleurs amis. Allant d’instinct dans le bon sens mais faisant le chemin à moitié, ils permettent malgré tout d’avancer contre le mondialisme, contre les manifestations spectaculaires du capitalisme, mais ce n’est pas eux qui finiront le travail, contre Largent, contre l’inégalité, contre l’oppression, contre l’exploitation... et peut-être même seront-ils, le moment venu, les valets des nouveaux tyrans et les proscripteurs des patriotes conséquents, c’est-à-dire des véritables amis du peuple français.

 

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive le Civisme !
Vive la France !

Philippe Landeux
25 septembre 2016

00:42 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 04 octobre 2016

PENSEE DU JOUR : MONNAIE ET DEMOCRATIE

Il n'y a pas différentes monnaies. Toute monnaie est l'expression de Largent, c'est-à-dire de la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, laquelle croyance vient du troc et perpétue le schéma de ce mode d'échange individualiste, matérialiste et antisocial. Quelle que soit la forme de la monnaie, elle n'est qu'un vecteur de cette croyance. Quand elle n'a pas de forme, quand la monnaie est virtuelle, elle est la manifestation de cette croyance à l'état pur. Largent n'a pas besoin de support matériel. Les monnaies matérielles n'ont jamais été qu'un prétexte. Mais ce qu'il faut surtout comprendre, c'est que cette croyance qui amène à focaliser sur les choses et leur soi-disant valeur, qui oblige les individus à disposer de monnaie pour accéder au marché, est une négation de la citoyenneté et un poison social. Quand un citoyen n'a de droits que s'il dispose de monnaie, et en proportion de la monnaie dont il dispose, c'est que les droits sont incarnés par la monnaie, et qu'il n'en n'a donc lui-même aucun par nature ; c'est que la citoyenneté ne confère aucun droit par elle-même et est donc un mot vide de sens ; c'est que la société ne joue pas son rôle de reconnaître et de garantir les droits de ses citoyens. Allez donc faire une démocratie sans citoyens, sans société digne de ce nom !!!! Si on ajoute qu'un système monétaire est, de par la nature et le fonctionnement de la monnaie, nécessairement inégalitaire, donc oligarchique voire ploutocratique, il devient encore plus évident que discuter de démocratie avant d'envisager de sortir du système monétaire consiste à parler pour ne rien dire. Quel genre de démocratie pourraient bien instaurer des gens qui ne conçoivent pas les droits du citoyen, qui n'ont pas conscience d'être les esclaves de Largent ?

PENSEE DU JOUR : MONNAIE ET CITOYENNETE

Si on appelle "démocratie" un système politique qui n'en est pas une, on anéantit la capacité de concevoir une alternative véritablement démocratique puisque la plupart des gens croient qu'ils sont en démocratie et qu'on rétorquera aux autres, à ceux qui réclameront une démocratie, qu'ils l'ont déjà. Parler de citoyenneté dans le système monétaire, c'est exactement la même chose, le même procédé. Il n'y a pas de citoyens dans un système monétaire ; il n'y a que des individus qui n'ont de droits que s'ils ont de la monnaie et en proportion de la monnaie qu'ils ont. La citoyenneté ne confère en soi aucun droit, ou quasiment aucun, puisque la plupart passe par la monnaie. Dans un système monétaire, la citoyenneté est un mot vide de sens. C'est donc perpétuer un mensonge, une imposture, que de discuter sérieusement de citoyenneté et de système monétaire, c'est-à-dire de faire comme si la première existait alors même que l'on n'envisage pas de sortir du second.

13:02 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 16 septembre 2016

VIVE L'EUROPE - AOUT 2016 (vidéo)

Cet été 2016, par une chaleur accablante, Daniel Conversano m'a reçu dans son émission "Vive l'Europe" pour exposer les bases du Civisme. Un moment convivial. Merci à lui.

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12:10 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 05 septembre 2016

ROBESPIERRE & L’ÉCONOMIE

Un ami m’a demandé mon avis sur un passage surprenant de la récente biographie de Robespierre de Cécile Obligi, « Robespierre, la probité révoltante », que je n’ai personnellement pas lu. Il y est question de ses positions en matière économique, qu’il a surtout exposées dans un discours du 2 décembre 1792 à propos des subsistances.

Voici tout d’abord le passage en question :

« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. […] On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. » (p. 95)  

Avant de donner mon opinion, et pour la comprendre, je dois d’abord préciser « d’où je parle ». Je suis l’auteur d’une théorie appelée « le Civisme » expliquant comment une Société peut et doit fonctionner sans monnaie, sans unité de valeur marchande. Cette théorie part du Principe que des Citoyens doivent être égaux en devoirs et en droits. Les Citoyens ont des droits, dont celui d’accéder librement au marché, parce qu’ils sont Citoyens ; et ils sont Citoyens, parce qu’ils participent à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation. Dans la Cité, c’est donc la Citoyenneté (qui se mérite en permanence) qui confère aux Citoyens, à tous les Citoyens, le droit d’accéder librement au marché, droit d’accès qui passe aujourd’hui par la monnaie, porteuse de limites et vectrice d’inégalités. Pour que les Citoyens puissent faire valoir leur Citoyenneté auprès des commerçants (et retirer du marcher ce qu’ils désirent), il suffit qu’ils soient dotés par la Cité d’un moyen de l’attester, par exemple, une carte à puce. Dès lors, il n’y a plus de monnaie, les choses n’ont plus de prix, plus de valeur marchande ; ce que le Civisme appelle « Largent », c’est-à-dire, au sens strict, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, est anéanti, supplanté par l’Égalité. Tels sont, selon moi, les Principes de l’ordre social et la façon de les appliquer.

Cette théorie suppose deux conditions : l’industrialisation, donc la capacité de produire en masse et de répondre à une Demande importante ; et l’informatisation, soit la capacité de faire facilement ce à quoi une administration même monstrueuse ne parviendrait pas. Sans ces deux conditions, réunies aujourd’hui, cette théorie de la Cité est inapplicable et, partant, impensable. Et c’est l’impossibilité, pour Robespierre, d’aller aussi loin, qui explique, à mon sens, ses limites et ses contradictions. Il voulait de toutes ses forces l’Égalité, mais dans le cadre d’un système monétaire qui ne la permet pas (ce dont il eut l’intuition : « Quand leur intérêt [celui des riches et du gouvernement] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » notes, juin 1793), un système qu’il ne pouvait ni contester ni analyser correctement, encore moins renverser, et auquel il fut donc obligé d’adapter sa pensée. Il visait un absolu, tout en validant, sans même y penser, la monnaie qui incarne l’exact opposé (matérialisme, individualisme, inégalité, oligarchie), et en faisant, sans s’en rendre compte, des concessions à Largent. Il refusait instinctivement la logique monétaire (capitaliste) sans pouvoir aller au bout de la logique sociale (d’où son adhésion à la théorie aussi fameuse que fumeuse du « droit naturel », qu’il compensait toutefois par un bon sens qui manque à beaucoup aujourd’hui). Il ne sacrifiait pas délibérément, comme beaucoup d’autres, les Principes à Largent, mais il les dénaturait inconsciemment à cause de lui. Ainsi, il parlait d’Égalité, mais cherchait surtout à limiter la casse et ne prônait, au final, que moins d’inégalités, via des impôts progressifs, des aides, un contrôle des prix, etc. Son mérite est d’avoir cédé le moins possible à Largent et soutenu les Principes au-delà du raisonnable dans le contexte qui était le sien, d’où le côté à la fois sublime et utopique de son discours. Il était au-dessus de son temps. Ceux qui tiennent encore le même discours que lui aujourd’hui sont en dessous du leur ; ceux qui l’accablent ne lui arrivent pas à la cheville.

A la lueur de ces explications, la position de Robespierre sur l’économie en général et les subsistances en particulier devient claire, et l’interprétation qu’en livre Cécile Obligi apparaît aussi creuse qu’erronée.

Tout d’abord, quelle était sa position ? Elle tient dans le paragraphe suivant (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :

« Quel est le premier objet de la société ? c’est de maintenir les droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là. [...] Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. Il n’y a que l’excédent qui soit une propriété individuelle, et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants. Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide. [Le négociant peut bien garder, dans ses magasins, les marchandises que le luxe et la vanité convoitent jusqu’à ce qu’il trouve le moment de les vendre au plus haut prix possible ; mais nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de bled, à côté de son semblable qui meurt de faim.] »

Il n’est pas inutile de signaler ici sa conception de la propriété, exposée dans les articles 6 à 9 de sa Déclaration des droits :

« La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. — Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. — Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. — Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. » (21 avril 1793)

Les trois articles suivants, 10 à 12, sont également intéressants pour notre sujet :

« La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. — Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire, sont une dette de celui qui possède le superflu. Il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. — Les citoyens, dont les revenus n’excèdent point ce qui est nécessaire à leur subsistance, sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques ; les autres doivent les supporter progressivement selon l’étendue de leur fortune. »

D’après lui, les vices des théories économiques, dites « libérales », reposaient sur deux erreurs (discours sur les subsistances, 2 décembre 1792) :

« 1° Les auteurs de la théorie n’ont considéré les denrées les plus nécessaires à la vie que comme une marchandise ordinaire, et n’ont mis aucune différence entre le commerce du bled, par exemple, et celui de l’indigo ; ils ont plus disserté sur le commerce des grains que sur la subsistance du peuple ; et faute d’avoir fait entrer cette donnée dans leurs calculs, ils ont fait une fausse application des principes évidents en général ; c’est ce mélange de vrai et de faux qui a donné quelque chose de spécieux à un système erroné.

» 2° Ils l’ont bien moins encore adapté aux circonstances orageuses que les révolutions amènent ; et leur vague théorie fût-elle bonne dans les temps ordinaires, ne trouverait aucune application aux mesures instantanées que les moments de crise peuvent exiger de nous. Ils ont compté pour beaucoup les profits des négociants ou des propriétaires, et la vie des hommes à peu près pour rien. Eh pourquoi ! c’étaient des grands, les ministres, les riches qui écrivaient, qui gouvernaient ; si ç’eût été le peuple, il est probable que ce système aurait reçu quelques modifications ! » (Discours sur les subsistances)

Il reconnaissait le droit de propriété et se déclarait favorable à la liberté du commerce, plus exactement à la libre CIRCULATION des marchandises. Ce n’était pas un communiste, un collectiviste et ne le serait pas devenu (« L’égalité des biens est essentiellement impossible dans la société civile ; elle suppose nécessairement la communauté qui est encore plus visiblement chimérique parmi nous, comme s’il était un seul homme doué de quelque industrie dont l’intérêt personnel ne fût pas contrarié par ce projet extravagant. » 7 juin 1792). Mais il n’était pas non plus un « libéral », c’est-à-dire un partisan de la Propriété sacrée et de la liberté illimitée du commerce que les riches invoquaient pour ACCAPARER, pour spéculer et s’enrichir en affamant le peuple sans que l’État n’intervienne, sauf pour mâter les révoltes.

« Comment donc a-t-on pu prétendre que toute espèce de gêne, ou plutôt que toute règle sur la vente du bled était une atteinte à la propriété, et déguiser ce système barbare sous le nom spécieux de la liberté du commerce ? […] Que la circulation dans toute l’étendue de la république soit protégée ; mais que l’on prenne les précautions nécessaires pour que la circulation ait lieu. C’est précisément du défaut de circulation que je me plains. Car le fléau du peuple, la source de la disette, ce sont les obstacles mis à la circulation, sous le prétexte de la rendre illimitée. La subsistance publique circule-t-elle lorsque des spéculateurs avides la retiennent entassée dans leurs greniers ? Circule-t-elle lorsqu’elle est accumulée dans les mains d’un petit nombre de millionnaires qui l’enlèvent au commerce pour la rendre plus précieuse et plus rare ; qui calculent froidement combien de familles doivent périr avant que la denrée ait atteint le temps fixé par leur atroce avarice ? […] Je vous dénonce les assassins du peuple, et vous répondez : laissez les faire. Dans ce système, tout est contre la société ; tout est en faveur des marchands de grains. [...] Tel est le degré de perfection auquel cette théorie a été portée, qu’il est presque établi que les accapareurs sont impeccables ; que les monopoleurs sont les bienfaits de l’humanité ; que, dans les querelles qui s’élèvent entre eux et le peuple, c’est le peuple qui a toujours tort. » (Discours sur les subsistances)

Robespierre était donc pour la libre circulation des marchandises, au vrai sens du terme, et non à la façon de « libéraux » pour qui la « liberté » n’était qu’un attrape-nigaud. En conséquence, il proposait : 1) « de prendre les précautions nécessaires pour constater la quantité de grain qu’a produite chaque contrée, et celle que chaque propriétaire ou cultivateur a récoltée. » 2), de « forcer les marchands de grains à les vendre au marché, et à défendre tout transport des achats durant la nuit ».

On était en décembre 1792. Le peuple était agité par la pénurie alimentaire. Il réclamait la taxation des denrées de première nécessité et des mesures contre l’accaparement. Le 19 novembre, Roland, ministre de l’Intérieur, avait déclaré : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire ». Robespierre, lui, demandait des mesures pour obliger les producteurs à alimenter les marchés (chose pratiquée sous l’ancien régime), autrement dit des mesures contre l’accaparement. En 1793, il soutint la taxation.

 

Mon analyse est que Robespierre abordait la question des subsistances, de l’économie en général et, en fait, tous les sujets d’un point de vue politique. « Tout est politique. » Par « politique », je ne parle pas de politique politicienne, mais des Principes de l’ordre social qui doivent régir la cité (polis). Il posait le Principe, ou ce qu’il considérait comme tel, et en tirait les conséquences pratiques.   

« Qu’il [le peuple] juge entre nous et nos ennemis, qu’il juge entre l’humanité et ses oppresseurs. Tantôt ils feignent de croire que nous n’agitons que des questions abstraites, que de vains systèmes politiques ; comme si les premiers principes de la morale, et les plus chers intérêts des peuples n’étaient que des chimères absurdes et de frivoles sujets de dispute. » (Le Défenseur de la Constitution, n° 4, 7 juin 1792)

« Quel est le but de la constitution ? C’est le bonheur des hommes, et par conséquent la conservation de leurs droits, de leur sûreté, de leur liberté, de leur propriété ; il faut donc avant d’instituer un gouvernement, bien déterminer et la nature et l’étendue des droits, dont la conservation est l’objet du gouvernement ; proposer de commencer par le gouvernement, c’est ne rien proposer, ou proposer la conséquence avant le principe. [...] Remarquez bien, citoyens, que le seul moyen de faire bien et même de faire vite cette constitution, c’est d’en établir d’abord les bases ; car, s’il n’est pas de principes posés, comment voulez-vous qu’on s’accorde sur les conséquences ? » (Convention, 15 avril 1793)

Sa démarche était à l’évidence la meilleur qui soit. Tout le problème est que, pour les raisons que j’ai expliquées, les Principes de Robespierre étaient soit faux, quoique ceux d’un homme honnête et généreux, soit corrects, et dès lors contraires à la force des choses du système monétaire. Le système monétaire est un Monopoly grandeur nature. Largent y règne. Soit on l’accepte totalement, soit on en sort radicalement (Cf. le Civisme). Entre le deux, on ne peut que bricoler, c’est-à-dire recourir à des astuces pour s’opposer à Largent, jusqu’à ce qu’il reprenne le dessus. (Chassez le naturel, il revient au galop.) C’est ce que fit Robespierre qui ne pouvait pas faire autre chose en son temps. N’étant pas démagogue, il admettait que de larges pans de l’économie soient abandonnés à Largent, système monétaire oblige ! ; mais, en tant qu’humaniste, il voulait que les besoins vitaux des hommes, de ses semblables, de ses concitoyens, soient assurés, que certains produits échappent donc à son emprise. Noble pensée ! Vœu pieux ! Comme le dit Saint-Just : « Ce qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tomber ».

Robespierre a vu les erreurs des autres ; je vais indiquer les siennes. Il part du principe que la société a pour but de garantir le droit d’exister, c’est-à-dire de ne pas mourir de faim. Non ! Elle a pour but de garantir à tous ses citoyens la jouissance de tous les bienfaits dont elle est susceptible grâce à eux, grâce aux devoirs qu’ils remplissent envers elle. Le but de la société ainsi défini est bien plus large que le « droit à l’existence » ; il embrasse tout ; il est la logique sociale absolue. A côté, le « droit à l’existence » est ridicule ; il se veut social mais se place aussitôt sur le plan humain, comme pour en imposer ; il réduit le citoyen à un individu (logique monétaire), et ses droits à quelques besoins. On dirait la supplique d’un vaincu ! C’est en soi une capitulation face à Largent ! Une révolution sur de telles bases est perdue d’avance. Robespierre a d’ailleurs senti très vite que ses efforts seraient vains et qu’il laisserait sa vie dans l’aventure.

La deuxième erreur, la distinction entre les biens, découle de la première. Robespierre déclare que tout ce qui est indispensable pour conserver la vie est une propriété commune à la société entière et que seul l’excédent est une propriété individuelle abandonnée à l’industrie des commerçants. Or tous les fruits des devoirs des citoyens, donc tous les produits, font partie du produit commun et des bienfaits de la cité auxquels tous les citoyens ont droit, auxquels la citoyenneté donne à tous le droit d’accéder. Pourquoi établir une distinction entre les produits, dont les uns, généralement produits par des pauvres, ne seraient généralement accessibles qu’aux riches, sinon parce que l’on ne conçoit pas un ordre des choses autre que monétaire dans lequel il y a en effet des riches et des pauvres qui, par la monnaie, ont un inégal droit d’accès au marché ? Là encore, Robespierre se soumettait à Largent en croyant s’y opposer ; il pensait contrarier le système monétaire à la marge mais le validait globalement, inconsciemment… comme tout le monde.

Qu’en dit Cécile Obligi ? Reprenons point par point.

« Sur cette question des subsistances, la position de Robespierre n’est pas limpide ; il ne semble pas avoir une théorie construite, mais un certain nombre d’idées, en partie inspirées du XVIIIème siècle libéral, en partie forgées au cours de la Révolution. »

Si ! la position de Robespierre est limpide : il était le « cul entre deux chaises ». D’un côté Largent, auquel il ne pouvait pas échapper ; de l’autre l’Égalité, qu’il ne pouvait atteindre et réclamait néanmoins a minima. Il ne pouvait rien proposer de mieux dans le cadre du système monétaire. Moins, il se serait rallié entièrement à Largent et aurait été un capitalo-libéral ; plus, il serait tombé dans des conceptions chimériques — séduisantes de prime abord, tyranniques et désastreuses au final — et se serait éloigné encore de l’Égalité, sous prétexte de s’en rapprocher. Et il avait conscience de ces deux écueils, contrairement à beaucoup qui sautent à pieds joints dans l’un ou l’autre et donnent malgré tout des leçons. Il serait d’ailleurs intéressant de connaître les idées économiques et politiques de Cécile Obligi.

« Héritier des principes libéraux du XVIIIème siècle, il est, comme l’écrasante majorité des députés de la Convention, très attaché aux libertés économiques et répugne à préconiser la contrainte dans ce domaine. »

Pas du tout ! Robespierre savait qu’une coercition générale est vaine, impossible sinon désastreuse, et que la règle du jeu normale, dans un système monétaire, est la course au profit. Il le déplorait, mais il ne cherchait pas à empêcher ce qui ne pouvait l’être. Cette résignation était loin de faire de lui un partisan du libéralisme, c’est-à-dire du capitalo-libéralisme en réalité, c’est-à-dire de Largent roi, comme l’étaient en effet la plupart de ses collègues. D’autant plus que, par une incohérence dictée par son humanisme, il voulait malgré tout forcer les choses pour assurer à ses semblables la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, compromise par ce système. Le cœur prenait alors, chez lui, le pas sur la raison. Et une fois son parti pris, une fois le juste établi à ses yeux, il le soutenait avec passion, fut-ce seul contre tous. Aucune trace de réticence dans les combats qu’il décidait d’engager après mûre réflexion. Le drame est qu’il ait voulu le bien commun dans un monde monétaire, intrinsèquement individualiste et inégalitaire, et à une époque où Largent, ne pouvant être anéanti, accédait même au trône. La résistance, aussi légitime qu’elle ait été, ne pouvait être que morale, symbolique, désespérée, incohérente, farouche parfois, et vouée à l’échec. Quoi qu’il en soit, il y avait entre le libéralisme de Robespierre et celui des « libéraux » autant de ressemblance qu’entre la nuit et le jour.

« Les accusations portées par ses ennemis de vouloir imposer quoi que ce soit en la matière relèvent de la simple calomnie. »

Robespierre ne voulait pas tout réglementer, mais il était pour un minimum de réglementation, afin de contrer les effets les plus cruels de Largent. (Modération qui suffisait aux « libéraux » pour ne pas le reconnaître comme un des leurs, preuve supplémentaire qu’il n’en était pas un.) Certes !, aucune digue ne peut contenir Largent qui, tel un fleuve en furie, renverse tous les obstacles dressés contre lui. Mais que les hommes cherchent à s’en protéger (ou à protéger leurs semblables), par des moyens nécessairement dérisoires, est légitime à défaut d’être efficace. Et un homme qui se dresse avec passion contre le torrent des injustices est bien plus courageux, bien plus généreux, bien plus admirable que ceux qui se laissent emporter par le courant ou ceux auxquels Largent tient lieu de raison. Car, s’il est dans l’ordre des choses que le système monétaire soit régi par les lois de Largent, si le capitalo-libéralisme est le régime économique le plus naturel sous Largent, se soumettre à Largent n’est pas pour autant un signe d’intelligence ; cela relève plus de l’égoïsme, de la lâcheté, de l’inhumanité et de l’inconséquence. Car c’est oublier que Largent a sa logique propre, qu’il ne sert que lui-même et qu’il pousse le monde à la ruine, ce dont personne ne profitera au final. Viendra un moment où les hommes auront à choisir entre eux et lui, et où ils ne pourront se sauver qu’en formant Société, en retrouvant le sens de l’Égalité. Les « capitalistes » ne seront alors d’aucun secours. Un Robespierre aura bien plus de choses à nous apprendre. S’il a prit trop tôt le parti des hommes et des Principes, c’est-à-dire en un temps où il ne pouvait rien pour eux face à Largent, s’il a fait ce qu’un homme devait néanmoins faire, il encourt bien sûr des critiques mais ne mérite aucune « accusation ». Qui sont donc, pour « accuser », les hommes au cœur de pierre ? Qui est le monstre : celui qui veut empêcher Largent (les riches) de dévorer ses concitoyens ou celui qui laisse faire, parce qu’il veut lui aussi sa livre de chair, et ne rougit pas de peindre le premier comme un criminel ? Les accusations en disent souvent plus sur les accusateurs ! Robespierre peut s’honorer de celle-là. Et il est bien maladroit de la part de Cécile Obligi de présenter comme une calomnie ce qui est la pure vérité. Robespierre n’avait pas de théorie figée ; il était pragmatique et modéré (il rejetait les excès en toute chose) ; mais il désirait bien que la loi et la puissance publique interviennent. S’il s’interrogeait sur la façon, il n’était pas contre le principe. Le reconnaître n’est pas l’accabler ; le nier n’est pas le défendre.

« On sent Robespierre tiraillé, incapable de renoncer au libéralisme économique, mais sincèrement choqué par ses conséquences. »

Oui, Robespierre était tiraillé, il ne savait pas sur quel pied danser. Mais ce n’est pas au « libéralisme économique » qu’il ne voulait pas renoncer : c’est au système monétaire qu’il ne pouvait pas échapper, de sorte qu’il jonglait avec les lois de Largent, d’un côté, et les Principes de l’ordre social, de l’autre. S’il avait fait abstraction des premières, il aurait été un insensé ; s’il avait méprisé les seconds, il aurait été un sophiste.

« Toute institution qui tend à augmenter l’inégalité des fortunes est mauvaise et contraire au bonheur social. Je sais bien qu’il est impossible d’établir une égalité parfaite dans les portions et que mille causes différentes doivent nécessairement la déranger plus ou moins, mais je dis que le but des lois doit être de la maintenir autant que la nature des choses le permet, et qu’elles violent tous les principes de la raison lorsqu’elles s’efforcent elles-mêmes de la troubler. L’égalité est la source de tous les biens : l’extrême inégalité est la source de tous les maux. » (Sur l’inégalité dans les successions, 5 avril 1792)

« Nous voulons l’égalité des droits parce que sans elle, il n’est ni liberté, ni bonheur social. Quant à la fortune, dès qu’une fois la société a rempli l’obligation d’assurer à ses membres le nécessaire et la subsistance, par le travail, ce ne sont pas les citoyens que l’opulence n’a pas déjà corrompus, ce ne sont pas les amis de la liberté qui la désirent. » (Le Défenseur de la Constitution, 7 juin 1792)

Comment qualifier Robespierre ? Ce n’était assurément pas un libéral, du moins à la façon des capitalo-libéraux. Ce n’était pas non plus un communiste avant l’heure, ni un précurseur du communisme, puisqu’il sentait les dangers du collectivisme. Il aspirait simplement à la démocratie véritable (des lois faites avec le concourt du peuple et approuvées par lui) et à ce que nous appelons « l’état providence » : c’était un patriote, un « socialiste » au sens historique du terme, et non un de ces adeptes de ce que le socialisme est devenu. Robespierre se serait-il reconnu dans le socialisme actuel ? Je ne crois pas. Je pense que ses principes et l’expérience l’auraient conduit au Civisme, soit à l’imaginer, soit à le rallier ; qu’il serait pour le moins resté sur une ligne sociale et nationale. Mais ce n’est toutefois pas par hasard si le socialisme a dérivé jusqu’à n’être plus qu’une caution du capitalisme. Nous avons vu, avec l’exemple de Robespierre, que le « socialisme » des origines s’opposait au capitalisme sans remettre en cause le système monétaire, la monnaie et Largent ; qu’il était donc lui-même intrinsèquement capitaliste. Il est vrai qu’il n’y avait pas alors moyen de faire autrement puisqu’il n’y avait pas la possibilité technique de dépasser la monnaie et d’anéantir Largent. Il fallait faire avec bon gré mal gré. Mais entre le social au rabais et Largent tout puissant, c’est toujours Largent qui l’emporte. Arriva donc un moment où le « parti socialiste », représentant officiel du socialisme, fut dans l’impasse et muta pour survivre. Il se convertit alors au capitalisme mais en mettant l’accent sur l’humain pour conserver une image de « gauche », c’est-à-dire en sacrifiant le citoyen à la logique individualiste typiquement capitaliste. C’est ainsi que, d’une ligne traditionnellement patriotique et sociale, le parti socialiste, et plus largement « la gauche », a basculé dans le sociétal et l’antinational (droits-de-l’hommisme, féminisme, jeunisme, modernisme, festivisme, sans-frontiérisme, antiracisme, immigrationnisme, multiculturalisme, européisme, etc.), apportant au mondialisme de droite le renfort d’un universalisme frelaté soi-disant de « gauche ». Elle a adopté avec avidité tout ce qui fait le malheur du peuple et le bonheur du patronat.

Toute la question est de savoir si Robespierre aurait lui aussi pris ce tournant. Jamais ! Les notions de nation, peuple, patrie, démocratie, République, égalité et liberté étaient trop intimement liées dans son esprit pour qu’il renonce à une seule sans voir qu’il les trahissait toutes, sans comprendre qu’il se reniait lui-même et devenait à son tour un ennemi du peuple. « Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom », avait-il lancé du haut de la tribune de la Convention, le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), dans son ultime discours. Renoncer à défendre le peuple et la France, rejoindre le parti de l’Étranger et du capital, Robespierre a dit et prouvé que la mort lui serait plus douce qu’une telle apostasie.

19:38 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 20 juin 2016

LE CIVISME – LA RÉVOLUTION DU XXIe SIÈCLE (vidéo)

Petite présentation du Civisme en vidéo...

Le Civisme - révolution du 21e siècle.jpg

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10:19 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 19 juin 2016

PHILIPPE LANDEUX sur RADIO ICI & MAINTENANT - 6 déc. 2016 (vidéo)

Après 4 années, je me permets publier la vidéo, ou plus exactement la bande son, de mon passage de près de 5 heures à Radio ICI & MAINTENANT le 6 décembre 2012, au cours duquel il a été question uniquement du Civisme ou de la Cité, c'est-à-dire de mon projet de Société sans argent.

Présentation 2.jpg

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17:21 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

MARXISME vs CIVISME / Francis Cousin vs Philippe Landeux (vidéo)

Deux pensées anticapitalistes radicales, très proches par certains côtés, opposées par d'autres. Francis Cousin, avec sa verve inimitable, expose les fondements du marxisme. Philippe Landeux critique cette conférence, du 27 février 2015, sous l'angle du Civisme, sa propre théorie, contre Largent, pour l'Egalité. Un mise en parallèle, en quelque sorte, pour faire ressortir les accords et les divergences.

Marxisme vs Civisme 3.jpg

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16:58 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO, 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 09 juin 2016

GAUCHISME, NATIONALISME, PATRIOTISME - LE PIÈGE DU CAPITALISME

« L’enfer est pavé de bonnes intentions. »

 

Le capitalisme est le piège parfait. Il n’a pour opposants que des capitalistes qui s’ignorent, qui dénoncent certains aspects du capitalisme sans remettre en cause son essence même, son logiciel de base.

Ce système divise et permet de classer les gens en trois grands groupes, même si bien sûr il existe une infinité de nuances et si beaucoup d’individus naviguent de l’un à l’autre.

Le premier est évidemment celui des capitalistes assumés, des profiteurs du capitalisme, conscients et fiers de l’être. C’est eux qui ont le pouvoir et qui, par leurs excès et leurs maladresses, sont finalement les seuls à pouvoir ébranler le système, à l’épuiser, à scier ainsi la branche sur laquelle ils sont assis.

Le deuxième groupe est celui des « gauchistes » ou des « mondialistes ». Ceux-là n’ont toujours pas compris pourquoi le socialisme a rallié ouvertement le capitalisme et basculé, pour faire bonne figure auprès des gogos, dans le droit-de-l’hommisme, le sans-frontiérisme, l’humanistarisme, l’euro-mondialisme, l’immigrationnisme, l’antiracisme et le sociétalisme, et ils continuent à dénoncer le capitalisme (notamment tout ce qui a trait à la finance, aux salaires, etc.) tout en adhérant à cette flopée d’idéologies qui procèdent du capitalisme lui-même et ne servent que lui en définitive.

Le troisième groupe est celui des « patriotes » ou des « nationalistes », tous « souverainistes », qui s’opposent à la destruction, par tous les moyens, des pays et des nations, voulue et mise en œuvre par le premier groupe et soutenue par le second, ce qui fait d’eux, en apparence, les anticapitalistes les plus sérieux. Mais, s’ils sont en effet les moins dégradés par l’idéologie dominante, s’ils n’ont pas perdu tout bon sens, ceux-là n’ont pas compris la cause profonde de cette entreprise de destruction et n’aspirent qu’à revenir à une étape antérieure du processus capitaliste, ce qui est sans doute possible et serait un moindre mal à court terme mais n’empêcherait pas le capitalisme de repartir de l’avant par la force des choses, comme le naturel revient au galop.

En clair, tous ces groupes sont fondamentalement capitalistes. Aucun ne lutte contre le capitalisme : le premier, parce que ce n’est pas son intérêt ; le deuxième et le troisième, parce qu’ils ne saisissent pas sa véritable nature et que, occupés chacun à courir après des leurres différents, ils y participent tous à leur manière.

Mais qu’est-ce donc le capitalisme ? C’est le règne absolu de Largent ; c’est la victoire complète de Largent sur les Principes de l’ordre social, donc sur la Société ; c’est les propriétés de Largent qui, ne rencontrant plus aucun obstacle, sont poussées à leur paroxysme.

Largent est une croyance qui naît de la pratique du troc ; c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. L’évolution de la production combinée à cette croyance engendre la monnaie (étalon de valeur), et l’échange monétaire inculque à son tour cette croyance à ceux qui le pratiquent et qui, dès lors, ne conçoivent plus l’échange autrement. Largent, la monnaie et les hommes (leur façon de penser) entrent ainsi dans un cercle vicieux dans lequel chaque élément est à la fois la conséquence et la cause des deux autres. Largent mène néanmoins le bal. Sans lui, pas de monnaie, pas d’hommes formatés par le système monétaire. Plus exactement, un mode d’échange faisant appel à un moyen d’échange conforme aux Principes de l’ordre social, sans recours à la notion de valeur marchande, anéantirait de facto Largent et la monnaie qui n’auraient plus de raison d’être ; les hommes, pratiquant l’échange sur ce nouveau mode, en intègreraient les concepts et ne concevraient plus ceux du système monétaire.

Mais le sujet ici n’est pas tant ce qu’il faudrait faire que pourquoi cela n’est pas fait ?, pourquoi le capitalisme trouve en chaque homme un appui ? pourquoi, malgré leurs nuances, toutes les tendances politiques sont finalement de la même engeance ? La réponse est dans l’origine, la nature et les propriétés de Largent.

Largent, la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger, vient du troc qui consiste à échanger des objets contre d’autres, et ainsi à établir entre eux, même sans le vouloir, une équivalence, ce qui amène à concevoir la notion de valeur (marchande) comme une nécessité pour échanger. Cette première observation permet de comprendre : 1) pourquoi les choses et leur soi-disant valeur finissent par être au centre des considérations et, ainsi, pourquoi un tel mode d’échange induit une mentalité matérialiste ; 2) pourquoi la valeur des choses, si importante, finit par n’être l’expression que d’un rapport de force ; 3) pourquoi des biens servant de référence de la valeur finissent par être sélectionnés et standardisés, biens que l’on appelle « monnaies » ; 4) pourquoi disposer de ce qui a de la valeur confère du pouvoir et pourquoi avoir du pouvoir incite autant que cela permet de se procurer ce qui est réputé avoir de la valeur, ceci étant plus vrai encore sous la monnaie ; 5) pourquoi la monnaie, qui apparaît plus tard et représente, en terme de valeur, des objets qui, sous le troc, sont échangés, circule elle aussi, passe de main en main ; 6) pourquoi tout ce qui peut représenter de la valeur et procurer de la monnaie à quelqu’un, surtout quelqu’un de puissant, finit par devenir marchandise ; pourquoi tout devient marchandise ; pourquoi un tel système est amoral et potentiellement immoral.

Mais le troc, d’où provient Largent et sur lequel il repose, est également un échange entre individus, un échange de ce qu’ils possèdent respectivement. Cette observation explique à elle seule : 1) pourquoi les individus, pour pouvoir participer à l’échange, doivent disposer de biens, donc être propriétaires du fruit de leur travail ; 2) pourquoi ce mode d’échange, qui oblige chacun à s’activer pour lui-même, dispense les individus des devoirs individuels et collectifs dont ils s’acquittaient auparavant envers la communauté en retour de ses bienfaits ; 3) pourquoi ce mode d’échange ôte à la « société » tout droit de regard sur la production et les échanges qui sont pourtant un aspect majeur de la vie des hommes en collectivité ; 4) pourquoi ce mode d’échange dépouille la « société » du rôle de garantir les droits de ses citoyens, même ceux qui assurent les besoins les plus vitaux, puisque les individus sont désormais livrés à eux-mêmes pour s’en ménager ; 5) pourquoi ce mode d’échange, qui n’a en lui-même aucune dimension sociale (asocial), dans lequel à aucun moment l’appartenance à une communauté n’entre en ligne de compte, qui implique des individus et non des citoyens au vrai sens du terme, est intrinsèquement individualiste et antisocial ; 6) pourquoi ce mode d’échange, contraire ou plutôt étranger aux Principes de la communauté, détruit la Société de l’intérieur, ne laissant à la place que des concentrations d’individus ; 7) pourquoi les individus qui prétendent se débrouiller seuls pour avoir des droits en appellent néanmoins et paradoxalement au fantôme de la société pour reconnaître et garantir leurs propriétés, c’est-à-dire le fruit d’activités (travail ou échange) qui ne concernent plus la « société », laquelle ne devrait pas davantage se mêler de cette affaire ; 8) pourquoi tout mode d’échange recourant à la notion de valeur (marchande) est inspiré par Largent, reproduit le schéma du troc ou en a gardé sans raison les réflexes, et présente les mêmes tares.

Ce ne sont là que les conséquences directes et inéluctables des principes de base du troc. Dans les faits, elles ne sont pas séparées mais se combinent et forment l’arrière plan du système monétaire auquel la monnaie, qui décuple tous ces effets, ajoute les siens propres.

Les hommes n’ont pas conçu Largent ; c’est lui qui s’est imposé à eux par la force des choses. Ils n’ont pas non plus inventé le principe de la monnaie qui est finalement contenu dans le troc. En revanche, c’est bien eux qui ont sélectionné les monnaies pour qu’elles soient toujours plus pratiques, du point de vue de l’échange, et plus fiables, en tant que garanties de la valeur. Mais qu’est-ce que la monnaie à l’heure de Largent roi ?

Remarquons tout d’abord que Largent est roi aujourd’hui parce que les produits sont si nombreux et pour la plupart tellement élaborés que nul ne peut les produire seul et que chacun doit se les procurer sur le marché. Si l’on ajoute à cela que personne ne satisfait ses besoins par sa production personnelle, il s’ensuit que tout le monde doit accéder au marché en permanence et pour toute chose, via la monnaie, ce qui place la monnaie au cœur du système, et Largent, sur le trône.

Fut un temps où la monnaie n’occupait pas la place qu’elle tient aujourd’hui, où tout esprit communautaire n’était pas encore laminé, où les hommes subvenaient en partie à leurs besoins. Ce temps est révolu. De nos jours, la monnaie est le premier besoin, car c’est un besoin vital pour tous de pouvoir accéder au marché. Ce faisant, la monnaie incarne tous les « droits », non seulement le droit d’accéder au marché, mais encore tous les droits qui dépendent de celui-là, c’est-à-dire à peu près tous, y compris ceux qui permettent d’assurer les besoins élémentaires (manger, se loger, se vêtir). La monnaie est donc une unité de valeur (matérielle ou virtuelle), pratique (facile à transporter), anonyme ou impersonnelle (sans propriétaire déterminé et valable entre toutes les mains), vagabonde (elle circule), vitale, universellement acceptée, universellement convoitée,  qui s’obtient aux dépens d’autrui et peut s’obtenir aussi bien par des moyens légaux (pas tous moraux) qu’illégaux. Autant dire que les hommes vont se livrer une guerre perpétuelle pour en avoir, d’autant plus qu’on ne peut jouir des droits qu’elle incarne qu’en se séparant d’elle (en payant, en la dépensant), ce qui oblige donc à s’en procurer de nouveau. Il faut par ailleurs remarquer que, de par sa nature, ses propriétés et sa permissivité, la monnaie ne peut pas se répartir également, ce qui signifie que le système monétaire est par nature inégalitaire (individus inégaux en droits) et oligarchique voire ploutocratique (pouvoir des riches). Le fait que la monnaie repose sur la notion de valeur (Largent) suffit a le deviner, puisque des valeurs n’ont de sens que dans la différence de valeurs, donc dans la différence de prix entre les biens, entre les produits, donc dans l’inégalité en droits entre producteurs. Il y aura toujours des riches et des pauvres dans un système monétaire. La richesse se justifie moins par le talent que par la nature même du système, de même que l’exploitation n’a elle aussi d’autre justification que la possibilité donnée à certains par la monnaie d’exploiter les autres. Il ne faut pas perdre de vue que la monnaie incarne les « droits » et confère donc du pouvoir à ceux qui en ont le plus, quels que soient les moyens par lesquels ils se la sont procurés, et que ce sont ces derniers qui vont faire les lois en leur faveur, disposer des hommes et de la force publique pour servir leurs intérêts, déterminer, à leur avantage, la soi-disant valeur des choses (qui n’est donc bien qu’une illusion et l’expression d’un rapport de force), mettre en œuvre, grâce à leurs fonds personnels ou aux banques, des projets qui coûtent mais rapportent gros, etc. La monnaie fonctionne selon deux principes : celui des vases communicants, et celui de l’attraction (« L’argent va à l’argent. »). Ceci explique encore pourquoi le système monétaire est non seulement inégalitaire mais pourquoi les inégalités ne font que se creuser.

Beaucoup croient que la monnaie est neutre, que ce n’est qu’un instrument entre leurs mains, qu’elle n’a aucune influence par elle-même, que tout le mal vient des hommes… Ils oublient tout ce qu’ils font pour en avoir et tout ce qu’ils endurent quand ils n’en ont pas. Dans ces cas-là, c’est bien la monnaie qui les oblige à agir, qui les fait agir, et non eux qui utilisent la monnaie. Du reste, même quand ils utilisent la monnaie qu’ils ont, ils l’utilisent en suivant ses règles à elle et font avec elle ce qu’elle permet. Autrement dit, les hommes, qu’ils le veuillent ou non, sont dans un système dont ils doivent suivre les règles qu’ils n’ont pas fixées. Ils ont une certaine liberté, ils agissent suivant leur caractère, mais il est malgré tout des bornes qu’ils ne peuvent franchir, bornes qui n’ont rien de naturel. Du reste, même leur caractère, leurs désirs et leurs actions sont influencés par le monde tel qu’il est façonné par Largent et au-delà par la monnaie. Par exemple, lutter pour l’Égalité, s’investir pour les pauvres, réclamer des augmentations de salaire, faire des économies, tout cela — comme à peu près tout le reste — n’a de sens que dans un système monétaire.

Le but, dans un système monétaire, est d’avoir de la monnaie, donc d’en gagner le plus possible, par quelque moyen que ce soit, ou de ne pas en perdre. C’est la course au profit et la porte ouverte à toutes les mesquineries, à tous les vices, à tous les crimes. Mais ce but, que chacun poursuit à sa manière par nécessité, fait perdre de vue qu’il ne s’agit pas d’un jeu, qu’il s’agit des droits et de la vie des gens. Obsédés par la monnaie, prisonniers de ses règles, imprégnés de sa mythologie, c’est-à-dire de ses mensonges, les hommes sont désormais incapables d’appréhender l’Égalité et les Principes de l’ordre social, de connaître leurs véritables Droits, encore moins leurs Devoir, de se penser comme Citoyens.

Et ce n’est là que la toile de fond. Une révolution a eu lieu (l’implosion des communautés) qui va en entraîner une autre : la révolution industrielle.

La monnaie est une évolution du troc et repose comme lui sur la notion de valeur marchande. Or le troc se pratique entre petits producteurs, dans un contexte de production artisanale. Autrement dit, un mode d’échange reposant sur la notion de valeur marchande correspond au mode de production artisanale ; c’est une conception de l’échange qui porte en elle les limites de ce mode de production. Mais nous ne sommes plus au temps de la production artisanale ; nous sommes entrés, depuis le XIXe siècle, dans l’ère de la production industrielle. Y étant entrés progressivement, nous avons continué à échanger, à commercer, sur le mode d’échange qui était alors en vigueur, sans réaliser qu’il y a nécessairement un lien entre le mode d’échange, les biens échangés, les biens produits et le mode de production, que le mode d’échange doit être adapté au mode de production et que la monnaie, qui déjà ne permet pas d’assouvir les besoins qu’elle fait naître, ne satisfait plus du tout aux contraintes de la production de masse.

La fonction première de la monnaie est d’acheter, de permettre de retirer des produits du marché. Or la différence entre la production artisanale et la production industrielle concerne précisément la quantité de produits présents sur le marché, faible dans le premier cas, inépuisable dans le second. Cette observation permet de comprendre que, si la monnaie n’est pas adaptée au mode de production industrielle, c’est en raison d’une Offre désormais trop importante pour que la Demande, liée à la monnaie, puisse suivre. Ceci permet à son tour de comprendre que la Demande est intrinsèquement faible dans un système monétaire, d’où sa relative adaptation au mode de production artisanale. Mais pourquoi la Demande est-elle faible dans un système monétaire ? Parce que les mécanismes de la monnaie font que, quelle que soit la monnaie, quelle que soit la masse monétaire, il y a toujours une poignée de riches et une grande majorité de pauvres, que si quelques personnes peuvent acheter beaucoup, la plupart achètent peu, de sorte que la moyen est tirée vers le bas par la majorité. Et cette règle demeure et s’applique même si la production passe au mode industriel. Dès lors, le problème saute aux yeux : lorsqu’une « société » développe la production industrielle ses « citoyens » n’ont pas les ressources monétaires pour absorber la production ; dans l’état actuel des choses, il n’y a plus assez de clients. A moins de remettre en cause le mode d’échange, donc le système monétaire, et d’en trouver un adapté à la nouvelle donne, il va falloir trouver des expédients, des solutions à court terme qui s’avèreront insuffisantes voire désastreuses.

Le premier de ces expédients est bien sûr l’exportation, tout simplement. Mais quand l’industrie se développe dans tous les pays et que chacun exporte chez les autres, quand tous les pays sont confrontés au même problème interne, c’est une autre planète, peuplée seulement de consommateurs, qu’il faudrait ! Le second qui a été envisagé et mis en œuvre à la fin du XIXe siècle est la colonisation que Jules Ferry lui-même a justifiée comme suit : « La question coloniale, c’est d’abord la question des débouchés. La politique coloniale est fille de la politique industrielle. L’Europe peut être considérée comme une maison de commerce qui voit décroître son chiffre d’affaire car la consommation européenne est saturée. Il faut faire surgir de nouvelles couches de consommateurs. » (28 juillet 1885) (Ce besoin vital de consommateurs a entraîné la course aux colonies et le conflit entre les puissances colonisatrices.) Vint ensuite le fordisme, c’est-à-dire l’idée d’augmenter les salaires pour que les salariés puissent acheter les produits à la production desquels ils contribuaient. Mais on ne peut pas donner de l’argent aux uns sans le prendre à d’autres ! Puis vint le crédit à la consommation, qui permet aux consommateurs d’avoir aujourd’hui l’argent qu’ils gagneront peut-être demain et que, dans tous les cas, ils n’auront plus alors. L’abandon de l’étalon or (1940 au Canada, 1971-1976 aux USA, etc.) avait sans doute la même fonction objective, quoique peut-être inconsciemment de la part de ses prometteurs, à savoir permettre d’augmenter la masse monétaire, donc, en théorie, la Demande. En 1981, cette politique de la relance de la Demande par l’augmentation du pouvoir d’achat a aussi été, en France, un échec retentissant. Enfin, les entreprises, dans l’idée de faire baisser leurs coûts de production (produire moins cher) et de ramener ainsi le prix de leurs produits au niveau des moyens financiers de leurs clients, ont encore quatre options : 1) payer peu leurs employés, soit en gelant, soit en baissant leurs salaires ou en rognant sur des à-côtés, 2) réduire la qualité de leurs produits, payer moins leurs fournisseurs ou en changer, 3) importer de la main d’œuvre étrangère, moins exigeante que les autochtones (immigration), 4) faire produire à l’étranger, dans des pays à moindre coût, ce que l’on appelle « délocalisation de la production »… Autant de « solutions » qui ont un sens d’un point de vue individualiste, du point de vue des entreprises, mais qui, dès lors que toutes les entreprises les appliquent, font effondrer la Demande intérieure du pays plus vite que les prix… sans parler du fait que les deux dernières détruisent le pays lui-même.

A ces fuites en avant suscitées par l’inadaptation du système monétaire au mode de production industrielle viennent s’ajouter les dérèglements suscités par l’informatique qui permet et donc amène la virtualisation de la monnaie. C’est la possibilité offerte par cette technologie très récente qui a d’abord permis aux banques d’effectuer des calculs jusque-là impossibles et de devenir des banques de dépôt où les gens ordinaires vinrent de leur plein gré mettre en sûreté leurs économies et où leurs salaires sont aujourd’hui transférés d’office. C’est elle encore — et cet afflux d’argent dans les banques — qui a permis à la spéculation de prendre un tour nouveau, démentiel et apocalyptique. C’est elle, enfin, qui autorise la création artificielle de monnaie par les banques, via le crédit sans réserve, quoique le passage de la monnaie métallique au papier monnaie avait déjà permis aux États d’imprimer sans limite des billets, des billets n’ayant aucune valeur intrinsèque, quoique la notion de valeur soit en elle-même un concept, donc une fiction. Le système monétaire est ainsi un château de cartes imaginaires qui condamne les hommes à jouer au Monopoly grandeur nature — et à perdre, pour la plupart. Elle est loin l’idée d’une  monnaie qui ne servirait qu’à faciliter le troc (entre petits producteurs) et à fixer de justes prix pour des échanges équitables, idée déjà asociale et antisociale ! Au vrai, cette monnaie n’a jamais existé et n’existera jamais.

Malgré Largent qui l’entraîne et l’écrase, l’Homme a une certaine liberté, dont il use pour accomplir ses propres desseins. Or l’Homme est un être sociable ; et le Principe fondamental de l’ordre social est l’Égalité, totalement incompatible avec Largent. C’est pourtant à l’Égalité que les hommes aspirent et vers laquelle ils tendent leurs efforts. Si on regarde l’histoire, on constate en effet qu’ils se sont toujours révoltés contre Largent et son cortège de fléaux (inégalité, tyrannie, exploitation, misère, etc.), au nom de l’Égalité ou de ses dérivés (justice, indépendance, Liberté, etc.), et, avec le temps, ces combats furent toujours couronnés de succès, quoique les victoires fussent incomplètes, faute d’avoir tranché le « nerf de la guerre ». Malgré tout, tous ces combats firent, en quelque sorte, tomber un à un les paravents qui étaient comme les défenses périphériques de Largent, dont la puissance et la tyrannie apparaissent aujourd’hui dans toute leur « pureté » parce qu’il est comme réfugié dans un donjon. Ainsi, sa position est aussi forte que désespérée. Les hommes sont dans la position inverse : ils sont tétanisés alors qu’ils pourraient lui donner le coup de grâce. Ils ont conquis socialement tout ce qui leur était possible de conquérir et ils se trouvent maintenant face à un mur, face à Largent en personne. Toute nouvelle conquête sociale exige de renverser Largent lui-même (ce qui implique de comprendre pourquoi et de savoir comment). Mais force est de constater que ce combat n’est pas encore à l’ordre du jour — même si de nombreuses attaques tournent désormais autour de la monnaie (banques, spéculation, dette, création monétaire, revenu de base, etc.), certaines la prenant même pour cible (quoique maladroitement et pour de mauvaises raisons). Largent qui était sur la défensive reprend donc l’initiative et regagne du terrain (sur les « acquis sociaux »). Dans ces conditions, quiconque ne le dénonce toujours pas et n’envisage pas de le renverser, n’a que trois options :

1) se rallier purement et simplement à lui, à Largent, c’est-à-dire se convertir ouvertement au capitalo-libéralisme (dit ultra-libéralisme),

2) faire comme si de rien n’était et prôner, face aux régressions inévitables, le même genre de mesures sociales, limitées et vaines, que par le passé,

3) déserter le champ social et se faire néanmoins passer pour un progressiste en détruisant tout par ailleurs au nom d’un soi-disant progrès (déclaré, non-démontré et surtout contredit) et en ne servant en dernière analyse que les intérêts du capitalisme.

On retrouve ici les trois catégories mentionnées au départ : capitalistes, gauchistes et mondialistes, patriotes et nationalistes. On comprend enfin de quoi elles résultent. Ce ne sont pas des fantaisies ; elles naissent sous la pression de Largent (ou du monde façonné par Largent), combinée aux différents types de caractère, ayant chacun sa sensibilité, ses priorités, ses forces et ses faiblesses.

Mettons de côté la première catégorie, celle des capitalistes incurables, qui n’ont pas plus de patrie que Largent, qui n’aspirent qu’à jouir et à perpétuer l’ordre des choses tel qu’il est. Ce texte s’intéresse surtout aux deux autres catégories ; il s’adresse aux hommes qui veulent changer les choses mais en sont incapables pour le moment, même s’ils s’agitent dans tous les sens ; il a pour but de leur faire pendre conscience de leurs travers respectifs, afin qu’ils rectifient leurs positions et se tournent tous vers le véritable ennemi au lieu de s’épuiser en vain et surtout de s’entredéchirer. C’est une gageure qui mérite d’être tentée.

Gauchistes et nationalistes, tous se veulent légitimes, tous pensent être dans le Vrai, tous défendent leur conception du Bien, tous agissent par amour (seul l’objet de leur amour diffère) et tous revendiquent ce que chacun réclame comme son monopole. Laissons donc les uns et les autres à leurs convictions pour ne nous occuper que des faits et de leurs causes.

Commençons par les premiers : les gauchistes ou mondialistes.

Le gauchisme est souvent un point de départ, jamais un point d’arrivée, sauf pour ceux qui s’y complaisent. Il y a quelques exemples de gauchistes ayant basculé dans le capitalisme pur et dur ; légions sont les exemples de gauchistes ayant rejoint le camp national ; mais il n’y a pas d’exemple du processus inverse. Le temps, l’expérience et la réflexion éloignent du gauchisme, ce qui tend à démontrer qu’il est, en politique, ce qu’il y a de plus basique, raison pour laquelle lui est accordée ici la préséance.

Le gauchiste aspire à une liberté individuelle totale, au droit pour chacun de faire tout ce qui lui plait, même les choses les plus absurdes ou extravagantes, ce qui l’amène à rejeter toute autorité (typique de l’adolescence) et tout cadre par définition contraignant (entreprise, pays, État). C’est du fantasme ! C’est une conception des choses hors de toute réalité ! Quoi qu’il en soit, ayant dissout, dans son esprit, tout peuple, toute société, tout pays, le gauchiste ne se voit et ne prétend voir autour de lui que des « humains », des hommes abstraits, sans origine, sans race, sans patrie, sans famille, sans histoire, sans culture, sans identité, au final sans humanité, des hommes différents mais soi-disant pareils, des hommes soi-disant identiques donc soi-disant égaux (en quoi ?). C’est ainsi que celui qui n’admet aucune loi, qui n’a aucune idée de ce en quoi consiste la citoyenneté, en vient à se proclamer « citoyen du monde », ce qui n’engage à rien, et à prôner l’égalité universelle, qui ne veut rien dire — mais qu’il va s’acharner à fabriquer. Il était de nulle part ; il est maintenant chez lui partout. Il n’avait pas d’attache ; tous les hommes sont maintenant ses frères. Il s’auto-investit alors d’une mission : faire le bonheur de l’humanité, sauf celui de ses « concitoyens », ce qui serait trop mesquin. Comme tous les hommes sont forcément malheureux et l’attendent bien sûr comme le Messie, il fait la leçon à la terre entière, il dit aux autres peuples ce qu’ils doivent faire chez eux, il invente le « devoir d’ingérence » ; il ouvre aussi en grand les portes d’un pays auquel il se flatte de ne pas appartenir et qu’il fait effectivement tout pour détruire. C’est ici que le gauchisme rejoint le capitalisme.

Nous avons vu que le capitalisme, pour surmonter les contradictions du système monétaire dans un contexte de production industrielle, du moins dans l’espoir de les surmonter, a besoin d’abattre toutes les frontières afin que puissent circuler librement, à son profit, les marchandises, les capitaux et les hommes. Dit autrement, il a besoin que tout porte la marque de Largent et devienne objet d’exploitation. Il lui faut un marché mondial, des consommateurs standards, des travailleurs dociles, des hommes brisés et abrutis ; il lui faut détruire les pays et les peuples, en commençant par en nier l’existence. Telles sont les fonctions de l’Europe institutionnelle (qui n’est que l’expression de Largent et une étape vers le mondialisme) et de l’immigration massive et continue. Mais les gauchistes ne retiennent de tout cela que ce qui concerne les hommes et le côté individualiste, universaliste et antinational (donc antisocial), qui fait déjà partie de leurs dogmes. En bon marchand de tapis, le capitalisme a d’ailleurs prit soin de couvrir de moraline ses produits nocifs : il vend l’Europe au nom de la paix, et l’immigration au nom de l’antiracisme. Quoique eux-mêmes experts en novlangue, les gauchistes ont tout acheté, tout validé, tout avalé. Impossible de leur faire entendre raison ! Pas moyen, même, de discuter ! Ne voyant que le Bien qu’ils prétendent accomplir, ils occultent tout le mal qu’ils cautionnent ou qu’ils dénoncent en partie mais sans jamais remonter à sa cause et sans apercevoir leur propre complicité. Pour maintenir ce cap et surmonter leurs contradictions, ils sombrent dans le fanatisme, le sectarisme, le manichéisme, l’hystérie et la violence (verbale ou physique). Quiconque ne les suit pas dans leurs délires et trouble leurs illusions, quiconque critique ou s’oppose aux entreprises du capitalisme est à leurs yeux un « fasciste ». Au final, ces apôtres de l’Humanité, ces anticapitalistes de façade se font les chiens de garde du capitalisme. En fait, les gauchistes sont tout simplement des capitalistes qui s’ignorent, et qui le prouvent même lorsqu’ils militent pour l’abolition de la monnaie… au niveau mondial, au nom de liberté absolue et de l’égalité entre humains, c’est-à-dire au nom d’une idéologie qui s’accorde avec le capitalisme et va dans son sens, parce qu’elle en procède. La priorité des gauchistes n’est pas de renverser Largent, de combattre les inégalités dans la Cité, entre Citoyens, mais de promouvoir le mondialisme.

Le gauchisme n’est pas une remise en cause de l’ordre des choses ; il est une soumission totale à Largent, qu’il soit une manifestation extrême de l’individualisme inhérent à cette croyance ou une régurgitation de l’idéologie et de la propagande capitalistes. — Il ne faut cependant pas confondre « gauche » et « gauchisme ». La « gauche », au sens historique, prône l’Égalité ou moins d’inégalités entre citoyens, la souveraineté du peuple (la démocratie au vrai sens du terme), la souveraineté nationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la non-ingérence ; elle est nationale, sociale et patriotique. Cette ligne existe toujours, mais elle n’est plus celle des partis politiques qui se revendiquent encore de « gauche » et qui, pour les raisons que l’on a vues plus haut, ont basculé depuis quelques décennies dans le capitalo-gauchisme (sans-frontiérisme, mondialisme, immigrationnisme, antiracisme, sociétalisme, etc.). La vraie gauche est du « fascisme » pour la fausse gauche qu’est le gauchisme, qui suit le capitalisme au pas de l’oie. (Personne ne sera surpris qu’à l’heure de la novlangue les étiquettes ne correspondent plus aux contenus et qu’un des combats à mener soit précisément, non pas de jeter les étiquettes, mais de les redistribuer correctement !) — En fait, le gauchisme n’est pas inné ; il accompagne la montée en puissance de Largent. Il y a bien quelques anarchistes depuis le XIXe siècle, mais c’est la financiarisation du monde et la victoire incontestée du capitalisme, dans la seconde moitié du XXe, en Occident, qui lui ont donné l’intensité que nous connaissons ; c’est la « société de consommation » qui, dans un premier temps, a stimulé l’individualisme latent et favorisé la mise en œuvre du projet euro-mondialiste ; c’est l’immigration, voulue d’abord par le patronat, imposée ensuite par la propagande « antiraciste », dont les gauchistes se firent le fer de lance, qui, dans un second temps, a permis au capitalisme de mettre tout le monde au pied du mur, d’habituer les gens à la présence toujours plus importante d’immigrés, de réduire à une question individuelle et morale un problème collectif et politique, de faire du chantage à l’humanisme et ainsi de lobotomiser les esprits faibles à coups de pathos pour qu’ils se fassent à leur tour les apologistes intransigeants de l’immigration tous azimuts (toujours heureuse) et de la dilution morale et physique (enrichissante) de leur propre peuple. Pourtant les gauchistes n’avaient ni envisagé ni désiré l’importation d’immigrés avant que le capitalisme ne leur en procure. Leur humanisme n’a cependant pas été outré quand cette infâme et criminelle opération a été lancée. Au contraire ! Que les immigrés n’aient pas quitté leur pays de gaieté de cœur, mais toujours pour fuir des problèmes créés ou causés par le capitalisme, et qu’ils aient pour fonction d’être exploités, de briser les luttes sociales et de détruire leur pays d’accueil, peu leur importa ! Les gauchistes ne virent en eux que l’incarnation de cette Humanité qui n’était jusque-là qu’un concept sans portée pratique ; c’est pourquoi, paradoxalement, ils en firent aussitôt des représentants de l’Humanité, des abstractions, des vaches sacrées, de sorte qu’ils s’affranchirent à nouveau du réel et continuèrent à raisonner dans le vide, qui est manifestement leur élément. Ce faisant, ils étaient d’accord avec les capitalistes : les immigrés, qui sont du pain béni pour les uns et les autres, ne doivent faire l’objet d’aucune observation, d’aucune critique de quelque ordre que ce soit, de la part de qui que ce soit. Gauchistes et capitalistes ont alors institué l’antiracisme, c’est-à-dire l’interdiction morale et légale, pour les autochtones, de réagir face à une invasion et de dénoncer une politique relevant de la haute trahison. Encore une fois, il s’est agi d’empêcher tout débat afin de rester dans le compassionnel et l’irrationnel, et pouvoir ainsi faire passer la modération pour de l’extrémisme (racisme, fascisme), et l’extrémisme pour de la modération. Soutenus par les capitalistes (qui ont le pouvoir), les gauchistes ont pu poser le problème à leur manière et imposer leur rhétorique : « Qui n’est pas contre les immigrés est pour l’immigration, pour toujours plus d’immigration. Qui n’est pas pour l’immigration ou pour toujours plus d’immigration est contre l’immigration. Qui est contre l’immigration est contre les immigrés et est donc raciste. » Il n’y a le choix qu’entre être immigrationniste ou raciste, le Bien et le Mal absolus selon les gauchistes. C’est une escroquerie intellectuelle d’une telle violence que l’opinion publique a été tétanisée et est encore sous le choc… quoique de moins en moins ! Engendré par l’immigration, l’antiracisme avait pour but de pousser à encore plus d’immigration. Mais l’immigration pose fatalement des problèmes qui suscitent les mécontentements que l’antiracisme devait étouffer et qui obligent le système capitalo-gauchiste, non à renoncer à l’immigration ou à devenir un peu raisonnable en la matière, mais à intensifier la propagande antiraciste, donc à être plus immigrationniste que jamais, et à durcir la répression… répression, au nom de l’Étranger, contre tous les Français (dans le cas de la France) qui ne sont plus dupes du gauchisme et du capitalisme… répression dont les gauchistes se chargent des basses œuvres, en bannissant, intimidant, insultant, traquant, attaquant tous les  « déviants » qu’ils qualifient de « fascistes », c’est-à-dire tout le monde sauf eux-mêmes.

Le gauchisme (sous sa forme actuelle) a été créé par le capitalisme, pour servir ses desseins. Ce n’est pas par hasard s’il fait écho au grand patronat, s’il a le soutien des riches, la sympathie des médias, la bienveillance des politiciens, l’indulgence des juges, la protection des autorités, les subventions de l’État ; s’il a pignon sur rue ; s’il est toujours « tendance » ; s’il participe à l’idéologie dominante ; s’il est cul et chemise avec le « système » ! C’est parce qu’il est une partie intégrante du système. Le gauchisme, sous ses faux airs humanistes, est à la fois la bonne conscience du capitalo-mondialisme, son rabatteur, sa police de la pensée et sa milice.

Autant les gauchistes se divisent en tendances qui ne diffèrent qu’à la marge et font donc souvent front commun, autant nationalistes et patriotes s’inscrivent dans des traditions différentes voire radicalement opposées et se combattent donc la plupart du temps.

Les nationalistes, embourbés dans une vision simpliste et fantasmée de l’histoire de France, ont souvent pour dénominateur commun une détestation de la Révolution française, qu’en « bons catholiques » ils chargent de tous les pêchés, et, partant, une vénération pour la royauté. Mais ils peuvent aussi se réclamer du bonapartisme, du fascisme, du pétainisme, c’est-à-dire de régimes toujours autoritaires mais puisant leur « légitimité » à d’autres sources que la monarchie traditionnelle. Ils sont dans tous les cas très anti-jacobins et très anti-communistes… comme si c’était la même chose ! Mais les raisons des uns et des autres d’adhérer à ces courants de pensée peuvent varier du tout au tout selon leurs conditions sociales personnelles, leur idée de ce en quoi consistaient ces modèles et ce à quoi ils croient que ces courants aspirent aujourd’hui. Tous pensent défendre la France ou du moins le prétendent. Les uns regrettent dans l’ancien régime une société d’ordres, dans laquelle leurs ancêtres étaient des privilégiés ; les autres pleurent un roi soi-disant protecteur du peuple. Les premiers exècrent la Révolution pour avoir sapé leur antique puissance, ce qui est évidemment inavouable ; les seconds l’exècrent parce que les bourgeois ont mis Largent sur le trône, oubliant que ces mêmes bourgeois ne triomphèrent qu’après avoir écrasé les véritables révolutionnaires, les jacobins, qui, eux, voulaient le peuple souverain et ont défendu la France contre les assauts de toute l’Europe, ce qui pourrait les réconcilier avec la Révolution s’ils ne mélangeaient pas tout. On retrouve ces mêmes mobiles dans la nostalgie de certains pour le pétainisme, les uns voyant en lui le rétablissement d’un ordre en faveur des privilégiés, les autres ne voyant en lui que son côté social et traditionnel, les Allemands ayant seulement offert aux nationalistes de l’époque l’occasion de servir ce qu’ils considéraient comme les intérêts de la France. Mais ce sont aussi les nationalistes qui, refusant la défaite, l’occupation et a fortiori la collaboration, fournirent le gros des premiers résistants. Rien n’est simple quand on y regarde de près ! En fait, malgré leurs divergences, qu’ils regardent la France comme leur pré-carré ou le peuple français comme leur famille élargie, qu’ils soient ouvertement pour l’inégalité ou pour moins d’inégalités tout en justifiant un régime inégalitaire, tous les nationalistes regardent la France comme leur héritage et ont à cœur de la conserver ou de la restaurer, de la défendre et de la transmettre.

Le paradoxe du nationalisme (au sens français du terme) est d’aspirer, d’un côté, à un système social et populaire, de l’autre, à un régime autoritaire et anti-démocratique. Quoi que l’on pense de ce paradoxe, il porte en lui la réfutation de l’accusation récurrente, portée par les gauchistes, selon laquelle « le nationalisme serait le bras armé du capital ». Un régime fort, social et qui plus est national a pour vocation, par définition, de contenir Largent, de s’opposer d’une manière ou d’une autre à sa toute puissance. Le nationalisme ne proscrit pas riches et banquiers qui, en tant qu’héritiers, peuvent même être séduits par son côté traditionaliste et lui apporter leur soutien, mais il ne leur laisse pas les rênes et les rudoient au besoin. C’est précisément quand ces régimes tombent que « l’aristocratie de l’argent » se réjouit et que le capitalisme prend son essor. C’est d’ailleurs quand le capitalisme triomphe et détruit tout que le nationalisme se ranime.

Le capitalisme, apatride, est gêné dans sa marche en avant par les nations qui, d’une manière ou d’une autre, freinent l’hégémonie de Largent. Il cherche donc à les détruire à tous les niveaux et par tous les moyens : dilution dans des ensembles supranationaux, pour bafouer leur souveraineté et abattre leurs frontières ; apologie de l’individualisme, de l’universalisme, du « progressisme », du suivisme, de la paresse, de la bêtise, de la médiocrité et de la laideur, pour démoraliser les peuples, détruire leur identité, étouffer en eux le sentiment national et anéantir en eux toute velléité de résistance ; introduction massive et incessante d’immigrés de tous horizons, pour briser les luttes sociales, créer milles problèmes qui monopolisent l’attention, démoraliser et paralyser le peuple et enfin le dissoudre. Piétiner le pays, laminer sa culture, ses traditions (le peu qu’il en reste) et son identité, le soumettre à une invasion-colonisation et attenter à l’existence même du peuple, tout cela au nom de Largent : tous les nationalistes s’insurgent, bien qu’ils restent divisés par leurs querelles de chapelle. Et c’est là, au moment où la patrie est en danger comme jamais, que nationalisme et patriotisme se rejoignent.

Autant la Révolution française est un repoussoir pour le nationalisme, autant elle est une référence pour le patriotisme. Ce dernier voit en elle un moment rare et court dans l’histoire où le peuple, ruiné et trahi, a ressaisi et exercé la souveraineté et repoussé tous les assauts de l’Europe. La grande année, à ses yeux, n’est pas 1789 et l’Assemblée aristo-bourgeoise dite constituante, mais 1792 et l’avènement accidentel de la première République grâce à l’insurrection du 10 août, et surtout 1793 et la constitution démocratique (quoique jamais appliquée en raison de la guerre). Le renversement de la monarchie, qui crève le cœur de nombreux nationalistes, importe moins, aux patriotes, que la démonstration qu’un peuple décidé (et bien dirigé) peut tout. Bien sûr, la Révolution a échoué ; les révolutionnaires (notamment Robespierre) ont finalement succombé sous les coups des bourgeois. Mais les patriotes ont conservé leur mémoire et brûlent d’achever leur œuvre.

De manière générale, le patriotisme est le sentiment naturel d’attachement de tout individu à son peuple et à son pays, sentiment qui porte à les défendre instinctivement lorsqu’ils sont attaqués, sentiment qui, parfois, sommeille jusqu’au moment du danger et étouffe alors toutes les inepties que la sécurité et l’insouciance permettaient de débiter. Mais, de façon plus précise, le patriotisme, qui découle de l’amour pour son peuple, au bonheur duquel il aspire, suppose la volonté de lutter pour l’Égalité ou, par défaut, pour moins d’inégalités entre ses concitoyens, pour la démocratie (souveraineté populaire dans tous les domaines publics), pour l’indépendance et l’intégrité de son pays (souveraineté nationale) et, parce qu’on ne doit pas faire aux autres ce que l’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent, il rejette l’ingérence, le colonialisme et la guerre autre que défensive (entreprises qui, en dernière analyses, sont toujours motivées par Largent). Mais ce sont là les buts. Les patriotes se divisent quant aux moyens.

On peut distinguer deux courants patriotiques, plus un troisième qui s’est perdu en route : les anarchistes, les jacobins ou républicains, et les communistes historiques.

Les anarchistes, qui, dans la Révolution, se reconnaissent dans les Enragés ou les Hébertistes, se caractérisent depuis toujours par un individualisme exacerbé, une sensibilité à fleur de peau, et un manque de sens politique, d’où leur aversion pour la discipline et l’autorité, leur spontanéité, leur extrémisme, leurs défaites et leur désespoir. Ils ne voient d’obstacle à leurs desseins que dans les hommes. Sous la Révolution, ils étaient les furieux de la Terreur ; mais ils servaient malgré tout une cause nationale. On les retrouve notamment sous la Commune de Paris de 1871, à défendre héroïquement l’honneur national, mais à soutenir fort maladroitement leur propre entreprise. Leur écrasement par la « République », au bout de deux mois seulement, leur fit rejeter définitivement la notion d’État, donc celles de pays, de peuple, de patrie et, après une phase terroriste fin XIXe, début XXe siècle, ce ne sont plus maintenant que les chantres de l’humanitarisme, du mondialisme, du sans-frontiérisme, de l’immigration, des alliés du capitalisme contre les nations, en particulier la leur, en un mot des gauchistes, tantôt pacifistes, tantôt ultra violents.

Les jacobins ou républicains (synonyme de démocrates) se reconnaissent, eux, dans Robespierre, celui de l’histoire et non celui des légendes. Ils font leurs toutes les notions consubstantielles à l’Égalité : citoyens, nation, peuple et pays, démocratie (à tous les niveaux), souveraineté nationale, non-ingérence ; ils ont le sens du devoir et de la communauté. Eux voient la source de l’inégalité dans les mauvaises lois, et c’est à les réformer qu’ils s’emploient. Telle était la faiblesse de Robespierre ; telle est encore la faiblesse des républicains aujourd’hui. La Révolution et les deux siècles écoulés ne leur ont rien appris. Cependant, bien que la cause de l’inégalité leur échappe et que, dans ces conditions, tous leurs efforts soient vains, ils n’en perdent pas tout bon sens et s’écartent aussi peu qu’il est possible des Principes de l’ordre social, à la différence des anarchistes et des communistes.

Les communistes sont des républicains de caractère mais plus radicaux en apparence et avec une vision des choses plus structurelle. Eux croient voir la cause de l’inégalité dans l’organisation sociale et la propriété privée des moyens de production et, partant, préconisent le collectivisme et une forme d’État adaptée. Ils se revendiquent de Karl Marx et, avant lui, de Gracchus Babeuf qui, en 1796, donc peu après la Révolution, fomenta la conspiration dite des égaux. Babeuf envisageait l’abolition de la monnaie dans le cadre d’une communauté nationale, c’est-à-dire d’un système collectiviste, permettant de jouir en commun du produit collectif ou de le répartir selon les besoins. Par la suite, les communistes conservèrent la notion de collectivisme mais sans remettre en cause la monnaie, ajoutant ainsi à la tyrannie étatique l’inégalité monétaire. (Il semble toutefois que Marx ait lui aussi prôné l’abolition de la monnaie, mais au niveau mondial, au profit d’une communauté et d’un collectivisme universels.) Mais qu’ils se soient fourvoyés dans des théories aux conséquences désastreuses n’enlève rien au fait qu’ils aspirent, même sans le dire, à l’Égalité et soient attachés à la nation, c’est-à-dire qu’ils aient en eux des bases saines. Ce sont des patriotes ; ce ne sont pas des gauchistes. Quand le parti a viré au gauchisme et versé dans le sociétalisme, le gros des militants a rejoint… le Front National (qui, pendant la deuxième guerre mondiale, était d’ailleurs le nom d’un réseau de résistance communiste).

Si le Front National réunissait au départ, sur la question de l’immigration, les différentes mouvances nationalistes, sa ligne a toujours était républicaine et est plus que jamais jacobine. Les républicains et les communistes qui le rejoignent ou votent pour lui n’ont pas changé de logiciel. Ce sont les partis dits « de gauche » qu’ils soutenaient jusque-là qui, pour les raisons exposées plus haut, ont muté, rallié le capitalisme ou sombré dans le capitalo-gauchisme, fait de l’immigration (et de tout ce qu’elle implique idéologiquement) l’alpha et l’oméga de la politique et rejeté ainsi dans le « camp national » tous ceux qui, quel que soit le modèle politique qu’ils défendent, quelle que soit la part d’histoire de France qu’ils revendiquent, sont français corps et âme et se sentent à bon droit menacés quand l’existence de leur peuple est en jeu. Pour tous, nationalistes et patriotes, l’urgence est désormais de sauver la France, de soustraire leur peuple à un génocide programmé et inévitable sans réaction énergique. Car l’immigration massive et continue ne peut avoir d’autre résultat, pour qui a encore un peu de bon sens et de bonne foi, que celui de submerger et, au final, d’éradiquer la population d’origine, donc de changer, d’anéantir la France, puisque c’est la population, et non la géographie, qui fait un pays. Face à une invasion sans précédent (dans sa forme et son ampleur), elle-même fruit d’une trahison sans égal et d’une collaboration abjecte, tous se souviennent de cette maxime qu’affectionnaient les révolutionnaires : « la loi suprême est le salut du peuple ». Quand la patrie est en danger, et jamais le danger n’a été aussi grand, patriotes et nationalistes doivent serrer les rangs contre le parti de Largent et de l’Étranger.

Mais les nationalistes autant que les patriotes sont eux aussi, comme les gauchistes, sous l’emprise de Largent.

Pour commencer, tous réagissent au monde tel qu’il est façonné par Largent. Les nationalistes acceptent et aspirent à un ordre social inégalitaire (oxymore), parce qu’ils ont l’impression que l’inégalité est dans la nature des choses alors qu’elle est seulement le fait de Largent. Les patriotes, jacobins ou communistes, eux, reconnaissent l’Égalité comme le principe fondamental de l’ordre social et aspirent à l’instaurer (l’Égalité), précisément parce qu’elle n’est pas ; mais ils ne font pas, eux non plus, le lien entre l’inégalité et Largent. Autrement dit, les uns et les autres pensent ce qu’ils pensent parce qu’ils sont dans un système monétaire, fondé sur Largent ; ils constatent ce qui est et réagissent selon leur sensibilité mais n’envisagent rien qui soit de nature à changer fondamentalement le système et les choses.

Pour autant, Largent n’a pas étouffé en eux le sens de la communauté. Dans un monde individualiste, ils pensent encore « peuple », ils pensent encore « patrie », ils pensent encore « nation ». Les nationalistes ont une conception racialistes de la nation ; ils ne conçoivent comme faisant partie de leur peuple que les individus du même sang, ce qui est parfaitement légitime, ce qui est la conception de la plupart des peuples de par le monde. Les jacobins, eux, ont une conception plus ouverte de la nation, une conception « contractuelle » : tout individu qui remplit certaines conditions et s’acquitte de certains devoirs en fait partie à l’égal des autres. Cependant, ces derniers n’oublient pas que leur nation est malgré tout issue d’une histoire, d’un peuple et d’une culture sans lesquels elle ne peut perdurer ; ils ne nient pas la dimension raciale et identitaire de la nation et, s’ils ne rejettent pas les apports humains et culturels étrangers tant qu’ils restent marginaux ou raisonnables, ils appellent à y mettre un frein dès lors qu’ils menacent son intégrité et son existence. Ainsi, si jacobins et communistes n’étaient pas aussi rigides que les nationalistes, au début, face à l’immigration, la folie immigrationniste qui a transformé l’immigration en fléau et en danger majeur a fini par les réunir dans l’opposition, quoique leurs motifs soient, là encore, différents.

Les nationalistes voient essentiellement l’immigration comme un danger pour leur « race », donc pour l’essence de leur peuple et de leur nation, ce qu’elle est effectivement vu les proportions qu’elle a prises. En cela, et à juste titre, l’immigrationnisme, suicidaire et génocidaire, est criminel à leurs yeux. Les jacobins partagent ces raisons mais voient avant tout dans l’immigration actuelle une oppression et une trahison du pouvoir politique qui l’impose à la nation sans la consulter et contre son gré, ce qui constitue une violation du contrat social (tacite) qui, outre la souveraineté du peuple, prescrit une union libre et consentie entre citoyens et non un mariage forcé. Ils reprochent également aux immigrationnistes d’avoir abandonné la politique traditionnelle, française et républicaine, d’assimilation des immigrés, au moment où elle était le plus nécessaire, nouvelle entorse aux principes et au bon sens qui suscite des problèmes ou les décuple. Si les jacobins ont fermé les yeux, au début, par humanisme, ils estiment désormais que la coupe est pleine et que la poursuite de cette politique relève du crime de lèse-nation. Quant aux communistes, ils savent depuis toujours que les immigrés sont « l’armée de réserve du capitalisme » (Marx) et que « la nation est le seul bien des pauvres » (Jaurès).

Malgré ces nuances dans leur conception de la nation et leurs raisons d’y être attachés, tous voient bien que l’appât du gain, la course au profit, les riches, les banques, la finance, le capital tendent à détruire, chez leurs concitoyens, l’esprit qui les anime, à plonger leur peuple dans la détresse sous toutes ses formes et à détruire leur pays par tous les moyens, l’immigration étant le plus redoutable. Tous, nationalistes et patriotes, sont, d’instincts, anticapitalistes ; tous veulent, à leur manière, contrecarrer le capitalisme ; tous, pour des motifs différents, prônent des régimes politiques forts voire tyranniques, seuls capables de lui tenir la dragée haute ; tous sont dans l’illusion qu’il est possible de dompter Largent sans le terrasser, sans sortir du système monétaire ; tous, dans leur histoire, ont éprouvé cette vérité que Largent est toujours le plus fort à la longue. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. » En ne comprenant pas que les puissances financières et leurs menées, auxquelles ils s’opposent à bon droit, au nom de la patrie, sont le produit du système monétaire et de Largent qu’ils ne songent pas à remettre en cause, ils se condamnent, tel Sisyphe, à des efforts titanesques voués à l’échec.

La vérité, c’est que nationalistes et patriotes sont eux aussi, comme les gauchistes, des capitalistes qui s’ignorent, c’est-à-dire des partisans inconscients de Largent, de la monnaie et du système monétaire qui sont à l’origine du capitalisme dont ils déplorent les effets. La seule différence, c’est que les gauchistes, par leur tendance au mondialisme, revers de l’individualisme inhérent à Largent, servent activement le capitalisme actuel, dont ils partagent en grande partie l’idéologie, tandis que les « souverainistes », qui échappent davantage à la logique de Largent, mais en cautionnent par défaut l’existence et la puissance en ne remettant pas en cause le système monétaire lui-même, veulent revenir à une étape antérieure du capitalisme, au capitalisme ou à un système monétaire dans un cadre national. Ce n’est donc pas parce que nationalistes et patriotes ne sont pas capitalistes que le capitalisme les diabolise, mais parce qu’ils ne jouent pas le jeu à fond et sont, de ce fait, un boulet pour le capitalisme actuel.

C’est par la force des choses (industrialisation et informatisation) que le capitalisme a pris le visage qu’on lui connaît aujourd’hui. Revenir à la nation ne résout pas en soi les contradictions internes que le capitalisme tente de surmonter en dépassant ce cadre. Cela peut permettre de régler certains problèmes immédiats, mais, ceci fait, Largent reprendra le dessus et les contradictions ressurgiront, auxquelles les mêmes réponses devront être apportées, puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets. On ne peut pas rompre avec la logique capitaliste sans rompre avec le capitalisme, c’est-à-dire sans sortir du système monétaire et, plus encore, sans anéantir Largent (individualisme et inégalité) au nom de l’Égalité et de la Patrie... et on ne peut pas faire cette Révolution à un autre niveau que celui de la nation. C’est en cela que revenir à la nation est à la fois une illusion et une nécessité : une illusion tant que l’on ne conteste pas Largent, mais une nécessité pour pouvoir le renverser. Il est du reste peu probable que des peuples occidentaux ayant réussi à échapper aux griffes du mondialisme, à ressaisir leur souveraineté et à sauver leur existence retombent dans les mêmes pièges, en particulier ceux du supranationalisme et de l’immigrationnisme. Mais ils n’auront alors qu’un moyen de leur échapper : en comprendre enfin le ressort et le briser. Ainsi, opposer la nation au capitalisme est aujourd’hui le fait de capitalistes, mais est malgré tout ce qu’il y a de plus révolutionnaire, ce qui va le plus dans le sens de la Révolution.

Nationaliste et patriotes n’ont pas le même projet politique mais n’en sont pas moins français corps et âme et n’en défendent pas moins la France. C’est à la fois ce qui les réunit contre l’immigration, l’euro-mondialisme, en un mot le capitalisme, et ce qui les distingue des gauchistes qui, eux, souvent français d’origine ne le sont plus en esprit, tant ils sont imprégnés par l’idéologie capitaliste. Pourtant, tous pourraient s’entendre s’ils ouvraient les yeux sur les incohérences et les faiblesses de leurs idéologies respectives qui leur masquent qu’ils aspirent fondamentalement à la même chose ; s’ils réalisaient que, dans l’état actuel des choses, tous sont malgré eux, quoique à des degrés divers, des instruments du capitalisme, des prisonniers mentaux du système monétaire, des esclaves de Largent.

Les gauchistes veulent des rapports humains harmonieux. Or il n’y a vraiment de rapports humains qu’entre citoyens, qu’entre individus faisant partie d’une même société, et de rapports sociaux harmonieux que dans l’Égalité. Le fond du gauchisme, c’est l’Égalité, l’égalité des citoyens en devoirs et en droits. Mais ce fond disparaît sous les sophismes individualistes, universalistes et anarchistes qui proscrivent les notions de devoir, de peuple et de société, et débouchent sur l’égalitarisme, le sociétalisme, le mondialisme et l’immigrationnisme. Comment en arrive-t-on là ? L’Égalité est impossible dans un système monétaire, inégalitaire par nature ; et c’est cette impossibilité de l’instaurer et, partant, de la bien concevoir, qui pousse certains impatients à prôner des conceptions dénaturées de l’Égalité, relevant de l’égalitarisme, consistant à tout uniformiser en niant toutes les différences (entre les races, entre les peuples, entre les hommes, entre les sexes, entre les âges, etc.). Le paradoxe de cette démarche contre-nature (contre la nature des choses), c’est que son moteur social lui insuffle un esprit anticapitaliste, alors que, par les positions qu’elle amène à adopter, elle devient la meilleure auxiliaire du capitalisme qui, lui aussi, mais pour d’autres raisons, cherche à tout uniformiser. La chose crève les yeux. Quand le patronat et les gauchistes sont au coude à coude contre les « souverainistes », contre leurs « concitoyens », pour défendre l’immigration tous azimuts, un anticapitaliste devrait se poser des questions sur les véritables enjeux du phénomène et ses véritables bénéficiaires ! Quand on conspue les nations et le patriotisme, au nom de l’humanité, et que l’on passe ses « Nuits Debout » à Paris, place de la République, et non pas à Moscou, Tombouctou ou ailleurs dans le monde, on devrait peut-être comprendre que l’on ne peut agir que dans son pays, avec et pour ses concitoyens, qu’il y a un lien entre révolution et nation et, inversement, que l’humanitarisme, l’universalisme et la révolution mondiale sont des foutaises ! Malheureusement, quand on tombe aussi bas intellectuellement, quand on ne voit plus l’évidence, quand on défend avec rage des chimères, en un mot, quand on est un tocard de ce calibre, un sursaut de lucidité est peu probable. Les gauchistes indécrottables sont perdus pour la Révolution, qui devra se faire sans eux, et sans doute contre eux (en tant qu’alliés du capital et crétins dangereux).

Au final, seuls les « souverainistes » qui sont déjà d’accord sur les objectifs à court terme (stopper l’immigration, sortir de l’Europe, retrouver l’indépendance et la souveraineté, arrêter l’ingérence, ranimer le patriotisme, renouer avec la grandeur, rompre avec le sociétalisme et l’angélisme, etc.), peuvent, malgré leurs différences et leurs différends, tomber d’accord sur un projet commun à long terme. Non seulement ils le peuvent, mais ils le doivent, pour sauver la France. Car le « camp national » n’est aujourd’hui qu’une image ; ce n’est en rien une armée ; il n’a aucun plan d’ensemble ; il ne présente pas un front uni ; il est incapable d’avoir l’initiative et d’être offensif dans la mesure où chacun défend son segment comme les communards défendaient chacun leur barricade. Pour gagner en cohésion et en efficacité, les « souverainistes » ont besoin d’un projet commun à long terme, d’un projet qui forge et exprime une foi commune, d’un projet révolutionnaire qui justifie leurs objectifs à court terme en tant qu’étapes indispensables vers la Révolution, bref, d’un projet qui soit à la fois leur bannière et leur boussole, aujourd’hui et demain. C’est ce projet commun qu’il s’agit maintenant de définir en dégageant les aspirations profondes des uns et des autres, qui se rejoignent, de leurs positions particulières et superficielles qui, jusqu’à présent, les divisent.

Les nationalistes, commençons par eux, veulent la prospérité de leur pays, de leur peuple et de leurs concitoyens ; ils veulent un État interventionniste et un régime économique que l’on peut qualifier de « social » voire de « socialiste ». Leur paradoxe, je l’ai dit, plus haut, est de croire qu’il est possible de combiner durablement un régime économique social, procédant de l’Égalité ou tendant vers elle, avec un régime politique fort et oligarchique, donc inégalitaire et liberticide. Quelle que soit la nature des régimes politiques que les uns et les autres envisagent, leur principe est donc opposé à celui du régime économique qu’ils imaginent. De pareils systèmes peuvent fonctionner un temps, mais ils portent en eux une contradiction qui, tôt ou tard, s’avèrera fatale. Mais pourquoi les nationalistes acceptent-ils, dans le domaine politique, le principe de l’inégalité et tiennent-ils tant à un système oligarchique alors qu’ils reprouvent la ploutocratie, comme si une oligarchie pouvait être moins funeste au peuple qu’une autre ? Il est clair qu’ils prônent l’inégalité et l’oligarchie parce qu’ils idéalisent, et veulent ressusciter, des régimes qui ont existé dans le cadre du système monétaire, inégalitaire, donc oligarchique voire ploutocratique par nature, système monétaire qu’ils ne remettent pas davantage en cause et dont les régimes en question n’ont pu empêcher l’évolution vers le capitalisme qui appelle aujourd’hui une réaction, laquelle ne peut consister à recourir à des solutions qui ont déjà échoué. (La nostalgie, justifiée ou non, est contre-révolutionnaire. La Révolution de demain n’appliquera pas les recettes d’hier.) En somme, les nationalistes sont pris, comme tout le monde, dans le cercle vicieux du système monétaire : ils acceptent l’inégalité, parce que ce système est inégalitaire ; ils prônent une oligarchie, parce que ce système est oligarchique. Mais ce n’est pas tant l’inégalité et l’oligarchie qu’ils veulent, que le système monétaire qu’ils ne contestent pas, sans doute parce qu’ils ne savent pas comment. Et la preuve que le système monétaire lui-même ne leur convient pas en réalité, c’est qu’ils dénoncent et cherchent à s’opposer à ses effets sociaux, économiques et même politiques. Il est donc temps qu’ils comprennent qu’ils doivent sacrifier au but suprême qu’ils se proposent d’atteindre leurs préjugés et leurs fantaisies.

Les communistes veulent, au fond, la même chose pour leur peuple que les nationalistes, mais tombent dans d’autres erreurs, pour les mêmes raisons. Eux croient que le bonheur des hommes (des citoyens) passe par un système collectiviste et égalitariste, qui nécessite un État encore plus interventionniste donc encore plus totalitaire et encore plus oligarchique. Ils ne veulent pas seulement moins d’inégalités, comme les nationalistes, mais l’égalité partout, conception dénaturée de l’Égalité qui révèle néanmoins qu’ils voient en elle un principe fondamental. A la différence des nationalistes qui admirent les régimes forts qui répriment les mouvements sociaux (bien qu’ils ne soient pas eux-mêmes dépourvus d’une dimension sociale), l’admiration des communistes va d’instinct aux mouvements populaires qui luttent contre les tyrans et les oligarchies, alors que le communisme débouche toujours sur une nouvelle tyrannie. Il est plus facile de voir la paille dans l’œil du voisin que la poutre que l’on a dans le sien. En somme, la réalité du communisme est aux antipodes des espérances des communistes. Pourquoi ? Parce qu’eux non plus ne renversent pas Largent, mais font avec, en croyant qu’un État peut être plus fort que lui, ce qui peut être vrai à court terme mais au prix de toutes les libertés, donc de la prospérité ! Du reste, en ne remettant pas en cause le système monétaire, ils se condamnent à se soumettre à tout ou partie de ses règles et à contourner les autres en reproduisant inconsciemment certains de ses schémas. Déjà, conserver la monnaie interdit de raisonner suivant la logique sociale : la monnaie est faite pour incarner et conférer les droits, de sorte que les individus ont chacun des droits en fonction de la monnaie qu’ils ont, et non parce qu’ils sont citoyens. Et c’est précisément parce que les concepts de citoyenneté et d’Égalité sont vides de sens dans un système monétaire que les communistes s’appellent « camarades » et non pas « citoyens », c’est-à-dire qu’ils invoquent la fraternité et recourent au pathos pour masquer (à leurs propres yeux en premier lieu) qu’ils renoncent à l’Égalité et aux Principes de l’ordre social. Ils proclament : « De chacun selon ses moyens » et surtout « à chacun selon ses besoins ». Là encore le communisme révèle son caractère individualiste et matérialiste, typiquement capitaliste, dans le sens où il ne raisonne pas en termes de « citoyens » et de « droits du citoyen ». En fait, il perpétue la manie inculquée par le système monétaire de tout mesurer et de donner une valeur aux choses, en adoptant des critères plus justes en apparence. Mais un système ne peut mesurer ni les besoins ni la manière de les assouvir, qui varient d’un individu à un autre. Il s’ensuit qu’un système fondé sur le principe « à chacun selon ses besoins » définit lui-même les besoins des individus et leur impose de rentrer dans un moule : mêmes choses (biens et revenus), grosso modo, pour tout le monde. Mais ce système dogmatique qui exige un État fort à la fois pour être appliqué et parce qu’il ne suscite que des mécontents, est sclérosé à tous les niveaux, n’a aucun dynamisme économique et n’offre à partager que la misère. L’égalitarisme débouche toujours sur le nivellement par le bas. Ce qui tombe plutôt bien ! Le communisme, victime d’une illusion d’optique, observe des « classes » dans le système monétaire et prône la lutte des classes, les pauvres contre les riches, non pour qu’il n’y ait plus que des citoyens égaux, mais pour que, dans un renversement des rôles, les pauvres dominent les riches et se vengent d’eux, ce qui est une vue de l’esprit. Certes ! la minorité de riches peut être écrasée par la force brute des masses, mais, dans un système monétaire, la masse est et demeure pauvre, et les pauvres sont par définition exploités et dominés, que ce soit par des patrons ou par l’État : des pauvres ne gagnent rien à changer de maîtres sans changer de condition. Il est même interdit d’en changer sous peine de devenir « un ennemi du peuple » ! Que deviendrait le « paradis des prolétaires » sans prolétaires ? Ainsi, le communisme, avec son concept de « lutte des classes », ne vise pas à élever les prolétaires, qui sont maintenus dans une pauvreté dont ils doivent être fiers, mais à éradiquer les riches et la richesse. Enfin, à ce concept s’ajoute celui de « dictature du prolétariat », laquelle dictature ne peut être exercée que par une minorité, de sorte qu’une oligarchie « révolutionnaire » est appelée à remplacer l’oligarchie aristo-bourgeoise, ce qui n’est pas de nature à choquer des gens qui raisonnent en terme de « classes ». Résultat : un désastre. Des dizaines d’expériences : autant d’échecs. La faille du communisme est dans ses concepts. Les communistes sont plus profondément marqués par le système monétaire qu’ils ne le croient. Ils veulent d’instinct l’Égalité mais ne savent pas en quoi elle consiste, et ne peuvent pas le découvrir, car, pressés de changer les choses, ils ne voient pas au-delà des apparences et apportent autant de réponses réflexes qu’il y a de problèmes à leurs yeux, c’est-à-dire des réponses que le système monétaire dicte ou n’empêche pas de concevoir et qui sont autant d’attelles sur une jambe de bois. Le communisme qui se veut anticapitaliste surfe, en réalité, sur les préjugés monétaires et ne remet donc pas en cause la monnaie et le système monétaire qui sont indéniablement à la base du capitalisme. Alors qu’il sait que l’économie est le facteur déterminant dans une « société », il compte pour rien la monnaie qui est à l’évidence le paramètre central de l’économie et de toute chose dans un système monétaire… la monnaie qui n’est elle-même qu’une conséquence de Largent. C’est encore à juste titre qu’il parle de « superstructures » ; mais il s’arrête, dans ses analyses, au deuxième étage de l’édifice qui en compte cinq (système politique, système économique, système monétaire, monnaie et, au sommet, Largent). Matérialiste et athée, il reste terre-à-terre, le nez dans le guidon. Ainsi, au lieu de voir le ressort du capitalisme ou simplement la cause de l’exploitation dans Largent (qu’il ne conçoit pas), dans la monnaie ou seulement dans le système monétaire l’obstacle à l’Égalité, le communisme ne voit d’ennemi (à quoi ?) que dans le système polico-économique et surtout dans les hommes, d’abord dans certains hommes (commerçants, riches, patrons et gouvernants), puis dans tous les hommes (tous mécontents), et accouche donc de régimes égalitaristes et totalitaires qui, eux, ne reposent véritablement que sur quelques hommes qui les tiennent à bout de bras et d’une main de fer, jusqu’à leur épuisement et au retour en force de Largent qui n’a jamais été déraciné. Il serait temps que les communistes, qui croient être des révolutionnaires, comprennent que le communisme ne l’est pas et que, pour faire vraiment la Révolution, il faut changer de projet et de méthode.

Enfin, les jacobins ou républicains pensent que le bien du peuple dépend de bonnes lois qui ne peut être l’œuvre que du peuple lui-même et, de ce fait, prônent la démocratie, la démocratie au vrai sens du terme, c’est-à-dire un système dans lequel les lois sont sinon faites du moins ratifiées par le peuple. Différentes formes politiques et législatives peuvent être proposées dans ce but mais toutes procèdent de la même philosophie. En arrière plan de cette philosophie, le principe d’Égalité, incompatible avec le système monétaire, que les républicains invoquent donc vaguement ne pouvant en avoir une idée juste, et qu’ils transforment, au mieux, en « égalité des citoyens en devoirs et en droits » ou, pire, en « égalité devant la loi », formules aussi creuses l’une que l’autre vu que les droits dépendent de la monnaie et que, dans ces conditions, il n’y a ni de devoirs, ni citoyens ni société à proprement parler, ni aucune sorte d’égalité. Croire que la démocratie apportera l’Égalité ou moins d’inégalités est une vue de l’esprit, d’une part, parce que tant qu’un système n’est pas réellement égalitaire, il repose sur un principe inégalitaire, si bien que les inégalités se creusent par la force des choses, d’autre part, parce que le système actuel, étant monétaire, donc par nature inégalitaire et oligarchique voire ploutocratique, ne peut pas être démocratique. Autrement dit, la démocratie ne peut pas apporter l’Égalité, parce qu’il n’y a pas de démocratie possible dans l’inégalité, dans un système monétaire. Dès lors, tout attendre d’une réforme politique, dans un sens populaire, c’est se tromper sur la cause de ce qui est et de ce qui n’est pas. Toutefois, cette philosophie suppose une nation, un peuple et un pays, c’est-à-dire un cadre — à préserver — dans lequel les « citoyens » peuvent exercer la démocratie ; elle est donc intrinsèquement patriotique et anti-mondialiste, et instinctivement anti-capitaliste et anti-immigrationniste. C’est là le paradoxe des républicains : ils sont les plus cohérents en théorie, puisqu’ils défendent toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (nation, patriotisme, « justice sociale », démocratie) et s’opposent à toutes celles qui découlent de Largent et de la monnaie (inégalité, ploutocratie, capitalisme, euro-mondialisme, immigration), mais ils sont voués comme les autres à l’échec, car ils n’ont pas plus identifié leur véritable ennemi que cerné leur véritable but. Heureusement, le bon sens les préserve d’une certaine démagogie, mais leur aveuglement les détourne du combat prioritaire et les condamne, depuis deux siècles, à tourner en rond. Il serait temps qu’ils poussent les analyses jusqu’au bout, qu’ils comprennent ce qu’ils veulent et ce qui les empêche de l’atteindre.

La plupart des hommes aspirent grosso modo à la même chose (sécurité, confort, justice, pour eux, pour les leurs et tous les peuples) mais avec des sensibilités, des priorités et des obsessions différentes, si bien que, quoique relativement d’accord sur le but et non sur les moyens, ils finissent par se battre les uns contre les autres. Or, s’ils diffèrent quant aux moyens, c’est qu’ils ne voient pas dans la même chose l’obstacle qui les sépare du but, chaque obstacle dictant la méthode pour le franchir. Mais bien que l’histoire soit jalonnée de leurs échecs, tous défendent mordicus leur vision des choses ; tous pensent détenir la vérité ; pourtant tous ne peuvent avoir raison, et, de fait, tous se trompent ; tous commettent la même erreur ; tous tournent autour du pot et attaquent les obstacles qu’ils imaginent tels Don Quichotte chargeant les moulins à vent. Il est cependant irréfragable que Largent, après les avoir tous vaincus, règne aujourd’hui et que le capitalisme, chef d’œuvre du système monétaire, triomphe… et ce n’est certainement pas eux — qui tous, à leur manière, se veulent anticapitalistes — qui contesteront cette assertion. Cependant, aucun d’entre eux ne voit la source du capitalisme et du système monétaire dans Largent, ni dans Largent l’obstacle à l’Égalité, principe fondamental de l’ordre social, de sorte qu’aucun n’est capable de fermer le robinet. Quelques gauchistes envisagent bien d’abolir la monnaie, mais sur un mode individualiste et mondialiste, typiquement capitaliste, ne visant ni à instaurer l’Égalité dans le cadre d’une société, ni à anéantir Largent qu’ils n’ont pas plus identifié que les autres.

Ainsi, les capitalistes purs et durs, les profiteurs décomplexés du système monétaire, les larbins invétérés de Largent, sont non seulement les seuls à être pleinement satisfaits de la situation mais ils n’ont, de plus, rien à redouter de la part d’opposants qui ne saisissent pas le fond du problème et passent leur temps à courir après des leurres et à se déchirer entre eux. Pourtant ces derniers devraient avoir pour eux le nombre, qui peut faire basculer des élections, même dans un système faussement démocratique, et la force, à laquelle aucun gouvernement ne peut résister quand elle est bien utilisée. Mais pour qu’ils aient le nombre et la force ; ils doivent remplir deux conditions : 1) qu’ils cessent de se diviser, donc que chacun comprenne ses erreurs et fasse la part des choses entre le superflu et l’essentiel, 2) qu’ils se retrouvent sur un projet commun, répondant à leurs aspirations profondes, afin qu’ils rament tous non seulement dans le même sens mais encore dans le bon sens.

Les gauchistes doivent comprendre qu’il n’y a d’Égalité qu’en devoirs et en droits entre Citoyens ; qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, pas de devoirs hors de l’Égalité et de la société, pas d’Égalité et de Société sous Largent ; que la dignité de l’Homme est d’être l’égal de ses Concitoyens (une égalité qui se mérite) ; que ce n’est qu’avec leurs concitoyens, et pour leurs concitoyens, qu’ils peuvent et doivent changer les choses ; qu’ils sont eux-mêmes français,  « citoyens » de France, avant d’être hommes ; qu’ils pensent en français et ne peuvent agir (de manière légitime) qu’en France, donc pour eux et pour les Français, leur peuple ; que l’humanité, contrairement à la nation (société, pays, peuple), n’est qu’une abstraction sur laquelle aucune action ne peut s’appuyer et qui paralyse même toute action ; que leur individualisme, qui découle de Largent, conduit à l’universalisme et au mondialisme, concrètement à l’immigrationnisme et au sociétalisme, et ne sert, en définitive, que le capitalisme et les multinationales dans leur entreprise d’abrutissement, d’uniformisation et d’asservissement des hommes ; que ce qui fait un pays, c’est sa population, et que changer sa population, c’est changer le pays ; que, si l’immigration engendre une « société multiculturelle », c’est, d’une part, que les immigrés ont une autre culture, donc d’autres modes de pensée et d’autres intérêts que ceux des autochtones, d’autre part, que leur présence est massive et transforme le pays ; qu’un type de révolution correspond à l’évolution et aux besoins d’un pays, qu’il n’y a donc de révolution qu’au niveau national, que l’idée d’une révolution mondiale est contre-révolutionnaire ; que lorsque qu’un pays et un peuple sont prêts à franchir une étape historique, leur anéantissement est le seul moyen de les en empêcher ; que l’immigration est voulue et provoquée par le capitalisme non seulement pour faire du dumping social et détruire la nation mais aussi pour tuer dans l’œuf la révolution anticapitaliste (anti-monétaire) en gestation ; que, si défendre la nation n’est pas toujours le fait de révolutionnaires, contribuer à sa destruction est assurément celui d’anticapitalistes de pacotille ; que leurs ennemis ne sont pas leurs concitoyens qui défendent leur pays, mais ceux qui le détruisent ou contribuent à sa destruction ; bref que l’immigration est l’arme du capital contre les peuples, contre les nations, donc contre le social, car il n’y a pas de social sans national.

Les nationalistes, eux, doivent comprendre que la nation, c’est le peuple ; qu’aimer la nation, c’est aimer le peuple, qui est l’ensemble des citoyens ; qu’aimer le peuple, c’est le vouloir libre, c’est vouloir des concitoyens libres et égaux et voir en eux des frères d’arme, non des esclaves ou des maîtres, c’est donc œuvrer pour la Liberté et l’Égalité bien comprises ; que l’inégalité a pour corollaire un ordre oligarchique, intrinsèquement anti-populaire et antisocial et, par définition, anti-démocratique ; que leurs accents sociaux et populaires, parfois même démocratiques, sont incompatibles avec leurs conceptions inégalitaires et oligarchiques ; qu’ils prônent l’inégalité alors qu’ils défendent généralement toutes les notions consubstantielles à l’Égalité (nation, patriotisme, social, démocratie, non-ingérence) ; qu’ils rejettent plus l’idée fausse qu’ils se font de l’Égalité que l’Égalité en soi ; qu’ils croient, à tort, que celle-ci exclut l’ordre, la hiérarchie et les prérogatives, de sorte que, par un glissement sémantique, ils en viennent à cautionner la tyrannie, l’oligarchie et les privilèges ; que ceux qui voient dans un régime fort et oligarchique le moyen d’assurer l’ordre et le bien-être du peuple s’illusionnent et sont les dupes de ceux qui voient en lui le moyen d’obtenir ou de conserver des privilèges et, en eux, des marchepieds et de la chair à canon ; que, si un régime fort peut être social au début, la tyrannie gâte ses succès et fait bientôt soupirer après la Liberté ; que la ploutocratie est naturelle dans un système monétaire, et que toute autre forme d’oligarchie est artificielle et s’ajoute à la première le temps qu’elle reprenne l’exclusive ; que la seule façon d’échapper à la ploutocratie et à toutes les oligarchies est de sortir du système monétaire lui-même et d’instaurer un ordre égalitaire (à ne pas confondre avec « égalitariste ») ; que les régimes que les uns et les autres envisagent ont pour fonction de contrecarrer Largent mais sont monétaires, donc implicitement soumis à lui ; que, s’ils veulent lutter contre le capitalisme (course au profit, finance, spéculation, banques, dette, etc.) et toutes ses conséquences (matérialisme, égalitarisme, destruction de la nation, « Europe », immigration massive, etc.), ils doivent, en toute logique, dénoncer et lutter contre Largent, au nom de l’Égalité et de la Patrie ; bref, ils doivent comprendre qu’il n’y a pas de national sans social, pas de social dans l’inégalité et pas d’Égalité sous Largent.

Les communistes, de leur côté, doivent comprendre que nul n’est besoin de collectiviser les choses si l’on considère la nation comme une collectivité, les individus en général et les travailleurs en particulier comme des Citoyens, le travail comme un devoir envers la Société, et la production globale comme un produit commun auquel tout Citoyen a le droit d’accéder librement via le marché, chez les commerçants (comme aujourd’hui) ; que centraliser et répartir autoritairement le produit commun convient aux petites communautés mais n’a aucun sens dans un contexte d’abondance où cela exigerait en outre un État tyrannique, donc arbitraire, donc corrompu ; que l’idée que l’État répartisse la production, selon quelque critère que ce soit, est doublement incohérente si l’on conserve la monnaie qui est, entre les mains des individus, un moyen d’accéder au marché et de se répartir la production ;  que la propriété privée des moyens de production est fatale dans le système monétaire, puisque la monnaie sert à s’approprier, et ne pose problème que dans la mesure où, dans ce contexte, elle offre aux employeurs la possibilité d’exploiter les travailleurs, via les salaires ; que l’important est moins de savoir « qui possède l’outils de travail » que « qui paye les travailleurs » et « comment » ; que les travailleurs seront toujours relativement pauvres, donc exploités, dans un système monétaire, sous quelque régime que ce soit ; que les travailleurs sont avant tout des Citoyens, et l’entreprise, un cadre dans lequel ils remplissent un devoir envers la Société ; que le véritable salaire du travailleur, ce sont les droits du Citoyen, dont celui d’accéder librement au marché (droit conféré aujourd’hui par la monnaie, mais de manière limitée et inégale) ; que peu importe à qui appartiennent les moyens de production quand les Citoyens tiennent leurs droits de la Société et ne peuvent être exploités en tant que travailleurs ; que le concept de « lutte des classes » tourne l’attention des pauvres contre les riches et la détourne de Largent à l’origine des inégalités, de sorte qu’il ne résout pas le problème de fond mais condamne à un éternel recommencement qui, paradoxalement, semble valider ce concept et amène à cet autre concept, aussi absurde que révélateur, de « révolution permanente » ; que l’ennemi n’est pas dans les autres mais dans Largent, inculqué par la pratique de l’échange monétaire et niché dans l’esprit de tout un chacun ; que les profiteurs du système ne sont pas plus coupables que ceux qui en pâtissent en cautionnant son principe ; que toutes les lois humaines, toutes les organisations politiques ou économiques ne changeront rien fondamentalement tant que le mode d’échange, fixant les règles de base, sera, lui, inchangé ; que la seule manière de renverser le capitalisme et de chasser ses maux, sans en générer de pires, est de sortir du système monétaire et d’anéantir Largent ; que la seule manière d’anéantir Largent, c’est-à-dire la logique du troc, est de concevoir et d’instaurer un mode d’échange fondé sur la logique sociale, c’est-à-dire concentré sur les Devoirs et les Droits du Citoyen et non obsédé par la soi-disant valeur des choses ; que la monnaie est une étape intermédiaire et incontournable entre la petite communauté (qu’elle détruit par sa logique individualiste) et la société moderne (industrielle et informatisée), à laquelle elle n’est plus du tout adaptée (Demande trop faible par rapport à l’Offre) ; que, malgré les apparences, tout est aujourd’hui disposé pour renouer avec les Principes de l’ordre social, la monnaie étant le dernier obstacle, et un obstacle artificiel, entre ce qui est et ce qui doit être ; que l’apogée de Largent annonce paradoxalement sa chute prochaine, comme la dématérialisation de la monnaie précède fatalement sa disparition ; que le mode d’échange, dont tout dépend, sera l’enjeu de la prochaine révolution ou évolution révolutionnaire ; qu’il faut s’attacher à révolutionner l’essentiel et laisser le temps révolutionner le reste ; bref, les communistes doivent comprendre que le capitalisme et l’exploitation sont aux ordres de Largent et que tout combat autre que celui pour l’Égalité, contre Largent lui-même, n’est que circonvolutions et coups d’épée dans l’eau.

Enfin, les jacobins ou républicains doivent comprendre que l’Homme ne sera jamais au centre d’un système qui tourne autour de Largent qui occupe donc déjà la place et ne peut en occuper une autre ; que « justice », « démocratie », « patriotisme », « Égalité », « droits », « devoirs », « citoyens », « gauche », etc., sont des mots creux dans un système monétaire individualiste, inégalitaire, oligarchique et injuste par nature ; que ne pas remettre en cause ce système, sans même se poser la question, les condamne à revoir à la baisse leurs exigences, c’est-à-dire à renoncer à l’absolu des Principes au nom du Possible monétaire ; que ce pragmatisme n’est en réalité qu’une capitulation face à Largent ; que chercher à résoudre les problèmes tels que les pose le système monétaire qui les crée, c’est adopter et s’enfermer dans la logique de Largent au lieu de défendre la logique sociale et les droits du Citoyen ; que, dans un système inégalitaire, les inégalités se creusent avec le temps ; que, si les inégalités ne cessent de se creuser, c’est que le système est intrinsèquement inégalitaire ; que, puisque le système monétaire donne lieu à des inégalités croissantes, c’est qu’il est inégalitaire dans son principe (Largent) et que bidouillages financiers et réformes politiques n’y changeront rien ; que Largent n’est pas roi par hasard, mais parce que, croyant que les notion de valeur marchande et d’unité de valeur sont nécessaires pour échanger, les hommes lui font de fait allégeance et acceptent ses lois qui priment sur les leurs, qui intègrent la monnaie comme un paramètre de naturel ; que déplorer les inégalités (entre riches et pauvres) qui s’expriment en monnaie, sans dénoncer le système monétaire, ne vaut pas mieux que les cautionner ouvertement ; que le système monétaire est l’école du capitalisme et prodigue en soi un enseignement antisocial ; que rien ne peut contrer cet enseignement sinon un autre système fondé sur un autre mode d’échange, véhiculant d’autres concepts et d’autres principes ; qu’opposer à l’inégalité de la moraline et des cours d’éducation civique, c’est ignorer autant la nature et la cause de l’inégalité que celles de l’Égalité, et n’avoir rien à enseigner, sinon les erreurs qui perpétuent l’inégalité et Largent ; que l’échange est au cœur des rapports sociaux et de tout ce qui s’y rattache, de sorte que la nature de ceux-ci est conditionnée par cela ; que la monnaie, qui confère aujourd’hui le pouvoir d’achat, n’est autre chose que du droit et ne peut se répartir également ; que le pouvoir d’achat, loin d’être une question secondaire et bassement matérielle, est le cœur du problème, puisque c’est de lui que dépendent la plupart des droits et libertés, qui sont l’objet du combat social et politique ; que la véritable Égalité implique, en premier lieu, l’égalité des Citoyens dans le droit d’accéder au marché, droit conféré par la Citoyenneté elle-même et ne devant être assujetti à quelque unité que ce soit ; bref, les républicains doivent comprendre que, s’ils n’ont plus qu’un pas à faire, c’est toutefois un pas de géant, car il y a loin entre dénoncer les inégalités et lutter pour l’Égalité, entre invoquer le peuple et servir le peuple, entre réprouver la ploutocratie et être capable d’instaurer la démocratie, entre vilipender le capitalisme et menacer le capital, entre fustiger la finance et anéantir Largent.

On pourrait résumer ce que tous doivent comprendre par cette formule :

Pas de Révolution sans nation ;
Pas de national sans social ;
Pas de social sans société ;
Pas de Société hors Égalité ;
Pas d’Égalité sous Largent.

Ici pourrait s’achever ce texte. Mais il serait alors sans objet, du moins ne serait-il pas assez clair. L’union sacrée « universelle » contre le capital, contre Largent, a besoin d’un point de ralliement précis ; elle ne peut se faire que sur un projet simple et solide. Les approximations donnant lieu aux malentendus et aux divisions ne sont plus de mise quand la patrie est en danger de mort. Il faut mettre les points sur les « i ». Or le projet répondant aux aspirations profondes des uns et des autres, capable de réaliser le rêve commun, existe aujourd’hui ; il a pour nom « Le Civisme ».

Le Civisme ou théorie de la Cité part du Principe simple et irréfragable que des Citoyens doivent être égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce que celle-ci considère comme une participation, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité, qui résultent de la participation de tous. Pour profiter effectivement des bienfaits de leur Cité, dont une partie consiste en produits et services, un autre droit est reconnu aux Citoyens, celui d’accéder librement au marché. La Citoyenneté, qui implique de s’être acquitté des Devoirs du Citoyen, d’avoir contribué à sa prospérité, est donc la seule condition pour accéder au marché et en retirer ce que bon semble à chacun. Pour que les Citoyens puissent attester ainsi leur Citoyenneté auprès des commerçants et de toute entreprise, ils sont dotés d’une carte à puce dite « Carte civique », strictement personnelle, sécurisée de manière biométrique, qui, d’un point de vue technique, fonctionne et s’utilise comme les actuelles cartes de crédit, à la différence près qu’il n’y a plus de crédits sous quelque nom que ce soit. Dans la mesure où la Citoyenneté, qui ne se mesure pas, est la rémunération de toutes les formes de participation reconnues, et où les Citoyens peuvent accéder librement au marché, nul n’est besoin de monnaie pour rémunérer les Citoyens et rien n’a de prix au sens monétaire du terme. Autrement dit, la Cité n’est plus un système monétaire et son mode d’échange n’est plus fondé sur Largent (croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger). Dans ce mode d’échange, les objets sont secondaires ; le véritable échange à lieu entre le Citoyen et la Cité : accès au marché (droit) contre participation (devoir).

Il appartient bien sûr à chacun de choisir sa manière de participer à la vie de la Cité et de faire ce qu’il veut dans la mesure du possible. Il peut aussi en changer. L’important est qu’il s’acquitte de son Devoir. Ceux qui se refusent à participer à la vie de la Cité ne sont pas Citoyens et ne jouissent donc pas des Droits du Citoyen. Le cas est prévu, mais il est surtout théorique. Car s’il est concevable que des individus fuient (ou cherchent à fuir) un système oppressif tel que le nôtre aujourd’hui, personne n’est exploité dans la Cité et ne peut trouver mieux ailleurs. Tout le monde peut faire des études ; tous les Citoyens, quel que soit leur poste ou leur domaine d’activité, accèdent librement au marché ; et les retraités sont toujours Citoyens. La Demande est telle que l’Offre ne peut pas suivre et que le plein emploi est assuré. La Cité résout ainsi instantanément les problèmes actuellement insolubles de l’inégalité, du manque d’argent et du chômage, donc tous ceux, innombrables, qui en découlent. Le reste n’est qu’une question de volonté, volonté que Largent ne paralyse plus.

Sans doute faudrait-il entrer dans les détails pour mieux connaître le fonctionnement et comprendre les mécanismes de la Cité, et être convaincu de sa viabilité, mais cela nous conduirait trop loin et ne serait jamais assez pour ceux qui cherchent des prétextes pour renoncer aux Principes. Trois points méritent cependant une attention particulière.

Le premier est celui des échanges internationaux qui, semblant impossibles, condamnent a priori l’abolition de la monnaie dans un seul pays, ce qui conduit soit à vouloir faire la révolution au niveau mondial, soit à renoncer purement et simplement à cette entreprise. A ce sujet, le raisonnement courant est le suivant : « L’argent sert à acheter, donc un pays sans argent ne pourrait pas acheter et serait coupé du monde alors que des échanges sont vitaux ». Mais ce raisonnement oublie une chose : avant d’utiliser son argent, il faut le gagner. Or un pays qui ne connaît pas le chômage et produit de la qualité en quantité (Cf. Le Civisme) peut exporter, vendre et disposer ainsi d’un budget pour régler ses importations… La condition est que ce pays fonctionne comme une entité, que chaque partie serve le tout, c’est-à-dire que le produit financier des exportations réalisées par les entreprises ne soit pas regardé par elles comme leur propriété mais mis, pour ainsi dire, au pot commun. Et c’est le cas dans la Cité où les entreprises n’ont nul besoin d’argent (pour payer quoi ? qui ?) mais peuvent néanmoins avoir intérêt (autre que le profit) à exporter, voire y être incitées dans l’intérêt général, sans inconvénients pour elles et les Citoyens qu’elles emploient. Là encore, un approfondissement technique serait nécessaire, mais il apparaît déjà que ce sujet ne présente aucune difficulté insurmontable et ne constitue en rien un motif d’abandon et moins encore une raison de sombrer dans les délires de révolution mondiale qui ne peuvent servir que le capitalo-mondialisme.

Le deuxième point, non sans rapport avec le précédent, est celui de l’immigration et des délocalisations qui ont pour but — du moins pour justification première — de faire baisser le coût du travail et d’augmenter les profits. Mais ce but n’a de sens que dans un système monétaire. Dans la Cité, le travail d’un Citoyen coûte zéro : des immigrés ne peuvent pas coûter moins chers, il n’y a donc aucune raison d’en importer et d’en employer illégalement, et délocaliser coûterait plus cher dans tous les cas, ce qui anéantit la raison d’être des délocalisations. Par ailleurs, un Citoyen ne peut accéder au marché que s’il est reconnu en tant que tel et doté d’une Carte civique. Autrement dit, ce qui correspond aujourd’hui à la rémunération, au salaire, ne dépend plus de l’employeur mais de la Cité. L’immigration autre que légale n’a donc aucun intérêt ni pour les clandestins, qui n’ont rien à gagner et aucun moyen de subsister, ni pour les entreprises, qui n’ont aucune raison de les embaucher et aucun moyen de les payer, même mal. Faut-il ajouter que l’argument consistant à dire que « les pays occidentaux à la population déclinante ont besoin d’immigrés pour financer les retraites », déjà spécieux, ne tient plus du tout, ce qui démontre, si cela était encore nécessaire, que l’immigration est un phénomène lié au capitalisme et sera, pour le moins, maîtrisée dans la Cité ?

Enfin, dernière précision utile : la Cité ne confond pas les notions de « Citoyenneté » et de « Nationalité », et s’il n’a été question jusqu’à présent que de la première, c’est qu’il était question du mode d’échange, donc d’économie, domaine dont elle relève. Plus exactement, la Citoyenneté se mérite en participant à la vie économique et/ou sociale de la Cité et confère les droits dans ces mêmes domaines. La Nationalité, elle, confère les droits politiques, c’est-à-dire ceux qui permettent de participer à la formation et à l’application des lois ; elle s’obtient en prouvant que l’on mérite ces droits, que l’on est viscéralement attaché à la Cité, qu’on l’incarne personnellement et que l’on a à cœur de défendre son existence et ses intérêts. Il faut, pour y prétendre, satisfaire à des critères identitaires et, pour l’obtenir, accomplir un service national (tous les services contribuant d’une manière ou d’une autre à la défense de la nation). Dans la Cité, « pas de droit sans devoir, pas de devoir sans droit » n’est pas une vaine formule. Il est des devoirs obligatoires dont chacun doit s’acquitter pour être Citoyen et jouir des droits nécessaires au quotidien, et d’autres, facultatifs, dont seuls ceux qui les remplissent jouissent des droits qu’ils génèrent ou, du moins, dont ils sont la condition. Ainsi la Nation, constituée des Citoyens nationaux (ayant mérité la Nationalité), est un sous-ensemble de la Cité, constituée par l’ensemble des Citoyens. Observons qu’il n’y a ni droit du sol, ni droit du sang. La Nationalité est ouverte à tous ceux s’en montrent dignes : des Citoyens d’origine étrangère peuvent l’acquérir comme des autochtones, a priori mieux disposés, peuvent ne jamais y accéder et rester de simples Citoyens. Notons que les immigrés dont la présence a été autorisée et qui travaillent, qui participent donc à la vie de la Cité, sont pour le moins Citoyens et jouissent, de ce fait, de tous les droits du Citoyen, alors que, de nos jours, soit on ne leur accorde rien, pas même la citoyenneté, ce qui est injuste, soit on leur accorde trop, même la nationalité, ce qui est inepte.

La Cité est le projet le plus radicalement révolutionnaire, le plus radicalement anticapitaliste, le plus radicalement libéral, le plus radicalement égalitaire, le plus radicalement démocratique et le plus radicalement patriotique. Il est répond aux aspirations profondes de tous. Les gauchistes le comprendraient s’ils rejetaient les foutaises universalistes et renouaient avec la virilité ; s’ils revenaient sur terre et faisaient leur l’adage « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Les nationalistes le comprendraient si, au lieu d’accepter les impostures du système pour alimenter les leurs, ils en cherchaient le ressort afin de le briser ; s’ils se faisaient révolutionnaires au lieu de sombrer dans une vaine nostalgie. Les communistes le comprendraient s’ils attachaient plus de prix au réel et aux résultats qu’à des théories dépassées et pour le moins inopérantes ; s’ils cherchaient davantage à bâtir la Société qu’à s’opposer aux capitalistes qu’ils sont eux-mêmes. Les républicains le comprendraient s’ils cessaient de se payer de mots creux et allaient au cœur des choses ; s’ils ajoutaient à leurs bonnes dispositions un peu de cohérence et de courage. Enfin, tous marcheraient comme un seul homme sous la bannière du Civisme s’ils comprenaient qu’ils n’ont qu’un seul et même ennemi : Largent, qui ne peut être combattu qu’au nom de l’Égalité, et vaincu qu’au niveau national.

Et ils le comprendront… tôt ou tard, de gré ou de force. S’ils ne vont pas à la révolution, la révolution viendra à eux.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !
Vive la France !

Philippe Landeux
8 juin 2016

04:23 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |