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jeudi, 31 mars 2016

THÉORIES A-MONÉTAIRES : MOCICA & AUTRES FUMISTERIES

Avant propos

Ayant élaboré la théorie appelée « Le Civisme », qui explique pourquoi et comment anéantir Largent (c’est-à-dire la croyance, issue du troc, que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger) au niveau national, dans les pays occidentalisés, j’ai été amené à m’intéresser aux projets ayant en apparence le même but, c’est-à-dire proposant des systèmes sans monnaie, projets dont j’ignorais au départ l’existence. Je rappelle que j’ai mis le doigt sur l’idée clé du Civisme (Un Citoyen a le droit d’accéder au marché de la Cité parce qu’il est Citoyen), à Paris, en décembre 1997, époque à laquelle Internet n’en était qu’à ses balbutiements… Je n’avais d’ailleurs même pas d’ordinateur… C’est pour écrire ma théorie (baptisée alors SDT, Société du Travail) que j’ai acheté mon premier portable en 1998. Je veux dire par-là que, si je me doutais bien que d’autres avaient remis en cause la monnaie, j’étais malgré tout complètement isolé et que j’ai conçu le Civisme sans aucun apport extérieur, sans subir aucune influence.

Ce n’est qu’en mai 2002 que j’ai entendu parler pour la première fois de la théorie de l’Économie distributive (datant des années 1930), qui prône le remplacement de la monnaie par des crédits attribués par l’État, et en octobre de la même année que quelqu’un me signala la théorie antimonétiste, dont l’ouvrage de référence, L’idéal de la prochaine société, prétentieuses et humbles solutions, avait été publié confidentiellement à Lyon, en mai 1997. Cette dernière théorie était la première, à ma connaissance, à remettre non seulement en cause l’existence de la monnaie mais encore à prôner, comme le Civisme, l’usage de cartes à puce pour accéder au marché. C’est cette similitude qui fait parfois dire à certains que le Civisme est inspiré par l’antimonétisme. Mais outre que cela est impossible pour des raisons pratiques, cela n’a aucun sens tant l’esprit de ces deux théories, sans même parler de leurs formes, est radicalement différent. Leurs noms mêmes révèlent des démarches opposées. « Antimonétisme » (nom ridicule s’il en est) est négatif ; il s’agit d’être contre la monnaie (pas besoin d’inventer un autre mot) ; on est moins dans la proposition intelligente que dans l’opposition systématique, dogmatique, sectaire et au final ridicule, exactement comme les « antifas » que les auteurs sont eux-mêmes, sans surprise. Alors que « Civisme » est en soi positif ; il s’agit d’être pour quelque chose, en l’occurrence pour l’Égalité, c’est-à-dire l’égalité des Citoyens en devoirs et en droits, d’où la renaissance du sens civique, autrement dit du patriotisme, l’abolition de la monnaie n’étant que la conséquence de la mise en place d’un mode d’échange fondé sur les Principes de l’ordre social retrouvés et clairement posés.

Le patriotisme — défendre son peuple et vouloir faire la Révolution dans son pays — est, en apparence, ce qui distingue le Civisme de toutes les autres théories, et ce que les autres — qui se voient faire la Révolution dans le monde avant d’avoir fait quoi que ce soit chez eux — lui reprochent en premier lieu comme un crime absolu. Mais cette question, finalement secondaire, n’est que le symptôme d’une divergence idéologique (et méthodologique) beaucoup plus profonde, qui fait du Civisme une théorie à part, effectivement incompatible avec toutes les autres qui, elles, ne diffèrent les unes des autres qu’à la marge.

Comment ai-je pu élaborer une théorie aussi unique que le Civisme — qui peut être aussi considérée comme celle du patriotisme intégral ? Je ne sais pas. Sans doute en raison de mon caractère particulier. Le fait est que je n’ai même plus besoin de connaître les autres théories pour savoir qu’elles sont toutes conçues dans le même esprit et proposent toutes, à quelques détails près, la même chose. Quelques mots suffisent à me le confirmer. Et la dernière que l’on m’a opposé comme une théorie bien supérieure au Civisme a pour nom « Mocica ». C’est ce qui m’a décidé à en faire la critique et, de fil en aiguille, à signaler, comparer et critiquer toutes les théories anti-monétaires que je connais (il doit en exister d’autres).

 

Introduction

Le projet Mocica n’est que la énième version du projet Zeitgeist ou Vénus et autres théories du même tonneau : antimonétisme, désargence, etc. Toutes ces théories, si on peut parler de théorie à propos d’idées aussi brouillonnes, incohérentes et angéliques, sont mondialistes, universalistes, sans-frontiéristes, droits-de-l’hommistes, etc. Elles prétextent le fait que l’argent soit universel pour exiger de le renverser au niveau mondial, alors que c’est parce que Largent nous inculque l’individualisme, sur lequel joue le capitalisme pour abattre les frontières, détruire les nations, constituer un marché mondial sans obstacle, c’est parce que le mondialisme, revers de l’individualisme, est déjà prôné par le capitalisme qu’elles l’ont intégré, qu’elles sont elles-mêmes mondialistes et débitent tous les poncifs capitalo-gauchistes. (« L'argent induit un moteur planétaire qui a précisément les effets opposés : l'individualisme… » Mocica, p. 3. Où comment prendre un effet pour la cause et vice versa !) Autrement dit, elles expriment, avec des arguments plus séduisants et surtout à coup de pathos, l’idéologie capitaliste. (On constate que leurs partisans sont aussi adeptes de toutes les mesures sociétalistes qui ne sont jamais que le capitalisme en suppositoire ; ils dénoncent d’un côté ce qu’ils valident systématiquement de l’autre pour peu que les choses leurs soient présentées dans un emballage convenable à leurs yeux. Ex : « Le statut de vie commune s’ouvrit aussitôt à d’autres compositions de nombre et de genre que le classique couple homme-femme. » Le porte-monnaie (désargence), p. 112) Elles ne renverseront jamais Largent car elles sont une de ses expressions. Voilà ce que l’on peut comprendre par la simple dialectique.

Mais y regarder de plus près ne fait que confirmer ce constat général. Pour commencer, il n’y a ni analyses ni véritable projet ; cette théorie — et celles du même genre — n’est qu’une suite d’observations, de remarques (parfois judicieuses), d’incantations, de protestations de bonnes intentions, d’appels à la vertu, de sophismes, de contradictions, d’inepties. Tout le projet Mocica se résume en une phrase : Abolition de la monnaie ou plutôt renoncement à l’usage de la monnaie dans le monde…. à un instant T, à l’unanimité des êtres humains. « Le Jour J, nous n'utiliserons plus aucun moyen de paiement : carte bleue, virement, prélèvement, monnaie, billets, chèque. » (Mocica, p. 7) (Dans la théorie antimonétiste, tout tient dans la phrase : « Qu’est-ce qu’une société antimonétiste ? C’est une société qui n’utilise pas de monnaie. » L’idéal de la prochaine société, p. 39) Voilà tout le “projet” Mocica et ceux du même genre. Le reste ne sert qu’à étoffer pour cacher la faiblesse conceptuelle de la chose, en imposer à ceux auxquels la niaiserie d’un tel projet échappe. Aucune analyse sérieuse de l’origine de la monnaie, de sa nature, de ses propriétés, de ses conséquences (certaines sont évoquées, mais pas les plus importantes) ; rien non plus de sérieux sur Largent, sur la notion de valeur marchande (en particulier sur sa nature antisociale), sur les propriétés d’un moyen d’échange ; rien non plus sur ce qu’est ou doit être une société, sur les Principes de l’ordre social, sur la Citoyenneté, les devoirs et les droits du Citoyen. La monnaie doit être abolie parce qu’elle est perçue vaguement, quoique à juste titre, comme quelque chose de négatif, pas comme une hérésie d’un point de vue social. Le but n’est pas d’asseoir la société sur ses Principes (qui n’ont pas été définis et qui ne sont pas même sentis) mais de permettre à leurs adeptes, qui prennent leurs désirs pour la réalité, de donner libre cours à leurs penchants : individualisme, universalisme, rejet de toute autorité, de toute contrainte, angélisme, naïveté, sensibilité, bonté et tolérance poussées jusqu’à la bêtise et au sectarisme. La possibilité d’abandonner la monnaie au niveau mondial ne se discute pas, ce n’est qu’une formalité ; et une fois la monnaie abandonnée, tout roulera comme sur des roulettes par l’opération du Saint-Esprit. Les bonnes intentions et les affirmations gratuites suppléent toute réflexion, et quiconque doute que les choses puissent être aussi simples et fait preuve d’un peu plus de rigueur, de réalisme et de pragmatisme en vue de renverser le système monétaire dans son pays et d’en empêcher toute résurrection est, malgré tout, un ignoble fasciste !

Une révolution mondiale

Pour que l’on ne croit pas que j’exagère, je vais citer quelques extraits :

« L'objectif est d'atteindre une majorité suffisante de citoyens à travers le monde et d'assurer par la même occasion tous nos fondamentaux avant de décider le même jour comme un seul homme de ne plus se servir du système monétaire sous toutes ses formes : billets, carte bleue, chéquier, monnaies, virement. […] Même si seule la zone Euro par exemple arrêtait du jour au lendemain d'utiliser sa monnaie, cela suffirait à faire basculer le système tout entier. Mais cette décision doit être plus globale, et représenter celui d'une majorité d'individus. Tous les membres [les humains] voteront ensemble pour décider quand passer à l'étape suivante. Nous pensons que 51% ne devraient pas suffire à adopter ce genre de décision et souhaiterions conclure cet accord pour un choix représentatif de 95% des membres. Chacun donnera donc son accord jusqu'à arriver au moins à cette proportion-là. Nous ne pouvons que le faire de cette manière-là, dans une simultanéité. Et nous devons préalablement nous regrouper. Aucun gouvernement ne prendra cette décision bien évidemment, et commencer par petites touches au niveau du globe en espérant une diffusion progressive sera trop lent ou ne marchera pas, le système monétaire ne le rendra pas viable. » (Mocica, p. 7) — Même tendance et exigence mondialistes dans la théorie antimonétiste : « Le monde, c’est vous multiplié par six milliards. Vous croyez qu’il est impossible d’unifier le monde ? Le réseau Internet, ainsi que tous les autres moyens de communication permettront l’ouverture d’esprit des humains. » (L’idéal de la prochaine société, p. 50) Projet Vénus et Désargence, même combat !

Il s’agit donc bien, pour Mocica, d’abandonner la monnaie au niveau mondial avec l’accord de 95 % des êtres humains, rien que ça ! Seul un débile peut ne pas voir la débilité d’un pareil projet ! L’abandon de la monnaie ne peut intervenir que dans les pays dont l’évolution a rendu son abolition possible techniquement et concevable intellectuellement. Ce n’est pas parce que la monnaie est partout un fléau que tous les hommes dans tous les pays sont prêts à y renoncer. Certains hommes dans certains pays y sont ou y seront fatalement plus disposés que d’autres. Mais non ! Mocica exige une consultation universelle et une majorité de 95 %. Jamais une telle consultation (organisée par qui ?) et une telle unanimité ne seront possibles. Pire ! Comme il serait injuste que 51 % imposent leur volonté aux 49 %, les 49 % et même 6 % seulement peuvent imposer la leur (celle qui est l’objet d’exécration) à l’immense majorité. Étrange conception de la justice, n’est-il pas ? Et s’il advenait qu’un peuple ait le courage et l’occasion d’abolir la monnaie en son sein, il devrait s’abstenir et attendre que les autres y soient prêts à leur tour ! Heureusement les choses ne fonctionnent pas, n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais comme cela. Quand un peuple est prêt pour une révolution, il la fait sans attendre ni consulter les autres… Différer serait risquer de manquer l’occasion… Il n’a d’ailleurs pas le choix ! Il n’y a bien qu’un gauchiste pour croire que les peuples peuvent faire la révolution à volonté et que toute l’humanité vibre au diapason. En fait, exiger l’unanimité pour abolir la monnaie quelque part est une façon d’interdire aux peuples de faire cette révolution chez eux et pour eux, de détourner les hommes de lutter pour le bonheur de leur peuple sous prétexte qu’ils doivent penser d’abord à l’humanité tout entière ! Il n’y a pas plus contre-révolutionnaire comme idée ! Mais, comme je l’ai montré plus haut, un gauchiste est un capitaliste qui s’ignore ; il est révolutionnairement contre-révolutionnaire. Il ne fait aucun doute que, en cas de révolution authentiquement anticapitaliste, il serait le premier à combattre, du moins à s’opposer aux révolutionnaires, aux patriotes, au nom de l’antifascisme, se rangeant ainsi, comme par hasard, dans le camp du capitalisme.

Il est vrai, cependant, que ce type de révolution ne peut se faire à une échelle trop petite. Le Civisme explique que cette révolution consistera à doter les Citoyens de cartes à puce leur permettant d’attester leur citoyenneté (impliquant le devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation) et, par suite, d’accéder librement au marché. Autrement dit, la révolution reposera sur l’électricité et l’informatique (fonctionnement des cartes) et exigera une capacité de production de masse, donc une industrie développée (pour répondre à la Demande très forte). Les petites communautés n’ont pas assez de potentiel et de ressources pour se doter par leurs propres moyens de ces infrastructures indispensables ; ce potentiel et ces ressources n’existent souvent qu’au niveau national (au mieux régional). C’est donc au niveau national que la révolution devient possible, étant par ailleurs impossible aux échelles moindres (faute de capacités) ou supérieures (faute de concert).

Le Civisme explique, également, comment une Cité, fonctionnant sans monnaie, pourra entretenir des échanges internationaux avec les pays restés monétaires, ôtant une fois de plus tout prétexte à l’idée absurde d’abolir la monnaie au niveau mondial. La Cité produira, exportera, vendra ses produits (ou les échangera ou les donnera à l’occasion) et constituera un budget national avec lequel elle payera ses importations. Rien de sorcier ! Et comme cette révolution interviendra dans un pays développé et puissant, à un moment où tous les pays seront confrontés à une crise financière insoluble, tous les pays qui pourront suivre son exemple le suivront. Mais Mocica affirme que « commencer par petites touches au niveau du globe en espérant une diffusion progressive sera trop lent ou ne marchera pas, le système monétaire ne le rendra pas viable ». « Au niveau du globe » Parler de peuples, de nations ou de pays leur écorcherait la bouche ! Passons ! « Une diffusion progressive sera trop lent » Trop lent par rapport à quoi ? Qu’un peuple parvienne à abolir la monnaie serait la plus grande révolution de toute l’histoire de l’humanité ! Cela ferait nécessairement des émules. Pas assez vite au goût de Mocica ! « ou ne marchera pas » Comptons sur Mocica et ses brillantes analyses pour indiquer ce qui marchera ou non !

Du mondialisme au localisme

L’Antimonétisme, qui est tout aussi mondialiste et qui ne comprend pas, lui non plus, que c’est l’évolution et la technologie moderne qui permettent d’envisager sérieusement l’abolition de la monnaie, tombe, lui, dans le piège de vouloir expérimenter son système à petite échelle, c’est-à-dire à une échelle incapable de générer par elle-même la technologie moderne nécessaire, à une échelle qui condamne comme elle avait condamné jusque-là à l’artisanat, au troc et au système monétaire, bref à une échelle à laquelle toute expérience anti-monétaire serait inévitablement un échec, échec qui ne prouverait pas en soi que l’antimonétisme ne peut pas fonctionner à grande échelle, mais simplement que ses théoriciens ont scié la branche sur laquelle ils sont assis et sont bien les crétins que je dis.

« Il faut déjà expérimenter le système antimonétiste, unir des gens volontaires, regrouper au sein d’une ville plus ou moins autosuffisante, et voir si l’antimonétisme est une connerie ou une solution durable. » (p. 50) « Ordre à suivre pour construire la civilisation antimonétiste : construire un village, le plus autosuffisant possible, le transformer progressivement en ville, et, logiquement, si tout fonctionne, la jalousie des membres de l’ancien monde leur fera abandonner leur système (comme l’a été le monde capitaliste pour les régimes communistes). » (p. 127)

Et quand je dis que ces théories, loin d’être l’aboutissement des évolutions en cours, donc de proposer la phase suivante de l’évolution, conduiraient à une régression, à un retour en arrière, à l’économie locale de petite échelle, à l’artisanat, au troc et à la monnaie, à un rejet et un sabordage de la technologie moderne, ceci est déjà implicitement contenu dans l’idée de ne rien imposer à personne (tout s’arrêterait instantanément, contrairement aux illusions, condamnant chacun au système D) et explicitement par l’Antimonétisme qui, par l’exemple des vêtements, tous « faits à la main », révèle le fond de sa pensée.

« Vêtement neufs, faits à la main (pas de chômage possible), non issus d’une chaîne (différents de ceux du voisin), puisque le mot d’ordre est « la qualité du travail ». Vêtements en nombre suffisant puisque le nombre n’est pas fonction du prix de vente. » (L’idéal de la prochaine société (antimonétisme), p. 47)

Ces théories, qui ne marchent même pas sur le papier, condamnent sinon en théorie du moins en pratique toute industrie, alors que, dans le même temps, elles imaginent des robots partout. Elles ne mesurent pas la complexité de la civilisation occidentale moderne, qui exige que chacun soit à sa place et fasse son travail (par plaisir ou par besoin financier), et ne comprennent pas ou ne veulent pas voir que, sans une contrainte sociale (à la place des contraintes monétaires) pour que chacun occupe son poste, plus rien ne tournerait. Ha ! elles remplacent les hommes par des machines autant qu’il est possible et nécessaire… (« Dans un monde antimonétiste, il n’y a plus que le travail intelligent, parce que le travail idiot ou nuisible à la santé est remplacé par le travail des machines… » p. 45) Facile à dire ! Qui fabriquerait ces machines si la chaîne de production était bloquée en mille endroits, comme il adviendrait fatalement ? Même ceux qui voudraient continuer à travailler n’en auraient plus les moyens… Ils n’auraient peut-être même plus les moyens de se rendre sur leur lieu de travail… Au fond, toutes ces théories pressentent cette situation mais préfèrent l’occulter et valoriser soudain la production locale et artisanale… c’est-à-dire l’exact opposé de ce qu’elles claironnent par ailleurs : mondialisme et moindre effort. Il est en effet bien connu que moissonner un champ à la faux, laver le linge à la main ou tricoter des pulls à longueur de journée est plus noble, moins fatiguant, aussi rapide et productif que recourir à des machines ! Vous ne pensez pas ? C’est pourtant ce que ces théories essayent de fourguer en douce ! Et tout, chez elles, est du même acabit. Enfin, tout cela pour dire que la Révolution ne pourra se faire ni au niveau mondial, ni à petite échelle, et devra tourner la technologie moderne contre Largent au lieu d’y renoncer, ce qui est du reste impossible (à moins d’un cataclysme), ce qui prouve en soi que ces théories ne vont pas dans le sens de l’Histoire et ne seront donc jamais appliquées, qu’elles ne bâtissent rien de plus que des châteaux vermoulus en Espagne. Il me faut d’ailleurs signaler clairement que c’est l’industrialisation et la production de masse qui permettent enfin d’envisager un accès libre au marché, donc la suppression de la monnaie… et qu’un retour à l’artisanat et à une production faible, en rendant l’accès libre aussi inutile qu’impraticable, condamneraient à rester ou à revenir au système monétaire. En somme, toutes ces théories qui apparaissent grâce à la technologie moderne — comme l’atteste leur multiplication depuis quelque temps — ne se rendent compte ni de ce qu’elles lui doivent ni qu’en détruisant (volontairement ou non) ses conditions elles anéantiraient leurs propres rêves.

Plus de monnaie, et c’est tout

Une autre erreur fondamentale de Mocica et de toutes les théories du même genre est de vouloir se contenter de renoncer à l’usage de la monnaie et, 1) d’ignorer que la monnaie n’est qu’une conséquence de ce que le Civisme appelle « Largent », 2) de croire que cela anéantirait le système monétaire ou l’empêcherait de renaître. Toutes ces théories, comme l’indique souvent leurs noms (antimonétiste, désargence), focalisent sur la monnaie qui est seulement le moyen d’échange qui découle de Largent. Bien sûr, elles déclarent qu’une fois la monnaie abolie, les hommes ne feront plus non plus de troc, qu’ils n’échangeront plus leur travail ou leurs produits mais les donneront, qu’ils travailleront pour rien, pour le plaisir ou par conscience. Cette conception des choses, d’une naïveté sidérante, est celle de gauchistes allergiques à toute notion de devoir et, plus important encore, confondant la monnaie avec la notion de valeur marchande, c’est-à-dire n’ayant pas identifié Largent comme un élément à part. Bien sûr, ils comprennent que l’échange monétaire et le troc reposent sur la notion de valeur, d’où leur volonté de proscrire l’un et l’autre, d’un coup de baguette magique. Mais ils ne voient que la monnaie que les hommes ont dans les mains, pas Largent qu’ils ont dans la tête. Ils croient qu’en supprimant le moyen d’échange qu’est la monnaie tout sera réglé, alors qu’ils n’auront pas extirpé la racine du mal et qu’ils auront même créé un vide qui poussera les hommes à revenir à la seule solution qu’ils conçoivent, c’est-à-dire à un mode d’échange fondé sur la notion de valeur marchande (troc ou monnaie). C’est là la différence fondamentale avec le Civisme qui prône l’institution de Cartes civiques — servant à attester la Citoyenneté de leur porteur (la Citoyenneté devant se mériter par l’accomplissement de devoirs) — qui remplaceront les cartes de crédit (dont elles seront l’évolution), et qui, du fait que les Citoyens les utiliseront (pour accéder librement au marché), inculqueront à ces derniers tous les Principes, concepts et valeurs qu’elles véhiculent, notamment une conception de l’échange qui éradiquera de facto celle qui découle de Largent. Le Civisme utilise contre Largent les propriétés du moyen d’échange, démontrées par la monnaie. Seul un moyen d’échange, autre que la monnaie, peut opérer la révolution anti-monétaire et égalitaire. Supprimer la monnaie et s’en remettre à la politique, à l’éducation, à la bonne volonté des hommes pour ne pas revenir à un mode d’échange fondé sur la notion de valeur marchande, alors qu’aucun autre modèle ne leur est fourni, est à la fois la marque de ceux qui n’ont pas trouvé de véritable solution au problème de la monnaie et en sont réduits aux incantations, et qui, en même temps, comptent sur leur idéologie pour résoudre un problème qui, justement, implique de sortir de tous les carcans idéologiques ; de ceux, donc, qui n’ont guère réfléchi et, pire, s’en dispensent.  

Pas de devoirs

La preuve, d’ailleurs, qu’il est impossible d’anéantir Largent sans remplacer la monnaie par un autre moyen d’échange, c’est que ceux qui proposent simplement de supprimer la monnaie sont toujours eux-mêmes sous l’influence de Largent. Certes, ils dénoncent la monnaie… mais la monnaie n’est que la partie visible de l’iceberg. Largent (la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger) vient du troc, c’est-à-dire de l’échange d’objets entre individus, c’est-à-dire d’un mode d’échange fondamentalement individualiste, matérialistes et asocial (sans dimension sociale et au final antisocial). Or tous ceux qui proposent les théories en question sont, eux aussi, fondamentalement individualistes (mondialistes, sans-frontiéristes, immigrationnistes, anti-nations, anti-peuples) et asociaux, dans le sens où ils n’ont aucune analyse sérieuse de ce qu’est et doit être une Société digne de ce nom, d’où elle vient, quels sont les rapports entre Citoyens qui doivent en découler, quels sont leurs Devoirs, leurs Droits, etc. Pour eux, l’individu et l’humanité priment tout, même si cela n’a absolument aucun sens, aucune portée concrète, et ne sert même qu’à détruire, puisqu’on ne peut rien construire avec. Si l’individu a droit à tout sans devoir rien à personne (un devoir n’est pas le fait de faire quelque chose pour les autres, selon son bon plaisir, mais d’avoir l’obligation de faire pour eux une certaine chose), il n’y a pas de société et, au final, il n’y a pas non plus de droits, dans la mesure où il n’y a personne pour les reconnaître, les générer et les garantir. (« Le fondement d'une société d'avenir est l'ouverture aux autres, l'esprit de solidarité, de communauté, d'équité et d'unité. » Mocica, p. 3. Où comment s’affranchir des réalités à coup de baratin !) On ne s’étonnera pas, après cela, de ne pas trouver une seule fois le mot « Égalité » (Principe fondamental de l’ordre social) dans Mocica, pas plus que ceux de « devoirs » ou de « droits » (sauf dans une citation) ; et si on les y trouvait, ils sonneraient creux, comme dans cet unique usage du mot « devoir » :

« L'interdiction de faire ne serait valable que lorsqu'elle concerne la Liberté de l'Individu et la protection de sa Planète. L'obligation de faire ne serait jamais acceptable, sauf dans le cas d'un devoir fondamental : la protection de l'Individu et de sa Planète. » (Mocica, p. 12)

Vu que chacun fait ce qu’il veut et qu’il n’y a aucune autorité (en théorie), on se demande bien qui, de toute façon, pourrait faire respecter cette interdiction et cette obligation insipides. Cet exemple, parmi tant d’autres possibles, illustre bien à quel point Mocica (et les autres) focalise sur l’individu, lequel est dispensé de toute obligation et ne peut donc faire société avec les individus qui l’entourent. Si la société n’a pas de droit sur l’individu qui n’a lui-même aucun devoir envers elle, il n’y a pas de Société, il n’y a pas de Citoyen, il n’y a pas de Citoyens égaux en devoirs et en droits, il n’y a pas d’Égalité, il n’y a pas de production… il n’y a rien à consommer, échanger, partager ou distribuer. A titre de comparaison, voici les articles 3, 4a et 4b du Contrat social de la Cité proposé par le Civisme :

« Art. 3 — La Cité ne peut admettre en son sein que des individus qui, sans en faire encore partie, ne lui manquent pas de respect et respectent déjà les Droits qu’elle reconnaît aux hommes en général et à ses Citoyens en particulier. Tout individu, pour devenir Citoyen, et tout Citoyen, pour le demeurer, a en outre les Devoirs de se soumettre aux lois de la Cité, de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, d’être solidaire de ses Concitoyens et de défendre la Cité. 

« Art. 4a — Tous les Citoyens remplissant les mêmes Devoirs envers la Cité, la Cité a, elle, les Devoirs de faire profiter chacun d’eux de tous ses bienfaits (fruits de leur participation), de garantir autant que possible la sécurité de leur personne et de leurs biens, d’assurer leur liberté physique et morale, en un mot de répondre de son mieux à leurs aspirations légitimes.

« Art. 4b — Le Droit de profiter des bienfaits de la Cité implique, pour tout Citoyen, le Droit d’accéder au marché du fait même d’être Citoyen. Les biens retirés du marché par l’exercice de ce Droit deviennent les propriétés privées légitimes des Citoyens. Ce Droit d’accès, conféré par la Citoyenneté, théoriquement illimité et donc égal pour tous les Citoyens, est naturellement borné par les envies du Citoyen, par l'exercice de ce même Droit par les autres Citoyens, par la nature des choses et au besoin par la loi. » (Le Civisme, p. 56) — C’est en se basant sur cet article que le Civisme propose que la Cité dote ses Citoyens d’une carte à puce leur permettant d’attester leur Citoyenneté et d’accéder librement au marché. Mais la notion de carte n’apparaît pas ici car d’autres moyens peuvent être imaginés pour appliquer le même Principe.

L’Antimonétisme

Ici, je me dois de signaler l’originalité de l’Antimonétisme qui prône lui aussi l’utilisation de cartes à puce, mais dans un tout autre esprit que le Civisme et toujours dans un charabia pathétique :

« Vous apportez votre travail à la société, et la société, par réciprocité, vous apporte ce dont vous avez besoin (quel que soit votre travail, quelle que soit votre force physique ou quelle que soit votre force mentale). (p. 41) Matin : vous vous levez à l’horaire qui vous sied, puisqu’en accord avec votre contrat de travail, vous avez fixé vos objectifs. (p. 47) Le producteur de biens ou services se fixera lui-même son plan de travail, en prenant en compte les besoins de la société. S’il décide de ne pas travailler, honte pour lui, mais pour pallier ce problème, l’humain doit prendre en compte la responsabilité de son travail. Chaque article produit par lui portera sa signature. S’il veut qu’à son nom soit assimilé un mauvais article, libre à lui, car les demandeurs, s’ils ne sont pas satisfaits, choisiront un autre producteur. (p. 121) Vous vous  rendez (ou un service à domicile lors d’un handicap) chez le boulanger [par exemple. Ndla], vous demandez le pain de votre choix, vous présentez votre carte à puce (chargée de confirmer votre appartenance à la civilisation Anti-Monétiste, ainsi que de “nourrir” des statistiques qui aident à la logistique des besoins) et le boulanger vous donne le pain de votre choix. (p. 48) Quelle est la meilleur mémoire non humaine (donc artificielle) qui pourrait servir de preuve impartiale à l’appartenance au système ? Cette mémoire artificielle existe depuis quelque temps : c’est la carte à puce. (p. 113) » (L’idéal de la prochaine société)

Voilà tout ce que l’Antimonétisme consacre au moyen et mode d’échange du système antimonétiste, c’est-à-dire au point essentiel d’une théorie visant à supprimer la monnaie. Sans doute peut-on juger par-là du manque de sérieux et de rigueur de cette théorie ! Passons ! A quoi sert donc cette carte ? A attester l’appartenance de son porteur à la civilisation antimonétiste, afin de l’autoriser à accéder librement au marché. Sur la question de l’accès au marché, c’est-à-dire du droit d’accéder au marché, elle a la même fonction que la Carte civique. C’est en amont que tout est différent ; c’est la justification de la jouissance de ce droit qui diffère fondamentalement. L’appartenance à la civilisation antimonétiste est un concept vide comme l’est aujourd’hui la citoyenneté. Cela n’implique pas, comme dans le Civisme, le devoir de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, c’est-à-dire d’avoir contribué d’une manière ou d’une autre à la production sur laquelle s’exerce le droit d’accès (libre et donc égal pour tous les Citoyens), mais d’avoir été admis par des « sages », sur des critères moraux (toujours la moraline), à faire partie de ladite civilisation.

« Créer un examen d’entrée qui prouve que la civilisation antimonétiste n’est pas menacée par une nouvelle arrivée ? Qu’est-ce qu’un esprit pur ? La pureté existe-t-elle ? La pureté, c’est l’honnêteté, quoi qu’il arrive. L’honnêteté est basée sur l’honneur. L’honneur est le sentiment positif de la dignité morale. La dignité morale, c’est l’obéissance aux règles de vie qui protègent à la fois l’individu et la société dans laquelle il vit. Mais cette obéissance ne doit pas être forcée. L’éducation de l’humain doit lui mettre en évidence que, hors de ces limites, le danger réside. (p. 124) Le sage [d’une connaissance encyclopédique, élu au suffrage universel] jugera si l’esprit du demandeur est compatible avec le monde antimonétiste. » (p. 125) — Les fameux critères moraux, si importants, ne sont évidemment pas définis.

L’appartenance à la civilisation antimonétiste n’est en rien l’équivalent de la Citoyenneté pour le Civisme. L’appartenance à l’antimonétisme doit être octroyée par des sages et se conserve ensuite sans condition (sauf crimes) ; la Citoyenneté, elle, est la destinée des individus nés dans la Cité (pays), quoique, à partir de l’âge de 18 ans, ils doivent s’en montrer dignes, c’est-à-dire respecter les lois et remplir leurs devoirs, sous peine de sanctions automatiques ou par décision de justice pouvant aller jusqu’à la déchéance. (Des étrangers peuvent également intégrer la Cité, s’il lui sied, et être et demeurer Citoyens par leurs actes.) Par suite, les cartes à puce n’ont, dans l’un et l’autre système, ni la même fonction, ni la même utilité, ni la même raison d’être. En fait, dans l’Antimonétisme, cette carte à puce, qui facilite juste la gestion des stocks (produits par personne), pourrait être une simple carte d’identité, un document papier ou plastique. En revanche, dans la Cité, dans une Société de millions d’individus qui ne se connaissent pas et ne savent pas ce qu’ils font les uns les autres, la Carte civique permet aux commerçants de s’assurer de l’identité et de la Citoyenneté de leurs clients, l’identité ne donnant pas en soi le droit d’accéder au marché, contrairement à la Citoyenneté qui, elle, le donne mais n’est jamais acquise définitivement. Seul un système de cartes à puce, permettant d’accéder à une banque de données mises à jours en permanence, peut garantir que la Citoyenneté n’est pas vide de sens, que tout détenteur d’une Carte valide est bien Citoyen, qu’il s’est acquitté de ses devoirs et a le droit d’accéder au marché. La Carte civique permet ainsi d’appliquer à grande échelle les Principes de la communauté que les petites communautés respectent naturellement, chacun agissant sous le regard de tous. Le Civisme explique ainsi pourquoi le système monétaire — qui devient incontournable lorsque la communauté s’agrandit, que la production se diversifie et que les échanges se multiplient — ne pouvait être sérieusement contesté et réellement renversé avant l’avènement de l’informatique. Autant une carte combinée à la technologie informatique n’a pas véritablement de raison d’être dans l’Antimonétisme, autant elle est la condition même de la Cité. Comme quoi, un point commun peut masquer un gouffre ! Au passage, admirez les définitions suivantes :

« Société : ensemble d’humains. Système : ensemble de lois ou de coutumes régissant le mode de vie de la société, afin d’assurer la survie de cette dernière. » (p. 98)

Comparez avec les définitions proposées par le Civisme dans la Déclaration des Devoirs et des Droits de l’Homme, du Citoyen et de la Cité :

« Tout Citoyen est homme ; tout homme n'est pas nécessairement Citoyen. Est Citoyen tout homme reconnu tel par la Cité. (préambule 2) Est une Cité ou une association politique tout ensemble d’individus unis à l’origine pour survivre, donc pour être en sécurité, et qui, de ce fait, ont les uns envers les autres les mêmes Devoirs et se garantissent mutuellement les mêmes Droits. (préambule 3) » (p. 100)

L’Antimonétisme prévoit de constituer une civilisation transnationale avec tous les humains qui y adhèrent et sont admis à en faire partie. Il ne s’agit donc pas d’instaurer ce système dans un pays donné, comme le préconise le Civisme, mais de fédérer les hommes, de quelque pays qu’ils soient, dans un système hors sol, virtuel (quoiqu’il est aussi question de créer des villages), et de laisser les autres perpétuer le système monétaire dans leurs pays respectifs. Il imagine donc faire cohabiter dans chaque pays les deux systèmes, monétaire et antimonétiste. Peut-on concevoir quelque chose de plus absurde ? Un pays ne peut fonctionner selon deux systèmes ; l’un prend nécessairement le pas sur l’autre, écrase l’autre. Et, d’après vous, lequel serait écrasé dans l’œuf ? Outre que personne n’adhèrerait au système visiblement chimérique de l’antimonétisme, l’État du système monétaire — que l’Antimonétisme n’a aucune intention de renverser et de remplacer — aurait tôt fait, lui, d’écraser les antimonétistes, ne serait-ce qu’en les soumettant à des exigences financières. En toute chose, l’antimonétisme mise sur une force dont il refuse de se doter, puisque les antimonétistes, partisans du « chacun fait ce qui lui plait », rejettent toute contrainte, tout État, toute violence. Ils veulent faire une révolution tout en se flattant de ne pas être des révolutionnaires. (« Je [Thierry Séverin] vous rappelle que je ne suis pas un anarchiste dans le sens de « fouteur de merde », de destructeur. Au contraire, je suis un constructeur. J’aime travailler. Que je ne fais pas ça pour avoir le pouvoir, contrairement aux révolutionnaires : “Être calife à la place du calife !”. Le pouvoir je l’ai, puisque je ne manque de rien et que je maîtrise relativement mon avenir. » (p. 53)) Décidément, le Civisme n’a vraiment rien à voir avec l’Antimonétisme !

Individualisme et mondialisme

Poursuivons. Même s’ils s’en défendent, les partisans de Mocica et consorts ont intégré un des aspects essentiels de Largent, sacralisé, sans surprise, par le capitalisme : l’individualisme. Ils dénoncent le système monétaire mais avec les armes que les capitalistes conscients utilisent, eux, pour l’imposer. Les uns et les autres ont le même logiciel. Lesquels l’emportent ? Lesquels dominent ? Lesquels sont les idiots utiles des autres ? Lesquels sont trop bêtes pour comprendre qu’ils disent autrement la même chose en croyant vouloir autre chose ?

« Nous traversons actuellement une phase de transition entre deux ères qui resteront dans l'Histoire radicalement différentes, pour ne pas dire opposées. La première, celle d'aujourd'hui, est orientée vers les biens, l'individualisme, la compétition, l'obligation, l'esclavagisme moderne et le conditionnement. La suivante sera celle de l'autonomie. Elle sera orientée vers l'individu, sa Planète, l'initiative, la coopération, la coordination, la motivation et la Liberté vraie. » (Mocica, p. 13)

Si on élague, que reste-t-il ? Le système actuel pousse à l’individualisme tandis que Mocica ramène tout à l’individu. Nuance !

A quelques remarques judicieuses près (notamment sur certaines conséquences d’un système non-monétaire qu’elles sont par ailleurs incapables d’instaurer et de maintenir), et quand elles n’enfoncent pas des portes ouvertes, ces théories débitent avec un aplomb incroyable et dans un charabia pathétique les pires absurdités, les contrevérités les plus notoires ; elles sont dans le déni le plus total des réalités, tout cela pour imposer leur idéologie mondialo-individualiste qu’impose déjà le capitalisme. Chaque sujet offre une occasion de le démontrer. J’illustrerai mon propos par deux thèmes : la gouvernance et l’humanitaire.

« Qui va gouverner ? Diriger ? Le plus évident est : personne. […] Ne pas être dirigé est la nature même d'une société autonome, et l'autonomie est le trait d'une grande civilisation. » (Mocica, p. 9)

« une société autonome » ! A moins d’être conquise et vassalisée par une autre, une société est une entité collective distincte du reste de l’humanité et autonome par définition. Mais on comprend que l’auteur a voulu dire qu’une vraie société n’a pas de direction interne, n’est dirigée par « personne », que chaque individu qui en fait partie est son propre souverain (puisqu’il ne peut être obligé en rien). Non seulement cela n’a rien d’« évident », mais affirmer qu’une société puisse ne pas être dirigée est une ânerie. (Il n’y a bien sûr aucun exemple de grande civilisation de ce type.) Sans direction une société n’existe pas. C’est la direction qui, en constituant un point de ralliement, personnifie le groupe et fait de ses éléments épars une société. Toutes les sociétés animales ont un chef, une tête (voire deux ou trois). Il n’y a que les gauchistes pour croire qu’une société puisse exister et surtout survivre longtemps sans chef. Le problème, ce n’est pas qu’il y ait un chef (et par extension un gouvernement), mais que celui-ci soit légitime, dans l’accession à sa fonction et dans ses actions. Il doit être désiré ou plébiscité et servir les intérêts de ceux qu’il conduit. Pour s’assurer qu’il remplit correctement sa mission, les citoyens doivent avoir de l’emprise sur lui via une organisation instituant un véritable contre-pouvoir populaire et consacrant la souveraineté du peuple, ce qui ne veut pas dire démocratie directe à tous les niveaux et référendums à la chaîne. Mais imaginer un vrai système politique, équilibré, dégagé par ailleurs des problèmes insurmontables que pose le système monétaire (inégalitaire, donc oligarchique et ploutocratique), demanderait trop d’efforts aux auteurs de Mocica, et surtout les aurait obligé à faire appel à des notions qui les rebutent (peuple, nation, souveraineté, identité, devoirs, droits, etc.), si bien qu’ils se sont contentés de proposer la chose informe que voici, baptisée ODG 5 (Organisation Démocratique Globale) :

« Le 1er niveau d'assemblée est la zone de voisinage. Il correspond à un quartier de village ou de ville. — Le 2ème niveau d'assemblée est la zone d'habitation. Il correspond à un village ou une ville. — Le 3ème niveau d'assemblée est la zone ressources. Il correspond à un territoire comprenant les zones d'habitations dépendantes de celui-ci en ressources alimentaires. — Le 4ème niveau d'assemblée est la zone culturelle. Il correspond à un communauté de même origine culturelle, ce qui correspondrait aujourd'hui aux nations. — Le 5ème niveau d'assemblée est la zone planétaire. »

(Les assemblées de niveau 1 désignent des porte-parole pour les assemblées de niveau 2, lesquelles désignent à leur tour des porte-parole pour le niveau 3, et ainsi de suite jusqu’au niveau 5.) « Les assemblées de niveau 2, 3, 4 ou 5 ne pourront prendre de décision sans l'accord démocratique des habitants qu'elles représentent. Sans dirigeant, l'ODG5 permet à chacun d'entre nous de proposer des initiatives, de prendre part à toutes les décisions le concernant et de voter à niveau égal des autres. L'ODG5 ne se veut pas complet et immuable, mais elle est au contraire souple, perfectible, modulable et adaptable. Elle permet la mise en place de tout type d'organisation démocratique au sein des communautés, selon le choix de leurs membres. Il s'agit essentiellement d'un modèle d'organisation, qui invite tous les modèles démocratiques. Il a pour objectif de mettre en lien et en harmonie une multitude d'assemblées diverses, chacune d'entre elles correspondant à l'image de la communauté qu'elle représente. Cette base que nous proposons, permet à toutes les assemblées et à toutes les cultures d'avoir leur propre mode de fonctionnement, et éviter ainsi des tensions et des lourdeurs évitables. » (Mocica, ODG 5)

Encore de belles idées de gauchistes qui, parce qu’ils font éventuellement comme cela dans leur coin, croient que cela peut fonctionner à l’échelle de la nation et même de la planète ! L’idée que tout passe par des porte-parole de porte-parole de porte-parole soit le système le plus naïf et le moins démocratique que l’on puisse imaginer ne leur vient pas à l’esprit ! Ici encore, ils prennent leurs désirs pour la réalité ! Un tel système n’offrirait aucune stabilité, puisque les porte-parole changeraient en permanence, du moins en théorie. Car, en pratique, aussi bien par nécessité que par la force des choses, les porte-parole seraient toujours les mêmes à quelque chose près (ceux qui disposent du réseau pour se faire désigner et renouveler) et constitueraient une nouvelle classe qui s’arrangerait pour agir indépendamment de la base. L’idée que les décisions à un niveau doivent être ratifiées par les habitants de la zone en question est bonne en soi, mais, dans l’état, elle serait un vœu pieux. Les habitants face à des institutions ne pèsent pas lourd ! Le pouvoir et le contre-pouvoir des citoyens doivent être organisés, institués, constitués. La citoyenneté, le droit de cité, les modes de désignation et de suffrage doivent être pensés et énoncés clairement… On ne fait pas la révolution, surtout celle-là, avec des idées aussi générales et fumeuses ! Le but est de réussir, pas d’échouer à coup sûr avec pour seule consolation d’avoir essayé. Et se donner l’air ouvert ne compense pas les lacunes. Un projet social consiste à poser des Principes solides et à avancer des solutions réalistes (aux problèmes les plus immédiats) pour les mettre en œuvre, non à lancer un sujet et à confier à d’autres le soin de remplir les cases, c’est-à-dire de fournir le véritable travail de réflexion, si tant est que le cadre fixé ne soit pas lui-même inepte, comme c’est le cas ici.

« J’espère ne jamais avoir à détailler plus les propos de ce livre, car pour l’impact effectif de ce dernier, il faut un minimum de “recherche” de la part du lecteur (si le voyageur ne fait pas lui-même le chemin, ce n’est pas un voyageur, mais un être statique, mort !). Aussi, la grande moralité de cette philosophie est la suivante : Vous avez connaissance de l’architecture de l’univers (loi Universelle de la survie), à vous de remplir (par la connaissance et la maîtrise des détails), les cases infinies constituant les multiples combinaisons de l’univers. » (L’idéal de la prochaine société (antimonétisme), p. 132)

Un projet cohérent ne peut pas sortir de discussions et de compromis, contrairement à ce que se plaisent à croire les gauchistes, qui espèrent que des assemblées auront le génie qu’ils n’ont pas eux-mêmes et croient en imposer en faisant montre d’ouverture (en apparence), ce qui, en réalité, n’en impose qu’à leurs pareils. Mocica anticipe ainsi les objections : « L'ODG5 ne se veut pas complet ». C’est le moins que l’on puisse dire ! Ça ou rien, c’est pareil ! « Il s'agit essentiellement d'un modèle d'organisation, qui invite tous les modèles démocratiques. » Un modèle, où ça ? Rien n’a été défini ! Cela dit, on pourrait croire que, dès lors, tout reste en effet à faire et que tout est envisageable. Mais non ! Mocica a fixé comme règle d’or que l’individu est à la fois roi et citoyen du monde… Allez donc fonder une Société sur l’individualisme et le mondialisme ! En fait, pour Mocica (et les autres théories), un citoyen est un humain, ce qui ne veut rien dire. (Les antimonétistes touchent le fond en parlant d’« humain sociétaire » (p. 118).) Avec de tels présupposés « citoyenneté » est non seulement un mot vide de sens, mais il est encore impossible, car interdit (moralement et légalement, ce qui est presque déjà le cas aujourd’hui), de lui donner un contenu (peuple, nation, pays, identité, appartenance, devoirs, droits spécifiques, etc.). Ainsi, pas de citoyens et de Société dignes de ce nom… Alors un système politique… démocratique !!!

Du chaos au totalitarisme

Mais il est une autre raison pour laquelle ces théories invoquent en vain la démocratie, c’est leur carence fondamentale. Toutes ces théories envisagent le renoncement au système monétaire (suppression ou abandon de la monnaie) mais sans proposer de système de substitution, c’est-à-dire un autre mode d’échange fondé sur de nouveaux principes. Personne n’a a priori le devoir de produire ; par contre, tout le monde a le droit de se servir à volonté, sans condition. Que chacun fasse ce qu’il veut peut à la rigueur être regardé comme un Principe social, aussi absurde soit-il, mais pas comme un mode d’échange. Ces théories qui ont compris que la monnaie est au cœur du problème ne font aucun cas du mode et du moyen d’échange en ce qui concerne la solution qu’elles préconisent et qui consiste toujours à laisser en la matière un vide béant. Pas la moindre réflexion à ce sujet ! Dans un premier temps, elles font mine de croire qu’elles ont trouvé la solution, que tout est réglé et que tout fonctionne. Dans un second temps, sans apercevoir et remettre en cause l’inanité de leur solution, elles réalisent qu’à tout laisser partir à vau l’eau rien ne fonctionnera. Elles entrent alors, sans le dire et sans se l’avouer, dans une deuxième phase, totalement contraire à leur principe sacré de Liberté individuelle, celle de l’ingérence et du dirigisme tous azimuts. Et ce sont les mesures et propositions dans une infinité de domaines périphériques qui constituent l’essentiel de ces théories. Bien sûr, sur le papier, elles mettent en avant le chou pour faire oublier la chèvre en embuscade… Elles font toujours étalage de leurs bonnes intentions gauchistes pour tout justifier : leurs délires autant que la catastrophe à venir.

« L'assemblée du village ou de la ville […] assurera la coordination et entente entre les différents quartiers, débattra des différentes initiatives écologiques et sociales proposées par les assemblées de niveau 1, et assurera la coordination entre elles. Les membres de chaque assemblée de niveau 2 désigneront un porte-parole qui rejoindra ceux de la même zone de ressources. Cette assemblée de niveau 3 débattra de l'entretien de leur zone de ressources (comme les paysages, le patrimoine historique et naturel, les axes routiers et ferroviaires). L'assemblée débattra de la répartition des rôles pour l'exploitation, transports et distributions des ressources du territoire aux communautés. Les assemblées des zones de ressources désigneront à leur tour leur porte-parole qui rejoindra ceux de la même zone culture. Les assemblées de niveau 4 devront assurer la coordination entre les zones ressources représentées, assurer le bon fonctionnement, l'optimisation écologique et sociale de l'ensemble de ce territoire. Elles chercheront à développer l'entraide et l'entente avec les différentes zones cultures à travers le monde. Enfin, tous les porte-parole des zones cultures se regrouperont pour l'assemblée de niveau 5, celle qui représente notre civilisation. Celle-ci aura pour objectifs d'assurer l'entente et la communication entre toutes les zones cultures, de faire remonter les initiatives, propositions ou préoccupations des assemblées sous-jacentes, proposer et appliquer des mesures pour assurer la paix dans le monde, nettoyer et protéger notre Planète, assurer la mise en place de vote pour les choix importants, constituer les lois universelles de protection de la liberté des individus, maintenir l'équilibre général et mettre en place les actions humanitaires ou militaires nécessaires. » (Mocica, ODG 5)

Le roulement des tâches

On parle de tout pour ne rien dire… Dans la même ligne, une idée que l’on retrouve dans la plupart de ces théories est celle du roulement des tâches…. idée aussi absurde qu’impraticable.

« Si certaines tâches ingrates ou difficiles ne peuvent être automatisées par la haute technologie (ce qui est peu probable) et que nous ne trouvions pas de volontaires, alors l'équité et la justesse sera de les faire à tour de rôle avec mise en place d'organigrammes. [...] Encore une autre possibilité s'offre à nous : la mise en place d'une année de services civiques que l'on ferait au début de l'âge adulte, dans la force de l'âge, dans le pays de notre choix avec les amis que l'on souhaite. (p. 10) Par organigrammes et par la masse de la population actuelle nous pouvons réduire les horaires des tâches difficiles à une niveau extrêmement bas. (p. 15) » (Mocica)

Si tous les Citoyens, pour mériter la Citoyenneté et le droit d’accéder au marché, étaient obligés d’avoir une activité, quelle qu’elle soit, et d’atteindre des résultats minimums en terme de « vente » sous peine de nullité, tous les postes seraient remplis, quitte à ce que les moins séduisants offrent des avantages (temps de travail plus court, etc.). Mais en n’obligeant personne à travailler pour avoir le droit de consommer, en comptant seulement sur la conscience des gens (encouragés à l’individualisme), ….

« Étape 2 : Maîtrise de la situation. Rien de plus simple : afin de conserver un cadre que l'on connaît et rassurant pour tous, il est important, dans un premier temps, que nous continuions notre vie habituelle sans utiliser le système monétaire. Nous serons reconnaissants envers ceux qui ont des métiers éprouvants de persévérer au moins le temps de l'étape 2. Allez à vos rendez-vous, continuez à suivre vos études, respectez les horaires habituels de votre quotidien. Exercez votre profession, que ce soit artisan, agriculteur, cultivateur, gardien de la paix, chauffeur de bus, dentiste, continuez à être boulanger, ouvrier, charpentier, coiffeur, routier, fleuriste, vendeur, pêcheur, électricien, etc. Pour les personnels de boutique et de grandes surfaces, gérez au mieux pour un partage équitable de l'alimentation et des fournitures en privilégiant d'abord les plus démunis. Vivez aussi normalement que possible. Faites vos courses comme vous l'avez toujours fait, ne consommez pas plus, éventuellement moins, toujours en laissant la priorité aux pauvres et précaires actuels. Mesurez vos besoins et limitez-vous à l'essentiel. Si vous êtes témoins d'abus et de tensions, aider à revenir au calme ou à recadrer si vous le jugez nécessaire, représentez les valeurs morales et la non-violence sans cesse. En résumé, vivez comme d'habitude, mais sans l'intermédiaire de l'argent et tant que c'est d'utilité publique. » (Mocica, p. 8)

« La société apporte des biens et services à l’individu afin d’assurer sa survie. Par respect, et par sagesse, l’individu doit apporter son travail à la société. (p. 114) Nous devons prôner le travail bien fait. (Mais pas question d’accorder des médailles, ou des récompenses. La seule récompense possible est la satisfaction personnelle du travailleur, et la fierté d’un travail bien fait.) Ces notions semblent subtiles [Houlala ! c’est vrai que c’est compliqué !!! Ndla], et paraîtront utopiques, mais c’est la seule façon de supprimer les injustices. (p. 121) [Moi qui croyais que la suppression des injustices reposait sur l’abolition de la monnaie ! Ndla] La seule façon d’éviter l’anarchie est d’avoir des humains dont l’esprit est “pur” (net), et conscient de ses responsabilités. (p. 122) »  (L’idéal de la prochaine société)

« Ce qui apparaissait le plus complexe, comme l’instauration d’un bénévolat absolument sans contrepartie pour assurer une production normale, trouva des réponses immédiates. La plupart se proposaient pour continuer leur travail habituel dans l’unique but de ne pas se trouver sans activité et sans utilité. » (Le porte-monnaie (désargence), p. 37)

… il est évident que certaines tâches (voire quasiment toutes) seraient délaissées. Et pour résoudre ce problème créé par une conception absurde des choses, ces théories ne trouvent rien de mieux que de proposer une solution invraisemblable, avec équité et justice en vaseline. Outre qu’il est arbitraire de décréter que certaines tâches sont ingrates ou difficiles, il est aberrant et inefficient de vouloir que les « citoyens » délaissent l’activité dans laquelle ils sont spécialisés, pour une autre qu’ils ne connaissent pas, pour laquelle ils n’ont ni compétence, ni temps, ni goût. Et qui pourrait bien les y obliger ? Au nom de quoi ? Donc, de deux choses l’une : soit le système s’effondre immédiatement, victime de son absurdité, soit il surmonte ses contradictions (entre ses théories fumeuses à la réalité des choses) en instaurant un régime fort, une dictature politique, bureaucratique et policière qui, au nom du Bien et de l’Intérêt général, va tout régenter, tout comprimer, tout réprimer.

« Après quelques mois de flottement, chaque région établit des listes de produits de base absolument nécessaires à chacun, selon son âge et son sexe : alimentation, vêtements, produits manufacturés, entretien, toilette, transport, culture, etc. Il fut décidé de diviser les communautés humaines en îlots de 800 habitants, chacun ayant un dépôt d’approvisionnement propre et en assurant la gestion, chacun de ces dépôts étant fédéré au sein d’un système global. Des carnets de fournitures furent édités sur lesquels l’acquisition de ces produits était marquée  d’un tampon afin d’éviter l’accumulation par une même personne de produits venant de dépôts différents. Une page spéciale était réservée aux déplacements, ce qui permettait à celui qui devait quitter momentanément son lieu de résidence d’être nourri et logé durant le voyage. » (Le porte-monnaie (désargence), p.51)

« le tout n’est pas géré par le profit monétiste, mais par des humains qui sont conscients de la richesse et de la fragilité de la vie (p. 46) Travail : celui que l’on a choisi (partage selon la masse de travail à effectuer, et le nombre de travailleurs). Aucun risque de se faire mal dans un métier dangereux ou répétitif à l’excès (travail de robots pour les travaux comportant un risque inutile). Les logisticiens sont l’huile qui permet au système de tourner et de répondre aux besoins de chacun. (p. 47) [...] Pour rendre impossible les erreurs en tout genre, une catégorie de personnes doit être l’élite du peuple. Ces personnes appelées “Les sages” devront posséder un esprit pur et une connaissance du monde aussi complète que possible. Cette catégorie de personnes ne peut en aucun cas prendre de décisions autres que celle de l’entrée d’un individu dans la société, ceci dans le respect de l’article 5. Les sages devront émettre leur avis sur tout chose, et être les gardiens de la survie. L’obtention ou la perte de ce statut de sage est décidée, sans limitation de temps, par l’approbation de 90 % des citoyens géographiquement concernés. Le statut de sage ne permet aucun avantage particulier hormis celui décrit ci-dessus. » (L’idéal de la prochaine société (antimonétisme), (p. 117)

Mocica ne voit pas cette dérive funeste inévitable… Mais l’antimonétisme l’ébauche à reculons, et le projet Vénus l’anticipe ouvertement… Comme le positivisme, ce dernier  ne jure que par la science… Pour lui, tout doit être régi par les scientifiques et les spécialistes… Eux savent… Eux font bien… La masse doit suivre et se plier à leurs verdicts, c’est-à-dire leurs dictats. Elle est loin la démocratie ! C’est ainsi que les chantres de l’individualisme, les capitalistes qui s’ignorent, prônent des systèmes totalitaires en puissance. (« Par quartiers, puis villes, régions et pays pour une distribution intelligemment étudiée des besoins et des ressources. » Mocica, p. 9) Inutile de faire l’expérience, c’est couru d’avance. Mocica et autres n’existeront jamais, parce que si leurs systèmes avaient un début de commencement d’application, ils tourneraient aussitôt au fiasco ou prendraient un tout autre visage que celui prévu. Mais que peuvent prévoir des gens qui, pour effectuer certaines tâches ici, veulent instaurer un « service civique » à effectuer n’importe où dans le monde ? Obliger, mais pas trop !

L’humanitarisme

J’en arrive enfin au sujet de l’humanitarisme. Après l’étape 1 (adhérez à Mocica, diffusez l’idée, renoncement à la monnaie), après l’étape 2 (soyez gentils, n’abusez pas), Mocica propose, sans transition, de passer à l’étape 3 : 

« Étape 3 : Les priorités. Tout en s'assurant de garder une base solide dans les pays "développés" afin qu'ils restent rassurants pour eux-mêmes et efficaces pour les autres, nous devrons nous tourner le plus rapidement possible vers les pays pauvres ou dits "sous-développés". Les pays dits "développés" pourront se séparer en 2 types de volontaires : ceux qui maintiendront le déroulement de la vie habituelle dans leur région du globe, mettant à disposition leurs savoir-faire, et ceux qui souhaiteront voyager à des fins humanitaires. Chacun y participera autant qu'il le souhaite, aussi bien trois semaines que trois mois, ou encore, rien. Il nous sera recommandé de partir entre amis et/ou en famille afin de rendre les choses plus agréables et enthousiasmantes pour tous. Rien ne doit être imposé, la base est le volontariat. C'est un des piliers du nouveau paradigme. Par ailleurs, pour la coordination de ceux qui choisiront l'humanitaire, nous disposons déjà d'un excellent réseau expérimenté : les associations humanitaires. Vous trouverez toutes leurs références sur le web. Ils sont partout dans le monde, justement là où il y en a le plus besoin. De la précarité de nos rues jusqu'aux régions les plus difficiles du globe, nous avons déjà un réseau très organisé, qui aura enfin les moyens d'être pleinement efficace. Tout humain qui aura des conditions saines de vie deviendra à son tour un renfort supplémentaire pour la société. Les associations humanitaires ont tout le savoir-faire et l'expérience nécessaires pour nous guider intelligemment. Aujourd'hui, plus que jamais l'Homme souhaite voyager sur tous les continents. L'humanitaire ne serait-elle pas la meilleure façon d'explorer le Monde ? » (Mocica, p. 8)

« Au début de la Révolution mondiale, les pays les plus pauvres furent étonnamment les plus réticents à s’y engager. Les inégalités naturelles entre les différentes parties du monde soulevèrent de houleux débats. Tellement habitués à se faire tondre la laine sur le dos, les habitants des zones arides et sans matières premières exportables n’arrivaient pas à imaginer que, d’un seul coup d’un seul, le mon s’inquièterait de leur sort et pourvoirait à leurs besoins essentiels. » (Le porte-monnaie (désargence), p. 82)

« Les coutumes, les religions, les styles de vie sont nombreux, mais l’humain, quel qu’il soit, et où qu’il soit sur terre, aspire aux mêmes désirs, et a peur des mêmes choses. [Affirmation gratuite on ne peut plus fausse ! Ndla] Ouvrez votre esprit au monde, et observez que derrières toutes nos différences, notre essence est la même, liée directement à l’ordre universel de la survie. [...] Vous croyez qu’il est impossible d’unifier le monde ? Le réseau Internet ainsi que tous les autres moyens de communication permettront l’ouverture d’esprit des humains. » (L’idéal de la prochaine société (antimonétisme), p. 50)

On ne s’étonne pas que des « citoyens du monde » autoproclamés aient pour priorité de s’occuper de tout chez les autres avant d’avoir rien réglé chez eux. En fait, ils ne voient en eux-mêmes que des « humains » ; ils ne croient rien devoir à leur peuple, à leur pays ; s’ils ne détestent pas tous les peuples, ils méprisent au moins le leur (dont ils sont en effet les pires représentants) ; étant dans l’abstraction pure, ils nient toutes les réalités ; pour être gentils avec tout le monde en général, c’est-à-dire personne en particulier, ils se font les fléaux de l’Humanité. Je l’ai déjà dit, cette tendance au mondialisme, qui éclate partout dans Mocica et autres, est liée à l’individualisme inhérent à Largent ; c’est un marqueur capitaliste, et c’est bien le capitalisme qui a lancé le mouvement auquel ces bonnes âmes applaudissent en nous ressortant le même baratin, mais sans en saisir visiblement les tenants et aboutissants. Ce discours est typique des bobos (grands révolutionnaires devant l’Éternel) et des capitalo-gauchistes, idiots utiles du MEDEF. Ils se font les auxiliaires du capitalisme, mais ne veulent voir dans l’humanitaire que l’occasion de faire une B. A., de s’enrichir personnellement (d’un point de vue culturel), voire de faire du tourisme pédagogique (en famille de préférence). Ces grands donneurs de leçons, pourfendeurs de la colonisation, ne s’aperçoivent pas que, sous prétexte de leurs bons sentiments, ils embouchent à leur tour la trompette du colonialisme ; que leur conception des choses est purement occidentale et suprématiste car ce sont toujours des Occidentaux qui, au nom de leur vision des choses (« Aujourd'hui, plus que jamais l'Homme souhaite voyager sur tous les continents. » Mocica, p.8) et de leur pouvoir, s’immiscent dans les affaires des peuples qui ne leurs demandent rien. La vérité, c’est que les autres peuples ne veulent qu’une chose : vivre chez eux comme ils l’entendent et que les Occidentaux leur lâchent la grappe une bonne fois pour toutes. « Chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées », c’est-à-dire « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », voilà la véritable maxime des peuples ! Mais comment respecter les peuples quand on se targue de n’appartenir à aucun ? Et comment œuvrer pour leur bien quand on ne cherche que son bon plaisir ?

Immigration, antiracisme et révolution

Je voudrais terminer cette étude pénible et laborieuse par un sujet d’actualité qui n’est jamais abordé explicitement dans toutes ces théories mais sur lequel la position de leurs partisans ne fait aucun doute, je veux parler de la question de l’immigration. Mais, tout d’abord, quelques extraits :

« En avançant ainsi, nous nous apercevrons un jour ou l’autre que les frontières n’ont pas d’importance et qu’elles n’existent que dans nos têtes. La Planète qui nous permet de vivre mérite mieux que cette représentation morcelée d’elle, dessinée par la main de l’Homme, montrée de tous et maintenue par notre propre volonté. » (Mocica, p. 12)

« Tous les êtres humains, quel que soit leur âge, leur sexe, leur Ethnie, naissent libres et égaux en droits. [Principe creux sinon absurde, démenti justement page suivante sans que la contradiction ne soit relevée : « Si l’individu ne veut rien apporter à la société : par son choix, la société ne lui apportera rien. » (p. 115)] Le seul but de l’humanité est la survie de l’espèce humaine, sans distinction d’Ethnie. La survie de l’humanité passe par la survie de chaque être humain, présent et futur, quel que soit son système physique (apparences) et quel que soit son mode de raisonnement (religion ou autre). » « La solution résumée en quelques mots : Une Race, Humaine ; Une Terre, la Planète ; Un But, Survivre. » (L’idéal de la prochaine société (antimonétisme), p. 114, 131)

On voit une fois de plus comment l’individualisme inspiré par Largent conduit au sans-fontiérisme, au nomadisme et finalement à l’immigrationnisme. Le sans-frontiérisme n’est jamais que la négation de l’histoire et de la géographie. Les premières frontières, n’en déplaisent à ces décérébrés, sont géographiques et ne doivent rien aux hommes, encore moins à « l’Homme » qui n’est qu’un concept : océans, mers, montagnes, fleuves, déserts. Ces obstacles suffisent à séparer les hommes entre ceux qui sont d’un côté et ceux qui sont de l’autre, sans parler des insulaires qui, eux, sont complètement à part. Mais même à l’intérieur des terres, les frontières ne sont pas artificielles (sauf le cas particulier de l’Afrique où elles ont été tracées à la règle par les Occidentaux) : elles marquent les limites des territoires occupés par les différents peuples, lesquels sont caractérisés par des langues, des coutumes et des types ethniques ou raciaux différents. Ce n’est pas parce que ces limites ont bougé au fil de l’histoire qu’elles n’existent pas à l’instant « T » et qu’elles pourraient ne plus exister un jour. Il était dans la nature des choses que les hommes vivant à proximité sur un coin de la planète forment entre eux une société (rapports de devoirs et de droits) et se développent d’une manière propre (à tous les niveaux), d’où leurs différences avec les autres sociétés (d’où la diversité et la richesse de l’Humanité), d’où les frontières entre les divers territoires et pays occupés par les diverses sociétés. Les frontières sont un fait anthropologique incontournable ; les nier, c’est nier les hommes eux-mêmes, c’est l’exact contraire de l’humanisme… et le faire au nom de l’Homme ou de l’Humanité est le summum de l’indécence ou de la bêtise. Et c’est bien ce que font toutes ces théories qui, n’ayant rien compris à l’Égalité, croient la trouver dans une uniformité universelle qui n’existe pas, et emboîtent le pas au capitalisme dans son entreprise de la créer, pour des raisons à lui. Or produire une telle uniformité, à l’opposé de la réalité des choses, passe par la destruction de tout ce qui est et de tout ce qui résiste.

L’immigration, initiée par le grand patronat, participe de cette destruction. Elle avait d’abord pour but de procurer une main d’œuvre bon marché, de faire baisser le coût du travail et de briser les luttes sociales (chantage au chômage). Puis il ne s’est plus seulement agi de faire venir des travailleurs, mais des familles entières, à flux tendu et continu. Et les immigrés n’étaient plus des Européens, mais en grande majorité des « Arabes » et des Africains. En quelques années, des quartiers, des villes, des départements ont vu leur population changer, la population d’origine remplacée par ces importés, leur progéniture et leurs descendants. Cela ne pouvait aller sans susciter une réaction contre cette politique migratoire (en apparence insensée) et les immigrés eux-mêmes. C’est alors que, pour couvrir cette politique (voulue et organisée par les riches, puisque ce sont les riches qui ont toujours le pouvoir dans un système monétaire) voire l’intensifier, a été institué « l’antiracisme », c’est-à-dire l’interdiction pour les autochtones de refuser l’invasion de leur pays, le piétinement de leur peuple et l’anéantissement de leur race, sous peine d’être taxés de racistes. L’antiracisme institutionnel, c’est le monde à l’envers, c’est les traîtres et les envahisseurs faisant la morale et la loi aux autochtones lucides, aux patriotes ; c’est le renversement de tous les Principes, de toutes les valeurs, de tous les mots.

Massue de l’immigrationnisme, l’antiracisme est toujours allé de pair avec le sans-frontiérisme (tiers-mondisme, européisme, première marche du mondialisme) — dont les Mocica et autres sont visiblement des inconditionnels. S’agissant en outre d’imposer des étrangers, de race et de culture, l’antiracisme a inventé le droit à la différence (justifiant le renoncement à la politique d’assimilation, au moment où elle était plus que jamais nécessaire) et érigé la diversité (raciale et culturelle) en culte obligatoire. En effet, vu que les immigrés étaient différents et le resteraient (puisqu’ils n’étaient pas contraints de s’assimiler), qu’ils se fondraient d’ailleurs d’autant moins dans la masse que leur nombre était sans cesse grandissant, il a fallu interdire de voir la réalité toujours plus prégnante, et lui substituer des sophismes toujours plus audacieux. D’un côté, l’antiracisme a poussé pour que chacun fasse ce qu’il veut, cultive et s’enorgueillisse de ses différences, d’un autre, il a exigé de considérer que ce qui est différent est pareil, en l’occurrence que ce qui est d’ailleurs et d’ici, que ce qui n’a rien de français est français quand même. Dans le même temps, il empoisonnait l’opinion publique avec des slogans tels que « La France a toujours été une terre d’immigration », « Nous sommes tous des enfants d’immigrés », « ll n’y a pas plus d’immigrés qu’avant », « L’immigration est une chance pour la France », etc. Mais rien n’y fit. Les conséquences inévitables et évidentes de l’immigration massive et continue se firent de plus en plus visibles. Alors, l’antiracisme a magnifié ce qu’il était jusque-là « fasciste » de constater, à savoir que la présence de plus en plus importante d’étrangers, de races et de cultures différentes, était en train de défigurer et de dénaturer la France à l’insu des Français. Il a fallu soudain admettre et se réjouir que la France soit devenue multiraciale et multiculturelle par l’opération du Saint-Esprit (établir un rapport avec l’immigration étant d’un fou ou d’un fasciste). Toujours cette idée de fond que ce qui n’a rien de français est français quand même ! Dans le même temps, les chantres de l’immigrationnisme et de l’antiracisme firent l’apologie du métissage et du « vivre-ensemble » (vivre avec l'Autre dont il faut accepter la présence). Autrement dit, des gens qui considèrent comme un crime de penser et surtout de dire que les races existent, qui veulent même effacer le mot du vocabulaire, ont systématiquement avancé des notions qui en supposent elles aussi l’existence, que ce soit l’antiracisme, le multiculturalisme (euphémisme pour dire multiracialisme), le « vivre-ensemble » et le métissage, cette dernières notion, tendant à l’uniformité, étant absolument contraire aux autres célébrant la diversité (artificielle et imposée). Peu leur importe ! Ils ont le pouvoir ; ils peuvent tout faire et tout dire, même se contredire. Qui s’oppose à eux et à leur entreprise de destruction est voué aux gémonies. Et l’opposition s’intensifie à mesure que leur politique délirante, dont rien ne les détourne, produit dégâts et tragédies. Mais, maintenant, ils ne prennent plus de gants, ils ne s’embarrassent plus de subtilités. Quiconque constate l’effondrement physique et moral du pays et établit le lien avec l’immigration, quiconque voit que l’on nous mène soit au génocide soit à la guerre civile, en un mot, quiconque dénonce les traîtres à la nation, leur politique criminelle et les instruments de cette politique est accusé d’« incitation à la Haine »...  par ceux-là mêmes qui se sont autoproclamés les gardiens la liberté d’expression ! (Dernière campagne politico-médiatique en date : « # Tous Unis Contre la Haine ». Vu aujourd’hui, 31 mars 2016 : « [Après les attentats islamistes de Bruxelles] Anne Hidalgo s’est engagée à organiser, comme à Bruxelles, une « Zinneke Parade », c’est-à-dire un défilé célébrant la diversité, le métissage et la tolérance. » Le JDD) Au final, les Français, qui sont chez eux, doivent tout accepter de tout le monde, tout subir en silence sous peine d’être persécutés de la manière la plus perverse qui soit ; eux seuls peuvent tomber sous le coup des lois dites antiracistes, qui sont donc une arme offerte par les traîtres aux étrangers ; aucune loi ne les protège eux, en tant que peuple, dans leur propre pays. L’antiracisme n’a jamais eu pour but de lutter contre le racisme, mais de terroriser et de désarmer le peuple français (et les autres peuples occidentaux) face à l’immigration orchestrée par le capital.

Comprenons bien. Au début, l’immigrationnisme visait des profits immédiats. C’est toujours un de ses mobiles, et ce n’est pas un hasard si le MEDEF est toujours la proue du mouvement. Mais l’immigration est aujourd’hui incompréhensible sous ce seul rapport. Les pays occidentaux sont en crise : plus d’emploi, des millions de chômeurs, des milliards de dettes. Pourquoi donc continuer à faire entrer des centaines de milliers d’étrangers et, au final, des millions, qui, quoi qu’en dise la propagande, sont plus une charge qu’une aubaine ? L’intérêt n’est pas économique, mais politique, idéologique et plus encore. L’immigration participe au projet capitaliste de destruction des peuples et des pays, à l’abattement des frontières, afin de créer un marché mondial et un consommateur standard. L’immigration, en tant que concept, est le prétexte pour inculquer aux peuples un humanisme frelaté et les idées sans-frontiéristes afin qu’ils consentent eux-mêmes aux projets supranationaux visant à les détruire. L’immigration appliquée, elle, a de multiple fonctions (au-delà de ses fonctions économiques et sociales dont j’ai parlé plus haut) : habituer les autochtones à l’invasion à force de voir et de fréquenter des envahisseurs, pouvoir ainsi accentuer la propagande immigrationniste et intensifier l’immigration ; créer milles problèmes artificiels qui accaparent toute l’attention ; susciter un mécontentement légitime taxé de « raciste » qui, au nom de « l’antifascisme », permettra au gouvernement (à la solde des puissances financière) d’adopter des lois de plus en plus liberticides et d’étendre son pouvoir jusqu’à ce qu’il puisse agir indépendamment du peuple et contre lui ; au terme du processus, dissoudre voire anéantir le peuple lui-même. Mais pourquoi vouloir en arriver là, dans la mesure où il est évident qu’une immigration massive et continue ne peut avoir d’autre résultat ? Ce qui semble a priori dément a une explication tout à fait rationnelle.

Ce que les Mocica et autres n’ont pas l’air de comprendre, c’est que ce sont des Occidentaux, que leurs idées sont occidentales, que la volonté de s’en prendre à la monnaie leur est insufflée par l’évolution technologique de l’Occident, elle-même liée à tout une histoire, dont ils sont eux-mêmes le produit, alors que les étrangers sont, eux, les fruits d’autres pays, d'autres histoires et n’ont ni la même vision des choses qu’eux, ni les mêmes croyances, ni les mêmes intérêts, ni les mêmes préoccupations, même s’ils émigrent en Occident. En clair, c’est parce que la Révolution radicalement anticapitaliste, égalitaire et anti-monétaire, devient possible en Occident — quoique dans certains pays plus que dans d’autres, notamment en France — et sera, par la force des choses, la prochaine étape que ces idées émergent ; et c’est parce que le capitalisme se sait aux abois que, pour empêcher les Occidentaux de faire une révolution qui semble inéluctable, il inonde l’Occident d’immigrés qui, eux, rêvent de jouir et non de faire la révolution. Les immigrés ne sont pas le nouveau prolétariat révolutionnaire… Ils ont précisément pour fonction suprême de paralyser ou, mieux, d’éradiquer les Occidentaux et, avec eux, leur mentalité, leurs aspirations, leur potentiel révolutionnaire. Les immigrés sont, pour les Occidentaux, comme un boulet ou un poison mortel ; ce sont, malgré eux, des jaunes économiquement et des noirs (contre-révolutionnaires) politiquement. Vouloir faire la Révolution en reprenant à son compte le discours sans-frontiériste et immigrationniste capitaliste, fut-ce à la sauce universaliste et humaniste, est le comble de la l’incompétence en la matière ; c’est donner dans tous les pièges tendus par l’ennemi et, évidemment, Mocica et autres y plongent la tête la première. Se battre pour l’Humanité, contre toute réalité, est même leur priorité, bien avant la monnaie qu’ils ne terrasseront jamais.

 

CONCLUSION

Malgré des nuances, toutes ces théories semblent avoir été pondues par des enfants de 10 ans nourris au Front de Gauche (« L’humain d’abord ! »)… De bonnes intentions, mais aucun réalisme, des contradictions à la pelle et de la moraline, en guise de bon sens, pour emballer le tout. On sent tout de suite la patte du gauchiste prétentieux (pléonasme) pas peu fier de son caca ! Tel est bien le niveau et la nature de ces théories cucul la praline, informes et écœurantes de mièvrerie !

Le plus tragique, dans cette affaire, est que, pour une fois que le bon ennemi est identifié (du moins en partie, la monnaie n’étant qu’une conséquence parmi d’autres de Largent), il est dénoncé pour de mauvaises raisons et attaqué maladroitement, si bien que ces théories discréditent la cause qui devrait rallier tout le monde. En fait, elles n’ont d’autre mérite qu’une bonne intuition. Au fond, elles sont bien moins marginales et révolutionnaires que ne pensent leurs partisans. Elles ont beau remettre en cause la monnaie, elles n’en sont pas moins dans la droite ligne de l’idéologie capitaliste (individualiste, sans-frontiériste, néo-colonialiste, antinationales, immigrationnistes, sociétaliste, etc.) ; elles tiennent sur toute chose le discours bien pensant que surinent politiques et médias, et même leur façon de dénoncer la monnaie n’est pas faite pour déplaire au système. Et la preuve qu’elles sont dans le sens du vent et non à contre-courant, contrairement au Civisme, c’est que, outre le fait qu’elles se ressemblent toutes, ce qui est un signe en soi, elles drainent la plupart des gens qui ont la même intuition… Je veux dire que si les gens adhèrent aussi facilement à ces théories, c’est précisément qu’elles ne demandent guère d’efforts intellectuels, car elles leur présentent ce qu’ils pensent déjà — et ce que la plupart des gens pensent est précisément ce que le système leur inculque. Elles sont séduisantes pour beaucoup parce qu’elles n’ont rien de véritablement nouveau ou d’audacieux, mais procurent néanmoins le frisson révolutionnaire sans avoir à se départir des préjugés monétaires (les réflexes inculqués par Largent) et de l’idéologie capitaliste... et cette étude montre bien que, malgré les apparences et leurs prétentions, tous ces gens ont des positions qui font d’eux les auxiliaires du capitalisme… et des contre-révolutionnaires.

Toutes ces théories ont le même travers fondamental : elles sont individualistes et, de ce fait, universalistes ou mondialistes. (Comme je l’ai déjà dit, l’individualisme est inhérent à Largent qui lui-même vient du troc, de l’échange entre individus ; il est décuplé par la monnaie et atteint son paroxysme sous le capitalisme.) Ramenant tout à l’individu, que rien ne doit brimer, elles rejettent toute contrainte, autorité, toute loi, toute société, toute frontière ; elles nient les peuples, les nations, les pays, les races, ne jurent que par l’« humain » et « l’Humanité » — concepts sans consistance, faux philosophiquement, inutiles et dangereux politiquement —, et en viennent à dénoncer en priorité et à se battre en exclusivité — soit au nom de leur absolu, soit au nom d’étrangers qui eux-mêmes ne sont pas de simples « humains » mais ont une réalité en tant qu’immigrés — contre leurs compatriotes, c’est-à-dire contre des hommes de leur entourage (forcément !), qui ont le tort à leurs yeux de borner leur ambition à améliorer la situation de leur peuple et de leur pays. Sous prétexte d’une révolution universelle absurde et à jamais irréalisable, elles conspuent les patriotes qui travaillent à ce qu’il est nécessaire et possible de réaliser chez eux, pour eux. C’est ainsi que, comme tous les gauchistes, elles aident le capitalisme à se perpétuer — en ne faisant rien d’efficace contre lui, tout en poursuivant de leur haine ses ennemis. Elles l’aident aussi en captant, en phagocytant, avec des idées capitalistes présentées comme le summum de « gauche », et en détournant des idées véritablement révolutionnaires ceux qui songent à supprimer la monnaie. Elles l’aident enfin en discréditant tous les Principes de l’ordre social, qui sont à la fois les mots d’ordre et le but de la Révolution.

Le Principe fondamental de l’ordre social, et le but de la Révolution, c’est l’Égalité, l’égalité des Citoyens en devoirs envers la Cité et en droits dans la Cité. Mais, de par leur individualisme, ces théories rejettent la notion de devoir ; et, de par leur universalisme, elles rejettent les notions de peuple, de pays, de nation, de société (Cité). Or il n’y a pas de droits sans devoirs qui les génèrent et les garantissent, pas de devoirs sans réciprocité, donc hors de l’Égalité, et pas d’autre Égalité qu’en devoirs et en droits entre Citoyens, dans en Société déterminée. Par suite, soit elles ne parlent pas d’Égalité (ni d’aucun autre Principe d’ailleurs !),  soit, ce qui est pire, elles parlent vaguement d’une Égalité universelle, une égalité des humains, une égalité en rien entre tous les hommes (en rien, puisque pas de devoirs, donc pas de droits autres que déclaratifs), ce qui n’a aucun sens. Dans tous les cas, une certaine idée d’égalité est malgré tout sous-jacente dans leur discours du fait que, pour elles, les hommes sont avant tout et seulement des humains, qu’ils sont donc pareils, identiques, qu’ils sont donc égaux (en quoi ?). C’est donc par un glissement sémantique, à partir d’une affirmation absurde, qu’elles en arrivent à une notion creuse de l’Égalité qui repose sur une négation des différences et signifie plutôt « uniformité », uniformité spéculative vers laquelle il s’agit de tendre à toute force à tous les niveaux. Cette conception des choses est libertaire et égalitaire en apparence, mais égalitariste en fait, tyrannique et totalitaire en puissance ; elle a surtout l’inconvénient de galvauder et de discréditer l’Égalité dont elle se revendique quelque part. Mais c’est ce que font les gauchistes : ils dégradent tout ce qu’ils touchent.

Et bien sûr, l’idée qu’ils discréditent le plus, en l’associant aux tocards qu’ils sont, est celle d’abolir la monnaie. En se contentant de supprimer la monnaie sur le papier et en comptant, pour le reste, sur la gentillesse des hommes et les petits oiseaux, en ne produisant aucune analyse sérieuse sur les mode et moyen d’échange actuels et futurs, en ne tenant aucun compte, dans leur manière de traiter ces questions, du lieu et de la technologie qui leur permettent de se les poser et doivent évidemment entrer dans l’équation pour les résoudre, en donnant ainsi l’impression que remettre en cause la monnaie est naïf, farfelu et grotesque, à leur image, ils détournent de ce combat pourtant essentiel les gens ordinaires auxquels, quoi qu’ils en pensent, ils n’ont donné aucune piste à suivre. A la différence des pionniers qui ouvrent des voies pour la foule, ils ferment aux autres les chemins qu’ils empruntent, qu’ils saccagent et sur lesquels ils se perdent eux-mêmes. Je résumerais tous ces projets par ces mots qui sont comme leurs devises :

Égalité sans devoirs,
Révolution sans nation,
Pensée sans intelligence.

 

Vous voulez vraiment combattre le capitalisme, faire la Révolution,
renverser Largent au nom de l’Égalité et de la Patrie ?
Intéressez-vous au Civisme, rejoignez les Patriciens.

Philippe Landeux

31 mars 2016

ADDENDUM

Je venais d’achever cet article quand j’ai découvert une autre théorie (elles poussent comme des champignons) : « le Paradisme », qui allie à toutes les tares que je viens de signaler celle de conserver la monnaie et de proposer un revenu de base (en attendant soi-disant de pouvoir supprimer la monnaie). Je ne vais pas me livrer à une critique détaillée de toutes les inepties qu’elle contient, puisqu’elle ne contient à peu près que cela. Quand je dis que toutes ces théories affligeantes se ressemblent, qu’elles sont portées par le même esprit individualiste et mondialiste, un esprit qui puise sa source dans Largent… que, si elles ne sont pas lancées par des capitalistes diaboliques, elles sont au moins le fait d’idiots utiles du capitalisme et de Pieds nickelés… Admirez la « synthèse », comme dit l’autre !


MOUVEMENT POUR LE
PARADISME
Amour – Progrès – Partage – Guidance – Bonheur

« Bâtir ensemble un monde plus humain où chaque individu est souverain de sa propre personne.

« Remplacer les gouvernements du monde et des états par un collège de guidance mondial, continental et provincial. Etablir que le seul pouvoir donné aux élus est celui de manager les institutions qui leur ont été confiées en apportant leurs compétences pour servir, guider et assurer le partage équitable des ressources afin que nul ne manque de rien.

« Le paradisme c'est :

  • remplacer les principes de la gouvernance de l'État par ceux de la "guidance" des projets citoyens en retirant les pouvoirs attachés aux fonctions des élus actuels,
  • abolir la Politique politicienne en démissionnant tout d’abord l’ensemble des classes dirigeantes,
  • retirer le pouvoir économique à la haute finance et le redonner aux états,
  • confier les rôles de gérants et de gestionnaires de l'État à des candidats pouvant prouver leurs compétences, leur intelligence et un sens profond de l'humanitarisme ainsi que des grandes qualités de guidance et non de pouvoir,
  • reconnaître et enseigner la souveraineté individuelle des citoyens et son corollaire la responsabilisation autant individuelle que collective,
  • encourager la science à développer les technologies libérant au plus vite l'homme du travail nourricier,
  • pratiquer la redistribution des richesses par l'octroi à chacun d'un revenu minimum d'existence,
  • favoriser la pratique des Arts,
  • former la jeunesse à entreprendre et à réussir,
  • créer un climat de confiance dans l'avenir de l'humanité avec une diplomatie humanitariste,
  • proposer aux citoyens des projets de société et encourager le développement avec des moyens scientifiques, technologiques et financiers appropriés,
  • militer à l'international pour la liberté de circulation à travers le monde,
  • frapper une monnaie commune, prélude à la disparition de l'argent,
  • dissoudre l'armée nationale et institutionnaliser une armée internationale de gardiens de la paix,
  • apporter des réponses urgentes pour réguler la démographie galopante, cause de drame et de misère. » (http://www.mouvement-pour-le-paradisme.fr/)

Un lien, sur fond de drapeau français, renvoie à un ouvrage de référence téléchargeable en PDF qui commence par ces mots :

CONSTITUTION
POUR UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
d’abondance, de bien-être, sans travail, ni argent
où les robots remplacent les travailleurs

Un projet de société planétaire pour qu’un jour proche
on ne puisse plus dire partout dans le monde que    :
«    l’espèce humaine est la seule à payer
pour vivre sur la terre »

Le premier texte est une « lettre ouverte de Raël, fondateur du Paradisme, aux citoyens du monde ». Je crois que tout est dit.

 

18 avril 2019. Je viens de découvrir « Un monde sans argent », de Thierry Long, qui ne se présente pas comme une théorie mais qui présente toutes les tares de celles qui prétendent en être, qui, bien sûr, ne livre aucune réflexion sur l'argent ni sur les Principes de l'ordre social, qui masque son indigence derrière de nombreuses références, et dans lequel on lit  :

« Le cadre de notre utopie nécessite également un autre corollaire : c’est celui d’être mis en place sur le plan mondial. Il ne peut bien sûr pas s’établir dans un seul pays si les autres pays restent sur un mode d’échange différent (basé sur l’économie par exemple). Aussi, dans une telle perspective, les frontières n’existent plus. Les personnes sont libres de circuler géographiquement comme elles l’entendent, quelles que soient leurs origines. » (p. 40)

18:57 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 30 mars 2016

MÉLENCHON ET ROBESPIERRE

Robespierre était un homme du XVIIIe siècle. Aussi révolutionnaire qu’ait été sa pensée, elle avait les limites de son temps. L’adopter aujourd’hui, sans rien y changer, serait avoir deux siècles de retard. Mais alors, la question se pose : que serait devenu le robespierrisme, quelles seraient les positions de Robespierre face aux problèmes actuels ? Au vrai, il est impossible de le savoir avec certitude. Et ce pour deux raisons : 1) Ses idées auraient sans doute évolué sur certains points (lesquels et dans quel sens ?) ; 2) Certains problèmes sont apparus depuis sur lesquels il ne s’est donc jamais exprimé. Ceci étant, Robespierre était un homme de principes et il n’aurait pas changé du tout au tout. Il était et serait encore le champion de l’Égalité (ou de moins d’inégalités), de la Liberté, de la nation, de la souveraineté du peuple et de la non-ingérence ; il était et serait encore le pourfendeur des tartuffes, des traîtres et des tyrans sous quelque masque qu’ils se couvrent.

Et parmi ces tartuffes figure assurément Mélenchon. La principale raison qui me fait dire cela est que Mélenchon est un immigrationniste sous prétexte d’universalisme, donc un idiot utile du capitalisme et de l’euro-mondialisme dont il prétend être l’adversaire. Quoi qu’il dise par ailleurs, ce seul point ruine tout. On n’est pas, comme l’était Robespierre, le champion du peuple et du progrès social quand on cautionne la destruction du peuple et de la société par l’immigration.

L’immigration

A Nadine Morano qui rappelle que la France est un pays de race blanche, Mélenchon répond que ceci est une « énormité », que la « La France est une nation universaliste ». Oui, la France n’est pas une nation racialiste ; elle est contractuelle. N’importe qui, quelles que soient ses origines, peut devenir français sous certaines conditions. Ceci n’enlève rien au fait que les Français sont en premier lieu des Européens, des blancs, que la présence de gens de couleur en France est très récente et due à l’immigration extra-européenne imposée d’abord par le patronat et justifiée et encouragée ensuite par l’antiracisme. Jamais Robespierre n’aurait nié des telles évidences. Jamais Robespierre n’aurait, comme Mélenchon, cautionné la fabrique à Français de papier (pour lui, Mélenchon, être français, c’est avoir une carte d’identité française, donc sans conditions).

Il est vrai que, dans son discours de mars 1791 contre le marc d’argent (exigé pour être électeur), Robespierre déclarait : « Tous les hommes nés et domiciliés en France sont membres de la société politique qu’on appelle la nation française, c’est-à-dire citoyens français ». Cette conception était commune à tous les révolutionnaires. Mais ces hommes du XVIIIe siècle raisonnaient d’après la France qu’ils avaient sous les yeux, dans laquelle la plupart des hommes naissaient, vivaient, travaillaient et mourraient quasiment à l’endroit qui les avait vus naître. L’immigration était infinitésimale et les immigrés ne recevaient aucune aide, ils pourvoyaient eux-mêmes à leurs besoins, soit par leur travail, soit par leur fortune personnelle. De manière générale, ils ne posaient pas de problèmes et ne constituaient pas un sujet de débat. Jamais Robespierre n’aurait imaginé l’immigration qui, sous sa forme actuelle, est une véritable invasion ; jamais il n’aurait considéré de la même manière un phénomène marginal et une déferlante continue. Pour cet adepte de Rousseau, l’immigration massive et imposée serait évidemment une violation, et par ses promoteurs et par ses acteurs, du Contrat social d’après lequel la société est une association libre et volontaire entre citoyens et implique entre eux un consentement mutuel. Les Français ne sont en rien associés aux immigrés quand l’immigration est organisée non seulement sans leur avis mais contre leur gré (d’où l’institutionnalisation de l’antiracisme pour les matraquer, les culpabiliser et les faire taire à défaut d’accepter). Et que dire de l’immigration clandestine dont le premier acte consiste à bafouer la souveraineté nationale, en pénétrant illégalement sur le territoire ? Robespierre, le légaliste, aurait sans doute fait montre de compréhension vis-à-vis des immigrés, il aurait sans doute conseillé de les éconduire avec humanité, mais il n’aurait eu aucune indulgence pour les immigrationnistes qui instrumentalisent les immigrés, tantôt pour le profit, tantôt pour se prévaloir de leur humanité.

« L’humanité consiste surtout à aimer la patrie et à faire le bien des hommes, et non à sacrifier l’intérêt de la société entière à celui d’un particulier. » (23 août 1790) Celui qui a théorisé la Terreur pour sauver la patrie en danger et écraser « le parti de l’Étranger » n’aurait sans doute pas était de ceux qui mettent aujourd’hui la patrie en danger au nom de l’Étranger. Il n’était pas de ceux qui se pâment devant les étrangers, pour qui être étranger, donc immigré, est en soit une qualité et une vertu révolutionnaire. On peut en juger d’après son discours du 12 décembre 1793, aux Jacobins, au terme duquel il obtint l’expulsion d’Anacharsis Clootz, autoproclamé Orateur du genre humain :

« Pouvons-nous regarder comme patriote un baron allemand ? Pouvons-nous regarder comme sans-culotte un homme qui a plus de cent mille livres de rente ? Pouvons-nous croire républicain l’homme qui ne vit qu’avec les banquiers, les contre-révolutionnaires ennemis de la France ? non, Citoyens, mettons-nous en garde contre les étrangers qui veulent paraître plus patriotes que les Français eux-mêmes. […] Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. […] Citoyens, regarderez-vous comme patriote un étranger qui veut être plus démocrate que les Français et qu’on voit tantôt au Marais, tantôt au-dessus de la Montagne ? car jamais Cloots ne fut à la Montagne ; il fut toujours au-dessous ou au-dessus. Jamais il ne fut le défenseur du peuple français mais celui du genre humain. »

Et Marc-Antoine Jullien, l’agent du Comité en mission à Bordeaux, ne disait pas autre chose : « Bordeaux est un foyer de négociantisme et d'égoisme. Là où il y avait beaucoup de gros commerçans, il y avait beaucoup de fripons, et la liberté n'y pouvait guère établir son empire dont la vertu est la base ; là où il y avait beaucoup de riches, le pauvre était pressuré par eux, et l'égalité ne pouvait de long-tems être connue ; là où n'était que la soif de l'or, on ne pouvait guère affermir dans les cœurs l'amour de la patrie. Le mot, humain, absorbait tout, et les différens intérêts privés étouffaient l'intérêt public. » (Lettre à Saint-Just, 11 juin 1794/)

Le slogan du parti de Mélenchon, le Front soi-disant de Gauche, n’est-il pas « L’Humain d’abord ! » ? Ce slogan aurait été pour Robespierre celui d’un traître au peuple français, au moins d’un tartuffe. Que les principes (sociaux) soient universels est une chose ; que l’universalisme serve à nier la patrie et à détruire la société elle-même (au profit de qui ? de quoi ?) en est une autre. Robespierre n’avait pas ce travers. C’est sur son rapport du 25 décembre 1793 sur les principes du gouvernement révolutionnaire que la Convention chassa de son sein tous les députés d’origine étrangère et qu’elle exclut, le lendemain, tous les étrangers des fonctions publiques. Robespierre ne reconnaissait pas aux étrangers de droits politiques. Mélenchon est favorable au droit de vote des étrangers…

Mélenchon ne peut pas « survivre quand il n’y a que des blonds ». Il déclare que « la France n’a pas d’avenir sans les Arabes ». Saint-Just, lui, écrivait à Robespierre : « Ne croyons pas les charlatans cosmopolites, et ne nous fions qu’à nous-mêmes » (14 décembre 1793).

Dieu et la religion

Faut-il également rappeler à Mélenchon, le « bouffeur de curés », que Robespierre fut toujours le défenseur des prêtres (surtout du bas clergé) au temps de la puissance de l’Église, quand lui tire sur l’ambulance ? que, pour stopper la déchristianisation et les persécutions religieuses, il fit confirmer la liberté de culte (6 décembre 1793) ? que Robespierre, loin d’être athée, avait proclamé qu’il croyait en Dieu, à la face des Girondins qui lui en faisaient le reproche (26 mars 1792), et fit décréter que « le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalité de l’âme » (18 floréal an II - 7 mai 1794) ? qu’il fit, le soir même, rejeter l’idée, inspirée par Rousseau, que les athées soient bannis de la République ? qu’il s’opposa jusqu’à son dernier souffle à Cambon et à son idée fixe de supprimer les fonds affectés au culte catholique (8 thermidor) ? Robespierre n’était pas franc-maçon et ne serait pas devenu un laïcard !

Trois interventions sont remarquables sur ce sujet : sa réponse à Guadet, le 26 mars 1792, son discours du 18 floréal et un discours du 21 novembre 1793 dont voici quelques extraits :

« On a supposé qu’en accueillant des offrandes civiques, la Convention avait proscrit le culte catholique. Non, la Convention n’a point fait cette démarche téméraire. La Convention ne la fera jamais. Son intention est de maintenir la liberté des cultes qu’elle a proclamée et de réprimer en même temps tous ceux qui en abuseraient pour troubler l’ordre public ; elle ne permettra pas qu’on persécute les ministres paisibles du culte, et elle les punira avec sévérité toutes les fois qu’ils oseront se prévaloir de leurs fonctions pour tromper les citoyens et pour armer les préjugés ou le royalisme contre la République. […] Il est des hommes […] qui, sous le prétexte de détruire la superstition, veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même. Tout philosophe, tout individu, peut adopter là-dessus l’opinion qui lui plaira. Quiconque voudrait lui en faire un crime est un insensé ; mais l’homme public, mais le législateur, serait cent fois plus insensé, qui adopterait un pareil système. La Convention nationale l’abhorre. La Convention n’est point un faiseur de livres, un auteur de systèmes métaphysiques ; c’est un corps politique et populaire, chargé de faire respecter, non seulement les droits, mais le caractère du peuple français. Ce n’est point en vain qu’elle a proclamé la Déclaration des droits de l’homme en présence de l’Être suprême. On dira peut-être que je suis un esprit étroit, un homme à préjugés ; que sais-je, un fanatique. J’ai déjà dit que je ne parlais ni comme un individu, ni comme un philosophe systématique, mais comme un représentant du peuple. L’athéisme est aristocratique ; l’idée d’un grand être qui veille sur l’innocence opprimée, et qui punit le crime triomphant, est toute populaire. Le peuple, les malheureux m’applaudissent ; si je trouvais des censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les coupables. J’ai été, dès le collège, un assez mauvais catholique ; je n’ai jamais été ni un ami froid, ni un défenseur infidèle de l’humanité. Je n’en suis que plus attaché aux idées morales et politiques que je viens de vous exposer. Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » (21 novembre 1793)

De même que certains qui se réclament du Christ le crucifieraient de nouveau s’il se présentait, Mélenchon se réclame de Robespierre, alors qu’il abreuverait d’insultes quiconque tiendrait, comme lui, le discours suivant :

« Invoquer le nom de la providence et émettre une idée de l’être éternel qui influe essentiellement sur les destins des nations, qui me paraît à moi veiller d’une manière toute particulière sur la révolution française, n’est point une idée trop hasardée, mais un sentiment de mon cœur, un sentiment qui m’est nécessaire. » (26 mars 1792)

Mais Mélenchon qui ne cesse de dénoncer les religieux, en particulier catholiques, ne voit aucun problème avec le voile islamique… Qu’une tradition étrangère et rétrograde, introduite en France par des immigrés dont la présence est imposée de force au peuple français qui, de surcroît, réprouve notoirement cette coutume, cela ne lui pose aucun problème ! Il ne voit pas en quoi cette coutume est une provocation et un trouble à l’ordre public ! Il ne voit pas en quoi ce prosélytisme politico-religieux est contraire aux valeurs de la République ! Il ne voit pas en quoi cette licence, qui procède du communautarisme ou l’engendre par la force des choses, est contraire à la tradition française (et universelle en réalité) d’assimilation ! Il ne le voit pas, parce que « sous le voile, l’immigré ». L’immigré sacré ! Mélenchon réserve ses foudres pour les Français qui ne consentent pas, comme Robespierre en son temps, à l’invasion et à la destruction de leur pays. Quoi que fassent les immigrés, Mélenchon et ses pareils, qui cautionnent leur venue et leur présence, en tirent le prétexte pour accabler les patriotes et exposer encore plus le pays à l’invasion et au chaos. Mais Robespierre lui répond : « S’il fallait choisir entre un excès de ferveur patriotique et le néant de l’incivisme, ou le marasme du modérantisme, il n’y aurait pas à balancer. Un corps vigoureux, tourmenté par une surabondance de sève, laisse plus de ressource qu’un cadavre. » (25 décembre 1793)  

Des citoyens armés

La raison d’être de la société est d’assurer au mieux la sécurité de ses membres contre tous périls extérieurs ou intérieurs. Elle doit donc mettre en œuvre des moyens à cette fin, mais quand ces moyens sont insuffisants ou défaillants, quand un citoyen qui devait être protégé est exposé à un danger, il a le droit de se défendre par tous les moyens à sa disposition. S’il échoue, la société doit le venger ; s’il réussit, elle doit le féliciter. C’est ce que proclamait Robespierre lui-même dans sa Déclaration des droits :

« Quand la garantie sociale manque à un citoyen, il rentre dans le droit naturel de défendre lui-même tous ses droits. » (21 avril 1793).

Robespierre allait même encore plus loin :

« Être armé pour sa défense personnelle est le droit de tout homme ; être armé pour défendre la liberté et l’existence de la commune patrie est le droit de tout citoyen. Ce droit est aussi sacré que celui de la défense naturelle et individuelle dont il est la conséquence, puisque l’intérêt et l’existence de la société sont composés des intérêts et des existences individuelles de ses membres. Dépouiller une portion quelconque des Citoyens du droit de s’armer pour la patrie et investir exclusivement l’autre, c’est donc violer à la fois et cette sainte égalité qui fait la base du pacte social, et les lois les plus irréfragables et les plus sacrées de la nature. » (décembre 1790)

Ainsi, Robespierre était favorable sinon au port du moins à la détention d’armes ; il aurait voulu en outre que tous les citoyens s’investissent dans la garde nationale qui n’est autre chose « que la nation armée pour défendre, au besoin, ses droits, sa liberté et sa sûreté. » (Ibid) « L’homme armé est le maître de celui qui ne l’est pas ; un grand corps armé, toujours subsistant au milieu d’un peuple qui ne l’est pas est nécessairement l’arbitre de sa destinée ; celui qui commande à ce corps, qui le fait mouvoir à son gré, pourra bientôt tout asservir. » (Ibid)

Les bourgeois ont bien compris qu’une garde nationale est pour eux un contre-pouvoir, qu’ils doivent soient en réserver l’accès à des bourgeois, soit en disposer (via son organisation), soit dissoudre une pareille institution. Le droit d’être armé et la formation d’une garde véritablement nationale et indépendante sont des idées toutes populaires. Robespierre les a défendues. Les gauchistes d’aujourd’hui sont contre. Même se défendre avec succès à main nue est devenu un crime à leurs yeux. Malgré l’insécurité qui pèse de plus en plus sur les personnes et le pays, du fait de l’immigration, Mélenchon taxerait à coup sûr de fasciste quiconque inviterait les Français à s’armer et proposerait de créer une garde nationale.

Les Lumières

Mélenchon se revendique aussi des Lumières, c’est-à-dire des Encyclopédistes et de Voltaire, champions de l’ordre bourgeois et de l’argent roi, alors que Robespierre, qui était rousseauiste, c’est-à-dire tout le contraire, les a fustigées dans son discours du 18 floréal (7 mai 1794) :

« Dès longtemps les observateurs éclairés pouvaient apercevoir quelques symptômes de la Révolution actuelle. Tous les événements importants y tendaient ; les causes mêmes des particuliers susceptibles de quelque éclat s’attachaient à une intrigue politique. Les hommes de lettres renommés, en vertu de leur influence sur l’opinion, commençaient à en obtenir quelqu’une dans les affaires. Les plus ambitieux avaient formé dès lors une espèce de coalition qui augmentait leur importance ; ils semblaient s’être partagés en deux sectes, dont l’une défendait bêtement le clergé et le despotisme. La plus puissante et la plus illustre était celle qui fut connue sous le nom d’encyclopédistes. Elle renfermait quelques hommes estimables et un plus grand nombre de charlatans ambitieux. Plusieurs de ces chefs étaient devenus des personnages considérables dans l’État. Quiconque ignorerait son influence et sa politique, n’aurait pas une idée complète de la préface de notre Révolution. Cette secte, en matière politique, resta toujours au-dessous des droits du peuple : en matière de morale, elle alla beaucoup au-delà de la destruction des préjugés religieux. Ses coryphées déclamaient quelquefois contre le despotisme, et ils étaient pensionnés par les despotes ; ils faisaient tantôt des livres contre la Cour, et tantôt des dédicaces aux rois, des discours pour les courtisans, et des madrigaux pour les courtisanes ; ils étaient fiers dans leurs écrits, et rampants dans les anti-chambres. Cette secte propagea avec beaucoup de zèle l’opinion du matérialisme qui prévalut parmi les grands et parmi les beaux esprits. On lui doit en grande partie cette espèce de philosophie pratique qui, réduisant l’égoïsme en système, regarde la société humaine comme une guerre de ruse, le succès comme la règle du juste et de l’injuste, la probité comme une affaire de goût ou de bienséance, le monde comme le patrimoine des fripons adroits. J’ai dit que ses coryphées étaient ambitieux ; les agitations qui annonçaient un grand changement dans l’ordre politique des choses, avaient pu étendre leurs vues. On a remarqué que plusieurs d’entre eux avaient des liaisons intimes avec la maison d’Orléans, et la constitution anglaise était, suivant eux, le chef-d’œuvre de la politique et le maximum du bonheur social.

» Parmi ceux qui, au temps dont je parle, se signalèrent dans la carrière des lettres et de la philosophie, un homme [Rousseau. Ndla], par l’élévation de son âme et par la grandeur de son caractère, se montra digne du ministère de précepteur du genre humain. Il attaqua la tyrannie avec franchise ; il parla avec enthousiasme de la divinité ; son éloquence mâle et probe peignit en traits de flamme les charmes de la vertu ; elle défendit ses dogmes consolateurs que la raison donne pour appui au cœur humain. La pureté de sa doctrine, puisée dans la nature et dans la haine profonde du vice, autant que son mépris invincible pour les sophistes intrigants qui usurpaient le nom de philosophes, lui attira la haine et la persécution de ses rivaux et de ses faux amis. Ah ! s’il avait été témoin de cette révolution dont il fut le précurseur, et qui l’a porté au Panthéon, qui peut douter que son âme généreuse eût embrassé avec transport la cause de la justice et de l’égalité ! Mais qu’ont fait pour elle ses lâches adversaires ? Ils ont combattu la Révolution, dès le moment qu’ils ont craint qu’elle n’élevât le peuple au-dessus de toutes les vanités particulières ; les uns ont employé leur esprit à frelater les principes républicains et à corrompre l’opinion publique ; ils se sont prostitués aux factions, et surtout au parti d’Orléans ; les autres se sont renfermés dans une lâche neutralité. Les hommes de lettre en général se sont déshonorés dans cette Révolution ; et à la honte éternelle de l’esprit, la raison du peuple en a fait seule tous les frais. »

Le capitalo-libéralisme

Les Lumières, c’était aussi les physiocrates, c’est-à-dire les partisans de ce que nous appelons aujourd’hui l’ultra-libéralisme, que Mélenchon sert en dernière analyse, et qui, sous la Révolution, furent incarnés par la plupart des constituants (ligne Le Chapelier) et, ensuite, par les Girondins que Robespierre n’eut de cesse de combattre. A cette époque, le blé et les subsistances étaient un enjeu majeur. C’est à leur sujet que les physiocrates prônaient la libre circulation, c’est-à-dire la liberté de spéculer, donc d’affamer le peuple. Leur slogan fallacieux : « Laissez-faire, laissez-passer ». Le peuple était donc affamé, mais la ligne de toutes les Assemblées, hormis la période 1793-1794, marquée par Robespierre, peut être résumée par ce mot de Rolland, ministre de l’Intérieur : « La seule chose peut-être que l’Assemblée puisse se permettre sur les subsistances, c’est de proclamer qu’elle ne doit rien faire » (19 novembre 1792). Au siècle suivant, Guizot disait plus clairement : « Enrichissez-vous ! » La libre circulation des subsistances, des marchandises, des capitaux, puis des travailleurs, puis des hommes a toujours été prônée par les capitalistes dans l’intérêt du capital. Les immigrationnistes qui ne voient que l’aspect humain (tout en déshumanisant les hommes qui n’ont a leur yeux aucune caractéristique propre, qui sont interchangeables à l’instar d’objets) sont soit des escrocs soit des idiots ! J’ai montré que Robespierre ne serait sans doute pas tombé dans le piège de l’immigrationnisme, lui qui ne s’était déjà pas laissé séduire par les sirènes de l’ultra-libéralisme. Dans un premier temps, il dénonça l’hypocrisie de la doctrine de la libre circulation qui, au nom de la Propriété, était précisément le prétexte pour retenir et accaparer les grains afin de faire montrer les prix. Il distinguait les subsistances, essentielles à la survie et sur lesquelles la société doit avoir un droit de regard, des marchandises en général qui peuvent être abandonnées au marché. Il proposait deux mesures : « prendre les précautions nécessaires pour constater la quantité de grain qu’a produite chaque contrée, et celle que chaque propriétaire ou cultivateur a récoltée. […] forcer les marchands de grains à les vendre au marché, et à défendre tout transport des achats durant la nuit. » (2 décembre 1792) Il ne s’est plus exprimé par la suite sur le sujet, mais quand, par la force des choses, des mesures furent prises contre l’accaparement et, peu après, pour la taxation (maximum des prix), il ne s’y opposa pas ; il était favorable aux premières et, à titre provisoire seulement, aux secondes. Quoi qu’il en soit, Robespierre n’était donc pas un émule des Lumières, et il est probable que Mélenchon applaudit Robespierre en la matière… Mais alors comment Mélenchon peut-il se revendiquer des Lumières ?

Le communisme

Robespierre n’avait pas de système économique à proposer, et les communistes croient qu’il aurait fini par combler ce vide en se ralliant au leur. Mais il n’était pas, ne pouvait pas être et ne serait sans doute pas devenu communiste, au sens de collectiviste. Je ne sais ce qu’il en est exactement de Mélenchon dans ce domaine, mais si besoin est, voici ce que Robespierre écrivait dans son journal Le Défenseur de la Constitution en juin 1792 :

« Qu’il [le peuple] juge entre nous et nos ennemis, qu’il juge entre l’humanité et ses oppresseurs. Tantôt ils feignent de croire que nous n’agitons que des questions abstraites, que de vains systèmes politiques ; comme si les premiers principes de la morale, et les plus chers intérêts des peuples n’étaient que des chimères absurdes et de frivoles sujets de dispute ; tantôt ils veulent persuader que la liberté est le bouleversement de la société entière ; ne les a-t-on pas vus, dès le commencement de cette révolution, chercher à effrayer tous les riches, par l’idée d’une loi agraire, absurde épouvantail, présenté à des hommes stupides par des hommes pervers ? Plus l’expérience a démenti cette extravagante imposture, plus ils se sont obstinés à la reproduire, comme si les défenseurs de la liberté étaient des insensés capables de concevoir un projet également dangereux, injuste et impraticable ; comme s’ils ignoraient que l’égalité des biens est essentiellement impossible dans la société civile ; qu’elle suppose nécessairement la communauté qui est encore plus visiblement chimérique parmi nous, comme s’il était un seul homme doué de quelque industrie dont l’intérêt personnel ne fût pas contrarié par ce projet extravagant. Nous voulons l’égalité des droits parce que sans elle, il n’est ni liberté, ni bonheur social. » (7 juin 1792)

On ne peut affirmer que ce qui suit exprimait la pensée de Robespierre, c’est néanmoins probable. Pour lui, l’Égalité n’excluait pas la Liberté, même celle d’entreprendre ; elle n’excluait que la possibilité d’abuser, d’exploiter et d’affamer en son nom. Il n’était sans doute pas plus favorable que ses collègues du Comité de salut public aux régies, c’est-à-dire à ce que nous appellerions les entreprises nationalisées. Voici deux arrêtés aussi explicites que pertinents :

Le Comité (Carnot et C.-A. Prieur) écrit aux représentants à l’armée de l’Ouest qui ont remplacé le directeur de la fonderie d’Indret par un citoyen dont le civisme leur est connu. Il approuve cette mesure. « Nous vous observons cependant qu’on ne peut considérer ce mode que comme provisoire. Les régies en général ne conviennent point aux intérêts de la République : 1° parce que les régisseurs n’y apportent pas la même économie que des propriétaires ; 2° parce que l’expérience prouve que les perfectionnements dans les procédés s’y introduisent beaucoup plus tard, ou même ne s’y introduisent pas ; 3° parce que de pareils établissements sont entre les mains d’un ambitieux un moyen de puissance, qui peut être très dangereux pour la liberté de la nation. » (9 novembre 1793)

Le Comité (C.-A. Prieur), « considérant combien les régies nationales sont onéreuses aux intérêts de la République par le défaut d’économie, et combien elles sont défavorables au service, parce qu’elles ne livrent jamais à époques fixes ; considérant que les administrateurs des régies nationales s’occupent plus de leurs propres commodités et de l’embellissement des établissements que de l’activité des travaux et de la réalité des produits ; considérant que, dans les régies, les procédés nouveaux ne s’introduisent jamais, et que la perfection du travail ne fait aucun progrès ; considérant enfin que les régies nationales mettent à la disposition d’agents la nomination aux places, ce qui leur donne une puissance dangereuse dans un Etat démocratique », arrête de rendre à l’entreprise (c’est-à-dire aux soins de particuliers) les régies (fonderies) d’Albi et de Saint-Juéry. (14 avril 1794)

Largent, la limite de Robespierre, de la Révolution et de la Gauche

Je livre ici une analyse personnelle. Robespierre sentait d’instinct que le collectivisme tuerait la Liberté au nom de l’Égalité et déboucherait sur une tyrannie. Ses principes, qui sont ni plus ni moins que ceux de l’ordre social, condamnent donc le communisme. Mais, bien qu’il l’ait pressenti, il ignorait que Largent était la limite à ses idées qu’il réduisait au final à des vœux pieux. Pour aller plus loin, pour prôner autre chose que « moins d’inégalités », il aurait du remettre en cause Largent et donc proposer un système non-monétaire, fondé sur l’Égalité (en devoirs et en droits, dont le droit des citoyens d’accéder librement au marché du fait d’être citoyens) et le patriotisme. Mais les possibilités techniques (industrie, informatique) de mettre en œuvre un pareil système n’existaient pas au XVIIIe siècle et n’existent même que depuis peu. Robespierre était donc coincé et voué à l’échec. Largent devait gagner et c’est bien lui qui gagna. Son grand mérite fut cependant de n’avoir pas cédé à la démagogie et aux illusions, d’avoir porté les principes aussi haut que possible, de les avoir dénaturé le moins possible… permettant ainsi à d’autres d’en faire leur profit et de poursuivre son œuvre.

Dans son grand rapport, fait au nom du Comité de salut public, sur les principes de morale politique (17 pluviose - 5 février 1794), Robespierre a exposé ses conceptions et l’idéal de la Révolution française.

« Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté et de l’égalité ; le règne de cette justice éternelle, dont les lois ont été gravées, non sur le marbre ou sur la pierre, mais dans les cœurs de tous les hommes, même dans celui de l’esclave qui les oublie, et du tyran qui les nie.

» Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable, c’est-à-dire, toutes les vertus et tous les miracles de la République, à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie.

» Nous voulons, en un mot, remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l’humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime et de la tyrannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé, devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés, l’ornement de l’univers, et qu’en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir briller au moins l’aurore de la félicité universelle… Voilà notre ambition, voilà notre but. » (5 février 1794)

Au-delà de la beauté de ce discours et de ses nobles intentions, on voit qu’il n’y a rien de concret, que Robespierre n’a pas de programme économique. Je veux dire que Robespierre ne proposait pas un système en adéquation avec ses principes. Il aspirait à l’Égalité et à la démocratie dans un système monétaire par nature inégalitaire et ploutocratique, pour le moins oligarchique, ce dont il avait conscience quelque part. (« Quand leur intérêt [l’intérêt des riches et du gouvernement] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » Note de juin-juillet 1793) Ne remettant pas en cause le système monétaire, il était donc contraint de dénaturer ses propres principes pour les adapter à lui. Il était vaincu d’avance. (Peut-être le sentait-il et était-ce là la cause profonde de son pessimisme.) Ceux qui ne voient pas que Robespierre transigeait sans le savoir et en vain avec Largent, transigent comme lui, capitulent eux aussi devant Largent ; ils n’ont décemment aucun reproche à faire à Robespierre ni aucune leçon à donner ; ils ne peuvent pas faire mieux que lui, et beaucoup ont fait pire. Car si Robespierre ne savait pas comment renverser Largent et lui fit des concessions, au moins ne concéda-t-il rien sur les principes et ne céda-t-il pas à la tentation de proposer des systèmes contre-nature, contre la nature du système monétaire et la nature humaine, des systèmes égalitaristes, liberticides, catastrophiques et in fine tyranniques. Être lucide sur son impuissance (face à Largent) fut moins une faiblesse que sa grandeur.

COMPLÉMENT

Largent, toutefois, n’empêche pas un certain nombre de progrès sociaux, jusqu’à un certain point. Mais une fois ce point atteint, tout nouveau progrès se heurte aux lois de Largent et impose, pour avancer, de le renverser. Quiconque ne va pas jusque-là n’a dès lors que trois options : 1) se rallier purement et simplement à Largent, c’est-à-dire se convertir au capitalo-libéralisme, 2) faire comme si de rien n’était et prôner, face à la régression, le même genre de mesures sociales limitées et vaines que par le passé, 3) déserter le champ social et se faire néanmoins passer pour un progressiste en détruisant tout par ailleurs au nom d’un soi-disant progrès (déclaré, non-démontré et surtout contredit) et en ne servant en dernière analyse que les intérêts du capitalisme. Les socialistes et la « gauche » en général, qui ne méritent plus désormais le nom de gauche, au mieux celui de « gaucherie », ont choisi cette dernière option.

Comme on l’a vu plus haut, ils ont abandonné les travailleurs autochtones au profit des immigrés. De là leur renoncement à la France au nom de la République (et de « l’Europe »), leur baratin sur l’immigration « chance pour la France », sur le droit à la différence, sur l’antiracisme, sur la société multiculturelle, sur le métissage, etc. ; de là, aussi, leur baratin sur la parité, le mariage homosexuel, la théorie du genre (la négation des sexes sous prétexte d’Égalité), autant de thèmes que Robespierre n’a évidemment jamais traités et que Mélenchon qui se prétend robespierriste fait siens. Mais ses principes laissent assez voir qu’il les aurait tenus pour des aberrations, pour le moins.

La théorie du genre

Robespierre ne négligeait pas l’influence de la société sur les individus, mais il était clair, pour lui, que le genre humain est partagé entre les hommes et les femmes, que les hommes ne sont pas des femmes, ni les femmes des hommes, que la nature a créé cette distinction que la société ne saurait nier. Il n’aurait pas été de ceux qui prétendent que le caractère des hommes et celui des femmes n’est que le fruit d’un conditionnement social et qu’un même traitement en ferait des êtres pour ainsi dire neutres. Loin d’ailleurs de favoriser un traitement uniforme et aberrant, il était partisan d’un traitement distinct.

« Quelle est la forme d’habillement complet des enfants de l’un et l’autre sexe, le plus commode et le plus économique ? Il sera présenté deux modèles, l’un pour l’habillement des garçons, l’autre pour celui des filles. » (Plan d’éducation de Michel Le Peletier, lu par Robespierre le 13 juillet 1793)

Sur la Parité dans les élections

Impossible de savoir ce que Robespierre aurait pensé du droit de vote pour les femmes, mais il aurait assurément considéré comme contraire à tous les principes l’exigence de la parité homme-femme dans les élections, non qu’il soit injuste que des femmes puissent se présenter, mais parce qu’il est notoire qu’il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes en politique et que, par conséquent, réserver autant de places pour les unes que pour les autres est une distinction fondée sur le sexe en faveur des femmes et une injustice vis-à-vis des hommes de talents écartés de la course sans raison valable. Sans parler des difficultés artificielles créées aux partis comptant peu de femmes dans leurs rangs. Pour Robespierre, les citoyens prétendant à des fonctions publiques ne pouvaient être distingués que par leurs talents et leurs vertus.

« Tous les citoyens sont admissibles à toutes les fonctions publiques, sans aucune autre distinction que celle des vertus et des talents, sans aucun autre titre que la confiance du peuple. » (Art. 21 de sa Déclaration, lue au Jacobins le 21 avril 1793 et adoptée par eux à l’unanimité.)

Sur le mariage homosexuel

Pour Robespierre, la loi ne devait imposer (ou autoriser) que ce qui est utile à la société (citations ci-dessous). Outre que l’idée de mariages entre personnes de même sexe ne lui serait jamais venue à l’esprit, lui qui avait pourtant soutenu le droit des prêtres de se marier (31 mai et 22 juin 1790), il est vraisemblable qu’il l’aurait même trouvée contre-nature, non que l’homosexualité n’existe pas, mais elle n’est pas dans l’ordre naturel des choses, puisqu’elle est naturellement stérile. Le mariage, pour Robespierre, ne se concevait qu’entre un homme et une femme comme une institution sociale servant non seulement à consacrer l’union entre eux mais aussi à assurer un cadre aux enfants éventuels qui sont l’avenir de la société. Or les mariages homosexuels ne produisent pas d’enfants, ils n’ont aucune utilité pour la société. Pire ! en plaçant les couples homosexuels sur un pied d’égalité avec les couples hétérosexuels, la société pour qui la loi doit être la même pour tous, reconnaît aux premiers, à l’instar des seconds, le droit d’adopter des enfants, alors que, dans leur cas, c’est la nature elle-même qui leur a refusé la possibilité d’en avoir. S’ils n’en ont pas, ce n’est point ici un accident, mais la norme. Autrement dit, la société devrait violer les principes de la nature elle-même pour satisfaire, sans aucun intérêt pour elle, aux caprices de quelques individus. (« L’humanité consiste surtout à aimer la patrie et à faire le bien des hommes, et non à sacrifier l’intérêt de la société entière à celui d’un particulier. » 23 août 1790) Jamais Robespierre n’aurait soutenu une pareille hérésie ; nul doute qu’il l’aurait au contraire combattu de toutes ses forces. Mais Mélenchon est pour !

« Toutes les fonctions publiques sont d’institution sociale : elles ont pour but l’ordre et le bonheur de la Société ; il s’ensuit qu’il ne peut exister dans la société aucune fonction qui ne soit utile. » (31 mai 1790)

« L’utilité générale, dites-vous ! Mais est-il rien d’utile que ce qui est juste et honnête ? Et cette maxime éternelle ne s’applique-t-elle pas surtout à l’organisation sociale ? Et si le but de la société est le bonheur de tous, la conservation des droits de l’homme, que faut-il penser de ceux qui veulent l’établir sur la puissance de quelques individus, et sur l’avilissement et la nullité du reste du genre humain ? Quels sont donc ces sublimes politiques qui applaudissent eux-mêmes à leur propre génie, lorsque, à force de laborieuses subtilités, ils sont enfin parvenus à substituer leurs vaines fantaisies aux principes immuables que l’éternel législateur a lui-même gravés dans le cœur de tous les hommes ? » (discours contre le marc d’argent, mars 1791)

« La loi ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société ; elle ne peut ordonner que ce qui lui est utile. » (Déclaration, art. 17, 21 avril 1793)

« En fait de politique, rien n’est utile que ce qui est juste et honnête » (16 mai 1791)

« Dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique ; ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire. » (5 février 1794)

CONCLUSION

En adoptant ces positions, qui toutes, en dernière analyse, visent à détruire les derniers îlots de résistance naturelle au capitalisme et à accélérer la marchandisation du monde, Mélenchon qui sur certains sujets se tient bien, se fait le complice du capitalisme. Il n’est pas de ceux qui veulent ouvertement détruire la nation au nom de Largent (libre concurrence), mais de ceux qui la détruisent en premier lieu au nom de l’humanité (droits de l’homme).

« Les ennemis intérieurs du peuple français se sont divisés en deux factions, comme en deux corps d’armée. Elles marchent sous des bannières de différentes couleurs et par des routes diverses : mais elles marchent au même but. » (5 février 1794 – 17 pluviôse an II)

Mélenchon n’a finalement d’ennemi que le Front National (actuel), c’est-à-dire les patriotes français qui n’acceptent pas l’invasion et la destruction de leur pays, c’est-à-dire ceux qui, aussi bien sur le plan social que sur le plan politique, sont les plus proches des idées de Robespierre.

10:24 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 04 mars 2016

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11:09 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 27 février 2016

GÉNÉRAL TURREAU vs COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Tous les documents qui suivent, absolument authentiques, sont tirés de « guerres des Vendéens et des Chouans » de Jean-Julien Savary (qui contient toutes les lettres des généraux impliqués dans cette guerre, sorte d’équivalent du travail d’Alphonse Aulard sur les actes du Comité de salut public), disponibles sur Internet (lien plus bas). Ils sont, à mon sens, la réponse définitive à l’affirmation récurrente selon laquelle le général en chef Turreau n’aurait fait qu’exécuter un plan conçu ou approuvé par le Comité de salut public, lequel aurait même projeté d’exterminer toute la population de la région (aux pourtours fluctuants), baptisée « vendée militaire » (à cheval entre les départements de la Vendée, de la Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres).

Je livre ces documents à votre jugement, me permettant toutefois quelques commentaires par-ci par-là. J’apprécierais que ceux qui auront pris la peine de les lire me fassent part, dans les commentaires, de leurs propres conclusions.


13 janvier 1794. — Lettre du Comité de salut public (sans précision) au général en chef Turreau :

« Nous avons reçu ta dépêche du 11, datée d'Angers par laquelle tu nous proposes tes observations sur le retour que nous avions ordonné [le 4 janvier] de plusieurs bataillons de la Charente. — Le comité ne s'est déterminé à cette mesure, que par des considérations de la plus haute importance, et tu n'aurais pas dû te permettre de suspendre, au mépris de la loi, l'exécution de cet arrêté car ce sont les infractions de ce genre qui ont occasionné la plupart des revers qui ont affligé la république. Ton armée est considérable, TU N’AS PLUS QU’UN TRÈS PETIT NOYAU À COMBATTRE, et tu parais vouloir cantonner une partie de tes troupes. Il semblerait, d'après cela que les bataillons de la Charente, qui, au rapport des députés de ce département, sont dans le dénuement le plus absolu, sans armes, presque désorganisés, et qui font partie de la réquisition prescrite par la loi du 12 août, ne te sont pas absolument nécessaires et qu'il serait indispensable, pour en tirer parti, de les laisser aller chez eux quelque temps se vêtir et s'organiser. Cependant, sur tes observations, nous nous décidons à suspendre l'exécution de notre arrêté. Hâte-toi du moins d'exterminer le dernier des brigands. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 37)

Commentaire.

1) Cette lettre était la première lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef de l’armée de l’Ouest. — Turreau, envoyé de la Vendée à l’armée des Pyrénées-Occidentales pour y prendre le commandement en chef, avait été chassé de cette armée par les représentants en mission sur place. Le 4 novembre, à sa demande, le Ministre de la guerre l’avait retiré de cette armée, et, le 22, l’avait nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest, ce que le Comité de salut public n’avait fait que confirmer le 27.

2) Début janvier, le général Kléber, alors à Nantes et qui commandait la division du Nord, estimait les rebelles à environ 6.200 hommes, la plupart sur la rive gauche de la Sèvre, à la frontière entre la Vendée et la Loire-Inférieure (3.000 sous les ordres de Charette, 2.000 sous ceux de La Cathelinière). C’est sur eux qu’il aurait voulu que porte l’effort principal, et il envisageait une concentration des forces dans ce but. Ce plan correspondait à la tactique que le CSP avait toujours prônée : agir en masse contre les rebelles, les insurgés, les ennemis armés, finir cette guerre au plus vite pour pouvoir envoyer les troupes sur les frontières (voir plus bas au 30 janvier et au 13 février). Kléber avait soumis son plan au général en chef Turreau qui, le 7 janvier, l’avait rejeté. « Ce n’est pas là mon plan… », avait-il déclaré. (Savary, tome III, pp. 22 et 25.)

3) Sous la plume du CSP, le terme brigands ou rebelles désignait les insurgés au vrai sens du terme, les bandes armées qui existaient bel et bien et qui alors ne formaient plus qu’un « très petit noyau ». Ainsi, quand le Comité parle « d’exterminer les brigands » qui ne sont plus qu’un « très petit noyau », il est clair qu’il ne parle pas de la population de ces régions en général (environ 800.000 âmes à l’origine, selon Reynald Secher), mais bien des derniers insurgés.

17 janvier 1794. Le général en chef Turreau arrête ses ordres (voir à la fin, le commentaire 3 de la lettre du 23 juillet 1794).

19 janvier 1794. — Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« Vous êtes sans doute étonnés que l’Armée de l’Ouest soit encore en pleine activité contre les rebelles de la Vendée dont on vous a annoncé tant de fois l’entier anéantissement. Ils n’existeraient plus effectivement si l’exécution DU PLAN QUE J’AVAIS CONÇU n’eut été entravée et retardée par des ordres contraires. En voici l’analyse : vous jugerez vous-mêmes citoyens représentants que j’ai été dans l’impossibilité d’exécuter plutôt le plan que j’exécute aujourd’hui. — Les différents rapports qui m’ont été faits après la victoire du Mans de la force des rebelles placés sur la rive droite de la Loire m’avaient convaincu que la division détachée de l’Armée du Nord était inutile de ce côte-là et que je devais l’employer dans le sein de la Vendée où des rassemblements alors considérables sous les ordres de La Rochejaquelein, Stofflet, Charette etc. enfin du fameux d’Elbée, qui depuis est tombé en notre pouvoir [à Noirmoutier, Ndla] pouvaient recommencer une guerre sérieuse, balancer nos succès et compromettre peut-être encore longtemps la tranquillité de cette partie de la République. Je donnai ordre en conséquence à la division du Nord alors à Alençon de se porter à Angers lorsqu’un ordre contraire et postérieur au mien du général divisionnaire Marceau lui fit prendre la route de Rennes. Je la ramène à Nantes et la quitte momentanément pour l’expédition de Noirmoutier [où Turreau arriva après la bataille. Ndla]. A mon retour, je la trouve morcelée par l’ordre du représentant Carrier qui avait détaché environ trois mille hommes que je n’ai pu encore réunir. Cependant j’entre dans la Vendée et j’y commence l’opération QUE J’AVAIS PROJETÉE MÊME AVANT D’ÊTRE GÉNÉRAL EN CHEF. — Douze colonnes parties de différents points et embrassant seize lieues de pays marchant toujours à la même hauteur et ayant toutes les facilités pour se secourir mutuellement entrent dans la Vendée et poussent l’ennemi du coté de la mer. Haxo et Dutruy placés sur les côtes avec des forces suffisantes les poussent également sur moi ; de manière que si les ordres que j’ai donnés sont strictement exécutés, il me paraît impossible qu’ils ne soient pas entièrement cernés. Chaque chef de colonne a son instruction particulière ; tous ont l’ordre d’incendier les villages, métairies, forêts etc., mesure que j’ai cru indispensable et que vous-mêmes citoyens représentants vous avez indiquée dans votre arrêté du mois d’août (vieux style). J’ai excepté cependant de l’incendie général quelques villes ou bourgs dont l’existence est absolument nécessaire pour y placer des garnisons. Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) après quoi j’aurai au moins douze mille hommes de bonnes troupes dont on pourra disposer pour une autre armée ; le reste me suffira pour assurer la défense de la partie des côtes confiées à mon commandement et pour contenir le pays. […] » (Savary, tome III, p. 48)

Commentaires :

1) Turreau prétend appliquer l’arrêté du Comité décrété le 1er août 1793. Ainsi, son plan ne serait jamais que l’exécution des ordres de la Convention. Mais, en janvier 1794, la situation n’est plus celle de l’été 1793. Les rebelles ont été vaincus à Cholet et écrasés lors de la virée de Galerne. Les civils républicains qui avaient fui sont revenus et contrôlent de nouveau l’essentiel de ce que l’on appelle « la Vendée militaire », en particulier la partie Est. Or c’est précisément sur cette partie que Turreau va lancer ses colonnes dont les atrocités vont rallumer la guerre.

2) Cette lettre prouve non seulement que le plan des colonnes était bien celui de Turreau seul, mais encore qu’il l’avait imaginé, comme il le déclare, bien avant d’avoir le commandement de l’armée de l’Ouest. Il revendiquera la paternité du plan qu’il exécutait dans quasiment toutes ses lettres au Comité de salut public. Il suffit de les lire pour n’en pas douter. Un spécialiste de la guerre de l’Ouest ne peut ignorer ces documents et, par conséquent, soutenir, sans mentir, que le plan des colonnes infernales était celui du Comité. Certains sont cependant d’assez mauvaise foi pour le faire, et les dissimuler, cherchant ainsi à discréditer le Comité, Robespierre et la République… et, à cette fin, ils utilisent la lettre ou un extrait de la lettre du Comité (Carnot) au général Turreau du 6 février 1794 (voir plus bas).

24 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« J’ai commencé l’exécution du plan que J'AVAIS CONÇU de traverser la Vendée sur douze colonnes. [...] » (Savary, tome III, p. 74)

30 janvier 1794. — Rapport de Carnot au Comité de salut public sur « le système général des opérations militaires de la campagne prochaine ». Après avoir passé toutes les armées en revue, il indique, concernant les opérations à l’Ouest :

« […] Il reste à parler des opérations que doivent faire les armées de l’Ouest, des côtes de Brest et des côtes de Cherbourg, qu’on peut regarder comme n’en faisant qu’une. — Ces armées ont trois objets à remplir, 1° finir la guerre de la Vendée ; 2° garder les côtes ; 3° opérer la descente projetée sur les côtes d’Angleterre. — Il faut pour le premier de la cavalerie légère, quelques corps d’infanterie bien en masse et très-peu d’artillerie. [Le général Turreau avait annoncé qu’une promenade militaire de huit ou quinze jours au plus lui suffirait pour terminer la guerre de la Vendée ; de son côté, Rossignol annonçait la destruction prochaine des chouans. Ainsi ces guerres de l’Ouest inquiétaient peu le gouvernement. (Note de Savary.)] — Pour le second, de bonnes garnisons dans les ports et de bons corps-de-garde sur les côtes. — Pour le troisième, les mêmes dispositions que pour le second, avec une flotte nombreuse toujours prête. — Il est à remarquer, au sujet de cette descente [sur Jersey. Ndla] que lors même qu’elle ne pourrait pas s’exécuter cette année les seuls préparatifs tiendraient en échec toutes les forces navales anglaises pendant la campagne, et les empêcheraient de rien tenter de considérable ailleurs. Cet appareil forcerait les Anglais à tenir une armée considérable sur pied, ce qui met leur constitution dans un grand danger, ensuite leurs finances, et les empêche de porter des secours dans les Pays-Bas ; il est donc essentiel de pousser les préparatifs avec toute la vigueur possible, et de se tenir en mesure de profiter de la première occasion pour l’exécuter. — Au système qui vient d’être exposé, il faut joindre quelques règles générales qui ont été prises pour base dans tous les arrêtés du comité de salut public sur les opérations militaires. — Ces règles générales sont d’agir toujours en masse et offensivement ; d’entretenir une discipline sévère et non minutieuse dans les armées ; de tenir toujours les troupes en haleine sans les excéder ; de ne laisser dans les places que ce qui est absolument indispensable pour leur garde ; de faire de fréquentes mutations dans les garnisons et les résidences des états-majors et commandants temporaires pour rompre les trames qui ne manquent pas de se nouer par un trop long séjour dans le même lieu, et d’où procèdent les trahisons qui livrent les défenseurs à l’ennemi ; d’apporter la plus grande vigilance ; d’obliger les officiers-généraux à les visiter eux-mêmes très-fréquemment ; d’engager en toutes occasions le combat à la baïonnette et de poursuivre constamment l’ennemi jusqu’à sa destruction complète. — Il est évident que nous ne pouvons terminer la guerre [étrangère. Ndla] dans cette campagne sans de grandes batailles car, quand par des opérations partielles nous serions venus à bout de détruire la moitié de l’armée ennemie, il lui resterait encore les moyens de nous attaquer de nouveau l’année prochaine, et de prolonger ainsi l’état violent où nous sommes. Il faut donc une campagne des plus offensives, des plus vigoureuses et c’est ce qui a été recommandé, à tous les généraux et surtout à celui de l’armée du Nord, qui doit porter les coups les plus décisifs. » (Savary, tome III, p. 125)

Commentaire :

1) Le Comité (Carnot) dictait la conduite pour mener une guerre, en Vendée comme ailleurs… et ses mesures étaient parfaitement légitimes. A l’Ouest, le souci était de terminer la guerre au plus vite et de mettre les côtes en état de défense contre un coup des Anglais. Il n’est ni question de massacrer tous azimuts ni de réprimer ce genre d’atrocités, car le Comité (qui, le 27 juillet 1793, avait fait décréter la peine de mort pour les soldats pillards et violeurs) n’imaginait pas alors qu’elles puissent être commises, surtout dans les proportions qu’elles prirent sous le commandement de Turreau. Malgré les rumeurs, longtemps il ne sut qui croire sur ce sujet, craignant toujours d’être trompé par les uns ou les autres. Et Turreau n'était pas le dernier à le tromper ! Ses lettres (voir Savary) abordent les choses d'un point de vue strictement militaire, donnent à penser que ses troupes traquent (avec plus ou moins de succès) les rebelles au sens propre... mais jamais il ne signale les horreurs auxquelles elles se livrent. En le lisant, le Comité, qui n'approuve pas sa tactique, pense néanmoins qu'il conduit une guerre alors que nous savons qu'il massacrait tous azimuts.

31 janvier 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Croyez que si l’on retirait les forces qui me sont nécessaires pour exécuter le plan que J'AI CONÇU, cette guerre renaîtrait au printemps et le projet des chefs était bien d’employer l’hiver à se reposer. [...] Gardez-vous surtout, citoyens Représentants, de croire que je puisse chercher à prolonger le pouvoir dont vous m’avez investi. L’intérêt public est mon unique but et si tout autre que moi peut être plus utile au poste que j’occupe, je renoncerai sans peine à un grade que je n’ai point demandé et dont je n’ai jamais plus senti les désagréments qu’aujourd’hui. L’éloignement des Représentants en est une des principales causes. J’ai été contraint, dans une opération aussi importante, de tout prendre sur ma responsabilité ; je n’ai pas même eu l’avantage de recevoir votre approbation et je compromettrais la réussite de MON PROJET si j’attendais pour agir que je l’eusse obtenue... Cruelle alternative !... mais qu’importe J’AI FAIT CE QUE J’AI CRU DEVOIR FAIRE ; ma conscience n’a rien à se reprocher et je ne doute point que vous ne rendiez justice à la pureté de mes intentions. […] » (Savary, tome III, p. 111)

6 février 1794. — Lettre du Comité de salut public au général en chef Turreau, en réponse à la lettre ci-dessus :

« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité ont dû t’être transmises par le ministre de la Guerre. Nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. Nous te prescrivons SURTOUT de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes-en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soit entièrement consommée. ENCORE UNE FOIS, recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté (document suivant) propre à seconder tes vues. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 151 ; Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, p. 141)

Commentaires :

1) Cette lettre était la deuxième et la dernière lettre du Comité à Turreau en tant que général en chef. Quand il lui écrivit de nouveau (je n’ai pas cette lettre, mais peut-être ne lui écrivit-il pas directement, peut-être Turreau n'a-t-il reçu qu'une copie de l'arrêté dont il est question), ce fut pour lui apprendre sa suspension arrêtée le 13 mai et sa nouvelle affectation, près la garnison de Belle-Isle, arrêtée le 20 mai. Ce long silence est étrange, je me l’explique difficilement, mais une chose est sûre : le Comité n’avait pas approuvé la conduite de Turreau, il ne l’a jamais félicité, il a blâmé sa tactique publiquement (12 février) et confidentiellement (13 février), il est longtemps resté dubitatif à son sujet, puis il l’a suspendu. Comme marque enthousiaste d’approbation, on fait mieux !

2) A cette date, le plan de Turreau devait, d’après Turreau lui-même, avoir achevé la guerre (« Cette promenade militaire sera finie le 15 ou 16 pluviôse (3 ou 4 février) » Lettre du 19 janvier.), mais il n’avait fait que la rallumer partout, ce à quoi le Comité ne semblait pas s’attendre, puisqu’il prenait des mesures pour un pays « pacifié ».   

3) Le Comité écrivit à Turreau ce jour précis pour lui transmettre l’arrêté qu’il venait de prendre concernant le désarmement, qui était une des dispositions du plan de Turreau. Il s’agissait donc de le seconder sur ce point-là, d’où l’expression « propre à seconder tes vues ». D’où aussi le mot « surtout ».  « Nous te prescrivons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu… » ou « Encore une fois, recueille toutes les armes… » Ainsi, quoi que le Comité ait dit dans cette lettre, c’est sur ce point qu’il voulait que Turreau fixe son attention.   

4) « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. » — Cette phrase, par laquelle commence la lettre, nous apprend que le Comité écrivait peu à Turreau. Comme je l’ai dit, il ne lui écrivit que deux fois, le 13 janvier et ce jour, 6 février. Et le Comité dit qu’il n’a jamais approuvé formellement SES mesures, les mesures de Turreau. En fait, il ne les a jamais approuvées tout court, ni officiellement, ni autrement. Pas plus ici qu’ailleurs ! C’est ce dont se plaint précisément Turreau dans sa dernière lettre.

5) « Elles [tes mesures] lui paraissent bonnes et pures ; mais, éloigné du théâtre des opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. » — Le Comité qui n’a alors aucune idée de la situation sur le terrain et des effets de la tactique de Turreau, lui dit que ses mesures (sur le papier) lui PARAISSENT bonnes et pures. Il ne dit pas qu’elles le sont, mais qu’elles lui semblent… (Le terme « pures » est sans doute utilisé en réponse à Turreau qui, dans sa lettre précédente, du 31 janvier, avait protesté de la « pureté de mes intentions » (expression qu’il utilisera à nouveau le 14 février dans une lettre au ministre de la Guerre).) Et il le dit lui-même : il est « éloigné du théâtre des opérations », il ne sait pas ce qu’il se passe réellement, et comme il a été trompé maintes fois, ainsi que la Convention, il attend la réalisation des grands résultats annoncés pour se prononcer. En un mot, il attend de voir… Voilà ce que certains présentent comme une approbation des plans de Turreau ! Voilà la lettre par laquelle certains font même du Comité l’auteur des plans mis en œuvre par Turreau ! Et sans doute qu’à force de répéter que cette lettre le prouve, beaucoup, bien conditionnés, bien suggestionnés, ne croient pas ce qu’ils lisent mais lisent ce qu’ils croient.

6) « Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. » — Ici, je renvoie au commentaire 2 sur la lettre du 13 janvier. J’ajoute que cette expression, de circonstance (c’est la guerre, une guerre à mort), offre encore un moyen à certains d’user et d’abuser du procédé que je viens de signaler. Ils font mine de croire le terme « brigands » désigne, non pas les rebelles armés, mais « tout habitant », et, par conséquent, affirme que le Comité voulait exterminer toute la population… Mais la population de quelle région, de quelle zone exactement ? Jamais cela n’est précisé pour la simple raison que cela n’a jamais été l’idée, qu’aucun document n’en porte le début d’une trace. L’idée était d’écraser les rebelles où qu’ils soient et d’où qu’ils soient. C’était une guerre, une guerre civile, qui a donné lieu à des abus et à des atrocités que nul ne nie, mais ce n’était pas un « génocide », concept qui n’a aucun sens dans le cas présent, mais terme employé à dessein selon le fameux procédé de la « reductio ad hitlerum ».

7) Reynald Secher introduit cette lettre comme suit : « Le Comité de salut public aurait pu se rétracter et opter pour le plan du général Kléber [voir le 2e commentaire sur la lettre du 13 janvier.] qui avançait des mesures d’apaisement « pour se concilier les Vendéens, hommes bons et généreux ». Non seulement il ne le fait pas, mais il donne son aval à Turreau, le 6 février, par l’intermédiaire de Lazare Carnot, membre du Comité de salut public surnommé par le général Danican « le monstre », « le terreur des malheureux Français ». — Chacun jugera…. J'ajoute que c'est à Turreau et non au Comité que Kléber avait envoyé son plan et ses réflexions, conformément à la voie hiérarchique.

6 février 1794. Arrêté du Comité de salut public (Carnot).

« Le Comité de salut public délibérant sur la situation actuelle de la Vendée, arrête : 1° Il sera proposé à la Convention nationale de décréter [ce qu’elle fit le 10 février] que TOUS LES CITOYENS des pays qui ont participé à la révolte de la Vendée et qui ne font point partie des troupes soldées, seront tenus de déposer sous vingt-quatre heures leurs armes à feu, de quelque espèce qu’elles soient, entre les mains des agents nationaux, et ceux-ci entre celles de l’autorité militaire dans l’espace d’une décade. Les citoyens ou agents nationaux réfractaires à cette loi seront punis de mort par une Commission militaire. – 2° Chaque bataillon conservera une seule pièce de canon. On fera placer toutes les autres dans les places fortes. Il sera conservé seulement un quart au plus de l’artillerie légère et de celle de position ; un autre quart sera envoyé sur les derrières de l’armée dans les places fortes, et tout le reste sera envoyé sans délai à l’armée des Pyrénées occidentales. – 3° Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu’à leur entière destruction. Les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie. Les subsistances seront saisies partout et envoyées aux armées et dans les places fortes. Il en sera de même des bestiaux et des chevaux propres au service des troupes et de tout ce qui peut être utile à leur entretien. – 4° Il sera proposé à la Convention nationale de faire remplacer Carrier, qui demande son rappel [?], par un autre représentant ; Prieur (de la Marne) sera chargé de le remplacer. Le rapport sur la conduite de Westermann sera fait dans le plus court délai. » (In extenso) (Aulard, tome X, p. 724)

Commentaires :

1) L’article 1er de cet arrêté, qui menaçait de mort quiconque (autre que les soldats) ne déposerait pas les armes dans les 24 heures, était-il une façon indirecte de proposer une « amnistie » à tous les citoyens qui avaient porté les armes, de quelque camp qu’ils soient ? Cela avait déjà été proposé le 19 mars 1793 et allait l’être encore le 2 décembre 1794.

2) L’envoi d’une partie de l’artillerie de l’armée de l’Ouest à l’armée des Pyrénées occidentales s’inscrit dans l’obsession du Comité d’employer ailleurs les ressources mobilisées en Vendée. Le 12 avril, il renvoyait à l’armée des Pyrénées occidentales le détachement de 10.000 hommes envoyés en novembre en Vendée. Le 31 mai, considérant la guerre comme à peu près terminée, il envisagea de retirer 25.000 hommes pour les envoyer sur le Rhin, soit un quart de l’effectif (près de la moitié de l’effectif actif), avant de réduire ce retrait à 15.000 hommes (2 juillet).

3) Une rumeur, démentie le 13 février par les représentants Turreau et Francastel (Aulard, XI, p. 126), accusait Westermann d’avoir distribué 30.000 fusils pris aux brigands.

4) Il y avait un monde entre ce que voulait le Comité et ce qui se faisait ou était possible sur le terrain. C’est néanmoins par ses arrêtés, que l’on peut et que l’on doit juger les intentions du Comité en général et de Carnot en particulier, Carnot qui fut le principal décisionnaire dans les affaires de Vendée et le principal interlocuteur des représentants en mission à l’Ouest.

5) Le même jour, Carrier, le bourreau de Nantes, dénoncé à Robespierre par l’agent du Comité Marc-Antoine Jullien, était donc rappelé. Alors je pose la question : Est-il possible que le Comité ait eu en horreur les crimes de Carrier et ait applaudi à ceux de Turreau ?

9 février 1794. Le général en chef Turreau répond à la dernière du CSP :

« [...] Le désarmement s’exécute, les subsistances abondent dans nos magasins ; et, sans la négligence des employés, les intentions du Comité de Salut Public eussent été bien mieux secondées. — J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. Rien ne pourra jamais altérer mon attachement à la cause sacrée que j’ai résolu de défendre jusqu’à la mort. [...] » (Savary, tome III, p. 167)

Commentaires :

1) Reynald Secher commente ainsi : « Turreau, comme il l’écrit, a douté et a eu peur. Il a cru pendant quelques jours que la Convention et le Comité de salut public avaient changé d’avis et donc de plan d’où sa joie manifeste lorsqu’il répond au Comité : « J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. » Turreau n’est pas, contrairement à ce qu’affirment les négationnistes, un élément autonome qui aurait agi de son seul fait, mais un exécutant zélé du Comité de salut public. » — Le le document cité est bien authentique, mais M. Secher n’en est pas moins un affabulateur qui croit en imposer en traitant ses détracteurs de négationnistes comme d’autres abusent de l’épithète « fasciste ». Ce n’est pas parce que Turreau prétend que la lettre du Comité était une approbation, qu’elle en était une. Je vous ai mis cette lettre sous les yeux… Le Comité ne donnait pas d’approbation (il ne l’avait pas fait avant et ne le fit pas davantage après) ; il annonçait rester dans l’expectative. En outre, il est très culotté de citer cette phrase de Turreau et d’en conclure qu’il n’était que l’exécutant du Comité, alors même que Turreau disait encore ici comme partout ailleurs « les mesures que J’AI prises ». Enfin, M. Secher se garde bien de signaler les deux documents suivants (ci-après).

2) Turreau était suffisant, arrogant, pathétique, menteur, barbare et incapable. Il minimisait ses échecs, transformait en victoires sur les rebelles d’abominables massacres de civils, rejetait ses torts sur ses subordonnés, calomniait et cassait les officiers qui le contrariaient, protestait enfin de ses bonnes intentions. Il fallut du temps au Comité pour en revenir. 200 ans plus tard, certains donneurs de leçons sont toujours ses dupes !

3) Un document qui pourrait apporter de l’eau au moulin de M. Secher. Le 14 février, Turreau écrivit au Ministre de la Guerre : « Et l’on disait qu’il n’y avait plus de brigands,…et depuis que je suis entré dans la Vendée, en voila plus de douze mille qui sont exterminés,... et je ne cesse de faire brûler partout et de tuer ces coquins,... et l’on dit que je cherche à prolonger cette guerre et qu’il n’y a que Marceau ou Westermann qui puisse la finir !..... — Je braverai la malveillance, citoyen ministre, quand j’aurai ta confiance et que je serai sûr de n’avoir pas démérité auprès de toi et du Comité de Salut Public. — Tu sais que, SANS AUTORISATION j’ai pris les mesures les plus rigoureuses pour terminer cette guerre affreuse. Le Comité de salut public a bien voulu depuis y donner sa sanction ; mais j’étais tranquille, je me reposais, qu’il me soit permis de le dire, sur la pureté de mes intentions. » (Savary, tome III, p. 199) — Turreau avouait donc lui-même, une fois de plus, que son plan était le sien, qu’il l’avait mis de lui-même à exécution. Quant à l’approbation du Comité….

Le 12 février, au nom du Comité, Barère déclare à la Convention :

« [Le Comité] se reposait surtout, pour les mesures de l’intérieur de la Vendée, sur l’esprit et les termes des décrets qui ordonnent de détruire et d’incendier les repaires des brigands et non pas les fermes et les demeures des bons citoyens. — Il espérait surtout que l’armée de l’Ouest, fidèle aux maximes et aux ordres du gouvernement national, ne disséminerait jamais ses forces, et s’occuperait bien plus de détruire le noyau des rebelles et les rassemblements des brigands qui pouvaient se former de nouveau, que de sacrifier les habitations isolées, les fermes utiles et les villages fidèles ou non dangereux. — Cependant, lorsque le comité, après quelques jours de silence [lettre du Comité à Turreau du 6 février, ci-dessus], a voulu vérifier les faits, et connaître quelle était la véritable exécution donnée à ses arrêtés, quel a été son étonnement de voir des forces morcelées dans la Vendée, des troupes républicaines disséminées sur les divers points de la Vendée [lettre du 11 février aux représentants Bourbotte et Turreau] ; des rassemblements de brigands se reformer, s’organiser et relever une tête insolente ; et la troupe royaliste, éparse et fugitive naguère sous les ordres de La Rochejacquelein, de Stofflet et de Charette, s’ameuter et se grossir de tous les mécontents que la barbare et exagérée exécution des décrets avait formés de nouveau dans un pays qu’il ne fallait plus que désarmer, garnisonner de cavalerie, repeupler d’habitants fidèles, et administrer avec le bras nerveux d’une administration militaire et révolutionnaire ! » (Archives Parlementaires, tome 84, p. 646)

Commentaires :

1) Le Comité qui n’avait pas approuvé le plan de Turreau le blâmait ici ouvertement. Il disait clairement que Turreau avait donné aux décrets un tour barbare et exagéré (qu’ils n’avaient donc pas), qu’il était allé bien au-delà de ce que la Convention et le Comité attendaient d’un général en chef de l’armée de l’Ouest. Encore ne savait-il pas tout des atrocités qui étaient alors perpétrées…

2) Pour une raison qui m’échappe, le Comité prit ce jour la décision de ne plus entretenir la Convention des affaires de la Vendée, comme si elles étaient réglées et que la guerre étrangère devait seule retenir l’attention. Il ne prit pas davantage la décision de suspendre immédiatement Turreau, sans doute parce que, informé par Turreau lui-même, ou plutôt désinformé par lui, il ne mesurait pas l’étendue du désastre en cours. Peut-être faut-il ajouter à cela que l’heure était à la lutte des factions et que (supposition) la destitution de Turreau aurait alors fait prêter au Comité le flanc aux hébertistes.

13 février 1794. Lettre du Comité de salut public au général de division Dembarrere :

« C’est par les mauvaises dispositions des généraux qui commandent les forces de la république dans la Vendée et dans les départements environnants que les débris de l’armée de Charette relèvent une tête insolente, et qui menace les villes de la Vendée et de Maine-et-Loire. Les brigands ont fait des attaques contre de petites colonnes ; on a trop disséminé nos troupes, on a trop divisé les cantonnements. Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes, encore même ils les divisaient en de plus petites parties. Le moyen de ne pas rehausser le courage des brigands avec de pareilles mesures !… — C’est sur toi, général, que le comité repose l’espérance que tu iras sur-le-champ, dès la lettre reçue, à Nantes te concerter avec le général en chef Turreau, voir l’état de toutes les forces, combiner un grand plan ferme et exécutable subitement. Il faut rassembler les forces, réunir les moyens, tuer les brigands au lieu de brûler des fermes, faire punir les fuyards et les lâches, et écraser totalement cette horrible Vendée. — La politique de nos ennemis du dehors et du dedans est d’éterniser la Vendée, d’occuper dans l’intérieur nos forces utiles, de faire diversion à nos travaux maritimes et de tourmenter l’opinion publique. Eh bien, c’est à toi que le comité confie le soin de combiner avec le général Turreau les moyens les plus assurés de tout exterminer dans cette race de brigands. Est-il possible que, lorsque nous battons les diverses troupes de l’Europe, nous nous voyons sans cesse tourmentés par des brigands et des rebelles sans moyens ? Lis, et pars sur-le-champ. La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. — Signé : Barère, Jean-Bon Saint-André, Collot-d’Herbois, Billaud-Varenne. » (In extenso) (Savary, tome III, p. 194)

Commentaires :

1) « Au lieu de conserver deux masses considérables de forces pour atterrer tous les rebelles, les généraux ont eu la maladresse ou le crime de n’avoir que des colonnes de mille à douze cents hommes… » « Il faut rassembler les forces, réunir les moyens… » On retrouve ici la critique du plan de Turreau qui avait divisé ses forces (ce qui, au passage, favorisait le système d’exactions) alors que le Comité voulait que l’armée opère en masse. Cette critique maintes fois réitérée prouve à elle seule que le plan mis à exécution par Turreau n’était pas celui du Comité qui jamais non plus ne l’approuva.

2) « écraser totalement cette horrible Vendée ». Il est facile de voir et surtout de transformer ce genre d’expression en proclamation génocidaire. Mais l’expression « Vendée » ne désigne ici ni le département de la Vendée ni ses habitants ; c’était le nom donné à l’insurrection au sud de la Loire et à ce type s’insurrection populaire contre-révolutionnaire. « Écraser la Vendée » signifiait « écraser l’insurrection, les insurgés, les rebelles, les brigands » au sud de la Loire, et non massacrer tout le monde indistinctement, comme le firent trop souvent, malheureusement, les colonnes infernales. (La chouannerie, au nord de la Loire, en Mayenne, était une autre Vendée, et c’est la naissance plus tardive des « Chouans » qui amena à utiliser le terme « Vendéens » pour désigner et distinguer les rebelles du sud de la Loire.)  

3) « tout exterminer dans cette race de brigands » Ici encore, cette expression vague est plus une marque exaspération contre « les brigands », qui déchirent le sein de la patrie et mobilisent des forces utiles ailleurs, que le révélateur d’un projet génocidaire.


4) « La patrie t’appelle à terminer la Vendée avant l’ouverture de la campagne : c’est l’objet le plus important. » Le Comité voulait en finir le plus vite possible avec la Vendée, que la situation s’apaise le plus vite possible à l’Ouest, pour ne plus avoir à distraire (contre des Français) des moyens militaires précieux pour la défense des frontières. Pour terminer, la Vendée, le Comité ne voyait qu’un moyen : tendre toutes les forces contre les chefs, les enragés, les jusqu’au-boutistes, qui n’étaient qu’une poignée avant que Turreau ne lance ses opérations, et rendre ainsi possible de restaurer le calme et l’ordre. Mais une poignée d’individus suffit à créer un climat d’insécurité et à provoquer l’état d’urgence. Alors quand des atrocités jettent des milliers de citoyens dans l’insurrection, quand la vengeance répond à la barbarie, un cercle infernal s’ouvre et c’est la guerre civile… Le moyen d’y mettre un terme ?

13 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Vous recevrez sous peu, citoyens représentants, un journal de mes opérations depuis que j’ai pénétré dans la Vendée avec douze colonnes agissantes. Vous y verrez les raisons qui m’ont obligé de changer MON PLAN et de réduire le nombre de mes colonnes pour les rendre plus fortes, parce que l’ennemi devenait plus fort lui-même ; vous y verrez que, même en changeant mon plan primitif, la marche n’a pas été moins militaire et révolutionnaire ; vous y verrez, non pas des victoires éclatantes, mais des succès réels et quelques légers échecs. Je vous y dirai enfin toute la vérité, je ne n’en suis jamais écarté. [...] » (Savary, tome III, p. 191)

15 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au CSP :

« [...] Je suis toujours MON PLAN, qui est d’avoir deux colonnes agissantes, poursuivant l’ennemi sans relâche, et de forts postes d’observation qui le retiennent dans un cercle étroit. [...] » (Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 151, 19 février 1794 ; ne figure pas dans Savary.)

28 février 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :

« [...] On peut avoir une mauvaise idée de mes talents militaires ; sans doute, en servant la chose publique, je suis désespéré de la faiblesse de mes moyens ; mais il est affreux pour moi de voir suspecter mon zèle et mes opinions. Environné d’ennemis, de traîtres, d’envieux, d’intrigants, abandonné par les représentants du peuple, alors près de l’armée de l’Ouest, J’OSAI CONCEVOIR UN PROJET HARDI, J’OSAI PRENDRE SUR MOI des mesures révolutionnaires que l’intérêt public nécessitait. [...] » (Savary, tome III, p. 239)

22 mars 1794. Lettre du général en chef Turreau au ministre de la Guerre :

« [...] Je n’en finirais pas, citoyen ministre, si je te faisais part de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, des entraves que l’on a mises de toutes parts à l’exécution de MON PLAN, du peu de subordination de la plupart des officiers généraux, accoutumés dans cette armée à délibérer sur les ordres et à agir isolément. J’espère que les représentants du peuple près cette armée m’en feront raison en en destituant quelques-uns, mais il m’en reste fort peu. [...] » (Savary, tome III, p. 307)

SUPPLÉMENT

Je n’ai pas présenté ici tous les documents qui démentent les intentions et le caractère génocidaires de cette guerre. S’il est vrai que certains massacres commis par les colonnes de Turreau peuvent, en braquant le projecteur sur eux, donner lieu à cette accusation, celle-ci ne tient plus dès lors que l’on prend de la hauteur, que l’on a une vue d’ensemble et que l’on connaît les arrêtés du Comité de salut public et des représentants en mission. Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agissait d’une guerre qui pouvait s’avérer extrêmement périlleuse pour la République, laquelle devait donc la gagner coûte que coûte et le plus vite possible… mais que, pour autant, les autorités républicaines n’ordonnèrent jamais un massacre général, d’une part parce qu’il n’y avait ni territoire ni population définis, que cela n’avait donc aucun sens, d’autre part parce les républicains ne sont pas les sanguinaires pour lesquels certains voudraient les faire passer … au contraire, elles essayèrent autant que possible d’éloigner du théâtre de la guerre les populations inoffensives, soit pour qu’elles ne soient pas victimes des rebelles, soit pour qu’elles ne leur viennent pas en aide ou leur servent de bouclier. Le 26 juillet 1793, le Comité de salut public avait ainsi arrêté l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards, sans omettre d’assurer leur subsistance et leur sûreté « avec tous les égards dus à l’humanité ». Cette mesure et les autres contenues dans cet arrêté ne concernaient pas un territoire donné ; il était sous-entendu qu’elles seraient exécutées par l’armée au fur et à mesure de son avance. Cet arrêté fut décrété le 1er août. Mais la victoire de Cholet le 16 et 17 octobre (qui fit croire un moment que cette guerre était finie), suivie par le passage de la Loire par le gros des rebelles, rendirent caduc les dispositions de ce décret. Les républicains locaux qui avaient d’eux-mêmes évacué revinrent. Mais les exactions des colonnes infernales rallumèrent la guerre et, cette fois, les représentants en mission (Garrau, Hentz et Francastel) ordonnèrent l’évacuation des habitants, le 20 février 1794. Le 19 mars, le Comité en prenait acte en ordonnant d’empêcher ces réfugiés d’approcher à moins de 20 lieues de Paris (tome XII, p. 53). Le 27 mars, le Comité arrêtait encore : « Lorsqu’il se fait par vos ordres, citoyens collègues, des émigrations de citoyens de la Vendée, vous devez dans votre sagesse aviser aux moyens de leur assurer, dans les départements où ils passent et où ils arrivent, des moyens de subsistance, et ces moyens, les extraire des départements d’où ils sortent. » (In extenso) (Aulard, tome XII, p. 226) On pourrait multiplier ainsi les documents attestant de manière directe ou indirecte la volonté du Comité de salut public de faire la part des choses, de distinguer les rebelles (les hommes armés) du reste de la population et de ménager autant que possible ce dernier. (Voir L'imposture du génocide vendéen.) Je ne citerai ici qu'un document :

23 juillet 1794. Le Comité de salut public (Carnot) aux représentants près l’armée de l’Ouest, Bo et Ingrand, à Niort :

« Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la Commission militaire séante à l’Île de la Montagne, par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs, fauteurs et instigateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous, au contraire, chers collègues, de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle, et que les scélérats qui ont déchiré les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. Mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours, et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». (Aulard, tome XV, p. 379 ; Archives nationales, carton AF II 269)

Commentaires

1) Les phrases importantes à retenir sont les suivantes : « Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, […] et l’on peut prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses. […] nous n’avons qu’un seul but, celui de terminer enfin l’horrible guerre de la Vendée, objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité. » — Il est question ici du sort des prisonniers. Quiconque sait lire et comprend le français, comprend que le Comité demande que les femmes, les enfants, les vieillards et les individus entraînés dans la révolte par la violence ne subissent pas le même sort, c’est-à-dire la mort, que les responsables de la rébellion et les irréductibles ; qu’ils ne soient pas exécutés mais traités de manière juste et humaine. Ceci confirme tout ce que j’ai dit plus haut. Et c’est bien ainsi que les représentants Ingrand et Bo comprirent eux aussi cette lettre, puisque, le 5 août, Ingrand, de Niort, répondit au Comité : « Comme votre lettre [du 23 juillet] prescrit de distinguer l’homme faible et trompé du véritable brigand, nous avons suivi votre vœu dans notre arrêté [du 30 juillet] » (Aulard, tome XV, p. 686) Limpide !

2) J’ai cité ce document parce que M. Secher le cite aussi à l’appui de sa thèse (« Vendée, du génocide au mémoricide », p. 125), en tronquant, comme par hasard, la dernière phrase des derniers mots « objet dont on s’écarte également, soit par une lâche indulgence, soit par des exécutions qui, en frappant sur la faiblesse, ne pourraient que révolter la justice et l’humanité ». Et il introduit cette lettre comme suit : « Lorsque le Comité de salut public, par l’intermédiaire de Carnot, soulève enfin le problème des femmes, des enfants et des vieillards, le 5 thermidor an II (23 juillet 1794), soit cinq jours avant la chute de Robespierre, leur sort [la mort] est confirmé ». (« La mort » n’est pas dans sa phrase, mais c’est ce que le lecteur comprend d’après la phrase précédente.) Après une telle introduction, le lecteur n’arrive plus à lire le texte qu’il a sous les yeux et ne se rend plus compte que la lettre du Comité dit tout autre chose. Je le sais, je m’y suis laissé prendre aussi. Mais, sachant que cette politique suggérée par M. Secher n’était pas celle du Comité, et ne m’expliquant pas ce revirement, j’ai relu cette lettre avec attention. Alors tout s’est éclairé : les intentions du Comité n’avaient pas varié ; les manipulations de M. Secher  non plus.

3) Enfin, pour faire le lien avec le sujet général, nous voyons que la politique du Comité de salut public n’était pas de massacrer à tour de bras, mais au contraire de cibler les véritables rebelles. Et le Comité pouvait croire que, bien que durs, et en effet dans l’esprit du décret du 1er août, les ordres de Turreau visaient aussi et seulement à ce but. Voici ces ordres, datés du 17 janvier (Saumur) :

« [La première partie fixe la zone d’opération de chacune des six colonnes qui seront subdivisées en deux.] On emploiera tous les moyens de découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de là baïonnette ; les villages métairies, bois, landes, genêts, et généralement tout ce qui peut être brûlé seront livrés aux flammes. — Pour faciliter cette opération, on fera précéder chaque colonne par 40 ou 50 pionniers ou travailleurs qui feront les abattis nécessaires dans les bois ou forêts, pour propager l’incendie. — Aucun village ou métairie ne pourra être brûlé qu’on n’en ait auparavant enlevé tous les grains battus ou en gerbes, et généralement tons les objets de subsistance ; et supposant que l’enlèvement de ces objets éprouvât quelque retard, et empêchât qu’on ne brûlât sur-le-champ les villages et métairies qu’on doit incendier, les colonnes les épargneront pour ne pas différer leur marche ; mais quelque chose qui arrive, les chefs de chaque colonne ne pourront se dispenser d’être rendus le 27 janvier au dernier lieu qui leur est indiqué. — Seront exceptés de l’incendie général les communes et bourgs ci-après indiqués : Clisson, Saint-Florent, Montaigu, La Chataigneraie, Sainte-Hermine, Machecoul, Chalonnes, Chantonnay, Saint-Vincent, Cholet, Bressuire, Argenton-le-Peuple, Fontenay-le-Peuple.» (Savary, tome III, p. 42)

Le 19 janvier, le général Cordellier (colonne n° 5) fit délivrer à chacun de ses chefs de corps l’instruction suivante : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l’ait préalablement ordonnée. — Tous les villages, métairies, bois, genets, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l’on aura distrait des lieux qui en sont susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l’aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l’incendie. — Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n’auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d’aller sur les derrières de l’armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l’incendie. Toute espèce d’armes leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l’endroit qui sera indiqué par le général. » (Savary, tome III, p. 56)

Les ordres de Turreau étaient nécessairement terribles, guerre oblige !, et il était normal qu’ils soient étendus, revêtant ainsi les généraux subalternes de pouvoirs immenses, car ces derniers allaient être livrés à eux-mêmes et devaient pouvoir faire face à toutes les situations. (C’est pour la même raison que les représentants en mission étaient revêtus de « pouvoirs illimités ».) Mais on voit, d’après leur répercussion par Cordellier, qu’ils ordonnaient de faire des distinctions dans la population, ce qui fut fait en effet, mais ni partout ni tout le temps. Autrement dit, ces ordres ne présumaient pas la manière dont ils seraient exécutés. Aussi, quand le Comité répondit à Turreau le 6 janvier qu’il attendait de voir ce qu’il allait faire réellement, il pouvait à bon droit croire que, quoique excessifs sur le papier, l’armée appliquerait ces ordres avec discernement, et même craindre qu’elle soit trop en deçà, tant il était habitué aux généraux qui brassaient du vent. Les mêmes ordres exécutés par d’autres généraux, sous un autre commandant en chef, auraient pu l’être de manière très différente, mieux ciblée et moins barbare, comme le souhaitait le Comité (rapport de Barère du 12 février, par exemple), comme le firent d’ailleurs certains généraux (car l’histoire n’a évidemment retenu que les pires). Enfin, disons une dernière fois que le Comité est resté longtemps (et peut-être même toujours) dans l’ignorance de ce qu’il se passait réellement sur le terrain. Nous en savons aujourd’hui plus que lui… On ne peut le juger d’après des informations qu’il n’avait pas, pour des intentions qu’il n’a jamais eues et des ordres qu’il n’a jamais donnés, contrairement aux affirmations de certains.

CONCLUSION :

En 1795, le général Turreau a affirmé qu’il n’avait été que l’instrument passif du Comité. Mais entre ce qu’il a déclaré à une époque où il était convenu que le Comité de salut public et Robespierre en particulier avaient été responsables de tout, et les lettres de Turreau au Comité de salut public, à l’époque des faits, dans lesquelles il revendique hautement la paternité des colonnes « infernales », que croire ? Pour ma part, la réponse est évidente.

Pour moi, la vraie question est la suivante : Pourquoi le Comité, qui n’approuvait pas la tactique de Turreau de diviser les forces, et en a blâmé les résultats sans même connaître l’étendue du drame en cours, ne l’a-t-il pas destitué plus tôt, ou fait condamner pour crimes contre l’humanité (je sais, la notion n’existait pas encore), comme le fut plus tard Carrier ? (Le cas Carrier, rappelé mais non inquiété, soulève la même question.) La réponse est sans doute dans le fait que la situation était alors dramatique et compliquée à tous les niveaux (économique, politique, social, etc.). Le Comité dirigeait la France, une France en guerre contre toute l’Europe, il n’avait pas que la Vendée sur les bras (dont il méconnaissait la réalité) et il était dans un jeu de bascule permanent où le moindre faux pas était la mort assurée.

Retrouvez tous ces documents et des milliers d’autres dans mon ouvrage : « La Guerre de l’Ouest dite de Vendée ».

22:33 Écrit par Philippe Landeux dans - REVOLUTION 1789-1794 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 10 décembre 2015

PENSEE DU JOUR : besoins, devoirs et droits

Tout devoir a pour origine un besoin dont il transforme en droit la satisfaction.

Besoins et droits.jpg

04:57 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 08 décembre 2015

UN VERRE AVEC PH LANDEUX (vidéo)

Discussion à bâtons rompus, avec Ph. Landeux, sur Largent et la notion de valeur marchande, la monnaie et ses mécanismes, le revenu de base, la contradiction du système monétaire, l’Egalité, l’immigrationnisme, La démocratie et la formation des lois, Etienne Chouard, Alain Soral, Francis Cousin, Etc.

(Désolé pour le bruit de fond parfois élevé. Mais, prenez-vous un verre, montez le son, et regardez comme si vous y étiez.)

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Pour voir la vidéo, cliquez sur l'image.

11:02 Écrit par Philippe Landeux dans - ACTUALITE & VIDEOS PERSO | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 07 novembre 2015

L'IMMIGRATIONNISME ET LARGENT

Un des principaux arguments des immigrationnistes est la question des retraites, que la diminution de la population active, du fait de la baisse de la natalité, rendra impossible à financer. L’immigration n’est pas une solution, au contraire ; mais le problème soulevé est bien réel.

Tout le monde sait, par ailleurs, que l’immigration est voulue par le patronat pour faire baisser les salaires et augmenter ses profits.

Enfin, l’immigrationnisme — à l’instar de l’euro-mondialisme, du droit-de-l’hommisme, de l’écolologisme — a aussi pour but de détruire les nations qui sont un frein au capitalo-libéralisme, et les banques sont à la pointe du combat.

En somme, une chose crève les yeux : l’immigrationnisme a l’argent pour moteur ; les immigrationnistes sont les valets de Largent. Or, dans un système monétaire, Largent est en effet le maître. Certains le servent consciemment, mais quiconque cautionne le système monétaire est tout autant son complice. On ne peut pas dénoncer les conséquences individualistes et inégalitaires de Largent si l’on cautionne la cause de ce système individualiste et inégalitaire, c’est-à-dire Larget lui-même. On ne peut pas dénoncer tout ce qui se rapporte à la finance sans jamais voir de quoi elle procède et ce qui en est le dénominateur commun, c’est-à-dire, une fois de plus, Largent. C’est du moins faire preuve d’un manque de cohérence. C’est tourner autour du pot.

En clair, Largent règne. L’immigrationnisme n’est qu’une de ses innombrables conséquences, toutes plus désastreuses les unes que les autres. Dénoncer l’immigration, dont il est question ici, sans dénoncer Largent, c’est parler pour ne rien dire. On ne peut faire obstacle à Largent qu’en renversant Largent lui-même, au nom de l’Égalité et de la patrie.

Pour plus de développements, voir le texte suivant : L'immigration auto-alimentée

18:10 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 20 octobre 2015

RÉFLEXIONS SUR LE ROYALISME

La royauté a eu ses vertus à une époque. Mais cette époque est révolue. Les royalistes actuels vivent dans le fantasme ; ils croient au prince charmant. Qui pourrait prétendre aujourd’hui au trône de France ? Qui aurait la légitimité pour s’y asseoir et s’y maintenir ? Et surtout, de quelle légitimité aurait-il besoin ? Personne n’accepterait la fable du droit divin à propos d’un roi restauré par la grâce du peuple. Car, que les royalistes aient un seul ou plusieurs candidats à proposer, il faudrait soit que le peuple tranche, soit qu’il le plébiscite. Ce ne serait donc pas en premier lieu un roi de droit divin, comme en rêvent les royalistes, mais une sorte de président à vie, que toute trahison envers le peuple délégitimerait, ce qui n’est pas du tout la conception que les royalistes se font de la royauté. Si l’on suppose maintenant un roi qui n’aurait, comme dans toutes les monarchies actuelles, qu’une fonction symbolique (symbole d’unité nationale), tandis que le véritable pouvoir demeurerait entre les mains d’élus, qu’y aurait-il de changé fondamentalement ? qu’apporterait de plus ce système ? Est-ce seulement le système désiré par les royalistes ? Et cette royauté s’accompagnerait-elle de l’instauration d’une noblesse, voire de la restauration de l’ancienne noblesse ? Qui accepterait pareille chose, qui ne serait que l’ajout d’une oligarchie à une autre ? Les royalistes qui, pour beaucoup, n’ont pas d’ascendances « nobles », tempêtent contre un système faussement démocratique dans lequel des élus confisquent la souveraineté ; ils ne risquent pas d’apprécier l’érection d’une classe dont les privilèges et les abus inévitables seraient justifiés par la naissance, c’est-à-dire par rien. 

Ainsi, les royalistes purs et durs, qui rêvent d’une royauté de droit divin et héréditaire, peuvent attendre ; et les royalistes modérés, qui conspuent la république parce qu’ils croient que les vices du système tiennent à son nom et aux hommes qui l’incarnent, en proposent un qui, au mieux, ne serait pas pire que celui qu’ils rejettent et qu’ils auraient tôt fait de détester.

Un système monétaire est par nature inégalitaire, donc oligarchique, et toute oligarchie est antidémocratique et antinationale, puisque on ne peut sérieusement être contre le peuple et pour la nation qu’il constitue. (Quand ils s’en parent, le nationalisme ou le patriotisme des oligarques n’est qu’une façade ; ils ne voient alors dans la nation, dans le pays, dans la patrie, dans le peuple, qu’un pré carré qu’ils défendent pour préserver ou assouvir leurs intérêts et non pour œuvrer dans l’intérêt commun.) Et le système monétaire génère et alterne entre deux oligarchies : l’oligarchie aristocratique (celle des soi-disant nobles) et l’oligarchie ploutocratique (celle des riches). La première tient son pouvoir de la force qui lui procure l’argent ; la deuxième tient sa force de l’argent qui lui procure le pouvoir. Quand une oligarchie n’écrase pas l’autre, elles cohabitent et s’entendent comme larrons en foire. Or, ce que la plupart des royalistes honnissent dans le système politique actuel, c’est son caractère à la fois oligarchique et ploutocratique qui se retrouverait dans celui qu’ils imaginent, parce que ce caractère dépend moins des hommes en place que de la nature profonde du système. Et ce système, quoi qu’on en dise, est de nature monétaire.

C’est donc se tromper de combat que de lutter pour un changement politique, quel qu’il soit (monarchique, démocratique, etc.), si l’on désire un véritablement changement, un changement en profondeur, un changement positif dans l’intérêt de tous. Les vertus de tout système politique sont illusoires dans un système monétaire aux vices intrinsèques. L’ennemi est et a toujours était Largent. Il doit être combattu au nom de l’Égalité et de la patrie. Il était invincible à l’ère agricole et artisanale qui a vu prospérer l’oligarchie aristocratique. Il était invincible encore à l’ère industrielle qui a vu prospérer l’oligarchie ploutocratique. Il est désormais vulnérable et condamné à mort à l’ère informatique qui verra triompher le peuple et la véritable démocratie.

11:49 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : bis repetita

Tout corps, tout système cherche à sauvegarder son existence et à se perpétuer. Il favorise tout ce qui tend à ces buts, tout ce qui sert ses intérêts tels qu’il les conçoit. Il fabrique donc les rouages propres à faire tourner la machine comme il l’entend. Tout ce qui sort ou semble sortir de ses normes est regardé comme potentiellement dangereux et est écarté, traité en étranger, en paria voire en ennemi. Il ne peut donc s’améliorer que malgré lui ou par hasard. Il ne peut être tiré vers le haut que par des éléments ayant longtemps dissimulé leur originalité pour pouvoir arriver à des fonctions vitales, à des postes clés. (Encore ces éléments ne seront-ils pas les plus géniaux, car les génies ne peuvent se contenir sous peine d’étouffer et sont donc vite repérés, marginalisés, dégoûtés et écrasés avant d’avoir pu déployer leurs talents.) Mais même dans ce cas, le corps leur oppose sa force d’inertie qui, le plus souvent, brise leur élan.

Il s’ensuit : 1) qu’un système ne peut se réformer de l’intérieur, car tout ce qui en émane a précisément pour objectif que rien ne change, même au nom du changement, 2) que tout système, bon ou mauvais, question de point de vue, peut se reposer sur ces mécanismes « naturels » (vicieux ou vertueux, là encore question de point de vue) pour se perpétuer, 3) que la véritable chose à changer n’est pas la forme apparente du système dont les hommes sont les rouages mais la superstructure du système (formée aujourd’hui par la monnaie) qui ne dépend pas d’eux.

09:46 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mercredi, 07 octobre 2015

RÉVOLUTION – LES BASES DU CIVISME (livre)

Révolution poche - couv recto.jpgL’argent n’est qu’un moyen. Tout dépend de la manière dont on l’utilise. Faux. Rien n’est plus faux ! Mais c’est parce que tout le monde tient ce genre de discours que Largent assied sa puissance sur les hommes et devient invincible. Les mauvaises affirmations chassent les bonnes questions. Qu’est-ce que Largent ? Pourquoi le dénoncer ? Comment le renverser ? Telles sont les questions auxquelles Philippe Landeux a répondu dans sa théorie de la Cité, appelée « le Civisme », et dont il a présenté les grandes lignes dans une série de douze vidéos. Le présent livre contient les textes de ces vidéos.

Faites vos bagages ! Attachez vos ceintures ! Ceci est un voyage sans retour. Vous allez passer de l’autre côté du miroir. Vous ne verrez plus jamais les choses sous le même angle. Vous allez mourir. Vous allez renaître.

Révolution poche - couv recto.jpg

 

 

 

 

 Format poche

191 pages de texte

9 € (+ frais de port)

5 € en PDF

 

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mardi, 06 octobre 2015

L'EUROPE, UN PROJET CAPITALISTE ET CONTRE-REVOLUTIONNAIRE

Vidéo 1 – Qu’est-ce que la démocratie ?
Vidéo 2 – Qu’est-ce que Largent ?

Vidéo 3 – Qu’est-ce que la monnaie ?
Vidéo 4 – Anachronisme du système monétaire
Vidéo 5 – Qu’est-ce que l’Égalité ?
Vidéo 6 – Le Contrat social de la Cité
Vidéo 7 – Le moyen d’échange de la Cité : la Carte civique
Vidéo 8 – Retraite & chômage dans la Cité
Vidéo 9 – Les entreprises dans la Cité
Vidéo 10 – La Cité et les échanges internationaux
Vidéo 11 – Distinction entre Citoyenneté et Nationalité
Vidéo 12 – Le système politique de la Cité

 

« La paix de l’Europe, c’est la guerre aux peuples. »

« L’Europe est l’expression de Largent. »

 

Dans ma dernière vidéo, j’ai dit qu’aucune révolution ne sera possible ou seulement envisageable tant que ne seront pas réglés, d’une manière ou d’une autre, les questions de l’Europe et de l’immigration. Bien que ces deux sujets soient liés, je vais les traiter séparément, en commençant par l’Europe. Qu’est-ce que l’Europe, à l’origine et en réalité, physiquement et politiquement ? Pourquoi l’Europe est-elle contre-révolutionnaire ? Pourquoi faut-il en sortir pour faire la Révolution ? Voilà mon plan.

Avant d’être quoi que ce soit d’autre, l’Europe est le continent des Blancs. Elle s’étend de l’Atlantique à l’Oural, du nord de la Méditerranée au cercle polaire. Tous les Blancs de par le monde proviennent de cette région, et dire de quelqu’un qu’il est de « type européen » signifie que c’est un Blanc. Bref, la partie de la planète que les Blancs occupent depuis des millénaires se distingue des autres par ce seul trait et est appelée « Europe », du nom d’une princesse mythologique grecque. Cette population blanche est divisée en de nombreux peuples présentant des caractéristiques physiques et culturelles typiques. Ils n’ont pas même de langue commune. Néanmoins, dans l’espace géographique ainsi délimité, les idées ont circulé (via le commerce, les guerres, les mariages, etc.), de sorte que tous les peuples européens sont d’un niveau technologique équivalent comparé aux autres civilisations. Tous, malgré des nuances, sont également chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes, etc.), du moins historiquement et culturellement. Les Blancs étaient d’ailleurs appelés « chrétiens » bien avant d’être appelés « européens ». En somme, l’Europe est peuplée d’hommes n’ayant guère en commun que leur race (blanche), leur niveau technologique et la base de leur religion.

Mais ce peu qu’ils ont en commun suffit à distinguer les Européens du reste de l’Humanité, c’est-à-dire des autres races peuplant les autres continents et ayant leurs propres caractéristiques. Pour autant, ils n’ont jamais eu conscience de former un tout et se sont, au contraire, déchirés tant et plus. Mais les deux derniers conflits ont été tellement meurtriers qu’il leur a ouvert les yeux, que, pour ne plus revivre pareilles tragédies, ils ont projeté de former désormais une même famille. Voilà du moins la légende, la fable qui a été vendue aux peuples européens pour qu’ils cautionnent l’« Europe » ! « L’Europe, c’est la paix ! La paix, c’est bien ! » Les peuples européens qui avaient tant souffert n’aspiraient bien sûr qu’à la paix. Ils ont cru que l’« Europe », ce serait la fraternité entre les peuples. Car les Européens, quoi qu’on en dise, ne sont pas un peuple ; ce sont des peuples. Qu’ils ne haïssent plus leurs voisins est une chose ; qu’ils se confondent avec eux en est une autre ! Or l’européisme postulait que la guerre est le fait du patriotisme et des nations, que, pour avoir la paix, il faut donc détruire les nations, c’est-à-dire les peuples. La paix de l’Europe, c’est la guerre aux peuples ! Il aurait évidemment était un peu plus difficile de vendre l’« Europe » en annonçant aussi clairement la couleur !

On comprend mieux que la paix n’a jamais été elle-même qu’un prétexte, comme la destruction des peuples, qu’un moyen. La construction européenne, telle qu’elle a été mise en œuvre, a toujours visé à la destruction de l’Europe, c’est-à-dire des pays européens. Il ne s'est jamais agi de construire une Europe identitaire, c’est-à-dire, comme l’ont cru les peuples européens, une Europe rassemblant les peuples européens de facto de part leur identité, selon l’axiome « qui se ressemblent s’assemblent ». Le nom « Europe » a été employé à dessein pour les rouler dans la farine et cela a si bien marché que beaucoup n’ont toujours pas compris. Il ne s'est jamais agi non plus de construire une Europe puissance, les fameux « états-unis d’Europe », selon l’adage « l’union fait la force », mais d’organiser l’impuissance des pays européens face aux États-Unis. Car il faut enfin le dire, les « pères de l’Europe », les Schuman, les Monnet et compagnie, étaient, de notoriété publique, des atlantistes, des agents américains ; tous les dirigeants actuels de l’Europe et des nations européennes le sont également, plus ou moins ouvertement, quoiqu’ils se cachent de moins en moins. Citerais-je le cas de Sarkozy, le soi-disant gaulliste, qui a replongé la France dans l’OTAN, dont de Gaulle l’avait faite sortir, et qui a livré des guerres, notamment en Libye, pour le compte de l’Amérique (je veux dire du gouvernement américain), contre les intérêts français et européens ? Faut-il évoquer le traité de libre échange transatlantique, tout en faveur de l’Amérique ? Faut-il signaler que les eurocrates sont des immigrationnistes acharnés, que tout est prétexte pour eux de faire entrer toujours plus d’immigrés et d’empêcher les pays de s’opposer à cette invasion. L’Europe était blanche quasiment à 100 % quand a débuté la construction « européenne ». L’immigration extra-européenne n’en était qu’à ses débuts et n’a vraiment commencé à être visible qu’à partir des années 1970-80. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans beaucoup d’endroits, dans des quartiers, des villes, des départements, les Blancs ont quasiment disparu, mais il est interdit de le constater et encore moins de le dénoncer. Les États-Unis, de quoi je me mêle ?, encouragent cette politique et financent, directement ou indirectement, le pseudo antiracisme, le communautarisme et même l’islamisme. Ne plaident-ils pas aussi pour l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, alors que les Turcs ne sont européens sous aucun rapport ? Cette adhésion, rejetée d’instinct par tous les peuples, n’est pas encore faite, mais tous les dirigeants européens l’envisagent et n’y voient rien à redire sur le fond. Washington a parlé ! Comment des dirigeants qui prétendent, qui, du moins, sont supposés défendre les intérêts de leurs pays et de l’Europe peuvent-ils se soumettre à ce point à une puissance étrangère ? Comment peuvent-ils trahir leurs peuples à ce point ? Mais n’est-ce pas précisément leur véritable fonction ? N’est-ce pas précisément pour cela qu’ils sont placés, par des manœuvres occultes, à la tête de tous les états ? Car, il ne faut pas être dupe ! Les élections, quand il y en a, ne sont faites que pour amuser la galerie. Les électeurs ne choisissent pas qui ils peuvent élire ; et les médias se chargent bien de leur « expliquer » qui ils doivent élire. Et si le peuple vote « mal », ils passent outre. Nous sommes dans une illusion de démocratie ; le peuple n’est consulté que pour donner une apparente légitimité à ses maîtres patentés. Mais je reviendrai plus loin sur ce sujet de la démocratie et, pour tout ce qui concerne les coulisses de l’Europe, je vous renvoie aux travaux de François Asselineau ou de Pierre Hillard, dont beaucoup de vidéos édifiantes circulent sur le Net.

Pour ma part, je préfère aborder le sujet de manière plus dialectique, car une approche pratique embourbe dans les détails et fait perdre de vue l’essentiel. L’essentiel, c’est que l’« Europe », l’Europe institutionnelle, l’Union européenne (le mensonge européen) est tout entière dans le système monétaire ; elle n’est que le reflet de la monnaie ; elle est l’expression directe et ultime de Largent. Voilà, tout est dit. Bon, j’ai vais quand même développer !

Largent, c’est la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. Cette croyance est née du troc et a été perpétuée par la monnaie ; elle est inculquée à tous par la pratique de l’échange monétaire, de sorte que Largent règne dans les esprits. La monnaie est le moyen d’échange qui correspond à la conception de l’échange selon Largent. Or, de par Largent et les principes de fonctionnement de la monnaie (vidéo 3), un système monétaire est intrinsèquement individualiste et inégalitaire donc oligarchique (pouvoir de quelques-uns) voire ploutocratique (pouvoir des riches). Il y aura toujours des riches et des pauvres dans un système monétaire, sous Largent : une minorité de riches qui a par définition le pouvoir sur la majorité des pauvres qu’elle exploite. C’est ce que l’on appelle une « oligarchie ploutocratique ». Or un système oligarchique n’est pas démocratique, même si, pour apaiser les masses, il adopte des formes et surtout des formules populaires qui n’en font pas moins que le peuple est nul. Comprenons bien que la nature oligarchique du système n’est pas le fait des riches ; elle résulte de la nature inégalitaire du système monétaire dans lequel Largent est roi. Ce ne sont pas les riches qui prennent le pouvoir ; c’est Largent et la monnaie qui le leur donnent. Ils ne peuvent pas le perdre, en tant que classe. Ils peuvent éventuellement le renforcer, mais ils ne peuvent pas le détruire, à moins d’abolir le système monétaire lui-même et d’anéantir Largent, ce qu’ils ne feront évidemment jamais. Des têtes peuvent tomber, la fortune peut tourner, mais les places seront prises par d’autres sans que l’ordre des choses ne soit bouleversé.

Par ailleurs, la monnaie qui perpétue la logique du troc, c’est-à-dire de l’échange d’objets entre individus, fonde un mode d’échange individualiste, asocial et antisocial : dans la mesure où la monnaie incarne la plupart des droits et où il appartient à chacun de s’en procurer comme il peut aux dépens des autres (tous les moyens étant bons vu que « l’argent n’a pas d’odeur »), nul n’a de devoirs envers la « société » puisqu’elle ne garantit rien en retour, il n’y a pas vraiment de « société » ou de « nation » (Les expressions « société monétaire » et « monnaie nationale » sont des oxymores.) et nul n’est à proprement parler « citoyen » ; ce que l’on appelle société n’est qu’une concentration d’individus livrés à eux-mêmes et en guerre permanente les uns contre les autres. En clair, dans un système monétaire, c’est chacun pour soi. Ce n’est pas parce que les hommes sont égoïstes, individualistes par nature, mais parce qu’ils n’ont pas le choix : telle est la règle du jeu sous Largent. Et les meilleurs à ce jeu sont bien sûr les riches dont l’intérêt, pour être plus riches encore, est d’exploiter toujours plus de monde, d’exploiter, s’ils le peuvent, le monde entier. Dès lors que Largent détruit la Société de l’intérieur, les peuples, les nations, les patries, les pays, les frontières ne sont plus qu’une vue de l’esprit ; alors chaque individu n’a de devoirs qu’envers lui-même et les autres, tous les autres, ne sont pour lui que des concurrents, des étrangers, des ennemis ou des proies. Dans ces conditions, les riches ne conçoivent pas les entraves à la liberté d’exploiter ici comme ailleurs et travaillent à les lever toutes ; ils en ont le pouvoir. Or, parmi ces entraves figure la multitude des législations, plus ou moins protectrices, des différents pays qui existent malgré tout, à l’instar des peuples. La solution : uniformiser les législations avant de les supprimer et, pour ce faire, fusionner les pays, les dépouiller de leur souveraineté, détruire de l’extérieur ou de l’intérieur les réticents. L’« Union Européenne », dont les peuples européens n’ont pas encore vu les bienfaits, dont ils commencent même à sentir l’imposture, s’inscrit clairement dans ce projet. Elle n’est qu’une étape d’un projet plus ambitieux, plus global appelé « gouvernance mondiale ». En somme, l’euro-mondialisme est le pendant de l’individualisme qui découle de la monnaie, elle-même de Largent ; tous deux riment avec capitalisme. « L’Europe » n’est pas une communauté élargie, comme on l’a fait croire aux Européens ; elle est le fait de l’absence de véritables communautés. Elle n’éloigne pas les frontières, elle ne repousse pas les frontières nationales sur les pourtours de l’Union ; elle profite du fait que les frontières ont été ramenées au niveau de chaque individu, qu’il y a autant de frontières que d’individus, que chaque individu est soi-disant souverain. L’« Europe » n’est pas une construction ; c’est une destruction de ce qui existait encore des communautés. Revenir à la nation, qui n’a elle-même été jusqu’à présent qu’une illusion, parvenir à former de véritables communautés nationales, ne serait pas une régression ; ce serait au contraire l’acte le plus constructif depuis des millénaires, un pas décisif contre l’individualisme, une avancée prodigieuse vers la communauté et l’harmonie sociale.

J’ouvre une parenthèse sur une autre forme de mondialisme, considéré comme philanthropique celui-là, à savoir l’humanisme bon marché, l’universalisme démagogique, appelé aussi « sans-frontiérisme » ou « droits-de-l’hommisme ». Ce mondialisme repose sur des postulats si contradictoires qu’il ne peut constituer ou ne serait-ce que formuler un projet. Il a en horreur le mondialisme ouvertement capitaliste dont il est cependant l’allié objectif et permanent. Il procède lui aussi de l’individualisme insufflé par Largent et la monnaie. Mais, à la différence du premier, il voit dans les autres hommes, surtout dans ceux qui sont hors de vue, des frères, des amis, des égaux, des victimes. Comme il nie les peuples et les frontières, il croit être chez lui partout chez les autres, mais veut surtout que tous les autres viennent chez lui, n’en déplaise aux « siens ». Il ne sait pas ce qu’est véritablement un Citoyen, mais il se proclame « Citoyen du monde ». Il ne sait pas ce qu’est l’Égalité, mais il a toujours ce mot à la bouche et le discrédite. Il ne veut aucun devoir, mais distribue les droits sans compter, surtout aux étrangers. Il vomit, avec raison, le colonialisme français du XIXe siècle, mais applaudit à la colonisation de la France. Il se dit « anticapitaliste » mais soutient « l’armée de réserve du capital » et toutes les fausses mesures sociales (sociétales) réclamées par le capitalisme. Avec lui, c’est toujours deux poids, deux mesures, tout et son contraire. L’amour des Autres n’a d’égale chez lui que la haine des siens et de lui-même. Il voit partout des extrémistes alors que c’est lui qui ne veut pas être raisonnable. Il se dit « antifasciste » mais son sectarisme et sa violence font de lui le seul fasciste dans l’histoire. Il nie les races, mais institue le racisme au nom de l’antiracisme qui racialise tout. Il croit respecter les immigrés alors qu’il n’a pour eux que de la condescendance, c’est-à-dire du mépris refoulé. Bref, il n’apporte rien à personne sinon au système, qu’il sert sans s’en rendre compte ; il est « l’idiot utile » du capitalisme contre son propre peuple, contre tous les peuples. ― On pourrait dire à peu près la même chose à propos des écolo-gauchistes qui, eux, nient les frontières et les peuples et prônent donc le mondialisme au nom de la nature et des problèmes écologiques qui, effectivement, concernent la planète. Mais ce n’est pas en détruisant les nations qui sont les seuls freins au capitalisme que ces problèmes engendrés par la course au profit seront résolus, bien au contraire ! Le mondialisme, c’est-à-dire la domination absolue de Largent sur le monde, ne peut être que catastrophique dans tous les domaines.

Mais je reviens à la dialectique. Tous les pays européens sont monétaires, donc capitalistes et oligarchiques. La pseudo union de ces pays, qui éloigne un peu plus le pouvoir des peuples, ne peut être que super-capitaliste et super-oligarchique. « L’Europe » est intrinsèquement une dictature, celle des riches, des multinationales, des banques et, au-dessus de tout, celle de Largent. Ce n’est pas l’Europe des peuples, mais celle du pognon. D’ailleurs il n’y a même pas d’Europe, il n’y a pas d’esprit européen. Largent n’a pas de patrie ! Eurocrates et Européistes qui taxent de « fascistes » les patriotes dans leurs pays respectifs ne conçoivent pas davantage un patriotisme européen. Ils abhorrent le patriotisme et l’idée de patrie. Ce sont, je l’ai déjà dit, des individualistes. Ils ne veulent pas d’une Europe forte, ils n’ont pas le culte de la force (c’est fasciste ! du moins quand cela les arrange) ; ils veulent des peuples faibles et des riches tout puissants.

La manière dont le « machin » appelé « Europe » s’est construit annonçait la couleur. Souvenons-nous. Il s’appelait, au début, « Communauté économique européenne ». Économique ! Après cela, ils nous ont fait le marché commun et la monnaie unique. Cette façon de procéder pouvait sembler logique, mais quand tout tourne autour de l’économie, alors que le système est monétaire, nul besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’il tourne autour de Largent, que la raison d’être de tout ceci est de tout asservir à Largent, de renverser toutes les barrières pour que Largent règne sans conteste.
 
Autre chose. La monnaie divise les hommes, puisqu’elle les oblige à s’en procurer aux dépens d’autrui. Or c’est par une monnaie unique que les Eurocrates ont cherché à unir les pays européens — et à les détruire au passage. Mais comment la monnaie qui divise les hommes pourrait-elle unir les nations ? Comment la même chose pourrait-elle avoir des effets opposés ? On peut disserter en économistes sur l’absurdité d’une monnaie unique, disséquer les mécanismes qui devaient fatalement conduire à l’échec, mais il est inutile d’être un professionnel pour en comprendre la raison fondamentale : c’est que la monnaie n’est pas faite pour le rôle qui lui a été assigné. Certes l’euro résiste encore, mais combien de temps ? et à quel prix ? Après seulement 15 d’existence, il est déjà honni. Mais les Eurocrates lui sacrifient tout pour le sauver, ils sacrifient littéralement les peuples européens sur l’autel de Largent. On ne peut être plus clair ! Les peuples, ils s’en foutent ! et ce depuis toujours.

Certains tombent des nues devant les politiques « européennes », antisociales, antidémocratiques, capitalistes, antlantistes, etc. Ils croient à des erreurs, à des maladresses ; ils voudraient « une autre Europe ». Ils n’ont rien compris au film ! Il ne peut pas y avoir d’« autre Europe », de « vraie Europe », d’« Europe sociale » dans le contexte monétaire. « L’Europe » est ce qu’elle est parce que c’est ce qu’elle a toujours voulu être et parce qu’elle ne peut pas être autre chose. Une « Europe sociale » est un mythe, comme l’était un « plan B » en 2005. J’ai voté Non en 2005 ; j’ai voté contre l’« Europe ». Il n’y avait même pas besoin de lire le traité pour savoir que c’était un piège pour les peuples. Les naïfs ont cru qu’il s’agissait d’accepter ou de rejeter un texte ; ils voulaient enfermer leurs contradicteurs dans cette question. Mais la question importait moins que la réponse. Il s’agissait de cautionner ou de rejeter l’« Europe » elle-même, et c’est ainsi que l’Histoire se souviendra de la victoire du Non. L’« Europe » est morte cette année-là. Elle aurait du éclater. Mais elle ne pouvait évidemment pas s’avouer vaincue. La seule solution, pour elle, était donc de passer en force, comme elle l’a fait en 2009 avec le traité de Lisbonne. Les Eurocrates ont pour ainsi dire gagné la deuxième manche. Une victoire à la Pyrrhus en réalité ! Ce déni démocratique a révélé son vrai visage et lui a fait perdre toute légitimité. Elle se maintient encore, aux forceps, mais elle est moribonde, elle craque de partout et elle n’en a plus pour très longtemps.

Ce qui m’amène à mon sujet principal : la Révolution et le caractère contre-révolutionnaire de l’européisme.

Je rappelle en quelques mots ce que j’appelle « la Révolution ». La révolution du XXIe siècle, comme toute révolution, aura pour but l’Égalité, l’égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits, dont celui d’accéder librement au marché, du fait même qu’ils soient Citoyens. A la différence de toutes les autres révolutions, elle aura les moyens de ses ambitions. Grâce à l’informatique, les Citoyens pourront être dotés par la Cité de cartes à puce qui leur permettront d’attester leur Citoyenneté auprès des commerçants et dès lors d’accéder librement au marché, puisque la Citoyenneté, compte tenu de tout ce qu’elle impliquera alors et que je ne vais pas développer ici, sera la condition de ce droit. Ce droit étant conféré par la Citoyenneté, il ne le sera donc pas par une monnaie ; il n’y aura pas de monnaie sous quelque nom que ce soit, donc pas de prix, pas d’impôts, etc. ; le système ne sera plus monétaire. Les Citoyens exerceront leur droit comme ils voudront, mais ils seront bel et bien égaux en droits, d’abord dans le droit d’accéder au marché, puis dans tous les droits qui passent par celui-là, c’est-à-dire presque tous quand on y réfléchit. Je n’en dis pas plus ; je vous renvoie à mes vidéos sur la Révolution et à la série sur les bases du Civisme, notamment celle sur la Carte civique.

La prochaine Révolution anéantira Largent et la monnaie au nom de la patrie et de l’Égalité (bien comprise). « L’Europe », c’est l’inverse : elle détruit, au nom de Largent, les peuples maintenus dans l’inégalité par la monnaie. « L’Europe actuelle » est l’antithèse de la Révolution. Mais, comme je l’ai dit, il ne peut y avoir d’« autre Europe » et, en réalité, l’Europe n’existe pas, sinon sur le papier ; il n’y a pas de peuple européen, pas de nation européenne. Il s’ensuit que « l’Europe » (capitaliste) ne fera jamais la Révolution (anticapitaliste), qu’elle fera même tout pour s’y opposer, et que la Révolution ne pourra non plus se faire au niveau européen. Une Révolution demande des conditions particulières qui sont rarement réunies dans un pays et qui ne peuvent l’être dans tous en même temps. Quand un peuple est prêt, il la fait et rien ne peut l’empêcher de la faire. Pour que tous la fassent en même temps, il faudrait que le premier qui est prêt attendent avant d’agir que tous les autres le soient aussi, alors qu’ils ne le seront peut-être jamais ou pas avant longtemps. Cela ne peut pas fonctionner comme ça et ce n’est pas comme ça que cela fonctionne ! Quand un fruit est mûr, il tombe. C’est pareil pour la Révolution. Bref, les Européens ne se lèveront jamais comme un seul homme et même si, hasard ou effet d’entraînement, tous les peuples d’Europe faisaient la Révolution en même temps dans leur pays, ils la feraient chacun pour eux-mêmes, ce serait autant de révolutions nationales et non une seule révolution.

Puisque « l’Europe » ne fera pas la Révolution, puisque la Révolution ne pourra pas se faire dans le cadre de « l'Europe », le premier pays qui voudra la faire — et je gage que ce pays sera la France — devra soit être sorti de « l’Europe » depuis longtemps, soit en sortir à ce moment-là. Pour un révolutionnaire, sortir de « l’Europe » est une nécessité absolue. On peut vouloir sortir de « l’Europe » pour d’autres raisons que la Révolution (et elles ne manquent pas), mais quiconque ne désire pas en sortir est un contre-révolutionnaire. Un européiste, qu’il en soit conscient ou non, est un suppôt du capitalisme et de Largent, un ennemi des peuples et de la Révolution.

De toute manière, « l’Europe » est vouée à la destruction. Ce château de cartes, érigé par le mensonge et cimenté par la monnaie, ne peut que s’effondrer. Contrairement aux apparences, « l’Europe » est déjà morte. La question n’est donc pas de savoir si nous en sortirons, mais quand et comment, si nous contrôlerons la sortie ou si nous en sortirons en catastrophe. D’un point de vue révolutionnaire, l’idéal serait d’en sortir le plus vite possible pour que le pays retrouve sa souveraineté et le peuple, son unité. En sortir ne sera pas une révolution mais une condition nécessaire pour pouvoir faire la Révolution. En théorie, un pays qui se lancerait dans la Révolution sans être encore sorti de « l’Europe » pourrait en sortir à ce moment-là, rien ne pouvant l’en empêcher, le baratin et les menaces n’ayant plus prise sur lui. Mais un pays qui ne serait pas encore sorti de « l’Europe », outre qu’il serait encore gouverné et paralysé par les traîtres, serait obsédé par ce besoin de sortir de « l’Europe » ; il n’aurait pas la tête à la Révolution ; il voudrait retrouver sa souveraineté et non conquérir l’Égalité. Même chose pour les pays qui, n’ayant pas envisagé de sortir de « l’Europe », s’accrocheront à elle jusqu’au bout, sombreront avec elle, en sortiront de facto  et auront alors à gérer cette crise ; ils n’auront pas la tête à la Révolution. Conclusion : d’abord on sort de « l’Europe », ensuite on peut songer à la Révolution et la faire. Voilà le seul ordre gagnant ! Je ne dis pas que l’on ne peut pas penser dès aujourd’hui à ce que doit être la Révolution, mais qu’un vrai révolutionnaire sait que la Révolution est impossible dans le cadre de « l’Europe » et que pour la faire, il faut avant toute chose sortir de cette dernière. Sortir de « l’Europe », c’est d’ailleurs se libérer de l’idéologie euro-mondialiste et capitalo-gauchiste, intrinsèquement anti-nationales et contre-révolutionnaires.

Je me résume. Tous les pays européens sont monétaires, donc inégalitaires et ploutocratiques. Tous sont soumis à Largent. Leur réunion ne pouvait être motivée que par Largent lui-même et ne pouvait déboucher que sur un système ultra-capitaliste et anti-démocratique. Mais le règne de Largent est aussi celui de l’individualisme et de son pendant le mondialisme. L’Union soit-disant « européenne » n’a non seulement jamais été conçue pour faire le bonheur des peuples mais, au contraire, pour les détruire, les dissoudre au nom de Largent ; elle n’a jamais eu pour but de faire des peuples européens une nation européenne, mais de les désarmer individuellement pour qu’ils ne puissent s’opposer à l’érection d’un gouvernement mondial, c’est-à-dire à la domination absolue des puissances financières (banques et multinationales), donc in fine à celle de Largent. Il ne s’agit ni d’un hasard ni d’un complot. C’est l’aboutissement logique de l’évolution d’un monde dans lequel tous les pays sont monétaires. Ceux qui servent consciemment ce projet ne sont jamais que les instruments de Largent. Dans ce processus, « l’Europe » n’était qu’une étape.

Mais le monde est travaillé par deux forces radicalement opposées : les lois de Largent et la volonté de l’Humanité. Les hommes aspirent à l’Égalité, à vivre en paix en société, en démocratie. Mais Largent renverse tous les principes de l’ordre social et réduit les hommes à de simples individus, inégaux, condamnés à la course au profit. Les hommes face à Largent, c’est le pot de terre contre le pot de fer. Largent, qui est avant tout une croyance, ne peut exister sans régner. S’il existe, c’est que les hommes lui sont soumis, et tant qu’ils ne l’anéantiront pas, ils seront ses esclaves. Mais il est possible de s’en libérer. Cette libération ne consiste pas à contester son pouvoir, mais à mettre un terme à son existence. Pour ce faire, il faut concevoir un autre mode d’échange, un mode d’échange conforme aux principes de l’ordre social, ne fonctionnant plus sur le schéma du troc, ne faisant plus appel à la notion de valeur marchande ; il faut surtout concevoir un nouveau moyen d’échange, qui, au lieu de n’avoir aucune dimension sociale, comme la monnaie, véhicule au contraire une conception de la société. Et il n’y a pas cinquante conceptions de la Société, il n’y en a qu’une. Il n’y a de Société qu’entre Citoyens égaux en Devoirs et en Droits, égaux notamment dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de la Cité, donc d’accéder librement au marché. C’est la Citoyenneté, et non la monnaie sous quelque non que ce soit, qui doit conférer le droit d’accéder au marché. Et il est aussi facile aujourd’hui que cela a été impossible jusqu’à présent d’appliquer ce principe — du moins dans les pays occidentaux. Il suffit que la carte d’accès au marché dont dispose les Citoyens servent à attester leur Citoyenneté, et non plus à manipuler des unités virtuelles ; il s’agit d’utiliser la technologie moderne mais à une autre fin. Le problème n’est donc pas technique, il est, pour ainsi dire, philosophique ; il est que les hommes, possédés par Largent, ne conçoivent pas cette forme d’échange. Peu importe ! la plupart d’entre eux ne la concevront qu’une fois qu’ils la pratiqueront, qu’une fois la Révolution faite.

Mais ce n’est pas « l’Europe » qui la fera ; elle n’en aura jamais ni la volonté ni la capacité. La Révolution qui vise à asseoir la Société sur ses bases ne pourra se faire qu’au niveau de ce que l’on appelle les « nations », qui seules ont les capacités techniques et morales de la faire et qui ne demandent qu’à être purgées de Largent pour être enfin de véritables Sociétés. C’est d’ailleurs parce qu’elles sont dénaturées et dominées par Largent qu’elles sont tombées dans son piège nommé « Europe ». Mais « l’Europe » est à son tour prise au piège de ses mensonges. De son point de vue, elle a atteint ses objectifs : tout asservir à Largent ; mais, du point de vue des peuples, ses résultats sont des échecs voire des trahisons. Largent règne toujours, plus que jamais, mais les peuples ne marchent plus. « L’Europe » est en outre confrontée à la contradiction fondamentale et désormais insurmontable du système monétaire en contexte de production industrielle, à savoir un pouvoir d’achat global inférieur à la production (vidéo 4), contradiction surmontée jusqu’à présent par des fuites en avant et qui est la véritable origine de la « crise » financière. Bref, l’Europe est au pied du mur. Rien ne peut la sauver et elle ne sauvera personne. Les peuples ne doivent plus compter que sur eux-mêmes. Mais, au-delà de « l’Europe » qui les réduit à l’impuissance à tous les niveaux, les vrais dangers sont, pour eux, d'une part, l’immigration massive, encouragée par « l’Europe » alors qu’elle menace de toute évidence leur existence, d'autre part, la fameuse contradiction économique qui bloque tout et que même une sortie de « l’Europe » ne résoudra pas. Sans parler de l’inégalité, inhérente au système monétaire, source constante de tous les fléaux sociaux. Sortir de « l’Europe » est donc une condition nécessaire à leur salut, mais pas suffisante ; ce serait un bon début, pas une fin en soi. Ils doivent se libérer de « l’Europe » pour ensuite renverser Largent, s’affranchir réellement, faire la Révolution ; car c’est pour renverser Largent qu’ils doivent sortir de « l’Europe ». Sans quoi, ils n’auront échappé aux valets que pour rester sous la coupe du maître. Mais s’ils parviennent à échapper à « l’Europe » par leurs propres efforts, ils feront la Révolution par la force des choses. Ils ne le savent pas, mais dénoncer « l’Europe », c’est dénoncer Largent, et quand ils seront sortis de « l’Europe », qu’ils seront remontés à bloc et qu’ils n’auront plus face à eux que Largent sans défense, les jours de ce dernier seront comptés.

Je terminerai par une image. « L’Europe », aux ordres de Largent, a ligoté les peuples entre eux pour qu’ils se noient mutuellement. Mais tôt ou tard, leurs liens se briseront. Néanmoins, ceux qui les déferont eux-mêmes avant d’avoir coulé pourront gagner le rivage et punir Largent ; mais ceux qui attendront qu’ils se brisent d’eux-mêmes seront entraînés par le fond et remonteront à la surface à moitié asphyxiés, inconscients, incapables de nager avant longtemps et peut-être emportés trop loin de la rive pour jamais l’atteindre.

Tout ce qui contribue à la destruction de « l’Europe » va bon gré mal gré dans le sens de la Révolution ; tout ce qui tend à la maintenir ou à la renforcer est de facto contre-révolutionnaire.

Largent est un Tyran !
L’Égalité ou la Mort !

Vive la Révolution !

04:02 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 08 septembre 2015

PENSEE DU JOUR : l'humanité déshumanisante

Il n'y a rien de plus déshumanisant que de considérer un homme seulement comme un "être humain", comme un être que rien ne distingue des autres, comme un numéro parmi d'autres. C'est comme dire d'une Ferrari que ce n'est qu'une voiture. Ceux qui croient faire ainsi montre de grandeur d'âme et d'intelligence prouvent surtout qu'ils sont dépourvus de l'une et de l'autre. Avec eux, la Liberté et l'Égalité ne sont jamais que le masque de la tyrannie.

17:57 Écrit par Philippe Landeux dans 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 21 juillet 2015

LETTRE OUVERTE À MES LECTEURS FIDÈLES MAIS INVISIBLES

Une idée a besoin de bras.
La Révolution a besoin de couilles.


Je ne sais pas à quel degré vous qui me lisez êtes convaincus du bien fondé de mes théories. Mais si, après tout ce que j’ai dit et écrit, vous ignorez que l’Égalité est le Principe fondamental de l’ordre social ; que, dans une Société digne de ce nom, les Citoyens doivent être égaux en Devoirs et en Droits (égaux dans le Devoir de participer à la vie de la Cité, et égaux dans le Droit de profiter des bienfaits de leur Cité) ; que, par conséquent, un Citoyen a des droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’il est Citoyen ; si vous doutez encore que Largent (= croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger) soit au cœur de notre système (monétaire et inégalitaire par définition) et que, pour sortir de ce système, il faille en priorité anéantir Largent au nom de l’Égalité par le moyen d’une Carte civique qui attache le droit d’accéder au marché à la Citoyenneté, alors je ne peux rien pour vous. Peut-être ouvrirez-vous les yeux avec le temps ; peut-être vous rallierez-vous à la Révolution quand d’autres l’auront faite à vote place. Dans tous les cas, ce n’est pas à vous que je m’adresse.

Aujourd’hui, je m’adresse à ceux — des dizaines, des centaines, peut-être des milliers — chez qui mes propos ont provoqué le déclic, ont procuré la sensation d’avoir soudain la Matrice capitaliste sous les yeux et d’être seuls face à un monde peuplé d’esclaves et d’ignorants.

Si vous vous reconnaissez, si tu te reconnais, qu’attends-tu pour me faire signe ? Vas-tu rester longtemps seul dans ton coin ? Vas-tu me regarder longtemps me démener seul comme un diable pour apporter aux hommes (à nos concitoyens) la Vérité et la Révolution ? Tu me lis, tu m’écoutes, tu aimes, tu partages peut-être même sur facebook mes messages, mais crois-tu que cela suffira pour passer de la théorie à la pratique ? Es-tu un rêveur ou un révolutionnaire ? Si tu n’es qu’un rêveur, tu ne vaux pas mieux finalement que les capitalistes que tu méprises dans ton orgueil injustifié. Si tu es digne du nom de révolutionnaire… Non, tu ne l’es pas, pas encore. La preuve est dans le fait même que tu ne t’es jamais manifesté auprès de moi, que tu n’as jamais proposé ton concours pour faire triompher les idées que je porte et que de facto j’incarne. Tu n’es pas un révolutionnaire, car, en me laissant mener seul le combat, tu n’es pas effrayé à l’idée que la théorie révolutionnaire que désormais tu partages périsse avec moi, tu ne cherches pas à conjurer cette frayeur de la seule manière possible qui est de me rejoindre pour que nous forgions ensemble l’instrument de la Révolution.

Qu’adviendrait-il en effet de la Révolution, du Civisme, si je mourais demain ? Qu’adviendrait-il si, las de la nullité des uns et de la lâcheté des autres, las de me battre par principe pour des hommes qui, pour la plupart, ne m’inspirent que dégoût, las de voir ma patrie sombrer dans le néant sous les applaudissements de son peuple anesthésié, las d’une vie dépourvue de sens autre que celui du sacrifice, je me faisais sauter la tête ? Bien que le devoir d’accomplir mon destin me détournera toujours d’un pareil geste, cette idée me traverse parfois l’esprit et pourrait devenir obsédante si rien ne bouge une fois que mon œuvre sera achevée — ce qui est maintenant une question de semaines. Cela fait plus de quinze ans que je crie dans le désert. Je n’ai jamais perdu courage, mais j’ai fait plus que ma part et je commence à fatiguer de porter la Révolution à bout de bras. Il est temps que d’autres partagent le fardeau et soient capables de prendre éventuellement le relais. Et « d’autres », c’est toi. Oui ! toi !

Tu m’as bien entendu ; ne fais pas celui qui ne comprend pas ; tu sais très bien que c’est à toi en personne que je parle, même si je te ne connais pas encore puisque tu n’as pas encore daigné te montrer. Je te connais quand même assez pour sentir que tu es déjà en train de chercher de nouvelles raisons de te défiler. Alors je te pose la question : Vas-tu fuir longtemps comme ça ? De quoi as-tu peur ? De sortir de ton confort ? Dans ce cas tu as raison : reste caché, reste couché, tu es mort, tu ne sers à rien. Mais si tu crains simplement de ne pas être à la hauteur, tu as tort : tu es là, c’est en soi une marque d’exception. Alors arrête de tergiverser : la Révolution a besoin de tout le monde ; elle a besoin de toi ; j’ai besoin de toi.

En clair, si tu m’as entendu, j’attends de toi, tout d’abord, que tu maîtrises le Civisme, que tu lises la théorie (gratuite en version PDF sur ce blog), que tu la fasses tienne, que tu la répandes par tous les moyens à ta disposition, que tu te donnes les moyens de la répandre, que tu relayes comme un forcené tout ce que j’ai déjà produit à cet effet, que tu inventes ta propre manière de communiquer, que tu deviennes, en somme, ce que j’appelle un Patricien (voir le « Manifeste des Patriciens »). Cela dit, pour éviter tout de suite les malentendus et nous faire gagner du temps, je précise, au cas où cela ne t’aurait pas encore frappé, que la Cité est un système égalitaire et démocratique et que le Civisme est une théorie patriotique, qu’il est même le summum du patriotisme. Alors si tu n’as pas la fibre patriote, si tu ne crois pas en la France, si tu n’es pas français jusque dans tes tripes, si tu es un européiste, un universaliste, un mondialiste, un « citoyen du monde », un individualiste, un sans-frontiériste, un sans-papiériste, un immigrationniste, un antiraciste à la con, un anti-souverainiste, un anti-blancs, bref si tu es l’exemple type du dégénéré que le système voudrait que nous soyons tous, tu t’es trompé de crémerie ; tu n’as rien compris ; tu es à mes yeux un gauchiste, un collabo, un traître à la nation et un fléau de l’Humanité, tout au moins un abruti et un nuisible avec lequel je ne discute pas… Ta gueule ! Casse-toi avec tes niaiseries et ta moraline ! Vas faire la révolution au bistrot avec Mélenchon et Besancenot !

Maintenant, si tu es le patriote pur et dur que j’espère, si tu es persuadé, après avoir médité dessus, que le Civisme est la réponse, j’attends de toi que tu me contactes, pas pour m’adresser des félicitations ou des encouragements, mais afin que nous sortions mutuellement de l’isolement qui nous mine tous, que tu me fasses part de tes intentions ou, mieux, de tes actions, que nous combinions nos efforts, que nous nous rencontrions si possible, que nous organisions des réunions en vue de créer une organisation. Pour tout dire, j’attends de toi que tu sois plus qu’un dissident de pacotille, un guerrier du Net, que tu penses et agisses en véritable révolutionnaire.

Dans son malheur, notre génération a une chance exceptionnelle : elle a une révolution à faire, la plus grande révolution de toute l’histoire de l’Humanité : renverser Largent, instaurer l’Égalité. Bientôt le fruit sera mûr. Il ne restera plus qu’à secouer l’arbre. Mais il faudra quand même le secouer ; il faudra quand même que des hommes prennent leurs responsabilités, et il faudra que ces hommes soient prêts de longue date pour être en état de saisir l’occasion quand elle se présentera. Ces hommes existent déjà ; ils sont parmi nous. J’en suis. Toi qui es conscient des enjeux, tu peux, tu dois en être aussi.

Alors Maintenant, on se bouge le cul, on se sort les doigts, on ne laisse plus les zéros nous prendre de haut, on prend en main la révolution, on forme nos bataillons.

A bon entendeur…

LARGENT est un TYRAN !
L’ÉGALITÉ ou la MORT !

VIVE la RÉVOLUTION !
VIVE la FRANCE !

Philippe Landeux

23 août 2014

18:53 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

jeudi, 11 juin 2015

PENSEE DU JOUR : sans en avoir l'air

Prendre l’argent aux riches pour donner aux pauvres, c’est conserver le système monétaire qui fait des riches et des pauvres, c'est la meilleure façon de servir Largent sans en avoir l'air.

Prendre aux riches.jpg

mardi, 09 juin 2015

PENSEE DU JOUR : le capitaliste

Un socialiste est un capitaliste qui s’ignore, comme quiconque ignore que l’inégalité et la ploutocratie sont inhérentes au système monétaire.

Socialiste - capitaliste.jpg

20:07 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 06 juin 2015

PENSEE DU JOUR : la dictature ou la dictature

Un système monétaire, c'est soit la dictature de Largent, soit la dictature politique pour contenir Largent.

SM, la dictature.jpg

mercredi, 03 juin 2015

L’ÉGALITÉ DANS TOUS SES ÉTATS

Si je propose à n’importe qui de lui donner 500 €, sans contrepartie, qui dit non ? Personne.

Si, maintenant, je propose que tous les Citoyens aient le droit d’accéder librement au marché, qu'ils aient en quelque sorte le même pouvoir d'achat, tout le monde ergote.

Ainsi, les mêmes qui accepteraient avec empressement et reconnaissance de recevoir 500 € et ne se préoccuperaient pas du fait que ces 500 € ajoutés à l’argent qu’ils ont déjà porteraient leur pouvoir d’achat au même niveau que ceux qui disposent déjà de la même somme globale, faisant d’eux leurs égaux en droits, trouvent extravagante et scandaleuse l’idée que tous les Citoyens soient égaux en droits, dont celui d’accéder librement au marché, alors même qu’il n’y a pas de Citoyenneté dans l’inégalité. Ils regardent l’Égalité comme une absurdité ou une impossibilité alors que tous ceux qui aujourd’hui disposent des mêmes revenus ont le même pouvoir d’achat et sont égaux entre eux, quoique inégaux par rapport à tous les autres. En somme, ils veulent bien être égaux à d'autres, à tous même, mais sans le savoir, comme si l’Égalité leur faisait peur.

Un système monétaire est inégalitaire, mais tous les individus d’une même strate sont égaux ; il n’y a d’inégalité qu’entre les différentes strates. Dans une Société digne de ce nom, il n’y a pas de strates, tous les Citoyens sont égaux entre eux, aussi bien en droits qu’en devoirs.

15:51 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : le projet

Combien de temps encore certains prendront-ils nos gouvernants pour des incapables ? Ce ne sont pas des incapables, mais des traîtres. Ils ne commettent pas d'erreurs ou de maladresses ; ils mettent en œuvre un projet : la destruction de la France et de son peuple.

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mardi, 02 juin 2015

PENSEE DU JOUR : la société de demain

La société de demain s’appuiera à sa manière sur la technologie d’aujourd’hui, elle sera une évolution positive du système actuel ; elle ne consistera pas en un retour en arrière impossible ou désastreux. Passer par là où nous sommes déjà passés ne peut que ramener au point où nous sommes déjà arrivés.

La société de demain.jpg

jeudi, 28 mai 2015

PENSEE DU JOUR : qui veut le moins

Focaliser sur la question de la création monétaire, c'est comme si des esclaves pestaient contre celui qui a forgé leurs chaînes (généralement des esclaves comme eux) au lieu de les briser.

Création monétaire.jpg

06:02 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |