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jeudi, 30 août 2012

QU’EST-CE QUE LE CIVISME ?

« Le progrès scientifique amènera-t-il des technologies miracles ? C’est a priori improbable pour deux raisons. Elles ne sont jamais qu’un pari. La seconde, plus fondamentale, est que le problème n’est que secondairement technologique. Il réside d’abord dans notre organisation sociale, économique et politique. »

Piero San Giorgio,
Survivre à l’effondrement économique, p. 128

Un lecteur a tapé ces mots dans le moteur de recherche : « quelle est la définition du concept civisme dans un sens large ». Ce blog est en effet dédié au Civisme. La plupart des articles y font directement ou indirectement référence. Mais l’essentiel se perd sans doute dans cette masse d’informations. Il m’a donc semblé utile d’en exposer brièvement les grandes lignes.

Le mot « Civisme » ne renvoie pas à la définition ordinaire du civisme même s’il ne l’exclut pas. C’est le nom d’une théorie politico-économique dans laquelle les mots Cité, Citoyen, Citoyenneté, mais aussi Egalité, Devoirs, Droits sont redéfinis et reviennent sans cesse, ce qui explique cela. Cette théorie est la plus révolutionnaire jamais conçue. En tant que projet social, elle en rappelle d’autres de prime abord. Il ne faut cependant pas longtemps pour se rendre compte que tout en elle est radicalement nouveau, qu’elle ne sert pas du réchauffé. C’est sa force et son handicap.

Il n’y a pas de révolution sans révolution. Or les révolutions sont rares parce que les hommes sont rarement révolutionnaires. Même les plus audacieux sont généralement des conformistes qui s’ignorent ; ils veulent du changement sans rien changer fondamentalement. La plupart des gens sont esclaves de leurs préjugés et des idées reçues alors qu’une révolution implique des idées nouvelles et inattendues. Certes, nouveauté et surprise ne sont pas des gages de vérité et de justesse ! La méfiance est de rigueur. Mais, lorsqu'elle sert moins à trier à l’aune de l’honnêteté et du bon sens qu’à tout rejeter par peur et habitude, elle devient le prétexte des lâches. Malheureusement, le courage, qu’il soit physique ou intellectuel, n’est pas la vertu la plus répandue.

Le Civisme en trois points :

> Un but : l’Egalité
> Un moyen : la Carte civique
> Un ennemi (ou obstacle) : Largent

1. L’Egalité

Le but du Civisme est l’Egalité — et il n’y a pas d’autre égalité possible et concevable que celle des Citoyens en Devoirs et en Droits. Il serait tout aussi correct de dire la Justice. Mais la Justice est un concept plus large ; il dépasse le cadre de la Société qui est par définition le sujet d’une théorie politique (de polis, la cité, en grec) et le champ d’une Révolution. Il est donc préférable de parler d’Egalité, terme qui, tout à la fois, circonscrit la Révolution à la Société et indique le type de rapports sociaux voulu. Les mêmes raisons prescrivent de parler de Citoyens au lieu de camarades, terme insipide d’un point de vue révolutionnaire.

L’Egalité est le Principe fondamental de l’ordre social. Sans elle, il n’y a ni Société, ni Citoyens, ni Devoirs, ni Droits, ni Démocratie autrement que par abus de langage. L’Egalité est la condition de l’harmonie sociale, comme l’inégalité est le terreau de la tyrannie. Aspirer à l’Egalité est la marque de tout mouvement authentiquement révolutionnaire. L’instaurer, dans les faits et non en rêve, est le but du Civisme.

Mais pourquoi l’Egalité ? Parce qu’il n’y a pas de Droit sans Devoir qui le génère ; parce qu’une action n’est un Devoir qu’envers autrui ; parce qu’il n’y a pas de Devoir sans réciprocité ; parce que des individus remplissant les uns envers les autres les mêmes Devoirs génèrent et se garantissent mutuellement les mêmes Droits. Nul ne génère ses propres Droits, si ce n’est indirectement. Par suite, il n’y a de Droits que dans le cadre d’une Société. Les droits naturels sont une construction philosophique, une vue de l’esprit. Avant d’être des conventions, les Droits sont les conséquences de l’union — dite association politique — entre individus, laquelle est suscitée par l’instinct de conservation. Hors de la Société, aucune puissance ne reconnaît ni ne garantit de Droits. En son sein, les individus sont Citoyens parce qu’ils s’acquittent envers la Cité, c’est-à-dire l’ensemble de leurs Concitoyens, des Devoirs qui confèrent la Citoyenneté à laquelle sont attachés les Droits du Citoyen. Les Devoirs et les Droits du Citoyen, de tous les Citoyens, sont définis par un Contrat social au moins tacite.

L’Egalité n’est pas universelle. Elle ne se décrète pas, elle se mérite comme tout Droit. Elle ne concerne pas tous les individus mais seulement les Citoyens. On ne naît pas Citoyen, on le devient par ses actes.

2. La Carte civique

A l’origine, le premier et souvent le seul Devoir du Citoyen est de défendre ses Concitoyens pour assurer leur Sécurité et jouir en retour de leur protection. La Sécurité est le premier Droit du Citoyen. Elle n’existe, en tant que Droit, que dans le cadre d’une Société.

De manière générale et simplifiée, le Devoir ordinaire du Citoyen est de participer à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation. En retour, le Droit élémentaire du Citoyen est de profiter des bienfaits de sa Cité, lesquels sont le fruit de la combinaison des Devoirs des Citoyens. Autrement dit, le Devoir de participer à la vie de la Cité confère la Citoyenneté qui ouvre le Droit de profiter des bienfaits de la Cité.

Chez l’Homme, ces bienfaits se présentent pour beaucoup sous forme de produits et services accessibles sur le marché (national). Accéder au marché est donc, aujourd’hui, une composante du Droit de profiter des bienfaits de la Cité et de la Citoyenneté. Un Citoyen a le Droit d’accéder au marché du fait même d’être Citoyen. Il lui suffit, pour exercer ce Droit, de disposer d’un moyen d’attester sa Citoyenneté auprès des commerçants : la Carte civique.

La Carte civique est l’évolution de la carte de crédits. Elle s’appuie sur la même technologie et s’utilise de la même manière, à la différence qu’elle sert à vérifier la Citoyenneté et non à manipuler des crédits.

La Citoyenneté n’est pas quantifiable. On est ou on n’est pas Citoyen. Par conséquent, le Droit d’accès qu’elle confère est indéfini et illimité en théorie. Il a néanmoins pour bornes naturelles les envies du Citoyen, l’exercice par ses Concitoyens de ce même Droit, la nature des choses (les produits existants et disponibles) et, au besoin, la loi.

3. Largent

Largent n’est pas un instrument ; c’est un tyran. Son règne est celui de l’artifice et de l’instabilité, de l’arbitraire et de l’inégalité, de la force (richesse) et de l’anarchie (individualisme).

Largent, c’est « la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger ». Largent, au sens strict, n’est donc pas la monnaie, même s’il peut, au sens large, désigner tout ce qui a un rapport avec elle.

La notion de valeur marchande naît de la pratique du troc — mode d’échange individualiste incontournable dans un contexte de production artisanale — et est perpétuée par la monnaie qui permet de troquer de manière indirecte. Etalon de la valeur à l’origine, la monnaie incarne désormais le droit d’accéder au marché et la plupart des droits qui passent par elle. En fait, elle sert moins à accéder au marché qu’à maintenir la plupart des gens dans la gêne et la dépendance de ceux qui les payent ; elle est moins un moyen d’échange qu’un moyen idéal d’exploitation et d’oppression.

Largent et la monnaie, son extension, sont fondamentalement inégalitaires donc anti-sociaux. Tous deux découlent du troc sous lequel les individus, ayant besoin de posséder ce qu’ils échangent, sont obligés de produire pour eux-mêmes. Au lieu d’accomplir un Devoir, ils s’activent par envie ou nécessité. Au lieu que leurs Droits soient garantis par la Cité, il leur appartient de s’en ménager. Au lieu d’être des Citoyens, ce ne sont que des individus. Au lieu de se préoccuper de l'humain en exclusivité ou du moins en priorité, ce système est obsédé par la soi-disant valeur des choses. Ainsi, le troc et sa logique font imploser la Société en dépouillant chacun de ses paramètres de toute dimension sociale.

Du reste, Largent — la notion de valeur (marchande) — implique des différences de valeurs entre les objets, entre les produits, entre les productions, entre les producteurs, ce qui se traduit par des différences de prix, de salaires, de revenus et, au final, par l’inégalité en « droits ». Largent est antisocial d’un simple point de vue dialectique.

A Largent s’ajoute la monnaie qui, elle, fonctionne selon deux principes : 1) celui des vases communicants, hérité du troc, 2) celui de l’attraction, inhérent à la notion de valeur. Sans entrer dans tous les détails, la monnaie matérialise des « droits » dont tout le monde a besoin et circule puisqu’elle doit être échangée, de sorte qu’elle condamne les hommes à une guerre larvée permanente pour s’en procurer par tous les moyens aux dépens d’autrui. Mais cette circulation selon le jeu des valeurs et des rapports de force entraîne inévitablement la formation de caillots, c’est-à-dire de points où les unités monétaires, donc les « droits », se concentrent. Comme gagner de l’argent, en gagner plus, toujours plus ou ne pas en perdre est une obligation, les individus qui en ont beaucoup plus que les autres tiennent ces derniers dans leur dépendance et ont du pouvoir, lequel leur permet de dicter les prix et leurs conditions, d’accroître facilement leur capital et d’étendre encore leur pouvoir.

Non seulement l’Egalité est impossible sous Largent, mais il est dans la nature du système monétaire que les inégalités s’accroissent inexorablement. Il est donc inutile de s’en désoler et de dénoncer tel ou tel si l’on cautionne soi-même Largent. Ce ne sont pas les conséquences de Largent qu’il faut combattre (en vain), ni même les individus qui profitent de cet ordre des choses inégalitaire, arbitraire et branlant ; c’est Largent lui-même qu’il faut anéantir. Il s’agit d’ailleurs moins d’être contre Largent que pour l’Egalité.

CONCLUSION

Qu’est-ce que le Civisme ? C’est un corps de Principes et de concepts pour la plupart révolutionnaires (exposés dans le Manifeste des Patriciens), une approche nouvelle des problèmes politico-économiques, une redéfinition de tous les termes ayant une portée sociale — tels que Devoirs, Droits, Citoyenneté, Nationalité, Démocratie, etc. —, un changement de paradigme et une vision claire de la Société, dite Cité. Il repose sur deux réflexions : la première sur Largent, terme propre au Civisme, la deuxième sur l’Egalité, comme personne ne l’a jamais vue. Il s’articule autour d’une proposition, celle d’une Carte civique, à la fois moyen d’échange et vecteur des Principes de l’ordre social. C’est elle qui permet d’un côté d’instaurer et de maintenir l’Egalité, de l’autre d’éliminer Largent (et la monnaie avec lui) et, du coup, de comprendre ce qu’il est — puisque on ne sait vraiment ce que l’on perd qu’après l’avoir perdu.

Tout est politique, Largent comme le reste. Largent et la monnaie qui, de par leurs natures et leurs fonctions, sont au centre de la "société" sont des problèmes politiques par excellence : ils doivent être considérés à la lumière des Principes de l'ordre social. En faire des questions strictement économiques et la chasse gardée d'experts, c'est  arracher le cœur et les poumons du corps social et confier la santé du moribond à des charlatans.

La notion de valeur marchande (Largent) ne se justifie que par elle-même et le fait accompli ; elle est totalement étrangère et contraire aux Principes de l’ordre social. Son apparition est certes inéluctable dans un contexte de production artisanale, mais elle n’a plus de raison d’être dans un contexte de production industrielle. Elle est alors aberrante et anachronique. Continuer à violer les Principes ne s’explique que par l’habitude, par la persistance des préjugés et l’ignorance des Principes eux-mêmes. 

Les Principes de base sont : 1) Des Citoyens sont égaux en Devoirs et en Droits, 2) Un individu est Citoyen quand il participe à la vie de la Cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, 3) La Citoyenneté confère les mêmes Droits à tous les Citoyens, dont celui d’accéder librement au marché.

Sans la liberté pour tous les Citoyens d’accéder au marché, l’Egalité n’a aucune réalité. Une réelle Egalité n’est d’ailleurs pas l’Egalité réelle. L’égalité en Droits n’est pas l’égalité en toutes choses (égalitarisme) qui, outre le fait d’être une vue de l’esprit, suppose une privation de liberté et une puissance tyrannique.

Il n’y a pas de milieu. Moins d’inégalité n’est pas l’Egalité. L’Egalité est ou n’est pas. Largent est ou n’est pas. Qui n’adhère pas au Civisme cautionne le capitalisme. Qui n’est pas révolutionnaire est bon gré, mal gré, un contre-révolutionnaire.

L’utopie n’est pas de s’attaquer à Largent pour changer le « monde », mais de croire que l’on peut changer le « monde » sans s’attaquer à Largent.

Philippe Landeux

Pour en savoir plus :

Manifeste des Patriciens
Postulats du Civisme

Livres :

Réquisitoire contre Largent
Le Civisme ou théorie de la Cité
Le Civisme illustré

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lundi, 19 décembre 2011

UNE VRAIE DEMOCRATIE

ATTENTION : L'organisation politique ci-après n'a de sens que dans une Cité, c'est-à-dire dans un système non-monétaire dans lequel les Citoyens sont réellement égaux en Devoirs et en Droits, dans lequel ils  jouissent tous d'un droit indéfini d'accéder au marché et, enfin, dans lequel Citoyenneté et Nationalité sont deux notions distinctes et bien définies, chacune impliquant des devoirs et conférant des droits. Il est impossible d'instaurer une véritable démocratie dans l'inégalité, au milieu d'hommes corrompus et corruptibles, quand les intérêts particuliers s'opposent à l'intérêt général. Il est même dangereux de l'établir alors que la "nationalité" ne veut rien dire et que, de ce fait, les droits politiques ne sont pas le monopole des patriotes, c'est-à-dire des Citoyens fidèles à la Nation, ardents à préserver son identité et sa souveraineté.

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12:10 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vraie, démocratie, schémas, civisme, cité |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 04 décembre 2011

14e ANNIVERSAIRE DU CIVISME

Avant propos du Civisme illustré (Extrait)

Le Civisme est une théorie née le jeudi 4 décembre 1997, à 5 heures du matin. C’est ce jour et à cette heure que me vint à l’esprit l’idée simple dont tout le reste découle : un Citoyen a des droits, dont celui d’accéder au marché, parce qu’il est Citoyen. Ce principe porte en lui une forme d’échange radicalement nouvelle, puisqu’il condamne le moyen d’échange qu’est la monnaie, le droit d’accès étant lié à la Citoyenneté, et ouvre les yeux sur le mode d’échange actuel basé sur Largent, défini par le Civisme comme étant la croyance que la notion de valeur marchande est nécessaire est pour échanger.

Bien sûr, tout ne fut pas aussi clair en cet instant. Mais la certitude d’avoir mis le doigt sur une évidence, c’est-à-dire une vérité élémentaire jusqu’alors ignorée de tous, la perception instantanée que cette découverte extraordinaire avait une portée universelle et était d’une importance capitale pour l’avenir de l’Humanité, la conscience qu’elle devait être révélée au monde et qu’il m’appartenait de le faire me plongèrent dans une excitation indescriptible. En cet instant j’ai su et je me suis dit : La Révolution est née. Un autre moi était né avec elle.

Depuis toujours je sentais que j’avais une mission grandiose à accomplir ; je venais d’apprendre laquelle : changer le monde. Ni plus ni moins. Ce n’était ni un film ni une plaisanterie ; dénoncer et anéantir Largent, le plus ancien et plus puissant tyran de la Terre, était désormais le but de ma vie. Loin d’être terrifié, je me sentis soulagé : enfin je savais, et le défi était à ma mesure. Je ne me suis pas demandé « Pourquoi moi ? ». Le chemin qui s’ouvrait devant moi n’était que le prolongement logique du chemin déjà parcouru. Cette étape était dans l’ordre des choses. Pourtant, je n’étais rien. Je n’avais pour moi que mon courage et la vérité. C’est plus que suffisant aux yeux d’un homme libre.

Mais par où commencer ? Je devais d’abord me renseigner, savoir si d’autres ne m’avaient pas devancé. Un petit tour dans quelques librairies me convainquit rapidement et sans surprise que non seulement mes idées étaient nouvelles mais encore que nul n’en avait approché à moins 10 années lumière, ce qui est toujours vrai à ce jour. J’étais donc le premier. J’étais seul face à la terre entière. J’étais un extraterrestre. Je marchais dans les rues, je planais devrais-je dire. J’étais comme dans un état second. Je croisais mes semblables et ne voyais en eux que des inconscients, des aveugles, des pions, des esclaves de Largent.

En juin 1999 sortit le film Matrix. Qui l’a vu a déjà fait le rapprochement entre mon récit et l’expérience de Néo. Dans ce film, les machines règnent sur le monde. Les hommes leur servent de source d’énergie, tels des piles. Ils sont cultivés, maintenus en vie dans une sorte de cocon, immergés dans un liquide et alimentés par intraveineuse. Leur cerveau est branché à un réseau informatique afin que leur esprit soit actif mais captif d’un monde virtuel. Ce monde virtuel, fait de programmes comme un logiciel, est appelé la Matrice. Les hommes vivent donc, par l’esprit, dans un monde inexistant mais qui a pour eux toutes les apparences de la réalité, d’autant plus qu’il n’en connaissent pas d’autre. Ils sont en prison sans même le savoir. Quelques hommes échappent cependant au contrôle des machines, les combattent, observent la Matrice sur des écrans (illustration de couverture) et essayent de libérer leurs semblables, du moins les mieux disposés. Avec leur aide et grâce à un virus informatique qui, dans la Matrice, se présente sous la forme d’une pilule rouge, Néo, le héros de l’histoire, va pour ainsi dire reprendre ses esprits, sortir de son cocon, voir de ses yeux l’inconcevable condition humaine et entrer en résistance. En un instant sa vie bascule.

Je ne sais pas ce que les frères Wachowski, réalisateurs de Matrix, avaient en tête, le fait est que cette histoire est la parfaite allégorie du capitalisme, du système monétaire, du monde à la fois virtuel et réel de Largent, puisque Largent, en tant que croyance universelle, enchaîne les esprits comme la Matrice et, par suite, domine le monde. Quoi qu’ils aient cherché à dénoncer, ce scénario leur a permis de mettre dans la bouche de Morpheus, le mentor de Néo, des paroles empreintes de sagesse que l’on croirait tirées de mon « Réquisitoire » et adressées à des esclaves de Largent. Mais pour voir les choses sous cet angle, encore faut-il être soi-même libéré de Largent et connaître le Civisme.

Avant propos du Civisme illustré (Extrait)

05:00 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : civisme, anniversaire |  Facebook | |  Imprimer |

vendredi, 18 novembre 2011

PENSEE DU JOUR : immigration et révolution

L’immigration massive est un instrument contre-révolutionnaire.

Voir : Civisme et patriotisme

mercredi, 02 novembre 2011

CIVISME ET PATRIOTISME

Extrait de la conférence : Largent, le tyran à abattre.

Les hommes de bonne volonté sont nombreux mais dispersés. Ils aspirent tous à la même chose mais par des moyen différents voire opposés, faute d’avoir identifié correctement l’ennemi. Chacun adapte sa stratégie au leurre qu’il poursuit. Le Civisme est la théorie qui peut tous les rallier dans le présent et à l’avenir. Quand ils auront compris qu’ils se focalisent sur des effets qui plongent leur racines à la même source, le but et les moyens de la lutte s’imposeront d’eux-mêmes.

Ainsi, qui ne sent pas le lien direct entre Largent et la monnaie, entre la monnaie et le capitalisme, entre le capitalisme et l’européisme, entre l’européisme et le mondialisme, entre le mondialisme et l’immigrationnisme, donc entre Largent et le capitalisme, Largent et l’européisme, Largent et le mondialisme, Largent et l’immigrationnisme ?

De même, qui ne sent pas le lien direct entre Largent et la monnaie, entre la monnaie et l’inégalité, entre l’inégalité et l’individualisme, entre l’individualisme et l’universalisme, entre l’universalisme et le droits-de-l’hommisme, entre le droits-de-l’hommisme et l’anti-France, donc entre Largent et l’inégalité, Largent et l’individualisme, Largent et l’universalisme, Largent et le droits-de-l’hommisme, Largent et l’anti-France ?

Un patriote est nécessairement l’ennemi de l’anti-France, de l’immigrationnisme, du droits-de-l’hommisme,  du mondialisme, de l’européisme, du capitalisme, de l’individualisme et de l’inégalité. Mais comment les combattre victorieusement sans renverser Largent qui les alimente directement ou indirectement ?

Il a été question d’inégalité. L’inégalité et l’Egalité sont des notions floues à ce jour. Chacun est pour ou contre selon l’idée fausse qu’il se fait de l’une et de l’autre. Il est cependant évident qu’un patriote digne de ce nom ne considère pas ses compatriotes comme des marchepieds ou de la chair à canon mais comme des frères, comme des égaux. Le patriotisme bien compris est intrinsèquement égalitaire. Les patriotes doivent donc savoir en quoi l’Egalité consiste, pourquoi elle n’est pas, comment l’instaurer, et comprendre que Largent est son obstacle majeur, leur véritable ennemi — les riches, les puissants, les pauvres mêmes n’étant que ses instruments. Ils doivent également comprendre que, de la même manière qu’ils combattent Largent et toutes ses conséquences, ils doivent défendre l’Egalité et toutes ses conséquences.

L’Egalité, qui est une réduction de l’expression « égalité des Citoyens en Devoirs et en Droits », va de pair avec les notions de Devoirs, de Droits, de Citoyenneté, de Contrat Social, de Société, de Nation, de Peuple, de territoire, de pays, de frontières, d’indépendance nationale, de souveraineté populaire et de démocratie. Il y a loin entre ce qu’implique l’Egalité bien pensée, cohérente de bout en bout, et celle que les gauchistes invoquent pour couvrir leur démagogie. Toutes ces conséquences sont liées ; qui en accepte une doit toutes les accepter ; qui en nie une est un ennemi de l’Egalité et de la patrie.

Le Civisme est une doctrine d’une logique implacable et d’un patriotisme absolu. Il est l’aboutissement de la quête de l’humanité sur le plan social. Il n’est combattu que par la mauvaise foi et les préjugés monétaires. Il est autant la voie de la Révolution que de la Résistance. Il sera incontournable demain, mais il est utile dès aujourd’hui, d’où la nécessité de le répandre sans attendre.

Cependant, l’urgence est ailleurs. Aujourd’hui, nous devons sauver la France d’un péril qui ne menace pas seulement sa liberté, comme en 1792 ou 1940, mais son existence. Elle est menacée par l’euro-modialisme qui veut la dissoudre en tant que nation, et par l’immigrationnisme débridé qui tend à l’effacer en tant que peuple. Or pour établir demain l’Egalité en France, pour accomplir la destinée du peuple français, encore faut-il qu’il y ait encore une France et un peuple français. Bien que Largent ne soit pas étranger à ces dangers qui sont les deux faces d’une même pièce, qu’il en soit même la cause première, ce n’est pas de lui que vient la menace immédiate. Nous devons d’abord parer le coup mortel, donc repousser nos ennemis rapprochés, avant de pouvoir rendre à César ce qui est à César.

J’ai dit dans la partie précédente que l’euro-mondialisme est contre-révolutionnaire dans la mesure où la Révolution ne peut se faire que dans le cadre d’une nation. Les multiples conditions nécessaires pour qu’éclate une Révolution sont si rarement réunies qu’il est vain d’attendre qu’elles se rencontrent dans toutes les nations du monde en même temps. D’ailleurs, quand les choses sont mûres, la Révolution éclate et il est impossible de la différer. L’idée insensée que la Révolution doit être mondiale vient du fait qu’elle concernera la monnaie et qu’il semble impossible de l’abolir sans se couper du monde alors que les échanges internationaux sont manifestement nécessaires. Mais le Civisme qui explique comment organiser la Cité sans monnaie explique aussi comment l’intégrer dans un monde toujours monétaire, autrement dit comment procéder aux échanges internationaux. La crainte d’être coupé du monde n’a pas lieu d’être. Remarquons au passage que cette crainte qui pousse à prôner une révolution mondiale désarme la lutte contre le mondialisme, ce qui est de fait contre-révolutionnaire. Au contraire, le Civisme réussit la synthèse entre l’anti-capitalisme et l’anti-mondialisme.

Sur l’immigrationnisme, tous les patriotes savent déjà que l’immigration est organisée par le patronat pour des raisons économiques, pour geler ou tirer à la baisse les salaires de Français grâce au chantage que les immigrés, importés pour être exploités, permettent d’exercer sur eux en matière de rémunération, d’emploi, de condition de travail, etc. Les immigrés sont pour ainsi dire des « jaunes », des briseurs de grève. Mais l’immigration à outrance a une autre fonction aux yeux des « élites » : elle démoralise le peuple, détourne son attention de la chose publique et permet de le rouler dans la farine. L’immigrationnisme s’appuie sur un renversement des valeurs et la proscription du bon sens. Les intérêts des étrangers deviennent la priorité nationale. Quiconque s’insurge est traité de xénophobe, de fasciste. Quiconque constate les frictions inévitables entre autochtones et immigrés est traité de raciste, de nazi. Quiconque dénonce l’absence de réelle démocratie est traité de souverainiste, de populiste. Bref, grâce aux sophismes qu’ils permettent d’imaginer et de soutenir, les immigrés sont un instrument contre le peuple et la démocratie. Mais, plus encore : les immigrés sont, par définition, originaires de pays et de cultures différentes ; leurs traditions, leurs préoccupations, leurs conceptions politiques et leur vision du monde ne sont pas celles des autochtones. Ils vivent à une autre heure et marchent dans une autre direction. Aussi, quand un peuple est prêt techniquement et moralement pour une révolution, une immigration massive, en plus d’être un problème en soi, constitue une force d’inertie, donc un frein à la révolution. Nul doute que les puissants ont conscience du caractère contre-révolutionnaire de l’immigration massive. Si elle favorisait la révolution et menaçait leur suprématie, ils s’y opposeraient. Or ils en sont les promoteurs et font tous leurs efforts pour la rendre problématique. Les plus astucieux vont même jusqu’à proposer le droit de vote pour les étrangers ! C’est donc en tant que phénomène contre-révolutionnaire que le Civisme condamne l’immigration massive et prône l’arrêt de toute immigration après quarante ans de n’importe quoi, rejoignant en cela la position des patriotes  mais apportant un argument de poids capable d’en imposer aux dupes de la gaucherie.

Ainsi, l’heure n’est pas à la Révolution mais à l’insoumission, à la réaction, à l’insurrection. Les idées véritablement révolutionnaires ne sont d’ailleurs pas assez répandues pour qu’une Révolution, c’est-à-dire un véritable changement de système, un changement radical, soit possible. Le fruit n’est pas encore mûr. Ce serait donc une grave erreur de la part des rares révolutionnaires de croire qu’ils peuvent précipiter les choses. Leur rôle, aujourd’hui, est de préparer la Révolution, d’éclairer leurs compatriotes et, à défaut de pouvoir pousser le système à commettre des faux pas, de ne pas le contrarier quand il en commet. Il est bien sûr, aussi, de s’engager à fond dans le combat patriotique, car le salut de la patrie est en permanence à l’ordre du jour. Or, de ce point de vue, ces idées sur Largent et l’Egalité arment le patriotisme de principes solides, d’un idéal limpide, d’une cohérence doctrinaire qui seuls peuvent rallier tous les patriotes authentiques, les unir plus étroitement que jamais et les guider en toutes circonstances. Le Civisme, car c’est finalement de cela qu’il s’agit, est le summum du patriotisme. Il ne fait aucune concession. En fixant le but à atteindre, en traçant la route qui y conduit, il révèle tous les obstacles, il indique tous les pièges, il démasque tous les ennemis. Largent, ses amis, leurs complices et leurs jouets sont, aujourd’hui comme demain, les ennemis de l’Egalité, de l’Humanité, de la Société, des toutes les nations en général et de la notre en particulier. 

En quoi toutes ces idées peuvent-elles être utiles aux patriotes ? Autant se demander s’il est un temps pour le courage et le bon sens ! Au fort de la tempête, il n’est certes pas nécessaire de savoir où est le port, mais celui qui le sait est assurément meilleur capitaine que celui qui l’ignore.

Extrait de la conférence : Largent, le tyran à abattre.

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vendredi, 28 octobre 2011

LE PETIT DERNIER : Le CIVISME illustré

Couverture.jpgLa Matrice est une prison pour l’esprit. C’est donc une croyance inconsciente qui fixe une tournure d’esprit et impose une conception du monde. Rien ne correspond mieux à ces caractéristiques que Largent, c’est-à-dire la croyance selon laquelle la notion de valeur marchande est nécessaire pour échanger. La Matrice, c’est Largent.

Dans son « Réquisitoire contre Largent ou théorie de l’Egalité », Philippe Landeux a arraché le masque du tyran. Dans « Le Civisme ou théorie de la Cité », il explique concrètement comment sortir de la Matrice, comment organiser une Société sans monnaie.

Ces deux livres sont complémentaires. Le premier démonte la logique d’aujourd’hui ; le second met en oeuvre une logique nouvelle. Dans les deux cas, le lecteur tombe à chaque pas sur un concept révolutionnaire.

Le présent ouvrage est un essai de vulgarisation du Civisme. Il traite des principaux concepts, schémas à l’appui. Tous les documents qu’il contient ont été publiés sur ce blog, mais ils sont ici présentés dans un ordre permettant au lecteur d’entrer progressivement dans la logique du Civisme.

Détails :

100 pages de textes et documents

10 € + frais de port

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vendredi, 14 octobre 2011

MANIFESTE DES PATRICIENS

MANIFESTE DES PATRICIENS

Postulats du Civisme

 

Alors que Largent est de toute évidence au cœur de nos « Sociétés » malades, personne n’ose s’apercevoir qu’il est le poison qui les ronge ; nul n’a le courage de le dénoncer comme l’ennemi séculaire de l’Humanité. Ces temps d’aveuglement et de lâcheté sont révolus ; l’heure est à la Vérité et à la Révolution.

Aussi les Patriciens ont-ils résolu d’exposer les concepts qui les poussent à agir dans le présent et les Principes de la Cité qu’ils veulent fonder dans le futur. Ce Manifeste annonce à l’Homme que la Révolution a commencé dans les esprits, et à Largent que son règne touche à sa fin.

 

I. POSTULATS DE L’ASSOCIATION POLITIQUE

ART. 1 — Une association politique est constituée d’individus librement réunis pour échapper à l’état de Nature et accroître par la combinaison de leurs forces leurs chances de survie.

ART. 2 — L’instinct de conservation est à l’origine de l’association politique, également appelée Société ou Cité.

ART. 3 — Le but premier de toute Société est d’assurer au mieux de ses moyens la sécurité de ses membres, appelés Citoyens. La SECURITE est le premier Droit fondamental du Citoyen.

ART. 4 — La Sécurité d’un Citoyen ne dépend pas de ses capacités à se défendre mais des capacités de ses Concitoyens à le défendre. C’est parce que les Citoyens se protègent mutuellement que la Sécurité existe en tant que Droit et que chacun d’eux la mérite et en jouit. Le premier Devoir du Citoyen est donc de défendre ses Concitoyens.

ART. 5 — Un Citoyen doit être plus en Sécurité en Société que dans l’état de Nature, au moins autant, jamais moins. Lorsque les Droits d’un Citoyen sont menacés sans que la Société intervienne ou soit en mesure d’intervenir, celui-ci peut les défendre lui-même par tous les moyens dont il dispose et qu’elles qu’en soient les conséquences. Quand la garantie sociale manque à un Citoyen, celui-ci ne peut avoir moins de liberté que s’il était dans l’état de Nature.

ART. 6 — Pour jouir de la Sécurité que la Société doit garantir à ses membres, il faut d’abord en faire partie, être admis à l’intégrer, et faire ensuite tout ce qu’elle exige de chaque Citoyen pour ne pas en être exclu.

ART. 7 — Nul n’adhère librement à une association qui exige plus de lui que des autres membres. Des associés ne peuvent exiger d’un nouveau venu moins qu’ils n’exigent d’eux-mêmes. Les membres d’une association ne peuvent garantir à l’un d’entre eux des avantages dont ils se privent. Une association politique impose nécessairement à tous ses Citoyens les mêmes Devoirs et garantit fatalement à chacun les mêmes Droits.

ART. 8 — Il n’y a de Droits qu’en Société, qu’entre individus ayant des Devoirs, les mêmes Devoirs, les uns envers les autres, se garantissant ainsi mutuellement les mêmes Droits. Il n’y a de Société que dans l’Egalité des Citoyens en Devoirs et en Droits.

ART. 9 — L’EGALITE est le principe fondamental de l’association politique et de l’ordre social.

ART. 10 — L’accomplissement d’un Devoir ne génère en soi aucun Droit. Tous les Droits sont attachés à la Citoyenneté qui s’obtient et se conserve par l’accomplissement de tous les Devoirs du Citoyen.

ART. 11 — Les hommes étant contraints par leur nature sociable de vivre ensemble, la Société doit susciter le désir d’en faire partie en ôtant aux Citoyens toute envie de la fuir et en leur donnant toutes les raisons de rester en son sein.

ART. 12 — La Cité étant une libre association, les Citoyens sont libres en théorie de la quitter et doivent être libres tout en lui appartenant.

ART. 13 — La LIBERTE, en tant que Droit fondamental, consiste pour un Citoyen à avoir les mêmes Droits que ses Concitoyens, de sorte que l’intérêt de chacun soit que les libertés des autres, dont il jouira lui-même, soient le plus étendues possible, tout en étant bornées par le respect des Droits d'autrui.

ART. 14 — Les Devoirs et les Droits fondamentaux des Citoyens se ramifient en Devoirs et Droits indirects. La nature et le nombre des Devoirs et des Droits indirects des Citoyens reflètent les capacités de l’espèce et le développement de la Société.

ART. 15 — Tout Citoyen qui manque à ses Devoirs usurpe des Droits. Tout Citoyen qui attente aux Droits d’un autre Citoyen est un oppresseur. Usurpateurs et oppresseurs ne sont plus Citoyens ; ce sont des ennemis.

ART. 16 — L'inégalité en droits dissout l'association politique. Il n’y a pas d’association entre un esclave et un maître.

ART. 17 — L’inégalité entre individus d’une même « Société » est la source de tous les fléaux.

ART. 18 — L'inégalité est anarchie. L'Egalité est ordre.

 

II. CITE, CITOYENNETE ET CONTRAT SOCIAL

ART. 19 — La Cité est l’ensemble des Citoyens qui la composent.

ART. 20 — Le rôle de la Cité n’est pas de faire le bonheur des hommes, mais de maintenir l'Egalité, c'est-à-dire de garantir à ses Citoyens la jouissance des mêmes Droits afin qu’ils soient, en tant qu’individus, le moins malheureux possible et libres de chercher leur bonheur.

ART. 21 — L'EGALITE est le Principe fondamental de la Cité. Le principe d'EQUITE qui, lui, repose sur la notion de valeur, donc sur l’arbitraire, impose l'iniquité et est un subterfuge capitaliste, individualiste, anti-égalitaire et donc antisocial.

ART. 22 — Est et demeure Citoyen tout individu reconnu comme tel par la Cité, tout individu qui s'est acquitté de ses Devoirs envers elle et jouit par conséquent de tous les Droits du Citoyen, tout individu qui adhère de fait au Contrat Social.

ART. 23 — L’union des Citoyens repose sur un accord tacite ou officiel : le Contrat Social. Ce Contrat est identique pour tous les Citoyens. En fixant les Devoirs et les Droits du Citoyen, il impose à tous les Citoyens les mêmes Devoirs envers la Cité et reconnaît à chacun les mêmes Droits dans la Cité.

ART. 24 — Il ne peut y avoir qu’un Contrat Social par Société. Il n’y a pas de demie Citoyenneté. Les Citoyens doivent jouir des mêmes Droits, lesquels ne peuvent être garantis que si tous les Citoyens ont les uns envers les autres les mêmes Devoirs. Un individu ne peut être lié à d’autres d’une manière sans que les autres soient de fait liés à lui de la même manière.

ART. 25 — Les clauses du Contrat Social résultent des lois naturelles de l’association politique. Les Contrats Sociaux ne varient d’une Cité à une autre que sur la forme.

ART. 26 — Rien n’étant plus facile qu'ignorer et enfreindre ce qui est tacite, la Cité doit adopter un Contrat Social officiel de sorte que chaque Citoyen sache ce qu’elle exige de lui comme de tous ses Concitoyens, et ce qu’il peut et doit exiger d’elle en retour.

ART. 27 — Sans Contrat Social, point de Cité, point d'Egalité ; hors Egalité, point de Société, de Citoyen, de Liberté, de Devoirs, de Droits, de République, de Démocratie, etc.

ART. 28 — Quiconque remplit envers la Cité l’ensemble de ses Devoirs, est Citoyen et doit être l’égal en Droits de ses Concitoyens.

ART. 29 — Qui manque à un seul de ses Devoirs risque la perte de tous ses Droits, sans pouvoir prétendre être opprimé.

ART. 30 — Selon les lois naturelles de l’association politique et le Contrat Social, les Devoirs fondamentaux du Citoyen sont : respecter les Droits d'autrui, participer à la vie de la Cité (selon ce qu’elle considère comme une participation), être solidaire de ses Concitoyens et défendre la Cité.

ART. 31 — La forme de participation à la vie de la Cité la plus courante est le Travail. Tout Travail reconnu par la Cité rend Citoyen à part entière celui qui l'accomplit.

ART. 32 — Le Travail est la forme de participation à la vie de la Cité qui consiste à mettre le fruit de ses efforts sur le marché, en contrepartie du statut et des Droits du Citoyen.

ART. 33 — Le Travail est pour le Citoyen dans la Cité ce que les efforts pour survivre sont à l'homme seul dans la nature. La Cité ne constitue pas un refuge pour les fainéants ; elle facilite un Devoir naturel, mais n'en dispense aucunement les individus valides.

ART. 34 — Celui qui ne veut pas Travailler pour la Cité n'a droit à rien dans la Cité. Il ne veut pas être Citoyen : il ne l'est pas.

ART. 35 — Les études supérieures étant nécessaires pour Travailler ultérieurement sont elles-mêmes un Travail. Les étudiants sont des Citoyens à part entière.

ART. 36 — La Cité est une mère qui doit protection à tous ses enfants, qu’ils soient dévoués, provisoirement inaptes à Travailler ou malheureusement invalides.

ART. 37 — Après un temps passé à Travailler, égal pour tous, les Travailleurs doivent pouvoir être libres de s'arrêter, tout en restant Citoyens à part entière.

ART. 38 — Selon les lois naturelles de l’association politique et le Contrat Social, les Droits fondamentaux du Citoyen sont : la SECURITE et la LIBERTE, qui se traduisent par le Droit de profiter de tous les bienfaits de la Cité.

ART. 39 — La LIBERTE est l’ensemble des libertés ou Droits indirects reconnus par la Cité à ne serait-ce qu’un Citoyen et devant donc être reconnus à tous les Citoyens. Des libertés ne sont pas la LIBERTE. Il ne suffit pas que des individus jouissent de quelques libertés identiques pour que cela fasse d’eux des Citoyens réellement égaux et libres.

ART. 40 — Un Droit est naturellement borné par les envies du Citoyen qui l’exerce ou en jouit, par l’exercice ou la jouissance par ses Concitoyens de ce même Droit, par les possibilités réelles de l’exercer et éventuellement par la loi, égale pour tous. Toute autre borne est artificielle, arbitraire et source d'oppression.

ART. 41 — Les Droits du Citoyen dépendent de la Cité dans laquelle il vit, non de l'entreprise par le biais de laquelle il remplit envers la Cité son Devoir de Travailler.

ART. 42 — Un Citoyen ne peut être tenu de Travailler pour la Cité et être pénalisé par elle pour sa spécialisation professionnelle.

ART. 43 — Nul n'est irremplaçable. Il n'y a pas de sous-métier. Tous les Travailleurs sont complémentaires. Aucune fonction ne justifie une quelconque supériorité en droits. La complémentarité des Travailleurs commande leur égalité en Droits en tant que Citoyens.

ART. 44 — Celui qui croit que par son Travail il mérite plus de droits que ses Concitoyens, oublie qu'il est ce qu'il est grâce à la Cité, qu'il Travaille dans et pour la Cité, que seule la Cité peut reconnaître et garantir ses Droits, que la Cité est l'ensemble de ses Concitoyens, et qu'il n'y a de Droits que dans l'EGALITE. Celui qui veut vivre dans la Cité doit sacrifier ses prétentions d'individu à ses Droits de Citoyen.

ART. 45 — La Cité doit honorer les Vertus des particuliers sans attenter aux Droits des Citoyens, autrement dit à l’Egalité. Les lauriers seuls doivent couronner les Vertus. Prétendre à autre chose c'est déjà en être indigne. Le mérite personnel ne doit trouver sa récompense que dans la satisfaction personnelle et la reconnaissance publique.

ART. 46 — Chaque Citoyen doit mériter seul ses Droits auprès de la Cité. Nul ne peut jouir des Droits mérités par un autre. Les Droits ne sont ni héréditaires ni transmissibles ni cumulables ni jouables ni escamotables, etc.

ART. 47 — Les bienfaits de la Cité sont le fruit de la participation des Citoyens. Les fruits du Travail sont généralement mis sur le marché. Pour profiter de tous les bienfaits de la Cité, les Citoyens doivent non seulement avoir accès au marché mais encore jouir d’un égal Droit d’Accès.

ART. 48 — Le Droit d'accéder au marché, étant en quelque sorte le pendant du Devoir de participer à la vie de la Cité, n'appartient qu'à ceux auxquels la Cité reconnaît le statut de Citoyen et ne porte que sur les produits du Travail présents sur le marché.

ART. 49 — Quoique l’égalité en biens ne soit ni possible, même dans l’Egalité, ni souhaitable dans l’absolu, une trop grande disparité de propriétés entre Concitoyens ne peut résulter de la libre expression de leurs goûts ; elle révèle un état d'inégalité en droits, donc un état d'oppression.

ART. 50 — L’oppression est un état intermédiaire entre l’état de Nature, dont les hommes veulent sortir, et celui de Société, vers lequel ils tendent. Il y a oppression, d’une manière ou d’une autre, dès lors que les « Citoyens » sont inégaux en Droits.

ART. 51 — Les opprimés sont vis-à-vis de leurs oppresseurs dans un rapport de force, non de droit. Ils peuvent légitimement secouer leur joug et même les abattre s’ils en ont l’occasion. Une oppression persistante témoigne seulement de la puissance des oppresseurs et de l’incapacité provisoire des opprimés à se libérer.    

 

III. LARGENT

ART. 52 — Largent, c’est la croyance que la notion de valeur (marchande) est nécessaire pour échanger.

ART. 53 — La pratique initialement incontournable du troc consistant à échanger entre individus et à mettre les objets en équivalence a amené les hommes à concevoir la notion de valeur marchande et à la croire indispensable aux échanges. L’évolution a ensuite amené les hommes à adopter la monnaie qui concrétise Largent, perpétue un mode d’échange individualiste et dont l’usage inculque à toutes les générations les préjugés monétaires.

ART. 54 — Etant donné qu’elle repose sur la notion de valeur, la monnaie introduit fatalement dans la « Cité » le subjectif, le relatif, l’arbitraire, l’intérêt particulier, la différence de prix entre les choses, entre les producteurs, entre les hommes, et finalement l’inégalité en droits entre les « Citoyens ».

ART. 55 — Sous Largent, les valeurs sont concrétisées par des objets ou des unités monétaires qui matérialisent et donnent seules le droit d’accéder au marché. Les unités monétaires, étant destinées à circuler et ne pouvant se répartir également de par le jeu des valeurs, permettent aux uns de dépouiller les autres de leurs droits. 

ART. 56 — Un prix est la conséquence d’une chaîne de prix dont il n’est lui-même qu’un maillon, à moins qu’il ne soit fixé arbitrairement. Les prix n’ont rien à voir avec la soi-disant valeur des choses ; ce sont les hommes qui, en dernière analyse, ont un prix, sont payés et ont besoin de monnaie pour se payer les uns les autres. 

ART. 57 — La monnaie n'aurait pas de raison d'être si le Travail, au lieu d'être rémunéré avec des unités, conférait la Citoyenneté, donc les Droits du Citoyen dont celui d’accéder au marché, car alors les choses n'auraient ni coût ni prix et les hommes n’auraient pas besoin de monnaie. C'est ce besoin de monnaie auto-alimenté qui empêche les hommes de concevoir une autre forme de « salaire » et les enferment dans la logique monétaire.

ART. 58 — Tout ce qui est justifié par Largent est injustifiable autrement et n’est en rien justifié d’un point de vue social. Tout ce qui semble financièrement logique est socialement absurde.

ART. 59 — La nature des unités monétaires importe si peu qu’elles sont en passe d’être aussi virtuelles et imaginaires que la notion même de valeur. Un pauvre ne sera bientôt plus séparé d’un riche par rien, sinon par Largent qui n’existe que dans leur esprit.

ART. 60 — Largent est une croyance dont l’Homme est prisonnier physiquement. Il n’existe que par l’Homme, mais l’Homme peut exister sans lui.

ART. 61 — Largent qui ne fait pas le bonheur des hommes fait le malheur des Peuples.

ART. 62 — Seuls Largent et la monnaie, créant ou perpétuant un contexte inégalitaire, permettent d’abuser du pouvoir hiérarchique ou de donner du pouvoir sans autre mérite que la fortune.

ART. 63 — Le pouvoir des riches réside moins dans leur personne que dans leur fortune qui, en les dotant de droits étendus, leur confère des forces infiniment supérieures à leurs forces naturelles.

ART. 64 — Il y aura toujours des riches et des pauvres sous Largent. Un riche n’est pas et ne sera jamais l’égal en Droits d’un pauvre. Richesse et pauvreté, exploitation et corruption, oppression et inégalité sont inhérentes à Largent.

ART. 65 — Largent est un tyran. La monnaie est l’instrument de sa tyrannie. Largent est le plus grand ennemi de l’Homme avant l’Homme lui-même.

ART. 66 — Quiconque a lu ces lignes et néglige encore le rôle de Largent ou justifie son existence se fait complice de l’inégalité, de l’exploitation et de l’oppression capitaliste ; c’est un capitaliste lui-même.

 

IV.  DROIT D’ACCÈS ET CARTE CIVIQUE

ART. 67 — Un moyen d’échange est théoriquement un intermédiaire entre les Devoirs et les Droits du Citoyen, puisqu’il permet à ce dernier d’accéder au marché après avoir participé à la vie de la Cité ; mais aussi entre les Citoyens eux-mêmes, puisqu’il leur permet, à travers les biens qu’ils retirent du marché et les services dont ils profitent, d’échanger mutuellement leur Travail.

ART. 68 — L’existence d’un moyen d’échange implique, d’une part, la complémentarité et l’interdépendance des Travailleurs en particulier et des Citoyens en général, d’autre part, l’incapacité des Citoyens de pourvoir individuellement à tous leurs besoins et la nécessité pour chacun d’eux de pouvoir accéder au marché.

ART. 69 — Dans la mesure où la plupart des bienfaits de la Cité sont le fait du Travail et se trouvent sur le marché, le moyen d’échange est un élément vital pour les Citoyens et le paramètre central de la Cité. De la nature du moyen d’échange — de la façon de l’obtenir, de l’utiliser, etc. — dépendent donc la nature des rapports entre les Citoyens et de leur mentalité.

ART. 70 — Etant donné que la monnaie accapare le Droit d’accéder au marché et ne peut se répartir également, elle confère aux « Citoyens » un droit d'accès fatalement inégal, inégalité qui se répercute sur tous les autres Droits et anéantit l’état de Droits, donc la Société même.

ART. 71 — Les Citoyens ne peuvent être égaux en Droits sans jouir également de tous les bienfaits de la Cité, sans jouir d’un égal Droit d’accès au marché, autrement dit sans avoir le même pouvoir d'achat, pouvoir sans autres bornes que les possibilités réelles du marché et la loi.

ART. 72 — La monnaie est un moyen d’échange parmi tous les moyens d’échange possibles. Elle véhicule uniquement une conception de l’échange, alors qu’un moyen d’échange digne de la Cité doit aussi véhiculer un concept de Société.

ART. 73 — Un moyen d’échange est le paramètre le plus stable d’une Société ; il en est le cœur. Rien n’est plus difficile que d’en changer. Une fois adopté, il façonne les hommes à son image.

ART. 74 — Pour que les Citoyens soient et demeurent égaux en Droits, pour que les Droits soient à l’abri des caprices des hommes, les Droits et les Principes de l’ordre social doivent être sous la sauvegarde d’un moyen d’échange.

ART. 75 — Des unités limitent le pouvoir d’achat. L’égalité du Droit d’Accès exclut le recours à toute forme d’unité ou de rationnement, et implique l’usage d’un moyen d’échange qui confère à tous les Citoyens un pouvoir d’achat théoriquement illimité.

ART. 76 — Le Droit d'accéder au marché et de profiter des bienfaits de la Cité doit être attaché à la Citoyenneté elle-même, au fait d'être Citoyen, et non dépendre d’unités insignifiantes.

ART. 77 — Le moyen d’échange de la Cité sera une Carte à puce qui utilisera la technologie des cartes de crédits, mais qui s'obtiendra de la Cité en contrepartie d’une participation et permettra essentiellement de vérifier la Citoyenneté de son détenteur. Cette carte, appelée Carte civique, conférera à tous les Citoyens un pouvoir d’achat indéfini, théoriquement illimité et donc égal.

ART. 78 — La Carte civique est l’évolution naturelle de la carte de crédits qui, à mesure que son usage devient exclusif, rend la monnaie de plus en plus virtuelle, introduit l’idée qu’une carte pourrait être en soi un moyen d’échange, et creuse la tombe de Largent.

ART. 79 — Lorsque tous les Citoyens disposent d’un pouvoir d’achat théoriquement illimité, aucun ne peut accaparer la production, dépouiller les autres de leurs Droits, les asservir ou les soudoyer ; nul ne peut se vendre ni voir dans ses égaux des maîtres.

ART. 80 — L’indigestion est suscitée par la rareté ; la modération, par l’opulence. Pour que l’Homme soit libéré des obsessions matérialistes, il faut qu’il puisse assouvir une bonne fois pour toutes les frustrations que Largent et ses limites font naître en lui, et qu’il ne ressente plus la gêne.

ART. 81 — Quand l’EGALITE est inaltérable, la tyrannie est impuissante à renaître et la Vertu est dans les mœurs.

ART. 82 — Instaurer définitivement l’EGALITE et anéantir conséquemment tout germe de tyrannie est le double but de la Carte civique sur laquelle repose la révolution prônée par les Patriciens. Cette Carte, en se substituant à la monnaie, anéantira de fait Largent et l’empêchera de ressusciter.

 

V. CAPITALISME, LIBERALISME ET DYNAMISME ECONOMIQUE

ART. 83 — Le capitalisme est un système régit essentiellement par les lois de Largent sans lequel il n’y a pas de capitalisme possible.

ART. 84 — Largent est le cœur du capitalisme. A l'heure des cartes de crédits, instaurer la Carte civique sera un acte chirurgical mortel pour le capitalisme et indolore pour les hommes.

ART. 85 — Le capitalisme est lui-même en train de mettre en place toutes les structures nécessaires à l’instauration d’une Cité.

ART. 86 — Sous Largent, la seule alternative au capitalo-libéralisme est le capitalisme d’Etat. Il n’y a d’EGALITE ou de LIBERTE ni dans l’un ni dans l’autre.

ART. 87 — L’EGALITE condamne le capitalisme ; la LIBERTE réclame le libéralisme. Du libéralisme sans capitalisme, là est la Révolution.

ART. 88 — Dans une Société digne de ce nom, rien n’est nationalisé, rien n’est privatisé : tous les Citoyens servent la Cité.

ART. 89 — Travailler étant un Devoir envers la Cité, tous les fruits du Travail appartiennent en premier lieu à la Cité avant de devenir la propriété des Citoyens lorsqu’ils les retirent du marché par l’exercice de leur Droit d’Accès. 

ART. 90 — La Cité qui garantit les Droits doit aussi veiller à l'accomplissement des Devoirs.

ART. 91 — Si la Cité n'a pas à planifier l'économie, elle ne saurait néanmoins rester dans l'ignorance de ce qui se trame en son sein. Elle doit avoir un Droit de regard sur le Travail pour savoir qui Travaille, donc qui est Citoyen. Dénier ce Droit à la Cité, c'est prôner, sous quelque prétexte que ce soit, l'anarchie, sous quelque nom que ce soit.

ART. 92 — Dans la mesure où le moyen d’échange permet de profiter du Travail d’autrui, il ne peut être obtenu par les Travailleurs qu’en contrepartie d’un Travail dont le marché est, à tort ou à raison, demandeur. Produire sans vendre est aussi nul que n’avoir pas Travaillé. Acquérir sans rien offrir de son côté est un vol. Les résultats minimums exigés des Travailleurs ou des entreprises par la Cité doivent donc porter sur les ventes, non sur la production.

ART. 93 — Il n’y a pas de contrôle plus démocratique sur les entreprises que la loi du marché, lorsque les Citoyens sont libres et égaux, puisque les Travailleurs, en tant que consommateurs, s’imposent indirectement de Travailler pour satisfaire leurs appétits. Que les entreprises aient en plus le Devoir légal de satisfaire la Demande, et les consommateurs, le Droit de se plaindre de l'Offre, alors le marché impose aux entreprises de faire abstraction des résultats exigés par la Cité et de produire conformément aux désirs des Citoyens.

ART. 94 — Produire le moins cher possible pour faire le plus de profit est la source du dynamisme du capitalo-libéralisme. Produire de la qualité en quantité pour satisfaire une Demande colossale et exigeante est la source du dynamisme économique d’une Cité (société égalitaire et libérale).

ART. 95 — Quand la Demande est théoriquement infinie, elle est éternellement supérieure à l'Offre : le plein emploi est une fatalité.

 

VI. L’EGALITE

ART. 96 — L’EGALITE est fondamentalement nécessaire, techniquement possible et historiquement imminente.

ART. 97 — Les évolutions techniques et économiques entraînent fatalement l’évolution des « droits » et des structures politiques. Les progrès fulgurants du XXe siècle n’ayant pas encore porté leurs fruits, et le décalage entre le potentiel de la « Société » et les conditions des « Citoyens » étant plus grand que jamais et manifestement insupportable, des bouleversements positifs d’une ampleur sans précédent sont aussi inévitables qu’indispensables.

ART. 98 — Hors des Sociétés primitives, les conditions nécessaires à l’instauration de l’EGALITE sont les capacités de production de masse et l’informatique.

ART. 99 — Les seuls obstacles à l’EGALITE sont aujourd’hui l’ignorance des hommes quant à la nature et au rôle exacts de Largent, l’inconnue quant au pourquoi et au comment l’anéantir, le manque de résolution de ceux qui le savent, et le temps.

ART. 100 — A l’échelle de l’Humanité, la Révolution est faite ; à l’échelle de l’Homme, il ne reste plus qu’à la faire.

 

VII. CITOYENNETE ET NATIONALITE

ART. 101 — La Cité, au sens large, est l’ensemble des Citoyens ; la Cité, au sens strict, la Nation, est l’ensemble des Citoyens nationaux.

ART. 102 — Citoyenneté et Nationalité sont deux choses distinctes : la première est un choix d’ordre économique et vital, la seconde d’ordre politique et sentimental. Cette distinction est indispensable à l’heure où les hommes sont plus mobiles que jamais.

ART. 103 — Les Droits fondamentaux sont attachés à la Citoyenneté ; les droits politiques, à la Nationalité.

ART. 104 — La Nationalité confère des droits particuliers qui sont de pouvoir participer directement à la formation des lois, de pouvoir les servir dans le cadre des institutions et des corps spécialement chargés d’en assurer l’application, de pouvoir travailler dans les secteurs sensibles et éventuellement de pouvoir disposer du sol de la Cité.

ART. 105 — Tout Citoyen peut obtenir la Nationalité relative à telle Cité, à condition de remplir les conditions qu’elle exige.

ART. 106 — La Nationalité se conserve en remplissant des devoirs particuliers qui attestent la fidélité du Citoyen envers la Cité.

 

VIII. LE SOL

ART. 107 — La Terre étant l’asile et la propriété du genre humain, le sol, en théorie, appartient à tous les hommes en général et à aucun en particulier. En pratique, et d’ici à ce que l’Humanité forme une seule Cité, ce principe n’est applicable qu’au niveau des Cités existantes. 

ART. 108 — La Cité est seule propriétaire de son sol. Le moyen d’échange qui permet aux Citoyens de s’approprier des biens issus de la production en les retirant du marché ne donne aucun droit sur le sol. Seule la Cité peut confier des portions de son sol selon des conditions égales pour tous les Citoyens et fixées par la loi.

ART. 109 — Si les occupants ou les exploitants de la terre passent pour des propriétaires aux yeux de leurs Concitoyens, ils ne le sont pas pour la Cité qui la leur a confiée provisoirement dans son intérêt ou pour accéder à des requêtes légitimes ne contrariant pas l’intérêt général.

ART. 110 — Seuls les Citoyens nationaux peuvent, dans la mesure du possible, disposer d’une portion du sol de la Cité à des fins privées ou publiques. La Cité doit néanmoins garantir un terrain cultivable aux hommes nés et vivants sur le territoire national qui ne veulent pas être Citoyens.

ART. 111 — En confiant son sol à titre d’outil de Travail, la Cité, en contrepartie du statut de Citoyen et de la Sécurité qu’elle assure à l’exploitant, exige de lui un rendement proportionnel à la surface attribuée ou relatif à la nature de la production, et la mise sur le marché de celle-ci.

 

IX. LOI, GOUVERNEMENT ET DEMOCRATIE

ART. 112 — La légitimité prévaut sur toute légalité. Est légitime tout ce qui procède des Principes de l’association politique, tout ce qui tend à proscrire l’inégalité entre les Citoyens ou à préserver leurs Droits. Lorsque deux légitimités s’opposent, celle qui tend au bien du plus grand nombre prime. Le salut de la Patrie est la loi suprême.

ART. 113 — La souveraineté appartient exclusivement au Peuple.

ART. 114 — Les élus du Peuple sont au service du Peuple. Ils ne sont pas les interprètes de sa volonté, mais ses instruments.

ART. 115 — La volonté du Peuple clairement exprimée fonde seule la légitimité des pouvoirs exercés et des décisions prises en son nom.

ART. 116 — Est une loi toute règle acceptée par le Peuple, c’est-à-dire par la majorité des Citoyens nationaux. Toute règle n’ayant pas été ratifiée par le Peuple n’a d’une loi que le nom.

ART. 117 — Pour ériger son Gouvernement, le Peuple exprime sa volonté par la voie du suffrage universel ou, contre un pouvoir arbitraire, par une action pacifique si possible, par l’insurrection armée si nécessaire.

ART. 118 — Tout régime politique qui ne laisse au Peuple, pour se faire entendre, d’autres moyens que le recours aux armes est tyrannique. Le Peuple a le Droit inaliénable de le renverser ; tous les hommes libres (« Citoyens » conscients d’être opprimés) en ont le Devoir.

ART. 119 — Toute Constitution qui, au-dessus des organes législatifs et exécutifs, même composés d'élus, ne prévoit pas une institution populaire souveraine et de fréquents référendums est une mascarade démocratique.

ART. 120 — Il ne peut y avoir de véritable Démocratie dans l’inégalité, et une pseudo-démocratie ne peut accoucher de l’Egalité. L’EGALITE ne repose pas sur la « démocratie » ; c’est la Démocratie qui repose sur l’EGALITE.

 

X. PATRIE ET PATRIOTISME

ART. 121 — La Patrie d’un homme est l’Humanité. La Patrie d’un Citoyen est la Cité. Le patriotisme est la porte de la fraternité universelle.

ART. 122 — Le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres ; l’ultra-internationalisme, c’est l’amour des autres et la haine des siens.

ART. 123 — Un vrai patriote considère ses compatriotes, ses concitoyens, comme ses égaux, non comme des marchepieds ou de la chair à canon.

ART. 124 — Quiconque néglige, méprise, exploite ou tyrannise une portion de l’Humanité n’a pas de Patrie et se déclare l’ennemi du genre humain.

 

XI. REVOLUTION ET REVOLUTIONNAIRES

ART. 125 — Une Révolution est une tentative de proscrire l'inégalité. L'EGALITE est le but fondamental de la Révolution.

ART. 126 — Concevoir la Révolution comme une entreprise permanente, c'est vouloir lutter sans fin contre l'inégalité ; c’est donc ignorer le moyen d'instaurer l'Egalité, donc perpétuer l'oppression sous de nouvelles couleurs.

ART. 127 — Dans l'inégalité, sous Largent, chaque individu est en lutte contre tous les autres. Les classes sont une illusion d'optique. La lutte des classes est une voie sans issue.

ART. 128 — Une révolution qui ne compte que sur des hommes pour défendre ses conquêtes contre d'autres hommes, au lieu d’être soutenue par la simple force des choses, sombre nécessairement dans la guerre civile et éventuellement la dictature politique. Ce n’est pas une Révolution.

ART. 129 — Le projet d'anéantir Largent doit être dans les esprits et adopté par le Peuple avant d’être mis en application. Avoir besoin de recourir à la violence pour instaurer la Carte civique serait le signe qu’il ne l'est pas et que l'heure de la Révolution n'a pas encore sonné.

ART. 130 — La force de la Révolution est dans les choses. Il n'y a de révolutions irrévocables que les évolutions révolutionnaires.

ART. 131 — Tous les Peuples évoluent à un rythme différent. Les conditions de la Révolution ne peuvent être réunies partout en même temps. La Révolution ne pouvant être mondiale sera donc locale, nationale. Ceux qui, pour une raison ou une autre, prônent l’idée absurde d’une Révolution mondiale ou universelle sont, consciemment ou non, des contre-révolutionnaires.

ART. 132 — Une Révolution se produit lorsque l'évolution des choses et celle des idées se rencontrent. La Révolution est impossible tant que les choses et les hommes ne sont pas mûrs ; elle est inévitable lorsqu’ils le sont.

ART. 133 — Les choses étant ce qu'elles sont, les révolutionnaires ne peuvent faire évoluer que les idées en mettant au service de la Révolution tous les moyens que leur époque fournit. Il est difficile de combattre une idée, et impossible d'arrêter une idée simple et juste.

ART. 134 — Invisibles et Insaisissables comme le vent, puissants et éphémères comme la tempête : tels doivent être les révolutionnaires.

ART. 135 — La Révolution est un coup de foudre. Elle consiste en une décision historiquement nécessaire qui, aussitôt appliquée, change tout à jamais et met fin à la Révolution elle-même. Rien ne sert de tout révolutionner en même temps, il faut révolutionner l'essentiel et laisser le temps révolutionner le reste.

ART. 136 — Un gouvernement révolutionnaire est indispensable pour ôter le pouvoir aux contre-révolutionnaires et prendre les décisions révolutionnaires.

ART. 137 — L’instauration de la Carte civique et l’anéantissement de Largent interviendront lorsque le capitalisme sera partout à l'agonie, lorsque chaque pays capitaliste sera trop occupé à essayer en vain de sortir de ses difficultés pour avoir l'envie et les moyens de combattre le Peuple qui, le premier, osera cette Révolution.

 

XII. LES PATRICIENS

ART. 138 — Le but des Patriciens est de rassembler et d’organiser les vrais républicains en une force révolutionnaire capable d’exister, d’inspirer aux « Citoyens » la haine de Largent et l’amour de l’EGALITE, de promouvoir l'idée d'une Carte civique, d’approfondir la théorie du Civisme et, à terme, de parvenir démocratiquement et provisoirement au pouvoir pour ouvrir l’ère de l’Humanité.

ART. 139 — Est un Patricien quiconque adhère au présent Manifeste et s'en fait le champion.

ART. 140 — L’ouvrage des Patriciens sera scellé et leur mission accomplie quand la Carte civique et l'Egalité seront une réalité.

VOUS VOULEZ L'IMPENSABLE ?
VOUS N'ÊTES PLUS SEULS !

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samedi, 02 juillet 2011

LE VRAI LIBERALISME

REDIF

Une philosophie économique vantée et surtout adoptée par une société doit être profitable d’un point de vue général et particulier et intégrer le fait que les acteurs économiques (producteurs et consommateurs) sont des citoyens, sous peine de bafouer leur citoyenneté, violer leurs droits, anéantir l’Egalité et finalement ériger un système antisocial. Or nous savons que la négation de la citoyenneté dans le système monétaire est moins une démarche volontaire des hommes qu’une conséquence inéluctable de Largent. Le vrai libéralisme — par opposition au capitalo-libéralisme, c’est-à-dire au libéralisme faussé par Largent — doit donc être pensé dans le cadre d’une société et d’un système non-monétaire dans lequel les individus tiennent tous leurs droits de la citoyenneté, laquelle se mérite par l’accomplissement de devoirs envers la cité.

C’est parce qu’ils sont citoyens, parce qu’ils ont participé à la vie de la cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, que les citoyens ont le droit de profiter de ses bienfaits et d’accéder au marché. (Les biens qu’ils retirent du marché sont évidemment leurs propriétés.) Ce droit d’accès, conféré directement par la citoyenneté,  est égal pour tous et en théorie illimité, ou indéfini. Dans ces conditions, la Demande, la somme des désirs individuels, est optimale et en théorie infinie ; elle ne peut jamais être entièrement satisfaite. L’Offre de biens, de services et d’emplois est donc stimulée au possible, et comme les individus ont besoin de travailler pour être citoyens (qui ne l’est pas n’a aucun droit), tous travaillent et pourtant de nombreux emplois restent à pourvoir. La production est à son maximum et tend vers la qualité qui seule guide désormais le choix des consommateurs.

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Les citoyens sont bien sûr libres de choisir leur emploi, dans la mesure de leurs talents et des places. En revanche, en contrepartie des droits que le fait de travailler et d’être citoyens leur assure, la cité leur fixe des résultats minimums à atteindre, des résultats en terme de « vente » ou nombre de clients (non en terme de production) afin de s’assurer de la réalité et de l’utilité de leur activité. A vrai dire, ce ne sont pas les individus qui ont des résultats à atteindre, mais les entreprises. Le principe ne semble s’appliquer aux individus que dans le cas des entrepreneurs indépendants. Tout citoyen a d’ailleurs la possibilité de créer son entreprise ; il lui suffit d’avoir un projet pour que la cité lui permette de réunir les moyens nécessaires (ce qui est différent de les lui fournir). A l’entreprise, ensuite, de gérer son activité (embauche, licenciement, organisation, innovation, stratégie, etc.) et d’atteindre au moins les résultats escomptés sous peine de sanctions voire de liquidation. Ce système permet à la cité d’explorer toutes les pistes, de déjouer les escrocs, d’abréger les expériences malheureuses, de couper les branches mortes, d’inciter les entreprises à s’adapter, mais aussi, à l’occasion, de soutenir les activités déclinantes qui lui tiennent à cœur.

Les citoyens ayant la liberté d’entreprendre, il va de soi qu’il n’y a pas de monopole, que les entreprises sont en concurrence, qu’elles doivent donc donner le meilleur d’elles-mêmes soit par orgueil soit par prudence. Cette concurrence n’oblige pas les entreprises à bâcler le travail, à exploiter leurs employés, à rogner sur les mesures de  sécurité : elle est positive pour les consommateurs auxquels sont présentés des biens et services de qualité en abondance, positive pour la cité dont l’appareil productif fonctionne sans qu’elle ait besoin d’intervenir, et sans dommage pour les employés qui travaillent dans les meilleures conditions (l’entreprise n’ayant aucune raison de lésiner) et dont les droits sont à l’abri de la citoyenneté.

Enfin, les entreprises peuvent viser soit le marché intérieur soit le marché extérieur. Lorsqu’elles exportent vers des pays monétaires, ce n’est pas pour faire du profit, elles n’en ont pas besoin, mais toujours pour satisfaire les exigences de la cité en nombre de clients. Elles vendent néanmoins leurs produits et remettent à la cité l’essentiel de leurs recettes. Ainsi, la cité qui, en interne, fonctionne sans monnaie, dispose d’un trésor pour importer des produits étrangers (lesquels sont donc accessibles gratuitement pour les citoyens) et régler les frais de voyage de ses citoyens. (Il y a d’autres façons pour elle de procéder aux échanges internationaux ou de se procurer de la monnaie.) La cité n’est pas coupée du monde ! Elle est même une puissance mondiale ! Aucun pays monétaire ne peut rivaliser avec elle sur aucun plan ! Elle connaît le plein emploi, rien ne peut déstabiliser son économie, ses entreprises sont à la pointe du progrès, ses produits sont de la plus haute qualité et les moins chers du marché, ses citoyens sont les plus égaux, les plus libres, les plus prospères et, de ce fait, les moins frustrés et les moins matérialistes de l’histoire de l’Humanité, son prestige est sans pareil.

Pour revenir aux exportations, il n’y a pas de dogme en la matière : la cité peut les autoriser sans restriction, fixer des quotas, les interdire ; elle peut obliger une entreprise à exporter tout ou partie de sa production (pour renflouer ses finances) voire à la donner à des destinataires étrangers ; elle peut exercer un droit de préemption pour troquer cette production avec un autre état, comme cela se pratique déjà ; c’est selon la nature des produits et ses intérêts du moment. Quoi qu’elle décide, les entreprises, les employés, en un mot ses citoyens n’y perdent rien. Ils travaillent pour elle en premier lieu : ils font ce qu’ils veulent tant qu’elle se tait ; ils obéissent quand elle  parle ; ils jouissent de leurs droits individuels dans tous les cas, ce qui est bien la finalité de toute société pour les individus.

Ce système respecte tous les principes de l’ordre social : il est égalitaire et libéral, mais c’est du libéralisme sans capitalisme. Il met un terme aux faux débats qui déchirent la droite et la pseudo gauche.

L’Homme ou Largent. Il n’y a plus à se demander qui doit être au centre du système. Largent — auquel l’Homme est fatalement soumis quoiqu’il se prenne pour le maître — n’est plus : l’Homme (les citoyens) reste seul dans la place. Il n’est pas seulement le centre des considérations, il est tout : l’origine, le moyen et le but de la cité.

Inégalité sociale ou égalité naturelle. Il n’y a plus à se demander si les hommes sont égaux ou si l’inégalité est justifiée, si une certaine inégalité est nécessaire voire inévitable : les hommes sont et demeurent naturellement différents ; les citoyens doivent être égaux en droits, et le sont dans la cité puisque la citoyenneté confère les mêmes à tous.

Salaire minimum ou négocié. Il n’y a plus rien à négocier de ce point de vue entre l’employé et l’entreprise, et le minimum est le maximum pour tous. Il n’y a qu’un salaire : la citoyenneté et tous les droits qui vont avec (dont celui d’accéder au marché).

Solidarité ou individualisme. Il n’y a plus à balancer entre une fausse solidarité qui perpétue l’exploitation et engendre des parasites et l’individualisme dont les excès ou les limites appellent la solidarité. Les citoyens, ayant rempli leurs devoirs, jouissent de leurs droits : ils ont tout ce dont ils ont besoin. Les parasites n’ont droit à rien, sinon au mépris public : ils n’ont plus qu’à plier bagage ou retrousser leurs manches.

Retraite par répartition ou capitalisation. Il n’y a plus de cotisations à verser sa vie durant à l’Etat ou à un organisme privé pour ensuite percevoir une pension de misère. Les droits dépendent de la citoyenneté, et un retraité est un citoyen qui a rempli ses obligations économiques envers de la cité et peut arrêter de travailler s’il le souhaite, sans rien perdre de ses droits.

Nationalisation ou privatisation. Il n’y a plus d’entreprises publiques ou privées : toutes sont à la fois publiques dans leur mission et privées dans leur gestion. Il n’y a ni planque ni galère. Les employés ne sont ni des fonctionnaires ni des esclaves ; ce sont des citoyens qui garantissent leur emploi et leurs droits en remplissant, au sein de leur entreprise et sous son autorité, leurs devoirs envers la cité.

Syndicat ou patronat. Il n’y a aucune différence aux yeux de la cité entre le patron, l’entrepreneur, le directeur et les employés : tous sont l’entreprise, tous sont citoyens, tous sont solidaires pour le meilleur et pour le pire. Ils ne se battent pas entre eux ; ils travaillent ensembles. Grèves et syndicats n’ont plus de raison d’être quand les entreprises n’ont plus les moyens d’exploiter les travailleurs et ont au contraire intérêt à les choyer (pour les retenir, plein emploi oblige).

Travail ou capital. Il n’y a plus à favoriser l’un aux dépens de l’autre et de la Liberté, que ce soit au nom de Largent qui n’est plus ou de l’Egalité qui, en posant le problème en termes monétaires, ne saurait être. Les choses ne sont plus mues par « le capital », et pour cause, mais par la volonté des hommes. Les droits des citoyens ne dépendent ni de ce qu’ils possèdent ni d’une quelconque représentation de la propriété, mais de la citoyenneté. Le travail n’est qu’une forme de participation à la vie de la cité, et toutes les activités qui profitent à la cité de quelque manière que ce soit sont reconnues et assurent la citoyenneté aux individus qui s’y livrent.

Propriété des moyens de production privée ou collective. Il n’y a plus à se demander à qui appartiennent les moyens de production que la cité permet aux entreprises de se procurer pour qu’elles servent ses intérêts : ils sont à la cité, comme la production elle-même. Les entreprises qui en sont dépositaires n’en sont propriétaires qu’en apparence, mais une apparence que chacun doit prendre au sérieux : attenter à ces biens revient à attenter au bien public. Seuls peuvent être des propriétés privées les biens que la cité permet aux citoyens de retirer du marché à titre individuel et pour leur usage personnel. Dans tout autre cas, la propriété privée, individuelle, est soit impossible soit aberrante. Ne peuvent accéder au marché que des personnes physiques (les citoyens) et les personnes morales (entreprises, associations, etc.). Un citoyen qui acquiert un bien indivisible pour lui seul (que lui seul utilise, même au profit de plusieurs) ou pour un usage collectif en est propriétaire aux yeux de la cité tant qu’il ne transmet pas son titre à un autre. Lorsqu’il acquiert un lot de biens pour un usage collectif, c’est-à-dire lorsqu’il n’a fait que dispenser les réels destinataires d’acquérir chacun de leur côté le bien qu’ils utilisent personnellement, il en est propriétaire en théorie mais il a renoncé ou transmis sa propriété en pratique : le fait prend le pas sur le droit : ce lot de biens n’est pas une propriété collective mais une somme de propriétés individuelles. Par contre, tous les biens « acquis » par une personne morale, par un groupe de citoyens reconnu par la cité, sont la propriété de la cité : ce n’est pas leur propriété qui est collective, mais au mieux leur usage.

La terre au paysan ou au propriétaire. Il n’y a plus qu’un propriétaire du sol : la cité. Elle ne le cède jamais. Elle en confie des portions aux entreprises pour qu’elles puissent travailler dans l’intérêt général, et aux particuliers pour satisfaire leurs désirs légitimes tant qu’elle n’y voit pas d’inconvénients. Ces portions retournent au domaine public (quitte à être ré-attribuées dans la foulée) dès lors que les intéressés manquent à leur devoir, renoncent à leur activité, sont frappés d’indignité ou décèdent, ou, tout simplement, dès que des intérêts supérieurs l’exigent.

Libre échange, taxation, protectionnisme. Il n’y a plus de « libre échange » qui, tant sur le plan national qu’international, n’a jamais signifié que « liberté d’exploiter, de spéculer et d’affamer ». Les producteurs ont le devoir de mettre leur production sur le marché, à portée des consommateurs libres et égaux. Quoiqu’il n’y ait plus de troc direct ou indirect entre les uns et les autres, vu qu’il n’y a plus d’argent, même un capitaliste doit admettre qu’il en résulte une forme d’échange que l’on pourrait qualifier de « libre consommation ». Cette forme d’échange vaut mieux, sans doute, que celle qui légitime l’accaparement et se rit du malheur public.
Il n’y a évidemment plus de taxes, pas même sur les produits étrangers qui, du simple fait d’être payants pour la cité, sont déjà stigmatisés. Du reste, la taxation n’a jamais été qu’une gêne pour le commerce et un surcoût pour les consommateurs.
Enfin, il n’est pas à exclure que la cité se protège si besoin est — c’est même sa raison d’être —, mais, en l’occurrence, sa meilleure protection sur le plan économique, c’est la qualité supérieure de ses produits et la liberté de ses citoyens. En fait, ce sont surtout les pays monétaires qui doivent se protéger contre une puissance dont les produits sont de qualité pour un prix nul ou dérisoire.

Ecologie ou économie. Il n’y a plus de contradiction entre l’un et l’autre : l’environnement n’est plus sacrifié sur l’autel de Largent. La cité, les collectivités, les entreprises, les citoyens n’ont d’autre limite à leurs pouvoirs que leur volonté. Dès lors qu’ils se préoccupent de l’environnement (La protection de l’environnement tient à deux choses : produire propre, traiter efficacement les déchets.), ils légifèrent et agissent en conséquence. Les bonnes décisions ne sont pas écartées pour préserver des profits ; nul ne rechigne à les appliquer par souci d’économie.

Avoir ou Etre. Il n’y a plus d’obsession de l’Avoir pour des citoyens qui ont accès à tout, même s’ils n’ont envie de rien. Les biens sont toujours nécessaires, mais il n’y a ni mérite ni orgueil à posséder ce qui est à la portée de chacun ; parader et accumuler attirent au contraire les risées. Comblés sur le plan matériel, les citoyens ont, par la force des choses, des préoccupations plus élevées. Eux qui peuvent tout avoir sont aussi modérés et réfléchis que des capitalistes sont matérialistes et excessifs à la première occasion. — Au fond, ce débat renvoie au tout premier : Largent ou l’Homme. La boucle est bouclée.

D’après ses postulats et ses effets, cette conception politico-économique est indubitablement de gauche ; c’est même la seule réellement de gauche. Elle réconcilie les concepts d’Egalité, de Liberté, de propriété, de concurrence, de hiérarchie, d’intérêt général et d'intérêt particulier que Largent dénature et dresse les uns contre les autres. Toute autre ligne est fatalement capitaliste, inégalitaire et liberticide, du moins anti-libérale ou pseudo libérale, en un mot, de droite.

Un sûr garant que cette conception est bien de gauche, au sens historique, est qu'elle accepte la définition que Robespierre donna de la propriété dans sa Déclaration des droits : « La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi. (art. 6) Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. (art. 7) Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables. (art. 8) »

Cette définition qui ignore Largent est d’autant plus extraordinaire qu’elle émane d’un homme qui ne le remit jamais en cause intellectuellement et qui, d’ailleurs, n’aurait pu lui échapper techniquement. Elle est donc incomplète : elle omet notamment d’indiquer comment un bien devient une propriété légitime dans l’absolu ; elle est absurde ou du moins inapplicable dans un contexte monétaire : la monnaie confère seule la propriété et fausse tout ; mais elle est juste du point de vue des principes de l’ordre social. Robespierre n’a pas plus résolu les contradictions du système monétaire qu’il n’est tombé dans ses pièges ; il les a dépassées pour fixer le but atteindre. Il a reconnu la nécessité et le droit pour les individus de posséder des biens, mais il a fait remarquer, dans le même temps, que la possession n’existe qu’à l’abri de la société, que cette dernière, qui incarne l’ensemble des citoyens, ne peut user de sa force pour assurer aux uns des droits préjudiciables aux droits des autres et donc qu’elle n’a pas à regarder comme la propriété des particuliers les biens qui présentent ce risque par nature ou qui, entre certaines mains, sont devenus un fléau. Un citoyen ne peut posséder que les biens sur lesquels la cité, gardienne de l’intérêt général, lui reconnaît ce droit, et tant qu’elle le lui reconnaît, d’où l’expression « portion de bien qui lui est garantie par la loi ».  Cette définition condamnait autant le capitalo-libéralisme que le communisme ; elle était sociale et libérale ; elle est toujours révolutionnaire.

Philippe Landeux

Voir aussi : Robespierre et le libre échange

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mardi, 23 novembre 2010

DE LA REVOLUTION D'HIER A LA REVOLUTION DE DEMAIN

En mars 2006, un article de Pierre Lance paru dans les 4 Vérités ("La révolution impossible") m'amena à intervenir sur le forum. Un échange fort intéressant s'ensuivit. La discussion dévia d'abord sur la révolution de 1789, et Robespierre en particulier, puis sur la révolution de demain et la Cité telle que le Civisme la conçoit. J'y traite également des questions de l'Egalité, des notions de droit, et bien d'autres sujets.

Je passe sur le premier message rapporté ici.

Je ne rapporte pas non plus les messages qui motivèrent mes interventions, dans la mesure où j'en rappelle le contenu.

 

vendredi 31 mars 2006 04:47

Florent,

A vouloir simplifier, caricaturer & dénaturer la Révolution française, vous vous privez de toutes les leçons qu’elle nous apporte.

Vous avez raison quand vous dites, à votre façon, que les bourgeois voulaient abattre les privilèges des nobles pour en jouir également, sans se soucier du peuple. Cela est vrai de la plupart des bourgeois. Mais pas de tous. Robespierre était de ceux qui, dès la Constituante, défendirent les droits du peuple. Vous le dites idéologue comme vous auriez dit démagogue. C’est pour avoir cru en l’Egalité (des citoyens en droits & en devoirs), pour avoir réclamé l’application des principes contenus dans la déclaration des droits de 1789, pour s’être prononcé pour le suffrage universel, pour l’imposition progressive, pour l’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires, pour l’instruction publique gratuite & obligatoire, pour l’égalité des juifs, contre l’esclavage (quoiqu’il n’ait alors demandé que l’égalité en faveur des noirs déjà libres, ce qui fut accordé puis annulé), contre la peine de mort, &c., que les honnêtes gens de l’époque le peignirent comme un démagogue. Que réclamait-il que nous désavouerions aujourd’hui ?

C’est pour obtenir ce qui pour nous tombe sous le sens qu'il s'est battu presque seul contre tous à la Constituante. Il n’obtint rien, rien de rien, les riches n’ayant pensé qu’à eux. Pourtant, au sortir de la Constituante en 1791, prêcha-t-il une nouvelle Révolution ? Non ! Il pensait que les nouveaux députés (tous devaient être nouveau en raison du décret qu’il avait obtenu contre la rééligibilité des constituants) s’évertueraient à améliorer l’ouvrage de la constituante. Mais les Girondins travaillèrent essentiellement à faire déclarer la guerre à l’Autriche. (Il est notoire que, si la France n’avait pas déclaré la guerre, les rois européens, divisés, n’auraient pas attaqué la France.) Robespierre qui n’était donc plus député, qui n’avait plus pour s’exprimer que la tribune des Jacobins, s’éleva avec force contre ce projet aventureux, alors que les défenses de la France étaient à l’abandon, l’armée, désorganisée par l’immigration des officiers ou la rivalité entre troupes & officiers (tous nobles), d’autant qu’il pensait que « personne n’aime les missionnaires armés » & que le despotisme militaire, que la guerre rend propice, est le pire de tous. Louis XVI qui espérait une défaite (tout étant disposé pour), pressés par les Girondins, fit cependant déclarer la guerre, une guerre qui, très vite, comme le redoutait Robespierre, tourna en fiasco. Pour parer à l’invasion & au rétablissement de la monarchie absolue par des troupes étrangères, les révolutionnaires renversèrent Louis XVI, le 10 août 1792.

De nouveaux députés furent convoqués pour le 21 septembre &, le 22 septembre, la République fut en quelque sorte proclamée par la Convention. Deux jours plus tôt, l’armée & les volontaires avaient arrêté la marche des prussiens à Valmy (je sais, il n’y eut pas vraiment de bataille). Dès les premiers jours de la Convention, les Girondins, qui ont été réélus, mais qui, avant le 10 août, promettaient les républicains au glaive des lois, accusent Paris & sa députation d’aspirer à la dictature. Ils n’ont pas digéré l’opposition de Robespierre à leur projets guerriers. En outre, ils sont les champions de la bourgeoisie & pensent qu’un roi est nécessaire pour assurer les privilèges des bourgeois. En même temps que, par leur propagande, ils dressent les départements contre Paris, ils tentent par tous les moyens de sauver Louis XVI, coupable de haute trahison & dont l’existence est de plus incompatible avec celle de la République. Ils paralysent pendant des mois la Convention par des querelles de personnes. Au peuple qui alors est confronté à la disette, ils répondent « laisser faire, laisser passer ».

En mars 1793, les Vendéens, qui refusent d’être enrôlés, se soulèvent. La politique de la Constituante les avait dégoûté de la Révolution (non pas de la République) ; la guerre & ses besoins les jetèrent dans la contre-révolution & les dressèrent de fait contre la République. La République finit par envoyer des troupes en Vendée ; cette guerre fut terrible, comme toutes les guerres civiles, mais la faute à qui ? (Que ferions-nous aujourd’hui, si, soudain, un département se trouvait ravagé par des bandes de milliers d’individus armés ?) En mars 1793, éclate également la trahison de Dumouriez en Belgique. Chassé par ses troupes, il passe aux Autrichiens, comme La Fayette avant lui. Les Girondins n’avaient cessé de le défendre. Le 2 juin, les Montagnards, soutenus par la commune de Paris, parviennent enfin à débarrasser la Convention des Girondins. Ces derniers sont simplement consignés à domicile. Mais la plupart d’entre eux s’enfuient & vont faire tous leurs efforts pour soulever les départements (qui, comme je l’ai dit, étaient travaillés depuis des mois par leur propagande). Une soixantaine de départements (sur 83) entre en révolte (souvent superficielle) contre la Convention. Les principaux foyers de rébellion sont Lyon, Marseille & Bordeaux. Fin août, Toulon se livre aux Anglais, comme l’année précédente Longwy & Verdun, aux Prussiens. Voilà le climat dans lequel est plongée la France quand les Montagnards (dont Robespierre est en quelque sorte le chef, je dis bien en quelque sorte seulement) se retrouvent au pouvoir. C’est pour assurer la défense nationale, contre les ennemis de l’extérieur & de l’intérieur, qu’ils sont au pouvoir &, de fait, c’est à cela qu’ils vont consacrer l’essentiel de leurs efforts. En d’autres termes, ils durent gérer une situation non seulement créée par d’autres mais qu’en plus ils n’avaient pas voulu.

Ce sont les guerres étrangère & civile qui imposèrent la mobilisation (2 millions d’hommes en théorie), les réquisitions, la centralisation, la défiance, la Terreur, &c. Contrairement aux idées reçues, les Jacobins, les vrais Jacobins, ceux qui partageaient les idées de Robespierre, n’étaient pas partisans de la centralisation. Mais, confrontés aux réalités de la guerre, ils s’adaptèrent & firent tout ce qui était nécessaire pour la gagner. Eux, des idéologues ! Ils étaient tout autant hostiles à ce que l’on appelle aujourd’hui le libéralisme qu’au collectivisme. C’étaient, pour l’époque, ce que l’on appellerait aujourd’hui des socialistes, mais des socialistes avec des principes, du bon sens & des couilles. Avec des hommes de cette trempe, la France n’aurait jamais capitulé en 39 & ne se vautrerait aujourd’hui dans le gauchisme. A dire vrai, si la gauche aujourd’hui au lieu de se réclamer vaguement de la Révolution savait que les révolutionnaires avaient le sens du devoir & de la patrie, elle les traiteraient de fascistes.

 Que penseraient-ils, eux qui ne concevaient pas qu’un domestique (c’est-à-dire un esclave volontaire, un larbin, un individu qui n’apporte rien à la cité) ait des droits politiques, face à l’idée agiter aujourd’hui d’accorder le droit de vote aux étrangers ? Que penseraient-ils, eux qui baptisèrent « hymne de la liberté » un chant de guerre commençant par « allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé », de tout ces bien pensants prout-prout qui voudraient modifier ces fières & chaleureuses paroles ? Que penseraient-ils, eux pour qui tout citoyen devait défendre sa patrie, devant la suppression du service national dont tous les gauchistes se réjouissent ? Que penseraient-ils de nos lois qui, non contentes d’interdire aux « citoyens » de se défendre leur imposent de respecter leurs agresseurs, eux qui, avec Robespierre, déclaraient que « quand la garantie sociale manque à un citoyen, il rentre dans le droit naturel de défendre lui-même tous ses droits » (21 avril 1793). On pourrait continuer ainsi longtemps, on arriverait à la même conclusion : les gauchos d’aujourd’hui ne sont en rien les héritiers des révolutionnaires d’hier.

Je m’arrête ici. J’espère avoir détrompé certains d’entre vous sur le compte des révolutionnaires dont, au lieu de souiller la mémoire pour faire pendant aux gauchistes qui la souillent à leur manière, on ferait mieux de raviver le souvenir & de lire les discours.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

 
Voici quelques extraits de discours de Robespierre :

« J’accuse Cloots d’avoir augmenté le nombre des partisans du fédéralisme. Ses opinions extravagantes, son obstination à parler d’une République universelle, à inspirer la rage des conquêtes, pouvaient produire le même effet que les déclamations & les écrits séditieux de Brissot & de Lanjuinais. Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen Français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. » (12 décembre 1793)

« Ainsi tout ce qui tend à exciter l’amour de la patrie, à purifier les mœurs, à élever les âmes, à diriger les passions du cœur humain vers l’intérêt public, doit être adopté ou établi par vous. Tout ce qui tend à les concentrer dans l’abjection du moi personnel, à réveiller l’engouement pour les petites choses & le mépris des grandes, doit être rejeté ou réprimé par vous. Dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire. » (5 février 1794)

« Il y a deux sortes d’égoïsme ; l’un, vil, cruel, qui isole l’homme de ses semblables, qui cherche un bien-être exclusif acheté par la misère d’autrui : l’autre, généreux, bienfaisant, qui confond notre bonheur dans le bonheur de tous, qui attache notre gloire à celle de la patrie. Le premier fait les oppresseurs & les tyrans : le second, les défenseurs de l’humanité. » (7 mai 1794)


samedi 01 avril 2006 13:17

Quand je vois comment vous vous déchirez, comment vous confirmez avec éclat ce que j’ai écrit plus haut, je ne puis m’empêcher de vous le remettre sous les yeux :

« Au fond, les idées sociales n'ont pas encore évolué depuis 1789. Malgré les deux siècles écoulés, nous en sommes toujours à l’affrontement Girondins / Montagnards-Jacobins, partisans de la Liberté ou du libéralisme / partisans de l’Egalité version socialiste ou communiste. Les premiers ne veulent pas comprendre que la Liberté ne va pas sans l’Egalité, les seconds, que l’Egalité ne va pas sans la Liberté, les uns & les autres, que Liberté & Egalité sont de vains mots sous Largent. Le libéralisme aujourd’hui est en fait du capitalo-libéralisme. Qui ne voit, en effet, que les résistances opposées au soi-disant « libéralisme » sont dues aux conséquences financières qu’engendre pour les uns la « liberté » des autres. Qui, inversement, ne voit que socialisme & communisme ne font que proposer, au nom de l’Egalité, des solutions pour endiguer les inégalités économiques ou financières inhérentes au capitalisme (Largent), solutions qui non seulement sont incapables de réaliser l’Egalité ou de résorber les inégalités, mais dénaturent le concept même d’Egalité. »

Que ceux qui, au nom de la Liberté, conseillent de jouer en bourse à ceux qui, au nom de l'Egalité, veulent que les employés soient payés davantage, que ceux qui prônent le capitalo-libéralisme & ceux qui voient la panacée dans l'Etat providence, ouvrent donc les yeux. Chacune de ces positions est légitime en soi. Mais le système monétaire les rend incompatibles & empêche que ces conceptions satisfassent en pratique l’intérêt de tous. Comme chaque camp rencontre des résistances légitimes, chacun durcit sa position & tombe dans des excès. Pour être citoyens ou concitoyens, les individus doivent être égaux en devoirs & en droits. L’égalité en droits, & par conséquent en devoirs, étant impossible sous Largent, chacun selon qu’il est plus sensible aux accents de la Liberté ou de l’Egalité qui sont pourtant inséparables, accorde davantage son attention aux devoirs ou aux droits puis finit par ne plus penser qu’en termes de devoirs ou en termes de droits. Ceci est particulièrement flagrant pour la gauche qui a proscrit le terme « devoir » de son vocabulaire, comme un concept fascisant, & ne parle plus que de droits qu’elle distribue comme des bonbons, oubliant qu’il faut bien que quelqu’un les génère & que, dans un système monétaire, les droits passant par la monnaie, les droits des uns représentent du fric prit à d’autres. A droite, c’est presque l’inverse. L’attachement aux devoirs finit, face à l’opposition de la gauche, par étouffée l’attention due aux droits. En fait, il n’est même plus question de devoirs, on n’est plus obsédé à droite que par l’individualisme & le fric. Dès lors, les notions de devoirs & de droits sont dénaturées un coup par la gauche, un coup la droite. Occupés à se disputer le pactole, à proposer chacun leur solutions financières qui se résument à des jongleries stériles, chacun se plie aux lois de Largent qui divise les hommes & règne aujourd’hui sur eux de manière incontestable ; plus personne ne se soucie des principes de l’ordre social & du sens de la citoyenneté. Or que sont les problèmes d’ordre social sinon la conséquence de l’ébranlement des fondamentaux de la société ?

Un citoyen est un individu qui, comme tous ses concitoyens, a les devoirs de participer à la vie de la cité, selon ce que la cité considère comme une participation, d’être solidaires de ses concitoyens, de se plier aux lois de la cité & de défendre celle-ci, en retour de quoi il est reconnu citoyen & a, en tant que tel, le droit de jouir de tous les bienfaits de la cité. Je ne sais pas si, après cette simple définition (qui mériterait certes des éclaircissements), vous mesurez combien le terme citoyen est aujourd’hui vide de sens, à quel point les principes sont bafoués, combien il y a de distance entre ce qui est & ce qui devrait être ; je ne sais si vous percevez les lacunes du système actuel, si vous faites le lien entre ces lacunes, les erreurs qui ont été faites & les maux qui nous accablent, si vous sentez comment il faudrait réagir, mais, pour ma part, je soutiens qu’il faut revenir aux définitions, au B. A. B.-A. de l’ordre social si l’on veut avancer & construire solide au lieu de continuer, comme nous le faisons depuis deux siècles, à nous satisfaire de mesurettes & à nous complaire dans de petites disputes au nom de grands principes creux, sans aucun résultat.

A bon entendeur,

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux


samedi 01 avril 2006 21:07

Petites précisions, Jean-Claude,

Vous dites : " les nobles, eux, outre qu'ils ont su mourir dignement sous le couperet de la gullotine ou émigrer en laissant le champ libre,avaient auparavant voté l'abolition de leurs privilèges. " Vous parlez de la nuit du 4 août 1789 provoquée par le soulèvement des campagnes que l'on appelle la grande peur. C'est à la lueur des châteaux en flamme & des geux en armes que les nobles ont renoncé à leur privilèges... du moins en apparence. Car la nuit du 4 août ne fut au fond que de la poudre aux yeux. Les nobles renoncèrent à certains privilèges abusifs & dérisoires, mais, par la suite, tous les "droits" utiles aux riches (nobles ou bourgeois) furent décrétés rachetables. En d'autres termes, les victimes d'abus, pour ne plus en être victimes, devaient indemniser le coupable, & ce dans des proportions telles que cela leur était souvent impossible. En fait, les privilèges ne furent véritablement abolis & sans indemnités que le 17 juillet 1793.

Vous dites encore " Rappelons-nous que, finalement, pendant la Terreur, c'est finalement la racaille qui avait intronisé les Marat, Danton, Robespierre et la guillotine. Les "modérés" sont toujours emportés par la tourmente... " Rappelons-nous surtout que la peine de mort fut maintenue par la Constituante (composée de nobles & de ce que vous appelez bourgeois modérés) contre l'avis, entre autres, de Robespierre, & que la guillotine fonctionna pour la première fois le 25 avril 1792, c'est-à-dire durant la Législative dominée par les Girondins, 5 jours après que ceux-ci soient parvenus à entraîner la France dans la guerre (soi-disant pour conjurer le péril des émigrés). Ce sont ceux que vous appelez modérés qui ont plongé la France dans la guerre & la guerre civile & qui firent la réaction qui fit peut-être autant sinon plus de vicitmes que la Terreur elle-même. Bel exemple de modération ! Vous oubliez que les modérés qui n'ont de modéré que le nom sont toujours emportés par les tourmentes qu'ils déclenchent eux-mêmes ! Sachez également que vous désignez par racaille les gens ordinaires : ouvriers, employés, petit propriétaires, &c. La racaille de l'époque, comme celle d'aujourd'hui, n'était pas politisée.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux



dimanche 02 avril 2006 12:03

Jacques,

Vous dites : « Sachant qu'une plus grande richesse générale ne peut être réalisée que par une plus grande "inégalité" de répartition de la "richesse", à quel niveau l'équilibre doit-il se réaliser et y a-t-il un équilibre naturel? »

Avant de vous répondre, je vous rappelle ce que j’ai dit plus haut : « je ne crois pas que les « Robespierristes » auraient pu atteindre leur but, ce pour trois raisons : 1) il n’était pas clair dans leur tête, 2) l’heure n’était pas à l’Egalité des citoyens mais à la domination de la bourgeoise, c’est-à-dire l’aristocratie de Largent, 3) Largent & l’Egalité sont incompatibles, ce dont ils n’avaient pas conscience, d’où la première raison. » La seconde raison n’est plus d’actualité (sur le plan historique), mais les deux autres nous concernent & nous éclairent sur notre propre situation. Nous sommes atteints de la même cécité que les robespierristes qui, avec 200 ans d’avance, avaient des excuses que nous n’avons plus.

Pour en venir donc à votre réflexion, il est impossible de traduire l’égalité en droits de façon financière, car, dans un système monétaire, les droits passent par la monnaie & il est impossible que la masse monétaire se répartisse également entre les individus composant ce que l’on appelle la « société ». Mais ce n’est pas parce que l’égalité est en soi impossible qu’elle est impossible dans un système monétaire ; c’est uniquement parce que notre système est monétaire. Les rares droits qui, aujourd’hui, ne passent pas par Largent sont égaux pour tous les « citoyens ». C’est le cas du droit de vote. Remarquons d’ailleurs qu’il n’y a pas si longtemps, ce droit aussi était assujetti à la fortune. Hé bien ! l’arbitraire qui avait assujetti ce droit à la fortune préside encore aujourd’hui pour tous les autres droits. Il ne peut en être autrement dans un système monétaire. Toute la question est de savoir à quoi l’on s’attache : à Largent ou aux principes de l’ordre social ? On ne peut servir deux maîtres à la fois.

Vous dites encore : « Et puis on semble toujours ramener l'inégalité à une question d'argent (cf Jaurès) alors que c'est l'inégalité du bonheur/bien être individuel qui est plus importante. » David Martin vous fait écho en disant : « L'argent n'est pas tout, la qualité de vie l'est aussi. » Ces réflexions n’ont pas de sens. La rôle de la Société est de maintenir les Citoyens dans l’égalité en Devoirs & de garantir leur égalité en Droits. Son souci, c’est la justice ; le bonheur des individus, qu’elle serait bien en peine de définir, ne la concerne pas. Cela dit, il y a fort à parier que les individus sont plus heureux quand ils jouissent de leurs droits que quand ils en sont privés, à moins bien sûr de soutenir qu’un homme est plus heureux en étant esclave qu’en étant libre. Quoique je ne partage pas les positions de Jaurès qui, en la matière, commet l’erreur de base que j’ai signalée plus haut & s’acharne à poursuivre le miroir aux alouettes, il a raison de tout ramener à Largent comme vous avez tort de sous-estimer son rôle. C’est le propre des capitalo-libéraux de tout ramener à l’individu. Mais les individus évoluent dans un contexte & ce contexte est aujourd’hui monétaire. Nous avons parler de l’impact direct de Largent au niveau des droits individuels, mais croyez-vous que Largent n’a pas des conséquences sur le contexte & donc sur les individus eux-mêmes. Quand une entreprise pollue pour faire du profit, au mépris de l’environnement & des populations, cela ne touche-t-il pas les individus ? Quand l’Etat cautionne la monnaie, c’est-à-dire un moyen d’échange sans odeur ni moralité, valide entre toutes les mains, valide entre les mains de voleurs, n’encourage-t-il pas les individus sans moralité à dépouiller les gens honnêtes ? Est-il déjà oublié l’épisode exemplaire des Barbares qui ont torturé à mort un homme au nom de Largent ? Je veux croire que cet homme est plus heureux là où il est maintenant que nous qui sommes toujours là, mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous entendiez par « bonheur » !

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux


lundi 03 avril 2006 12:23

Jacques,

Je n’ai pas le temps de vous répondre aujourd’hui, je le ferai demain.

Jean-Claude Lahitte,

« Contrairement à ce que vous écrivez, la noblesse a voté l'abolition de ses privlèges non pas parce que les campagnes étaient à feu est à sang, mais simplement dans l'euphorie qui avait suivi la réunion des Etats-Généraux. » Je ne nie pas que la nuit du 4 août ait existé, que ce fut un moment d’euphorie (plus ou moins sincère), mais la Révolution ne s’est pas arrêtée au 4 août. Il y eut un 5 août, un 6 août, &c. Or dans les jours qui suivirent la nuit du 4, les intentions qui avaient été annoncées durent être converties en décrets. Si les droits sur les personnes (qui au fond ne représentaient plus rien) furent bien abolis, les « droits » disons « économiques » furent maintenus & décrétés rachetables. Comme je l’ai dit, ce n’est que le 17 juillet 1793 que ces « droits » furent abolis sans indemnité. Ce n’est pas de la propagande, ce n’est pas de la philosophie, c’est l’Histoire.

« Et ce n'est pas la noblesse qui dirigeait la Constituante ou elle était en minorité mais bien plutôt le Tiers-Etat. » C’est vrai, mais quel tiers ? Les bourgeois qui, pour la plupart, méprisaient le peuple autant que les nobles.

« Quant à Robespierre, on lui doit bien le summum de la terreur... » Outre qu’en disant cela vous conférez à Robespierre un pouvoir qu’il n’a jamais & lui imputez des actes qui, non seulement ne furent pas les siens, mais furent celui de ses ennemis personnels (je pense à certains représentants en mission, Fouché, Tallien, Barras, et aux membres du Comité de sûreté générale, Vadier, Amar, Louis du Bas Rhin, Jagot, &c.), vous oubliez une fois de plus que la Terreur fut la conséquence de circonstances créées contre l’avis même de Robespierre. C’est un peu comme si demain on tenait pour responsable celui ou ceux qui dirigeront le parti de la France dans la guerre civile que nos gentils gauchistes, à force de jouer les autruches ou les citoyens du monde, nous préparent aujourd’hui. Le problème, avec Robespierre, c’est que tous les partis ont eu intérêt à raconter n’importe quoi sur son compte & à tout lui mettre sur le dos. Les événements même de la révolution ont été déformés pour accréditer leurs fables. Robespierre n’était pas un homme sanguinaire, tout le contraire. Il avait un grand prestige depuis la Constituante, mais, en l’an II, il partageait le pouvoir avoir d’autres, jaloux de son prestige & pas forcément d’accord avec ses idées. Comme je l’ai déjà dit, il s’était opposé à la déclaration de guerre, mais, une fois déclarée, il fit tout ce qui était en lui pour la gagner, ni plus ni moins. C’est ce qui le divisa d’avec Carnot, qui voulait prolonger la guerre même une fois le territoire national libéré, comme c’était le cas à l’époque du 9 thermidor. (Faut-il signaler que ce sont les guerres prolongées qui, comme l’avait craint Robespierre, ouvrirent la porte au césarisme ?) …

Enfin, je ne vais pas ici vous exposer toute l’histoire de la Révolution & de Robespierre, mais elle est bien loin de l’image d’Epinal que vous en avez. Je vous dirais seulement que, quand vous parlez de la Révolution, on dirait notre Jaurès parlant de l’immigration.

Salut & Fraternité quand même !

Philippe Landeux

mardi 04 avril 2006 14:21

Salut Jacques,

Vous faites le même genre d’erreur que les communistes qui ne veulent pas voir que leur système est bancal à l’origine & que toute tentative d’application est vouée à l’échec. Vous dites : « Dans un pays libéral le principe du contrat libre élimine la présence d'argent chez les voleurs. L'argent volé n'appartient pas aux voleurs, qui doivent le restituer + compensation pour les coûts de restitution (police, justice, intérêt, etc). Ce n'est pas parce qu'une application d'un principe est imparfaite que le principe n'est pas valable. » Tout d’abord, vous oubliez que, dans un système monétaire, il n’y a pas de vrai libéralisme, que ce que vous appelez « libéralisme » n’est jamais que du « capitalo-libéralisme », c’est-à-dire un libéralisme dont les principes sont faussés par les lois de Largent. Ensuite, vous prétendez que, parce qu’il est interdit de voler (seule certaines formes de vol sont d’ailleurs interdites), il est en théorie impossible de voler. C’est ici que vous rejoignez les communistes. Allons ! à qui espérez-vous faire croire que, quelle que soit l’organisation politique &/ou économique, Largent, tant qu’il existe, peut cesser d’avoir une influence funeste sur les rapports sociaux & les choses ?

« Ce n'est pas parce qu'une application d'un principe est imparfaite que le principe n'est pas valable. » Mais savez-vous au moins de quel principe il s’agit ? Pour moi, Larent n’est pas seulement la monnaie. Mais si nous parlons de la monnaie, qu’est-elle ? C’est un étalon de la valeur marchande & un moyen d’échange, de paiement ou d’achat, c’est-à-dire un moyen d’accéder au travail d’autrui (sous forme de services ou de biens).

C’est un moyen d’échange que les individus se procurent, en théorie, par l’échange de leur propre travail. Sur le plan théorique, la monnaie repose donc sur des principes fondamentalement anti-sociaux. Pourquoi ? Parce que la monnaie dont les individus se servent pour accéder au marché (de la « société ») ne prend pas en compte & étouffe la dimension sociale des individus & des droits. Ce n’est pas en tant que citoyen, c’est-à-dire en tant qu’individu ayant rempli ses devoirs envers la cité, notamment le devoir de participer à la vie de la cité, ce n’est pas en tant que citoyen, dis-je, qu’un individu à la droit d’accéder au marché de la cité & de jouir, comme tous ses concitoyens, de ses bienfaits, mais en tant que détenteur d’une certaine somme d’unités monétaires. En fait, dans un système monétaire, les droits ne sont pas attachés aux individus mais à la monnaie. Les droits des « citoyens » ne résident pas dans l’accomplissement de devoirs envers la cité ; ils sont incarnés & contenus dans la monnaie. Les droits des individus n’est pas en rapport avec ce qu’ils font ; ils dépendent uniquement de la monnaie qu’ils ont, quels que soient les moyens, légitimes ou non, par lesquels ils se la sont procurée. C’est la raison pour laquelle « l’argent n’a pas d’odeur ». Cette expression n’est pas de moi. C’est le constat d’une réalité dont il serait temps de réaliser le tragique.

Je n’ai pour le moment abordé que l’aspect théorique de la monnaie. Mais il n’est pas difficile d’en voir les conséquences pratiques immédiates & éternelles. La monnaie incarne les droits des individus & c’est un moyen d’échange qui S’ECHANGE. Les droits que la monnaie incarne passent donc en permanence d’un individu à un autre, ce qui confirme ce que j’ai dit plus haut, savoir que les droits ne sont pas attachés à la citoyenneté. Théoriquement, les droits circulent au gré des échanges commerciaux. Mais, étant volatiles & anonymes, alors qu’ils sont par ailleurs indispensables pour tout un chacun, rien n’empêche que certains s’en emparent d’une manière ou d’une autre. Même si la loi condamne certaines pratiques (pas toutes, loin s’en faut), il n’en demeure pas moins que la monnaie ainsi obtenue permet aux individus qui s’en sont emparés, de jouir des droits qu’elle incarne. Contre cela, il n’y a rien à faire. L’utilisation exclusive de cartes de crédits (ce vers quoi nous tendons) & la virtualisation de la monnaie permettront certes d’éliminer certaines fraudes & la délinquance sous certaines formes, mais la monnaie offrira toujours des prises pour dépouiller les individus des droits que les unités monétaires dont ils disposent leur confère.

Il faut d’ailleurs penser que la monnaie repose sur la notion de valeur. De ce fait, les biens qui ont eux-mêmes de la valeur représentent aussi de la monnaie, plus exactement des droits (droit d’accéder au marché), de sorte que le vol ne concerne pas seulement la monnaie mais aussi & surtout les biens.

Il serait bon également de remarquer que, avec la monnaie, les droits s’épuisent à mesure qu’ils sont exercés. Acheter (pour un retirer un droit de propriété) ou payer (pour, dans le meilleur des cas, en retirer en droit tout court), revient à se dépouiller de ses droits. Ainsi, en début de mois, un individu a autant de droits que ses revenus lui en assure en début de mois &, ayant payé tout au long du mois, n’a plus ou presque plus de droits en fin de mois. Les droits d’un « citoyen » étant inégaux selon le moment, il ne devrait même pas être besoin d’aller plus loin pour comprendre que l’égalité en droits entre tous les « citoyens » est par nature impossible dans un système monétaire. Mais je reviendrais après sur la question de l’inégalité. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que, lorsqu’il est reconnu des droits à un citoyen, parce qu’il s’acquitte de devoirs, ses droits n’ont pas à s’épuiser lorsqu’il les exerce. Ce n’est pas parce que l’on vote à une élection, que l’on n’a plus le droit de voter aux suivantes. Voter est un droit attaché à la « citoyenneté » (plus exactement, à la nationalité, le problème étant qu’aujourd’hui la nationalité s’obtient sans mérite) & les individus en jouissent tant qu’ils sont citoyens. Tel devrait aussi être le cas pour le droit d’accéder au marché (droit qu’incarne aujourd’hui la monnaie). Ce droit qui permet de jouir des bienfaits de la « cité » s’acquiert en théorie en participant à la vie de la cité (la citoyenneté n’est donc jamais acquise définitivement mais doit se mériter en permanence). C’est la cité qui, en reconnaissant le citoyenneté d’un individu, lui confère le droit d’accéder, droit dont l’individu doit jouir tant qu’il est citoyen. Les droits du citoyens sont alors attachés au statut de citoyen, & comme le statut de citoyen est unique, les citoyens sont égaux en droits, & en amont en devoirs. Il n’en va évidemment pas ainsi avec la monnaie. Les individus ne tiennent pas leurs droits de la « cité », mais de leurs parents en ce qui concerne les enfants (argent de poche) & les riches héritiers ; de leur entreprise, ou plus exactement leur patron, en ce qui concerne salariés & employés ; de l’Etat, en ce qui concerne les retraités, les chômeurs, les Rmistes, certains handicapés ; de leurs victimes, en ce qui concerne les escrocs, les voleurs, les dealers, &c. On peut expliquer comment on en est arrivé là, mais l’on doit admettre que cela va contre tous les principes de l’ordre social.

Un mot à propos des salariés. Ils participent à la vie de la « cité » dans le cadre des entreprises. Ils sont donc citoyens & devraient, en tant que tels, & du seul fait d’être citoyens, avoir accès au marché, puisque telle est la principale façon pour un citoyen de jouir des bienfaits de la « cité ». Si les choses étaient ainsi, les salariés étant tous citoyens seraient égaux en droits. Mais dans un système monétaire, la monnaie constitue un intermédiaire entre les devoirs & les droits, entre le citoyen & ses droits (je parle ici de ses droits dans l’absolu, & non des droits qu’incarne la monnaie), un intermédiaire non seulement inutile mais nuisible.

J’en viens enfin à la question de l’inégalité. Vous conviendrez que, par quelque bout que l’on prenne le problème, toutes les propriétés de la monnaie interdise que s’établisse entre les « citoyens » l’égalité en droits. Pour vous éclairer davantage, j’ajoute la monnaie circule selon deux principes : celui des vases communicants (pour qu’il y en ait ici il faut en prendre là), & celui de l’attraction (« l’argent attire l’argent » « on ne prête qu’aux riches »). J’ai déjà expliqué pour la monnaie circule selon le principes des vases communicants. Quant au principe de l’attraction, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la monnaie, incarnant des droits, confère du pouvoir à ceux qui en détiennent en quantité & peuvent ainsi exercer toutes sortes de pression, à tous les niveaux, pour en acquérir davantage.

Je pourrais encore entrer dans bien des détails, mais j’essaye de faire court (si si) & il me semble que j’en ai déjà dit beaucoup pour qui est de bonne foi. Or quiconque est de bonne foi doit convenir (d’après ce que j’ai dit & en réfléchissant un peu par lui-même) que la monnaie repose sur des principes fondamentalement anti-sociaux (c’est-à-dire contraire aux principes fondamentaux de l’ordre social) & rend impossible l’égalité des « citoyens » en droits, donc en devoirs (car pourquoi les individus se sentiraient autant de devoirs en ne jouissant pas d’autant de droits ?). L’Egalité étant le principe fondamental de l’ordre social, il s’ensuit que, dans l’inégalité, il n’y a pas vraiment de société (seulement des concentrations d’individus), de citoyens, de droits, il ne peut pas y avoir de véritable démocratie, de véritable libéralisme, &c. C’est d’ailleurs un problème. Lorsque j’écris sur ces sujets, j’utilise des mots qui existent mais qui, au fond, sont aujourd’hui vide de sens.

Vous dites : « Tout le monde n'a pas la même idée sur ce qu'est un "Droit" » C’est très juste. Mais laissez vous exposer comment moi je les conçois.

Tout d’abord, avant les droits, il y a les devoirs. La raison en est simple : un droit est une liberté reconnue & garantie par d’autres. Un individu seul n’a aucun droit. (La notion de droits naturels est une des grandes erreurs de la Révolution française.) Un individu seul peut faire tout ce qu’il peut, dans la mesure de ses forces, & dispose de tout ce qui l’entoure, mais il n’a aucun droit, vu qu’il n’y a personne pour les lui reconnaître & les lui garantir. Il s’ensuit que la notion de droits n’existe qu’en société. Or pourquoi les individus se constituent-ils en société ? Pour augmenter leurs chances de survie. Mais les chances de survie des membres d’une société n’accroissent que si les membres de cette société mettent leurs forces en commun, s’ils sont liés les uns aux autres par un devoir d’assistance & de solidarité. C’est la force du groupe qui assure la sécurité des individus, la sécurité en tant que droit proprement dit. Ainsi, chacun génère la sécurité de l’autre, mais nul ne génère sa propre sécurité (en tant que droit). Cela dit, pour pouvoir jouir de cette sécurité, il faut d’abord faire partie du groupe, donc s’engager à assurer la sécurité de ses futurs concitoyens & l’assurer effectivement. Avant d’avoir des droits dans une société donnée, un citoyen a donc des devoirs, des obligations envers cette société (ou cité = ensemble des citoyens). Ensuite, il a certes mérité les droits dont il jouit, mais ses droits n’ont pas été générés par lui, quoiqu’il les ait générés pour les autres. Ceci est vrai pour tous les droits fondamentaux & indirects.

Il me faut ici introduire une nouvelle notion. On entend toujours parler des « droits ». Mais tous les droits ne se situent pas sur le même plan. En fait, il y a trois niveaux de droits (idem pour les devoirs) : les droits fondamentaux, qui sont des principes (Sécurité & Liberté), des droits indirects, qui ont une portée pratique (ex : accès au marché), & des droits particuliers (ex : la propriété), qui découlent de l’exercice de droits indirects ou sont conférés par l’accomplissement de devoirs particuliers. L’Egalité, qui n’est pas un droit mais le principe fondamental de l’ordre social, ne s’applique pas à tous les niveaux.

Concernant les devoirs, il ne s’applique qu’au niveau fondamental. Ainsi, tous les citoyens ont le devoir de participer à la vie de la cité, d’une manière acceptée ou définie par la cité, & ceci est suffisant pour qu’il leur soit reconnu le statut de citoyens & qu’ils jouissent de tous les droits attachés à la citoyenneté. La cité ne peut pas imposer & n’a pas intérêt à imposer à chacun de faire concrètement la même chose, c’est-à-dire des devoirs indirects (déclinaisons du devoir fondamental) d’une même nature, car c’est la variété des activités qui fait la complémentarité des citoyens & la richesse de la cité.

Concernant les droits, l’Egalité s’applique autant au niveau fondamental qu’au niveau indirect. Tous les citoyens doivent jouir de la même Sécurité ou de la même Liberté (en tant que principes) & de tous les droits qui, en pratique, en assurent la jouissance. Ainsi il ne suffit pas de déclarer que les citoyens sont libres & jouissent de la même Liberté ; encore faut-il qu’ils jouissent des droits qui, en pratique, concourent à la Liberté & à ce que chacun soit effectivement aussi libre que son voisin (la Liberté découle de l’Egalité ; Egalité & Liberté sont complémentaires). Celui qui démontrera qu’un milliardaire qui a accès à tout ce qu’offre la « société » est aussi libre, d’un point de vue social, qu’un smicard qui mange des pommes de terre pour arriver à la fin du mois, peut tout de suite postuler pour le prix Carambar. Il faut bien comprendre que, quand on parle de la liberté en tant que droit, du faisceau de droits que la société doit garantir à ses citoyens, les facultés naturelles des individus n’entrent pas en ligne de compte. Dans une société qui fabrique des voitures, être libre de circuler ne se réduit pas à la possibilité d’utiliser ses jambes pour se déplacer ; de même qu’être libre de s’exprimer ne se réduit pas à la faculté d’ouvrir la bouche. Remarquons au passage que, plus une société a de potentiel, plus les droits des citoyens sont étendus. Et inversement.

Je m’arrête ici. J’ai été un peu long mais les idées sous-jacentes à mes propos antérieurs méritaient quelques explications. Comme je l’ai dit, j’ai essayé de faire simple. J’ai laissé de côté nombre d’aspects qui pourraient susciter autant de questions. Mais je n’allais pas ici d’écrire un livre. Je n’ai pas pu répondu à tout, mais toutes tes objections devraient trouver en substance leur réponse. Ceci s’adresse également à Dan87 dont je partage assez la position mais qui s’est emballé sans que je comprenne pourquoi.

Salut & Fraternité,

 Philippe Landeux

mardi 04 avril 2006 17:07

Jean-Claude,

Pour une fois, je suis en grande partie d’accord avec votre dernier message (mardi 4, 11 h 49). On ne peut cependant pas laisser dire qu’il n’y avait rien de commun entre la noblesse & le Tiers Etat, ni que tous les nobles étaient misérables (même si le cas semble effectivement avoir été assez répandu en Vendée). Les nobles avaient des terres. Les riches bourgeois aussi. C’est d’ailleurs pour cela que, leurs intérêts se rejoignant sur ce point, riches bourgeois & les nobles libéraux (partisans d’une monarchie constitutionnel) adoptèrent sur la question de la propriété foncière la même position & rendirent caducs les déclarations du 4 août. Il est également étrange que, concernant les nobles, vous fassiez la distinction entre ceux de la Cour & ceux des campagnes, alors que, concernant le Tiers Etat, représentant 99 % de la nation, vous mettiez tout le monde dans le même sac. Ainsi dire que Robespierre était représentant du Tiers Etat, c’est vrai, mais cela n’avance à rien. Mais vous dénoncez ensuite, avec raison, la bourgeoisie affairiste qui dirige encore la France. A l’époque, cela s’appelait les Girondins, la Plaine ou le Marais, les Modérés, les accapareurs, les Muscadins, &c. Il représentait cette « aristocratie des riches » que Robespierre dénonçait lui aussi.

Du reste, mon cher Jean-Claude, je ne vois pas pourquoi vous vous acharnez à défendre les nobles alors que je ne songe pas à eux. Vous devez également savoir que la Révolution ne proscrivit pas les nobles en tant que tels. Soit ils émigrèrent de leur propre chef (laissant souvent les femmes derrières eux pour garder leurs biens), soit ils furent proscrits au cas par cas en tant que contre-révolutionnaires (& on ne peut nier qu’il y ait eu des contre-révolutionnaires parmi les nobles). Etant néanmoins une classe éminemment suspecte, les nobles furent parfois chassés des administrations, ils furent chassés des Jacobins, ils durent s’éloigner de Paris & des frontières, mais ils ne furent pas arrêtés en masse comme ce fut le cas des ressortissants des pays en guerre contre la France (ce qui n’était d’ailleurs, là encore, qu’une mesure de précaution, arrêté ne voulant pas dire envoyé au Tribunal ou condamné à mort). Mais le personnel révolutionnaire fourmille de ci-devant nobles. Beaucoup de conventionnels étaient des ci-devant. Comme je l’ai dit ailleurs, le but de la Révolution (du moins des révolutionnaires sincères) était l’Egalité des citoyens en droits, non la dictature d’une classe & la proscription d’une autre.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

PS : Mon pauvre sas, à force de voir des maçons partout vous vous êtes emmuré. Pour votre gouverne, Robespierre n’était pas franc-maçon. [Moi non plus, au passage.]

mercredi 05 avril 2006 21:32 

Salut Jacques,

Il est tout de même curieux que vous passiez sous silence mon analyse de la monnaie alors que tout ce que je dis en découle. Il est ensuite consternant de voir le peu d’effort que vous faites pour comprendre le fond de mes propos & que vous sautiez sur la moindre imprécision pour critiquer des idées que vous avez préalablement dénaturées.

Quand je dis : « En fait, il y a trois niveaux de droits. » Vous rétorquez : « Oups! Et qui en a décidé ainsi? La définition de "Droits" du citoyen Philippe peut ne pas être la même que celle du citoyen Jacques ou de d'autres citoyens. Qui va arbitrer ? » Vous avez raison, je n’ai jamais entendu personne soutenir qu’il y avait 3 niveaux de droits. C’est une conception toute personnelle. Mais est-elle pour autant fausse ?

Je soutiens que les droits particuliers découlent de droits indirects qui eux-mêmes découlent des droits fondamentaux. Ainsi, le droit d’accéder au marché (droit indirect) découle du droit que les citoyens ont d’être libres, de jouir de la Liberté (droit fondamental) ; & la propriété, le droit de posséder (droit particulier), découle de l’exercice du droit d’accès. Comme certains droits découlent d’autres, il est évident qu’il y a plusieurs niveaux de droits. Je disais également que l’Egalité ne s’applique qu’aux droits fondamentaux & indirects. Pour reprendre l’exemple précédent : les citoyens doivent être également libres. Mais la Liberté ne signifie rien par elle-même. La Liberté désigne en fait l’ensemble des libertés du citoyen, chaque citoyen devant avoir les mêmes libertés. Parmi ces libertés se trouve le droit d’accéder au marché, droit par lequel le citoyen jouit effectivement des bienfaits de la cité. Les citoyens peuvent jouir ou exercer librement leurs droits, tant qu’ils ne nuisent pas aux droits (égaux) d’autrui. Or si tous les citoyens jouissent du même droit d’accéder au marché & exercent librement ce droit, ils ne peuvent retirer du marché les mêmes biens. Ainsi, quoique égaux dans le droit d’accéder au marché (ce n’est pas le cas dans le système monétaire), ils ne peuvent posséder les mêmes choses, choses sur lesquelles ils jouissent du droit de propriété (ceci est valable dans le système monétaire). Quand on est libre d’aller où l’on veut, tout le monde ne va pas au même endroit. Voilà pourquoi il y a différents niveaux dans les droits. Je le constate. Libre à vous de le contester.

Quand je dis « Celui qui démontrera qu’un milliardaire qui a accès à tout ce qu’offre la « société » est aussi libre, d’un point de vue social, qu’un smicard qui mange des pommes de terre pour arriver à la fin du mois, peut tout de suite postuler pour le prix Carambar. » Vous rétorquez « Inscrivez mon nom et celui de Jaurès ! » Je ne suis pas sûr que Jaurès partage votre avis sur ce point, lui qui plus haut a écrit « Quel patron peut dire qu'il mérite et travaille 200 fois plus qu'un smicard ? » Mais Jaurès ne sait sur quel pied danser : il critique le capitalisme & raisonne en capitaliste. Ainsi, pour lui « La CGT préconise une augmentation hiérarchique des salaires. Les disparités de revenus ne sont pas choquantes si elles sont raisonnables et méritées. » C’était également l’opinion de Robespierre… mais en 1789. C’était alors révolutionnaire ; aujourd’hui, c’est réactionnaire. Du reste, votre réponse n’est pas à la hauteur du défi que vous relevez. Vous auriez déjà pu comprendre que, pour moi, il n’y a de liberté pour les citoyens que s’ils sont égaux en droits (& bien sûr en devoirs, en amont). Il est dès lors évident qu’un milliardaire n’a pas les mêmes droits qu’un smicard (vous admettez vous-mêmes, implicitement, que les droits sont proportionnels à la fortune). Ils sont peut-être égaux sur le papier, mais pas dans les faits, & ce à cause de la monnaie. Et vous croyez que, pour démontrer le contraire, il suffit d’aligner deux phrases.

« Si les deux n'ont rien hérité… » Et les riches qui doivent leur richesse à leur papa, comme c’est le cas généralement ? Ainsi, vous écartez le cas général pour vous appuyer sur les cas particuliers. Soit ! Vous dites : « Puisque le milliard du milliardaire représente la reconnaissance sociale des travaux productifs bénéfiques rendus à la société (Ce que vous appeler "devoirs") et qu'il peut utiliser comme des "droits". Bref comme il a fait PLUS de devoir, il a PLUS de droits. » Pour commencer, il est faux de dire que la fortune, de quelque niveau quelle soit, représente une reconnaissance sociale du travail. C’est précisément ce que l’analyse de la monnaie démontre. C’est la monnaie qui confère des droits, les droits qu’elle incarne, pas la « Société ». Quand l’Etat cautionne la monnaie, il défausse la Société de son rôle qui est de garantir les droits de ses Citoyens, car, alors, il appartient aux individus de se débrouiller comme ils peuvent pour se procurer des revenus (des droits). Où voyez-vous la Société jugeant & se prononçant sur le mérite des uns & des autres ? Que le système monétaire ne conteste pas la façon dont la masse monétaire se répartit (le contester l’amènerait à se remettre en cause) ne peut en rien être considéré comme une reconnaissance sociale du travail ! En fait, c’est le pouvoir & la fortune qui s’auto-récompensent & s’auto-félicitent ! Qui ira les contredire ? Vous ne réalisez pas à quel point le système monétaire pervertit les choses & imposent aux hommes de trouver des justifications (aussi nulles soient-elles) à l’absurde de la situation dans laquelle ils sont plongés. Quand un individu touche un milliard, quand il gagne en peu de temps ce qu’un smicard mettrait un millénaire à gagner, comment oser dire que cette individu récolte des droits à la hauteur de ses devoirs ? Il a donc sauvé la planète ? Et on apprend que c’est parce qu’il a ruiné des milliers de travailleurs ! Mais d’ailleurs, où avez-vous vu que travailler soit aujourd’hui un Devoir ? Encore une fois, c’est le système monétaire qui impose aux individus de travailler pour gagner de quoi vivre, pas la « société » ! La « société » reconnaît (aujourd’hui) que les individus qui travaillent doivent être rémunérés, mais aucun texte de loi ne fait du travail ou de la participation à la vie de la cité un Devoir de citoyen entraînant la reconnaissance du statut de citoyen & la garantit des droits attachés à la citoyenneté . Il n’est pas bien difficile de comprendre pourquoi !

« Votre notion de devoir/droit 100% "égalitaire", est 100% communiste, extrêmement restrictive et brime la liberté d'entreprendre, ne respecte pas la différence entre les gens, réduit la prospérité générale et la liberté tout court puisqu'il ne permet pas à un individu qui voudrait "surfer" toute sa vie (mais vivre très simplement) de le faire (puisque vous le contraignez à des devoirs et droits compensatoires qu'il ne désire pas). Idem, vous brimez l'entrepreneur ambitieux. Bref et Jaurès et moi ne voudrions vivre dans votre pays. » Et si, au lieu de poursuivre votre idée, vous entendiez ce que je dis ! Qui a parlé de contrainte ? Libre à chacun de ne pas remplir les Devoirs que la cité impose à ses citoyens pour jouir en retour des Droits du citoyen. Mais chacun doit assumer ses choix. Celui qui ne veut pas être citoyen en a le droit mais ne peut prétendre aux Droits qu’il na pas voulu mériter. Ainsi, seuls les citoyens, seuls les individus qui veulent être citoyens, ont des Devoirs envers la cité & des Droits dans la cité. Pourquoi votre surfer qui ne veut pas jouir des Droits que la cité garantit aurait-il des Devoirs envers elle ? Pourquoi la cité le contraindrait-elle à remplir des Devoirs alors qu’il n’attend rien d’elle ? Cela dit, quoique des cas de ce genre puissent exister au fin fond de l’Amazonie, les exemples de ce genre sont de pures spéculations. Les hommes capables de vivre à l’écart de leurs semblables sont extrêmement rares. Ceux qui, aujourd’hui, prétendent vivre en marge de la « société » profitent en réalité de la « société » de mille manières & volent indirectement les « citoyens ». Quant au fait de brimer les entrepreneurs… Je cherche. Je ne vois pas. Je ne vois pas ce qui empêcherait des citoyens véritablement libres & égaux en Droits (ne sont-ils pas censés l’être aujourd’hui) d’être créatifs, quel que soit le domaine. Vous négligez le fait que tout système constitue un cadre dans lequel les individus évoluent ensuite à leur gré, selon leur tempérament, selon les possibilités qu’offre le système. Je vois parfaitement comment le fameux « manque de moyens financiers » entrave aujourd’hui la créativité ; je ne vois pas ce qui ferait obstacle à la créativité de citoyens, certes obligés de participer à la vie de la cité (Devoir fondamental) selon un mode de participation reconnu par elle, mais libres de participer comme ils veulent (Devoirs indirects), libres de choisir entre toutes les formes de participation possibles, libres de détourner de leur sens premier certaines formes de participation, libres même d’en inventer, sous la condition que la cité la reconnaîtra.

« "Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que, lorsqu’il est reconnu des droits à un citoyen, parce qu’il s’acquitte de devoirs, ses droits n’ont pas à s’épuiser lorsqu’il les exerce." C'est beaucoup mieux pour le capitaliste. Non seulement les "droits" (votre définition pour "biens") ne s'épuisent pas mais ils augmentent sans cesse (c'est la notion fondamentale de profit et de rentabilité). S'il achète une pomme pour un euro, il perd le pouvoir d'achat lié à l'euro (ce que vous appelez le droit de l'argent) mais il gagne celui lié à la pomme (le droit lié au bien). » Que vous êtes prévisible ! J’avais mis de côté cet aspect de la question pour ne pas être trop long, mais il paraît utile de le traiter. Je sais aussi bien que vous que le système monétaire justifie le fait de se dépouiller de ses « droits » (en achetant, perte d’autant de droit d’accéder au marché) par le bien (propriété) que l’on en retire en contrepartie. Cette justification vient du troc dont la monnaie est l’héritière. Mais, voyez-vous, s’il est vrai que la monnaie permet de pratiquer un troc indirect, elle pervertit aussi les principes du troc & introduit de nouvelles notions. En fait, aujourd’hui, notre mode d’échange est bien loin du troc. Le troc consiste, pour les protagonistes de l’échange, à s’échanger des biens, des propriétés. Il se pratique entre individus (d’où, à terme, les principes individualistes de la monnaie incompatibles avec les principes de l’ordre social). C’est individus échangent entre eux des droits d’une même nature (propriété). Mais, aujourd’hui, la monnaie est davantage qu’une incarnation de droits de propriété ; elle est devenue le droit d’accéder au marché. Ainsi, quand on achète avec de la monnaie, on échange un droit indirect (accéder au marché) contre un droit particulier (propriété). Sont donc impliqués des droits d’une nature différente, ce qui rend cet échange aberrant. Par ailleurs, les revenus de chacun sont moins liés à un travail propre qu’à un statut. Les entreprises paient moins les individus & leur travail que leur fonction dans l’entreprise. Quand l’Etat fixe un salaire minimum applicable à des millions de travailleurs, on voit bien que la rémunération n’est pas directement liée à ce qu’ils produisent (plus personne ne produit rien seul) mais à leur statut. Autrement dit, le droit d’accéder au marché est essentiellement lié à un statut, lui-même lié en théorie au fait de travailler. Ceci est très proche, sur le principe, de ce que je dis quand je dis que le Droit d’accéder au marché doit être attaché à la Citoyenneté seule. En fait, nous sommes à une époque charnière de l’histoire. L’évolution conduit vers ce que je dis, mais nous sommes encore empêtrés dans le capitalisme & subjugués par les préjugés monétaires.

Vous me dites que celui qui achète une pomme 1 euro « n'a rien perdu du tout, et tout probablement GAGNE. » Eh bien ! un citoyen (tel que je l’entends) n’aurait pas un euro mais pourrait accéder (dans la mesure du possible) à toutes les pomme qu’il voudrait. Sur ce, je vous laisse débattre du prix des pommes & de leur valeur nutritive.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

PS : Ce forum n’étant peut-être pas le lieu indiqué pour traiter de telles questions, j’aurais aimé vous envoyer ces messages en privé, même si je ne crains pas d’exposer mes idées en public ; mais vous ne laissez pas votre adresse e-mail.

 

jeudi 06 avril 2006 10:18

Florent, sas,

Je vous accorde que beaucoup de "révolutionnaires" étaient ou avaient été franc-maçons, mais ce n'était pas le cas de Robespierre. Il avait bien fait partie des Rosati, mais les Rosatis d'Arras étaient une société littéraire, non une loge maçonnique. Du reste, si la franc-maçonnerie eut sans doute de l'influence avant & au début de la Révolution, très vite son rôle devint nul. On trouve des ci-devant franc-maçons dans tous les camps &, quand on sait que ces camps se livrèrent une guerre à mort, on ne peut pas croire que les franc-maçons se divisèrent ainsi pour le plaisir ou par tactique. Ce sont bien les convictions personnelles, & non des mots d'ordre maçonniques, qui dirigèrent alors le choix de chacun. Dans ces conditions, je ne vois pas bien comment la franc-maçonnerie aurait conservé de l'influence durant la Révolution.

 

vendredi 07 avril 2006 03:24


Salut Jacques,

Vous vous doutez que je ne peux pas vous restituer en quelques pages tout ce que j’ai dans la tête, toutes les considérations qui condamnent le capitalisme, toutes les conséquences des principes que je vous ai exposés.

Vous soulevez la question de l’héritage. C’est loin d’être le cœur de mes préoccupations, mais il pose en effet problème. Or, encore une fois, ce problème est lié à la nature & aux principes du moyen d’échange qu’est la monnaie. Un individu doit être citoyen en s’acquittant de devoirs envers la cité & doit jouir des droits attachés à la Citoyenneté, droits qui, d’une certain façon, sont donc le fruit de ses devoirs. En dissociant le droit d’accéder au marché du devoir de participer à la vie de la cité, en incarnant le droit d’accéder au marché, en rendant ce droit anonyme & volatile, la monnaie impose aux individus de se procurer ce droit matérialisé (au lieu d’en jouir en raison de leur citoyenneté), leur permet de s’en dépouiller, de les transmettre, & permet à d’autres de les en dépouiller. L’héritage n’est qu’une conséquence parmi tant d’autres de cette situation inhérente au système monétaire. Personnellement, je ne suis pas fondamentalement contre le concept d’héritage : c’est seulement dans le contexte actuel qu’il pose problème.

La monnaie permet d’acheter ; les biens représentent de la valeur &, s’ils sont vendus, procurent à leur tour le droit d’accéder au marché. (C’est la raison d’être du vol d’objets aujourd’hui.) Mais, si le droit d’accéder au marché était conféré par la citoyenneté, elle-même lié au fait de s’acquitter de devoirs envers la cité, les biens retirés du marché par l’exercice de ce droit seraient toujours des propriétés, mais celles-ci ne pourraient procurer le droit d’accéder au marché. Les individus pourraient donner ou transmettre leurs biens personnels sans que cela n’altère l’égalité en droits entre les citoyens (l’égalité qui, comme je l’ai dit précédemment, concerne les droits indirects, ici le droit d’accéder au marché, & non les droits particuliers, ici la propriété). Aujourd’hui, les héritages (sous forme de monnaie ou de biens) attisent les convoitises & les rivalités entre ayant droit parce que ce dont ils vont hériter peut accroître leur droit d’accéder au marché ou leur éviter de payer (se dépouiller de droits d’accès) pour se procurer le genre de chose dont ils vont hériter. Sauf exception, ils se foutent complètement de la nature même de l’héritage. Mais, dans ce contexte, lorsque le défunt était riche, sa richesse passe entre des mains d’héritiers qui ne peuvent plus invoquer pour justifier leurs nouveaux droits le prétendu mérite personnel. (Ceci est bien sûr vrai quelle que soit la fortune du défunt, mais cela, évidemment, n’a pas de conséquences invisibles lorsqu’il ne lègue pas grand chose, quoique cela soit toujours aussi condamnable sur le principe.) Les droits du défunt lui survivent & ce sont des vivants qui ne les ont en rien mérités qui les exercent ou en jouissent. Si cela n’est pas une aberration, un renversement de tous les principes de l’ordre social, qu’est-ce donc ?

Je vous ai dit précédemment que le RÔLE de la cité est de garantir l’égalité EN DROITS entre SES citoyens. Or il va de soi que tous les individus sont naturellement différents. Ces différences les empêchent-elles de remplir leurs devoirs, d’être citoyens, & de jouir en tant que tels des droits attachés à la citoyenneté ? Non ! Donc l’égalité en droits entre citoyens ne peut en rien être compromise par les différences naturelles entre les individus.

Vous objectez contre l’Egalité : « Dans certains régimes politiques, il a des droits acquis à la naissance (royauté) ou les liens familiaux (dictatures - cette semaine Fidel Castro annonçait en entrevue que le pouvoir à sa mort irait à son frère). Donc vous voyez que le problème n'est pas lié à la monnaie spécifiquement mais peut tout aussi bien se produire dans un système de droits aléatoirement définis. Mais bon, en France post-révolutionnaire ce ne devrait plus être un problème, et tout le monde sait qu'être le fils d'un politicien célèbre ne confère évidemment aucun avantage... » Mais ces régimes sont-ils (réellement) fondés sur l’Egalité telle que je vous la présente ? Non.

Vous dites encore : « l'inégalité lié au LIEU de la naissance. Tout le monde sur la terre n'est pas égal à la naissance, puisque si je nais au Canada (même de parents très modeste) je serai foncièrement plus avantagé que si je nais en Ethiopie. » Les principes de l’ordre social sont universels. Toute société repose sur les mêmes principes fondamentaux. (Vous me direz que toutes les « sociétés » ne reposent pas sur les principes que j’expose ; je vous répondrais que ce ne sont pas des Sociétés au sens propre, mais des concentrations d’individus. Il n’y a aujourd’hui de véritables sociétés que chez les animaux, chez les animaux sociables bien sûr.) Mais tous les individus d’une espèce ne forment pas une Société. (C’est possible en théorie, c’est sans doute à terme ce que fera l’Homme, mais nous n’en sommes pas là, loin s’en faut, puisqu’il n’y a même pas encore de Société humaine digne de ce nom.) Or chaque société n’a de devoirs, en principe, qu’envers ses membres. L’égalité se mesure entre citoyens d’une même cité. Vous présentez une conception utopique, ridicule & irréalisable de l’Egalité pour vous convaincre que l’Egalité, qui n’a rien à voir avec ce que vous dites, est une chimère.

« Je vois tous les jours sur tous les marchés publics des gens produisant des produits non désirés s'appauvrir et d'autres vendant des produits désirés s'enrichir. » Et vous en concluez que celui qui est riche a du mérite. Est-ce une blague ? Quel rapport entre la qualité d’un produit & la fortune d’un patron ou d’un actionnaire ? Sauf exception, la qualité des produits d’une entreprise ne doit rien au chef de l’entreprise. Qu’il exige que les employés fassent correctement leur travail, il n’empêche que se sont les employés qui travaillent bien. Du reste vous vous méprenez : je n’ai rien contre les patrons & la notion de hiérarchie qui ne pourrait en rien altérer l’Egalité dans un système où les droits seraient attachés à la citoyenneté. Or c’est face à ce concept que l’on réalise que les richesses ne sont pas riches en raison de leur mérite ou de leurs efforts ou de je ne sais quoi d’autre, mais parce que nous sommes dans un système monétaire. Si un patron était un citoyen (tel que je l’entends), il n’aurait ni plus ni moins que les droits d’un citoyen. Cela n’empêcherait pas les hommes de reconnaître son mérite personnel, ce mérite ne pouvant d’ailleurs plus, comme aujourd’hui, être contesté ou exagéré par les pauvres. Au milieu de citoyens égaux en droits, seuls les talents & les vertus brilleraient, & le besoin de reconnaissance que cherchent les êtres exceptionnels serait pleinement assouvi.

« Dans un système capitaliste: Société=ensemble d'INDIVIDUS libres qui choisissent et décident tous les jours le mérite des produits offers. » Ce n’est pas là la définition du capitalisme, mais en partie celle du libéralisme. Imaginez que TOUS les citoyens jouissent d’un égal droit d’accès au marché. Ce que vous dites resterait vrai, avec cette différence que tous les produits subiraient le jugement de tous les citoyens, au lieu d’être seulement « jugés » par ceux qui ont aujourd’hui la possibilité d’y accéder. Ce serait du libéralisme à l’état pur, contrairement au capitalo-libéralisme actuel.

« Je ne comprend pas pourquoi vous pouvez croire qu'une personne sans monnaie ne puisse pas accéder au marché, c'est-à-dire vendre sa pomme ou sa maison. » Demandez au premier clochard venu !

Pour finir, je vous remercie, Jacques, de prêter quelque attention à mon discours, contrairement à certains qui se croient malins parce qu’ils n’ont rien à dire & se plaisent à le faire savoir. Je sais par ailleurs que ces idées sont difficiles à intégrer tant elles vont à l’encontre des idées reçues que nous inculque le système monétaire. Il faut souvent du temps pour en saisir la logique pourtant simple.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

vendredi 07 avril 2006 11:20

Florent,

Je ne suis pas un spécialiste de la franc-maçonnerie & je me doute qu'il ne devait pas y avoir beaucoup de maçons parmi les "noirs". On ne peut évidemment pas en dire autant des nobles "libéraux" partisans d'une monarchie constitutionnelles. Cela dit, vous essayez de noyer le poisson concernant Robespierre !

Vous dites, à son sujet "j'ai bien la certitude qu'il a appartenu à cet ordre un moment ou un autre, sans doute l'a t-il vite quitté par la suite. Voila cher Philippe, des faits, rien que des faits." Si votre certitude est un fait, je veux bien, mais je vous dis, pour ma part, que Robespierre n'a jamais appartenu à une loge maçonnique. La société des Rosati dont il était membre, malgré son nom n'était en rien une loge maçonnique. L'objet de ses réunions était plutôt léger. "Des jeunes gens réunis par l'amitié, par le goût des vers, des roses et du vin." Ainsi cette société est-elle décrite par l'abbé Ménage. (Il y a peu, j'ai vu la "constitution" exacte de cette société, mais je n'arrive plus à mettre la main dessus. Du reste, elle ne fait que confirmer cette définition.) Robespierre a également fait partie de l'Académie d'Arras, il en fut même le président. Mais, là encore, rien à voir avec la maçonnerie.

Il y a quand même une chose que je n'arrive pas à comprendre : pourquoi voulez-vous à toute force que Robespierre ait été franc-maçon ? Cela ne me dérangerait pas de le reconnaître si tel avait été le cas. (Ainsi, je vous le dis, Couthon, son ami, avait bien été franc-maçon, lui.) Je ne vois qu'une réponse : accréditer la thèse du complot maçonnique. Or, là encore, je ne nie pas que la franc-maçonnerie ait eu de l'influence avant & au debut de la Révolution, mais très vite elle fut dépassée par les événements. (Le maitre du Grand Orient de France, Philippe d'Orléans, fut même exécuté.) Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'a pas retrouvé son influence après & qu'elle n'en a pas de nos jours. Mais il faudrait quand même arrêter de tout mélanger, de tout déformer.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

 

vendredi 07 avril 2006 21:19

Salut Jacques,

Tout ce que je vous dis est lié. Vous ne pouvez pas comprendre ce que je vous dis sur tel ou tel point si vous ne le considérez comme partie d’un ensemble. En particulier, vous ne prêtez pas assez attention à ce que je vous ai dit sur la monnaie & à la réponse que j’ai apportée à votre question sur ce qu’est un droit.

« Si je vous ai compris, ce qui vous appelé "accès au marché" signifie que tous auraient les mêmes "droits" d'achats des produits, donc recevraient le même montant d'argent (lié à un droit acquis par un devoir et NON au mérite), ou plutôt, puisque vous avez une appréhension ídiosyncratique de l'argent, j'imagine qu'ils recevraient des "bons d'achats". » Pas du tout. Je me tue à vous dire que le problème, avec la monnaie, c’est qu’elle matérialise le droit d’accéder au marché & en fait pour ainsi dire des entités indépendantes des hommes. Vos bons d’achat, sans être de la monnaie au sens propre, auraient le même défaut. Non ! je vous répète qu’un citoyen est un individu qui participe à la vie de la cité, selon ce qu’elle considère comme une participation, & jouit en retour, à l’égal de ses concitoyens, des bienfaits de la cité EN RAISON DE SA CITOYENNETÉ MÊME. Le droit d’accéder au marché étant le principal droit permettant de jouir des bienfaits de la cité, il s’ensuit que ce droit doit être attaché à la citoyenneté. Les citoyens n’ont pas besoin de disposer d’unités de quelque nature que ce soit pour accéder au marché puisqu’ils ont le droit d’y accédé du fait d’être citoyens. Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’un moyen permettant de prouver aux commerçants leur citoyenneté, un peu comme les employés d’une entreprise ayant un badge magnétique pour pénétrer dans l’entreprise. Vous me direz que ce badge matérialise le droit d’accéder au marché, mais, si vous y réfléchissez, vous verrez qu’en réalité il n’est qu’un accessoire pour faire valoir le droit qu’ils ont de par leur statut & que, sitôt la perte de leur badge constatée, l’entreprise qui connaît ses employés peut sans peine leur fournir un nouveau badge & désactiver les badges perdus. Pensez au victimes des casseurs de novembre 2005 qui n’ont toujours pas été remboursées de la perte de leur voiture, qui depuis ce temps n’ont plus de voiture, ni les moyens d’en acheter une autre, alors qu’il est reconnu que ces personnes sont à la fois « citoyennes » & victimes.

« Et que feriez-vous avec ceux qui ne voudraient pas faire leur "devoir": leur retireriez-vous leur "droits" (une sorte d'acceptation par la porte d'en arrière du principe de mérite), les metteriez-vous en prison ?, ou mieux encore, (comme Marx le proposait *explicitement* dans Le Capital) les forceriez-vous manu militari à travailler (ce qu'on appelle "travaux forçés" ...) ? » Là encore, je vous ai déjà répondu. Libre à chacun de ne pas remplir les devoirs que la cité attend de lui, mais quiconque ne veut pas s’acquitter desdits devoirs (il y a une distinction à faire avec ceux qui ne PEUVENT PAS), quiconque ne veut pas être citoyen, ne jouit pas des droits du citoyen. La cité n’a aucune raison de le forcer. Il veut se débrouiller seul : qu’il se débrouille. Mais alors, il n’a pas à réclamer, au nom de l’humanité, des droits dont il prétend pouvoir se passer & qu’il ne veut pas mériter. Inutile de le proscrire, il s’est proscrit lui-même. Du reste, vous devez réaliser que vous supposez à certains citoyens ou individus une mentalité que vous observez autour de vous aujourd’hui. Mais qu’y aurait-il de commun entre une cité développant le sens civique, élevant le fait de participer en principe, assurant à ses citoyens autant de droits que possible, avec le système actuel encourageant à travailler le moins possible, n’incitant pas les travailleurs à se décarcasser (vu qu’il ne gagne rien ou presque) & permettant de vivre aux crochets de la « société » sans travailler. On comprend qu’aujourd’hui certains rejettent cette « société » & que d’autres, tout en prétendant la rejeter, cherchent par tous les moyens à en profiter. Aujourd’hui, tout est flou, aberrant, immoral. Celui qui sert la « société » n’a pas plus de droits, voire en a parfois moins, que celui qui ne la sert pas. Mais que les individus aient le choix entre tout, en étant citoyen, ou rien, en ne l’étant pas, & il n’est pas difficile de deviner à quelle attitude les porterait LEUR INTÉRÊT.

Vous évoquez souvent le communisme. Mais en quoi le communisme a-t-il approché, en principe ou en pratique, le système que je vous expose ? Les communistes n’ont jamais réalisé l’égalité en droits. Ils n’ont jamais remis en cause la monnaie. Ils ont voulu la répartir différemment, selon des lois humaines contraires aux lois de Largent, érigeant ainsi des systèmes contre-nature (contre la nature du système monétaire), toujours inégalitaires & fatalement dictatoriaux. L’emploi de la force est nécessaire pour s’opposer à la force des choses mais devient inutile lorsque les principes de l’ordre social sont en harmonie avec la nature des choses.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

samedi 08 avril 2006 12:50

Salut Jacques,

Il faudra bien, un jour, que l’on comprenne qu’une société est, par définition, une communauté & que vouloir faire en sorte que la « société » renoue avec ses principes fondamentaux n’est en rien du communisme même si, dans ce genre d’entreprise, tous les mots & toutes les idées ne sont pas nouvelles. Non nova, sed nove. Tous ceux qui tendent vers un même but, quoique de manières différentes, se rencontrent fatalement sur certains points.

Le Civisme, c’est-à-dire les idées que je vous expose, diffère fondamentalement du communisme dans la mesure où il considère que, pour fonder la cité, il suffit de considérer les individus qui composent l’ancienne « société », la « société » sous régime monétaire, comme des citoyens, alors que le communisme ne voit dans les individus appartenant à des classes différentes, certaines devant être vengées, d’autres détruites, d’où la perpétuations des classes sous une autre forme, mais une forme aberrante car contre-nature. Les communistes n’ont d’ailleurs pas suffisamment prêter attention au rôle de Largent & n’en conteste pas l’existence, se faisant ainsi les complices du capitalisme & des inégalités qu’ils prétendent combattre. Voilà un siècle qu’ils se battent pour des augmentations de salaires, comme si cela allait changer quelque chose ! Faut-il qu’ils soient bornés !

Pour en venir à votre question, oui, en théorie, un citoyen muni de sa « carte civique », de la preuve qu’il a participé à la vie de la cité & est reconnu comme citoyen, peut prendre ce qu’il veut sur le marché. Mais, je le redis, cela est de la théorie. En pratique, ce pouvoir d’achat théoriquement illimité des citoyens rencontre différentes bornes : 1) ses goûts & ses envies, 2) l’offre, 3) l’exercice par les autres citoyens de leur propre droit d’accès, 4) les lois (égales pour tous). Un citoyen-client ne pourra a lui seul dévaliser un commerçant, d’une part parce que cela serait absurde, d’autre part parce que se procurer des quantités industrielles d’un produit sera réservé, de par la loi, aux industriels ou aux entreprises, enfin parce que le commerçant s’y opposera. — Pour ce dernier point il faut préciser qu’un commerçant doit lui aussi mériter le statut de citoyen en faisant en l’occurrence son métier de commerçant, en ayant donc une certaine activité. Or l’activité d’un commerçant, l’activité utile pour la cité, se mesure de deux manières : en quantités « vendues » ou en nombre de clients. Un commerçant, suivant la nature de son commerce, le lieu où il est situé, &c., aura donc des conventions à satisfaire, conventions qui, entre autres, lui imposeront d’atteindre des résultats minimum (minimum ne voulant pas dire ridicule) &, en pratique, de les dépasser. Tout étant informatisé (& c’est le capitalisme qui aura mis en place les infrastructures de la cité), rien de plus simple pour vérifier. Ceci vaut pour toute entreprise. — Pour en revenir à nos moutons, l’intérêt des commerçants non grossistes s’opposera à ce que leurs clients exagèrent vraiment de trop, même pour des produits non soumis à réglementation. Mais un client raisonnable voire légèrement excessif ne buttera jamais sur la loi.

Vous me vantez le capitalisme avec des arguments plutôt douteux (il permet de travailler au niveau que l'on désire pour recevoir des avantages correspondants) ; laissez-moi plutôt vous faire entrevoir les avantages du Civisme. Pour ce qui est de l’emploi, c’est mathématique, c’est le plein emploi : face à une demande colossale, il y a plus d’emplois que d’individus pour les pourvoir. Alors le fait de pouvoir embaucher & licencier à volonté ne pause plus de problème, car celui qui veut travailler trouve toujours du travail. Pour ce qui est des retraites dont on se demande comment on va bien pouvoir les payer dans 30 ou 50 ans : c’est réglé ; les retraités, c’est-à-dire des citoyens dispensés de participer à la vie de la cité après un certain temps, sont toujours citoyens & jouissent donc toujours des droits attachés à la citoyenneté. Pour ce qui est de la délinquance : elle n’a plus ni mobile ni moyens. Pour ce qui est de la pollution : tout ce qu’il sera possible de faire sera fait. Pour ce qui est des délocalisations : elles n’auront plus de raison d’être, puisque les citoyens « gratuits » ici seront toujours moins chers que des employés mal payés ailleurs. On peut continuer ainsi longtemps. Il n’y a pas de miracle. Le corps social aura seulement été purgé du poison qui le ronge depuis des millénaires.

Cela dit, je ne prétends pas que la cité règlera tous les problèmes. Ne seront réglés que les problèmes d’ordre social. La vie réservera toujours aux hommes des surprises, des souffrances, des peines. C’est assez pour que la Société n’ait pas besoin d’en rajouter.

Je vois déjà les questions que vous allez me poser. Je vous laisse l’initiative. Mais sachez qu’elles ont toutes une ou plusieurs réponses possibles. Ne croyez donc pas que, parce qu’une difficulté vous apparaît, elle soit un obstacle infranchissable. En cherchant un peu, & avec un peu de bonne volonté, vous trouverez vous-mêmes toutes les réponses.

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

dimanche 09 avril 2006 07:48

Salut Jacques,

La dernière fois, je vous est demandé de réfléchir face aux problèmes que vous entrevoyez avec raison mais auxquels vous imaginez des réponses absurdes, croyant que cela sera suffisant pour dénigrer le Civisme & justifier le système monétaire que vous défendez de fait sans vous appuyer sur le moindre principe social.

Vous ne semblez pas entendre quand je vous dis que la Cité serait un système économiquement libéral : liberté d’entreprendre (tous les citoyens qui le voudront auront la possibilité de montez leur entreprise), liberté pour les entreprises d’embaucher & de licencier, pas de fonctionnariat (dans le sens d’emploi garanti à vie, la seule garantie étant de faire correctement son travail), liberté pour les citoyens de choisir leur forme de participation à la vie de la cité (dans la mesure des places disponibles ou sous condition d’un accord de la cité, ce qui, en d’autres termes, signifie que, comme aujourd’hui, à défaut de faire ce que l’on voudra, on fera ce que l’on pourra) celui qui ne trouvera pas la place qu’il désire ), liberté de consommer (là encore avec les restrictions que je vous ai déjà indiquées, mais qui n’ôteront pas à l’individu lambda l’impression d’un pouvoir d’achat sinon illimité du moins énorme par rapport à aujourd’hui), produits & entreprises plébiscités ou sanctionnés par le marché (donc par les consommateurs, non par l’Etat), &c. Si vous voyez là une idéologie communiste & un système soviétique, je ne vois pas ce que je peux dire de plus pour vous détromper ! Si vous croyez que les jeunes tiennent ce langage ou l’adoptent d’enthousiasme, tendez l’oreille ! Si vous croyez enfin que l’idée d’anéantir Largent pour que règne l’Egalité en devoirs & en droits entre citoyens est largement répandue ou facile à répandre, vous vous mettez le doigt dans l’œil !

Vous me dites qu’un anar de votre connaissance vous décrivait presque le même système, c’est possible, mais le « presque » peut être une différence fondamentale. En supposant, que votre anar imagine lui aussi un système sans monnaie, sa façon même de concevoir la monnaie & ses vices déterminent la nature & la forme du système qu’il préconise. Pour moi, Largent est l’obstacle à l’égalité des citoyens en droits, & conséquemment en devoirs, ce qui suppose que la cité doit garantir non seulement des droits égaux à ses citoyens, mais aussi leur imposer des devoirs. Vous connaissez beaucoup d’anars qui parlent de devoirs, de travail, de patrie, &c. ?

Vous me demandez à votre tour de réfléchir. « Vous allez devoir arbitrer les choix des gens avec des "compensations" pour travail pénible. » D’une part, cela fait des années que je réfléchis à ces questions. Je vous ai dis qu’elles avaient toutes des réponses, des réponses solides, & non des réponses à la Pieds-Nickelés. D’autre part, si au lieu de vous braquer, vous aviez seulement pensé trente secondes à la question que vous me posez, vous n’auriez pas osé le faire. Quelle compensation la Cité apportera aux citoyens qui feront des travaux « pénibles » (de leur plein gré ou faute d’avoir trouvé mieux). Le fait de jouir d’autant de droits que tous leurs concitoyens, d’avoir un pouvoir d’achat énorme, n’est-il pas une compensation en soi ? Vous faites implicitement au Civisme le reproche de ne pas leur reconnaître plus de droits qu’aux autres citoyens, alors que, aujourd’hui, ces travailleurs sont payés le minimum ou très peu. Autrement dit, selon vos critères capitalistes, ils n’ont pas ou peu de mérite & vous n’avez que du mépris pour eux, mais, pour discréditer l’Egalité, vous êtes prêt à leur accorder toute votre attention & même à soutenir qu’ils doivent jouir de plus de droits que les autres. Et c’est moi le démagogue, le communiste ! ! ! !

Philippe Landeux

lundi 10 avril 2006 10:30

Salut Jacques,

Je n’ai pas répondu dernièrement à votre question précise, d’une part, parce qu’elle est ridicule, étant fondée sur des soi-disant promesses que ferait la cité, alors que c’est vous qui les faites, d’autre part, parce que la réponse est complexe dans la mesure où elle est liée à une multitude de notions, enfin parce que j’espérais qu’après tout ce que je vous ai dit vous réaliseriez que mes idées sont moins naïves que vous le supposez & que vous chercheriez par vous-mêmes les réponses réalistes que le Civisme apporte aux problèmes que vous entrevoyez, à tort ou à raison. Mais puisque vous y tenez... Je rappelle d’abord vos propos :

« Aujourd'hui 1 millions de français aimeraient vivre dans le 1,000 plus beaux appartements de Paris, et tous savent qu'ils ont les mêmes droits liés à leur "badge de citoyen"... Répondant à l'appel de Jaurès, Ils sont venues par centaines de milliers de tous les coins de la France en autobus, en TGV et en avions privés, prendre possession de leur nouveau "droit"... Que se passera-t-il à la réunion des citoyens présidée par le valeureux Philippe alors qu'ils s'attendent tous à recevoir tous les clés! »

Tout d’abord, il faut préciser que le droit d’accéder au marché, étant le pendant du devoir de participer à la vie de la Cité, ne porte que sur le fruit du travail (biens & services) des citoyens. Le sol n’est donc pas concerné. Le sol appartient à la Cité. Si elle en confie des portions à des citoyens, pour quelque but que soit, elle ne leur concède aucun titre de propriété. Sauf Largent qui masque les choses, c’est déjà le cas aujourd’hui : n’importe qui peut être exproprié si l’intérêt général l’exige. Le fait d’être indemnisé ne change rien à l’affaire.

Ensuite, il faut distinguer entre appartements & villas ; il faut également savoir de quel pays on parle, car tous les pays n’ont pas les mêmes capacités foncières en fonction de leur étendue & de leur population.

Il faut enfin savoir que le Civisme distingue la Citoyenneté de la Nationalité. On peut être Citoyen de France sans être Citoyen français. La différence, ce sont des devoirs particuliers que les Citoyens français acceptent de remplir (en premier lieu un véritable service national) & qui leur confèrent des droits particuliers, à savoir les droits politiques & les droits sur le sol.


Remarquez que je ne vous ai jamais dit que la Citoyenneté, le fait de participer à la vie de la cité d’un point de vue économique, confère des droits politiques, droits secondaires. Remarquez encore que le fait que les droits politiques ne soient pas attachés à la Citoyenneté, n’empêche pas ceux qui veulent en jouir, d’en jouir, à condition qu’ils remplissent les devoirs qui les confèrent. Que votre surfeur se rassure ; personne ne le forcera à faire un service national s’il ne le désire pas. Mais qu’il ne vienne pas ensuite réclamer les droits conférés par les devoirs qu’il a refusé de remplir. Je suis bien certain que vous désapprouvez vous-mêmes ces gens qui croient que les droits tombent du ciel, & veulent & le beurre & l’argent du beurre.

Quoiqu’il faudrait encore aborder la question de la formation des lois, de la représentation de la Cité suivant les cas, &c., venons-en à votre question.

Le droit d’un Citoyen n’est pas d’avoir une villa, mais de pouvoir se loger. Or il est évident qu’une cité a toujours la possibilité de construire des appartements, alors que la construction de villas exige, pour loger beaucoup moins de monde, beaucoup plus de surface. Mettons donc de côté, pour le moment, la question des villas. La Cité pouvant toujours construire des appartements, on peut imaginer que les appartements (vacants ou en construction) constituent une sorte de marché, accessible à tous les Citoyens, y accéder nécessitant cependant des démarches administratives. La Cité fixant une limite à la surface que peut occuper chaque citoyen, lesdites démarches administratives serviront, outre à valider le nom de l’occupant, à vérifier que le candidat a droit à l’appartement en question. Quand je dis « limite », je ne veux pas dire que la surface par Citoyen sera ridicule, mais seulement que, même élevée, il y aura une limite. Il peut également y avoir une limite en nombre d’appartements. Un Citoyen pourra donc cumuler les appartements jusqu’à ce qu’il atteigne ces limites &, s’il veut autre chose, il devra alors renoncer à un ou plusieurs de ses appartements. Remarquons cependant que cumuler des appartements n’aura pas grand intérêt dans la Cité, puisqu’ils ne permettront pas d’en tirer des loyers, & pourrait même avoir des inconvénients, car un appartement confèrera des responsabilités. Quant à la question de savoir qui obtiendra tel ou tel appartement : comme sur le marché des biens ordinaires : le premier arrivé remplissant les exigences. On peut enfin imaginer différents offreurs : 1) les particuliers sur le point de quitter leur appartement, 2) des agences immobilières, 3) les municipalités.

Pour les villas ou l’accès au sol à bâtir, les choses seront sensiblement identiques, avec cette différence que n’y auront accès que les Citoyens français proprement dits. Le marché comprendra alors les villas vacantes ainsi que les terrains destinés par les communes à la construction de villas. Là encore la Cité fixera des limites soit en surface soit en nombre de terrains, ces limites se combinant avec celles pour les appartements.

Si vous vous rappelez de ce que je vous disais sur l’héritage, vous comprendrez maintenant pourquoi je ne suis pas hostile à ce qu’un appartement ou même une maison fasse l’objet d’un legs, à la condition que l’héritier, malgré cette héritage, n’excède les limites dont j’ai parlées.

Voilà. Le sujet mériterait d’être encore développé, mais je pense vous avoir dit l’essentiel. Retenez donc que la Cité ne promettra rien à personne. Elle reconnaîtra des droits aux Citoyens, droits qu’il leur appartiendra de faire valoir dans la mesure du possible. Le rôle de la Cité est de garantir l’Egalité en Droits entre Citoyens, pas de réaliser l’impossible. Elle peut augmenter le nombre d’appartements, en construire de plus spacieux, &c., mais en un temps « T » les choses sont ce qu’elles sont. Avec le temps, les Citoyens seront de mieux en mieux logés (même sans changer de logement, ils auront d’ailleurs les « moyens » de l’entretenir & de l’améliorer), voilà tout ce que la Cité peut promettre.

Maintenant, pardonnez-moi, mais je commence à fatiguer. Si vous n’admettez pas l’égalité des Citoyens en devoirs & en droits comme principe fondamental de l’ordre social, si après tout ce que je vous ai dit vous n’en sentez pas encore les avantages, je ne vois pas ce que je peux faire de plus, sinon passer en vain ma vie à vous expliquer. Je vous invite du moins une dernière fois à imaginer que le droit d’accéder au marché soit attaché à la Citoyenneté & à chercher par vous-mêmes la façon réaliste d’adapter les choses à cette nouvelle donne (car, de la même manière que notre monde a évolué autour de Largent, faute de pouvoir faire autrement, les choses, une fois la carte civique instaurée, s’adapteront & évolueront autour l’Egalité).

Salut & Fraternité,

Philippe Landeux

06:40 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revolution, guerre, civile, robespierre, cité, civisme, abolition, argent |  Facebook | |  Imprimer |

samedi, 20 novembre 2010

DECLARATION DES DEVOIRS ET DES DROITS...

Projet de

DECLARATION UNIVERSELLE
DES DEVOIRS ET DES DROITS
de l’Homme, du Citoyen et de la Cité

Une Déclaration des Devoirs et des Droits n’a à tenir compte ni du contexte social, politique, économique et technique du moment ni des craintes anticipées. Elle doit exposer sans détour les Principes fondamentaux et immuables de l’association politique, et établir les Devoirs et les Droits des Citoyens dans l’absolu, c’est-à-dire ce vers quoi doit tendre la réalité, ce que les lois doivent en pratique défendre ou observer pour être conformes à la logique sociale, ce que tout homme probe peut légitimement réclamer, ce qu’une Société ne peut bafouer sans être criminelle, ce qu’aucun tribunal ne peut méconnaître sans être arbitraire et tyrannique. Ce texte est la bible des opprimés et l’arme des innocents. Mais comment pourrait-il l’être si, excès d’humanité ou défaut d’honnêteté, les Droits n’y sont pas reconnus, si les injustices n’y sont pas dévoilées, si l’oppression n’y est pas dénoncée, si les oppresseurs peuvent l’invoquer pour se renforcer, si les esclaves ne peuvent y puiser la force de briser leurs chaînes, si la rébellion ne peut y trouver son but et sa raison d’être, si l’innocence, dans un état dit de droits, ne peut se reposer sur lui en toute confiance ?



PREAMBULES ET ARTICLES FORMENT UN TOUT INDIVISIBLE

 

Préambule 1 : Est homme tout hominidé, quels que soient son sexe, son âge, la couleur de sa peau, sa langue, ses coutumes, ses croyances, ses passions, son niveau intellectuel, la manière dont il a été conçu ou mis au monde, etc.. 

Préambule 2 : Tout Citoyen est homme ; tout homme n'est pas nécessairement Citoyen. Est Citoyen tout homme reconnu tel par la Cité.

Préambule 3 : Est une Cité ou une association politique tout ensemble d’individus unis à l’origine pour survivre, donc pour être en sécurité, et qui, de ce fait, ont les uns envers les autres les mêmes Devoirs et se garantissent mutuellement les mêmes Droits.

Préambule 4 : L’accomplissement de Devoirs envers la Cité, c'est-à-dire envers l’ensemble des Citoyens, confère aux Citoyens des Droits dans la Cité, Droits que celle-ci a le Devoir de garantir. Les Devoirs de la Cité, c’est-à-dire des Citoyens en corps, sont aussi les Devoirs de chaque Citoyen en particulier.

Préambule 5 : Est un Contrat Social toute convention adoptée par les Citoyens, définissant les Devoirs élémentaires du Citoyen envers la Cité et ceux de la Cité envers chaque Citoyen, imposant à tous les individus voulant être Citoyens les mêmes Devoirs, reconnaissant à tous les individus s’en étant acquittés les mêmes Droits, posant ainsi l’Egalité comme le Principe fondamental de l’ordre social.

Préambule 6 : Les Devoirs et les Droits fondamentaux du Citoyen découlent de l'acte d'association politique. Les Principes de la Cité sont communs à toutes les Sociétés dignes de ce nom.

Préambule 7 : Il existe trois niveaux de Devoirs et de Droits : fondamentaux, indirects, particuliers, les Devoirs ou les Droits d’un niveau découlant des Devoirs ou des Droits du niveau supérieur.

Préambule 8 : Les Devoirs fondamentaux sont les obligations générales dont tout individu doit impérativement s’acquitter pour devenir ou demeurer Citoyen. Les Droits fondamentaux sont les jouissances théoriques que la Cité doit reconnaître et garantir à tous ses Citoyens.

Préambule 9 : Les Devoirs indirects sont les différentes actions concrètes par lesquelles les Citoyens peuvent remplir leurs Devoirs fondamentaux. Les Droits indirects sont les différentes formes pratiques par lesquelles les Citoyens exercent ou jouissent des Droits fondamentaux.

Préambule 10 : Les Devoirs particuliers sont les actions précises que les Citoyens doivent accomplir pour remplir un Devoir indirect ou mériter un Droit particulier. Les Droits particuliers, eux, découlent soit de l’exercice de Droits indirects, soit de l’accomplissement de Devoirs particuliers.

Préambule 11 : L’Egalité ne concerne que les Devoirs fondamentaux et les Droits fondamentaux et indirects. Il est en revanche impossible que les Citoyens s’acquittent tous des mêmes Devoirs indirects ou particuliers et jouissent des mêmes Droits particuliers.

Préambule 12 : Est une oppression tout acte de la part d’un particulier, d’un groupe ou d’un système attentant aux Droits d’au moins un individu. Il y a état d'oppression dès lors que l’Egalité entre « Citoyens » n'est pas.

Préambule 13 : Est une usurpation tout acte par lequel un individu, soit directement soit en se soustrayant à ses Devoirs, détourne à son profit des Droits générés par d’autres et dont il est indigne. L’usurpation est une oppression.

Préambule 14 : Citoyenneté et Nationalité sont deux choses distinctes : la première est un choix d’ordre économique et vital, la seconde, d’ordre politique et sentimental. L’une comme l’autre implique des devoirs et confère des droits.

Préambule 15 : Est un Citoyen national tout Citoyen considérant ses Concitoyens comme sa seule Patrie temporelle (l’Humanité étant la patrie métaphysique de tout homme) et joignant les actes à la parole. La Cité au sens large est l’ensemble des Citoyens ; la Cité au sens strict, la Nation, le Peuple souverain, est l’ensemble des Citoyens nationaux.

Préambule 16 : Est une loi toute règle ratifiée par les Citoyens nationaux et égale pour tous les Citoyens. Toute règle fondée sur d’autres principes n’a d’une loi que le nom.

Préambule 17 : Une loi ne doit défendre que ce qui est nuisible à la Cité et ordonner que ce qui lui est utile.

Préambule 18 : Les Cités étant des ensembles d’individus unis pour augmenter leurs chances de survie face au monde extérieur n’entretiennent théoriquement entre elles que des rapports de force. Leur capacité à dépasser ces considérations primaires sans pour autant saper les Principes de l’ordre social est la mesure de leur humanité.

Préambule 19 : Les Cités doivent, non par Principe, mais par humanité, cultiver entre elles les rapports qu’ont entre eux des Concitoyens.

Préambule 20 : La Cité ne connaît pas le pardon du crime. L’Humanité ne reconnaît aucun asile à la tyrannie et à la barbarie.

 

ARTICLE  PREMIER 

Les hommes naissent libres et égaux sans Droit, et doivent être égaux en Devoirs et en Droits en tant que Citoyens. Un Droit n’existe que s’il est reconnu et garanti par une Société. Les hommes ne naissent pas Citoyens et bardés de Droits ; ils le deviennent et doivent mériter et conserver leurs Droits par leurs actes.

 

I. L'HOMME

 

ART. II — Tout homme a le Devoir d’agir conformément à la présente Déclaration.

ART. III — Tout homme valide a le Devoir de pourvoir lui-même à ses besoins par l’exploitation de son propre potentiel. Tout homme est propriétaire de tout ce qu’il produit pour lui-même à partir de biens reconnus siens ou dont la propriété ne lui est pas contestée.

ART. IV — Tout homme a le Devoir de se soumettre aux lois de la Cité sur le sol de laquelle il se trouve, à moins que s’y soumettre mette en danger sa personne ou revienne à cautionner une tyrannie.

ART. V — Tout homme a le Droit de combattre ses oppresseurs, et le Devoir de combattre les oppresseurs d’autrui. Les moyens employés dans ce combat, pour être légitimes, doivent être tournés contre les oppresseurs seuls. Assujettir à des formes légales la résistance à l’oppression est le dernier raffinement de la tyrannie.

ART. VI — Tout homme a le Devoir d’élever, d’éduquer et de chérir sa progéniture jusqu’à son autonomie ou sa majorité légale.

ART. VII — Tout homme qui prétend à des Droits est responsable de ses actes, de l’usage qu’il fait de ses biens et, dans une certaine mesure, du comportement de sa progéniture.

ART. VIII — Tout homme a le Droit de disposer librement de son corps et même de sa vie tant qu’il ne met pas en péril des personnes non consentantes ou inconscientes.

ART. IX a — Tout homme accusé d’un acte considéré par la Cité comme un délit ou un crime a le Droit d’être jugé équitablement et défendu correctement. Nul ne peut être condamné sans preuves.

ART. IX b — Les peines doivent servir l’intérêt de la Cité et si possible celui des coupables. Elles sont faites moins pour sanctionner ceux qui ont enfreint les lois que pour dissuader de les enfreindre, moins pour punir les coupables que pour leur faire réparer leurs torts, leur ôter à jamais l’envie de récidiver et, dans les cas extrêmes, les empêcher de nuire à nouveau à quiconque. Elles sont utiles et justes quand elles remplissent leur objet.

ART. X — A moins d’être Citoyen, un homme a droit, dans la mesure des possibilités de la Cité, à une portion de sol propre à assurer son existence. Il a aussi le Droit de chasser et de cueillir dans le domaine public.

ART. XI — Tout homme a le Droit de choisir sa Cité, sous réserve que ladite Cité accepte de l’accueillir et que lui-même se montre digne par ses actes d’en faire partie.

ART. XII — Tout homme a le Droit de choisir sa Nationalité, sous réserve que la Nation concernée le reconnaisse comme un des siens et que lui-même assume son choix.

ART. XIII — Les enfants, qui ne peuvent être naturalisés, les étrangers, les apatrides et les Citoyens qui n’ont pas demandé ou obtenu la Nationalité n’en sont pas moins sous la protection de la Cité dont ils dépendent aux yeux du monde ou sur le sol de laquelle ils se trouvent.

 

II. LE CITOYEN

 

ART. XIV — Tout homme pour être Citoyen, et tout Citoyen pour le demeurer, doit être solidaire de ses Concitoyens, participer à la vie de la Cité selon ce que celle-ci considère comme une participation, se soumettre à ses lois et la défendre. Tels sont les Devoirs fondamentaux du Citoyen.

ART. XV — Tout Citoyen a le Devoir de mettre une partie de son potentiel au service de la Cité, selon ses exigences.

ART. XVI — La justice étant rendue au nom du Peuple, tout jugement nécessite la réunion d’un jury populaire. Tout Citoyen a le Devoir de respecter et faire respecter la loi. Tout Citoyen national a le Devoir de répondre présent à l’appel de la Cité lorsque celle-ci a besoin de son concours pour rendre la justice.

ART. XVII — Tout Citoyen doit jouir des Droits fondamentaux et indirects que la Cité reconnaît à ne serait-ce qu’un seul de ses Citoyens. Les Droits fondamentaux du Citoyen sont : la Sécurité et la Liberté, autrement dit Profiter de tous les bienfaits de sa Cité.

ART. XVIII — La Sécurité, premier but de l'association politique, consiste à être protégé par la Cité dans toute la mesure du possible, à exercer librement ses Droits de Citoyen et à jouir en paix de ses biens légitimes. Elle implique l’égalité en Droits (indirects) entre Citoyens et se conserve par l’accomplissement de ses Devoirs (fondamentaux) et le respect des Droits d’autrui.

ART. XIX a — Tout Citoyen a le Droit inaliénable de défendre lui-même les Droits que la Cité lui reconnaît lorsque celle-ci est provisoirement inapte à les lui garantir.

ART. XIX b — Un Citoyen menacé dans ses Droits et peut-être dans sa personne, ne pouvant compter que sur ses propres forces et devant réagir rapidement et violemment sous peine d’être une victime, est seul juge des moyens qu’il peut employer à sa défense, quelles que soient les conséquences pour son agresseur. La Cité qui n’a rien pu ou rien voulu faire pour lui sur le moment ne peut rien lui reprocher par la suite et doit au contraire et dans tous les cas poursuivre celui qui a créé cette situation en manquant à ses Devoirs et en attentant aux Droits d’un Citoyen.

ART. XX — Tout Citoyen a le Droit d’être armé pour sa défense et celle de ses Concitoyens. Tout Citoyen qui intervient pour défendre la personne ou les Droits d’un Concitoyen, comme il en a le Devoir, ne peut en aucun cas être poursuivi par la Cité.

ART. XXI — La Liberté consiste à jouir des mêmes Droits indirects que ses Concitoyens et à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas aux Droits d’autrui ou n’est pas interdit par la loi, égale pour tous. Quiconque outrepasse ses Droits manque à ses Devoirs, attente aux Droits d’autrui, viole la loi et s’expose à être privé momentanément ou définitivement des Droits dont il a abusé, voire de toutes les libertés.

ART. XXII — Tous les Citoyens ayant le Droit de profiter de tous les bienfaits de leur Cité, fruits de leurs Devoirs, ont Droit soit à une part égale du produit commun, soit à la possibilité d’accéder librement au marché du simple fait d’être Citoyens. Dans ce second cas, le Droit d’Accès, conféré par la Citoyenneté, donc égal pour tous les Citoyens car théoriquement illimité, a pour seules bornes les envies du Citoyen qui l’exerce, l’exercice par ses Concitoyens de ce même Droit, la nature des choses et au besoin la loi. 

ART. XXIII — Tout ce qui est produit dans le cadre d’un Devoir envers la Cité appartient en premier lieu à la Cité. Quand la Cité ne répartit pas elle-même le produit commun, les Citoyens se le répartissent par l’exercice de leur Droit d’Accès. Les biens attribués par la Cité ou retirés du marché deviennent des propriétés privées légitimes.

ART. XXIV — Les Citoyens peuvent également posséder, c’est-à-dire jouir et disposer à leur gré, dans le respect des Droits d’autrui, de tout ce dont la Cité les reconnaît propriétaires et de tout ce sur quoi elle ne leur conteste pas la Propriété.

ART. XXV a — Extraire les richesses du sol ou du sous-sol pour les mettre à disposition de la Cité est le Devoir des Citoyens auxquels celle-ci confie son sol comme outils de Travail. Ces richesses sont une production comme une autre.

ART. XXV b — Les richesses naturelles, appartenant à tous en général et à personne en particulier, ne peuvent en aucun cas devenir des propriétés privées, pas même lorsque l’intérêt de la Cité l’oblige à confier à des particuliers leur utilisation, leur exploitation, leur gestion, etc.

ART. XXVI a — Etre logé dignement et choisir lui-même son logement parmi ceux disponibles est le Droit de tout Citoyen. Ce Droit ne s’étend pas nécessairement aux maisons individuelles, celles-ci étant, plus que toute autre forme d’habitation, le prolongement d’une ressource naturelle, en l’occurrence le sol.

ART. XXVI b — Suivant son étendue et l’espace disponible, la Cité peut reconnaître le Droit de disposer de son sol pour se loger soit à tous les Citoyens, soit prioritairement aux Citoyens nationaux, soit exclusivement à ces derniers, soit à personne.

Art. XXVII — Tous les Citoyens ont Droit de regard sur toutes les parties de l’administration des affaires publiques.

ART. XXVIII — Tous les Citoyens ont le Droit de concourir à la formation des lois qui, cependant, ne peuvent être formulées, entérinées et servies que par les Citoyens nationaux.

ART. XXIX a — Lorsque les Citoyens nationaux sont trop nombreux pour pouvoir prendre directement et ensemble des décisions, chacun d’eux a le Droit de choisir son porte-parole et d’être lui-même choisi pour être celui de ses Concitoyens.

ART. XXIX b — Les décisions prises par des mandataires doivent être ratifiées par les mandants pour être légitimes et avoir force de loi. Les mandants peuvent à tout moment révoquer leurs mandataires suivant les formes établies par la loi.

ART. XXIX c — Un gouvernement qui adopte des lois sans consulter le Peuple souverain est anti-démocratique. Un régime qui ne laisse au Peuple d’autre voie que l’insurrection pour changer son gouvernement est tyrannique. Le Peuple a le droit inaliénable de les renverser par une action pacifique si possible, armée si nécessaire ; tous les hommes libres en ont le devoir.

ART. XXIX d — Le salut du Peuple est la loi suprême. Lorsque le gouvernement viole les droits du Peuple ou pactise avec ses ennemis, l’insurrection est pour le Peuple et pour chaque portion du Peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

 

III. LA CITE

 

ART. XXX — Le premier Devoir de la Cité est d’adopter un Contrat Social unique qui définisse les Devoirs et les Droits fondamentaux du Citoyen, c’est-à-dire les Devoirs qui confèrent la Citoyenneté et les Droits que celle-ci confère. Sans lui, il n’y a ni Citoyens ni Egalité ni état de Droits ni Société digne de ce nom.

ART. XXXI — La Cité, comme la Nation, a le Droit d’accueillir sur son territoire ou en son sein, ou d’en chasser, qui elle veut, conformément à ses lois.

ART. XXXII — La Cité a le Devoir d’assurer sa propre conservation, de défendre l’intégrité de son territoire, de préserver l’indépendance, l’identité et l’existence du Peuple ; de garantir l’égalité des Citoyens en Droits fondamentaux et indirects et de s’assurer qu’ils remplissent tous au préalable leurs Devoirs fondamentaux ; en un mot de garantir les droits collectifs et individuels des Citoyens.

ART. XXXIII — La Cité a le Devoir d’agir dans l’intérêt général, c’est-à-dire de satisfaire les intérêts légitimes du plus grand nombre de ses Citoyens. L’intérêt général prime les intérêts particuliers. La Cité doit cependant ménager autant que possible les intérêts particuliers légitimes et trouver une forme de compensation acceptable par les intéressés lorsque l’intérêt général l’oblige à en froisser certains.

ART. XXXIV — La Cité ne reconnaissant comme siennes que les lois adoptées par elle a le Devoir de soumettre l’ouvrage des élus à l’approbation des électeurs.

ART. XXXV — La Cité a le Devoir de faire connaître ses lois et les peines que les enfreindre fait encourir avant d’avoir le Droit d’exiger que chacun les respecte. Nul ne peut être empêché de faire ce qu’une loi n’interdit pas au moins en principe ni être contraint à faire ce qu’aucune n’ordonne.

ART. XXXVI — La Cité a le Devoir de punir sévèrement ceux qui abusent de l’autorité qu’elle leur a confiée. Nul n’est au-dessus des lois.

ART. XXXVII — La Cité, afin de savoir qui participe et qui prévarique, qui est Citoyen et qui usurpe des Droits, a autant le Droit d’exiger des Travailleurs un effort minimum significatif que celui de s’assurer qu’ils l’ont effectivement fourni.

ART. XXXVIII — La Cité a le Devoir de prendre en charge, sans restreindre leurs Droits, les Citoyens ne pouvant pas ou ne pouvant plus participer à la vie de la Cité.

ART. XXXIX — La Cité a le Devoir d’apporter aux enfants attention, protection et instruction, aux adolescents une formation civique et professionnelle, aux malheureux du réconfort et à l’Humanité opprimée ou en danger du secours.

ART. XL — La Cité a le Devoir de protéger son patrimoine culturel et naturel afin de le transmettre aux générations futures dans le meilleur état possible.   

ART. XLI — La Cité a le Devoir de protéger le Droit à la vie privée, étant de l’ordre du privé tout fait qui, échappant au public, à la Justice ou à l’Histoire, veut être conservé secret ou discret par l’intéressé.

ART. XLII — La Cité, ayant l’obligation de protéger ses Citoyens et d’assurer sa propre conservation, a le Devoir de mettre hors d’état de nuire les dangers publics et le Droit d’anéantir ses ennemis mortels.

ART . XLIII — La Cité n’a le Droit de garder en détention que les individus qui, ayant volontairement ôté ou bouleversé à jamais la vie de leurs victimes, ont de fait perdu tous leurs Droits, et ceux qui, ne pouvant ou ne voulant pas réparer leurs torts, ne peuvent être sanctionnés autrement.

ART. XLIV — La Cité doit soutenir les Peuples opprimés et est en dernier recours un asile pour les révoltés en danger de mort.

ART. XLV — Tout ce que la Cité accorde par humanité n’est point un dû de sa part et ne peut être regardé comme un Droit inaliénable par le bénéficiaire qui doit autant que possible s’en montrer digne et, s’il le peut, puiser dans cette aide les forces pour intégrer une Cité ou assumer seul son existence à l’avenir.

 

Philippe Landeux

Le Civisme ou théorie de la Cité

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