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mardi, 08 mars 2011

AVIS AUX IMMIGRES

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu,
et on persécute ceux qui sonnent le tocsin »
Chamfort



Immigrés, descendants d’immigrés,
Arabes, Africains, Musulmans,

Nous n’avons aucune haine contre vous. Sauf cas particuliers, nous n’avons rien contre vous individuellement. Nous savons que vous êtes les instruments, les victimes et les alibis de nos propres ennemis. Ce sont eux, vos faux amis, qui, par leurs outrances continues, vous ont transformés en fléaux et ont fait de vous collectivement des ennemis.

Sous prétexte de respecter vos identités d’origine, ils ont renoncé à la politique française ancestrale d’assimilation, ils vous ont laissés vous différencier, vous marginaliser, vous communautariser.

Sous prétexte de ne pas vous stigmatiser, ils s’apitoient sur vous, ils vous ménagent, ils vous favorisent, ils vous discriminent positivement, ils vous autorisent à déroger aux lois, ils font pour vous des exceptions scandaleuses qui vous signalent comme des étrangers arrogants, et prétendent que c’est nous — nous qui dénonçons ces procédés et en constatons les résultats — qui vous stigmatisons. Du coup, c’est nous qu’ils stigmatisent sans pudeur.

Sous prétexte d’ouverture aux autres cultures, ils veulent mélanger les populations, faisant ainsi d’une chose naturelle dont nul ne nie les bienfaits quelque chose dont eux seuls ne voient pas l’aberration et les dangers.

Sous prétexte de diversité, ils n’acceptent plus que la différence des autres, ils oublient et refusent de préserver leur originalité, ils font de vous le moyen de détruire notre identité ethnique et culturelle. Et dès que la réalité contredit leur discours idyllique et pontifiant, dès que leur idéologie est prise en flagrant délit, dès que les Français bafoués grondent, ils occultent les faits, ils nient les problèmes ou leur cause, ils prétendent que tout est identique, qu’il n’y a pas de différences, que tout se vaut ; bref ils sont prêts à dire tout et son contraire pour sauver la face aux dépens de la France. 

Sous prétexte de ne pas être racistes et de ne pas faire d’amalgames, ils vous défendent en bloc, ils ferment les yeux sur les forfaits que commettent vos frères, ils encouragent la délinquance à se développer parmi vous, ils vous obligent à être solidaires des délinquants, ils sont les premiers à vous réduire à votre race tout en niant la nôtre, à vous enfermer dans la culture couscous tam-tam, ils ont tout fait pour vous discréditer aux yeux des Français.

Sous prétexte de « droits de l’homme » de leur cru, ils nient les droits du Peuple français qu’ils reconnaissent par ailleurs à tous les peuples, ils ne reconnaissent aux étrangers que des vertus et des droits, et aux Français, aux Blancs, aux salauds, que des crimes et des devoirs.

Sous prétexte qu’ils aiment l’Humanité en général, ils détestent leur Peuple en particulier et abhorrent le patriotisme. Comment ces traîtres à leur patrie pourraient-ils être de vrais amis pour vous ? Ils se repaissent de honte, ils se chargent de tous les pêchés, ils chassent tout sentiment de fierté, ils effacent leur histoire, ils vous donnent toutes les raisons de ne pas vouloir vous sentir Français, ils insultent et détruisent la communauté nationale pour vous complaire, supposant ainsi que vous n’avez et ne pouvez rien avoir de commun avec elle, et vous en excluent de gré ou de force, tout en prétendant que vous êtes intégrés, puisque, si vous vous sentez malgré tout Français, ce qui serait un exploit, l’intégration au néant qu’est soi-disant la France n’a pas plus de sens que brasser du vent. Etrangers vous êtes, étrangers vous resterez à leurs yeux, car, selon eux, vous qui avez émigré ne devez pas pour autant renoncer à ce que vous êtes et ne pourrez jamais devenir ce que personne n’est, à savoir Français, c’est-à-dire quelque chose qui ne signifie rien pour eux et ne doit rien signifier d’autre pour vous que « restez vous-mêmes ». C’est ainsi, par exemple, qu’ils défendent le droit à la double nationalité qui, par définition, indiquent que les sentiments et les allégeances des intéressés sont partagés entre deux nations (à moins que tout aille effectivement à l’une, l’attachement à l’autre étant soit résiduel soit simulé par intérêt, ce qui, dans ce dernier cas, est le summum de l’hypocrisie) ; de sorte que, en défendant cette disposition pour soigner leur réputation d’humanistes, ils trahissent à la fois les immigrés qui, étant dispensés de se positionner clairement, suscitent à bon droit la défiance des nationaux, et les nationaux, en l’occurrence les Français, qu’ils abreuvent d’insultes parce que, en toute logique, ils ne considèrent pas comme des nationaux à part entière des gens qui, de fait, et à cause d’eux, n’en sont pas.

Sous prétexte qu’ils respectent les hommes, ils font comme si les immigrés n’en étaient pas, comme s’ils n’avaient aucune histoire, aucune coutume, aucune sensibilité, aucune patrie, bref comme s’ils étaient des meubles inconsistants, des objets invisibles et insipides que l’on peut déplacer à volonté, sans conséquence pour eux ni pour les autochtones, pour nous en l’occurrence qui ne semblons pas davantage être des hommes selon eux, puisque, au nom des immigrés cette fois, ils nient notre identité, font comme si nous étions des « terrains vierges », comme si nous devions et pouvions tout accepter, comme si nous n’étions même pas des légumes.

Sous prétexte qu’ils respectent les femmes, ils trouvent avilissant que les Blanches restent au foyer, fassent des enfants et peuplent la France, mais ils trouvent normal que les Arabes et les Africaines servent de boniches, fassent des gosses à tour de bras et repeuplent la France directement ou indirectement via l’immigration ! Manifestement, à leurs yeux, les unes sont des femmes, les autres sont des ventres, mais ce n’est pas du racisme puisqu’ils se sont labellisés antiracistes ! Remarquons d’ailleurs qu’ils justifient l’immigration par le faible taux de natalité des Européens, mais qu’il ne leur vient pas à l’esprit d’engager une vraie politique de natalité et d’aide aux familles françaises. La famille, la patrie, comme Pétain, quelle horreur ! Le travail, passe encore ! Malheureusement, ils sont simultanément pour l’immigration, légale et illégale, qui tire les salaires à la baisse quand elle ne prive pas les Français d’emploi, et contre le protectionnisme — c’est-à-dire du patriotisme en matière économique —, donc ipso facto pour les importations de produits étrangers et les délocalisations d’entreprises françaises. En bons internationalistes, ils sont même ravis que les pays étrangers prospèrent… à nos dépens. Résultat : les frais de l’Etat providentiel explosent et les Français sont pressurés au maximum, ce qui, évidemment, leur coupe l’envie de faire et d’avoir des enfants. Leur solution : Vite des immigrés ! Deux millions de plus, pour Attali. Ils feront les sales boulots et paieront nos retraites ! Quelle humanité !

Sous prétexte qu’ils ne sont pas xénophobes, ils ne refusent rien aux étrangers et vous ont laissés nous envahir comme aucun Peuple ne l’a jamais été ; aujourd’hui, ils appellent ouvertement à la substitution des Peuples français et européens par des immigrés (cf. rapport de l’ONU sur les migrations de remplacement), et la légitime exaspération qu’ils ont suscitée à votre endroit comme à leur égard justifie encore à leurs yeux qu’ils vous idolâtrent autant qu’ils nous haïssent. Ils aiment tellement les étrangers qu’ils semblent vouloir en devenir eux-mêmes dans leur propre pays. Mais pourquoi devrions-nous partager leur délire alors que la meilleure solution pour tout le monde, la solution la plus logique, la plus simple et la plus saine serait qu’ils émigrent ?

Toujours au nom de leur xénophilie, ils ne distinguent pas l’immigration des immigrés, le phénomène de masse des individus, l’immigration massive d’une immigration raisonnable, ils croient qu’être contre l’immigration est être hostile aux immigrés et, partant, ils croient que respecter les immigrés implique de favoriser l’immigration à outrance. Ils ne réalisent pas qu’une immigration soutenue finit par être une nuisance non seulement pour le pays d’accueil et ses autochtones mais aussi et en premier lieu pour les immigrés déjà présents auxquels les nouveaux arrivants font de l’ombre en toute chose. Et ces gens sans nuance dénoncent comme extrémistes leurs détracteurs qui appellent à la modération !

Sous prétexte qu’ils sont citoyens du monde, qu’ils sont potes avec l’univers, ils détruisent toutes les nations, la nôtre aussi bien que celles de vos ancêtres ; ils font tout contre nous et rien pour vous ; ils se croient chez eux partout mais invitent tout le monde chez nous, sans nous consulter, en nous déniant le droit de protester ; ils crachent sur la France mais accordent à tout le monde la nationalité française qui ne signifie rien pour eux et qui, dans ces conditions, ne signifie effectivement plus rien. Hier, ils fustigeaient sous le nom de souverainistes, de populistes, les défenseurs de la nation, les opposants à l’Europe ; aujourd’hui, ils menacent : « Touche pas à ma nation ». Après le capitalo-socialisme déjà cocasse, ils viennent d’inventer le national-mondialisme à pleurer ! Ils changent le sens des mots à leur convenance pour abuser le gogo. Ils rendent obligatoire l’usage de ceux qu’ils proscrivaient la veille dès lors qu’ils les ont dénaturés (cela s’appelle le novlangue, dans 1984, de George Orwell), afin qu’il n’y ait plus de mots pour penser, pour se rebeller et faire obstacle à leurs projets inavouables.

Sous prétexte qu’ils sont anticolonialistes, c’est-à-dire contre l’idée que les peuples sauvages ont besoin de nous chez eux, ils deviennent des néo-colonialistes soutenant l’idée que les sauvages, les malheureux de la Terre, les ressortissants des pays sous-développés ne peuvent trouver le salut que chez nous. Ils ne conçoivent pas que le bonheur, pour un homme, soit de vivre dans sa patrie, sur sa terre, au milieu des siens, et non de s’expatrier. Ils ne réalisent pas que l’émigration qu’ils encouragent est un double désastre pour ces pays, d’une part parce qu’ils sont vidés de leurs forces vives, d’autre part parce que l’immigration, ne leur en déplaise, crée chez nous une infinité de problèmes qui retiennent toute notre attention et nous ôte les moyens, si ce n’est l’envie, d’aider intelligemment lesdits pays. C’est toujours le même mépris des Peuples, le même orgueil impérialiste mais sous un autre vernis.

Enfin, sous prétexte qu’ils sont antifascistes, qu’ils sont généreux, tolérants, ouverts, pacifistes, ils taxent tous leurs détracteurs de fascistes, ils nazifient tout ce qui les contrarie sans s’apercevoir qu’ils sont, eux, des collabos de la pire espèce, les derniers des crétins ou les plus grands hypocrites, les fléaux de toute civilisation ; ils s’autorisent tous les mensonges, toutes les calomnies, toutes les contradictions, toutes les intrigues, toutes les exactions, toutes les violences ; ils exercent la pire tyrannie sur les consciences.

En somme, nos ennemis, vos faux amis, n’ont d’autres mérites qu’un étalage de bons sentiments. Ils dirigent tout, leurs idées sont au pouvoir à tous les niveaux : politique (français, européen et international), médias (télévision et presse), éducation, syndicats, associations subventionnées. La situation actuelle de la France est sans conteste leur œuvre, et cette situation est catastrophique dans tous les domaines. : politique, démocratique, financier, emploi, éducatif, culturel, social, esprit civique, sécurité, niveau de vie, qualité de vie, santé, natalité, urbanisme. Tout s’est dégradé sous leur empire. Faute de pouvoir rejeter la responsabilité sur d’autres (bien qu’il essayent), ils nient le constat, font semblant d’ignorer les rapports de cause à effet, et n’ont d’issue que dans la fuite en avant, dans la crispation et la surenchère idéologique, dans l’abstraction surréaliste convertie en vérité par le matraquage médiatique.

Or vous êtes au cœur de leur idéologie immigrationniste, antiraciste, multiethnique, multiculturaliste, métissalocrate, en un mot anti-française. Ils se servent de vous pour détruire la France par le bas, et de l’Europe pour la détruire par le haut. Car c’est bien se servir de vous que de vous permettre de venir pour ensuite vous abandonner à votre sort ou de vous aider de manière à vous aliéner systématiquement les Français. Ils est temps que vous compreniez que ces gens-là sont des individualistes, qu’ils ne vous aiment pas, qu’ils n’ont pas plus de respect pour vous que pour nous, qu’ils vous flattent parce qu’ils vous méprisent, que vous n’êtes pour eux qu’un besoin idéologique, l’occasion d’une B. A..

Tout chez eux n’est que posture. Mais ils n’en imposent qu’aux ignorants et aux esprits faibles. Qui gratte un peu découvre vite la mauvaise foi et les contradictions volontaires des uns, la bêtise et les incohérences inconscientes des autres, et la responsabilité de tous, coupables et complices, dans le marasme actuel. Les résultats de leur politique sont toujours à l’opposé des prétentions philanthropiques qu’ils affichaient. Cela n’a rien d’un accident : c’est le calcul des valets de Largent qui poursuivent un projet mondialiste au nom de la fraternité (plus de nations, plus de frontières, plus de démocratie, juste un marché planétaire et l’exploitation universelle des individus désormais sans défense), et la conséquence fatale de l’angélisme des bobo-gauchos qui servent ce projet au nom des droits de l’Homme désincarné (quels droits exactement ? et les devoirs ? et les citoyens ? et les Peuples ?). Ils ont si bien travaillé depuis des décennies que Français et immigrés sont aujourd’hui au pied du mur.

Les Français ne peuvent plus se dissimuler que l’immigration dans de telles proportions est une invasion, la plus sournoise, la plus importante, la plus mortelle invasion que la France ait connue, une invasion organisée par leur propre gouvernement, à laquelle vous participez malgré vous et que certains d’entre vous osent même encourager. Expropriés et piétinés un peu plus chaque jour, ils sont en plus sommés de se taire sous peine d’ignominie. Leur Peuple et, partant, leur pays, sont en passe de disparaître sous leurs yeux. Soyez sûrs qu’ils ne l’acceptent pas et qu’ils finiront par réagir violemment. Soyez sûrs qu’un incident mettra tôt au tard le feu aux poudres. Alors ce sera une guerre à mort entre eux et vous, une guerre que les Français qui sont chez eux n’auront d’autre choix que de remporter.

En supposant qu’il soit encore possible de prévenir la tragédie, il n’y a qu’une politique à adopter et à mettre en œuvre d’urgence : sortir de l’Europe ou la laisser brailler, stopper net l’immigration arabo-africaine et réduire par tous les moyens le nombre d’arabo-africains, donc ne plus délivrer aucun visa, permis de séjour ou de travail, être sans pitié envers les immigrés clandestins et sans-papiers (et leurs employeurs), ne plus accorder aucune aide financière si ce n’est une aide au retour, supprimer le droit du sol et assujettir la nationalité à des conditions et des devoirs, interdire la double nationalité et obliger les individus dans ce cas à choisir, expulser tous les délinquants étrangers et leur famille, exiger l’assimilation (langue, prénom, vêtement, discrétion religieuse, respect des lois) de ceux qui prétendent être Français, déchoir de la nationalité et expulser tous les contrevenants, réprimer tous les détracteurs de ces mesures. Bien sûr, cette politique doit s’accompagner de mesures dites sécuritaires tant dans les rues que dans les écoles, d’un renforcement des effectifs policiers, d’un retour de la discipline, du civisme et du patriotisme, mesures nécessaires pour calmer les choses, apaiser les esprits, rassurer les Français sur leur présent et leur avenir, mettre un terme aux prétentions et aux débordements de certains immigrés et créer des conditions favorables à l’assimilation des autres. Mais ces mesures annexes sans ladite politique seraient inutiles puisque le problème est aujourd’hui le nombre excessif d’immigrés qui fait d’eux une masse indigeste pour la France.

Malheureusement, ce discours dur mais sensé est si « politiquement incorrect » que les gauchistes qui ne savent pas faire la différence entre expulser et déporter, entre réduire et exterminer, ou plutôt qui font la confusion à dessein, se pâmeront d’indignation, crieront au scandale et voueront son auteur aux gémonies, préférant continuer à se bercer d’illusions plutôt que de voir la réalité en face et d’opter pour le moindre mal. Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Vous-mêmes, feignant de ne pas comprendre, vous poserez sans doute une fois de plus en victimes et hurlerez au racisme, insultant ainsi les Français, au lieu de reconnaître l’illégitimité de vos positions, de voir le danger de votre situation, et d’entendre les ultimes exhortations de la raison et de l’humanité. Il n’y a donc aucun espoir d’éviter la confrontation. Il ne vous reste plus qu’à choisir clairement votre camp.

Dans une guerre civile, il n’y a que deux camps. Les subtilités n’ont pas cours. Les difficultés sont tranchées net. Ceux qui, aujourd’hui, arguent de la complexité de certaines situations personnelles pour affirmer l’impossibilité d’un conflit et continuer à narguer les Français à bout de patience sont des imbéciles ou des menteurs, dans tous les cas des criminels. Non seulement ces endormeurs-pyromanes contribuent à ce que la situation nationale se détériore encore davantage, mais ils fournissent des arguments sans valeur à leurs dupes qui tomberont de haut, et laissent les gens candides s’enfoncer dans des situations qui seront dramatiques à l’heure du réveil. Ils croient en imposer aux Français en évoquant les immigrés qui sont nés ici, ceux qui sont installés depuis longtemps, ceux qui travaillent, ceux qui sont mariés à une Française ou un Français, ceux qui ont des enfants, ceux qui sont métissés, et en prétendant que tous sont français ou, du moins, qu’ils ont leur place en France. Ils oublient qu’ils sont les promoteurs de cette immigration incontrôlée que les Français ont tolérée un temps mais n’ont jamais sollicitée. Ils oublient que l’idéologie lénifiante qu’ils ont fabriquée pour favoriser cette immigration désastreuse n’engage qu’eux et ceux qui, pour leur malheur, se sont laissés enfumer. Les Français, eux, n’ont à tenir compte ni de leurs arguments ni du fait accompli. S’ils hésitent à agir pour ménager des individus égarés ou indécis, comme l’espèrent leurs ennemis, c’est leur Peuple qu’ils condamnent à mort. Ils doivent donc, comme tout le monde, faire en fonction de leurs intérêts. Quand ils se lèveront, toute personne résidant en France, à moins de fuir, devra choisir son camp et y être admise, sous peine d’être prise entre deux feux.

Dans cette guerre-là, le partage des hommes se fera, dans le meilleur des cas, par rapport à leur état d’esprit, au pire, selon leur race. Contrairement aux dires des gauchistes, les Français qui aujourd’hui s’insurgent contre l’immigration massive ne sont ni xénophobes ni racistes. Ils conçoivent que des individus puissent être Français sans être Blancs, à condition qu’ils soient parfaitement assimilés, mais ils n’ont pas la naïveté de croire que la France peut rester elle-même, dans l’intérêt de tous, si les Blancs ne demeurent la grande majorité de la population (Cf. De Gaulle) ; ils ne poussent pas la tolérance envers les autres jusqu’à la trahison des leurs. Ainsi, dans le meilleur des cas, le camp des Français sera constitué des patriotes français et des immigrés assimilés ou désireux d’être Français, auxquels se joindront éventuellement des immigrés ne prétendant pas être Français, reconnaissant néanmoins la légitimité de leur combat et ne se sentant rien de commun avec leurs ennemis ; l’autre camp regroupera donc les immigrés non-assimilés, non-assimilables, la racaille, les islamistes, et les bobo-gauchistes (du moins dans un premier temps). Dans le pire des cas, il y aura le camp des Blancs, français et immigrés européens, avec probablement les Jaunes, et le camp des autres : Arabes et Noirs (Musulmans). Les bobo-gauchistes réaliseront alors que, malgré leurs arguties sur les races, ils sont blancs.

Dans une guerre civile, les lois antérieures sont nulles. Personne ne porte d’uniforme. Il faut cependant identifier en un instant ses ennemis autant que ses amis, quoiqu’il vaille mieux prendre un ami pour un ennemi et le tuer, qu’un ennemi pour un ami et se faire tuer. Les critères pour distinguer les uns des autres doivent être aussi simples et sûrs que possible, donc concrets et probants. Dans le feu de l’action, l’ennemi est celui qui me tire dessus, l’ami est celui qui tire dans la même direction. Le reste du temps, l’ami et l’ennemi se reconnaissent à leur le type ethnique, à leur vêtement, à leur façon de parler, à leurs prénoms, à des coutumes, à des propos. De tous ces critères (on remarque que les papiers d’identité n’en sont pas un), le seul qui ne puisse être falsifié pour tromper l’ennemi est le type ethnique. D’où le risque qu’un conflit provoqué par l’immigration tourne par la force des choses en conflit purement racial, et ce risque est d’autant plus grand que les immigrés intelligents, au lieu de garder raison, tombent eux-mêmes dans le piège de la solidarité raciale, faisant ainsi le jeu de tous les extrémistes.

Maintenant, en supposant qu’avec ou sans conflit la France tombe en votre pouvoir, que restera-t-il de la France qui vous a attirés, de celle qui a attiré vos pères ? Ce n’est pas la géographie qui fait un pays, mais sa population. La France sans Français, sans Européens, peuplée d’Arabes et d’Africains, ne sera plus qu’un pays arabo-africain. Elle sera déchirée par le tribalisme et étouffée par l’islam, comme le sont tous ces pays, comme le sont déjà certains quartiers. Les sources de la prospérité seront taries. Vous aurez détruit une civilisation sans profit ; vous aurez instauré ici ce qui, là-bas, vous avait fait fuir. Considérez donc ce que vous avez à gagner et ce que vous avez à perdre.

Immigrés, descendants d’immigrés, mettez-vous un instant à la place des Français, des Européens. Examinez de bonne foi leur situation et la vôtre. Que penseriez-vous, que feriez-vous dans une situation inverse ? Qu’ont fait vos pères ?

Admettez que vous êtes de plus en plus nombreux et trop nombreux déjà. La France n’aurait jamais du vous ouvrir autant ses portes et ne peut plus accueillir d’autres de vos compatriotes ou de vos congénères. Votre présence massive la déstabilise à tous les niveaux. De nouvelles arrivées ne peuvent que vous nuire.

Votre intérêt est au fond le même que celui des Français : la paix, la liberté, la sécurité, la prospérité, des enfants heureux, éduqués, instruits. Tous ces bienfaits sont aujourd’hui compromis. Les assurer passe par l’arrêt de l’immigration extra-européenne, par la réduction du nombre d’Arabes et de Noirs en France et par l’assimilation des restants. Vous le savez en votre fort intérieur.

Vous savez que ce discours sans complaisance, sans condescendance est celui de la Vérité. Vous savez que ceux qui, depuis des décennies, se disent vos amis et tiennent le discours inverse, aussi séduisant soit-il de prime abord, n’ont fait que se tromper et vous tromper. Regardez autour de vous ! Les laisserez-vous encore longtemps parler à votre place, contre vos intérêts, contre nous ? Nous laisserez-vous seuls défendre en vain vos intérêts contre vos véritables ennemis ?

Vous seuls pouvez parler d’immigration et condamner les excès de vos frères de sang sans être exposés aux insultes et au discrédit. Vous seuls pouvez faire rentrer sous terre les capitalo-gauchistes. Mais le temps presse. Il est urgent que vous vous fassiez entendre et que vous parliez fort et vrai. Il est non moins urgent que vous prêchiez d’exemple, que vous fassiez enfin, massivement, ce que les Français attendent de vous pour vous accepter comme leurs égaux ou vous considérer comme de respectables étrangers. Ne protestez pas : prouvez vos intentions et vos allégeances. Plus de provocations, plus de manœuvres dilatoires, plus d’ambiguïtés : aujourd’hui est à la franchise, demain sera à la poudre. De même que le Peuple français ne peut plus compter que sur lui-même pour se sauver si rien ne change, vous êtes le dernier espoir de sauver la paix et votre place en France.

C’est à vous, Français d’origine étrangère, Arabes ou Noirs parfaitement assimilés, qu’il appartient d’être en première ligne pour livrer cette bataille de la dernière chance. C’est vous qui avez le plus à perdre dans un conflit racial. Vous pouvez espérer que les Français vous considèreront comme des leurs, mais en êtes vous si, sur la question de l’immigration, vous pensez en immigrés, si vous cautionnez l’invasion de la France, si vous laissez les Français se dépêtrer ? Et que ferez-vous si, rejetés par les Blancs parce que pas assez français dans votre tête, vous êtes aussi rejetés par les autres — avec lesquels vous ne vous sentez rien de commun — parce que trop francisés dans vos mœurs ? Envisagez donc le pire conflit pour puiser le courage de le prévenir ou, du moins, pour montrer aux Français que vous aimez la même France qu’eux et que votre place est sans conteste dans leurs rangs.

Et vous, Arabes et Noirs partiellement assimilés mais qui croyez l’être totalement parce que vous vous sentez réellement français, parce que vous aimez réellement la France, parce que la France a baissé pour vous ses exigences sous le nom d’intégration, comprenez où le bât blesse. Nul ne peut être Français à part entière s’il n’est perçu comme tel par les Français, si sa francité soulève des doutes. De ce point de vue, votre physique est par nature un handicap. Les Français sont cependant capables d’en faire abstraction à condition que, de votre côté, vous ne l’aggraviez pas. Or vous multipliez les signaux qui interpellent les Français. Certains détails sont peut-être anodins pour vous, mais pas pour eux, car ils sont symboliques et révélateurs d’un état d’esprit. Ainsi ne pas parler français avec des Français supposés, en public comme en privé, porter un prénom étranger, se vêtir selon des modes étrangères, brandir le drapeau d’un autre pays que la France, avoir une double nationalité, penser en immigré ne sont pas exactement des indices de francité, et ce serait demander l’impossible aux Français de voir en vous leurs pareils. Des signaux sont faits pour être perçus, et vous savez par expérience que les Français, même s’ils ne se l’avouent pas, perçoivent ceux-là de manière négative. A vous, donc, de faire ce qu’il faut pour ne pas les envoyer. Car vous ne convaincrez pas les Français de changer d’avis à votre sujet — ce qui reviendrait à exiger d’eux qu’ils prennent des vessies pour des lanternes — en objectant, en les injuriant, bien au contraire ; ils ne changeront d’avis, vous ne gagnerez leur respect et leur affection qu’en répondant à leurs attentes. Vous obstiner à conserver et à émettre des signaux négatifs (par maladresse ou mauvaise foi ?) vous porte autant préjudice que les corriger volontairement témoignerait en votre faveur. En outre, n’oubliez pas que, si la situation dégénère en guerre civile, c’est à de tels signaux, aux prénoms en particulier, que les Français reconnaîtront leurs ennemis et qu’il sera alors trop tard pour changer d’uniforme et illustrer votre sincérité. Et votre intérêt est encore plus grand à prévenir un conflit ethnique dans lequel votre peau serait votre passeport pour une destination imposée. Alors ne jouez plus les susceptibles, ne faites pas semblant de ne pas comprendre, cessez d’ergoter ; vous jouez vos vies.

Et vous, Arabes et Noirs déracinés, désorientés, nés ici ou ailleurs, naturalisés ou non, qui ne savez plus qui vous êtes, qui n’êtes pas assimilés et plus assimilables après tant d’errance et de confusion mentale, qui demeurez en France sans trouver place au sein de la communauté nationale, qui ne voyez de famille que dans vos congénères ou vos coreligionnaires, qui, pour les uns, cultivez des souvenirs exotiques, pour les autres, nourrissez des rêves de vengeance et de conquête, qui, tous, êtes par le fait des étrangers aux yeux des Français, vous êtes à la fois les victimes de la politique que nous dénonçons et les instruments des maux que nous subissons en silence pour le moment. Nous compatissons à vos souffrances, mais nous ne pouvons vous laisser faire notre malheur, même malgré vous et par le seul effet de votre nombre. Nos ennemis vous ont placés dans cette situation déchirante. Dénoncez-les ! Clarifiez les choses. Devenez Français, agissez, pensez comme tel, si cela est possible, ou assumez d’être étrangers, renoncez à la nationalité française et rentrez chez vous, retournez auprès des vôtres, cherchez dans votre patrie le bonheur que vous ne pouvez trouver en France. C’est le bon moment pour partir dans les meilleures conditions. Ceux qui resteront ici sans suivre aucun de ces conseils amicaux seront ceux par qui la guerre arrivera.

Et vous, Musulmans, vous allez aussi devoir faire un choix. La France ne tourne pas autour de l’islam. Un Français n’est pas un non-musulman. En revanche, un vrai Musulman, un islamiste, n’est pas Français ; ses valeurs, ses coutumes ne sont pas celles de la France. Vous allez donc devoir choisir entre vous définir comme des Français, c’est-à-dire des Musulmans modérés, discrets, francisés, donc que vous dépouilliez votre religion de ses dehors orientaux et de ses pratiques illégales en France, ou vous définir comme des Musulmans voulant imposer en France la charia et autres joyeusetés, donc comme des non-Français, comme des étrangers et même des ennemis.

Et vous, Arabes et Noirs de passage, travailleurs immigrés, descendants d’immigrés fiers de vos origines, conscients que votre place n’est pas ici et qui ne feignez pas d’être français ; patriotes d’ailleurs, vous qui aimez vos pays d’origine comme nous aimons le nôtre, vous qui n’avez pas l’impudeur d’appeler vos congénères à nous envahir et de nous taxer de racistes et de fascistes parce que nous ne consentons pas à être envahis ; vous qui plus que tout autre pouvez comprendre l’embarras des vrais humanistes que nous sommes face à une immigration démesurée et destructrice ; vous qui savez à quel degré de fureur et d’héroïsme peut porter le patriotisme aux abois parce que vous êtes de cette trempe, comprenez que, malgré tout le respect qu’inspire votre dignité, il est difficile de vous distinguer de la foule de nos ennemis — cela l’est d’autant plus que vous ne vous manifestez pas — et que, par conséquent, votre présence ajoute à nos inquiétudes. Votre refus de vous assimiler est légitime, la France ne l’exige ni des étrangers ni des touristes, mais ce refus prête à malentendus. N’étant pas des touristes, êtes-vous des étrangers ou des conquérants ? A vous de dissiper les doutes. A vous de démentir les capitalo-gauchistes qui vous décrètent Français sans vous consulter, qui vous prennent, qui nous prennent tous pour des débiles ; à vous d’affirmer que vous vous êtes étrangers et que vous partagez nos sentiments et nos principes. Mais soyez aussi conséquents : Annoncez que vous comptez retourner dans votre patrie et partez avant d’être entraînés contre nous dans un conflit qui ne vous concerne pas ou, si vous différez votre départ, soutenez-nous ouvertement au lieu d’avoir l’air de nous défier et battez-vous à nos côtés. Vous ne pouvez pas rester sans être avec nous ou contre nous.

Un homme averti en vaut deux.

De Munich à Montoire !

Philippe Landeux

Ecrit pour et publié par Riposte Laïque

23:48 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : avis, immigrés, guerre, civile |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 07 mars 2011

DE GAULLE ET LA FRANCE

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger de mort, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur. »

Charles de Gaulle

Mémoires de guerre, p. 1.

09:59 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 9.1. PAROLES D'HOMMES | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

mardi, 01 mars 2011

PENSEE DU JOUR : chefs et présidents

Les élections font des présidents ; les circonstances font des chefs.

lundi, 28 février 2011

CARMAGNOLE POUR M. VETO

1.
Monsieur Veto avais promis 
D'être fidèle à son pays (bis)
Mais il y a manqué
Ne faisons plus quartier.

Refrain :

Dansons la carmagnole,
Vive le son, vive le son !
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !

2.
Monsieur Veto nous promettait
D’assurer la sécurité (bis)
Mais pour tout résultat
Il met les flics à bas !

3.
Monsieur Veto, à l’Elysée,
Croit pouvoir tout privatiser. (bis)
Pas de constitution,
Quand le peuple a dit Non !

4.
Monsieur Veto, Ah quel toupet !
Veut vendre la France au marché, (bis)
La mondialisation,
Sur l’autel du pognon !

5.
Monsieur Veto a un dada,
Et’ (être) le valet des USA, (bis)
Il nous fourgue à l’OTAN.
Tout est à l’avenant.

6.
Monsieur Veto avait promis
D’n’pas faire entrer la Turquie. (bis)
Mais il nous a doublés,
Tout est à r’commencer.

7.
Monsieur Veto est arrivé
Pour faire barrage aux immigrés. (bis)
Mais quelle déception
Tout c’qu’il dit est bidon !

8.
Monsieur Veto s’est aperçu
Que le danger vient des barbus. (bis)
Il promet un débat
Pour mieux faire ventre plat !

9.
Monsieur Veto a proclamé
Que nous serions tous métissés. (bis)
Quel prodige serait
Une France café au lait !

10.
Monsieur Veto et socialos,
Bobos, gauchos et écolos, (bis)
Tous traîtres à la patrie,
Mettons leurs têtes à prix !

11.
Tous les collabos du pays
Insultent le peuple à l’envi. (bis)
Quand ils nous supplieront
Il n’y aura pas d’pardon.

12.
Le patriote a pour amis
Tous les hom’ d’honneur du pays. (bis)
Bientôt se lèveront,
Tous au son du canon.

13.
Oui nous nous souviendrons toujours
Qu’à la patrie va notre amour. (bis)
A la France, buvons
A nous, vins et cochons !

Dansons la carmagnole,
Vive le son, vive le son !
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !

02:19 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carmagnole, veto, sarko |  Facebook | |  Imprimer |

PENSEE DU JOUR : deux forces

Deux forces se partagent le monde : Largent qui ne peut exister sans régner, et l'Humanité qui sera toujours à la remorque du premier tant qu'elle ne l'aura pas largué.

L’IMMIGRATION AUTO-ALIMENTEE

 

L’IMMIGRATION : SES BESOINS ET SES FINS

 

« La France manque de main d’œuvre », « La France aura besoin de plus en plus d’immigrés »,  « La France a besoin d’immigrés pour payer les retraites », tels sont les arguments que politiques et médias assènent aux Français pour les persuader d’une autre vérité révélée aux initiés (autruches ou traîtres ?), à savoir que « l’immigration est une chance pour la France ».  

Tous ces arguments qui tiennent du slogan sont fallacieux. Ils distinguent la France du peuple français pour inclure les immigrés dans la population française et présenter le tout et ses besoins comme la France et les besoins de la France.   

Certaines affirmations ne peuvent plus être soutenues si l’on remplace « France » par « peuple français ». Ainsi, prétendre que « le peuple français aura de plus en plus besoin d’immigrés » est démenti tous les jours, et les Suisses qui ont la chance de pouvoir s’exprimer parce que la Suisse est la seule véritable démocratie en Europe viennent de montrer à quel point ils en ont déjà plus qu’assez de l’immigration et de l’idéologie immigrationniste, droit-de-l’hommiste et pseudo antiraciste. Dans toute l’Europe envahie les peuples, c’est-à-dire les populations autochtones, prennent conscience et n’hésitent plus à dénoncer les ravages et les dangers qu’ont occasionnés quarante ou cinquante ans d’immigration tous azimuts. Comme il était à prévoir, les masses immigrées sont devenues ingérables, et certains voudraient intensifier l’immigration ! Pour quoi faire ? La tension est déjà palpable aujourd’hui et nul n’est besoin d’être grand clerc pour comprendre que l’immigration est surtout une chance de provoquer une guerre civile. Si un Fabius n’a pas une tronche très catholique, un Atali, en revanche, en a une belle de traître, lui qui préconise « l’importation » de 20 millions d’immigrés supplémentaires, lui le nomade mondialiste qui n’en a rien à foutre de la France et des Français.

Maintenant, si l’on remplace « la France » par ce que ce terme désigne vraiment, il faut dire tantôt « l’industrie », « le bâtiment » ou telle autre branche d’activité, tantôt « les patrons ». Qui en effet a besoin de main d’œuvre ? Et pourquoi ? Il est notoire que l’immigration a été impulsée par le patronat afin de se procurer une main d’œuvre doublement avantageuse : elle est moins payée et corvéable à merci, de sorte qu’elle permet de geler voire de tirer vers le bas les salaires des travailleurs français menacés de perdre leur emploi et obligés de se ternir carreau, bref elle permet aux patrons de faire plus de profit et de briser les syndicats, donc de les contrôler en sous-main. De ce point de vue, les Français du peuple n’ont aucun intérêt à l’immigration dont ils supportent tous les inconvénients sociaux et économiques. Pire ! ils n’ont plus seulement pour ennemie la droite libérale mais aussi la gauche dans son ensemble (mondialiste et internationaliste) qui, censée défendre les travailleurs français, s’est emparée de la thématique de l’immigration (les puissants ne l’ont-ils pas un peu aidée à virer dans ce sens ?) et a fait de l’immigrationnisme le summum de l’humanisme, sacralisant ainsi l’immigré, le prolétaire nouveau, le héros des temps moderne. Appeler les travailleurs français, généralement de gauche, à applaudir à l’immigration qui n’est pour eux que nuisance, il fallait oser ! C’était si osé qu’il a fallu présenter les récalcitrants comme des salauds, des racistes et des fascistes. Mais rien n’y fit : les ouvriers sont passés en masse du parti communiste au Front National. Les partis politiques dits de gauche qui ont renié toutes les valeurs historiques de la gauche ne sont plus constitués et soutenus que par des bobos qui croient n’avoir rien à craindre et par des gauchos qui ne comprennent rien à rien, tous citoyens du monde autoproclamés et francophobes.

Ceci n’est cependant qu’un aspect du « pourquoi ? ». Les entreprises ne produisent pas pour le plaisir mais pour satisfaire une demande. Cette demande peut être nationale ou internationale. Si la demande est nationale, il est évident que les immigrés contribuent à la fois à l’accroître, en tant que consommateurs, et à y répondre, en tant que travailleurs. Cette situation est intéressante pour les entreprises et les patrons qui voient leurs profits augmenter, mais le peuple français lui ne profite pas de cette augmentation de la production, puisqu’elle est destinée à la population immigrée, et pâtit même de la concurrence que lui font les travailleurs immigrés sur le marché du travail, sans parler de la baisse du pouvoir d’achat qu’implique une population immigrée importante à la charge de l’Etat, donc à leur charge. Maintenant, si la demande que les entreprises se proposent de satisfaire en faisant appel à une main d’œuvre immigrée est essentiellement internationale, il est plus évident encore que le peuple n’a rien à gagner à cette immigration dont il subira la présence sans profiter du fruit de ses efforts (1). Dans tous les cas, les patrons servent leurs intérêts au détriment de ceux du peuple et du pays dont ils n’ont cure. A eux les profits, aux autres les emmerdes. 

Enfin, une dernière lecture est possible. Toutes ces affirmations font valoir les besoins de « la France ». (Il serait sans doute plus honnête ou plus avisé d’écrire l’Afrance, c’est-à-dire une France défigurée  envahie d’Arabes et d’Africains — immigrés et descendants — dont j’estime le nombre, à l’heure actuelle, aux alentours de 20 millions.) Personne ne se demande donc pourquoi ces fameux « besoins » augmentent alors que les populations européennes stagnent ou diminuent et vieillissent, ce qui est d’ailleurs l’argument prétendument imparable en faveur de l’immigration. Si l’on met de côté la question des retraites que nous traiterons plus loin, il apparaît que tous les besoins en immigrés sont générés par l’immigration elle-même, autrement dit par les besoins de la population immigrée qui, en grande majorité, ne travaille pas.

Les immigrationnistes invoquent systématiquement le besoin d’immigrés dans le secteur du bâtiment. Les mêmes dénoncent le manque de logements et le mal logement des immigrés en France. Or ce sont encore les mêmes qui ont encouragé l’immigration (légale et illégale) et qui refusent toujours de la stopper alors que l’idéal serait d’inverser le flux. Quand on sait que l’immigration annuelle est d’environ 300.000 personnes par an, soit une ville comme Montpellier, et ce sans compter les naissances liées aux immigrés déjà présents et qui aujourd’hui triplent au moins ce nombre, comment peut-on croire que la France aura jamais les moyens humains de satisfaire, non pas ses besoins, les besoins de ses autochtones, mais les besoins inhérents à cette surcharge de population ? Faire appel à des immigrés (qui, de par la loi du regroupement familial, pourront faire venir toute leur famille) pour pourvoir à la demande de main d’œuvre dans le domaine du bâtiment suscitée par leurs congénères (tous ne travailleront d’ailleurs pas dans ce domaine si tant est qu’ils travaillent) est la garantie que jamais cette demande ne sera satisfaite, quand bien même la France accueillerait toute l’Humanité. Les immigrationnistes justifient donc l’immigration au nom de l’immigration !

On nous répète également sans cesse que la France manque de médecins et autres professionnels de la santé et qu’il faut en faire venir de l’étranger. Mais la France est un moulin où la terre entière vient se faire soigner gratuitement, aux frais des contribuables français. Il suffit d’aller dans un hôpital, une clinique, une maternité, pour voir que l’essentiel de la clientèle est immigrée, d’origine immigrée ou étrangère et pour comprendre que, si la France ne soignait que les Français « de souche », ses besoins en personnel de santé, au lieu d’augmenter, réduirait considérablement. Une fois de plus, ce n’est donc pas la France qui a besoin de médecins et autres, mais la France envahie pour s’occuper des envahisseurs.

Cet effet boule de neige se constate dans tous les domaines. Les immigrés imposent un accroissement de personnel dans tous les secteurs d’activité pour faire face à leur pression, notamment dans les services publics. Ils sont les principaux bénéficiaires des aides sociales. Leurs enfants qui constituent des classes et des écoles entières ont besoin d’enseignants que fournissent principalement les autochtones. En pure perte d’ailleurs puisqu’ils sont les principaux clients de la police, des tribunaux et des prison. Il est vrai que, sur la plupart des plans, l’immigration pourrait ne pas être aussi désastreuse, et même positive pour la nation, si les immigrés étaient tous des travailleurs, en nombre réduit, contraints de s’assimiler, autant que possible de la même race et grosso modo de la même culture que les Français.

Mais qui est pour le regroupement familial à l’origine des « ghettos » et de leur cortège de calamités ? Qui est pour les sans papiers et les clandestins qui nuisent aux immigrés légaux et discréditent l’immigration ? Qui était contre l’immigration choisie, une immigration de qualité, et s’indigne que l’on constate que la France soit la poubelle de l’Afrique ? Qui est contre les quotas et les critères qui permettraient de maîtriser l’immigration et de sélectionner les immigrés selon leur origine, leurs capacités et leur désir de s’assimiler ? Qui trouve tous les prétextes pour encourager l’immigration sous toutes ses formes et chicane sans fin pour empêcher l’expulsion des immigrés au comportement inacceptable ? Qui est contre l’assimilation, pour le multiculturalisme, pour le respect des différences, même de celles contraires à nos mœurs et à nos lois ? Qui défend les immigrés en bloc, quoique fassent certains d’entre eux, et étouffe tout débat sur l’immigration soi-disant par peur des amalgames ? Qui stigmatise ou laisse les immigrés se stigmatiser et accuse de stigmatisation ceux qui pointent les problèmes ? Qui est pour l’indulgence et le laxisme qui encouragent la délinquance ? Qui blâme toute forme d’autorité, de discipline, d’exigence ? Qui est pour l’assistanat universel qui favorise le parasitisme et les détournements ? Qui est contre le racisme mais impose aux Français la présence massive de gens qu’ils supportent de moins en moins ? Qui est contre la préférence nationale, accorde de fait la priorité aux immigrés et s’étonne que les Français en aient gros sur la patate ? Qui est plein de compassion pour les immigrés et sans cœur pour les Français ? Qui prétend toujours que les Français interpellés par les problèmes liés à l’immigration ont de la haine pour les immigrés et les traîne, par amour sans doute, dans la boue et devant les tribunaux ? Qui déplore les conséquences désastreuses des mesures qu’il a soutenues ou empêché d’adopter et s’obstine dans son idéologie ? Qui appelle à l’invasion de la France et traite de fascistes les Français qui refusent de suicider leur pays ? Qui était contre l’obscurantisme clérical et ménage aujourd’hui l’intégrisme islamique ? En un mot, qui est pour l’immigration et contre la raison, c’est-à-dire contre tout ce qui aurait permis que l’immigration se passe bien tant pour les immigrés que pour les autochtones en premier lieu ? Encore et toujours les immigrationnistes, les bobos, les gauchistes et nombre d’immigrés. Les patrons ne sont pas mentionnés, car eux savent très bien ce qu’ils font, du moins leur intérêt pour l’immigration ne doit rien à la philanthropie. 

Reste la question des retraites. L’immigration nous est présentée — par qui ? je vous le donne en mille ! — comme la planche de salut. Une planche bien savonneuse en vérité ! L’immigration serait le moyen de regonfler le nombre d’actifs nécessaire pour financer les retraites de la population française vieillissante. Outre que l’immigrationnisme n’a plus rien d’humaniste, cette « solution » n’a évidemment de sens que dans le cadre d’un système monétaire où le droit d’accéder au marché, au lieu d’être conféré par la citoyenneté (cf. le Civisme), est conféré par la monnaie que les retraités qui ne la gagnent plus par eux-mêmes doivent recevoir de l’Etat, lequel la prélève sur les actifs, d’où la crise de ce système lorsque les retraités sont trop nombreux par rapport aux actifs et représentent pour eux une charge trop importante. Si on élimine la monnaie de l’équation, le problème se résume à savoir si la population active telle qu’elle est est capable de produire suffisamment pour subvenir aux besoins de l’ensemble de la population inactive ou, plus exactement, non productive (enfants, malades, handicapés, mères au foyer, fonctionnaires, retraités, etc.). De ce point de vue, la technologie et l’huile de coude aidant, il n’y a aucun problème, et l’immigration n’a aucune raison d’être ; elle a pour seul résultat d’abâtardir et de détruire le peuple français et la nation française. A bien y réfléchir, telle est sans doute le véritable objectif des immigrationnistes éclairés.

Maintenant, puisque le système est monétaire jusqu’à nouvel ordre, la question est de savoir si l’immigration est une bonne option pour résoudre le problème des retraites d’un point de vue financier.

Remarquons tout d’abord que recourir à l’immigration comme solution implique d’y recourir éternellement puisque les immigrés d’aujourd’hui seront des traités demain et que, dans cette logique, il faudra faire appel à de nouveaux immigrés pour financer leur retraite. (2)

Remarquons également que l’idée de faire appel à des immigrés pour financer les retraites des Français ne vaut que si l’immigration n’est pas mortelle pour la France ou ne suscite pas un rejet des immigrés. La belle affaire en effet si, pour compenser un déséquilibre entre actifs et retraités, on en crée un plus grave encore entre autochtones et immigrés, aboutissant soit à la submersion voire à l’extermination du peuple français, soit à une guerre civile au terme de laquelle, si les Français l’emportent, les immigrés seront chassés ou fortement réduits en nombre. Dans le premier cas, la fête est finie ; dans le second, c’est retour à la case départ. Dans tous les cas, le remède est pire que le mal.

Remarquons ensuite qu’avant de faire appel à des immigrés pour financer la retraite des Français, il faudrait peut-être se demander si ce système mérite d’être sauvé. Or un système qui, aujourd’hui, réduit d’emblée les revenus (les droits) d’un retraité aux deux tiers seulement de son ancien salaire, qui plonge dans le misère les ex-salariés mal lotis et les veuves ne mérite sans doute pas d’être préservé, et moins encore d’être présenté comme un progrès social.

Remarquons enfin que l’immigration n’est utile par rapport au financement des retraites que si les immigrés travaillent. Or très peu d’entre eux travaillent puisque nous ne sommes plus dans une immigration de travail mais de peuplement et que, sans même parler des femmes et des enfants, beaucoup d’immigrés ne trouvent pas de travail et, étant peu ou pas qualifiés, en trouveront de moins en moins. L’immigration actuelle est en elle-même une charge financière pour la collectivité. Elle rapporte moins que ce qu’elle coûte. En quoi peut-elle aider à financer les retraites alors qu’elle ajoute aux difficultés financières de la France ?

Présenter l’immigration comme la solution au problème des retraites est donc une escroquerie. Elle tire le pays vers le bas dans tous les domaines. Il est tout de même étrange que des gens soi-disant intelligents n’aient pas vu toutes les difficultés inextricables que susciteraient inéluctablement l’immigration, une immigration massive et extra-européenne qui plus est, et n’aient pas préféré à cette fausse solution des mesures simples et sans inconvénient favorisant la fécondité des Français. Il est tout de même étrange que ceux qui crachaient sur l’idée de famille concernant les Français aient promu avec enthousiasme le regroupement familial concernant les immigrés. Il est tout de même étrange que ceux qui font mine de s’inquiéter de l’augmentation disproportionnée du nombre de retraités condamnent tout rallongement de la vie active pour ne retenir comme seule solution que l’immigration, dont on voit qu’elle ne résout absolument rien. En clair, il est manifeste que, pour ces gens-là, l’intérêt de l’immigration est autre que celui qu’ils prétendent. Ils veulent à tout prix tuer la France par l’immigration. Ils ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins : le mondialisme, dont l’Europe n’est qu’une étape. Mais ils oublient un petit détail : Français et immigrés ne sont pas des pions, mais des hommes qui, un beau jour, déjoueront leurs plans et leur feront payer leurs crimes. Ils sont aujourd’hui les maîtres du monde parce qu’ils magouillent entre eux et que les peuples ont une colossale force d’inertie. Mais quand le branle sera donné, quand les peuples se mettront de la partie, rien ne les arrêtera plus… et ils ne se lèveront pas pour leur chanter des berceuses mais pour leur faire danser la carmagnole. Alors, qui a bien ri des peuples pleurera le premier. (3)


En conclusion, prétendre que la France a besoin d’immigrés est une imposture à tous les niveaux. La France, c’est le peuple français, non les patrons ou la population française comprenant les immigrés. Une immigration au compte-gouttes est sans doute un bienfait. Mais le peuple français ni aucun autre peuple n’a besoin que des immigrés — légaux ou illégaux, instruits ou incultes, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, de la même race et plus encore d’une autre race — déferlent chez lui sans discontinuer pour vivre d’aides sociales et plomber ses finances ; pour pointer au chômage ; pour prendre des emplois et remplir des tâches dont les Français pourraient fort bien s’acquitter s’ils y étaient obligés ou encouragés ; pour dispenser les divers secteurs d’activité de se moderniser ; pour tirer les salaires et le pouvoir d’achat à la baisse (chantage des patrons et prélèvements de l’Etat) ; pour créer des besoins en tous genres auxquels ils ne pourvoient qu’en partie, le reste étant une charge de plus pour lui. Le peuple français n’a pas besoin que les immigrés viennent chez lui se reproduire comme des lapins ; peupler des quartiers, des villes, des départements entiers et à terme le pays ; abaisser le niveau scolaire (soit parce que leurs enfants ne suivent pas, soit parce que l’éducation nationale s’aligne sur eux) ; alimenter la délinquance (les immigrés au sens premier ne sont généralement pas des délinquants, mais souvent leurs enfants en deviennent) ; créer partout un climat détestable (dans les écoles, les clubs sportifs, les rues, les administrations, les événements publics) ; dénaturer, même malgré eux, son identité, bousculer son mode de vie (ce mode de vie qui les a séduits) et mettre en péril son existence. Il n’a pas besoin que des immigrés viennent diviser artificiellement la nation en communautés (lesdites communautés constituées d’immigrés sont de fait étrangères à la communauté nationale, c’est-à-dire à la nation constituée par les autochtones et les immigrés assimilés) ; détériorer l’image des immigrés en général et nuire ainsi aux immigrés assimilés et paisibles ; imposer par leur nombre leur langue, leurs coutumes, leur religion, leurs lois ; lui donner des leçons de morale, d’histoire, de tolérance, d’humanité et d’antiracisme qui n’ont d’autre but que de justifier leur intrusion, excuser leur comportement, accuser leur hôte et favoriser toujours plus l’immigration. Bref, le peuple français n’a pas besoin d’une immigration qui, dans les conditions actuelles, est pour lui un fardeau économique, un fléau social, un poids politique et un danger civil. Aucun peuple n’a besoin d’être envahi, fut-ce pacifiquement.

En vérité, ce sont les immigrés qui ont besoin de la France ; c’est elle, telle qu’elle est, qui est une chance pour eux. Pas l’inverse ! (4) Ce sont eux qui viennent sans que personne — en tout cas pas le peuple français — ne leur ait demandé de venir, preuve que la France est pour eux un espoir. La France, elle, a surtout besoin de gouvernants patriotes et volontaires. Au lieu de succomber aux sirènes du mondialisme et de se complaire dans le faux social, la France doit voir les réalités en face et faire avec ce qu’elle a. Elle doit retrousser ses manches au lieu de baisser les bras, pour ne pas dire son froc ; elle doit retrouver sa fierté, faire confiance au peuple, croire au génie du peuple français ; elle doit s’organiser, se moderniser, soutenir la recherche (exiger d’elle qu’elle trouve), en appeler aux inventeurs, rehausser le niveau de l’enseignement, mettre en valeur ses ressources humaines, encourager la natalité, c’est-à-dire corriger ses faiblesses actuelles avec intelligence et non se donner l’illusion de les compenser avec l’immigration. La Bible ne dit pas « Repose-toi sur les immigrés », mais « Aide-toi, le Ciel t’aidera ».

Philippe Landeux


NOTES

(1) Certains diront : Mais ils travaillent, ils sont payés et donnent du travail aux autochtones en tant que consommateurs. C’est une façon de voir capitaliste qui doit tout à Largent. Car, supprimons la monnaie de l’équation, que reste-il ? Des immigrés qui produisent pour des étrangers et qui, de ce fait, obtiennent de leurs patrons le droit d’accéder à la production nationale à laquelle ils n’ont en rien contribué et sur laquelle ils n’ont objectivement aucun droit. Si la production nationale est suffisante pour tous, les nationaux ont produit plus qu’ils n’auraient du, ils auraient pu travailler moins, de sorte que l’immigration empêche de baisser le temps de travail. Si la production nationale est insuffisante pour couvrir les besoins de tous, les nationaux se privent pour des immigrés qui ont certes rempli la gamelle de leurs patrons mais n’ont rien mis sur la table de la nation.

(2) L’immigration comme solution miracle au problème des retraites enclenche un cercle vicieux dans le pays concerné non seulement pour la raison indiquée, mais aussi parce qu’en captant les forces vives des pays étrangers, elle les déstabilise, elle les maintient dans le sous-développement qui pousse ses ressortissants à émigrer. Cette solution est un crime à la fois contre le peuple du pays d’accueil et contre le pays dont les immigrés sont originaires.

(3) Les euro-mondialistes ne peuvent avoir de succès que lorsqu’ils s’arrangent dans leur coin et arrachent l’accord des peuples à grand renfort de boniments. Mais il arrive un moment où les peuples ne sont plus dupes, où ils n’acceptent plus d’aller à marche forcée vers un but qui n’est pas celui qu’ils leur avaient fait miroiter et qui ne leur convient pas. Comme les mondialistes détiennent tous les pouvoirs institutionnels, ils se croient tout puissants, ils croient qu’ils peuvent impunément passer outre la volonté des peuples. C’est là leur grande faiblesse. Bien sûr, ils peuvent forcer les choses un certain temps et remporter encore des victoires contre la volonté des peuples. Mais toute victoire de ce genre annonce qu’ils vont perdre la guerre. Car les mondialistes ne disposent que de forces illusoires : les lois et l’argent. Ils forment une bulle de savon qui flotte au-dessus des peuples et qui ne doit son existence, sa longévité et ses capacités qu’à leur inertie. Autrement dit, leur fragilité intrinsèque n’est pas un problème face à des peuples endormis. L’erreur à ne pas commettre est donc de les réveiller. Or c’est précisément l’effet des passages en force. Quand les mondialistes ne prennent même plus la peine de dissimuler leur mépris pour les peuples, quand ils bafouent ouvertement leur souveraineté, ils les piquent au vif et se découvrent. Dès lors, leurs jours sont comptés. Les peuples mettront du temps à se lever, mais, une fois debout, ils les balayeront d’un simple souffle. Dans ce sens, on peut dire que le 29 mai 2005 fut le début de la fin de l’Europe et du mondialisme. En disant NON au traité constitutionnel européen malgré le matraquage médiatique en faveur du OUI, le peuple français a signifié aux euro-mondialistes qu’il n’était pas d’accord avec l’Europe qui lui était proposée. Mais ces derniers n’ont pas tenu compte de l’avertissement et, au lieu de temporiser et d’agir en finesse, ont imposé ce traité par voie parlementaire le 14 février 2008. Ce succès fut enlevé au prix de la confiance du peuple, une confiance qu’ils ne retrouveront jamais alors qu’elle était leur véritable sauvegarde. Désormais, le temps travaille contre eux. Il est de plus en plus évident que cette Europe est à l’agonie, qu’un retour aux nations s’impose et que ce retour sonnera l’échec du mondialisme.

(4) Autant les affirmations selon lesquelles « la France a besoin d’immigrés » et « les immigrés sont une chance pour la France » n’ont rien d’évident, et pour cause ! Autant affirmer que « les immigrés ont besoin de la France » et que « la France, telle qu’elle est, est une chance pour les immigrés » tombe sous le sens. Remettre ainsi les choses dans l’ordre démontre à quel point les immigrationnistes sont adeptes de la novlangue qui consiste à retourner le sens des mots et des choses et à présenter les sophismes obtenus comme des vérités incontestables. Cela démontre aussi à quel point les immigrationnistes qui s’acharnent contre la France ont du mépris pour les immigrés dont ils se font passer pour les amis. En effet, si la France est une chance pour les immigrés, les pousser à la détruire ou la détruire en leur nom ou pour leur être agréable n’est-il pas le plus mauvais service à leur rendre, sans même parler du mépris pour les Français que cela suppose ? N’est-ce pas couper ou les inciter à couper la branche sur laquelle ils sont assis ? Il faut donc en conclure que les immigrationnites sont soit stupides soit pervers.

01:57 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : immigration, escroquerie, retraite, bâtiment, logement |  Facebook | |  Imprimer |

lundi, 21 février 2011

PENSEE DU JOUR : révolutionnaire

Aucun acte n'est révolutionnaire en soi. L'action est une illusion. Il n'y a de révolutionnaires que les idées et seulement certaines idées.

lundi, 14 février 2011

CES MOTS QUI ME FONT VIBRER

France — Français — Patrie — Patriotisme — République — Marseillaise — Liberté — Egalité — Commune Constitution — Citoyen — Honneur — Révolution — Nation Convention — Légion — Lutte — Garde nationale — Volontaire — Valmy — Robespierre — Saint-Just — Marat — De Gaulle — Résistance — 18 juin 40 — 6 juin 44 — Débarquement — Aux armes ! — Barricade Fraternité — Patrimoine — Partisan — Terroir — Tradition — Sambre et Meuse — L’an II — Drapeau — Tricolore — Midi — Peuple — Gloire — Grandeur Sacrifice — Devoir — Populaire — Démocratie — Combat — Sparte — Frère d’armes — Fraternité — Egaux — Gaule — Vercingétorix — Union — Unité — Probité — Vertu — Travailleur — Flamme

16:31 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 13 février 2011

PENSEE DU JOUR : nauséabond

Quand on a sans cesse le mot "nauséabond" à la bouche, on finit par puer de la gueule.

DEMOCRATIE ET DROIT DE VOTE

Contrairement à ce que l’on ne cesse de nous répéter, nous ne sommes pas en démocratie, pas véritablement, et ce n’est certainement pas en continuant à ignorer et à violer un peu plus les principes que nous nous en rapprocherons. Ce que nous appelons la démocratie représentative n’est qu’une caricature de la démocratie, une négation de la souveraineté du peuple dont elle prétend émaner.

La démocratie est l’empire du peuple. C’est de lui que tous les pouvoirs tirent leur légitimité. C’est lui qui fait les lois ou, à défaut de les faire directement, doit ratifier celles qu’ont faites ses mandataires. Seuls les règlements approuvés par le peuple sont légitimes et dignes du nom de « lois ». Le peuple n’est en rien tenu de respecter et de se soumettre à des lois qui ne sont ni de près ni de loin son ouvrage. De telles lois sont l’œuvre de tyrans.

La démocratie représentative qui retire au peuple le droit de faire les lois, pour le remettre entre les mains d’élus, est une tyrannie. Que la démocratie directe et le mandat impératif soient impossibles dans une grande nation est une chose. Mais que, sous prétexte de ces impossibilités, les mandataires du peuple soient totalement libres d’agir au nom du peuple sans jamais en référer au peuple, et se substituent ainsi au peuple, en est une autre. Et que l’on ne vienne pas dire que le peuple a voté pour eux, pour leur programme. Le peuple en réalité n’a guère le choix. Entre une poignée de candidats, chaque électeur en choisit un. Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ? Ce peut être par conviction ou par défaut. Ce peut être pour tout ou partie de son programme. Il peut arriver qu’un électeur soit en totale harmonie avec son élu, mais il est impossible qu’un peuple soit en totale harmonie avec ses élus. Il s’ensuit que des élus qui agissent librement selon leur volonté, respectant ou non leur programme, contrarient en tout ou partie la volonté du peuple dont ils sont sensés être l’organe. Il n’y a qu’un remède contre cette dérive : soumettre à la ratification populaire les décisions des élus, les lois comme les traités internationaux. (Il s’agit ici de poser les principes, non d’entrer dans tous les détails pratiques.) Et que l’on ne vienne pas non plus dire que les élections régulières tiennent lieu de ratification ou de sanction. Ne plus voter pour quelqu’un n’a rien à voir avec empêcher un élu de nuire. Les élections n’ont jamais empêché que se répètent sans cesse les mêmes abus, fut-ce de la part de nouveaux élus !

Mais, dira-t-on, pourquoi les lois faites par des députés doivent-elles être ratifiées par le peuple ? Parce que les lois sont sensées être favorables à l’intérêt général et que seul le peuple peut être juge de ce qui lui convient. Peu importe d’ailleurs qu’il soit bon ou mauvais juge, car, si l’expérience prouve qu’il a mal jugé, son intérêt le portera naturellement à rectifier son erreur. Mais ceux qui jugent à sa place, sans subir les conséquences de leurs décisions, sans être stimulés pour revenir sur leur jugement, sont nécessairement de mauvais juges et fatalement de vrais tyrans !

Il en va de même pour les individus. Ce qui légitime pour un individu le droit de voter et de manière générale les droits politiques, c’est le fait qu’il vive perpétuellement sous les lois qu’il contribue à faire (adopter), qu’il soit attaché physiquement et sentimentalement à la nation, que son intérêt soit que les lois soient justes et bonnes pour son peuple et son pays (d’un point de vue national). Un individu qui, pour quelque raison que ce soit, se sent étranger à la nation ou l’est manifestement, un individu qui ne considère pas les intérêts de la nation comme les siens et qui, partant, est susceptible de l’abandonner à tout instant par caprice et surtout s’il faut la défendre, n’a aucun droit de contribuer à lui donner des lois qui seront probablement contraires à l’intérêt national, sous lesquelles il ne vivra peut-être jamais, dont il ne subira pas les conséquences ou qu’il aura d’autant moins envie de corriger si elles sont mauvaises pour la nation qu’il ne partage pas son point de vue. A moins d’être suicidaire, une nation n’a pas à reconnaître de droits politiques à des individus dont la fidélité n’est pas attestée et qui sont potentiellement des traîtres.

La nationalité est censée témoigner de l’attachement à la nation ; c’est donc elle, et ce qu’elle suppose, qui confère les droits politiques. Mais, aujourd’hui, elle s’obtient par la naissance, le mariage, la résidence et les sollicitations. Elle n’implique aucun devoir matériel et moral envers la nation et ne prouve en rien la fidélité envers elle. Quand elle n’est pas automatique, elle s’obtient sans avoir à satisfaire d’exigences identitaires, ou si peu, et sans avoir à renoncer à une autre nationalité éventuelle, la double nationalité étant par nature contraire à l’allégeance exclusive. Dans ces conditions, la nationalité est vide de sens pour bien des individus qui ne méritent ni d’être français, et ne le sont que sur le papier, ni d’avoir le droit de cité en France. Dans la mesure où une société repose sur les lois, il est donc primordial de revoir le mode d’acquisition de la nationalité qui fait de tout Français un législateur. En attendant, la moindre des choses est d’affirmer le principe selon lequel seule la nationalité confère les droits politiques, ce qui exclut naturellement que les étrangers en jouissent à quelque niveau que ce soit.

Le fait que des étrangers ne jouissent pas de droits politiques n’est pas une privation, c’est justice. A l’inverse, leur en accorder, sans que rien ne le justifie et quand tout s’y oppose, serait un abus en appelant d’autres, une brèche allant toujours en s’élargissant. Il ne faut pas être devin pour comprendre qu’accorder aujourd’hui aux étrangers le droit de vote aux municipales amènerait demain de nouvelles revendications tout aussi infondées quoique plus aberrantes. Dès lors qu’un principe est violé, il n’existe plus. Pourquoi les étrangers, ayant obtenu le droit de vote aux municipales sous prétexte qu’ils vivent dans la commune depuis un certain temps, n’obtiendraient-ils pas le droit de vote aux législatives, puisqu’ils vivent sous les lois de la France, puis aux présidentielles, puisque les décisions du président français les concernent aussi ? Pourquoi les étrangers ayant obtenus le droit de voter ne conserveraient-ils pas ce droit après avoir quitté la France ? Mais allons au bout de cette logique absurde : pourquoi ne pas organiser directement les élections françaises à l’étranger, puisque, dans cette logique, voter en France n’est pas le droit exclusif des Français résidant en France ? D’ailleurs, ceux qui agitent le droit de vote des étrangers ne sont-ils pas aussi ceux qui condamnent toute limite et toute maîtrise de l’immigration et qui, de fait, organisent l’invasion de la France et l’anéantissement physique et moral du peuple français ?

Du reste, il faut bien avoir conscience que le droit de vote n’est qu’un droit politique parmi d’autres. Or, si le principe d’après lequel les droits politiques sont attachés à la nationalité n’est pas reconnu, qui peut garantir que, demain, les étrangers ne prétendront pas être éligibles ou avoir accès aux fonctions publiques ? Comment ces revendications manifestement illégitimes pourront-elles être alors combattues quand les principes qui les rejettent sans appel auront été anéantis pour permettre des abus moins criants ?

Tous ceux que les principes dépassent et que l’angélisme aveugle taxeront cette position de xénophobe, raciste… Il est certes plus facile d’opposer des insultes aux principes ! Mais les gens de bonne foi doivent s’apercevoir qu’il n’y a dans ce discours universels, valable dans tous les pays, aucune haine envers les étrangers et qu’il s’agit au contraire de prévenir un conflit que les démagogues nous préparent au nom de leurs bonnes intentions et de leurs mauvais calculs. Refuser en toute logique le droit de vote aux étrangers n’est en rien être hostile aux étrangers, puisque personne ne conteste ce droit aux Français d’origine étrangère, c’est-à-dire aux immigrés naturalisés qui, eux, ont scellé leur destin à celui de la France. Mais au nom de quoi accorder ce droit à des personnes qui ne se sont pas engagées pareillement envers la France (ce qui est en soi respectable et ne pose pas de problème tant qu'il s’agit de cas isolés) ? Leur accorder un tel droit serait vider la nationalité du peu de sens qu’elle a encore et saperait les efforts d’intégration des immigrés désireux de perdre cette étiquette. Que ceux qui font tout pour qu’être Français ne veuille plus rien dire et accusent sans cesse de racisme leurs détracteurs nous expliquent donc comment ils espèrent que des immigrés s’intègrent quand l’intégration sera devenue inutile et même impossible vu que la France n’aura plus de consistance. Qu’ils nous expliquent également en quoi leur démagogie conjure le racisme quand, en poussant les étrangers à prendre les Français pour des abrutis, en favorisant la naissance d’un parti de l’étranger, elle ne peut que développer chez les Français un rejet viscéral de tout ce qui est étranger ou assimilé !

Il faudra bien un jour reconnaître et déclarer avec force que les droits ne tombent pas du ciel mais sont le fruit de devoirs, que celui qui fait ou ne fait pas un choix doit l’assumer au lieu de s’en prendre aux autres, et que ce n’est pas aux individus qui se moquent que la France tombe en décrépitude ou ne voient pas qu’ils la conduisent à la ruine, à donner des leçons de morale et de politique aux Français.

Philippe Landeux

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mercredi, 09 février 2011

ROBESPIERRE ET LA DEMOCRATIE

robespierre,histoireInstaurer l’Egalité et la démocratie, du moins en favoriser l’instauration, fut l’objectif suprême de Robespierre, celui qui guida toute sa politique tout au long de sa carrière.

Pour ce qui est de l’Egalité, ses idées n’étaient pas très originales : il ne concevait guère mieux qu’une réduction des inégalités financières, via des impôts progressifs, des exemptions, des indemnités, des aides, des taxes, etc., bref il prônait ce que nous connaissons et appelons aujourd’hui l’Etat providence. Ce n’était pas une révolution même si c’était très avancé pour l’époque et quoique personne n’ait proposé mieux depuis.  

En revanche, en ce qui concerne la démocratie, Robespierre en a posé les principes absolus (1) et, loin d’avoir été dépassée, sa pensée est encore révolutionnaire. Pour ceux qui croient que le système qu’ils ont sous les yeux est une démocratie, comme pour ceux qui croient que la dégénérescence actuelle est une conséquence de la Révolution en général et de Robespierre en particulier, rien ne peut mieux éclairer les premiers et détromper les seconds que la connaissance exacte de ses positions.

(1) Robespierre a bel est bien posé les principes absolus de la démocratie. Sa faiblesse est d’avoir ignoré qu’il ne peut pas y avoir de véritable démocratie dans l’inégalité, sous Largent. La démocratie ne peut pas apporter l’Egalité, puisque l’Egalité est la condition de la démocratie. L’Egalité et Largent sont fondamentalement incompatibles. (C’est ce que Robespierre sentit lorsqu’il écrivit puis ratura : « Quand leur intérêt [celui des riches] sera-t-il confondu avec celui du peuple ? Jamais. » juin 1793) Ne remettant pas en cause Largent, ne pouvant d’ailleurs pas le faire à son époque (voir la Théorie du Civisme), Robespierre fut inconsciemment réduit à concevoir une Egalité dénaturée par Largent, à présenter comme étant l’Egalité ce qui n’était jamais que moins d’inégalités. Son impuissance à instaurer l’Egalité, ne serait-ce qu’à la théoriser convenablement, ne fait cependant pas de lui un démagogue. Les démagogues ne sont pas ceux qui veulent l’Egalité et la démocratie qui doivent régner dans une Société digne de ce nom, mais bien ceux qui acceptent ou prônent l’inégalité au nom de Largent (car c’est toujours au nom de Largent que l’inégalité est acceptée ou prônée en dernière analyse) et défendent la tyrannie (oppression, exploitation, dictature) au nom de la Liberté.    

Robespierre attachait une importance capitale aux lois et à leur formation. Tout en dépendait selon lui. Quelles soient justes (question de contenu) et légitimes (question de législateurs) l’emportait sur toute autre considération. En cela, il était démocrate avant d’être républicain, car la démocratie bien comprise touche au fond des choses alors que la république n’est jamais qu’une forme pouvant contenir tout et son contraire. Comme il le dit lui-même le 17 mai 1792 : « Est-ce dans les mots de république ou de monarchie que réside la solution du grand problème social ? »

Robespierre voulait que les droits des citoyens soient reconnus et garantis et que les élus, les législateurs, soient honnêtes de gré ou de force afin qu’ils œuvrent bien dans l’intérêt général. Toutes ses propositions tendaient à l'un ou l'autre de ces buts.

Robespierre ne formula pas d’un coup toutes ces propositions. Il le fit au gré des sujets à l’ordre du jour. Certaines ne furent faites qu’une fois ; il revint inlassablement sur d’autres. Il aurait été possible de les regrouper par thème mais nous les présenterons dans l’ordre chronologique autant que faire se pourra.

Des législatures courtes

Le 12 septembre 1789, Robespierre demanda en vain que les législatures durent un an, afin

« que le Peuple, qui était condamné à ne pouvoir faire ses loix lui-même, eut au moins la consolation de renouveler souvent ses Représentans ; et d’être ainsi en une continuelle activité pour défendre ses droits et sa liberté ».

Cette disposition fut adoptée par la constitution de 1793 (article 40). Dans son discours sur la constitution à donner à la France (10 mai 1793), il avait simplement proposé que la durée des fonctions des mandataires n’excède pas deux années (article 9).

Le suffrage universel

Dès le 22 octobre 1789, Robespierre s’opposa à la notion de suffrage censitaire. Son intervention est rapportée dans un journal : 

« On a décidé ensuite conformément au projet du Comité, qu’il fallait payer en imposition directe la valeur de trois journées de travail ; c’est peu, c’est trop peu, sans doute ; mais on ne peut s’empêcher de concevoir un sentiment d’indignation quand on voit un Robespierre s’opposer de tout son pouvoir à ce qu’on exige aucune portion de contribution. Vil et détestable incendiaire, qui croit défendre la cause du peuple en l’armant contre ses défenseurs naturels ! Sans doute, elle est belle, elle est sublime en théorie, cette idée que tous les hommes ont un droit égal à la législation, mais qu’elle est fausse en pratique ! »

Le 20 avril 1791, aux Cordeliers, Robespierre prononça un grand discours contre l’idée d’assujettir le droit de cité à l’imposition d’un Marc d’argent :

« Vous [les députés] avez vous-mêmes reconnu cette vérité d’une manière frappante, lorsqu’avant de commencer votre grand ouvrage, vous avez décidé qu’il fallait déclarer solennellement ces droits sacrés, qui sont comme les bases éternelles sur lesquelles il doit reposer.

- Tous les hommes naissent et demeurent libres, et égaux en droits.

- Le souveraineté réside essentiellement dans la nation.

- La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir à sa formation, soit par eux-mêmes, soit par leurs représentants, librement élus.

- Tous les citoyens sont admissibles à tous les emplois publics, sans aucune autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

« Voilà les principes que vous avez consacrés : il sera facile maintenant d’apprécier les dispositions que je me propose de combattre : il suffira de les rapprocher de ces règles invariables de la société humaine.

« Or, 1° la Loi est-elle l’expression de la volonté générale, lorsque le plus grand nombre de ceux pour qui elle est faite ne peuvent concourir, en aucune manière, à sa formation ? Non. Cependant interdire à tous ceux qui ne paient pas une contribution égale à trois journées d’ouvriers, le droit même de choisir les électeurs destinés à nommer les membres de l’Assemblée législative ; qu’est-ce autre chose que rendre la majeure partie des Français absolument étrangers à la formation de la loi ? Cette disposition est donc essentiellement anti-constitutionnelle et anti-sociale.

« 2° Les hommes sont-ils égaux en droits, lorsque les uns jouissant exclusivement de la faculté de pouvoir être élus membre du corps législatif, ou des autres établissements publics, les autres de celle de les nommer seulement, les autres restent privés en même temps de tous ces droits ? Non ; telles sont cependant les monstrueuses différences qu’établissent entre eux les décrets qui rendent un citoyen actif ou passif ; moitié actif, et moitié passif, suivant les divers degrés de fortune qui lui permettent de payer trois journées, dix journées d’impositions directes, ou un Marc d’argent. Toutes ces dispositions sont donc essentiellement anti-constitutionnelles et anti-sociales.

« 3° Les hommes sont-ils admissibles à tous les emplois publics sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents, lorsque l’impuissance d’acquitter la contribution exigée les écarte de tous les emplois publics, quels que soient leurs vertus et leurs talents ? Non ; toutes ces dispositions sont donc essentiellement anti-constitutionnelles et anti-sociales.

« 4° Enfin, la nation est-elle souveraine, quand le plus grand nombre des individus qui la composent est dépouillé des droits politiques qui constituent la  souveraineté ? Non ; et cependant vous venez de voir que ces mêmes décrets les ravissent à la plus grande partie des Français. Que serait donc votre déclaration des droits, si ces décrets pouvaient subsister ? Une vaine formule. Que serait la nation ? Esclave ; car la liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est données, et la servitude à être contraint de se soumettre à une volonté étrangère. Que serait votre constitution ? Une véritable aristocratie. Car l’aristocratie est l’Etat où une portion des citoyens est souveraine et le reste sujets. Et quelle aristocratie ? La plus insupportable de toutes ; celle des riches. »

Le suffrage universel fut bien sûr le mode de suffrage que Robespierre préconisa le 29 juillet 1792, aux Jacobins, pour l’élection des députés à la Convention qui n’était pas encore convoquée : 

« Que tous les français domiciliés dans l’arrondissement de chaque assemblée primaire, depuis un tems assez considérable, pour déterminer le domicile, tel que celui d’un an, soit admis à y voter ; que tous les citoyens soient éligibles à tous les emplois sans autre privilège, que celui des vertus et des talens. Par cette seule disposition, vous soutenez, vous ranimez le patriotisme et l’énergie du peuple ; vous multipliez à l’infini les ressources de la patrie ; vous anéantissez l’influence de l’aristocratie et de l’intrigue ; et vous préparez une véritable convention nationale ; la seule légitime, la seule complète, que la France aurait jamais vue. »

Le suffrage universel est une des rares dispositions soutenues par Robespierre qui soit non seulement en vigueur aujourd’hui mais qui soit encore plus étendue qu’il ne l’envisageait lui-même. Il ne lui était en effet jamais venu à l’esprit de reconnaître aux femmes le droit de cité qu’elles n’obtinrent, du reste, en France, qu’en 1945.

Des députés exclusifs

Le 7 novembre 1789, pour faire la nique à Mirabeau, l’Assemblée décréta que ses membres ne pourraient accéder à aucun minitère ni aucune autre place à nomination royale. Robespierre n’intervint pas sur le sujet car il était d’accord avec le principe. Le 25 octobre 1790, au sujet de la Haute Cour nationale, il formula des exigences qui, dans son esprit, s’appliquaient sans nul doute aussi aux députés. Il demanda que les membres de ladite cour

« soient nommés par le peuple, que la durée de son autorité soit courte, qu’il [ce tribunal] soit surveillé par le corps législatif, qu’il soit aussi nombreux que la nature des choses peut le permettre, que les membres de la cour nationale ne pussent être réélus », qu’ils « ne puissent recevoir aucun dons, pension ni emploi du pouvoir exécutif, même pendant les deux ans qui suivront immédiatement le temps de leur magistrature ».

Une députation nombreuse

Le 18 novembre 1789, Robespierre exprima le désir que les Assemblées nationales soient composées d’au moins mille députés car il était persuadé que « plus elles seront nombreuses, plus l’intrigue aura de peine à s’y introduire, et plus la vérité paraîtra avec éclat ».

L’immunité parlementaire

Le 25 juin 1790, à l’Assemblée, Robespierre posa le principe de l’immunité parlementaire :

« Pour que les Représentans de la Nation jouissent de l’inviolabilité, il faut qu’ils ne puissent être attaqués par aucun Pouvoir particulier ; aucune décision ne peut les frapper si elle ne vient d’un pouvoir égal à eux, et il n’y a point de pouvoir de cette nature. Il existe un Pouvoir supérieur aux Représentans de la Nation, c’est la Nation elle-même. Si elle pouvait se rassembler en Corps, elle serait leur véritable Juge… Si vous ne consacrez ces principes, vous rendez le Corps législatif dépendant d’un Pouvoir inférieur, qui, pour le dissoudre, n’aurait qu’à décréter chacun de ses Membres. Il peut le réduire à la nullité, et toutes ces idées si vraies, si grandes d’indépendance et de liberté, ne sont plus que des chimères. Je conclus à ce qu’il ne soit déclaré qu’aucun Représentant de la Nation ne peut être poursuivi dans un Tribunal, à moins qu’il ne soit intervenu un acte du Corps législatif, qui déclare qu’il y a lieu à accusation. »

Pour Robespierre, immunité ne rimait pas avec impunité. Comme il le dit ici, les élus du peuple ne peuvent avoir de juge que le peuple même. Faute de contre-pouvoir populaire constitutionnel, il ne peut appartenir qu’aux élus de mettre en accusation l’un d’entre eux.  Cela arriva souvent durant la Révolution. Mais cette solution est vicieuse en elle-même car elle fait trop de place à l’esprit de parti naturel à tout groupe et à l’esprit de corps naturel à toute institution. Robespierre en  imagina donc une autre dont il sera question plus loin.

Contre le cumul des fonctions publiques

Le 25 août 1790, l’Assemblée exclut les prêtes des fonctions de juges. Robespierre appuya cette mesure sur deux principes :

« Quelle est donc la raison constitutionnelle qui doit nous déterminer à les exclure [les prêtres, devenus des fonctionnaires de par la constitution civile du clergé] des fonctions judiciaires ? Ce n’est point une raison particulière aux ecclésiastiques ; c’est une raison commune à tous les fonctionnaires publics ; c’est le principe que les fonctions publiques doivent être séparées. On ne doit  point en réunir plusieurs, dans les mêmes mains : 1° parce que celui qui est chargé par la société de quelque emploi doit avoir tout le temps et toute la liberté nécessaire pour s’y livrer tout entier ; 2° parce qu’un citoyen qui réunirait plusieurs fonctions publiques serait trop puissant et trop redoutable à la liberté publique. »

Robespierre réitéra cette opinion dans son discours sur la constitution à donner à la France : « Nul ne peut exercer à la fois deux emplois publics. (art. X) » (10 mai 1793).

Le droit d’être armé

Décembre 1790, dans son discours publié sur l’organisation des gardes nationales, Robespierre affirma un droit oublié par les démocrates délavés et pourtant inséparable de la démocratie, celui pour tous les citoyens d’être amés :

« Etre armé pour sa défense personnelle est le droit de tout homme ; être armé pour défendre la liberté et l’existence de la commune patrie est le droit de tout citoyen. Ce droit est aussi sacré que celui de la défense naturelle et individuelle dont il est la conséquence, puisque l’intérêt et l’existence de la société sont composés des intérêts et des existences individuelles de ses membres. Dépouiller une portion quelconque des citoyens du droit de s’armer pour la patrie et investir exclusivement l’autre, c’est donc violer à la fois et cette sainte égalité qui fait la base du pacte social, et les loix les plus irréfragables et les plus sacrées de la nature. »

Le droit d’être armé peut être soumis à des modalités mais ne peut être contesté sur le principe. En l’occurrence, Robespierre, en parlant du droit d’être armé, soutenait le droit pour tout citoyen de faire partie de la garde nationale.

La liberté de la presse

Le 24 août 1789, lors de la discussion sur la déclaration des droits, Robespierre s’était prononcé pour la liberté illimitée de la presse. Le 11 mai 1791, il fit aux Jacobins un grand discours sur le sujet :

« La liberté de la presse doit être entière et indéfinie, ou elle n’existe pas. [...]
« Mais pourquoi prendre tant de soin pour troubler l’ordre que la nature établissait d’elle-même ? Ne voyez-vous pas que, par le cours nécessaire des choses, le tems amène la proscription de l’erreur et le triomphe de la vérité ? laissez aux opinions bonnes ou mauvaises un essor également libre, puisque les premières seulement sont destinées à rester. [...]
« Les lois, que sont-elles ? l’expression libre de la volonté générale, plus ou moins conforme aux droits et à l’intérêt des nations, selon le degré de conformité qu’elles ont aux lois éternelles de la raison, de la justice et de la nature. Chaque citoyen a sa part et son intérêt dans cette volonté générale ; il peut donc, il doit même déployer tout ce qu’il a de lumières et d’énergie pour l’éclairer, pour la réformer, pour la perfectionner. Comme dans une société particulière, chaque associé a le droit d’engager ses co-associés à changer les conventions qu’ils ont faites, et les spéculations qu’ils ont adoptées pour la prospérité de leurs entreprises : ainsi, dans la grande société politique, chaque membre peut faire tout ce qui est en lui, pour déterminer les autres membres de la cité à adopter les dispositions qui lui paraissent les plus conforme à l’avantage commun. [...]
« ... quel est le but essentiel de la liberté de la presse ? C’est de contenir l’ambition et le despotisme de ceux à qui le peuple a commis son autorité, en éveillant sans cesse son attention sur les atteintes qu’ils peuvent porter à ses droits. [...]
« Ce ne sont pas ces hommes incorruptibles, qui n’ont d’autre passion que celle de faire le bonheur et la gloire de leur patrie, qui redoutent l’expression publique des sentiments de leurs concitoyens. Ils sentent bien qu’il n’est pas si facile de perdre leur estime, lorsqu’on peut opposer à la calomnie une vie irréprochable et les preuves d’un zèle pur et désintéressé [...]
« Qui sont ceux qui déclament sans cesse contre la licence de la presse, et qui demandent des lois pour la captiver ? ce sont ces personnages équivoques, dont la réputation éphémère, fondée sur les succès du charlatanisme, est ébranlée par le moindre choc de la contradiction ; ce sont ceux qui voulant à-la-fois plaire au peuple et servir les tyrans, combattus entre le désir de conserver la gloire acquise en défendant la cause publique, et les honteux avantages que l’ambition peut obtenir en l’abandonnant, qui, substituant la fausseté au courage, l’intrigue au génie, tous les petits manèges des cours aux grands ressorts des révolutions, tremblent sans cesse que la voix d’un homme libre vienne révéler le secret de leur nullité ou de leur corruption ; qui sentent que pour tromper ou pour asservir leur patrie, il faut, avant tout, réduire au silence les écrivains courageux qui peuvent la réveiller de sa funeste léthargie, à-peu-près comme on égorge les sentinelles avancées pour surprendre le camp ennemi ; ce sont tous ceux enfin qui veulent être impunément faibles, ignorans, traîtres ou corrompus. »

Le 22 août 1791, aux Jacobins, il ajouta :

« Je pense bien que les calomniateurs doivent être poursuivis en justice : cependant je crois que les fonctionnaires doivent être soumis à la censure de l’opinion publique qui doit toujours être parfaitement libre. Si le magistrat avait le droit de poursuivre tous ses calomniateurs, l’écrivains patriote qui chercherait à faire observer la conduite du magistrat, serait obligé de lutter inégalement avec le magistrat, toutes les fois qu’il parlerait de lui. Le fonctionnaire public qui sera accusé à tort, saura, par l’exposé de sa conduite irréprochable, faire sortir sa vertu brillante d’un plus bel éclat. »

Cependant, le 19 avril 1793, alors que l’élaboration de la constitution commençait, il objecta au girondin Buzot qui réclamait lui aussi la liberté indéfinie de la presse :

« Il n’y a qu’une seule exception, qui n’est applicable qu’aux temps des révolution, et que Buzot paraît avoir méconnue, car les révolutions sont faites pour établir les droits de l’homme. Il faut même, pour l’intérêt de ces droits, prendre tous les moyens nécessaires pour le succès des révolutions. Or, l’intérêt de la Révolution peut exiger certaines mesures qui répriment une conspiration fondée sur la liberté de la presse. Par exemple, vous avez déjà adopté des loix qui combattent le principe que Buzot a voulu établir absolument et dans tous les temps. […] De telles mesures, quoique contraires au principe de la liberté indéfinie, qui doit régner dans un état de calme, sont cependant nécessaires dans ce moment ; et si vous ôtiez toute espèce de frein à la licence des conspirateurs qui pourraient inonder la France entière de libelles liberticides, vous porteriez un coup mortel à la liberté, et vous vous mettriez hors d’état d’assurer le maintien des droits de l’homme, qui doivent être la base de notre constitution. Il est plus nécessaire que jamais de maintenir, dans toute leur sévérité, ces lois révolutionnaires, qui étouffent le germe du royalisme et du fédéralisme, fléaux qui perdraient la République entière. »

Le droit de pétition

Les 9 et 10 mai 1791, à l’Assemblée, Robespierre défendit le droit illimité de pétition, c’est-à-dire le droit de s’adresser individuellement ou collectivement aux élus :

« Si en décrétant le droit de pétition vous avez pensé accorder aux Français un droit nouveau, vous vous êtes trompés. Le droit de pétition n’est autre chose que la faculté qui appartient à tout citoyen d’émettre son vœu et de demander à ceux qui peuvent subvenir à ses besoins ce qui lui est nécessaire. Les Français jouissaient de ce droit avant que vous fussiez assemblés, aucune loi ne l’avait limité, et le décret que vous rendriez pour mettre des bornes à ce droit, serait la seule chose nouvelle que vous eussiez faite à cet égard. […] Je déclare donc que je tiens encore à ces principes que j’ai soutenus sans cesse dans cette tribune ; j’y tiens jusqu’à la mort ; et nous serions réduits à une condition bien misérable, si l’on pouvait avec succès nous peindre comme des perturbateurs du repos public et comme les ennemis de l’ordre, parce que nous continuerions à défendre, avec énergie, les droits les plus sacrés dont nos commettans nous aient confié la défense, car nos commettans sont tous les Français, et je les défendrai tous, sur-tout les plus pauvres. (Applaudi) […] Une collection d’individus, comme un particulier, a le droit de pétition, et ce droit n’est point une usurpation de l’autorité politique : elle n’a rien de commun avec les pouvoirs qui doivent être rigoureusement réservés à ceux qui en sont investis par le peuple ; c’est au contraire un droit naturel, et je soutiens que puisque tout individu isolément a le droit de pétition, il n’est pas possible que vous interdisiez à une collection d’hommes quelque titre, quelque nom qu’elle porte, que vous lui interdisiez, dis-je, la faculté d’émettre son vœu et de l’adresser à qui que ce puisse être. » (9 mai)

« Le droit de pétition n’est autre chose que la faculté accordée à un homme, quel qu’il soit, d’émettre son vœu, de demander ce qu’il lui paraît le plus convenable, soit à son intérêt particulier, soit à l’intérêt général. Il est évident qu’il n’y a point là de droits politiques, parce qu’en adressant une pétition, en émettant un vœu, son désir particulier, on ne fait aucun acte d’autorité, on exprime à celui qui a l’autorité en main ce que l’on désire qu’il vous accorde. » (10 mai)

Le droit de pétition n’est pas celui de proposer, encore moins de provoquer, des référendums. Il y a loin entre presser des élus et les court-circuiter. Il ne vint jamais à l’esprit de Robespierre de faire cette proposition dans la mesure où ses autres propositions garantissaient la fidélité des élus en les assujettissant à la volonté du peuple.

La non rééligibilité immédiate des députés sortants

Les 16 et 18 mai 1791, à l’Assemblée, Robespierre prôna et obtint que les députés sortants ne soient pas rééligibles à la législature suivante. Il était très attaché à cette disposition (2).

(2) Robespierre avait bien sûr raison sur le principe : en redevenant régulièrement de simples citoyens, soumis aux lois comme tout un chacun, les députés n’en sont que plus motivés à faire de bonnes lois. Mais c’est oublier que, dans un système monétaire, les “citoyens” sont inégaux en droits, qu’il y a des riches et des pauvres et que les députés sont généralement riches ou s’enrichissent grâce à leur fonction. Les députés sont donc intéressés à faire des lois en faveur des riches. Il est vrai que si toutes les dispositions proposées par Robespierre étaient simultanément appliquées, les lois seraient aussi justes que possible. Il n’en demeurerait pas moins que les riches resteraient riches et puissants, ce qui, au final, ne changerait pas grand chose.

« Autant les peuples sont indolens ou facile à tromper, autant ceux qui les gouvernent sont habiles et actifs pour étendre leur pouvoir et opprimer la liberté publique ; c’est cette double cause qui a fait que les magistratures électives sont devenues perpétuelles et ensuite héréditaires. C’est l’histoire de tous les siècles, qui a prouvé qu’une loi prohibitive de la réélection est le plus sûr moyen de conserver la liberté. Parlez-vous d’un corps de représentans destinés à faire des lois, à être les interprètes de la volonté générale ? La nature même de leurs fonctions les rappelle impérieusement dans la classe des simples citoyens. Ne faut-il pas en effet qu’ils se trouvent dans la situation qui confond le plus leur intérêt et le vœu personnel avec celui du peuple ? Or, pour cela, il faut que souvent ils redeviennent peuple eux-mêmes. Mettez-vous à la place des simples citoyens, et dites de qui vous aimeriez mieux recevoir des lois, ou de celui qui est sûr de n’être bientôt plus qu’un citoyen ou de celui qui tient encore à son pouvoir par l’espérance de le perpétuer. [...]
« Vous dites que le corps législatif sera trop faible pour résister à la force du pouvoir exécutif, si tous les membres sont renouvelés tous les deux ans. [...] C’est dans votre système que le corps législatif sera trop faible pour résister, non pas à la force du pouvoir exécutif, mais à ses caresses et à ses séductions. Car, dès le moment où il sera assis sur les bases de la constitution, ce n’est pas à le détruire que le pouvoir exécutif s’appliquera, mais à le corrompre. [...]
« On a fait une autre objection qui ne me paraît pas plus raisonnable, lorsqu’on a dit que, sans l’espoir de la rééligibilité, on ne trouverait pas dans les vingt-cinq millions d’hommes qui peuplent la France, des hommes dignes de la législature. Ce qui me paraît évident, c’est que s’opposer à la réélection, est le véritable moyen de bien composer la législature. Quel est le motif qui doit appeler, qui peut appeler un citoyen vertueux à désirer ou à accepter cet honneur, le plus de ceux que la nation française puisse accorder à ses citoyens ? Sont-ce les richesses, le désir de dominer, et l’amour du pouvoir ? Non. Je n’en connais que deux : le désir de servir sa patrie : le second, qui est naturellement uni à celui-là, c’est l’amour de la véritable gloire, celle qui consiste, non dans l’éclat des dignités, ni dans le faste d’une grande fortune, mais dans le bonheur de mériter l’amour de ses semblables par des talens et des vertus. » (18 mai 1791) (Discours du 16 mai)

Le 1er août 1792, aux Jacobins, Robespierre qui était pourtant rééligible demanda que soit convoquée « une convention nationale, dont les membres seront élus directement par les assemblées primaires, et ne pourront être choisis parmi ceux de l’assemblée constituante ni de la première législature. »

Elections et votes à haute voix

Le 27 août 1792, alors que les élections pour la Convention approchaient, Robespierre qui présidait alors l’assemblée de la section de la place Vendôme proposa que, en raison des circonstances, les élections se fassent à haute voix et que le choix des députés soit soumis à l’examen des assemblées primaires. Ce mode d’élection fut adopté par toutes les sections de Paris. Le 5 novembre 1792, dans sa réponse à Louvet, il donna lui-même le détail de cette affaire :

« L'assemblée électorale avait arrêté unanimement que tous les choix qu'elle ferait seraient soumis à la ratification des assemblées primaires, et ils furent, en effet, examinés et ratifiés par les sections. A cette grande mesure, elle en avait ajouté une autre, non moins propre à tuer l'intrigue, non moins digne des principes d'un peuple libre, celle de statuer que les élections seraient faites à haute voix et précédées de la discussion publique des candidats. »

Le 10 mai 1793, dans son discours sur la constitution à donner à la France, il prôna de nouveau les délibérations et le vote à haute voix (voir plus loin). Du reste, comme il l’avait déjà demandé à la Constituante le 17 septembre 1791, et comme il l’inscrivit dans sa déclaration des droits, article 20, il était d’avis que les assemblées électorales soient totalement libres de régler leur police et d’adopter le mode de scrutin qui leur convenait. La Constitution de 1793 reprit à son compte cet article.

Des séances largement ouvertes au public

Le 6 décembre 1792, dans ses Lettres à ses commettants (titre de son nouveau journal), Robespierre fit une observation qui, dans l’esprit, rejoignait toutes ses propositions fondées sur les vertus de la lumière, par opposition aux vices de l’ombre.

« J’avoue que si quelque chose prouve à quel point nous sommes inconséquens dans notre conduite et mesquins dans nos institutions, c’est l’indifférence avec laquelle nous avons souffert que le Manège des Thuileries fut si long-tems le temple de la législation. On ne s’est pas même aperçu que la nature de ce local était incompatible avec la publicité, que nous semblions regarder comme la sauve-garde de la liberté. On ne peut pas dire que les représentans de 25 millions d’hommes délibèrent publiquement, lorsqu’ils ne peuvent être vus ou entendus que de trois ou quatre cents hommes entassés dans des cages étroites et incommodes. Etait-ce la publicité des tribunaux et des assemblées de Rome et des anciennes républiques ? Il y a avait un moyen simple et infaillible, et le seul peut-être de forcer les mandataires du peuple d’être digne de lui, et d’épargner à la patrie tous les maux qu’elle a soufferts, tous ceux qui la menacent encore ; c’était de les faire délibérer au moins sous les yeux de dix mille citoyens : nous n’y avons pas même pensé. Une magnifique salle d’opéra eût été bâtie en six semaines : après quatre ans, l’assemblée législative n’a pas encore un lieu décent, pour délibérer. »

Dans son discours sur la constitution à donner à la France, le 10 mai 1793, Robespierre affirma ce principe sous forme d’article :

« Les délibérations de la législature et de toutes les autorités constituées, seront publiques : la publicité qu'exige la Constitution est la plus grande publicité possible. La législature doit tenir ses séances dans un lieu qui puisse admettre douze mille spectateurs » (art. XIII).

Les tribunes de l’Assemblée nationale sont toujours aussi ridicules. Néanmoins la télévision permet à tous les « citoyens » qui le désirent d’assister à ses séances. Mais des téléspectateurs produisent-ils sur les législateurs le même effet que des spectateurs en chair et en os ?

Les députés sont les mandataires, non les représentants du peuple

Les lois faites par l’Assemblée doivent être ratifiées par le peuple

Robespierre aborda ces thèmes de manière implicite le 10 août 1791 lorsqu’il s’opposa à l’adoption de l’article suivant : « la nation, de qui émanent tous les pouvoirs, ne peut les exercer que par délégation ».

« Il est impossible de prétendre, comme on l’a fait, que la nation était obligée de déléguer toutes les autorités, toutes les fonctions publiques ; qu’il n’y avait aucune manière d’en retenir aucune partie sans aucune modification que ce soit. Je n’examine pas un systême que l’assemblée a décrété, mais je dis que dans le systême de la constitution, on ne peut point rédiger l’article de cette manière ; on ne peut dire que la nation ne peut exercer ses pouvoirs que par délégation ; on ne peut dire qu’il y ait un droit que la nation n’ait point. On peut bien régler qu’elle n’en usera pas, mais on ne peut pas dire qu’il existe un droit dont la nation ne peut pas user si elle le veut. »

Le 16 juin 1793, à la Convention, il se montra plus explicite :

« Le mot représentant ne peut être appliqué à aucun mandataire du peuple, parce que la volonté ne peut se représenter. Les membres de la législature sont les mandataires à qui le peuple a donné la première puissance ; mais dans le vrai sens on ne peut pas dire qu’ils le représentent. La législature fait des lois et des décrets ; les lois n’ont le caractère de lois que lorsque le peuple les a formellement acceptées. Jusqu’à ce moment, elles n’étaient que des projets ; alors elles sont l’expression de la volonté du peuple. Les décrets ne sont exécutés avant d’être soumis à la ratification du peuple, que parce qu’il est censé les approuver : il ne réclame pas, son silence est pris pour une approbation. Il est impossible qu’un gouvernement ait d’autres principes. Ce consentement est exprimé ou tacite ; mais, dans aucun cas, la volonté souveraine ne se représente, elle est présumée. Le mandataire ne peut être représentant, c’est un abus de mot, et déjà en France on commence à revenir de cette erreur. »

Ce discours s’applique à tous les détenteurs d’autorité publique. Ils ne sont pas le peuple, ils ne sont que ses mandataires. Ils doivent être élus pour occuper légitimement leur fonction, mais l’élection ne leur confère pas la légitimité d’agir à leur guise : leurs actes ne sont légitimes qu’autant qu’ils sont approuvés par le peuple. Sans cette approbation, sans possibilité réelle pour le peuple de donner son accord ou de s’opposer à chacune des décisions de ses élus, le peuple n’est souverain que sur le papier et des élections ne sont qu’une mascarade démocratique.

Ce principe est celui qui impose l’approbation de la constitution par référendum. C’est celui qui fonde toute élection, tout référendum. C’est celui qui est systématiquement violé par une Assemblée qui édicte des lois sans que le peuple n’ait son mot à dire.

Que les élus sortants soient jugés

Le 10 mai 1793, dans le droit fil de son intervention du 25 juin 1790 sur l’inviolabilité des députés (voir plus haut), Robespierre proposa comme mesures constitutionnelles :

« XVI. Les membres de la législature ne pourront être poursuivis, par aucun tribunal constitué, pour raison des opinions qu'ils auront manifestées dans l'assemblée ; mais à l'expiration de leurs fonction, leur conduite sera solennellement jugée par le peuple qui les aura choisis. Le peuple prononcera sur cette question : tel citoyen a-t-il répondu oui ou non à la confiance dont le peuple l'a honoré ?

« XVII. Les faits positifs de corruption et de trahison qui pourraient être imputés aux fonctionnaires publics dont il est parlé aux deux articles précédens, seront jugés par le tribunal populaire, et leurs délits privés, par les tribunaux ordinaires.

« XVIII. Tous les membres de la législature et tous les membres de l'agence exécutive, seront tenus de rendre compte de leur fortune, deux ans après l'expiration de leur autorité. »

Considérer les gouvernants comme corruptibles, et le peuple bon

Le 21 avril 1793, dans sa déclaration des droits, Robespierre posa un principe essentiel, bien loin des conceptions des élites en général et de nos démocrates modernes en particulier, à savoir :

« Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l’autorité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse. » (article 19)

L’article 9 de la déclaration officielle de 1793 ne retint que la première phrase.

Indemniser ceux qui servent la chose publique

Une disposition qui avait un sens dans le contexte du XVIIIe siècle et que Robespierre ne cessa de réclamer fut l’indemnisation des électeurs pauvres obligés de perdre le salaire d’une ou plusieurs journées de travail pour participer aux élections. Il fit cette proposition dès les élections pour les Etats Généraux. Le 29 mars 1789,

« Il représenta que l’Assemblée comptait parmi ses membres plusieurs Artisans qui avaient consacré aux affaires de la Commune, quatre journées nécessaires à leur subsistance ; et conclut que l’humanité et la justice exigeaient que la Commune leur payât au moins les modiques salaires qu’elles auraient pu leur procurer ».

Le 30 août 1791, Robespierre soutint, en vain, une députation des électeurs du Pas-de-Calais qui réclamait une indemnité pour les électeurs mobilisés depuis 18 mois.

Le 10 mai 1793, dans son discours sur la constitution à donner à la France, il déclara :

« Qu’importe que la loi rende un hommage hypocrite à l’égalité des droits, si la plus impérieuse de toutes les lois, la nécessité, force la partie la plus saine et la plus nombreuse du peuple à y renoncer ? Que la patrie indemnise l’homme qui vit de son travail lorsqu’il assiste aux assemblées publiques ; qu’elle salarie par la même raison d’une manière proportionnée tous les fonctionnaires publics ; que les règles des élections, que les formes des délibérations soient aussi simples, aussi abrégées qu’il est possible ; que les jours des assemblées soient fixés aux époques les plus commodes pour la partie laborieuse de la nation. »

En conséquence, il proposa l’article suivant :

« VIII. Afin que l'inégalité des biens ne détruise point l'égalité des droits, la Constitution veut que les citoyens qui vivent de leur travail, soient indemnisés du tems qu'ils consacrent aux affaires publiques, dans les assemblées du peuple où la loi les appelle. »

Dans le même esprit, Robespierre soutint, le 17 septembre 1793, la mesure faite adoptée par Danton le 5 septembre portant que les citoyens pauvres qui assisteraient aux assemblées de section seraient indemnisés à hauteur de 40 sous.

« Il n’y a que l’aristocratie qui puisse entreprendre de faire croire au peuple qu’il est avili, parce que la patrie vient au-devant de ses besoins, et qu’elle tâche de rapprocher la pauvreté de l’insolente richesse. Pourquoi donc cet avilissement qu’on prétend jeter sur l’homme qui reçoit une indemnité de la justice nationale ? Sommes-nous donc avilis, nous représentants du peuple, en recevant l’indemnité qu’il nous accorde pour subvenir à nos besoins ? »

On voit que Robespierre, constant, ne pronait pas cette mesure par démagogie, par populisme, mais bien par principe, celui qui veut que les citoyens se consacrent à la chose publique et soient donc en état de le faire au besoin grâce à un secours de la société sans lequel celle-ci serait doublement injuste. Il commença pas appliquer ce principe aux pauvres mais il l’appliquait à tous les citoyens, à tous les fonctionnaires. Ainsi, le 20 janvier 1791, il se proposait de lire à l’Assemblée un discours sur l’organisation des tribunaux criminels dans lequel était écrit ceci :

« L’égalité des droits, qui assure à tous les Citoyens la faculté d’être élus par la confiance publique, serait illusoire, si la différence des fortunes mettait le plus grand nombre d’entr’eux dans l’impossibilité physique de soutenir le poids des fonctions nationales. C’est pour cela que je regarde comme tenant essentiellement à la liberté, l’article par lequel je propose d’indemniser les Jurés. J’avoue qu’en général ce n’est pas sans allarmes, que j’ai vu introduire encore le systême de laisser sans salaire un grand nombre de Fonctionnaires publics. Ce n’est pas surtout sans étonnement, que j’ai entendu les Membres du Comité prononcer cette maxime nouvelle, que si les Jurés étaient indemnisés, cette institution serait déshonorée. Les Juges, les Administrateurs, sont donc déshonorés, parce que la justice, la dignité, l’intérêt de la société exigent qu’ils soient salariés ? Les Législateurs sont donc déshonorés ! Le Roi, sur-tout, doit être bien humilié de sa liste civile ! Je ne sais si cette espèce de délicatesse-là paraît à quelqu’un bien sublime ? pour moi, je la trouve ou bien puérile, ou bien perfide. Oui, le plus dangereux de tous les pièges que l’on peut tendre au patriotisme, la plus funeste manière de trahir le peuple, en le livrant à l’aristocratie des riches, c’est sans contredit d’accréditer cette absurde doctrine, qu’il est honteux de n’être pas assez riche, pour vivre, en servant la Patrie sans indemnité ; c’est d’oser mettre en parallèle, avec quelques dépenses nécessaires, l’intérêt sacré de la liberté et de la Patrie. »

Le 3 mars 1791, Robespierre s’opposa à ce que les indemnités des députés servent en tout ou partie à financer un projet de tontine viagère :

« Le salaire des Représentans de la Nation n’est point une propriété individuelle, c’est une propriété nationale. La Nation leur donne une indemnité, parce que l’intérêt exige que tous les Citoyens soient en état de remplir l’emploi qui leur est confié. Pour cela elle leur accorde une indemnité légère en soi, mais qui acquiert une grande importance, parce qu’elle est nécessaire au bien public. En conséquence, toute motion tendante à détourner de sa destination le salaire des Représentans de la Nation, n’est point un secours accordé aux malheureux, c’est l’anéantissement du principe le plus intéressant de l’intérêt général. »

Le 14 décembre 1792, il posa le principe de manière générale :

« Qu’arriverait-il si on refusait une indemnité en faveur d’un citoyen quelconque que les suffrages ont porté à des places qui ne lui permettent pas de vaquer à ses affaires particulières ? Il en arriverait que les citoyens, dont les facultés ne permettraient pas d’abandonner leurs moyens de subsistance ordinaire, se trouveraient écartés des places ; et certes, ne serait-ce pas alors que, par ce fait, le peuple perdrait sa souveraineté pour n’avoir pas les moyens d’exercer ses doits. »

Une démocratie, une nation

Robespierre n’a jamais abordé clairement la question du droit de cité. A qui appartient ce droit ? La réponse était pour lui évidente : aux citoyens français qui, ensemble, constituent le peuple souverain. La démocratie n’avait de sens que dans le cadre de la nation. Mais qu’est-ce qu’un citoyen français ? Il ne disserta jamais sur ce sujet  qui, du reste, est double : un citoyen français possède à la fois la citoyenneté et la nationalité qui sont deux choses différentes. Ne pas distinguer ces deux concepts empêche de définir chacun d’eux convenablement, tandis que les confondre oblige à donner du tout une définition scabreuse (3). Parler de « droits naturels », comme le faisait Robespierre, tout en ne concevant les droits que dans la cadre d’une société induit le même genre d’acrobaties intellectuelles. Il est cependant possible d’avoir une position finale relativement juste à condition d’en appeler au bon sens et d’occulter ainsi les mauvais postulats qui ne peuvent être invoqués en tant que principes. C’est ainsi que, malgré quelque faiblesses dialectiques, l’intuition et le sens pratique évitèrent à Robespierre de tomber dans la démagogie universaliste qui de nos jours fait des ravages.

(3) La constitution de 1793 qui reprit en bonne partie les idées de Robespierre mais qui constituait malgré tout un compromis, définissait l’état de citoyen français comme suit :
ART. 4. Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail ou acquiert une propriété ou épouse une Française ou adopte un enfant ou nourrit un vieillard ; tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - est admis à l'exercice des droits de citoyen français.
ART. 5. L'exercice des Droits de citoyen se perd par la naturalisation en pays étranger, par l'acceptation de fonctions ou faveurs émanées d'un gouvernement non populaire, par la condamnation à des peines infamantes ou afflictives, jusqu'à réhabilitation.

Aussi, ne partagea-t-il pas l’angélisme de la Constituante et des Girondins au sujet des étrangers. Les accueillir, donner asile aux persécutés, avoir pour eux certains égards est une chose ; leur accorder le droit de cité en est une autre, surtout en temps de guerre et de révolution. Sur ce point, ses interventions de plus en plus radicales ne laissent aucun doute sur ses positions qui, à l’heure de l’immigration massive, méritent d’être méditées.

Le 25 février 1793, aux Jacobins, Robespierre parla des troubles qui avaient eu lieu dans la journée dans la rue des Lombards :

« A côté des citoyens honnêtes, nous avons vu des étrangers et des hommes opulents, revêtus de l’habit respectable de sans-culotte. Nous en avons entendu dire : " On nous promettait l’abondance après la mort du roi, et nous sommes plus malheureux depuis que ce pauvre roi n’existe plus. " Nous en avons entendu déclamer, non pas contre la portion intrigante et contre-révolutionnaire de la Convention, qui siège où siégeaient les aristocrates de l’Assemblée constituante, mais contre la Montagne, mais contre la députation de Paris et contre les Jacobins, qu’ils représentaient comme accapareurs. »

Le 8 juin 1793, Robespierre proposa à la Convention de « faire une loi qui bannisse les étrangers ».

Le 29 juillet 1793, aux Jacobins, Robespierre demanda que les déserteurs étrangers soient arrêtés mais s’opposa à l’arrestation de tous les étrangers.

« Je demande qu’on envoie sur le champ une députation au maire de Paris et au commandant-général de la garde nationale parisienne, pour les engager à faire mettre en état d’arrestation tous les déserteurs qui se trouvent en ce moment dans la capitale. […] Je n’ai pas dû demander que tous les étrangers fussent arrêtés, car c’était le seul et le plus efficace moyen de les bannir sans ressource, or il en est un plus grand nombre, dont les lumières, les vertus et le patriotisme servent utilement la chose publique, mais vous ne devez pas mettre de ce nombre les déserteurs autrichiens qu’une longue habitude nous a rendus tous suspects. Je demande que les hommes, qu’un sentiment impérieux fait regarder comme des traîtres, que ces hommes qui ont eu l’audace de venir dans notre sein au nom de vos ennemis qui sont aussi ceux du peuple, que ces hommes enfin dont la conduite, d’après leur propre aveu, n’est pas exempte de louche, soient mis, mais mis seuls, en état d’arrestation ; s’ils sont innocens, nous saurons les dédommager de cette rigueur passagère ; s’ils sont coupables, ils doivent nous payer sans grâce les nombreux sacrifices que nous faisons toujours à la liberté. »

Le 1er août 1793, la Convention décréta l’arrestation des « étrangers des pays avec lesquels la République est en guerre, et non domiciliés en France avant le 14 juillet 1789. »

Le 6 septembre 1793, la Convention décréta l’arrestation des « étrangers nés sur le territoire des puissances avec lesquelles la République française est en guerre », jusqu’à ce qu’il en soit ordonné autrement. Etaient exceptés les artistes et tous les ouvriers pour lesquels deux citoyens attesteraient le patriotisme, et tous ceux qui, n’étant ni l’un ni l’autre, avaient donné des preuves de civisme et d’attachement à la République.

Le 7 septembre 1793, la Convention décréta l’arrestation des banquiers étrangers, étant souvent soit des espions soit des agents de corruption, et la pose des scellés sur leurs papiers.

Le 16 octobre 1793, Robespierre appuya le rapport de Saint-Just portant l’arrestation de tous les ressortissants des puissances en guerre contre la République.

« Depuis le commencement de la Révolution, on a dû remarquer qu’il existe en France deux factions bien distinctes, la faction anglo-prusienne [Brissot, Petion, Clootz, etc.], et la faction autrichienne [Proli, Guzman, etc.], toutes deux réunies contre la République, mais divisées entre elles pour leurs intérêts particuliers. Vous avez porté un grand coup à la faction anglo-prussienne ; l’autre n’est pas morte, vous avez à la terrasser. Je le répète, je ne crois pas si légèrement à la philosophie des Anglais ; ceux qui sont dans ce cas, sont des prodiges. Je me défie indistinctement de tous ces étrangers dont le visage est couvert du masque du patriotisme, et qui s’efforcent de paraître plus républicains et plus énergiques que nous. Ce sont ces ardens patriotes qui sont les plus perfides artisans de nos maux. Ils sont les agens des puissances étrangères, car je sais bien que nos ennemis n’ont pas manqué de dire : Il faut que nos émissaires affectent le patriotisme le plus chaud, le plus exagéré, afin de pouvoir s’insinuer plus aisément dans nos Comités et dans nos assemblées ; ce sont eux qui sèment la discorde, qui rôdent autour des citoyens les plus estimables, autour des législateurs même les plus incorruptibles ; ils emploient le poison du modérantisme et l’art de l’exagération pour suggérer des idées plus ou moins favorables à leurs vue secrettes (On applaudit). Propose-t-on une mesure sage, mais cependant courageuse et calculée sur l’étendue des besoins de la patrie ? Ils disent aussitôt qu’elle est insuffisante, et demande une loi plus populaire en apparence, mais qui, par leurs menées, deviendrait un instrument de destruction. Propose-t-on une mesure plus douce, mais calculée encore sur les besoins de la patrie ? Ils s’écrient qu’il y a de la faiblesse, que cette mesure va perdre la patrie. Ce sont ces agens qu’il faut atteindre, c’est à eux qu’il faut parvenir en dépit de leur art perfide et du masque dont ils ne cessent de se couvrir. Ces agens là sont de tous les pays. Il y a des Espagnols, des Anglais, des Autrichiens ; il faut les frapper tous (Vifs applaudissemens). La mesure est rigoureuse, elle pourra atteindre quelques philosophes amis de l’humanité ; mais cette espèce est si rare, que le nombre des victimes ne sera pas grand. D’ailleurs, cette espèce est si généreuse et si magnanime, qu’elle ne s’aigrira pas contre les mesures qui doivent assurer la prospérité de la France, le bonheur du genre humain et de la terre même qui leur a donné le jour, et où la tyrannie domine encore (On applaudit). »

Le 12 décembre 1793, aux Jacobins, Robespierre proposa et obtint l’exclusion d’Anacharsis Clootz, autoproclamé Orateur du genre humain. Cette intervention est particulièrement d’actualité. C’est un cas d’école.

« Pouvons-nous regarder comme patriote un baron allemand ? Pouvons-nous regarder comme sans-culotte un homme qui a plus de cent mille livres de rente ? Pouvons-nous croire républicain l’homme qui ne vit qu’avec les banquiers [Vandenyver], les contre-révolutionnaires ennemis de la France ? non, Citoyens, mettons-nous en garde contre les étrangers qui veulent paraître plus patriotes que les Français eux-mêmes. Cloots, tu passes ta vie avec nos ennemis, avec les agens et les espions des puissances étrangères ; comme eux, tu es un traître qu’il faut surveiller. Citoyens, Cloots vient de tout vous expliquer ; il connaît les Vandenyver, et les connaissait pour des contre-révolutionnaires. Il vous assure qu’il a cessé de les voir, mais c’est encore là une fourberie de Prussien. Pourquoi donc, Cloots, si tu connaissais les Vandenyver pour des contre-révolutionnaires, es-tu venu solliciter leur élargissement au Comité de sûreté générale : parle, qu’as-tu à répondre.
« Mais ces inculpations sont peu de choses, quand il est question de M. Cloots. Ses trahisons tiennent à un système mieux ourdi. Citoyens, vous l’avez vu tantôt aux pieds du tyran et de la Cour, tantôt aux genoux du peuple... Lorsqu’une faction liberticide dominait au milieu de nous, lorsque les chefs tenaient les rênes du gouvernement, Cloots embrassa le parti de Brissot et de Dumouriez. Lorsque ces derniers servaient les puissances étrangères, et nous faisaient déclarer la guerre, le prussien Cloots appuyait leurs opinions avec frénésie ; il faisait des dons patriotiques, vantait les généraux, et voulait qu’on attaquât l’Univers... Sa conduite ne lui en attira pas moins le mépris de la faction. L’amour-propre lui fit publier un pamphlet intitulé "Ni Marat ni Roland". Il y donnait un soufflet à ce dernier, mais il en donnait un plus grand à la Montagne.
« J’accuse Cloots d’avoir augmenté le nombre des partisans du fédéralisme. Ses opinions extravagantes, son obstination à parler d’une République universelle, à inspirer la rage des conquêtes, pouvaient produire le même effet que les déclamations et les écrits séditieux de Brissot et de Lanjuinais. Et comment Cloots pouvait-il s’intéresser à l’unité de la République, aux intérêts de la France ; dédaignant le titre de citoyen français, il ne voulait que celui de citoyen du monde. Eh ! s’il eût été bon Français, eût-il voulu que nous tentassions la conquête de l’Univers ? Eût-il voulu que nous fissions un département français du Monomotapa ? Eût-il voulu que nous déclarassions la guerre à toute la terre et à tous les élémens ? [...]
« Il est une troisième crise dont M. Cloots pourra se vanter, mais ce ne sera que devant des imbecilles ou des fripons... Je veux parler du mouvement contre le culte, mouvement qui, mûri par le temps et la raison, eût pu devenir excellent, mais dont la violence pouvait entraîner les plus grands malheurs, et qu’on doit attribuer aux calculs de l’aristocratie... Gobel, dont vous connaissez tous la conduite politique, était du nombre de ces prêtres qui se plaignaient de la réduction de leurs traitemens, et dont l’ambition voulait ressusciter l’hydre du ci-devant clergé... Et cependant nous avons vu cet évêque changer subitement de ton, de langage et d’habit, se présenter à la barre de la Convention nationale, et nous offrir ses lettres de prêtrise. Eh ! Cloots, nous connaissons tes visites et tes complots nocturnes. Nous savons que, couvert des ombres de la nuit, tu as préparé avec l’évêque Gobel cette mascarade philosophique. Tu prévoyais les suites funestes que peuvent avoir de semblables démarches ; par cela même, elles n’en plaisaient que davantage à nos ennemis.
« Cloots croyait sans doute que les vrais amis du peuple avaient pris le change et étaient dupes de ces mascarades. Il vint se targuer au Comité de ce bel exploit... " Mais, lui dis-je, vous nous avez dit dernièrement qu’il fallait entrer dans les Pays-Bas, leur rendre l’indépendance, et traiter les habitans comme des frères... Pourquoi donc cherchez-vous à nous aliéner les Belges en heurtant des préjugés auxquels vous les savez fortement attachés ? ... — Oh ! oh ! répondit-il, le mal était déjà fait... On nous a mille fois traités d’impies. — Oui, mais il n’y avait pas de faits " (Cloots pâlit, n’osa pas répondre et sortit). Citoyens, regarderez-vous comme patriote un étranger qui veut être plus démocrate que les Français et qu’on voit tantôt au Marais, tantôt au-dessus de la Montagne ? car jamais Cloots ne fut à la Montagne ; il fut toujours au-dessous ou au-dessus. Jamais il ne fut le défenseur du peuple français mais celui du genre humain.
« Citoyens, je vous prie de faire une réflexion : quand nous avons décrété des lois rigoureuses contre les nobles, Cloots a été excepté ; quand nous avons décrété l’arrestation des étrangers, Cloots a encore été excepté ; que dis-je excepté ! dans ce moment-là même, Cloots fut élu président des jacobins [le 9 novembre, jusqu’au 30] : donc, par une conséquence infaillible, le parti de l’étranger domine au milieu des Jacobins. »

Cette tirade contre Clootz n’était pas la première. Le 2 janvier 1792, au moment des discussions sur la guerre, à laquelle Clootz était favorable, Robespierre s’en était déjà pris à lui.

« Puisque l'orateur du genre humain pense que la destinée de l'univers est liée à celle de la France, qu'il défende avec plus de réflexion les intérêts de ses clients, ou qu'il craigne que le genre humain ne lui retire sa procuration. Laissez donc, laissez toutes ces trompeuses déclamations, ne nous présentez pas l'image touchante du bonheur, pour nous entraîner dans des maux réels ; donnez-nous moins de descriptions agréables, et de plus sages conseils. »

Relevons cette lettre de Saint-Just et Lebas, en mission à Strasbourg, qui, le 14 décembre 1793, annoncèrent à Robespierre qu’ils envoyaient au Comité de salut public l’accusateur public Euloge Schneider, « un ci-devant prêtre, un sujet de l’Empereur. Il sera, avant son départ, exposé sur l’échafaud de la guillotine. Cette punition, qu’il s’est attiré par sa conduite insolente, a été aussi commandée par la nécessité de réprimer les étrangers. Ne croyons pas les charlatans cosmopolites, et ne nous fions qu’à nous mêmes. »

Le 25 décembre 1793, suite au rapport de Robespierre sur les principes du gouvernement révolutionnaire, la Convention décréta qu’« aucun étranger ne pourra être admis à représenter le peuple français. » Le lendemain, elle les exclut de toutes les fonctions publiques.

Les révolutionnaires en général et Robespierre en particulier n’étaient ni chauvins ni xénophobes, mais ils n’étaient pas naïfs et l’expérience leur apprit à se méfier des étrangers, immigrés ou réfugiés, qui, poursuivant leurs intérêts ou agissant pour le compte de puissances étrangères, poussèrent souvent aux maladresses et aux excès préjudiciables à la Révolution, quand ils ne trempèrent pas dans des affaires de corruption. L’heure était alors trop grave pour ne pas prendre de précautions légitimes à leur sujet.

Quoi qu’il en soit, il ressort que, aux yeux de Robespierre, les étrangers ayant par nature un point de vue étranger ne devaient pas avoir le droit de cité en France. Ce fondateur de la gauche considèrerait sans aucun doute comme des traîtres et des démagogues criminels ceux qui aujourd’hui nient la France et le peuple français, crachent sur le patriotisme, prônent l’immigration à outrance, croient qu’il suffit de sacraliser l’immigré pour être de gauche, considèrent comme d’extrême droite ceux qui n’acceptent pas l’invasion de leur pays, substituent la préférence étrangère à la préférence nationale, tolèrent la double nationalité, vantent le multiculturalisme, débinent la démocratie sous le nom de populisme et réclament dans le même temps le droit de vote pour les étrangers.

Le respect des lois

Le 17 juin 1792, dans son Défenseur de la Constitution, Robespierre publia un article particulièrement important sur « le respect du aux lois et aux autorités constituées ». Il contient tant de choses en rapport avec le sujet qu’il mérite d’être cité in extenso.

« Les lois sont les conditions et le lien de la société ; tout membre de la société qui leur refuse l’obéissance, cesse de l’être par celle même.
« Les lois peuvent être considérées sous deux aspects, par rapport au souverain, c’est-à-dire à la nation ; par rapport aux sujets, c’est-à-dire aux individus.
« Le souverain est au-dessus des lois ; le sujet doit leur être toujours soumis. La nation peut changer, à son gré, la loi qui est son ouvrage ; chaque citoyen est toujours obligé de la respecter.
« Quiconque veut maintenir, par la force ou par artifice, une loi que la volonté de la nation a proscrite, est rebelle à la loi ; il se révolte contre le souverain même en qui réside la puissance législative. Alors la loi même a cessé de l’être, quoiqu’elle conserve encore ce nom, et qu’elle continue d’obtenir une soumission forcée. C’est en vain qu’Appius et les décemvirs, étendant leur autorité au de là des bornes et de la durée que le peuple a prescrites, commandent encore aux Romains, au nom de la loi ; la loi réclame contre leur tyrannie ; elle n’attend que la mort de Virginie et le réveil du peuple, pour punir les tyrans.
« Aussi long-tems que la majorité exige le maintien de la loi, tout individu qui la viole, est rebelle. Qu’elle soi sage ou absurde, juste ou injuste, il n’importe ; son devoir est de lui rester fidèle.
« Telle est la nature du respect qu’il lui doit : l’obéissance.
« Quant au respect, qui est un sentiment, qui suppose l’adhésion du cœur et de l’esprit à la sagesse ou à la justice de la loi, nulle puissance humaine ne peut l’imposer, et le maintien de l’ordre ne l’exige pas. Il dépend de l’opinion qui est essentiellement libre et indépendante. Le législateur n’est point infaillible, fût-il le peuple lui-même. Les chances de l’erreur sont bien plus nombreuses encore, lorsque le peuple délègue l’exercice du pouvoir législatif à un petit nombre d’individus ; c’est-à-dire, lorsque c’est seulement par fiction que la loi est l’expression de la volonté du plus grand nombre, ou ce qui est présumé l’être ; mais je ne respecte que la justice et la vérité. J’obéis à toutes les lois ; mais je n’aime que les bonnes. La société a droit d’exiger ma fidélité, mais non le sacrifice de ma raison : telle est la loi éternelle de toutes les créatures raisonnables.
« Si les bonnes lois ont, seules, droit à cette sorte de respect, elles sont sûres aussi de l’obtenir. La sagesse a sur les hommes un empire naturel ; et tous obéissent avec joie, quand c’est l’intérêt général qui commande. Les bonnes lois amènent de bonnes mœurs qui, à leur tour, cimentent leur puissance. Est-il quelques individus pervers ou égarés par l’intérêt personnel ? La volonté générale les contient, et la force publique les subjugue facilement. Tels sont les élémens simples de l’ordre social et de l’économie politique. Ils sont établis pour des hommes, ils doivent être fondés sur la morale et sur l’humanité. Si je vois le législateur suivre des principes opposés, je ne reconnais plus le législateur ; j’aperçois un tyran.
« Le législateur place dans la loi elle-même le principe de la soumission des citoyens ; il sait que, quand la volonté générale se fait entendre, il ne faut pas tant d’appareil pour la faire exécuter. Le législateur a plus de confiance dans la nature humaine ; il cherche à l’élever, à la perfectionner : le tyran la calomnie ; il avilit le peuple, il fait toujours marcher la loi au milieu des armes et des bourreaux, parce que la loi qu’il fait n’est qu’une volonté injuste et particulière, opposée à celle de la société entière. L’obéissance ne lui suffit pas, il impose un morne silence ; il exige pour ses lois un culte superstitieux et une croyance aveugle ; il punit, comme des blasphèmes, les écrits et les discours qui dévoilent ses erreurs et ses crimes. Il veut ravir aux hommes jusqu’aux moyens de perfectionner leur raison et leur bonheur, en leur défendant de s’éclairer mutuellement sur leurs intérêts les plus chers ; il feint de redouter la liberté des opinions, pour l’autorité des lois : il ne la craint que pour son ambition, pour sa cupidité, pour son ineptie.
« Chez un peuple libre et éclairé, le droit de censurer les actes législatifs est aussi sacré que la nécessité de les observer est impérieuse. C’est l’exercice de ce droit qui répand la lumière, qui répare les erreurs politiques, qui affermit les bonnes institutions, amène la réforme des mauvaises, conserve la liberté, et prévient le bouleversement des états. La démonstration des vices d’une loi ne la détruit pas ; mais elle prépare doucement l’opinion publique à en désirer l’abrogation ; elle dispose sensiblement l’autorité souveraine à la réaliser. La loi n’est que l’expression de la volonté générale : la volonté générale n’est que le résultat des lumières générales ; et les lumières générales ne peuvent être formées et accrues, que par la libre communication des pensées entre les citoyens. Quiconque met des entraves à ce commerce sublime détruit l’essence même de la loi ; il en étouffe le germe, qui est la raison publique ; il paralyse la puissance législative elle-même.
« Sous le gouvernement représentatif, surtout, c’est-à-dire, quand ce n’est point le peuple qui fait les lois, mais un corps de représentans, l’exercice de ce droit sacré est la seule sauve-garde du peuple contre le fléau de l’oligarchie. Comme il est dans la nature des choses que les représentans peuvent mettre leur volonté particulière à la place de la volonté générale, il est nécessaire que la voix de l’opinion publique retentisse sans cesse autour d’eux, pour balancer la puissance de l’intérêt personnel et les passions individuelles ; pour leur rappeler, et le but de leur mission et le principe de leur autorité. Là, plus qu’ailleurs, la liberté de la presse est le seul frein de l’ambition, le seul moyen de ramener le législateur à la règle unique de la législation. Si vous l’enchaînez, les représentans, déjà supérieurs à toute autorité, délivrés encore de la voix importune de ces censeurs, éternellement caressés par l’intérêt et par l’adulation, deviennent les propriétaires ou les usufruitiers paisibles de la fortune et des droits de la nation ; l’ombre même de la souveraineté disparaît, il ne reste que la plus cruelle, la plus indestructible de toutes les tyrannies ; c’est alors qu’il est au moins difficile de contester la vérité de l’anathème foudroyant de Jean-Jacques Rousseau contre le gouvernement représentatif absolu.
« Les principes que nous avons exposés, s’appliquent aux autorités constituées : mais il y a là-dessus des idées bien intéressantes à développer, et des notions bien confuses à éclaircir.
« Les autorités constituées ont droit au même respect que la loi, puisque c’est la loi qui les a établies. Les actes publics qui en émanent doivent obtenir la soumission, sans ôter la liberté des opinions sur leur conformité aux règles de la justice. Mais il ne faut pas les confondre avec les hommes qui les exercent, il faut soigneusement distinguer le magistrat de l’individu. Les fonctionnaires publics de tous les pays commettent assez généralement, à cet égard, une erreur aussi funeste que commune. Ils ont coutume de rejeter sur la perversité des peuples les désordres de la société ; ils les accusent de rebellion, lorsqu’eux seuls sont coupables d’orgueil et d’injustice, et de tout tems ce grand procès fut décidé contre les peuples ; car ce sont les fonctionnaires publics qui le jugent. Ceux-ci sont naturellement enclins à s’identifier eux-mêmes avec l’autorité publique qui leur est confiée ; ils se croient propriétaires de ce dépôt, et en disposent sans scrupule au profit de leur vanité, de leur ambition, et de leur cupidité ; ils mettent sans façon leurs personnes à la place de la nation. Comment se regarderaient-ils comme ses mandataires ? jamais la nation ne se présente devant eux, avec les traits auguste du souverain ; ils ne voient que des individus dans l’humble attitude de supplians ou de courtisans ! Font-ils quelque bien ? Ils croient accorder une grâce ! Font-ils quelque mal ! Ils croient exercer un droit . De là, tous les égaremens de l’orgueil et tous les crimes de la tyrannie. Ceux qu’ils oppriment osent se plaindre ? Ils crient à la désobéissance, à la rebellion. Ils invoquent le respect dû aux autorités constituées ; ils jurent que la tranquillité publique est troublée ; ils les immolent au nom de la loi.
« Pour arracher l’espèce humaine à cet avilissement, il faut lui rappeler les véritables principes du gouvernement ; il faut retracer, aux yeux des gouvernans et des gouvernés, leurs droits et leurs devoirs. Les emplois publics ne sont ni des honneurs, ni des prérogatives ; ce sont des charges. Ceux qui les exercent ne sont pas les dominateurs des peuples, mais leurs chargés d’affaires. Tout citoyen doit obéissance au magistrat ; hors de l’exercice de ses fonction, le magistrat n’est plus qu’un individu, l’égal de ses concitoyens. Le magistrat doit à la nation respect et fidélité ; Sa dignité, c’est le choix du peuple ; ses distinctions sont ses vertus ; ses privilèges, ses devoirs, sa gloire, de bien servir la patrie.
« Malheureusement les serviteurs du peuple ne se chargent bien souvent de ses affaires que pour faire les leurs ; et ils les font de telle manière que bientôt ils le ruinent, le dépossèdent et le forcent à les servir lui-même. Sous quelle autre idée peut-on se représenter les despotes orgueilleux et les magistrats prévaricateurs ? Presque partout le véritable souverain est détrôné, le père de famille chassé de son patrimoine, et le monde ne présente qu’une triste et ridicule comédie où les valet insultent à leur maître après l’avoir dépouillé.
« " Les peuples seront heureux, disait Platon, lorsque les magistrats deviendront philosophes ou lorsque les philosophes deviendront magistrats ". En quoi consiste cette philosophie ? à savoir qu’il ne faut point voler le bien d’autrui ; que, si c’est un crime d’attenter à la propriété des individus, ce n’est point une vertu de ravir celle des nations ; qu’une injustice ne devient ni plus légitime, ni moins odieuse, lorsqu’elle fait le malheur, non d’un citoyen et d’une famille, mais du genre humain, que ceux qui punissent le brigandage et le meurtre ne doivent pas être eux-mêmes les plus coupables des brigands et des assassins.
« Combien cette simple règle de morale épargnerait aux hommes de dissensions et de calamités ? Alors au moins ceux qui gouvernent, s’appliqueraient à bien gouverner, et non à faire croire qu’ils gouvernent bien. Ils ne commanderaient pas la confiance et l’estime, comme on lève un impôt ; ils la mériteraient. La mériter, est le seul moyen de l’obtenir : la réclamer éternellement, seulement par des paroles, et en faire une maxime du gouvernement, c’est avertir qu’on en est indigne. L’économe fidèle aime bien agir sous l’œil du maître, et lui rendre compte. Celui qui le conjure de fermer les yeux, et qui affecte de regarder sa surveillance comme une injure, en prouve clairement la nécessité. Tout fonctionnaire public qui montre une vive sensibilité pour les imputations dont il est l’objet, qui prétend qu’on avilit les autorités constituées toutes les fois qu’on censure sa conduite, est un mandataire qui crie à ses commettans de fermer les yeux, parce qu’il a quelque trame perfide à achever contre le salut et contre la liberté du peuple. Le peuple doit toujours avoir les yeux ouvert sur ses agens, comme le père de famille sur ses serviteurs.
« Cette doctrine n’est pas celle des tyrans : mais, sans doute, elle est celle de la raison, de la justice et de la nature. Si vous croyez les tyrans, elle n’est bonne qu’à troubler la tranquillité publique, et à renverser la société.
« Quant à la société, ce sont les tyrans qui la détruisent ; car il est impossible de reconnaître une société légitime dans ce partage où tous les avantages et toute la puissance appartiennent à un seul ou à plusieurs, la servitude, la misère et l’opprobre à tous. La tranquillité ! Ah ! sans doute, il est facile d’avoir la paix avec les brigands, si vous leur abandonnez le trésor qu’ils veulent vous ravir. Mais l’esclavage est-il la tranquillité ? Non, c’est la mort. La tranquillité, c’est l’ordre public, c’est l’harmonie sociale. Peut-elle exister sans la justice, sans la liberté, sans le bonheur ? Quels sont ceux qui la troublent ? Sont-ce les tyrans qui violent les droits des peuples, ou les peuples qui les réclament ? Peuples, tyrans, voilà toute votre cause ; que la raison, que l’humanité la juge une fois, et non la force et le despotisme. »

 

En résumé, selon Robespierre, la démocratie qui suppose que les citoyens soient égaux en droits et jouissent de tous les droits que la société est susceptible de leur garantir (afin qu’ils puissent exercer toutes leurs facultés) implique des mesures de trois ordres.

Premièrement, qu’ils jouissent de leurs droits ou qu’ils aient à les conquérir, les citoyens doivent pouvoir les connaître, les revendiquer et le cas échéant les défendre, d’où l’attachement de Robespierre à la liberté illimitée de la presse, au droit de pétition individuel et collectif et à celui, pour tous, d’être armés ou, du moins, de pouvoir faire partie de la garde nationale.

Deuxièmement, faute d’un législateur suprême juste et inamovible, les lois, pour être légitimes, le plus justes possible et dès lors respectables, doivent être l’ouvrage direct ou indirect du peuple même, d’où l’attachement de Robespierre pour la ratification des lois par le peuple, quels que soient les législateurs (Cette disposition consacre à elle seule la souveraineté du peuple. Si le peuple est bien le souverain, il n'y a aucun obstacle aux dispositions secondaires qui deviennent presque superflues.), et la possibilité pour tous d’être éligibles et de participer aux élections des députés, d’où le suffrage universel et l’indemnisation des électeurs pauvres.

Troisièmement, dans le cas où les précautions précédentes ne seraient pas prises, l’honnêteté devrait suppléer. Autrement dit tout doit être fait pour que les citoyens ayant droit de cité élisent des hommes honnêtes et que les élus, une fois en fonction, soient contraints à l’honnêteté. Etant toujours plus difficile de guérir que de prévenir, c’est ici que les précautions se multiplient et portent sur les différentes étapes des mandats : avant, pendant et après.

Afin que le choix des députés soit le plus judicieux possible, et non le fruit de l’intrigue, les assemblées électorales doivent être libres de régler leur police, quoiqu’elles soient invitées à procéder aux élections à haute voix.

Afin que l’assemblée législative ne trompe pas le peuple et que les députés ne soient pas détournés de leur mission par l’ambition et la corruption, il faut en premier lieu que ces derniers soient salariés (pour ne pas être payés par d’autres, d’après le mot de Buzot, 3 mars 1791), qu’ils ne puissent être nommés à quelque poste que ce soit par le pouvoir exécutif, qu’ils soient au contraire révocables à volonté par leurs mandants, que leur mandat soit court et qu’ils n’en aient pas d’autres, qu’ils ne soient pas immédiatement rééligibles, qu’ils soient nombreux et qu’ils délibèrent sous les yeux d’un vaste public.

Enfin, au cas où certains auraient malgré tout trouvé le moyen d’être infidèles en tant que législateurs ou malhonnêtes en tant qu’individus, ils doivent rendre compte de leur mandat à leurs mandants et être à jamais exclus des fonctions publiques si ces derniers leur refusent leur confiance ; ils doivent en outre être en permanence justiciables devant un tribunal spécial des abus de pouvoir et des délits de droit commun.

On pourrait ajouter un quatrième niveau, une dernière sauvegarde : ce serait les dispositions du premier niveau qui permettent de faire pression moralement et physiquement sur les législateurs, voire de passer outre : liberté de la presse, droit de pétition, auquel il faudrait ajouter celui de provoquer des référendums, et droit d’être armé. Alors la boucle serait bouclée.

Maintenant, pour faire tout à fait œuvre utile, il ne saurait être question d’achever cette étude sans présenter in extenso les deux textes dont nous avons déjà donné quelques extraits et qui fondent le robespierrisme et, partant, le jacobinisme authentique, à savoir la déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon Robespierre, proposée aux Jacobins et adoptée par eux le 21 avril 1793, et son discours sur la constitution à donner à la France, fait à la Convention le 10 mai 1793.

 

Droits de l’homme et du citoyen, selon Robespierre (21 avril 1793)

 

Les représentants du peuple Français réunis en convention nationale, reconnaissant que les lois humaines qui ne découlent point des lois éternelles de la justice, ne sont que des attentats de l’ignorance et du despotisme contre l’humanité ; convaincus que l’oubli et le mépris des droits naturels de l’homme sont les seules causes des crimes et des malheurs du monde, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, ces droits sacrés et inaliénables, afin que tous les citoyens, pouvant comparer sans cesse les actes du gouvernement avec le but de toute institution sociale, ne se laissent jamais opprimer et avilir par la tyrannie; afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur, le magistrat la règle de ses devoirs, le législateur l’objet de sa mission. En conséquence, la convention nationale proclame, à la face de l’univers et sous les yeux du législateur immortel, la déclaration suivante des droits de l’homme et du citoyen.

ARTICLE Premier — Le but de toute association politique est le maintien des droits naturels et imprescriptibles de l’homme, et le développement de toutes ses facultés.

ART. 2 — Les principaux droits de l’homme sont ceux de pourvoir à la conservation de l’existence et la liberté.

ART. 3 — Ces droits appartiennent également à tous les hommes, quelle que soit la différence de leurs forces physiques et morales. L’égalité des droits est établie par la nature ; la société, loin d’y porter atteinte, ne fait que la garantir contre l’abus de la force qui la rend illusoire.

ART. 4 — La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme, d’exercer à son gré toutes ses facultés ; elle a la justice pour règle, les droits d’autrui pour bornes, la nature pour principe, et la loi pour sauvegarde.

ART. 5 — Le droit de s’assembler paisiblement, le droit de manifester ses opinions, soit par la voie de la presse, soit de toute autre manière, sont des conséquences si nécessaires du principe de la liberté de l’homme, que la nécessité de les énoncer suppose ou la présence, ou le souvenir récent du despotisme.

ART. 6 — La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer à son gré de la portion de bien qui lui est garantie par la loi.

ART. 7 — Le droit de propriété est borné comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui.

ART. 8 — Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables.

ART. 9 — Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral.

ART. 10 — La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler.

ART. 11 — Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire, sont une dette de celui qui possède le superflu. Il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée.

ART. 12 — Les citoyens, dont les revenus n’excèdent point ce qui est nécessaire à leur subsistance, sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques ; les autres doivent les supporter progressivement selon l’étendue de leur fortune.

Cet article ne figure pas dans la version que Robespierre publia dans ses Lettres à ses commettans. Il avait réalisé que dispenser une partie des citoyens de payer des impôts serait en faire une classe de citoyens à part, division qui donnerait des arguments aux partisans du suffrage censitaire. Le 17 juin 1793, à la Convention, alors que certains soutenaient l’exonération des pauvres, il déclara : « J’ai partagé un moment l’erreur de Ducos, je crois même l’avoir écrite quelque part ; mais j’en reviens aux principes, et je suis éclairé par le bon sens du peuple, qui sent que l’espèce de faveur qu’on lui présente n’est qu’une injure. En effet, si vous décrétez, sur-tout constitutionnellement, que la misère excepte l’honorable obligation de contribuer aux besoin de la patrie, vous décrétez l’avilissement de la partie la plus pure de la Nation ; vous décrétez l’aristocratie des richesses, et bientôt vous verriez ces nouveaux aristocrates, dominant dans les législatures, avoir l’odieux machiavélisme de conclure que ceux qui ne payent point les charges ne doivent point partager les bienfaits du gouvernement ; il s’établirait une classe de prolétaires, une classe d’ilotes, et l’égalité et la liberté périraient pour jamais. N’ôtez point aux citoyens ce qui leur est le plus nécessaire, la satisfaction de présenter à la République le denier de la veuve. Bien loin d’écrire dans la Constitution une distinction odieuse, il faut au contraire y consacrer l’honorable obligation pour tout citoyen de payer les contribution. Ce qu’il y a de populaire, ce qu’il y a de juste, c’est le principe consacré dans la déclaration des droits, que la société doit le nécessaire à tous ceux qui ne peuvent se le procurer par leur travail. Je demande que ce principe soit inséré dans la Constitution, que le pauvre qui doit une obole pour la contribution, la reçoive de la patrie pour la reverser dans le trésor public. » Sa proposition fut adoptée. Pourtant, dans la rubrique Contributions publiques, la Constitution indiqua simplement : « Nul citoyen n'est dispensé de l'honorable obligation de contribuer aux charges publiques. » (article 101).

ART. 13 — La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens.

ART. 14 — Le peuple est le souverain ; le gouvernement est son ouvrage et sa propriété ; les fonctionnaires publics sont ses commis. Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires.

ART. 15 — La loi est l’expression libre et solennelle de la volonté du peuple.

ART. 16 — La loi doit être égale pour tous.

ART. 17 — La loi ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société ; elle ne peut ordonner que ce qui lui est utile.

ART. 18 — Toute loi qui viole les droits imprescriptibles de l’homme, est essentiellement injuste et tyrannique ; elle n’est point une loi.

ART. 19 — Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l’autorité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse.

ART. 20 — Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier ; mais le vœu qu’elle exprime doit être respecté comme le vœu d’une portion du peuple, qui doit concourir à former la volonté générale. Chaque section du souverain assemblé doit jouir du droit d’exprimer sa volonté avec une entière liberté ; elle est essentiellement indépendante de toutes les autorités constituées, et maîtresse de régler sa police et ses délibérations.

ART. 21 — Tous les citoyens sont admissibles à toutes les fonctions publiques, sans aucune autre distinction que celle des vertus et des talents, sans aucun autre titre que la confiance du peuple.

ART. 22 — Tous les citoyens ont un droit égal de concourir à la nomination des mandataires du peuple et à la formation de la loi.

ART. 23 — Pour que ces droits ne soient point illusoires et l’égalité chimérique, la société doit salarier les fonctionnaires publics, et faire en sorte que les citoyens qui vivent de leur travail, puissent assister aux assemblées publiques où la loi les appelle, sans compromettre leur existence ni celle de leur famille.

ART. 24 — Tout citoyen doit obéir religieusement aux magistrats et aux agents du gouvernement, lorsqu’ils sont les organes ou les exécuteurs de la loi.

ART. 25 — Mais tout acte contre la liberté, contre la sûreté ou contre la propriété d’un homme, exercé par qui que ce soit, même au nom de la loi, hors des cas déterminés par elle et des formes qu’elle prescrit, est arbitraire et nul ; le respect même de la loi défend de s’y soumettre ; et si on veut l’exécuter par la violence, il est permis de le repousser par la force.

ART. 26 — Le droit de présenter des pétitions aux dépositaires de l’autorité publique appartient à tout individu. Ceux à qui elles sont adressées, doivent statuer sur les points qui en font l’objet ; mais ils ne peuvent jamais ni en interdire, ni en restreindre, ni en condamner l’exercice.

ART. 27 — La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme et du citoyen.

ART. 28 — Il y a oppression contre le corps social, lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre du corps social, lorsque le corps social est opprimé.

ART. 29 — Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

ART. 30 — Quand la garantie sociale manque à un citoyen, il rentre dans le droit naturel de défendre lui-même tous ses droits.

ART. 31 — Dans l’un et l’autre cas, assujettir à des formes légales la résistance à l’oppression, est le dernier raffinement de la tyrannie.

ART. 32 — Les fonctions publiques ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs publics.

ART. 33 — Les délits des mandataires du peuple doivent être sévèrement et facilement punis. Nul n’a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

ART. 34 — Le peuple a le droit de connaître toutes les opérations de ses mandataires ; ils doivent lui rendre un compte fidèle de leur gestion, et subir son jugement avec respect.

ART. 35 — Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même état.

ART. 36 — Celui qui opprime une seule nation se déclare l’ennemi de toutes.

ART. 37 — Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l’homme, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et comme des brigands rebelles.

ART. 38 — Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu’ils soient, sont des esclaves révoltés contre le souverain de la terre qui est le genre humain, et contre le législateur de l’univers qui est la nature.

 

Discours sur la Constitution à donner à la France (10 mai 1793)

 

« L'homme est né pour le bonheur et pour la liberté, et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l'opprime ! Le temps est arrivé de le rappeler à ses véritables destinées ; les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, et c'est à vous qu'est spécialement imposé le devoir de l'accélérer.
« Pour remplir votre mission, il faut faire précisément tout le contraire de ce qui a existé avant vous.
« Jusqu’ici l'art de gouverner n'a été que l'art de dépouiller et d’asservir le grand nombre au profit du petit nombre, et la législation le moyen de réduire ces attentats en système : les rois et les aristocrates ont très bien fait leur métier ; c'est à vous maintenant de faire le vôtre, c'est-à-dire de rendre les hommes heureux et libres par les lois.
« Donner au gouvernement la force nécessaire pour que les citoyens respectent toujours les droits des citoyens, et faire en sorte que le gouvernement ne puisse jamais les violer lui-même, voilà à mon avis le double problème que le législateur doit chercher à résoudre. Le premier me paraît très facile : quant au second, on serait tenté de le regarder comme insoluble si l'on ne consultait que les événements passés et présents sans remonter à leurs causes.
« Parcourez l'histoire : vous verrez partout les magistrats opprimer les citoyens, et le gouvernement dévorer la souveraineté ; les tyrans parlent de séditions ; le peuple se plaint de la tyrannie quand le peuple ose se plaindre, ce qui arrive lorsque l'excès de l'oppression lui rend son énergie et son indépendance. Plût à Dieu qu'il pût les conserver toujours ! Mais le règne du peuple est d'un jour ; celui des tyrans embrasse la durée des siècles.
« J'ai beaucoup entendu parler d'anarchie depuis la révolution du 14 juillet 1789, et surtout depuis la révolution du 10 août 1792 ; mais j'affirme que ce n'est point l'anarchie qui est la maladie des corps politiques, mais le despotisme et l'aristocratie. Je trouve, quoiqu'ils en aient dit, que ce n'est qu'à compter de cette époque tant calomniée que nous avons eu un commencement de lois et de gouvernement, malgré les troubles qui ne sont autre chose que les dernières convulsions de la royauté expirante, et la lutte d'un gouvernement infidèle contre l'égalité.
« L'anarchie a régné en France depuis Clovis jusqu'au dernier des Capets. Qu'est-ce que l'anarchie, si ce n'est la tyrannie, qui fait descendre du trône la nature et la loi pour y placer des hommes ?
« Jamais les maux de la société ne viennent du peuple, mais du gouvernement. Comment n'en serait-il pas ainsi ? L'intérêt du peuple c'est le bien public ; l'intérêt de l'homme en place est un intérêt privé. Pour être bon, le peuple n'a besoin que de se préférer lui-même à ce qui n'est pas lui ; pour être bon il faut que le magistrat s'immole lui-même au peuple.
« Si je daignais répondre à des préjugés absurdes et barbares, j'observerais que ce sont le pouvoir et l'opulence qui enfantent l'orgueil et tous les vices ; que c'est le travail, la médiocrité, la pauvreté, qui sont les gardiens de la vertu ; que les vœux du faible n'ont pour objet que la justice et la protection des lois bienfaisantes ; qu'il n’estime que les passions de l'honnêteté ; que les passions de l’homme puissant tendent à s'élever au-dessus des lois justes, ou à en créer de tyranniques ; je dirais enfin que la misère des citoyens n'est autre chose que le crime des gouvernements. Mais j'établis la base de mon système par un seul raisonnement.
« Le gouvernement est institué pour faire respecter la volonté générale ; mais les hommes qui gouvernent ont une volonté individuelle, et toute volonté cherche à dominer ; s'ils emploient à cet usage la force publique dont ils sont armés, le gouvernement n'est que le fléau de la liberté. Concluez donc que le premier objet de toute Constitution doit être de défendre la liberté publique et individuelle contre le gouvernement lui-même.
« C'est précisément cet objet que les législateurs ont oublié ; ils se sont tous occupés de la puissance du gouvernement ; aucun n'a songé aux moyens de le ramener à son institution ; ils ont pris des précautions infinies contre l'insurrection du peuple et ils ont encouragé de tout leur pouvoir la révolte de ses délégués. J'en ai déjà indiqué les raisons ; l'ambition, la force, et la perfidie ont été les législateurs du monde ; s’ils ont asservi jusqu'à la raison humaine en la dépravant, et l'ont rendue complice de la misère de l’homme ; le despotisme a produit la corruption des mœurs et la corruption des mœurs a soutenu le despotisme. Dans cet état de choses, c'est à qui vendra son âme au plus fort pour légitimer l’injustice et diviniser la tyrannie. Alors la raison n'est plus que folie ; l'égalité, anarchie ; la liberté, désordre ; la nature, chimère ; le souvenir des droits de l’humanité, révolte : alors on a des bastilles et des échafauds pour la vertu, des palais pour la débauche, des trônes et des chars de triomphe pour le crime : alors on a des rois, des prêtres, des nobles, des bourgeois, de la canaille, mais point de peuple et point d’hommes.
« Voyez ceux mêmes d'entre les législateurs que le progrès des lumières publiques semble avoir forcés à rendre quelque hommage aux principes ; voyez s'ils n'ont pas employé leur habileté à les éluder lorsqu’ils ne pouvaient plus les raccorder à leurs vues personnelles ; voyez s’ils ont fait autre chose que varier les formes du despotisme et les nuances de l’aristocratie ! Ils ont fastueusement proclamé la souveraineté du peuple, et ils l’ont enchaîné ; tout en reconnaissant que les magistrats sont des mandataires, ils les ont traités comme ses dominateurs et comme ses idoles ; tous se sont accordés à supposer le peuple insensé et mutin, et les fonctionnaires publics essentiellement sages et vertueux. Sans chercher des exemples chez les nation étrangères, nous pourrions en trouver de bien frappants au sein de notre révolution, et dans la conduite même des législateurs qui nous ont précédés. Voyez avec quelle lâcheté elles encensaient la royauté ! avec quelle impudence elles prêchaient la confiance aveugle pour les fonctionnaires publics corrompus, avec quelle insolence elles avilissaient le peuple ! avec quelle barbarie elles  l'assassinaient ! Cependant voyez de quel côté étaient les vertus civiques : rappelez-vous les sacrifices généreux de l’indigence, et la honteuse avarice des riches ; rappelez-vous le sublime dévouement des soldats, et les infâmes trahisons des généraux ; le courage invincible, la patience magnanime du peuple ; et le lâche égoïsme, la perfidie odieuse de ses mandataires !
« Mais ne nous étonnons pas trop de tant d'injustices. Au sortir d’une si profonde corruption comment pouvaient-ils respecter l'humanité, chérir l'égalité, croire à la vertu ? Nous, malheureux, nous élevons le temple de la liberté avec des mains encore flétries des fers de la servitude ! Qu'était notre ancienne éducation, sinon une leçon continuelle d’égoïsme et de sotte vanité ? Qu'étaient nos usages et nos prétendues lois, sinon le code de l'impertinence et de la bassesse, où le mépris des hommes était soumis à une espèce de tarif, et gradué suivant des règles aussi bizarres que multipliées ? Mépriser et être méprisé, ramper pour dominer, esclaves et tyrans tour à tour, tantôt à genoux devant un maître, tantôt foulant aux pieds le peuple, telle était notre destinée, telle était notre ambition à nous tous tant que nous étions, hommes bien nés ou hommes bien élevés, honnêtes gens ou gens comme il faut, hommes de loi et financiers, robins ou hommes d'épée. Faut-il donc s'étonner si tant de marchands stupides, si tant de bourgeois égoïstes conservent encore pour les artisans ce dédain insolent que les nobles prodiguaient aux bourgeois et aux marchands eux-mêmes ? Ô le noble orgueil ! ô la belle éducation ! Voilà cependant pourquoi les grandes destinées du monde sont arrêtées ! voilà pourquoi le sein de la patrie est déchiré par des traîtres ! voilà pourquoi les satellites féroces des despotes de l'Europe ont ravagé nos moissons, incendié nos cités, massacré nos femmes et nos enfants ! Le sang de trois cent mille Français a déjà coulé ; le sang de trois cent mille autres va peut-être couler encore afin que le simple laboureur ne puisse siéger au sénat à côté du riche marchand de grains, afin que l’artisan ne puisse voter dans les assemblées du peuple à côté de l’illustre négociant ou du présomptueux avocat, et que le pauvre intelligent et vertueux ne puisse garder l’attitude d'un homme en présence du riche imbécile et corrompu ! Insensés, qui appelez des maîtres pour ne point avoir d’égaux, croyez-vous donc ne que les tyrans adopteront tous les calculs de votre triste vanité et de votre lâche    cupidité ? Croyez-vous que le peuple, qui a conquis la liberté, qui versait son sang pour la patrie quand vous dormiez dans la mollesse ou que vous conspiriez dans les ténèbres, se laissera enchaîner, affamer, égorger par vous ? Non. Si vous ne respectez ni l’humanité, ni la justice, ni l’honneur, conservez du moins quelque soin de vos trésors, qui n'ont d'autre ennemi que l’excès de la misère publique, que vous aggravez avec tant d'imprudence ! Mais quel motif peut toucher des esclaves orgueilleux ? La voix de la vérité qui tonne dans les cœurs corrompus ressemble aux sons qui retentissent dans les tombeaux, et qui ne réveillent point les cadavres.
« Vous donc à qui la liberté, à qui la patrie est chère, chargez-vous seuls du soin de la sauver ; et puisque le moment où l’intérêt pressant de sa défense semblait exiger toute votre attention, est celui où l’on veut élever précipitamment l’édifice de la Constitution d’un grand peuple, fondez-la du moins sur la base éternelle de la vérité !
« Posez d’abord cette maxime incontestable que le peuple est bon, et que ses délégués sont corruptibles, que c’est dans la vertu et dans la souveraineté du peuple qu’il faut chercher un préservatif contre les vices et le despotisme du gouvernement.
« De ce principe incontestable tirons maintenant des conséquences pratiques, qui sont autant de bases de toute Constitution libre.
« La corruption des gouvernements a sa source dans l’excès de leur pouvoir et dans leur indépendance du souverain. Remédiez à ce double abus.
« Commencez par modérer la puissance des magistrats.
« Jusqu'ici les politiques qui ont semblé vouloir faire quelque effort, moins pour défendre la liberté que pour modifier la tyrannie, n'ont pu imaginer que deux moyens de parvenir à ce but : l'un est l'équilibre des pouvoirs, et l'autre le tribunat.
« Quant à l'équilibre des pouvoirs, nous avons pu être les dupes de ce prestige dans un temps où la mode semblait exiger de nous cet hommage à nos voisins, dans un temps où l'excès de notre propre dégradation nous permettait d'admirer toutes les institutions étrangères qui nous offraient quelque faible image de la liberté ; mais pour peu qu'on réfléchisse on s'aperçoit aisément que cet équilibre ne peut être qu'une chimère ou un fléau ; qu'il supposerait la nullité absolue du gouvernement s'il n'amenait nécessairement une ligue des pouvoirs rivaux contre le peuple ; car on sent aisément qu'ils aiment beaucoup mieux s'accorder que d'appeler le souverain pour juger sa propre cause : témoin l'Angleterre, où l'or et le pouvoir du monarque font constamment pencher la balance du même côté ; où le parti de l'opposition même ne paraît solliciter de temps en temps la réforme de la représentation nationale que pour l'éloigner, de concert avec la majorité qu'elle semble combattre ; espèce de gouvernement monstrueux, où les vertus publiques ne sont qu'une scandaleuse parade, où le fantôme de la liberté anéantit la liberté même, où la loi consacre le despotisme, où les droits du peuple sont l’objet d'un trafic avoué, où la corruption est dégagée du frein même de la pudeur.
« Eh ! que nous importent les combinaisons qui balancent l'autorité des tyrans ? C'est la tyrannie qu'il faut extirper : ce n'est pas dans les querelles de leurs maîtres que les peuples doivent chercher l'avantage de respirer quelques instants, c'est dans leur propre force qu'il faut placer la garantie de leurs droits.
« C'est par la même raison que je ne suis pas plus partisan de l'institution du tribunat ; l'histoire ne m'a pas appris à la respecter. Je ne confie point la défense d’une si grande cause à des hommes faibles ou corruptibles ; la protection des tribuns suppose l’esclavage du peuple. Je n'aime point que le peuple romain se retire sur le Mont-Sacré pour demander des protecteurs à un sénat despotique et à des patriciens insolents : je veux qu'il reste dans Rome, et qu'il en chasse tous ses tyrans. Je hais autant que les patriciens eux-mêmes et je méprise beaucoup plus ces tribuns ambitieux, ces vils mandataires du peuple, qui vendent aux grands de Rome leurs discours et leur silence, et qui ne l'ont quelquefois défendu que pour marchander sa liberté avec ses oppresseurs.
« Il n'y a qu'un seul tribun du peuple que je puisse avouer, c’est le peuple lui-même : c'est à chaque section de la République française que je renvoie la puissance tribunitienne ; et il est facile de l'organiser d'une manière également éloignée des tempêtes de la démocratie absolue et de la perfide tranquillité du despotisme représentatif.
« Mais avant de poser les digues qui doivent défendre la liberté publique contre les débordements de la puissance des magistrats, commençons par la réduire à de justes bornes.
« Une première règle pour parvenir à ce but, c'est que la durée de leur pouvoir doit être courte, en appliquant surtout ce principe à ceux dont l’autorité est plus étendue ;
« 2° Que nul ne puisse exercer en même temps plusieurs magistratures ;
« 3° Que le pouvoir soit divisé ; il vaut mieux multiplier les fonctionnaires publics que de confier à quelques-uns une autorité trop redoutable ;
« 4° Que la législation et l’exécution soient séparées soigneusement.
« 5° Que les diverses branches de l'exécution soient elles-mêmes distinguées le plus qu'il est possible, selon la nature même des affaires, et confiées à des mains différentes.
« L’un des plus grands vices de l'organisation actuelle c'est la trop grande étendue de chacun des départements ministériels, où sont entassées diverses branches d'administration très distinctes par leur nature.
« Le ministère de l'intérieur surtout, tel qu'on s'est obstiné à le conserver jusqu'ici provisoirement, est un monstre politique, qui aurait provisoirement dévoré la République naissante si la force de l'esprit public, animé par le mouvement de la révolution, ne l'avait défendue jusqu'ici et contre les vices de l’institution et contre ceux des individus.
« Au reste, vous ne pourrez jamais empêcher que les dépositaires du pouvoir exécutif ne soient des magistrats très puissants ; ôtez-leur donc toute autorité et toute influence étrangère à leurs fonctions.
« Ne permettez pas qu'ils assistent et qu'ils votent dans les assemblées du peuple pendant la durée de leur agence. Appliquez la même règle aux fonctionnaires publics en général. Eloignez de leurs mains le trésor public ; confiez-le à des dépositaires et à des surveillants qui ne puissent participer eux-mêmes à aucune autre espèce d’autorité.
« Laissez dans les départements, et sous la main du peuple, la portion des tributs publics qu'il ne sera pas nécessaire de verser dans la caisse générale, et que les dépenses soient acquittées sur les lieux autant qu'il sera possible.
« Vous vous garderez bien de remettre à ceux qui gouvernent des sommes extraordinaires, sous quelque prétexte que ce soit, surtout sous le prétexte de former l'opinion.
« Toutes ces manufactures d'esprit public ne fournissent que des poisons : nous en avons fait récemment une cruelle expérience, et le premier essai de cet étrange système ne doit pas nous inspirer beaucoup de confiance dans ses inventeurs. Ne perdez jamais de vue que c'est à l'opinion publique de juger les hommes qui gouvernent, et non à ceux-ci de maîtriser et de créer l'opinion publique.
« Mais il est un moyen général et non moins salutaire de diminuer la puissance des gouvernements au profit de la liberté et du bonheur du peuple. Il consiste dans l'application, de cette maxime, énoncée dans la Déclaration des Droits que je vous ai proposée. La loi ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société, elle ne peut ordonner que ce qui lui est utile.
« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner : laissez aux individus, laissez aux familles le droit de faire ce qui ne nuit point à autrui ; laissez aux communes le pouvoir de régler elles-mêmes leurs propres affaires en tout ce qui ne tient pas essentiellement à l'administration générale de la République ; en un mot, rendez à la liberté individuelle et tout ce qui n'appartient pas naturellement à l'autorité publique, et vous aurez laissé d'autant moins de prise à l'ambition et à l'arbitraire.
« Respectez surtout la liberté du souverain dans les assemblées primaires. Par exemple, en supprimant ce code énorme qui entrave et qui anéantit le droit de voter sous le prétexte de le régler, vous ôterez des armes infiniment dangereuses à l'intrigue et au despotisme des directoires ou des législatures ; de même qu’en simplifiant le code civil, en abattant la féodalité, les dîmes, et tout le gothique édifice du droit canonique, on rétrécit singulièrement le domaine du despotisme judiciaire. Quelqu'utiles que soient toutes ces précautions, vous n’aurez rien fait encore si vous ne prévenez la seconde espèce d'abus que j'ai indiquée, qui est l’indépendance du gouvernement.
« La Constitution doit s'appliquer surtout à soumettre les fonctionnaires publics à une responsabilité imposante, en les mettant dans la dépendance réelle non des individus, mais du souverain.
« Celui qui est indépendant des hommes se rend bientôt indépendant de ses devoirs : l'impunité est la mère comme la sauvegarde publique, et le peuple est toujours asservi dès qu'il n'est plus craint.
« Il est deux espèces de responsabilité, l’une qu’on peut appeler morale, et l'autre physique.
« La première consiste principalement dans la publicité ; mais suffit-il que la Constitution assure la publicité des opérations et des délibérations du gouvernement ? Non, il faut encore lui donner toute l'étendue dont elle est susceptible.
« La nation entière a le droit de reconnaître la conduite de ses mandataires. Il faudrait, s'il était possible, que l'assemblée des délégués du peuple délibérât en présence du peuple entier ; un édifice vaste et majestueux, ouvert à douze mille spectateurs, devrait être le lieu des séances du corps législatif ; sous les yeux d'un si grand nombre de témoins, ni la corruption, ni l'intrigue, ni la perfidie n'oseraient se montrer ; la volonté générale serait seule consultée ; la voix de la raison et de l’intérêt public serait seule entendue. Mais l'admission de quelques centaines de spectateurs encaissés dans un local étroit et incommode offre-t-elle une publicité proportionnée à l’immensité de la nation, surtout lorsqu'une foule d'ouvriers mercenaires effraient le corps législatif pour intercepter ou pour altérer la vérité par les récits infidèles qu'ils répandent dans toute la République ? Que serait-ce donc si les mandataires eux-mêmes méprisaient cette petite portion du public qui les voit, s'ils voulaient faire regarder comme deux espèces d'hommes différentes les habitants du lieu où ils résident et ceux qui sont éloignés d'eux, s'ils dénonçaient perpétuellement ceux qui sont les témoins de leurs actions à ceux qui lisent leurs pamphlets, pour rendre la publicité non seulement inutile, mais funeste à la liberté ?
« Les hommes superficiels ne devineront jamais quelle a été sur la révolution l’influence du local qui a recelé le corps législatif, et les hommes de mauvaise foi n'en conviendront pas ; mais les amis éclairés du bien public n'ont pas vu sans indignation qu'après avoir appelé les regards du peuple autour d'elle pour résister à la cour, la première législature les ait fuis autant qu'il était en son pouvoir lorsqu'elle a voulu se liguer avec la cour contre le peuple ; qu'après s'être en quelque sorte cachée à l’Archevêché, où elle porta la loi martiale, elle se soit renfermée dans le Manège, où elle s'environna de baïonnettes pour ordonner le massacre des meilleurs citoyens au Champ-de-Mars, sauver le parjuré Louis, et miner les fondements de la liberté ! Ses successeurs se sont bien gardés d’en sortir. Les rois ou les magistrats de l'ancienne police faisaient bâtir en quelques jours une magnifique salle d'Opéra, et, à la honte de la raison humaine, quatre ans se sont écoulés avant qu'on eût préparé une nouvelle demeure à la représentation nationale ! Que dis-je ? celle même où elle vient d'entrer est-elle plus favorable à la publicité et plus digne de la nation ? Non, tous les observateurs se sont aperçus qu’elle a été disposée avec beaucoup d'intelligence par le même esprit d'intrigue, sous les auspices d'un ministre pervers, pour retrancher les mandataires corrompus contre les regards du peuple. On a même fait des prodiges en ce genre ; on a enfin trouvé le secret, recherché depuis si longtemps, d'exclure le public en l’admettant ; de faire qu'il puisse assister aux séances, mais qu'il ne puisse entendre, si ce n'est dans le petit espace réservé aux honnêtes gens et aux journalistes ; qu’ils soit absent et présent tout à la fois, la postérité s'étonnera de l'insouciance avec laquelle une grande nation a souffert si longtemps ces lâches et grossières manœuvres, qui compromettaient à la fois sa dignité, sa liberté et son salut.
« Pour moi, je pense que la Constitution ne doit pas se borner à ordonner que les séances du corps législatif et des autorités constituées seront publiques, mais encore qu'elle ne doit pas dédaigner de s'occuper des moyens de leur assurer la plus grande publicité ; qu'elle doit interdire aux mandataires le pouvoir d'influer en aucune manière sur la composition de l’auditoire, et de rétrécir arbitrairement l'étendue du lieu qui doit recevoir le peuple. Elle doit pourvoir à ce que la législature réside au sein d'une immense population, et délibère sous les yeux de la plus grande multitude possible de citoyens infinie.
« Le principe de la responsabilité morale veut encore que les agents du gouvernement rendent à des époques déterminées et assez rapprochées des comptes exacts et circonstanciés de leur gestion ; que ces comptes soient rendus publics par la voie de l'impression, et soumis à la censure de tous les citoyens ; qu'ils soient envoyés en conséquence à tous les départements, toutes les administrations et à toutes les communes.
« A l'appui de la responsabilité morale il faut déployer la responsabilité physique, qui est en dernière analyse la plus sûre gardienne de la liberté ; elle consiste dans la punition des fonctionnaires publics prévaricateurs.
« Un peuple dont les mandataires ne doivent compte à personne de leur gestion n'a point de constitution ; un peuple dont les mandataires ne rendent compte qu'à d'autres mandataires inviolables n'a point de constitution, puisqu’il dépend de ceux-ci de le trahir impunément, et de le laisser trahir par les autres. Si c'est là le sens qu'on attache au gouvernement représentatif, j'avoue que j'adopte tous les anathèmes prononcés contre lui par Jean-Jacques Rousseau. Au reste, ce mot a besoin d’être expliqué, comme beaucoup d'autres, ou plutôt il s'agit bien moins de définir le gouvernement français que de le constituer.
« Dans tout état libre les crimes publics des magistrats doivent être punis aussi sévèrement et aussi facilement que les crimes privés des citoyens, et le pouvoir de réprimer les attentats du gouvernement doit retourner au souverain.
« Je sais que le peuple ne peut pas être un juge toujours en activité, aussi n'est-ce pas là ce que je veux ; mais je veux encore moins que ses délégués soient des despotes au-dessus des lois. On peut remplir l'objet que je propose par des mesures simples dont je vais développer la théorie.
« 1° Je veux que tous les fonctionnaires publics nommés par le peuple puissent être révoqués par lui, selon les formes qui seront établies, sans autre motif que le droit imprescriptible qui lui appartient de révoquer ses mandataires.
« 2° Il est naturel que le corps chargé de faire les lois surveille ceux qui sont commis pour les faire exécuter : les membres de l'agence exécutive seront donc tenus de rendre compte de leur gestion au corps législatif. En cas de prévarication, il ne pourra pas les punir, parce qu'il ne faut pas lui laisser ce moyen de s'emparer de la puissance exécutive ; mais il les accusera devant un tribunal populaire, dont l'unique fonction sera de connaître ces prévarications des fonctionnaires publics. Les membres du corps législatif ne pourront être poursuivis par ce tribunal pour raison des opinions qu'ils auront manifestées dans les assemblées, mais seulement pour les faits positifs de corruption ou de trahison dont ils pourraient être prévenus. Les délits ordinaires qu'ils pourraient commettre sont du ressort des tribunaux ordinaires. Dans l'un et dans l'autre cas ils pourront être jugés, ainsi que les autres fonctionnaires et les autres citoyens, sans qu'il soit nécessaire que le corps législatif ait déclaré qu'il y a lieu à accusation contre eux ; seulement l'accusateur public du tribunal sera tenu d'informer le corps législatif des poursuites dirigées contre les membres prévenus.
« A l'expiration de leurs fonctions les membres de la législature et les agents de l'exécution ; ou ministres, pourront être déférés au jugement solennel de leurs commettants : le peuple prononcera simplement s'ils ont conservé ou perdu sa confiance. Le jugement qui déclarera qu'ils ont perdu sa confiance emportera l'incapacité de remplir aucune fonction publique. Le peuple ne décernera pas de peine plus forte ; et si les mandataires sont coupables de quelques crimes particuliers et formels, il pourra les renvoyer au tribunal établi pour les punir.
« Ces dispositions s’appliqueront également aux membres du tribunal populaire.
« Quelque nécessaire qu'il soit de contenir les magistrats, il ne l'est pas moins de les bien choisir : c'est sur cette double base que la liberté doit être fondée. Ne perdez pas de vue que dans le gouvernement représentatif il n'est pas de lois constitutives aussi importantes que celles qui garantissent la pureté des élections.
« Ici je vois répandre de dangereuses erreurs ; ici je m’aperçois qu'on abandonne les premiers principes du bon sens et de la liberté pour poursuivre de vaines abstractions métaphysiques. Par exemple, on veut que dans tous les points de la République les citoyens votent pour la nomination de chaque mandataire, de manière que l'homme de mérite et de vertu qui n'est connu que de la contrée qu'il habite ne puisse jamais être appelé à représenter ses compatriotes, et que les charlatans fameux, qui ne sont pas toujours les meilleurs citoyens ni les hommes les plus éclairés, ou les intrigants portés par un parti puissant qui dominerait dans toute la République, soient à perpétuité et exclusivement les représentants nécessaires du peuple français.
« Mais en même temps on enchaîne le souverain par des règlements tyranniques ; partout on dégoûte le peuple des assemblées ; on en éloigne les sans-culottes par des formalités infinies : que dis-je ? on les chasse par la famine, car on ne songe pas même à les indemniser du temps qu'ils dérobent à la subsistance de leurs familles pour le consacrer aux affaires publiques.
« Voilà cependant les principes conservateurs de la liberté que la constitution doit maintenir : tout le reste n'est que charlatanisme, intrigue et despotisme.
« Faites en sorte que le peuple puisse assister aux assemblées publiques, car lui seul est l'appui de la liberté et de la justice : les aristocrates, les intrigants en sont les fléaux.
« Qu'importe que la loi rende un hommage hypocrite à l’égalité des droits, si la plus impérieuse de toutes les lois, la nécessité, force la partie la plus saine et la plus nombreuse du peuple à y renoncer ? Que la patrie indemnise l'homme qui vit de son travail lorsqu'il assiste aux assemblées publiques ; qu'elle salarie par la même raison d'une manière proportionnée tous les fonctionnaires publics ; que les règles des élections, que les formes des délibérations soient aussi simples, aussi abrégées qu'il est possible ; que les jours des assemblées soient fixés aux époques les plus commodes pour la partie laborieuse de la nation.
« Que l'on délibère à haute voix : la publicité est l'appui de la vertu, la sauvegarde de la vérité, la terreur du crime, le fléau de l'intrigue. Laissez les ténèbres et le scrutin secret aux criminels et aux esclaves : les hommes libres veulent avoir le peuple pour témoin de leurs pensées. Cette méthode forme les citoyens aux vertus républicaines ; elle convient à un peuple qui vient de conquérir sa liberté, et qui combat pour la défendre : quand elle cesse de lui convenir la République n'est déjà plus.
« Au surplus, que le peuple, je le répète, soit parfaitement libre dans ses assemblées ; la Constitution ne peut établir que les règles générales, nécessaires pour bannir l'intrigue et maintenir la liberté même ; toute autre gêne n’est qu'un attentat à la souveraineté.
« Qu'aucune autorité constituée surtout ne se mêle jamais ni de sa police, ni de ses délibérations.
« Par-là vous aurez résolu le problème encore indécis de l'économie politique populaire, de placer dans la vertu du peuple et dans l'autorité du souverain le contrepoids nécessaire des passions du magistrat et de la tendance du gouvernement à la tyrannie.
« Au reste, n’oubliez pas que la solidité de la Constitution elle-même s’appuie sur toutes les institution, sur toutes les lois particulières d'un peuple ; quelque nom qu'on leur donne ; elles doivent toutes concourir avec elle au même but ; elle s'appuie sur la bonté des mœurs, sur la connaissance et sur le sentiment des droits sacrés de l’homme.
« La déclaration des Droits est la constitution de tous les  peuples ; les autres lois sont muables par leur nature et sont subordonnées à celle là. Qu'elle soit sans cesse présente à tous les esprits ; qu'elle brille à la tête de votre code public : que le premier article de ce code soit la garantie formelle de tous les droits de l'homme ; que le second porte que toute loi qui les blesse est tyrannique et nulle ; qu’elle soit portée en pompe dans vos cérémonies publiques ; qu'elle frappe les regards du peuple dans toutes ses assemblées, dans tous les lieux où résident ses mandataires ; qu'elle soit écrite sur les murs de nos maisons ; qu'elle soit la première leçon que les pères donneront à leurs enfants.
« On me demandera peut-être comment, avec des précautions si sévères contre les magistrats, je puis assurer l’obéissance aux lois et au gouvernement. Je réponds que je l’assure davantage précisément par ces précautions là même : je rends aux lois et au gouvernement toute la force que j’ôte aux vices des hommes qui gouvernent et qui font les lois.
« Le respect qu’inspire le magistrat dépend beaucoup plus du respect qu’il porte lui-même aux lois que du pouvoir qu'il usurpe, et la puissance des lois est bien moins dans la force militaire qui les entoure que dans leur concordance avec les principes de la justice et avec la volonté générale.
« Quand la loi a pour principe l'intérêt public, elle a le peuple lui-même pour appui, et sa force est la force de tous les citoyens, dont elle est l'ouvrage et la propriété. La volonté générale et la force publique ont une origine commune : la force publique est au corps politique ce qu'est au corps humain le bras, qui exécute spontanément ce que la volonté commande, et repousse tous les objets qui peuvent menacer le cœur ou la tête.
« Quand la force publique ne fait que seconder la volonté générale, l'état est libre et paisible ; lorsqu'elle la contrarie, l'état est asservi ou agité.« La force publique est en contradiction avec la volonté générale dans deux cas : ou lorsque la loi n’est pas la volonté générale, ou lorsque le magistrat l’emploie pour violer la loi. Telle est l'horrible anarchie que les tyrans ont établie de tout temps sous le nom de tranquillité, d'ordre public, de législation et de gouvernement ; tout leur art est d'isoler et de comprimer chaque citoyen par la force pour les asservir tous à leurs odieux caprices, qu'ils décorent du nom de loix.
« Législateurs, faites des lois justes ; magistrats, faites-les religieusement exécuter : que ce soit là toute votre politique, et vous donnerez au monde un spectacle inconnu, celui d'un grand peuple libre et vertueux.

Art. I. La Constitution garantit à tous les Français les droits imprescriptibles de l'homme et du citoyen énoncés dans la déclaration précédente.

II. Elle déclare tyrannique et nul tout acte de la législation ou du gouvernement qui les viole.

III. La Constitution française ne reconnaît d'autre gouvernement légitime que le gouvernement républicain, ni d'autre république que celle qui est fondée sur la liberté et sur l'égalité.

IV. La République française est une et indivisible.

V. La souveraineté réside essentiellement dans le Peuple Français ; tous les fonctionnaires publics sont ses mandataires : il peut les révoquer de la même manière qu'il les a choisis.

VI. La Constitution ne reconnaît d'autre pouvoir que celui du souverain ; les diverses portions d'autorités exercées par les différens magistrats, ne sont que des fonctions publiques, qu'il leur délègue pour l'avantage commun.

VII. La population et l'étendue de la République obligent le peuple français à se diviser en sections, pour exercer sa souveraineté ; mais ses droits ne sont ni moins réels, ni moins sacrés que s'il délibérait tout entier, dans une assemblée unique.

En conséquence, chaque section du souverain ne peut être soumise, ni à l'influence, ni aux ordres d'aucune autorité constituée, et les mandataires qui attentent, soit à la liberté, soit à la sûreté, soit à la dignité d'une portion du peuple, sont coupables de rebellion envers le peuple entier.

VIII. Afin que l'inégalité des biens ne détruise point l'égalité des droits, la Constitution veut que les citoyens qui vivent de leur travail, soient indemnisés du tems qu'ils consacrent aux affaires publiques, dans les assemblées du peuple où la loi les appelle.

IX. La durée des fonctions des mandataires du peuple ne peut excéder deux années.

X. Nul ne peut exercer à la fois deux emplois publics.

XI. Les fonctions exécutives, les fonctions législatives et les fonctions judiciaires sont séparées.

XII. La Constitution ne veut pas que la loi même puisse garantir la liberté individuelle, sans aucun profit pour le bien public ; elle laisse aux communes le droit de régler leurs propres affaires, en ce qui tient à l'administration générale de la République.

XIII. Les délibérations de la législature et de toutes les autorités constituées, seront publiques : la publicité qu'exige la Constitution est la plus grande publicité possible. La législature doit tenir ses séances dans un lieu qui puisse admettre douze mille spectateurs.

XIV. Tout fonctionnaire public est responsable au (sic) peuple.

XV. Il sera établi un tribunal dont l'unique fonction sera de connaître de leurs prévarications.

XVI. Les membres de la législature ne pourront être poursuivis, par aucun tribunal constitué, pour raison des opinions qu'ils auront manifestées dans l'assemblée ; mais à l'expiration de leurs fonctions, leur conduite sera solennellement jugée par le peuple qui les aura choisis. Le peuple prononcera sur cette question : tel citoyen a-t-il répondu oui ou non à la confiance dont le peuple l'a honoré ?

XVII. Les faits positifs de corruption et de trahison qui pourraient être imputés aux fonctionnaires publics dont il est parlé aux deux articles précédens, seront jugés par le tribunal populaire, et leurs délits privés, par les tribunaux ordinaires.

XVIII. Tous les membres de la législature et tous les membres de l'agence exécutive, seront tenus de rendre compte de leur fortune, deux ans après l'expiration de leur autorité.

XIX. Lorsque les droits du peuple seraient violés par un acte de la législature, ou du gouvernement, chaque département pourra le déférer à l'examen du reste de la République ; et dans le délai qui sera déterminé, les assemblées primaires s'assembleront pour manifester leur vœu sur ce point.

XX. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen sera placée dans l'endroit le plus apparent des lieux où les autorités constituées tiendront leurs séances ; elle sera portée, en pompe, dans toutes les cérémonies publiques ; elle sera le premier objet de l'instruction publique.

dimanche, 30 janvier 2011

PENSEE DU JOUR : bobo

Il y a au moins au moins un collabo dans un bobo.

PENSEE DU JOUR : les bêtises (?)

Une bêtise, c’est peut-être une erreur.
Deux bêtises, c’est peut-être une coïncidence.
Trois bêtises, c’est un projet voire un complot.

mardi, 25 janvier 2011

ROBESPIERRE Histoire (version courte)

robespierre,histoireRobespierre fut un grand homme, un grand Français, le député le plus populaire et le plus grand révolutionnaire. En tant que tel, il fut l’objet d’attaques incessantes. Sa mémoire même fut souillée de calomnies. Même les raccourcis que l’histoire oblige parfois à faire transforment son portait du tout au tout. Ainsi, son nom est aussi célèbre que son histoire réelle et son œuvre sont méconnues du grand public.   

Il est pourtant primordial de connaître la véritable histoire et les idées de cet homme qui incarna la Révolution et inspira des générations de patriotes. Les Français ignorent tout ce qu’ils lui doivent ; la République elle-même a oublié qu’elle lui doit jusqu’à sa devise. Bien qu’il ait vécu et ait été exécuté il y a plus de deux cents ans, beaucoup de ses idées sont encore révolutionnaires, plus révolutionnaires que celles des révolutionnaires autoproclamés, et la vie de cet homme que l’on appelait l’Incorruptible reste un exemple. 

Je me flatte d’être robespierriste. Et si l’on me demande pourquoi, ou pourquoi je tiens tant à défendre sa mémoire et à rappeler son souvenir dans toute son authenticité, qu’il me suffise de citer ce mot de Babeuf :  

« Le robespierrisme est dans toute la République, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans tout le peuple. La raison en est simple, c’est que le robespierrisme est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques : donc en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »  

Il est impossible d’exposer ici la richesse de la pensée de Robespierre. Pour la connaître, il faut lire ses discours ou, au moins, de bonnes biographies (Jean Massin, Ernest Hamel) ou de bonnes histoires de la Révolution (Albert Mathiez, Albert Soboul, Georges Lefebvre). Mais pour se plonger ainsi dans l’étude, encore faut-il en sentir l’intérêt et ne plus avoir de lui l’image fausse et négative qui est généralement colportée.  

Peindre Robespierre sous son véritable jour et anéantir les fausses idées reçues à son sujet pour donner envie de le lire est donc le but que je me propose. J'ai réalisé deux exposés dont le présent est la version courte. (version développée ici)

 

ROBESPIERRE Maximilien Marie Isidore (de) :

Né à Arras, le 6 mai 1758 – Exécuté à Paris  le 28 juillet 1794 (10 thermidor an II). Avocat. Homme politique français. Figure emblématique de la Révolution française. Âme des Jacobins et de la Montagne.

  

Avant la Révolution

Sa mère meurt en couche alors qu’il n’a que six ans. Son père, avocat,  bouleversé par la mort de sa femme, abandonne le foyer peu après. Ses deux sœurs, Charlotte et Henriette qui mourra à 22 ans, et son frère, Augustin Bon, surnommé Bonbon ou, plus tard, Robespierre jeune, sont recueillis par des parents, lui-même par son grand-père maternel. Studieux, remarqué par les autorités ecclésiastiques d’Arras, il se voit accordé une bourse d’étude au collège Louis-le-Grand à Paris. Elève brillant, il aura l’honneur de faire au nom du collège le compliment à Louis XVI au retour de son sacre. (11 juillet 1775) Reçu avocat le 2 août 1781 au barreau de Paris, il retourne à Arras où il est admis au barreau le 8 novembre. Ses débuts sont prometteurs. Admirateur de Rousseau, il se fait le défenseur des pauvres. En 1782, il se voit confié par l’Evêque d’Arras un siège de juge à la salle épiscopale. Cette même année, il est admis à la Société des Rosatis, « des jeunes gens réunis par l'amitié, le goût des vers, des roses et du vin ». En 1783, il entre à l’Académie d’Arras dont il sera élu président, à l’unanimité, le 4 février 1786. En 1784, il obtient le deuxième prix du concours de l'Académie de Metz, sur « l'origine de l'opinion qui étend sur tous les individus d'une même famille une partie de la honte attachée aux peines infamantes que subit un coupable ». 

 

Première élection

La convocation des Etats Généraux par Louis XVI l’enflamme. En janvier 1789, il publie une brochure pragmatique qui rencontre un franc succès et est rééditée en avril : « Appel à la nation artésienne sur la nécessité de réformer les États d’Artois ». En mars, il rédige le cahier de doléances de la corporation des savetiers, la plus pauvre et la plus nombreuse d’Arras. Le 26 avril, il est élu député, un des huit députés du Tiers Etat d’Artois.

 

La Constituante

Inconnu du grand public, il n’a que peu de part aux premiers événements de la Révolution. Mais sa rigueur, sa constance, son intransigeance, son honnêteté vont rapidement faire de lui une des vedettes (du côté gauche) de l’Assemblée constituante issue des Etats Généraux. Ses principes qui ne varieront jamais sont : égalité des citoyens en droits, souveraineté du peuple. Ses opinions trop démocratiques ne prévaudront pas au sein de cette assemblée constituée pour moitié de bourgeois, pour l’autre de nobles et d’ecclésiastiques. Aucun article de la constitution de 1791 ne sera son œuvre. Mais son acharnement à défendre, souvent seul et en vain, la cause populaire fait de lui le héros du peuple et lui vaut rapidement d’être surnommé l’Incorruptible. Cela fait aussi de lui la bête noire des royalistes et des riches, de tous les honnêtes gens qui veulent le peuple nul et qui inaugurent les calomnies qui courent toujours sur son compte.

De tous les combats, il se prononce contre la loi martiale, contre le veto royal, contre le suffrage censitaire, contre le cumul des fonctions publiques, contre l’esclavage, contre la peine de mort (pour les crimes de droit commun), pour le rattachement d’Avignon à la France, pour le suffrage universel, pour l’institution de jurés, pour le droit de pétition, pour la liberté de la presse, pour le mariage des prêtres, pour la présence de soldats en nombre égal à celui des officiers dans les cours martiales.

Ni monarchiste ni républicain, peu lui importe la forme du gouvernement pourvu que les droits des citoyens et du peuple soient respectés. Dans un discours sur l’organisation des gardes nationales (décembre 1790), applaudi par toutes les sociétés patriotiques, il formule la devise que reprendra la IIIe république : Liberté Egalité Fraternité. Son seul véritable succès parlementaire est l’obtention de la non rééligibilité des députés sortants, quoique le décret, contrairement à sa proposition, limite cette non rééligibilité à la législature suivante. Au sortir de la dernière séance de la Constituante, le 30 septembre 1791, les Parisiens lui font un triomphe. Sa popularité et sa renommée sont immenses dans toute la France. En juin 1791, la municipalité de Toulon l’avait fait citoyen de la ville ; en mars, celle de Marseille lui avait demandé d’être son défenseur, comme il avait été celui des Avignonnais. 

 

Les Jacobins

S’il n’a aucune influence sur l’Assemblée, il en a au contraire beaucoup au club des Jacobins qui réunit les députés les plus avancés (tous les personnages célèbres de la Révolution en font partie, La Fayette, Mirabeau, Siéyes, Talleyrand, Barnave, Lameth, Duport, Barère, Le Chapelier, Lanjuinais, Liancourt, etc.) et où la parole est plus libre. Les séances du club sont ouvertes au public, rapportées par les journaux et font l’objet d’un procès verbal envoyé aux sociétés affiliées partout en France. Mais c’est après la fuite du roi, en juin 1791, qu’il devient réellement et jusqu’à sa mort l’âme (non pas le maître) du club. C’est lui qui sauve son existence, le consolide et l’incarne aux yeux de l’opinion publique lorsque les divergences sur les suites à donner à la fuite du roi poussent la plupart des membres (246 députés) à faire défection et à fonder le club éphémère et impopulaire des Feuillants.

 

La Législative

Redevenu simple citoyen, Robespierre, après un bref séjour dans son pays, revient à Paris. Il pensait que la nouvelle Assemblée, dite Législative, travaillerait à corriger par de bonnes lois les défauts de la constitution. Mais déjà les nouveaux députés influents que l’on appelle Girondins — car originaires de Bordeaux mais aussi d’autres villes portuaires telles Nantes ou Marseille — n’ont que la guerre en tête, à l’instar de la Cour qui ne voit son salut que dans une défaite militaire. C’est aux Jacobins, dont les Girondins sont alors membres, qu’il va s’opposer de toutes ses forces à leur projet qu’il juge absurde et naïf (les véritables ennemis sont à l’intérieur, pas à Coblentz) et pressent dangereux pour la Révolution et désastreux dans tous les cas (risque de césarisme). Les Girondins, irascibles et intrigants, ne lui pardonneront pas cette opposition vigoureuse, d’autant plus qu’ils sont les champions de la bourgeoisie quand lui défend le peuple.

Quand la guerre est déclarée à l’Empereur d’Autriche (20 avril 1792), tout ce que Robespierre a annoncé se réalise ; elle tourne au désastre. Mais, malgré les trahisons, les Girondins ne songent qu’à sauvegarder leur pouvoir en passant des compromis avec la Cour. Robespierre, au contraire, prône le renversement de la monarchie, la convocation d’une convention nationale (dont doivent être exclus, selon lui, les ex-constituants, dont lui-même, et les députés en fonction) et appelle le peuple de Paris et les fédérés des départements à l’insurrection.

Le 10 août, le palais des Tuileries est pris d’assaut, l’Assemblée suspend le roi qui s’est réfugié auprès d’elle et convoque une convention nationale. Une nouvelle municipalité parisienne est mise en place par les sections de la capitale : la Commune insurrectionnelle. La section des piques désigne Robespierre pour y siéger.

La Législative étant discréditée et condamnée, c’est la Commune qui détient le pouvoir, assure l’intérim et prend les mesures de circonstance : envoi d’agents dans les départements pour informer de l’événement ou effectuer des réquisitions, perquisitions pour trouver des armes, recrutement des volontaires, arrestation des contre-révolutionnaires notoires (lesquels, à l’annonce des trahisons de Longwy et de Verdun, seront massacrés dans les prisons avant le départ des volontaires).

Le 20 septembre, à Valmy, l’armée française et les volontaires arrêtent les austro-prussiens qui, dès lors, battent en retraite. (Le caractère victorieux de cette rencontre est contesté. Le retrait des troupes austro-prussiennes serait le résultat de négociations menées par Danton. Il est néanmoins constant que les armées ennemies étaient dans un état lamentable et que les troupes françaises auraient pu les exterminer si elles n’avaient été retenues et obligées de suivre de loin leur retraite.) La Belgique tombe entre les mains des Français.

 

La Convention girondine

Les Girondins n’ont pas eu le panache des Constituants et n’ont pas suivi Robespierre : ils ne se sont pas fermés la porte de la réélection. Robespierre qui a déjà eu à les combattre sur un pied d’inégalité se représente donc. Le 5 septembre, il est le premier député désigné par Paris. Il est également élu spontanément par le Pas-de-Calais. De manière générale, Paris qui connaît bien les Girondins désigne des hommes populaires et énergiques qui formeront la base de la tendance opposée à la Gironde : la Montagne.

Pour l’heure les Girondins tiennent tous les ministères et tous les postes de la Convention. La session s’ouvre le 21 septembre. La monarchie est abolie en France. Dès le lendemain, les Girondins commencent à attaquer la députation de Paris et à semer la défiance contre cette ville. Leurs attaques incessantes et combinées sont de plus en plus pressantes et particulièrement dirigées contre Robespierre, Danton et Marat. Le summum est atteint lorsque, le 29 octobre, Louvet prononce un véritable réquisitoire contre Robespierre, accusé d’aspirer à la dictature, et la Commune de Paris.

Robespierre lui répond le 5 novembre et terrasse ses accusateurs en montrant l’insanité de leurs accusations, eux qui n’ont rien fait pour la Révolution et la République, et en rappelant les mérites de la Commune de Paris à l’heure du danger. L’impression de son discours est votée à la quasi unanimité. Les députés de province qui étaient prévenus contre Paris par la propagande girondine sont détrompés et ne veulent plus entendre les Girondins. La Convention, jusque-là paralysée par les querelles de personnes, peut enfin s’occuper du sort du roi.

Estimant qu’un procès présume Louis XVI innocent alors que le 10 août a tranché la question, Robespierre se prononce pour son exécution pure et simple. La majorité en décide autrement. Les Girondins dont le but est rien moins que clair multiplient alors les manœuvres dilatoires. Après avoir argué de l’inviolabilité du roi, puis proposé que le roi soit jugé par le peuple, ils proposent que le jugement de la Convention soit soumis à la ratification du peuple et votent finalement la mort, mais avec sursis. Leur échec est complet sur toute la ligne : la majorité de la Convention (malgré les entreprises de corruption) a suivi les Montagnards. Le ci-devant roi est condamné à mort le 20 janvier 1793 et exécuté le lendemain.

Les sujets à l’ordre du jour sont alors l’économie, la guerre et la constitution. Champions des riches et partisans du libre échange, euphémisme pour désigner la liberté d’accaparer et d’affamer pour s’enrichir, les Girondins refusent toute intervention autre que la répression alors que le peuple est confronté à la dévaluation de la monnaie et aux difficultés d’approvisionnement, voire à la faim. Cette politique de la part de ceux qui ont plongé la France dans la guerre, qui viennent de la déclarer à l’Angleterre (1er février) et à l’Espagne (7 mars), semble à beaucoup inconséquente. Un pays en guerre a besoin de son peuple pour la faire. Il faut donc satisfaire le peuple pour lui donner des raisons de se battre. En outre, les Girondins s’ingénient à prendre le contre-pied des Montagnards et défendent Dumouriez qui perd la Belgique, tente même de retourner ses troupes contre la Convention, comme La Fayette l’année précédente, et expose de nouveau la France à l’invasion. Enfin, ils n’ont rien perdu de leur haine contre les Montagnards et Paris contre laquelle ils excitent les départements. Le 13 avril, alors que 300 députés pour la plupart Montagnards sont en mission pour le recrutement, ils obtiennent l’arrestation de Marat et sa traduction au Tribunal révolutionnaire. Acquitté le 24 avril, les Parisiens le reconduisent triomphalement à la Convention.

Cet état de rivalité, alors que l’unité est plus que jamais nécessaire, ne peut plus durer. L’inconséquence, l’incompétence, l’égoïsme, l’orgueil, la malveillance et la mesquinerie des Girondins, leur puérilité qui confine à la trahison, leur défiance envers Paris qui les pousse au fédéralisme, gâtent tout et empêchent la Convention d’agir. Sans le sursaut du 10 août auquel ils se sont opposés de toutes leurs forces, la guerre était perdue et la Révolution avec elle. Maintenant, Marseille se soulève contre Paris à leur appel (29 avril). Bordeaux aussi. Le 4 mars, les paysans vendéens, déçus par la politique bourgeoise de la constituante et de la législative, se sont insurgés contre le recrutement, lui aussi conséquence de la politique guerrière girondine. Lyon s’apprête à lever l’étendard de la révolte (29 mai).

Le 13 mars, aux Jacobins, Robespierre avait rejeté toute idée d’insurrection partielle et avait appelé une dernière fois les Girondins à revenir à la raison. Il ne pensait pas les départements prêts à accepter une insurrection qui, par ailleurs, confirmerait la propagande girondine. Mais, le 27 mars, il appelle les sections qui devront bientôt se lever à bannir tous les traîtres. Les Jacobins adoptent sa proposition. Deux jours plus tard, il fixe le programme de salut public qui sera bientôt appliqué point par point par la Montagne. Le 3 avril, avec la trahison de Dumouriez qui ne fait plus aucun doute (il est décrété hors la loi le même jour et passe à l’ennemi deux jours plus tard), il appelle les sections à s’armer et, de son côté, renonce à ses fonctions de membre du Comité de défense générale, essentiellement composé de Girondins, auquel il avait été adjoint le 26 mars. A la tribune de la Convention, il demande un décret d’accusation contre les Girondins en général et Brissot en particulier. Le 2 juin, la garde nationale et les Sans-culottes cernent la Convention et l’obligent à décréter d’arrestation 22 Girondins ainsi que Clavière, ministre des contributions publiques, et Lebrun, ministre des affaires étrangères.

L’intention des Montagnards est simplement d’écarter les Girondins qui sont littéralement renvoyés chez eux, en détention. Mais beaucoup profitent de cette clémence pour s’enfuir et soulever les départements. Le 13 juillet, Charlotte Corday qui arrive de Caen où plusieurs d’entre eux se sont réfugiés poignarde Marat. Après Le Pelletier, le 20 janvier, c’est le deuxième Montagnard assassiné.

 

La Convention montagnarde / l’an II

Entre temps, la Convention a repris à zéro l’ouvrage constitutionnel et a adopté une constitution, la plus démocratique et la plus patriotique de l’histoire de France, le 24 juin. Le 18 juin, Robespierre a soutenu que le peuple français ne ferait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. Cette constitution est précédée, sur le vœux de Robespierre (10 mai), d’une déclaration des droits qui, à quelque chose près, est celle qu’il avait proposée et que les Jacobins avaient adoptée le 21 avril. N’y manque que ses conceptions sur la propriété qui, selon lui, est une institution sociale qui doit être limitée comme tout droit.

Le 27 juillet, à la faveur de la démission de Gasparin, il est proposé et élu membre du Comité de salut public qui s’occupe de la guerre, des relations internationales et de la politique générale. La situation est tragique. La France est attaquée de tous côtés et les deux tiers des départements sont en révolte contre Paris. Mais le prestige de Robespierre confère au Comité l’assurance et l’autorité et bientôt la confiance (25 septembre) et la stabilité qui lui sont nécessaires pour faire face, notamment pour soumettre les généraux au pouvoir politique et étouffer les factions.

Au Comité, dont les décisions ultimes sont collégiales, Robespierre s’intéresse à tout mais sa fonction est essentiellement politique. Son but, outre l’unité du Comité, est l’unité du peuple français. Il est partisan de mesures à la fois énergiques et raisonnables (modérées). Il abhorre la démagogie, les excès et la corruption qui déshonorent la République, la Révolution et la Convention.

Il mène son premier grand combat, fin nombre, contre la déchristianisation violente (fermeture des églises, renversement des croix, abdications volontaires ou forcées des prêtres, mascarades antireligieuses, oppression des fidèles, etc.), symbolisée par le culte de la Raison qu’il prend, à tort, pour un mouvement athée mais qui, effectivement, donnait du grain à moudre à la propagande contre-révolutionnaire et menaçait d’embraser la France. Inauguré à Nevers par Fouché, importé à Paris par Chaumette, procureur syndic de la Commune, applaudi par la Convention, relayé dans les départements par les représentants en mission, la vague semblait irrésistible. Illusion ! Les campagnes résistaient, se révoltaient. Des centaines de mouvements quasi insurrectionnels étaient signalés partout. Le 21 novembre, aux Jacobins, Robespierre se dresse et oppose tout son prestige et ses principes à ce courant furieux qui menace de désoler et de perdre la République ; il démontre que les déchristianisateurs sont des contre-révolutionnaires qui, au mieux, s’ignorent ; il appelle au respect de la liberté des cultes. Dès lors, le torrent reflue. Le 5 décembre (15 frimaire), la Convention adopte la réponse au manifeste des rois ligués contre la République qu’il lui présente au nom du Comité et dont le préambule est une nouvelle charge contre la déchristianisation. Le lendemain, sur un nouveau rapport de Robespierre, elle rappelle qu’elle a proclamé la liberté des cultes dans la constitution (art. 7) et défend toute violence à leur endroit, à moins qu’ils soient prétextes de troubles à l’ordre public. Ce décret ramena le calme partout dès lors qu’il fut connu et respecté.

Le 25 décembre (5 nivôse), Robespierre énonce les principes du gouvernement révolutionnaire institué le 4 décembre (14 frimaire) et théorise, de fait, la Terreur qui, elle, est en vigueur depuis le 5 septembre. Il n’a pas instauré la Terreur qui s’est imposée d’elle-même. Il n’a même en rien contribué à son instauration, contrairement à Merlin (de Douai), Billaud-Varenne ou Danton. Qu’il l’ait théorisée ne fait pas de lui son instigateur. De même, le gouvernement révolutionnaire fut l’œuvre de Billaud-Varenne et de Saint-Just. Robespierre n’était pas contre, mais il est bon de rappeler qu’il n’était pas seul, que tout ne fut pas son œuvre et qu’il faut rendre à César ce qui est à César.

Au reste, que signifiait ce grand mot de « Terreur » ? Que la République en guerre punirait désormais de mort ses ennemis déclarés. Cela n’avait rien de nouveau. Précisément, Robespierre ne fit que justifier la violence d’Etat en indiquant son but, ses principes, ses obstacles et ses dangers. La Terreur n’était finalement rien de plus que la reconnaissance du droit, pour un régime aux abois, de tuer ses ennemis mortels intérieurs, droit fondé sur le principe de légitime défense, à l’instar du droit, pour un Etat en guerre, de tuer ses ennemis extérieurs incarnés par les soldats étrangers. La Terreur n’était pas un but mais une nécessité passagère. Comme avait dit Saint-Just : « Il faut gouverner par le fer ceux qui ne peuvent l’être par la justice » (10 octobre). Mais Robespierre ajoutait :

« Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : La vertu, sans laquelle la Terreur est funeste ; la Terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. » « Ces notions suffisent pour expliquer l’origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques sont des sophistes stupides ou pervers qui cherchent à confondre les contraires : ils veulent soumettre au même régime la paix et la guerre, la santé et la maladie, ou plutôt ils ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. S'ils invoquent l'exécution littérale des adages constitutionnels, ce n'est que pour les violer impunément. Ce sont de lâches assassins qui, pour égorger sans péril la République au berceau, s'efforcent de la garrotter avec des maximes vagues dont ils savent bien se dégager eux-mêmes. [...] Il [le gouvernement révolutionnaire] doit se rapprocher des principes ordinaires et généraux, dans tous les cas où ils peuvent être rigoureusement appliqués, sans compromettre la liberté publique. La mesure de sa force doit être l'audace ou la perfidie des conspirateurs. Plus il est terrible aux méchans, plus il doit être favorable aux bons. Plus les circonstances lui imposent de rigueurs nécessaires, plus il doit s'abstenir des mesures qui gênent inutilement la liberté publique, et qui froissent les intérêts privés, sans aucun avantage public. »

Au passage, Robespierre brosse une fois de plus le portrait des factions.

« Il [le gouvernement révolutionnaire] doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l'excès ; le modérantisme, qui est à la modération, ce que l'impuissance est à la chasteté, et l'excès qui ressemble à l'énergie, comme l'hydropisie à la santé. Les tyrans ont constamment cherché à nous faire reculer vers la servitude, par les routes du modérantisme ; quelquefois aussi ils ont voulu nous jetter dans l'extrêmité opposée. Les deux extrêmes aboutissent au même point. Que l'on soit en-deça ou en-delà du but, le but est également manqué. Rien ne ressemble plus à l'apôtre du fédéralisme, que le prédicateur intempestif de la République une et universelle. L'ami des rois et le procureur du genre humain s'entendent assez bien. Le fanatisme couvert de scapulaires, et le fanatique qui prêche l'athéisme, ont entr'eux beaucoup de rapports. Les barons démocrates sont les frères des marquis de Coblentz ; et quelquefois les bonnets rouges sont plus voisins des talons rouges qu'on ne pourrait le penser. Mais c'est ici que le gouvernement a besoin d'une extrême circonspection, car tous les ennemis de la liberté veillent pour tourner contre lui, non-seulement ses fautes, mais même ses mesures les plus sages. Frappe-t-il sur ce qu'on appelle exagération ? Ils cherchent à relever le modérantisme et l'aristocratie. S'il poursuit ces deux monstres, ils poussent de tout leur pouvoir à l'exagération. Il est dangereux de leur laisser les moyens d'égarer le zèle des bons citoyens ; il est plus dangereux encore de décourager et de persécuter les bons citoyens qu'ils ont trompés. Par l'un de ces abus, la république risquerait d'expirer dans un mouvement convulsif ; par l'autre, elle périrait infailliblement de langueur. »

Il a déjà dit tout cela à plusieurs reprises, notamment le 25 septembre et le 5 décembre. Les factieux sont prévenus ; les égarés sont invités à se ressaisir avant que le Comité ne sévisse.

La première faction, celle des ultra-terroristes, est représentée d’abord par Hébert et sa feuille Le Père Duchesne puis par les Cordeliers ; la seconde, celle des Indulgents, par Fabre, Danton, Desmoulins et sa feuille Le Vieux Cordelier. Tous sont Jacobins. Malgré Robespierre qui ne cesse de présenter à chacun les dangers de leur  attitude, ils persistent à se déchirer et à attaquer, pour des raisons opposées, la politique du Comité. On ne se refait pas ! Les premiers sont essentiellement inconséquents et ambitieux : ils veulent la Terreur pour s’élever. Le seconds sont essentiellement jouisseurs et corrompus : ils ne veulent plus de la Terreur pour ne pas monter eux-mêmes à l’échafaud. Tous guettent le faux pas.

Les Cordeliers croient le moment venu d’agir lorsque Robespierre qu’ils appellent l’endormeur tombe malade en février 1794 (du 13 février au 12 mars). Ils s’agitent et appellent à l’insurrection le 4 mars (appel que, du reste, les sections n’entendent pas). Mais les collègues de Robespierre font front, notamment Collot-d’Herbois. Le 13 mars, c’est Saint-Just qui dénonce à la Convention la faction de l’Etranger et donne le signal à Fouquier-Tinville, l’accusateur public, pour arrêter les meneurs Cordeliers qui sont arrêtés le soir même et exécutés le 24 mars (4 germinal). Le Comité peut dès lors mettre un terme à certains abus. Il fait notamment supprimer l’armée révolutionnaire (7 germinal) et remanie la Commune de Paris (8-9 germinal).

Il n’a pas pour autant l’intention de se laisser déborder par les Indulgents qui croient à leur tour le moment venu d’agir. Dans la nuit du 30 au 31 mars, les Comités réunis de salut public et de sûreté générale ordonnent leur arrestation. Robespierre qui connaît Danton depuis le début de la Révolution et Camille Desmoulins, depuis son enfance (il fut le témoin de son mariage et est même le parrain de son fils), a longtemps hésité. Mais, pressé par ses collègues (Barère, Collot-d’Herbois, Billaud-Varenne, Saint-Just, Vadier), il s’est laissé fléchir — ses collègues auraient fini par se passer de son consentement dans le cas contraire. Deux rencontres avec Danton, la dernière le 29 mars, lui ont ôté ses derniers scrupules. Le 31 mars, c’est lui qui fait taire les amis de Danton à la Convention qui, sur le rapport de Saint-Just, « décrète d’accusation Camille Desmoulins, Hérault, Danton, Philippeaux, Delacroix, prévenus ce complicité avec d’Orléans et Dumouriez, avec Fabre d’Eglantine et les ennemis de la République, d’avoir trempé dans la conjuration tendant à rétablir la monarchie, à détruire la représentation nationale et le gouvernement républicain. En conséquence, elle ordonne leur mise en jugement avec Fabre d’Eglantine. » Le procès des Indulgents est avant tout celui de Fabre, ami de Danton, impliqué dans la conspiration de Batz dont l’affaire dite de la Compagnie des Indes n’est que la partie visible. Les Indulgents sont exécutés le 5 avril (16 germinal).

Pour Robespierre, rien n’est changé. Il n’a ni plus ni moins de pouvoir qu’avant ; il est simplement un membre du Comité de salut public. Son prochain grand sujet sera l’organisation des fêtes décadaires.

Au lendemain de l’exécution des Indulgents, le 6 avril, Couthon annonce à la Convention que le Comité lui présentera d’ici peu « un projet de fête décadaire dédié à l’Eternel, dont les Hébertistes n’ont pas ôté au peuple l’idée consolante ». L’adoption du calendrier républicain, le 5 octobre 1793, a bouleversé le temps. Le décadi a remplacé le dimanche et supprimé la messe. De partout, les lettres affluent demandant que la Convention et le Comité pallient au vide ainsi créé. Le Comité d’instruction publique s’est saisi dès le mois de janvier du dossier et a déjà présenté aux députés, fin février-début mars, sous forme d’imprimé, le projet de Mathieu (de l’Oise). C’est ce projet, simplifié, précédé d’un long rapport, que Robespierre présente à la Convention le 7 mai (18 floréal). Ce rapport, au terme duquel la Convention décrète que le peuple français reconnaît l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme (tout en confirmant le décret du 18 frimaire sur la liberté des cultes) et fixe les thèmes auxquels seront consacrés les décadis, est accueilli par la Convention et la France entière avec un enthousiasme extraordinaire. Il semble que l’heure de la réconciliation nationale soit venue. La première fête est fixée au 20 prairial (8 juin). Elle est spécialement dédiée à l’Etre suprême, contrairement aux autres qui sont simplement placées sous ses auspices. C’est un acte politique après les désordres provoqués par la déchristianisation et l’ambiguïté du culte de la Raison. Il ne s’agit cependant en rien d’un nouveau culte ou d’une nouvelle religion.

Le 4 juin (16 prairial), la Convention porte Robespierre à sa présidence à l’unanimité afin qu’il préside la fête qui doit avoir lieu quatre jours plus tard. (Ce n’était pas la première fois que Robespierre présidait. Un président de la Convention n’avait rien à voir avec un actuel président de la République. Il changeait tous les quinze jours et n’avait d’autre fonction que de diriger les débats de l’Assemblée ou, à l’occasion, de présider des fêtes officielles à Paris.) Cet honneur se révèle empoisonné. La fête de l’Etre suprême est grandiose, majestueuse, populaire (400.000 participants à Paris, selon un témoin), mais la position de Robespierre prête aux calomnies  de la part de ses ennemis. Car il en a, beaucoup : les amis de Danton, les amis d’Hébert, les athées, les corrompus, les terroristes, les hommes violents et sans moralité. Il les entend dans son dos qui murmurent, qui l’insultent. Quand il rentre chez lui le soir, il sait qu’ils auront sa peau.

Deux jours plus tard, Couthon présente à la Convention la loi plus controversée, celle du 22 prairial qui réorganise le Tribunal révolutionnaire, accélère ses procédures et précise les motifs qui en sont passibles. Quelques députés protestent. Robespierre intervient pour la faire adopter article par article. Son nom est désormais associé à cette loi qui, appliquée ou plutôt dénaturée par ses ennemis personnels, va devenir entre leurs mains un moyen de le discréditer. 

En fait, cette loi n’avait rien d’incongru ni de nouveau. Elle était liée aux lois de ventôse, à celle du 27 germinal et à l’institution de la Commission d’Orange, le 21 floréal. 

Les 8 et 13 ventôse (26 février, 3 mars), sur des rapports de Saint-Just, la Convention avait décrété que les biens des condamnés seraient distribués aux indigents d’après le tableau qu’en ferait le Comité de sûreté générale. Dans cette optique, elle avait décrété, le 23 ventôse (13 mars), l’établissement de six Commissions populaires qui seraient chargées de juger les ennemis de la Révolution détenus dans les prisons. Le 27 germinal (16 avril), toujours sur rapport de Saint-Just, elle avait voté les mesures de police générale d’après lesquelles tous les prévenus de conspiration devaient être transférés à Paris. C’était suspendre de fait tous les tribunaux révolutionnaires de province et donner un travail énorme à celui de Paris, ce qu’un arrêté du Comité de salut public du 22 avril (3 floréal) précise textuellement. (Pour être tout à fait exact, quelques tribunaux révolutionnaires furent maintenus ou rétablis en mai : celui d’Arras, jusqu’au 10 juillet, de Bordeaux, de Nîmes, de l’armée de la Moselle et, à l’Ouest, celui de Noirmoutier, de Laval-Vitré-Rennes et de l’armée de l’Ouest. La Commission d’Orange qui n’existait pas alors fut elle aussi établie en mai, le 10.) Le 8 mai (19 floréal), sur le rapport fait par Couthon au nom des Comités de salut public et de législation réunis, la Convention décréta encore que, en exécution de l’article premier de la loi du 27 germinal, tous les crimes contre-révolutionnaires, définis par les lois antérieures, seraient du ressort du Tribunal révolutionnaire de Paris, où qu’ils aient été commis dans la République.

Le 13 et 14 mai (24 et 25 floréal), les Comités de salut public et de sûreté générale réunis instituèrent à Paris les deux premières Commissions populaires, chacune composée de cinq membres dont certains étaient jurés au Tribunal révolutionnaire et qui tous, d’après un arrêté du Comité du 24 mai (5 prairial), reçurent le même traitement que les juges dudit Tribunal. Le 22 mai (3 prairial), Robespierre les dota de tous les moyens pour enquêter. Le 10 mai, le Comité institua une Commission révolutionnaire à Orange. Le 18 mai, le Comité lui adressa une instruction qui était manifestement inspirée par le fonctionnement des Commissions populaires et qui inspira à son tour les articles 8 et 16 de la loi du 22 prairial. Tous les membres du Comité de salut public avaient participé à l’établissement de ces différentes Commissions. Tous en partageaient l’esprit.

Les Commissions populaires commencèrent à produire des listes de détenus à condamner, à déporter ou à libérer le 19 prairial. Trois jours plus tard, Couthon présentait la loi du 22 prairial qui accélérait les procédures du tribunal révolutionnaire. C’était une conséquence directe de toutes les lois et dispositions précédentes auxquelles les Comités et la Convention avaient souscrit. La raison d’être de cette loi est claire et les controverses à son sujet sont le fait d’ignorants ou de partisans.

C’est également une imposture que de présenter cette loi comme l’origine d’une Grande Terreur, donc Robespierre comme un grand terroriste. S’il est vrai que le nombre d’exécutions augmente après son adoption, il faut préciser que cette augmentation ne concerne que Paris et que leur nombre a déjà fortement augmenté depuis la loi du 27 germinal qui a supprimé les tribunaux révolutionnaires de province. En réalité, si le nombre d’exécutions explose à Paris, c’est parce que la Terreur a quasiment cessé partout en France. La période dite de la Grande Terreur est en fait celle qui vit chuter le nombre d’exécutions au niveau national. Et, même à Paris, les chiffres sont dérisoires. De l’instauration du Tribunal révolutionnaire en mars 1793 au 27 juillet 1794 (9 thermidor), il n’y eut que 2639 exécutions à Paris (pour 1218 libérations et 258 autres peines), dont seulement 1075 Parisiens. Ainsi, pour une ville qui comptait 600.000 habitants, moins de 0,2 % d’entre eux furent exécutés. Que les victimes n’aient pas été à la fête est une chose ; croire que les Parisiens étaient terrorisés en est une autre !

Le vrai scandale de cette période réside dans le principe des « fournées », c’est-à-dire de la traduction simultanée de plusieurs dizaines de détenus devant le Tribunal révolutionnaire. Or cette pratique n’était pas prescrite par la loi du 22 prairial. Elle incombait sans doute à Fouquier-Tinville que Robespierre essaya en vain de faire destituer fin juin. Par ailleurs, les procédures du Tribunal révolutionnaire étaient expéditives parce que les détenus devaient être pré-jugés par les Commissions populaires, instruments des lois de ventôse. Or non seulement les Comités de salut public et de sûreté générale rechignaient à instituer les quatre autres Commissions prévues mais ne validaient même pas les listes dressées par les Commissions en vigueur. Le sabotage des lois de ventôse sur la distribution des biens des condamnés aux indigents et le détournement de la loi du 22 prairial furent la raison profonde de la rupture entre Robespierre et ses collègues des Comités.

A ce désaccord de fond s’en ajoutaient d’autres. Le Comité n’étant plus menacé de l’extérieur par les factions, ses membres donnèrent de plus en plus libre cours à leurs divergences sur le plan militaire, social, politique ou personnel. Carnot conduisait seul la guerre et voulait une guerre de conquête, alors que Robespierre désirait y mettre fin dès que le territoire serait libéré, ce qui était sur le point d’être réalisé. Par ailleurs, Robespierre voulait modérer la Terreur et était exaspéré par les arrestations tous azimuts. Il était cerné d’ennemis, visé par mille intrigues et désespérait de rencontrer une opposition systématique chez ses collègues des Comités. Ne pouvant plus rien faire, il cesse, à partir du 1er juillet (13 messidor), de participer au Comité.

Cette absence de plusieurs semaines ne passe pas inaperçue, d’autant plus que Robespierre en expose les motifs aux Jacobins. Pour se réconcilier avec lui, les Comités ratifient les listes des Commissions populaires les 2 et 3 thermidor (20 et 21 juillet) — ils en font même porter une chez lui, qu’il signe — et décident la création des quatre dernières Commissions le 4 thermidor. Le 5 thermidor, Robespierre assiste à la séance des Comités. Mais il ne croit pas en leur bonne foi. Il sait que le Comité de sûreté générale a pris des contacts avec les Girondins détenus (qui d’ailleurs lui doivent la vie). Il sait que Fouché complote contre lui, qu’il répand des listes de proscription présentées comme son ouvrage. Il sait que ses ennemis sont nombreux et unis par leur haine contre lui. Il sait que, s’ils l’emportent, la Révolution est perdue. Il prend l’initiative d’attaquer, à découvert comme il l’a toujours fait. Il n’a pas d’autre choix de toute façon.

Le 8 thermidor, il se présente à la Convention armé d’un discours qu’il appelle lui-même son testament de mort. Il dénonce tous les disfonctionnements du gouvernement, tous les excès de la Terreur, toutes les intrigues, tous les coups bas dont il est l’objet, tous les dangers qui menacent la République. L’impression de son discours est décrétée. Mais les hommes qu’il a dénoncés à demi-mot font rapporter le décret. Le soir, aux Jacobins, il relit son discours qui transporte l’assemblée d’émotion. Il reprend confiance. Mais, pendant ce temps, ses ennemis, les hommes de sang et de rapines, rallient les bourgeois du Marais en leur promettant tout et son contraire et adoptent une tactique pour le lendemain : l’empêcher de parler.

Le 9 thermidor, c’est Saint-Just qui monte à la tribune pour lire un rapport (modéré) qu’il a eu le tort de ne pas présenter à ses collègues. A peine a-t-il prononcé quelques phrases que Tallien l’interrompt. Le signal est donné. La meute se déchaîne. Les ennemis de Robespierre se succèdent à la tribune sans qu’il puisse leur répondre. Le voyant lynché, son frère insiste pour partager son sort. Lebas se joint à eux. Ils sont tous décrétés d’arrestation, ainsi que Couthon.

Quand la Commune apprend cette nouvelle incroyable, elle se proclame aussitôt en insurrection, non contre la Convention, mais contre les députés corrompus. Elle sonne le tocsin et fait battre la générale. Elle réunit des milliers d’hommes des faubourgs. Elle parvient à faire libérer les députés arrêtés, surpris par cette mobilisation. Mais elle hésite à marcher sur la Convention qui se ressaisit et réunit des troupes de son côté. Robespierre temporise. Il n’a jamais été dictateur et ne veut pas en devenir un malgré lui. Il avait prédit sa mort depuis longtemps et sait que la Révolution est dans une impasse, que les temps ne sont pas mûrs pour un ordre des choses plus juste. Aussi, bien qu’il ait fini par rejoindre l’Hôtel de Ville, il n’agit pas, pas plus que ses amis qui ont conduit les armées de la République à la victoire. Laissées sans ordre et effrayées par la mise hors la loi dont sont frappés les rebelles, les troupes de la Commune finissent pas se disperser. Surgissent alors les troupes de la Convention qui embarquent tout le monde. Lebas s’est tiré une bale dans la tête. Robespierre aussi, mais s’est manqué et a la mâchoire fracassée. Son frère s’est jeté du premier étage et s’est estropié. Couthon, paralytique, a chuté dans des escaliers et est à moitié mort.

Le lendemain, Robespierre est guillotiné avec 21 de ses partisans. Les deux jours suivants, 82 municipaux, administrateurs de police, cadres de la garde nationale et Robespierristes divers sont exécutés. La Commune est anéantie. La Révolution, au sens social du terme, est terminée. La bourgeoisie capitalo-libérale reprend les rênes du pouvoir et ne les lâchera plus. La Terreur change de camp.

 

Résumant les pensées de beaucoup de ses contemporains, Cambon, chargé des finances sous la Convention, attaqué personnellement par Robespierre le 8 thermidor, dira plus tard : « Nous avons tué la République au 9 thermidor, en croyant ne tuer que Robespierre ! Je servis à mon insu les passions de quelques scélérats. Que n’ai-je péri, ce jour-là, avec eux ! la liberté vivrait encore ! » 

 

Philippe Landeux 

Janvier 2011

 

Exemple de désinformation : Le Petit Larousse illustré (1998)

Sont marqués en gras les mots et les passages tendancieux qui dénaturent le rôle et le caractère de Robespierre.

ROBESPIERRE (Maximilien de) :

Arras 1758 – Paris 1794, homme politique français. De petite noblesse, orphelin, il est d’abord avocat à Arras. Député aux Etats Généraux, orateur influent puis principal animateur du club des Jacobins, surnommé l’« Incorruptible », il s’oppose fermement à la guerre. Membre de la Commune après l’insurrection du 10 août 1792, puis député à la Convention, il devient de le chef des Montagnards. Hostile aux Girondins, il provoque leur chute (mai-juin 1793). Entré au Comité de salut public (juill.), il est l’âme de la dictature, affirmant que le ressort de la démocratie est à la fois la terreur et la vertu ; il élimine les hébertistes (mars 1794) et les indulgents menés par Danton (avr.), puis inaugure la Grande Terreur (juin). Enfin, il impose le culte de l’Etre suprême (8 juin). Mais une coalition allant des membres du Comité de salut public aux conventionnels modérés décide le 9 thermidor an II (27 juil. 1794) de mettre fin aux excès de Robespierre, qui est guillotiné le 10 thermidor avec ses amis Saint-Just et Couthon.


12:49 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : robespierre, histoire |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 09 janvier 2011

PENSEE DU JOUR : le patriotisme

Le patriotisme, c'est l'amour des siens ;

Le nationalisme, c'est la haine des autres ;

Le mondialisme,  c'est soi-disant l'amour des autres et concrètement la haine des siens.

lundi, 03 janvier 2011

PENSEE DU JOUR : une idée

"Une idée qui n'est pas dangereuse ne mérite pas le nom d'idée."

Oscar Wilde

10:21 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG, 7.1. PENSEES DU JOUR | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 26 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : la nausée

Les gauchistes sont touchés par une étrange épidémie : les nausées abondent parmi eux. Que voulez-vous ?! Quand on ne sort pas la tête de son cul !

jeudi, 23 décembre 2010

PENSEE DU JOUR : météo

Ne demande pas le temps à la météo. Ouvre ta fenêtre.

DE LA PEINE DE MORT

réponse à Gillinoui 

 

Dans un article paru le 13 décembre 2010 dans  Riposte Laïque, Gillinoui a fait la déclaration suivante :  

« Marine le Pen, elle, parce qu’elle se déclare favorable à l’application de la peine de mort se situe délibérément dans un camp où jamais je ne mettrai les pieds. Et c’est pour cette raison-là qu’il est indigne de cautionner cette personne quand bien même elle tient un discours sur l’islamisation de la société qui est juste. » (Question d’éthique : je n’aurai jamais rien de commun avec Marine Le Pen, à cause de la peine de mort)

A l’heure où une guerre civile nous pend au nez, je trouve cela surréaliste. Comment peut-on mettre en balance le salut de la France et le sort d’individus qui ne méritent plus de vivre ? Le prix de la bonne conscience doit-il être des flots de sang plutôt que quelques gouttes ? N’y a-t-il pas des priorités qu’il est indécent de renverser sous quelque prétexte que ce soit ?

Pourtant, je vais vous étonner, je suis moi aussi contre la peine de mort. Mais je ne suis pas contre comme Badinter, par humanité ou sensiblerie, mais comme Robespierre, par principe, je veux dire au nom des principes de l’ordre social.

Peu de gens savent que Robespierre fut en effet parmi les premiers à réclamer l’abolition de la peine de mort (30 mai 1791). Quant à ceux qui ont vu dans ses positions ultérieures une contradiction, ils ont comme d’habitude confondu leurs impressions avec la réalité. Car c’est au nom du droit à la légitime défense que les individus ont face à leurs agresseurs mais que la société n’a pas face à des auteurs de crimes ou délits de droit commun qui ne la menacent pas que Robespierre s’est opposé à la peine de mort. Ainsi avait-il débuté son discours par les mots suivants :

« Hors de la société civile, qu’un ennemi acharné vienne attaquer mes jours, ou que, repoussé vingt fois, il revienne encore ravager le champ que mes mains ont cultivé, puisque je ne puis opposer que mes forces individuelles aux siennes, il faut que je périsse ou que je le tue ; et la loi de la défense naturelle me justifie et m’approuve. Mais dans la société, quand la force de tous est armée contre un seul, quel principe de justice peut l’autoriser à lui donner la mort ? »

La France était alors en paix. Mais quand la France fut en guerre et la République, menacée, quand la société eut à se défendre, le même principe l’autorisait à tuer et justifiait la mort des contre-révolutionnaires, donc leur exécution. C’est ce qu’il explicita le 2 décembre 1792, lors du procès du roi : 

« J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’assemblée que vous nommez encore constituante ; et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison lui ont paru des hérésies morales et politiques. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de les réclamer en faveur de tant de malheureux dont les délits sont moins les leurs que ceux du gouvernement, par quelle fatalité vous en souvenez-vous seulement pour plaider la cause du plus grand de tous les criminels ? Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer. Oui, la peine de mort, en général, est un crime, et par cette raison seule que, d’après les principes indestructibles de la nature, elle ne peut être justifiée que dans les cas où elle est nécessaire à la sûreté des individus ou du corps social. Or, jamais la sûreté publique ne la provoque contre les délits ordinaires, parce que la société peut toujours les prévenir par d’autres moyens, et mettre le coupable dans l’impuissance de lui nuire. »

Quand, un an plus tard, le 25 décembre 1793, Robespierre établit la théorie du gouvernement révolutionnaire et justifia la Terreur, ses principes étaient inchangés ; ils étaient seulement appliqués selon les circonstances (1). Cette fois, il ne se préoccupa plus des droits communs (toujours soumis aux lois ordinaires) mais seulement des contre-révolutionnaires.     

Or ce sont les Robespierre qui sauvent la République, pas les Badinter qui la vendent à l’Europe, pas les pacifistes qui se font dérouiller et finissent par collaborer, pas les individualistes qui jouissent jusqu’à ce que leur intérêt leur commande de se cavaler ou qui donnent des leçons de bonne conscience jusqu’à ce qu’ils n’aient plus que les yeux pour pleurer.   

Il faut distinguer la peine de mort du droit de tuer, les crimes et délits de droit commun des crimes et délits politiques, se défendre de faire justice soi-même. Au contraire, les abolitionnistes ont généralement tendance à tout mélanger. Sous prétexte que la société n’a pas le droit de tuer dans le cas général, ils en ont conclu qu’elle n’a jamais le droit de tuer, que tuer c’est mal et, partant, que ni la société ni les individus ne doivent être armés et même que quelqu’un qui tue pour se défendre est un criminel. A force d’être conduits par autre chose que les principes, ils finissent par les renverser et par prendre leurs sophismes — fondés sur leur sensibilité, leur individualité, leur humeur — pour boussole. A force d’interdire de tuer des criminels, ils finissent par interdire de leur porter atteinte de quelque manière que ce soit, par les ménager à l’excès, par mettre indirectement mais concrètement leur intérêt au-dessus de tout. Ainsi ils reportent sur leurs détracteurs et sur tous ceux qui ne partagent pas leurs sophismes la haine que seuls les criminels devraient leur inspirer ; ils transforment les coupables en victimes, les victimes en coupables ; ils voient des lois là où il n’y a en pas, des citoyens là où il n’y en a plus, et inversement. Le plus achevé de leurs sophismes est bien sûr leur position sur la notion même de légitime défense qu’ils prétendent reconnaître mais qu’ils restreignent tellement — avec l’absurde défense proportionnelle, pendant de la non moins aberrante proportionnalité des peines — qu’elle n’existe pas dans les faits. [http://www.ripostelaique.com/Affaire-Galinier-Legitime-de...]

L’abolition de la peine de mort ainsi motivée est plus funeste que la peine de mort elle-même. Nous venons de voir qu’elle conduit à interdire aux citoyens le droit de se défendre. Or ceci ne peut que décupler l’audace des délinquants et des criminels, créer un climat d’insécurité (alors que la sécurité est le premier des droits du Citoyen, et la garantir, le premier devoir de la Cité), dénaturer les notions de droit (puisque la société ne considère plus comme sacrés les droits qu’elle reconnaît à ses citoyens qu’ils devraient donc pouvoir défendre eux-mêmes au besoin, alors que, dans le même temps, elle en reconnaît à des individus qui, ayant rompu le contrat social, n’en ont plus d’après les principes), proscrire le bon sens et le courage, tuer l’esprit civique voire faire des citoyens des lâches, discréditer la Justice et l’Etat. Le sort d’individus méprisables méritent-ils tant de désastres sociaux ? L’homme juste doit-il sacrifier le troupeau pour sauver une brebis, galeuse qui plus est ?  

Je le redis, les principes de l’ordre social s’opposent à l’exécution des condamnés de droit commun, mais ces mêmes principes prescrivent à la société de se préoccuper exclusivement de ses citoyens. Si les principes ne peuvent être respectés sans dommage pour les citoyens, en faveur d’individus étrangers à la cité, ils doivent être violés. Du reste, seule une humanité perverse peut tourner les principes contre les citoyens au nom d’individus qui n’en sont pas ou plus. La véritable humanité ajoute aux principes sans les altérer ; elle ne s’épand sur les hommes (des étrangers) qu’une fois les droits des citoyens assurés (du moins n’est-elle pour rien s’ils ne le sont pas ou n’aggrave-t-elle pas leur situation).

Au vrai, un autre principe pourrait être invoqué en faveur cette fois de la peine de mort, celui d’après lequel quiconque rompt le pacte social devient étranger voire ennemi du corps social, lequel peut donc, non en vertu du droit mais en vertu de la force (car ils ne sont plus l’un envers l’autre dans un rapport de droit mais dans un rapport de force), le traiter comme il veut : bannissement, enfermement, exécution. Ce principe ne prescrit pas la peine de mort, mais il n’exclut pas que la société la prononce même pour les crimes et délits de droit commun. C’est donc faire preuve d’humanité que d’invoquer en faveur des coupables le principe de légitime défense qui leur est plus avantageux, qui du moins épargne leur vie.

Mais l’humanité qui valide un principe sans le savoir va toujours trop loin. Quand le principe épargne la vie des criminels et les condamne à l’enfermement, elle surenchérit et prétend qu’il faut les rendre à la vie civile. Au nom de quoi ? Les actes qui mériteraient la mort se payent au moins de la liberté ad vitam æternam. On ne peut pas, d’un côté, laisser des criminels en vie et, d’un autre, les pleurer en tant que détenus. Si l’on ne veut pas que les criminels soient tourmentés par la perspective d’une détention jusqu’à la mort, il faut abréger leurs tourments, leur ôter la vie ou, mieux, leur permettre de le faire. (Un des arguments des abolitionnistes est que la société ne peut charger d’un meurtre la conscience des citoyens qui exécutent ses arrêts. La difficulté serait donc levée si les criminels avaient la possibilité de se supprimer eux-mêmes, ce qu’ils ont toujours en réalité.)

Telle est pourtant la politique qui prévaut aujourd’hui : la détention à perpétuité, au sens littéral, n’existe pas. Tous les prétextes sont bons pour relâcher au plus vite les criminels. Cette politique découle des raisons fumeuses pour lesquelles la peine de mort a été abolie. Et la fumisterie croit faire diversion en lançant deux faux débats qui sont autant d’écrans de fumée : le premier, comme nous venons de le voir, sur la détention à vie, le second sur la récidive.

Le principe qui proscrit la peine de mort pour les crimes et délits de droit commun prescrit la détention des criminels à vie et dans la solitude, ce qui, en réalité, est déjà inconsciemment une déduction humaniste. En effet, si la société n’a pas le droit de les tuer, elle n’a en revanche aucun devoir envers eux, pas même celui de les nourrir ni de les protéger. A défaut d’une mort violente, ils devraient mourir à petit feu, dans un coin, sans que personne ne porte la main sur eux et n’accable sa conscience. C’est donc bien un sentiment d’humanité (2) qui porte la société non seulement à épargner leur vie mais à la leur conserver tout en préservant ses citoyens de leurs atteintes. Or, pour que cette marque humanité ne contrevienne pas au principe, elle doit être aussi infaillible que lui en ce qui concerne la protection des citoyens. Si rien ne peut mettre autant hors d’état de nuire les criminels que leur exécution ou leur abandon jusqu’à ce que mort s’ensuive, il n’y a qu’une façon de les garder en vie sans qu’ils puissent nuire à nouveau, c’est de ne jamais les relâcher. Le mal profond et irréparable qu’ils ont fait justifie amplement qu’ils soient à jamais privés de droits et de liberté. Se demander si un criminel présenterait ou non un risque de récidive s’il était libéré est donc une question oiseuse ; elle ne se pose ni d’après les principes ni d’après l’humanité bien comprise. Seuls des sophistes peuvent se la poser, prendre le risque inutile que leurs anges fassent de nouvelles victimes et pousser l’impudence jusqu’à s’interroger sur les moyens efficaces de prévenir la récidive.

Evidemment, le grand argument de l’humanité perverse et prétentieuse est que les criminels détenus sont des hommes… comme si les victimes n’en étaient pas ! Elle ajoute, pour sa défense, que l’humanité consiste à avoir de la compassion pour tous les hommes, même les coupables. Certes ! Mais la compassion ne devient-elle pas de la complicité quand elle ouvre la porte à la récidive ? quand il apparaît qu’elle n’est finalement réservée qu’aux coupables ? Quelle est donc cette passion qui fait des derniers des hommes de grandes causes et présente comme des monstres ceux qui crient justice et même vengeance ?

Cette humanité désastreuse est celle qui soulève M. Gillinoui. Il ne parvient pas à combiner principes et humanité. Il raisonne bien, et soudain il s’emporte.

En plus de tout ce que je viens de dire, je ferais tout d’abord observer que tuer n’est pas toujours un meurtre. Un bourreau qui, au nom et sur ordre de la société, tue un condamné n’est pas un meurtrier. Si ce condamné est innocent, il s’agit bien d’un meurtre, mais c’est la société tout entière qui en est coupable et non le bourreau. Comme la société ne peut se juger ni se condamner elle-même, elle ne peut que reconnaître son erreur et essayer de la réparer vis-à-vis des proches de la victime. Maintenant, si le condamné est effectivement coupable, le tuer n’est pas un meurtre pour la simple raison qu’il n’a aucun droit, puisqu’en commettant son acte, il s’est lui-même exclu de la société et de l’état de droit.

On ne peut appeler meurtre ou tentative de meurtre que l’acte de tuer ou visant à tuer sans raison ou obligation un individu avec lequel on est à l’origine dans un rapport de droit, soit un concitoyen ou un étranger protégé par des conventions internationales. Celui qui, par ses actes, sort de l’état de droit et parvient à ses fins est un meurtrier aux yeux de la société. Si sa cible parvient à retourner la situation et le tue, ce n’est pas un meurtre, mais un acte de légitime défense applaudi par la société. (La peine de mort relève de ce cas, même si, comme je l’ai expliqué, une certaine interprétation des principes peut justifier son abolition.) En somme, il n’y a pas de « meurtre » quand un citoyen, n’importe lequel, tue un être étranger au corps social ou quand un être étranger depuis toujours au corps social tue un citoyen. Dans le premier cas, la société n’engage aucune poursuite car elle ne peut poursuivre un citoyen auquel elle doit garantir des droits au nom d’un être auquel elle n’en reconnaît pas. Dans le second cas, la société peut poursuivre l’intéressé voire le tuer sans autre forme de procès mais pas l’accuser de meurtre. Imaginons qu’un citoyen tue un animal ou qu’un animal tue un citoyen… On ne parle de meurtre ni dans un cas ni dans l’autre.

Il s’ensuit que les affirmations suivantes « Cette mise à mort, quoiqu’on en pense, est un meurtre de sang-froid réalisé au nom de la société sur un individu sans défense, lequel meurtre, logiquement devrait appeler à un jugement qui tout aussi logiquement devrait conduire à la peine de mort. Jusqu’à l’absurde. Mais ce meurtre est également perpétré par délégation de la société, il est donc perpétré au nom de la société tout entière. Par conséquent, tous les membres de la société en sont coupables par complicité (laquelle complicité vaut meurtre, la justice n’accordant pas de circonstances atténuantes en la matière) » reposent sur des sophismes.

M. Gillinoui se pose ensuite comme un homme de raison, un homme de principes, en disant que, même si ses enfants étaient assassinés, « il est certain que jamais je n’aurais la lâcheté suprême de demander à la société qu’elle me venge en mon lieu et place ». Le tout est assorti de belles phrases qui y ferait presque croire. « Mille fois entendues, ces réflexions faisant appel à l’émotion individuelle, tentent d’amalgamer le nécessaire souci de justice dans la société et la pulsion de vengeance individuelle. » Mais c’est pour mieux céder par ailleurs à l’individualisme, au sentimentalisme, à la fausse humanité. L’individualisme, M. Gillinoui, ne réside pas seulement dans l’égoïsme ; il consiste surtout à tout juger en tant qu’individu, à tout ramener à ses opinions personnelles. Sans vous en rendre compte, vous avez fait de votre opinion un principe au nom duquel vous condamnez les opinions contraires. Sous prétexte qu’il serait lâche à vos yeux de réclamer la peine de mort et d’être vengé par la société au lieu de vous venger vous-mêmes, vous blâmez, vous traitez de lâches ceux qui pourraient la réclamer. Or la question n’est pas de savoir si être pour ou contre la peine de mort est être lâche ou non, mais si cette peine est juste ou non, conforme ou non aux principes. Vous n’avez pas dit : « la société a le droit ou n’a pas le droit de faire ce si ou cela parce que, d’après tel principe de l’ordre social, … ». Non ! Vous avez fait l’inverse. Vous avez posé que la peine de mort est un meurtre selon vous, d’où il découle que la société n’a pas, toujours selon vous, le droit moral de la prononcer. Ce n’est pas un principe ; c’est votre opinion qui, en tant que telle, en vaut une autre.

Pourtant, votre petit texte contient tous les éléments d’un argumentaire bien plus solide en faveur de l’abolition de la peine de mort pour les crimes et délits de droit commun.

Vous avez dit : « Cette mise à mort, quoiqu’on en pense, est un meurtre de sang-froid réalisé au nom de la société sur un individu sans défense ». Ceci aurait pu appeler, aurait du amener des développements sur le principe de légitime défense. Vous auriez du dire que la société n’étant pas en état de légitime défense vis-à-vis d’un individu maîtrisé et incapable de lui nuire n’a pas le droit de le tuer, même si elle en a le pouvoir. Au passage, vous auriez expliqué pourquoi des individus agressés ont, eux, le droit social et « naturel » de tuer leurs agresseurs s’ils en ont la possibilité.  

Un peu plus loin vous dites : « Jamais je n’aurai l’indignité de chercher à entraîner le reste de la société dans un désir de vengeance qui ne la concerne en rien. » Ceci renvoyait de nouveau au principe de légitime défense et permettait d’élargir la question. La société n’est effectivement en rien concernée par les crimes et délits de droit commun. Les victimes sont bien des citoyens, mais son existence à elle n’est pas menacée, sauf cas particuliers (3). Mais votre discours ne tient plus, ou plutôt le revers de votre discours est que, lorsque les crimes et délits la concernent, la visent, la menacent, ils la mettent en état de légitime défense et l’autorisent à tuer (non pour se venger, mais simplement pour se défendre), ce qu’elle ne peut évidemment faire qu’à travers des hommes. C’est sur ce principe que sont instituées les forces armées. Un soldat tue par procuration. On n’appelle pas cela peine de mort, mais il tue bien au nom de la société à l’instar d’un bourreau.

Rien, évidemment, ne menace plus l’existence d’une société ou d’un régime que des forces armées, que ce soit celles d’une puissance extérieure (guerre étrangère) ou d’une fraction de la population (guerre civile). Ces situations existent. Dans ces conditions, la société a-t-elle le droit de tuer pour se défendre et conjurer tout danger ? Oui, d’après l’expression « qui ne la concerne en rien », puisqu’elle est alors concernée au plus haut point. Non, d’après l’essentiel de votre argumentation qui condamne sans nuance tout acte de tuer.

N’ayant pas envisagé le cas principal dans lequel la société a le droit de tuer, vous ne pourriez apporter une réponse correcte à un cas particulier : le terrorisme, qui est un acte de guerre en temps de paix. L’objectif du terrorisme est de déstabiliser par des moyens violents ou redoutables la société ou le pouvoir en place. Des terroristes ne relèvent donc pas du droit commun et sont passibles de la peine de mort. Lorsque les terroristes sont nombreux et agissent à grande échelle, l’opinion publique ressent la menace dans sa chair et perçoit l’état de guerre. Mais lorsqu’ils sont peu nombreux et frappent rarement, s’ils sont en guerre contre la société quoiqu’ils ne la troublent pas beaucoup, il se trouve toujours des sophistes pour pleurer sur leur sort si d’aventure ils sont capturés, pour exiger en leur faveur le régime des droits communs, voire la libération de leurs héros. Une société ayant aboli la peine de mort par humanité et non par principe sera prise au piège. Elle les gardera en vie et exposera ses citoyens à des représailles de la part de leurs complices ou à des attentats pour les faire libérer. Contrairement aux véritables droits communs, des terroristes ne sont pas seuls et sans défense : ils représentent un danger même une fois maîtrisés. Si une société ne peut les condamner à mort ouvertement, l’idéal, pour elle, sera de les abattre au lieu de les capturer, ou de les tuer en douce… et ainsi de couper court à toute discussion.

Enfin, un dernier détail. Quand la société a le droit de tuer, de prononcer la peine de mort, il dépend d’elle de l’exercer ou non. Un droit n’est pas une obligation mais simplement une possibilité légitime. C’est alors à elle, à ses représentants, de juger du meilleur parti à prendre envers les coupables. Elle peut donc décider de ne pas l’exercer, mais il doit alors être clair pour tous qu’elle a bel et bien ce droit d’après les principes et que, si elle fait montre d’humanité envers les coupables, elle ne leur sacrifiera pas les principes et l’intérêt général. 

En conclusion, tout est question de proportions ou de circonstances. La société n’échappe pas à cette règle. Elle ne peut faire d’une décision prise en un temps, pour un objet particulier sans même que cet objet soit précisé, une loi universelle qui s’appliquera à des cas pour lesquels elle sera insensée et désastreuse. La décision d’abolir la peine de mort fut prise dans cet esprit-là.

Comme il ne fut pas précisé que cela concernait les auteurs de crimes et délits de droit commun, comme cela n’était même pas dans l’esprit des législateurs, certains ont cru et croient encore que la société n’a le droit de tuer personne et devait à jamais se l’interdire comme on dit Fontaine… Pareille décision fut davantage dictée par la passion que par la raison, en aucun cas par les principes. Le remède fut pire que le mal. Pour proscrire un abus, on en créa cent autres. Pour épargner quelques monstres, on bouleversa la vie de milliers de citoyens. Il n’y a donc rien d’étonnant si certains prônent le rétablissement de la peine de mort. Leurs motifs ne reposent pas plus sur les principes que ceux des abolitionnistes. Du moins ont-ils le mérite de ramener la question à son véritable point : l’intérêt général. Au lieu d’agiter en faveur des criminels les inconvénients théoriques de la peine de mort, ils constatent les effets pervers pour les citoyens de son abolition dans les conditions actuelles et, entre deux maux, ils choisissent le moindre : son rétablissement. Personnellement, j’ai trop de compassion pour les victimes pour avoir la moindre pitié pour les criminels avérés. Je joindrais donc volontiers ma voix à la leur, sur ce sujet, si je ne considérais que la loi doit en toute chose prendre les principes pour boussole.

Du reste, à l’heure où la survie d’une nation est en jeu, où le pire épisode de son histoire se profile à l’horizon, où des décisions importantes et radicales sont à prendre, soutenir un leader politique en fonction de sa position sur la peine de mort qui concernerait directement une quantité infime d’individus, c’est pousser l’inconséquence à son comble.

 

Philippe Landeux

 

NOTES

(1) Principes du gouvernement révolutionnaire, discours prononcé par Robespierre au nom du Comité de salut public devant la Convention, le 5 nivôse an II :

« La fonction du gouvernement est de diriger les forces morales et physiques de la nation vers le but de son institution.
« Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République ; celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder.
« La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis ; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible.
« Le gouvernement révolutionnaire a besoin d'une activité extraordinaire, précisément parce qu'il est en guerre. Il est soumis à des règles moins uniformes et moins rigoureuses, parce que les circonstances où il se trouve sont orageuses et mobiles, et surtout parce qu'il est forcé de déployer sans cesse des ressources nouvelles et rapides, pour des dangers nouveaux et pressans.
« Le gouvernement constitutionnel s'occupe principalement de la liberté civile : et le gouvernement révolutionnaire, de la liberté publique. Sous le régime constitutionnel, il suffit presque de protéger les individus contre les abus de la puissance publique : sous le régime révolutionnaire, la puissance publique elle-même est obligée de se défendre contre toutes les factions qui l'attaquent.
« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort.
« Ces notions suffisent pour expliquer l’origine et la nature des lois que nous appelons révolutionnaires. Ceux qui les nomment arbitraires ou tyranniques sont des sophistes stupides ou pervers qui cherchent à confondre les contraires : ils veulent soumettre au même régime la paix et la guerre, la santé et la maladie, ou plutôt ils ne veulent que la résurrection de la tyrannie et la mort de la patrie. S'ils invoquent l'exécution littérale des adages constitutionnels, ce n'est que pour les violer impunément. Ce sont de lâches assassins qui, pour égorger sans péril la République au berceau, s'efforcent de la garrotter avec des maximes vagues dont ils savent bien se dégager eux-mêmes. »

(2) C’est à cette humanité-là que peuvent s’ajouter les arguments en faveur de l’abolition de la peine de mort sous quelque forme que ce soit, comme le risque d’erreur judiciaire, l’effet non dissuasif de la peine de mort, etc.

(3) Rares sont les crimes et délits de droit commun qui menacent l’existence de la société et sont donc passibles de la peine de mort, la mort étant alors un acte de légitime défense de la part de la société. C’est le cas, par exemple, de la contrefaçon monétaire. Faussaires et faux-monnayeurs ne recherchent généralement que le profit personnel, mais, ce faisant, ils sapent la base de toute « société » (Etat, régime) dans un système monétaire. En ébranlant la « société », ils légitiment sa violente riposte. Ils furent de tous temps passibles de mort, au moins de peines très lourdes. Il arrivât que la fausse monnaie soit sciemment utilisée comme arme contre la « société ». Ce fut l’arme favorite de l’Angleterre contre la France révolutionnaire. Il se peut également que des délits fondamentalement anodins soient une menace pour la société s’ils se multiplient dans des proportions insupportables. La peine de mort se justifie alors, non en regard des conséquences de chaque acte individuel, mais par la nécessité de prévenir le désastre que représenterait pour la collectivité une addition interminable d’actes de cette nature.




10:50 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |

dimanche, 19 décembre 2010

CAPITALISTES ET INTERNATIONALISTES

Un lecteur m'a contacté pour avoir certains éclaircissements. Cela a donné lieu à des échanges intéressants. Je les mets en ligne, avec son accord.

 

Bonjour,

J’ai lu votre texte « Réponses à ceux qui affirment que l’immigration est toujours une chance pour la France » sur l’excellent Riposte Laique, et cela m’amène à vous poser une question afin de mieux comprendre la situation. Pour schématiser, vous dite que les capitalistes (patronat etc etc) sont en partie responsable de l’immigration qu’ils encouragent afin de créer un marché artificiel, et que c’est leur intérêt que l’immigration du tiers monde nous envahisse. Pourtant, on peut constater que les plus ardents promoteurs de l’immigration tiers mondiste sont précisément, de tendance neo marxistes, anti capitalistes, et voient dans les immigrés des soldats anti capitalistes pouvant détruire le système. Comment faire concilier votre explication avec cette constatation ? Comment les intérêts de Besancenot et compagnies pourraient ils s’accorder avec ceux des entreprises du cac40 ? Votre accusation des capitalistes n'est elle pas fausse ?

Cordialement,

Benjamin.


Samedi 11 décembre 2010

Bonjour Benjamin,

Tout d’abord, merci de votre intérêt. Je vous réponds.

C’est un fait, l’immigration en France, je parle de la vague d’immigration qui n’a cessé depuis les années 60, essentiellement arabe et africaine, a été voulue par le patronat français, alors que les communistes d’alors étaient contre. Vous connaissez peut-être cette célèbre interview de Francis Bouygues à ce sujet.

http://www.dailymotion.com/video/x6f9le_l-immigration-une-chance-pour-quiy_news

Au départ, ce n’était pas une question de main d’œuvre (les secteurs qui y faisaient appel auraient pu se moderniser, comme en Allemagne), mais clairement de dumping social. Aujourd’hui, les choses sont plus complexes. Il y a toujours l’aspect dumping, mais il y a aussi d’une part la nécessité de répondre aux besoins matériels de la population immigrée (entre 20 et 30 millions selon moi, près d’un tiers de la population) car cette population génère fatalement une demande colossale (logements, écoles, services publics, etc.) que les seuls Français « de souche » ne pourraient satisfaire ; il y a d’autre part l’idéologie euro-mondialiste plus décomplexée que jamais (au niveau des « élites ») et dont le but passe par l’anéantissement des états nations, des nations fortes, des peuples cohérents et rebelles. Il est clair, aujourd’hui, que cette immigration massive et continue tire la France vers le bas dans tous les domaines et que la tension monte entre Français et les « autres » au point qu’une guerre civile d’ici quelques années n’est plus à exclure. Or il ne faut pas croire que patronat et gouvernement soient distincts. Dans un système capitalo-libéral, le vrai pouvoir est entre les mains des riches, des patrons. Le gouvernement est à leur botte. Il ne faut pas croire non plus que les élites soient débiles, même si elles commettent bien souvent des erreurs. Leur but n’est pas le bonheur des peuples, mais le profit, le contrôle total et le pouvoir absolu. Elles créent des désordres ou en profitent pour mieux imposer leurs solutions.

Les paradoxes que vous soulevez sont en réalités illusoires. Il n’y a pas de paradoxes.

Vous dites : « Pourtant, on peut constater que les plus ardents promoteurs de l’immigration tiers mondiste sont précisément, de tendance neo marxistes, anti capitalistes, et voient dans les immigrés des soldats anti capitalistes pouvant détruire le système. » Les néo-marxistes, les anti-capitalistes sont des révolutionnaires à la Cantona. (A ce sujet, je vous invite à lire mes articles sur Cantona : "La révolution selon Cantona", et "Cantona : le contre-révolutionnaire qui s'ignore".) Le capitalisme est une forme du système monétaire. La base du système n’est pas les banques mais la monnaie, et plus exactement ce que j’appelle Largent. Qui ne s’attaque pas à Largent brasse du vent. Les pseudos anti-capitalistes ne menacent en rien le capitalisme, au mieux le capitalo-libéralisme qui n’a d’autre alternative qu’une forme de communisme, c’est-à-dire du capitalisme d’Etat ! Ils le menacent si peu qu’ils passent à la télé tous les jours. Qui détient la télé ?

En supposant que ces révolutionnaires de pacotille soient de bonne foi, ce ne sont jamais que les idiots utiles du système. Ils présentent comme une question d’humanisme un phénomène qui est le pire fléau de l’humanité (pour les peuples envahis, comme pour les peuples dégarnis) et que le patronat soutient pour des questions de profit et de pouvoir. Où est l’erreur ? L’humanisme implique-t-il le mépris des peuples dont font preuve tous les immigrationnistes ? Les véritables paradoxes sont dans le discours de ces derniers. Tout, absolument tout ce qu’ils préconisent va à la fois à l’encontre des intérêts des immigrés et de ceux de leur propre peuple. La liste de ces paradoxes est trop longue. Je vous renvoie à mon article : Avis aux immigrés !

« Comment faire concilier votre explication avec cette constatation ? » En fait, c’est l’inverse : je constate, vous expliquez. Je constate la réalité des choses ; vous expliquez que cela ne tient pas en raison des discours, des « idées » des uns et des autres. Mais que doit-on retenir ? Les faits ou les discours ? Sakozy aussi parle beaucoup ; il fait tout le contraire de ce qu’il dit. Le communisme devait faire le bonheur de l’humanité : qu’en est-il ?

« Comment les intérêts de Besancenot et compagnies pourraient ils s’accorder avec ceux des entreprises du cac40 ? » Outre que les entreprises du Cac 40 se foutent royalement de Besancenot et de tous les bobos de son espèce qui, au mieux les amusent, au pire servent leurs intérêts, vous devez comprendre une chose : leurs idéologies se rejoignent. Celle des capitalistes repose sur Largent ; celle des Besancenot sur L’Homme désincarné. L’argent n’a ni odeur ni patrie. Les capitalistes sont mondialistes. L’Homme désincarné n’a ni passé ni patrie. Les Besancenot sont internationalistes, je dirais même ultra-internationalistes. Les internationalistes se disent eux-mêmes « citoyens du monde ». Du « citoyen du monde » au mondialiste, il n’y a pas de pas à franchir, c’est la même chose. Partant, à quelques nuances près, les uns et les autres veulent la même chose sous des prétextes idéologiques différents. Mais autant les capitalistes sont réalistes et machiavéliques, autant les internationalistes sont dans l’idéologie pure et le dénie permanent de réalité. Il n’y a pas plus creux et démagogique que le discours de ces derniers. Dans ces conditions, qui est le dindon de l'autre ?

« Votre accusation des capitalistes n'est elle pas fausse ? » Je vous retourne la question : Ne prenez-vous pas un peu trop au sérieux ce guignol de Besancenot et ses pareils ?

Cordialement,

Philippe Landeux

PS : J'espère que vous me répondrez.
PS : Accepteriez-vous que je publie cet échange ?

 
Bonjour,
 

et merci pour votre réponse fournie.

Permettez-moi de vous répondre par quelques remarques et nouvelles questions. Je n'ai pas l'habitude de discuter avec des antimondialistes de votre trempe, aussi j'en profite :) .

- A propos des motivations des patrons:

Je pense effectivement, qu'ils ont (eu) un intérêt à faire venir une main d'œuvre peu couteuse, mais je pense que ni eux, ni personne n'a pu imaginer l'ampleur qu'allait prendre le phénomène, et à quel point il allait nuire. Pour nous remettre dans le contexte de l'époque et l'humeur "tintin au congo", comment pouvaient-ils imaginer que ce qu'ils déclenchaient était une subversion d'ampleur civilisationelle ? Le caractère "prémédité" de tout cela, me parait injuste.

Si ces patrons sèment la misère partout dans le monde, où vont-ils se refugier ? J'ai énormément de mal à imaginer que des patrons aient été prêt à sacrifier l'essence de leur nations, de l'occident si ils avaient pu imaginer la conséquence de leurs actions.

Qu'un mal ait été fait c'est un fait. Qu'il faille le réparer en est un autre (du moins pour quelques éclairés....). Une canalisation est cassée…. Et personne ne semble savoir comment la colmater… n’est-ce finalement pas une explication raisonnable ?

- Capitalisme, libre échange

Vos arguments sont logiques, et si on reste dans votre ligne de pensée, et que le capitalisme porte en lui le problème immigrationiste actuel..... que faut-il faire selon vous ? Abolir le capitalisme ?

Autre assertion que l'on entend souvent, sans les éclaircissements qu'elle mérite: nombreux sont ceux qui se prononcent "contre le libre échange" (exemple récent Marine Lepen sur france 2 cette semaine). Que faut-il entendre par là ?

Pardonnez moi, mais j'ai toujours pensé que le libre échange (définition primaire hors capitaux / personnes) était une bonne chose, et si l’on devait l'abolir, que resterait-il ?

Personnellement, j'ai une toute petite entreprise de logiciels, je vends mes produits dans le monde entier, et paye mes impôts société à l'état français.  En quoi "être contre" le libre échange servirait mon intérêt et par la celui de la France ? (Et je ne parle pas d’ultralibéralisme, mais simplement de libre échange.)

Pour que vous compreniez grosso-modo ma position, ma motivation à vous interroger est de comprendre quelle est la voix alternative que les gens comme vous proposez. Jusqu'a présent, « nous » avions une visibilité sur ce que vous appelleriez  le système mondialiste-capitaliste (UMPS), le système neo marxiste (toute l’extrême gauche), et le systeme nationaliste.

Je ne suis pas sur que vous puissiez être qualifié simplement de nationaliste au sens traditionnel du terme. D’ailleurs ce qui me gène dans les conceptions « nationalistes » traditionnelles est qu’elles datent du monde d’avant l’émergence des nouvelles puissances et la globalisation. Il y a dans vos idées, une ligne que l'on peut retrouver à l'étranger comme chez le suisse Oskar Freysinger: des gens attachés à leur identité, au civisme, à leur histoire, contre l'immigration démesurée....mais on a du mal à définir les contours de ce "nouveau courant" politique qui apporterait une quatrième dimension. Comment le qualifier ?

En espérant lire vos commentaires à ce sujet,

Benjamin

PS: vous pouvez publier cet échange. Mais ne révélez pas mon email merci.


Bonjour Benjamin,

J'aime ce genre d'échange. Je vais vous répondre. Je n'ai pas le temps de m'étendre aujourd'hui.

Vous avez raison : ce que je dis ressemble sur certains points à ce que d'autres ont pu dire, mais il y a quelque chose de plus. Vous avez sans doute lu sur mon blog cette phrase : Pour faire la Révolution demain, il faut sauver la France aujourd'hui. En clair, il y a deux combats bien distincts. Nous devons d'abord sortir de la situation désastreuse dans laquelle nous a plongés et nous enfonce toujours plus l'immigrationnisme. Ceci fait, il sera possible de penser à la révolution au sens propre, celle que l'évolution technologique rend non seulement possible mais inévitable. C'est en ce qui concerne nos problèmes immédiats que mon discours ressemble à d'autres. Mais personne, à ma connaissance, ne tient le discours qui est le mien sur le futur.
Ma théorie s'appelle "le Civisme". Je vous invite à lire les bases  du Civisme. Ce texte n'est que le côté théorique. J'ai par ailleurs développé une théorie de la Cité dans laquelle je réponds à toutes les questions pratiques.

Pour faire simple, Largent nous enferme dans sa conception inhumaine et antisociale de l'échange. Je dis qu'il faut adopter un moyen d'échange qui véhicule les vrais principes de l'ordre social. Ce n'est pas l'échange qu'il faut repenser (comment pourrait-on le repenser, le penser autrement, quand on est pétri de préjugés monétaires?), mais la société. Les principes de l'ordre social bien définis indiquent eux-mêmes le mode et le moyen d'échange qui conviennent à une société digne de ce nom.

Cordialement,

Philippe


Me voilà plus dispo,

Pour ne rien oublier, je vais reprendre vos remarques dans l’ordre dans lequel vous les avez formulées.

« Je pense effectivement, qu'ils ont (eu) un intérêt à faire venir une main d'œuvre peu couteuse, mais je pense que ni eux, ni personne n'a pu imaginer l'ampleur qu'allait prendre le phénomène, et à quel point il allait nuire. Pour nous remettre dans le contexte de l'époque et l'humeur "tintin au congo", comment pouvaient-ils imaginer que ce qu'ils déclenchaient était une subversion d'ampleur civilisationelle ? Le caractère "prémédité" de tout cela, me parait injuste. »

Je n’ai jamais dit que les intentions des patrons et des mondialistes actuels étaient celles des patrons des années 60 (l’époque de Tintin au Congo était déjà loin). « Au départ, ce n’était pas une question de main d’œuvre, mais clairement de dumping social. Aujourd’hui, les choses sont plus complexes. » Je suis d’accord avec vous, quoique dans une certaine mesure seulement. L’idéologie mondialiste existe depuis longtemps. Les mondialistes puissants (je ne parle donc pas des gauchistes de base), l’élite des mondialistes recrute, forme et soutient ses créatures depuis au moins un siècle. Leur idéologie semble triompher aujourd’hui et c’est le résultat de leur persévérance. Quand de grands patrons ont commencé à prôner l’immigration, il est certain que, s’ils n’étaient pas eux-mêmes dans le secret des dieux, ils ont reçu le soutien des mondialistes, notamment via les médias qui, depuis 50 ans, font tout pour présenter l’immigrationnisme et l’antiracisme unilatéral comme  une vertu morale, le bon sens comme un réflexe réactionnaire et le patriotisme comme du fascisme. Comment l’immigration aurait-elle pu atteindre de tels niveaux sans ce matraquage médiatique, sans l’enfermement dans cette idéologie ? Croyez-vous que, si les élites n’avaient pas voulu de l’immigration, elles n’auraient pas instillé d’autres idées et façonné autrement les cerveaux ? Il n’y aurait pas eu d’immigration.

Autre question : les mondialistes ont-ils voulu ce qui aujourd’hui apparaît manifestement comme un désastre ? Pour ma part, j’ai plutôt l’impression qu’ils se réjouissent et veulent aller encore plus loin. Plus les choses vont mal, plus ils chantent les louanges de la diversité, du multiculturalisme, de multiethnisme, du métissage, etc. Force est d’admettre qu’ils sont soit complètement débiles soit qu’ils ont un projet entête et que les résultats actuels sont conformes à leurs prévisions. Peut-être croient-ils que de ce mal sortira un bien ! On fait rarement le mal avec l’intention de mal faire. L’Enfer est pavé de bonnes intentions. Je pense qu’on est dans ce schéma-là.

« Si ces patrons sèment la misère partout dans le monde, où vont-ils se refugier ? J'ai énormément de mal à imaginer que des patrons aient été prêt à sacrifier l'essence de leur nations, de l'occident si ils avaient pu imaginer la conséquence de leurs actions. » J’ai bien peur que vos considérations soient complètement étrangères aux patrons, aux grands patrons, à l’aristocratie de Largent. Ils ne sont pas guidés par le patriotisme, mais par l’appât du gain. Le profit n’a pas de patrie. Les jouisseurs raisonnent à court terme. Après eux le déluge ! Comme ils sont puissants et vivent dans leur bulle, sous haute protection, ils se croient intouchables et partout chez eux. Là où vous voyez des hommes à respecter, eux ne voient que des esclaves à exploiter. Ainsi, ils s’accommodent très bien de la misère générale. Des millénaires en attestent.

Permettez-moi de vous mettre un texte sous les yeux. « Depuis le boutiquier aisé jusqu’au superbe patricien, depuis l’avocat jusqu’à l’ancien duc et pair, presque tous semblent vouloir conserver le privilège de mépriser l’humanité sous le nom de peuple. Ils aiment mieux avoir des maîtres que de voir multiplier leurs égaux ; servir, pour opprimer en sous-ordre, leur paraît une plus belle destinée que la liberté partagée avec leurs concitoyens. Que leur importent et la dignité de l’homme, et la gloire de la patrie, et le bonheur des races futures ; que l’univers périsse, ou que le genre humain soit avili ou malheureux pendant la durée des siècles, pourvu qu’ils puissent être honorés sans vertus, illustres sans talents, et que chaque jour leurs richesses puissent croître avec leur corruption et avec la misère publique ! »

Hé bien ! je crois que la mentalité des puissants est toujours la même. Rien n’a changé. Je crois aussi que l’excessive confiance que les puissants ont en eux est la cause de toutes les bourdes qu’ils commettent. Quand je parle de « bourdes », je ne parle pas des dégâts qu’ils causent et que les autres subissent. Non ! je veux dire qu’ils finissent toujours par scier la branche sur laquelle ils sont assis. Il arrive toujours un moment où ils croient servir leurs intérêt alors qu’ils sapent la base de leur puissance et arment leurs ennemis, le peuple. C’est ce qu’ont fait les nobles avant la Révolution en ébranlant le pouvoir royal. C’est ce que sont en train de faire les capitalistes aujourd’hui en réveillant les nations par leurs excès.

« Une canalisation est cassée…. Et personne ne semble savoir comment la colmater… n’est-ce finalement pas une explication raisonnable ? » Seul les peuples ont les pieds dans l’eau. Les puissants flottent toujours à la surface. Tout va toujours bien pour eux. Ils ne savent pas qu’une canalisation est cassée et, s’ils le savent, ils n’en ont cure.

« Vos arguments sont logiques, et si on reste dans votre ligne de pensée, et que le capitalisme porte en lui le problème immigrationiste actuel..... que faut-il faire selon vous ? Abolir le capitalisme ? » Ce n’est pas exactement ce que je dis. On peut être capitaliste sans être mondialiste. Tout partisan de Largent, de la monnaie, du système monétaire, est un capitaliste. Aujourd’hui, tout le monde est à mes yeux capitaliste. Pourtant tout le monde n’est pas mondialiste et immigrationniste. L’immigrationnisme n’est donc pas un problème intrinsèquement capitaliste ; cette idéologie n’est pas uniquement liée à Largent puisqu’elle peut aussi être une dégénérescence de l’humanisme. S’en prendre au capitalisme n’est donc pas la solution au problème de l’immigration. Je ne sais d’ailleurs pas ce que vous entendez par là. Si je devais formuler, je dirais : anéantir Largent, abolir la monnaie, instaurer l’Egalité et la Carte civique (cf. les bases du Civisme). Ceci doit et va arriver. Mais vous voyez bien que Largent et l’immigration, ou la présence massive d’immigrés, sont deux problèmes de natures différentes. Anéantir Largent ne ferait pas disparaître les immigrés. Pire ! l’immigration est un tel problème qu’elle empêche de s’occuper de Largent. Il faut donc traiter l’immigration à part et en priorité. Comment ?

J’ai bien peur que, au point où nous en sommes arrivés, il n’y ait plus de solution politique et que le remède soit violent. Les choses ne peuvent pas évoluer de cinquante manières. « 1) Les Français ne réagissent pas et la France disparaît dans quelques décennies, 2) Les Français envoient enfin à l’Elysée un patriote énergique qui fera le ménage avec le seul concours des forces de l’ordre ou qui, de par sa politique sans concession, déclenchera des émeutes qui tourneront à la guerre civile, les Français étant alors dans les meilleures conditions pour vaincre, 3) Rien n’est fait, la situation se dégrade encore quelques années jusqu’à ce qu’un événement fasse boule de neige et contraigne les Français à se défendre violemment et légitimement, à s’organiser s’ils ne le sont pas déjà, et à livrer une guerre à mort aux immigrés anti-français, avec des chances incertaines de succès. » (Extrait de mon article : La Goutte d’Or qui fait déborder le vase.) De ces trois hypothèses, la dernière me semble la plus réaliste.

Je sais, on aimerait avoir des perspectives plus joyeuses. Mais quand on se joue des hommes pendant des décennies, quand on crée des situations humaines inextricables, tôt ou tard le problème est tranché par la force tel le nœud gordien. C’est en cela que je considère les bobo-gauchistes comme des criminels : avec leurs gueules enfarinées ils nous préparent un bain de sang. Aucune mise en garde ne les a arrêtés. Le vin est tiré ; nous sommes condamnés à le boire jusqu’à la lie.
 
« Autre assertion que l'on entend souvent, sans les éclaircissements qu'elle mérite : nombreux sont ceux qui se prononcent "contre le libre échange" (exemple récent Marine Lepen sur france 2 cette semaine). Que faut-il entendre par là ? » Je ne peux pas parler pour les autres, mais je vais vous dire comment moi je vois la chose.

Des Citoyens sont unis pour satisfaire leurs intérêts communs et individuels. Ils s’activent par devoir envers la Cité qui, en retour, leur assure la jouissance de ses bienfaits. La Cité les protège des atteintes de tout ce qui est à l’extérieur et n’a de rapport avec l’extérieur que dans l’intérêt de ses Citoyens. Quand des Citoyens ont des rapports avec l’extérieur, ils représentent la Cité. Ils la représentent d’autant plus que ces rapports s’effectuent dans le cadre d’un devoir envers elle. Dans ce cas, ils ne sont pas libres de faire n’importe quoi puisqu’ils doivent servir ses intérêts comme elle-même.

Appliqué à la notion d’échange, cela signifie que les échanges avec l’extérieur sont possibles, mais pas le libre échange qui suppose que les Citoyens sont des individus affranchis de toute obligation envers la Cité et libres de poursuivre leurs intérêts même au détriment des siens et de leurs Concitoyens. Le libre échange est d’autant plus pervers que les individus tirent leurs forces de la Cité mais ne font pas profiter celle-ci du fruit de leurs efforts et l’appellent même à leur aide lorsqu’ils sont en difficulté. Imaginons que les paysans reçoivent des subventions (ils ne peuvent déjà travailler que parce que la société les laisse disposer de son sol) et vendent toute leur production à l’étranger pour faire plus de profits, affamant ainsi leurs Concitoyens avec leur aide. Ne serait-ce pas complètement absurde ? C’est ça le libre échange. Pour être raisonnables, les exportations doivent donc être autorisées par la Cité, dans son intérêt, dans l’intérêt général.

La même chose vaut d’ailleurs pour le libre échange sur le plan strictement national. Les individus ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent de leur production puisque leur production est le fruit d’un devoir envers la Cité, celui de participer à la vie de la Cité qui, en retour, consacre sa Citoyenneté et lui garantir les droits du Citoyen.

Mais le système monétaire ne permet pas d’appliquer les Principes, à peine de les concevoir. Dans un système monétaire, la Cité ne joue plus son rôle. Ce n’est pas elle qui garantit les principaux droits, lesquels passent par la monnaie : ce sont les individus qui doivent les arracher en travaillant ou en volant et qui les font valoir en tant qu’individus. Ce n’est pas en tant que Citoyen que l’on reçoit un salaire et que l’on accède au marché, mais en tant qu’individu. La dimension sociale des individus n’intervient pas dans les échanges. (Il suffit de se souvenir que la monnaie vient du troc pour comprendre pourquoi l’individualisme est intrinsèque au système monétaire.)

Ainsi, deux logiques s’affrontent : celles des hommes et de la société, celle des individus et de Largent. Les lois de Largent sont supérieures aux lois humaines. Les hommes peuvent essayer de les contenir en instaurant des systèmes tyranniques (fascisme, communisme, Etat providence) mais dès qu’ils faiblissent, et ils faiblissent toujours car cela n’est pas heureux, le naturel revient au galop, Largent et l’individualisme triomphent.

Il y a donc une profonde incohérence à dénoncer le libre échange sans dénoncer Largent. On ne peut pas reprocher aux « Citoyens » de se comporter en individus, de ne songer qu’à leurs intérêts particuliers, quand la « société » a oublié et, partant, bafoue, tous les Principes sur lesquels elle devrait reposer.

« Pardonnez moi, mais j'ai toujours pensé que le libre échange (définition primaire hors capitaux / personnes) était une bonne chose, et si l’on devait l'abolir, que resterait-il ? » Je pense vous avoir répondu. Sans libre échange, il resterait les échanges conformes aux Principes et effectués dans l’intérêt général.

« Personnellement, j'ai une toute petite entreprise de logiciels, je vends mes produits dans le monde entier, et paye mes impôts société à l'état français.  En quoi "être contre" le libre échange servirait mon intérêt et pas celui de la France ? » Je comprends bien votre position. Il est parfaitement légitime que vous vendiez vos logiciels à l’étranger. La question est de savoir si, selon les Principes, votre commerce est de l’échange ou du libre échange. De manière générale, la réponse à cette question dépend de la nature des produits exportés, de la quantité, et du bénéficiaire de l’opération. Dans votre cas, je dirais que votre commerce serait autorisé par la Cité et qu’il s’agit d’échange.

« Pour que vous compreniez grosso-modo ma position, ma motivation à vous interroger est de comprendre quelle est la voix alternative que les gens comme vous proposez. » Ce que je propose est à la fois simple et long à exposer d’un point de vue pratique. Je dis une chose simple : une société ne connaît comme remède que l’application des Principes de l’ordre social dans leur intégralité. C’est pourquoi je vous ai renvoyé précédemment à d’autres textes (Les Principes de l’ordre social ; les bases du Civisme). Je vous invite à nouveau à les lire. On ne peut pas changer la « société » sans savoir ce qu’est une société digne de ce nom. On ne peut résoudre aucun problème isolément. Une société est un tout. Ou tout marche, ou tout cloche. La clé de tout est dans cette définition du Citoyen :

« Individu admis à faire partie de la Cité, reconnu comme tel par la Cité, participant effectivement à la vie de la Cité et selon ce qu’elle considère comme une participation, faisant en un mot ce qu’elle attend de lui, la défendant au besoin, et jouissant en retour des mêmes droits fondamentaux et indirects que ses Concitoyens (dont celui de profiter des bienfaits de la Cité), étant ainsi leur égal en devoirs et en droits. » 

« Je ne suis pas sur que vous puissiez être qualifié simplement de nationaliste au sens traditionnel du terme. » Vous avez raison. Je me qualifie plutôt de patriote. Et, si vous voulez tout savoir, je me considère comme un robespierriste ou un robespierro-gaulliste. Le texte que je vous ai cité plus haut était de Robespierre qui a été pour ainsi dire mon maître à penser. Cet homme est très loin de la légende noire qui le poursuit. Voici ce que Babeuf dit de lui : « Réveiller Robespierre, c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République, et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux. Rendons à sa mémoire son tribut légitime ; tous ses disciples se relèvent et bientôt ils triomphent. Le robespierrisme atterre de nouveau toutes les factions. Le robespierrisme ne ressemble à aucune d’elles, il n’est ni factice ni limité. Le robespierrisme est dans toute la république, dans toute la classe judicieuse et clairvoyante, et naturellement dans le peuple. La raison en est simple ; c’est que le robespierrisme, c’est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques. Donc, en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »

 « Il y a dans vos idées, une ligne que l'on peut retrouver à l'étranger comme chez le suisse Oskar Freysinger : des gens attachés à leur identité, au civisme, à leur histoire, contre l'immigration démesurée.... » C’est exactement cela le robespierrisme, et j’ajoute : du bon sens, du courage, la générosité, la fermeté, la droiture, l’aversion envers les démagogues, le respect des peuples, la passion pour la vérité, pour la souveraineté nationale et l’égalité des citoyens en droits.

« mais on a du mal à définir les contours de ce "nouveau courant" politique qui apporterait une quatrième dimension. Comment le qualifier ? » Il n’existe pas encore de courant politique. Il n’y a pour le moment qu’une théorie qui n’a pas encore trouvé d’éditeur. Elle s’appelle : le Civisme, j’ai baptisé ses partisans : les Patriciens.

Désolé d’avoir été aussi long. Quoique ! c’est une belle tartine.

Cordialement,

Philippe Landeux


Vendredi 17 décembre 2010.

Merci Philippe d'avoir partagé ta vision avec tant de passion et de clareté.

Je me rends compte que c'est le système, dans sa totalité, que tu as repensé.

Je ne vais pas revenir sur les détails : ta vision a le mérite d'être cohérente et de proposer des solutions.

J'aimerai cependant revenir sur quelques considérations générales par rapport à ton discours... certains points sur lesquels j'aimerais connaître ta position.

Ne penses-tu pas, que la menace qui pèse sur notre mode de vie, soit un problème européen, et même plus généralement occidental, et que la solution ne puisse venir seulement de la France ?

A te lire, j'ai l'impression que le reste du monde existe peu, alors que des pays comme la Suède, l'Allemagne et l'Angleterre, sont soumis aux mêmes assauts et subissent les même problèmes.

Ne faut il pas se regrouper autour de nos valeurs, avec les pays qui les partagent ? Sans même parler d'organisation bureaucratique ou économique de l'europe actuelle, ne devrions nous pas faire front commun, et affirmer avec fierté nos valeurs, qui si elles ne sont pas parfaites, on le mérite de faire avancer le monde entier ?

Face à l'assaut islamique, à la montée des puissances asiatiques, ce qui représente des milliards et des milliards d'individus, pouvons nous nous permettre le luxe de tourner le dos à certains de nos alliés ?

Je pense par exemple aux Etats-unis..... je sais qu'ils sont très déconsidérés par la nouvelle vague et jugés responsables de certains de nos problèmes.... mais au delà de cela je trouve très imprudent, dans la configuration actuelle, de vouloir nous couper de ceux qui nous sont proches, face au  tsunami de la tectonique civilisationnelle en cours.

En parcourant le site du bloc identitaire, toujours dans ma quête d'explorer les diverses réponses proposées au problème qui nous occupe, j'ai lu que leur devise était en quelque sorte, par ordre de priorité "Region, Nation, Europe". J'aurais été tenté d'ajouter "occident".

D'autre part, j'aimerai connaître ton opinion sur une autre théorie qui expliquerait l'envahissement de nos pays par des masses du tiers monde, tout particulièrement musulmanes. Il y a une théorie, qui sans être complètement contradictoire avec les impératifs avides de Largent, des patrons et du capital, me semble apporter quelques clefs permettant de mieux comprendre l'entêtement idéologique derrière tout cela.

Il s'agit de la theorie Eurabia. Si tu lis l'anglais, je t'invite à lire ce texte issu des Fjordman files ( http://chromatism.net/fjordman/fjordmanfiles.htm#topic ) en ce qui concerne Eurabia (et il y a de bon textes sur le multiculturalisme également). Cela commence ici: http://www.jihadwatch.org/2006/09/fjordman-the-eurabia-code-part-i.html

En gros, cette théorie dit que l'immigration / islamisation de notre société n'est pas due au hasard (et en ce sens rejoint ce que tu dis) mais est le résultat direct du travail des élites. Cette théorie place également la France au centre du problème : De Gaulle après la décolonisation, et pour contre-balancer les puissances américaine et Russe, aurait posé les bases d'une alliance tacite Europe-monde arabe. La France tout particulièrement, à la tête de cette alliance aurait bénéficié du poids du monde arabe, notamment en sécurité d'approvisionnement pétrolier, en échange de quoi, le monde arabe aurait eu un accès privilégié au monde occidental, notamment par la circulation des individus, et la mise en place d'une propagande pro immigration et d'une ligne favorable à l'islam. Cette théorie, bien développée sur ce site, semble expliquer bien des choses, ne penses-tu pas qu'elle amène quelques explications valides ?

Cordialement,

Benjamin



20 h 37.

Salut Benjamin,

Comme toujours, je reprends tes propos dans l’ordre pour ne rien oublier.

« Ne penses-tu pas, que la menace qui pèse sur notre mode de vie, soit un problème européen, et même plus généralement occidental, et que la solution ne puisse venir seulement de la France ? »

En effet, toute l’Europe occidentale est en proie aux mêmes problèmes. Comme je l’ai dit, ces problèmes sont doubles : les plus pressants sont ceux de l’immigration liés à l’idéologie euro-mondialiste, le problème de fond, qui est inhérent à Largent. La question est maintenant de savoir si l’Europe peut affronter ces problèmes en masse. Pour ma part, une telle vision relève de l’utopie et de la démagogie, en particulier face aux premiers problèmes. Premièrement, bien que les pays européens aient une culture, un mode de vie, un type ethnique communs, ils ne forment en rien une entité capable de marcher comme un seul homme. Deuxièmement, bien que les problèmes auxquels ils sont en proie soient liés à une idéologie apatride, les problèmes qui en résultent sont subis individuellement, nationalement. Imaginons un groupe de malades. Il ne suffit pas, pour qu’ils guérissent, qu’un remède soit trouvé. Encore faut-il que chacun se l’applique et active ses propres défenses immunitaires. La guérison du groupe n’a aucun sens si elle ne suppose pas la guérison de chaque individu qui le compose.   

Je pense que, le jour où la situation dégénèrera en conflit dans un pays, ce conflit se répandra dans toute l’Europe. Pour autant, il n’y aura pas de front. Chaque ville, chaque région, chaque pays devra affronter et écraser les ennemis qui résident sur son territoire. Il n’y a qu’une fois cette chose faite qu’une ville, une région, un pays pourra se porter et se portera en effet, dans son propre intérêt, au secours de ses voisins. Que fais-tu si le feu se déclare chez toi ? Tu essayes de l’éteindre. Que fais-tu si le feu se déclare chez toi et chez ton voisin. Tu essayes toujours d’éteindre le feu chez toi. Ton voisin fait de même chez lui. Le premier qui maîtrise son feu court aider son voisin pour que le feu ne se propage pas chez lui de nouveau.

En clair, il est probable que les pays européens uniront leurs force à la fin du conflit, mais cette union n’a aucun sens aujourd’hui. Elle reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs. C’est de la démagogie. Or la démagogie est le fait soit d’idiots soit de pervers manipulant des idiots. Les idiots et leurs bonnes intentions sont aussi dangereux que les pervers mal intentionnés. Ceux qui prônent ces idées, qu’elles que soient leurs intentions, ne font qu’affaiblir les Européens dans leurs pays respectifs. Ils appellent l’Europe aux armes, ils vantent sa force, mais désarment les Européens ou ne leur fournissent que des armes en carton.

Finalement, les mêmes raisons prévaudront pour résoudre le second problème, celui de Largent. Tous les pays européens connaissent le même niveau de développement, condition de la Révolution. Pour autant, une révolution exige des conditions particulières et rares qui ne peuvent être réunies partout en même temps. La première est qu’il faut un peuple, ce que l’ensemble des Européens ne forment pas. Il faut que ce peuple soit décidé à faire la révolution (et quelle révolution que celle qui anéantira Largent), qu’il en ait le courage, et je dirais même qu’il n’ait pas le choix. Il faut en outre un territoire sur lequel il puisse exercer sa souveraineté. Imaginons que les Français se lancent dans la révolution à laquelle les Allemands ne sont pas encore prêts. Ils feront la révolution chez eux, et c’est tout. Ils ne pourront pas forcer les Allemands à les imiter. Ils pourront encore moins aller faire la révolution chez eux, à leur place.

Enfin, puisque la révolution concernera Largent, il faut que Largent soit mûr et que les fondements de la Cité soient en place. Or cette condition particulière est liée au système de carte bancaire, plus exactement aux cartes à puce. Et c’est en France que ce système est le plus développé au monde. C’est pourquoi je pense que la France sera de nouveau le premier pays à initier la prochaine grande révolution, et pourquoi les Cantona sont des contre-révolutionnaires qui s’ignorent.
Pour résumer, aucune révolution n’a jamais été et ne sera jamais mondiale car tous les peuples ne marchent pas au même rythme. Souvent les révolutionnaires ont été ulra-internationalistes : toujours ils ont du déchanter. La révolution mondiale est un rêve d’idéaliste voué à l’échec. Pire ! les échecs en la matière dégoûtent de la révolution. L’idéalisme est contre-révolutionnaire. La révolution, comme la politique, ne peut se fonder que sur des réalités.

Tout ça, en somme, pour revenir à l’adage millénaire : charité bien ordonnée commence par soi-même.

« Face à l'assaut islamique, à la montée des puissances asiatiques, ce qui représente des milliards et des milliards d'individus, pouvons nous nous permettre le luxe de tourner le dos à certains de nos alliés ? Je pense par exemple aux Etats-unis..... »

J’ajoute à ce que j’ai dit précédemment que, si l’union fait la force, l’union de malades ne fait qu’une bande de bras cassés. C’est la force des nations européennes qui fait ou fera la force de l’Europe. Il faut pour cela que chaque nation renoue avec le culte de la force, au lieu de nourrir un complexe de supériorité qui les amène à agir en faibles et à être faibles de facto.

Quant à l’Amérique… Pour ma part, je n’ai rien contre les Américains, contre le peuple américain. Il faut cependant être sacrément aveugle pour croire que le gouvernement américain défend d’autres intérêts que les siens. Qui essaye de remodeler la carte du monde à sa façon ? Qui pousse pour que la Turquie entre en Europe ? Qui subventionne les pépites de nos banlieues ? Qui nous donne des leçons de multiculturalisme et blâme notre patriotisme (alors que le patriotisme n’est nulle part au monde plus fort qu’en Amérique) ? Ce ne sont là que les faits les plus connus, mais ils suffisent à se faire une bonne idée des intentions du gouvernement américain, et surtout de ce qu’il ne veut pas. Les choses ne sont pas forcément ce qu’on aimerait qu’elles soient. Après s’être opposés à la construction de l’Europe, les gouvernements américains essayent par tous les moyens de la pourrir, de la paralyser par des problèmes ethniques et religieux. Nous avons beaucoup de point commun avec les Américains, mais les gouvernements américains ne sont pas nos amis.

Encore une fois, il suffit de revenir aux principes de l’ordre social pour comprendre que les sociétés, les nations, sont dans un rapport de force et que chacune essaye de faire prévaloir ses intérêts. Le monde des bisounours où tout le monde il est gentil n’existe qu’à la télé !

« En gros, cette théorie dit que l'immigration / islamisation de notre société n'est pas due au hasard (et en ce sens rejoint ce que tu dis) mais est le résultat direct du travail des élites. Cette théorie place également la France au centre du problème : De Gaulle après la décolonisation, et pour contre-balancer les puissances américaine et Russe, aurait posé les bases d'une alliance tacite Europe-monde arabe. La France tout particulièrement, à la tête de cette alliance aurait bénéficié du poids du monde arabe, notamment en sécurité d'approvisionnement pétrolier, en échange de quoi, le monde arabe aurait eu un accès privilégié au monde occidental, notamment par la circulation des individus, et la mise en place d'une propagande pro immigration et d'une ligne favorable à l'islam. »

 Tu trouveras sur mon blog, dans les vidéos, une conférence sur les origines du mondialisme. Je pense que les élites du monde occidental et celles du monde arabes vont au même but mais pour des raisons différentes.

Les élites occidentales sont mondialistes par idéolisme et par intérêt. Elles sont par nature cosmopolites et croient que le cosmopolitisme, qui ne présentent pour eux que des avantages, peut fonctionner dans le monde réel. Elles poussent dans ce sens parce qu’elles n’en subissent pas les conséquences désastreuses. Mais cet idéalisme se double d’une idéologie de la domination : diviser pour mieux régner. En brisant les nations au moyen de l’immigration, elles assoient leur pouvoir qu’elles exercent depuis leurs îlots de sécurité.

Les élites arabes peuvent partager cette conception dans une certaine mesure mais sont également poussées par l’islam intrinsèquement hégémonique. On ne compte plus les déclarations des matamores qui, depuis leurs pays merdiques, donnent des leçons de tolérance et de savoir vivre aux Européens, prétendent nous imposer l’accueil sans fin de leurs ressortissants, condamnent les politiques d’assimilation, encouragent et même financent l’islamisme et l’islamisation, etc.

Maintenant, j’ai déjà entendu parler de la théorie de l’Eurabia, mais je ne la connais pas dans le détail et mon anglais n’est pas assez bon. Ceci étant, peu importe au fond les mobiles et les manœuvres secrètes des uns et des autres. Nous en constatons les effets, nous en connaissons les responsables, nous ne sommes en rien engagés par leurs accords, nous devons reprendre en tant que peuple notre souveraineté, mettre un terme à cette politique, réparer les dégâts et punir les coupables. C’est tout ce qu’il y a à savoir et à faire. Cela dit, si tu veux m’en dire plus, je suis preneur.

Quant à De Gaulle, honnêtement je ne crois pas qu’il ait trempé dans ce complot, qu’il ait partagé l’idéologie qui le porte, qu’il ait vendu la France pour du pétrole. Je ne vois pas comment il aurait pu abandonner l’Algérie pour que la France ne compte pas 9 millions d’Arabes, et, d’un autre côté, ouvrir la France aux Arabes pour prix de ses alliances politiques. Ca n’a pas de sens. La conduite et les propos de De Gaulle démentent absolument cette théorie. Par contre, il est fort probable que Pompidou (un drôle de coco, celui-là !) ait eu ces conceptions.     

N’est-ce pas lui, ou plutôt Chirac sous sa présidence, qui fit adopter le regroupement familial à l’origine de tous nos problèmes d’immigration ? N’est-ce pas ce même Chirac qui abolit le service militaire, mesure désastreuse tant sur le plan militaire et que pour l’intégration des descendants d’immigrés ? Tous ceux qui prônent l’immigration refusent les mesures qui permettraient qu’elle ne soit pas problématique.

Je conclurais en te livrant la primeur d’une future « pensée du jour » :

Une bêtise, c’est peut-être une erreur.
Deux bêtises, c’est peut-être une coïncidence.
Trois bêtises, c’est un projet voire un complot.

Cordialement,

Philippe Landeux

17:52 Écrit par Philippe Landeux dans 6. MON BLOG | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |